AnarSonore

La révolution ne sera pas télévisée, Ni retransmise en scène sur un i-pod de couleur. Elle ne sera pas non plus attisée par les socio-demo-quartz à l’urne transparente, Ni par les écrivains de plateau-télé-repas producteurs de Mac-book. Non, la révolution ne sera pas télévisée,... Elle ne s’invitera pas chez Pujadas, Ni ne savourera le Pernod du midi en montrant sa cuisse. Elle ne délivrera pas que le discours Et ouvrira d’autres grilles que celle des programmes. Elle sera à une autre place, en banlieue ou au centre-ville, Dans une ruelle peut-être, organisée et mobile, Eloquente enfin de silence, subtile, indétectée, avertie, avisée : La révolution ne sera pas télévisée !

  • #Brochure N° 15
    Le Sabotage par Émile Pouget
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article215

    Ecrit au tout début de l’histoire du syndicalisme, par un de ces principaux artisans, ce classique de la littérature révolutionnaire est plus que jamais d’actualité.

    En effet, en définissant clairement des concepts de base comme le sabotage, l’action directe ou la grève générale, on évite une récupération de ces outils essentiels.

    Ainsi, la reprise en main par les travailleurs de leurs propres luttes est le seul moyen de revenir a un véritable syndicalisme révolutionnaire. Dans cette perspectives, les textes de Pouget sont toujours une source d’inspiration.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/015-le_sabotage.pdf

  • #Brochure N° 14
    Espagne libertaire : L’organisation ouvrière Par A. et D. Prudhommeaux
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article908

    Première partie : L’organisation ouvrière

    Ce texte explique l’histoire du mouvement ouvrier anarchiste en Espagne de sa création à 1936, au travers de ses deux principales organisations : la CNT et la FAI.

    Histoire marquée par des cycles de tentatives révolutionnaires et de répressions de la part de régimes monarchistes, dictatoriaux ou républicains. À sa lecture, on comprend mieux le soulèvement du 19 juillet 1936, qui a abouti à la plus grande expérience révolutionnaire de tous les temps, décrite ici à ses débuts, qui ne fut ni une dictature déguisée, ni la défense de la République espagnole.

    On pourrait dire de ce texte, avec son autre partie des mêmes auteurs : « L’armement du peuple dans la révolution espagnole », qu’il constitue un classique de la littérature anarchiste révolutionnaire.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/014-espagne_libertaire_1.pdf

  • #Brochure N° 13
    L’action directe par Émile Pouget
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article216

    La notion d’action directe est l’une des plus galvaudée dans l’histoire du mouvement révolutionnaire. Ce texte classique permet de revenir à la racine de cette notion, essentielle pour l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes.

    Émile Pouget (1860-1931), est l’un des militants les plus représentatifs du mouvement ouvrier francais. Son influence fut primordiale, avec celle de Pelloutier, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/013-action_directe.pdf

  • #Brochure N° 9
    La pensée politique d’Albert Camus http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article907

    Peut-on parler de la pensée politique d’un artiste ? Telle est la première question à élucider avant de poursuivre plus loin l’investigation de la pensée de Camus. La question est d’abord générale, puis particulière à l’auteur étudié.

    Pourquoi, en effet, un écrivain aurait-il plus qu’un artisan ou qu’un ouvrier le « droit de grâce » ? Pour Camus, si l’artiste a pu parfois se taire, notre époque l’amène inéluctablement à prendre position.

    Nous examinerons donc les critiques formulées par Camus. Théoriques d’abord, puis pratiques, c’est-à-dire critiques des faits réels, et nous chercherons dans ses propos et dans son œuvre ce qui est positif, constructif.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/009-camus.pdf

  • #Brochure N° 8
    Anarchosyndicalisme et autonomie populaire
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article217

    A l’opposé des trois voies qui ont montrés leur nuisibilité tout au long de l’histoire (le parlementarisme, le syndicalisme réformiste et l’avant-gardisme léniniste) , l’anarchosyndicalisme s’appuie et oeuvre à l’autonomisation des masses.

    Ce texte récent montre combien cette spécificité révolutionnaire de l’anarchosyndicalisme est encore tout à fait d’actualité de nos jours, en évitant d’un cote l’écueil dirigiste, et de l’autre l’écueil de la théorie pure.

    Car comme le conclut l’auteur,

    « que la révolution libertaire se fasse par le biais des conseils de travailleurs ou par le biais d’une organisation spécifique de masse, l’important est qu’elle se fasse ».

    Suivi de :
    – contre la bureaucratie
    – Luttes autonomes
    – A propos d’Anton Pannekoek et du « communisme de conseil »

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/008-anarchosyndicalisme_et_autonomie_populaire.pdf

  • #Brochure N° 3
    L’idée des soviets par Pano Vassilev
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article224

    La théorie des soviets n’a rien de commun avec le système de gouvernement soviétique, comme le croient la plupart des gens.

    Au contraire, nous sommes en droit de soutenir l’inverse, à savoir que l’idée des soviets, l’idée d’une organisation de la vie sociale dans le sens d’un système nouveau, libre et communiste, avec la régulation de la production et de la distribution des biens dans la future société par l’intermédiaire de rencontres, de réunions de travail entre les délégués directs, toujours remplaçables et dépourvus de tout pouvoir, des organisations professionnelles et des centres de distribution.

    Cette idée n’a rien de commun avec le caractère propre aux bolcheviques, leur tendance étatique et leur système dictatorial dans la réglementation de la vie sociale.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/003-idee_des_soviets.pdf

  • #Brochure N° 1
    Textes fondateurs
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article225

    – Charte de Lyon (CGT-SR)
    – Charte de Paris (CNT)
    – Déclaration de principe de l’AIT
    – L’anarchosyndicalisme et l’anarchisme (Pierre Besnard)
    – Statuts de la Fédération Syndicaliste

    En 1922, a Berlin, des militants anarchosyndicalistes refondent l’ait (association internationale des travailleurs, ou Première Internationale), à laquelle adhère, dès sa création en 1926, la CGT-SR (Confédération Générale du Travail-Syndicaliste Révolutionnaire), qui se dissoudra en 1939. Après la seconde guerre mondiale, les militants de l’ancienne cgt-sr recréent leur organisation, qu’ils nomment cnt, en hommage a sa consoeur espagnole - après un court interlude sous le nom de Fédération Syndicaliste.

    Cette brochure présente les textes adoptés par ces organisations lors de leur constitution, ainsi qu’un texte de synthèse de Pierre Besnard, alors secrétaire de l’AIT, sur les rapports entre anarchosyndicalisme et anarchisme.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/001-textes_fondateurs.pdf

    • mazette, y a quasi pas une phrase non démontable, on dirait une parodie.

      "Depuis douze mille ans, nous travaillons et vivons avec des animaux parce que nous avons des intérêts respectifs à vivre ensemble plutôt que séparés"
      Nous avons des intérêts objectifs à exploiter les animaux (les faire bosser pour nous, leur prélever lait oeufs ou fourrure, les tuer pour les bouffer). Eux n’ont aucun intérêt objectif à vivre avec nous. Seule exception : les chiens de chasse.

      "Les animaux domestiques ne sont plus, et depuis longtemps, des animaux « naturels »"
      Mais le processus de réensauvagement (dit "marronage") peut être très rapide

      "Et, grâce au travail que nous réalisons ensemble, ils ont acquis une seconde nature qui fait qu’ils nous comprennent, bien mieux sans doute que nous les comprenons."
      Pas grâce au travail réalisé ensemble mais du fait de leur statut subalterne et dépendant de l’humain pour bouffer, se protéger et se reproduire

      "Ainsi est-il probable qu’ils ne demandent pas à être « libérés »"
      LOL. biais de confirmation. "ça m’arrange de croire ça alors on va dire que c’est vrai, au du moins probable"

      "Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie"
      Pour en être sûr il faut essayer : ouvrir les enclos et cesser les apports de fourrage, tu vas voir que la sauvagerie va revenir au galop (cas de le dire). sauf malheureusement chez les souches trop modifiées par la #zootechnie, n’ayant plus trace d’instinct.

      "Ils demandent à vivre avec nous"
      Re-biais de confirmation basé sur rien

      "ils demandent à vivre une existence intéressante, intelligente et digne"
      Et nous, humains moraux exploitant raisonnablement et "à l’ancienne" les animaux, déclarons qu’une vie domestiquée et dépendante (qui nous arrange) vaut mieux qu’une vie sauvage, et puis voilà.

      "dans nos pays européens, et depuis les années 60 dans l’ensemble du monde, il n’existe plus de famines liées à un manque de ressources"
      Heureusement qu’ils précisent depuis les années 60 et chez nous, c’est à dire depuis l’époque où la technique alliée à la profusion d’énergie fossile a mécanisé à outrance l’agriculture dans une minorité de pays qui exploitent les ressources des autres. bravo Paul Ariès.

      "Quand des gens meurent de faim quelque part, c’est parce que d’autres l’ont décidé. On ne voit pas en quoi le véganisme changerait quoi que ce soit à cette réalité."
      Et l’#accapparement des terres pour la production de fourrage pour la zootechnie, l’exploitation de terres rares, d’énergies fossiles, de main d’oeuvre quasi-esclave etc. c’est pas des conséquences de décisions ? On m’aurait menti ?

      "ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, le fumier"
      Houlà, de l’eau a coulé sous les ponte entre-temps, depuis lors la grande révolution de la biologie des écosystèmes nous a fait découvrir que ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, c’est la matière ligneuse.

      "l’agriculture sans élevage, c’est l’agriculture famineuse parce qu’elle épuise les sols"
      Là ça va tellement loin dans le nawak que je sais pas par où le prendre. Je vais essayer :
      – ce qui regènère les sols c’est le maintien ou l’augmentation du taux d’humus,et de la vie qui va avec
      – l’humus vient de la végétation (ligneuse notamment) et de sa digestion par l’écosystème du sol
      – les animaux ont un grand rôle dans la génération d’un humus stable, à titre d’exemple les vers de terre dont la biomasse par hectare, sur l’ensemble des écosystèmes terrestres dépasse de loin celle de tous les autres animaux
      – le fumier est issu d’un mélange de paille (végétal) et de bouse (résidu de végétal digéré). Il existe de nombreux autres amendement qui produisent un humus autant voire plus stable avec des dépeditions de carbone bien moindres le long de la chaîne.

      "Ce sont des rendements ridicules pour un travail de forçat car le compost de légumes est bien moins efficace pour faire pousser des légumes que le fumier animal. A moins de forcer le sol par de la chimie, évidemment. Et de labourer bien profondément. Mais, dans ce cas, on abîme les sols, en désorganisant l’écosystème qu’il est en réalité."
      LA LIGNINE. cf point précédent.

      "manger végan, l’absolu des régimes « sans », c’est se condamner à ingurgiter beaucoup de produits transformés, c’est-à-dire des assemblages de molécules pour mimer ce qu’on a supprimé"
      des "assemblages de molécules", no comment. par ailleurs ma soupe, mon porridge, mon pain, mes poêlées de légumes, mes compotes, j’aimerais bien savoir ce que c’est censer mimer.

      "Sans omettre d’ajouter la précieuse vitamine B12 à son alimentation."
      ah, la fameuse B12, la preuve ultime. sauf que la B12 ne provient pas des animaux (sinon on en aurait de base dans le corps vu qu’on est aussi des animaux) mais des bactéries du sol. la question n’est donc pas celle de la consommation d’animaux, mais de l’aseptisation croissante de notre bouffe, qui n’est pas non plus sans lien avec les problèmes d’immunité et ceux du microbiote intestinal.

      "il n’y a plus rien pour maintenir les paysages ouverts"
      mais c’est quoi leur problème avec les forêts ? http://www.peripheries.net/article75.html

      "ce mouvement nous met encore plus dans les serres des multinationales"
      C’est tout simplement faux car ça passe sous silence toutes les expérimentations faites autour de la #végéculture. Comme on en a maintenant l’habitude avec Porcher, elle nous met en avant un choix binaire entre d’un côté une agriculture autonome qui ne saurait se passer d’élevage (sauf qu’elle ne le démontre jamais) et d’un côté une agriculture cyborg dont le véganisme est l’idiot utile. après le biais de confirmation, la technique de l’homme de paille.

      ensuite, rapprochement sans queue ni tête entre véganisme et viande in vitro, comme s’il y avait un rapport entre les deux

      "[le véganisme] menace de nous condamner à la disette en nous ramenant à l’agriculture prédatrice des temps anciens."
      Putain mais informez-vous, sérieux, informez vous. Ne rien connaître à la dynamique d’un sol et prendre une posture d’autorité pour balancer des énormités pareilles, c’est grave.

      "Il menace de nous condamner à dépendre d’une alimentation industrielle 4.0."
      hors sujet

      "Il menace d’uniformiser nos paysages."
      Idem, affirmation sans aucune démonstration ni fondement. C’est la diversité de reliefs et de climats qui fait la diversité paysagère.

      "Il menace paradoxalement de nous faire perdre notre humanité incarnée et notre animalité en nous coupant des réalités naturelles par des zoos virtuels, des paysages transformés en sanctuaires, avec des chiens et chats remplacés par des robots."
      Total fantasme. N’en jetez plus.

      "Le véganisme est l’allié objectif d’une menace plus grande encore. Car, après tout, la meilleure façon de ne plus abîmer la nature est de s’en couper totalement."
      Nième procédé de l’homme de paille.
      Une fois de plus, s’ils veulent critiquer l’industrialisation de la vie, qu’ils s’en prennent à ce qu’il y a derrière au lieu de monter un faux débat et de prêter aux pratiques agricoles sans élevage tout et n’importe-quoi en termes d’intention et d’arrière-plan politique

      "De s’enfermer dans des villes, alimentées par des flux de molécules et des flux de données. Plus de sale, plus de propre, que de l’esprit sain tourné vers une morale ultime, l’amélioration de l’homme par son isolement total de la nature que l’on ne peut maîtriser et qui nous renvoie sans cesse à notre animalité. Oui, véganisme rime avec transhumanisme."
      Idem. Gros n’importe-quoi qui sort de nulle part, par mélange de pinceaux entre industrialisation du vivant et pratiques agricoles sans élevage.

      Tiens, encore plus loin dans les fantasmes en boucle :
      "La consommation de la viande a introduit, dès la préhistoire, l’obligation du partage, l’invention de la logique du don et du contre-don car un chasseur ne consomme jamais son propre gibier"
      Mais pourquoi un réseau d’horticulteurs végétaux ne pourrait pas pratiquer le don et contre-don ? Idem du gloubiboulga précédent.

      Bref, une tribune désolante par son indigence et ses procédés rhétoriques gros comme des maisons, et qui tombe complètement à côté de la plaque.
      #naufrage_intellectuel

    • @koldobika, @rastapopoulos

      Les animaux « n’ont aucun intérêt objectif à vivre avec nous. »

      Ben si, pour les protéger des prédateurs, par exemple. Car les animaux mangent aussi d’autres animaux, à ce qu’il paraît. Ou encore pour leur éviter d’avoir à chercher à bouffer...

      rapprochement sans queue ni tête entre véganisme et viande in vitro, comme s’il y avait un rapport entre les deux

      Ah ben là, c’est toi qu’est mal renseigné. Peut-être pas seulement le véganisme, mais le végétarisme constitue un juteux marché pour ce genre de truc.

      Pour le reste, il est vrai que cette tribune rate, à mon sens, l’essentiel, à savoir le déni et la mise à distance de la souffrance et de la #mort dans notre société trop aseptisée. D’où le rapport avec l’artificialisation du monde et le #transhumanisme.

      Tout y est maintenant trop lisse et sans aspérités. Les machines y ont fait leur chemin et une fraction de la population aspire à une #pacification encore plus grande de la vie - si c’est encore possible.

      Un militantisme moralisateur est actif qui cherche à imposer son #politically_correct, sa police de la pensée, etc. en culpabilisant les personnes avec des méthodes dignes des pires curés jésuites.

      Cette tribune est une réaction maladroite contre cette tendance, qui est bien loin de ne concerner que les vegans militants...

    • pour les protéger des prédateurs, par exemple

      oui sauf qu’initialement aucun animal sauvage n’a été de lui-même se mettre dans un enclos, qu’au bout du compte ils passent tous à la casserole, et qu’à aucun moment ils n’ont de moyen de piger les tenants et aboutissants de leur captivité et de leur domestication.

      Peut-être pas seulement le véganisme, mais le végétarisme constitue un juteux marché pour ce genre de truc

      dans la mesure où véganes et végétariens ne mangent pas de viande, ce serait plutôt à mon sens les omnivores soucieux du bien être animal qui seraient intéressés par un substitut garanti sans abattoir ni maltraitance.

      le déni et la mise à distance de la souffrance et de la #mort dans notre société trop aseptisée. D’où le rapport avec l’artificialisation du monde et le #transhumanisme.

      Effectivement ça rate l’essentiel, car d’une observation pertinente ils finissent par taper très très à côté. L’industrialisation totale de la vie se fout bien des véganes, elle n’a pas besoin d’eux pour s’imposer.
      et de nombreux véganes sont plutôt dans une mouvance punk autogestionnaire (pas explicitement anti-indus mais du moins dans l’esprit)

      une fraction de la population aspire à une #pacification encore plus grande de la vie - si c’est encore possible

      tristement ironique à l’heure où la violence économique en est à tuer les plus pauvres, mais de façon non visible pour les privilégiés, à coup de réformes APL, décrets, radiations abusives etc.

    • @koldobika et @rastapopoulos

      à aucun moment ils n’ont de moyen de piger les tenants et aboutissants de leur captivité et de leur domestication

      En effet, et c’est bien cela qui constitue la spécificité (et probablement pas la « supériorité », vu le peu d’usage qu’ils en font) des êtres humains sur les autres ( zootres ?) animaux.

      Il y a une sorte de contradiction à réclamer l’égalité entre les êtres humains et les animaux et en même temps à reconnaître que ces derniers ne sont pas capables des mêmes capacités de conscience et d’anticipation que nous-mêmes.

      Tout le problème de l’antispécisme réside là-dedans : on réclame une égalité abstraite au nom d’êtres qui n’ont pas les capacités de la réclamer eux-mêmes...

      Par exemple A. Caron ne parvient pas à sortir de cette contradiction :

      Pourquoi faudrait-il être végan   ?
      Le mouvement végan demande à ce que l’on ne consomme plus de produits d’origine animale. Mais comment se nourrir et sortir d’un modèle agro-industriel ? Le journaliste Aymeric Caron et la sociologue Jocelyne Porcher en débattent.

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/04/21/pourquoi-faudrait-il-etre-vegan_5288594_3232.html

    • J’y connais pas grand chose en antispécisme, mais de mémoire, il y a pas mal de gens qui ne demandent pas une égalité abstraite, mais qui demandent à ne plus faire souffrir des animaux qui ont la capacité de souffrir (pas tous mais beaucoup quand même), lorsqu’on a la possibilité de faire autrement (de se nourrir ou vêtir autrement surtout). On peut pas appeler ça abstrait, c’est très concret.

      (Le débat avec Aude, Guillaume, Jocelyne et Xavier est demain soir, et je n’ai rien révisé ! Ça va pas être du gâteau pour intervenir, moi qui n’ai pas une très bonne mémoire. En plus obligé d’y aller avec mon fils, la te-hon si je dis des conneries…)

    • Pour le lien précédent avec Caron, je ne sais pas si je vais avoir le temps de vraiment le lire ce soir car je suis mort, mais juste le tout tout début, première réponse de Jocelyne Porchet :

      On peut penser que les relations de domestication ont rencontré l’intérêt de certaines espèces parce qu’elles leur apportent protection et sécurité alimentaire. La domestication n’est donc pas un rapport de domination et d’exploitation. C’est au contraire fondamentalement un rapport de pacification et de communication, l’inverse des rapports de prédation auxquels veulent nous ramener certains « libérateurs » des animaux.

      Peu importe mes idées perso, ya quand même un gros soucis juste rationnel, de démarche honnête d’argumentation non ? C’est pas scientifique au sens de la démarche, de pouvoir apporter des arguments prouvables etc.

      Le tout premier truc qu’on lui demande et elle répond « On peut penser que » ! C’est juste elle qui pense que, mais sans preuve de que dalle, aucune preuve historique, rien. Et ensuite sur cette base pourrie, là elle enchaine « n’est donc pas » !

      Genre elle commence par un truc totalement flou, tellement flou que c’est même pas une phrase d’autorité ("Il est clair que", « On sait bien que »… là c’est juste « On peut penser que », à la limite… en imaginant bien…), et de ça elle en tire une conclusion.

      Sérieux, c’est totalement WTF ce début de réponse, et ça engage pas du bon pour la suite…

      Moi perso c’est le genre de non-argumentation qui a tendance à me bloquer.

  • #Solidarité et #antifascisme : Information / Débat

    Le Samedi 24 Mars 2018
    à partir de 13 :30

    A La Chapelle,
    36, rue Daniel Casanova à #Toulouse
    (Métro Compans-Caffarelli)

    Au programme :

    #SIA : HISTOIRE ET ACTUALITÉ
    Intervenants : Valentin FREMONTI, Placer MAREY THIBON et Jean SERMET

    – Antifascisme : Passé & présent par Yves COLEMAN (mondialisme.org)

    – Lectures de textes et poésies

    – Chants de la République espagnole par El Comunero

    LIBRAIRIE
    BAR ET PETITE RESTAURATION
    ENTRÉE LIBRE

  • #Antifascismes

    http://mondialisme.org/spip.php?article2674

    "Tenir la rue. L’autodéfense socialiste (1929-1938)" de Matthias Bouchenot (Libertalia, 2014)

    A partir d’une analyse limitée dans le temps (neuf années) et dans l’espace (Paris pour la Fédération locale de la SFIO puis celle du PSOP ,) l’auteur nous fait découvrir les activités antifascistes de la Gauche socialiste de Marceau Pivert dans le Parti socialiste puis dans le PSOP : protection des meetings ; représailles systématiques contre des sièges et des permanences nationalistes en cas d’attaques fascistes particulièrement violentes ; protection de la vente de journaux et des collages d’affiches ; contre-manifestations, voire tentatives de dispersion des manifestations fascistes ; surveillance téléphonique des conversations des dirigeants ou des cadres d’extrême droite ; interception de courriers et de documents internes des groupes nationalistes ; établissements de fichiers sur les militants d’extrême droite, leurs réseaux et sur les commissaires de police nationalistes, fascisants ou fascistes ; entraînement aux sports de combat, au tir au pistolet et à la fronde, au maniement de la canne et de la matraque ; mobilisation d’estafettes motocyclistes, etc.

    Les objectifs des antifascistes « soc’ dem’ » des années 1930 n’étaient donc pas simplement défensifs mais aussi offensifs. Même si les socialistes de gauche appartenaient à un parti dont la direction avait toujours privilégié « la concertation et la collaboration avec la préfecture de police de Paris » et qui « se gard[ait] de verser dans l’action armée clandestine ou paramilitaire », leurs pratiques étaient assez semblables à celles des « antifas » de 2018 qui défendent une ligne No platform, que l’on pourrait traduire « Pas de liberté d’expression pour les fascistes ». Partisans de « l’action directe de masse », : ils ne comptaient pas sur l’Etat pour interdire l’espace public aux fascistes, ni pour réclamer au gouvernement la dissolution de groupes qui se reforment très rapidement sous un autre nom. A l’époque, les antifascistes de la Gauche socialiste puis du PSOP ne faisaient pas confiance à la police ; ils refusaient de laisser les flics protéger les fascistes ; et ils étaient prêts à affronter les condés eux-mêmes dans certains cas.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/tenir_la_rue._l_autodeI_fense_socialiste.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2675

    "L’antifascisme en France. De Mussolini à Le Pen" de Gilles Vergnon

    Décortiquer un siècle d’antifascisme dans un seul livre, même au niveau d’un pays, n’est pas une tâche aisée. D’autant plus qu’il faut à la fois s’intéresser à l’évolution de cette idéologie multiforme mais aussi étudier les multiples formes concrètes qu’il a prises. L’auteur a pris le parti de privilégier l’étude idéologique de l’antifascisme à travers les déclarations et communiqués officiels, les débats internes, les articles de la presse de gauche et d’extrême gauche et les mémoires de militants, en précisant à chaque fois le contexte politique et les choix des organisations et des réseaux qui ont eu recours (à plus ou moins forte dose) à la thématique de l’antifascisme : PCF, SFIO/PS, « Jeunes Turcs » du Parti radical-socialiste, Association républicaine des anciens combattants, LICP, FNCR , Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Ligue des droits de l’homme , Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, SOS Racisme , Ras l’Front, Scalp, Grand Orient, catholiques de gauche, syndicats ouvriers, enseignants et étudiants. Il est dommage que Vergnon n’ait pas analysé davantage les activités antifascistes concrètes des différents partis, mouvements ou groupes concernés – tâche de toute façon impossible dans un ouvrage de 210 pages.

    Le résultat global est utile, d’autant plus qu’il n’existe pas d’étude exhaustive de l’antifascisme en France. Pour l’auteur, « l’antifascisme est un phénomène de longue durée, riche d’usages multiples, et toujours constitutif des identités politiques de gauche et surtout d’extrême gauche, dans ses composantes libertaires et trotskistes ». Malheureusement, Vergnon n’adopte aucun point de vue critique par rapport au nationalisme et au républicanisme bourgeois français. Bien au contraire, il semble apprécier leur version « jaurésienne ».

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/l_antifascisme_en_france_de_vergnon.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2676

    "Antifacisme radical ? Sur la nature industrielle du fascisme" de Sebastian Cortés

    Tout, ou presque, est dans le titre et dans l’appartenance syndicale de l’auteur. Cortés considère que « l’industrialisme » serait le véritable responsable du fascisme et que le « syndicalisme » (révolutionnaire ?) serait la solution pour mettre fin au danger civilisationnel que représente le système capitaliste.

    L’hypothèse n’est pas tout à fait dénuée de fondement :
    – les régimes fascistes des années 20 et 30 sont nés à un moment où le capitalisme connaissait des transformations importantes, notamment le taylorisme qui s’imposa aussi bien aux Etats-Unis qu’en URSS dite « socialiste » ;
    – les transformations technologiques imposées par le capitalisme depuis les années 1920 conduisent, au nom du progrès, à déposséder de plus en plus les travailleurs de tout contrôle sur leur activité productive mais aussi sur leur vie : l’automatisation et l’informatisation ne « libèrent » pas plus les ouvriers de la domination capitaliste, que la machine à laver ou le four à micro-ondes n’ont « libéré la femme » de la domination masculine ; le « temps libre », les loisirs individuels et collectifs, sont soumis –eux aussi – au règne de la marchandise, de la concurrence et du conditionnement des esprits ; l’informatique permet de mieux contrôler (y compris à distance) les salariés, mais aussi de mieux surveiller politiquement les opposants au système capitaliste, etc.
    – l’industrialisation de la planète, grâce à la mondialisation, aboutit à de graves crises voire à des catastrophes écologiques.

    Pourquoi donc la lecture de ce livre nous laisse-t-elle sur notre faim et pourquoi l’argumentaire proposé nous semble-t-il aussi insuffisant ?

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/corteI_s_antifascisme_radical.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2677

    "Ces Allemands qui ont affronté Hitler", de Gilbert Badia

    Décédé en 2004, Gilbert Badia était un historien très proche du PCF, et un résistant antinazi courageux, membre de la MOI , qui fut arrêté en 1943 et s’évada deux fois. Dans ce livre paru en 2000, il ne prétend pas nous offrir une étude globale et détaillée de tous les mouvements de résistance en Allemagne mais une série de portraits d’individus exceptionnels (tels le menuisier Georg Elser qui organisa tout seul un attentat contre Hitler), passés à la trappe de l’histoire officielle, ainsi que quelques réflexions sur les différentes facettes des mouvements ou courants antinazis. Il conclut par une réflexion assez pessimiste sur la capacité des nazis de « souder étroitement tout le peuple dans une “communauté du peuple allemand” la Volksgemeinschaft » totalement fanatisée par son Chef, prête à gober n’importe quoi et à se taire devant les actes les plus barbares, voire à y participer sans discuter.

    Et il décrit l’isolement des résistants antifascistes (quelques dizaines de milliers) dont les activités (distribution de tracts et de journaux clandestins, organisation de manifestations éclairs, rassemblements lors de funérailles de militants, tentatives de grèves, sabotage, noyautage d’organisations nazies, aide aux travailleurs étrangers et aux Juifs, etc.) « sont restées en Allemagne quasi secrètes, ignorées du peuple allemand, sauf lorsque les nazis annonçaient » leur arrestation, leur condamnation et leur exécution, ce qui n’était pas fréquent.

    Ce n’est pas cet aspect, pourtant fondamental (comment des fascistes arrivèrent à briser toute résistance dans un pays donné et à fanatiser un peuple) qui nous intéresse ici, mais plutôt la façon dont Badia décrit les idées fondamentales des antifascistes allemands. Avant d’aborder le vif du sujet, il me faut tout d’abord faire un sort à l’insupportable philo-stalinisme de l’auteur.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/badia_allemands_contre_hitler_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2678

    « L’antifascisme militant. Un siècle de résistance » de M. Testa (Militant antifascism. A hundred years of resistance)

    M. Testa se présente comme un « blogueur antifasciste qui a écrit pour la revue anarchiste Freedom et appartient à l’Anti-Fascist Network ». Son livre a été publié en 2014 chez AK Press, une maison d’édition anarchiste anglaise.

    Selon M. Testa, le fascisme se caractérise par « le racisme, la misogynie, l’antisémitisme, le gangstérisme, l’homophobie, le militarisme et une politique essentiellement anti-ouvrière » qui amène ses partisans à collaborer « de façon opportuniste avec des liberals », des démocrates bourgeois. Le fascisme repose sur le « Führerprinzip » (le culte du Chef), « l’exclusion des minorités (juifs, musulmans, Roms) », « la pureté de la race » et sa « supériorité génétique », la « défense de la famille et de l’hétéronormalité », « l’anti-intellectualisme », « une politique dure en matière de criminalité et de châtiment mais seulement pour certains criminels ».

    Cette définition pourrait s’appliquer (avec évidemment des nuances) à la plupart des dictatures des années 30 et à de nombreuses « démocraties autoritaires » actuelles (Birmanie ou Thaïlande, par exemple) ainsi qu’à de nombreux mouvements politiques, y compris les Talibans, Daesh, al-Qaida, le GIA, le Hamas et le Hezbollah, mais aussi aux partis nationaux-populistes : Front national, Vlaams Belang, Ligue du Nord, PVV de Geert Wilders, etc.

    Cette définition est trop générale et s’applique beaucoup plus à l’extrême droite qu’au fascisme proprement dit.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/m._testa_l_antifascisme_militant_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2680

    Matthieu Gallandier et Sébastien Ibo : "Temps obscurs. Nationalisme et fascisme en France et en Europe"

    Il est extrêmement difficile, voire sans doute impossible, en 157 pages, d’exposer ce que furent le fascisme italien et le nazisme allemand, de décrire les groupes néofascistes actuels en Europe, d’évoquer les « grands partis électoraux xénophobes » (que je préfère appeler « nationaux-populistes ») et de s’interroger sur la possibilité d’une résurgence du fascisme ainsi que d’envisager les moyens de la contrecarrer efficacement. Il faut donc savoir gré aux auteurs d’avoir tenté l’aventure en utilisant un langage militant mais compréhensible par tous.

    Ce livre est malheureusement davantage centré sur des considérations idéologiques (le plus souvent justes mais trop peu étayées) que sur des références et des explications historiques précises et convaincantes. Les auteurs tiennent des raisonnements très (trop) généraux en s’appuyant sur des données fréquemment inexactes ou vagues, en transformant des faits ayant une portée limitée en tendances lourdes ce qui exagère leur portée (par exemple, les quelques patrouilles effectuées par des Identitaires dans le métro parisien ou lyonnais) mais permet de les faire entrer plus aisément dans leur cadre d’analyse (les Identitaires seraient en train de constituer des milices, ou au moins des « embryons de milices »).

    Cet article commencera donc par évoquer les qualités de ce livre avant d’évoquer ses nombreux défauts, que nous mentionnerons à la fin de ce texte, afin de ne pas vous décourager de lire cet ouvrage !

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/temps_obscurs.pdf

  • Ou est passé #Santiago_Maldonado ?


    En Août 2017, disparaissait, en #Argentine dans la province du Chubut, Santiago Maldonado. Son crime fut d’avoir participé à une manifestation en solidarité avec les Indiens Mapuche. S’en suivit une vaste campagne de recherches, et donc de questions, à propos de celui qui est devenu le premier disparu « officiel » de la présidence Macri.

    Santiago Maldonado est né dans la province de Buenos Aires, en 1989. Il part s’installer comme artisan dans le Rio negro, pas loin du Chubut. A cette époque, il est un jeune homme pas très politisé, mais on le dit plutôt proche des milieux progressistes, voir libertaires. En effet, il s’intéresse aux problèmes de société, au sort des Indiens Mapuche en conflit depuis des années, à la fois, avec l’État et les grands propriétaires terriens du sud de l’Argentine – lesquels sont pour beaucoup de riches industriels comme Benetton. Santiago se trouvait donc dans un pu lof celui de Cushamen. Un pu lof est une sorte de campement, un petit village de résistance où se trouvent les gens, mapuche ou non, qui résistent aux politiques d’exclusion contre les indiens. Quand les forces répressives, à savoir la gendarmerie, ont fait irruption en tirant des balles en caoutchouc sur les gens qui se trouvaient là, c’était pour incendier les cabanes et tirer au canon à eau afin de disperser tout le monde, et, éventuellement, mettre quelques indiens en prison (qu’ils soient jeunes, vieux, femmes ou enfant). De toute façon, l’image des indiens, dans l’opinion publique, est si mauvaise que personne ne lèvera le petit doigt ; c’est globalement ce que se disent les autorités. Les gens se sont enfuis où ils ont pu. Beaucoup se sont dirigés vers le Rio Chubut, et Santiago était parmi ceux-là. C’est dans cette cohue que les gendarmes l’ont intercepté, puis l’ont fait disparaître dans leur camionnette, selon certains témoins visuels.

    Suite à ces événements, nous avons assisté à une vaste campagne de communication, d’abord locale, ensuite mondiale. Cette campagne a eu comme effet de forcer le gouvernement argentin à sortir de son mutisme et à saisir la justice afin qu’une enquête soit menée dans le but de connaître la vérité ; cela grâce à la contrainte de l’opinion mondiale. En effet, les petites affiches avec la photo de Maldonado portant en en-tête « ¿Dónde está Maldonado ? » se sont répandues comme une traînée de poudre, grâce aux connections à travers le monde et aux réseaux sociaux.

    Le 21 Octobre 2017, fut retrouvé – et officiellement identifié – le cadavre repêché dans le Rio. C’était bien le corps de Santiago Maldonado qui avait été retrouvé. A ce jour, un seul gendarme a été mis en examen et l’enquête suit son cours. Il est fort probable que les témoins de cette sordide histoire disparaîtront à leur tour et que la gendarmerie, la chancellerie, l’administration Macri, s’en tireront à bon compte pour manque de preuves et de témoins. C’est une histoire parmi tant d’autres, désormais banale en Argentine, ce pays où les tortionnaires d’hier ont repris les manettes grâce à leur complices d’hier. Au mieux, ils prendront un des gendarmes présents, lui infligeront un blâme ou du sursis, mais, malheureusement, il ne se passera rien.

    Au passage nous noterons le cynisme et l’aplomb de la ministre Bullrich, d’abord, et du président Macri, ensuite. En cherchant à atténuer les faits et à soutenir leur gendarmerie, ils ont tout nié en bloc, en allant jusqu’à laisser entendre que s’il était arrivé quelque chose à Maldonado, c’est, sans doute, parce qu’il l’avait bien cherché. C’est vrai que, au final, la cause indienne, ça n’intéresse pas, ou si peu ; surtout, en Argentine où la bourgeoisie a toujours fait en sorte que la population déteste les Indiens. De nos jours encore, on les appelle les pauvres « indios », et les gens qui vivent dans les bidonvilles de Buenos Aires, sont des negros ou des indios. C’est dire à quel point la propagande d’extrême-droite a marché à plein régime pendant près d’un siècle. Cette propagande, à la solde de la bourgeoisie locale, a fermé les yeux sur les massacres des indiens en Patagonie et les a même applaudis. La Patagonie où, quand on était riche, le dimanche on partait avec ses amis à la chasse à l’indien comme, aujourd’hui, nous partons, en toute simplicité, ramasser des champignons. C’est par cette propagande que l’on appelait au meurtre, les migrants venus d’Europe au début du siècle dernier, et qu’on faisait appel à l’armée pour réprimer tout mouvement social anarchiste ou communiste. C’est cette même propagande qui appela au massacre d’ouvriers comme lors de la semaine tragique, dans Buenos Aires (700 morts et 4000 blessés), et qui fit inscrire dans la constitution que les anarchistes étaient interdits sur le sol argentin. C’est cette bourgeoisie qui, aujourd’hui, cire les pompes du pape François, grand ami du Général Massera, chef du camp de concentration clandestin de l’ESMA, de triste mémoire. La disparition de Santiago, sans vouloir la minimiser, est un épisode de plus dans la guerre que le pouvoir livre contre le peuple, les riches contre les pauvres, les conquistadors, ou gauchos, contre les Indiens. Ces gauchos sont le symbole, malgré eux, de la classe dominante ; laquelle se pose victorieuse de la barbarie indienne, donc des pauvres. Si Maldonado avait été un Indien, en aurait-on seulement parlé ?

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.netb

  • « Mémoires et Écrits » de #Nestor_Makhno


    En ces temps d’instabilité, le capitalisme, s’appuyant sur le nationalisme et le patriotisme, a montré sa sauvagerie avec ses guerres, ses infamies, ses actes ignobles et sa logique de monopolisation des richesses. La finance et les grands groupes industriels sont prêts à dévaster la terre entière au nom de la croissance. La place de l’Homme s’efface derrière consommation, coffre-forts, taux de rendements et de chômage, PIB, etc. L’avenir des générations futures et notre milieu naturel sont en péril.

    Pourtant, d’autres idées de vie en société existent, avec d’autres manières de vivre ensemble, sans concurrence, division, compétition ou écrasement du voisin. Il faut réfléchir et agir pour le bien commun, avec un système fondé sur l’entraide, la solidarité, la liberté. C’est pour tenter de bâtir un monde fondé sur ces valeurs que des anarchistes révolutionnaires ont sacrifié leur vie. Le mouvement des paysans et ouvriers dans l’Ukraine de 1917 en est un exemple. Nestor Makhno les décrit dans son ouvrage « Mémoires et écrits ».

    Il ne l’a pas fait pour rendre un hommage à octobre 1917 qui s’est hélas soldé par le pouvoir exclusif des bolcheviks, l’avènement de leur dictature contre le prolétariat et l’édification de toutes les structures nécessaires visant à renforcer le pouvoir d’un seul homme ; lequel deviendra par la suite un dictateur sanguinaire. Staline, avec son lot de massacres, a marqué l’histoire. Lénine et Trotsky (et d’autres bolcheviks) se sont ainsi détournés de la révolution et de tous ceux qui aspiraient cette société nouvelle. Reprenons ici une phrase lue on ne sait où : « Les staliniens sont des léninistes qui ont tous réussi, les trotskystes sont des staliniens qui ont tous échoué ».

    Dans ses mémoires, Makhno décrit sa vie, son engagement pour la révolution russe et ukrainienne, la place qu’il y occupa en tant que révolutionnaire, dans une période où le système tsariste avait été laminé par la révolution et où la classe laborieuse avait pris conscience de sa force, un processus pour un changement radical était en cours.

    Tout commença, pour lui, par une enfance difficile. Fils de paysan pauvre et orphelin de père, il connaît le servage qui soi-disant a été aboli mais qui, en fait, a pris une autre forme. Ce faisant, il vit l’injustice au quotidien. Une histoire de son enfance lui fit prendre conscience que, face à l’injustice, la crier ou la dénoncer pouvait déjà être une étape pour un changement. Ainsi, alors qu’un autre fils de paysan subissait des harcèlements de la part de la progéniture bourgeoise du propriétaire d’un koulag, les cris de Nestor alertèrent les ouvriers agricoles, ces esclaves modernes, qui laissèrent tous éclater leur colère face à de tels actes et le bourgeois propriétaire n’eut d’autre choix que de mettre au pas sa descendance insolente et mal éduquée. Ce fut un premier combat collectif victorieux car, à partir de ce jour-là, cet autre enfant ne fut plus humilié bien que toujours exploité.

    Adolescent, les événements de 1905 le font s’intéresser à la politique et il rejoint les anarcho-communistes. Son activité militante le fera passer par la case prison. Il approfondira ses connaissances et ses idées, il fera régulièrement des séjours au cachot, ses tentatives d’évasion ne seront que des échecs. En février 1917, les révolutionnaires le sortent de prison avec tous les autres prisonniers. Tout s’accélère, et de retour à Gouliaï-Polié, sa ville natale, il voit sa vie s’imprégner d’une intense histoire collective dans un monde en pleine ébullition. Il développe et pratique l’anarchisme dans les comités révolutionnaires, dans les unions de paysans, dans les soviets locaux, dans les assemblées, dans les meetings, dans les réunions des groupes anarcho-communistes, dans les échanges entre ouvriers et paysans, et avec toute cette population laborieuse qui s’organise en une société nouvelle qui se construit jour après jour. La parole, comme l’action commune, se libère et les chaînes se brisent. C’est avec entrain et espoir que Nestor le raconte. #A peine libéré, le gouvernement russe provisoire de Kérensky tente de museler les élans de solidarité et de prendre en main le destin de tous. Les socialistes révolutionnaires ont du pain sur la planche pour garder le pouvoir, et les critiques à leur égard fusent.

    L’histoire de Makhno, très entouré et bien occupé, continue et son parcours en croise d’autres qui nous sont totalement inconnus : des noms, des moments intenses, qui ne sont pas cités dans les livres d’histoire. Comme cet exemple dans lequel les paysans, suite à une décision collective, prennent des chariots, des fusils, des fourches ou des bâtons, et, chemin faisant, les bourgeois propriétaires prennent la clé des champs pendant que eux collectivisent les terres et adieu, ou plutôt au revoir, les bourgeois – et tout cela, la plupart du temps, sans effusion de sang, même si, parfois, bien sûr, des propriétaires récalcitrants s’opposent à la liberté des ouvriers et des paysans.

    Dans cette vie trépidante, vient le temps des critiques et des méfiances envers le parti bolchevique. Dès la chute de Kérensky, d’autres s’avancent pour prendre la place, et c’est là que « l’astucieux lénine », comme Makhno le nomme, fait son entrée en scène. Son mot d’ordre « Tout le pouvoir aux Soviets », déjà dans le cœur de la révolution, fait écho, mais dans les faits ça sera plutôt « Tout le pouvoir au parti bolchevique ». Si, partout en Russie, la sauce bolchevique a la cote ; en Ukraine, et notamment chez les paysans, elle aura un goût amer. Pendant ce temps, en Ukraine, les expériences d’autonomie font leurs preuves. Makhno confirme que la voie et la façon d’agir du groupe anarcho-communiste, qui est aux côtés de la classe laborieuse, est la bonne solution.

    « Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y la vérité. Créez la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs ».

    En 1918, Nestor nous fait partager son désarroi quand Gouliaï-Polié tombe aux mains des Autrichiens et des Allemands. Mais son retour, il le prépare. Patience. Les départs vers le front, pour beaucoup de révolutionnaires ukrainiens, étaient probablement une des causes. L’entrée de traîtres au sein des comités révolutionnaires, et autres outils de l’organisation collective comme les Soviets, en sont la vraie raison. Avec d’autres révolutionnaires, Nestor se fixe une date de retour, mais sa destination à ce moment sera celle d’autres villes russes, afin d’observer et d’analyser où en sont les forces révolutionnaires et la contre-révolution, Moscou, Pétrograd et Kronstadt. Il nous fait part de son écœurement à propos de certains groupes anarchistes ayant rejoint les rangs des bolcheviks.

    Nestor continue a nous faire vivre ces événements et il nous raconte toutes ces rencontres constructives, ou pas, nous faisant rire ou bien pleurer. Si des anarchistes paraissent être sur la « bonne » voie, certains sont vraiment sur le bas-côté et regardent passer le train sans même chercher à s’accrocher au wagon, mais d’autres, plus lucides, sont bien présents. Pour leur action et leur dévouement à la révolution sociale, pour leur soif de liberté mais aussi pour leur courage, Nestor nous amène à avoir de la compassion pour ces hommes et ces femmes qui ne cherchent ni le pouvoir, ni la gloire, et sont prêts à prendre les armes pour s’opposer à la contre-révolution grandissante venant de partout. Ensuite, tous ceux qui s’opposeront à la direction du parti bolchévique seront déclarés contre-révolutionnaires. Les arrestations, les fusillades, les nombreuses disparitions d’anarchistes et la suppression de toute propagande anarchiste deviendront monnaie courante.

    Au fur et à mesure de la lecture, nous avons la sensation de l’accompagner dans sa quête, mais aussi dans ses émotions qu’il nous fait partager, dans ses espoirs, ses craintes, ses envies de vengeance après tant de traîtrises. Le traité de Brest-Litovsk, signé par les bolcheviks, donne l’Ukraine aux Allemands. C’est un mélange de guerre, de révolution et de contre-révolution. C’est entre la joie, la liberté, la tristesse et la souffrance. Il arrive à Moscou, la ville où se déroule, comme le narrateur l’appelle, « la révolution de papier ». Il y fait des rencontres ; celle avec Kropotkine – enrichissante – et celle avec Lénine – inutile. Ensuite, viendra l’heure de son retour, et de la Makhnovchtchina, et de tout ce que les paysans et ouvriers d’Ukraine ont mis en œuvre malgré d’énormes difficultés. Mais ceci sera raconté prochainement dans un autre article. D’ailleurs, pour en savoir plus sur l’Ukraine de 1918 à 1921, Voline, dans son livre « la révolution inconnue », dédie un chapitre à ce mouvement et conseille la lecture des livres de Piotr Archinov qui a croisé le chemin de Nestor Makhno à maintes reprises.

    Citons un texte de La Voie vers la Liberté, organe de la Makhnovchtchina :

    « La Makhnovchtchina n’est pas l’anarchisme. L’armée makhnoviste n’est pas une armée anarchiste, elle n’est pas formée par des anarchistes. L’idéal anarchiste de bonheur et d’égalité générale ne peut être atteint à travers l’effort d’une armée, quelle qu’elle soit, même si elle était formée exclusivement par des anarchistes. L’armée révolutionnaire, dans le meilleur des cas, pourrait servir à la destruction du vieux régime abhorré ; pour le travail constructif, l’édification et la création, n’importe quelle armée, qui, logiquement, ne peut s’appuyer que sur la force et le commandement, serait complètement impuissante et même néfaste. Pour que la société anarchiste devienne possible, il est nécessaire que les ouvriers eux-mêmes dans les usines et les entreprises, les paysans eux-mêmes, dans leurs pays et leurs villages, se mettent à la construction de la société anti-autoritaire, n’attendant de nulle part des décrets-lois. Ni les armées anarchistes, ni les héros isolés, ni les groupes, ni la Confédération anarchiste ne créeront une vie libre pour les ouvriers et les paysans. Seuls les travailleurs eux-mêmes, par des efforts conscients, pourront construire leur bien-être, sans État ni seigneurs. »

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.netb

  • Double jeu

    Faire une série de retours sur l’histoire de la #FNSEA, nous permet de mieux comprendre la dose de violence et d’impunité consentie par l’État aux agriculteurs. La FNSEA a toujours eu un comportement ambigu ; d’un côté, elle attise la colère des agriculteurs, et de l’autre, elle se pose en médiatrice incontournable entre eux et l’État pour régler les crises à sa façon ; quitte à se faire huer par sa base comme ce fut le cas à Paris en septembre 2015 pour Xavier Beulin, homme d’affaires et capitaliste notoire(1) et président de ladite FNSEA.

    Dès sa fondation, en 1946, la FNSEA domine le paysage syndical. Par la suite, ni le MODEF(2) (d’orientation socialiste), ni le CNJA (centre national des jeunes agriculteurs) ne pourront sérieusement menacer le monopole de la FNSEA. Depuis le début, ce leadership convient parfaitement à l’État dont c’est l’unique interlocuteur. La France agricole de l’après-guerre vit une profonde mutation puisque en moins de vingt-cinq ans se met en place un modèle d’agriculture intensive qui fera de l’État français l’une des premières puissances agricoles d’Europe. La FNSEA a toujours soutenu cette orientation et, pour parvenir à ses fins, elle a, dès 1961, mis en œuvre l’emploi de la violence en organisant des manifestations particulièrement musclées dont les premières du genre se déroulèrent en Bretagne. Cette politique se révéla payante car les pouvoirs publics y cédèrent sur une série de revendications majeures.

    Dans les décennies suivantes, au gré des crises (surproduction, sécheresse, etc), caillassages de préfectures, blocus de gares, descentes dans les supermarchés, etc deviendront monnaie courante. Le paroxysme sera atteint en 1976, quand des viticulteurs en colère tueront un commandant de CRS à la carabine approvisionnée en munitions pour gros gibier et en blesseront 28 autres. L’enquête n’aboutira jamais, conformément à une tradition d’impunité solidement ancrée et qui resurgira avec les bonnets rouges .

    En 2013, la FDSEA(3), encouragée par son président, Thierry Merret, met en mouvement les légumiers de Bretagne mécontents des contraintes fiscales et administratives. Ils incendient le centre des impôts et les locaux de la MSA de Morlaix ; ils vont jusqu’à retarder l’arrivée des pompiers par un ballet de tracteurs et en leur déversant des tonnes d’artichauts sous les pieds. Ils ont droit alors aux plus vives félicitations de Thierry Merret (alors qu’au regard du droit, certains faits sont d’une extrême gravité). Trois jours plus tard, conjointement rédigé par le syndicat et la chambre d’agriculture de Bretagne, un communiqué hypocrite tout à la fois regrettait « le recours à des actions violentes » et les justifiait en affirmant que « La profession tout entière n’encourage pas à l’excès, mais elle ne sait plus comment se faire entendre afin que des mesures efficaces et rapides soient prises ! ». En fait, notre impression est qu’elle sait trop bien comment se faire entendre ! Malgré l’enquête, Thierry Merret ne sera pas inquiété et les forces de l’ordre feront mine de ne pas pouvoir identifier les auteurs des faits.

    A l’image de feu X. Beulin, les dirigeants FNSEA sont des notables souvent de droite, maires de leurs villages, administrateurs de coopératives, de la MSA et/ou du crédit agricole. Malgré que les manif’ organisées par la FNSEA aient causé des centaines de millions FF de dégâts, François Guillaume, après de bons et loyaux services (1979 à 1986) comme président de la FNSEA, devient ministre de l’agriculture sous Chirac, entre 1986 et 1988. Cette nomination est un signal clair en direction de la FNSEA et de ses méthodes. C’est une reconnaissance pure et simple, par l’État, de ses actions violentes ; pour le passé et l’avenir.

    Au fur et à mesure, la FNSEA s’est professionnalisée et aujourd’hui son expertise est appréciée jusqu’à Bruxelles. Elle est devenue une entreprise capitaliste plus soucieuse de ses parts de marchés et de ses profits que du monde agricole et des agriculteurs. Si les agriculteurs de la Fédération nationale des jeunes exploitants familiaux (FNJEF), liée au Modef, déclarent : « Si le système ne fonctionne pas, il faut changer le système » et que la Confédération paysanne déclare que « les plans d’allégements des charges ne changent rien car on ne s’attaque pas aux racines du mal », nous savons qu’ils sont uniquement motivés par une volonté de s’assurer des privilèges. Si nous sommes d’accord sur le principe qu’il faut changer de système, nous ne sommes pas, pour autant, d’accord avec les objectifs corporatistes poursuivis par les différentes organisations d’agriculteurs.

    Adhérer à la FNSEA, c’est aussi bénéficier de réductions diverses, façon comité d’entreprise, avec la « carte moisson » (réductions pour matchs de foot, pour décathlon, etc), y compris chez… le grand ennemi (carrefour & co). Les fédérations encaissent, au passage, un pourcentage sur les ventes ; ce qui revient à pratiquer ce que la FNSEA, elle-même, dénonce, à savoir, les marges arrières. Bien entendu, les exploitants agricoles ne se doutent pas des rétrocessions au profit des FDSEA.

    Lors de la grande grève du lait de 2009, la FNSEA dénonce à grand fracas les marges exorbitantes de la grande distribution. La réalité est toute différente. Entre 2005 et 2009, la marge des transformateurs (mise en boîte du lait, fabricants de beurre ou yaourt) a beaucoup plus augmenté que celle des distributeurs. Selon le ministère de l’agriculture, sur le prix de vente au public d’une brique de lait, la grande distribution s’octroie 18 %, le producteur reçoit moins de 30 % et le transformateur en prend la moitié ! Or, ce qui est le « plus amusant », c’est que si, parmi ces transformateurs, il y a des industriels, il est à noter qu’il y a aussi de nombreuses coopératives tenues par des organisations membres de… la FNSEA ! Par exemple, la plus importante de France, la société SODIAAL, avait comme président de son conseil d’administration Damien Lacombe, fils d’un Raymond du même nom qui fut président de la FNSEA de 1986 à 1992 !…

    Ce double jeu ayant été éventé, nombre d’agriculteurs quittèrent la FNSEA et continuèrent à livrer leur lait à des coopératives laitières qui, en fait, adhèrent à la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) qui n’est autre qu’une antenne de la FNSEA qui, à l’évidence, centralise le pouvoir. Ce mécontentement, palpable chez les producteurs, se traduisit par quelques déboires électoraux avec la perte, par exemple, du contrôle d’une chambre d’agriculture au profit de la coordination rurale. Cependant, le monopole de la FNSEA demeure solide ; d’autant plus que cette dernière sait se rendre indispensable sur le front juridique et bancaire. Beaucoup d’exploitants agricoles sont empêtrés dans des situations difficiles, criblés de dettes et de problèmes juridiques. Coincés, ils sont souvent obligés d’adhérer à la FNSEA malgré leur aversion car c’est elle qui octroie prêts et « facilités ». La baisse continuelle du nombre d’agriculteurs depuis un demi siècle est la preuve d’une politique délibérée d’asservissement et d’une guerre d’usure contre les petits paysans. La FDSEA n’hésite pas à les mobiliser contre leurs intérêts tout en les manœuvrant dans des actions spectaculaires afin d’entretenir chez eux l’illusion d’actions efficaces, sauf que l’efficacité est, en définitive, destinée à promouvoir une politique de grands propriétaires. La FNSEA est, également, bien implantée au niveau des commissions d’installation ce qui lui permet de favoriser ceux qui y adhèrent ; obligeant ceux qui souhaiteraient rester indépendants ou qui voudraient se tourner ailleurs, à la rejoindre.

    Le nombre d’exploitants agricoles ayant été divisé par quatre entre 1955 et 2015, il est aujourd’hui inférieur à 500 000. C’est là le résultat de la politique agricole menée par l’État et la FNSEA qui s’est faite au bénéfice des agriculteurs les plus riches, dirigeants ou membres importants de ce syndicat. Ces dirigeants sont les gagnants de cette politique car ils ont pu moyennant les aides du Crédit Agricole (où ils ont leurs entrées) agrandir leurs propriétés en rachetant les terres abandonnées par leurs anciens collègues et en même temps s’enrichir en profitant, en tant que notables, du formidable développement du système coopératif agricole. Le crédit agricole, au niveau bancaire, et les coopératives, au niveau de l’agro-industrie, sont des puissances économiques de premier ordre.

    Malgré les manifestations fréquentes et spectaculaires, il y a une profonde identité de vue entre l’État et la FNSEA sur un objectif à long terme, connu sous le terme de PAC et fixé par la loi de modernisation de l’agriculture française de 1962 : Bâtir une agro-industrie puissante, centralisée et fortement capitalisée. Si la FNSEA doit prendre quelques libertés avec les règles en chemin pour protéger et développer ce secteur, qu’elle les prenne. Les pouvoirs publics ferment les yeux. Dans une confusion des genres, Bernard Lannes de la Coordination rurale (proche de l’extrême-droite), concurrente de la FNSEA, dénonçait : « … la FNSEA [qui] organise des pseudo-manifestations pour râler contre des décisions prises en cogestion avec l’État ».

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

    Notes :

    ₁ En 2011, Xavier Beulin soutenait la proposition de loi du sénateur Christian Demuynck (UMP) visant à transposer un règlement européen de 1994 destiné à protéger les obtentions végétales et dont la conséquence pour les agriculteurs est que, s’ils veulent ressemer leur propre récolte, ils doivent verser une « rémunération aux titulaires des certificats d’obtention végétale » que sont les semenciers. Xavier Beulin était non seulement à la tête de la FNSEA, mais dirigeait également le groupe Sofiproteol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français (Euralis Semences, Limagrain, RAGT Génétique, Serasem
    – groupe InVivo)

    ₂ Mouvement de défense des exploitant familiaux

    ₃ Fédération Départemental des Syndicats d’Exploitants Agricoles

  • Les manifs’ de la #FNSEA

    Manifester est un droit fondamental qui est gravé dans la déclaration des droits de l’Homme. En régime de démocratie représentative, les citoyens peuvent ainsi affirmer publiquement leur opposition ou leur soutien à des projets. Parce qu’il offre la possibilité à des groupes de personnes d’affirmer une volonté collective en dehors des instances légales, tous les pouvoirs ont de tout temps cherché à interdire ou a limiter fortement ce mode d’expression. En France, le droit de manifester est strictement encadré par la loi qui fixe les modalités et les limites de son usage. Si comme la constitution l’affirme tous les citoyens sont égaux devant la loi, l’État se devrait de traiter toutes les manifestations de la même façon, guidé par le principe d’égalité ; les forces de l’ordre devraient adopter des comportements identiques face à tous les manifestants. Pourtant, il n’aura échappé à personne, pas même à l’observateur le plus étourdi, qu’il n’en est rien et c’est enfoncer des portes ouvertes que de dire qu’en France les forces de l’ordre adoptent un comportement très différent en fonction du type de manifestants qu’elles ont en face d’elles.

    Quand il s’agit de manifestations de salariés exprimant leur opposition à des fermetures d’usine, à des projets de loi ou luttant pour améliorer leurs conditions de vie et de travail, elles ne manquent jamais, au moindre débordement (jets de canettes ou de pierres, dégradations quelconques), de faire preuve de la plus grande intransigeance : interventions musclées (jets de grenades lacrymogènes, matraquages) et interpellations brutales de manifestants qui seront condamnés par la suite à des peines de prison. Ce sont là des pratiques habituelles. Tout le monde se souvient de l’interpellation par la police de militants syndicalistes qui, pour s’être opposés à un plan social destructeur d’emplois et avoir déchiré la chemise d’un cadre de leur entreprise lors d’une bousculade, ont été condamnés à des amendes et à de la prison avec sursis.

    Quand il s’agit de manifestations s’opposant à la destruction de milieux naturels ou à des projets absurdes, elles sont féroces : les opposants de Sivens, de Bure, de Notre-Dame-des-Landes et d’ailleurs savent ce qu’il en coûte de s’opposer, même pacifiquement, à des décisions technocratiques destinées uniquement à satisfaire des intérêts privés. Pour les réprimer, les forces de l’ordre utilisent une débauche de moyens, tant humains que matériels. Clairement, l’objectif poursuivi est de, à la fois, instaurer l’effroi chez les opposants et d’empêcher un soutien massif de la population, en les faisant passer pour des délinquants. La conséquence de cette stratégie répressive est que, à chaque manifestation, il y a de nombreux blessés parmi les manifestants ; le comble de l’horreur ayant été atteint, encore une fois, avec le décès de Rémi Fraysse, victime d’un tir de grenade par un gendarme. Lors de ces manifestations, la police multiplie les interpellations et la justice, qui par ailleurs s’obstine à considérer la mort de Rémi Fraysse comme un simple accident, montre alors sa vraie nature en condamnant lourdement les interpellés : prison ferme pour des jets de canettes, des bris de vitrines ou de mobilier urbain. Les media font preuve, quant à eux, d’une belle complicité ; ils dénoncent les casseurs en attirant l’attention du public sur le coût pour la collectivité de leurs agissements.

    Pour les manifestations initiées par la FNSEA ou la Coordination Rurale, l’attitude des forces de l’ordre est, totalement différente. Dans la région toulousaine, nous avons vu des compagnies de gardes mobiles assister passivement au déchargement de bennes de purin et de fumier sur des lieux publics par quelques paysans surexcités et ne pas réagir quand ces mêmes paysans incendiaient des stocks de vieux pneus sur des voies de circulation, couvraient de merde les murs d’une préfecture, dégradaient du mobilier urbain, bloquaient des rocades, des carrefours, des voies ferrées, avec d’énormes tracteurs valant des dizaines de milliers d’euros, perturbant ainsi gravement l’activité économique de toute une région.

    Ainsi, ces représentants de l’État, prompts à sanctionner une petite vieille ayant laissé pisser son chien sur un trottoir, une voiture mal stationnée ou un jeune excité, font preuve d’un laxisme et d’une bienveillance remarquables à l’égard de gens qui causent au total des centaines de milliers voire des millions d’euros de dégâts. Le plus extraordinaire est que ces actions se répètent d’année en année, et que, de plus en plus, elles s’amplifient et durent de plus en plus longtemps (déjà 2 semaines en ce début 2018 en région toulousaine). Ici, l’État d’habitude si soucieux de se faire respecter laisse bafouer son autorité et son prestige. Étrangement, toutes ces actions délictueuses ne sont suivies d’aucune interpellation ni mise en accusation par la justice. La même presse, qui habituellement dénonce les grèves de fonctionnaires comme une prise en otage des français, fait mine de ne rien voir ou minimise les faits. Quant aux hommes politiques, sans doute soucieux de ne pas heurter l’électorat rural, ils apportent, de façon unanime, leur soutien aux revendications des agriculteurs casseurs.

    Cette différence de traitement de la part de L’État (pas d’illusions, les forces de l’ordre agissent selon les consignes reçues) méritent une explication. Les statistiques nous disent qu’il y a en France 452 000 exploitants agricoles dont le revenu moyen est de 25 200 €/an. Mais derrière ces chiffres se cachent des réalités très différentes : entre les producteurs de céréales exploitant de vastes domaines, les propriétaires viticoles de grands crus, les propriétaires de grands vergers… et le petit paysan vivant difficilement de ce que produit sa petite exploitation en montagne, il y a un abîme, le même qui sépare un grand patron de son salarié. Mais alors que patrons et salariés sont dans des syndicats différents, dont les objectifs sont en principe opposés, une majorité d’agriculteurs adhère à la FNSEA. Y cohabitent ainsi d’authentiques capitalistes, à la fois propriétaires de vastes domaines, administrateurs de coopératives agricoles ou d’entreprises diverses (crédit agricole, mutuelles, etc) et des petits propriétaires obligés de travailler comme des abrutis pour percevoir un revenu parfois inférieur au RSA ; le seul lien qui les réunit est l’amour infini de la propriété qui les amène à sacraliser la propriété de leur outil de production. Même pauvres, les adhérents de la FNSEA se considèrent avant tout comme des propriétaires et pensent que leurs intérêts sont opposés à ceux des non-propriétaires (les classes exploitées) et leur lutte, à l’évidence, n’est en aucune manière une remise en cause de l’ordre capitaliste existant.

    C’est bien parce qu’ils sont animés par ces sentiments que l’État fait preuve de tant de bienveillance à leur égard ; État qui est d’abord le garant de la propriété privée, de l’ordre établi et le protecteur des classes dirigeantes. Ainsi les adhérents du MEDEF ou de la FNSEA partagent le même penchant pour la richesse, souffrent de la même aliénation et donc des même névroses. Les gros tracteurs (pour l’achat desquels ils s’endettent lourdement) sont à la volonté de puissance des agriculteurs ce que les voitures de luxe sont à la richesse des patrons. A chaque manifestation, ils n’hésitent pas à s’exhiber sur leurs engins, tels des chevaliers sur leurs montures. C’est ce spectacle qu’un certain public urbain apprécie car, dans ce simulacre de défi lancé à l’État et aux forces de l’ordre, ils se présentent comme des révoltés et nombre de personnes sont dupes et les plaignent. En réalité, ce qui motive leurs actions est la recherche du profit, leur amour de l’argent les empêchant d’apprécier toute autre valeur. Les lobbys industriels, malgré qu’ils empoisonnent la planète au mépris de la vie des personnes (amiante, diesel, perturbateurs endocriniens, etc), se battent pour augmenter leurs bénéfices. De la même manière, les lobbys agricoles continuent de se battre pour pouvoir continuer à utiliser des méthodes et des produits aussi nocifs pour les gens que destructeurs pour les équilibres naturels (glyphosate, insecticides, élimination des grands prédateurs, etc). Imprégnés du culte de la propriété, les adhérents de la FNSEA ne se rendent même pas compte qu’ils sont les premières victimes des méthodes de l’agriculture industrielle ; c’est, en effet, parmi les exploitants agricoles qu’il y a une des plus fortes hausses de cancers et de maladies professionnelles. Si cet aveuglement les amène à se tromper d’ennemis, c’est parce que les cadres syndicaux de la FNSEA exercent un parfait contrôle sur leurs troupes. D’un côté, ils les laissent saccager des biens publics, de l’autre ils s’évertuent à les faire épargner les biens privés appartenant aux « exploiteurs » dont il est légitime de se demander si certains d’entre eux n’auraient pas des intérêts communs avec la FNSEA.

    Ainsi, nous avons vu, lors des précédentes manifestations de la FNSEA, des agriculteurs dévaster consciencieusement l’espace public, bloquer des axes de circulation et perturber gravement, pendant plusieurs jours, le quotidien de salariés qui ne sont en rien la cause de leurs problèmes. En revanche, dans les centres commerciaux situés juste à coté, la vie continuait paisiblement, comme si de rien n’était. Les agriculteurs, très respectueux de la propriété privée, n’ont rien entrepris contre ces magasins. Pourtant, ce sont bien ces mêmes enseignes qui, poussées par le jeu de la concurrence, rivalisent de ruses pour acheter toujours moins cher les produits des producteurs et les presser encore plus. D’ailleurs, Leclerc vient de délocaliser sa centrale d’achats en Belgique afin de contourner les récentes lois visant à limiter la pression que la grande distribution exerce sur les petits producteurs car la législation belge est, sur ces points, bien moins contraignante.

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • Morale d’une crise endémique

    Si le #capitalisme est tant glorifié par le discours dominant, c’est parce qu’il serait, selon les bourgeois, ce qui se serait fait de mieux jusqu’à présent. Certes, depuis plusieurs décennies, une croissance est au rendez-vous. C’est celle des inégalités sociales qui augmentent dans un monde livré à la cupidité des élites. Notre pouvoir d’achat baisse, nos impôts grimpent et les États endettés se sont mis à la merci des agences de notation qui disposent d’un véritable pouvoir de vie et de mort sur eux, sans que cela ne nous soit profitable en quoi que ce soit. Malgré la crise des années 2007-2008, la finance a continué de grossir et de prospérer en distribuant des bonus et des gratifications toujours plus obscènes à ceux qui la servent. Alors qu’ils en avaient l’occasion, les États ont fait en sorte de ne rien changer et ont tenté de nous vendre des chimères ; promesses de régulation-moralisation… promesses creuses et mensongères. C’est en faisant l’éloge de leur morale que les dirigeants ont fait passer cette pilule amère.

    Lors de cette crise, les dirigeants politiques de tous les pays capitalistes avaient fait mine de s’élever contre les excès du capitalisme, se joignant, à demie voix, à ceux qui réclamaient le scalp des banquiers et, ce, afin d’apaiser la colère des populations. Ce krach a, d’ailleurs, plongé le monde dans un marasme tel que nous sommes, encore maintenant, en train d’en subir les conséquences. Pourtant, les tenants du néo-libéralisme qui, jusqu’alors, prônaient le retrait de l’État ont, unanimement, imploré ce dernier de sauver la finance et l’économie en déroute. Une fois l’orage passé, ils ont abandonné cette position en faisant le chemin inverse, sans peur des contradictions. Hier, il était vulgaire de critiquer la dérégulation, laquelle s’est imposée depuis plusieurs décennies sous le vocable de « mondialisation ». Aujourd’hui, il serait, à les entendre, indécent de douter que ceux qui en étaient les auteurs ont su remettre en ordre le chaos qu’ils ont créé. Cela signifie qu’ils feignent de ne pas comprendre quelles sont les causes réelles de cette crise historique.

    Après la II° guerre mondiale, la menace d’un affrontement entre l’est et l’ouest occupait les esprits et le rapport de forces semblait favorable à la classe ouvrière. Cela imposait aux accapareurs de composer avec l’ambiance générale afin d’avoir le temps de porter un coup d’arrêt au développement des idées socialistes. A cette fin, ils acceptèrent de limiter leurs appétits de profit et ils acceptèrent de financer le développement d’un volet social (sécurité sociale, etc). Le système bancaire et le crédit étaient, alors, au service des politiques économiques et sociales des États. Cette situation paradoxale fut d’une durée suffisamment longue pour qu’elle put apparaître comme définitive. D’autant plus que la reconstruction d’après-guerre contribuait à faciliter les choses et à brouiller les cartes. La collusion entre État et capital fut telle que ce dernier fut amené à ne plus fixer à l’économie des finalités et des limites. Cela se traduit, dans les faits, par une volonté de laisser la finance redevenir le maître de l’économie. Celle-ci n’étant plus bridée, elle n’est plus, à l’évidence, l’instrument d’une logique de renforcement de l’État (qui se recentre d’autant plus dans ses fonctions coercitives – et pour cause), et surtout elle cesse de devoir se justifier d’une quelconque utilité. L’économie, alors subordonnée à la seule idée de profit, ne fonctionne plus qu’en se conformant à l’idéologie marchande. Si les États ont été sommés de mettre leurs moyens au service de la libéralisation des échanges, il faut clairement reconnaître qu’ils ne se sont pas trop faits priés pour le faire.

    A l’origine, il s’agissait de mettre en application la théorie libérale d’Adam Smith. Prenons un exemple succin pour en illustrer l’esprit et la morale : « Ce n’est pas de la bienveillance du boulanger que nous attendons notre pain, mais bien du soin qu’il apporte à ses intérêts. Nous ne nous adressons pas à son humanité, mais à son égoïsme ». Ce sophisme suppose que l’économie trouve en elle-même sa justification morale. En bref, la moralité collective naîtrait de l’immoralité individuelle. Cela justifierait que les marchés n’aient d’autre règle à respecter que la leur – l’appât du gain – rendant ainsi inutile le fait d’être gouvernés et contrôlés. La réalité a démenti le postulat du marché vertueux dont la main invisible réglerait tout. Ce ne sont pas quelques faillites (rançon du système) et des condamnations sacrifiant quelques individus avides et cupides qui peuvent effacer le réel. Celui-ci ayant mis en défaut les émules d’Adam Smith, ces derniers ont tenté, par ce biais, de faire passer les marchés pour les victimes de quelques banquiers et traders indélicats afin d’entretenir le mythe de l’infaillible marché. Même ses partisans les plus farouches auraient dû avouer que le marché livré à lui même a produit le contraire de ce qu’ils proclamaient et qu’il n’est en rien vertueux. En définitive, le dogme de l’infaillibilité du marché a servi à mettre en place des mécanismes structurels et permanents qui contredisent toutes les promesses sur lesquelles il repose. Une récupération de ce pouvoir par les États n’y changerait absolument rien car ce serait leur transmettre le mandat pour poursuivre dans la même voie, car ils ne sont que des instruments au service du capitalisme.

    Depuis lors, c’est une véritable industrie financière qui s’est installée au pouvoir ; les États se réduisant sciemment au rôle complice d’exécutants. S’ils n’interviennent pas, c’est parce que l’interventionnisme a perdu toute légitimité et c’est, principalement, sur les marchés que tous les projets économiques doivent se financer. Comme tout investissement repose sur une contrepartie, c’est sur la spéculation et les critères propres à la finance – telle la rentabilité – que reposent les choix. Ce sont, donc, les intérêts du marché qui prévalent ; et c’est lui seul qui décide de ses intérêts et des moyens nécessaires à leur satisfaction, avec la complicité des États.

    Comme le voulait la doxa libérale, les États laissent les marchés gouverner à leur place. Pour ce faire, toute l’invraisemblable machinerie de la mondialisation économique et financière libère les forces scélérates qui sont d’autant moins contrôlées qu’elles en font l’inavouable prospérité. Le système financier mondial auquel les États ont délégué leur pouvoir de régulation a inventé un « nouveau » concept de gouvernement à l’échelle planétaire : l’anomie. L’anomie est, à la fois, matrice et motrice d’une dynamique de destruction et elle est devenue la condition essentielle de son propre développement.

    L’anomie ; cela ne vous rappelle-t-il rien ? En effet, il est souvent parlé de l’anarchisme (on utilise plus souvent le terme anarchie) comme d’un courant dangereux pour la société car laissant libre cours au instincts les plus bas ; un enfer où les prédateurs s’attaqueraient impunément aux honnêtes gens. Cette caricature doit être démentie. C’est l’anarchisme qui, à tort, est accusé de cette anomie qui est l’apanage « exclusif » du capitalisme dans sa plus pure expression. En revanche, l’anarchisme (dans lequel s’inscrit l’anarchosyndicalisme) plébiscite la liberté totale de l’individu et revendique sa participation directe aux prises de décision qui impactent sur son existence et son bien-être ; c’est un de ses fondements. L’anarchisme est la plus haute expression de l’ordre. Si l’individu est libre, la propriété privée est abolie et l’administration des choses et des biens y est strictement encadrée par la collectivité concernée, au profit de tous. Les rapports politico-sociaux sont basés sur la solidarité et l’entraide, sans idée de profit ou de marché, sans qu’ils soient brouillés par des mythes salvateurs et transcendants. L’universalité des besoins y est reconnue et leur satisfaction est la priorité. Il n’y a que dans ces conditions que l’individu pourra s’émanciper et échapper aux comportements névrotiques – qui se retrouvent d’abord dans les sphères du pouvoir – qui se consolident dans un cercle vicieux.

    Depuis qu’il existe, le capitalisme a largement démontré son pouvoir de nuisance, mais cela n’a jamais suffi pour qu’il s’effondre. Seules des forces sociales révolutionnaires sont à même de proposer une véritable « alternative » au capitalisme. Sans ça, les crises succéderont aux crises ; et, la prochaine est déjà annoncée comme plus terrible que la précédente.

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • #Économie et #écologie

    Depuis quelques années, le monde prend lentement conscience des dégâts causés par le mode de développement productiviste lié à l’économie capitaliste. Réchauffement climatique, destruction de la biosphère, effondrement de la bio-diversité, épuisement des ressources naturelles, raréfaction des espaces naturels, artificialisation des sols, empoisonnement par des résidus chimiques de l’eau, de l’air et des sols… la liste des menaces qui planent sur l’humanité en ce début de XXI° siècle est très longue et laisse présager un futur très sombre pour les générations à venir.

    Pour autant, malgré que tous ces faits soient scientifiquement établis, malgré que des voix incontestables ne cessent à longueur de tribunes de nous alerter, malgré même que de grandes messes réunissant États, institutions internationales et ONG se multiplient, presque rien ne change. Ainsi on sait que les objectifs pourtant minimes adoptés lors de la COP21 pour limiter l’amplitude du réchauffement climatique ne seront pas tenus, que la production d’hydrocarbures comme celle des biens manufacturés augmente, que les ventes d’armes battent des records, que la destruction des forêts vierges continue, que l’extinction d’espèces d’êtres vivants se poursuit au même rythme infernal, que l’artificialisation des sols progresse et que les surfaces de terres arables diminuent, etc. L’adoption de lois, de règlements, de décrets par la communauté internationale ne change, dans les faits, rien à la triste réalité, l’appât du gain immédiat, la volonté de puissance, les désirs de richesse et de domination sont beaucoup plus forts que la crainte suscitée par d’hypothétiques catastrophes à venir. La grande majorité des politiciens, des financiers, des entrepreneurs est fascinée par l’argent et lui voue un véritable culte. Comme Midas, le légendaire Roi grec qui aveuglé par sa passion pour l’or en vint à se suicider, les dirigeants de la planète compromettent pour la même raison notre futur commun. La seule différence avec le Roi Midas est que lui n’était pas conscient des conséquences de ses actes alors que les dirigeants actuels ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

    Leur unique souci est que rien ne vienne mettre en péril le régime capitaliste actuel. Au contraire, leur préoccupation principale est de favoriser la croissance économique en créant de nouveaux besoins et de nouveaux marchés. Il n’y a rien d’humain dans leur credo purement marchand. Énergies renouvelables, voitures électriques, habitats écologiques, agriculture bio, etc. Ce sont autant de nouveaux terrains de jeu pour les multinationales sur lesquels elles vont étancher leur soif inextinguible de croissance et de profits. Tant pis si les nouvelles technologies mises en œuvre se révèlent à leur tour mortifères, si toute cette expansion se fait comme les précédentes au détriment des hommes et de la nature. Au XIX° siècle, la révolution industrielle s’est faite sur l’exploitation insensée du travail des hommes, des femmes et des enfants dans les mines et les manufactures de la vieille Europe, la révolution écologique du XXI° siècle se fait sur l’exploitation du travail des hommes, des femmes et des enfants dans les mines et les usines d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud. Les siècles passent, les besoins évoluent. Sans cesse, de nouveaux marchés et de nouveaux biens apparaissent. Seules ne changent pas les formes d’exploitation de l’homme et de la nature par les capitalistes modernes qui retrouvent les accents de leur prédécesseurs pour justifier l’innommable. Récemment, le responsable d’une multinationale exploitant des mines au Congo affirmait à un journaliste américain : « il serait irresponsable d’arrêter le travail des enfants car cela aggraverait la pauvreté dans les régions minières et rendrait encore pire la condition des mineurs locaux ». Pour produire les batteries électriques, les panneaux photovoltaïques, les smartphones, etc, il faut de plus en plus de minerais précieux (cobalt, lithium, etc) de terres rares aux prix les plus bas possibles pour satisfaire tout à la fois la soif de profit des capitalistes et l’appétit de biens des foules « modernisées ». Pour maintenir dans un état d’asservissement volontaire les populations exploitées, les classes sociales dominées, pour que leur état de résignation amorphe persiste et qu’elles acceptent sans trop rechigner leur état de servitude, il faut impérativement que le système puisse continuer à leur fournir leur dose de gadgets innovants, de produits à la mode, de jeux, de spectacles, d’émissions télés. Exploitation outrancière de l’homme et exploitation outrancière de la nature sont les deux fondements du système capitaliste, les deux choses sont étroitement liées et de la même manière que ce système vampirise et détruit la nature, il épuise et détruit les fondements de notre humanité.

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • La bourse ou la vie

    Évoquer l’#écologie, aujourd’hui, c’est comme quand, jadis, il était question du suffrage universel. Tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous diront que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’obscurantisme et de l’anarchie. Mais, par la force des choses, quand la pression populaire devient irrésistible, il nous est accordé ce que l’on nous refusait, hier ; mais, fondamentalement, rien ne change (La COP 23 en est un bel exemple).

    La prise en compte des exigences écologiques a déjà ses partisans capitalistes même si beaucoup d’adversaires subsistent au sein du patronat. Et pour cause, si certains voient dans l’écologie une belle occasion de faire de fructueuses affaires, d’autres s’inquiètent de l’incompatibilité de leur business avec un changement dans ce sens-là. L’impasse écologique est une certitude depuis les années 70’. Le capitalisme s’ingénie à intégrer cette contrainte de la même façon qu’il a intégré toutes les autres. C’est pourquoi il est important de se poser la question : Que voulons-nous ?

    Voulons-nous un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou bien une révolution sociale et culturelle qui abolisse les contraintes du capitalisme et qui instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à l’environnement et à la nature ?

    Il faut répondre à la question car l’urgence, aujourd’hui, c’est de ne plus saloper la planète au point qu’elle en devienne inhabitable. Il nous faut tenter de définir, dès le départ, pour quoi nous luttons et pas seulement contre quoi. Il nous faut, aussi, essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques. Expliquons, d’abord, en termes économiques, ce qu’est une contrainte écologique. Prenons par exemple les gigantesques complexes chimiques de la vallée du Rhin. Chaque complexe combine les facteurs suivants :

    – les ressources naturelles (air, eau, minéraux) jusqu’ici gratuites car elles n’avaient pas à être reproduites.
    – des moyens de production (machines et bâtiments) qui sont le capital immobilisé et qui s’use. Il faut, donc, en assurer le remplacement (la reproduction).
    – de la force de travail humaine qui, elle aussi, demande à être reproduite (il faut nourrir, soigner, loger, former le travailleur).

    Dans l’économie capitaliste, la combinaison de ces facteurs au sein du processus de production a pour but principal le maximum de profit possible. La firme, par exemple, ne se demande jamais comment faire pour que le travail soit le moins pénible possible ou pour que l’usine ménage, au mieux, les équilibres naturels et l’espace de vie des gens, ou encore pour que ses produits servent les fins que se donnent les communautés humaines.

    Dans la vallée du Rhin, la concentration humaine, les pollutions de l’air et de l’eau ont atteint un degré tel que l’industrie chimique, pour continuer de croître ou même seulement de fonctionner, se voit obligée de filtrer ses fumées et ses effluents. L’investissement dans la dépollution accroît plus encore la masse des capitaux immobilisés, dont il faut assurer l’amortissement (installations d’épuration) et le produit (la propreté relative de l’air et de l’eau) qui ne peut être vendu. En somme, il y a une augmentation simultanée du poids du capital investi, du coût de la reproduction de celui-ci et des coûts de production sans augmentation des ventes. Par conséquent, ou bien le taux de profit baisse ou bien le prix du produit augmente. La firme cherchera, bien évidemment, à relever le prix de vente, comme le font déjà toutes les autres firmes polluantes (cimenteries, métallurgie, sidérurgie, etc). En définitive, tous chercheront à faire payer le consommateur, car c’est sur son dos qu’ils vivent. La prise en compte des exigences écologiques aura pour conséquence l’augmentation rapide des prix alors que les salaires réels stagnent déjà. Le pouvoir d’achat populaire sera comprimé et le coût de la dépollution sera prélevé sur les ressources dont disposent les gens pour vivre (pour consommer, en langage capitaliste).

    Il faut bien comprendre que l’économie a pour tâche de tout mettre en œuvre, aussi efficacement que possible, afin d’optimiser les facteurs de production pour créer le maximum de richesses avec le minimum de ressources naturelles, de capital et de travail. Prenons, par exemple, la réduction de la force de travail humain dans le milieu ouvrier. La proportion de la population active occupée dans l’industrie est tombée d’environ 40 % en 1970 à environ 30 % en 1990, puis à moins de 20 % en 2000 ; chiffres éloquents.

    Le président Macron, ce grand récupérateur, a décidé de se poser en défenseur du climat et a organisé le 12 décembre 2017 un « sommet climat » qu’il prétend être celui du « sommet de l’action » pour montrer que la dynamique se poursuit, malgré le retrait des États-Unis, autour des questions de finances et de climat. Nous assistons à l’alliance entre les écologistes tiers-mondistes et la grande finance, le tout orchestré par l’Union Européenne sous le regard amusé du géant américain qui a désormais pris congé de toute cette mascarade.

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • Gros bonnets et bonnets rouges !

    La presse et autres « pro » de la « com » nous présentent toujours le salon de l’agriculture (et pas des #agriculteurs) comme un nec plus ultra ; un événement à ne pas manquer. Qu’à cela ne tienne, Président et présidentiables, ministres, élus et autres notables s’y précipitent ; être filmés, vus, applaudis, remarqués… et être sifflés ou hués, bien loin de les desservir, leur donne une aura de combativité. Tout cela aide la puissante #FNSEA à faire sa petite cuisine.

    Au-delà du salon et de la cuisine, que nous donne-t-on d’autre à voir ? Chambres (agricoles), bureaux ?… ou même étables, bergeries, vergers,… ? Eh, bien, non ! Ce sont leurs poubelles que les exploitants agricoles, bridés par les antennes de la puissante fédération, ont décidé de faire valoir : Bennes de fumiers, de purin, de végétaux invendus ou invendables, etc sont réservés à la population. Et, c’est sans doute motivés par un souci aigu de l’environnement (ou par désespoir ?) qu’ils brûlent des quantités de pneus qui dégagent des fumées extrêmement toxiques et polluantes pour protester contre ce qui leur semble injuste (et nous ne contestons pas le caractère injuste de ce que nombre d’entre eux vivent). Les journaux apprécient et en font leurs choux gras, en accord parfait avec l’ambition capitaliste de l’État et des gros propriétaires. Aucune critique ; ni sur les moyens ou la façon de les employer, ni sur le fond du problème.

    Il est vrai que la grande précarité de beaucoup d’agriculteurs les obligent à considérer leur situation à court terme et ne leur laisse pas trop le choix. Pourtant la baisse drastique du nombre d’agriculteurs, une hécatombe (nombre divisé par quatre en soixante ans environ), devrait les faire réfléchir ; sur leurs méthodes, certes, mais aussi sur leurs cibles et sur la puissante fédération nationale (divisée en FDSEA ou FRSEA) qui régit leur présent et détermine leur futur ; ainsi que sur l’efficacité réelle de leurs spectaculaires actions puisque la baisse ne s’arrête pas. Avec une moyenne de vint-cinq mille paysans par an mettant la clef sous la porte, l’hémorragie est devenue chronique.

    Dans le sud de la France, le délégué d’une FDSEA justifiait le recours à des méthodes musclées en déclarant que la solidarité de la population était essentielle et que leurs actions seraient d’autant plus efficaces que la solidarité serait effective. Grand étonnement de notre part. En effet, nous comprenons parfaitement que l’on nous parle de solidarité mais nous demandons quand même : Où étaient-ils ces exploitants agricoles (pas les gros bonnets, ceux qui triment) lorsqu’il fallait se mobiliser et agir contre la loi « El Khomri » du nom de la ministre qui a donné son nom à cette loi résolument anti-sociale ? Leur absence de solidarité en dit long. Les agriculteurs pauvres en colère semblent, dans une forte proportion, ne pas se rendre compte qu’ils sont instrumentalisés par la « fédé » et que s’il leur est permis de casser, vandaliser et perturber la vie de gens qui ne sont en rien coupables de ce qui leur arrive (lesquels sont souvent dans des situations similaires à la leur), c’est parce que, outre que leurs actions leur donnent l’illusion d’une radicalité et l’impression de faire le maximum, ils servent les intérêts de ceux-là mêmes qui les exploitent. Tant qu’ils n’ouvriront pas les yeux, ils seront, pour beaucoup d’entre eux, irrémédiablement condamnés à disparaître, à plus ou moins brève échéance.

    La solidarité est l’une des armes des exploités ; et, il est indispensable que les agriculteurs concernés – comme d’ailleurs les autres exploités – prennent du recul avec ceux qui s’octroient le droit de les représenter. Les agriculteurs ne pourront changer durablement leur situation, et dans un sens qui soit favorable à tous (à eux et à tous les exploités), qu’à l’unique condition d’acquérir une conscience de classe. Sans cela, sans avoir conscience de la lutte des classes qui se déroule, ils resteront isolés et à la merci d’un système qui rabote par le bas et se développe à leurs dépens. Il nous semble, donc, que les agriculteurs pourraient aller déverser leurs poubelles ailleurs et faire le ménage chez les profiteurs qui les incitent à, uniquement, penser et agir de façon corporatiste.

    #Edito d’@Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • Le manifeste de Sarajevo.

    Contre l’apartheid linguistique.

    Au printemps 2017, à Sarajevo, des croates, des bosniaques, des serbes ainsi que des monténégrins ont lancé un manifeste dans lequel ils affirment conjointement qu’ils parlent "une langue commune". Les quelques huit mille signataires de ce manifeste posent un constat. De Sarajevo à Podgorica, en passant par Belgrade et Zagreb, quinze millions de personnes utilisent le même idiome : une langue qui fut normée aux XIX° et XX° siècle, connue du temps de la Yougoslavie comme le serbo-croate (ou croato-serbe) et écrite tantôt en alphabet latin (croatie et bosnie), tantôt en cyrillique (serbie et monténégro).

    Cette langue est désormais officiellement sans nom. Cependant, dans le monde de l’éducation, de la recherche et au sein des administrations, elle est parfois appelée "BCS" (bosno-croato-serbe), comme au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye, ou bien "BCMS" (M pour "monténégrin") ou encore "BHS". Quand ils vivent à l’étranger, les ressortissants des pays où elle est parlée "disent le plus souvent « Notre langue » (ndlr : Nas jezik)". C’est ce que déclare la romancière croate Slavenka Drakulic. Il s’agit d’une langue standard polycentrique, parlée par plusieurs populations d’États différents.

    A contrario, cela pointe le levier linguistique dans l’émergence des nationalismes qui furent à l’origine de la tragédie de l’ex-Yougoslavie. Par conséquent, le manifeste de Sarajevo dénonce l’action des identitaires linguistiques. En effet, encore de nos jours - dans les écoles de ces ex-Républiques yougoslaves - les enfants sont séparés en fonction de leur supposée origine sous prétexte qu’ils ne parleraient pas la même langue. Comme cela arrive souvent, dès que quelqu’un ose critiquer les constructions pseudos-culturelles, mais réellement nationalistes et identitaires ; cette position leur vaut d’être menacés et accusés d’être des parasites ou des traîtres à leurs nations respectives - nations qui sont nées de l’éclatement sanglant de l’ex-Yougoslavie dans les années 90’. Durant cette période, 150 000 yougoslaves sont morts pour que, selon l’expression conne et sacrée, « des langues puissent vivre ». Nous pouvons voir maintenant à quoi et à qui cela a servi.

    Autre constat : depuis l’éclatement de la Yougoslavie, les élites nationalistes n’ont eu de cesse de creuser le fossé linguistique qui est à la source de leurs fonctions et privilèges. Au premier rang de la corporation des distingués linguistes qui, passés les massacres, se sont bâtis de belles carrières, nous ne nous étonnerons pas de trouver la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic. "Cette prétendue langue commune était un projet politiquement mort avec l’ex-Yougoslavie" a-t-elle déclaré. Bien sûr, une réunification lui coûterait son poste. Dans un style plus direct, plus post-stalinien, l’écrivain Davor Velnic a qualifié les anti–nationalistes de "Yougo-intellectuels", d’"apatrides", de "parasites" qui n’ont "jamais accepté le fait qu’il y ait un État croate souverain et internationalement reconnu". Voilà qui fleure bon le poteau d’exécution.

    La linguiste croate Snjezana Kordic a donc essuyé, avec ses co-signataires du manifeste, une violente campagne de presse dans son pays. Son tort ? Dans son dernier ouvrage, « La langue et le nationalisme", publié aux éditions Durieux en 2010, elle a énoncé quelques évidences historiques sur l’utilisation de la langue à des fins nationalistes. Son livre affirme, en effet, que les langues croate, serbe, bosniaque et monténégrine ne sont que les différentes variantes d’une seule et même langue. C’est en Croatie que la pureté de la langue a atteint son paroxysme. Elle y est devenue, depuis vingt ans, une grande priorité ; ce qui est un signe flagrant de la domination du nationalisme. Cela est d’autant plus vrai que les différences imposées par les linguistes croates sont artificielles et que leurs travaux sur la langue sont subventionnés par l’État croate.

    Le fait est que, en Croatie, depuis l’indépendance, l’aéroport n’est plus un « aerodrom » mais un « zracna luka », tandis qu’un porte-parole est un « glasnogovornik » et non plus un « portparol ». La tentative de transformer la "televizija" (télévision) en "dalekovidnica" ("vision lointaine") a, en revanche, fait long feu. Dans ce pays, les films serbes ont un temps été sous-titrés ... jusqu’à ce que les continuelles crises de rire des téléspectateurs ne viennent mettre un point final à cette étrange pratique burlesque.

    D’autres exemples d’artifices linguistiques nous sont également offerts ; mais en Bosnie, cette fois. En effet, les autorités bosniaques, soucieuses de la santé de leurs administrés, ont décidé de diffuser en serbe, en croate et en bosniaque - que « fumer tue ». Cette séparation linguistique, beaucoup la jugent artificielle et dictée par une volonté d’attiser les nationalismes. En réponse à ces contorsions, les bosniaques ont également réagi avec humour. En 2014, lors de manifestations en Bosnie, un slogan était apparu dans les cortèges : « Gladni smo na sva tri jezika ! » ("Nous avons faim en trois langues !"). Quant aux dirigeants du Monténégro, indépendant de la Serbie depuis 2006, ils ont vite fait ajouter deux lettres dans leur alphabet .…

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • Les écueils du débat sur les différences cognitives et cérébrales entre les sexes | Ramus méninges
    http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/ecueils-debat-differences-cognitives-cerebrales-sexes

    Le #débat sur les différences cognitives et cérébrales entre les sexes est parsemé d’embûches. Dans ce chapitre, nous ne reviendrons pas sur les nombreuses données disponibles concernant les différences entre les sexes et leurs origines. Il existe de multiples ouvrages et articles fiables que le lecteur intéressé pourra consulter (Becker et al., 2008 ; Berenbaum & Beltz, 2016 ; Halpern, 2012 ; Hines, 2004 ; Hyde, 2014), ainsi que des tentatives de réfutations (Fine, 2010, 2017 ; Jordan-Young, 2016) et des contre-arguments (Berenbaum, 2017 ; McCarthy & Ball, 2011). Ici, nous nous focaliserons plutôt sur les principaux écueils de ce débat et nous nous efforcerons de délimiter les conditions d’un débat plus serein et plus rationnel.

    #exagération #négation #nativisme #socioconstructivisme #homme_de_paille #paralogisme_naturaliste #paralogisme_moraliste #procès_d_intention #peur_du_déterminisme
    #culture_du_viol #éducation

    • Huhu, sous couvert d’article neutre critiquant « aussi bien » un extrémisme que l’autre, en fait quantitativement les 3/4 ou plus de l’article serve à critiquer le socioconstructivisme. Et le plus drôle, avec la majorité des références… à lui même hihi (Ramus, 2011… Gauvrit & Ramus, 2014… etc).

      Quand bien même le but scientifique (soi-disant) prévu au départ serait intéressant à faire, on mettra grandement en doute la bonne foi de l’auteur.

      Par ailleurs #biologie_évolutionniste (grandement critiquée et beaucoup plus scientifiquement que ça dans divers articles d’Odile Fillod, qui ne s’auto cite pas en permanence).

  • L’hémiplégie éthique : le triste cas d’Ignacio Ramonet | Le blog de Floréal

    L’article ci-dessous a paru sur le blog cubain d’opposition au régime castriste « 14yMedio », créé à l’origine par l’opposante Yoani Sánchez. Elle est d’ailleurs l’auteur de ce texte qui, au travers du cas précis de l’ex-directeur du « Monde diplomatique », nous rappelle que la servilité et l’indécence de nombre d’intellectuels occidentaux, qui connurent leur apogée au temps du stalinisme triomphant, n’ont toujours pas pris fin.

    https://florealanar.wordpress.com/2018/02/08/lhemiplegie-ethique-le-triste-cas-dignacio-ramonet

  • L’#antisémitisme de gauche n’existe pas... mais il se porte bien !
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article2671

    Dernière production du genre reçue dans ma boîte mail : une brochure intitulée en italien A PROPOSITO DELLA SOLUZION FINALE. L’Olocausto fu premeditato ? Un mito duro a morire, nonostante Gaza (A propos de la Solution finale. L’Holocauste fut-il prémédité ? Un mythe qui a la vie dure malgré Gaza) .

    Dès la couverture de ce texte de 12 pages, la propagande négationniste se déploie par la comparaison entre deux images : la photo d’un enfant juif portant une grande casquette et accompagné d’une jeune femme et d’une petite fille ; tous se tiennent les mains en l’air, entourés de soldats allemands pointant leurs armes contre eux. Cette photo a été prise par les SS lors de la répression de l’insurrection juive qui se déroula à Varsovie du 19 avril au 16 mai 1943. La seconde image est une photo de membres de la Haganah qui expulsent des Palestiniens de Haïfa en 1948 (c’est du moins ce que prétend l’auteur), mais cette image montre uniquement des soldats qui maltraitent un enfant palestinien. Le parallèle entre les deux enfants, et les deux situations, est donc évident même si l’intention antisémite est subliminale.

    http://www.mondialisme.org/IMG/pdf/limites_de_l_antisionisme_16-2_feI_vrier.pdf

  • « Blanchité » et « races sociales » : un festival de contradictions et de contorsions théoriques

    http://mondialisme.org/spip.php?article2670

    Ce texte part d’une constatation simple : la race (sans guillemets) a le vent en poupe, à gauche, à l’extrême gauche et même chez certains anarchistes ou « antifascistes radicaux ». La race n’avait jamais vraiment disparu du paysage politique, puisque la droite, l’extrême droite et bien sûr la Nouvelle Droite continuaient à utiliser ce concept biologique et anthropologique en le dissimulant sous des considérations « culturelles » ou « civilisationnelles », mais désormais les forces réactionnaires peuvent compter sur la collaboration d’intellectuels et de militants de gauche et d’extrême gauche, mais aussi libertaires, pour réhabiliter une catégorie de pensée inepte et néfaste. Cela nous attriste un petit peu mais ne nous étonne absolument pas, puisque les courants dits « anticapitalistes » réhabilitent aussi des concepts comme la nation (au nom de l’anti-impérialisme) et des phénomènes obscurantistes comme les religions chrétienne et musulmane (au nom de leur prétendu potentiel libérateur ) quand ils ne glosent pas sur les aspects « progressifs » de l’antisémitisme des Afro-Américains . Dans la période historique actuelle, la régression politique n’a ni limites ni frontières,. Elle se poursuivra tant que la classe ouvrière ne tapera pas du poing sur la table pour faire taire tous ces charlatans.
    Cet article tente de démonter quelques absurdités en vogue à gauche, à l’extrême gauche et chez les libertaires... mais cet inventaire est évidemment incomplet ! Espérons que ce travail sera continué et enrichi par d’autres camarades ou compagnons...

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/blanchiteI_et_race_sociale.pdf

    • bel exemple de #susceptibilité_blanche et #fragilité_blanche

      8. Lutter contre le racisme suppose un changement personnel (intérieur) facilité par la participation à des groupes de paroles « non mixtes », donc racialement (ou, en langage politiquement correct, ethniquement) homogènes. Cette psychologisation du racisme est étroitement liée aux « politiques identitaires » : d’un côté, quand on est « Blanc », il faut se confesser de ses travers racistes, découvrir les méfaits provoqués par son « innocence blanche39 » et admettre publiquement ses « privilèges blancs » ; de l’autre, quand on est discriminé, on est censé
      chercher prioritairement l’empathie des membres de sa communauté d’origine... ou d’adoption.

      #non_mixité #racisme #whitesplanning

    • @mad_meg Je ne comprends pas (c’est sans doute à cause de mon taux de mélanine.)
      Pourquoi partir sur le blanc sensible ?

      1) Très ambiguë cliché de banlieue du blanc fragile à dépouiller. (cf. la chanson de Vald en fait le tour : https://genius.com/Vald-blanc-lyrics )

      2) Alors que l’argument est somme toute rationnel, il n’y aurait pas de réciprocité ni de solidarité possible. La base d’une société égalitaire. Et vous, vous partez dans le pathos, socio de comptoir. Votre réflexion est du même niveau que « c’est bien une parole de nana ça ».

    • Par rapport à la fragilité blanche l’expression est expliqué ici : https://seenthis.net/messages/382852

      Je trouve que ce texte est focalisé sur l’ego blanc. La partie dont j’ai pris l’extrait me semble représentative. Les personnes qui veulent se réunir en non-mixité ne demandent pas à rester à jamais en autarcie dans des groupes non-mixtes. Dans la militance c’est un moment pour y réfléchir à certaines choses sans avoir à prendre du temps pour ne pas vexer les susceptibles blanc·hes/masculines/hétéro/cis...
      La demande de non mixité n’est pas une psycholosiation comme c’est dit dans le texte par exemple.
      Sinon le reste c’est refus de travail mémoriel et de voire le particularité des discriminations fondées sur les stéréotypes raciaux et de vouloir absorber les mouvements antiracistes, décoloniaux avec le truc de la #priorité_des_luttes habituel.

    • J’avais pas vu la chanson de Vlad posté par @aktivulo1 . C’est effectivement très représentatif de la sucéptibilité blanche. On dirait du Oï. Elle montre un refu de prendre au sérieux les problématiques des rappeureuses noir·es. Une posture qui consiste à se croire capable d’expliquer aux rappeureuses noir·es ce qu’illes doivent pensé et ressentir du racisme qu’illes vivent. La chanson conteste le racisme vécu et exprimé par les rappeureuses noir·es.

      Une rime tel que « blanc comme le Mont blanc » est ridicule. Du même niveau que les misogynes qui s’amusent à féminiser n’importe comment la langue en croyant être spirituel·les. Le final de la chanson c’est toujours ce refu de toute réflexion sur le racisme. « Tu gaspilles ta vie à vouloir réparer les erreurs de Papy » - Vlad préfère ne pas se posé de question et faire comme Papy lui à montré. Et puis cette concurence entre les luttes ; au lieu de lutter pour dénoncer le racisme, Vlad explique aux rappeureuses noir·es qu’illes feraient mieux de lutter pour le remplissage des fond blancs des poches de Vlad.

      Vlad explique même en détail ses intentions hostiles face au discours des musicien·nes noir·es :

      Vald explique la création de ce morceau par son écoute au rap français, et le sujet récurrent de la couleur noire dans l’Hexagone, mais du point de vue d’hommes blancs avec Suik’on Blaze AD.

      Il s’agit d’une longue énumération de comparaisons avec “blanc comme…”, en énonçant quelques clichés et idées préconçues, tels que les premiers mots du refrain. Il souhaite ainsi aborder le sujet du communautarisme , et parler de cette couleur de peau qui n’est au final que peu approchée.

      Vlad trouve qu’on parle trop du racisme contre les noir·es et pas assez du racisme contre les blanc·hes.
      Vlad voudrait parler de communautarisme, histoire de mélanger tout pour faire une infâme bouillasse que seul les fachos sont capable d’avaler.

      Pour Vlad et sa chanson j’ajoute #negrophobie et #paternalisme
      Enfin grâce à cette rime « Blanc comme fragile, blanc comme salope » je peu ajouter #sexisme et #masculinisme
      D’ailleur on pourrait la faire en mode masculiniste cette pauvre chanson, elle l’est deja aussi.

      Vald explique la création de ce morceau par son écoute au rap féministe français, et le sujet récurrent de la souffrance des femmes dans l’Hexagone, mais du point de vue d’hommes blancs avec Suik’on Blaze AD.

      Il s’agit d’une longue énumération de comparaisons avec “mâle comme…”, en énonçant quelques clichés et idées préconçues, tels que les premiers mots du refrain. Il souhaite ainsi aborder le sujet du sexisme, et parler de cette souffrance des hommes qui n’est au final que peu approchée.

      Mâle comme tueur en série
      Mâle comme pédophile, macho, mal
      Comme linge dans ton pif, mâle comme beigne
      Depuis tantôt mal comme ton fantôme
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho

      [Couplet 1 : Vald]
      Mâle de soupçon comme un crime inavoué
      Je suis mâle comme celui qui tient l’fouet
      Soupçon de mâle pour ne pas qu’on s’effraie
      Mâle comme « Mal des yeux » remplis de sang
      Frère, dans l’Sopalin
      J’ai dû laisser cent litres blancs
      Tranquillement, tu brandis le Mâle drapeau
      Devant arme blanche papillonnante
      (Couic, couic) Blanc comme perte
      Mâle comme Verbe
      Mâle comme l’os qui voit l’air
      Mâle comme toutes les lumières ensembles
      Mâle comme le Mont, Mâle comme le bon
      Mâle comme le fond de tes poches
      Je suis mâle comme la blanche de Blankok, ça fait macho, macho
      Je suis mâle comme le phoque, fuck tous les mâle qui s’efforcent
      À sucer des bites devant les autres souffrances
      France de Machos, Gaulois, BravePatriotes, SOSPapa,
      Nique ta madre
      Si, ton seul combat, c’est ton sexe
      (Pute) Mâle comme para
      Mâle comme pas un mot
      Mâle comme malade, Mâle comme à la morgue
      Mâle, c’est mal, l’Histoire est accablante, Mâle (mal)
      Mâle comme le vrai méchant, Mâle comme le père du Sheitan
      Mâle, Mâle, Mâle, Mâle, Mâle, Mâle, Mâle comme Dieu

      [Refrain] (x2)
      Mâle comme tueur en série
      Mâle comme pédophile, macho, mâle
      Comme Nunge’ dans ton pif, mâle comme beigne
      Depuis tantôt mâle comme fantôme
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho
      Mâle comme Macho

      [Couplet 2 : Vald & Suik’On Blaze AD]
      Mâle comme gentil, Mâle comme petit
      Mâle comme garçon, Mâle comme gentil petit garçon
      Mâle comme sournois
      Mâle comme fragile, Mal comme salope
      Mâle comme animal, Mal comme Anita
      Mâle comme Hannibal, Mal comme Anne Hidalgo
      Hey, j’roule au kérosène
      Putain, quelle aubaine, j’ai l’axe à la Rivaldo
      Je suis Mâle comme un Mikado
      Côté bre-hom, touts les genres ont mis la dose
      Bordel sur la toile ; Internet, c’est Picasso
      J’me torche le cul avec Vogue et Mad’m Figaro
      Tu gaspilles ta vie à vouloir réparer les erreurs de Papy
      Et Mamy, la terreur arrive, et ta salive t’servira à crier :
      « Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Okay, okay, okay...
      Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Okay, okay, maman, maman, maman, okay...
      Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Okay, okay, maman, maman, maman, okay...
      Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Putain, qu’est-ce qu’on est Mâle
      Oui, putain, qu’est-ce qu’on est Mâle »

    • @mad_meg

      Faut écrire un peu moins vite.
      – On dit VaLD

      Vlad trouve qu’on parle trop du racisme contre les noir·es et pas assez du racisme contre les blanc·hes.

      – Dans un interview pour Booska-P dit que le racisme anti-blanc n’existe pas et parle de pb de classe.

      « Tu gaspilles ta vie à vouloir réparer les erreurs de Papy » - Vlad préfère ne pas se posé de question et faire comme Papy lui à montré.

      – Outre que ce n’est pas Vald qui rappe, je ne comprends pas comment de cette phrase tu peut avoir cette interprétation.
      J’interprète ça comme ça :
      – Tu te sens coupable de chose que tu n’as pas fait
      – Tu es autocentré sur ta culpabilité de blanc

    • Tu veut dire que VaLD se met dans la peau d’un raciste dans sa chanson ? Le commentaire de la chanson fournis par VaLD ne dit pas ceci.

      Par rapport aux actes de Papy, les millitant·es contre le racisme et la décolonisation demandent à ce qu’il y ai une prise en compte d’un point de vue différent sur l’histoire telle qu’elle est raconté jusqu’à aujourd’hui. Par exemple enlever les statues et rues à la mémoire de Colbert, ce n’est pas de l’autoflagellation coupable, c’est la reconnaissance du fait que la participation active à la traite négrière ne peut pas être traité comme anecdotique.
      La mémoire, la recherche de l’histoire vu par les peuples réduits à l’esclavage et la colonisation c’est pas de l’auto-centrage de culpabilité de blanc. Étudier la colonisation, son influence actuel sur les faits de société actuels c’est pas de l’auto-centrage...

    • @mad_meg

      Tu veut dire que Vald se met dans la peau d’un raciste dans sa chanson ? Le commentaire de la chanson fournis par Vald ne dit pas ceci.

      Non, mais je veux dire que son discours ne va pas dans la direction du racisme anti-blanc, Rap Puchline lui pose directement une explication sur :

      Je suis blanc comme le phoque, fuck tous les Blancs qui s’efforcent
      À sucer des bites devant les autres souffrances
      France de Blancos, Bikows, Blackos, Niakwés
      Nique ta madre
      Si, ton seul combat, c’est ta couleur de peau

      https://youtu.be/ykwWZ7AZD5s?t=1m9s

      Sont explication est + ou - :
      – Tu te sens coupable de chose que tu n’as pas fait
      – Passons à autre chose (c’est ambigüe)

    • Cet extrait ajoute surtout l’homophobe et la misogyne au racisme. Tu dit que Vlad ne se place pas dans la posture du blanc qui se victimise mais pourtant les extraits que tu fournis sont typique de cette position (cad ; se dit atteint dans sa virilité, se sent mise en cause personnellement, demande à ce qu’on parle de ce qu’il décide).

  • La grande régression d’#octobre_1917

    https://www.facebook.com/notes/cnt-ait-toulouse/la-grande-r%C3%A9gression-doctobre-1917/921520861334082

    60 ans après l’abolition du servage en Russie, les Bolcheviks ont rétabli l’esclavage en condamnant des millions de détenus aux travaux forcés et à la mort lente. Le marxisme-léninisme a la prétention d’être une théorie émancipatrice avec comme finalité d’instaurer une société sans classes où l’exploitation de l’homme par l’homme disparaîtrait à jamais. Hélas, pour réaliser cet idéal, il serait nécessaire, selon les « textes sacrés », de passer par une dictature du prolétariat laquelle se convertirait quasi-instantanément en dictature sur le prolétariat, mais pour une durée assez brève, selon Marx. Dans les faits, elle s’est transformée en une tyrannie absolue pendant plus de 70 ans, en Russie.

    La prise du Palais d’hiver

    La « révolution » de 1917 (prise du Palais d’hiver) a, en fait, accouché d’un État totalitaire dont la spécificité a consisté à mettre en place un système pénitentiaire gigantesque et d’une ampleur inégalée au XX° siècle : la fameuse institution du Goulag (1) qui va maintenir en détention, entre 1930 et 1953, 20 millions de personnes (estimation minimale) plus 6 millions de « déportés » ou « déplacés spéciaux » (2). C’est un des régimes les plus répressifs et sanglants de l’histoire.

    En ces temps de commémoration larmoyante, où le souvenir de la « révolution d’octobre » (soi-disant prolétarienne) fait encore battre des cœurs ingénus (léninistes, trotskistes, maoïstes & co), il est bon de rappeler que cette prise d’armes « blanquiste » fut la confiscation d’un processus révolutionnaire au profit d’une avant-garde soi-disant éclairée dont les agissements contribueront à assombrir et ternir, pour des décennies, l’idée même de révolution.

    Sur les ruines de l’État tsariste, à peine sorti de la féodalité, les Bolcheviks édifient leur magnifique « État ouvrier » dont les réalisations, véritablement pharaoniques, vont reposer en grande partie sur l’esclavage de millions de détenus. Soumis à l’arbitraire, dans des conditions de « travail » épouvantables (Températures allant jusqu’à - 50°C, à la Kolyma), mal vêtus, sous-alimentés, ils sont voués à une mort lente par épuisement et dénutrition. Les Zeks ou ZK (terme désignant les détenus affectés au creusement du canal mer Baltique-mer Blanche, puis les détenus de tous les goulags) sont sans conteste les esclaves dont le régime a besoin pour mener à bien sa politique de grands travaux. C’est une main d’œuvre docile, à très faible coût d’entretien, et qui présente l’avantage d’être aisément renouvelable : il suffit simplement de procéder à de nouvelles vagues d’arrestation pour les remplacer.

    Malgré la publication de nombreux témoignages de rescapés et l’accès désormais possible à une énorme quantité d’archives, l’opinion publique occidentale fait encore coïncider le goulag avec l’accession de Staline au pouvoir. Or, c’est dès l’été 1918 que sont créés les premiers « konsentrasionny lager ». Le décret du 5 septembre 1918 à propos de la Terreur Rouge (publié dans le journal « Izvestia » le 10 septembre 1918), signé de la main de Lénine, stipule que ces camps ont pour fonction de « protéger la république soviétique contre ses ennemis de classe en isolant ceux-ci dans des camps de concentration » .

    Bien que dans cette Russie à peine sortie de la féodalité et peu industrialisée, la bourgeoisie soit numériquement très faible et que l’aristocratie terrienne représente assez peu de monde, la catégorie « ennemis du peuple » (plus tard appelés « éléments anti-soviétiques ») s’accroît de façon vertigineuse jusqu’à englober, au début des années 50’, des dizaines de millions de personnes. Phénomène assez remarquable puisque plus on élimine d’ennemis, plus il en apparaît. Il est donc légitime de s’interroger sur le fait de savoir si ces ennemis ne surgissent pas plutôt du peuple et si, en fin de compte, et vu l’ampleur du phénomène, ce n’est pas la population dans son ensemble qui est l’ennemie du régime.

    Présents dès les débuts de l’instauration du « socialisme », les camps ne sont donc pas une quelconque pathologie, ni une maladie honteuse du système bolchevique, comme voudraient nous le faire croire certaines sectes léninistes ; ils sont un élément constitutif de ce régime. Leur fonction répressive, dissuasive et terrifique se double, en quelques années, d’un rôle économique important, d’autant plus que l’afflux quasi-constant de nouveaux détenus permet à l’administration pénitentiaire de lancer sans cesse de nouveaux projets, toujours plus grandioses et démesurés : mise en valeur de contrées inhospitalières, percements de canaux, construction de routes, villes, voies ferrées, exploitation du pétrole, de ressources minières, etc. A son apogée, en 1950, le Goulag assurera en URSS la totalité de la production de platine et de diamant, 90 % de la production d’or, 35 % des métaux non-ferreux, 35 % du nickel, 12 % du charbon et du bois, etc (3).

    C’est à la police politique, la Tchéka, fondée le 7 décembre 1917, dirigée par F. Dzerjinski jusqu’à sa mort en 1926, qu’est confiée la gestion des premiers camps de concentration. A partir de février 1922, la Tchéka devient GPOU puis OGPOV et enfin NKVD. En ces temps de misère et de rationnement pour la population, les membres de la Tchéka jouissent de privilèges exceptionnels (rations alimentaires supérieures à la moyenne, même à celles des membres de l’Armée rouge, prérogatives quasi-illimitées, etc), privilèges qui attirent toute sorte d’individu à la moralité et aux motivations douteuses. Dzerjinski, dans une lettre à sa sœur, avoue : « je suis entouré de canailles, mais ce sont les seules personnes qui veulent rester » . Comme toutes les gardes prétoriennes de tous les États du monde, la Tchéka se vit accorder une grande liberté d’action pour traquer les « ennemis du peuple », ennemis dont la définition deviendra au fil du temps de plus en plus extensible et en conséquence l’empire pénitentiaire du goulag va, en quelques années, s’étendre sur tout le territoire soviétique, devenant un véritable État dans l’État, doté d’une garde armée, la VOKHR (elle comptera jusqu’à 1 million d’hommes) et de territoires entièrement sous son contrôle. Le plus grand complexe de camps, le Dallstrooï, fondé en 1932 et connu sous le nom de Kolyma, gère 2 millions de détenus. Le Goulag en arrivera à occuper un septième de la surface totale de l’URSS.

    Aux îles Solovki, archipel de la mer Blanche, un camp célèbre pour avoir été le premier fondé par le régime soviétique (entre autres, les marins survivants de Kronstadt y seront détenus), le responsable en chef accueillait les arrivants par ces mots : « Sachez tout d’abord que le pouvoir ici n’est pas soviétique, mais soloviétique (fine allusion aux Solovki). Toutes les lois, toutes les règles, vous les oubliez, ici règne une loi à part » (4). C’est, ajoute N. Werth, l’arbitraire absolu érigé en règle. Si les citoyens soviétiques ne disposent, dans les faits, que de très peu de droits face à l’État, les détenus, eux, n’en ont plus aucun. Aux Solovki, l’encadrement des prisonniers est confié à des droits communs, très souvent des anciens tchékistes condamnés par leur hiérarchie pour des exactions et des abus divers. Le système n’hésite pas à appeler ça « l’autogestion des camps ». D’après Jacques Rossi (ex-communiste français et ex-membre du Kommintern condamné en 1937 à 18 ans de camp et à 5 ans de relégation) qui a collecté, au cours de sa détention et de ses nombreux transferts, de multiples témoignages de détenus « le camp des Solovki est célèbre pour la cruauté bestiale de ses chefs, de certains détenus et des employés de l’OGPOV. Les passages à tabac, parfois mortels, y sont chose courante ainsi que l’exposition à la faim et au froid jusqu’à la mort ; courants, aussi, sont les viols individuels ou collectifs des femmes et des jeunes filles détenues, courants également des supplices comme en été la torture par les moustiques (entièrement nu, le détenu est immobilisé et au bout de quelques heures, recouvert de moustiques particulièrement voraces, il n’est plus qu’une plaie purulente) ou en hiver, aspergés d’eau des prisonniers sont laissés à l’extérieur jusqu’à congélation » .

    Le camp des Solovki servira de modèle à des dizaines de camps édifiés par les ZEK à travers tout le pays. Au total, 35 camps de « redressement par le travail » seront construits. Ces unités pénitentiaires sont souvent des complexes énormes regroupant des camps secondaires et pouvant recevoir de 5000 à plusieurs centaines de milliers de prisonniers (ex. la Kolyma).

    La théorie pénitentiaire bolchevique prétend transformer, « refondre », les détenus en les soumettant au travail forcé pour les amener peu à peu à reconsidérer leurs opinions, à prendre conscience de leurs erreurs, pour participer enfin, avec enthousiasme, à l’édification radieuse du socialisme. La réalité du redressement par le travail est bien sûr toute autre : il s’agit de briser les individus et d’obtenir une main d’œuvre docile. La faim et le froid sont les deux tourments auxquels les ZEKs sont systématiquement exposés.

    Suivant les motifs de leur condamnation, les détenus sont astreints à 8 différents types de régime alimentaire dont le plus sévère équivaut à une condamnation à mourir de faim à petit feu. Si jusqu’en 1923, les « politiques » bénéficient d’un traitement relativement décent, dans les années qui suivent, et jusqu’à la fin du goulag, ils deviennent les plus mal lotis, notamment ceux estampillés KRT (contre révolutionnaires trotskistes, qu’ils le soient réellement ou pas). Les politiques sont les plus mal nourris, jamais amnistiés et très souvent voient leur libération « repoussée jusqu’à nouvel ordre » lorsqu’ils arrivent au bout de leur peine.

    La faim est un vrai supplice en soi, mais il se double de l’épuisement dû aux travaux forcés auxquels les détenus sont contraints. Exemple : l’abattage et le sciage d’arbres avec toujours une « norme » précise à atteindre, en général 10 m³ de bois par jour par équipe de 4, avec pour seul outillage, des scies et des haches. Ceux qui n’y arrivent pas voient leurs rations alimentaires, déjà insuffisantes, baisser encore. Les ZEKs doivent aussi subir le froid intense de régions inhospitalières ; et ils sont couramment victimes de gelures graves et d’amputations de doigts et d’orteils. La gangrène due au manque de soins fait des ravages. Nombre de maladies liées à ces conditions de vie inhumaines frappent de façon endémique la population de détenus : scorbut, tuberculose, et parfois typhus font des ravages. La pellagre (dûe au manque de vitamines et à l’exposition permanente au grand froid) qui se traduit par la perte de tout ou partie de la peau est courante, comme la furonculose, les problèmes ophtalmologiques, etc. Il se crée ainsi une catégorie de détenus dénommés les « crevards », profondément amaigris, squelettiques, qui deviennent inaptes au travail ; leur seule chance de survie est « l’hôpital » du goulag où exercent dans des conditions très difficiles des détenus médecins ou des agents de sécurité formés à la va-vite et qui souvent, avec le peu de moyens dont ils disposent, font preuve d’une grande inventivité pour sauver leurs camarades. Ces efforts sont très souvent vains pour les « crevards ».

    Soumis à l’arbitraire des gardiens pendant des journées de 12h (7J / 7J), les ZEKs une fois rentrés dans leurs baraquements, souvent en mauvais état, tombent sous la coupe de la pègre (les « vori v zvakonie » traduction : les voleurs dans la loi), de réseaux organisés de criminels refusant tout travail mais rançonnant, pillant, terrorisant les autre détenus. Après 1945, l’afflux de centaines de milliers de soldats de l’Armée rouge, condamnés au Goulag pour avoir été pris par les allemands (et donc considérés traîtres à la patrie soviétique) inverse le rapport de forces entre la pègre et les détenus.

    Malgré ces terribles conditions de détention, il s’est trouvé des hommes et des femmes pour résister à l’anéantissement programmé, à l’asservissement. Le système pénitentiaire dispose de différents moyens pour briser les tentatives des ZEKs d’organiser des réseaux de résistance : d’une part, l’incitation à la délation est généralisée et, d’autre part, les détenus sont souvent transférés d’un camp à l’autre. Ces transferts sont un vrai cauchemar pour les détenus qui sont sans cesse obligés de reconstruire leurs réseaux d’entraide. En dépit des risques encourus, un certain nombre de ZEKs vont essayer de faire circuler des pétitions, d’organiser des grèves de la faim, individuelles ou collectives, tenter de s’évader ou de se mutiner. A chaque fois, la répression est terrible : en 1946, 5000 détenus révoltés auraient ainsi été exterminés par épandage de gaz ; en 1947, « une insurrection éclate dans la cale du bateau Kim qui transporte les ZEKs à la Kolyma. Ils sont arrosés avec une lance à incendie. A l’arrivée à Mayadan, on décharge des centaines de cadavres congelés et une foule d’invalides aux membres gelés » ; en 1948, des milliers de ZEKs, échappés du camp de Vorkouta, sont massacrés par l’aviation. Il y aura 42 survivants (5).

    Il faudra attendre la mort de Staline pour qu’un mouvement général de grèves et de mutineries éclate au goulag ; il durera de l’été 53 à 1955. L’annonce de la mort du « petit père des peuples » et de l’exécution de Béria (grand chef des organes de sécurité) plonge les autorités soviétiques dans le désarroi. Les ZEKs, bien conscients de ce flottement général dans les institutions étatiques, en profitent pour se soulever en masse : pour la première fois de leur histoire, les autorités soviétiques sont alors contraintes de négocier avec des mutins ! Dans un premier temps, déconcertés, abasourdis par l’audace et la force du mouvement, les Bolchevicks cèdent sur la plupart des revendications puis, dans un deuxième temps, suivant une tactique bien établie et jouant sur le pourrissement de la situation (camps isolés et peu ravitaillés), ils reviennent sur leurs promesses et dans un troisième temps, entament une répression sanglante. Malgré la défaite finale des mutins, le Goulag a été touché au cœur. Il est devenu trop grand pour être totalement sous contrôle et la peur de la répression ne semble plus suffisante pour arrêter des détenus déterminés.

    Avec le dégel correspondant à l’arrivée au pouvoir de Kroutchev, la décroissance du Goulag s’amorce : 600 000 détenus sont libérés. L’accession au pouvoir de Brejnev relance la machine à broyer, mais les arrestations sont moins nombreuses. Le Goulag change de nom et devient « colonies pénitentiaires ».

    Peu à peu, l’URSS s’est modernisée, industrialisée et les armées de ZEKs, dont on exploitait la force de travail avec les mêmes méthodes esclavagistes qui étaient d’usage dans l’antiquité pour réaliser des travaux gigantesques, ne sont plus aussi indispensables.

    L’URSS des années 70’ entre dans l’ère de la modernité et, signe des temps, les contestataires et les politiques, considérés comme des malades mentaux, seront désormais envoyés dans des asiles psychiatriques.

    Quelques colonies pénitentiaires dureront jusqu’à la fin de l’URSS, et il se murmure que l’ex-tchékiste Poutine conserve, aujourd’hui encore, un certain nombre de bagnes.

    (1) En français, direction centrale de l’administration pénitentiaire.

    (2) Les déportés ou déplacés spéciaux appartiennent soit à une communauté ethnique, linguistique par exemple : Tchétchènes, Kalmouks, Lettons etc. dont tous les membres sont déportés en Sibérie ou au Kasaksthan ; soit à une catégorie sociale par exemple les koulaks (paysans riches , propriétaires terriens). Les détenus, eux sont condamnés à titre individuels pour des manquements aux obligations de l’état.

    (3) & (4) in « Le Goulag » de Nicolas Werth et Luba Jurgenson

    (5) in « Le manuel du Goulag » de J. Rossi

    @Anarchosyndicalisme ! n°157 / Janvier 2018 - Février 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net