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(mastodon.iriseden.eu/@soler solertoyo.bsky.social https://twitter.com/SolerToyo) أنثوان

  • How auditing giant #KPMG became a global sustainability leader while serving companies accused of #forest destruction - ICIJ
    https://www.icij.org/investigations/deforestation-inc/audit-firms-kpmg-environmental-sustainability-logging
    #deforestation
    #label

    “For many organizations as well as individuals, all they’re looking for right now is an #FSC label or an SFI label, and it’s all good as far as they’re concerned,” said Herb Hammond, a registered professional forester and ecologist in Canada, referring to the SFI and a competing certification organization, the #Forest_Stewardship_Council.

    “As time has gone by, people in the know realized that these are largely ‘greenwashing’ kinds of schemes,” Hammond said.

  • « Affirmer que la #transition_énergétique est impossible, c’est le meilleur moyen de ne jamais l’engager »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/22/affirmer-que-la-transition-energetique-est-impossible-c-est-le-meilleur-moye

    Partant du double constat selon lequel il n’y a jamais eu, par le passé, de remplacement d’une source d’énergie par une autre ; et que les transformations énergétiques se sont toujours faites de manière additive (les énergies s’ajoutant les unes aux autres), certains historiens en déduisent, à tort selon nous, qu’il n’y aurait aucun horizon pour une sortie des fossiles. Cette sortie des fossiles (le « transitioning away from fossil fuels », dans le langage forgé à la COP28) serait donc condamnée par avance.

    Tel est le message récurrent de Jean-Baptiste Fressoz [chroniqueur au Monde] notamment, dans ses ouvrages ou tribunes, qui visent toutes à réfuter ce qu’il considère comme « la fausse promesse de la transition ».

    Or, ce déclinisme écologique est non seulement grandement infondé, mais également de nature à plomber les ambitions dans la lutte contre le changement climatique. Affirmer que la transition est impossible, c’est le meilleur moyen de ne jamais l’engager. A rebours de ce défaitisme, nous voulons ici affirmer, avec force, qu’il est possible de réussir cette transition.

    Certes, à l’exception des années de crise – financière en 2008-2009, sanitaire en 2020-2021 –, les émissions de CO2 n’ont jamais cessé d’augmenter, bien que sur un rythme ralenti, d’environ + 1 % annuel au cours des années 2010, contre + 3 % annuels dans les années 2000. Car, dans le même temps, la population mondiale continuait à augmenter, tout comme la satisfaction des besoins énergétiques d’une part croissante de cette population.

    Pourtant le désempilement des énergies a déjà lieu dans certaines régions du monde : c’est le cas en Europe, par exemple, qui a engagé sa transition énergétique. Parallèlement, des acteurs de plus en plus nombreux – Etats, entreprises, chercheurs, citoyens – intègrent aujourd’hui la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans leurs stratégies et comportements. L’ambition n’est pas encore assez affirmée, la mise en œuvre des transformations pas assez rapide et efficace, mais le mouvement est enclenché. Comment l’ignorer ?

    Sobriété, efficacité et investissements
    Le 11 janvier, Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), indiquait que les capacités installées dans l’année en énergies renouvelables avaient augmenté de 50 % entre 2022 et 2023. Pour la part des renouvelables dans la production d’électricité, l’AIE attend le passage de 29 % à 42 % en 2028 (de 12 % à 25 % pour les seules énergies éolienne et solaire). Depuis 1975, le prix des panneaux photovoltaïques est passé de 100 dollars par watt à moins de 0,5 dollar par watt aujourd’hui, soit une réduction de 20 % du coût pour chaque doublement des capacités installées ; c’est la mesure du taux d’apprentissage de la technologie. Et alors que la question du stockage de l’électricité devient de plus en plus cruciale, on constate le même taux d’apprentissage pour les batteries : depuis 1992, chaque fois que double le nombre de batteries produites, leur coût diminue de 18 %.

    Il est clair que ces progrès spectaculaires ne contredisent pas la thèse de l’additivité des énergies : si depuis 2016 les investissements dans les énergies décarbonées dépassent largement les investissements dans les énergies fossiles, ces derniers ont à nouveau augmenté après la baisse de 2020. Et la sortie des fossiles ne se vérifiera vraiment que le jour où l’augmentation de la production d’énergie décarbonée sera supérieure en volume à celle de la consommation totale d’énergie.

    Pour atteindre cet objectif, sobriété et efficacité énergétique sont indispensables afin de maîtriser la croissance de la demande. Mais il est également évident que sobriété et efficacité ne suffiront pas. Pour atteindre le plafonnement des émissions avant 2030, il faudra décupler les investissements dans ces énergies décarbonées, et notamment dans les pays du Sud, afin de faire baisser le volume des énergies fossiles : c’est la condition sine qua non pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un processus long et difficile, mais osons le dire : il n’y a pas d’autre solution, et nous pouvons y arriver.

    De nouvelles alliances s’imposent
    Serions-nous condamnés par l’histoire ? Faut-il prendre acte de notre impuissance supposée, ou poser un renversement complet du système comme condition préalable à la transition ? Dans les deux cas, cela serait très risqué, et franchement irresponsable.

    Car il n’y a pas de fatalité ! On trouve sur le site du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) une citation d’Albert Camus : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prédire, mais de le faire. » C’est dans cette perspective que s’inscrivent tous les acteurs des COP et des négociations internationales – que certains stigmatisent comme un « grand cirque » –, pour qui « dire, c’est faire ».

    Evidemment, dire ne suffit pas, et il faut aussi mobiliser des moyens puissants, politiques et financiers. Il faut également affronter ceux – lobbys industriels et politiques – qui, par fatalisme ou par intérêt, freinent cette transformation. Enfin, comme le suggère le philosophe Pierre Charbonnier, la création de nouvelles alliances s’impose entre ceux qui ont compris que la transition servait leurs intérêts, et surtout ceux de leurs enfants.

    La démarche des sciences de la nature et de la physique consiste à s’appuyer sur des constats d’observation pour en tirer des lois immuables. Elle s’applique mal cependant aux sciences sociales. Mais ces obstacles ne doivent pas empêcher de penser l’avenir, à la manière de Gaston Berger, le père de la prospective, qui ne cessait de rappeler : « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu’à inventer. »

    Signataires : Anna Creti, économiste, chaire Economie du climat, université Paris-Dauphine ; Patrick Criqui, économiste, CNRS, université Grenoble-Alpes ; Michel Derdevet, président de Confrontations Europe, Sciences Po ; François Gemenne, politiste, HEC Paris ; Emmanuel Hache, économiste, IFP énergies nouvelles et Institut de relations internationales et stratégiques ; Carine Sebi, économiste, chaire Energy for Society, Grenoble Ecole de Management.

  • “Refusés” de la #carte_de_presse : trois #journalistes lauréats du prix #Albert-Londres témoignent
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/refuses-de-la-carte-de-presse-trois-journalistes-laureats-du-prix-albert-lo

    haque refus est une blessure », dit Hélène Lam Trong, lauréate du 39ᵉ #prix_Albert-Londres, catégorie audiovisuel, décerné en novembre 2023. À la suite de la parution d’une #tribune sur notre site dénonçant les conditions d’attribution de la carte de presse par la CCIPJ (Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels), trois signataires témoignent des difficultés qu’ils rencontrent à faire valoir la réalité d’une profession qu’ils exercent pleinement : le journalisme.

    Sur le terrain, sans carte de #presse officielle (avec bandeau bleu blanc rouge et numéro), certains reporters sont en danger dans les pays où informer et enquêter dérange. Particulièrement vulnérables, les #reporters_indépendants qui partent sans le soutien d’une rédaction. Et pourtant, ces mêmes professionnels peuvent être honorés par la plus prestigieuse récompense du #journalisme_francophone : le prix Albert-Londres. Témoignages.

  • Olivier Besancenot : « Le danger fasciste est réel » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/160124/olivier-besancenot-le-danger-fasciste-est-reel

    Olivier Besancenot : « Le danger fasciste est réel »
    Lucide sur l’avancée de l’extrême droite, l’ancien candidat d’extrême gauche à la présidentielle appelle à refuser la « dictature du fait accompli » : à condition d’éviter le sectarisme, le camp de l’émancipation peut se ressaisir. 

    Mathieu Dejean
    16 janvier 2024 à 12h37

    MobilisationMobilisation contre la loi immigration, divisions à gauche, monde en bascule avec l’ascension des discours et de forces d’extrême droite en Europe... L’ancien candidat à la présidentielle de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en 2002 et 2007 (il avait obtenu respectivement 4,25 % et 4,08 % des suffrages exprimés), désormais simple militant au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui a récemment proposé à La France insoumise (LFI) de faire liste commune aux élections européennes de 2024, porte un regard inquiet sur la situation en France et dans le monde.

    Sans céder aux « fatalistes de l’Histoire » qui veulent imposer le récit d’une victoire inexorable de Marine Le Pen en 2027, il alerte sur ce « danger réel » et invite toutes les forces de gauche à reprendre le flambeau de l’antifascisme « au-delà de la seule question électorale ». 

    Mediapart : La loi immigration est passée fin décembre avec les voix du RN. Même si le Conseil constitutionnel censure certains de ses articles, considérez-vous qu’on est passé à une nouvelle étape dans l’évolution du macronisme ?

    Olivier Besancenot : Cette loi marque un saut majeur dans l’extrême droitisation de la classe politique, c’est évident. Son élaboration témoigne de l’influence du Rassemblement national, qui est devenu une boîte à idées du pouvoir en place. Cela crédibilise un peu plus la thèse de l’accession possible du RN au pouvoir, même si l’extrême droite n’y est pas encore. 

    Sur la loi immigration, la bataille n’est pas terminée. Après la manifestation du 14 janvier, il y aura celle du 21 janvier. Nous allons unifier un maximum de forces et faire entendre la voix de toutes celles et tous ceux qui y sont opposés. Les macronistes traîneront cette loi comme un boulet, y compris lors d’échéances symboliques comme l’entrée de Manouchian au Panthéon. Car faire entrer au Panthéon l’un des responsables des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) et faire voter cette loi, ce n’est pas du « en même temps » mais une contradiction politique scandaleuse et moralement révoltante.

    Aux coups portés par le camp présidentiel sur la question sociale, dans une ambiance internationale sombre, pourraient susciter davantage d’abattement que de révolte. Comment percevez-vous le climat du pays ?

    Un récit nous est imposé sur le thème de l’inexorable ascension du RN au sommet de l’État. Je suis plutôt du côté du révolutionnaire Auguste Blanqui, qui pourfendait les fatalistes de l’Histoire. La responsabilité première à gauche, quelle que soit sa sensibilité, est de refuser cette dictature du fait accompli et de faire en sorte que ce récit soit démenti par les faits. Je suis conscient de l’évolution du rapport de force, et je sais qu’on ne l’inversera ni par des postures ni par de la gonflette, mais l’Histoire n’est pas une construction linéaire, elle est faite de bifurcations. 

    Il faut rassembler les forces sur des batailles essentielles, dont la lutte contre l’extrême droite et ses idées. S’il existe un drapeau qui permet de rassembler toute la gauche sociale et politique anticapitaliste, c’est le drapeau commun de l’antifascisme. Un tournant mondial nauséabond s’opère, auquel il faut opposer un large front d’actions et de résistance à l’air du temps.

    À quoi attribuer ce tournant qu’on constate en Europe, mais aussi en Amérique latine avec Javier Milei en Argentine, ou en Israël avec Nétanyahou ?

    Ce qui se passe en Israël, ce qui se passe en Europe et ce qui se passe en Amérique latine, au-delà des singularités propres à chaque situation, témoigne de la fin d’un cycle. Celui de la mondialisation libérale telle que nous l’avons connue depuis 40 ans, et cela renvoie aux contradictions profondes et inhérentes au système capitaliste.

    Comme toujours, une fin de cycle n’est pas synonyme de retour à la situation antérieure : c’est une situation nouvelle qui s’ouvre, marquée par des intérêts nationaux aiguisés, des compétitions inter-impérialistes et des guerres locales de très haute intensité qui mettent en péril le reste du monde à chaque instant. C’est comme si le monde avait perdu le contrôle de sa propre marche, comme un train fou qui roulerait à vive allure vers un précipice. La catastrophe écologique et climatique, ou même la récente crise liée au narcotrafic en Équateur, vont dans ce sens.

    Nous ne vivons pas une redite des années 30, car ce n’est pas tant le “péril rouge” qui inquiète la classe dominante que le désordre globalisé qui menace ses affaires. Mais le danger fasciste est réel.

    Politiquement, cela produit des courants d’extrême droite, néofascistes ou fascistes – l’heure n’est plus aux colloques sur leur dénomination. Marx comparait la révolution à un train qui tire l’humanité vers l’avant. Walter Benjamin, lui, tout en faisant sienne la rhétorique marxienne, comparait la nécessité révolutionnaire au signal d’alarme de ce train que l’humanité devait tirer au plus vite et en conscience, avant qu’il ne s’écrase. La tâche du mouvement d’émancipation tient aujourd’hui précisément à cela : tirer ce signal d’arrêt-urgence !

    L’extrême droite a fortement progressé tant électoralement que sur le plan culturel depuis 2002, où l’extrême gauche représentait un débouché politique important – avec Arlette Laguiller de Lutte ouvrière, vos deux candidatures cumulaient 10 % des suffrages exprimés à la présidentielle. Comment expliquer cette extrême droitisation, et le fait que la gauche de rupture soit moins identifiée comme un débouché politique aujourd’hui ?

    D’abord, il y a eu des défaites sociales sur le terrain de la lutte de classe, dont très récemment celle sur la bataille des retraites. Dans ces circonstances, l’idée que la solidarité paye est plus compliquée à démontrer. Les discours émancipateurs ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont portés par des périodes de victoires par l’action. Or, compte tenu de la crise globale que nous traversons, les luttes ne sont pas derrière nous. Tout reste ouvert.

    Mais il y a aussi des tendances de fond, notamment une aspiration à l’ordre que les discours simplistes remplissent facilement de haine. Hannah Arendt l’a analysé à maintes reprises : il existe une base sociale au mouvement totalitaire, qui ne s’explique pas seulement par le haut et le jeu des classes dominantes. Elle évoque un terreau : un phénomène de « désolation », sorte de stade suprême de l’individualisation et de la fragmentation des relations sociales. Face à cela, tout projet émancipateur doit partir de cette terrible réalité pour espérer être en phase. 

    Dans ce contexte, nous sommes obligés de tirer les bilans de notre propre histoire, même si celle-ci ne se répète jamais à l’identique. Nous ne vivons pas une redite des années 30, car ce n’est pas tant le « péril rouge » qui inquiète la classe dominante que le désordre globalisé qui menace ses affaires à terme. Mais le danger fasciste est réel du point du vue du racisme anti-immigrés et des attaques antidémocratiques. Les erreurs tragiques du mouvement ouvrier propres aux années 30, elles, menacent de se reproduire à l’identique : le sectarisme, la fragmentation, l’aveuglement.

    C’est cette analyse qui a conduit le NPA à proposer une campagne commune avec LFI aux européennes de 2024 ?

    Je ne suis plus à la direction du NPA, mais j’accompagne cette démarche qui consiste en effet à interpeller les forces de la gauche de rupture. Cela étant, au-delà de la seule question électorale, il y a une nécessité de dépassement et de rassemblement des forces sociales et politiques anticapitalistes, tout en plaçant au centre le front unique contre la droite et l’extrême droite. Une unité sur une démarche d’actions concrètes qui puisse alimenter le retour nécessaire des questions stratégiques pour incarner une alternative de masse – ce que nous n’avons pas réussi jusqu’ici.

    L’extrême droite mène à sa manière une bataille pour l’hégémonie culturelle de manière décomplexée depuis 30 ans ! À nous de mener la nôtre. Pour l’heure, nous traversons un énorme trou d’air idéologique où les gauches en France semblent perdre leurs boussoles, au point de devenir parfois méconnaissables...

    En termes de ligne politique. Pendant longtemps, la lutte contre le racisme, sous toutes ses formes, était un repère politique structurant à gauche. De l’affaire Dreyfus aux générations qui ont écrit les pages de la Résistance et du mouvement ouvrier, sans oublier la marche pour l’égalité des années 80. Ce combat inclut autant la lutte contre l’antisémitisme, l’islamophobie que la négrophobie. Cette boussole à gauche est fondamentale, au même titre que l’a toujours été la lutte anticoloniale – je pense au Vietnam ou à l’Algérie par exemple.

    Or, depuis le 7 octobre dernier, les gauches paraissent perdre le nord, comme si les aiguilles s’affolaient au point de renoncer à l’une ou l’autre de ses valeurs. Idem sur l’internationalisme, victime du triste retour du « campisme » qui voudrait transformer en loi la maxime qui prétend que « l’ennemi de mon ennemi est forcément mon ami ». C’est la même cohérence qui nous pousse, au NPA, à affirmer notre solidarité à la fois pour la résistance palestinienne, kurde ou ukrainienne, par exemple.

    La gauche a en effet été accusée d’antisémitisme, de complicité avec le Hamas dans cette période, et le NPA n’y a pas échappé. Y a-t-il eu des maladresses, quand vous relisez les événements depuis le 7 octobre ? Avez-vous réussi à tenir tous les bouts ?

    J’appartiens à un courant politique, la IVe Internationale, où des camarades ont été porteurs de valises pour le FLN, remplies d’argent ou d’armes. C’était notre contribution à la lutte d’indépendance algérienne. Pour ma part, j’en tire une grande fierté. Cela ne nous empêchait pas à l’époque de formuler nos désaccords, voire des critiques sur certaines modalités d’actions. Nous étions par exemple opposés aux attentats aveugles contre les civils. Des questions morales d’autant plus importantes qu’une des conditions pour qu’une lutte de libération nationale l’emporte, c’est que la société coloniale, elle-même, se fracture.

    L’accusation d’apologie de terrorisme qui nous est faite est une insulte à notre histoire.

    En outre, le Hamas n’est pas le FLN. Nous sommes pour le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, parce que nous sommes pour son droit à l’émancipation. Or le projet du Hamas est à l’opposé, point par point, d’un projet d’émancipation. Pour nous, les massacres contre les civils, les corps souillés ou les viols ne seront jamais des actes de résistance mais des actes de barbarie. Je les ai toujours dénoncés. Le 7 octobre 2023 n’échappe pas à la règle.

    Du reste, l’accusation d’apologie de terrorisme qui nous est faite est une insulte à notre histoire. Ici comme ailleurs, je ne ferai jamais mienne la devise qui affirme que « la fin justifie les moyens ». Les contre-révolutions bureaucratiques du XXe siècle sont toutes nées en ânonnant joyeusement ce genre de slogan. Et précisément parce que, dans chaque situation, nous plaçons la vie humaine au-dessus de toute chose, les silences politiques assourdissants sur le massacre qui se déroule à Gaza me glacent le sang. 

    Il y a un côté orwellien dans la situation actuelle, quand on écoute les mots qui sont utilisés. Ce n’est pas d’une guerre d’occupation coloniale qu’il serait question mais d’une « opération militaire pour éradiquer le terrorisme », donc d’une opération de paix – on n’est pas loin de « la guerre, c’est la paix » dans le roman d’Orwell. On peut multiplier les exemples : on criminalise le simple fait de participer, comme je l’ai fait, à des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien pour réclamer le cessez-le-feu. Brandir le drapeau palestinien serait désormais considéré comme un signe antisémite ! C’est du délire.

    Un porte-parole de l’armée israélienne a promis des combats à Gaza « tout au long de cette année 2024 ». On ne peut pas dire qu’en France la mobilisation pour la solidarité soit aussi massive que dans d’autres pays. Comment peser pour que cessent les massacres ?

    Une responsabilité considérable pèse sur nous pour que la solidarité s’organise ici, dans les pays les plus riches. La mobilisation qui se déroule aux États-Unis, notamment les manifestations juives qui proclament « Pas en notre nom ! », est extrêmement importante de ce point de vue. Ces luttes exercent une pression au cœur même de la puissance protectrice de l’État colonialiste israélien.

    Pour qu’une solution politique binationale voie le jour là-bas, avec égalité des droits pour tous et toutes – deux États, un État, un système fédéral… –, il faut, en complément de la lutte palestinienne, que la solidarité s’organise dans nos pays pour imposer à nos gouvernants de retirer à Israël tout appui logistique, économique et militaire, et mettre fin à l’horreur à laquelle nous assistons chaque jour, impuissants. 

    On a besoin d’un sursaut de conscience politique et que la gauche sorte de sa léthargie. Malheureusement, la gauche française paraît trop souvent prisonnière des règles de la Ve République. Une campagne présidentielle se termine, et les futurs candidats à la prochaine se profilent d’emblée. Trop de remplaçants sur le banc, qui ne pensent qu’au brassard de capitaine et plus vraiment à l’équipe. Au foot, ça finit toujours mal. Jouer collectif, c’est taper ensemble sur les mêmes clous, même lorsque nous marchons séparément, pour reprendre la vieille formule !

    Le pire des risques pour la gauche aujourd’hui, c’est donc le sectarisme ?

    Il ne faut céder ni au sectarisme ni à l’opportunisme. Affirmer sa solidarité avec le peuple palestinien est un minimum, quelle que soit son obédience, et quelles que soient les pressions exercées par le courant dominant. Nous avons, par exemple, des désaccords politiques connus avec LFI, mais la diabolisation et la cornérisation dont cette organisation fait l’objet devraient tous nous alerter.

    De même, lorsque le NPA a été convoqué par la police judiciaire et entendu dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme », les soutiens ont été discrets. La gauche peut s’en laver les mains, ou se les frotter, sur le thème « ils l’ont bien cherché », mais si par malheur le cours politique dominant réussissait à nous mettre au ban, c’est tout le mouvement ouvrier et syndical qui pourrait être emporté par la suite. Et même une partie de la Macronie – souvenez-vous de cette scène où le député RN Laurent Jacobelli traite de « racaille » le député de la majorité Belkhir Belhaddad…

    Loin des écuries présidentielles, il existe pourtant un renouvellement dans les combats de l’heure, marqués par une nouvelle génération qui s’est exprimée dans les luttes ouvrières, dans le syndicalisme, sur le terrain de l’écologie avec les Soulèvements de la Terre, dans les luttes LGBT… Les potentialités et les ressources existent. Mais en se privant sciemment d’horizons et d’espérances politiques, au nom des petits calculs électoralistes de la Ve République, la gauche continuera à creuser sa propre tombe avec enthousiasme. 

    J’espère que la bataille sur la loi immigration nous servira d’électrochoc. Et que le danger fasciste nous poussera à nouveau à nous serrer les coudes. Être révolutionnaire, répétait Alain Krivine, c’est aussi résister au fait de devenir cynique ou blasé. Nous sommes nombreuses et nombreux à avoir un rôle à jouer pour qu’un courant anticapitaliste, unitaire, large, fasse entendre sa voix. 

    Mathieu Dejean

  • New research harnesses AI and satellite imagery to reveal the expanding footprint of human activity at sea
    https://globalfishingwatch.org/press-release/new-research-harnesses-ai-and-satellite-imagery-to-reveal-the-ex

    L"exploitation des océans est catatrophique. Avec 75% des flottes de la pêche industrielle invisible les conventions pour la protection de la faune marine sont caduques tant qu’il n’y a pas de mécanisme pour éliminer cette pêche au noir. Et il n’y a pas que la pêche.

    Press Release / By Global Fishing Watch / January 3, 2024 / 5 minutes of reading
    Study reveals 75 percent of the world’s industrial fishing vessels are hidden from public view

    WASHINGTON, D.C. – A new study published today in the journal Nature offers an unprecedented view of previously unmapped industrial use of the ocean and how it is changing.

    The groundbreaking study, led by Global Fishing Watch, uses machine learning and satellite imagery to create the first global map of large vessel traffic and offshore infrastructure, finding a remarkable amount of activity that was previously “dark” to public monitoring systems.
    Global Fishing Watch uses AI and satellite imagery to map vessel traffic and offshore infrastructure to provide an unprecedented view of previously unmapped industrial use of the ocean, as seen here in the North Sea. ⓒ 2023 Global Fishing Watch

    “A new industrial revolution has been emerging in our seas undetected—until now,” said David Kroodsma, director of research and innovation at Global Fishing Watch and co-lead author of the study. “On land, we have detailed maps of almost every road and building on the planet. In contrast, growth in our ocean has been largely hidden from public view. This study helps eliminate the blind spots and shed light on the breadth and intensity of human activity at sea.”

    Researchers from Global Fishing Watch, the University of Wisconsin-Madison, Duke University, UC Santa Barbara and SkyTruth analyzed 2 million gigabytes of satellite imagery spanning 2017-2021 to detect vessels and offshore infrastructure in coastal waters across six continents where more than three-quarters of industrial activity is concentrated.

    By synthesizing GPS data with five years of radar and optical imagery, the researchers were able to identify vessels that failed to broadcast their positions. Using machine learning, they then concluded which of those vessels were likely engaged in fishing activity.

    “Historically, vessel activity has been poorly documented, limiting our understanding of how the world’s largest public resource—the ocean—is being used,” said co-lead author Fernando Paolo, senior machine learning engineer at Global Fishing Watch. “By combining space technology with state-of-the-art machine learning, we mapped undisclosed industrial activity at sea on a scale never done before.”

    While not all boats are legally required to broadcast their position, vessels absent from public monitoring systems, often termed “dark fleets,” pose major challenges for protecting and managing natural resources. Researchers found numerous dark fishing vessels inside many marine protected areas, and a high concentration of vessels in many countries’ waters that previously showed little-to-no vessel activity by public monitoring systems.

    “Publicly available data wrongly suggests that Asia and Europe have similar amounts of fishing within their borders, but our mapping reveals that Asia dominates—for every 10 fishing vessels we found on the water, seven were in Asia while only one was in Europe,” said co-author Jennifer Raynor, assistant professor of natural resource economics at the University of Wisconsin-Madison. “By revealing dark vessels, we have created the most comprehensive public picture of global industrial fishing available.”

    The study also shows how human activity in the ocean is changing. Coinciding with the COVID-19 pandemic, fishing activity dropped globally by about 12 percent, with an 8 percent decline in China and a 14 percent drop elsewhere. In contrast, transport and energy vessel activity remained stable.

    Offshore energy development surged during the study period. Oil structures increased by 16 percent, while wind turbines more than doubled. By 2021, turbines outnumbered oil platforms. China’s offshore wind energy had the most striking growth, increasing ninefold from 2017 to 2021.
    Two million gigabytes of satellite imagery from 2017-2021 were analyzed to detect offshore infrastructure in coastal waters across six continents where more than three-quarters of industrial activity is concentrated. ⓒ 2023 Global Fishing Watch

    “The footprint of the Anthropocene is no longer limited to terra firma,” said co-author Patrick Halpin, professor of marine geospatial ecology at Duke University. “Having a more complete view of ocean industrialization allows us to see new growth in offshore wind, aquaculture and mining that is rapidly being added to established industrial fishing, shipping and oil and gas activities. Our work reveals that the global ocean is a busy, crowded and complex industrial workspace of the growing blue economy.”

    The study highlights the potential of this new technology to tackle climate change. Mapping all vessel traffic will improve estimates of greenhouse gas emissions at sea, while maps of infrastructure can inform wind development or aid in tracking marine degradation caused by oil exploration.

    “Identifying offshore infrastructure is critical for understanding offshore energy development impacts and trends, and is crucial data for our work to detect marine pollution events and hold responsible parties to account,” said co-author Christian Thomas, a geospatial engineer at SkyTruth.

    The open data and technology used in the study can help governments, researchers and civil society to identify hotspots of potentially illegal activity, determine where industrial fishing vessels may be encroaching on artisanal fishing grounds, or simply better understand vessel traffic in their waters.

    “Previously, this type of satellite monitoring was only available to those who could pay for it. Now it is freely available to all nations,” concluded Kroodsma. “This study marks the beginning of a new era in ocean management and transparency.”

    The study was made possible thanks to the generous support of Bloomberg Philanthropies, National Geographic Pristine Seas and Oceankind, and our technology partner, Google. As an awardee of The Audacious Project, a collaborative funding initiative that is catalyzing social impact on a grand scale, Global Fishing Watch is able to further the application of this innovative work.

    Heise online : Dank Satellitenbildern und KI : Bislang unbekannte Fischereiflotten entdeckt
    https://www.heise.de/news/Dank-Satellitenbildern-und-KI-Bislang-unbekannte-Fischereiflotten-entdeckt-958

    #pêche #océans #environnement

  • Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/06/les-jeunes-clandestins-petits-soldats-jetables-du-narcotrafic-dans-les-grand

    Les jeunes clandestins, petits soldats jetables du narcotrafic dans les grandes villes de France
    Par Luc Bronner , Anne-Hélène Dorison (Nantes, correspondance), Luc Leroux (Marseille, correspondant), Richard Schittly (Lyon, correspondant) et Thomas Saintourens
    C’est un après-midi ordinaire au tribunal judiciaire de Bobigny. Devant la 13e chambre, surnommée la « chambre des stups », sont convoqués vendeurs et guetteurs ; ces « petites mains » à qui les trafiquants confient quelques grammes de drogue à vendre, de jour comme de nuit, sur les « fours » de Seine-Saint-Denis. Un après-midi ordinaire qui en dit long, aussi, sur les profils désormais prisés par les gestionnaires des points de deal : sur treize prévenus condamnés, six sont des jeunes hommes en situation irrégulière. Aucun n’est défendu par un avocat. Un seul est venu à la barre. Les autres ont été jugés en leur absence. A défaut de visages, de voix, de biographies complètes, se succèdent des dossiers qui semblent interchangeables – comme les positions de ces intérimaires, au plus bas de l’échelle du narcotrafic. (...)
    Les peines prononcées cet après-midi, entre six et douze mois de prison, souvent avec sursis, mettent fin aux éphémères carrières de ces petits soldats du deal, aussitôt remplacés sur les chaises en plastique et les murets qui leur servent de poste de travail.
    Quelques étages au-dessus de la salle d’audience, dans les bureaux de la division des affaires criminelles et de la délinquance organisée (Dacrido), ces profils-là ne sont pas inconnus. Avant d’engorger les audiences, sans guère pouvoir aider à démanteler les filières, ils sont repérés sur les points de deal les plus importants, aux portes de Paris : Aubervilliers-Pantin-Quatre-Chemins, La Capsulerie à Bagnolet, Saint-Denis… Alice Dubernet, cheffe de la Dacrido, dresse le portrait-robot de ces jeunes « difficilement traçables » par les services d’enquête autant que par les services sociaux : « Ces migrants isolés sont une main-d’œuvre ponctuelle, facilement exploitable, qui n’évolue pas dans la hiérarchie. Pour les réseaux de trafic, ce sont des fusibles faciles, payés moins que le personnel habituel : pas plus de 80 euros par jour pour un guetteur, 100 euros pour un vendeur. »
    Les études sociologiques les plus récentes tracent les contours de parcours migratoires où l’implication dans les réseaux de deal survient lors des moments de grande précarité. « Les profils sont souvent des jeunes garçons qui arrivent en France sans base familiale suffisante pour s’insérer. Au bout de quelques mois, ils vivent de petits boulots, logent dans des squats ou sont à la merci de marchands de sommeil, décrit le sociologue Olivier Peyroux, chercheur à Sciences Po. Dans de nombreux cas, ce sont des revendeurs de cigarettes à la sauvette, criblés de dettes pour acheter les paquets à crédit, qui se retrouvent ensuite à faire les “choufs” afin de récupérer de l’argent au plus vite. »D’autres effectuent le passage vers les trafics de cannabis ou de cocaïne après avoir été déjà « captés » par des réseaux criminels de ressortissants de leur pays d’origine, liés au vol à l’arraché, aux cambriolages ou encore au trafic de médicaments (Lyrica et Rivotril en particulier). « Il est ici question de traite des êtres humains, avec des jeunes sous la contrainte de commettre des crimes et des délits, poursuit le chercheur. Ce qui les relie, c’est une logique d’asservissement d’une main-d’œuvre sous emprise chimique, une exploitation de la misère économique. » Les situations varient selon la géographie et les « marchés ». Le recours à ces « choufs » en situation irrégulière dépend des liens migratoires, parfois établis de longue date, et de l’organisation des points de deal.
    Au-delà de l’Ile-de-France, c’est à Marseille que cette économie criminelle offre le panorama le plus large.
    A Lyon, l’exploitation de clandestins dans le trafic de stupéfiants n’est pas éloignée de la situation marseillaise, selon un ancien chef de service de la police judiciaire, qui décrit les nombreux clandestins contraints de pratiquer la revente de drogue pour rembourser leur voyage. Ils doivent assurer un chiffre d’affaires et payer leur loyer, sous peine de rétorsion. « C’est comparable aux méthodes des réseaux de prostitution », avance le policier.
    (...) Mais ces audiences express de flagrants délits pour quelques grammes ne suffisent plus à raconter la nature des missions confiées à ces petites mains. C’est sur les scènes de crime que se retrouvent aussi désormais ces travailleurs précaires. Sur les quatre victimes d’homicides liés à des règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants recensés à Nantes depuis le début de l’année 2023, trois se trouvaient en situation irrégulière et venaient d’Algérie. L’un des derniers hommes admis aux urgences du CHU après avoir été blessé par balle, quartier Bellevue, le 9 décembre 2023, venait, lui aussi, de ce pays. « C’est de la chair à canon parfaite, souffle un enquêteur nantais. Ces jeunes gens ont vécu tant de choses qu’ils n’ont plus peur de rien. Certains passent leurs journées et leurs nuits dehors. Ils ont besoin d’argent. Bref, c’est tout bénef pour les trafiquants. Ces nouvelles recrues ignorent tout de la hiérarchie du trafic et ne pourront rien balancer en cas d’interpellation. Et pour cause : ces jeunes ne savent même pas pour qui ils travaillent. »
    Les questions sont nombreuses sur le parcours et le mode de vie de ces petits soldats du trafic, mais un même schéma revient pour nombre d’entre eux : avant d’être visés sur les points de deal, plusieurs avaient été contrôlés dans le centre-ville de Nantes. Ils y vendaient des cigarettes de contrebande sous le manteau. « Certains sont arrivés en France très récemment. On sait très peu de choses les concernant, explique le même policier. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles leurs profils intéressent de plus en plus les patrons [du trafic de drogue]. » Il faut parfois des jours aux enquêteurs de la direction territoriale de la police judiciaire de Nantes pour identifier formellement la victime. Il en faut plus encore avant de trouver l’adresse de son domicile, si elle en a un. « Tout est allé très vite, constate le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul. En l’espace de deux ans, on est passé de jeunes mineurs du quartier à des individus venus de la région parisienne, puis à des jeunes hommes bien souvent en situation irrégulière. Ce qui est assez remarquable, c’est la rapidité avec laquelle les choses évoluent… Ce phénomène a été identifié fin 2022. Il reste aujourd’hui assez difficile à lire. » Cette situation nouvelle ne manque pas d’inquiéter. « Depuis leur arrivée, tout semble indiquer que l’usage des armes se débride, observe aussi Renaud Gaudeul. Le constat est terrible, mais c’est comme si ces vies humaines valaient moins que les autres. Les tirs sont plus nombreux. Aujourd’hui, quand on a un message à faire passer, on tire et on vise. Ce sont des tirs pour tuer, pas des coups de semonce. Ces changements pourraient induire une multiplication de ce type de faits. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#trafc#drogue#violence#reseau#precarité#immigrationirreguliere

  • Le gaz est aussi nocif pour le #climat que le charbon | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/030823/le-gaz-est-aussi-nocif-pour-le-climat-que-le-charbon

    Alors que l’Europe et les majors pétrolières se ruent vers le gaz, une nouvelle étude scientifique montre que ce combustible fossile est tout aussi néfaste que le charbon. Ces résultats ébranlent l’idée vantée par les industriels que le gaz serait une #énergie de transition vers un avenir vert. Telle est l’amère sensation qui ressort à la lecture d’une vaste étude scientifique, publiée le 17 juillet dans Environmental Research Letters. https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ace3db

    -- Permalien

  • La violence militaire coloniale au Cameroun et les collections muséales en Allemagne : histoire d’une symbiose.

    « Ne s’obtient que par la force »
    https://visionscarto.net/ne-s-obtient-que-par-la-force

    Voici un texte majeur et inédit que le chercheur Yann LeGall (Université technique de Berlin, TU) a confié à visionscarto. Il a passé des années à lire, décrypter et analyser les rapports dans archives allemandes des expéditions punitives militaires au Cameroun (aussi au Togo) et a fait apparaître non seulement la cruauté coloniale de l’armée allemande, mais aussi, par exemple, le cynisme absolu des directeurs de musées en Allemagne qui n’hésitaient pas à suggérer aux militaires d’engager des expéditions dans des lieux où se trouvaient des objets et œuvres d’art qu’ils convoitaient...

    Trois décennies d’exactions et de pillages, dont le résultat est la présence dans les musée allemands de plus de 60 000 objets camerounais divers volés lors des raids militaires, et par conséquence, l’absence au Cameroun de ce patrimoine culturel qui reste — plus d’un siècle après — encore une blessure vive.

    C’est long, mais cette histoire (dans les deux sens du terme) est importante. L’Allemagne a fait depuis quelques décennies, un énorme travail mémoriel sur la période nazie, ainsi que sur la période DDR, mais jusqu’à aujourd’hui, pas trop sur la période coloniale. Lacune qui commence à être comblée, car d’une part il y a ce projet, mais aussi d’autres mouvements, comme ce processus qui s’engage, de "débaptisation" des rues et avenues qui portent encore le nom des grands criminels, acteurs majeurs de cette période coloniale.

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    Cet article — le premier d’une série dont la publication sera étalée dans les prochaines semaines, a été initialement publié en allemand dans l’Atlas der Abwesenheit. Kameruns Kulturerbe in Deutschland (Atlas de l’absence. Le patrimoine culturel du Cameroun en Allemagne) , issu du projet « Umgekehrte Sammlungsgeschichte » (Histoire inversée des collections) porté par l’Université de Dschang au Cameroun (Prof. Dr. Albert Gouaffo) et l’Université Technique de Berlin (Prof. Dr. Bénédicte Savoy).

    Avec des remerciements tout particuliers à Isabelle Saint-Saëns pour l’édition méticuleuse de la version française de ce texte. La cartographie est conçue et produite par Philippe Rekacewicz.

  • #Changement_climatique. Le rôle ignoré des ex-#empires_coloniaux
    https://afriquexxi.info/Changement-climatique-Le-role-ignore-des-ex-empires-coloniaux

    La responsabilité historique du changement climatique est radicalement modifiée lorsque l’on tient compte des #émissions de #CO2 générées par les #anciennes_puissances_coloniales dans les #territoires qu’elles contrôlaient. L’#Europe a ainsi un impact beaucoup plus important que ne le laissent penser les modes de calcul actuels.

  • Le « flibustier », les trésors cachés et les nuages judiciaires
    https://afriquexxi.info/Le-flibustier-les-tresors-caches-et-les-nuages-judiciaires
    #transport
    #logistique

    En moins de vingt ans, Vincent #Bolloré, à l’origine patron d’une papeterie bretonne, s’est imposé comme l’un des hommes d’affaires les plus puissants sur le continent. Arrivé en #Afrique par le #tabac, il a, muni d’un esprit « commando » et d’un solide carnet d’adresses, créé un véritable empire portuaire et ferroviaire, puis médiatique. Emblématique de ces réseaux qui entremêlent relations d’argent, soutiens politiques, chroniques judiciaires et relais médiatiques, il personnifie mieux que tout autre la « #Françafrique entrepreneuriale ».

  • X, terrain d’enquête déserté des #chercheurs
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/28/x-terrain-d-enquete-deserte-des-chercheurs_6202801_1650684.html
    #SCIENCES_SOCIALES

    ❝Ils étaient des prosélytes des recherches en #sciences_humaines et sociales à partir de l’activité de #Twitter, ils dissuadent aujourd’hui leurs étudiants de se servir du réseau social devenu X. En cause, la fin de la gratuité de l’API, l’interface de programmation qui permet de connecter des logiciels afin qu’ils s’échangent des données. Mais pas seulement.

    Dès 2009, Nikos Smyrnaios, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université Toulouse-III, et Bernhard Rieder, maître de conférences dans la même discipline à l’université d’Amsterdam, avaient collecté plus de 5,8 millions de tweets pour étudier la diffusion de l’actualité sur le réseau. Et ce, grâce à un logiciel d’extraction et d’analyse de données utilisant l’API de Twitter (DMI-TCAT). Aussi Bernhard Rieder a-t-il depuis conçu des logiciels libres rendant possible un tel travail sur une vingtaine de plates-formes dans le cadre du projet CAT4SMR (Capture and Analysis Tools for Social Media Research).

    C’était avant octobre 2022 et le rachat du petit oiseau bleu par Elon Musk. Nikos Smyrnaios a arrêté toute étude de X en raison du manque d’accès aux données de la plate-forme. Alors que Twitter fut longtemps un terrain d’enquête privilégié pour la recherche, en raison du caractère public de ses données et de son utilisation par de nombreux acteurs politiques et médiatiques, le professeur dissuade désormais ses étudiants de l’étudier de manière quantitative. « En tant que directeur de thèse, je ne vais pas encourager un étudiant à travailler sur un sujet qui demanderait une approche quantitative, parce que ce ne sera pas possible », explique-t-il.

    Pour Bernhard Rieder, la réalisation d’enquêtes quantitatives sur X est toujours faisable et digne d’intérêt, malgré une baisse de son nombre d’utilisateurs quotidiens de 16 % en un an (chiffre du cabinet américain Sensor Tower de septembre). Il admet néanmoins que le changement de modalité d’accès à l’API complique l’étude de X et a sabordé une partie de son travail. Les logiciels qu’il a conçus ne sont plus utilisables par la communauté scientifique gratuitement.

    Lors de l’annonce de la fin de la gratuité de l’API, les chercheurs et les doctorants ont récolté en urgence la totalité des données dont ils avaient besoin. Mais certains projets ont dû être abandonnés. Un étudiant de M. Rieder, auteur d’un mémoire sur le fonctionnement de l’API de X, a ainsi dû renoncer à la rédaction d’un article sur le sujet, car ses résultats étaient rendus caducs.

    Fiabilité incertaine des données
    Concrètement, pour réaliser un projet de recherche sur des contenus de ce réseau social, cela revient à 5 000 dollars par mois (4 600 euros), selon M. Rieder. De plus, les chercheurs sont désormais limités à un million de tweets, contre plusieurs millions auparavant.

    Mais le coût n’est pas le seul frein. X n’est pas Twitter. Certes, cette plate-forme n’a pas attendu l’arrivée d’Elon Musk pour être un lieu de propagation de contenus haineux et de « fake news ». Mais la modération des contenus, déjà insuffisante, s’est détériorée en raison du licenciement d’une partie des salariés chargés de la lutte contre la désinformation, la haine en ligne ou le harcèlement.

    L’intervention accrue d’Elon Musk et de ses équipes sur la visibilité des contenus rend la fiabilité des données incertaine et interroge sur la pertinence de les étudier, selon M. Smyrnaios. Ce n’est plus tant la popularité d’un post et l’engagement qu’il suscite qui assurent la mise en avant d’un contenu que la possession d’un compte Twitter Blue (une certification qui ne certifie que le fait d’avoir payé pour l’obtenir), ou les choix arbitraires d’Elon Musk. « Aujourd’hui, ces effets algorithmiques sont tellement forts qu’on ne mesure pas des processus sociaux, mais les décisions du patron », résume le professeur de Toulouse. L’instabilité de la plate-forme depuis l’arrivée d’Elon Musk lui fait aussi craindre une modification des conditions d’accès aux données dans le temps, et ce malgré le paiement de l’API.

    Certains chercheurs font le choix de migrer sur d’autres plates-formes dont l’API est gratuite, comme TikTok, Instagram, YouTube. Mais les techniques d’analyse lexicométrique sont inadaptées à l’analyse quantitative de ces réseaux sociaux privilégiant le son et l’image. Il faut donc développer de nouveaux logiciels et expérimenter de nouvelles méthodes de recherche, telles que la retranscription automatique du son des vidéos et l’analyse des récurrences des images grâce à des logiciels d’intelligence artificielle.

    D’autres chercheurs choisissent d’examiner des corpus de tweets déjà archivés. Et certains au profil plus « tech », comme M. Rieder, s’attellent à trouver la faille pour collecter gratuitement des données quantitatives. Ils recourent à des logiciels d’extraction de données (scraping) sans passer par l’interface technique de la plate-forme, ne créent pas de profil utilisateur… et ne souscrivent donc pas aux règles d’utilisation de la plate-forme.

    La situation pourrait néanmoins évoluer, espèrent certains. De fait, le Digital Services Act européen, entré en vigueur en août, visant à réguler les activités des grandes plates-formes et des moteurs de recherche, prévoit que les chercheurs agréés doivent pouvoir accéder #librement à leurs #données.

    Marie Tomaszewski

  • « Le plus dur est de les voir pleurer » : comment les bénévoles des Restos du Coeur apprennent à dire non aux bénéficiaires
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/le-plus-dur-est-de-les-voir-pleurer-comment-les-benevol

    L’hiver approche. Et à Clermont-Ferrand, comme ailleurs, les Restos du Coeur sont contraints de refuser pour la première fois des bénéficiaires. Une angoisse du quotidien pour les bénévoles qui doivent annoncer la mauvaise nouvelle aux personnes précaires.

    Dans le centre de distribution des Restos du Cœur situé au cœur de Clermont-Ferrand, la queue s’allonge. À l’intérieur, dans la salle d’attente, Rima, ticket numéroté à la main, tape du pied. Elle attend son tour pour pouvoir s’inscrire pour la campagne d’hiver. Elle semble stressée : “J’espère qu’on pourra m’accepter. J’ai entendu dire qu’ils refusaient des gens en ce moment”. Son tour arrive. Catherine, bénévole, l’accueille dans son bureau. Rima dévoile ses comptes : son allocation d’adulte handicapé, le nombre d’enfants, le montant du loyer, ses dépenses en électricité, … Tout y passe. Après calcul, le logiciel est formel : le barème a été dépassé. Catherine murmure, bien embêtée : “Je suis désolée. Ça ne va pas être possible. Au niveau de nos barèmes, vous êtes un peu au-dessus. Je suis désolée. On ne va pas pouvoir vous accorder l’aide alimentaire”. Rima se mure dans le silence. Elle semble dépitée par la nouvelle. La bénévole tente de la rassurer : “Mais, vous aurez quand même droit à d’autres aides des #Restos_du_Coeur. Je vais vous donner une carte hors alimentaire. C’est-à-dire que si vous avez besoin de vêtements ou de services autres que l’alimentaire, vous pourrez toujours en bénéficier”. La femme repart avec son chariot - qu’elle comptait remplir - vide. 

    Une formation pour être prêt à dire “non”

    Pour la première fois, en plus de 30 ans d’existence, l’association d’aide aux plus précaires, créée par Coluche, doit limiter le nombre de bénéficiaires pour la campagne d’hiver 2023.

    une fable apologétique. en fait, depuis les années 90, il faut satisfaire à des « critères sociaux » pour être « bénéficiaire ». c’est ces critères qui sont durcis actuellement en raison de l’augmentation des demandes et faute de ressources.

    #barème (modifié) #pauvres #pauvreté #alimentation

  • En Ile-de-France, un rapport dénonce des violences policières quasi systématiques sur les migrants lors des évacuations - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53429/en-iledefrance-un-rapport-denonce-des-violences-policieres-quasi-syste

    Actualités
    L’évacuation du campement de Saint-Denis, où dormaient près de 200 migrants, le 22 juillet 2021. Crédit : @enfants_afghan
    En Ile-de-France, un rapport dénonce des violences policières quasi systématiques sur les migrants lors des évacuations
    Par Louis Chahuneau Publié le : 24/11/2023
    Dans un rapport publié jeudi, le collectif inter-associatifs « Accès au droit » documente la récurrence des violences verbales et physiques commises à l’encontre des migrants lors des démantèlements de campements informels par les forces de l’ordre, en Île-de-France. Une stratégie qui viserait à décourager définitivement les exilés de s’installer dans la rue, à l’approche des Jeux olympiques 2024.
    Des évacuations de campements toujours plus violentes. C’est le constat qui ressort du rapport publié jeudi 23 novembre par le collectif inter-associatif Accès au droit (CAD) sur les violences « policières et institutionnelles » à l’encontre des migrants, à Paris et sa région.Créé en 2023, ce collectif, qui rassemble des bénévoles d’associations, des juristes et chercheurs spécialisés, a documenté les violences verbales ou physiques associées aux évacuations de campements de migrants en Île-de-France depuis 2015. Selon ses travaux sur les principaux lieux de vie informels parisiens, le constat est sans appel : sur les 93 exilés interrogés, 81% déclarent avoir été victimes de violences policières, à plusieurs reprises dans 66% des cas.
    Le collectif a recensé 448 témoignages de violences policières en huit ans, dont 88 % résultent de « situations d’évictions, de dispersions dans l’espace public ». Un tiers des témoignages (30 %) rassemblés concernent des violences physiques, du simple coup de pied au passage à tabac, et un autre tiers (33 %) des confiscations ou destructions de biens. Cela va du « coup de pied » ou « de matraque » à un exilé prié de rassembler ses affaires plus vite, jusqu’à de rares cas de « passages à tabac bien documentés », indique à l’AFP un responsable de l’observatoire, requérant l’anonymat en raison de ses fonctions dans une institution publique.
    Le rapport précise que « l’immense majorité de ces violences s’est déroulée dans le nord-est de Paris, dans le 18, 19, 20e arrondissement et les communes limitrophes du 93 ». Ces violences restent « très largement sous-documentées car elles se produisent dans des lieux isolés, à des heures ’invisibles’, rendant difficile le recueil de preuves pour envisager d’entreprendre un recours. »
    Par ailleurs, les exilés vont rarement porter plainte après avoir été victimes de violences, « considérant tout recours inutile notamment à cause d’un faible niveau de confiance envers les forces de l’ordre ».
    « Cette violence policière constitue une troisième violence après celle du départ et du parcours migratoire » Les membres du projet ont décidé de lancer ce travail de documentation après l’évacuation violente du campement informel place de la République (10e arrondissement de Paris) où dormaient près de 500 migrants, en grande majorité afghans, le 24 novembre 2020. (...) Face à la violence des images, et au tollé politique, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait même évoqué des « faits inacceptables » et annoncé l’ouverture de deux enquêtes pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». De son côté, le président de la République Emmanuel Macron avait promis « des sanctions » à l’encontre des policiers fautifs. Mais d’après le collectif Accès au droit, les violences policières sur les campements de migrants n’ont fait que s’amplifier depuis cet épisode. « Cette violence policière constitue une troisième violence après celle du départ et du parcours migratoire », rappelle le collectif qui estime que l’imminence des Jeux olympiques 2024 (26 juillet-11 août 2024) motive les autorités à repousser les migrants hors de Paris pour faire place nette.
    Début mars, une vidéo rendue publique par l’association Utopia 56, membre du collectif, montre un CRS diffuser plusieurs jets de gaz lacrymogène sur un matelas dans un campement de fortune sous le métro aérien. L’affaire avait provoqué l’ouverture d’une enquête administrative des CRS et fait l’objet d’un signalement à l’IGPN.
    « Si le système est pensé pour disperser, il est très efficace »
    Depuis le début de l’année 2023, la préfecture d’Île-de-France a procédé à 33 opérations de « mises à l’abri », selon l’AFP. « On constate qu’il y a quasiment une ’mise à l’abri’ par semaine, explique Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde et bénévole du CAD, joint par InfoMigrants. Il y a trois SAS régionaux qui libèrent 50 places par semaine, donc la cadence des évacuations augmente. Dès qu’un campement atteint 100 ou 200 personnes, on le démantèle. »
    Sur les huit dernières années, le CAD estime que la préfecture d’Île-de-France a procédé à 369 opérations d’évacuation de campement impliquant 80 000 migrants. Une cadence infernale qui n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des exilés : « Il peut y avoir un épuisement psychique énorme, un sentiment d’insécurité constant parce qu’ils sont toujours en état d’alerte. Concrètement, cela provoque des insomnies, des cauchemars, et un comportement d’évitement vis-à-vis des forces de police », témoigne à InfoMigrants Leticia Bertuzzi, psychologue et coordinatrice santé mentale chez Médecins sans frontières (MSF).Ces dernières années, lorsqu’un campement était démantelé, les migrants éligibles à un hébergement provisoire (comme les demandeurs d’asile) étaient mis à l’abri en région parisienne, tandis que les autres étaient contraints de reformer un plus petit campement ailleurs. Mais la donne a changé depuis la création des SAS régionaux en 2023 : « Si le système est pensé pour disperser il est très efficace, s’il est pensé pour loger et accueillir dans de bonnes conditions, il fonctionne mal », résume Paul Alauzy. Sollicités par InfoMigrants au sujet du rapport, la préfecture d’Île-de-France et le ministère de l’Intérieur n’ont, pour l’instant, pas répondu à nos sollicitations.

    #Covid-19#migrant#migration#france#paris#jeuxolympiques#evacuation#sante#santementale#campement#demandeurdasile#violencepoliciere#violenceinstitutionnelle#police

  • Fraude dans les transports : les contrôleurs pourront consulter les fichiers du fisc
    https://www.leparisien.fr/economie/fraude-dans-les-transports-les-controleurs-pourront-consulter-les-fichier

    C’est un petit amendement du projet de loi de finances (PLF) 2024 mais un grand pas pour la lutte contre la fraude dans les transports en commun. Adopté par 49.3, il y a quinze jours, par l’Assemblée nationale, le texte autorise l’administration fiscale à communiquer en temps réel des informations sur les fraudeurs aux contrôleurs des transports en commun.

    #un_grand_pas

    • Questions bêtes (j’ignore si c’est dans l’article, dont la fin est sous paywall) :
      – la CNIL a-t-elle été consultée ?
      – est-ce que ça va passer devant le Conseil constitutionnel ?

      Il me semble qu’au minimum, l’accès à un tel fichier demanderait une vague notion de proportionnalité. Là, j’ai l’impression qu’on passe un peu rapidement de « j’ai pas payé les 2€ du ticket de métro » à « vite invoquons les mannes de l’anti-terrorisme ».

    • c’est pas le terrorisme, c’est la délinquance, intolérable phénomène anti-social

      une photo d’un gang qui contrôle les voyageurs dans les sous-sols de la gare du Nord illustre l’article

      C’est un petit amendement du projet de loi de finances (PLF) 2024 mais un grand pas pour la lutte contre la #fraude dans les #transports_en_commun. Adopté par 49.3, il y a quinze jours, par l’Assemblée nationale, le texte autorise l’administration fiscale à communiquer en temps réel des informations sur les #fraudeurs aux #contrôleurs des transports en commun.
      En clair, les agents de la #SNCF, de la #RATP et de l’ensemble des transports urbains pourront interroger la Direction générale des finances publiques (#DGFiP) pour s’assurer que la personne qui est contrôlée sans titre de transport communique bien sa bonne adresse pour recevoir son amende. « Il faut savoir que la DGFiP est une des administrations de l’État qui a une vision la plus actualisée sur l’identité et l’adresse des Français, justifie-t-on au cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Cet amendement permet donc à l’instance de mettre à disposition des transporteurs les données d’adressage des personnes qui sont contrôlées ». Autrement dit le nom, le prénom, la date de naissance et l’adresse de la personne contrôlée. « Rien de plus, assure Bercy. Il n’y aura aucune donnée fiscale de transmise ». [ah zut ! je croyais ki s’agissait d’annuler les amendes des non imposables et de moduler les tarifs selon le revenu et le patrimoine ndc]

      Une perte de 600 à 700 millions d’euros par an

      Une évolution attendue depuis très longtemps… Sept ans exactement et l’adoption le 22 mars 2016 de la loi Savary, relative à « la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs ». En son article 18, le texte du nom de l’ancien député socialiste de Gironde Gilles Savary, prévoyait d’améliorer le #recouvrement des #amendes.
      Il faut dire que la fraude dans les #transports_publics coûte cher à la collectivité. Selon les chiffres de l’Union des transports publics (UTP) qui rassemble les entreprises du secteur, les passagers qui ne payent pas leur ticket représentent une perte de 600 à 700 millions d’euros par an. La moitié pour la seule SNCF et le reste à parts égales entre la RATP et le réseau de transports urbains de province. Et parmi ceux qui se font verbaliser, l’UTP estime qu’ils sont – dans une fourchette large – de 15 à 50 %, à ne jamais payer l’amende parce que l’adresse où elle est envoyée n’est pas la bonne.

      La proposition de loi ouvrait la possibilité de créer une plate-forme où les transporteurs accéderaient à certains #fichiers de l’administration pour vérifier les adresses des fraudeurs. Parmi les bases de données évoquées à l’époque, le fichier des comptes bancaires et assimilés qui est placé sous la responsabilité de la DGFiP ou encore le répertoire national commun de la protection sociale, qui centralise les données des #allocataires des différents organismes de protection sociale, sous la houlette de la Direction de la sécurité sociale.
      Une plate-forme qui n’a finalement jamais vu le jour. Car si l’idée a obtenu l’aval de la #Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), moyennant quelques aménagements, le #Conseil_d’État a complexifié sa mise en place. Alors que l’UTP était prête à lancer ce dispositif – nom de code VACS pour vérifications des adresses des contrevenants – sur lequel elle a déboursé plus d’un million d’euros, la plus haute juridiction administrative a estimé que la loi n’autorisait pas de sous-traiter sa mise en place. « En clair, nous devions le créer et le gérer nous-mêmes, précise l’UTP. Ce qui est impossible ».

      Pas avant deux ans

      L’idée a été alors de confier cette mission à l’Agence nationale des traitements automatisés des infractions sous tutelle du ministère de l’Intérieur. « Sauf que Beauvau n’a jamais fait avancer le dossier, s’agace une source bien informée. Heureusement que Bercy a repris le sujet. ». Pour quelle raison ? « Comme Bruno Le Maire ne veut pas entendre parler d’augmentation du versement mobilité (versé par toutes les entreprises de plus de onze salariés pour financer les transports), il propose d’autres rentrées d’argent pour les transporteurs », veut croire la même source.
      En tout cas, le ministre de l’Économie avait placé ce sujet comme prioritaire le 24 août lors de son discours de rentrée en Haute-Savoie : « Tous les #délinquants doivent être poursuivis et frappés au portefeuille quand ils ne payent pas leurs amendes, avait-il exhorté. Nous allons donc réorganiser la chaîne de traitement des amendes, favoriser le traitement des amendes le plus tôt possible, fiabiliser les informations qui remontent à la Direction générale des finances publiques pour que la DGFiP puisse sanctionner sans délais les défauts de paiement des amendes de tous les citoyens français, dans tous les points du territoire, à tous moments ». Cet amendement constitue donc la première brique. « Mais d’autres suivront », assure Bercy. À l’époque, grâce à la VACS, l’UTP ambitionnait un taux de recouvrement de 50 %.
      Mais avant de voir des contrôleurs vérifier votre adresse à partir des données du fisc, « il faudra encore attendre deux ans, évalue le cabinet du ministre de l’Économie. Créer un canal informatique entre la DGFiP et les transporteurs est un chantier qui prend du temps ». Beaucoup moins, espère toutefois l’UTP. « Nous avons déjà beaucoup travaillé le sujet, confie Béatrice Simard, qui pilote VACS. Nous sommes en train de réaliser un audit sur ce qu’il faut faire évoluer. Depuis 2019, le langage informatique a changé et les enjeux de cybersécurité sont plus importants ».

      la CNIl « aménagera ». et si ce n’est pas fait en #sous_traitance (une exception désormais dans la sphère publique), le Conseil d’État avalisera.
      comme on sait, ne pas se déclarer au trésor public interdit l’accès à divers droits. souvent vu des cas où il fallait déclarer les 3 ans écoulés, par exemple pour avoir droit à un revenu minimal.

      #guerre_aux_pauvres #contrôle_social #surveillance

    • #croisement_des_fichiers #fichage_généralisé #pétain_en_revait

      ce ne se fera donc pas sous tutelle du ministère des transports mais de l’intérieur (qui s’occupe aussi depuis longtemps de gérer la non-libre circulation sur le territoire)

      Comme Bruno Le Maire ne veut pas entendre parler d’augmentation du versement mobilité (versé par toutes les entreprises de plus de onze salariés pour financer les transports), il propose d’autres rentrées d’argent pour les transporteurs

    • ça passerait pas par le ministère de l’intérieur mais par une liaison des société de transports avec les fichiers du ministère des finances (trésor public). l’adage "follow the money" vient de la lutte anti mafia (Al Capone, tout ça). le voilà appliqué à des millions d’usagers des transports collectifs, dont on peut par ailleurs présumer qu’ils ne sont pas doués en fraude fiscale.

      #délinquance

  • L’ignoble (et très lucratif) commerce des #passeurs
    (#infographie publiée en 2015, que je mets ici pour archiver)

    Chaque année, ils sont des milliers à fuir leur pays dans l’espoir de rejoindre des contrées plus clémentes en Afrique du Nord ou en Europe. Venus de la Corne de l’Afrique ou de l’Afrique de l’Ouest, du Nigéria ou de Centrafrique, mais aussi de Syrie depuis le début de la guerre... Ils sont environ 55.000, selon l’Office des Nations unies contre le trafic de drogue et le crime organisé (UNODC). Dans leur fuite, ils financent les #réseaux_des_passeurs. Ces #criminels leur font miroiter un voyage sans encombre, parfois des papiers, voire un travail en Europe. Ce #trafic génère un revenu de quelque 150 millions de dollars par an. Pour ces criminels - en témoigne une vidéo fournie par la police italienne il y a quelques jours -, les migrants ne sont qu’une #marchandise rémunératrice. Tout ce qui peut être source de revenus dans le voyage de ces personnes désespérées est exploité.

    https://www.nouvelobs.com/galeries-photos/monde/20150424.OBS7870/infographie-l-ignoble-et-tres-lucratif-commerce-des-passeurs.html

    voir aussi :
    https://www.seneweb.com/news/Immigration/infographie-l-ignoble-et-tres-lucratif-c_n_153451.html

    #visualisation #cartographie #flèches #business #exploitation

    ... mais qui sont les VRAIS responsables, soit celleux qui mettent en place le #régime_migratoire que l’on connaît aujourd’hui ??? Aucune trace de cette lecture politique dans l’article (ni dans la visualisation)

    ping @reka

  • Le crime paie

    Oil and gas giants to cash in on climate crisis they helped cause: Melting ice exposes new petroleum reservoirs in the Arctic worth $7TRILLION - in what is being dubbed a ’modern day gold rush’ | Daily Mail Online
    https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-12784315/Oil-gas-giants-cash-climate-crisis-helped-cause-Melting-ice-exposes-new

  • Message adressé aux #agents_publics sur la #réforme des #retraites : la CNIL rappelle à l’ordre deux ministères | CNIL
    https://www.cnil.fr/fr/message-adresse-aux-agents-publics-sur-la-reforme-des-retraites-la-cnil-rappell

    Le contexte

    Le 26 janvier 2023, un courriel dont l’objet était « #Réforme_des_retraites : Message de Stanislas Guerini aux agents de la #Fonction_publique » a été envoyé à 2 346 303 agents publics actifs. Le courriel renvoyait vers une vidéo dont le titre était identique à l’objet du courriel, et vers un document de présentation intitulé « Pour nos retraites : un projet de justice, d’équilibre et de progrès ». La vidéo contenait un message filmé du ministre de la Transformation et de la Fonction publiques aux agents publics, leur exposant et justifiant la réforme des retraites, alors en cours d’adoption.

    À la suite de cet envoi, la CNIL a été saisie de près de 1 600 plaintes à ce sujet. La formation restreinte – organe de la CNIL chargé de prononcer les sanctions – a été saisie.

  • Le climat, la gauche et l’histoire | #Jean-Baptiste_Fressoz
    https://legrandcontinent.eu/fr/2023/11/03/le-climat-la-gauche-et-lhistoire

    Plusieurs auteurs, cités par Paul Magnette ont cru discerner dans l’histoire de l’énergie le capitalisme dans ses basses œuvres : la machine à vapeur aurait simplement servi à échapper à la contrainte de localisation et à exploiter une main d’oeuvre urbaine et abondante (Andreas Malm) ; le pétrole aurait eu pour effet, voire fonction, de contourner les mineurs et leurs syndicats grâce à sa fluidité (Timothy Mitchell). Ces récits séduisants ne résistent pas à l’analyse : le charbon sert surtout à produire de la chaleur. En Angleterre son extraction commence quand le prix du bois de feu augmente, tirée par la croissance urbaine — la machine à vapeur est davantage un symbole que la cause de l’Anthropocène. Quant au pétrole, il ne contourne pas les mineurs, tout simplement parce qu’il ne remplace pas le charbon ; il sert avant tout à faire avancer des voitures qui pour leur fabrication consomment énormément de charbon ; en outre, la baisse du nombre des mineurs n’est pas causée par le pétrole mais par le progrès technologique dans les mines. L’attrait de l’histoire « politique » de l’énergie qui est aussi son défaut, est qu’elle tend à présenter le changement climatique comme l’effet secondaire d’une entreprise de domination capitaliste. Cette historiographie, apparemment radicale mais rassurante pour la gauche anti-capitaliste, sous-estime l’énormité du défi climatique : sortir du carbone sera autrement plus difficile que sortir du capitalisme, une condition tout aussi nécessaire qu’insuffisante.

    [...]

    Le réchauffement est un phénomène historique, mais comme il fait la somme de l’ensemble de l’agir humain sur la planète il échappe largement à l’histoire. S’il est assez facile pour un historien d’expliquer le réchauffement, identifier ce qui pourrait l’arrêter dépasse l’imagination historique.

    Face au titan climatique, les sciences sociales proposent souvent des « solutions » sans avoir jaugé la profondeur du problème. Les verrous techniques sont écartés, laissés à l’expertise du groupe III du GIEC. On fait comme si la décarbonation était un simple problème d’investissements, un problème d’ingénierie sociale, un problème de volonté politique. [...]

    Dans les années 1990-2000, beaucoup d’énergie a été dépensée pour débattre des avantages respectifs de la taxe carbone ou des droits à polluer, alors qu’il aurait fallu expliquer qu’on ne saurait décarboner l’acier, le ciment, l’aviation etc. et donc convenir des moyens démocratiques et équitables d’en réduire drastiquement la consommation. Il en découlerait une redéfinition du débat climatique centré sur la répartition juste et efficace des biens matériels à l’échelle mondiale : la grande question de la gauche depuis son origine et le trait d’union qui relie le socialisme à l’éco-socialisme.

    • Contrairement à l’expression de « crise environnementale » qui sous-entendait une épreuve brève dont l’issue serait imminente, l’Anthropocène désigne un point de non-retour. Ce que nous vivons n’est pas une simple crise mais une bifurcation à l’échelle de l’histoire géologique de la Terre. Le développement économique des derniers siècles modifiera l’environnement de ceux à avenir. Nous ne nous sortirons pas de l’Anthropocène et nous ne connaîtrons plus les climats de l’Holocène. Ce qui a été moins compris — et la faute en revient à une vision aberrante de l’histoire matérielle — est que cette irréversibilité s’appliquait presque autant à l’anthropos qu’à la planète. L’Anthropocène désigne une double irréversibilité, une double accumulation, un cumul de cumuls : non seulement les flux de matière s’empilent dans les différents compartiments du système-terre, mais les flux matériels anthropogéniques suivent eux-aussi une logique additive.

      Toute discussion sérieuse sur les questions environnementales devrait partir du constat historique quelque peu inquiétant que les innovations technologiques n’ont, jusqu’à présent, jamais fait disparaître un flux de consommation matérielle. Au cours du XXe siècle, dans le monde, l’éventail des matières premières s’est élargi et chacune a été consommée en quantité croissante [3]. Les processus de substitution technologiques ont donc pour l’instant toujours été compensés par l’élargissement des marchés, par les effets rebonds et par les réorientations d’usage.

      [3] Sur les soixante-dix matières premières principales, Christopher L. Magee et Tessaleno C. Devezas ne recensent que six qui ont décru depuis 1960 : l’amiante, le mercure, le beryllium, le tellurium, le thallium et la laine de mouton, auxquels on pourrait ajouter l’huile de baleine.

  • La #police_nationale utilise illégalement un #logiciel #israélien de #reconnaissance_faciale
    https://disclose.ngo/fr/article/la-police-nationale-utilise-illegalement-un-logiciel-israelien-de-reconnai

    En 2015, les forces de l’ordre ont acquis, en secret, un logiciel d’analyse d’images de vidéosurveillance de la #société_israélienne #Briefcam. Depuis huit ans, le ministère de l’intérieur dissimule le recours à cet outil qui permet l’emploi de la #reconnaissance faciale.

    C’est devenu une habitude. Ce mardi 14 novembre, comme ce fut le cas lors de l’édition précédente, Gérald Darmanin inaugure le salon #Milipol, au parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Consacré à la #sécurité intérieure des États, ce salon est une vitrine mondiale pour des entreprises souvent inconnues du grand public. C’est le cas de Briefcam, une société israélienne spécialisée dans le développement de logiciels destinés à la #vidéosurveillance #algorithmique (VSA). Grâce à l’#intelligence_artificielle, cette technologie permet d’analyser des images captées par des caméras ou des drones et de détecter des situations jugées « anormales ».

    Jusqu’en mai dernier, la VSA ne pouvait être utilisée par la police nationale que dans de très rares cas. Mais à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, le gouvernement est parvenu à faire adopter une loi au parlement qui autorise son expérimentation par la police nationale à une large échelle et ce, jusqu’au 31 mars 2025. Face aux risques d’atteinte à la vie privée, les député·es ont néanmoins interdit le recours à la reconnaissance faciale, qui permet d’identifier une personne sur des images à partir des traits du visage. Un outil #ultra-intrusif que certains logiciels commercialisés par Briefcam permettent d’activer en quelques clics. Et que les services de Gérald Darmanin connaissent bien.

  • #StreetPress - Plateforme d’enquête participative sur l’#extrême_droite en France
    https://riposte-extremedroite.streetpress.com/comment

    Comment participer ?

    Nous avons créé cette plateforme d’enquête participative. Vous serez nos yeux et nos oreilles partout en France. Vous avez été victime de l’extrême droite ou vous avez repéré un groupe militant actif prêt de chez vous ?

    Vous pouvez signaler ici la présence, les actions et les méfaits des groupuscules ou militants d’extrême droite. Nous indiquer le nom qu’ils se donnent, les événements qu’ils organisent et nous partager leur lieux de rendez-vous. Chaque détail compte. Un article dans la presse locale qui aurait échappé à notre vigilance, même un simple tag ou un autocollant sur un lampadaire, peut nous permettre d’identifier un groupe et peut être le point de départ d’une enquête. Et si vous disposez d’images, de documents ou d’informations sensibles, vous pouvez nous les transmettre de manière confidentielle et sécurisée.

    Ces informations seront ensuite vérifiées, croisées et complétées par les journalistes spécialistes de l’extrême droite de StreetPress. Dans les prochaines semaines et mois, nous publierons grâce à ces infos :

    ► Une cartographie documentée de l’extrême droite en France.
    ► Des dizaines d’enquêtes sur ces groupes, leurs soutiens, leurs réseaux et leurs sources de financements.
    ► Des enquêtes en vidéo.
    ► Nous enrichirons Faf, notre newsletter dédiée à l’extrême droite que nous publions depuis deux ans déjà.

    À l’issue de notre enquête, ce travail sera mis à la disposition de tous, gratuitement.

  • Mangez les riches, ou la lutte des classes dans l’assiette et l’#alimentation
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/he-les-pauvres-vous-pouvez-pas-apprendre-a-preparer-un-curry-vege-au-lieu-de-vo

    N. B. : La présomption d’incompétence des pauvres est omniprésente : ils sont accusés de ne pas savoir gérer leur budget et d’être dépourvus de connaissances diététiques. Émerge alors la notion de « bon pauvre » : celui qui ne fume pas, fait du jogging autour de sa barre d’immeuble, ne s’achète pas d’écran plat avec son allocation de rentrée scolaire, et mange des carottes et du thon en conserve. L’idée implicitement colportée, c’est que nous ferions mieux qu’eux : regarder le prix au kilo, acheter en gros etc. Cela est particulièrement visible depuis l’inflation, qui conduit la classe politique à venir « richesplainer » (ndlr : donner une explication avec condescendance à une personne pauvre) en plateau comment aider les gens à acheter, à manger. Rares sont ceux à défendre la revalorisation des salaires et des prestations sociales ; la plupart des politiques plébiscitent les chèques alimentaires (à l’instar des fameux food stamps américains) permettant de se procurer uniquement de la nourriture. Aux États-Unis, le mépris de classe va encore plus loin. En 2015, le sénateur américain républicain Arthur Delaney s’offusquait de voir des pauvres « se payer des filets de bœuf et des pattes de crabe », et suggérait d’exclure cookies, chips, jus de fruits, sodas, steaks, coquillages et crustacés de l’éligibilité aux coupons. En plus d’être punitive, cette ambition propage plusieurs idées : la nourriture ne serait que fonctionnelle, une somme de nutriments absorbés, et non un rituel culturel, gourmand et traditionnel ; tout le monde devrait manger la même chose et s’astreindre à la même ambition morale de se nourrir sainement.

    • La notion même de #peur dans cette situation est assez cocasse.
      Mais, je le constate avec ma mère de 90 ans, il semble assez difficile de dissocier l’état actuel (vivant) de l’état futur (mort).
      Pour moi l’état de mort de l’individu ne signifie pas la fin de la vie, au contraire les micro organismes continuent de vivre dans le corps du mort (bien avant les « petits vers ») et le cycle du vivant se poursuit ainsi.
      Sauf si la #crémation vient l’interrompre.

  • #Composthumain : « Nous avons peur d’être mangés par des petits vers »
    https://reporterre.net/Compost-humain-Nous-avons-peur-d-etre-manges-par-des-petits-vers

    #Compost humain : « Nous avons peur d’être mangés par des petits vers »
    Compost humain :Nous avons peur d’être mangés par des petits vers

    #Terramation, #aquamation... Il est possible de faire des #funérailles non polluantes. En France, des freins culturels et économiques persistent pourtant, analyse Martin Julier-Costes, spécialiste de ces questions.

    Martin Julier-Costes est socio-anthropologue, spécialiste de la #mort et des rites funéraires, et chercheur associé au laboratoire de #sciences_sociales Pacte, à l’université Grenoble Alpes.