bituur esztreym

ent · errant, dispersé · ποιειν · tas de compost · v’lan = koan · zendefondº · prplXprpgnd · la seule manière d’aimer ce monde c’est de le laisser se bousiller · :· sez&works LAL1.3

  • ligne de verre  _

    une ligne de verre révèle la légère
    diagonale des fers forgés reflétés
    dans le miroir une fois passée la ligne
    à supposer que la verticale existe
    les dos présents s’inclinent plein d’insouciance
    nul n’a remarqué ni passé la ligne
    reflets aussi de fleurs noires et de vouivres
    la fenêtre au-dessus du mur est entrouverte
    à l’espagnolette ciel vide d’hirondelles
    depuis trop de jours qu’on s’en étonne encore
    les formes passent le long des murs et des toiles
    la ligne reste avec sa sœur ligne de verre
    deux lignes de verre unissant trois panneaux
    la deuxième moins visible ornée d’une feuille


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • saisit saisies  _

    jours la foule confond son nez et sa bouche
    soudain tous des La Tourette autour du pot
    dans certains coins comme entre Sarthe et Beauce
    les jeunes se pendent dans la grange les vieux
    se jettent dans le puits les généralistes
    sont épuisés lourdement certains craquent
    puis ça passe comme la fameuse danse
    qui saisit Strasbourg un temps au temps d’Érasme
    la plupart du temps maintenant c’est entre l’œil
    et le doigt que ça déraille louches fiches
    sont saisies sur chacun par des machines
    la folie se dessine en cartes mentales
    fini la mosaïque des sentiments
    tout est mal géré au rythme des algos


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • nuit étant égale  _

    toutes choses étant égales par ailleurs
    ceux qui vivent effarés sont souvent l’objouet
    d’amitiés térébrantes dénichées là
    seulement où savent d’instinct les trouver
    une autre nuit tourne plane à leur encontre
    intransigeante bonne encontre cruelle
    mais la nuit - ils savent qu’on n’est jamais seul
    toujours abandonné toujours menacé
    en dernière instance la ténèbre amie
    la même les efface ténèbre en fumée
    furieuse les envoie parler tout seuls
    et la fin les taraude leur faisant accroire
    ils ne savent plus rien de ce qu’ils ont toujours
    su ne pas savoir nuits égales par ailleurs


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • cinq ans’viron  _

    à partir de cinq ans’viron c’est foutu
    le seuil de la destruction précontrainte est
    franchi lentement lentement déréliction
    prend la main les numéros se mélangent
    la vie est une longue suite d’humiliations
    disait levant la tête une vieille sage
    ignorée je l’ai connue elle levait les
    mains exclamant au ciel comme personne
    rentrait dans le chou de la réalité
    avec un élan qui figeait de pertinence
    pour quelqu’un de plus de cinq ans ça foutait
    les gens en place ça flanquait le déni
    en jachère les humains ce tas d’humus
    trop orgueilleux pour goûter soleil et nuit


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • cata barda bercée  _

    les gaules sont pliées les fleuves s’assèchent
    jaloux des petits rus bien plus tôt taris
    passe une moraine infirme en veste orange
    décolorée par le soleil tombera
    inerte au fond d’une vallée arasée
    la catastrophe c’est un mot contenant
    le langage la catastrophe démissionne
    tous en position fœtale sous son barda
    et quelques mètres de poussière et cendre
    certains la tête bercée offrande rituelle
    de petits tas jaunes de monnaie de singe
    la gâterie c’est quand même l’air des chambres
    s’est enflammé sur le coupable choisi
    on rencontre parfois des réchappés


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • examine quand  _

    observe impassible le fourmillement
    déplace prudent les membres inférieurs
    déplie carcasse en examine l’effet
    mâchera plus tard un caillou ou brindille
    guettant si pie ou geai a le dernier mot
    qui coupe la plume en quatre le plus vite
    flèches ébarbées n’atteindront pas leur but
    assis devant sa porte un vieillard regarde
    traverse la foule éberluée sans mot dire
    l’interlocuteur vient lui serrer la main
    s’asseoit un long moment passe puis se lève
    autour de leurs pieds cocasses remuements
    rue en rue s’étendent sans logique visible
    quand c’est un bézot qui meurt ça crie plus fort


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • la nuit s’ils  _

    la morale et l’architecture ne servent à
    rien rien « la durée personnelle, une suite
    de saisons » rien tôt disparu qu’établi
    fuyante durée que chacun croit durer
    une baguette de pain comme étalon
    de leurs plus longs moments de conscience possible
    point atteint où un pas dans les renoncules
    les envoie perdus ras sous les pissenlits
    le moindre mot les assomme la moindre pierre
    plus ou moins piètres eurent bâtis des cités
    qui moururent avec eux sommeil de siècles
    sous les feuilles existant à peine plus
    que le temps leur demeure la plus durable
    est la nuit s’ils y parviennent avant l’aube


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • rebu relu refaire  _

    le dernier poème avant d’arrêter de
    boire jamais dernier une fois rebu
    poème le dernier hein rebu pas l’arrêt
    de boire suivez un peu c’est fatigant
    reboire l’arrêt mais comment voulez-vous
    ça devrait êt’un nom de cocktail ça : l’arrêt
    une fois non rebu non au rebut relu
    ça étonne on croit écrire en réponse à une
    lecture la relecture vient vous détromper
    après d’avant ce bath épate on est mat
    puis on revoit le jour des couvreurs on relit
    telle section de la longueur de ses cheveux
    on regarde agad’ agad’ toujours encore &
    depuis j’apprends à me refaire le fond de l’œil


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • faix imbécile  _

    un papillon qui s’avère être une plume
    passe au-dessus en voletant bientôt au sol
    l’ombre experte déployait ses artifices
    lente bienveillance de la lumière
    exerçant sur elle ses pouvoirs mêlés
    des milliards de choses fragiles encombrent
    l’air les cœurs sous la lune et aplatissent
    la terre sous leur faix imbécile et mouvant
    tracer une ligne droite devient lutte
    je regarde en riant ceux qui s’y acharnent
    en traînant leurs kilos de plumes en excès
    ils auront fini par ne plus exister
    qu’en passant doucement balloténervés
    fil plume poussière singe-NFT cendre


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • ent en bois, va  _

    j’ai la chance de posséder mon portrait
    en ent ce n’est pas moi qu’on y voit c’est l’ent
    mais c’est moi c’est sur bois je rigole pas
    puisque je suis un ent vingt-cinq et des trente
    fois transporté là ailleurs autant depuis longtemps
    de fois posé là observant l’observance
    d’où des courses extatiques euh ekphrastiques
    puisque je suis un ent pareil que l’compost
    faut que ça dure sur soi pour que ça existe
    c’est labeur tout ce qui traîne à distiller
    ça coince fermente ils bloquent sur une image
    un sentiment un mot tout laisser en plan
    oublier jachère friches machette rouille
    & pas sans traces loin vers mains disparues


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • tous des brutes  _

    tous des brutes naissent puis meurent un jour
    ils naissent bruts vite deviennent des brutes
    struggle for life leur est flanqué dans la tête
    à coups de doubles contraintes chaque jour
    plus nombreuses et attristantes c’est fini
    tôt de l’espoir incorrigible chaque fois
    c’est affligeant certains en pleurent la nuit
    on sait des cas rongement d’ongles au sang
    dès cinq ou sept ans de l’heure du coucher
    jusqu’à cinq ou sept heures du matin nuit
    après nuit les jours se passent on ne sait
    trop comme on sait trop bien que sera la suite
    les rivés à leur trou et les transhumants
    tous des brutes même les rêveurs en sont


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • tous des dieux  _

    tous des dieux dans la grande métropole de fer
    tous des dieux n’y croient plus subissent le few’
    chacun petit dieu se bat avec ses trois fidèles
    de féroces guerres de chapelles éclatent
    chacun théâtre de sa guerre de trente ans
    les vieilles chansons servent de cris d’assaut
    chaque crâne un charnier d’ennemis confits
    de pensées en bataille et d’images mortes
    des tas on ne sait si de verres ou de douilles
    vides jonchent les lieux de circulation
    les conclusions des retex sont stupéfiantes
    il y a plus de fer dans les têtes qu’autour
    c’est quand le blessé se laisse examiner
    les survivants feront leur propre recherche


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • procession d’oiseaux  _

    le petit chat est mort les hirondelles chantent
    pour lui le bitume gardera sa marque
    un temps puis on ne distinguera plus entre
    queue et patte gris blanc sur gris anthracite
    le ciel dans quelques mois goudronnera
    il y a des choses qui durent le ciel
    aime à y revenir puis les nuages passent
    et dessinent des ciels avec des couleurs flamandes
    d’autres petits chats cracheront leur Valda
    il y aura des merles ou des étourneaux
    c’était battant la campagne vers Mâcon
    je vis cette procession d’oiseaux tournants
    loin vers l’Orient j’ai continué mon chemin
    le soir venait la lumière était plus douce


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • le ventilo est en sueur  _

    la prudence est défunte même le ventilo est en sueur
    on est à deux mille bornes au Nord de Lampe-
    medusa les funérailles de poupées
    par contre tout va bien ça se passe bien
    comme toujours sans accrocs on a l’habitude
    la prudence est défunte noyée dans la
    Vallée de la Mort qui a reçu les trois-quarts
    de son eau annuelle en trois heures les recherches
    pour retrouver le corps sont abandonnées
    depuis longtemps des générations d’os
    ont blanchi ici l’endroit est réputé
    ça tape toujours plus fort chaleur convoque
    son collègue chaos on éponge le
    ventilo on va le mettre sous assistance


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • saura encore  _

    les théories de l’urgence dans les rues
    leur murmure sourd le jour plus que la nuit
    leurs bruits durent plus que le jour sous le doigt
    de feu férule de fer qui gouverne nuit
    comme jour et tous les renvoie dos à dos
    tous balancés au bout de fils de marionettes
    peut-être certains voient-ils mieux vers la fin
    s’approchant le jour où les fils casseront
    le doigt qui les guide les déposera
    tous enfin réunis les uns sur les autres
    en vrac par fagots bien liés de mille et cent
    peu échapperont mais ce sera de nuit
    moins encore délivreront leur propre nuit
    un tout petit reste saura de nuit encore


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • de temps en temps  _

    tête engoncée dans la cire d’idées lourdes
    ils s’étonnent de gestes lents et rouillés
    une bougie sèche dans une vitrine
    juchée sur un guéridon lamentable
    à dix kilomètres au Nord la terre est sèche
    les régions près de la mer vont manquer d’eau
    tout étouffe sous un astre et un air trop sec
    les caméras gravent des traces en vain
    personne ne trouvera plus le trésor
    il est bien trop tard et les âmes sont mortes
    les valises roulent seules sur le tarmac
    une atmosphère bâtarde se répand
    sous l’ozone et les gerbes de satellites
    dont retombent vomis des bouts de temps en temps


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • bribes du dit  _

    le bruit de la caravane qui passe
    au coin de la rue ou loin au dessus de nous
    perce à peine les bribes de voix sorties
    de contexte qui s’entrechoquent basilic
    médicament restaurant individu
    lunettes de soleil décidée partir
    elle a de brèves teintes de sud de mer
    et d’abandon à une route imprécise
    les bribes n’invitent guère à deviner
    ni leur dessous ni leur dessus ni leur source
    il semble les humains jouent aux dés de mots
    à seize faces seulement donc ça bloque
    chacun remue dans sa cage lexicale
    ils restent sourds au dit de la caravane


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • foutu col absent  _

    cherche un col pour traverser les éboulis
    quand si peu après passera de vie à mort
    bien résolu à mourir autant qu’à vivre
    pour l’instant constate l’absence de ce
    foutu col tous les reliefs défigurés
    la terre se débarrasse peu à peu
    les singes font rouler leurs monnaies dans la cendre
    sous les lazzis de la poussière jalouse
    mais le règlement intérieur a changé
    le col est fermé allez vous brosser
    plus qu’à décider entre cendre et poussière
    va jeter le symbole dans le premier
    éboulis venu ou au fond d’un ravin
    un caillou tombant recollera les morceaux


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • amers suinte  _

    couché perpendiculaire au pied du lit
    méditant d’avance souvenirs amers
    tout ça noyé dans des tons gris faiblards
    on n’a plus pied les autres ont disparu
    dans les yeux clos du bannissement la chambre
    a dû brûler depuis mais on n’en saura rien
    il n’y a plus que coupes claires sur terres
    brûlées jusqu’au lisier se pince le nez
    un bouchon de liège flotte sur un fleuve
    presque asséché dont l’estuaire s’embête
    à envaser ce qui suinte de l’amont
    les gens rient trop fort dans les no man’s land
    le long truc au pied du lit vit clos se clore
    sa vie durant le monde se bousiller


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • que faire ?  _

    que faire le ciel pâlit une fois seul
    le soleil s’est cassé la lune se cache
    passez poubelles du diable à votre office
    de toutes façon vous ne pourrez pas plus
    les lumières rouges de l’humilité
    jamais en marche sont maintenant éteintes
    on trottine dans l’ordure irramassable
    on dégueule comme les pluies sur Séoul
    les feux des monts d’Arrée ne marquent plus d’arrêt
    l’air pique de l’Athos à l’Atacama
    millénaires plus éteints que les lumières
    le silence même est une prétention
    la mort d’usage puissante est ignorée
    le roi des forêts mourra seul dans le désert


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • à la plume  _

    un vieux mascaron le front sous un drap de pierre
    il a préféré se crever les deux yeux
    mais pour lui mourir les tympans plus personne
    les acouphènes plein la rue l’abrutissent
    sans cesse ni répit ses oreilles s’érodent
    trop lentement la situation le désespère
    au niveau du sol ça ne s’arrête jamais
    ça s’abrutit s’engraine ça se déchire
    la vie pour lui est immobile pour eux
    un calvaire de concours que des champions
    vouant leur vie à remporter des coupes de bran
    qu’ils savourent ensuite en prenant des poses
    passe un hobo torse scarifié à la plume
    sur lui le mascaron exhale un respir


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • fugace plus rien  _

    une flamme fugace sous la toile éclaire
    des traits aimables à grand’peine il est si tard
    depuis si longtemps que les jours se succèdent
    sans respect pour la nuit ni pour les humains
    ça s’affale feu cou coupé réfugié
    dans les hautes terres que les humains méprisent
    coléreux monceau d’arêtes de sardines
    empilé dans des boites plus raides que
    la justice n’a jamais existé frêles tas d’os
    émaciés plus soucieux de crier que de voir
    puis de se taire butés que de délier
    ce serait peigner les cendres du jardin zen
    sous le feu fragile d’une ampoule jaune
    plus rien d’aimable la colère mourante


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • auront en vain  _

    ombres généreuses jetées sur les joues
    du jour dans le dédale cruel du monde
    en dessinent un portrait sans concession
    le modèle a des violences sans pardon
    lui gravant un rictus de guimauve rance
    il y a des méduses dans les rivières
    maintenant les interstices s’épuisent
    fondu au gris de toutes les teintes de l’air
    d’inquiétantes veines noires se déploient
    enkystant la colère dans les visages
    la ruine se devine à mesure qu’ils la fuient
    se trouvent cernés dans un portrait gris de groupe
    dont pas un pas une ne réchappera
    la lumière et l’ombre auront donné en vain


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • « cherché mais pas trouvé »  _

    seja quem for parler à quelqu’un quiconque
    et chercher quelqu’un quiconque une fois perdues
    toutes chances de trouver quelqu’un déjà
    ne trouver personne ayant perdu quelque
    déjà ni retourner ni tenter plus rien
    tenté d’un rien et s’approcher s’esquiver
    regard interdit mâchoire en écharpe
    deux cafés refroidis en deuil du silence
    on mâche du pain du pâté de syrah
    on marche dans la cendre et les herbes sèches
    on cherche la brèche où quelqu’un se rejoint
    on se retrouve comme une bûche dans l’âtre
    singe itinérant du songe bat la campagne
    chacun prend sa béquille et chacun pour soi


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3

  • énervé jusqu’au prochain  _

    fameux coup de pied de l’âne si tu le prends
    l’horizon s’épaissit à n’y pas croire
    dis-moi quel âne tu fréquentes je te
    porterai des chardons bleus ou des oranges
    nous nous souviendrons des danses d’avant
    la fracture ouverte déracinante
    quand la météo sur Mars était favorable
    mais « ce qui fatigue, c’est la permanence »
    encore les planètes désalignées
    on fait des haltes sur le bas-côté
    l’autre enfin verrait l’horizon s’éclaircir
    et de tirer sur le licol étirant
    le cou désirant s’affranchir des fantômes
    le tenant énervé jusqu’au prochain coup


     c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2022, LAL1.3