• “King Perry”, l’album posthume de Lee "Scratch" Perry en écoute
    https://www.radiofrance.fr/fip/king-perry-l-album-posthume-de-lee-scratch-perry-en-ecoute-3249975


    Le dernier titre de l’album, "Goodbye", a été la dernière performance vocale enregistrée par Perry.
    https://falseidols.bandcamp.com/track/goodbye-4

    Conceived, written and recorded during the COVID pandemic, ‘King Perry’ was produced by Daniel Boyle, and features guest performances from Greentea Peng, Shaun Ryder, Tricky, Marta, Rose Waite and Fifi Rong. Two tracks were also co-produced with Tricky, who releases Perry’s last recorded performances on his False Idols label.

    https://falseidols.bandcamp.com
    #Lee_Scratch_Perry #Tricky #reggae_dub

  • Ça doit pas être triste, le moment où tu essaies d’expliquer à ton client que son site Web vient d’être attaqué par une armée de brosses à dents.

    Three million malware-infected smart toothbrushes used in Swiss DDoS attacks — botnet causes millions of euros in damages
    https://www.tomshardware.com/networking/three-million-malware-infected-smart-toothbrushes-used-in-swiss-ddos-a

    According to a recent report published by the Aargauer Zeitung (h/t Golem.de), around three million smart toothbrushes have been infected by hackers and enslaved into botnets. The source report says this sizable army of connected dental cleansing tools was used in a DDoS attack on a Swiss company’s website. The firm’s site collapsed under the strain of the attack, reportedly resulting in the loss of millions of Euros of business.

    In this particular case, the toothbrush botnet was thought to have been vulnerable due to its Java-based OS. No particular toothbrush brand was mentioned in the source report. Normally, the toothbrushes would have used their connectivity for tracking and improving user oral hygiene habits, but after a malware infection, these toothbrushes were press-ganged into a botnet.

  • On est mal barré avec les IA génératives… - Le Hollandais Volant
    https://lehollandaisvolant.net/?d=2024/02/05/18/10/26-on-est-mal-barre-avec-les-ia-generatives

    Sur couleur-science, mon blog science : dans les commentaires, on me dit que Bard (l’IA générative de Google) dit quelque chose de contraire à ce que je mets dans mon article.

    À moi donc de prendre le temps de dire que Bard dit de la merde.

    Mais vous voyez venir le bordel ?

    Qui suis-je, moi, ou n’importe qui, n’importe quel prof, face à une IA fabriquée par l’entreprise la plus futuriste de la planète ?
    Si on doit désormais prendre le temps à débunker les IA en plus de devoir débunker les conspis (au lieu de passer du temps à faire des vrais trucs), on va pas s’en sortir.
    Ces « IA » fonctionnent en lisant des milliards de textes et en recrachant des combinaisons de mots qu’il rencontre le plus souvent dans le champ lexical de la question qu’on lui soumet. C’est pour cette raison que le texte produit semble crédible, est généralement grammaticalement correcte, mais peut être factuellement et totalement faux

  • Les premiers revers de l’uniforme à l’école - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/societe/les-premiers-revers-de-luniforme-a-lecole-03-02-2024-DNMCZRIE6FHLDBP7UGMI


    L’uniforme a l’école est déjà en vigueur dans les classes élémentaires et maternelles de l’institut [#privé] Saint-François-de-Paul à Nice (Alpes-Maritimes), ici en septembre 2023. Mais dans les collèges où on a laissé le choix aux élèves, ces derniers ont massivement voté contre.

    Pour participer à l’expérimentation, les établissements volontaires doivent obtenir l’aval du conseil d’école ou d’administration. Les premières déconvenues n’ont pas tardé. Parents d’élèves, collégiens et lycéens ont déjà mis à mal la liste établie par le ministère.

    L’uniforme, non merci ! À peine annoncée, l’expérimentation de l’uniforme à l’école voulue par le ministère de l’Éducation nationale connaît ses premières volte-face. À Marseille (Bouches-du-Rhône), par exemple, les quelque 500 collégiens de Chape ont été invités à s’exprimer sur la mise en place de la tenue unique via l’application Pronote. Sur les trois quarts des élèves ayant participé au scrutin, 66 % ont voté contre. La direction de l’établissement a suspendu le projet dans la foulée. Au département désormais de trouver un autre établissement volontaire. Mais les délais sont serrés : l’appel à manifestation d’intérêt du ministère sera clos le 15 février.

    Même cas de figure au Mans (Sarthe). Consultés par vote électronique, les élèves de la cité scolaire Touchard-Washington ont rejeté, à 78 %, l’idée d’une tenue unique, proposée par la présidente LR de région, Christelle Morançais. « La suite ? Il n’y en aura pas, affirme Jean-François Bourdon, le proviseur du lycée. J’étais partant pour l’expérience quand la région m’a contacté, mais à la condition que les élèves et les étudiants soient partants aussi. Là, il n’y a pas photo. » Le proviseur assure ne pas être déçu » que l’aventure s’arrête prématurément. « Les élèves ont connu une expérience démocratique comme rarement ils en ont eu.

    edit

    seule une vingtaine d’établissements seraient volontaires

    http://www.touteduc.fr/fr

    #école #uniforme #règlement_intérieur #vote #mdr

  • L’affaire Bitcoin : comment un agent de la DGSI a détourné l’argent du service secret | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060224/l-affaire-bitcoin-comment-un-agent-de-la-dgsi-detourne-l-argent-du-service

    L’affaire Bitcoin : comment un agent de la DGSI a détourné l’argent du service secret

    En pleine période des attentats de 2015, un agent de la DGSI a détourné des fonds destinés à rémunérer des hackers qui infiltraient les réseaux djihadistes. Si l’affaire a été jugée, les services se sont bien gardés de révéler cette histoire embarrassante.

    Fabrice, acupuncteur au cœur de l’Auvergne, ne comprend pas quand, en janvier 2021, ses anciens collègues de la DGSI viennent le chercher pour le placer en garde à vue, sept ans après qu’il a quitté le service de renseignement intérieur. Ils veulent l’entendre dans une affaire pour laquelle il sera finalement mis hors de cause. En attendant, lors de sa cinquième audition, Fabrice confie la raison de son incrédulité : « Je ne savais pas pourquoi [les policiers] se déplaçaient car j’ai déjà témoigné deux fois dans une affaire de détournement de fonds publics et faux et usage de faux [...], un ancien collègue ayant détourné au moins 1,5 million d’euros. » 

    Ce simple commentaire lève le voile sur « l’affaire Bitcoin » que révèlent conjointement Mediapart et BFMTV, une affaire tellement embarrassante que la DGSI a cherché à l’étouffer durant des années et que son auteur a été jugé en catimini fin 2022 par une procédure de plaider-coupable. En 2015, un agent de la DGSI, chargé de gérer des hackers infiltrant notamment les réseaux djihadistes, a volé l’argent destiné à payer ses sources et a ensuite utilisé différents moyens du service de renseignement pour faire fructifier le produit de son vol…

    L’affaire Bitcoin débute au dixième étage du siège de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), là où se trouvent les bureaux de la direction technique (DT) et notamment la section chargée du « backstopping » (c’est-à-dire la fourniture du matériel démarqué pour conduire des actions d’espionnage sans que rien ne permette de remonter au service), mais aussi de traiter des sources humaines dans le milieu technique (en l’espèce des hackers capables d’infiltrer n’importe quel système informatique, sans que l’on puisse impliquer la DGSI).

    Durant des années, les agents de la DT doivent se débrouiller avec très peu de moyens financiers. Jusqu’à ce que les attentats de 2015 amènent les gouvernements successifs à financer les services de renseignement. « Il y avait tellement de pognon qu’on ne savait plus quoi en faire », confie un ancien de la DT. Par exemple, deux de ces achats anonymisés de la DGSI s’élèvent à 95 000 dollars pour l’un, à 104 852 euros pour l’autre.

    C’est aussi l’époque où le service s’intéresse au bitcoin, cette monnaie numérique n’ayant cours que sur Internet. « On s’est dit : on va se lancer à fond dans le bitcoin pour acheter ce dont avait besoin le service et s’assurer que nos achats restent intraçables », continue la même source. Fabrice, le futur acupuncteur, et Xavier Julie, un brigadier, étudient la manière de procéder et se spécialisent peu à peu.

    Parallèlement, ledit Xavier Julie gère des « sources techniques », autrement dit des hackers de très haut niveau. « Des punks à chien avec le QI d’Einstein, résume un autre ancien du service. Des hackers capables de craquer des sites djihadistes, par exemple. » Ces hackers, notamment quand il s’agissait d’opérer sur lesdits sites djihadistes, n’étaient pas très bien rémunérés, quelques milliers d’euros.

    Mais, d’après une source ayant eu à connaître des fonds spéciaux des services de renseignement, cela pouvait monter à 100 000 euros pour acheter des vulnérabilités sur des sites de grandes entreprises ou d’administrations d’autres États.

    Le brigadier et sa femme prospectaient pour acquérir divers biens immobiliers estimés entre 700 000 et 1,4 million d’euros.

    Et justement, parmi les sources qu’il a gérées, Xavier Julie a « un diamant », dixit le premier ancien de la DT cité. Un hacker français très convoité, qui travaillait pour plusieurs services de renseignement. Tellement doué que la DGSI lui avait demandé de tester la sécurité informatique de l’Otan. En une trentaine de minutes, le « diamant » aurait réussi à pirater tous les mots de passe… Et donc Xavier Julie rémunère ces hackers qu’il a en portefeuille et, à côté, paye en cryptomonnaie le matériel demandé par sa direction. Jusqu’ici tout va bien, ou presque.

    Un capitaine explique avoir eu plusieurs accrochages avec le brigadier Julie qui avait, selon lui, du mal à honorer ses tâches administratives avec rigueur. Un commandant le décrit comme « un collègue de travail atypique et talentueux », excellent technicien, « toujours agréable mais peu rigoureux dans les tâches administratives ». Un troisième collègue soulignera son « comportement solitaire » mais insiste sur le fait que Xavier Julie était « très doué pour rapporter de l’information ».

    Sur son temps libre, Xavier Julie mine du bitcoin. Il a voulu en offrir un à deux collègues qui ont refusé. Rien de grave. Rien en tout cas qui n’alarme en interne.

    Un magot de cryptomonnaies

    Mediapart n’a pas pu déterminer avec certitude les faits à l’origine de l’enquête qui va entraîner la chute de Xavier Julie. Un agent aurait dénoncé des dérives au sein de la direction technique. Un audit mené sur les fonds spéciaux utilisés par l’ensemble de la DT aurait révélé des incohérences dans les chiffres de la section backstopping, une section qui comptait moins de cinq agents.

    Un voyage aurait également attiré l’attention de l’IGSI, la police des polices du service de renseignement intérieur. Avec un collègue de sa section, Xavier Julie s’est rendu en Suisse pour remettre une somme d’argent à un informateur. Durant le court séjour, il avise une montre qui lui plaît beaucoup. Mais le seul moyen de paiement en sa possession ce jour-là est une carte bancaire du service. La tentation est trop forte pour Julie qui, à son retour, rembourse le coût de la montre. Ce comportement, contraire à tous les protocoles de sécurité, interroge l’IGSI.
     
    Ses agents vont découvrir que le brigadier Xavier Julie a utilisé un jeu de faux papiers à disposition de sa section, utilisés en temps normal pour acquérir du matériel d’espionnage qui ne pourra pas être attribuer à la DGSI. Lui s’en sert pour acheter des bitcoins avec l’argent qu’il a volé aux hackers rémunérés par la DGSI, voire détourné des propres avoirs de son service.

    Fabrice, l’acupuncteur, évoque sur procès-verbal un détournement de fonds publics d’« au moins 1,5 million euros ». Une de nos sources évoque le même montant. Interrogée en 2023, la DGSI confirme le détournement mais conteste une somme supérieure au million, tout en refusant de donner le montant précis de l’escroquerie dont elle a été victime.

    Selon nos informations, l’IGSI établit que Xavier Julie a détourné près de 92 949 euros de fonds publics entre 2009 et 2016. Au minimum. Pour les autres opérations qui ont été détectées comme suspectes, l’IGSI ne peut que déplorer dans un rapport de synthèse « les opérations d’anonymisation très élaborées » de Xavier Julie qui l’empêchent d’investiguer, mais prend tout de même le soin d’écrire que malgré l’absence de réponse des opérateurs de cryptomonnaies – Julie traitait avec au moins sept sociétés basées à Hong Kong ou en Écosse –, « les détournements semblent probables compte tenu du fait de l’absence, sur ses comptes bancaires, d’un investissement initial ».

    Ce montant, qui n’a pu être établi judiciairement, devient vertigineux. Dans un fichier, rédigé en langue anglaise, Xavier Julie se vante de pouvoir convertir 120 bitcoins dans le but d’acheter un bien immobilier. Et l’IGSI de relever que le brigadier et sa femme prospectaient en 2020 pour acquérir divers biens immobiliers estimés entre 700 000 et 1,4 million d’euros. Alors qu’à ce jour, écrivent les « bœufs-carottes » du service secret, « les sommes qui auraient permis cet investissement n’ont pu être découvertes… ».

    Contactée, la DGSI répond que l’enquête judiciaire a été déclenchée « à son initiative et au terme de procédures de contrôle interne qu’elle mène de manière régulière en son sein », précise que « ledit agent a par ailleurs été révoqué de ses fonctions depuis » et qu’elle « procède de manière constante à des contrôles de ses propres services et adapte en permanence ses structures et pratiques pour corriger les dysfonctionnements constatés ».

    Trois ans de prison dont six mois ferme, interdiction définitive d’exercer le métier de policier et une amende de… 1 000 euros.

    Pour maximiser ses gains, le brigadier utilisait un robot comparant les taux des bitcoins pour acheter et vendre quand c’était le plus profitable. Il se serait ensuite rendu dans un pays d’Europe de l’Est pour convertir en euros sonnants et trébuchants son magot numérique, perdant, selon une source, la moitié de ses profits dans la transaction.

    Fin juin 2020, Xavier Julie est mis en examen pour « faux et usage de faux et détournement de fonds publics ». Le 1er juillet, il est incarcéré, en détention provisoire, dans le quartier VIP à la maison d’arrêt de la Santé durant huit mois, où il a hérité de la cellule occupée par Patrick Balkany. 

    Une fois l’enquête close, la justice va pour une fois aller très vite. Extrêmement vite. Le 9 novembre 2022, le parquet de Nanterre rend son réquisitoire définitif, dans lequel le procureur de la République demande une comparution sur reconnaissance de culpabilité (la procédure de plaider-coupable). Deux semaines plus tard, le juge d’instruction renvoie Xavier Julie devant le procureur de la République.

    Le 30 novembre, un magistrat homologue la peine négociée : trois ans de prison dont six mois ferme couvrant la détention provisoire, l’interdiction définitive d’exercer le métier de policier et une amende de… 1 000 euros. Pour rappel, il était accusé d’avoir détourné 92 000 euros, même si les soupçons portent sur plus d’un million d’euros,.

    Aujourd’hui libre, ce père de famille est désormais « entrepreneur individuel » spécialisé « dans le secteur des activités de design », peut-on lire sur divers registres. Sur son profil sur X, fermé depuis la semaine dernière, il se définissait comme « touche-à-tout en informatique et crypto-enthousiaste depuis 2012 ».

    Contacté via diverses adresses mails et par l’entremise de son avocat, Xavier Julie nous a répondu lundi 5 février : « Vous m’interpellez sur une affaire qui a été définitivement jugée et qui par conséquent est close. Je ne souhaite pas y revenir. Par ailleurs, je ne peux ni infirmer ni confirmer vos informations relatives à mes fonctions passées en raison de leurs natures classifiées qui m’interdisent de les évoquer. »

    Un élu de la République connaissant ces problématiques confie à Mediapart qu’il y a eu ces dernières années plusieurs cas de fraude comme celle développée par Xavier Julie. « Les services n’osent pas le dire. Ils ont du mal à le reconnaître. Parfois, c’est un autre service qui dénonce le problème chez son partenaire… »

    L’affaire n’a pas fini d’avoir des conséquences au sein de la DGSI. Quatre de ses collègues ont été un temps suspectés d’être les complices du brigadier. Ils ont été placés en garde à vue avant d’être tous blanchis. Une procédure judiciaire a été lancée à l’égard d’un capitaine parce qu’il utilisait un iPhone ainsi que deux ordinateurs portables MacBook du service pour son usage personnel, et parce qu’il avait offert un téléphone portable de la DGSI à sa fille. 

    Au-delà des détournements de fonds spéciaux, la DGSI n’a pas été épargnée par les affaires ces dernières années. Il y a eu « Doumé », un agent impliqué, comme l’a révélé RTL, dans un meurtre commis dans le cadre de l’affaire « Légendes ». Lors de la perquisition de son domicile, a été retrouvé du matériel informatique destiné, explique Doumé, à « créer de la cryptomonnaie par minage ». 

    Il y a surtout eu l’affaire « Haurus », d’après le pseudonyme utilisé par un agent du service pour vendre sur le darknet des données confidentielles. Un policier et un douanier, écroués avec Haurus, ont confié sur PV avoir recueilli ses confidences et notamment la façon dont il aurait « sécurisé ses bitcoins en plusieurs coffres [numériques] que la police ne trouvera jamais ».

    Lors de ses auditions, le commandant qui était le supérieur hiérarchique de Xavier Julie a juré tout ignorer des détournements de son subalterne, ajoutant que, de toute façon, il n’était pas capable de les connaître, arguant que ses effectifs avaient des connaissances techniques bien supérieures aux siennes. Il a toutefois précisé que les procédures en vigueur aujourd’hui étaient bien plus rigoureuses qu’auparavant.

    Matthieu Suc

    https://seenthis.net/messages/1038563#message1040344

  • Cadences, sous-traitance, pression… quand le travail tue

    « Morts au travail : l’hécatombe. » Deux personnes meurent chaque jour, en moyenne, dans un accident dans le cadre de leur emploi. Ce chiffre, sous estimé, qui n’intègre pas les suicides ou les maladies, illustre un problème systémique

    « J’ai appris la mort de mon frère sur Facebook : la radio locale avait publié un article disant qu’un homme d’une trentaine d’années était décédé près de la carrière, raconte Candice Carton. J’ai eu un mauvais pressentiment, j’ai appelé la gendarmerie, c’était bien lui… L’entreprise a attendu le lendemain pour joindre notre mère. » Son frère Cédric aurait été frappé par une pierre à la suite d’un tir de mine le 28 juillet 2021, dans une carrière à Wallers-en-Fagne (Nord). Il travaillait depuis dix-sept ans pour le Comptoir des calcaires et matériaux, filiale du groupe Colas.

    Deux ans et demi plus tard, rien ne permet de certifier les causes de la mort du mécanicien-soudeur de 41 ans. D’abord close, l’enquête de gendarmerie a été rouverte en septembre 2023 à la suite des conclusions de l’inspection du travail, qui a pointé la dizaine d’infractions dont est responsable l’entreprise. Cédric Carton n’avait pas le boîtier pour les travailleurs isolés, qui déclenche une alarme en cas de chute. « Ils l’ont retrouvé deux heures après, se souvient sa sœur. Le directeur de la carrière m’a dit que mon frère était en sécurité, et qu’il avait fait un malaise… alors qu’il avait un trou béant de 20 centimètres de profondeur de la gorge au thorax. » En quête de réponses, elle a voulu déposer plainte deux fois, chacune des deux refusée, multiplié les courriers au procureur, pris deux avocats… Sans avoir le fin mot de cette triste histoire.

    Que s’est-il passé ? Est-ce la « faute à pas de chance », les « risques du métier » ? Qui est responsable ? Chaque année, des centaines de familles sont confrontées à ces questions après la mort d’un proche dans un accident du travail (AT), c’est-à-dire survenu « par le fait ou à l’occasion du travail, quelle qu’en soit la cause ».

    « Un chauffeur routier a été retrouvé mort dans son camion », « Un ouvrier de 44 ans a été électrocuté », « Un homme meurt écrasé par une branche d’arbre », « Deux ouvriers roumains, un père et son fils, trouvent la mort sur un chantier à Istres [Bouches-du-Rhône] »… Le compte X de Matthieu Lépine, un professeur d’histoire-géographie, qui recense depuis 2019 les accidents dramatiques à partir des coupures de presse locale, illustre l’ampleur du phénomène. Vingt-huit ont été comptabilisés depuis janvier.

    En 2022, selon les derniers chiffres connus, 738 décès ont été recensés parmi les AT reconnus. Soit deux morts par jour. Un chiffre en hausse de 14 % sur un an, mais stable par rapport à 2019. Et, depuis une quinzaine d’années, il ne baisse plus. A cela s’ajoutent 286 accidents de trajet mortels (survenus entre le domicile et le lieu de travail) et 203 décès consécutifs à une maladie professionnelle.

    Et encore, ces statistiques sont loin de cerner l’ampleur du problème. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) ne couvre que les salariés du régime général et n’intègre donc ni la fonction publique, ni les agriculteurs, ni les marins-pêcheurs, la majorité des chefs d’entreprise ou les autoentrepreneurs. C’est ainsi qu’en 2022 la Mutualité sociale agricole (MSA) a dénombré 151 accidents mortels dans le secteur des travaux agricoles, 20 % de plus qu’en 2019.

    Pour disposer de chiffres plus complets, il faut se tourner vers la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares). Problème : sa dernière étude porte sur 2019… A cette époque, elle dénombrait 790 AT mortels chez les salariés affiliés au régime général ou à la MSA et les agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière.

    Le secteur de la construction est celui où la fréquence des accidents mortels est la plus importante (le triple de la moyenne). Arrivent ensuite l’agriculture, la sylviculture et la pêche, le travail du bois et les transports-entreposage. Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont des hommes, et les ouvriers ont cinq fois plus de risques de perdre la vie que les cadres.

    Les accidents mortels sont deux fois plus fréquents chez les intérimaires. (...)
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/06/cadences-sous-traitance-pression-quand-le-travail-tue_6214988_3234.html

    https://justpaste.it/2ozrb

    #travail #accidents_du_travail #le_travail_tue

    • Accidents du travail : la lenteur de la justice pour faire reconnaître la responsabilité de l’employeur
      https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/02/06/morts-au-travail-la-douloureuse-lenteur-de-la-justice_6215011_1698637.html

      Les familles de victimes d’accidents mortels doivent parfois attendre des années avant de voir le bout de procédures judiciaires complexes.

      Pour ceux qui ont perdu un proche à la suite d’un accident du travail, la reconnaissance de la responsabilité de l’employeur est essentielle. Mais les procédures, d’ordre pénal ou civil, tournent parfois au parcours du combattant, voire s’étirent sur des années, ajoutant à la douleur des familles. Fabienne Bérard, du collectif Familles : stop à la mort au travail, cite l’exemple de Fanny Maquin, qui a perdu son mari cordiste, Vincent, il y a douze ans. Et qui n’est toujours pas passée en justice pour être indemnisée. « Comme souvent, il y a eu un grand nombre de renvois d’audience, explique-t-elle. L’avocat adverse met en avant que, depuis ce temps, elle a reconstruit une cellule familiale et que le préjudice ne peut pas être établi de la même manière… »

      Tout accident du travail mortel est suivi d’une enquête de l’inspection du travail (qui doit intervenir dans les douze heures), et de la gendarmerie ou de la police. Depuis 2019, les deux institutions peuvent mener une enquête en commun, mais c’est encore rare. Et souvent, l’enquête de l’inspection dure plusieurs mois, parce que les effectifs manquent pour mener à bien les constats immédiats, les auditions des témoins ou encore solliciter des documents auprès de l’entreprise.

      Ces investigations permettent de déterminer si la responsabilité pénale de l’employeur est engagée. Si les règles de santé et sécurité n’ont pas été respectées, l’inspection du travail en avise le procureur, qui est le seul à pouvoir ouvrir une procédure. « Dès lors, le parquet a trois possibilités, explique l’avocat Ralph Blindauer, qui accompagne souvent des familles. Soit l’affaire est classée sans suite, soit une information judiciaire avec juge d’instruction est ouverte, car le cas est jugé complexe, soit, le plus couramment, une ou plusieurs personnes sont citées à comparaître devant le tribunal correctionnel. »

      Un montant négligeable

      En cas de poursuite au pénal, l’employeur est fréquemment condamné pour homicide involontaire en tant que personne morale – ce qui est peu satisfaisant pour les victimes, et peu dissuasif. L’amende est en effet de 375 000 euros maximum, un montant négligeable pour un grand groupe. L’employeur est plus rarement condamné en tant que personne physique, car il est difficile d’identifier le responsable de la sécurité – la peine encourue est alors l’emprisonnement.

      Dans le cas d’une procédure au civil, la reconnaissance d’une « faute inexcusable » de l’employeur permet aux ayants droit (conjoints, enfants ou ascendants) d’obtenir la majoration de leur rente, ainsi que l’indemnisation de leur préjudice moral. La faute est caractérisée lorsque l’entreprise a exposé son salarié à un danger dont il avait, ou aurait dû, avoir conscience et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.

      « Le nœud du sujet, c’est la conscience du danger, en particulier lors d’un malaise mortel, explique Morane Keim-Bagot, professeure de droit à l’université de Strasbourg. Les employeurs remettent en question le caractère professionnel de l’accident, en démontrant qu’il y a une cause étrangère exclusive. » Certains prétendent ainsi que la victime souffrait d’un problème cardiaque décelé au moment de l’autopsie, de surpoids, de stress ou de tabagisme.

      « Si vous tombez sur un inspecteur surchargé, un parquet qui s’y attelle moyennement, des gendarmes non spécialisés et débordés, les procédures durent facilement des années, sans compter les renvois d’audience fréquents, conclut Me Blindauer. La longueur très variable de ces affaires illustre aussi le manque de moyens de la #justice. »

      #responsabilité_de_l’employeur #inspection_du_travail #responsabilité_pénale

    • Entre déni des entreprises et manque de données, l’invisibilisation des suicides liés au travail

      https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/02/06/entre-deni-des-entreprises-et-manque-de-donnees-l-invisibilisation-des-suici

      Le manque de prise en compte du mal-être au travail renforce les risques d’accidents dramatiques.
      Par Anne Rodier

      « La dernière conversation que j’ai eue avec mon mari [Jean-Lou Cordelle] samedi 4 juin [2022] vers 22 heures concernait les dossiers en cours à son travail. Le lendemain matin, mon fils découvrait son père au bout d’une corde pendu dans le jardin », témoigne Christelle Cordelle dans la lettre adressée aux représentants du personnel d’Orange pour leur donner des précisions sur l’état psychologique de son mari avant son suicide, à l’âge de 51 ans, après des mois de surcharge de travail, d’alertes vaines à la hiérarchie et à la médecine du travail.

      Son acte, finalement reconnu comme « accident de service » – c’est ainsi que sont nommés les accidents du travail (#AT) des fonctionnaires –, n’est pas recensé dans le bilan annuel de la Sécurité sociale. Celui-ci ne tient pas, en effet, compte de la fonction publique, invisibilisant les actes désespérés des infirmières, des professeurs ou encore des policiers.

      L’Assurance-maladie parle d’une quarantaine de suicides-accidents du travail par an. Un chiffre stable, représentant 5 % du total des accidents du travail mortels, mais qui serait nettement sous-évalué. C’est entre vingt et trente fois plus, affirme l’Association d’aide aux victimes et aux organismes confrontés aux suicides et dépressions professionnelles (ASD-pro), qui l’évalue plutôt entre 800 et 1 300 chaque année, sur la base d’une étude épidémiologique sur les causes du suicide au travail réalisée fin 2021 par Santé publique France. https://www.santepubliquefrance.fr/recherche/#search=Suicide%20et%20activité%20professionnelle%20en%20France

      L’explosion des risques psychosociaux (RPS) en entreprise constatée étude après étude et par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM : https://assurance-maladie.ameli.fr/etudes-et-donnees/2018-sante-travail-affections-psychiques) apporte de l’eau au moulin de l’ASD-pro : 1 814 maladies professionnelles relèvent de maladies psychiques, en augmentation régulière, note le rapport 2022. Quant au dernier baromètre du cabinet Empreinte humaine, publié en novembre 2023, il est sans équivoque : près d’un salarié sur deux (48 %) était en détresse psychologique en 2023.

      « Passage à l’acte brutal »

      La mécanique mortifère de la souffrance au travail est connue. « Les mécanismes à l’œuvre semblent être toujours liés : atteintes à la professionnalité et à l’identité professionnelle, perte de l’estime de soi, apparition d’un sentiment d’impuissance », explique Philippe Zawieja, psychosociologue au cabinet Almagora.
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      Tous les RPS ne conduisent pas au geste fatal. « Il y a moins de suicidés chez les #salariés que parmi les #chômeurs, et 90 % des suicides interviennent sur fond de problème psychiatrique antérieur », souligne M. Zawieja. Mais « il existe des actes suicidaires qui ne sont pas la conséquence d’un état dépressif antérieur, qui marquent un passage à l’acte brutal [raptus], lié à un élément déclencheur conjoncturel », indique l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) https://www.inrs.fr/risques/suicide-travail/ce-qu-il-faut-retenir.html. Comme ce fut le cas du management toxique institutionnel à France Télécom. C’est alors que survient l’accident.

      « Pour Jean-Lou, tout s’est passé insidieusement, témoigne sa veuve. Il était en surcharge de travail depuis octobre-novembre 2021, avec des salariés non remplacés, des départs en retraite. Un jour de janvier, je l’ai vu buguer devant son ordinateur. A partir de là, j’ai été plus attentive. En mars [2022], ils ont allégé sa charge de travail mais insuffisamment. En avril, il a craqué. La médecine du travail a été prévenue. Il a finalement été mis en arrêt, sauf qu’il continuait à recevoir des mails. Ils lui avaient laissé son portable professionnel et il n’y avait pas de message de gestion d’absence renvoyant vers un autre contact. Jusqu’au bout, Orange n’a pas pris la mesure ».

      Le plus souvent, les suicides au travail sont invisibilisés, au niveau de l’entreprise d’abord, puis des statistiques. « Classiquement, l’entreprise, quand elle n’est pas tout simplement dans le déni, considère que c’est une affaire privée et que le travail n’en est pas la cause », explique le juriste Loïc Lerouge, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste du sujet.

      Un déni qui a valu à Renault la première condamnation pour « faute inexcusable de l’employeur pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires alors qu’il avait conscience du danger » concernant les salariés du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) qui ont mis fin à leurs jours dans les années 2000. [en 2012 https://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/12/suicide-au-technocentre-renault-condamne-pour-faute-inexcusable_1700400_3224 « On reconnaît pleinement la responsabilité de la personne morale de l’entreprise depuis l’affaire #France_Télécom », précise M. Lerouge.

      Caractérisation délicate

      L’#invisibilisation des suicides commence par le non-dit. En réaction aux deux suicides de juin 2023 à la Banque de France, où l’une des victimes avait laissé une lettre incriminant clairement ses conditions de travail, la direction a déclaré avoir « fait ce qui s’impose » après un tel drame https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/10/a-la-banque-de-france-le-suicide-de-deux-salaries-empoisonne-le-dialogue-soc . Puis, lors des vœux 2024 adressés au personnel le 2 janvier, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, n’a pas prononcé le mot « suicide », évoquant les « décès dramatiques de certains collègues ». Et s’il a déclaré « prendre au sérieux les résultats et les suggestions » de l’enquête qui acte le problème de #surcharge_de_travail, présentée au comité social et économique extraordinaire du 18 janvier, il n’a pas mis sur pause le plan de réduction des effectifs dans la filière fiduciaire. Celle-là même où travaillaient les deux salariés qui ont mis fin à leurs jours. « Beaucoup de gens n’ont pas les moyens de faire correctement leur travail et sont en souffrance. Il existe à la Banque de France une forme de maltraitance généralisée », affirme Emmanuel Kern, un élu CGT de l’institution.

      La caractérisation des suicides en accidents du travail est un exercice délicat, au cœur de la reconnaissance de la responsabilité de l’employeur. Pour Santé publique France, la définition est assez simple (« Surveillance des suicides en lien potentiel avec le travail », 2021). Il s’agit de tout suicide pour lequel au moins une des situations suivantes était présente : la survenue du décès sur le lieu du travail ; une lettre laissée par la victime mettant en cause ses conditions de travail ; le décès en tenue de travail alors que la victime ne travaillait pas ; le témoignage de proches mettant en cause les conditions de travail de la victime ; des difficultés connues liées au travail recueillies auprès des proches ou auprès des enquêteurs.

      Mais pour l’administration, le champ est beaucoup plus restreint : l’Assurance-maladie prend en compte « l’acte intervenu au temps et au lieu de travail ». Et la reconnaissance n’aura pas lieu si des éléments au cours de l’enquête permettent d’établir que « le travail n’est en rien à l’origine du décès », précise la charte sur les accidents du travail rédigée à destination des enquêteurs de la Sécurité sociale https://www.atousante.com/wp-content/uploads/2011/05/Charte-des-AT-MP-acte-suicidaire-et-accident-du-travail.pdf. « En dehors du lieu de travail, c’est à la famille de faire la preuve du lien avec l’activité professionnelle », explique Michel Lallier, président de l’ASD-pro. Une vision nettement plus restrictive, qui explique cet écart entre les bilans des suicides au travail.

      #suicide_au_travail #risques_psychosociaux #médecine_du_travail #conditions_de_travail #management #cadences #pression #surcharge_de_travail

    • Manque de sécurité sur les chantiers : « Notre fils est mort pour 6 000 euros », Aline Leclerc
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/07/manque-de-securite-sur-les-chantiers-notre-fils-est-mort-pour-6-000-euros_62

      Pour réduire les coûts et tenir les délais, certaines entreprises du bâtiment accumulent les négligences et infractions au code du travail, susceptibles d’engendrer de graves accidents du travail

      Alban Millot avait trouvé l’offre d’emploi sur Leboncoin. Touche-à-tout débrouillard enchaînant les petits boulots, il n’avait aucune expérience dans la pose de panneaux photovoltaïques ni dans le travail en hauteur. Trois semaines après son embauche, il est passé à travers la toiture d’un hangar, le 10 mars 2021. Une chute mortelle de plus de 5 mètres. Le jour de ses 25 ans.

      « Quand le gendarme vous l’annonce, il parle d’un “accident”, comme on dit quand quelqu’un meurt sur la route », se rappelle douloureusement Laurent Millot, son père. La chute renvoie toujours d’abord l’idée d’une erreur d’attention, d’un déséquilibre. La faute à pas de chance. Et à la victime surtout – Alban n’a-t-il pas marché sur une plaque translucide qu’il savait fragile ?

      Ce n’est que quelque temps après que reviennent en mémoire ces petites phrases qui donnent à l’« accident » un autre sens. « J’avais eu Alban au téléphone une semaine avant. Il m’a dit que son travail était hyperdangereux, et qu’il allait s’acheter son propre harnais parce que celui fourni par la boîte était bas de gamme », raconte Véronique Millot, sa mère. Quand pour la rassurer il lui a dit : « Je fais ça seulement jusqu’à l’été », elle a répondu : « Te tue pas pour un boulot… »

      Inexpérimentés

      L’enquête, étoffée dans ce dossier, a mis en évidence une effarante liste de dysfonctionnements et d’infractions au code du travail de la PME qui l’employait, dont l’activité officiellement enregistrée (son code NAF ou APE) était « commerce de détail en quincaillerie, peintures ». Le seul technicien dûment diplômé avait quitté la société deux mois avant l’embauche d’Alban. Sur les vingt-cinq salariés, une dizaine de commerciaux et seulement trois équipes de deux poseurs, lesquels étaient en conséquence soumis à un rythme intense pour honorer les commandes.

      Avant sa mort, Alban et son collègue de 20 ans, et trois mois d’ancienneté seulement, étaient partis le lundi de Narbonne (Aude) pour un premier chantier en Charente, puis un autre en Ille-et-Vilaine, avant un troisième, le lendemain, dans les Côtes-d’Armor, et un ultime, le mercredi, en Ille-et-Villaine, où a eu lieu l’accident. Alban, seul à avoir le permis, avait conduit toute la route.

      Inexpérimentés, les deux hommes n’avaient reçu qu’une formation sommaire à la sécurité. Et, surtout, ne disposaient pas de harnais complets pour s’attacher, comme l’a constaté l’inspectrice du travail le jour du drame.

      « Méconnaissance totale » et « déconcertante » du dirigeant

      Sans matériel, ils ont loué sur place une échelle chez Kiloutou. « Combien pèse une plaque photovoltaïque ? », a demandé le président du tribunal correctionnel de Rennes, lors du procès en première instance. « Dix-huit kilos », a répondu le chef d’entreprise. « Il faut monter l’échelle avec le panneau sous le bras ? », s’est étonné le président. « Cela dépend du chantier. »

      Il sera démontré pendant l’enquête, puis à l’audience, la « méconnaissance totale » et « déconcertante » du dirigeant, commercial de formation, de la réglementation en vigueur sur le travail en hauteur comme sur les habilitations électriques. Il n’avait entrepris aucune démarche d’évaluation des risques. Et ce, alors que deux autres accidents non mortels avaient eu lieu peu de temps avant sur ses chantiers.

      Dans son jugement du 6 juin 2023, le tribunal a reconnu l’employeur – et non l’entreprise, déjà liquidée – coupable d’homicide involontaire, retenant la circonstance aggravante de « violation manifestement délibérée » d’une obligation de sécurité ou de prudence, « tant l’inobservation était inscrite dans ses habitudes ».

      Enjeux financiers

      Car ces négligences tragiques cachent aussi des enjeux financiers. Monter un échafaudage, c’est plusieurs heures perdues dans un planning serré, et un surcoût de 6 000 euros, qui aurait doublé le devis, a chiffré un ouvrier à l’audience. « En somme, notre fils est mort pour 6 000 euros », souligne Mme Millot.

      L’affaire résonne avec une autre, dans laquelle Eiffage Construction Gard et un sous-traitant ont été condamnés en première instance comme en appel lors des procès qui se sont tenus en mai 2021 et avril 2022, à Nîmes. Mickaël Beccavin, cordiste de 39 ans, a fait une chute mortelle le 6 mars 2018, alors qu’il assemblait des balcons sur les logements d’un chantier d’envergure. Pour une raison restée inexpliquée, une corde sur laquelle il était suspendu a été retrouvée sectionnée, trop courte de plusieurs mètres. Quand la défense de l’entreprise a plaidé la seule responsabilité de la victime, qui aurait mal vérifié son matériel, l’inspecteur du travail a proposé une autre analyse.

      « On peut vous expliquer que le cordiste doit faire attention, mais la question n’est pas que là. La question est : est-ce qu’on devait faire appel à des cordistes pour ce chantier ? », a expliqué Roland Migliore à la barre, en mai 2021. Car la législation n’autorise les travaux sur cordes, particulièrement accidentogènes, qu’en dernier recours : cette pratique n’est possible que si aucun autre dispositif de protection dite « collective » (échafaudage, nacelle…) n’est envisageable. « La protection collective protège le salarié indépendamment de ce qu’il peut faire lui. S’il s’attache mal, il est protégé, rappelle l’inspecteur du travail. Au contraire, si l’on choisit la protection individuelle, on fait tout reposer sur le salarié. »

      « Précipitation »

      Le recours à la corde était apparu à l’audience comme un choix de dernière minute, sur un chantier où « tout le monde était pressé ». L’inspecteur du travail avait alors souligné cet aspect : « Malheureusement, dans le BTP, les contraintes sur les délais de livraison poussent à la précipitation : on improvise, quitte à ne pas respecter le plan général de coordination. »

      Secrétaire CGT-Construction, bois et ameublement de Nouvelle-Aquitaine, Denis Boutineau n’en peut plus de compter les morts. « Très souvent, c’est lié à un manque de sécurité. Quand vous êtes en ville, regardez les gens qui travaillent sur les toits, il n’y a aucune protection ! Pourquoi ? Pour des raisons économiques ! » Il cite ainsi le cas d’un jeune couvreur passé à travers un toit Everite. « L’employeur avait fait deux devis ! Un avec la mise en sécurité, un sans ! Bien sûr, le second était moins cher. Lequel croyez-vous qu’a accepté le client ? »

      Caroline Dilly reste, elle aussi, hantée par un échange avec son fils Benjamin, 23 ans, quelque temps avant sa mort, le 28 février 2022. Couvreur lui aussi, il aurait chuté en revenant dans la nacelle après avoir remis une ardoise en place sur un toit. Il n’était pas titulaire du certificat d’aptitude à la conduite d’engins en sécurité (Caces), nécessaire à l’utilisation de cet engin. Et la nacelle était-elle adaptée pour réaliser ce chantier ? C’est ce que devra établir la procédure judiciaire, encore en cours.

      Mais avant de rejoindre cette entreprise, Benjamin avait été renvoyé par une autre, au bout de quinze jours. « Il avait refusé de monter sur un échafaudage qui n’était pas aux normes », raconte sa mère, qui s’entend encore lui faire la leçon : « Y a ce que t’apprends à l’école et y a la réalité du monde du travail ! » « Je m’en veux tellement d’avoir dit ça… J’ai pris conscience alors à quel point prendre des risques au travail était entré dans nos mœurs. Tout ça pour aller plus vite. Comment en est-on arrivés à ce que la rentabilité prime sur le travail bien fait, en sécurité ? », se désole-t-elle.

      « Quand on commence, on est prêt à tout accepter »

      Depuis qu’elle a rejoint le Collectif familles : stop à la mort au travail, elle est frappée par la jeunesse des victimes : « Quand on commence dans le métier, on n’ose pas toujours dire qu’on a peur. Au contraire, pour s’intégrer, on est prêt à tout accepter. »

      Alexis Prélat avait 22 ans quand il est mort électrocuté sur un chantier, le 5 juin 2020. Son père, Fabien, bout aujourd’hui d’une colère qui lui fait soulever des montagnes. Sans avocat, il a réussi à faire reconnaître par le pôle social du tribunal judiciaire de Périgueux la « faute inexcusable » de l’employeur.

      C’est-à-dire à démontrer que ce dernier avait connaissance du danger auquel Alexis a été exposé et n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver. Le jeune homme est descendu dans une tranchée où était clairement identifiée, par un filet rouge, la présence d’un câble électrique. « Le préposé de l’employeur sous les ordres duquel travaillait la victime ce jour-là aurait dû avoir connaissance du danger », dit le jugement rendu le 11 mai 2023, qui liste des infractions relevées par l’inspecteur du travail, notamment l’« absence d’habilitation électrique » et l’« absence de transcription de l’ensemble des risques dans le document unique d’évaluation des risques ».

      Fabien Prélat relève également que, comme pour Alban Millot, le code APE de l’entreprise ne correspond pas à son activité réelle. Elle est identifiée comme « distribution de produits informatiques, bureautique et papeterie ». Il estime par ailleurs que le gérant, « de fait », n’est pas celui qui apparaît sur les documents officiels. « Bien sûr, ce n’est pas ça qui a directement causé la mort de mon fils. Mais si l’Etat contrôlait mieux les choses, ces gens-là n’auraient jamais pu s’installer », s’emporte-t-il.

      « Pas assez de contrôles de l’inspection du travail »

      Cheffe du pôle santé et sécurité à la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), syndicat patronal, et elle-même gestionnaire d’une PME de charpente et couverture dans le Puy-de-Dôme, Cécile Beaudonnat s’indigne de ces pratiques. « Ce sont des gens contre qui on lutte, explique-t-elle. On les repère quand leurs clients nous contactent, dépités, quand ils comprennent que l’entreprise qui leur a mal installé des panneaux solaires n’avait ni les techniciens qualifiés, ni l’assurance professionnelle décennale », explique-t-elle.

      Normalement, pour s’installer, il y a l’obligation d’avoir une formation professionnelle qualifiante homologuée (au moins un CAP ou un BEP) ou de faire valider une expérience de trois ans sous la supervision d’un professionnel. « Malheureusement, il n’y a pas assez de contrôles de l’inspection du travail », déplore-t-elle. Avant d’ajouter : « Pour nous, c’est avant tout au chef d’entreprise d’être exemplaire, sur le port des équipements de protection, en faisant ce qu’il faut pour former ses salariés et en attaquant chaque chantier par une démarche de prévention des risques. Nous sommes une entreprise familiale, on n’a aucune envie d’avoir un jour un décès à annoncer à une famille. »

      « Il y a une bataille à mener pour faire changer les mentalités. Y compris chez les ouvriers, pour qu’ils ne se mettent pas en danger pour faire gagner plus d’argent à l’entreprise ! Quand on voit les dégâts que ça fait sur les familles… », s’attriste Denis Boutineau.

      Les deux parents d’Alexis Prélat ont obtenu, chacun, 32 000 euros en réparation de leur préjudice moral, sa sœur 18 000 euros. Ils espèrent maintenant un procès en correctionnelle. « La meilleure façon de changer les choses, c’est d’obtenir des condamnations exemplaires », estime Fabien Prélat.

      Fait rare, l’employeur d’Alban Millot a, lui, été condamné en correctionnelle à trente-six mois de prison dont dix-huit ferme. Il a fait appel du jugement. « Avant le procès, j’avais la haine contre ce type, confie Laurent Millot. L’audience et, surtout, une sanction telle que celle-là m’ont fait redescendre. »

    • Accidents du travail : quand les machines mettent en péril la vie des salariés
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/08/accidents-du-travail-quand-les-machines-tuent_6215360_3234.html

      Dans l’industrie, le BTP ou l’agriculture, les accidents liés à l’utilisation de machines comptent parmi les plus graves et les plus mortels. Employeurs, fabricants et responsables de la maintenance se renvoient la faute.

      Lorsqu’il prend son poste, ce lundi 27 décembre 2021, cela fait déjà plusieurs mois que Pierrick Duchêne, 51 ans, peste contre la machine qu’il utilise. Après deux décennies dans l’agroalimentaire, il est, depuis cinq ans, conducteur de presse automatisée dans une agence Point P. de fabrication de parpaings, à Geneston (Loire-Atlantique). Depuis un an et demi, la bonne ambiance au boulot, cette fraternité du travail en équipe qu’il chérit tant, s’est peu à peu délitée. L’atmosphère est devenue plus pesante. La cadence, toujours plus infernale. Les objectifs de #productivité sont en hausse. Et ces #machines, donc, « toujours en panne », fulmine-t-il souvent auprès de sa femme, Claudine.

      Ce jour-là, il ne devait même pas travailler. Mais parce qu’il était du genre à « toujours aider et dépanner », dit Claudine, il a accepté de rogner un peu sur ses vacances pour participer à la journée de maintenance et de nettoyage des machines. Pierrick Duchêne a demandé à son fils qu’il se tienne prêt. Dès la fin de sa journée, à 15 heures, ils devaient aller à la déchetterie. Mais, vers 11 h 30, il est retrouvé inconscient, en arrêt cardiorespiratoire, écrasé sous une rectifieuse à parpaing. Dépêché sur place, le service mobile d’urgence et de réanimation fait repartir son cœur, qui s’arrête à nouveau dans l’ambulance. Pierrick Duchêne meurt à l’hôpital, le 2 janvier 2022.

      Son histoire fait tragiquement écho à des centaines d’autres, se produisant chaque année en France. En 2022, la Caisse nationale d’assurance-maladie a recensé 738 accidents du travail mortels dans le secteur privé, selon son rapport annuel publié en décembre 2023. 1 % d’entre eux sont liés au « risque machine » – auquel on peut ajouter les accidents liés à la « manutention mécanique », de l’ordre de 1 % également. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), qui répertorie plus précisément les incidents de ce type, les machines sont mises en cause dans 10 % à 15 % des accidents du travail ayant entraîné un arrêt supérieur ou égal à quatre jours, ce qui représente environ 55 000 accidents. Dont une vingtaine sont mortels chaque année.

      « La peur suppure de l’usine parce que l’usine au niveau le plus élémentaire, le plus perceptible, menace en permanence les hommes qu’elle utilise (…), ce sont nos propres outils qui nous menacent à la moindre inattention, ce sont les engrenages de la chaîne qui nous rappellent brutalement à l’ordre », écrivait Robert Linhart, dans L’Etabli (Editions de Minuit), en 1978. L’industrie, et notamment la métallurgie, est un secteur d’activité dans lequel les risques pour la santé des ouvriers sont amplifiés par l’utilisation d’outils et de machines. Les employés agricoles, les salariés de la chimie ou les travailleurs du BTP sont aussi très exposés. Sur le terrain, les services de l’inspection du travail font régulièrement état de la présence de machines dangereuses.

      « Aveuglement dysfonctionnel »

      Si leur fréquence baisse depuis les années 1990, ces accidents sont souvent les plus graves, avec des blessures importantes, et les procédures qui s’ensuivent sont extrêmement longues. La responsabilité peut être difficile à établir, car plusieurs acteurs sont en jeu : l’employeur, le fabricant de la machine, l’installateur, la maintenance. La plupart du temps, chacun se renvoie la faute. Comme si la machine permettait à tous de se dédouaner.

      « Le risque zéro n’existe pas », entend-on régulièrement au sujet des accidents du travail, qui plus est quand une machine est en cause. Pourtant, le dysfonctionnement brutal que personne ne pouvait anticiper, qui accréditerait la thèse d’une infortune létale, n’est quasiment jamais à l’œuvre. Au contraire, les défaillances des machines sont souvent connues de tous. « Il peut s’installer une sorte d’aveuglement dysfonctionnel, analyse Jorge Munoz, maître de conférences en sociologie à l’université de Bretagne occidentale. Le problème est tellement récurrent qu’il en devient normal. »

      Une situation qui hante encore les jours et les nuits de Delphine et de Franck Marais, les parents de Ludovic. Personne ne pouvait soupçonner que ce jeune apprenti barman de 19 ans mettait sa vie en péril en servant pintes et cafés derrière le comptoir d’une brasserie réputée de Tours. Mais, le 16 décembre 2019, quelques minutes avant de rentrer chez lui, à 23 h 45, sa tête est percutée par le monte-charge des poubelles.

      La machine fonctionnait depuis des mois, voire plusieurs années, avec les grilles de protection ouvertes. « Quelqu’un a désactivé la sécurité qui empêchait le monte-charge de démarrer ainsi, grilles ouvertes », raconte Franck, le père. Qui ? Un salarié, pour gagner du temps ? L’employeur, pour que ses salariés aillent plus vite ? Le responsable de la maintenance, à la demande de l’employeur ? Un oubli du technicien ? « On ne saura probablement jamais, mais, finalement, là n’est pas la question, estime l’avocate des parents, Marion Ménage. Ce qui compte, c’est que l’entreprise savait qu’il fonctionnait grilles ouvertes et qu’elle n’a rien fait. »

      « Il se sentait en danger »

      Sécurité désactivée, maintenance non assurée, prévention déconsidérée… Les mêmes logiques, les mêmes légèretés face à des machines dangereuses reviennent méthodiquement dans les récits, soulignant le caractère systémique de ces événements dramatiques. « Les dispositifs de sécurité ralentissent parfois le processus de travail et empêchent de tenir la cadence, analyse Jorge Munoz. On peut être tenté de défaire le mécanisme et, donc, de mettre en péril l’utilisateur. » C’est cette logique mortifère qui a été fatale à Flavien Bérard. Le jeune homme de 27 ans était sondeur pour la Société de maintenance pétrolière (SMP), une entreprise de forage et d’entretien de puits pétroliers, gaziers et de géothermie.

      D’abord employé sur un site dans le Gard, où il s’épanouit malgré les conditions de travail difficiles, Flavien Bérard est transféré après une semaine à Villemareuil, en Seine-et-Marne. Il se retrouve sur un chantier de forage pétrolier dont est propriétaire SMP, « les puits du patron », comme on surnomme le lieu. Industrie lourde, à l’ancienne, rythme en trois-huit, rendements à tout prix… Flavien est confronté à un milieu dur et peu accueillant. « Il nous a vite dit que c’était difficile, se souvient sa mère, Fabienne. Le gaillard de 1,84 mètre, plus de 80 kilos, corps de rugbyman, est pourtant du genre à tenir physiquement.

      « Il nous a surtout dit qu’il se sentait en danger, que les machines étaient dangereuses et qu’il avait des doutes sur la sécurité », déplore aujourd’hui Fabienne Bérard. Ses inquiétudes s’avèrent prémonitoires. Alors qu’il avait décidé de ne pas poursuivre sur le site une fois sa mission arrivée à son terme, le 5 mars 2022, vers 4 heures, une pièce métallique d’une trentaine de kilos se détache d’une machine de forage et percute Flavien à la tête, une quinzaine de mètres plus bas. Il meurt le lendemain, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

      « On nous a tout de suite parlé d’une erreur humaine, avec une sécurité désactivée », explique le père de la victime, Laurent Bérard. Selon l’avocat des parents, Lionel Béthune de Moro, le rapport machine de l’expert judiciaire ferait état de « 373 non-conformités », dont 3 concerneraient le système responsable de l’accident. « Une sécurité essentielle a été désactivée, pour le rendement », ajoute-t-il. « On nous a même dit que ce n’était pas la première fois qu’il y avait un problème avec cette machine », renchérit Fabienne Bérard.

      Complexité des procédures

      Ces exemples posent la question de la #prévention et de la maintenance. « L’objectif, c’est que les entreprises voient celles-ci comme un profit et non comme un coût », affirme Jean-Christophe Blaise, expert de l’INRS. L’institut a justement pour mission de développer et de promouvoir une culture de prévention des accidents du travail au sein des entreprises. « Dans certains cas, elle peut être perçue comme quelque chose qui alourdit les processus, qui coûte plus cher, complète Jorge Munoz. Mais l’utilisation d’une machine nécessite une organisation spécifique. »

      D’autant qu’une politique de prévention se déploie sur le long terme et nécessite des actions régulières dans le temps. Les agents de l’INRS travaillent sur trois aspects pour éviter les drames autour des machines : les solutions techniques, l’organisation du travail et le levier humain (formation, compétences, etc.). « Un accident du travail est toujours multifactoriel et il faut agir sur tout à la fois, souligne M. Blaise. La clé, c’est la maintenance préventive : anticiper, prévoir plutôt que subir. »

      Les accidents du travail liés aux machines ont un autre point commun : la complexité des procédures qui s’ensuivent. Plus de deux ans après les faits, Claudine Duchêne ne connaît toujours pas les circonstances exactes de la mort de son mari. « Je sais juste que la machine n’aurait pas dû fonctionner en ce jour de maintenance, qu’il n’aurait pas dû y avoir d’électricité », assure-t-elle. L’enquête de la gendarmerie a été close en juillet 2022, celle de l’inspection du travail a été remise à la justice en juin 2023. Celle-ci révélerait « une faute accablante sur l’organisation de la journée de maintenance », précise Claudine Duchêne. Depuis, elle attend la décision du parquet de Nantes.

      Aux enquêtes de police et de l’inspection du travail peut s’ajouter une expertise judiciaire, ralentissant encore un peu plus la procédure, comme dans le cas de Flavien Bérard. « L’attente est longue et douloureuse pour les familles, souligne Me Béthune de Moro. Plus il y a d’intervenants, plus cela alourdit les choses, mais c’est toujours pour éclairer la situation, dans un souci de manifestation de la vérité. » La famille attend désormais d’éventuelles mises en examen et une ordonnance de renvoi dans l’année pour un procès en 2025.

      Après l’accident de Ludovic Marais, le monte-charge a été mis sous scellé jusqu’en mars 2023, une procédure indispensable mais qui allonge encore les délais. Cela a empêché l’intervention d’un expert judiciaire pendant plus de trois ans. « Le nouveau juge d’instruction a décidé de lever les scellés et une nouvelle expertise est en cours », confie Me Ménage. Le rapport pourrait arriver d’ici à l’été. Sachant que les avocats de la défense pourront éventuellement demander une contre-expertise. La brasserie, le patron, la tutrice du jeune apprenti, Otis (la société ayant installé le monte-charge) et un de ses techniciens chargé de la maintenance sont mis en examen pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence dans le cadre du travail ». Un procès pourrait avoir lieu fin 2024 ou en 2025. La fin d’un chemin de croix judiciaire pour qu’enfin le deuil soit possible.

    • Accidents du travail : les jeunes paient un lourd tribut
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/09/accidents-du-travail-les-jeunes-paient-un-lourd-tribut_6215566_3234.html

      Entre les entreprises peu scrupuleuses et la nécessité pour les jeunes de faire leurs preuves dans un monde du travail concurrentiel, les stagiaires, élèves de lycées professionnels ou apprentis sont les plus exposés aux risques professionnels.

      Quatre jours. L’unique expérience professionnelle de Jérémy Wasson n’aura pas duré plus longtemps. Le #stage d’observation de cet étudiant en première année à l’Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) devait durer deux mois, dans l’entreprise Urbaine de travaux (filiale du géant du BTP Fayat). Le 28 mai 2020, il est envoyé seul sur le toit du chantier du centre de commandement unifié des lignes SNCF de l’Est parisien, à Pantin (Seine-Saint-Denis). A 13 h 30, il fait une chute en passant à travers une trémie de désenfumage – un trou laissé dans le sol en attente d’aménagement – mal protégée. Il meurt deux jours plus tard, à 21 ans.

      L’accident de Jérémy a laissé la grande école du bâtiment en état de choc. « C’est ce qui m’est arrivé de pire en trente ans d’enseignement supérieur », exprime Joël Cuny, directeur général de l’ESTP, directeur des formations à l’époque. La stupeur a laissé la place à de vibrants hommages. Un peu courts, toutefois… L’ESTP ne s’est pas portée partie civile au procès, regrette Frédéric Wasson, le père de Jérémy, qui souligne que « Fayat est l’entreprise marraine de la promo de [s]on fils… », ou que, dès 2021, Urbaine de travaux reprenait des dizaines de stagiaires issus de l’école.

      #Stagiaires, élèves de lycées professionnels en période de formation en milieu professionnel, #apprentis… Les jeunes paient un lourd tribut parmi les morts au travail : trente-six travailleurs de moins de 25 ans n’ont pas survécu à un accident du travail en 2022, selon le dernier bilan de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). C’est 29 % de plus qu’en 2019. Et encore cela ne porte que sur les salariés du régime général. La CNAM souligne aussi que, par rapport aux autres accidents du travail, il s’agit davantage d’accidents « classiques, c’est-à-dire hors malaises et suicides », et d’accidents routiers.

      « Irresponsabilité totale »

      L’inexpérience de ces jeunes, quand elle n’est pas compensée par un accompagnement renforcé, explique en partie cette surmortalité. Quelque 15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des trois premiers mois suivant l’embauche, et plus de la moitié des salariés de moins de 25 ans morts au travail avaient moins d’un an d’ancienneté dans le poste.

      Tom Le Duault a, lui, perdu la vie le lundi 25 octobre 2021. Cet étudiant en BTS technico-commercial entame alors son quatrième contrat court dans l’abattoir de LDC Bretagne, à Lanfains (Côtes-d’Armor). Sa mère y travaille depuis vingt-neuf ans, et il espère ainsi mettre un peu d’argent de côté. Comme lors de ses premières expériences, il est « à la découpe », où il s’occupe de mettre en boîte les volailles. Ce matin-là, un salarié est absent. Tom doit le remplacer dans le réfrigérateur où sont stockées les caisses de viande. Il est censé y empiler les boîtes avec un gerbeur, un appareil de levage.

      « Sur les dernières images de vidéosurveillance, on le voit entrer à 9 h 53. Il n’est jamais ressorti, et personne ne s’est inquiété de son absence », regrette Isabelle Le Duault, sa mère. Il est découvert à 10 h 45, asphyxié sous deux caisses de cuisses de volaille. Elle apprend la mort de son fils par hasard. « J’ai vu qu’il y avait plein de monde dehors. Une fille m’a dit qu’il y avait un accident grave, elle m’a dit de demander si ce n’était pas mon fils au responsable. Il m’a demandé : “C’est Tom comment ?” C’était bien lui… »

      Les conclusions des enquêtes de gendarmerie et de l’inspection du travail ont vite écarté une éventuelle responsabilité du jeune homme. Jean-Claude Le Duault, son père, en veut à l’entreprise. « Tom n’a pas voulu les décevoir, vu que sa mère travaillait là. Mais on ne met pas un gamin de 18 ans seul dans un atelier, une heure, sans vérifier, sur un gerbeur. Il ne connaît pas les dangers, les règles de sécurité. C’est une irresponsabilité totale, à tous les étages. »

      Manquements

      Dans un monde du travail concurrentiel, les jeunes se doivent de faire leurs preuves. A quel prix ? Selon une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications publiée en 2020, 59 % des jeunes sortant de la voie professionnelle sont exposés à des risques de blessures ou d’accidents. Or, dans le même temps, ils n’ont pas la même connaissance de leurs droits. Toujours dans cette étude, 42 % déclaraient ne pas avoir reçu de formation ou d’informationsur la santé et la sécurité à l’arrivée sur leur poste. C’est le cas de Tom Le Duault, qui n’avait même pas de fiche de poste. Comme son utilisation du gerbeur n’était pas prévue, il avait été formé sur le tas.

      « Il avait déjà travaillé avec un appareil de levage lors de son précédent contrat, et il s’était déjà blessé à la cheville, ce qui avait causé trois semaines d’arrêt, fulmine Ralph Blindauer, avocat de la famille. Il a été formé par un autre intérimaire. C’était une formation à l’utilisation, pas à la sécurité ! »

      A l’absence d’encadrement et de formation s’ajoutent d’autres manquements, détaillés lors du procès de l’entreprise au pénal : l’appareil était défaillant, ce qui a vraisemblablement causé l’accident, et les salariés de LDC avaient l’habitude d’empiler les caisses sur trois niveaux au lieu de deux, faute de place dans la chambre froide, ce qui est contraire aux règles de sécurité.

      Le rôle du tuteur est crucial

      LDC Bretagne a été condamné, en mai 2023, à une amende de 300 000 euros, tandis que l’ancien directeur de l’#usine – devenu, entre-temps, « chargé de mission » au sein de l’entreprise – a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Reconnaissant ses manquements, l’entreprise n’a pas fait appel, chose rare. La direction de cette grosse PME déclare que des mesures complémentaires ont été prises à la suite du décès de Tom, notamment un « plan de formation renforcé à la sécurité, des habilitations, une évaluation complète et approfondie des risques sur les différents postes, des audits par des cabinets indépendants ou le suivi d’indicateurs ».

      Un badge est désormais nécessaire pour se servir d’un gerbeur, ajoute Isabelle Le Duault. Elle a choisi de rester dans l’entreprise, mais à mi-temps. « Moi, je ne peux plus passer devant cette usine, ou même dans cette ville », renchérit son mari.

      En stage ou en apprentissage, le rôle du tuteur est crucial. Sur le chantier d’Urbaine de travaux, à Pantin, l’arrivée de Jérémy Wasson n’avait pas été anticipée. Le lundi matin, personne ne s’occupe de lui, car le chantier est en retard. Il ne reçoit rien d’autre qu’un livret d’accueil et un rendez-vous de quinze minutes pendant lequel on lui parle surtout des gestes barrières. « Jérémy s’est très vite interrogé sur la nature de son stage. Dès le premier jour, on lui a fait faire du marteau-piqueur, le mercredi soir, il trouvait ça fatigant et inintéressant. Ce soir-là, on a hésité à prévenir l’école… », raconte son père.

      Renforcer la formation à la sécurité

      La société Urbaine de travaux a été condamnée, en 2022, à 240 000 euros d’amende pour « homicide involontaire », et l’ingénieure en chef du chantier à 10 000 euros et deux ans de prison avec sursis. Cette décision du tribunal de Bobigny a confirmé les lourdes conclusions de l’inspection du travail, notamment la violation délibérée d’une obligation de #sécurité, l’absence d’encadrement et de formation de Jérémy et l’absence de #sécurisation de la trémie. L’entreprise a fait appel.

      Face à la violence de ces récits, qui concernent parfois des mineurs, le sujet a été érigé en axe prioritaire dans le plan santé au travail du gouvernement. Mais le choix du ministère du travail de publier deux mémentos qui mettent jeunes et entreprises sur le même plan, les invitant à « respecter toutes les consignes », peut étonner.

      Les écoles et centres de formation ont aussi un rôle à jouer pour renforcer la formation à la sécurité. En 2022, la CNAM a recensé plus de 1 million d’élèves et apprentis (CAP et bac professionnel) ayant reçu un enseignement spécifique en santé et sécurité au travail.

      Faciliter la mise en situation des adolescents

      A la suite du décès de Jérémy, l’ESTP a renforcé les enseignements – déjà obligatoires – sur la sécurité. Un élève ne peut se rendre en stage sans avoir obtenu une certification. « En cas de signalement, on fait un point avec les RH de l’entreprise, et si ça ne se résout pas, nous n’avons pas de scrupules à arrêter le stage. Mais je ne remets pas en cause la volonté des entreprises de créer un environnement de sécurité pour accueillir nos élèves », déclare Joël Cuny.

      Un argument difficile à entendre pour la famille de Jérémy Wasson… Car les #entreprises restent les premières responsables de la santé des jeunes sous leur responsabilité, comme du reste de leurs salariés. Le nombre d’apprentis a explosé ces dernières années, la réforme du lycée professionnel souhaite faciliter la mise en situation des adolescents.

      Par ailleurs, le gouvernement a annoncé l’obligation pour les élèves de 2de générale et technologique, dès 2024, d’effectuer un stage en entreprise ou en association de deux semaines, semblable au stage de 3e. La question ne s’est jamais autant posée : les employeurs mettront-ils les moyens pour protéger tous ces jeunes ?

      #apprentissage

    • Avec la sous-traitance, des accidents du travail en cascade, Anne Rodier
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/10/avec-la-sous-traitance-des-accidents-du-travail-en-cascade_6215798_3234.html

      Pression économique des donneurs d’ordre, délais resserrés, manque de prévention… Les salariés des entreprises en sous-traitance, en particulier sur les chantiers et dans le nettoyage, sont plus exposés aux accidents du travail. Surtout lorsqu’ils sont #sans-papiers.

      https://justpaste.it/axscq

      #sous-traitance

  • IA : floué par une visioconférence avec des collègues deepfakes, il transfère 26 millions de dollars à des escrocs – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/ia-floue-par-une-visioconference-avec-des-collegues-deepfakes-il-transfer

    Un employé d’une entreprise basée à Hongkong s’est vu ordonné d’effectuer quinze transactions bancaires par ses supérieurs... qui étaient en fait des avatars complexes générés par intelligence artificielle. Le tout au profit d’escrocs.

  • Baisse des aides de la CAF : les bénéficiaires du RSA et de la Prime d’Activité peuvent s’inquiéter - CESdeFrance
    https://www.cesdefrance.fr/social/baisse-aides-caf-les-beneficiaires-du-rsa-et-prime-activite-peuvent-sinq

    La réforme du calcul des aides par la Caisse d’Allocations Familiales (#CAF) suscite de vives inquiétudes parmi les bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (#RSA) et de la #Prime_d'Activité. En effet, depuis le début de l’année, un changement majeur est survenu dans la manière dont les montants des prestations sont déterminés, impactant potentiellement le niveau de vie de milliers de Français.

    Un nouveau calcul qui fait débat

    Le #montant_net_social, cette ligne récemment ajoutée sur les bulletins de paie et les relevés de prestations, est désormais au cœur du calcul des aides sociales. Cette mesure, introduite pour simplifier les démarches et réduire les erreurs de déclaration, pourrait cependant avoir des conséquences inattendues [mais oui, mais oui, ndc] sur les #allocations perçues. Le montant net social, défini comme l’ensemble des revenus après déduction des cotisations sociales mais incluant les avantages en nature et les contributions des employeurs, devient le seul revenu à déclarer lors des demandes trimestrielles à la CAF.

    Les implications pour les bénéficiaires

    Les experts et les syndicats expriment leur préoccupation quant à l’effet de cette réforme sur les aides versées. La prise en compte du montant net social pourrait entraîner une réduction des montants alloués au titre du RSA et de la Prime d’Activité, essentiels pour compléter les revenus des travailleurs à faible salaire. En effet, avec cette nouvelle méthode de calcul, les ressources des #allocataires ne seront plus sous-évaluées, ce qui pourrait se traduire par une diminution des aides perçues.

    Les syndicats, à l’image de Force Ouvrière, demandent une vigilance particulière pour que cette réforme n’aboutisse pas à une baisse des droits des allocataires.
    Malgré les avantages annoncés par la CAF, notamment une simplification administrative et une réduction du taux de non-recours aux droits, l’impact réel de cette mesure reste incertain. Certains experts suggèrent d’attendre les premiers retours concrets, prévus pour la fin du premier trimestre 2024, pour évaluer véritablement les conséquences de cette réforme sur les bénéficiaires.

    “Il est essentiel pour les allocataires de s’informer et de préparer leur budget en conséquence,” conseille un spécialiste du droit social. La CAF propose d’ailleurs un simulateur officiel pour aider les bénéficiaires à estimer l’évolution de leurs aides.

    Ce changement soulève de nombreuses questions et suscite une inquiétude légitime chez les bénéficiaires du RSA et de la Prime d’Activité. Il est crucial pour eux de rester informés des dernières évolutions et de se préparer à d’éventuels ajustements dans leurs budgets.

    #revenu #minima_sociaux #MNS

  • JO 2024 : de nombreux propriétaires donnent congé à leurs locataires dans Paris à l’approche de la compétition - France Bleu
    https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/jo-2024-de-nombreux-proprietaires-donnent-conge-a-leurs-locataires-dans-p


    De nombreux locataires craignent d’avoir été mis dehors pour que leur appartement soit loué à des touristes. © Radio France - Philippe Boccara

    De nombreux locataires parisiens voient leurs baux soudainement résiliés à l’approche des Jeux Olympiques. Si la plupart des congés sont donnés en respectant les règles, les #locataires mis à la porte soupçonnent une volonté de louer le bien à prix fort pendant la compétition.

    « C’est la douche froide », « le ciel m’est tombé sur la tête ». Plusieurs locataires font ces dernières semaines l’amère expérience d’une #résiliation_de_bail inattendue à #Paris ou en banlieue proche, alors que les Jeux Olympiques se rapprochent, et avec la compétition une flambée délirante des prix des nuits en location dans la capitale.

    « On a reçu un appel début janvier, de notre propriétaire, qui nous disait ’bonne année, au fait je vais récupérer l’appartement’ », explique Tanguy. Le jeune homme vivait dans un bel appartement du 15e arrondissement avec sa compagne, qu’il a fallu quitter précipitamment, officiellement car la propriétaire souhaite y loger sa fille .

    Difficile à vérifier

    « On ne peut pas savoir, mais le karma fait les choses comme il faut. Si c’est pour louer à prix d’or l’appartement à des touristes à prix d’or pendant les Jeux Olympiques, tant pis », estime Tanguy. Sa compagne et lui se sont relogés depuis, mais face à la difficulté de trouver un appartement en location à Paris, ils se sont résolus à emménager à Saint-Ouen.
    Selon la plateforme SeLoger, le nombre d’appartement à la location publiées sur leur site a en effet baissé de moitié en un an à Paris.

    Jacques connait la même déconvenue, lui qui loue un #meublé dans le centre de Paris près de la Seine, en meublé . « Je m’y attendais un peu, car j’ai une date d’anniversaire tous les ans à laquelle le propriétaire peut me donner congé », commence ce père de deux enfants.

    Locataires sceptiques

    Il doit partir en juin, « cela laisse pile quelques semaines pour rafraîchir l’appartement, et le louer à prix d’or pendant les Jeux Olympiques », estime-t-il. Les appartements similaires au sein se louent en effet à plus de 700 euros la nuit sur les plateformes de location courte durée.

    Même chose pour Zoé, qui vit en colocation à Montreuil depuis l’été dernier. Elle doit quitter en juillet les lieux, car sa propriétaire dit vouloir vendre. « Cela peut être arrangeant pour elle qu’on quitte l’appartement 10 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux. Ce sera assez facile de le louer, c’est un meublé, plutôt bien placé », explique la jeune femme de 24 ans.

    #JO #logement #touristification

  • 10 chiffres à connaître sur l’avion et le climat
    https://bonpote.com/10-chiffres-a-connaitre-sur-lavion-et-le-climat

    Si le fait que l’avion a un impact important sur le réchauffement climatique commence à faire du chemin, de nombreuses idées reçues continuent de circuler, permettant notamment de relativiser son importance.

    Ce ne serait que “2% des émissions alors qu’internet c’est 4%…” , ou encore il serait possible de faire un vol long courrier par an sans que cela ait vraiment un impact. C’est malheureusement loin d’être le cas.

    Pour démêler le vrai du faux, voici dix chiffres sur l’avion et le climat.

  • Complicité de féminicide ? - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2024/02/05/complicite-de-feminicide

    5 février 2024
    Féminisme, Sexisme, Technique policière
    Dans le Var : la police intervient pour des violences sexistes, saisit plusieurs armes détenues illégalement, mais laisse le mari libre. Il assassine sa femme quelques minutes plus tard.

    Ce vendredi 2 février, à Sanary-sur-Mer, dans le Var, la police intervient au domicile d’un couple, à l’appel de l’épouse, âgée de 64 ans. Dans un communiqué, le procureur ose encore parler d’une intervention policière dans le cadre d’un « différend conjugal », alors même que la femme a été assassinée, poignardée par son mari, quelques minutes seulement après l’intervention inutile des forces de l’ordre.

    Refusant de déposer plainte, les policiers n’ont pas cherché à la mettre en sécurité. D’autant que le mari, ne cherchant même pas à dissimuler son niveau de dangerosité auprès des policiers, leur a remis « spontanément » plusieurs armes et munitions détenues illégalement. Rappelons que ce seul fait de détention illégale d’armes est une infraction qui peut, à elle-seule, justifier l’interpellation et des poursuites judiciaires à l’encontre du mis en cause. Les raisons juridiques ne manquaient donc pas pour l’interpellation de cet homme, au moins temporairement, pour éviter ce féminicide. Mais là n’est pas la priorité de la police, qui est repartie en le laissant tranquille. Provoquant la mort de sa compagne. Les agents se sont-ils identifiés à cet homme masculiniste et détenteur d’armes ?

    Quand on connaît la répression féroce qui s’abat sur le moindre écologiste considéré comme éco-terroriste dans une manifestation champêtre, il semble invraisemblable qu’un homme pris en flagrance lors d’une scène de violence sur son épouse et possédant des armes et munitions détenues illégalement, ne soit même pas auditionné.

    Une enquête administrative a été ouverte « afin de déterminer si les règles d’intervention et de traitement de ce type de situation ont été respectées. Une enquête administrative, parallèle à l’enquête judiciaire, a été ordonnée par le directeur interdépartemental de la police », précise le parquet. Comme si le ministère public croyait encore que sa police respecte la moindre règle et la moindre loi ! Comble de l’indécence.

    C’est une affaire tragique, une de plus, qui a conduit à la mort brutale d’une femme du fait d’être une femme, alors que celle-ci aurait pu être évitée. Si seulement la police avait simplement fait le travail qu’elle prétend faire… Cette tragédie reflète encore une fois le mépris total des forces de l’ordre pour les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles. Refus de prendre les plaintes, refus d’intervenir, accueil insultant… les témoignages de la misogynie et du sexisme de la police sont plus que nombreux, ils sont la norme ! Mais cette norme est criminelle. À ce niveau de complaisance, peut-on encore considérer qu’il s’agit d’une simple incompétence et non pas d’actes de complicité ?

    En 2020, une enquête du monde révélait que « 35 % des féminicides ont été perpétrés alors que les victimes avaient déjà subi des violences physiques, psychologiques et / ou sexuelles. Environ 75% de ces femmes avaient déposé une plainte auprès des forces de l’ordre, soit environ 18% de l’ensemble des victimes d’homicides conjugaux ».

    C’est déjà le 15ème féminicide de l’année 2024, recensé par le collectif Nous Toutes. La « première cause du quinquennat » a sombré dans l’oubli depuis bien longtemps, et le gouvernement priorise la répression des étrangers, des pauvres, des chômeur-ses… et avant toute chose, il protège le grand capital.

    Ne nous faisons aucune illusion, la police n’a jamais eu pour vocation de protéger les personnes sexisées et plus largement toutes les personnes victimes de l’oppression patriarcale et raciste. La police a pour unique fonction, tout comme la justice, de protéger l’ordre établi et la classe dominante. N’attendons pas qu’elle nous protège.

  • L’État français menace d’expulser une famille palestinienne vers Gaza - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2024/02/06/letat-francais-menace-dexpulser-une-famille-palestinienne-vers-gaza

    L’État français menace d’expulser une famille palestinienne vers Gaza
    6 février 2024Exilés, Guerre, Répression
    Ce pays est fou. Après que les autorités françaises aient interdit les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien et traqué toute parole qui contestait la propagande de guerre israélienne, apporté son soutien inconditionnel à un régime génocidaire, fourni des armes et financé l’un des pires massacres de l’histoire contemporaine, elles souhaitent expulser une famille palestinienne qui vit à Rennes vers la bande de Gaza, devenue un véritable tombeau à ciel ouvert.

    C’est par voie de presse, dans un article de Ouest-France du 5 février, qu’on apprend que la préfecture d’Ille-et-Vilaine ne s’opposait pas à l’expulsion de Shaden et Ibrahim Awad ainsi que leurs 3 enfants.

    L’enclave palestinienne a littéralement été rasée par les bombardements de l’armée coloniale israélienne. Plusieurs dizaines de milliers de palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, d’autres sont encore ensevelis sous les décombres. Deux millions de personnes ont été déplacées de force. Le risque de famine et le manque de soins menacent directement la vie de centaines de milliers de gazaouis. Le sud de la bande de Gaza, où s’entassent les réfugiés palestiniens dans la région de Khan Younes, est pilonné par l’aviation israélienne. Il s’agit du plus grand massacre d’enfants de ce début de siècle. Mais un Préfet valide l’ordre d’expulsion dans cet enfer.

    Cette famille gazaouie avait réussi à fuir les bombardements israéliens de 2014 et à échapper à la mort. En 2018, les autorités françaises leur refusaient le droit d’asile, les empêchant de travailler. Depuis 2021, malgré différents recours et la fin de validité de leurs attestations de demandeurs d’asile, le couple est sans-papiers. Malgré une promesse d’embauche, leurs demandes de titres de séjour sont restées sans réponse et leur vie est en suspens. En février 2024, ils sont menacés d’être déportés dans la ville cimetière de Gaza. Et ce n’est pas un cas isolé.

    En juin 2023, à Lille, un professeur de français, Waleed Aboudipaa, palestinien de 38 ans, recevait par courrier une obligation de quitter le territoire par la préfecture du Nord. Il vit aujourd’hui sous la menace d’une expulsion. Le 10 novembre 2023, Mariam Abu Daqqa, militante révolutionnaire du Front Populaire de Libération de la Palestine était expulsée après avoir été arrêtée et enfermée dans un centre de rétention administrative alors qu’elle devait donner un cycle de conférences en France.

    Nommons les choses : il s’agit de mises en danger délibérées d’un cynisme absolu. La Cour internationale de justice a alerté sur le risque de génocide tandis que le gouvernement fasciste israélien poursuit son opération de nettoyage ethnique et son expansion coloniale à Gaza et en Cisjordanie. L’État Français n’est pas simplement complice. En fournissant les armes et en finançant l’État Israélien d’un côté tout en expulsant les réfugiés palestiniens de son territoire de l’autre, il collabore activement avec un régime barbare et colonial d’un bout à l’autre de la chaîne génocidaire.

  • Les communistes de conseils - Chroniques critiques
    http://www.zones-subversives.com/2024/01/les-communistes-de-conseils.html

    Les communistes de conseils

    Publié le 6 Février 2024

    Les partis d’avant-garde sont présentés comme incontournables pour guider les masses selon le modèle marxiste-léniniste. Pourtant, les soulèvements révolutionnaires éclatent de manière spontanée Les communistes de conseils soulignent l’importance des pratiques d’auto-organisation dans la dynamique révolutionnaire.

    La révolution n’est plus considérée comme désirable. L’utopie communiste reste associée à l’URSS. Pourtant, la critique la plus percutante du stalinisme provient également de courants révolutionnaires. Cependant, leur analyse de la contre-révolution bureaucratique a sombré dans l’oubli au profit de l’anti-totalitarisme médiatique des Nouveaux philosophes. Le communisme de conseils propose de remplacer les institutions bourgeoises par des institutions prolétariennes, à l’image des soviets qui émergent dans la révolution russe de 1905.

    Ce courant est attaqué par Lénine dans sa brochure Le gauchisme, la maladie infantile du communisme. Cette tradition politique et intellectuelle remet en cause le mode de production capitaliste mais aussi l’État moderne. Des textes de Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Rühle et Helmut Wagner sont regroupés dans le livre Communistes de conseils contre capitalisme d’État.



    Critique du bolchevisme

    En 1920, Otto Rühle publie « Moscou et nous ». Il critique la IIIe Internationale dirigée par la Russie bolchévique. Lénine impose un modèle de révolution qui doit s’appliquer à tous les pays, quel que soit leur contexte local. « Nous sortons le schéma révolutionnaire standard (brevet Lénine) de la poche, nous l’appliquons… hourra ! ça marche… et crac ! la révolution a gagné ! », ironise Otto Rühle. Surtout, ce modèle de révolution repose sur un parti qui impose le centralisme, la discipline et le pouvoir des chefs. Les masses doivent se contenter d’obéir docilement. Au contraire, Otto Rühle insiste sur l’importance de la liberté et de l’autonomie.

    Dans le « Rapport sur Moscou », Otto Rühle revient sur la critique du parti hiérarchisé. Dans différents pays comme en Allemagne, les partis communistes locaux reçoivent leurs ordres de Moscou. Ce sont des structures hiérarchisées. Ensuite, les partis tentent d’encadrer les masses. Ce qui limite la créativité et l’initiative du prolétariat. La révolution ne doit pas être guidée par un parti mais doit être prise en main par l’ensemble de la classe prolétarienne.

    Les méthodes de la discipline et de la réglementation ne permettent pas à la révolution de se déployer. « Elles étouffent l’initiative, paralysent l’activité révolutionnaire, portent préjudice à la combativité, amoindrissent le sens de la responsabilité. Or il s’agit ici de provoquer l’initiative des masses, de les libérer de l’autorité, de développer leur conscience de soi, de les éduquer à l’action autonome et ainsi accroître leur intérêt pour la révolution », souligne Otto Rühle.

    En 1934, Helmut Wagner publie ses « Thèses sur le bolchévisme ». Le parti de Lénine parvient à fédérer la paysannerie et la classe ouvrière. Il adopte les méthodes de la social-démocratie russe, mais surtout de la petite-bourgeoisie jacobine qui dirige la Révolution française. Le parti bolchévique impose une direction autoritaire et centralisée qui s’appuie sur des révolutionnaires professionnels.

    Les dirigeants bolchéviques s’opposent à l’auto-organisation du prolétariat. Ils s’appuient sur les soviets uniquement pour prendre le pouvoir. « Dès l’instant où les bolchéviques ont considéré les soviets comme des organes d’insurrection et non plus comme des organes de la classe ouvrière, il est devenu plus évident que pour eux les soviets n’étaient qu’un instrument qui permettait à leur parti de s’emparer du pouvoir », analyse Helmut Wagner. Les bolchéviques parviennent à prendre le contrôle des syndicats. Ils imposent la subordination du prolétariat à l’organisation bureaucratique et s’opposent à l’autodétermination de la classe ouvrière.



    Critique du léninisme

    En 1935, Paul Mattick se penche sur « Les divergences de principes entre Rosa Luxemburg et Lénine ». Ces deux figures de la social-démocratie s’opposent au réformisme de la IIe Internationale. Elles se distinguent également par leur attachement à relier la théorie et la pratique. Cependant, elles proposent des voies différentes, voire opposées. Rosa Luxemburg critique le réformisme théorisée par Édouard Bernstein. Elle observe qu’il n’est pas possible de remettre en cause la domination d’une classe sur une autre par des moyens légaux. Lénine partage cette critique. Mais des divergences stratégiques apparaissent à travers l’analyse de la révolution de 1905 en Russie.

    Lénine propose la gestion de l’économie par l’État. Il diffère des sociaux-démocrates dans la méthode, mais pas dans les objectifs. Il ne propose pas des réformes, mais une insurrection pour s’emparer de l’État afin de gérer la production. Lénine considère également que les prolétaires ne peuvent pas développer une conscience révolutionnaire. Si les ouvriers se contentent de revendications réformistes et syndicales, c’est le Parti qui doit leur apporter la conscience révolutionnaire. Lénine insiste sur le rôle d’une avant-garde hiérarchisée et disciplinée. « Il faut que la direction du Parti acquiert une influence sur les masses, et cette influence importe plus que le sort des masses elles-mêmes. Que les masses s’organisent en soviets ou en syndicats, voilà qui reste absolument secondaire ; qu’elles soient dirigées par les bolchéviques, voilà l’essentiel », ironise Paul Mattick.

    Au contraire, Rosa Luxemburg insiste sur la conscience agissante des masses. Ce sont les prolétaires qui, à travers leur lutte et leurs actions, développent eux-mêmes une conscience révolutionnaire. Les partis ont d’ailleurs beaucoup de mal à comprendre les révoltes sociales qui reposent le plus souvent sur la spontanéité. L’expérience montre que « c’est justement pendant la révolution qu’il est extrêmement difficile à un organisme dirigeant du mouvement ouvrier de prévoir et de calculer quelle occasion et quels facteurs peut déclencher ou non des explosions », souligne Rosa Luxemburg. La révolution russe de 1905 révèle un soulèvement spontané de masse. Les dirigeants ont du mal à formuler des mots d’ordre avant que la masse des prolétaires se lance à l’assaut. Rosa Luxemburg observe même que, durant les moments révolutionnaires, ce sont les ouvriers les moins politisés et organisés qui se montrent les plus actifs.

    Critique du Parti communiste

    Anton Pannekoek publie « Au sujet du Parti communiste » en 1936. Il revient sur les origines du mouvement communiste portée par une jeunesse ouvrière qui s’oppose à la guerre et aux compromissions de la social-démocratie. Cependant, le parti bolchevik lance une IIIe Internationale pour instaurer des partis communistes dans différents pays d’Europe. La fraction la plus consciente de la classe ouvrière doit représenter l’ensemble du prolétariat pour prendre le pouvoir. Cette théorie s’appuie sur l’exemple de la révolution russe qui a permis à une minorité de militants de s’emparer du pouvoir d’État. Cependant, le tsarisme s’apparente à un régime autoritaire traditionnel. Au contraire, les pays occidentaux s’appuient sur l’économie capitaliste.

    Si une poignée d’insurgés suffit pour chasser un tyran, seule la puissance de la classe ouvrière peut renverser le capitalisme. « La véritable révolution prolétarienne sera déterminée par le monde capitaliste existant ; la véritable révolution communiste viendra de la conscience de classe du prolétariat », rappelle Anton Pannekoek. La classe ouvrière en Europe et en Amérique se compose d’anciens paysans et travailleurs indépendants qui découvrent le règne de la machine et la discipline du travail collectif. Ce qui permet de forger rapidement une conscience de classe.

    Cependant, l’objectif du Parti consiste à obtenir l’adhésion massive des travailleurs, et non d’en faire des combattants indépendants. Les partis communistes s’appuient sur les élections et le parlement, mais aussi sur le contrôle des syndicats. Les grèves sont l’école du communisme. Les travailleurs découvrent l’importance de leur force collective et de la solidarité face au patronat. « Leur désir de comprendre s’en trouve accru et ce qu’ils apprendront est sans doute la plus importante leçon, à savoir que seul le communisme pourra les libérer », souligne Anton Pannekoek. Le Parti communiste s’appuie sur cette conscience révolutionnaire pour attirer les ouvriers par des promesses lointaines.

    Meeting du Soviet de Petrogard

    Critique de l’antifascisme

    En 1937, Helmut Wagner publie « L’anarchisme et la révolution espagnole ». En Espagne, l’anarchisme semble particulièrement implanté et influent auprès des ouvriers et des paysans. Cependant, durant la révolution de 1936, les militants anarchistes délaissent leurs principes pour adopter des pratiques similaires à celles des bolcheviks durant la révolution russe. Les anarchistes prêchent la collaboration de classe au nom de l’antifascisme. Surtout, les anarchistes se sont ralliés au gouvernement de Front populaire et ont soutenu la bourgeoisie lorsqu’elle a attaqué les organisations ouvrières. « Les anarchistes ont aidé à organiser un pouvoir politique bourgeois mais n’ont rien fait pour la formation d’un pouvoir politique prolétarien », observe Helmut Wagner.

    La production de marchandises et l’argent perdurent malgré l’autogestion des usines. Les anarchistes imposent le contrôle des syndicats sur la production dans les usines plutôt que de permettre une véritable auto-organisation des ouvriers. Surtout, les anarcho-syndicalistes réduisent les problèmes économiques à de simples problèmes techniques qui peuvent se gérer par un bureau de statistiques. Les anarchistes et les bolchéviques s’accordent pour considérer comme l’enjeu central l’administration technique de la production.

    En 1939, Otto Rühle publie « La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchévisme ». Il attaque le « fascisme rouge » qui règne en URSS. Il observe le rôle central de l’État dans les régimes staliniens comme dans les régimes fascistes. Otto Rühle dénonce également le bolchévisme de Lénine qui considère la révolution comme un parti d’avant-garde qui doit diriger les masses. La discipline, la hiérarchie et le centralisme prédominent dans cette stratégie.

    Lénine pense que son parti social-démocrate peut gagner de l’influence dans la Russie tsariste. Cependant, la révolution de 1917 bouleverse son projet. Ce n’est pas un parti d’avant-garde qui impulse la révolution. Ce sont les ouvriers et les paysans qui s’auto-organisent à travers les soviets. Lénine s’appuie alors sur ces structures pour prendre le pouvoir, avant de les abandonner une fois qu’il prend la direction de l’État.

    Perspectives révolutionnaires

    Ces textes des théoriciens du communisme de conseils n’ont pas pris la poussière. Ils soulèvent des enjeux toujours actuels, mais que la vieille gauche préfère étouffer. Certes, ces auteurs s’appuient surtout sur la critique de l’URSS. Les débats enflammés autour de la nature du régime stalinien semblent lointains. Cependant, les analyses de classe du capitalisme bureaucratique comme du capitalisme libéral restent pertinentes. Comprendre les structures d’une société et les rapports de classes demeure une grille d’analyse précieuse.

    Surtout, les communistes de conseils attaquent le modèle marxiste-léniniste. Si le bolchevisme semble dépassé, la critique des avant-gardes politiques reste percutante. Tous les partis de gauche et d’extrême-gauche se perçoivent comme une élite intellectuelle et militante qui doit éduquer et guider les masses. Au contraire, il semble important de souligner les capacités d’auto-organisation du prolétariat. Un mouvement comme les Gilets jaunes suffit à observer que tous les partis sont dépassés dès qu’une révolte spontanée éclate. Ce qui ne les empêche pas de se proposer pour la structurer, l’encadrer, la centraliser.

    Le communisme de conseils reste le courant politique le plus précieux en raison de sa critique des partis d’avant-garde et de son attachement à l’auto-organisation. Néanmoins, la plupart des théoriciens du communisme de conseils peuvent basculer dans le travers inverse. Une posture spontanéiste peut se contenter d’attendre la révolution tomber du ciel, tout en ironisant sur le réformisme des luttes syndicales. Une ultra gauche moribonde peut tomber dans ce travers du refuge confortable de la théorie face aux tumultes sociaux. Cependant, il semble indispensable d’affirmer l’importance des luttes sociales et des pratiques concrètes pour ne pas sombrer dans l’idéologie conseilliste repliée sur elle-même.

    Il reste important d’insister sur l’importance de s’organiser et de lutter. Tout en évitant les travers de la bureaucratisation et des hiérarchies. Il reste indispensable de diffuser des pratiques d’auto-organisation et d’action directe collective. La conscience révolutionnaire se forge avant tout dans les grèves et les pratiques de lutte. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Rosa Luxemburg, figure majeure de ce courant malgré des illusions parlementaristes. Des moments de grèves contribuent davantage à la réflexion collective que des tracts ou des revues. Le communisme de conseils doit se revigorer dans les luttes sociales pour ouvrir de véritables perspectives révolutionnaires.

    Source : Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Rühle, Helmut Wagner, Communistes de conseils contre capitalisme d’État, Eterotopia, 2023

  • Allemagne : le Bundestag vote une loi réduisant de 100% les allocations sociales pour quelques personnes.
    https://harald-thome.de/newsletter/archiv/thome-newsletter-05-2024-vom-04-02-2024.html

    La sanction est prévue pour à partir de la deuxième sanction pour refus d’un travail ou non-collaboration avec le Jobcenter . Le loyer des bénéficiaires continue à être payé et ils ne perdent pas leur assurance maladie mais ne touchent plus d’argent pour se nourrir et les autres dépenses essentielles (Bedarf).

    La mesure touche d’abord les personnes en crise, les malades psy, les handicapé mentaux, analphabètes, bref les plus vulnérables qui ne sont souvent pas capables de « collaborer » avec le Jobcenter, cad de fournir des document en bonne et due forme et de se rendre aux rendez-vous imposés par l’administration.

    Le nombre de cas est assez réduite pour empêcher le nouveau règlement de permettre des économies sur budget social de l’état mais assez élevé pour empirer les situations de crise dans un nombre de cas qui va se faire sentir pour tout le monde. Bonjour les nouveaux mendiant, SDF et patients placés en institution.

    Thomé Newsletter 05/2024 vom 04.02.2024 - Harald Thomé

    1. Verschärftes 100 % - Sanktionsrecht vom Bundestag verabschiedet / „Neue Richtervereinigung“ hat gravierende verfassungsrechtliche Bedenken
    –-------------------------------------------------------------------
    Der Bundestag hat den Bundeshaushalt 2024 beschlossen, Teil des Haushaltsgesetz 2024 waren die verschärften 100 % - Sanktionen. Details hier nachzulesen: https://t1p.de/dfhy9

    Die Neue Richtervereinigung macht diesbezüglich auf gravierende verfassungsrechtliche Bedenken gegen die beabsichtigte Einführung einer den gesamten Regelbedarf umfassenden Leistungsminderung (vormals: Sanktion) und die drohende Zweckverfehlung des Vorschlages aufmerksam. Sie sieht eine Gefahr, “denn auflaufende Stromschulden und Zahlungsprobleme bei Ausgaben für Kommunikation, Verkehr und Gesundheitskosten (Zuzahlungen und verschreibungsfreie Medikamente) werden regelmäßig entstehen und nach dem Vorschlag nicht durch Sachleistungen aufgefangen. Sie belasten die Betroffenen nicht nur in besonderer Weise, sondern behindern sie in der Wahrnehmung von Aktivitäten zur Arbeitsaufnahme.” Die Stellungnahme zum Nachlesen: https://t1p.de/cr1s7

    Auch die Diakonie kritisiert die Wiedereinführung der 100%-Sanktionierung deutlich. Sie meldet ebenfalls verfassungsrechtliche Bedenken an und erklärt, dass Sanktionen in erster Linie Menschen mit psychischen Erkrankungen, Leseschwierigkeiten, mangelnden Sprachkenntnissen, persönlichen Krisen oder Suchtkrankheiten trifft. Aus der Praxis der Beratung ist bekannt, dass Sanktionierungen die Lage Betroffener verschärfen und nicht zur Lösung ihrer individuellen Problemlagen beitragen. Hier geht’s zur Stellungnahme des DW: https://t1p.de/zmh3f
    ...

    #Allemagne #allocations_sociales #Bürgergeld #sanctions

  • Irlande : le soutien à la Palestine nourri par l’histoire coloniale de l’île | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040224/irlande-le-soutien-la-palestine-nourri-par-l-histoire-coloniale-de-l-ile

    [...]
    Dans une tribune récente, Jane Ohlmeyer, historienne au Trinity College, qui vient de publier un essai de référence sur l’Irlande et l’impérialisme, va même un peu plus loin, dans le jeu des correspondances : « L’Irlande a servi d’exemple en matière de résistance à la domination impériale et a inspiré des combattants de la liberté dans les empires britannique et européens. Aujourd’hui, certains espèrent que l’Irlande, avec sa “solution à deux États”, pourra également servir de modèle pour la paix. » De là à ce que l’accord du Vendredi saint, en 1998, qui a instauré la paix civile en Irlande, soit revisité pour imaginer les chemins de la paix au Proche-Orient ?
    [...]

    https://jpst.it/3zN_I

    Que certaines situations coloniales, qui semblaient à un moment donné comme étant inextricables, débouchent finalement vers un dénouement politique (plus ou moins) inattendu, cela ne fait aucun doute.

    Cela peut évidemment éveiller l’espoir pour d’autres conflits coloniaux.

    Mais cela ne devrait pas pour autant conduire à élaborer des logiques de « modèles ». Malgré le contexte colonialiste, les conditions historiques irlandaise et palestinienne ne sont pas vraiment comparables.

  • L’Action directe (1908) - [Fragments d’Histoire de la gauche radicale]
    https://archivesautonomies.org/spip.php?article5452

    L’Action directe (1908)
    Article mis en ligne le 5 février 2024

    par ArchivesAutonomies

    Nous mettons en ligne le journal L’Action directe (1908) dont le premier numéro est daté du 15 janvier 1908, le dernier du 30 septembre 1908. Ce journal se voulait réagir contre la volonté de différents acteurs politiques et syndicaux de ramener l’action de la CGT dans un cadre légaliste. On va y retrouver des militants - P. Delesalle, A. Dunois, V. Griffuelhes, H. Lagardelle, A. Merrheim, P. Monatte, E. Pouget - ayant participé à la fondation de la CGT et ayant contribué par des nombreux articles dans la Voix du Peuple à défendre l’idéal du syndicalisme révolutionnaire. Voir les sommaires de #L’Action_directe.

    • Si on en croit les définitions « encyclopédiques », l’#action_directe n’est pas la #propagande_par_le_fait :

      La « propagande par le fait », à ne pas confondre avec l’« action directe », est une stratégie d’action politique développée par une partie des militants anarchistes à la fin du XIXe siècle, en association avec la propagande écrite et verbale. Elle proclame le « fait insurrectionnel » « moyen de propagande le plus efficace » et vise à sortir du « terrain légal » pour passer d’une « période d’affirmation » à une « période d’action », de « révolte permanente », la « seule voie menant à la révolution ».

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Propagande_par_le_fait

      Une action directe, dans les domaines politiques et sociaux, est le mouvement d’un individu ou d’un groupe qui agit par lui-même, afin de peser directement sur un rapport de force pour changer une situation et ceci, sans déléguer le pouvoir à un intermédiaire (« représentant », professionnel de la politique, bureaucrate, etc.)1. Principalement rattachée à la mouvance anarchiste dont elle est issue, l’action directe peut être pacifique ou non.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe_(th%C3%A9orie_politique)

    • L’action directe, pour le faire simple, telle qu’elle a été théorisée par les syndicalistes révolutionnaires de la CGT, consiste à préconiser tout type de pratiques de lutte de classe, gérées par la classe ouvrière elle-même, sur le « terrain économique », c’est à dire essentiellement en entreprise, sans délégation parlementaire. À l’époque ces pratiques étaient en particulier identifiées comme étant, la grève, le sabotage (qui ne correspond pas exactement au sens qu’on donne à ce terme aujourd’hui) le boycott, le label.

      La "propagande par le fait", sans être totalement contradictoire avec l’action directe, désigne en fait, certaines pratiques anarchistes - les attentats – qui se sont surtout déroulées en France, pendant la période précédant celle du syndicalisme révolutionnaire.

      Le cas d’Émile Pouget, prenant d’abord la défense des attentats anarchistes dans son Père Peinard, puis théorisant ensuite l’action directe à la direction de la CGT (pour enfin terminer dans l’union sacrée) est assez emblématique de cette évolution.

  • Gaza. Sérieuses fritures sur la ligne au Parti communiste français | Jean Stern
    https://orientxxi.info/magazine/gaza-serieuses-fritures-sur-la-ligne-au-parti-communiste-francais,7048

    De nombreux communistes s’inquiètent de ce qu’ils estiment être une mollesse dans la riposte de leur parti depuis le 7 octobre 2023. Ils ajoutent que si une partie de la direction joue profil bas sur la solidarité avec Gaza, c’est d’abord pour préparer les esprits à un changement de ligne sur l’analyse du conflit et sur l’organisation de la solidarité. Les enjeux du débat n’ont donc rien d’anodin.

    C’est un débat où les mots volent parfois bas, sans toutefois franchir le plafond invisible entre polémiques internes et place publique. Certes le Parti communiste français (PCF) semble toujours aux premières loges de la solidarité avec la Palestine et les Palestiniens, Fabien Roussel le réaffirme haut et fort en exclusivité pour Orient XXI. Cependant, beaucoup de militants et d’élus locaux, engagés de longue date dans des associations ou des comités de jumelages, déplorent que leur parti fasse « profil bas » depuis le 7 octobre, pour reprendre le mot d’un élu.

    Le refus d’appeler à certaines manifestations a en particulier marqué les esprits, donnant le sentiment d’un flottement, voire d’un changement de ligne par un parti qui s’est toujours mobilisé pour la Palestine, mais qui aurait désormais quelque indulgence pour Israël. « À force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par pédaler à l’envers », constate avec amertume un ancien du bureau politique. Un autre dénonce « l’intelligence d’un chewing-gum » de l’actuelle direction.

    https://orientxxi.info/magazine/gaza-fabien-roussel-je-ne-suis-pas-dupe-de-l-usage-du-mot-terrorisme,704

  • Aux apatrides du web merdique - Par Thibault Prévost | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/aux-apatrides-du-web-merdique

    Quinze ans après sa naissance, le Web 2.0, celui des réseaux sociaux, des applis et de la disruption, est en train d’agoniser, sans qu’on sache encore réellement ce qui lui succédera. En cause : l’emmerdification, ou la lente dégradation du capitalisme de plateforme.

  • Atos, l’hubris et la chute d’un mousquetaire français de l’informatique
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/05/atos-l-hubris-et-la-chute-du-mousquetaire-de-l-informatique_6214810_3234.htm

    [...]
    Lorsqu’il prend les commandes d’Atos en 2008, Thierry Breton, désormais commissaire européen au marché intérieur, hérite d’un groupe de deuxième division, encore très centré sur la France et peu conforme à ses ambitions. Bouillonnant, l’ancien PDG de France Télécom est persuadé que seule une taille critique lui permettra de répondre aux besoins des multinationales. Rapidement, il lance la société à l’assaut de l’Europe. En 2010, premier coup d’éclat : Atos achète Siemens IT Solutions and Services, le pôle informatique du conglomérat industriel allemand. D’un coup, la petite société de services informatiques passe de 5 à 8,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

    « C’est l’une des plus importantes coopérations franco-allemandes depuis EADS [devenu Airbus] », se vante alors M. Breton, pas peu fier de faire de son groupe le premier acteur européen, devant son rival Capgemini, de l’infogérance, une prestation qui consiste à prendre en charge la gestion de tout ou partie de l’informatique d’une entreprise.

    Avec Siemens, la moitié des revenus d’Atos vient de ce métier, capital pour une société de services informatiques, selon le PDG. C’est la première erreur stratégique. Car pendant qu’Atos grossit dans la gestion des centres de données de ses clients – il gère plus de 3 millions de serveurs –, le groupe ne voit pas arriver l’essor du cloud computing dit « public », déployé par les américains Google, Amazon ou Microsoft. Plutôt que d’avoir ses propres serveurs, gérés par un prestataire comme Atos, une entreprise a tout intérêt à louer des capacités chez un fournisseur de cloud partagé, en fonction de besoins qu’elle peut ajuster.

    Insufisamment rentable

    « Le cloud public a cassé le marché, et Atos s’est retrouvé à gérer des machines obsolètes », résume Jean-François Perret, du cabinet de conseil Pierre Audoin Consultants. D’autres grands noms de l’informatique ont souffert de cette bascule. Le géant IBM s’est ainsi débarrassé de ces activités devenues trop lourdes, en les logeant dans une entité indépendante, Kyndryl, mise en Bourse en novembre 2021. Pour la même raison, HP avait cédé ces services à CSC, devenu DXC Technology, en 2016.

    Seconde erreur : focalisé pendant ces années-là sur le développement de l’infogérance, même si l’acquisition, en 2014, du français Bull lui a ouvert les portes de la cybersécurité et des supercalculateurs, deux activités en croissance, Atos n’a pas pris suffisamment fort le virage vers l’outsourcing, c’est-à-dire le transfert d’une partie de la force de travail vers des pays à bas coûts, principalement l’Inde, riche de millions de jeunes ingénieurs.

    Il faudra attendre l’acquisition, en 2018, de l’américain Syntel, qui dispose de 18 000 salariés en Inde, pour que le groupe dirigé par M. Breton prenne pleinement la mesure du phénomène, transformation majeure de l’industrie informatique. Mais c’est trop tard. Quand Atos passe la barre des 25 000 ingénieurs indiens en 2020, Capgemini emploie déjà près de 150 000 personnes dans le sous-continent, cinq fois plus que dix ans auparavant. Et ce chiffre a encore augmenté : fin 2022, Capgemni employait 360 000 personnes dans le monde, dont la moitié en Inde, et seulement 38 000 en France.
    [...]

    https://jpst.it/3zNqK

  • U.S. admits it hasn’t verified Israel’s UNRWA claims, media ignores it – Mondoweiss
    https://mondoweiss.net/2024/02/u-s-admits-it-hasnt-verified-israels-unrwa-claims-media-ignores-it

    Les USA eux-mêmes qu’ils n’ont pas été en mesure de vérifier les accusations israéliennes contre quelques employés de l’UNRWA.

    (Tout le reste de l’article est intéressant.)

    On January 26, Israeli allegations against a dozen UNRWA employees surfaced. The agency immediately fired nine of them and said that two others were dead, hoping their swift and pre-emptive action would stave off rash U.S. actions. Nonetheless, the United States and a host of other countries immediately suspended funding for UNRWA, over the actions of 12 of over 30,000 employees, 13,000 of whom are in Gaza.

    It’s worth pausing over that last fact for a moment. Twelve out of 13,000 Gaza employees have caused all of this, and it’s based on evidence that has not been made public. You’d never know that from much of the media coverage, which is, once again, treating Israeli allegations as proven facts. Nor could you tell by the U.S. response. Secretary of State Antony Blinken stated, “We haven’t had the ability to investigate [the allegations] ourselves. But they are highly, highly credible.”

    That is a stunning statement. They are simply taking Israel’s word for it, and on that basis, they are suspending aid to nearly two million people who need that aid more than anyone in the world.

    Recall that Israel, in October 2021, labeled six Palestinian organizations as being connected to “terrorist groups,” specifically referring to the Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP). The “evidence” Israel presented was so threadbare that European countries dismissed it as baseless, and even the Biden administration, which has repeatedly supported Israeli claims based on no evidence that turned out to be false, could not accept the Israeli charges, though it avoided explicitly calling out Israel’s attempted deception.

    Yet now, Israel has presented a “dossier” that contains its case against the twelve UNRWA workers. The actual evidence has not been made public, and even the United States, as noted above, has admitted it can’t verify the Israeli claims. But the U.S. suspended UNRWA’s funding anyway and led seventeen other countries to follow suit.

    • Les occidentaux tiennent à participer au génocide des Palestiniens : armer Israël, soutenir économiquement Israël, diaboliser les Palestiniens ("guerre Israël-Hamas", Hamas terroriste mais Israël jamais, même pas criminel), suspendre le financement de l’UMRWA, seul fil de vie aux habitants de Gaza décimés par les bombardements, les tirs de snipers, la faim et les épidémies.

      La barbarie raciste européenne est de retour et cette fois avec les Etats-Unis.

      Les occidentaux massacrent également les états de droit (les lobbys sionistes font presque partout la loi) et effacent la Justice internationale en ignorant la décision de la Cour Internationale de Justice.

  • Les jardins d’enfants survivront à la loi Blanquer
    https://lesprosdelapetiteenfance.fr/formation-droits/les-politiques-petite-enfance/les-jardins-denfants-dans-la-tourmente/les-jardins-denfants-survivront-la-loi-blanquer

    En sursis depuis plus de quatre ans, les jardins d’enfants jouaient leur dernière carte, ce jeudi 1er février à l’Assemblée. Le projet de loi transpartisane, visant à pérenniser ces structures en leur accordant une dérogation permanente à la loi Blanquer, a été largement voté, tard dans la nuit, par une poignée de députés. C’est un avant-goût de la victoire et un vrai soulagement pour tous ceux qui les ont vaillamment soutenus ces dernières années. La prochaine étape se jouera plus sereinement en mars, devant le Sénat acquis à leur cause.

    Voilà plus de cent ans que les #jardins_d’enfants accueillent les enfants de 2 à 6 ans, portés par une pédagogie alternative qui a fait ses preuves, assurant ainsi une véritable mission de service public. Souvent implantés dans des quartiers populaires et QPV, ce sont des lieux de vie et d’apprentissage dans une réelle mixité sociale, où l’enfant en situation de handicap a toute sa place (dans les jardins d’enfants #parisiens, ce sont 13% d’enfants accueillis en situation de handicap) notamment grâce à un taux d’encadrement élevé. Très répandus dans les pays du Nord et de l’Est, ces lieux atypiques assurent une transition en douceur vers l’école élémentaire. En France, il ne reste que 260 jardins d’enfants qui ne rentrent plus dans aucune case du système, à la croisée de la petite enfance et de l’#éducation, alors que tous s’accordent à dire qu’ils cochent toutes les cases pour le bien-être des enfants… Quel paradoxe !

  • @davduf m’apprend la mort de Wayne Kramer, guitariste du MC5.
    https://mamot.fr/@davduf/111867538601483082
    Wayne Kramer, Influential MC5 Guitarist, Is Dead at 75
    https://www.nytimes.com/2024/02/02/arts/music/wayne-kramer-dead.html
    https://www.youtube.com/watch?v=74jS3dW0DtE


    Remembering Wayne Kramer of the MC5
    https://www.discogs.com/digs/music/wayne-kramer-mc5

    https://jail-guitar-doors.myshopify.com

    In 1978, The Clash released the song, “Jail Guitar Doors.” The song tells the story of the imprisonment of their fellow musician #Wayne_Kramer. In 2007, to honor the life of Clash founder, Joe Strummer, Billy Bragg launches an initiative in England to provide musical equipment used to rehabilitate inmates serving time in Her Majesty’s Prisons in the United Kingdom. His initiative is named for that very same song, “Jail Guitar Doors.” In 2009, Wayne Kramer partners with Billy Bragg to found Jail Guitar Doors USA. Together, their combined effort continues the mission for prisoners in America. The circle is unbroken

  • Guide d’#écriture_inclusive pour parlementaires récalcitrant·es
    (publié le 26 septembre 2023, pour archivage)

    Les député·es de la nation examineront le 12 octobre prochain une proposition de loi (n°777) présentée par le Rassemblement National, visant à interdire l’usage de l’écriture dite inclusive. C’est la huitième du genre depuis juillet 2018 (la première étant déjà l’œuvre de ce parti), mais celle-ci est la première à parvenir en discussion en séance. Et c’est la plus délirante. Analyse.

    [Le texte qui suit est celui que j’ai lu à la commission des Affaires culturelles et de l’Education qui m’a auditionnée le 26 septembre]

    Je voudrais d’abord préciser que, contrairement aux personnes dont j’ai vu les noms cités dans le questionnaire que j’ai reçu pour préparer cette audition*, je suis une spécialiste du #langage_égalitaire. J’y travaille depuis la fondation, en l’an 2000, de la #Société_Internationale_pour_l’Étude_des_Femmes_de_l’Ancien_Régime, la #SIEFAR, qui a ouvert très vite une rubrique intitulée « la #guerre_des_mots », et qui est à l’origine de la réintroduction du terme #autrice. Je publie spécifiquement sur le sujet depuis 2014, date de la parution de mon premier ouvrage, Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Trois autres ont suivi, dont un sur les combats de l’Académie française en faveur du masculin, signé avec des linguistes, ainsi qu’une quinzaine d’articles publiés dans des revues et ouvrages scientifiques, sans parler des nombreuses tribunes et entretiens qui ont paru dans la grande presse. Cela m’a valu en 2017 d’être traitée par Le Figaro de « papesse de l’écriture inclusive », ce qui n’était pas exactement un compliment sous sa plume, mais que j’accepte volontiers comme tel.

    J’en viens donc à la fameuse écriture, et à la proposition de #loi examinée ici, qui si mon compte est bon est la 8e élaborée depuis 2018 par des parlementaires. Celle-ci entend interdire trois de ses composantes : le #point_médian, les #doublets, les #termes_épicènes. Je les examinerai l’une après l’autre.

    Le point médian est le signe destiné à remplacer les parenthèses qui ont envahi les documents administratifs francophones depuis une trentaine d’années, et qui signalent qu’on parle des femmes aussi : marié(e), divorcé(e), etc. Je ne suis pas sure que les adversaires de l’écriture inclusive s’en soient rendu compte, notamment Édouard Philippe, dont la circulaire donne une définition qui les englobe de fait en condamnant les « pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine. »

    Si les parenthèses sont apparues, dans un lieu aussi peu féministe que le Ministère de l’Intérieur, c’est qu’en français, lorsqu’on parle des humains, le masculin désigne avant tout les hommes. Je vous renvoie, pour l’explication de ce phénomène, aux études de psycholinguistique menées depuis 25 ans, et qui toutes – la chose est assez rare pour être notée – concluent qu’en français le masculin n’est pas générique, ou très faiblement, et en outre de moins en moins : plus les individus testés sont jeunes, moins ils reconnaissent cette valeur. En conséquence, quand on veut être clair·e, on doit, à l’oral, dire les deux mots, comme faisait le général De Gaulle en commençant ses discours par « Françaises, Français ! », ou, à l’écrit, signifier d’une manière ou d’une autre qu’on s’adresse, qu’on pense, qu’on parle aux femmes aussi.

    Or les #parenthèses n’étaient pas le bon signe, puisque ce qui est placé à l’intérieur n’a pas le même statut que ce qui est placé à l’extérieur. Dans cet usage, donc, elles n’ont pas leur place dans une société qui se veut égalitaire. D’où la recherche, depuis une trentaine d’années, de #signes plus pertinents, comme le trait d’union, la barre oblique, le point bas, et finalement le point médian, qui fait aujourd’hui consensus parmi les gens impliqués dans cette recherche, parce que, contrairement aux autres signes, celui-ci n’a pas d’autre usage dans la langue française ; on ne risque donc pas de les confondre.

    Bien entendu, le point médian est désormais utilisé plus largement que dans les documents administratifs, mais l’objectif est le même. Il faut toutefois apprendre à l’utiliser correctement, c’est-à-dire avec modération, car il s’agit d’une abréviation, et on sait que les abréviations doivent rester rares, sauf à rendre la lecture difficile. Par ailleurs, tous les mots ne peuvent pas être abrégés, en fonction de leur morphologie. Il y a donc nécessité, pour les personnes qui veulent pratiquer cette abréviation, d’apprendre les bonnes techniques. À titre d’exemple, les livres que je publie depuis cinq ou six ans présentent un point médian toutes les trois ou quatre pages, ce qui ne m’a jamais valu aucune critique pour illisibilité. Même les éditeurs les plus réticents au départ ont admis que ça passe tout seul. Ces bonnes pratiques sont aujourd’hui connues. On peut notamment se référer à l’édition 2022 du Guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe du Haut Conseil à l’Égalité femmes-hommes – je dis bien l’édition 2022 car les précédentes n’étaient pas tout à fait au point.

    Si la représentation nationale a un rôle à jouer dans ce domaine, ce n’est pas dans l’élaboration ou la définition de ces bonnes pratiques, qu’il faut laisser aux spécialistes. C’est dans la demande signifiée à l’administration d’utiliser désormais des signes égalitaires lorsqu’elle est amenée à utiliser des abréviations. Ce qui, je le rappelle, n’est jamais nécessaire : on peut écrire monsieur avec un M majuscule suivi d’un un point, mais on peut toujours l’écrire en toutes lettres. On peut aussi reformuler. Ainsi, là où les cartes d’identité émises jusqu’en juillet 2018 comportaient la mention « né(e) le », il est aujourd’hui écrit : « date de naissance ». Comme quoi le Ministère de l’Intérieur nous a entendu·es.

    L’article soumis au vote entend également interdire la double flexion, qu’on appelle aussi les doublets. Il s’agit pourtant une pratique séculaire, aussi utile dans la vie courante que dans les textes réglementaires. Un évêque du diocèse de Thérouane prescrit ainsi au début du XIe siècle : « Que ni homme ni femme n’attaque un autre, ni n’attaque un château ou un village, du mercredi au coucher du soleil au lundi à l’aurore ». Une ordonnance de Guillaume de Germond, prévôt de Paris, en date du 14 septembre 1341, demande « à tous jongleurs et jongleresses qui auraient été loués pour venir jouer dans une assemblée, d’en envoyer d’autres à leur place. »

    Ces doublets ont été remis au gout du jour par le fameux « Françaises, Français ! » du Général de Gaulle, qui cherchait ainsi à signifier qu’il n’appelait pas seulement les hommes à voter pour lui, mais aussi les femmes – puisqu’elles pouvaient désormais voter, et qu’il voulait être élu au suffrage universel. Si la loi proposée s’appliquait, il faudrait revenir à « Français ! » et bannir beaucoup d’expressions ordinaires, comme « mari et femme », « père et mère », « frères et sœurs, sans parler de la plus usuelle de toutes, « Mesdames et Messieurs », qui est un modèle de double flexion en même temps qu’une marque de politesse. Elle figure d’ailleurs en tête de la liste des signataires de la proposition de loi à l’étude, qui renie néanmoins ladite politesse juste après en plaçant les noms des hommes avant ceux des femmes.

    Si les doublets sont préconisés dans le cadre des efforts pour parler un français moins sexiste, c’est évidemment pour rompre avec l’idéologie qui suggère que seuls les hommes sont dignes d’être nommés, ou, pour le dire avec les mots du Père Bouhours en 1675, parce que, « quand les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte ». Mais c’est aussi – et en réalité c’est surtout – parce que cela permet une expression plus précise. Si je dis « Les étudiantes et les étudiants ont manifesté hier à Téhéran », je signifie autre chose que si j’avais dit « les étudiants », terme qui ne permet pas de savoir si des femmes faisaient partie du groupe ou non. Je suis donc plus juste, à tous les sens du terme.

    Au rebours de les interdire, la représentation nationale devrait donc inviter à utiliser les doublets dans les textes de loi et la Constitution, afin de signifier clairement que ces écrits concernent aussi bien les femmes que les hommes, et que la France en a définitivement fini avec l’idéologie résumée par le Père Bouhours.

    Le présent article de loi prévoit enfin d’interdire les termes épicènes, ce qui reviendrait à condamner quelques milliers de mots dont le français ne peut pas se passer dans son état actuel. Dans cette langue, en effet, les épicènes – c’est-à-dire les termes qui ne varient pas en genre alors qu’ils appartiennent à des catégories grammaticales qui le font ordinairement – sont très nombreux. Ils représentent environ un tiers des 5000 et quelques noms désignant les personnes (par exemple artiste, architecte, journaliste, pédagogue, psychiatre) et la moitié des adjectifs qualificatifs (par exemple autonome, efficace, facile, maniaque, responsable, stupide). Sans parler des pronoms comme je, tu, on, nous, vous, quiconque…

    La proposition de loi à l’étude prévoit donc d’une part de se passer d’un signe commode et juste pour abréger des doublets, d’autre part de priver la langue d’un moyen simple de s’exprimer justement, et enfin de l’amputer de milliers de termes. En tant que citoyenne, je dois avouer ma perplexité devant de telles prescriptions venant d’élu·es de la nation disposant de personnel pour monter leurs dossiers.

    Je préciserai donc maintenant ce qu’est en réalité l’écriture inclusive, et pourquoi aucune loi ni aucune circulaire ne peut l’interdire. Il s’agit du volet écrit du langage égalitaire, qu’on appelait jadis plus volontiers le langage non sexiste, ou non discriminant. Ce langage n’est pas une autre langue : c’est le français que je parle, que j’écris, que vous entendez et que vous comprenez. D’où l’inanité des notations rappelant que « la langue de la République est le français ». En réalité, l’objectif aujourd’hui poursuivi par les personnes soucieuses d’égalité entre les sexes est pour l’essentiel, de retrouver les ressources que possède cette langue – je ne dirai pas de toute éternité mais assurément depuis des siècles. Ressources qui sont à la fois lexicales et grammaticales.

    Du côté des ressources lexicales, il s’agit d’abord de désigner les femmes avec des noms féminins, comme on l’a fait en France sans exception aucune jusqu’à la création de l’Académie française – à moins bien sûr d’utiliser des épicènes. Je suis autrice de livres, professeuse émérite de littérature, après avoir été maitresse de conférences, et je suis aussi chevalière de la légion d’honneur. Ces noms et quelques autres ont beau avoir été condamnés, ils ont des centaines d’années d’existence et sont compris de tout le monde. Ils sont français. Il s’agit aussi de nommer les femmes quand on évoque une population mixte, au lieu de considérer que le compte est bon du moment qu’on a nommé les hommes. D’où les doublets, mais aussi les noms collectifs : les gens, la population, le groupe, les personnes, les individus… Et aussi les reformulations que j’évoquais plus tôt. En 1994, la « carte d’électeur » n’est pas devenue « carte d’électeur ou d’électrice », mais « carte électorale ». Des mots français. Il s’agit enfin de réserver le mot homme aux hommes, comme on le fait en français depuis le Moyen Âge – du moins chez les gens sérieux, comme les juristes. Je vous invite à lire les constitutions françaises qui ont précédé celle de la IV République, et vous verrez que le terme homme n’y désigne jamais personne d’autre que les humains de sexe mâle. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen elle-même ne déroge pas à cet usage : contrairement à ce qui est écrit dans l’exposé des motifs de la proposition présentée, ses masculins ne sont pas génériques. Les nouveaux droits ouverts, par exemple ceux qu’on trouve nommés dans son article 6, celui de voter, d’être élu, de pouvoir exercer tout travail correspondant à son talent, les femmes ont dû les attendre 100 à 150 ans de plus. D’où la précision introduite dans le Préambule de la Constitution de 1946, et le choix fait par la conférence internationale des nations unies en 1948 de parler désormais des Human Rights et non plus de Rights of the Man. Si on veut vraiment parler de tout le monde – les hommes, les femmes, les intersexes, les enfants – on utilise d’autres termes : les humains, l’espèce humaine, les gens, le peuple, etc. On a le choix, les mots sont là, ils sont français.

    Du côté des ressources grammaticales, il s’agit de retrouver l’usage des anciens accords dans les cas où plusieurs noms reçoivent un qualificatif commun. Nous parlons régulièrement des droits et libertés fondamentales – et non des droits et libertés fondamentaux, au prétexte que le mot droit, masculin, devrait l’emporter le mot liberté, féminin. C’est ce qu’on appelle l’accord de proximité, qu’on retrouve sous la plume de nos meilleurs auteurs et autrices, et dont les patientes recherches de la linguiste Anne Abeillé ont récemment montré toute l’étendue. Le Syndicat des infirmières libérales doit pouvoir continuer d’exister tel quel – du moins tant qu’elles constituent plus de 80% de cette corporation. C’est ce qu’on appelle l’accord de majorité, ou de logique, ou de choix.

    Si la représentation nationale a un rôle à jouer ici, c’est celui de veiller à ce que ces ressources égalitaires, souvent héritées du latin et du grec, soient enseignées par l’école, de sorte qu’elle forme des citoyennes et des citoyens égaux, conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Vous voyez, dans cette dernière phrase, j’ai mis en pratique le langage égalitaire : j’ai prononcé les deux mots, je les ai classés par ordre alphabétique (citoyennes avant citoyens), puis j’ai accordé les adjectifs avec le nom qui leur était le plus proche (égaux, conscients). Qui voudrait prétendre que ce n’est pas là du franç ;ais, et du bon ? Quelle loi pourrait m’empêcher de m’exprimer ainsi ? Et qui m’obligerait à la suivre, si d’aventure elle existait ?

    Je terminerai sur les néologismes. Il s’en crée chaque année, c’est la vie des langues, on n’y peut rien. Deux grandes séries sont en train de naitre sous nos yeux dans le domaine nominal : celle des termes en ‑eurice (acteurice, lecteurice) et celle des termes en ‑eureuse (danseureuse, visiteureuse). Ces nouveaux noms évitent les doubles flexions et les points médians, donc ils sont très pratiques, donc ils ont toutes les chances de s’installer dans les usages. Dans le domaine pronominal sont nés iel(s), cellui, celleux, ellui, elleux, toustes. Ce ne sont pas là des termes neutres, puisqu’on les utilise pour parler des personnes, et encore moins des termes « non-binaires » – mot qui n’a pas de sens en linguistique. Ce sont des épicènes, comme les pronoms que je citais tout à l’heure. Eux aussi répondent au souci d’exprimer les deux groupes plus rapidement qu’avec les deux mots (elles et ils, celles et ceux, tous et toutes…).

    La jeunesse française étant friande de néologismes en général, et de ceux-là en particulier, parce qu’une bonne partie d’entre elle (qui est aussi la plus éduquée) veut davantage d’égalité, il est probable que certains de ces nouveaux termes vont s’installer dans les usages. Il est probable aussi que d’autres vont survenir. Ce qui est certain, c’est que le langage égalitaire n’en a pas besoin, même s’il les accueille volontiers. Les interdire ne servirait donc à rien si l’objectif est de contrer sa progression.

    * Les personnes citées dans ce document étaient : Jean Szlamowicz, Yana Grinshpun, François Rastier, Hélène Carrère d’Encausse, Marc Lambron, Franck Neveu.

    https://blogs.mediapart.fr/eliane-viennot/blog/260923/guide-decriture-inclusive-pour-parlementaires-recalcitrant-es

    • par Gideon Levy - Feb 4, 2024

      Two hundred and sixty names of babies whose age was 0; names of babies who didn’t get to celebrate their first birthday, nor will they ever celebrate anything else. Here are some of their names: Abdul Jawad Hussu, Abdul Khaleq Baba, Abdul Rahim Awad, Abdul Rauf al-Fara, Murad Abu Saifan, Nabil al-Eidi, Najwa Radwan, Nisreen al-Najar, Oday al-Sultan, Zayd al-Bahbani, Zeyn al-Jarusha, Zayne Shatat . What dreams did their parents have for them? Then there are hundreds of names of one- and two-year old children; toddlers three or four years of age; children who were five, six, seven or eight, up to the youths who were 17 when they died. (...)

    • Baudouin Loos sur X : "Le grand Gideon Levy du Haaretz laisse éclater sa colère. Voici l’essentiel du texte (traduction Deepl) Ce fil nécessite 17 tweets. Lisez-les svp. Titre 11.500 enfants ont été tués à Gaza. Une horreur d’une telle ampleur ne s’explique pas

      https://twitter.com/baudouinloos/status/1754101045477654607

      Les clichés sont éculés et pathétiques : « Ils ont commencé », « il n’y a pas le choix », « que voulez-vous que nous fassions ? ». « L’armée israélienne fait tout ce qu’elle peut pour éviter de tuer des innocents. »

      La vérité, c’est qu’Israël s’en moque, il ne s’y intéresse même pas. Après tout, les Palestiniens n’aiment pas leurs enfants, et de toute façon, ils n’auraient fait que grandir pour devenir des terroristes.

      Pendant ce temps, Israël efface des générations à Gaza et ses soldats tuent des enfants dans des proportions comparables à celles des guerres les plus cruelles. Cela ne sera pas et ne pourra pas être oublié.

      Comment un peuple peut-il oublier ceux qui ont tué ses enfants de cette manière ? Comment les personnes de conscience du monde entier peuvent-elles rester silencieuses face à un tel massacre d’enfants ?

      Le fait qu’Israël ne délibère pas sur cette question en interne, sans larmes ni conscience, désirant seulement poursuivre cette guerre jusqu’à la « victoire finale », ne lie pas le monde. Le monde voit et est choqué.

      […]

      À la fin, il est impossible de rester silencieux ; ce sont sept minutes qui vous laissent pantois, bouleversés et profondément honteux.

    • Gideon Levy :

      « Il faut sept minutes pour afficher la liste des milliers d’enfants morts, qui passe à la même vitesse que leurs vies misérables. À la fin, il est impossible de rester silencieux ; ce sont sept minutes qui vous laissent pantois, bouleversés et profondément honteux. »

      Palestinian children killed in Israeli attacks in Gaza
      2 févr. 2024
      https://www.youtube.com/watch?v=NlCzT9_YE9Y

      Here is a list of the names we know, from more than 11,500 children killed during Israel’s war on Gaza. Even this is less than half of those killed.

  • Comment les déchets ont envahi tous les milieux : la folle histoire du « poubellocène »

    Alors qu’ils n’existaient pas jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, les déchets ont colonisé le vivant. Au-delà des défis techniques qu’ils soulèvent, ils sont devenus un terrain d’enquête pour les sciences humaines, qui s’attachent à éclairer les systèmes et les mythes à la source de leur production.

    Ils sont devenus les compagnons familiers de nos destinées modernes. Abandonnés sur les plages, prisonniers des glaciers ou concentrés en gigantesques vortex dans les océans, les déchets ont envahi tous les milieux, colonisé jusqu’au vivant. Microscopiques ou encombrants, à l’état solide, liquide ou gazeux, ils tracent sur les mers de nouveaux chemins mondialisés, saturent les airs et les sols, investissent désormais l’espace. Parfois qualifiés d’« ultimes » ou de « polluants éternels », ils s’imposent dans nos assiettes, notre #eau_potable, et jusqu’à la pointe de nos cheveux.

    Les chiffres donnent le vertige. La production annuelle de déchets solides a dépassé les 2 milliards de tonnes dans le monde et devrait atteindre 3,4 milliards en 2050, alerte la Banque mondiale. Celle des #plastiques a doublé en vingt ans, estime l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont les deux tiers sont « mis en décharge, incinérés ou rejetés dans l’environnement ».

    Si cette omniprésence affecte directement la #santé humaine et celle des #écosystèmes, elle marque aussi l’empreinte indélébile des activités humaines sur la Terre. Depuis les premiers amas laissés à l’entrée des grottes, témoins de sa sédentarisation, les détritus racontent l’histoire d’Homo sapiens.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/02/le-poubellocene-ou-la-folle-histoire-de-l-ere-des-dechets_6214466_3232.html

    https://justpaste.it/fwezu

    #capitalocène #poubellocène #déchets #polluants_éternels #écologie_capitaliste