C’est une évidence qu’on oublie trop souvent : la confiance en soi, socle du plaisir dans les apprentissages, est le résultat d’interactions valorisantes.
L’enfant cherche dans le regard et dans l’attitude de ses proches, et avant tout de ses parents, cette conviction qu’il est capable de réussir, et que s’il échoue il est capable d’en assumer les conséquences.
Cette conviction qu’il a en lui toutes les ressources nécessaires pour réussir ses apprentissages, du moins ceux qui ont du sens pour lui.
Or l’inquiétude parentale se matérialise trop souvent, dans les devoirs du soir, par une prise en charge déresponsabilisante et dévalorisante pour l’enfant, qui forme comme un écran de fumée entre lui et le monde, l’enfermant dans une bulle protectrice mais étouffante. […]
Nos entretiens avec les enfants nous montrent en outre que ceux dont les parents s’intéressent de trop près aux devoirs, ont tendance à moins se concentrer en classe. Pourquoi écouter attentivement le cours, lorsque je sais que maman va ce soir tout reprendre avec moi ?
Quant aux ados, anxieux de prouver leur autonomie, ils ne peuvent que se rebiffer lorsque jour après jour les parents leur répètent, implicitement, « tu n’es pas capable de t’en sortir si je ne te contrôle pas ». Ne nous étonnons pas s’ils adoptent inévitablement les comportements qui nous font le plus peur...
Alors, ces fameux devoirs du soir, que faut-il en faire ?
Les laisser à la responsabilité des élèves, nous semblerait une bonne idée. Qu’on soit parent, ou enseignant.
Du côté des parents, cela impliquerait de laisser son enfant les gérer entièrement, sans lui demander s’il en a, s’il les a faits, s’il les a bien faits... tout en restant disponible si de lui-même il nous demande de l’aide, car il ne s’agit bien sûr pas de l’abandonner. Ce qui lui permettra d’assumer tout seul les conséquences de son éventuelle négligence - expérience responsabilisante, s’il en est.
Du côté des enseignants, cela pourrait impliquer de permettre aux élèves d’évaluer d’eux-mêmes ce qu’ils ont à réviser le soir, ce sur quoi ils doivent s’améliorer, ce qui les intéresse le plus... sans concessions pour autant sur les résultats. Certains pédagogues le font, avec succès.