• Les scientifiques ont analysé les premiers ADN humains anciens de l’Asie du Sud-Est : les résultats révèlent trois grandes vagues de migrations dans la région au cours des 50 000 dernières années et leurs conséquences sur les différents langages.

    Une équipe internationale dirigée par des chercheurs du HMS et de l’Université de Vienne a extrait et analysé l’ADN des restes de 18 personnes qui vivaient il y a environ 4100 à 1700 ans dans ce qui est aujourd’hui le Vietnam, la Thaïlande, le Myanmar et le Cambodge.

    *_Deux grandes migrations du paléo au néolithique.

    L’équipe a constaté que la première migration a eu lieu il y a environ 45 000 ans, attirant des gens qui sont devenus des chasseurs-cueilleurs. Puis, pendant la période néolithique, il y a environ 4 500 ans, il y a eu un afflux massif de Chinois qui ont introduit des pratiques agricoles en Asie du Sud-Est et ce sont mélangés aux chasseurs-cueilleurs locaux.

    Les gens aujourd’hui, avec ce mélange d’ascendance, ont tendance à parler des langues austroasiatiques, conduisant les chercheurs à proposer que les agriculteurs qui venaient du nord étaient des locuteurs austroasiatiques.
    (...)

    *Trois migrations après le Néolithique.

    *

    La recherche a révélé que les vagues de migration suivantes à l’âge du bronze, provenant encore de Chine, sont arrivées au Myanmar il y a environ 3000 ans, au Vietnam il y a 2000 ans et en Thaïlande au cours des 1000 dernières années. Ces mouvements ont introduit des types d’ascendance qui sont aujourd’hui associés à des locuteurs de langues différentes.

    L’identification de trois populations ancestrales - chasseurs-cueilleurs, premiers agriculteurs et migrants de l’âge du bronze - fait écho à un modèle découvert dans les anciennes études sur l’ADN des Européens, mais avec au moins une différence majeure : une grande partie de la diversité ancestrale en Europe s’est estompée avec le temps. Les populations se sont mêlées, tandis que les populations d’Asie du Sud-Est ont conservé beaucoup plus de variations.❞

    David Reich du Departement de Genetique à la Harvard Medical School émet l’hypothèse que la grande diversité de l’Asie du Sud-Est s’explique en partie par le fait que les agriculteurs sont arrivés beaucoup plus récemment - il y a environ 4 500 ans - contre un peu moins de 8 000 ans en Europe.

    Les nouvelles découvertes montrent clairement que les multiples vagues de migration, qui se sont toutes produites au cours d’une période de transition clé de l’histoire de l’Asie du Sud-Est, ont façonné de façon remarquable la génétique de la région.

    (...)

    Un impact sur le langage._*

    Les implications linguistiques soulevées par les analyses de l’ascendance des populations de l’ouest de l’Indonésie ont également été inattendues. « Les preuves suggèrent que les premiers agriculteurs de l’ouest de l’Indonésie parlaient des langues austroasiatiques plutôt que les langues austronésiennes parlées aujourd’hui », a ajouté Reich. « Ainsi, les langues austronésiennes provenaient probablement des arrivées plus tardives. » D’autres échantillons provenant de l’ouest de l’Indonésie avant et après 4000 ans devraient régler la question.


    Fouilles à Man Bac, au Vietnam, en 2007. L’ADN des squelettes de ce site a été inclus dans la présente étude. Crédit : Lorna Tilley, Université nationale australienne

    L’article original dans « Sciences » (payant)

    Ancient genomes document multiple waves of migration in Southeast Asian prehistory. Science, 2018; eaat3188 DOI: 10.1126/science.aat3188

    Le résumé sur le site de l’université d’Harvard Medical School :
    https://hms.harvard.edu/news/window-past
    #Préhistoire #Paléolithique #Néolithique #migrations #Sud-Est_Asiatique #langages #Harvard #CNRS #Université_Paris_Nanterre #CEA/CNRS
    #Mark_Lipson #Swapan_Mallick #Nadin_Rohland #Nasreen_Broomandkhoshbacht #Matthew_Ferry #Eadaoin_Harney #Jonas Oppenheimer #Kristin_Stewardson #Zhao_Zhang #David_Reich #Thomas_Oliver_Pryce

  • "Dans les moindres détails : comment nos ancêtres aux traits autistiques ont mené une révolution dans l’art de l’ère glaciaire".

    Voici un article de l’université de York qui avance une explication du développement soudain, il y a 30 000 ans d’un art réaliste en Europe (dans la grotte Chauvet par exemple).

    En effet, la capacité à se concentrer sur les détails, qui est un trait commun chez les autistes, aurait permis au réalisme de s’épanouir dans l’art de l’ère glaciaire.
    Les auteurs de la nouvelle étude réfutent tout d’abord la théorie selon laquelle les drogues psychotropes étaient la cause des illustrations détaillées, qu’elles pouvaient améliorer la qualité de l’art en général (beaucoup d’études des années 60 sous LSD ont été menées dans ce sens ).
    Ils affirment plutôt que " les individus ayant un « trait de détail » (...) ont lancé un mouvement artistique qui a conduit à la prolifération de dessins rupestres réalistes en Europe ".

    Ils ont

    examiné les preuves provenant d’études tentant d’identifier un lien entre le talent artistique et l’usage de drogues, et constaté que les drogues ne peuvent servir qu’à désinhiber les individus ayant une capacité préexistante.

    L’idée que les gens avec un degré élevé à dessiner avec un « trait de détail », dont beaucoup peuvent être autiste, [ont impulsé] une tendance à l’extrême réalisme dans l’art de l’âge de glace est une explication plus convaincante.

    L’autisme sans déficience intellectuel (qui n’est pas forcément invalidante) a fait l’objet de la sélection positive.

    Firstly, the genetic evidence confirms that individuals with autism were present in the Palaeolithic.

    Secondly evidence is growing that some advantageous elements related to genes associated with autism have been subject to positive selection (Warrier et al., 2016; Polimanti & Gelernter,
    2017).

    Thirdly the phenotypes of those who have autism spectrum conditions without intellectual disability carry a number of strengths including significant perceptual abilities and special skills (Meilleur et al., 2015) improved concentration, ability to recognise patterns, and strong factual memory (Lorenz & Heinitz, 2014) all likely to be of benefit in Upper Paleolithic environments (Spikins, Wright & Hodgson, 2015)

    Lastly, the final piece of the jigsaw is that the community they live in needs to value them and it is precisely this time in history where Thorpe (2016) argues that the presence of empathic behaviour and caring should be treated in
    the light of current evidence as the null hypothesis. Archaeological interpretations can no longer discount the influence of individuals with ASC in past societies. Indeed Spikins et al. (2016) have argued for example
    that the incorporation of autism is explained through understanding that autism spectrum conditions are not asocial, but differently social, with individuals with autism without intellectual impairment potentially bringing important skills and fulfilling important roles in society in the past, as in the present.

    En outre,

    En plus de contribuer à la culture précoce, les gens ayant le souci du détail nécessaire pour peindre de l’art réaliste auraient également eu pour objectif de créer des outils complexes à partir de matériaux tels que l’os, la roche et le bois. Ces compétences sont devenues de plus en plus importantes pour nous permettre de nous adapter aux environnements difficiles que nous avons rencontrés en Europe.

    Open Archaeology, Volume 4, Issue 1, Pages 262–279, ISSN (Online) 2300-6560, DOI : https://doi.org/10.1515/opar-2018-0016.

    Le pdf en libre accès : https://www.degruyter.com/downloadpdf/j/opar.2018.4.issue-1/opar-2018-0016/opar-2018-0016.xml

    How our ancestors with autistic traits led a revolution in Ice Age art : The ability to focus on detail, a common trait among people with autism, allowed realism to flourish in Ice Age art

    #Préhistoire #art #Penny_Spikins #University_of_York #autisme #30000BP

  • Les traces les plus ancienne d’une activité humaine au Philippines date de 709 000 ans... Ils savaient donc naviguer !

    Earliest known hominin activity in the Philippines by 709 thousand years ago.

    La revue Nature (le 2 mai 2018) rend compte de cette importante découverte qui amène à réviser nos connaissances sur l’histoire du peuplement et de la paléobiogéographie de l’Asie du Sud-est insulaire.

    https://www.nature.com/articles/s41586-018-0072-8

    Le résumé de Nature :

    Il y a plus de 60 ans, des outils en pierre et des restes de mégafaune ont été découverts sur les îles de Flores, Sulawesi et Luzon, en Asie du Sud-Est, et une colonisation du Pléistocène moyen par Homo erectus a été initialement proposée sur ces îles. Cependant, jusqu’à la découverte de Homo floresiensis en 2003, les affirmations de la présence d’homininés archaïques sur les îles de Wallacean étaient hypothétiques en raison de l’absence de fossiles in situ et / ou d’artefacts de pierre qui ont été creusés dans des contextes stratigraphiques bien documentés. les méthodes de datation de ces sites faisaient défaut. En conséquence, ces allégations ont généralement été traitées avec scepticisme.

    [Les auteurs décrivent dans l’article] les résultats de fouilles récentes à Kalinga dans la vallée de Cagayan au nord de Luzon aux Philippines qui ont rapporté 57 outils en pierre associés à un squelette désarticulé presque complet de Rhinoceros philippinensis, qui montre des signes évidents de boucherie, ainsi que d’autres restes de faunes fossiles attribués à un stegodon, un cerf brun des Philippines, une tortue d’eau douce et un lézard de Komodo.

    Toutes les découvertes proviennent d’un lit d’os riche en argile qui a été daté entre 777 et 631 mille ans en utilisant des méthodes de résonance électron-spin qui ont été appliquées à l’émail dentaire et au quartz fluvial.

    Cette évidence repousse la période prouvée de colonisation des Philippines par centaines de milliers d’années, et suggère en outre que la dispersion précoce à l’étranger dans l’île sud-est asiatique par des homininés prémodernes a eu lieu plusieurs fois durant les stades du Pléistocène précoce et moyen. Les Philippines ont donc pu jouer un rôle central dans les mouvements vers le sud vers les Wallacea, non seulement de la mégafaune pléistocène, mais aussi des hominidés archaïques.

    Le résumé du Muséum d’Histoire Naturelle :

    http://www.mnhn.fr/en/node/5294

    Tout au long du Quaternaire, les Philippines ont formé un chapelet d’îles isolées du continent par de profonds bras de mer. La plus ancienne présence humaine à ce jour aux Philippines était datée de 67 000 ans par Homo aff. sapiens (2010). Les récentes découvertes faites sur le site de Kalinga, fouillé depuis 2014 et daté de 709 000 ans par diverses méthodes physico-chimiques (Résonance de spin électronique, déséquilibres dans la famille de l’argon et dans celle de l’uranium, paléomagnétisme), démontrent que cette première colonisation est en réalité dix fois plus ancienne .

    http://www.mnhn.fr/sites/mnhn.fr/files/styles/924x616/public/thumbnails/image/figure2_0.jpg?itok=bOAILS3l

    https://medias.liberation.fr/photo/1119377-rhinoceros-philippines-kalinga-hominines-nature-2018.jpg?m
    Les os de rhinocéros comportent des traces de boucherie par des outils en pierre. (Thomas Ingicco et al, 2018)

    #Préhistoire #Philippines #Asie #Thomas_Ingicco #CNRS #Muséum_national_d’Histoire_naturelle #navigation #migration

  • Au fil de l’épée . 31 mn. 06/05/2018
    Nouvelle émission de « Carbone 14 », le magazine de l’archéologie. Une demi-heure sur la naissance de la guerre et du guerrier à l’âge du bronze . Avec Anne Lehoërff, professeur à l’Université de Lille, vice-présidente du conseil national de la recherche archéologique, pou son dernier livre « Par les armes. Le jour où l’homme inventa la guerre ».

    La page :
    https://www.franceculture.fr/emissions/carbone-14-le-magazine-de-larcheologie/au-fil-de-lepee


    Le podcast :
    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10267-06.05.2018-ITEMA_21670441-0.mp3

    #Préhistoire #âge_du_bronze #radio #Anne_Lehoërff #Université_de_Lille

  • Modern humans flourished through ancient supervolcano eruption 74,000 years ago : Modern humans flourished through ancient supervolcano eruption.

    Les humains ont prospéré en Afrique du Sud au moment et après l’éruption du supervolcan Toba il y a 74 000 ans.
    Article reçu le 23 juillet 2015 par Nature, accepté le 2 février 2018 et publié le 12 mars 2018.

    Tout d’abord voici un aperçu de ce qu’a été l’éruption du supervolcan Toba :

    Une éruption cent fois plus petite que celle du mont Toba - celle du mont Tambora, également en Indonésie en 1815 - aurait été responsable d’une année sans été en 1816. L’impact sur la population humaine fut terrible - échec des récoltes en Eurasie et en Amérique du Nord, la famine et les migrations de masse. L’effet du Mont Toba, un super-volcan qui éclipse même les éruptions massives du lointain passé de Yellowstone, aurait eu un impact beaucoup plus grand et plus ressenti sur les êtres humains autour du globe.

    L’ampleur de la chute de cendres témoigne à elle seule de l’ampleur de la catastrophe environnementale. D’énormes quantités d’aérosols injectés dans l’atmosphère auraient fortement diminué la lumière du soleil - avec des estimations allant de 25 à 90% de réduction de la luminosité. Dans ces conditions, la mortalité des plantes est prévisible, et il y a des preuves de sécheresses significatives, de feux de forêt et de changements dans les communautés végétales en Afrique de l’Est juste après l’éruption de Toba.

    Si le mont Tambora a créé une telle dévastation au cours d’une année complète - et Tambora était un hoquet comparé à Toba - nous pouvons imaginer une catastrophe mondiale avec l’éruption de Toba, un événement qui dure plusieurs années et qui pousse la vie au bord de l’extinction.

    Par contre en février 2018, une autre étude montrait qu’il n’y avait pas eu d’hiver volcanique en Afrique de l’Est à cause de l’éruption Toba : la super explosion, il y a 74 000 ans, n’avait pas provoqué de perturbations environnementales majeures et n’aurait donc pas provoqué le déclin des populations humaines en Afrique de l’Est. Mais il manquait à cette étude la preuve d’une occupation humaine à cette époque .

    https://www.sciencedaily.com/releases/2018/02/180206151850.htm
    https://ars.els-cdn.com/content/image/1-s2.0-S0047248417302750-gr1.sml
    https://ars.els-cdn.com/content/image/1-s2.0-S0047248417302750-gr2.sml

    C’est ce que fait la présente étude qui montre que

    l’effet de l’éruption de Toba a du certainement affecter certains écosystèmes plus que d’autres, créant éventuellement des zones - appelées refuges - dans lesquelles certains groupes humains ont fait mieux que d’autres tout au long de l’événement. Que votre groupe ait ou non vécu dans un tel refuge dépendrait en grande partie du type de ressources disponibles. Les ressources côtières, comme les coquillages, sont très nutritives et moins sensibles à l’éruption que les plantes et les animaux des régions intérieures.

    Affaire à suivre donc...

    Le résumé de l’étude dans Nature :

    Il y a environ 74 000 ans, la caldeira de Toba a éclaté à Sumatra. Depuis que l’ampleur de cette éruption a été établie, ses effets sur le climat, l’environnement et les humains ont été débattus. L’article décrit la découverte de fragments de verre microscopiques, caractéristiques de la « Youngest Toba Tuff » -les cendres de l’éruption de Toba-, dans deux sites archéologiques de la côte sud de l’Afrique du Sud, où l’on observe une complexité comportementale humaine précoce.
    (...)
    [Leur] technique d’excavation et d’échantillonnage à haute résolution permet des comparaisons exactes entre l’apport des éclats de verre « Toba Tuff » et les preuves de l’occupation humaine.

    Les humains dans cette région ont prospéré grâce à l’événement Toba et les conditions complètement glaciaires qui s’ensuivent, peut-être en tant que résultat combiné de la base de ressources exceptionnellement riche de la région et de l’adaptation humaine moderne entièrement évoluée.

    Le résumé dans Nature (en.) -l’ensemble de l’article est payant- :
    https://www.nature.com/articles/nature25967

    Le résumé :
    https://www.sciencedaily.com/releases/2018/03/180312132956.htm

    #Préhistoire #Toba #74000BC #Eugene_Smith #Université_du_Nevada

  • Un artefact de pierre gravé provenant de Crimée a pu aider à démontrer le symbolisme néandertalien
    2 mai 2018

    (la gravure me fait penser à celle-ci trouvée à Gibraltar -voir ci-après)

    https://seenthis.net/messages/671855

    Premier point :

    Les résultats de l’analyse du flocon cortical gravé de Kiik-Koba sont formalisés dans le cadre interprétatif proposé dans cette étude (Fig 9 ci-dessous). Ce dernier constitue un outil efficace pour affiner et éliminer systématiquement certaines hypothèses et combiner toutes les informations disponibles afin d’évaluer la pertinence des autres.

    http://journals.plos.org/plosone/article/figure?id=10.1371/journal.pone.0195049.g009

    Deuxième point : éliminer les d’autres utilisations possibles.

    L’emplacement de la gravure sur le cortex et la façon dont les lignes ont été produites indiquent que le cortex a été gravé après que le flocon ait été détaché du noyau, éliminant les causes qui ont pu conduire à marquer le cortex d’un nodule. Un certain nombre de causes pour produire des marques sur un flocon peuvent également être rejetées.
    – Les lignes sur le cortex sont clairement différentes des impacts produits lors de l’utilisation d’un caillou doux comme retouchoir.
    – Bien que plat, le cortex est trop petit pour être utilisé comme planche à découper, et les lignes portent des caractéristiques diagnostiques indiquant qu’elles ont été faites par un point plutôt que par le bord de l’outil en pierre taillée dans un mouvement de coupe.
    – La surface du cortex est trop petite et le cortex trop mince pour accepter comme raisonnable l’hypothèse que l’intention de l’artisan était d’extraire la poudre calcaire ou d’empêcher la libération de cette poudre pendant l’utilisation du flocon.
    – Les cicatrices de paillettes présentes sur la face dorsale ont été soit enlevées avant que le flocon soit détaché du nodule, soit constituées de cicatrices marginales de micro-flocons résultant de l’utilisation de l’outil. Les deux sont incompatibles avec l’hypothèse que le grattage a été appliqué pour augmenter le caractère invasif d’une retouche.
    – Augmenter l’adhérence d’un adhésif pour enfiler l’objet, ou l’enduire d’un composé organique pour faciliter la préhension lors de son utilisation comme outil, est peu probable en raison de la petite taille de l’objet et parce que les points de départ des lignes sont très proches du tranchant, portant des cicatrices de micro-flocons interprétées comme résultant de l’utilisation.
    – Le revêtement de cette zone avec un adhésif aurait laissé une zone active très étroite, réduisant ainsi l’efficacité de la bord de l’outil dans une action de raclage ou de coupe.
    – Bien que l’amélioration de la préhension puisse apparaître comme une possibilité plus viable, il faut considérer que la surface du cortex sur le flocon est plus petite que celle du bout du doigt et qu’en raison de sa finesse le flocon se casserait facilement s’il était utilisé . En outre, cette interprétation n’explique pas pourquoi l’artisan a pris soin, lors de la gravure de chaque nouvel ensemble, d’arrêter soigneusement les lignes avant d’atteindre le bord du cortex et de laisser une bande vide autour de la zone gravée.

    – Le doodling est généralement défini comme l’action de produire sans but des modèles sans rapport avec la tâche principale, sans attention particulière spécifiquement dédiée au processus. Comme le gribouillage a lieu pendant un certain laps de temps, il nécessite généralement une surface assez grande et est également intrinsèquement lié à la possibilité de marquer cette surface à l’aise, relativement sans effort, alors que l’attention est dirigée ailleurs. La surface minuscule du cortex et l’attention focalisée nécessaire pour graver les lignes avec précision contre l’hypothèse du gribouillage. Ce qui précède rend moins probable un but purement fonctionnel ou non-porteur pour la gravure.

    Conclusion :

    Ainsi, nous devrions considérer la possibilité que le motif ait été délibérément gravé pour exprimer et / ou communiquer un sens.

    De plus :

    La découverte d’un flocon similaire, qui ne porte aucune gravure, dans la même couche, indique que le marquage des flocons corticaux de bonne qualité n’était pas un comportement systématique chez Kiik-Koba. Ce fait rend peu probable que l’objet représente un cas particulier de marquage de la propriété. Le fait que les lignes sont dans certains cas superposées et difficiles à distinguer visuellement suggère que des fonctions symboliques et de comptage seraient peu probables pour le modèle pris isolément, ou pour ses éléments individuels. Au lieu de lignes prises isolément, c’est plutôt le contraste entre le fond blanchâtre et le centre du cortex lourdement haché qui aurait pu être utilisé pour rappeler une information à l’utilisateur du flocon ou éventuellement en communiquer un lorsque l’outil a été transmis à quelqu’un d’autre. Ce fait et la petite taille de la gravure sont compatibles avec la possibilité que le signe était destiné à transmettre une information seulement à un petit nombre d’individus. La précision avec laquelle la gravure a été exécutée indique une très bonne coordination œil-main et de bonnes aptitudes motrices employées avec effort, attention aux détails, et une intention de cadrer le motif incisé dans la surface corticale donnée. Cela pourrait être compatible avec une interprétation représentationnelle possible de l’objet.

    Une même conclusion dans l’article de résumé :

    L’objet provient de la couche IV, la même couche dans laquelle L’enterrement des enfants de Néandertal a été mis au jour, qui contient une industrie para-micoquienne de type Kiik-Koba datée entre environ 35 et 37 kcal BP. L’analyse microscopique et la reconstruction 3D des rainures sur le cortex de ce petit flocon de silex, démontrent que les incisions représentent une gravure délibérée faite par un artisan qualifié, probablement avec deux points différents. Les lignes sont presque parfaitement encadrées dans le cortex, témoignant de mouvements bien contrôlés. C’est particulièrement le cas compte tenu de la petite taille de l’objet, ce qui rend cette tâche difficile. La production de la gravure a nécessité un excellent contrôle neuromoteur et volontaire, ce qui implique une attention focalisée. L’évaluation de l’évidence de Kiik-Koba à la lumière du cadre interprétatif proposé soutient l’idée que la gravure a été faite avec une intention de représentation.

    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=info:doi/10.1371/journal.pone.0195049.g008

    L’article original : http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0195049

    Le résumé : https://www.sciencedaily.com/releases/2018/05/180502174928.htm

    #Préhistoire #Ana_Majkić #Francesco_d’Errico #Vadim_Stepanchuk #Néandertal #art #CNRS #PACEA #Université_de_Bordeaux

  • Illuminating the cave, drawing in black : wood charcoal analysis at Chauvet-Pont d’Arc
    Antiquity Volume 92, Numéro 362 Avril 2018 , pp. 320-333

    « Illuminer la grotte, dessiner en noir : analyse du charbon de bois à Chauvet-Pont d’Arc »
    30 avril 2018

    L’étude des fragments de charbon de bois de Chauvet-Pont d’Arc a porté sur les deux principaux épisodes d’occupation de la grotte [Aurignacien (37.000 à 33.500 avant notre ère) et Gravettien (31.000 à 28.000)] et sur différents contextes, des foyers aurignaciens aux marques et torches gravettiennes. L’échantillon comprend également des fragments de charbon de bois non datés éparpillés sur le sol de la caverne ou au pied de groupes de peintures au charbon de bois noir.

    À l’exception d’un seul fragment de Rhamnus provenant de la Red Panels Gallery, tous les fragments identifiés sont de pin sylvestre / pin noir. Le pin est un taxon pionnier avec une affinité pour les environnements montagneux et a survécu dans les refuges pendant les périodes les plus froides de la dernière période glaciaire. En tant que tel, il atteste, en premier lieu, des conditions climatiques rigoureuses qui ont prévalu au cours des différentes occupations de la grotte, sans toutefois les distinguer.

    Bien que difficile à discuter en termes de signification symbolique, la collection de pins semble avoir été transculturelle et régie plus par la convergence d’éléments favorisant son utilisation, que par une contrainte environnementale (car d’autres taxons étaient également présents dans le voisinage immédiat de la grotte). Pour les sociétés très mobiles, le pin présente un certain nombre de caractéristiques susceptibles de motiver sa sélection : l’excrétion naturelle importante des branches, qui fournit un stock de bois mort facilement disponible ; ses propriétés de combustion, qui le rendaient propre à l’éclairage de la grotte ; et ses propriétés mécaniques, qui, comme montré à Chauvet-Pont d’Arc, l’ont rendu idéal pour produire le charbon de dessin et le colorant pour les techniques de bavure et de mélange utilisées dans les peintures rupestres.

    https://static.cambridge.org/resource/id/urn:cambridge.org:id:binary-alt:20180424073716-13039-mediumThumb-S

    L’article original : https://www.cambridge.org/core/journals/antiquity/article/illuminating-the-cave-drawing-in-black-wood-charcoal-analysis-at-chauvetpont-darc/518C3BA9C02C1122A72FC4E5FD0AD9FA/core-reader

    Le résumé : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/les-dessins-de-la-grotte-chauvet-ont-ete-faits-avec-des-fusains-au-

    #Préhistoire #art_pariétal #Chauvet #France #Université_Côte_d'Azur #CNRS #CEPAM #Institut_écologie_et_environnement #Université_de_Savoie_Mont-Blanc #EDYTEM #Université_de_Bordeaux #PACEA #MSHS #TRACES #Université_de_Bordeaux_Montaigne #IRAMAT
    #Isabelle_Théry-Parisot

  • Du nouveau à l’Ouest : l’art paléolithique du Rocher de l’Impératrice (Plougastel-Daoulas, Finistère)

    Pour ceux qui ne savent pas trop l’importance de ce site de l’Azilien (après le magdalénien et avant le Mésolithique, naissance de l’abstraction ), voici une émission de radio de France Culture « Carbone 14, le magazine de l’archéologie » par Vincent Charpentier qui recevait Nicolas Naudinot, Maître de Conférence à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, chercheur de l’UMR CEPAM du CNRS.
    Le 29 avril 2018. (31mn.29)

    https://www.franceculture.fr/emissions/carbone-14-le-magazine-de-larcheologie/du-nouveau-a-louest-lart-paleolithique-du-rocher-de-limperatrice-ploug

    #Préhistoire #art_rupestre #Nicolas_Naudinot #Université_de_Nice_Sophia-Antipolis #CNRS #UMR_CEPAM #radio #France_culture #14000BP #Europe #France

  • Peut-on nier la théorie de l’évolution ? Une émission de radio de France Culture « Les idées claires » de Nicolas Martin qui recevait Jean-Baptiste André, chercheur au CNRS, à l’Institut de l’évolution, et à l’Ecole Normale Supérieure.
    le 30 avril 2018. (8mn.57)

    https://www.franceculture.fr/sciences/peut-nier-la-theorie-de-levolution

    Évidemment, pour l’illustration, Radio France nous ressert cette aberrante image qui montre l’évolution qui part du singe et qui aboutit à l’homme :

    Je vous conseille plutôt celle-ci :



    #évolution #radio #Jean-Baptiste_André #CNRS #ENS #Institut_de_l'évolution

  • Les plus anciens outils en bois de Néandertal trouvés en Espagne.
    28 mars 2018

    Aranbaltza est un complexe archéologique formé par au moins trois sites en plein air. Entre 2014 et 2015, une fouille expérimentale réalisée à Aranbaltza III a révélé la présence d’une séquence sédimentaire de sable et d’argile formée dans des milieux de plaines inondables, au sein de laquelle six unités sédimentaires ont été identifiées.

    Cette séquence a été formée entre 137-50 ka, et comprend plusieurs horizons archéologiques, attestant de la présence à long terme des communautés néandertaliennes dans cette région. Un de ces horizons, correspondant à l’unité 4, a donné deux outils en bois. Un de ces outils est un outil pointu biseauté qui a été façonné à travers une séquence opérationnelle complexe impliquant la mise en forme des branches, l’écorçage des écorces, l’enlèvement des rameaux, la mise en forme, le polissage, l’exposition thermique et le hachage. Une analyse de l’utilisation-usure de l’outil montre qu’il a des traces liées au creusement du sol, de sorte qu’il a été interprété comme représentant un bâton d’excavation . C’est la première fois qu’un tel outil a été identifié dans un contexte européen du Paléolithique moyen tardif ; il représente également l’un des premiers outils en bois du Paléolithique moyen bien conservés dans le sud de l’Europe. Cet artefact représente l’un des rares exemples de préservation d’outils en bois pour le Paléolithique européen, permettant d’explorer plus avant le rôle joué par les technologies du bois dans les communautés néandertaliennes.

    A Middle Palaeolithic wooden digging stick from Aranbaltza III, Spain
    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0195044
    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?id=10.1371/journal.pone.0195044.g006&size=inline

    #Préhistoire #outil #outil_en_bois #technique #Néandertal #Espagne #CENIEH #Joseba_Rios-Garaizar

  • Signs of symbolic behavior emerged at the dawn of our species in Africa
    http://www.sciencemag.org/news/2018/03/signs-symbolic-behavior-emerged-dawn-our-species-africa
    et
    Long-distance stone transport and pigment use in the earliest Middle Stone Age
    http://science.sciencemag.org/content/early/2018/03/14/science.aao2646

    Scientists Discover Evidence of Early Human Innovation, Pushing Back Evolutionary Timeline
    https://newsdesk.si.edu/releases/scientists-discover-evidence-early-human-innovation-pushing-back-evolut

    https://youtu.be/NXD0fgaZxpk

    Il y a plus de 320 000 ans dans la vallée du Rift en Afrique, certains innovateurs ont adopté une nouvelle technologie : ils ont évité les haches sans manche en forme de palme que leurs ancêtres avaient utilisées pendant plus d’un million d’années en faveur d’une nouvelle boîte à outils.

    À l’instar des nouvelles générations de téléphones cellulaires, les lames et pointes MSA (Middle Stone Age) étaient plus petites et plus précises que les vieux haches et grattoirs Acheuléens. Ces outilleurs, dans le bassin d’Olorgesailie au Kenya, ont choisi comme matière première de l’obsidienne noire brillante et du chert blanc et vert, des roches qu’ils devaient obtenir de sources lointaines ou par le biais de réseaux commerciaux. Ils ciselaient aussi des roches rouges et noires, probablement utilisées comme crayons de couleur pour colorer leurs corps ou leurs lances, signe précoce d’un comportement symbolique.

    Le psychologue évolutionniste Robin Dunbar de l’Université d’Oxford explique que "cela indique un changement de vitesse dans le comportement, la fabrication d’outils et la culture matérielle".

    Bien que d’autres sites aient fourni des outils du Middle Stone Aga, la nouvelle chronologie datée de manière sécurisée remet la transition en arrière d’au moins 20 000 ans, ce qui correspondant à l’émergence de notre espèce Homo sapiens.

    En analysant les artéfacts au fil du temps sur un site, les articles montrent également que ces comportements se sont développés à mesure que les changements climatiques s’intensifiaient, soutenant l’idée que la variabilité environnementale favorisait l’innovation .

    Une équipe dirigée par les paléoanthropologues Rick Potts du Musée national d’histoire naturelle de la Smithsonian Institution et Alison Brooks de l’Université George Washington, tous deux à Washington, D.C., ont recueilli des artefacts de sédiments s’étendant sur 1,2 million d’années à Olorgesailie. Malheureusement, l’érosion ancienne a détruit des couches entre 499 000 et 320 000 ans, effaçant le temps où le Middle Stone Age a probablement été inventé. Mais en regardant plus de 20 000 fossiles d’animaux associés à des dizaines de milliers de pierres outils, et de multiples indices de l’environnement ancien, l’équipe fournit une image détaillée de la vie avant et après la transition vers le MSA. Ils fixent le timing avec ce que le géochronologue Michael Storey du Muséum d’Histoire Naturelle du Danemark à Copenhague appelle des rencontres « très impressionnantes ».

    Il y a environ 900 000 ans , la présence d’une calotte montre que l’ancêtre humain H. erectus vivait à Olorgesailie et utilisait de grosses haches et grattoirs acheuléens pour boucher la viande. Il y a environ 800 000 ans, le climat a commencé à fluctuer plus intensément de l’état humide à l’état sec, et l’environnement est devenu plus aride et herbeux.

    Il y a environ 615 000 ans , les premiers humains ont commencé à fabriquer de plus petits outils acheuléens qu’ils pouvaient transporter plus loin, et à choisir plus soigneusement le basalte comme matière première, changeant peut-être ainsi les tactiques de chasse dans un environnement changeant.

    La dernière hache sur le site remonte à 499 000 ans avant la lacune. Au moment où le dossier archéologique a recommencé il y a 320 000 ans , les outils acheuléens avaient disparu et le bassin avait changé de façon spectaculaire. Le cycle humide-sec était encore plus extrême. Plus de 80% des espèces de mammifères avaient disparu et de nouvelles espèces d’éléphants, de cochons, de renards et de springboks s’étaient rassemblées dans les cours d’eau bordés d’arbres.

    Les outils du MSA - lames et pointes relativement sophistiquées qui auraient été emmenées sur les lances- étaient abondants. Le site n’a généré aucun fossile humain dans cette période clé, les chercheurs ne peuvent donc pas savoir avec certitude qui étaient les nouveaux outilleurs.

    Mais d’autres découvertes offrent un important indice. Pendant des années, les archéologues avaient pensé que les outils MSA étaient trop vieux pour être fabriqués par notre espèce. Puis, l’année dernière, des fossiles ressemblant à H. sapiens ont été trouvés près des outils MSA et datés il y a près de 300 000 ans à Jebel Irhoud au Maroc - un timing qui correspond à la chronologie d’Olorgesailie. Les caractéristiques des outils MSA suggèrent également qu’ils étaient l’œuvre d’êtres humains sophistiqués. Les outilleurs étaient très sélectifs sur leurs matières premières, en important de l’obsidienne jusqu’à 90 kilomètres. Ces connexions lointaines sont une « marque de l’organisation sociale humaine, et un marqueur important dans les sociétés de cueilleurs » , dont les membres peuvent se déplacer vers des endroits éloignés dans les moments difficiles.

    Les outils sont également plus petits, plus précis et de forme plus uniforme que les outils acheuléens. Ils représentent un jalon dans la pensée abstraite : Une hache conserve la forme du bloc de roche d’origine, mais la création d’une lame à partir d’un noyau déjà préparé oblige les outilleurs à en visualiser la forme à l’avance.

    L’équipe a également trouvé des morceaux de roche noire et des morceaux d’ocre rouge qui avaient été perforés par des ciseaux de pierre tranchants. Ils proposent que les deux soient utilisés comme pigments pour créer des marques d’identité individuelle ou de groupe, suggérant un degré élevé d’organisation sociale.

    (...)

    Mais ces fabricants d’outils MSA n’avaient pas développé l’ensemble complet de comportements sophistiqués. « C’est au bas de l’échelle du comportement moderne ». « Nous ne parlons pas de Salvador Dalí. »

    #préhistoire #Afrique #outils #technique #Université_George_Washingtonty #Smithsonian_Washington #Rick_Potts #Alison_Brooks

  • La vague sans précédent d’extinctions de grands mammifères durant les 66 millions dernières années est liée à nos ancêtres.
    19 avril 2018

    Homo sapiens, Néandertal et d’autres parents humains récents pourraient avoir commencé à chasser les espèces de grands mammifères de grandes tailles jusqu’à extinction au moins 90.000 ans plus tôt que prévu.

    Elephant-dwarfing wooly mammoths, elephant-sized ground sloths and various saber-toothed cats highlighted the array of massive mammals roaming Earth between 2.6 million and 12,000 years ago. Prior research suggested that such large mammals began disappearing faster than their smaller counterparts — a phenomenon known as size-biased extinction — in Australia around 35,000 years ago.

    With the help of emerging data from older fossil and geologic records, the new study estimated that this size-biased extinction started at least 125,000 years ago in Africa. By that point, the average African mammal was already 50 percent smaller than those on other continents, the study reported, despite the fact that larger landmasses can typically support larger mammals.

    But as humans migrated out of Africa, other size-biased extinctions began occurring in regions and on timelines that coincide with known human migration patterns, the researchers found. Over time, the average body size of mammals on those other continents approached and then fell well below Africa’s. Mammals that survived during the span were generally far smaller than those that went extinct.

    Unprecedented wave of large-mammal extinctions linked to ancient humans | Nebraska Today | University of Nebraska–Lincoln
    https://news.unl.edu/newsrooms/today/article/unprecedented-wave-of-large-mammal-extinctions-linked-to-ancient-humans

    L’article original provient du journal Science : Felisa A. Smith, Rosemary E. Elliott Smith, S. Kathleen Lyons, Jonathan L. Payne. Body size downgrading of mammals over the late Quaternary. Science, 2018

    #Préhistoire #Kathleen_Lyons #Smith #extinction #Université_du_Nebraska-Lincoln

  • Frühe moderne Menschen drangen viel weiter nach Eurasien vor als bisher bekannt

    Max-Planck-Institut für Menschheitsgeschichte
    9 avril 2018

    Comme on pouvait peut-être s’en douter (l’histoire est toujours plus complexe qu’on ne le pense), il y a eu beaucoup de sorties d’Afrique. Il y a avait « l’Out of Africa I et II », maintenant, nous avons au moins « Out of Africa III ».

    L’article original en allemand :
    http://www.shh.mpg.de/891362/wusta

    L’article en anglais : Modern deserts of the Arabian Peninsula were once lush grasslands that humans were able to colonize.
    https://www.sciencedaily.com/releases/2018/04/180409112551.htm

    Les déserts modernes de la péninsule arabique étaient autrefois des prairies luxuriantes que les humains pouvaient coloniser.

    La péninsule arabique est considérée depuis longtemps comme étant loin de l’étape principale de l’évolution humaine. Pour comprendre nos origines et notre expansion dans le reste du monde, nous continuons à faire des découvertes remarquables en Arabie Saoudite.

    Le plus ancien fossile Homo sapiens daté directement en dehors de l’Afrique et du Levant.

    Les résultats, publiés dans Nature Ecology and Evolution, détaillent la découverte faite sur le site d’Al Wusta, un ancien lac d’eau douce situé dans ce qui est aujourd’hui le Désert Hyper-aride de Nefud. De nombreux fossiles d’animaux, y compris ceux d’hippopotames et de minuscules escargots d’eau douce, ont été découverts à Al Wusta, ainsi que d’abondants outils en pierre fabriqués par des humains. Parmi ces trouvailles, il y avait un fossile bien conservé et de petite taille, d’une longueur de seulement 3,2 cm, qui fut immédiatement reconnu comme un os de doigt humain. L’os a été scanné en trois dimensions et sa forme par rapport à divers autres os du doigt, à la fois des individus Homo sapiens récents et des os d’autres espèces de primates et d’autres formes d’humains précoces, tels que les Néandertaliens. Les résultats ont montré de manière concluante que l’os du doigt, le premier fossile humain ancien trouvé en Arabie, appartenait à notre propre espèce. En utilisant une technique appelée datation de la série d’uranium, un laser a été utilisé sur de microscopiques trous dans le fossile et mesurer le rapport entre les minuscules traces d’éléments radioactifs. Ces ratios ont révélé que le fossile avait 88 000 ans. D’autres dates obtenues à partir d’animaux associés fossiles et sédiments ont convergé vers une date d’environ 90 000 ans. D’autres analyses environnementales ont également révélé que le site avait été un lac d’eau douce dans un ancien environnement de prairie éloigné des déserts actuels.

    Cette découverte montre pour la première fois que les premiers membres de notre espèce ont colonisé une vaste région du sud-ouest de l’Asie. La capacité de ces premiers peuples à coloniser largement cette région jette un doute sur les points de vue de longue date selon lesquels les premières disséminations hors d’Afrique étaient localisées et infructueuses.

    ... et qu’elles passaient toutes le long des côtes de la Méditerranée.


    http://www.shh.mpg.de/891362/wusta

    #Préhistoire #Moyen-Orient #Arabie_Saoudite #migration #Institut_Max_Planck

  • JADE, Grandes haches alpines du Néolithique européen Ve et IVe millénaires av. J-C.
    Vidéo - Canal-U.

    Je publie rarement des articles ou des liens vers des vidéos sur le Néolithique. Celui-ci me paraissait intéressant pour la mise en évidence d ’inégalité sociales , d’ élites et ce, sur plusieurs milliers de kilomètres en Europe .

    Pendant tout le Ve millénaire et partie du IVe millénaire av. J.-C., l’Europe néolithique est touchée par la circulation de grandes haches polies en jades (jadéitite, omphacitite et éclogite). L’extension de ce réseau d’échange atteint 3 500 km d’ouest en est et plus de 2 000 km du nord au sud. En 2003, des chercheurs du CNRS identifient l’origine de ces haches en roches précieuses dans les Alpes italiennes, en particulier dans le massif du Mont Viso entre 1 700 et 2 400 m d’altitude. Ce film documentaire retrace la découverte des carrières alpines et les conditions de production de ces haches exceptionnelles lors d’expéditions saisonnières. Les raisons profondes de cet intérêt particulier pour les jades alpins pendant le Néolithique sont à chercher dans les inégalités sociales et les rituels religieux, pour le contrôle d’objets sacrés réservés aux élites. C’est certainement la raison pour laquelle ces objets extraordinaires ont atteint la Bretagne à l’ouest, l’Irlande, l’Ecosse et le Danemark au nord, la Bulgarie et le nord de la Grèce à l’est, la Sicile au sud, dans un système de croyances religieuses partagées à l’échelle de l’Europe actuelle.

    https://www.canal-u.tv/video/cerimes/jade_grandes_haches_alpines_du_neolithique_europeen.9202

    #Préhistoire #Néolithique #inégalités_sociales #technique #Europe #réseaux #Petrequin #CERIMES (Centre de ressources et d’information sur les multimédias pour l’enseignement supérieur), #CRAVA (Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l’Ain)

  • Des paléorivières qui traversaient le Sahara ont peut-être servi d’anciennes voies de migration humaine.
    Attention : 11 septembre 2013.

    Cette figure détaille les sites archéologiques, et la probabilité annuelle qu’un site ait des eaux de surface. Les données archéologiques sont dérivées de plusieurs sources. Les trouvailles sont caractérisées par des artefacts de l’Aterian et du Middle Stone Age tels que foliacés bifaciaux et pointes typiques « moustériennes », grattoirs latéraux et technologie Levallois (...).

    (...)

    La migration humaine vers le nord à travers l’Afrique est controversée. Cet article utilise une nouvelle approche de modélisation paléohydrologique et hydraulique pour tester l’hypothèse selon laquelle sous des climats plus humides il y a environ 100.000 ans, les principaux systèmes fluviaux traversaient le Sahara vers la Méditerranée, créant ainsi des voies de migration viables.
    [Les auteurs confirment] que trois de ces paléosystèmes fluviaux désormais enfouis auraient pu être actifs au moment clé de la migration humaine à travers le Sahara. De manière inattendue, c’est la plus occidentale de ces trois rivières, la rivière Irharhar, qui représente la voie la plus probable pour la migration humaine. [Elle] coule directement du sud vers le nord, reliant de manière unique les zones montagneuses qui connaissent les climats de la mousson à ces périodes dans des environnements méditerranéens tempérés où la nourriture et les ressources auraient été abondantes.
    Les résultats ont des implications majeures pour notre compréhension de la façon dont les humains ont migré vers le nord à travers l’Afrique, pour la première fois en fournissant une perspective quantitative sur les probabilités que ces les routes étaient viables pour l’habitation humaine à ces moments.

    L’article original : Were Rivers Flowing across the Sahara During the Last Interglacial ? Implications for Human Migration through Africa
    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0074834

    Le résumé : https://www.sciencedaily.com/releases/2013/09/130911184712.htm

    #Préhistoire #Afrique #Sahara #migration # Université_d’_Hull #Departement_de_Geographie #Royaume_Uni #100000BP
    #Tom_Coulthard #Jorge_Ramirez #Nick_Barton #Mike_Rogerson #Tim_Brücher

  • La mécanique de marche humaine a évolué avant le genre Homo [apparu entre 200 000 et 300 000 ans] il y a 3.6 millions d’années.
    23 avril 2018

    Human-like walking mechanics evolved before the genus Homo: Ancient footprints help researchers date the switch from a crouched to more straight-legged gait.

    Le résumé : https://www.sciencedaily.com/releases/2018/04/180423085443.htm
    L’article original est paru dans “Experimental Biology 2018”.

    Walking upright with the legs fully extended uses less energy than bipedal walking in a more ape-like crouched manner, allowing one to endure longer journeys. This suggests that the switch to a more human-like gait likely had something to do with how our ancestors found food — and how far they had to travel to find it.

    The data suggest that by this time in our evolutionary history, selection for reduced energy expenditures during walking was strong," said Raichlen. "This work suggests that, by 3.6 million years ago, climate and habitat changes likely led to the need for ancestral hominins to walk longer distances during their daily foraging bouts. Selection may have acted at this time to improve energy economy during locomotion, generating the human-like mechanics we employ today.


    Footprints from (A) a modern human walking normally, (B) a modern human walking with a stooped posture known as the “bent knees, bent hip,” or BKBH, posture, and (C) 3.6 million-year-old hominin footprints found in Laetoli, Tanzania. The team’s analysis suggests ancient hominins probably walked in a way that is very similar to modern humans.

    #Préhistoire #mutation #évolution #David_Raichlen #Université_de_l'_Arizona

  • La dernière période glaciaire a-t-elle affecté l’allaitement chez les Amérindiens ? De nouvelles découvertes établissent un lien entre la mutation génétique et la croissance des canaux mammaires, et les dents en forme de pelle.
    23 avril 2018

    Did last ice age affect breastfeeding in Native Americans ? New findings link genetic mutation to mammary duct growth as well as shoveled teeth.

    L’article original :
    http://www.pnas.org/content/early/2018/04/18/1711788115
    Le résumé en anglais :
    https://www.sciencedaily.com/releases/2018/04/180423155057.htm

    Des indices ont été tirés d’un article de 2007 et, par la suite, dans une étude de 2015, par Dennis O’Rourke, un co-auteur de Hlusko ; Etude dans laquelle des scientifiques ont déduit de l’ADN des Amérindiens qu’ils s’étaient séparés d’autres groupes asiatiques il y a plus de 25 000 ans même s’ils sont arrivés en Amérique du Nord il y a seulement 15 000 ans .

    Leur conclusion était que les ancêtres amérindiens se sont installés pendant environ 10 000 ans dans une région entre l’Asie et l’Amérique du Nord avant de finalement s’installer dans le Nouveau Monde. Cet arrêt dit « béringien » coïncide avec la hauteur du dernier maximum glaciaire entre 18000 et 28000 ans.

    C’est à cette période qu’a eu lieu cette mutation.

    An important take-home message is that human variation today reflects this dynamic process of ephemeral populations, rather than the traditional concept of geographic races with distinct differences between them.

    #préhistoire #Amérique_du_nord #peuplement #mutation #Leslea_Hlusko #Université_de_Californie #Berkeley #25000BP

  • Est-ce que Cro-Magnon 1 avait une neurofibromatose de type 1 ?
    31 mars 2018

    Did Cro-Magnon 1 have neurofibromatosis type 1 ?

    Le squelette de Cro-Magnon 1 correspond à un homo homo sapiens de 28 000 avant notre ère découvert en 1868 dans un abri sous-terrain des Eyzies en France. Depuis sa découverte, différents diagnostics ont été proposés concernant une lésion ostéolytique polycyclique sur l’os frontal droit, mesurant 37 mm x 27 mm (appendice) : altération post-mortem due au sol, rachitisme, actinomycose, et histiocytose à cellules de Langerhans.

    Récemment, [les auteurs ont] fait un CT scan, suivi d’un CT scan sur la lésion. Les résultats ont montré l’aspect osseux exact de la zone pathologique et des limites périphériques (figure A) : une résorption limitée de l’os cortical externe, d’aspect granuleux, sans sclérose périphérique dans la table interne, ce qui exclut une transformation maligne. Cet aspect concorde avec la morphologie radiologique d’un schwannome sous-cutané avec érosion osseuse progressive dans le contexte de la neurofibromatose de type 1, confirmée par la littérature biomédicale, et de la comparaison directe avec des collections de référence paléopathologiques (par exemple, le crâne 101 de la collection Tessier, à Amiens, France).

    (...)

    Selon ce diagnostic rétrospectif, une nouvelle reconstruction faciale de cet individu peut être proposée, avec l’aspect macroscopique de la maladie (figure B). Une analyse plus poussée du reste du squelette pourrait être intéressante pour rechercher d’autres lésions osseuses présentant des caractéristiques de faible taux de croissance.

    En clair pour les non spécialistes... et pour ce que j’ai compris de cette partie de l’article... regardez la photographie ci-dessous.

    http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)30495-1/abstract

    #Préhistoire #cro-magnon #28000BP #Philippe_Charlier #Université_de_Versailles_Saint_Quentin_en_Yvelines #Nadia_Benmoussa #Philippe_Froesch #Isabelle_Huynh-Charlier #Antoine_Balzeau #Musée_de_l'_Homme_Paris

  • Réévaluation chronologique des transitions du Paléolithique moyen et supérieur et du Paléolithique supérieur précoce en Espagne cantabrique [ou précisions sur la coexistence Néandertal/Humain anatomiquement moderne].

    Chronological reassessment of the Middle to Upper Paleolithic transition and Early Upper Paleolithic cultures in Cantabrian Spain

    18 avril 2018

    Sous ce titre apparemment technique (et l’étude est très technique), se cache finalement une bien meilleure connaissance des périodes de transition (Moustérien, Aurignacien, Châtelperronien, Gravettien) et donc du remplacement des populations néandertaliennes locales par des humains anatomiquement modernes.

    note : Neandertal est l’auteur du Moustérien et du Châtelperronien. L’Homme anatomiquement moderne est le responsable de l’Aurignacien et du Gravettien.

    Nous savons aujourd’hui que ce remplacement n’était pas un événement paneuropéen unique, mais qu’il s’est déroulé à différents moments dans différentes régions (...) Nous présentons ici 46 nouvelles datations au radiocarbone réalisées par prétraitement par ultrafiltration d’os anthropomorphes provenant de 13 sites de la région cantabrique contenant des niveaux moustériens, aurignaciens et gravettiens, dont 30 sont considérés comme pertinents. Ces dates, à côté des précédentes, ont été intégrées dans un modèle d’âge bayésien pour reconstruire une échelle de temps absolue pour la période de transition.

    Selon lui, le Moustérien a disparu dans la région par 47.9-45.1ka cal BP, tandis que le Châtelperronien a duré entre 42.6k et 41.5ka cal BP. Le Moustérien et le Châtelperronien ne se chevauchaient pas, indiquant que ce dernier pouvait être intrusif ou être une émanation du Moustérien.

    La nouvelle chronologie suggère également que l’Aurignacien apparaît entre 43,3-40,5ka BP BP chevauchant le Châtelperronien, et se termine vers 34,6-33,1ka BP BP, après que le Gravettien ait déjà été établi dans la région. Cette preuve indique que les Néandertaliens et l’AMH ont coexisté un peu moins de 1000 ans , avec la mise en garde qu’aucun résidu humain diagnostique n’a été trouvé avec le dernier Moustérien, Châtelperronien ou le plus ancien Aurignacien en Espagne Cantabrique.

    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0194708
    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?id=10.1371/journal.pone.0194708.g005&size=inline

    #Préhistoire #Espagne #moustérien #châtelperronien #aurignacien #gravettien #datation #Néandertal #Université_de_Cantabrie_Santander #University of Cambridge_United Kingdom #48000BP #33100BP

  • Découverte de retouches osseuses d’environ 115 000 ans à Lingjing, Henan, Chine

    12 mars 2018

    Discovery of circa 115,000-year-old bone retouchers at Lingjing, Henan, China
    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0194318

    Les résultats archéozoologiques, technologiques, fonctionnels et morphométriques mettent en évidence que les marteaux mous utilisés à Lingjing reflètent trois stratégies comportementales distinctes .

    – Le premier comportait l’utilisation de gros flocons d’os résultant de la boucherie de grands herbivores qui étaient utilisés comme tels pour retoucher ou réaffûter les outils de pierre, probablement pendant le traitement des carcasses. Ces objets ont été rapidement jetés après leur utilisation.
    – La seconde impliquait la fracture de l’os patiné provenant d’herbivores de taille moyenne pour obtenir des éclats allongés et, dans certains cas, leur mise en forme par percussion pour obtenir des artefacts sub-rectangulaires. Les traces observées sur ces objets indiquent une utilisation intensive et éventuellement récurrente, ce qui implique leur conservation dans le temps.
    – La dernière correspond à l’utilisation occasionnelle de bois comme marteau doux, qui peut également avoir rempli d’autres fonctions.

    Ce qui précède met en évidence différentes logiques de production et d’utilisation des retouches osseuses. Le premier type de retoucher satisfait un besoin immédiat. La seconde implique une planification à long terme, et la modification de l’ébauche pour imposer une forme à l’outil, afin d’améliorer son ergonomie, sa transportabilité et son efficacité. Le troisième est probablement un outil polyvalent parfois utilisé comme un marteau doux opportun.

    Ces résultats ont des implications pour le débat en cours sur la nature et le caractère distinctif du Paléolithique chinois.

    La plupart des industries lithiques chinoises datées entre 300 ka et 40 ka se caractérisent par la persistance du trocart, l’utilisation de matières premières locales de mauvaise qualité, la rareté des noyaux préparés et leur réduction par percussion directe à percussion dure, percussion bipolaire et la technique block-on-block, l’absence de preuves pour la percussion douce du marteau, la rareté des flocons retouchés et l’absence de tendances temporelles évidentes. Ce schéma contraste avec les innovations techniques pénécontemporaines (sélection des matières premières, débitage Levallois, utilisation du marteau mou, modelage systématique des outils de pierre par retouche) signalant l’émergence du Paléolithique moyen dans le reste de l’Eurasie.

    Le débat :

    L’absence de technologies du Paléolithique moyen dans de vastes régions de la Chine est considérée par certains comme la conséquence de conditions environnementales relativement stables, l’absence d’événements de remplacement de population à grande échelle, l’exploitation des ressources à faible intensité, la mobilité élevée des groupes, la production d’outils périssables en bambou et une préférence pour les technologies d’outils en pierre simples mais flexibles. En conséquence, un certain nombre de chercheurs ont fait valoir que le terme Paléolithique moyen n’a pas de signification réelle dans la plupart de l’Asie de l’Est et devrait être restreint aux assemblages situés dans les zones périphériques, à savoir, le Ningxia La région autonome, la province de Jilin et la Mongolie intérieure, où les diagnostics paléolithiques moyens sont présents dans les assemblages lithiques.
    D’autres utilisent ce terme de façon conventionnelle pour désigner des occupations de l’ordre de 300 ka à 40 ka BP ou des vestiges d’Homo sapiens archaïques. Enfin, certains soutiennent que des technologies innovantes sont présentes dans les assemblages chinois de cette période et que leur attribution au Paléolithique moyen est donc pleinement justifiée.

    La première implication évidente de nos résultats pour le débat ci-dessus est que des marteaux mous ont été utilisés pour le tranchage au début du Pléistocène tardif de l’Asie de l’Est, et cela en dehors des régions où la technique de Levallois est documentée. Les trois types de marteaux mous identifiés à Lingjing démontrent une bonne connaissance des propriétés des matériaux osseux à des fins de taille. La mise en forme et la curation probable d’un type d’outil suggèrent que ces outils représentaient un élément intégral de la boîte à outils utilisée par les hominidés de Lingjing. Ceci est également soutenu par l’analyse des traces d’utilisation. D’après les résultats expérimentaux, la morphologie globale brute des scores et des fosses indique que les trois types de marteaux tendres ont été utilisés pour tracer des matières premières lithiques grossières comme le quartz ou le quartzite, qui représentent plus de 99% des lithiques taillées dans la couche 11. Les retouches d’os étaient donc essentielles dans les activités de taille et il est très probable que les spécimens seront identifiés au cours de la réévaluation en cours de l’assemblage faunique de Lingjing. Il est également très probable que les marteaux mous faits d’os ou de bois de cervidé représentent une caractéristique méconnue des peuplements du début du Pléistocène supérieur ou de la Chine ancienne. Les traces de leur utilisation présentent certaines similitudes avec les modifications osseuses produites par d’autres agents et ces traces n’ont pas été systématiquement recherchées lors de l’analyse taphonomique de la plupart des assemblages osseux chinois datés de cette période.

    Une implication plus large de nos résultats concerne la nature des adaptations culturelles du Pléistocène précoce de l’Asie de l’Est. La complexité comportementale révélée par les marteaux mous de Lingjing suggère que la simplicité apparente de cette technologie lithique et celle d’autres sites contemporains peuvent être illusoires puisque les lithiques ne représentent qu’un aspect des adaptations culturelles passées. La découverte d’outils osseux complète efficacement ce que nous savons de ces systèmes techniques et met en évidence les consistances comportementales cela ne pouvait pas être déduit d’autres mandataires culturels. Ces consistances donnent une nouvelle dimension au débat autour de l’existence du Paléolithique moyen dans cette région du monde. L’attribution de sites est-asiatiques au Paléolithique moyen est généralement basée soit sur leur chronologie, soit sur l’apparition de traits culturels appartenant à la technologie lithique comme le débitage de Levallois. Cette approche suppose que les traits choisis représentent des caractéristiques évolutives applicables à des régions du monde différentes de celles dans lesquelles elles ont été identifiées à l’origine. Une approche alternative, que nous souhaitons promouvoir ici, consiste à identifier les caractères originaux des trajectoires culturelles régionales à partir d’une variété d’aspects de la culture matérielle passée, et à comprendre les implications comportementales et cognitives qu’ils ont pu avoir pour les populations hominiennes passées.

    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=info:doi/10.1371/journal.pone.0194318.g001

    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=info:doi/10.1371/journal.pone.0194318.g002
    Fig 2. Retoucher 6L1326 from Lingjing. White bracket indicates the area where impact scars are present. Scales = 1 cm

    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?size=inline&id=info:doi/10.1371/journal.pone.0194318.g008
    Fig 8. Retoucher 9L0151 from Lingjing. White bracket indicates the area where impact scars are present. Scale = 1 cm.

    #Préhistoire #technique #Luc_Doyon #CNRScientifique_UMR_5199_PACEA_Université_de_Bordeaux #Francesco_d’Errico #Zhanyang_Li #Hao_Li #115000BP

  • Jeudi 19 avril 2018 18h Amphithéâtre (SH-2800) du pavillon Sherbrooke de l’UQAM :
    Réécrire la préhistoire au féminin, une conférence de Claudine Cohen
    http://coeurdessciences.uqam.ca/component/eventlist/details/698-femmes-et-prehistoire.html

    Les femmes préhistoriques étaient-elles vraiment passives, dominées et confinées à la vie familiale comme le veut l’image si longtemps véhiculée par les archéologues ? Que dire de leurs activités productrices et de leur contribution au devenir du genre humain ? Seraient-elles les artistes qui ont réalisé certaines peintures rupestres ? Leur doit-on l’invention de l’agriculture ? Quelques pistes pour redonner une image plus exacte de cette « moitié invisible de l’humanité préhistorique » et, aussi, pour ancrer la réflexion actuelle sur la différence des sexes et le statut social des femmes jusque dans la profondeur des millénaires.

    #Claudine_Cohen, philosophe et historienne des sciences, est directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Elle est l’auteure de plusieurs livres sur le sujet : Femmes de la Préhistoire (Editions Belin, nov. 2016) et La femme des origines. Images de la femme dans la préhistoire occidentale (Editions Belin-Herscher, août 2003).

    Dommage, je ne pourrai pas y aller...

    Ajouter à la compilation #archéologie et #sexisme :
    https://seenthis.net/messages/633249

  • La vie de la fille d’Egtved reconstituée (Age du bronze).

    Tous ces indices permettent de reconstituer le parcours suivant : la fille d’Egtved faisait partie d’une famille de haut rang qui séjournait régulièrement dans le Sud, peut-être près de la Forêt-Noire. Elle revenait de ce lieu quand elle est morte au Danemark. Son histoire est une illustration de plus des réseaux d’échange à longue distance qui existaient entre les élites de l’Âge du bronze.

    Ce qui me fait penser que l’hypothèse d’Emmanuel Guy à propos d’une organisation clanique et hiérarchisée au travers toute l’Europe au paléolithique reste encore à vérifier mais constitue une piste de recherche correcte même si, quand même, son histoire de blasons me laisse perplexe.

    https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/la-vie-de-la-fille-degtved-reconstituee-12099.php

  • Utilisation symbolique des coquillages marins et des pigments minéraux par les Néandertaliens ibériques il y a 115 000 ans

    22 février 2018

    Symbolic use of marine shells and mineral pigments by Iberian Neandertals 115,000 years ago

    Cueva de los Aviones (sud-est de l’Espagne) est un site du Paléolithique moyen d’Europe associé à Néandertal. Il a donné des coquilles marines ocrées et perforées, des colorants rouges et jaunes et des contenants de coquilles qui contiennent des résidus de mélanges pigmentaires complexes.

    Des trouvailles similaires du Middle Stone Age [à peu près le paléolithique moyen européen] de l’Afrique du Sud ont été largement acceptées en tant que documents archéologiques en faveur d’un comportement symbolique. La datation par l’uranium de la coulée de boue qui recouvre le dépôt de la Cueva de los Aviones montre que les découvertes qui y sont faites datent de 115 000 à 120 000 ans et sont antérieures aux premières preuves comparables connues des humains modernes de 20 000 à 40 000 ans.

    Compte tenu [des] découvertes, il est possible que les racines de la culture matérielle symbolique se retrouvent parmi l’ancêtre commun des Néandertaliens et des humains modernes, il y a plus d’un demi-million d’années.

    http://advances.sciencemag.org/content/4/2/eaar5255.full

    #Préhistoire #Dirk_L._Hoffmann #Max_Planck_Institute #art #Néandertal #120000BP

  • A New Pleistocene Hominin Tracksite from the Cape South Coast, South Africa. 28 février 2018

    Un site d’hominidés du Pléistocène supérieur a été identifié dans des roches d’éoliennes côtières sur la côte sud du Cap en Afrique du Sud , une zone d’une grande importance pour l’émergence des humains modernes.

    Les pistes se présentent sous la forme de moulages naturels et se produisent sur le plafond et les parois latérales d’une grotte de dix mètres de long. La préservation des pistes est de qualité variable. Jusqu’à quarante traces d’hominidés sont évidentes.
    Trente-cinq traces d’hominidés se retrouvent sur un même plan, avec la possibilité de découvertes de pistes supplémentaires (...).

    Une étude géologique sur le site et une comparaison stratigraphique avec des études géochronologiques publiées dans cette région suggèrent que les pistes ont environ 90 ka d’âge. Si tel est le cas, le littoral à l’époque aurait été éloigné d’environ 2 km.

    C’est le premier site d’homininé rapporté de cette période. Cela ajoute à la un registre mondial relativement épars des premières traces d’hominidés, et représente l’archive la plus grande et la mieux conservée des traces d’hominidés du Pléistocène récent trouvées à ce jour. Les traces ont probablement été faites par Homo sapiens.

    La liste des pistes relevées à ce jour dans le monde et les possibles « responsables » :

    Laetoli, Tanzania (~3,660 ka) : Australopithecus afarensis
    Ileret, Kenya (~1,500 ka) : Homo erectus
    Koobi Fora, Kenya (~1,400 ka) : Homo erectus
    Happisburgh, United Kingdom (~1,000–780 ka) : Homo antecessor
    Roccamonfina Volcano, Italy (~385–325 ka) : Homo heidelbergensis
    Terra Amata, France (~300 ka) : Homo erectus
    Nahoon, South Africa (~126 ka) : Homo sapiens sapiens
    Langebaan, South Africa (~117 ka) : Homo sapiens sapiens
    Vârtop Cave, Romania (constrained to 62–97 ka) : Homo neanderthalensis
    Theopetra Cave, Greece (~46 ka) : Homo sapiens sapiens.

    https://www.nature.com/articles/s41598-018-22059-5

    #préhistoire #empreintes #Afrique_du_Sud # Charles_W._Helm #Richard_T._McCrea, #Tammy_S._Pigeon #Region_Palaeontology_Research_Centre_British_Columbia_Canada #90000BC

  • Pourquoi des sourcils expressifs ont pu avoir de l’importance dans l’évolution humaine.

    Why expressive brows might have mattered in human evolution - News and events, The University of York 09/04/2018

    Comme les bois sur un cerf, un front prononcé était un signal permanent de domination et d’agressivité chez nos ancêtres. Les humains modernes l’ont échangé pour un front lisse avec des sourcils plus visibles et poilus capables d’une plus grande gamme de mouvement.

    À l’aide d’un logiciel d’ingénierie 3D, les chercheurs ont examiné l’arête frontale emblématique d’un crâne fossilisé, connu sous le nom de Kabwe 1, conservé dans les collections du Natural History Museum.

    L’auteur principal du document, le Dr Ricardo Godinho, a déclaré, après avoir écarté par essais sur le crane modélisé en 3D que, "puisque la forme de l’arrête frontale [n’était] pas uniquement dictée par les exigences spatiales et mécaniques, et que d’autres explications sur les arrêtes des sourcils comme la sueur ou les cheveux [avait] déjà été écartées, nous suggérons une explication plausible dans la communication sociale "

    Selon les chercheurs, nos fronts communicatifs ont commencé comme un effet secondaire de nos visages devenant progressivement plus petit au cours des 100 000 dernières années. Ce processus est devenu particulièrement rapide au cours des 20 000 dernières années et, plus récemment, au moment où nous sommes passés de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs.


    Eyebrows on fleek : Model of a modern human skull next to Kabwe 1. Image credit : Professor Paul O’Higgins, University of York.

    https://www.york.ac.uk/news-and-events/news/2018/research/research-to-raise-a-few-eyebrows

    #Préhistoire #évolution #Ricardo_Godinho #Université_de_York #Penny_Spikins