Contre-attaques

Pour en finir avec l’islamophobie...

  • Femen partout, féminisme nulle part
    http://contre-attaques.org/magazine/article/femen-partout

    Femen ont réussit leur coup médiatique en faisant irruption au salon de la femme musulmane de Pontoise le week-end dernier. Qu’en est-il de leur postulat féministe ? Pour y répondre, nous vous invitons à relire l’excellent article de Mona Chollet qui questionnait cet emballement féministe à deux vitesses. « Les musulmans semblent éprouver un sentiment de puissance virile à voiler leurs #Femmes, et les Occidentaux à les dévoiler », écrivait l’essayiste marocaine Fatema Mernissi dans Le Harem et l’Occident (...)

    #Magazine

    #Contributions_externes, #Femmes
    « http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-03-12-Femen »

  • Jeremy Corbyn et les « extrémistes ». Fourest s’en va en guerre. - Contre-attaque(s)
    http://contre-attaques.org/magazine/article/jeremy-corbyn
    http://contre-attaques.org/IMG/siteon0.jpg?1441100009

    Passons sur les termes jamais définis d’« islamistes », d’« intégristes », d’« extrémistes », tarte à la crème de la rhétorique islamophobe, qui permettent sans démenti possible de jeter la suspicion sur n’importe quel musulman. Passons sur les « dessins de Mahomet » que la presse britannique a refusé de publier en 2006, non pour complaire à quelque groupe extrémiste mais tout simplement parce qu’elle les trouvait gratuitement racistes et offensants. Passons enfin sur l’amalgame abject qui associe – sur un ton ironique – ceux qui critiquent les dessins islamophobes et ceux qui soutiennent l’assassinat des dessinateurs (2).

    Arrêtons-nous plutôt sur un « détail », que Caroline Fourest oublie de mentionner : Jeremy Corbyn est le président de la coalition pacifiste Stop the War , constituée après le 11-Septembre pour s’opposer à la « guerre contre la terreur », menée par le président républicain George W. Bush et le Premier ministre travailliste Tony Blair. Une immense opération « antiterroriste » qui, rappelons-le, a causé la mort de centaines de milliers de victimes, en Afghanistan et en Irak, et envoyé au bagne, sans jugement, des centaines de personnes (parmi lesquelles le fondateur de l’association CAGE, qui a passé trois ans à Guantanamo).

  • Le rejet de l’islam est-il une spécificité française ?

    L’anthropologue américain John R. Bowen observe la montée, en Europe comme aux Etats-Unis, d’un populisme d’extrême droite qui instrumentalise les citoyens musulmans à des fins électoralistes.

    Quand un anthropologue américain scrute, de son regard caustique, le rapport à l’islam des sociétés occidentales, et déconstruit les idées fausses qui alimentent le rejet des musulmans, cela donne l’Islam, un ennemi idéal (Albin Michel, 2014). John R. Bowen a enseigné à Siences-Po Paris, à la London School of Economics et enseigne à la Washington University of Saint Louis.

    Votre livre s’intitule l’Islam, un ennemi idéal , en quoi est-il « idéal » ?

    De tout temps, dans l’histoire occidentale, certains groupes ont fait l’objet de haine : les juifs, les catholiques, les Roms, les homosexuels. Aujourd’hui, les cibles de cette haine sont les musulmans. L’islam étant une religion méconnue, on peut y projeter toutes sortes de fantasmes : « Les musulmans battent leurs femmes » ; « ils assassinent les juifs, les chrétiens ». C’est très facile d’en faire le bouc émissaire de n’importe quoi. Depuis le 11 Septembre, un sentiment anti-islamique s’est répandu aux Etats-Unis sous l’influence du protestantisme évangélique. En Europe, les différents attentats semblent confirmer l’idée qu’une guerre fait rage entre l’islam et l’Occident. Par ailleurs, la visibilité de l’islam depuis les années 80, par la demande de mosquées, le port du voile, les boucheries halal, change les habitudes et le paysage. Or la réticence à voir la société changer s’exprime par la haine.

    Face à l’intégrisme islamique, cette peur n’est-elle pas légitime ?

    Bien sûr, des formes de violence existent. Mais regardons de plus près. En Europe, sur les dix dernières années, il y a davantage de morts qui résultent du terrorisme non islamique. Rappelons tout de même que les personnes qui vont faire le jihad en Syrie sont considérées comme des terroristes alors qu’il y a deux ans, ils étaient nos alliés contre Bachar al-Assad. Alors il faut décider ! Doit-on traiter ces individus comme des terroristes ? Il faudrait pouvoir poser la question mais cette question est malheureusement taboue.

    La semaine dernière, en France, Valeurs actuelles titrait « Touche pas à mon église ». Ce type d’instrumentalisation politique de la peur de l’islam est-elle spécifique à la France ?

    C’est un exemple type de désignation de l’islam comme ennemi commun. On oublie que dans les années 80, certaines églises avaient donné une place aux musulmans pour qu’ils puissent prier. Il ne s’agissait pas d’églises désacralisées. Il y a toute une histoire de collaboration entre les différents cultes. Aux Etats-Unis, certains politiques jouent sur cette même peur de l’invasion. Mais comme il n’y a pas le principe d’un espace républicain uniforme comme en France, il est plus difficile de soutenir qu’il y a un danger général. En Angleterre, la possibilité de vendre une église à une association islamique serait considérée comme une affaire privée. Ça ne soulèverait probablement pas la même émotion. En Allemagne par contre, on peut imaginer le même genre d’emballement. Il est aussi devenu très utile, d’un point de vue électoraliste, de blâmer l’islam en lui imputant tout un ensemble de problèmes sociaux. Presque partout en Europe, comme aux Etats-Unis, un populisme d’extrême droite s’est implanté, et des politiciens appartenant à une droite plus modérée, comme Nicolas Sarkozy, se sont évertués à reconquérir une partie de leur électorat en s’associant à la condamnation de l’islam. Le populisme est une église accueillante. Plus généralement, nous ne vivons pas un moment de tendresse vis-à-vis des immigrés.

    Le multiculturalisme propre à la société américaine et qui fait peur à certains en France permet-il de réduire les tensions identitaires ?

    La grande différence avec la France, c’est que l’identité nationale américaine est composée d’identités multiples : afro-américains, hispano-américains… Dès le départ, il y a donc moins de tensions. La présence d’un menu sans viande est acceptée. A l’aéroport de Dallas, il y a des femmes en foulard à la douane, même les fonctionnaires peuvent porter le foulard. La liberté religieuse prime. Le problème identitaire américain se situe davantage au niveau du racisme anti-Noir qui persiste. En France, l’islamophobie est un racisme culturel avec l’idée que les musulmans sont identifiables. Ce n’est pas parce que quelqu’un croit en Dieu ou se réfère au Coran que c’est un ennemi, mais parce qu’il est différent.

    La laïcité française n’est-elle pas en train de devenir inégalitaire ?

    Dans les faits, on peut dire que oui. Rappelons d’abord que la loi de 1905, même si elle affirme un principe de neutralité de l’Etat envers toutes les confessions, n’a jamais été appliquée aux églises catholiques. Les églises construites avant 1905 sont devenues propriété de l’Etat et sont donc entretenues par l’Etat. Tandis que la grande majorité des églises évangéliques, plus de la moitié des synagogues et bien sûr toutes les mosquées construites après 1905, n’ont pas bénéficié de ce soutien de l’Etat. Symboliquement cette loi est intouchable mais dans les faits, elle a beaucoup évolué. Prenons l’exemple des écoles islamiques sous contrat, il y en a deux en France : à Lille et à Lyon. Il y a eu plusieurs tentatives de développer les écoles islamiques, mais un blocage politique au niveau du ministère de l’Education nationale l’empêche. Là encore, il faudrait être vraiment neutre. On a fait le choix de garder des écoles religieuses, il faut donc appliquer ce principe de manière équitable à toutes les religions. Une autre tradition en France, qui date de Philippe le Bel au XVe siècle : l’idée que l’Etat a son mot à dire dans les affaires religieuses et sa volonté de traiter avec des entités représentatives. On le voit avec le Conseil français du culte musulman. En France, il faut avoir un numéro de téléphone pour parler avec l’islam. Ce volontarisme politique n’est pas forcément négatif. Depuis les années 80, l’Etat travaille sur le sujet de la viande halal pour que tous les musulmans aient de la viande pour l’Aïd, par exemple.

    A propos de la loi sur l’interdiction de la burqa, vous laissez penser que c’est une atteinte à la liberté religieuse ?

    L’Assemblée nationale a proscrit le port de la burqa, en dépit de l’avis négatif du Conseil d’Etat, qui soulignait que cette loi violerait les droits constitutionnels et conventionnels de la liberté religieuse. Elle a sollicité le Conseil constitutionnel pour que celui-ci trouve un moyen d’en assurer la constitutionnalité. Le Conseil constitutionnel a ainsi inventé de toutes pièces un nouveau principe de la vie commune : la réciprocité. Pour avoir de la réciprocité, il faut pouvoir se voir. Mais si on part de ce principe, il faut interdire le port des lunettes de soleil parce c’est avec les yeux qu’on communique.

    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/16/john-r-bowenle-populisme-est-une-eglise-accueillante_1348877