• violences conjugales – Réseau International des Mères en Lutte
    https://reseauiml.wordpress.com/category/violences-conjugales

    La responsabilité institutionnelle dans la mise en danger des enfants

    Dans une intervention de novembre 2018, Joan Meier et son équipe de recherche complètent les résultats. 4 338 jugements de 2005 à 2015 ont été analysés. Tous types de violences confondus (violence conjugales, violences contre les enfants, violences sexuelles contre les enfants), les accusations réalisées par les mères ne sont reconnues que dans 41 % des cas, et quand une accusation d’aliénation parentale est portée, dans 23 % des situations seulement. En outre ce sont les accusations de violences sexuelles sur les enfants qui sont les moins reconnues (15 %), et elles ne le sont presque jamais quand l’aliénation parentale est mobilisée par le père (2 %, 1 sur 51). Ainsi, lorsque l’aliénation parentale est utilisée par le père comme moyen de défense, la probabilité que le juge reconnaisse la violence est divisée par 2, et presque par 4 quand il s’agit de violence contre les enfants.

    L’accusation d’aliénation parentale par les pères a également une incidence sur la résidence des enfants. En effet, lorsque lorsque la mère accuse le père de violence, la résidence est transférée chez lui dans 26 % des cas quand il ne se sert pas de l’aliénation parentale, et dans 44 % dans cas lorsqu’il mobilise ce pseudo-concept. L’équipe de Joan Meier constate que lorsque les mères accusent le père de violence, que celui-ci mobilise l’aliénation parentale ou pas, ces derniers sont presque trois fois plus susceptibles d’obtenir la résidence des enfants. Elle constate par ailleurs que même lorsque les violences sont reconnues, et que l’aliénation parentale est utilisée, la résidence est transférée dans 43 % des cas (6 sur 14).

    Pour résumer, ces données « confirment les nombreux témoignages de femmes qui dénoncent l’ignorance par les tribunaux de la famille de la violence, ce qui met potentiellement les enfants en danger. Elle confirme également que les accusations d’aliénation sont efficaces pour occulter la violence ». L’étude comporte cependant deux limites principales : elle ne démontre pas que le rejet par les tribunaux des accusations de violences est erroné, mais seulement qu’il est répandu. De plus, l’étude est également axée sur les affaires en appel, qui peuvent présenter certaines différences avec les affaires en première instance.

    #infanticide #féminicide #couple #hétéropatriarcat #famille #divorce #parents #injustice #sexisme #SAP

    • Par l’intermédiaire de la veille féministe de Féminicides par compagnon et ex-compagnon , nous apprenons que plus d’une dizaine d’enfants ont été tués par leur père depuis le début de l’année 2019.

  • Le genre toujours au centre des loisirs - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/08/25/le-genre-toujours-au-centre-des-loisirs_1747243

    Selon les recherches d’Yves Raibaud et Edith Maruéjouls, 75 % des budgets publics profitent directement ou indirectement aux garçons, toutes activités confondues : centres de loisirs, séjours de vacances, danse, foot, écoles de musique et même médiathèques. Les financements ne sont pas égalitaires. Des équipements publics, notamment sportifs, comme les city stades ou skate parcs, visent aussi une activité majoritairement masculine. Tandis que les lieux de pratique plus féminine comme les centres d’équitation sont moins aidés. Yves Raibaud : « Ce ne sont pas les filles qui s’autocensurent ou n’ont pas envie, on a juste privilégié la moitié de la population au détriment d’une autre à travers ce financement. » Le géographe a d’ailleurs mené un travail avec le conseil départemental de la Gironde pour parvenir à des arbitrages budgétaires égalitaires. « On l’a fait aussi avec la ville de Bordeaux sur leurs séjours d’été. Il doit y avoir autant de filles que de garçons pour des budgets équivalents. » La directrice de Larobe abonde : « Etre à égalité, c’est partager un budget, un espace, sinon on hiérarchise. On voit des maisons des jeunes, des centres occupés par 90 % de garçons. » Les filles viennent pour un cours de danse ou de l’aide aux devoirs mais ne restent pas. Une illusion de présence.

    Au moment de la préadolescence, la fracture se creuse encore. Les travaux d’Edith Maruéjouls montrent que dès 12 ans, les filles disparaissent de ces structures. « Le groupe social des filles dans un micro-espace de loisirs ou sociétal, comme la cour de récré ou le centre, est relégué sur les bords. Elles ne prennent pas l’espace physique et sont réduites à leurs capacités à négocier. » La géographe mesure depuis deux ans un autre phénomène : « Ce que j’appelle la première charge mentale des filles : à cet âge, c’est la première fois qu’elles sont confrontées au harcèlement de rue en raison de leurs tenues vestimentaires, ce qui leur fait élaborer des stratégies d’évitement. » Un cercle vicieux en termes d’activités. Les filles étant moins présentes dans les centres, les activités risquent d’être encore plus orientées côté masculin.

    • J’aimerais avoir les références sur l’aspect « médiathèques », dont l’accès serait genré. Autant pour les autres éléments cités, je vois assez bien, mais pour les médiathèques, j’aimerais savoir comment ça joue.

    • J’en sais pas plus que toi @arno Peut être qu’il y a plus d’abonnement à des revues de foot, jeux vidéos... que de revues de poney et de danse, ou plus de lecture d’auteurs que d’autrices, plus de bouquins avec des héros que d’héroines...

    • J’ai trouvé ceci qui develloppe un peu mais j’ai pas encore tout lu

      ici un résumé
      https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01560821/document

      Je me suis intéressé dans les années 2000 aux lieux de répétition des musiques amplifiées (rock, rap, techno, reggae), puis par extension aux cultures urbaines (graff, hip-hop, mais aussi sports urbains tels que skateboard et Bmx). Il m’est apparu assez rapidement que ces cultures, dont on disait qu’elles étaient l’expression des jeunes et des quartiers fragiles, étaient surtout déterminées par le sexe de leurs pratiquants, plus de 90 % de garçons. Le modèle de la « maison des hommes » convient assez bien pour caractériser ces lieux de production d’identité masculine, dont la culture commune est souvent teintée de sexisme et d’homophobie. J’ai prolongé ce travail en étudiant les skateparks et les citystades. Mis à disposition des jeunes (en réalité des jeunes garçons), ils ont pour but avoué de canaliser leur violence dans des activités positives. Il me semble qu’ils fonctionnent au contraire comme des « écoles de garçons », produisant l’agressivité et la violence qu’ils sont censés combattre.

    • C’est intéressant, cet aspect sécuritaire. Il reprend la même idée sur les colos populaires :

      De l’autre côté du périphérique, les séjours et activités organisées par les municipalités (Opération Prévention Été, séjours courts, Ville Vie Vacances) sont clairement orientés vers la prévention de la délinquance et proposent des activités spécialisées vers le public cible : les jeunes garçons des cités. Exit les filles des vacances des pauvres.

      En revanche, il n’explique pas plus la question des médiathèques.

    • ici plus de détails
      https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00658958/document

      Pour les médiathèques tu as raison d’avoir tiqué @arno car c’est le seul graphique ou les filles sont légèrement majoritaire, mais ca reste une majorité assez faible selon l’étude.

      On pourrait penser que les pratiques culturelles sont plus féminines que les pratiques sportives, par compensation ou pour des choix liés aux stéréotypes de sexe. Les chiffres montrent au contraire que les filles sont à peine plus présentes que les garçons dans les médiathèques et légèrement moins nombreuses dans les écoles de musique

    • Si tu veux une version très détaillé, voici

      Mixité, égalité et genre dans les espaces du loisir des jeunes : pertinence d’un paradigme féministe
      par Édith Maruéjouls-Benoit

      Thèse de doctorat en Géographie humaine (379 pages)

      https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01131575/document

      La partie sur les médiatèques est à la page 174

      2.1.2Le renforcement des stéréotypes : les activités culturelles et artistiques.

      Les pratiques culturelles et artistiques semblent plus équitablement réparties entre filles et garçons. Cependant les stéréotypes attachés aux pratiques sont forts et séparent les sexes à l’adolescence, c’est alors qu’on observe de nouveau un décrochage des filles. Les pratiques culturelles des jeunes sont encadrées dans des équipements municipaux ou au sein des associations prestataires de la commune, parfois dans des associations non subventionnées, hébergées dans des locaux municipaux. Les équipements municipaux tels que médiathèques et écoles de musique et de danse accueillent majoritairement un public de jeunes enfants et connaissent une désaffection à partir de l’entrée au collège, puis au lycée. Ce décrochage est compensé en partie, pour les garçons, par des propositions culturelles moins académiques, portées par le secteur de l’animation, principalement musiques actuelles, danse hip hop, espace multimédia, comme nous le verrons plus avant.Premier équipement étudié, la médiathèque est le lieu de la quasi parité.Création Edith Maruéjouls (2011)Les statistiques sur les emprunts dans les médiathèques ne permettent pas de dégager une analyse sexuée sur l’usage du lieu. On note seulement que les filles ne sont pas massivement plus utilisatrices que les garçons. Le découpage par âgepour la commune de Floiracnous enseigne que c’est à 13 ans que les filles effectuent plus d’emprunts que les garçons.
      A Floirac, les filles à partir de 13 ans sont plus nombreuses que les garçons à emprunter à la médiathèque. La commune de Blanquefort propose des enseignements spécialisés, notamment un lycée viticole et des lycées techniques. Il y a une importante population masculine étudiante venant de tout le département. Les garçons sont donc proportionnellement plus nombreux que les filles sur le territoire à partir de la seconde voire la troisième. Ils deviennent majoritaires pour les emprunts en médiathèque.
      On entend souvent que les pratiques culturelles sont plus féminines que les pratiques sportives, par compensation ou pour des choix liés aux stéréotypes de sexe. Les chiffres montrent au contraire que les filles sont à peine plus présentes que les garçons dans les médiathèques et dans les écoles de musique

    • Personnellement, j’ai été frappée par le passage bulldozer de la bibliothèque (l’endroit des rats de bibliothèque, c’est-à-dire des corps enfermés dans le silence et les espaces contraints, donc les femmes et les hommes peu virilisés) vers la médiathèque, souvent un espace plus volumineux, plus lumineux, plus mis en scène (plus tape à l’œil, donc plus couteux et valorisant), qui se caractérise par un retrait assez net de l’emprise du livre au profit de l’espace presse-magazines — avec souvent une disposition « club » avec des fauteuils très confortables qui n’existaient pas dans les bibliothèques, spartiates —, musique, jeux vidéos, films, c’est-à-dire des pratiques culturelles plus « masculines ».

      Ce n’est qu’une impression, cela dit, mais il y aurait l’idée d’investissements massifs de la collectivité pour viriliser et rendre attractif un lieu qui était auparavant un parent pauvre des équipements collectifs, surtout investi par les dominés…

    • @monolecte : pas que. À mon goût (d’homme, certes), les médiathèques sont aussi des lieux plus ouverts aux enfants et aux familles (gros poufs sur le sol pour lire vautrés comme des otaries, livres directement accessibles aux petits, présentation scénarisée pour les pré-ados, etc.). Et aussi beaucoup d’espace de travail pour les adolescents, auxquels ça donne un lieu pour se retrouver et travailler (travaux scolaires), avec un équilibre entre le silence et le calme nécessaires pour bosser, mais en même temps une certaine « modernité » des usages, avec la machine à café/boissons, les toilettes propres et accessibles… (ces lieux de travail, systématiquement le week-end, c’est plein de lycéens). Par rapport à la tradition « rats de bibliothèque », il me semble aussi qu’il y a une présentation nettement moins austère des livres, par exemple l’espace pour les jeunes ados valorise clairement des lectures plus à la mode que les classiques du XIXe siècle.

      Sans compter, évidemment, ce qui caractérise les médiathèques : y’a pas que des livres. Gros espace de DVD (à une époque, ça eut été intéressant), gros espace de CDs (à une époque…), désormais ludothèque, ici un énorme espace pour emprunter des partitions…

      Il me semble avoir lu par ici que le « problème » des médiathèques était moins l’aspect genré (autant de femmes que d’hommes) que la sélection sociale qui s’opère en amont, et il n’est pas certain que le passage de la bibliothèque à la médiathèque ait énormément modifié cet aspect.

    • @arno : effectivement, en bibli/mediathèque, le problème est plus une question de CSP que de genre. Alors que je me plaignais du faible nombre de bouquins (à E. Zola), une responsable m’a expliqué que trop de bouquins intimidaient les gens (pas les CSP+, s’entend) et que donc on allait à l’encontre du principe même d’une bibli en restreignant le nombre d’ouvrages.

  • « Mon frère, ce bourreau » : la lettre d’Alexandre à son frère Yann Moix
    http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/mon-frere-ce-bourreau-la-lettre-d-alexandre-a-son-frere-yann-moix-24-08-2

    Je n’ai pas de frère.

    Je suis le « mec qui habitait en même temps que Yann chez ses parents ». « Un médiocre ». « Une entité génétique similaire qui se balade quelque part sur Terre ». « Un raté ». Dernièrement, un « néo-nazi » ! Le sérail m’informe régulièrement des fulgurances moixiennes de mon frère à mon sujet…

    « Ton frère te voue une haine infinie », m’a récemment confié un de ses plus vieux amis. Je l’ai toujours su au fond, mais sa confirmation est une gifle. Cinglante. Ma naissance, 4 ans après la sienne, aura donc été son chaos. La fin de son monde. Je serais venu sur Terre uniquement pour achever son règne. J’aurais, paraît-il, enfanté son malheur. Ma naissance n’aura été qu’un putsch.

    Devenu adulte, j’ai longtemps déploré son absence mystérieuse et inexpliquée ; son silence, brutal, long, obscur. J’ai d’abord essayé de les comprendre, de les disséquer, d’en chercher les fondements. De guerre lasse. Je suis devenu un spectateur occasionnel, abasourdi de ses outrances, de ses mauvaises humeurs médiatiques, de ses prises de positions fielleuses, de sa harangue belliqueuse. Le soi-disant sniper est en fait un serial killer qui guette sa proie et la dépèce. Jusqu’à la prochaine.

    Quand, au lendemain de ses inégales interventions, on me posait la question de notre parenté, un malaise profond m’envahissait. Voilà qu’on m’associait à cet être distribuant de la haine sur les plateaux de télévision et partout où il posait le pied.

    Exister avec ce nom si encombrant forçait alors le respect. Ce nom - son précieux - qu’il protégeait avec hargne, était l’objet récurrent de ses menaces téléphoniques nocturnes : « Je vais t’envoyer des mecs chez toi qui te feront faire passer l’envie d’utiliser mon nom, pt’it con ! Il n’y a qu’un Moix sur Terre ! Et il n’y aura qu’un Moix dans la littérature ! Il n’y aura qu’un Moix dans le cinéma ! Moix, c’est MOI ! », éructait-il, avant de raccrocher, me laissant hagard pour le restant de la nuit. Moix, c’était lui. Moi, je n’étais que moi. Misérable et médiocre. Raté, il l’avait décrété. Tel serait mon avenir. Partout, j’avais désormais la sensation de voler mon nom, d’usurper son identité.

    Dans sa vie, mon frère n’a que deux obsessions : obtenir le Prix Goncourt et m’annihiler. Me nier, m’éliminer, me rayer de la carte. Par tous les moyens. Physiquement ou moralement.

    Il y a quelques années, je tombais par hasard sur une émission de radio. À la question : avez-vous des frères et sœurs, Yann répondait aussitôt : « Non. Enfin si… Enfin, c’est tout comme… Il y avait à la maison un collabo qui me caftait à la Kommandantur ! ». Si j’étais son collabo, il était mon tortionnaire.

    J’ai subi 20 ans durant des sévices et des humiliations d’une rare violence de sa part. Ceux-là mêmes qu’il décrit dans son roman, en les prêtant à nos parents. J’aurais rêvé d’un grand frère protecteur. Mais Yann était un grand frère destructeur. Chaque phrase qu’il m’adressait me sonnait comme des uppercuts. Il s’exerçait déjà sur moi à tester ses aphorismes de haine. Les mêmes qu’il assène dans ses arènes médiatiques. J’en retrouve parfois certains.

    En matière de sévices, Yann faisait preuve d’une imagination débordante. Je rêvais d’un frère au cœur d’artichaut, il était mon Orange mécanique.

    Tentative de défenestration du premier étage et de noyade dans la cuvette des toilettes quand j’avais 2 ans, passages à tabac récurrents dès que nos parents s’absentaient, destruction systématique de mes nouveaux jouets, jeux, maquettes, matériel de sport, souillage et appropriation de mes livres…

    Je ne compte plus les matins où, pris d’une colère terrible, aussi soudaine qu’incontrôlable, il envoyait valser, sans autre raison que ma seule présence, la table du petit-déjeuner à l’autre bout de la cuisine.

    Je me souviens comme si c’était hier de ce jour, où, m’attrapant violemment la main, il me la coinça de toutes ses forces entre les persiennes métalliques de notre chambre et les referma sur mes phalanges. La douleur fut si intense que j’en tombais dans les pommes. Le lendemain, j’avais perdu tous les ongles. J’avais 10 ans.

    Et cette fois, où, adolescents tous les deux, il me pourchassa, pour ne pas avoir voulu lui obéir (car il me fallait être à ses ordres) dans toute la maison avec un énorme couteau de cuisine en hurlant - prêt à me tuer - qu’il allait me « saigner comme un goret ».

    Cette fois aussi, où il m’enferma à clé et me laissa prisonnier dans le grenier exigu de l’immeuble de notre grand-mère durant une journée entière alors que je n’avais que 7 ans.

    Et puis toutes ces nuits d’effroi, où, à pas feutrés, il se glissait jusqu’à mon lit pour m’étrangler ou m’asséner des coups alors que je dormais déjà. Ses poings pleuvaient sur ma couette comme des giboulées. Mes parents ne se réveillaient pas, comme il l’écrit dans son livre, à cause de ses cauchemars incessants, mais en raison de mes cris de douleur ou de terreur.

    Quant aux humiliations morales et verbales, elles étaient mon lot quotidien. En public, en privé. La plupart du temps savamment calculées, orchestrées à dessein (l’improvisation n’étant pas son fort), elles faisaient mouche à chaque fois et me laissaient KO. Je le revois me glissant insidieusement, deux heures avant l’épreuve écrite du bac français : « Tu ne l’auras jamais ! Tu es mauvais. T’es nul. T’es un médiocre… ! ».

    Et, des années plus tard, alors qu’il avait déjà publié plusieurs romans et qu’il avait appris que de mon côté, sans l’aide de personne, je tentais également ma chance, il me réveillait encore la nuit, haineux, pour me hurler : « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que JAMAIS, JAMAIS, tu ne sois publié ! JAMAIS ! ». La campagne de déstabilisation dura plusieurs mois. Ces menaces furent d’ailleurs suivies d’effet, puisqu’il empêcha purement et simplement la parution de mon premier roman « Second Rôle » chez un grand éditeur. L’éditeur, navré, m’en fit lui-même la confidence. J’apprends aujourd’hui, car tout finit par se savoir, que mon frère se serait vanté d’avoir également tout fait pour me nuire dans le milieu du cinéma…

    Malgré tout cela, je lui pardonnais quand même. Naïveté d’un cadet qui lève des yeux d’admiration sur son grand frère ou syndrome de Stockholm ? Il y a quelques mois encore, je me suis surpris à un élan de tendresse fraternelle. Je le voyais comme un Petit Prince malheureux sur sa planète, un Petit Prince abîmé par les corrections qu’il écopait de mon père, mais qui, pourtant, faisaient suite aux sévices, eux bien réels, qu’il m’infligeait. Tiraillé entre le supplice qu’il me faisait subir et ses pleurs lorsqu’il se faisait corriger, je me sentais coupable.

    Aujourd’hui, je ne peux plus le plaindre, le couvrir ni me taire. Il sacrifie la réalité sur l’autel de ses ambitions littéraires. C’en est trop.

    Face à l’ampleur des immondices qu’il déverse dans son roman et dans les interviews qu’il donne, j’avais préféré imaginer un instant que mon frère avait pu y croire lui-même, qu’il s’était laissé abuser par une psychothérapie déviante, de celles qui font s’approprier des faux souvenirs, de celles qui font dénoncer des crimes qui n’ont pas été commis. De celles qui prônent la libération de la parole, quelle qu’elle soit, même fantasmée. Or j’ai appris que Yann se vantait en privé d’avoir tout exagéré, à l’excès, à dessein.

    Combien aurais-je préféré que Yann relevât de la psychiatrie plutôt que d’une volonté calculée, affirmée, assumée, de nuire à toute une famille qu’il ne connaît plus, qu’il ne connaît pas.

    Se dressant comme le porte-flambeau de la cause des enfants malheureux, il pose, s’affiche, professe, mais n’écoute pas la souffrance des autres dont il se moque éperdument. Yann vit dans un autre monde : son nombril.

    Tout ce qui n’est pas lui, issu de lui, autour de lui, à propos de lui est jeté à la curée et condamné sans sursis par son tribunal, sa colère et sa hargne.

    Petit Prince déchu. Machiavel cynique et névrosé prêt à tout. On pardonne la folie. Mais pas le révisionnisme ni le mensonge outrancier. Pas plus que l’accaparation du monopole de la souffrance infantile quand il s’agit de l’utiliser à des fins purement marketing et commerciales pour vendre coûte que coûte. Sous prétexte de réaliser une Œuvre, faire passer ses parents pour des bourreaux en leur attribuant la paternité de sévices imaginaires ou de ceux dont il était lui-même l’auteur à l’encontre du frère - judicieusement oublié du roman - confine à la perversité la plus sourde. C’est une monstruosité littéraire.

    Il invente et s’en lave les mains. Les véritables victimes de maltraitance sont bernées. Elles lui ont donné leur confiance, lui ont livré leur plus douloureux secret, ont versé leurs larmes à ses pieds, l’ont nommé chef de file de la lutte contre la violence. Imposture. Trahison d’un bourreau travesti qui ose se faire le porte-voix des victimes. Car l’enfance dont il dit être le nouveau défenseur lui est totalement étrangère. La seule enfance qu’il connaisse, qu’il considère, qu’il chérisse, c’est la sienne.

    De mes quatre enfants, il n’en connaît aucun. Je leur apprends le sens de la fraternité, de la famille, loin de ses névroses, et je me félicite de vivre à bonne distance de ses abjections.

    Mes enfants, tous les enfants, méritent la vérité.

    • #fraternité #masculinité #ainesse #famille #paternité #violences #buzz (car c’est assurément une bonne affaire pour des éditeur·ices et YM).

      Hier j’écoutais une vieille soirée théma sur les crimes d’inceste. A la fin il y a un « débat » avec un allemand qui n’y connais rien et cherche à atténuer l’impacte de ces crimes en ajoutant aussi une touche de racisme sociale et en face Martine Nisse, la directrice du centre des Buttes-Chaumont spécialiste en psychotromatolgie.
      La video est ici :
      https://www.youtube.com/watch?v=QkuHXYejaUM

      Pour les Moix il n’est pas question d’inceste, mais de violences infligé par les frères. Je mentionne cette émission car Martine Nisse explique que les crimes d’inceste sont commis aussi largement par les frères que par les pères, grands-pères, beaux-pères et oncles. Cette violences est dissimulée, sauf lorsqu’il s’agit d’instrumentalisation raciste et classiste car il arrive qu’on dénonce les « grands frères » mais seulement si ils sont racialisées ou issues des banlieue. Martine Nisse dit aussi que ces agressions sexuelles sont généralement plus violentes que celles commises par les pères car les frères agresseurs n’ont pas autant d’autorité légitime que les pères pour agir et doivent donc user de plus de brutalité pour se faire obéir de leurs sœurs et frères.

    • « J’ai probablement mal agi, mais... » : le père de Yann Moix nous écrit
      par Marie Vaton
      Publié le 22 août 2019
      https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20190822.OBS17429/ce-roman-est-magnifique-le-pere-de-yann-moix-nous-ecrit.html

      (...) J’ai moi-même été abandonné et martyrisé. Je me suis construit tant bien que mal, j’ai éduqué mes enfants comme j’ai pu et certainement de manière trop sévère, mais très loin des sévices décrits.

      Yann est probablement une victime mais il en oublie une autre, son frère.

      Suite à l’interview que Yann a donnée sur TF1 dans « Sept à Huit », et dans laquelle il déverse un flot de mensonges quant à des sévices corporels et divers propos graves à notre encontre, j’avais envisagé de faire interdire son livre. Aujourd’hui, je l’ai lu et je n’en prendrai pas la responsabilité car c’est inutile.

      C’est un magnifique roman. Mais c’est une pure œuvre de fiction. A ce titre, il est important de remarquer que l’éditeur de cet ouvrage prend le soin de le classer dans la catégorie « roman », confirmant ainsi qu’il ne s’agit pas d’une autobiographie. Ce sont les interviews que donne Yann et l’angle de sa promotion qui dénaturent la réalité.
      José Moix

  • Féminismes adjectivés : TOUCHE PAS A MON PATRIARCAT ? – Révolution Féministe
    https://revolutionfeministe.wordpress.com/2019/06/09/feminismes-adjectives-touche-pas-a-mon-patriarcat

    DISCOURS ANTI-VICTIMAIRE

    Le discours anti-victimaire, central dans l’arsenal rhétorique masculiniste–les femmes exagèrent ou imaginent de toutes pièces les discriminations et violences qu’elles subissent, elles se complaisent dans le statut de victime—est repris largement par des féminismes adjectivés. Natasha Polony, proche du féminisme intégral, tranche : « les femmes sont-elles des victimes ? La réponse est non, mais il y a eu des problèmes spécifiques qui concernaient les femmes » (8). Notez l’emploi du passé : il y a eu des problèmes, mais il n’y en a plus, circulez, il n’y a rien à voir. Bell hooks insiste sur le fait que cette victimisation est surestimée, et que les femmes aussi sont violentes (9). Et le discours libfem typique, venant souvent de femmes de la classe moyenne qui ont réussi professionnellement et se voient de ce fait comme des winners, est « pourquoi toujours nous présenter comme des victimes, nous valons mieux que ça ».

    D’abord, ce qu’un tel énoncé implique, c’est que le fait d’être victime de violences, en particulier de violences sexuelles, est honteux : dans cette approche imprégnée de social-darwinisme, la victime est un loser, quelqu’un qui, par sa faiblesse ou sa stupidité, s’attire lui-même problèmes et agressions. Evidemment, cette réaction du « blame the victim » ne vise que les victimes d’agressions masculines : personne n’aurait l’idée de trouver honteux d’être victime de tsunami ou de braquage, personne n’aurait l’idée d’accuser une telle victime d’être responsable de ce qui lui arrive. Dans ce refus des féministes libérales d’accepter le « statut » de victime, il y a bien sûr un refus de l’humiliation sociale que cela représente—mais il y a aussi l’internalisation de la notion patriarcale que l’homme agresseur, en proie à des pulsions incontrôlables, n’est pas responsable de l’agression, et que la sexualité masculine étant naturellement et inévitablement violente et prédatrice, c’est aux femmes de s’en protéger et qu’il leur revient donc de choisir d’être ou de ne pas être violées. D’où les conseils donnés aux femmes pour éviter le viol. Mais les femmes n’ont pas le choix d’être ou de ne pas être violées, la décision ne dépend pas d’elles, c’est le violeur qui a le choix de violer ou de ne pas violer. On note ici que le féminisme libéral—et le néo-libéralisme en général—mettent l’accent sur les choix individuels—mais en fait c’est uniquement sur les choix individuels des dominé-es qu’est dirigé le projecteur. Les choix individuels des dominants—plus libres que ceux des dominé-es par définition—eux, sont laissés dans l’ombre.

    S’il n’y a pas de victimes, il n’y a pas d’agresseurs : en niant la réalité de la violence masculine, en affirmant qu’il dépend des femmes de ne pas être agressées, la critique libfem du « féminisme victimaire » les empêche d’identifier les hommes comme dangereux pour elles et renforce ainsi la contrainte sociale à l’hétérosexualité qu’elles subissent.

    #victimes #féminisme #backlash

  • LA FABRIQUE DU VIRIL : l’apprentissage de la masculinité toxique – Révolution Féministe
    https://revolutionfeministe.wordpress.com/2019/08/03/la-fabrique-du-viril-lapprentissage-de-la-masculinite

    nous les hommes, nous sommes tous complices et le silence de la majorité d’entre nous protège le crime : ils n’ont rien fait de mal, ils ont été parfaits, disent-ils, mais ils ont fermé leur gueule. La complicité masculine, c’est une espèce d’association de malfaiteurs que la société légitime. La honte clôt les lèvres, comme l’omerta sicilienne. Et comme le déni est un mécanisme psychologique très humain, les hommes se servent de ce déni pour rendre plus facile la gestion insupportable de cette honte. Parler de cette honte, pour un homme, c’est déjà trahir.

    Il y a de nombreuses justifications scientistes, biologiques, génétiques qui tiennent essentiellement ce discours : « C’est dans la nature humaine, nous les hommes on a beaucoup de testostérone, ça modifie les comportements, c’est notre comportement d’être violents, voilà, c’est comme ça. Regardez les animaux qui sont si puissants, qui se battent, les taureaux qui s’encornent, les cerfs qui brament etc. » On va trouver alors toutes sortes de justifications éthologiques—mais dans les espèces animales, on a tout et son contraire. On peut justifier l’injustifiable avec l’exemple de certaines espèces.

    #masculinité #féminisme #hommerie #virilité

  • Vulgarité, #Masculinisme : équation pour un avenir politique
    https://joellepalmieri.wordpress.com/2019/08/23/vulgarite-masculinisme-equation-pour-un-avenir-politique

    Salvini, Trump, Johnson, Bolsonaro… la liste est longue des chefs d’État dont les xénophobie, homophobie, #Racisme et sexisme sont dénoncés par les commentateurs et parfois par quelques homologues. Banalisés, fers de lance des différentes campagnes électorales, ces axes de haine sont conjoints. Ils ont de plus en commun de placer la sexualité (masculine hétérosexuelle) au … Lire la suite →

    #Humeurs #Afrique_du_Sud #Brésil #Etats-Unis #Fascisme #Italie #Royaume_uni #Traditionalisme #Violences


    https://0.gravatar.com/avatar/9756ba41fe8333157071419a20733f4a?s=96&d=https%3A%2F%2F0.gravatar.com%2Fa

  • Bonjour à tou·te·s,
    Bien longtemps que je ne donne plus signe de vie. Dès demain je vous mettrai pour ceux et celles que ça intéresse la suite des nouvelles que j’avais mis sur la plateforme de financement participatif.
    Pour l’heure, Aude Vidal ou quelqu’un d’autre d’ailleurs, pouvez-vous me dire comment trouver les rapports du GIEC en français ? Existent-ils, je parle de ceux de 2018 et 2014 je crois qu’il y en a eu un en août. Mais vraiment je trouve pas. Un peu d’aide s’il vous plait.

  • Les tueurs de masse haïssent-ils les femmes ? | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/180612/tueurs-de-masse-haine-femmes

    La tuerie de masse est une activité masculine : depuis 1982, les États-Unis ont essuyé les tirs de 111 tueurs, pour 4 tueuses, soit 96,5% d’hommes.

    Leurs motivations sont souvent complexes, confuses, quand elles ne sont pas inconnues, et il y en a sans doute autant que de tueurs : crimes raciaux, crimes antisémites, crimes homophobes, féminicides… Mais selon le New York Times, « un fil conducteur qui relie nombre d’entre eux –en dehors d’un accès facile aux armes à feu– est un passif de haine des femmes, d’agressions envers des épouses, des petites amies et des membres féminins de la famille, ou de partage en ligne de points de vue misogynes ».

    « La plupart des fusillades de masse sont enracinées dans la violence domestique. La plupart des tueurs de masse ont des antécédents de violence domestique ou familiale », affirme Watts.

    « Les experts disent que les mêmes schémas qui conduisent à la radicalisation des suprémacistes blancs et d’autres terroristes peuvent s’appliquer aux misogynes qui se tournent vers la violence de masse : un individu isolé et troublé qui trouve en ligne une communauté d’individus partageant les mêmes idées et un exutoire à leur colère », rapporte le New York Times.

  • « Soyez comme l’eau ! » : sept tactiques gagnantes dans la révolution de Hong Kong
    https://cerveauxnondisponibles.net/2019/08/08/soyez-comme-leau-sept-tactiques-gagnantes-dans-la-revolution

    Depuis bientôt deux mois, une vague de manifestations anti-gouvernemental secoue Hong-Kong. Initialement provoquées par une proposition du gouvernement d’introduire une loi qui permettrait l’extradition de suspects d’affaires criminelles vers la Chine afin qu’ils puissent y être jugés, les manifestations se sont transformées en un large mouvement pro-démocratique, demandant la transparence du gouvernement et le suffrage universel. Ces manifestations ont largement été menées par de jeunes activistes qui, au fur et à mesure des manifestations hebdomadaires et frictions avec la polices, ont adapté et développé leurs stratégies, offrant un cours magistral pour les activistes du monde entier. Voici certaines de leurs tactiques clés.

    #manifestation #tactique #gaz_lacrymogène #lacrymo #police #stratégie #Bruce_Lee #Honk-Kong

  • Dans les couloirs du temps avec le chevalier d’Harcourt, préfet de Nantes
    https://lundi.am/Dans-les-couloirs-du-temps-avec-le-chevalier-d-Harcourt-prefet-de-Nantes

    Suite à la mort de Steve Maia Caniço, les journaux s’émeuvent naïvement de la morgue et de l’indifférence du préfet de Loire-Atlantique : Claude d’Harcourt. « Une forme d’indifférence qui confine au mépris » lance Libération.. C’est ignorer qui est réellement le personnage.

  • « Les violences policières découlent directement de la volonté des gouvernants d’annihiler toute contestation »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/02/les-violences-policieres-decoulent-directement-de-la-volonte-des-gouvernants


    Lors de l’acte XXIII des « gilets jaunes », à Paris, le 20 avril 2019. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

    Tribune. Les violences policières de ces derniers mois en France, dénoncées de toute part, ont été et sont toujours niées par ceux qui détiennent le pouvoir. Elles sont aussi toujours légitimées et justifiées par l’institution policière elle-même, à commencer par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), qui ne sanctionne que très rarement – pour ne pas dire jamais – les auteurs de violences, mortelles ou non mortelles.

    A défaut d’invoquer à chaque fois la légitime défense, qui est le principal fondement à l’usage des armes par la police, ses rapports et conclusions soulignent, pour la plupart, la nécessité de l’emploi de la force et son caractère proportionné, si ce n’est n’imputent la responsabilité des blessures et des décès aux victimes elles-mêmes.
    Dans le cadre du maintien de l’ordre, et c’est ce que montre de manière exemplaire le rapport relatif à la mort de Steve Maia Caniço, mort noyé à la suite d’une intervention policière dans la nuit du 21 juin au 22 juin, à Nantes, non seulement les agents sont toujours censés avoir « bien agi », avec discernement et professionnalisme, mais les violences sont constamment justifiées par les troubles à l’ordre public. Les déclarations de celles et ceux qui gouvernent, alliées à l’impunité dont bénéficient les policiers, tendent ainsi à étouffer les possibles scandales liés à ce que l’on peut appeler des « bavures », et à faire comme si elles n’avaient pas existé.

    Pour autant, personne ne peut raisonnablement ignorer les violences qui se déroulent depuis octobre 2018 dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes » : la mort de Zineb Redouane, atteinte au visage par un tir de grenade lacrymogène le 1er décembre à Marseille, et dont l’auteur n’a toujours pas été identifié ; des milliers de blessés, des centaines de mutilés, sans compter toutes les personnes contrôlées, nassées, gardées à vue et arrêtées.

    Des violences qui font système
    Ces violences ne sont pas des actes isolés, encore moins le fait d’une addition d’initiatives individuelles, qui ont pu exister par ailleurs. Elles font système et sont une réponse à des ordres, soit de la hiérarchie policière, soit des préfets. Et, sans rejouer indéfiniment l’opposition Papon/Grimaud, c’est-à-dire entre un préfet très répressif responsable du massacre du 17 octobre 1961 et des morts du métro Charonne et un autre qui a sans doute évité le pire pendant Mai 68, il n’en reste pas moins que la trajectoire des préfets, leur histoire, leur « style » de maintien de l’ordre et la conception qu’ils en ont sont déterminants dans le traitement policier des manifestations de rue.

    Or, les préfets dépendent hiérarchiquement du pouvoir exécutif, qui peut les sanctionner en cas de « faiblesse », rarement pour la raison inverse. Le préfet Delpuech a ainsi été limogé de la préfecture de police à la suite à l’acte XVIII du mouvement des « gilets jaunes » et des dégradations sur les Champs-Elysées. Mais c’est dire également que le degré de brutalité policière, et donc le nombre de blessés et de morts, dépend des politiques de répression pensées et voulues par les membres du gouvernement. Et, dans le cas des « gilets jaunes », les intentions gouvernementales étaient claires : en finir avec cette « foule haineuse » (Emmanuel Macron), avec ces « factieux » et leurs « complices » (Edouard Philippe), et plus généralement avec toutes ces manifestations qui font le jeu des black blocs et des « casseurs » (Christophe Castaner).

    La compréhension des violences policières nécessite de les réinscrire dans deux stratégies de répression qui tendent aujourd’hui à s’indifférencier : l’antiterrorisme d’un côté et la gestion des mouvements sociaux l’autre. En réalité, la police n’a fait, ces derniers mois, que donner à voir la stratégie française de maintien de l’ordre, caractérisée notamment par la multiplication des corps-à-corps et des charges et par l’usage d’armes dites « de force intermédiaire », dont les grenades de désencerclement et les LBD, par ailleurs reconnus par la réglementation internationale comme « armes de guerre ».
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Maintien de l’ordre en manifestations : la France à l’écart des initiatives européennes pour une « désescalade »

    Police militarisée
    Produit d’une longue histoire, c’est bien ce maintien de l’ordre qui explique la brutalité à l’œuvre depuis au moins octobre 2018, tandis qu’il se renforce dans le contexte de la multiplication des attentats. En l’occurrence, dès le renouveau de la lutte antiterroriste au milieu des années 1980, la police y tient un rôle central : celui de neutraliser préventivement des individus avant qu’ils ne passent à l’acte, celui d’arrêter tous les suspects pris dans les affaires d’association de malfaiteurs, celui encore de trouver contre eux des éléments à charge dans le cadre d’une justice d’exception. Si ces prérogatives existent toujours, le rôle de la police s’est modifié au gré de la lutte contre le terrorisme dit « islamiste ».

    En raison de la potentialité meurtrière des attentats, dont les agents des forces de l’ordre sont une cible privilégiée, et de l’apparition d’une problématique sécuritaire inédite – « faire mourir » les terroristes –, la police s’est militarisée. C’est ce qu’attestent l’extension de la légitime défense policière, en février 2017, et l’alignement des conditions de tirs policiers sur celles de la gendarmerie – ce qui n’était arrivé en France que sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie. On observe ainsi une progressive indistinction entre tâches policières et tâches militaires et un durcissement du maintien de l’ordre.

    A ce titre, la brutalité de la police dans le cadre des récentes manifestations est aussi l’un des effets du renouveau des mouvements sociaux au début des années 2000, par exemple l’apparition des black blocs. On assiste dès lors depuis à une radicalisation de la répression politique et des deux processus qui la caractérisent : la mobilisation de l’ensemble de l’appareil répressif contre les activistes (police, justice, services de renseignement, administration, armée) et l’application de la logique préventive antiterroriste à la gestion du militantisme. Empêcher de militer, de contester et de revendiquer est devenu le socle de cette nouvelle politique répressive. Ainsi, la violence du maintien de l’ordre découle directement de la volonté des gouvernants d’annihiler toute contestation de l’ordre politique, économique ou social.

    #police

  • "Après la mort de Steve Maia Caniço, la police « engrange un stock de haine qu’elle n’imagine pas » à Nantes"
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/02/mort-de-steve-maia-canico-a-nantes-la-police-engrange-un-stock-de-haine-qu-e

    ce titre à été changé mais l’adresse en garde la trace

    A Nantes, « une génération entière est touchée » par la mort de Steve Maia Caniço

    Choqués par l’attitude des policiers lors de la Fête de la musique, beaucoup de jeunes Nantais disent désormais regarder la police « autrement ».

  • #Nantes. #Steve : la version des secouristes accable la police

    Mobilisés quai Wilson, à Nantes, la nuit de la Fête de la musique, des agents de la Protection civile livrent leurs vérités sur l’intervention de la police, qu’ils jugent « totalement disproportionnée ».

    https://www.presseocean.fr/actualite/nantes-steve-la-version-des-secouristes-accable-la-police-03-08-2019-310
     

    Un collègue évoque « un mouvement de panique impressionnant » et assure : « On entendait des explosions. Des gens criaient et couraient désorientés. Des voix ont dit qu’il y avait des gens à l’eau. Certains d’entre nous se sont approchés du quai et ont aperçu des gens dériver. » L’un des secouristes raconte : « J’ai vu passer deux formes flotter. On a appelé les secours immédiatement. J’ai tenté de les suivre mais le courant était tel qu’ils sont sortis du faisceau de ma torche. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. »

    « Voir des corps livrés à eux-mêmes, exposés à un danger de mort et ne pouvoir qu’appeler les secours adaptés, c’est terrible, confie un collègue. Ça ne me quitte pas. » « Je suis le dernier à cracher sur les policiers, ils font un job qui n’est pas facile, reprend un équipier. Mais selon moi, l’opération n’était pas appropriée. L’intervention me paraît totalement disproportionnée. Un tel déploiement de grenades juste pour de la musique, dans un secteur sans habitation, me paraît incroyable. D’autant que les autres années, les sound system continuaient après 5 heures du matin. »

    #violences_policières #maintien_de_l'ordre #Steve_Maia_Caniço

  • Mort de Steve. Alexandre Cervantes : « Dans l’eau, je me suis dit que j’étais perdu… »

    https://www.presseocean.fr/actualite/mort-de-steve-alexandre-cervantes-dans-l-eau-je-me-suis-dit-que-j-etais-

    Alexandre Cervantes, 24 ans, a pris part à la soirée techno la nuit de la Fête de la musique à Nantes. Et il est tombé dans la Loire.

    Il prévient d’emblée : il déteste le discours "« anti-flics. Quand j’ai un problème, je suis bien content de les trouver. »" Mais il a décidé de parler au grand jour "« pour la famille de Steve, et pour Steve »."

  • Mort de Steve Maia Caniço : le préfet de Loire-Atlantique interdit tout rassemblement samedi à Nantes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/01/mort-de-steve-maia-canico-le-prefet-de-loire-atlantique-interdit-tout-rassem

    La préfecture estime qu’il existe « un risque important que soient commises des actions violentes dans le centre-ville » de Nantes lors des rassemblements non autorisés en hommage au jeune homme.

    Depuis la découverte, lundi, du corps de Steve Maia Caniço dans la Loire, plusieurs mots d’ordre appelaient à se rassembler pour rendre hommage au jeune homme disparu lors d’une intervention controversée des forces de l’ordre, le soir de la Fête de la musique. La plupart donnaient rendez-vous place du Commerce, à Nantes, samedi 3 août, dès 13 heures.

    Mais le préfet de Loire-Atlantique en a décidé autrement, interdisant tout rassemblement dans le centre-ville de Nantes samedi, de 10 heures à 20 heures, « afin de garantir l’ordre public ». « Un dispositif de sécurité adapté, réactif et mobile, sera déployé pour prévenir les violences, protéger le centre-ville et procéder, le cas échéant, aux interpellations des fauteurs de troubles », prévient le communiqué de la préfecture.

    Les autorités soulignent que cet appel à rassemblement « n’a fait l’objet d’aucune déclaration à ce jour » et qu’« aucun organisateur » n’a « pu être identifié ». La préfecture fait également valoir que « cette mobilisation devrait être renforcée par la présence de manifestants ultras et d’individus extrêmement radicaux de type black bloc » et qu’« il existe donc un risque important que soient commises des actions violentes dans le centre-ville ».

    « En conséquence, afin, d’une part de protéger les personnes et les biens et, d’autre part, d’assurer le respect du rassemblement pour Steve Maia Caniço, le préfet a décidé d’interdire toute manifestation ou rassemblement dans plusieurs périmètres du centre-ville de Nantes de 10 heures à 20 heures ce samedi », justifie le communiqué.

  • Chômage : la réforme est aussi dure qu’annoncée, voire plus
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/290719/chomage-la-reforme-est-aussi-dure-qu-annoncee-voire-plus

    Durcissement des conditions d’accès et des règles de calcul, « bonus-malus » peu ambitieux pour limiter les contrats courts : les nouvelles règles de l’assurance-chômage, publiées au "Journal officiel", sont conformes à ce qui avait été annoncé. Mais le décret recèle aussi deux surprises, peu réjouissantes pour les chômeurs.

    #SOCIAL #réforme,_social,_chômage,_assurance-chômage,_UNEDIC,_demandeurs_d’emploi,_Pôle_Emploi,_gouvernement,_formation_professionnelle,_A_la_Une

    • Chômage : la réforme est aussi dure qu’annoncée, voire plus
      29 JUILLET 2019 PAR DAN ISRAEL

      Durcissement des conditions d’accès et des règles de calcul, « bonus-malus » peu ambitieux pour limiter les contrats courts : les nouvelles règles de l’assurance-chômage, publiées au Journal officiel, sont conformes à ce qui avait été annoncé. Mais le décret recèle aussi deux surprises, peu réjouissantes pour les chômeurs.

      Cette fois, la réforme est bien lancée. Dimanche 28 juillet, le décret réformant les règles d’accès à l’assurance-chômage a été publié au Journal officiel. En six articles et 190 pages d’annexe, le texte décrit dans tous ses détails la vaste réforme, dont la majeure partie entrera en vigueur le 1er novembre.

      Comme nous l’avions indiqué lors de leurs présentations par le gouvernement le 18 juin, les nouvelles règles vont imposer presque tous les efforts aux chômeurs les plus fragiles, qui devront supporter la quasi-intégralité des 3,4 milliards d’euros d’économies imposées par le gouvernement.

      Dans une première approximation, l’Unédic, qui gère le budget de l’assurance-chômage, a estimé que la réforme impactera négativement 1,2 million de personnes, soit presque la moitié des 2,6 millions qui touchent chaque mois une somme de Pôle emploi (1 010 euros en moyenne). Le ministère du travail conteste ce chiffrage, estimant que les comportements des salariés et des employeurs vont évoluer sous l’effet de la réforme. L’exécutif estime que 700 000 personnes seront concernées.

      L’Unédic anticipe trois effets à la réforme, qui pourront d’ailleurs toucher plusieurs fois les mêmes personnes : « moins de demandeurs d’emploi ouvriront un droit » ; « pour certains allocataires la durée du droit sera plus courte » ; « l’allocation journalière sera plus faible pour les personnes ayant travaillé de manière discontinue ».

      Le gouvernement avait par ailleurs omis de présenter deux mesures contenues dans le décret. Avec la première, ce sont les chômeurs eux-mêmes qui financeront, au moins en partie, « l’accompagnement renforcé » vanté par le gouvernement en direction des demandeurs d’emploi. Avec la seconde, l’exécutif affirme encore plus sa reprise en main du système, et le déclin de la notion de paritarisme, qui voulait que depuis sa création en 1946, le régime soit géré conjointement par les représentants des salariés et du patronat.

      Les partenaires sociaux ont pu prendre connaissance du texte en projet le 10 juillet, et ont donné leur avis, purement consultatif, à son propos le 16 juillet. Sans surprise, tous les syndicats s’y sont opposés, tout comme le patronat, qui rejette le « bonus-malus » qui visera certaines entreprises ayant trop fréquemment recours aux contrats courts.

      « Ce décret confirme toutes nos craintes », a indiqué la CGT. « Le décret contient des mesures réductrices de droit, en particulier, pour les demandeurs d’emploi les plus précaires », a confirmé FO, dénonçant des « mesures particulièrement injustes ». La CFDT n’est pas en reste, jugeant que ce sont les « fondamentaux » même du régime qui sont ébranlés, et critiquant « une réforme purement budgétaire qui va faire beaucoup d’économies et sans doute beaucoup plus qu’annoncées, tellement les règles sont dures ».

      Au passage, les syndicats contredisent le gouvernement, qui explique que les économies demandées aux demandeurs d’emploi sont pensées pour assurer la survie globale du régime. Le 19 juin sur BFMTV, la ministre du travail Muriel Pénicaud assurait que « si on ne fait pas d’économies, dans dix ans on n’aura plus de quoi indemniser les chômeurs ». Mais le 12 juillet, l’Unédic a livré ses projections financières, et indiqué que si les règles n’avaient pas été touchées, le régime de l’assurance-chômage serait revenu à l’équilibre fin 2020, pour un excédent de 1,2 milliard en 2021 et de 3,3 milliards en 2022.

      Conditions d’entrée et règles de calcul durcies

      La CFDT, elle, insiste sur la présentation erronée de la principale mesure contenue dans la réforme, le durcissement des conditions d’entrée dans le régime : pour être indemnisé par Pôle emploi, il faudra dès le 1er novembre avoir travaillé l’équivalent de 6 mois durant les 24 mois précédents, alors qu’aujourd’hui, seuls 4 mois travaillés sur 28 (et sur 36 mois pour les plus de 53 ans) sont nécessaires.

      Ce changement profond, qui devrait toucher environ 500 000 personnes, permettra d’économiser 80 % des 3,4 milliards d’euros d’économies programmées d’ici à la fin 2021. Il a été justifié par le gouvernement par le fait que lorsque la période de référence de 4 mois a été instituée, en 2008, il s’agissait de répondre à la crise économique brutale qui déferlait sur le monde, à la suite de la crise américaine des subprimes.

      En revenant à une période de 6 mois, il s’agirait simplement, assure le ministère du travail, de revenir à ce qui prévalait avant 2008, la crise économique étant passée. Or, la CFDT, qui préside l’Unédic, rappelle que le passage de 6 à 4 mois n’était lié à aucune crise, dont les conséquences ont plutôt commencé à se faire sentir en France en 2009. Il s’agissait surtout de toucher plus de jeunes, qui accumulent des périodes courtes de travail. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui.

      Ce durcissement des conditions d’accès au chômage vaudra aussi pour tous ceux qui alternent emploi et périodes d’inactivité : depuis 2014, il est prévu que si un demandeur d’emploi retravaille, il allonge la période pendant laquelle il peut toucher de l’argent de Pôle emploi. Un mécanisme qui peut durer indéfiniment, pour peu qu’il travaille au moins 150 heures, c’est-à-dire environ un mois. À partir du 1er novembre, ce seuil sera multiplié par six : il faudra aussi avoir travaillé six mois pour pouvoir prolonger son indemnisation.

      Outre ce réel durcissement, un bouleversement va toucher, à compter du 1er avril, le calcul de l’indemnité qui sera versée aux chômeurs. Au lieu d’être calculées à partir des jours travaillés seulement (comme elles le sont depuis exactement 40 ans), les indemnités le seront à partir du revenu moyen des mois où un salarié a travaillé. Y compris s’il n’a rien gagné pendant plusieurs semaines de ce mois.

      On passe donc d’un calcul sur une base journalière à une base mensuelle : si un salarié n’a travaillé qu’une semaine sur trois pendant 18 mois, il a droit aujourd’hui à une indemnité pendant six mois, calculée à partir de son salaire quotidien (72 % en moyenne, 79 % pour un Smic). À partir d’avril, il touchera une indemnisation pendant 18 mois, mais à un niveau bien plus faible : au minimum, 65 % du salaire net mensuel moyen touché pendant 24 mois, qui englobe les périodes travaillées, mais aussi celles où il n’aura touché aucun salaire.

      Les promesses de campagne sont tenues, mais restent peu ambitieuses

      Les 70 000 à 80 000 chômeurs qui perçoivent les plus grosses allocations vont également voir le montant de leur allocation baisser drastiquement au bout de six mois, à compter du mois de mai prochain. Tous ceux qui percevaient une rémunération de plus de 4 500 euros brut (3 645 net) par mois lorsqu’ils étaient en poste – ils faisaient partie des 10 % des salariés les mieux payés – verront leur indemnisation réduite de 30 % au bout du septième mois. La mesure ne s’appliquera pas aux plus de 57 ans, qui ont énormément de mal à retrouver un travail.

      Sous les apparences du bon sens, voire d’une certaine justice sociale, la proposition est contestée par tous les syndicats, de la CGT à la CFE-CGC, le syndicat des cadres. Aucune étude économique au monde n’a conclu à l’efficacité de la dégressivité des allocations. Elle a déjà existé en France, entre 1992 et 1996, et une étude de l’Insee en 2001 a conclu que sa mise en place avait « ralenti le retour à l’emploi ». Un récent travail de l’OFCE a de même rappelé, fin 2017, que cette mesure était tout sauf efficace.

      Les observateurs les plus pessimistes craignent aussi qu’en touchant d’abord aux droits des plus riches, le gouvernement ne cherche surtout à installer l’idée qu’il est possible de diminuer les allocations chômage, quelle que soit la population visée, et ne cherche à étendre la mesure dans un deuxième temps.

      Enfin, la promesse de campagne du candidat Macron sera bien respectée : l’indemnisation chômage sera ouverte aux démissionnaires ayant travaillé dans la même entreprise au cours des cinq dernières années. Elle sera conditionnée à un projet de reconversion professionnelle ou de formation solide, évalué par « la commission paritaire interprofessionnelle » (qui succède aux Fongecif) de la région du salarié.

      Les indépendants bénéficieront, eux, d’une allocation forfaitaire (800 euros par mois pendant six mois) en cas de liquidation judiciaire. L’activité professionnelle devra avoir généré un revenu minimum de 10 000 euros par an sur les deux dernières années avant la liquidation. Dans ces conditions, une allocation sera versée pendant six mois, mais dont le montant n’est pas encore clairement précisé. Les deux dispositifs ne devraient pas bénéficier à plus de 60 000 personnes en tout.

      Enfin, malgré l’hostilité affichée du patronat, un système de « bonus-malus » est bien créé, concernant la cotisation d’assurance-chômage payée par les entreprises dans sept secteurs grands consommateurs de contrats courts et d’intérim (hébergement restauration, agroalimentaire, transports…).

      Mais deux secteurs ayant massivement recours aux contrats courts y échapperont : le bâtiment et le médico-social. Les petites entreprises de moins de douze salariés ne seront pas visées et le montant de la modulation maximale sera faible : les employeurs dont les effectifs tournent beaucoup verront leurs cotisations sociales alourdies de 0,95 % au maximum. Et ceux dont la main-d’œuvre est la plus stable auront droit à un bonus pouvant aller jusqu’à 1,05 %. Et surtout, alors que le ministère du travail avait annoncé que les « bonus-malus » entreraient « en application au 1er janvier 2020 », la mesure ne sera en fait effective qu’un an plus tard, à partir du 1er janvier 2021.

      L’État reprend encore un peu plus la main sur l’assurance-chômage

      Le décret contient aussi son lot de surprises, désagréables pour les syndicats. D’abord, le financement de Pôle emploi par l’Unédic va augmenter en proportion : pour 2019, l’Unédic doit consacrer 10 % de ses ressources pour financer le service public de l’emploi, mais à partir de l’an prochain, ce sera 11 %, a décidé le gouvernement. Une hausse de 370 millions d’euros, « au titre du renforcement de l’accompagnement » des personnes privées d’activité.

      Le gouvernement a en effet annoncé l’embauche de 1 000 CDD de trois ans pour mieux accompagner les chômeurs. Le budget total de Pôle emploi dépasse 5 milliards d’euros, et l’Unédic y contribuera donc pour presque 3,9 milliards. Le reste est assuré par l’État lui-même.

      Or, le budget de l’Unédic est uniquement abondé par prélèvements sur les salaires : cotisations patronales et cotisations salariales transformées depuis octobre dernier en CSG. Autrement dit, cette nouvelle mesure revient à faire payer par les chômeurs eux-mêmes leur accompagnement renforcé, et détourne une partie des sommes mises en commun pour assurer le versement des allocations chômage.

      Une telle évolution n’était pas anticipée par les partenaires sociaux, qui espéraient plutôt réussir à imposer à l’État une meilleure répartition du financement de Pôle emploi entre Unédic et pouvoirs publics. Mais la « convention tripartite » entre Pôle emploi, l’Unédic et l’État, qui devait régler ce point, était en attente de signature depuis décembre 2018. Le gouvernement a finalement décidé de s’affranchir de toute discussion, et a imposé unilatéralement sa solution.

      Dernière illustration de la plus forte emprise de l’État sur le régime d’assurance-chômage : désormais, la revalorisation des allocations sera décidée chaque année par arrêté ministériel, et non par décision commune des syndicats et du patronat, réunis dans le conseil d’administration de l’Unédic.

      Le changement est majeur, mais n’est rien d’autre que la conséquence logique des dispositions contenues dans la loi sur l’emploi et la formation votée en août 2018. Depuis octobre dernier, le financement de l’assurance-chômage a changé de nature, comme Mediapart l’a déjà détaillé : les salariés ne se voient plus prélever aucune cotisation chômage sur leur salaire. Ces cotisations alimentaient jusqu’ici les caisses de l’Unédic. Désormais, ce sont tous les Français qui contribueront à financer les allocations chômage, via un relèvement de la CSG, un impôt directement versé à l’État, qui pourra ensuite en disposer à sa guise.

      C’est la fin de ce que l’on nomme le modèle assurantiel : chaque salarié versait une partie de son salaire pour s’assurer contre la perte de son emploi, et les indemnités chômage versées dépendaient de la durée d’emploi et de la rémunération précédente. Désormais, c’est l’État qui décide quelle part de son budget doit être affectée au financement du système de chômage. Sans aucune garantie qu’à terme, le montant des allocations chômage ne baisse pas drastiquement, comme l’exécutif vient de s’en ménager ouvertement la possibilité.

      #Décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019 relatif au régime d’assurance chômage https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2019/7/26/MTRD1919111D/jo/texte

      #assurance_chômage #chômeuses #chômeurs #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit #pôle_emploi #dette (fabrication et usage politique de la) #allocation #précarité #précarisation #politique_d'austérité #guerre_au_prolétariat #guerre_aux_pauvres #anti_social_à_sang_froid

    • J’ai vu dans mon centre « pole emploi » où j’aime encore pointer comment le nouveau conseiller suit les nouvelles directives à la lettre.

      Comme il dit « je n’ai aucun pb à vous radier » et « ce n’est pas par vengeance ».

      En l’écoutant j’étais partagé entre rire de son attitude dictatoriale presque caricaturale vis-à-vis de ces chômeurs en fin de droit que je représentais ou être pris d’un grand malaise. Je me demandais pourquoi autant d’autoritarisme ("il me faut chaque mois la preuve que vous cherchez un emploi en amenant la liste des 10 entreprises, chiffres minimal, auxquelles vous avez envoyé lettre de motivation et cv" m’a-t-il dit sentencieux) alors que je ne touche aucune indemnité depuis mon inscription.

      Je me demande où est la sortie ? comment survivre dans ce monde ?

    • j’étais partagé entre rire de son attitude dictatoriale presque caricaturale vis-à-vis de ces chômeurs en fin de droit que je représentais ou être pris d’un grand malaise

      je ne touche aucune indemnité

      L’anecdote qui fait mouche.

    • « Tableau de bord numérique » des chômeurs : l’expérimentation se profile pour novembre
      À bord ou à raison
      https://www.nextinpact.com/news/108098-tableau-bord-numerique-chomeurs-lexperimentation-se-profile-pour-

      Initialement prévue pour juin dernier, l’expérimentation d’un « tableau de bord numérique », dans lequel les chômeurs devront consigner leurs actes de recherche d’emploi, se profile désormais pour novembre. Les pouvoirs publics se refusent encore à préciser le dispositif qui s’annonce.

      En application de la loi dite « Avenir professionnel » de septembre 2018, les chômeurs de certaines régions devraient d’ores et déjà founir à Pôle emploi, au moment de leur actualisation, différents renseignements sur « l’état d’avancement de leur recherche d’emploi ».

      Officiellement, l’objectif de cette expérimentation est d’améliorer « le suivi et l’accompagnement » des demandeurs d’emploi, histoire parfois de remotiver certaines personnes. Durant les débats parlementaires, l’opposition avait toutefois dénoncé le caractère stigmatisant de ce dispositif, perçu comme un moyen supplémentaire d’accroître le contrôle sur les demandeurs d’emploi.

      Visiblement conscient de la sensibilité du dossier, la majorité avait confié au gouvernement le soin de définir les modalités de mise en œuvre de cette expérimentation, ultérieurement, par décret.

      #paywall... #emploi #recherche_d'emploi #contrôle

    • Si même la CFDT s’en offusque, c’est vous dire si ça craint !

      Il a été justifié par le gouvernement par le fait que lorsque la période de référence de 4 mois a été instituée, en 2008, il s’agissait de répondre à la crise économique brutale qui déferlait sur le monde, à la suite de la crise américaine des subprimes.

      La crise ! Quelle crise ??

      En revenant à une période de 6 mois, il s’agirait simplement, assure le ministère du travail, de revenir à ce qui prévalait avant 2008, la crise économique étant passée . Or, la CFDT, qui préside l’Unédic, rappelle que le passage de 6 à 4 mois n’était lié à aucune crise, dont les conséquences ont plutôt commencé à se faire sentir en France en 2009. Il s’agissait surtout de toucher plus de jeunes, qui accumulent des périodes courtes de travail. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui.

      vivement la prochaine crise qu’on soit tous.te.s au chômage !
      #monde_de_merde

  • Nantes : le corps retrouvé dans la Loire est très probablement celui de Steve
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/nantes-le-corps-retrouve-dans-la-loire-est-celui-de-steve-7798123272


    Crédit : Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

    Lundi, un corps a été retrouvé dans la Loire à Nantes au niveau du quai Ferrand non loin du quai Wilson, lieu de la disparition de Steve Maia Caniço. Selon nos informations, après les premières constatations, il s’agit bien du corps de l’animateur scolaire de 24 ans, porté disparu depuis la Fête de la musique, le 21 juin dernier. Pour l’heure, aucune confirmation officielle n’a encore été donnée.

    En fin d’après-midi, un corps avait été retrouvé « en état de décomposition extrême », selon source proche du dossier. « Une autopsie va être pratiquée le plus vite possible », avait déclaré à l’AFP le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. Le corps repêché était porteur d’au moins un bijou qui devait être soumis à la famille du jeune homme disparu. Une source proche du dossier a affirmé dans la soirée que l’autopsie aurait lieu demain, mardi, « à 10h30 ».

  • Benalla, une zone d’ombre dans les comptes de campagne de Macron
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/29/benalla-une-zone-d-ombre-dans-les-comptes-de-campagne-de-macron_5494526_3224


    pas de crédits, image invisible dans l’article

    le #feuilleton_Benalla

    Selon nos informations, des versements à des membres du service d’ordre du candidat à la présidentielle auraient échappé au contrôle de la CNCCFP. Des anciens du SO interrogés par « Le Monde » évoquent d’autres bizarreries dans la gestion des notes de frais.

    Le 10 décembre 2016, Emmanuel Macron réussit sa démonstration de force. Le candidat à l’élection présidentielle réunit, selon son équipe, 15 000 personnes porte de Versailles, à Paris. Ce succès est aussi celui d’Alexandre Benalla, tout juste nommé directeur de la sûreté et de la sécurité d’En Marche !

    A l’époque, c’est un inconnu de 25 ans. Aujourd’hui, difficile de le rater sur les images du meeting. Il ouvre le chemin à Emmanuel Macron, bousculant parfois les militants et les photographes. Sur ces clichés, on peut aussi identifier de futurs piliers du SO, le service d’ordre. Comme Kamel « Gladiateur », Jamel « Judoka » ou « Tino », un professionnel basé sur la Côte d’Azur et venu spécialement à Paris. Selon les informations du Monde, la petite société parisienne Tego Sécurité a aussi fourni une dizaine d’hommes.

    La présence de ces professionnels n’a pourtant pas laissé d’autre trace. Dans les documents remis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), les dépenses pour la sécurité du meeting se limitent aux 16 500 euros versés à VIP Sécurité, un gros acteur du secteur. Selon ses factures, cette société a fourni une quarantaine d’agents chargés du contrôle des accès du public ou de la sécurité incendie, loin du candidat lui-même.

    Des membres du SO présents ce jour-là assurent au Monde qu’ils n’étaient pas bénévoles. « J’ai été payé plus tard au QG de campagne, de la main à la main par Benalla, 120 euros en liquide », raconte l’un d’eux, affirmant avoir aussi assisté à une distribution de billets « pour dix gars », après un meeting à Lyon, début février. Ce garde du corps expérimenté a demandé à rester anonyme : « La sécurité est un petit milieu. » Il a enchaîné les meetings et les déplacements de décembre 2016 à mai 2017, mais la plus ancienne fiche de paie qu’il peut nous présenter date de février, deux mois après son arrivée au SO.

    Il n’est pas le seul à raconter avoir vu circuler des billets au QG de campagne, pour rémunérer des missions ou rembourser des notes de frais. Si les sommes concernées sont difficiles à évaluer, de tels versements seraient par nature restés intraçables et auraient échappé au contrôle de la CNCCFP, chargée de valider l’ensemble des dépenses de campagne.

    Joint par Le Monde, Alexandre Benalla a démenti que des rémunérations aient pu être versées en liquide au sein du service d’ordre. Il a assuré que ces questions n’étaient pas de son ressort, renvoyant aux responsables financiers de la campagne et du parti.

    #si_Benalla_le_dit
    #paywall, mais c’est pas grave ;-)

    • Le Monde est reparti en campagne, … ou il a décidé de lancer une nouvelle série d’été.
      Après le précédent à 6h30, celui ci à 10h.

      Dans le téléphone « perdu » de Benalla : « Tous des cons Alexandre sois zen et fort »
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/29/dans-le-telephone-perdu-de-benalla-tous-des-cons-alexandre-sois-zen-et-fort_

      L’ex-chargé de mission disait l’avoir égaré... les enquêteurs ont retrouvé plusieurs messages échangés avec l’Elysée, tous supprimés.

      « Monsieur le Président, hier après-midi j’ai été invité par la Préfecture de Police à observer de l’intérieur la manifestation du 1er-Mai, j’ai donc été équipé d’un casque et intégré à une équipe de policiers en civil et accompagné par un major de police. En fin d’après-midi nous nous sommes retrouvés place de la Contrescarpe, où la situation a plus que dégénéré, je ne me suis alors pas cantonné à mon rôle d’observateur (…) La scène assez violente a été filmée et même si on ne m’identifie pas très nettement je suis reconnaissable. Cette vidéo tourne actuellement sur les réseaux sociaux. Alexandre. »

      Ce message, Alexandre Benalla dit l’avoir adressé via Telegram à Emmanuel Macron dans la nuit du 1er au 2 mai 2018, soit quelques heures après l’épisode de la Contrescarpe. Le jeune chargé de mission l’a ensuite transféré, peu après 9 heures du matin, à Alexis Kohler. Discrètement entendu par l’Inspection générale de la police (IGPN), les 17 et 18 avril 2019 (Patrick Strzoda l’a été en mars), le secrétaire général de l’Elysée a montré aux enquêteurs le numéro de téléphone expéditeur du message. Il s’agit du « 06 » de M. Benalla, mais pas n’importe lequel : celui correspondant à son fameux portable « personnel » – un appareil resté à ce jour introuvable.

      « Je l’ai perdu (…). Je ne l’ai plus (…). Je ne souhaite pas donner d’éléments sur ce téléphone », répétait M. Benalla lors de sa première garde à vue, le 21 juillet 2018. Il s’était présenté aux policiers de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) avec son seul téléphone professionnel. (…) Les données de son autre portable, le personnel, auraient été conservées « sur une clé USB », ajoutait-il le 5 octobre 2018, mais « il faut que je la trouve (…) dans mes affaires qui sont en Normandie ». Lors d’un nouvel interrogatoire, le 19 février 2019, l’ex-adjoint au chef de cabinet de l’Elysée expliquait que la clé « s’était perdue dans [ses] déménagements successifs ». Il remettait pourtant aux enquêteurs la copie imprimée du message transféré le 2 mai à M. Kohler.

      Aidés par le témoignage de ce dernier et les réquisitions adressées par les juges à l’opérateur téléphonique, les enquêteurs ont retrouvé la trace du téléphone. Et découvert que le 22 juillet 2018, à l’issue de la première garde à vue de M. Benalla, le portable soi-disant « perdu » retrouve son activité et entre en correspondance à 22 h 01 avec le chef de cabinet de Brigitte Macron, Pierre-Olivier Costa. « L’assertion de M. Benalla, le 21 juillet 2018 : “Cet appareil, je l’ai perdu”, est fausse », concluent dès lors les enquêteurs.

      Ça commence fort. La suite derrière le #paywall

  • Nantes : un rapport de police soulève la responsabilité de la préfecture et de la mairie
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280719/nantes-un-rapport-de-police-souleve-la-responsabilite-de-la-prefecture-et-

    Un compte rendu d’opérations de police du 22 juin 2017 rapporte les dangers encourus par les jeunes célébrant, à Nantes, la fête de la musique le long des berges de la Loire, quai Wilson. Là-même où deux ans plus tard, Steve Maia Caniço a disparu, des policiers avaient en 2017 refusé d’employer la force pour évacuer les lieux, deux jeunes étant tombés dans la Loire. Au regard des dangers encourus, « un repli tactique » sans usage de la force avait alors été décidé.

    #Enquête #violences_policières,_Nantes,_Steve_Maia_Caniço

  • Non, les jeunes ne sont pas de plus en plus violents ! Dix idées reçues sur la délinquance des mineurs
    https://www.bastamag.net/jeunes-violents-delinquance-justice-mineurs

    Les « jeunes délinquants » seraient plus violents, moins punis que leurs aînés. La #Justice serait à leur égard indulgente, lente, inefficace. Autant de préjugés non confirmés par les faits. Alors que la ministre Nicole Belloubet envisage de réformer par ordonnance la justice des enfants – donc sans débat parlementaire – voici dix idées reçues démontées par des professionnels du secteur. Ce texte est issu du guide « Idées fausses sur la justice des mineurs : déminons le terrain ! 10 réponses pour en finir (...) #Décrypter

    / #Discriminations, Justice

  • Charge policière à Nantes : la version des autorités contredite par des vidéos

    Par Ismaël Halissat et Fabien Leboucq pour Libération, un déroulé à charge, minute par minute :
    https://www.liberation.fr/france/2019/07/12/charge-policiere-a-nantes-la-version-des-autorites-contredite-par-des-vid

    Libération révèle de nouveaux témoignages et des vidéos inédites de cette intervention. Il s’agit de fichiers originaux, qui permettent d’en exploiter les métadonnées, et donc de les horodater à la seconde près. Les images montrent une scène confuse et un usage constant de lacrymos par les policiers, et ce durant une vingtaine de minutes. Pendant tout ce temps, des personnes les alertent de la proximité avec la Loire puis, très vite, du fait qu’il y a eu des chutes de plusieurs fêtards dans l’eau. On voit également les forces de l’ordre utiliser des grenades de désencerclement, leurs matraques, ainsi qu’un Taser. L’avancée des policiers, en ligne, à partir de 4 h 31, casqués et armés, ne laisse pas de place au doute : contrairement à ce qui est affirmé depuis par les autorités - elles auraient répliqué à des jets de projectiles -, il s’agit bien d’une charge préparée, qui a pour but de disperser le rassemblement festif.

    #OùEstSteve ?

    4h52 Fin des vidéos

    D’autres lacrymos sont lancées en direction du quai Wilson et de la Loire. Les vidéos de la scène que nous nous sommes procurées s’arrêtent à cette heure précise.

    Durant plus de vingt et une minutes, les policiers ont donc utilisé continuellement des grenades lacrymogènes en direction du fleuve. Pourtant, les autorités ont été averties dès le début de la charge du risque encouru, puis du fait que des personnes étaient tombées à l’eau. Ces informations sont-elles remontées à la salle de commandement ? Le préfet ou, à défaut, son directeur de cabinet ont-ils suivi l’opération ? Ont-ils ordonné l’usage de gaz lacrymogène en grande quantité ? Ont-ils approuvé le recours au Taser, aux grenades de désencerclement, au LBD40 (dont l’emploi a été officiellement reconnu) ? Malgré nos relances, le préfet de Loire-Atlantique, Claude d’Harcourt, a refusé de répondre à nos sollicitations. Ces questions sont pourtant essentielles, pour saisir comment #Steve_Caniço, 24 ans, a pu disparaître le soir de Fête de la musique.

    #violences_policières #maintien_de_l'ordre

  • Procès France Télécom : « 15 000 euros d’amende, ça fait cheap la vie humaine, non ? »
    https://www.bastamag.net/Alain-Damasio-Orange-France-Telecom-proces-sauvageons-en-costards-suicides

    L’écrivain Alain Damasio nous résume les 36 épisodes d’une série HBO, pour « Haute Barbarie de l’Oppression » : le procès des anciens dirigeants de France Télécom, ces « sauvageons en costards » et leurs « capos » accusés de harcèlement moral. L’auteur des Furtifs a assisté à l’audience du 5 juillet, ce qui lui a inspiré une chronique décapante. Si vous avez suivi un peu ce procès, ou rien qu’une salve des 36 épisodes de ce Game of Trop, vous savez déjà à peu près tout. Sinon, je vous résume cette série HBO (...) #Chroniques

    / #Luttes_sociales, #Syndicalisme, #Transformer_le_travail, #Conditions_de_travail, #Justice, A la (...)

  • Le partage des tâches, enjeu féministe primordial : « Et toi, concrètement, comment tu fais ? » Ben je fais comme ça. Comme un mec, oui » | Comment peut-on être féministe ?
    http://www.commentpeutonetrefeministe.net/2015/07/05/partage-des-taches-feminisme

    En fait, ce qui m’a facilité la tâche, c’est que j’ai toujours pensé que je méritais ce qu’il y a de mieux pour moi, et je te prie de croire que je ne me prends pas pour de la merde, ce qui est assez culotté de ma part car je ne vaux pas mieux que n’importe qui d’autre. Mais je vaux autant qu’un homme et puisque notre société n’a pas encore amorcé le renoncement volontaire des hommes à leurs propres privilèges, je considère que j’ai droit aux mêmes privilèges qu’eux.

    J’estime donc, comme un homme, que certaines choses doivent aller d’elles-mêmes, et ce sans mesquinerie aucune : je sais bien que la plupart des hommes n’estiment pas consciemment que certaines choses leur sont dues, mais ils ont tout simplement, pour beaucoup d’entre eux, été éduqués dans un schéma les amenant à considérer, en totale bonne foi, que les choses sont « ainsi ».

    Alors moi, je fais pareil, et je me comporte comme si ma bite me conférait le droit à n’avoir qu’une seule journée de travail par tranche de 24 heures. Et toute ma famille s’en porte très bien, car l’égalité n’est pas un péril pour l’équilibre familial, contrairement à ce que les réacs de toutes obédiences tentent de nous faire croire.

    Autre critère à prendre en compte : il se trouve que j’ai une grande affection pour moi-même et pour l’homme que je suis, affection qui me pousse à penser que tout autant que mes enfants et mon mari, je mérite à tour de rôle le blanc du poulet, le cœur de la salade, des draps qui sentent le frais mais que je n’ai pas eu à laver moi-même, un bain avec beaucoup de mousse, le coussin le plus moelleux du canapé, les repas partagés assise avec ma famille et non debout devant l’évier, des grasses matinées, de la vaisselle propre et non lavée par moi, du linge que je trouve plié et rangé dans mon armoire sans avoir plié et rangé le linge de trois autres personnes en plus du mien, des packs de lait en réserve sans que ce soit forcément moi qui pense à en racheter, de beaux enfants avec des cheveux bien coupés sans que je ne sois obligée de prendre moi-même rendez-vous pour eux chez le coiffeur, du café chaud le matin que je n’ai pas eu besoin de faire, des professeurs rassurés de pouvoir joindre les parents de mes gosses sans que je ne sois systématiquement obligée d’écourter ma journée de travail pour me rendre aux entretiens, et du temps pour mes loisirs.

    Spéciale dédicace à @mad_meg qui a déjà référencé ce texte plein de fois !