Parmi les commentaires sur la mort de Thérèse Delpech, celui de Frédéric Encel dans Causeur m’a fait sourire.
►http://www.causeur.fr/hommage-a-therese-delpech,14915
En effet, Encel rend hommage à une analyste dont il partageait un grand nombre d’idées, ce qui est parfaitement son droit, sans nier le courant idéologique auquel appartenait celle dont il tresse les louanges, ce qui est déjà plus honnête que ce que font beaucoup d’articles. Jusque là, pas de soucis.
Mais quand il déclare :
Thérèse Delpech avait également participé aux travaux du Centre d’analyse et de prévision CAP, Quai d’Orsay), et siégé dans les années 1990 à la Commission des Nations unies sur le désarmement de l’Irak, ce qui lui conférait une vraie légitimité d’experte sur ces dossiers délicats.
il omet un peu rapidement que Thérèse Delpech s’était servie de cette « légitimité » pour accréditer la fable des armes de destructions massives irakiennes avant le déclenchement de l’attaque US dans la presse et devant l’Assemblée nationale, une position strictement opposée à celle d’un Scott Ritter, ancien inspecteur de l’ONU en Irak qui, lui, dénonça les mensonges de l’administration Bush. Un tel rappel aurait été intéressant.
Mais ce qui m’a fait vraiment sourire, c’est la conclusion de l’hommage, une conclusion qui vient faire douter sur les motivations profondes de Frédéric Encel :
On pouvait contester certaines de ses prises de position, et, peut-être, la vigueur avec laquelle elle les exprimait parfois. Mais aucun observateur sérieux ne remettait en cause son intégrité et sa grande rigueur intellectuelle. Aussi avait-elle été profondément blessée d’être stigmatisée comme « intellectuel faussaire » dans un misérable pamphlet paru en 2011.
Il se trouve que le « misérable pamphlet » est un livre de Pascal Boniface intitulé « les intellectuels faussaires » (Editions JC. Gawsevitch, 2011). L’ouvrage va parfois un peu vite en besogne, ne cite pas toujours ses sources (ce qui lui a valu une polémique avec Acrimed, une des sources plus utilisées que citées) et Boniface se met un peu trop en scène comme un chevalier blanc seul contre tous mais le livre reste intéressant. Il se trouve que parmi les intellectuels faussaires épinglés, on trouve un certain Frédéric Encel brocardé pour sa façon de faire enfler ses titres universitaires et pour son amour pour la droite dure israélienne. Encel oublie de préciser qu’il est juge et partie et on peut légitimement se demander ce qui l’emporte dans cet hommage de l’expression du respect pour une collègue disparue ou du souhait d’utiliser Thérèse Delpech pour régler ses comptes avec Boniface.