Lordon’s Calling
Par Renaud Garcia
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Que penser en définitive ? Non pas que Frédéric Lordon méconnaisse l’apport de la critique anarchiste de l’État répressif et allié du capital : il l’approuve en plusieurs endroits pour sa radicalité. Mais les affects divergents finissent par l’emporter, et commandent cette politesse distante : concéder gracieusement à l’anarchisme des « moments de lucidité » pour la reléguer après mûre réflexion au rang des chimères et des nostalgies de l’âge d’or. Il est alors surprenant, une fois résorbée l’enflure des néologismes – « basal » ; « pulvérulence » ; « empuissancement » ; « endogènement » ; « statonational » ; « condition asynoptique », etc. – et des phrases sybillines – « tel était bien l’enseignement du modèle de genèse conceptuelle dont le but était précisément de montrer le pouvoir morphogénétique des dynamiques passionnelles qui se forment endogènement dans une telle vapeur de précarité violente » –, de retrouver en conclusion un discours de l’émancipation qui emprunte largement aux fondamentaux… de l’anarchisme : l’autogouvernement, le mandat impératif, la révocabilité, ou encore le principe de subsidiarité et l’organisation locale.