CQFD

Mensuel de critique et d’expérimentations sociales

  • La montagne qui hurle par Juliette Volcler
    http://cqfd-journal.org/La-montagne-qui-hurle

    On ne sait pas très bien, au départ, où l’on se trouve : roman, autobiographie, reportage ? Et moins encore vers où l’on va. On est à Las Vegas en mai 2005, le jour du centième anniversaire de sa fondation. Il y a la foule, la télé, des néons qui clignotent et des déclarations enthousiastes. John D’Agata, prof d’écriture, vient d’arriver pour aider sa mère à emménager. Il ignore tout, lui aussi, de ce qui deviendra le véritable objet de son voyage : la découverte incrédule d’un projet d’enfouissement des déchets nucléaires de tous les États-Unis, à Yucca Mountain, à une centaine de kilomètres de Las Vegas.

  • Mais qu’est-ce qu’on va faire des... injecteurs par Rosa Munch
    http://cqfd-journal.org/Mais-qu-est-ce-qu-on-va-faire-des-814

    Qu’est-ce qu’on risque quand on veut s’injecter des drogues et qu’on ne voit pas ses veines ? Des plaies à force de se trouer la peau ou de s’envoyer le produit à côté, provoquant des abcès qui peuvent dégénérer en cellulite infectieuse et jusqu’à l’amputation d’un membre. Et ceci d’autant plus si la personne est précarisée et qu’elle n’a pas recours au système habituel de soin de peur de se faire recevoir comme une tox qui n’avait qu’à pas…

    « Plus bleue la vie », voici le nom cynique d’un projet de la SNCF qui consiste à mettre des lumières bleues dans des abris de gare des quartiers Nord de Marseille pour éviter que les tox voient leurs veines. Contrairement aux moustiques attirés par la lumière bleue, et grillés par la haute tension, le consommateur, conscient des risques, même défoncé ou en manque, irait se c(r)amer ailleurs. Le site de « Commercial Security Devices » rapporte à propos de cette lumière bleue que « les intoxiqués marquent leurs veines avec des marqueurs avant de fréquenter ces secteurs, ce qui élimine l’efficacité de ces lumières ». Bel entêtement !

  • À flux tondu - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://www.cqfd-journal.org/A-flux-tondu

    Et donc, ce que nous avons là, c’est un personnage qui, parce qu’il excelle (avec d’autres) dans la psalmodiation des mantras du libéralisme ultra, fut récemment promu grand sachem de « l’économie » sur France 2, et qui, devant des millions de téléspectateurs, profère distinctement que l’argent de leurs impôts doit être affecté à la sauvegarde du patronat (et de son actionnariat), plutôt qu’à celle du salariat (qui peut quant à lui crever, qu’en avons-nous à treuf, David, tant que nous continuons quant à nous de nous gaver d’argent public), car l’État ne peut certes pas tout, mais il doit du moins continuer de nantir la possédance, ou sinon ça sera la Criiise, David, avec un grand C, comme dans : C’est moi qui suis le plus fidèle ami des marChés. Le bon côté du truc est que j’ai ce soir-là réussi à tenir plusieurs minutes sans péter mon écran – mais il est vrai, aussi, que j’étais trop occupé à gerber.

  • Boucherie chirurgicale par Sarah Katz
    http://cqfd-journal.org/Boucherie-chirurgicale

    Entre les 14 et 22 novembre derniers, quatre ans après l’opération « Plomb durci [1] », les immeubles de la ville de Gaza ont tremblé de nouveau de toute leur hauteur. Cette fois-ci, conscient de l’impact négatif de l’opération précédente sur son image, l’État d’Israël aurait dû affiner ses méthodes. Pourtant…

    Le bilan de ces huit jours de bombardements menés par les chasseurs F16, les drones, les hélicoptères Apaches, ainsi que par la marine de guerre israélienne est sans appel : cent soixante-quinze civils tués, parmi lesquels cinquante-neuf enfants – dont dix-sept avaient moins de cinq ans –, et au moins treize femmes parmi les victimes ; 1 200 civils ont été blessés.

    #cqfd

  • Les racines du terreaurisme par Nicolas de la Casinière
    http://cqfd-journal.org/Les-racines-du-terreaurisme

    Dès 1972, les paysans du cru ont été les premiers à se bagarrer contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Expropriations, répression et solidarités ont ravivé leur engagement, dans un département au paysage modelé par les luttes paysannes les plus politiques.

    Enracinés ou radicaux, tous sont à éradiquer, pour Vinci et les petits soldats de l’État. Curieux d’ailleurs comme l’étymologie rapproche les différentes cultures mobilisées contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Ici, certains paysans ont quarante ans de luttes au compteur. Comme Michel Tarin, 65 ans, ancien de la mobilisation du Larzac. Sept ans dans la ferme de ses parents, quarante-quatre en exploitant agricole avec sept associés, retraité, petit propriétaire en indivision, cinquième génération sur ces terres. Ses aïeux ont été paysans ici à partir de 1838 : « Mon arrière arrière-grand-père était employé dans une grande métairie, il a obtenu trois hectares de terres. » Enraciné, on vous dit. En avril 2012, Michel a mené vingt-huit jours d’une grève de la faim qui a permis d’obtenir un sursis, mais uniquement pour les occupants légaux. Un classique de la non-violence dont il se réclame : « En 1966, j’ai fait trois jours de jeûne en soutien aux condamnés à mort par Franco. J’avais dix-neuf ans, je n’ai jamais oublié. » C’est l’année où Michel, qui milite depuis cinq ans à la Jeunesse agricole chrétienne (Jac), rencontre Bernard Lambert, grande figure des luttes paysannes des années 1970 et député. Michel participe au groupe de réflexion « Paysans en lutte », en rupture avec un catholicisme social très prégnant dans l’Ouest. Puis il intègre les Paysans travailleurs, qui préfèrent la lutte de classes au corporatisme et bataillent ferme contre le productivisme, les banques, la main mise des firmes. Et contre les expropriations. Déjà. « On était contre la propriété privée de la terre… De toute ma vie, je n’ai jamais acheté un mètre carré : on payait nos fermages tous les ans. Je suis propriétaire malgré moi, de trois hectares hérités de mes parents. Pour moi, la terre est nourricière, elle n’a pas de valeur monétaire. » En 1968, il est de l’alliance paysans–ouvriers qui livre patates et bidons de lait aux métallos de la SNIAS – à Bouguenais, au sud de Nantes. C’était la première usine occupée en France, ce qui lancera les ouvriers dans Mai 68. Aujourd’hui, on y fabrique encore des morceaux d’Airbus…

    #cqfd

  • Ah ça ira ? Par Mathieu Léonard
    http://cqfd-journal.org/Ah-ca-ira

    Assiste-t-on au retour des vieilles peurs aristocratiques ? « On est en train de faire une guerre de tranchées, de revenir en 1789 : il faut arrêter de dire que les chefs d’entreprises sont des voleurs, des voyous, des gens malhonnêtes », estimait le marchand de lunettes made in China, Alain Afflelou, interrogé le 22 décembre. Un propos à peine tempéré par l’épicier Michel-Édouard Leclerc, le 26 décembre : « On a une fiscalité qui est revancharde […], on tient un discours à l’égard des gens qui ont de l’argent qui fait que, même si ce n’est pas 1789, il y en a plein qui vont se barrer. » Le 21 décembre, la reine Deneuve, très théâtrale, avait utilisé la première cette référence dans sa défense du gros Gégé contre le félon Torreton : « Qu’auriez-vous fait en 1789, s’indignait-elle, mon corps en tremble encore ! » Illico, Parisot, la taulière des patrons, avait trouvé l’analogie parlante et l’avait relayée : « Nous avons le sentiment aujourd’hui qu’on cherche à recréer quelque chose qui s’apparente à 1789, il faut bien mesurer à quel point c’est insupportable pour beaucoup de gens talentueux et c’est pour ça qu’ils sont amenés à partir. » La référence à 1789 est en passe de remplacer le spectre du goulag ou de la terreur pour dénoncer toute velléité de politique jugée confiscatoire envers ces malheureux nantis. Mais au fait, que s’est-il donc passé de si effroyable en 1789 ? Ah oui ! Un État en faillite, la prise de la Bastille, les châteaux qui brûlent, la fin des privilèges, les émigrés qui se barrent avec l’argenterie à Coblence et le peuple qui réclame du pain et la souveraineté. Allo, la section des piques ? Les affaires reprennent !

    • Effectivement, il y a bien une attitude aristocratique là dedans, une posture victimaire grotesque... Bref des gens qui n’assument pas la situation dont ils profitent.
      Je suis assez régulièrement les médias, mais je n’ai jamais entendu que « que les chefs d’entreprises sont des voleurs, des voyous, des gens malhonnêtes », ni que les impôts étaient une sanction contre les riches. Ce sentiment de persécution est risible...

      A la limite seul le gadget retoqué des 75% de Hollande ressemblait à une petite sanction, puisque décrite après coup comme « une amende » pour dissuader les revenus indécents qui auraient pu déclencher des émeutes de sans-culottes... Une sorte de garde-fous préventif pour sauvegarder le système en quelque sorte..

      Dites, amis riches, êtes vous au courant que la France est en crise au point d’être considérée au bord de la faillite par vos copains capitalistes à qui on doit 1600 milliards ? Arrêtez de pleurnicher sur votre sort et si la révolution ne vous intéresse pas, alors faites comme tout le monde : remboursez...

    • d’un autre côté c’est un aveu assez risible. On se reconnaît dans une classe supérieure d’un autre temps s’accrochant à ses privilèges, laquelle exprimait son plus profond mépris pour le peuple. Est-ce une invitation à renverser le système ?

  • Spanish bombs par Nicolas Arraitz
    http://www.cqfd-journal.org/Spanish-bombs

    Un maçon au chômage s’est immolé par le feu devant un hôpital de Malaga. Licencié avec des dizaines d’autres territoriaux, un employé municipal de Camas a foncé dans la vitrine de l’hôtel de ville au volant de sa voiture. Les chauffeurs de bus de Jerez ont fait grève pendant douze semaines pour toucher plusieurs mois d’arriérés sur leurs primes et salaires. À Jerez encore, la mairie ayant réduit de 20 % le budget voirie, l’entreprise Urbaser menace de licencier 125 éboueurs, provoquant une grève illimitée. UGT et CCOO, les deux syndicats majoritaires, virent leurs permanents grâce à la nouvelle loi facilitant les licenciements – loi contre laquelle ils ont d’abord fait mine de se mobiliser. Prof de collège, Béa a vu son salaire amputé de 400 euros ; passée sous la barre des mille euros, elle arrondit ses fins de mois en vendant sur un marché. En ville, pour ne pas perdre trop de clients, les bars ont baissé le prix du demi à 80 centimes ; dans les troquets villageois, on le brade à 45 centimes. À Séville, assistantes sociales et éducateurs sont remerciés pendant que les députés de droite au parlement andalou cèdent leur prime de Noël à Caritas. Lors de ses vœux de fin d’année, le roi d’Espagne s’est inquiété : « Le mépris grandissant des citoyens pour la politique est un danger pour la démocratie. » Salva, patron d’un petit restau, est plus philosophe : « Je suis né avant l’État providence. Je les ai vus l’inventer et aujourd’hui je les vois le démonter. Je n’y ai jamais cru. J’ouvre du lundi au jeudi, de quoi payer mon loyer et mes joints. À soixante ans, j’ai pas envie de me tuer au travail. »

    #cqfd

  • Contre vents et marées par Nicolas Arraitz
    http://cqfd-journal.org/Contre-vents-et-marees

    Réputées propres, certaines énergies renouvelables ne craignent pas de se salir les mains quand il s’agit d’écarter les obstacles humains et environnementaux gênant leur avancée triomphale. Dans l’isthme de Tehuantepec, au sud du Mexique, là où le continent cambre sa taille de guêpe entre mer Caraïbe et Pacifique, les élites rêvent d’un couloir industriel jalonné de voies ferrées, d’autoroutes, d’hypermarchés et… de parcs éoliens.

    Mardi 30 octobre, on a vécu un « face-à-face de six heures avec tout ce que le Mexique compte de forces répressives, policía municipal, policía estatal, policía judicial, policía federal, et enfin l’armée, avec ses mitrailleuses lourdes, au cas où l’on ait l’idée de leur tirer des caillasses…, raconte Alèssi, présent sur place. On a bloqué les routes entre Unión Hidalgo et La Venta pour saluer la visite du futur ex-Président de la république, Felipe Calderón, qui venait inaugurer un autre parc éolien – ça manquait, dans l’Isthme, les parcs éoliens… » Dès 1994, à La Venta, la CFE implantait un parc pilote de six aérogénérateurs produisant 1,5 mégawatts. Ce n’était que le bout du museau du Plan Puebla Panama, depuis rebaptisé Plan Mesoamérica, dans une région où persiste toute une mosaïque de cultures préhispaniques. Le parc suivant sera doté de 98 ventilateurs géants. La région en compte aujourd’hui près de 700, le plus grand parc éolien d’Amérique latine, qui pourrait à terme étendre son ombre sur 50 000 hectares de terres indigènes et produire 10 000 mégawatts, a annoncé Gabino Cué, nouveau gouverneur – de gauche – de l’état d’Oaxaca.

    Depuis 2007, les villages affectés se sont unis dans une Assemblée des peuples indigènes de l’Isthme en défense de la terre et du territoire, afin de faire face à un cartel de grandes compagnies qui, avec la complicité des pouvoirs publics, font main basse sur les terres communales pour y planter leurs futuristes et donquichottesques moulins à vent.

    #cqfd

  • Questions d’hier et de demain : les Roms et « nous »
    De Roswitha Scholz
    http://www.forumcivique.org/fr/articles/questions-dhier-et-de-demain-les-roms-et-%C2%ABnous%C2%BB

    En Italie, on assiste ces derniers temps à une recrudescence des pogroms anti-Roms. Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’UE début 2007, fuyant des discriminations qui s’accentuent et une misère extrême qui les frappe tout particulièrement, un nombre croissant de Roms ont trouvé refuge dans la péninsule, où ils vivent à la périphérie des grandes villes dans des conditions là encore déplorables.
    La réaction de la population locale est en parfaite harmonie avec celle du gouvernement italien de droite qui fait appel, pour enrayer la « peste tzigane », à des remèdes d’un autre âge : des mesures spéciales auxquelles seuls les Sintis et les Roms sont assujettis.S’il est indéniable que, de toute l’Europe occidentale, c’est actuellement en Italie que la récente fièvre anti-Roms montre son plus hideux visage, on aurait toutefois tort de croire que cette forme de racisme se circonscrit à ce seul pays. En Allemagne également, agressions du même type et propagande anti-Roms dans les médias affichent depuis le début des années 1990 une nette aggravation1, cependant que l’extermination massive des Sintis et des Roms perpétrée sous le national-socialisme a tendance à se voir relativisée. Songeons seulement, à titre d’exemple frappant, aux émeutes racistes de Rostock en 1992 et à leurs incidences au niveau de l’Etat. Comme nous savons d’expérience que, même à gauche, le souvenir de ces événements a tendance à s’effacer, voici pour mémoire : « Le 24 septembre 1992, un mois après le pogrom de Rostock dirigé essentiellement contre les réfugiés roms venus d’Europe de l’Est, les gouvernements allemand et roumain signèrent un accord par lequel la Roumanie s’engageait à accueillir en retour les demandeurs d’asile déboutés, notamment ceux et celles qui n’avaient pu présenter de papiers d’identité en règle »2. Cette forme de discrimination a déjà une longue histoire, mais une histoire malheureusement trop méconnue. En Italie, par exemple, le phénomène de l’antitziganisme n’est pratiquement pas étudié3. Même chose en Allemagne où, malgré l’abondance des travaux historiques sur le national-socialisme, on a commencé tardivement à s’intéresser à cette question, et où ce n’est que tout récemment que certains résultats ont pu être établis.

  • Roms, vils éternels ? par Gilles Lucas
    https://www.cqfd-journal.org/Roms-vils-eternels

    Citoyens européens depuis l’intégration de la Roumanie et de la Bulgarie en janvier 2007, les Roms sont soumis à d’infinies contraintes destinées à freiner leurs déplacements sur ce territoire « communautaire » où il vaut mieux être une marchandise pour circuler librement.

    Le 15 octobre, dans les travées du Sénat, seule une vingtaine de parlementaires – sur 348 – avaient trouvé une fenêtre dans leur agenda pour assister au débat suscité par Aline Archimbaud, sénatrice écologiste de Seine-Saint-Denis, à propos de « la proposition de résolution relative à la levée immédiate des dispositions transitoires pour les ressortissants de nationalité roumaine et bulgare ». Proposition rejetée par 173 sénateurs qui auront voté par procuration. Rejet favorisé par l’abstention des parlementaires du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), qui détient une des clés de la majorité dans cette haute assemblée.

    Mutualisant morgue politique, fantasmes racistes à peine modérés et classiques mensonges déguisés en humanisme, Jacques Mézard, membre du Parti radical de gauche et président du RDSE, a justifié ainsi la position de son groupe : « Ce qui s’est passé à Marseille le 28 septembre devrait faire réfléchir ceux qui considèrent l’angélisme comme la solution et une politique d’immigration sans aucun filtre comme le meilleur chemin vers un monde en paix. […] Cela se reproduira s’il n’est pas mis fin à ces occupations illicites de terrains, dans des conditions inacceptables pour les riverains et, la plupart du temps, pour les occupants eux-mêmes, marginalisés, au contact d’une délinquance contagieuse constituant la seule école de vie pour les enfants, sans parler des conditions de santé déplorables, de l’absence d’école, de formation, d’intégration dans la république quasi impossible… »

  • Dernier communiqué du FRIC :
    http://www.marseille-en-guerre.org/spip.php?rubrique8

    Les organisateurs de Marseille-Provence 2013 et leurs bateleurs médiatiques ont donné l’ordre aux Marseillais de sortir brailler dans la rue, le 12 janvier, pour inaugurer l’année de la grande escroquerie culturelle. Leur intention est claire : montrer aux investisseurs que les habitants de cette ville savent obéir comme un troupeau bien dressé qui acclame ceux qui le méprisent. Le Front des Réfractaires à l’Intoxication par la Culture donne une seule consigne :

    le 12 janvier 2013, exceptionnellement, FERMEZ-LÀ !

  • Mais qu’est-ce qu’on va faire des... islamophobes
    par Mathieu Léonard
    https://cqfd-journal.org/Mais-qu-est-ce-qu-on-va-faire-des

    Êtes-vous atteint d’islamophobie ? Les symptômes sont multiples et aisément décelables. Vous vous plaignez de ne plus trouver de l’andouille de Guémené à moins de 5 kilomètres de votre HLM, celle-ci ayant été remplacée chez le boucher par des saucissons de dinde hallal ? Vous êtes scandalisé que votre enfant au retour de l’école vous jure « sur le Coran » qu’il n’a aucun devoir à faire à la maison – au lieu de jurer « sur la tête de [sa] mère » comme il serait convenable de le faire ? Vous souffrez silencieusement de ne pas pouvoir déguster une binouze avec votre kebab-salade-tomates-oignons-sauce-blanche, parce que le restaurateur l’a déclarée « haram » dans ses murs ? Vous ressentez une frustration aiguë à la vue de ces jeunes filles qui portent le hijab comme pour vous signifier spécifiquement que toute histoire sentimentale entre elles et vous est impossible – à moins que vous ne vous laissiez pousser une barbe sans moustache et que vous revêtiez un joli qamis saoudien modèle Sultan Al-Khayr (prix conseillé 17,96 euros) ?

  • On puce bien les moutons (CQFD) | de l’usage de mouchards informatiques dans l’éducation
    http://www.cqfd-journal.org/On-puce-bien-les-moutons

    Utilisé en lycée et collège, le logiciel Pronote est surtout connu pour sa fonctionnalité d’agenda des devoirs en ligne. Mais, derrière le côté pratique de l’outil, se cachent une batterie de mouchards, véritables jalons d’une philosophie orwellienne à l’œuvre dans toute la société.

    • en tant que parent d’élèves j’y suis réfractaire, mais jamais lu une critique aussi complète

    • @fil Il faut également savoir que les profs réfractaires il y en a, peu mais quel courage ! Malheureusement ils ont été mis sous pression et menacés de licenciement par leur hiérarchie, pire, non défendus par les associations de parents d’élèves incapables d’anticiper cette saloperie. Et pour les profs cela signifie passer beaucoup de temps à remplir des tableaux informatiques et à se préoccuper de chiffres et de statistiques, au moins pendant ce temps ils ne parlent pas avec les autres profs ou avec les élèves des problèmes humains à résoudre.

      L’année dernière je voulais prendre rendez-vous avec le professeur principal pour parler de mon enfant qui est en 4em, le prof m’a téléphoné pour me dire que c’était inutile que l’on se rencontre puisque je pouvais accéder à toutes les notes sur internet, j’étais offusquée, mais c’est ainsi maintenant.

      Je suis parent réfractaire et je n’utilise pas Pronote, imagine la stupéfaction de la direction ou des profs quand je leur annonce ma décision ferme et définitive. Je réclame les notes sur une feuille et je développe la confiance avec mon enfant, pas le flicage. Mais cela m’est refusé puisque je n’ai jamais eu que la feuille de fin de trimestre et on me rit au nez en me disant que c’est un comble pour quelqu’un qui exerce un métier dans l’informatique.

      Je me fais un plaisir de leur expliquer pourquoi je suis contre, mais immanquablement j’ai le droit à des reproches de mauvais parent, que tout le monde est si content, que ça facilite la vie (même processsus de persuasion que bases élèves). Le dernier argument est le meilleur, car je considère que tout le monde n’a pas Internet et doit avoir le choix de refuser de « s’y mettre ».

    • il me semble que tout comme les machines à voter électroniques, ce sont des “informaticiens” de métier qui y sont réfractaires — et sans doute un peu pour les mêmes raisons

    • Plus tu bosses dans l’informatique et plus tu sais qu’il vaut mieux ne pas lui laisser trop de place dans ta vie, plus tu es conscient des vulnérabilités du système. L’idée de conduire une bagnole commandée par un système informatique me fait un peu gerber, d’où ma passion pour les guimbardes qui se réparent avec un tournevis et un coup de pied au cul !

    • Oui, je suis d’accord avec vous @monolecte et @fil, mais tout de même, le Gixel & aficionados du livre bleu sont passés par là, car la « confiance dans le numérique » est une machinerie huilée montée de toute pièces sans aucun remparts valables pour protéger nos libertés. Les français dans les années 80 étaient réfractaires à l’informatique et d’un coup de baguette magique on a fait sauter toutes les digues et ils en sont devenus adorateurs ? Parce que tout cela s’est fait sciemment sans aucun débat, sans demander leur avis aux intéressés et sous le prétexte falacieux du progrès dédié non aux avancées humaines mais à la technologie.

    • Je vous avoue qu’en tant que développeur de progiciels, j’aurais fait sans doute bien pire, parce que parfaitement fonctionnel et pas bogué. :-) L’informatique permet la systématisation, et c’est vrai, parfois, c’est flippant.
      Il m’arrive de poser la question au client, demandeur donc, de l’adaptation de ce qui est réalisé à l’objectif poursuivi, et il arrive que le client soit celui qui convienne que nous allons trop loin, et qu’il serait donc sans doute préférable « d’en stocker moins ».

      Ceci dit, oui, c’est pénible cette instantanéité, cette façon de déporter les travaux administratifs au plus près des producteurs d’informations, et cette façon de tuer l’échange, sans doute, entre les élèves, les parents, l’équipe enseignante.

      La technologie, la robotisation devrait nous permettre d’être plus humains. Pas nous transformer en robots... Mais à la façon dont la littérature cyberpunk l’avait illustré, la technologie nous transforme et nous déshumanise, réduisant notre empathie et nos libertés.

    • @biggrizzly tu as un imaginaire ouvert sur l’anticipation et aussi une éducation qui te permettent de savoir ce qu’est le « trop loin » quand tu codes un projet.
      Mais à quel moment s’effectue cette éducation et par qui ? A qui incombe cette responsabilité de s’arrêter ? au client ou au développeur ? et est-ce vraiment au niveau individuel que cela se joue ? N’est-ce pas plutôt au niveau du politique qui décide de l’éducation et des lois et qui manipulé par les industries nous retire tout choix et laisse faire comme si le flicage coulait de source comme le capitalisme son grand frère ?

    • Grrrrrr #seenthis je te hais

      Guru Meditation : XID : 2130639925

      A part ça, je disais des trucs que seenthis n’a pas voulu conserver, tant pis, je refais pas.

      Juste signaler que dans le circuit informatique plébiscité par les parents où les récalcitrants sont des #has-been et des #mauvais-joueurs car tout cela est si ludique et si pratique. Donc, dans ce circuit un autre logiciel entre en piste : #Affelnet qui se sert des données récupérées dans Pronote pour l’orientation des enfants en classe de 3em.

      http://seenthis.net/messages/97642

    • @touti Une petite remarque d’outre-Rhin : Chez nous les notions Datensparsamkeit (le principe de n’enrégistrer que le minimum nécessaire de données pour remplir une tâche) et Datenvermeidung (le principe de ne demander des informations que dans des cas où c’est indispensable) forment une sorte de base pour toute décision et mesure prise par des organismes publics et privé ( § 3a du Bundesdatenschutzgesetz ).
      https://de.wikipedia.org/wiki/Datensparsamkeit

      En bref : Si l’école ne peut vraiment pas fonctionner sans enrégistrer ces données électroniquement il faut l’accepter, autrement il serait illégal de les prélever et utiliser.

      Malgré cette loi et malgré les protestations de parents concernés un fichier central des élèves berlinois a été crée. Pourtant la discussion continue et les demandes de modification et de réduction de la quantité d’information stockées sur les élèves refont surface de temps en temps.

      @fil ce n’est pas tellement la technologie plus ou moins avancée d’une voiture qui fait qu’elle soit plus ou moins dangereuse mais c’est son conducteur et - surtout - la quantité de voitures et la densité de la circulation routière. Ensemble ils constituent les facteurs essentiels pour le niveau de danger crée. En résumé - il faut réduire le nombre de voitures (patience, ça viendra tout seul) et conduire sa caisse d’une manière adaptée à son état.

      Une question hypothétique pour finir : Dans les voitures modernes le « frein à main » n’est qu’un contact qui donne un signal à l’ordinateur central du véhicule. Qu’est-ce qui se passe quand on coupe le courant ? Le frein bloque-t-il les roues ou est-il laché complètement ?

    • Loi 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, dite Informatique et Libertés, du nom de la CNIL
      http://www.cnil.fr/en-savoir-plus/textes-fondateurs/loi78-17

      Article 6
      Un traitement ne peut porter que sur des données à caractère personnel qui satisfont aux conditions suivantes :

      3. Elles sont adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées et de leurs traitements ultérieurs ;

      Mais tout l’article 6 est important.

    • @klaus, merci, c’est très intéressant de recroiser ainsi les différentes systèmes européens de protection des données.
      @simplicissimus la loi est écrite mais la CNIL est une peau morte qui a été vidée de ses pouvoirs (qui n’étaient pas gigantesques) de plus elle n’a pas les moyens de répondre aux nombreuses plaintes. La CNIL invoque le flou de l’article 3 soit n’importe quoi pour justifier ses décisions qui couvrent ce genre de délit. Par exemple le scan des passeports et pièces d’identité (sans avis du consommateur) et leur conservation informatique dans certains supermarchés L* seraient à des fins de luttes contre la fraude des chèquiers. Quid du principe de pertinence ? tout est donc relatif, car la loi ne dit pas non plus ce qui excessif… de fait la CNIL a décréter que c’était légal et a donné son aval tout comme ficher des enfants sur tout le territoire dès 6 ans est devenu légal…

  • Méditerranée, cimetière marin par Najate Zouggari
    http://cqfd-journal.org/Mediterranee-cimetiere-marin

    Le 13 juillet 2008, pendant la présidence française de l’Union européenne, un projet nébuleux voit le jour : l’Union pour la Méditerranée qui, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, fixe quelques objectifs régionaux très ambitieux comme la dépollution de la mer et la création d’une « autoroute » maritime.

    Le projet, franchement libéral et faussement humaniste, ne s’embarrasse guère de la condition des migrants. Il s’agit tout simplement de favoriser les échanges de marchandises et de capitaux dans l’espace méditerranéen. Tout emballé dans un hypocrite babillage vaguement écologiste, que la droite française a fait sien depuis son Grenelle de l’environnement, le discours méditerranéen des promoteurs de « l’identité nationale » fait l’impasse sur les 18 244 morts aux frontières de la forteresse Europe – recensés depuis 1988 par Gabriele del Grande, qui en fournit les preuves matérielles. La même année, l’agence des Nations unies pour les réfugiés observait pourtant un accroissement exceptionnel du nombre de migrants – pour ceux et celles, du moins, qui ont pu sortir vivants d’un périple si incertain.

  • Une Bellevilloise sans histoire
    http://www.le-tigre.net/Une-Bellevilloise-sans-histoire.html

    Aujourd’hui, l’endroit est devenu « un lieu branché et arty » (Art actuel), « le dernier salon de gauche où l’on cause » (Les Influences), etc., 2000 m² à « l’ambiance berlinoise » (Elle) fragmentés en un loft, un club, un forum, un café-terrasse, dans une architecture de grands volumes et d’art brut, et qui ne laisse de séduire... autant le supplément « Sortir » de Télérama que les guides touristiques anglo-saxons ; autant d’avant-gardistes stylistes qui y organisent leurs défilés qu’Arnaud Montebourg qui y tint convention en octobre dernier pour y faire de la retape pour sa VIe République : comme si la Bellevilloise était devenue la dernière frontière. Un tel unanimisme cependant finit par interroger, et demande que l’on aille voir ce qu’il y a derrière la façade (décrite plus haut, mais en trompe-l’œil ?). Façade verbale d’abord. À la tête du lieu en effet, un « trio d’agitateurs issu du spectacle vivant, de la production et des médias » (ainsi qu’ils se présentent) qui manie assez bien la novlangue survitaminée de « My little Paris » : « workshop », « nouvelle cuisine bistro », « installations » - et bien sûr l’ineffable « jazz brunch » (deux sessions le dimanche : midi, puis 15h).

    Je viens à la Bellevilloise un de mars où joue El Balcon, musiciens de tango, avec le projet d’écrire mon article in situ. À peine ai-je sorti mes cahiers et stylos, que des serveurs tout à fait dans le ton, tatouage et nuque longue, s’empressent de s’assurer que je compte bien dîner, que je n’ai pas l’intention de mobiliser une table toute la soirée pour mes gribouillis à jeun

  • Fausse grève de vrais nantis par Irène Mériaux
    http://cqfd-journal.org/Fausse-greve-de-vrais-nantis

    Le 17 octobre 2012, le syndicat national des internes de spécialité (ISNIH) lance une grève assortie d’une manifestation parisienne aux multiples motivations : outre les classiques revendications sur leurs rémunérations ou la défense de la liberté d’installation, on trouve le refus de la limitation des dépassements d’honoraires, dit de « secteur 2 ». Ou comment, sous la blouse blanche de la défense de « l’accès aux soins », ces privilégiés de la médecine veulent défendre leurs juteux avantages.

    Fin octobre, Sécu et syndicats de médecins libéraux négocient une mesure majeure de la gauche au pouvoir : la limitation des dépassements d’honoraires qui représentent pas moins de deux milliards d’euros siphonnés hors des poches des patients – ce qui irrite les chirurgiens, dont le salaire moyen est de 11 000 euros par mois, et qui exercent à 77 % dans ce fameux secteur 2. Pour eux, « le problème n’est pas l’existence des dépassements d’honoraires, mais leur remboursement » qu’ils aimeraient pris en charge par les complémentaires. S’inspirant des soit-disant « entrepreneurs pigeons », les chirurgiens et internes de spécialité cherchent à lancer un mouvement de « médecins pigeons » : grèves dans les blocs opératoires du 12 au 17 novembre, manifs – pour lesquelles leur page facebook recommande de « ne pas porter de burberry »... Malins, le 24 octobre, à la manif marseillaise, ils porteront blouse blanche et masque de pigeon…

  • “Pays de merde” par Jean-Pierre Levaray
    http://cqfd-journal.org/Pays-de-merde

    Le jour de la grève, alors que règne le silence des machines à l’arrêt et qu’une quinzaine de grévistes sont partis au salon de l’Auto, pour soutenir les PSA, Goodyear, Arcelor et autres, avant la manif de l’après-midi, le directeur général a fait le déplacement entre sa tour de La Défense et l’usine. Il est arrivé en furie, jouant le rôle du père fouettard, auquel il n’aurait plus manqué que la schlague. Il faut dire que ce type n’a rien pour lui. Même si c’est un peu embêtant de s’en prendre au physique, tout le monde en le voyant pense à la caricature de chef nazi imaginé par Tarantino dans Inglorious Basterds, surtout lorsqu’il porte son long manteau de cuir… En fait, il n’a pas que le physique, il est autoritaire et « droit dans ses bottes », comme il aime à le répéter.

    Se rendant dans les services et les ateliers, il s’en est pris à tous les salariés requis pour la sécurité, grévistes ou non. Agressif, injurieux, survolté, il a traité les uns de « cons », les autres de « criminels ». Il a tenu les propos des plus mensongers sur les militants syndicaux, sur ceux qui se mettent en grève alors qu’ils partent bientôt en retraite, sur les pompiers, « payés à rien foutre », sur la « France, pays de merde », sur le bon vieux temps où il faisait travailler des quasi-esclaves au Qatar, etc. Il a également fait du chantage sur l’avenir, a proféré des menaces personnelles et s’est fendu d’une note de service contre la CGT.

  • Une lutte décolle par Mickael Correia
    http://cqfd-journal.org/Une-lutte-decolle

    Le matin du 17 novembre, une banderole « Veni, vidi, pas Vinci » claque au vent sur la façade de la mairie de Notre-Dame-des-Landes. Des centaines de tracteurs aux remorques remplies de palettes et de poutres prennent la tête d’un cortège bigarré. Suite à l’appel à manifester et à reconstruire un lieu collectif pour la résistance sur la ZAD, ils étaient donc plus de 40 000 venus des quatre coins de France soutenir la lutte contre l’« Ayraud-port », 40 000 à brailler contre les expulsions en cours. Cinq constructions composées d’un espace de réunion, d’une cantine, de deux dortoirs, d’un bloc sanitaire et d’un atelier, ont été édifiées fissa, à grand renfort de charpentiers et de menuisiers, autour de ce qu’on appelle désormais la « Chat-teigne ».

    Tout est parti, il y a plus d’un an, d’une réunion du collectif Reclaim the Fields. « On s’est un peu inspiré de l’appel à occuper un lieu prédéfini en cas d’expulsion du squat d’Ungdomshuset à Copenhague en 2007 et qui avait, au Danemark, agrégé un joyeux mélange de personnes venues d’horizons divers, alliant manifestations, sabotages, négociations avec la mairie et actions directes », raconte un « reclaimer ». Le groupe à l’origine de la belle idée transmet alors le topo à Notre-Dame-des-Landes, au point qu’après les premières expulsions, la sauterie réunit pendant quelques jours deux cents personnes en assemblée.

  • Marseille : péril blanc contre péril rouge par Momo Brücke
    http://cqfd-journal.org/Marseille-peril-blanc-contre-peril

    Marseille est une ville assaillie par les lieux communs. L’un des plus récurrents est certainement celui qui fait d’elle une sorte d’hybride entre Chicago et Naples : villes de truands et de cramés – terreau fertile au grand banditisme. Néanmoins, loin d’exercer son pouvoir de manière autonome, la pègre locale a toujours été en rapport avec le milieu politique. Que l’on pense aux premières figures du milieu marseillais, les élégants Carbone et Spirito qui furent à l’origine des agitations fascistes des années 1930. Pendant l’occupation, ils feront affaire avec la Gestapo. Et en 1970, Belmondo et Delon les incarneront au cinéma dans Borsalino !

    Avec les remous de la Guerre froide, c’est l’argent américain qui va alimenter la French connection. À partir de 1947, tout événement politique est considéré sous un prisme manichéen : l’affrontement entre le stalinisme russe et la démocratie occidentale. Afin de contrer l’influence soviétique – que les grèves insurrectionnelles étaient supposées révéler –, l’administration Truman mit sur pied un projet de redressement européen : le plan Marshall. Lorsque les communistes et la CGT s’élevèrent contre ce plan, la CIA lança une contre-attaque : il s’agissait de scinder la CGT pour créer un syndicat plus docile. Par l’intermédiaire de l’American federation of labor (AFL), elle fit parvenir des fonds à un dirigeant socialiste, Léon Jouhaux, qui fonda la tendance Force ouvrière (FO) et l’arracha à une CGT dominée par le Parti communiste. À raison d’un million de dollars par an, le Parti socialiste put ainsi consolider une certaine assise syndicale et se permettre d’œuvrer sans subir le diktat communiste.

  • Notre-Dame-des-Landes, Florange, même ennemi, même combat
    http://cqfd-journal.org/Notre-Dame-des-Landes-Florange

    « Nous avons choisi notre destin. Nous ne nous laisserons donc pas dicter une vision du monde qui n’est pas la nôtre. » On croit rêver. Ayrault, qui menace ainsi les opposants à son projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, a-t-il eu la même morgue, les mêmes mots durs face à Mittal ? Bien sûr que non. Son arrogance face aux paysans du bocage nantais n’a d’égal que sa veulerie face au nabab de l’acier. C’est contre la population qu’il gouverne qu’Ayrault prétend avoir du chien. Et c’est toujours en connivence avec les industriels qu’ici et là il agit ou laisse faire. Rappelez-vous Sarkozy singeant de Funès : « Je serai servile avec les puissants, ignoble avec les faibles. » Ça n’a pas changé en mai dernier.

    On pourrait opposer la cause écolo de Notre-Dame-des-Landes à la défense de l’emploi à Florange. D’un côté des bouseux et des décroissants délirants, de l’autre des métallos accrochés à un enfer productif digne du XIXe siècle. Mais à l’Ouest comme à l’Est, le cri est fondamentalement le même, la colère est commune : on veut nous déposséder, nous ne lâcherons rien !

    « Notre-Dame-des-Landes, mère de toutes les contestations », constate Le Monde du 7 décembre. À Lyon, « carton rouge » contre le projet de grand stade de Décines-Charpieu. Dans le Sud-Ouest, on s’oppose à deux lignes de TGV. En Isère, c’est non à un parc de loisirs. Dans l’Aude et dans le Gard, c’est merde à des terrains de golf. Dans le Val-d’Oise, on ne veut pas d’un méga centre commercial baptisé Europa City. À Pézenas, refus d’une zone commerciale en plein vignoble. À Strasbourg, rejet de la voie de « grand contournement ouest »… Sans oublier, l’intense lutte contre le TAV Lyon-Turin.

    Pareillement, la résistance des gars de Florange est bien la frangine de celle des Fralib et de tous les salariés jetables et corvéables. Les hauts fourneaux sont à nous, pas à Mittal. Le bocage est à nous, pas à Vinci. Et puis surtout, rendez-nous nos existences volées, rendez-nous cette vie qu’on nous demande d’éternellement sacrifier sur l’autel de leurs superprofits. Retour à l’envoyeur : « Nous allons choisir notre destin. Nous ne nous laisserons pas dicter une vision du monde qui n’est que la vôtre. »

  • Hommage au Maître par Momo Brücke
    http://cqfd-journal.org/Hommage-au-Maitre

    Alexandre Grothendieck est un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, dit-on. Moissonneur de nombreux prix académiques – il revendra aux enchères sa médaille Fields (1966) pour soutenir le Vietnam dans sa lutte contre l’impérialisme. Ou encore il refusera le prix Crafoord en 1988 : il soutient qu’accepter ce jeu des prix et des récompenses serait cautionner « un esprit et une évolution, du milieu scientifique, qu’[il] reconnaît comme profondément malsains. » Quand il est invité au Collège de France, Grothendieck y propose un cours intitulé : « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? » De 1973 à sa retraite en 1988, il enseigne à l’université de Montpellier, avant de se replier dans les Pyrénées. À Montpellier, il a laissé des cartons de notes, écrites ces vingt dernières années. Vingt mille pages, qui en font saliver plus d’un. Car il y aurait des trésors à déchiffrer dans ces pattes de mouche. Mais Grothendieck, que son exil montagnard n’a pas réconcilié avec le monde de la recherche, ne lâche pas le morceau : il fait paraître en 2010 « une déclaration de non-publication ». Il y interdit tout usage de ses textes sous quelque forme que ce soit. Le responsable du patrimoine de l’université de Montpellier cherche à passer outre. Il veut prouver la valeur scientifique de ces écrits, afin de les classer comme « trésor national », et ainsi s’asseoir sur les intentions de l’auteur. Si aujourd’hui, remettre en cause la recherche scientifique est un blasphème, la critique, lorsqu’elle est émise par un éminent chercheur, ne peut que relever de la folie. Pour bon nombre de scientistes, Grothendieck est atteint d’une « paranoïa autodestructrice ». Faut-il vraiment être parano, aujourd’hui, pour vouloir foutre le feu à un tas de vieux papiers, qui pourraient conduire à de funestes applications scientifiques ? Tant pis pour les puristes, Grothendieck ne vendra pas son âme au diable.

  • L’Andalousie se rebelle et se réinvente par Nicolas Arraitz
    http://cqfd-journal.org/L-Andalousie-se-rebelle-et-se

    L’Espagne s’enfonce dans une récession qui a tout l’air d’un vol à main armée. « Ce n’est pas une crise, c’est une arnaque », affirmait le mouvement du 15-M – baptisé par la presse « mouvement des Indignés ». Comme partout ailleurs, après avoir renfloué les banques, l’État a constaté – ô surprise ! – que les caisses étaient vides. Conclusion : il faut é-co-no-mi-ser ! Comment ? En tapant sur les dépenses publiques, bien sûr. Éducation, santé, retraites, indemnisations de licenciement et de chômage… Et la bulle immobilière ayant fait flop, les chiffres du chômage explosent – on prévoit 6 millions de demandeurs d’emploi d’ici à la fin 2012, 25 % de la population active, 50 % des jeunes – et les expulsions pour loyer ou crédit impayés se multiplient. 12 % des foyers espagnols ont tous leurs membres sans travail, 336 000 familles ne comptent sur aucun revenu. Plus de dix millions de personnes pourraient passer sous le seuil de pauvreté d’ici 2013. À Madrid, les manifestations sont quotidiennes et l’opération « Encerclons le Parlement » du 25 septembre, où la police a démontré son aptitude à se déchaîner sur le premier passant venu, a connu un succès massif, et s’est répétée plusieurs jours de suite. Alors que les nationalistes catalans menacent de faire sécession pour « ne plus devoir payer les chômeurs du Sud », l’Andalousie, qui, elle, depuis des siècles, ne connaît que la crise, résiste. Côté rat des villes : la Corrala Utopía, immeuble neuf occupé par 36 familles à Séville. Côté rat des champs : Somonte, une ferme de 400 hectares occupée par des sans-terre sans travail. Le pont qui les relie : l’expropriation de supermarchés par des chômeurs…