CQFD

Mensuel de critique et d’expérimentations sociales

  • Le petit chef des pompiers par Jean-Pierre Levaray
    http://cqfd-journal.org/Le-petit-chef-des-pompiers

    Le service sécurité dans une boîte comme la mienne est un secteur devenu important depuis l’accident d’AZF et toutes les mesures qu’il a fallu prendre par la suite (loi Bachelot et applications des mesures dites Seveso). Cela s’est concrétisé par une multiplication de procédures qui ont transformé l’usine en une administration soviétique. Il faut désormais remplir de plus en plus de documents qui doivent être signés et validés par toute la hiérarchie, car il faut que chacun soit couvert. Cela entraîne un vrai retard dans les travaux de maintenance et de réparation. La direction actuelle s’est lancée dans une véritable course à la sécurité avec des « règles d’or », des campagnes de « sécurité active », des « bonnes pratiques ». Affiches et panneaux lumineux aux entrées de l’usine sont autant de rappels à l’ordre : la sécurité doit être partout, tout le temps, dans nos usines. Sauf qu’il s’agit surtout de discours. Dans la vraie vie, la plupart des mesures sont difficilement applicables, par manque de personnel et de fric, et l’on se contente de parer au plus pressé, en retardant certains travaux par exemple.

  • Mais qu’est-ce qu’on va faire du think tank Cartes sur table
    http://cqfd-journal.org/Mais-qu-est-ce-qu-on-va-faire-du

    Ha, l’impertinence de la jeunesse ! Nous en manquions cruellement, paraît-il, dans ce pays gouverné, administré et pensé par une ribambelle de sexagénaires bien coulants, moulés à la louche des grandes écoles… Hé bien, c’est terminé ! Le 13 août dernier, à l’occasion de l’ébouriffant roupillon que furent les cent premiers jours de François Hollande, le think tank Cartes sur table, fondé en 2012 par des jeunes âgés de 25 à 35 ans, a publié cent propositions pour « améliorer la vie quotidienne des Français comme la situation du pays ». « De gauche […] mais réalistes » – en bon français, suçant la roue du Parti socialiste –, ces sans-culottes courtes se veulent plus « punchy » que leurs aînés du groupe de réflexion Terra Nova, dont certains membres sont pourtant à peine plus âgés.

    « On n’est pas encore dans le confort installé avec un travail et une famille. On peut donc se permettre d’être encore impertinents », élucubre Agathe Cagé, l’une des fondatrices de Cartes sur table, dans Libération du 13 août dernier. Tiens… Dégoter un job est donc forcément synonyme de « confort ». Et avoir un contrat de travail sur sa tête et des moutards dans les pattes implique fatalement de se satisfaire du monde tel qu’il va mal…

  • Les siphonnés d’Emmaüs par Noël Godin
    http://cqfd-journal.org/Les-siphonnes-d-Emmaus

    Si vous avez envie de vous shooter à l’utopie, quelques conseils de lecture.

    Orchestré par un ex-PSU chargé de mission auprès du conseil général du Rhône (Pierre Thomé), ce qui nous engagerait plutôt à jeter son livre à la flotte, Créateurs d’utopies (éd. Yves Michel) n’est effectivement pas très poilant. Mais il fourmille d’infos éclairantes. La différence claire et nette comme balayette, par exemple, entre l’autogestion, fondée sur l’initiative populaire autonome, et la démocratie participative, fondée sur l’initiative d’élus locaux veillant à ce que les citoyens qu’ils invitent à s’exprimer n’aient aucune vraie marge de manœuvre. L’autogestion, l’ouvrage la raconte, un peu mollassement, à travers les précurseurs utopistes (Rabelais, Fourier, Cabet), à travers les frères ennemis anarchistes et marxistes, à travers la Commune et les conseils ouvriers, à travers les Canuts, les Lip, les Tanneurs, les femmes en lutte, les rebelles algériens, le Larzac, Plogoff, mai 68, les Indignés et désobéissants d’aujourd’hui « bravant les pouvoirs institués ».

    Je m’apprêtais à transmuer en torche-cul Quelle utopie pour le mouvement Emmaüs ? de Germain Sarhy, que m’ont expédié les éditions Golias, quand mon attention fut harponnée par le sous-titre du livre : Emmaüs Lescar-Pau (1982-2012) : Histoire d’une pépinière d’alternatives. Et j’ai alors réalisé que le mouvement Emmaüs international, ce n’était pas seulement les chiffonniers scrofuleux de l’abbé Pierre. Mais aussi un laboratoire d’altruistes souvent « insoumis et belliqueux », refusant en général le misérabilisme catho, guerroyant contre les normalités-flics, construisant des « lieux de vie alternatifs » sans permis de construire et pratiquant l’accueil inconditionnel « à l’opposé de toute la politique actuelle en matière d’immigration » (un gros crachat multicolore en passant sur le Hortefeux hollandesque Manuel Valls !).

    Deux lectures autrement palpitantes : Un homme de tempérament de David Lodge (Rivage) qui retrace les combats pour l’amour libre – et les esclandres qu’ils déclenchèrent dans le Londres de la Belle Époque – de H. G. Wells, l’auteur de La Guerre des mondes et d’Une utopie moderne (1905). ce qui n’alla pas sans quelques esclandres dans le Londres de la Belle Époque. L’utopie de Wells apparaît trop élitiste, hélas, et trop cruchement platonicienne pour qu’on en pince pour elle. L’autre livre-clé pour l’été, c’est Insurrection de Paolo Pozzi (Nautilus), un reportage à chaud, touchant en diable, sur les autonomes italiens de 1977 qui désiraient changer le monde tout de suite « et qui croyaient que le changer pouvait être marrant. »

  • Danger travail ! Par Mathieu Léonard
    http://cqfd-journal.org/Danger-travail

    Le travail rend malade, le travail blesse, le travail tue. Le principe de précaution voudrait qu’on ne s’y adonne jamais, pourtant l’impérieuse nécessité nous y contraint. D’après les statistiques annuelles de 2009 de l’Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), les accidents du travail auraient causé 538 décès et plus de 43 028 incapacités permanentes à quoi s’ajoutent quelque 50 000 maladies professionnelles. Sans compter les suicides quotidiens, le stress, le harcèlement, les douleurs physiques et autres humiliations, tout ce qu’on désigne désormais sous le vocable de la souffrance au travail et dont on sait qu’elle est principalement engendrée par l’intensification des contraintes de productivité et des techniques managériales.

    Ce n’est a priori pas franchement un sujet de rigolade. Pourtant, en dénichant le fonds des affiches de prévention des risques et des accidents du travail des années 1950 à 1980, Cizo et Felder des Requins marteaux nous gratifient d’une mine de pépites graphiques qui frisent un humour noir quasi-surréaliste.

    Le graphisme est original, efficace, marrant. Toutefois, par son traitement, le message peut aussi paraître parfois très infantilisant, en regard des traumatismes subis par les travailleurs.

    Un ouvrage qu’on pourra consulter comme un document archéologique édifiant lorsque le chagrin ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

    Trésors de l’Institut de recherche et de sécurité , les Requins marteaux, 2012.

  • Les véritables causes de l’intervention américaine en Irak

    par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Les-veritables-causes-de-l

    Idéal en vacances sous le cagnard, une bonne histoire dans l’ombre des services de renseignements. Revenons donc sur les tribulations de Rafid Ahmed Alwan al-Janabi qui se retrouve en fort mauvaise posture en cette fin d’année 1998.

    Responsable au sein de l’unité de maintenance de la société irakienne de cinéma et de télévision Babel TV, sise à Bagdad, il sait qu’un mandat d’arrêt a été délivré contre lui. Le motif ? Il aurait détourné 1,5 million de dollars des caisses de l’entreprise dans laquelle il travaille. Il parvient à fuir et arrive, après de multiples pérégrinations, à Nuremberg (Allemagne) à l’hiver 1999. Enfermée dans ce lieu à l’aspect pénitentiaire réservé aux demandeurs d’asile, il sollicite l’autorisation d’aller visiter la ville toute proche. Cette demande écrite suscite l’attention des services de renseignements teutons (BND), friands de ressortissants étrangers venus des pays arabes, et surtout d’Irakiens pouvant éventuellement fournir des bribes d’informations sur les proches de Saddam Hussein, sur l’armée irakienne, voire sur les armes de destruction massive (ADM) dont la presse et les dirigeants occidentaux ne cessent à l’époque de parler. Le demandeur d’asile raconte prestement qu’il a travaillé dans la Commission de l’industrie militaire destinée à la recherche de nouvelles armes. Et le nouvel arrivant sur le sol germanique se fait prolixe. Au bout de plusieurs réunions, il appert qu’il détient un grand nombre d’informations inédites et précises. Ce que confirme un professeur de biologie, lui-même appointé par les services, venu assister ses collègues lors des interrogatoires. Il explique que si les inspecteurs internationaux à la recherche d’ADM n’ont rien trouvé, c’est parce que l’armée irakienne utilise des laboratoires montés sur des camions. Il précise qu’au moment de son départ, une de ces unités était déjà en fonction et que le régime prévoyait alors d’en fabriquer six autres. Pour preuve de la dangerosité de l’affaire, il affirme qu’un accident causant la mort de douze personnes a eu lieu sur l’un des sites.

    L’information remonte la chaîne hiérarchique de l’État allemand jusqu’à finalement aboutir sur un bureau de la Maison Blanche à Washington. Les dénégations d’un neveu de Saddam Hussein, lui-même en exil depuis 1995, n’y font rien. Les services français, anglais, israéliens et étasuniens croient dur comme fer cet Irakien capable de dessiner dans le détail les plans des sites ainsi que les camions incriminés. Les Américains envoient un satellite dont les images infirment les propos de Rafid : la hauteur du passage d’entrée de l’usine empêche toute circulation de véhicules de grandes tailles. Qu’importe. Même si quelques-uns de ces interlocuteurs commencent à le suspecter de mythomanie, le transfuge irakien est placé sous protection des services allemands, naturalisé, pourvu d’un bel appartement et d’un revenu conséquent. L’heure n’est plus aux tergiversations après l’attentat du 11 septembre 2001. Les faucons américains veulent attaquer l’Irak sans évidemment dévoiler les raisons plus obscures qui les animent, depuis le bizness du lobby-militaro industriel jusqu’à la mégalomanie la plus tordue de ses dirigeants. Leurs missions officielles : exporter la démocratie et liquider un criminel. Sans avoir jamais rencontré Rafid Ahmed Alwan al-Janabi, la CIA bricole maquettes, photos aériennes qu’elle va fournir au secrétaire d’État Colin Powell qui devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le 5 février 2003, agitera une éprouvette remplie de supposées souches d’anthrax « similaires à celles dont dispose Saddam Hussein » pour justifier l’assaut militaire contre l’Irak.

    Las ! Les troupes américaines vont revenir bredouilles de leur chasse tous azimuts aux ADM. En territoire irakien, sur le site même décrit par Rafid, il est confirmé qu’effectivement aucun camion ne pouvait ni entrer ni sortir. Quant aux poids lourds suspects, ils étaient destinés à transporter de l’hélium pour des ballons-sondes météorologiques… Plusieurs centaines de morts irakiens et la démission de quelques hauts responsables de la CIA plus tard, Rafid Ahmed Alwan al-Janabi vit toujours en Allemagne sous protection du BND… La révélation totale et définitive de ses mensonges n’aura bien évidemment rien changé ni aux fondements des principes dirigeant la société occidentale, ni même à la carrière et au prestige de ses décideurs.

  • C’est la rentrée
    http://cqfd-journal.org/C-est-la-rentree

    Et c’est déjà l’urgence ! à bâbord, notre bien aimé capitaine, LE François Maliet a décidé de rendre la barre qu’il tenait fermement depuis tant d’années. Il est parti prendre un peu l’air du large. Mais il n’est jamais très loin, nous aidant à garder le cap et à colmater les éventuelles voies d’eau. à tribord, les difficultés bien connues de Presstalis, notre diffuseur, ont des répercussions directes sur nos ventes en kiosque : moins distribués, moins visibles, moins achetés… Alors, il n’y a pas trente-six mille solutions : l’abonnement d’abord, la bataille des kiosques ensuite. De plus, en observant ce ciel menaçant, il nous est apparu qu’il fallait faire quelque chose de vraiment décisif ! Quelques-uns nous ont soufflé que le lâche abandon de notre animal totem ne nous aurait attiré que des emmerdes…

    Note pirate du stagiaire : Kikou ! Après le mail, le site, le tweet et le seenthis, ils ont enfin un facebook ! PTDR !!! Ces vieux chômeurs ont enfin compris à quoi ça servait de pas bosser : à poster des vidéos de chats crômignons et à lâcher des com’ et des likes ! CQFD trop lol !

  • Main basse sur Poussan par Cécile Février
    Illustré par Placid
    http://cqfd-journal.org/Main-basse-sur-Poussan

    Engagé dans des projets de développement mégalomaniaques, le port de Sète (Hérault) cherche des espaces de stockage pour une hypothétique affluence de conteneurs. La région a discrètement jeté son dévolu sur les terres d’une commune limitrophe. Mais faut pas pousser Poussan !

  • Balade dans une poudrière par Momo Brücke
    illustré par @l_l_de_mars
    http://cqfd-journal.org/Balade-dans-une-poudriere

    Cheminant depuis son village proche de la frontière mauritanienne jusqu’à Bamako, Moussa nous raconte ce qu’il a vu et entendu durant le coup d’État au Mali. Entre sentiment d’abandon, autonomie vécue plus que revendiquée et présence militaire qui se renforce à mesure que l’on approche de la capitale. Récit.

    « J’ai appris l’existence du coup d’État à la radio, le lendemain, le 22 mars. » À Kersignané, dans l’ouest du Mali, à quelque six cents kilomètres de Bamako, la déclaration des mutins a causé de vives discussions. « Pour beaucoup, raconte Moussa à CQFD, l’ex-président Amadou Toumani Touré [ATT] est un homme bien. La plupart des gens pensent que le coup d’État est une connerie. » Surnommé le « militaire démocrate », ATT a vécu et péri – politiquement – par les armes. Instigateur du coup d’État de 1991 qui renversa Moussa Traoré, il fit le geste rare de rendre le pouvoir aux civils après avoir assuré l’intérim. En 2002, il démissionne de l’armée afin de se présenter à la présidentielle. Il sera élu en affichant, pour seul programme, la volonté de travailler avec tout le monde, au-delà des barrières partisanes. Réélu en 2007, sa mauvaise gestion de l’insurrection touareg et salafiste lui coûtera le pouvoir, le 21 mars dernier, à un mois de la fin de son mandat. À être trop consensuel, à trop vouloir faire des grands écarts, ATT a fini par se péter les adducteurs.

  • En attendant les nanomerguez de carbone par Christophe Goby
    http://cqfd-journal.org/En-attendant-les-nanomerguez-de

    C’est le dernier avatar de l’industrialisation des animaux : identifier chaque animal, savoir de quel élevage il provient, ce qu’il a mangé le 29 février dernier. Le puçage par ce gadget qu’on appelle RFID (pour Radio Fréquence Identification) est en train de se généraliser pour chaque être vivant. C’est aussi la fin des pâturages tranquilles, de l’estive, des bergers qui couraient la montagne que racontent Antoine Costa et Florian Pourchi dans leur documentaire Mouton 2.0 – La Puce à l’oreille. Les « industriels de la production animale » comme préfère les nommer Jocelyne Porcher, ancienne éleveuse et aujourd’hui penseuse de la cause animale, veulent plus de rentabilité, de contrôle. Les éleveurs de la Drôme ou des Alpes-de-Haute-Provence, eux, souhaitent perpétuer une relation entre l’homme et son troupeau. Ils ne sont pas sur le déclin, certains sont même très jeunes et fiers de produire de la viande de qualité, provenant de bêtes qui mangent encore de l’herbe. Le contraste est saisissant quand on voit ces fameuses vaches à hublot qu’un chercheur malicieux de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) présente à l’écran. On le voit enfourner sa main dans la panse de la vache et en retirer une mixture chaude comme s’il accomplissait un geste de chirurgien.

    Il y a bien un monde entre ces messieurs des instituts de l’élevage, des chambres d’agriculture et celui d’hommes et de femmes ayant choisi de cultiver la campagne, d’élever des animaux en leur prodiguant des soins homéopathiques comme le feraient des parents aimants. Ces paysans connaissent leur métier, leur terre mais savent aussi leur légitimité. Face à eux, la loi des consortiums et des grosses sociétés alimentaires épaulés par des entreprises high tech comme le Pôle de traçabilité de Valence (Drôme) qui commercialise des puces RFID, et dont le patron nous explique les aspects commerciaux novateurs. Dans la montagne, les bergers poussent leur troupeau, renouent avec des peurs ancestrales, guident des bêtes sur des pentes abruptes. À Reillanne (Alpes-de-Haute-Provence) ou Vachères en Quint (Drôme), des éleveurs disent leur opposition à la technocratie. Ces combats contre la vaccination ovine, la fièvre catarrhale et maintenant le puçage ne font la une d’aucun grand magazine. Les régimes minceur et l’épilation du maillot remplacent la tonte. Mieux vaut ne rien savoir sur les merguez qu’on va griller cet été, sauf à connaître leur origine… en cas de pandémie ! Comme le dit cet éleveur de Limans (Alpes-de-Haute-Provence), « traçabilité ne veut pas dire qualité ». Il s’agit juste pour la filière viande de faire croire qu’on peut élever des animaux sans les traiter comme des êtres vivants, repérer un lot quand il est défectueux, et l’éliminer comme ce fut le cas pour la vache folle.

    Ils font peur, ces chercheurs, avec leur mine réjouie quand ils expliquent que pucés, les ovins peuvent être détectés dès leurs premières chaleurs pour être inséminés. On ne perd pas une minute. Sitôt que l’œstrus naît chez la brebis, elle est repérée pour servir de reproductrice. Et l’Inra de travailler main dans la main avec l’industriel prêt à commercialiser le prototype conçu.

    Les éleveurs qui témoignent dans ce documentaire sont tellement à part dans ce monde vendu à la marchandise qu’ils sont juste un collectif sans nom, sans syndicat. Ils ne viennent d’aucun parti. Ils veulent rester maîtres de leur vie et de leur activité comme Antoine de Ruffray ou Alain Guibert. Contre eux, il y a cette société qui veut concentrer les bêtes dans du béton, rendre l’animal viande avant d’avoir vécu.

  • Marseille sur basse-cour par Aristide Bostan
    http://cqfd-journal.org/Marseille-sur-basse-cour

    Dans l’immeuble règne une atmosphère d’ignorance cordiale : des voisins aimables mais fuyants, à l’exception d’une famille amicale, bruyante et toujours partante pour une tchatche à la fenêtre, et d’une dame sévèrement hystérique juste au-dessus, qui donne dans l’égosillement perpétuel. Tout ça leur convenait plutôt, les haricots et le tabac poussaient, les apéros se multipliaient quand le temps le permettait, et ils commençaient presque à se sentir chez eux. Un beau jour, ils ont récupéré deux poules – des pondeuses, of course – grâce à l’entremise d’un collègue cévenol. À part quelques réserves sur les nuisances à attendre, l’idée d’accueillir des gallinacés les a bien emballés, et ils ont vite mis sur pied un poulailler avec les matériaux de récup’ qui s’accumulaient, en prenant soin de protéger largement le sol. Si la production en œufs s’est avérée décevante, tout le monde a bien dû convenir que Poule Up et Poulègue étaient du genre silencieuses et inodores. Bien élevées, quoi. Au printemps, les ennuis leur sont tombés dessus sans prévenir : les sbires de l’huilier leur ont envoyé l’huissier pour un retard de dix jours dans le loyer. Après discussions et tergiversations, l’un d’entre eux a rendu visite à l’agence pour leur faire part d’une légitime surprise – et surtout, leur faire comprendre qu’il n’était pas question de payer la facture de six cents euros. Les rires sous cape qui l’ont accueilli l’ont laissé perplexe, jusqu’à ce qu’un employé, amusé, lui lâche : « La gestionnaire veut vous voir, par rapport aux poules ! »

  • 1947, INSURRECTION MANQUÉE ? par Anatole Istria
    http://www.cequilfautdetruire.org/spip.php?article1637&var
    Publié dans CQFD n°51, décembre 2007.

    Au sortir de la guerre, le mouvement ouvrier français participe à la reconstruction du pays dans ce que les syndicats appelle la « bataille pour la production ». La CGT est le syndicat majoritaire, fort de 4 millions de membres. Staline, le pépère au peupeuple, ordonne au PCF de lever le pied : l’heure n’est pas à la révolution. Pourtant, en Juin 1947, une première vague de grèves éclate du côté des cheminots, bientôt suivis par les gaziers, puis par les employés de banque et les mineurs, en opposition au plan Marshall. Durant l’été, s’ouvrent d’âpres négociations pour la hausse des salaires. Dans ce contexte pas si pacifié va se déclencher un puissant mouvement social à l’automne/hiver 1947, que le président Vincent Auriol qualifiera « d’insurrection froide ».
    C’est à Marseille que s’amorce un mouvement de grèves initié par la base qui va secouer le consensus de l’après-guerre. Avant et après la Libération, la citée phocéenne a particulièrement souffert des pénuries,mais les prolos tiennent le haut du pavé : quinze entreprises y ont été réquisitionnées où l’on tente d’appliquer la « gestion ouvrière ». Dans les quartiers Nord, des « équipes de choc » d’ouvriers bénévoles prennent en main les travaux de voirie. Le 10 novembre 1947, une délégation contre la hausse du prix du tramway se rend à la mairie. Quatre jeunes métallos, dont un ancien déporté, Joseph Dani, sont arrêtés suite à leur refus de payer le ticket. Le 12 novembre au matin, 5000 manifestants se rendent devant le Palais de justice où doivent être jugés les fraudeurs. À midi, la grève s’étend. Les dockers et les marins se joignent au rassemblement et forcent les portes du tribunal. À 14 heures, le drapeau rouge est brandi aux fenêtres : les juges préfèrent prononcer la relaxe. Pendant ce temps, à la mairie, la séance du conseil municipal est houleuse. Un conseiller gaulliste traite une conseillère coco de « fille publique » : la « fille » le gifle en retour. Le maire RPF Carlini fait appel à des nervis qui bastonnent les conseillers communistes. « Tous à la mairie ! » La foule des manifestants envahit l’Hôtel de ville. Les ouvriers font la distribution de torgnoles, le maire reçoit. Pour calmer la plèbe, l’ancien maire communiste, Jean Cristofol, annonce faussement la démission de Carlini au balcon. « À l’Opéra, à l’Opéra », quelques centaines de jeunes se lancent à l’assaut du quartier de la pègre, alliée objective de la corruption municipale. Vincent Voulant, jeune ouvrier des Aciéries du Nord, tombe sous les balles provenant d’un claque appartenant au clan Guérini. Une polémique s’ensuit dans la presse. On hurle à la menace du « complot communiste ». Les socialistes, Gastounet Deferre en tête, réclament « l’épuration de Marseille de tous les gangsters qui l’empoisonnent et la déshonorent ». Il s’agit ici des manifestants, pas de ses amis les Guérini. Les socialos dénoncent les « éléments troubles, dont de nombreux étrangers (sic), qui se sont livrés au pillage organisé de la mairie » (Le Provençal, 14/11/1947). Le préfet demande l’épuration des compagnies de CRS du Sud-est, accusées de « grande mollesse » et soupçonnées d’infiltration communiste (de nombreux CRS sont issus des milices patriotiques de la Libération).

  • Tigre de papier par Mathieu Léonard
    http://cqfd-journal.org/Tigres-de-papier

    C’est toujours avec beaucoup de curiosité qu’on soustrait des kiosques des gares La Revue des Livres, définie comme une « grande entreprise intellectuelle et politique économiquement précaire ». Le sixième numéro de la RdL est encore une fois riche et dense de grandes questions critiques qui rendent beaux-belles et intelligent-e-s ceux et celles qui s’y penchent : Chomsky et ses « interrogations fondamentales » sur le pouvoir et la liberté, Bourdieu et la sociologie de l’État, Angela Davis et la France, également un entretien foisonnant de Charlotte Nordmann avec les jeunes Aïcha, Ilhem, Nawel et Saloua sur leur rapport à l’école et à la culture, etc. Et puis, un article de Daniel Zamora qui nous invite à découvrir « un des philosophes italiens les plus importants de son pays » injustement méconnu en France : Domenico Losurdo. Ce penseur en appelle à une contre-histoire du libéralisme fort à-propos et, de fait, à repenser l’expérience du socialisme au XXe siècle. « Les bolchéviques [auraient] ainsi échoué à “établir une forme relativement stable de gestion du pouvoir” », avance-t-il en toute décontraction. Plus loin, on nous confirme très sérieusement que le socialisme politique était bien un « système inachevé » qui n’a malheureusement pas réussi « à penser l’importance de la limitation du pouvoir au sein de la nouvelle classe dominante » (doux euphémisme !). Fichtre, c’était donc ça ! Alors plutôt que de revenir à l’utopie et au messianisme des origines, il faudrait, selon Losurdo, revenir à l’éboration des « contenus concrets de ce qu’a été réellement l’expérience révolutionnaire ». C’est d’ailleurs à ce « socialisme réel » que s’est probablement référé Losurdo en commettant un calamiteux essai historique de réhabilition du petit fusilleur des peuples (cf. Staline : histoire et critique d’une légende noire, Aden, 2011), ouvrage sur lequel l’obligeant article omet d’insister.

    On trouvera par contre une recension dudit ouvrage de Losurdo dans À contretemps – à ne pas confondre avec la revue théorique Contretemps –, mais cette fois pour déplorer « l’existence d’un courant néo-stalinien qui cherche […] un écho dans les milieux dits radicaux au nom d’un anti-impérialisme de pacotille, prêt à justifier les pires dictateurs de notre époque. » Le Bulletin (libertaire) de critique bibliographique, qui « paraît au gré des lectures, des envies et des circonstances », revient par ailleurs sur un certain nombre de bouquins parus récemment. C’est de grande qualité, même si ici on aurait apprécié voir appuyer la critique à l’égard du dernier livre de Jean-Claude Michéa, dont la nostalgie aux contours parfois incertains et les cibles répétitives rejoignent si souvent les idées fixes des réactionnaires pontifiants.

    Autre revue précieuse et confidentielle, Nous autres (peut-être en référence à Zamiatine, qu’on lira favorablement pour se prémunir des « grands philosophes » du type de celui cité plus haut) reparaît après deux ans d’absence avec en débat les stratégies de l’insurrectionnalisme et ses impasses, ainsi qu’un témoignage poignant sur le séisme de L’Aquila. (nousautres@ptitcanardnoir.org)

    Toujours une impeccable tenue graphique et des contenus roboratifs pour le trimestriel Offensive. Une thématique au centre de ce numéro : l’Info en lutte(s). « Contrairement aux petits soldats du journalisme qui affichent une neutralité de façade et se tiennent à distance de leurs sujets, nous assumons et revendiquons notre subjectivité et notre appartenance au camp des minorités, des opprimé-e-s et des résistant-e-s. » Et de revenir sur les pratiques plurielles des médias auto-organisés, tels que CQFD… Ah oui, tiens, CQFD ! Dégotable en kiosque.

  • Roms méchamment arrangés par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Roms-mechamment-arranges

    L’enquête n’aura pas été simple pour identifier les quatre policiers impliqués, le 22 novembre 2011, dans une expédition violente contre des Roms, à proximité de l’église Saint-Martin d’Arenc, dans le IIIe arrondissement de Marseille. Rappel des faits : une équipe de trois flics, dont une femme, bientôt rejointe par un quatrième collègue, agresse un groupe de Roms. Ils détruisent les stocks de nourriture, gazent hommes, femmes et enfants, et l’un des fonctionnaires exhibe même son arme de service. Ils insultent, se moquent et frappent à tel point qu’une des victimes se casse le col du fémur. Et tous racontent qu’ils les connaissent bien, ces agresseurs en uniforme, puisqu’ils viennent régulièrement les harceler et les menacer.

    http://seenthis.net/messages/46381

    • Je ne sais pas si la carte est absconse, elle me paraît même assez limpide. D’ailleurs, elle ressemble beaucoup à la carte représentant la densité de la population en Europe…

      La question sous-jacente à la limpidité , est peut-être celle de l’unité d’œuvre de l’activité policière : personne ou km2, ou un mixte des deux ?

    • Salut Simplicissimus,

      Si on a tenu à préciser que cette carte était absconse, c’était un peu pour attirer l’attention sur ce qui aurait pu passer pour une erreur, à savoir la curieuse idée de rapporter le nombre de flics à la superficie nationale et pas au nombre d’habitants, et suggérer que c’était fait exprès, si si.

      Ce qui répond partiellement à la suite de ta remarque : vu que la ville est de plus en plus « passante » et connectée, faite pour le mouvement, adaptée aux flux mais pas aux habitants, les forces de l’ordre auront probablement de moins en moins d’êtres humains à fliquer. Et comme au Cresadt, on est toujours en avance d’un temps, on a anticipé cette époque à venir où la police surveillera le territoire lui-même, en fournissant les outils cartographiques appropriés.

      D’ailleurs, en regardant la carte de la densité policière et celle de la densité de la population, j’y vois un impair majeur : elles agrègent les infos à l’échelle nationale, ce qui ne donne pas une image très réaliste. La vallée du Rhin, par exemple, est très peuplée, que ce soit en Allemagne ou en France...

      Au plaisir de continuer la discussion !

      Jérémy du Cresadt

    • Bonjour Jérémy,
      je me doutais bien un peu que l’abstrusion supposée de la carte, venant d’éminents cartographes, était un appeau à troll…
      Pour l’impair majeur, je dois confesser que j’ai mis cinq secondes à trouver une carte de densité de population au niveau des régions et une bonne minute pour le niveau national.

  • Le serment de Toto par François Maliet
    http://cqfd-journal.org/Le-serment-de-Toto

    Le dernier film de Bernard-Henri Lévy (BHL) traite un peu de la Libye et – paraît-il – beaucoup de lui-moi-je. Malgré une campagne médiatique agressive, même les salles obscures fuient ce tout-à-l’ego. Nous ne saurons donc pas si l’œuvre élude certaines questions, comme celle que posent les relations entre le président soudanais – recherché pour génocide – et le Tripoli nouveau.

  • L’art de vivre comme ça nous boume
    http://cqfd-journal.org/L-art-de-vivre-comme-ca-nous-boume

    Deux bouquins récents de l’Harmattan s’attaquent à l’utopie. Approchons-nous d’eux à petits pas méfiants car ils sont fristouillés par des grosses têtes universitaires. Le livre Anarchie éclairée du professeur de philosophie du droit Matthias Kaufmann décrit fort lourdinguement « la communauté des hommes libres et égaux » proposée par Aristote dans laquelle quelques privilégiés d’apparence débonnaire gouvernent et se laissent gouverner à tour de rôle en glosant sur l’utile et le juste. Il rappelle quelques pages plus loin que les anarchistes à la Bakounine ont cherché à « démocratiser » cette conception aristocratique du refus des hiérarchies durables en l’appliquant au peuple entier dans le cadre d’une « possession commune du sol et des moyens de production » et d’une généralisation de « l’égalité, de la solidarité, de la coopération libre et volontaire ». Puis voilà le professeur Kaufmann qui prend soudain son bœuf : il chipote sur toute la ligne le radicalisme révolutionnaire du « démon de la révolte » Bakounine (tout en ménageant le bien plus pondéré leader libertaire Kropotkine) et se démasque poisseusement : « Un mouvement anarchiste ne saurait aujourd’hui se passer du bouclier de l’État libéral… »

    Je craignais après cette douche de glu que l’étude collective L’Utopie. Art, littérature et société soit de la même farine. Surprise ! Il n’en est rien. Le docteur en philosophie martiniquais qui l’orchestre, Dominique Berthet, balance dans les gencives des amateurs d’art mortifère que pour lui, le vrai art, c’est « la création d’autres mondes, d’autres possibles ». Que c’est « un espace de résistance, d’insoumission, de transgression » nous conviant comme Oscar Wilde à faire de « notre vie une œuvre d’art ». Et de se référer aux rebelles dadaïstes, au turbulent futuriste Marinetti, au musicien John Cage qui voulait « abolir la frontière entre l’art et la vie », au mouvement Fluxus appelant, dans les années 1960, les artistes à la révolte armée, aux actionnistes viennois foutant le souk partout puis, naturellement, aux mauvais garnements situs [1].

    Mais il n’est pas question pour Dominique Berthet de s’en tenir à une visite guidée du musée des tentatives de fusion entre l’art et la vie. Dans son avant-propos au livre, comme dans le chapitre « L’art, une utopie incarnée ? », il nous ramène aux combats farouches du jour pour une vie différente. « Il convient de revendiquer l’utopie non pour ce qu’elle fut mais pour ce qu’elle peut offrir de nouveau, d’inédit, de plus juste, de plus épanouissant. » Pas mal du tout, Dr Berthet, tu mérites qu’on te roule des saucisses !

  • Faut pas prendre les Hellènes pour des poires
    par Gilles Lucas & Vassilis Papageorgiou
    http://cqfd-journal.org/Faut-pas-prendre-les-Hellenes-pour

    Alors que les foudres de l’Union européenne et des institutions financières mondiales continuent de s’abattre sur le pays de Socrate, de plus en plus de Grecs semblent décidés à reprendre les affaires de la cité en main. Exemples de ces héroïques expérimentations sociales…

  • Mais qu’est-ce qu’on va faire de... Stéphane Hessel
    par Thierry Degrave
    http://cqfd-journal.org/Mais-qu-est-ce-qu-on-va-faire-de-652

    Spécialiste pendant trente ans de la coopération et du développement, et défenseur de relations plus justes avec les pays du Tiers-Monde, le petit père de l’indignation Stéphane Hessel s’est intéressé à l’Afrique tout au long de sa carrière. Mais, depuis son premier séjour au Congo en 1953, alors qu’il travaillait pour les Nations unies, jusqu’à ses voyages au Burkina Faso dans les années 1990, ses aventures africaines apparaissent comme une succession de déconvenues. Le mot « échec » revient d’ailleurs presque chaque fois qu’il est question du continent noir dans son autobiographie, Danse avec le Siècle (Seuil, 1997). Laquelle ressemble fort, du coup, à l’autoportrait d’un poisson rouge cherchant à faire rendre gorge à un banc de requins.

    Or, de requins, la Françafrique en est peuplée. Et de tellement carnassiers qu’ils digèrent tout ce qui leur passe sous le nez. Le chapitre que Stéphane Hessel consacre à ses amitiés avec le président burkinabé Blaise Compaoré est à ce titre assez éloquent. Les deux hommes se sont rencontrés au début des années 1990, quand le président du Burkina Faso cherchait des alliés pour ripoliner l’image internationale de son régime.

  • Expressions déviantes par Mathieu Léonard
    http://cqfd-journal.org/Expressions-deviantes

    Il n’est pas trop tard pour parler d’ Amer , revue finissante, même si son cinquième et dernier numéro (décembre 2011) semble, hélas, bien être le dernier. Élaborée par les Âmes d’Atala, maisonnette d’édition lilloise consacrée à la littérature décadente, Amer donne une place importante aux plumes énervées de la « Belle époque » telles que Léon Bloy, Barbey d’Aurevilly ou Pierre Louÿs, poète mystificateur et photographe érotomane. La revue s’intéresse également à d’autres déviances sociales stylées « fin de siècle » : arts macabres, bombes anarchistes, punk-rock français et autres voyousetés, le tout agrémenté d’un choix photographique plutôt subtil et parfois osé pour un public sensible. Il est donc plus que temps de découvrir et faire découvrir cet objet de curiosité (la curiosité étant considérée ici comme une méchante qualité) qu’on peut se procurer notamment à la librairie Le Monte-en-l’air, rue de Ménilmuche à Paris-la-grand’ville.

    Autre revue positivement bizarre bien que plus essentiellement graphique et tout en couleur, Hey ! (modern art & pop culture) fournit une nourriture visuelle très riche au croisement de tous les arts visuels populaires. Le numéro 10 vient de paraître et d’être célébré sous chapiteau.

    http://zamdatala.net
    http://www.heyheyhey.fr/fr

  • Les « hommes couverture » par Sébastien Navarro
    http://cqfd-journal.org/Les-hommes-couverture

    1972, blocs H de la prison de Long Kesh en Irlande du Nord. Une quarantaine de militants de l’Irish Republican Army (IRA), emmenés par Billy McKee, se lancent dans une grève de la faim pour obtenir le statut de prisonniers politiques. L’obtention d’un tel statut, outre qu’il permet de s’affranchir des règles pénitentiaires ordinaires et de porter des vêtements civils, vise à une reconnaissance du combat politique porté par les Républicains en lutte pour l’unification de leur île. Sous la pression, le gouvernement britannique bricole un statut spécial qui reconnaît tacitement les militants de l’IRA comme des prisonniers de guerre. De courte durée. Le 1er mars 1976, Albion la perfide renoue avec sa stratégie de criminalisation des indépendantistes irlandais : fin du statut spécial pour les futurs prisonniers.

  • Mittal de fer dans un gant d’acier par Tristan Thil
    http://cqfd-journal.org/Mittal-de-fer-dans-un-gant-d-acier

    Le candidat socialiste avait promis : une fois élu, il tenterait bien de faire quelque chose pour Florange. Mais pour les « mitallos » sur place, le doute subsiste : les gouvernements européens auront-ils la volonté de contrer le magnat de l’acier qui a pour coutume de profiter des largesses des pouvoirs publics ?

  • Une caravane contre un blocus par Damien Fellous
    http://cqfd-journal.org/Une-caravane-contre-un-blocus

    Le Sur de Bolivar pourrait être un havre de paix de 1,8 million d’hectares au cœur de la région la plus peuplée et développée de Colombie. Mais cette zone montagneuse, contournée par les grands axes et peuplée par quelques dizaines de milliers de paysans et de mineurs artisanaux, est un territoire très riche en minéraux. Et les ennuis commencent.

  • L’or, l’argent et e plomb par Damien Fellous
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    La Toma est un village de chercheurs d’or artisanaux du Cauca, au sud-ouest de la Colombie. Ces descendants d’esclaves des mines de la Couronne espagnole continuent à extraire le minerai de la montagne selon des méthodes ancestrales. Ailleurs, comme dans le Sur de Bolivar (voir pp. 10-11), les techniques sont plus polluantes, mais les petits producteurs sont tout aussi menacés par les multinationales minières et la pression conjointe de l’armée et des paramilitaires. Aujourd’hui, près du tiers du sous-sol colombien est donné en concession – environ 70 % de la partie andine, plus encore dans certaines régions. Reportages.