• « Not in my name ! », par Anselm Jappe (au sujet de la question « Pourquoi voter ? ») - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-not-in-my-name-par-anselm-jappe-101646800.html

    Dans une des Histoires de Monsieur Keuner de Bertolt Brecht, intitulée « Mesures contre la violence », Keuner raconte ceci : « Un beau jour, au temps de l’illégalité, M. Egge qui avait appris à dire non, vit venir chez lui un agent, qui présenta un certificat établi par ceux qui étaient les maîtres de la ville, et sur lequel était écrit que toute demeure dans laquelle il posait le pied devait lui appartenir ; de la même façon, toute nourriture qu’il désirait devait lui appartenir, et tout homme qu’il apercevait, devrait devenir son serviteur. L’Agent s’assit sur une chaise, réclama à manger, fit sa toilette, se coucha et demanda le visage tourné vers le mur : ‘‘ Vas-tu être mon serviteur ? ’’ M. Egge le couvrit d’une couverture, chassa les mouches, veilla sur son sommeil, et comme ce jour-là il lui obéit pendant sept années. Mais quoi qu’il fît pour lui, il y eut une chose qu’il se garda bien de faire : c’était de dire un mot. Lorsque les sept années furent passées, et que l’Agent fut devenu gros à force de manger, de dormir et de donner des ordres, l’Agent mourut. Alors M. Egge l’enveloppa dans la couverture tout abîmée, le traîna hors de la maison, nettoya la couche, passa les murs à la chaux, respira profondément et répondit : ‘‘ Non ! ’’ »

    • Si, si, j’ai déjà vu la politique l’emporter sur le marchand ! C’était dans un hall d’immeuble occupé par des jeunes (délit !) qui refusaient de délivrer des psychotropes à leurs clients car pris dans un débat trop intense sur la place de l’islam dans leurs vies. (Ah, on me fait signe en régie que ce ne serait pas la politique mais plutôt le politique.)
      Et l’intro du texte, utilisée en citation, fait vraiment flipper. Il me semble que c’est la parfaite illustration que l’abstention, si elle est indispensable, n’est pas pour autant suffisante et qu’il nous appartient de lutter par le biais d’autres moyens, notamment ceux que l’Etat confisque au nom du vote.

  • Christian Vanneste, Proposition de loi visant à rendre obligatoire le travail en détention afin notamment de faire participer les personnes condamnées aux frais de leur incarcération
    http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion4306.asp

    La pension en centre pénitencier représente un véritable #coût pour la collectivité. À titre d’exemple, le coût moyen d’un détenu en maison d’arrêt dépasse les 100 euros par jour. Il n’est pas normal que cet effort financier soit en totalité soit pris en charge par les contributions publiques, car l’#incarcération du détenu n’est que le résultat de son comportement.

    Je préfère largement Christian Vanneste à Stéphane Hessel. Alors que le second appelle à gentiment s’indigner, le premier signe sans cesse des appels à tout cramer.

  • Si nous souhaitons vraiment sortir de ce « rêve #dogmatique » (Kant) qu’est le #capitalisme et reconnaître cet autre véritable coeur des ténèbres, il nous faut reposer, dans la situation qui est la nôtre, la question de Brecht : « Qu’est-ce que le cambriolage d’une banque comparé à la fondation d’une nouvelle #banque ? » (L’Opéra de quat’sous). Qu’est-ce que le #vol de deux ou trois mille dollars, pour lequel on est expédié en prison, comparé à la #spéculation financière qui met sur le carreau des dizaines de millions de personnes, privées de leurs foyers et de leurs économies, spéculation dont les auteurs se voient ensuite récompenser par une aide d’#Etat de sublime grandeur ? Qu’est-ce qu’un chef de guerre local congolais à côté d’un P-DG occidental éclairé et concerné par l’écologie ?

    Slavoj Žižek, Vivre la fin des temps

  • [Les gens] ne voient autour d’eux qu’abominable pauvreté, qu’abominable laideur, qu’abominable famine. Comment pourraient-ils ne pas en être forcément émus ? [...] En conséquence, avec des intentions admirables, mais mal placées, ils s’attellent avec le plus grand sérieux et la plus grande #sensiblerie à cette tâche qui consiste à remédier aux maux qu’ils constatent. Mais leurs remèdes ne guérissent pas la maladie : ils ne font que la prolonger. Mieux : leurs remèdes font partie intégrante de la maladie. Ainsi, pour prendre un exemple, ils essaient de résoudre le problème de la pauvreté en maintenant les pauvres en vie ; ou bien, s’ils appartiennent à une école très progressiste, en amusant les pauvres. Mais cela ne résout rien ; cela aggrave les difficultés. L’objectif correct consiste à essayer de reconstruire la société sur une base telle que la pauvreté soit impossible. Et l’#altruisme vertueux a bel et bien empêché d’atteindre cet objectif. De même que chez les propriétaires d’esclaves, ceux qui étaient bons pour leurs esclaves étaient les pires, car ils empêchaient par là que le caractère horrible du système fût ressenti par ceux qui le contemplaient. [...] La #charité est à l’origine de beaucoup de péchés. [...] Il est immoral d’utiliser la #propriété privée pour alléger les maux effrayants qui résultent de l’institution même de la propriété privée.

    Oscar Wilde, L’âme de l’homme sous le socialisme

    • @0gust1
      Quant au sens de désavouer, voici le contexte de la citation.

      Le plus souvent, ce « bruit de fond » véhicule l’obscénité de la violence barbare qui sous-tend la face publique du maintien de l’ordre. C’est pourquoi la thèse de Benjamin suivant laquelle tout monument de civilisation est aussi un monument de barbarie a un impact précis sur la notion même d’être civilisé : « Aujourd’hui, être civilisé veut dire se savoir potentiellement barbare. » Toute civilisation qui désavoue son potentiel barbare a d’ores et déjà capitulé devant la barbarie. C’est ainsi qu’on devrait interpréter une étrange confrontation à Vienne en 1938 lorsque la Schutzstaffel vint perquisitionner au domicile de Freud : le face à face du vénérable Freud et d’une jeune crapule SS est une métaphore de cheque fut le meilleur de la vieille culture européenne confronté au pire de la barbarie nouvellement émergente. Il faudrait néanmoins se souvenir que la SS se percevait et s’érigeait elle-même en gardienne de la culture européenne et de ses valeurs spirituelles face à la barbarie de la modernité, centrée sur l’argent et le sexe - une barbarie qui, aux yeux des nazis, était incarnée par le nom « Freud ». Cela suggère que nous devrions pousser plus loin encore la thèse de Benjamin : et si la culture elle-même n’était qu’une halte, une pause, un répit dans la poursuite de la barbarie ?

      Je pense que désavouer est donc à prendre ici dans le sens de refuser de voir (et reste néanmoins intéressé par toute autre interprétation).

  • Alain Accardo, Bêtise à haut débit
    http://blog.agone.org/post/2012/01/21/Bêtise-à-haut-débit

    Le monde #capitaliste a toujours été générateur de vrais maux et de faux remèdes et ses vieilles recettes, remises au goût du jour, sont toujours efficaces : #diviser le peuple, dresser les travailleurs les uns contre les autres, attiser le racisme, détourner la colère sociale sur des boucs émissaires, rendre les malheureux responsables du malheur des autres, culpabiliser les pauvres. Et ça marche toujours, grâce à l’#imbécillité ambiante. Il suffit de lire les commentateurs d’Internet pour s’en convaincre et pour comprendre que si les premiers ennemis du peuple sont ceux qui vivent sous les lambris des salons bourgeois et des palais ministériels, il en est d’autres, non moins virulents, qui se trouvent dans le peuple lui-même et dont il n’y a aucune arrogance élitiste à dénoncer la malfaisance.