Comment “Envoyé spécial” a réussi à décrocher la première interview télé de Julien Coupat - Télérama.fr
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Comment avez-vous réussi à convaincre Julien Coupat de témoigner devant une caméra ?
Je suis l’affaire Tarnac depuis les débuts. Quand je travaillais encore à TF1, en 2009, j’avais tourné en caméra cachée l’interview du fameux « témoin 42 », cette personne qu’on avait forcée à signer une fausse déposition accusant Julien Coupat d’être à la tête d’une organisation terroriste. Je l’ai régulièrement relancé depuis, au gré des événements judiciaires. Il a fini par accepter, à la veille de son procès. Cela donne selon moi une vraie rencontre avec un vrai personnage.
A-t-il exigé des conditions particulières ?
Oui. Il souhaitait être accompagné par Mathieu Brunel, un de ses camarades du groupe Tarnac (1). Julien Coupat défend le principe de l’horizontalité et ne veut pas apparaître seul et comme étant le chef. Il estime aussi ne pas être un grand orateur, et ça le rassure d’avoir quelqu’un à ses côtés pour éventuellement compléter ses réponses ou son discours. Ils sont venus avec un pense-bête de neuf pages ! Il se place dans une posture complexe.
Des questions anodines peuvent lui paraître très agressives. A un moment de l’entretien, j’emploie le mot « coïncidence » : il décrypte le terme, mais ne répondra pas à la question. Il ne veut pas s’exprimer sur le fond. Il est très méfiant vis-à-vis des médias et de la télévision. Mais je crois qu’il a compris l’intérêt de notre démarche, que ce n’était pas une interview classique mais davantage un échange où il avait la possibilité de revenir sur les zones d’ombre de l’enquête.
Qu’apprend-on qui ne soit pas déjà connu de ceux qui ont suivi l’affaire ?
On n’apporte pas de nouveaux éléments au dossier proprement dit. On rafraîchit simplement la mémoire de ceux qui connaissent peu ou mal l’affaire #Tarnac tout en racontant la fabrique d’un suspect idéal. Julien Coupat s’exprime pendant plus de la moitié du reportage, qui dure trente minutes. Il refuse de clamer son innocence, dans la plus pure tradition anarchiste. Et cite Michel Foucault, fait part de sa vision du monde, parle des zadistes, etc. Pour nous, le pari était de garder toute la complexité intellectuelle du personnage tout en rendant le sujet intelligible et intéressant pour le grand public. Le montage n’a pas été facile.