Tsig boum tsoin tsoin
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Chez nous, quand on parle de musique tsigane, c’est surtout pour évoquer la musique d’Europe de l’Est. Cette musique est devenue à la mode avec les films de Kusturica et Gatlif, le tout dans un imaginaire mélangeant exotisme oriental et pratiques festives. Ces films ont stimulé un fantasme occidental : celui du Tsigane libre comme l’air et qui fait la fête tout le temps en dansant autour d’un feu. Fantasme qui se reproduit d’ailleurs de siècles en siècles (Esmeralda, Carmen, etc.) et contraste avec le racisme qu’ils subissent, qui est encore plus fort en Roumanie qu’en Europe occidentale. En fait, lorsqu’on parle de musique tsigane en France, on fait une grande confusion parce qu’on se réfère à tout ce qui est musique balkanique. La seule différence entre musique tsigane et musique locale est dans la manière de l’interpréter. La matière musicale, les mélodies sont les mêmes, mais les Tsiganes ont une manière de les jouer qui en fait un style tsigane avant d’être une musique spécifiquement tsigane. Il n’y a pas d’harmonies ou de rythmes spécifiques qui seraient arrivés d’Inde par exemple, mais des patrimoines locaux communs que les Tsiganes se sont appropriés. On doit donc parler de musiques tsiganes au pluriel. C’est seulement à travers ce processus d’appropriation et d’interprétation de ce qui existe sur place pour le transformer et le vivre à leur manière que l’on peut parler d’un trait commun aux Tsiganes d’Espagne, de Hongrie, de France, de Roumanie…