• Portugal : « Sur le passage de quelques milliers de personnes à travers une assez courte unité de temps »
    http://dndf.org/?p=12925

    Jusqu’à ce que cette onde de choc ait traversé nos vies, la gauche était alors le seul horizon politique pour l’écrasante majorité des gens qui sortaient dans les rues pour protester. Pour la majeure partie des mouvements sociaux, la langue commune était celle de la revendication des droits et, avant tout, de celle d’un gouvernement meilleur. En corollaire de cet état de choses, toutes les luttes étaient canalisées, sur le plan du discours comme sur celui des modèles d’organisation, vers le grand objectif de donner vie à une « alternative de gauche », à une « modernisation démocratique » ou à n’importe quelle autre variante plus ou moins molle du capitalisme à visage humain. Les mouvements avaient des porte-parole qui les représentaient pour apparaître à la télévision et expliquer aux masses de spectateurs ce que voulaient les masses de manifestants, d’une manière crédible et construite, voire pédagogique, ceci afin de faire comprendre « aux Portugais » qu’ils n’étaient plus qu’à un bulletin de vote du bonheur éternel. Naturellement, toutes les attitudes de conflit, de désobéissance ou de défi avaient pour inconvénient de perturber l’image pacifiée et gentillette de la rue, et ceux qui les adoptaient se voyaient accusés des pires méfaits qu’on puisse imaginer, traités de vandales, de provocateurs, d’individus violents ou, accusation la plus grave, d’être « atteints de la lubie de penser qu’ici, on est en Grèce« .

    #Portugal #crise #austérité

  • Esclave pendant douze ans : réalité brute
    http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/cinema/201311/07/01-4708473-esclave-pendant-douze-ans-realite-brute.php

    Le troisième film de Steve McQueen (Hunger, La honte) s’attarde au destin de Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor), un homme libre et instruit qui est kidnappé, puis vendu comme esclave, en 1841, dans le sud des États-Unis. Dépouillé de son identité, il partage avec d’autres d’Afro-Américains la souffrance des humiliations quotidiennes, du labeur exténuant et des familles divisées. Une situation d’autant plus cauchemardesque pour Northup que sa femme et ses enfants ignorent tout de son triste sort.

    Le réalisateur filme crûment la brutalité et les dégradations que subissent les esclaves. Le long métrage est d’autant plus percutant qu’il s’agit de l’adaptation de l’autobiographie de Northup, publiée en 1853.

    http://www.entremonde.net/client/gfx/photos/produit/16RUPTURE2_47.jpg

    #histoire #esclavage #États-Unis

  • Géométrie d’un assassinat
    http://www.article11.info/?Geometrie-d-un-assassinat

    S’il semble difficile de dater la mise en œuvre de cette administration privée du fait migratoire, il s’avère par contre aisé d’identifier le moment précis où cette économie discrète a été ébranlée. En février 2002, le premier numéro de Beacon - newsletter éditée par le groupe d’assureurs maritimes Skuld - soulignait les effets néfastes des politiques sécuritaires consécutives aux événements du 11 septembre 2001 sur les procédures de rapatriement des passagers clandestins. Outre une difficulté croissante à obtenir des laissez-passer et la nécessité désormais incontournable de prévoir une escorte privée lors d’une réadmission par avion, Beacon signalait également la quasi-impossibilité de débarquer des ressortissants arabes ou afghans, les États tiers n’autorisant plus leur transit aérien sur leurs territoires. Après s’être répandu en avertissements d’ordre pratique - montrant combien le sécuritaire contrevenait à la performance économique -, le groupe Skuld recommandait pourtant la lecture d’un article du quotidien libanais An-hanar narrant l’histoire d’un passager clandestin suspecté d’être en cheville avec Ben Laden, et interpellé en possession de quatre millions de dollars. Aussi fumeuse qu’elle puisse paraître, Beacon assurait ses collaborateurs de l’intérêt d’une anecdote, qui « illustre comment le fait de voyager clandestinement peut être utilisé afin de faciliter les mouvements ainsi que les activités criminelles et terroristes ».

    #migration #répression

  • Le nouvel esclavage
    http://dndf.org/?p=12919

    Les sous-traitants asiatiques d’Apple sont souvent pointés du doigt pour les conditions de travail dans leurs usines, et les conditions de vie et de sécurité de leurs employés. Et si Apple tente de faire bonne figure dans ce domaine, conduisant des audits annuels d’une partie de ses fabricants et rédigeant un rapport sur les conditions de travail dans les usines, certaines conséquences des exigences de l’entreprise font froid dans le dos. Certes, cette histoire est celle de la mondialisation économique, et les griefs à faire à la Pomme sont souvent opposables à nombre de ses concurrents, mais l’ampleur des lancements des nouveaux produits Apple rendent le cas de l’entreprise presque unique.Quand Apple lance un nouveau produit, c’est une véritable migration qui se déroule dans de nombreux pays d’Asie, pour alimenter des chaines de production qui ont besoin de centaines de milliers de salariés.

    #travail

  • C’est un peu le même délire quand on va chercher des livres :
    http://www.article11.info/?Version-papier-C-est-reparti-comme

    Moustache : « C’est vous qui imprimez ça ? »

    Conducteur : « Bah oui. »

    Moustache : « Ça a l’air bien. (un temps) Et, comme ça, on vous a décorés ? Z’êtes de notre côté ? Vous aimez l’ordre ? »

    Conducteur : « La couverture est pas assez explicite, peut-être, Brigadier ? Bien sûr qu’on est décorés ! Et pas qu’un peu ! Limite, les médailles pleuvent sur notre publication comme le doryphore sur les patates. »

    Moustache : « Veuillez excuser, je ne savais pas. (Un temps). Vous pouvez y aller. Et encore bravo pour les médailles ! »

    Conducteur : « C’est ça, Amiral. Le bonjour à la famille. »
    *

    On a repris la route, lui derrière et nous devant. Soulagés, bien sûr, mais aussi un peu perplexes - bordel, combien de fois le second degré au carré de nos graphistes va-t-il nous sauver la mise ?

    C’est vers Saint-Quentin que les drogues ont commencé à faire effet. Je me rappelle avoir dit un truc du style « ça monte, ça y est je décolle, vaut mieux que tu conduises ». Soudain, il y eut un énorme grondement autour de nous. Et le ciel fut rempli de ce qui semblait être d’énormes chauves-souris qui voltigeaient, criaient, et voletaient autour de la voiture. Et une voix cria « Doux Jésus, c’est quoi ces putains de bestioles ! »

    #journalisme_gonzo

  • 12 Years a Slave : aussi puissant que douloureux...
    http://www.lapresse.ca/cinema/201308/17/49-4521-12-years-a-slave.php

    Dans 12 Years a Slave, l’acteur anglais Chiwetel Ejiofor (Amistad, Children of Men) se glisse dans la peau de Solomon Northop, auteur du récit autobiographique duquel le scénario (signé John Ridley) est l’adaptation. Publié en 1853, soit le lendemain de la libération de M. Northop des griffes de ses maîtres, ce livre relatait le calvaire que cet homme a dû traverser pendant toutes ses années d’esclavage.

    Habitant à Saratoga, dans l’État de New York, Solomon était pourtant un homme libre. Musicien respecté, il coulait ses jours paisiblement avec femme et enfants. En 1841, il a été kidnappé, transporté au Sud et vendu comme esclave. Il sera miraculeusement « sauvé » de sa condition 12 ans plus tard.

    Et le livre devrait arriver la semaine prochaine !

    http://www.entremonde.net/client/gfx/photos/produit/16RUPTURE2_47.jpg

    #esclavage #histoire #États-Unis

  • D’un atelier l’autre
    http://cqfd-journal.org/D-un-atelier-l-autre

    Il se trouve que depuis quelques semaines, en plus de mon boulot, je côtoie le quotidien au travail des cheminots. Le Comité d’établissement régional de la SNCF, composé de militants CGT et Sud, m’a confié, ainsi qu’à un copain photographe, le soin de faire un livre sur un atelier de réparation de la SNCF (et surtout sur ceux qui y travaillent) : le « technicentre de Sotteville-lès-Rouen », plus connu dans la région sous le nom de Quatre-Mares. C’est un lieu important de l’histoire sociale des cheminots mais aussi de la région rouennaise. Et s’il existe quantité de livres sur les trains, les gares, l’histoire de la SNCF, on en trouve peu qui racontent les conditions de vie et de travail, hier comme aujourd’hui, des ouvriers de base.

    #travail #France

  • Traduction française de l’éditorial de Sic 2
    http://dndf.org/?p=12907

    L’évidence logique n’est pas ce dont la réalité des choses est faite. La segmentation extrême du prolétariat dans le capitalisme restructuré peut facilement brouiller la distinction de « qui se bat pour quoi », et ce n’est qu’une maigre consolation que le résultat final ne puisse être que la victoire ou la destruction du Capital. D’un autre coté, nous ne sommes plus en présence d’un affrontement central entre capital et travail au milieu des couches sociales précapitalistes ou proto-capitaliste qui pourraient appuyer ou non l’un des protagonistes. L’ensemble de la société a été absorbé et reproduit par le Capital, ce qui signifie, entre autres choses, que les différentes couches moyennes, salariées ou non, ne peuvent pas ne pas être directement impliquées. Dans le monde réellement globalisé du capitalisme restructuré, l’unification n’est obtenue que par la construction des différences dont la corrélation est propice à l’unification souhaitée – les objectifs étant adaptés ou réinitialisés à mesure que la configuration actuelle des forces prend forme. Le zonage des régions du monde et à l’intérieur de chaque région et chaque pays, semble beaucoup moins stable que ce qui, à un certain moment, est apparu comme une fractalisation bien agencée du monde, avec sa consubstantialité inévitable d’autoritarisme et d’abattage. Dans un contexte de crise prolongée, les prolétaires luttent pour survivre et les diverses couches moyennes s’efforcent d’éviter la prolétarisation et la marginalisation, alors que la lutte fratricide des divers capitaux a tendance à hésiter indéfiniment entre deux résultats « pur », mais tout aussi impossible : maintenir la mobilité mondiale instantanée du capital et, dans le même temps, reporter la dévalorisation massive nécessaire à toute sorte de nouveau départ ; retomber dans l’étreinte chaleureuse d’Etats ou de blocs d’Etats prêts à peser de manière décisive par des bombardiers, des chars, des services secrets et tout l’attirail, dans le jeu toujours renouvelé de l’appropriation de la plus-value produite au niveau mondial. La « normalité » du capitalisme restructuré a été dirigée vers une fluidité globale sans entrave du capital et une gestion répressive des espaces nationaux à travers des Etats dont le seul élément réellement national serait l’idéologie de la répression de leur ennemi intérieur. Sa crise est confrontée à la difficulté pratique de parvenir à un équilibre instable : les larges masses produites par le capitalisme « développé » et « en développement » comme surplus de population ne montrent aucun enthousiasme particulier à disparaître de la surface de la terre, à travers une spirale de la misère, juste parce que le capitalisme le leur demande ; les nombreuses couches moyennes, de l’Egypte aux Etats-Unis, s’opposent à leur étranglement par les capitaux dominants, parfois même prêtes à descendre dans la rue ; et, plus important encore, dans les luttes prolétarienne, l’affaiblissement ou l’absence des mécanismes de médiation est devenu manifeste et le seul dilemme semble être la confrontation pure et simple ou la reddition inconditionnelle .

    #communisme #communisation #théorie

  • Traduction française de l’éditorial d’Endnotes 3
    http://dndf.org/?p=12902

    Cet intérêt pour le genre fait partie d’une orientation théorique plus générale. Le mouvement ouvrier privilégiait l’antagonisme de classes sur tous les autres parce qu’il voyait la classe ouvrière comme le futur de l’humanité — si seulement elle pouvait se défaire de sa liaison avec le capital. L’affirmation de l’identité de classe était censée être la seule base possible pour le dépassement du capitalisme. Lorsque les travailleurs s’identifiaient par d’autres moyens, cela était qualifié de fausse conscience, en opposition à une véritable conscience, une conscience de classe. Une telle disposition avait pour effet de mettre plus l’accent sur les luttes de certains ouvriers (blancs, mâles, citoyens) que d’autres. De même, cela canalisait les luttes de ces « autres » selon des axes où ils finissaient par imiter la perspective productiviste du mouvement ouvrier : les femmes revendiquant que leur travaux domestiques soient reconnus comme productifs, par le salaire ; des populations anciennement colonisées mettant en branle leurs propres programmes d’industrie lourde, avec tout ce que cela implique, c’est-à-dire un immense gâchis de souffrance humaine.

    #communisme #communisation #théorie

  • Michoacan : Quand le narco fait la loi
    http://cqfd-journal.org/Michoacan-Quand-le-narco-fait-la

    C’est dans ce contexte de militarisation que va s’affirmer une nouvelle organisation criminelle, la « famille du Michoacan ». S’appuyant sur une philosophie pseudo-évangélique, les nouveaux capos prêchent leur désir de nettoyer la région du vice et des cartels extérieurs par l’application sanglante de la « justice divine » : crimes, vols ou violences commis par d’autres membres que ceux de l’organisation se retrouvent dès lors punis de manière exemplaire, souvent par décapitation. Couvrant une « participation » sur tous les échanges économiques, légaux ou illégaux, le cartel achète facilement la complicité des polices et politiciens locaux, tout en développant une action « sociale » – construction d’écoles, d’églises et de centres de désintoxication (sic) –, qui lui permet de prendre le contrôle de plusieurs dizaines de municipalités rurales. L’organisation étend peu à peu sa toile sur le Mexique et jusqu’aux principales villes des États-Unis, qui la considèrent aujourd’hui comme l’une des principales organisations criminelles agissant sur son territoire. Dès lors, arrestations et opérations militaires se succèdent, aboutissant en décembre 2010 à l’assassinat par les militaires de son principal dirigeant, Nazario Moreno Gonzalez, surnommé « el más loco » [« le plus taré »]. Mais, désormais reconstituée sous le nom de cartel des « chevaliers templiers » [« los caballeros templarios »], sa bande en a depuis fait un martyr, célébré au Michoacan sous le nom de Santo Nemesio.

    #Mexique #drogues

  • Marshall Berman (1940-2013)
    http://www.lecourrier.ch/115940/marshall_berman_1940_2013

    Nul mieux que Marshall Berman n’a su rendre compte, de manière patiente, intelligente, acharnée et dialectique de ces contradictions. Son maître ouvrage de 1982, qui prend son titre d’une citation du Manifeste communiste : All That is Solid Melts Into Air (Tout ce qui est solide se dissout dans l’air), Berman offre un panorama inégalé de l’expérience de la modernité, telle qu’elle se donne à voir dans la littérature, l’art et l’urbanisme. Ce faisant, il offre une contribution majeure à la géographie urbaine comme à la théorie politique. Marxiste humaniste, il s’oppose aux théories structuralistes alors en vogue pour exalter le pouvoir de création et de changement inhérent aux individus. Pauvre enfant juif né en 1940 dans le Bronx, il reste marqué sa vie durant par la destruction de son quartier sous les bulldozers du grand urbaniste Robert Moses afin d’y installer ce symbole suprême de la modernité industrielle : l’autoroute. Malgré les maux de la modernisation, Berman a voulu défendre la modernité.

    Et la bonne nouvelle : une édition française sera bientôt disponible chez Entremonde !

    #géographie #philosophie

  • Marseille : Au-dessous du « cocotier »
    http://cqfd-journal.org/Marseille-Au-dessous-du-cocotier

    L’exagération des chiffres – Le Figaro parlait en 2011 de 6 000 euros par mois pour un guetteur et de 5 000 pour une nourrice – a pour vocation d’alimenter la machine à fantasmes sur l’argent facile brassé par les jeunes des cités, avec la volonté de faire oublier les conditions sociales qui servent de toile de fond à ces trafics et de justifier la seule logique répressive. Pourtant, le décor, qui se confond avec les décombres de la désindustrialisation, est bien visible : chômage de masse, ascenseur social en panne, vacuité des diplômes, discrimination géographique, racisme, sentiment d’abandon des familles. À Marseille, un tiers de la population vit avec moins de 954 euros par mois et dans certains quartiers plus de la moitié de la population est au chômage. La moitié de la population marseillaise n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu. Le terreau de l’économie de la drogue est celui de la détresse sociale.

    #France #Marseille #drogues

  • Le n° 3 d’Endnotes est sorti
    http://endnotes.org.uk/issues/3

    Endnotes is an irregularly published communist theoretical journal produced by a discussion group of the same name based in Britain and the US. The original group was formed in Brighton, UK in 2005 primarily from former members of the journal Aufheben, after a critical exchange between Aufheben and the French journal Théorie Communiste. A founding commitment of the group was to prioritise over publishing and other organisational commitments an open-ended but rigorous and regular debate. This has permitted the group’s discussion to range over a very wide terrain, from political Islam to the psychoanalytic theory of groups, though core themes throughout have been the theory of ‘communisation’ that emerged in the post-68 French ultra-left, and advances in ‘systematic dialectic’ and value-form theory which have occurred in the same period.

    #communisme #communisation #théorie

  • Anarchie professionnelle et désarmement théorique - une critique de l’anarchisme insurrectionaliste par Miguel Amorós
    http://libcom.org/library/professional-anarchy-theoretical-disarmament-insurrectionism-miguel-amor%C3%

    For the last ten years or so, Spain’s superannuated libertarian milieu has been convulsed by an anarchist current whose activities have led to a change of perspective with regard to the approach to revolutionary action. Restricting its critique to tactical questions and ignoring all else, its contributions have not been numerous. The real conditions of the present time, beginning with the absence of major struggles, the non-existence of a workers movement and an anarchist milieu in decline, were not the most favorable circumstances in which the insurrectionist proposals for action could break with the pacifist spectacle of the social pseudo-movements that have lately begun to proliferate. The “insu” sabotage actions have been viewed by the unconscious masses as something alien and foreign to them, which made the job of repressing them so much easier. But we would be erring on the side of severity if we were to fail to recognize in the impulse that lies behind these actions an authentic will to struggle and an intelligence that was more effectively proceeding towards the radical critique of existing conditions than that of the other modern libertarian currents, of the primitivist, green, communalist, municipalist, etc., varieties. This is already reason enough to address the question of the insurrectionist current and engage in a critical review of its main postulates.

    #anarchisme

  • Les Mérites de Roman Rosdolsky
    À propos de « La genèse du «Capital» chez Karl Marx »
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-les-merites-de-roman-rosdolsky-a-propos-de-la-genese-du

    Le livre de Rosdolsky examine un grand manuscrit de Marx, écrit en 1857/58, les « Grundrisse ». Publié pour la première fois en 1939, il eut à l’époque un impact limité, considéré comme une simple esquisse ou un schéma du « Capital » et, conséquemment, de moindre importance que ce dernier. Le livre de Rosdolsky est le premier examen organique des « Grundrisse » ; son grand mérite est de montrer combien ce manuscrit doit à la dialectique hégélienne de la forme et du contenu, en particulier quand il est question de la valeur. C’est pour cette mise en relief que Rosdolsky peut être considéré – même s’il reste prudemment, sur de nombreux aspects, dans le marxisme traditionnel – un précurseur de ceux qui mettent aujourd’hui en discussion la marchandise, le travail, la valeur et l’argent, l’État, le marché et la politique, etc.

    #critique_de_la_valeur

  • « Seuls les morts pourront rester. »
    http://cqfd-journal.org/Seuls-les-morts-pourront-rester

    Durant quelques heures, l’ampleur de la tragédie a semblé ébranler le discours bien rodé qui mêle larmes de crocodile versées sur les victimes et dénonciation des infâmes trafiquants d’êtres humains. L’Italie a décrété un jour de deuil national. Le pape François Ier a parlé de « honte » pour un monde qui « globalise l’indifférence » et place l’argent au-dessus de l’humain. La maire de Lampedusa, en pleurs, a invité l’Europe à venir compter les morts avec elle. Laurent Fabius, ministre des Affaires françaises extérieures, a affirmé que « la Méditerranée ne [pouvait] pas rester un immense cimetière à ciel ouvert », avant de décréter qu’il fallait agir : « Ça veut dire quoi, agir ? Ça veut dire “développement, contrôles, sanctions”. » La mairie de Rome a proposé d’accueillir les survivants. Le chef du gouvernement italien a promis que « toutes les victimes » seraient naturalisées – mais, réflexion faite, les « victimes » ne sont que les morts et les survivants sont placés en centre de rétention, passibles d’une amende de 5 000 euros et d’une expulsion vers leur pays d’origine. Les pêcheurs et autres riverains qui se sont portés au secours des naufragés bien avant les frégates de la Guardia di finanza – ô le sibyllin symbole ! – sont également passibles de poursuites pour « trafic d’êtres humains »…

    #migration #Italie #Lampedusa #répression

  • Greece: When the state turns antifa
    http://libcom.org/news/when-state-turns-antifa-26102013

    Yet this strategy was not really successful. On the one hand, Pavlos Fyssas did not really fit this profile they tried to pin on him. A working class young man from Pireaus, and hip-hop artist, Fyssas was not politically active in any squat or group. He was of course antifa and critical of the existing system, but it became increasingly hard to present his murder in a light that would justify the “two extremes” position. On the other hand, the exposition of the conditions under which he was murdered left little to the imagination concerning police tolerance and complicity. Though the government tried to avoid such embarrassment, a variety of eyewitnesses testified on eager TV reporters that a police force was present during the assassination but did nothing to stop it. And if that was not enough, when the antifa demonstration of the next day in the area were Fyssas was killed was marked by clashes with the riot cops, videos were published in which Golden Dawn members, unhindered by the riot cops, attack the demonstrators. If the tolerance and “indifference” of the cops towards the Nazis was already known to all those willing to listen, now it was becoming common knowledge to a passive majority whose consensus towards the State is paramount. The outbreak of riots in many different cities of Greece on the same day was also an indication that the backlash from the assassination could easily get out of hand.

    #Grèce

  • Entre le sabre et le croissant
    http://cqfd-journal.org/Entre-le-sabre-et-le-croissant

    Les acteurs du mouvement social égyptiens sont la nouvelle cible des militaires au pouvoir. Le 26 août, l’armée a envoyé les chars pour briser la grève de 20 000 ouvriers du textile à Mahalla, dans le delta du Nil. Dans le journal La Croix du 29 août, un sidérurgiste déclarait : « Lors de nos premières manifestations juste après la révolution, on nous traitait de “feloul” [des nostalgiques de l’ancien régime]. Maintenant, on dit que nous sommes des Frères musulmans. » « Lorsque les gens vont se rendre compte que le général Sissi, qu’ils voient comme un sauveur, n’est pas capable de résoudre les problèmes économiques du pays, l’opinion va se retourner », indiquait Gigi Ibrahim, membre des Socialistes révolutionnaires, organisation désormais accusée « de tentative de changer le type de gouvernement par des moyens terroristes ».

    #Egypte #répression

  • Qu’est ce que c’est … Le salaire indirect ?
    http://www.tantquil.net/2013/10/23/quest-ce-que-cest-le-salaire-indirect

    Dans le langage courant, on dissocie deux catégories de cotisations : les cotisations salariales et patronales. En fait, les deux forment les cotisations sociales dont une partie serait payée par le patron (patronale) et l’autre par le salarié (salariale). Mais cette distinction n’est que théorique. Quand on regarde nos fiches de paie, on peut s’imaginer que notre travail coûte au patron ce qu’on appelle le salaire brut (salaire net + part salariale des cotisations sociales).

    Mais le salaire brut est un leurre, le salarié ne paye aucune partie des cotisations sociales. C’est le patron qui, en réalité, paye l’intégralité des cotisations sociales. D’ailleurs, eux ne se font pas d’illusion et entre eux ils parlent de salaire « super brut », c’est-à-dire le salaire net + l’ensemble des cotisations sociales (salaire indirect). Soit le prix d’achat de notre force de travail, le salaire total en somme.

    #analyse #salaire

    • Pourquoi et comment la bourgeoisie attaque les salaires indirects ?

      Pour les patrons, le fait de nous payer est en soi une charge. Elle figure dans ce qu’ils appellent « les coûts de production ». Alors pour ne pas baisser de suite le salaire net, parce que ça se voit et que les prolos gueuleraient, autant le faire sur le salaire indirect. Ça tombe bien, c’est exactement le programme du gouvernement PS pour la rentrée 2013 ! On laisse la parole à notre ministre de l’économie :

      « Nous ne pouvons pas continuellement avoir des charges sociales qui pèsent sur le travail. »

      Pierre Moscovici, juillet 2012, le Monde.

      C’est que s’attaquer aux salaires indirects c’est… Moins direct, justement. Moins visible. Cela crée un déficit des différentes caisses, et ceux sont en définitive victimes de ces attaques sont aussi ceux parmi les prolos qui sont les plus vulnérables, les plus précaires, les chômeurs, les allocataires de la CAF, qui se voient radiés pour un rien, qui voient leurs droits se réduire…

      au nom de la « lutte contre les déficits » bien sûr... CQFD.. 40 ans que la manoeuvre fonctionne...

      #sémantique #régression_sociale #manipulation #lutte_des_classes #démantèlement #état_providence #capitulation #PS

  • Quelques discussions fin octobre autour du livre sur la grève au Québec, manière d’ébaucher une grammaire à la multitude des plus récents mouvements :

    Fin octobre, tournée de discussions publiques pour rediscuter du livre on s’en câlisse dans quelques villes en France/Suisse :
    venez-donc !!!

    le 23/10 à Dijon
    le 24/10 à Genève
    et le 26/10 à Lyon

    Toutes les infos ci-dessous :
    –---------------
    Espace autogéré des Tanneries - mercredi 23 octobre

    18H Café-lecture :

    "On s’en câlisse : histoire profane de la grève, Québec, printemps
    2012", par Collectif de débrayage. Présentation et discussion avec des
    auteurs du livre et grévistes anonymes.

    Février à septembre 2012 : le Québec est foudroyé par la plus longue
    grève étudiante de son histoire. L’augmentation des frais de scolarité
    rencontre une résistance acharnée, qui prend vite les traits d’un
    soulèvement généralisé. Le pouvoir libéral perd pied et décrète une loi
    d’exception. A quoi la rue répond "la loi spéciale, on s’en câlisse",
    on s’en fout. La grève se joue des injonctions, elle défie toute
    tentative de mater juridiquement un conflit politique. L’image
    consensuelle du printemps érable néglige cette puissance de rupture
    d’un mouvement qui a fait de la ville son terrain de jeu, et de
    l’économie son ennemi. Au lieu de s’attarder sur ce qui a rassemblé
    défense de l’éducation et de la démocratie, il s’agit de saisir dans la
    grève ses lignes de partage ; la violence, le spectacle, les
    élections... Élaboré en collectif, ce livre réunit témoignages et
    analyses pour raconter la grève.

    21H Ciné : Quelques images et sons sur le "Printemps érable" et suite
    des discussions.

    Où ? -------
    Espace autogéré 17 bd Chicago - Dijon bus #12 - arrêt Chicago
    http://www.tanneries.squat.net

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    le jeudi 24 à Genève :
    http://www.cuae.ch/v2/?p=2514

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    le samedi 26 à 15h à la librairie la Gryffe à Lyon, 5 rue sébastien Gryffe

    Au printemps 2012, en réponse à une augmentation des frais de scolarité, démarre un mouvement aussi long (8 mois) qu’intense (avec des actions et des manifs du matin au soir pendant de semaines) montrant une résistance acharnée et des puissances insoupçonnées jusqu’alors, à Montréal.

    Le pouvoir libéral en perdit sa froideur gestionnaire, matraqua les manifestants et dégaina une loi d’exception, « la loi spéciale ». À quoi la rue répondit : « la loi spéciale, on s’en câlisse ». Cette loi provoqua quantités de manifestations nocturnes avec des casseroles et des émeutes.

    La détermination des grévistes n’avait en rien faibli face à la violence policière et des injonctions juridiques rapidement déjouées. L’étendue des tactiques utilisées renforçait encore plus la densité et l’ampleur du mouvement. Ce qui s’est joué là, faisait écho aux printemps arabes et à Occupy Wall Street.

    Depuis, alors que d’autres mouvements ont eu lieu (parc Gezi à Istanbul), « On s’en câlisse » veut raconter la nouveauté de ce soulèvement du point de vue des minorités actives qui l’ont animé : élan, formes d’organisations, diversité des tactiques d’un mouvement autant spécifique au Québec qu’au cycle mondial des luttes de ces Retour ligne automatique
    dernières années.

    Enfin le collectif pose une question fondamentale : qu’est-ce qui fait qu’un mouvement « prend » ? à laquelle il tente d’apporter des éléments de réponse en s’appuyant sur l’expérience québécoise.

    #grève #Canada #Québec

    http://www.entremonde.net/client/gfx/photos/produit/15RUPTURE-couv2_46.jpg

  • Le futur est dans le chanvre
    http://cqfd-journal.org/Le-futur-est-dans-le-chanvre

    Mais c’est d’abord une répression visant une partie de la population américaine que va amorcer Nixon en décrétant la « guerre à la drogue » en 1971. Cette guerre insidieuse va conduire à marginaliser la jeunesse contestataire blanche, férue de défonces, et criminaliser les classes dangereuses, hispaniques et noires, alors que le péril du Black Power hante les dirigeants blancs. Cette guerre particulièrement retorse se révélera être une machine à créer et à enfermer les junkies ou supposés tels. Ainsi dans les années 1980, le crack sera déversé par kilos dans les ghettos noirs de Los Angeles. En 1996, le journaliste Gary Webb révèlera l’implication d’agents de la CIA de retour du Nicaragua, où l’argent de la cocaïne avait servi à financer les contras antisandinistes, dans cette épidémie. De 1982 à 2006, l’incarcération de masse pour des infractions liées à la drogue aura fait croître la population carcérale américaine d’un demi-million à près de 2,3 millions. Du fait de la législation anti-drogue, plus de 55 % de la population noire américaine possède aujourd’hui un casier judiciaire.

    #drogues #histoire

  • Le spectacle comme illusion et comme réalité
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-le-spectacle-comme-illusion-et-realite-par-gerard-brich

    C’est vrai, la notion de « spectacle » n’est pas sortie tout armée de la cuisse de Guy Debord (ni de sa gueule de bois un soir de migraine – à l’instar de certains récits de la naissance de la fille de Zeus). Le concept de spectacle a été introduit par Guy Debord dans le Rapport sur la construction des situations (1957), un texte qui est à l’origine de la fondation de l’Internationale situationniste. Elle l’est d’abord à propos du dramaturge allemand Bert Brecht : « seule l’expérience menée par Brecht à Berlin nous est proche, écrit Debord, par sa mise en question de la notion classique de spectacle. » La signification de cette proximité est claire : ce qui intéresse Debord, c’est l’effort que fait Brecht de casser l’illusion théâtrale par ce que l’on appelle la distanciation. Au rebours de l’ambition théâtrale, d’obtenir une identification du spectateur aux personnages mis en spectacle, il y a la volonté de donner la conscience de l’écart entre le spectacle et la « vie réelle », et de faire du spectacle, non un instrument de désengagement de la vraie vie, mais même, au contraire, un outil pour intervenir dans la réalité (il y a presque de la pédagogie, et même de l’intervention dans la conception brechtienne du théâtre). Il y a une deuxième occurrence de la notion de « spectacle » dans ce texte, encore plus explicite : « Il est facile de voir à quel point est attaché à l’aliénation du vieux monde le principe même du spectacle : la non-intervention ». Est ici introduite la notion d’aliénation, qui fonctionne comme une définition de l’illusion théâtrale, et l’idée que le « vieux monde » est un monde de la dépossession de soi au profit de l’identification illusoire dans les personnages du spectacle. Je dirai qu’il n’y a rien de particulièrement « situationniste » dans tout cela, même si la première thèse de la Société du Spectacle prend cette observation comme point de départ : « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. »

    #situationisme #critique_de_la_valeur

  • La Volonté de Puissance (par Michel Haar)
    http://ecologie-et-emancipation.over-blog.com/2013/10/la-volont%C3%A9-de-puissance-par-michel-haar.htm

    Enfin, la méthode critique découverte par Nietzsche, la généalogie, qui se présente comme un art de déchiffrer des symptômes à l’infini, soulève un type de difficulté qui touche au mode d’exposition de la pensée nietzschéenne. Cette méthode qui, contrairement à la méthode platonicienne (consistant à ramener la diversité sensible à l’unité de l’essence), veut démasquer, décrypter, mais indéfiniment, c’est-à-dire sans jamais prétendre lever le dernier voile sur une quelconque identité originaire, sur un quelconque premier fondement, manifeste une répugnance profonde à l’égard de toute systématisation. Hostile à l’idée d’une révélation ultime de la vérité, refusant toute interprétation unique et privilégiée (« il n’y a pas d’interprétation seule béatifiante ») la généalogie est hostile à toute codification de ses propres résultats. D’ailleurs l’aspect fragmentaire, aphoristique, éclaté, du texte, correspond à la saisie nietzschéenne du monde : monde répandu en éclats, traversé de grandes failles, hanté par l’universel effondrement, ou par « l’effondement » (suivant le mot de Deleuze), monde parcouru d’explosions et de jaillissement épars, monde délivré du lien de pesanteur (c’est-à-dire du rapport à un fondement), monde fait de surfaces mouvantes et légères, où l’échange incessant des masques s’appelle rire, danse, jeu.

    #philosophie

  • La réalité sociale marque au fer rouge notre pensée sociale
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-la-realite-sociale-marque-au-fer-rouge-sa-marque-dans-n

    Le monde européen du Moyen-âge chrétien s’était constitué, dans son unité profonde de pensée, autour du Dieu de l’Église. Le monde contemporain, qui ne connaît aucune frontière terrestre, s’est lui constitué autour du capitalisme. Celui-ci, à l’image du Dieu de l’Église, s’est inscrit dans notre chair cognitive. Les chrétiens du Moyen-âge voyaient Dieu partout ; nous voyons du capitalisme partout, même là où il n’est pas. Dieu était l’horizon indépassable du Moyen-âge ; tout comme aujourd’hui on n’imagine pas un monde sans capitalisme. La pensée du Moyen-âge s’articulait autour de Dieu ; notre pensée s’articule autour des catégories fondamentales du capitalisme.

    #critique_de_la_valeur