• D’acier et de béton - Agnès Stienne - Visionscarto
    https://www.visionscarto.net/d-acier-et-de-beton

    Ici poussait du blé, là des tournesols, ailleurs des patates, des framboises et des oignons. Des arbres fruitiers, des fossés, des haies sculptaient des paysages ruraux vivants, garants de la vitalité des campagnes. Les terres ont été rasées. Des routes tracées, des dalles de béton coulées, des tonnes de ferrailles dressées sur des milliers de m2. Des rampes d’accès numérotées à intervalles réguliers. Un trafic routier intensifié. Artificialisation des sols, destruction des paysages, anéantissement des écosystèmes, pollutions diverses, des impacts largement négatifs sans réels bénéfices pour les communautés locales. Place aux entrepôts logistiques.
    par Agnès Stienne

    • Et ce nouveau métier vous a valu d’être encore en danger…

      Oui, parce que l’OAS, qui défendait l’Algérie française par tous les moyens, a condamné à mort les journalistes qui s’opposaient à cette nouvelle guerre. En juin 1962, alors que je roulais vers Oran avec le reporter de RTL Jean-Pierre Farkas, notre voiture a été prise pour cible par l’OAS. Un attentat terrible, dont je souffre encore. J’y ai perdu un œil, et mes fractures ne se sont jamais tout à fait résorbées. Mais, après, je n’ai plus jamais été blessée. Et, un an et demi plus tard, j’étais de nouveau sur le terrain, dans les souterrains du Vietcong.

      Longtemps, vous n’avez rien dit de votre guerre. Qu’est-ce qui vous a décidée à en parler ?

      Une discussion en 1994 avec Raymond Aubrac, un de mes anciens grands chefs dans la Résistance. Au moment du cinquantenaire de la Libération, il m’a secouée : « Dis donc, tu vas enfin l’ouvrir, ta gueule ? » Pour éviter que nos copains morts ne soient oubliés, il tenait à ce que j’aille parler aux historiens, dans les écoles, partout. Au début, je n’étais pas très chaude. Raconter la vie des autres, d’accord. La mienne, non. Je n’avais aucune envie de retrouver la rue des Saussaies. En réalité, témoigner m’a offert une deuxième vie. Maintenant, je peux mourir tranquille.

      Vous êtes même devenue autrice et héroïne de BD !

      Quand cet animal de Jean-David Morvan m’a contactée, je ne savais pas ce que c’était qu’une bande dessinée. J’ai découvert que c’était un très bon moyen de transmettre la vérité.

      Vous avez saisi l’occasion pour révéler que le milicien chargé de vous faire passer la ligne de démarcation vous avait violée. Pourquoi avoir tant attendu ?

      Je me disais : « Pour quoi faire ? » Mais j’ai eu tort de ne pas parler plus tôt.

      Aujourd’hui, vous menez un nouveau combat en justice…

      Oui, contre la directrice de l’agence de maintien à domicile qui s’est occupée de moi et m’a escroquée de plus de 140 000 euros en profitant du fait que je suis aveugle. Cette femme a été mise en examen. Le procès aura lieu le 19 décembre, mais je n’ai plus un sou pour me payer un avocat. J’ai aussi écrit au président de la République. Il n’y a plus de place dans les hôpitaux, c’est le drame dans les Ehpad, alors on incite les gens à rester chez eux. Encore faut-il que le ménage soit fait dans le secteur du maintien à domicile. Je peux être une voix qui porte sur ce sujet.

      Vous avez participé à trois guerres. Que vous inspirent celles d’aujourd’hui ?

      Beaucoup de peine. Le monde est en sang. On a essayé de l’améliorer, on a sans doute échoué. Je le laisse dans un état qui n’est vraiment pas celui que j’aurais voulu. Vous voyez, il faut dire la vérité, même quand elle est sombre.

      https://archive.is/WLvps

      #Madeleine_Riffaud #guerre #Résistance #anti-colonialisme #OAS

  • L’ignoble (et très lucratif) commerce des #passeurs
    (#infographie publiée en 2015, que je mets ici pour archiver)

    Chaque année, ils sont des milliers à fuir leur pays dans l’espoir de rejoindre des contrées plus clémentes en Afrique du Nord ou en Europe. Venus de la Corne de l’Afrique ou de l’Afrique de l’Ouest, du Nigéria ou de Centrafrique, mais aussi de Syrie depuis le début de la guerre... Ils sont environ 55.000, selon l’Office des Nations unies contre le trafic de drogue et le crime organisé (UNODC). Dans leur fuite, ils financent les #réseaux_des_passeurs. Ces #criminels leur font miroiter un voyage sans encombre, parfois des papiers, voire un travail en Europe. Ce #trafic génère un revenu de quelque 150 millions de dollars par an. Pour ces criminels - en témoigne une vidéo fournie par la police italienne il y a quelques jours -, les migrants ne sont qu’une #marchandise rémunératrice. Tout ce qui peut être source de revenus dans le voyage de ces personnes désespérées est exploité.

    https://www.nouvelobs.com/galeries-photos/monde/20150424.OBS7870/infographie-l-ignoble-et-tres-lucratif-commerce-des-passeurs.html

    voir aussi :
    https://www.seneweb.com/news/Immigration/infographie-l-ignoble-et-tres-lucratif-c_n_153451.html

    #visualisation #cartographie #flèches #business #exploitation

    ... mais qui sont les VRAIS responsables, soit celleux qui mettent en place le #régime_migratoire que l’on connaît aujourd’hui ??? Aucune trace de cette lecture politique dans l’article (ni dans la visualisation)

    ping @reka

  • Le pionnier de l’histoire du climat Emmanuel Le Roy Ladurie est mort
    https://reporterre.net/Le-pionnier-de-l-histoire-du-climat-Emmanuel-Leroy-Ladurie-est-mort

    Dans les dernières années de sa vie, il alertait sur les conséquences du changement climatique : « Le réchauffement va s’accompagner, en diverses régions de la planète, de guerres, de troubles sociaux éventuellement graves, voire révolutionnaires », affirmait-il au Monde.

    • Alain Corbin : « Emmanuel Le Roy Ladurie était la personnification de l’historien innovant, sans cesse en quête d’objets encore inédits »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/26/alain-corbin-emmanuel-le-roy-ladurie-etait-la-personnification-de-l-historie

      Après la mort de l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie, son confrère rappelle dans une tribune au « Monde » le rôle fondateur qu’il joua pour retracer l’histoire des grands événements météorologiques, celle des tempêtes et des changements climatiques.

      La peine que provoque la disparition d’Emmanuel Le Roy Ladurie se trouve quelque peu atténuée à l’évocation de sa grandeur. Au temps où régnaient des mandarins persuadés d’être les seuls grands historiens de leur temps et désireux de régenter la recherche tout axée sur l’histoire économique et sociale, il était la personnification de l’historien innovant, sans cesse en quête d’objets encore inédits.

      En 1969, si je me souviens bien, il rédigea un article de revue appelant à œuvrer à une #histoire_du_climat ; et durant toute son existence, fût-ce lorsqu’il se trouvait handicapé à la fin de sa vie, il continua cette recherche avec l’aide de son entourage.
      Dès l’aube de cette quête, il fit preuve d’une étonnante méticulosité, d’une précision infinie au sein même de la novation. Par d’interminables calculs, notamment par l’enregistrement de la chute des récoltes, des vendanges, il a construit une chronologie du petit âge glaciaire, précisant ce qu’à la fin du règne de Louis XIV (1638-1715), on appelait le « grand hiver. »

      Grands événements météorologiques

      L’ensemble de ces travaux ont inauguré une branche de l’histoire extrêmement féconde, celle des grands événements météorologiques, celle des tempêtes, telle celle de 1788, à la veille de la Révolution, celle des volcans – le Laki (1783) et le Tambora (1815) –, qui ont déréglé les climats, celle de la circulation atmosphérique, jusqu’à celle de la météo-sensibilité.
      En permanence, Emmanuel Le Roy Ladurie quêtait l’innovation. On m’a dit que, sans cesse, il jetait des idées, des fulgurances sur des petits morceaux de papier, qu’il conservait. Il n’hésitait pas, à ce propos, à franchir les limites des spécialités alors reconnues. Un jour, dans le déroulé d’un colloque, je l’ai entendu développer une hypothèse durant quelques minutes et je n’ai jamais perdu de vue ce qu’il a dit alors.

      Selon lui, tous les régimes politiques du XIXᵉ siècle, jusqu’à la IIIᵉ République, avaient lié leur existence à un ou plusieurs massacres fondateurs. Quel beau thème pour un étudiant en recherche d’un sujet de thèse !
      Emmanuel Le Roy Ladurie était un infini lecteur. Il aimait le livre et son administration de la Bibliothèque nationale a laissé de forts souvenirs. Cette faculté lui a permis de déborder – et de beaucoup – l’histoire du climat, d’explorer nombre de territoires. Il y a quelques années, j’avais fait remarquer qu’il s’était particulièrement intéressé aux périphéries ; ce qu’il n’a pas démenti.

      Explorateur du neuf

      Il y aurait beaucoup à dire sur son humour. De sa présence, au cours d’un colloque, on attendait quelques traits amusants, lesquels perturbaient parfois les organisateurs de la réunion.

      Sa tentation de l’ouverture, de l’exploration du neuf, l’a conduit à des domaines inattendus, notamment celui de la microhistoire italienne, et, on le sait, son ouvrage Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 (Gallimard, 1975) connut un immense succès. Bref, Emmanuel Le Roy Ladurie a été l’auteur d’une œuvre multipolaire que je n’ai fait qu’effleurer.

      Lors de notre dernière rencontre, seul à seul, il y a quelque six ans, j’ai pu percevoir sa sensibilité à l’enfance et à la jeunesse. Nous avons alors partagé les émotions d’autrefois, ressenties dans les bocages des collines de Basse-Normandie que nous avions en commun.

      Emmanuel Le Roy Ladurie restera le modèle d’une histoire fondée sur la compréhension ressentie du passé, loin de certaines tendances actuelles fondées sur le présent d’une histoire-tribunal. Il est et restera un modèle ; tel est le sentiment qui, je le répète, atténue, quelque peu, la peine de sa disparition.

      Alain Corbin est professeur émérite à l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne. Il est en outre membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Il est notamment l’auteur d’Histoire du repos (Plon, 2022).

    • « De Le Roy Ladurie, retenons cette incomparable langue, portant haut l’audace d’être historien », Jérémie Foa
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/29/de-le-roy-ladurie-retenons-cette-incomparable-langue-portant-haut-l-audace-d

      Historien, spécialiste de la période des guerres de Religion
      Du « Siècle des Platter (1499-1628) » au « Carnaval de Romans », les livres d’Emmanuel Le Roy Ladurie, mort le 22 novembre, ont inspiré l’historien Jérémie Foa, qui salue, dans une tribune au « Monde, l’originalité de son œuvre.

      Dans un essai de 1979, Lawrence Stone opposait les « parachutistes » et les « chercheurs de truffes » pour distinguer deux démarches en histoire, l’une à vue ample et aérienne, l’autre plus terrienne. Si Emmanuel Le Roy Ladurie louvoyait avec aisance de l’an mil au XXe siècle – « On est chez soi dans tous les siècles », jubilait-il –, le présent hommage a la mémoire sélective, en souvenir d’un Le Roy Ladurie seiziémiste, non pour découper son grand œuvre en tranches mais pour, modestement, en dégager quelques pépites.

      Souvenir d’un style d’abord. Et quel style ! De Le Roy Ladurie, parmi cent fulgurances, retenons cette incomparable langue, ennemie des académismes, osant la formule, l’anachronisme, le trait d’humour, portant haut l’audace d’être historien, c’est-à-dire de son temps. « Le XVe siècle n’était encore âgé que de quatre-vingt-dix-neuf ans » : ainsi s’ouvre le récit de l’enfance de Thomas Platter, premier de cordée de trois générations d’hommes, dont Le Roy Ladurie édite les Mémoires.
      Dans son Siècle des Platter (Fayard, 3 vol., 1997-2006) se croisent les rêves, les succès et les impasses de toute une « centurie ». Comment imaginer plus vive incarnation de ce « beau XVIe siècle » que l’incroyable ascension sociale de Thomas Platter (1499-1582), misérable orphelin du Valais devenu patron imprimeur ? Lui qui, à dix ans, mendie sa vie, vole, garde les troupeaux « au péril des montagnes meurtrières pour les bergers d’autrefois comme pour les alpinistes d’aujourd’hui », devient en à peine deux décennies professeur de latin, de grec et d’hébreu.

      « Comme les souris dans une grange »

      Mais le XVIe siècle de Le Roy Ladurie n’est pas toujours beau. A commencer par celui des Paysans de Languedoc (Flammarion, 1966), sa thèse, soutenue en 1966. Immense livre qui, né de la démographie, embrasse le climat et la sociologie, puis épouse l’histoire des mentalités, risquant, comme il l’affiche dès l’introduction, « l’aventure d’une histoire totale ».
      Avec Le Roy Ladurie, l’histoire passe « de la cave au grenier », selon l’expression inspirée de Michel Vovelle. Au sous-sol d’abord, une thèse malthusienne, incontestable, forgée par d’austères dépouillements et des mathématiques souterraines : après l’étiage du « siècle de l’homme rare », le XVe, le XVIe siècle voit les Français proliférer « comme les souris dans une grange ».

      Il s’ensuit un morcellement des parcelles, l’emblavement de terres misérables, et, trop vite, le sacrifice de la vigne (« le vignoble du Languedoc méditerranéen au XVIe siècle est un vignoble de bas étage, sans clients et sans principe »). La paupérisation est quasi générale. Morceau de bravoure au cœur du livre, l’analyse des signatures : à Montpellier, chez le notaire Navarre, entre 1574 et 1576, 72 % des laboureurs ne savent pas signer, tandis que les artisans signent à plus de 63 %.

      La démonstration est inoubliable, qui lie « dissociation culturelle » et « décalage religieux » : si les artisans passent majoritairement au protestantisme tandis que les paysans s’y refusent, c’est non parce que ceux-ci sont riches et ceux-là pauvres, mais parce que les premiers savent lire : « La terre nie farouchement l’écriture, entre 1550 et 1600, les structures citadines, en revanche, laissent pénétrer sa lumière. »

      « Poussée du petit âge glaciaire »

      Comme si démographie galopante et schisme religieux ne suffisaient pas, la thèse montre, pionnière, comment le climat se dérègle au mitan du XVIe siècle : pratiquement inconnus entre 1492 et 1564, les gels d’oliviers se multiplient, les fleuves se figent, les hivers sont froids, les étés frais, les printemps pourris – le prouvent des vendanges de plus en plus tardives (29 septembre au temps des guerres de religion, contre 25 septembre pour le premier XVIe siècle…). Son Histoire humaine et comparée du climat (Fayard, 2004) le confirme, l’époque subit une extraordinaire « poussée du petit âge glaciaire », une « remarquable enflure offensive des glaciers alpins ».

      Le froid, la faim, la peste, la guerre : macabre quarté qui engendre l’hécatombe. En 1563, un million d’habitants meurent, soit un Français sur vingt ! Mais au temps des guerres de religion, si l’ennemi premier des paysans est météorologique, les chroniques préfèrent le soldat au climat : « Il faudrait imaginer aujourd’hui, conclut Emmanuel Le Roy Ladurie – l’hypothèse est fort vraisemblable du reste – une presse et des médias qui consacreraient l’essentiel de leurs reportages au Tour de France ou au Paris-Dakar, presque aussitôt après une catastrophe démographique qui aurait provoqué dans notre pays un minimum de trois millions de morts ou davantage. »
      Avec Le Carnaval de Romans (Gallimard, 1979), chef-d’œuvre au même titre que Montaillou, Le Roy Ladurie s’attelle à résoudre un « cold case » daté de février 1580. Dans la cité de huit mille âmes, le carnaval venu, chaque faction célèbre son « royaume » (la Perdrix du côté des notables, le Chapon pour les artisans), organise sa course, couronne son roi ou décore son quartier. Mais la fête dégénère, et, le 15 février, les notables de la cité, menés par le juge Guerin, éliminent les membres du parti populaire, conduits par un certain Paumier. D’inversif, le rituel se fait subversif.

      Refusant de voir dans l’événement le simple reflet de la lutte des classes, Le Roy Ladurie préfère les voies de l’anthropologie historique et montre comment les rites carnavalesques transfigurent l’immense ressenti fiscal, les fractures sociales béantes, mais aussi les conflits religieux et les haines personnelles qui minent la cité dauphinoise. « Le Carnaval romanais, écrit-il, me fait penser au grand canyon du Colorado. Sillon événementiel, il s’enfonce dans une stratigraphie structurelle. Il donne à voir, d’un trait de scie, les couches mentales et sociales qui composent un très Ancien Régime. Au crépuscule de la Renaissance, il dévoile toute une géologie, colorée et torturée. » A l’image du XVIe siècle laduréen : coloré et torturé.

  • Le chandelier - Les mots sont importants (lmsi.net)
    https://lmsi.net/Le-chandelier

    par Noëlle Cazenave-Liberman
    8 novembre 2023

    [...]
    Il ne s’agit pas de savoir si les massacres en Palestine sont perpétrés par des Juif.ves mais de savoir que des Juif.ves, idéologiquement enrôlé.es dans le fanatisme sioniste, sont devenu.es des colons violents, à l’image de leur armée, promoteur.trices forcené.es de l’apartheid et du racisme, jusqu’à la haine la plus meurtrière. De comprendre aussi que la judéité et l’idéologie sioniste sont deux catégories qui ne se recoupent pas. Il n’est absolument pas nécessaire d’être Juif.ve pour être sioniste, il y a par exemple au gouvernement français depuis plusieurs années un grand nombre de non-Juif.ves sionistes (extrémistes) par conviction, arabophobie, islamophobie, clientélisme et opportunisme (liés souvent à la conviction antisémite qu’il y aurait un « pouvoir juif » à rallier à soi…) [6]. Et il y a évidemment les chrétiens sionistes américains, bien plus nombreux.ses que les Juifs.ves eux.elles-mêmes en Israël, aux États-Unis et dans le monde, et dont l’influence politique est considérable quant à l’annexion de la Palestine par Israël [7]. Enfin, il ne faut pas être « sioniste » pour être Israélien.ne, il faut être « juif.ve » (et on peut même l’être sans être juif, même si bien entendu on se retrouve alors dans des formes de sous-citoyenneté). Et il existe en Israël, bien que très peu nombreux.ses, des Juif.ves qui ne sont pas sionistes [8]. Mais qu’ils.elles se revendiquent ou non de l’antisionisme (B’Tselem, Standing together, Breaking the Silence, etc.), les Israélien.nes qui résistent à la haine raciale, au « régime suprémaciste » de leur pays [9] sont en passe d’être persécuté.es par leur gouvernement fasciste [10].

    Aucune culture ni aucune religion n’est plus inhumaine qu’une autre, mais il y a des organisations humaines qui deviennent collectivement « barbares »... Ce terme pourtant est impropre. Les nazis n’étaient pas des barbares – ni les violeurs des monstres, comme l’a si bien rappelé Adèle Haenel il y a peu [11] – et les génocidaires des Palestinien.nes ne le sont pas non plus, comme ne le sont pas non plus ceux des peuples de Namibie, d’Arménie, de Bosnie, de Chine, de Birmanie, d’Irak, du Cambodge, du Rwanda, du Soudan [12]. Ils sont précisément humains, parce que les humains portent en eux leur inhumanité, celle de rendre inhumain à leurs yeux l’Autre semblable en face d’eux. Et qu’on s’accorde ou non sur le terme « terrorisme » comme dénomination la plus adéquate [13] (ou qu’on parle plutôt de « crime de guerre » ou de « crime contre l’humanité », ou encore de tout cela à la fois), il y a précisément, aussi, déshumanisation de l’Autre par le Hamas. Après des décennies de refus forcenés de l’État d’Israël de négocier avec des mouvements palestiniens politiques non antisémites, après les réponses par la violence armée de toute initiative pacifiste [14] et après le financement avéré et assumé du Hamas par ce même État, voici les crimes de guerre abjects du Hamas le 7 octobre. Le Hamas « dont Moustapha Barghouti [figure de la résistance palestinienne] disait fin 2004 qu’il a “commis l’énorme faute de s’attaquer aux juifs en tant que juifs” » [15].

    S’il ne devrait y avoir aucune injonction faite aux Juif.ves du monde de se prononcer sur les actions de l’État d’Israël – qui lui pourtant revendique de parler « au nom des Juif.ves » –, au même titre qu’il ne devrait y avoir aucune injonction faite aux Musulman.es de faire valoir un « pas en mon nom » lorsqu’il y a des attentats terroristes islamistes, il n’est pas possible d’ignorer, sinon l’importance du nombre (au regard de la communauté juive américaine) [16], du moins la forte visibilité des Juif.ves américain.es manifestant pour les droits des Palestinien.nes, voire clairement contre le sionisme. Ces dernières semaines des actions de leur part ont été menées dans un grand nombre de villes américaines (Denver, Washington D.C., Los Angeles, NYC, San Francisco, Chicago, Seattle, Philadelphie, Boston, Portland…), jusqu’à investir le Capitole pour exiger un cessez-le-feu et déclarer « Pas en mon nom » ou « Plus jamais ça : pour tous ». Il y a donc pour ces Juif.ves une évidence, la conviction qu’il y a un devoir de parler, en tant que Juif.ve, de l’impasse du sionisme, entreprise coloniale et in fine génocidaire, menée au nom des Juifs. L’évidence est celle qui vient de l’instrumentalisation de l’histoire de la Shoah par Israël. Il y a, chez tous ces gens, une douloureuse et absolue nécessité de parler des crimes commis par l’État d’Israël pour dire que cet État ne les représente pas. Ils ressentent comme une responsabilité le fait de contrer la violence avec laquelle leur histoire est utilisée pour produire un massacre [17]. Et parfois même en avançant la certitude qu’« il est du devoir de tout Juif.ve de dénoncer la violence génocidaire » [18]. À cet égard, le témoignage de la grande militante Shatzi Weisberger, décédée en décembre dernier à l’âge de quatre-vingt douze ans, est bouleversant :

    « Il y a peut-être 10 ou 15 ans, un grand nombre d’Israéliens n’était pas des sionistes si endurcis, ils se sont beaucoup endurcis. Enfant, on m’a lavé le cerveau, j’étais sioniste, j’étais fière d’Israël. J’ai dû m’instruire. Quelqu’un m’a suggéré de lire un livre, je ne me souviens plus maintenant lequel c’était mais il parlait de Sabra et Chatila et d’autres choses sur ce qu’il s’était passé et j’ai compris que je ne pouvais pas être une sioniste. Pas question. C’est une telle injustice, une telle cruauté, un tel vol (extorsion). Je veux dire, l’Holocauste a existé, l’antisémitisme existe, mais cela ne donne pas le droit aux Juifs d’être à leur tour des oppresseurs. Ça me brise le cœur. »
    [...]

    https://seenthis.net/messages/887002

    • « La déshumanisation nécessaire à l’oppression et l’occupation d’un peuple déshumanise toujours, aussi, celui qui l’opprime (…) Si certain·es sentent que leur douleur est dépréciée, c’est parce qu’elle l’est : c’est la marque d’une spirale de dévalorisation de la vie humaine. (…) Nous découvrons que les Juif·ves, en tant qu’agents de l’apartheid, ne seront pas épargnés — même ceux d’entre nous qui ont consacré leur vie à œuvrer pour y mettre fin. »

  • Marie-Laure Piazza devant le CSM : « le ministre a les mains sales »
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dans-le-pretoire/dans-le-pretoire-du-vendredi-20-octobre-2023-1455665

    Mais diable, qui en veut autant à Marie-Laure Piazza ?
    La magistrate a bien sa petite idée - doux euphémisme. Car le 26 septembre 2016, alors qu’elle préside un procès d’assises tendu à Bastia, elle croise dans une coursive du palais de justice un des avocats de la défense qui lui adresse, je cite, des clins d’œil appuyés, et des mouvements de langue sur ses lèvres en se grattant la braguette. Sous le choc, Marie-Laure Piazza établit un rapport, déclenche une enquête, l’avocat est sanctionné d’un rappel à la loi. Et quatre ans plus tard, l’avocat est devenu garde des Sceaux.

  • Vous connaissez Charline Avenel ? Mathieu Billière
    (@mathieubil sur l’oiseau mort)
    https://threadreaderapp.com/thread/1703124612811210937.html

    Vous connaissez Charline Avenel ? Non ? Laissez-moi vous la présenter. Elle a été rectrice de l’Académie de Versailles de 2018 à juillet 2023. C’est donc elle qui a géré les alertes lancées par Samuel Paty 1/7
    C’est elle qui avait déclenché le recrutement par #job_dating et donc balancé dans le grand bain des gens qui n’avaient aucune expérience, et dont près de 70% ont très vite quitté le poste. 2/7
    Et c’est donc elle qui dirigeait les bureaux qui ont envoyé la lettre menaçant les parents d’un élève harcelé de poursuites judiciaires. C’est déjà pas mal non ? Attendez. 3/7

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Charline_Avenel

    #éducation_nationale #école #enseignants #recrutement #élèves #harcèlement_scolaire #menaces_de_poursuites_judiciaires #abus_de_pouvoir #enseignement_supérieur_privé #Ionis #népotisme

    • Harcèlement scolaire : l’association La Voix de l’enfant assure avoir reçu « le même type de courrier » que celui envoyé par le rectorat de Versailles à des parents
      https://www.francetvinfo.fr/societe/education/harcelement-a-l-ecole/harcelement-scolaire-l-association-la-voix-de-l-enfant-assure-avoir-rec

      La présidente de l’association La Voix de l’enfant, Martine Brousse, observe que les associations contre le harcèlement scolaire sont « rappelées à l’ordre parce qu’elles font trop de signalement après des interventions en classe ».

    • Éditorial du « Monde » : Harcèlement scolaire : la nécessité d’un sursaut
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/12/harcelement-scolaire-la-necessite-d-un-sursaut_6177285_3232.html

      cannibalisme à visage humain, de nouvelles avancées :

      Suicide de Nicolas : la révélation d’un courrier menaçant du rectorat met au jour les « manquements » de l’éducation nationale

      Dans ce courrier, révélé par BFM-TV, le rectorat de Versailles dit « réprouver » l’attitude des parents de Nicolas. Ces derniers avaient informé le proviseur, près de deux mois plus tôt, du lancement d’une procédure judiciaire à la suite du harcèlement subi par leur fils.
      Par Violaine Morin

      « Ce courrier est une honte ». Ainsi réagissait Gabriel Attal, samedi 16 septembre, lors d’un point presse organisé dans la foulée des révélations de BFM-TV, qui a diffusé à l’antenne un courrier adressé par le rectorat de Versailles aux parents de Nicolas. Le lycéen de 15 ans, victime de harcèlement scolaire s’est suicidé, le 5 septembre à Poissy (Yvelines).
      Dans ce courrier adressé le 4 mai 2023 par le « pôle Versailles » du service interacadémique des affaires juridiques aux parents de Nicolas, l’administration s’étonne du ton employé par la famille, au sujet du « supposé harcèlement » subi par leur fils, à l’égard du proviseur du lycée Adrienne-Bolland de Poissy, où il était scolarisé en troisième prépa professionnelle.
      « Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu envers des personnels de l’éducation nationale, dont le professionnalisme et l’intégrité n’avaient pas à être remis en cause de la sorte, sont inacceptables. Je les réprouve de la façon la plus vive », peut-on y lire. Le rectorat rappelle ensuite aux parents de Nicolas l’article 226-10 du code pénal, qui réprouve la dénonciation calomnieuse et prévoit, pour ce délit, une peine de cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Contacté par Le Monde, le rectorat de Versailles n’a pas souhaité réagir.

      Des enquêtes administrative et judiciaire
      « Mettez-vous à la place des parents de Nicolas qui ont écrit à l’institution – dont le rôle absolu est de protéger les élèves – pour les informer de la détresse vécue par leur enfant, et qui ont reçu ce type de réponse ! », s’indignait M. Attal, samedi devant les journalistes. Le ministre de l’éducation nationale a rappelé qu’il avait lancé, « dès le lendemain du drame », une enquête administrative en plus de l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Versailles en recherche des causes de la mort. Il a précisé qu’il en tirerait « toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions ». Le ministre a également indiqué qu’il réunirait « dès lundi » les recteurs, pour lancer un audit dans l’ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées en 2022.

      Le courrier du rectorat faisait référence à une autre lettre datée de la mi-avril, également révélée par BFM-TV, dans laquelle les parents de Nicolas s’inquiétaient auprès du proviseur du lycée de ne pas voir évoluer la situation de leur fils, après un premier rendez-vous avec la direction de l’établissement à la mi-mars. Ils reprochaient au proviseur de les avoir mal reçus, et de leur avoir signifié qu’ils ne disposaient pas de preuves tangibles du harcèlement subi par leur fils. « Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d’une quelconque manière », écrivaient-ils. « Aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils. » Une main courante a été déposée au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 4 mai, selon Le Parisien.

      Quelques jours plus tard, dans une réponse à cette lettre, le proviseur de l’établissement aurait évoqué les mesures prises pour suivre la situation du lycéen : des entretiens avec les élèves concernés auraient été organisés et la conseillère principale d’éducation ainsi que l’assistante sociale du lycée aurait été missionnée sur le sujet. C’est donc dans un courrier séparé, reçu une quinzaine de jours plus tard par les parents du jeune homme, que le rectorat de Versailles adopte le ton menaçant qui a heurté jusqu’à Matignon. « Il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets », a réagi la première ministre, Elisabeth Borne, interrogée sur ce sujet lors des journées du patrimoine à Matignon, le 16 septembre.

      La mère du jeune homme s’est exprimée, dimanche, dans les colonnes du Jounal du dimanche, pour dénoncer la situation. Elle explique avoir lu la lettre du rectorat en présence de son fils. « Nous passions désormais pour des coupables. A partir de ce moment, Nicolas n’a plus été le même, raconte-t-elle. C’était tellement grossier et surtout injuste. »
      La mère de la victime raconte ensuite la visite de Gabriel Attal et Brigitte Macron, organisée le lendemain du drame à la mairie de Poissy, et salue le soutien des élus et de la première ministre dont une lettre manuscrite lui a été remise « en main propre » par le député de sa circonscription, Karl Olive. Le jour des obsèques de son fils, vendredi 15 septembre, Gabriel Attal lui a dit : « Nous n’avons pas été à la hauteur, il y a eu des manquements. »
      Ces développements surviennent alors qu’un grand plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire est en préparation, sous l’égide de Matignon. Au cours d’une soirée spéciale consacrée au harcèlement scolaire, le 12 septembre sur M6, M. Attal a donné quelques pistes de mesures qui seront dans ce plan. Il s’agirait notamment de mettre en place un questionnaire d’autoévaluation pour que les élèves eux-mêmes repèrent et signalent les situations de harcèlement. Il a également promis une réaction plus rapide et des sanctions plus claires. Un déplacement ministériel est prévu, à la fin de la semaine du 25 septembre au Danemark, un pays qui a mis en place de « bonnes pratiques » dans l’éducation au « respect de l’autre », indique-t-on rue de Grenelle.

      Une campagne de communication à destination des adultes est également prévue, ainsi que l’élargissement du programme de lutte contre le harcèlement pHARe aux parents d’élèves. « Ce sont les adultes qui, régulièrement, sont défaillants, et ne déploient pas les moyens nécessaires de prise en charge, réagit Hugo Martinez, de l’association de lutte contre le harcèlement Hugo !. On le constate avec les derniers drames connus du grand public où les enfants ont parlé mais les adultes n’ont, à chaque fois, pas pris la pleine mesure de la situation. Demander aux enfants de s’auto-évaluer dans leur situation pour confirmer ou non le harcèlement est un non-sens. Les adultes ne sont-ils pas capables d’évaluer cela, de déployer une prise en charge ? » Le plan interministériel de lutte contre le harcèlement devrait être annoncé fin septembre.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/17/suicide-de-nicolas-la-revelation-d-un-courrier-menacant-du-rectorat-met-au-j

      la lettre du rectorat

    • « trop de signalements », 𝑺𝒖𝒓 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒊𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒆𝒓𝒔 ★𒈝 @Acrimonia1
      https://twitter.com/Acrimonia1/status/1703824359788335537

      « trop de #signalements »... ça m’est arrivé aussi qu’une assistante sociale me reproche d’avoir trop d’élèves en situation de #maltraitance familiale dans mes classes. No comment.
      Citation

      Mediavenir @Mediavenir
      🇫🇷 FLASH - L’association contre le #HarcèlementScolaire « La Voix de l’enfant » affirme avoir été menacée par l’administration scolaire de perdre son agrément pour avoir émis « trop de signalements » pour des faits de harcèlement. (BFMTV)

      UnaDonna @JustUnaDonna
      « ce n’est pas sain, madame, cette façon de prendre si à coeur le fait que S***** ingère des objets en classe, vous devriez vous demander pquoi ça vous atteint autant »

      exactement, et aussi demandez vous pourquoi les élèves se confient à vous et vous racontent comment ils ont passé la nuit à se faire exorciser jusqu’à s’évanouir et entendre que leur famille s’en va et les laisse poru morte (véridique) ou comment ils se font humilier, frapper etc
      et puis vous n’avez pas à être tenue au courant des suites éventuelles une fois que c’est dit, d’ailleurs le plus souvent il n’y en a pas, et ça ne vous regarde pas.

  • Des chercheurs expliquent dans « Nature » pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable – Libération
    https://www.liberation.fr/environnement/climat/des-chercheurs-expliquent-dans-nature-pourquoi-la-terre-menace-de-devenir
    https://www.liberation.fr/resizer/BRr-1LgvmhmYHp7hPp52KcPx7pE=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1429x2119:1439x2129)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PLKACTKR55HYZHKDNGMDNETX4M.jpg

    Cette publication s’inscrit dans la longue lignée d’articles scientifiques dédiés aux « limites planétaires ». Théorisée en 2009 par Johan Rockström et plusieurs de ses collègues, la notion englobe neuf paramètres écologiques indispensables à l’équilibre du « système Terre » et, par extension, se rapporte aux seuils limites de perturbation que ces derniers peuvent endurer sans mettre en danger, de manière irréversible, les fondamentaux naturels de la planète. Ces neuf variables, détraquées par l’activité humaine, relèvent des domaines du climat, de la biodiversité, du cycle de l’eau douce, de la couche d’ozone, de l’acidification des océans, des processus biochimiques de l’azote et du phosphore, de l’utilisation des terres, de la charge en aérosols atmosphériques, et enfin de la pollution radioactive ou chimique (plastiques, pesticides, solvants, polluants organiques persistants), nommée « entités nouvelles » dans les publications scientifiques. En 2015, quatre de ces limites planétaires avaient formellement dépassé les seuils de précaution d’après les scientifiques : le climat, l’utilisation des sols, les cycles de l’azote et du phosphore, la biodiversité (avec un rythme d’érosion vertigineux). Depuis, le cycle de l’eau douce et la pollution chimique ont aussi atteint des stades très préoccupants.

    • Et cela me fait penser au fameux concept de « jour du dépassement », Earth Overshoot Day (EOD) pour les anglophones.

      Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day ou EOD), correspond à la date de l’année, calculée par l’ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ces consommations ou absorber les déchets produits, dont le CO2. Passé cette date, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves « non renouvelables » (à échelle de temps humaine) de la Terre et accumulerait les déchets.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jour_du_d%C3%A9passement

      Ce qui saute aux yeux, c’est que certaines années, la date de l’EOD est postérieure à celle de l’année précédente. La corrélation avec la baisse de l’activité économique (récession, pandémie Covid) semble (trop ?) évidente.

      L’outil de mesure est loin d’être parfait mais on a quand même un « thermomètre » plutôt pertinent. Problème : ça pourrait servir aux « dirigeants » pour prendre des mesures coercitives toujours plus contreproductives afin qu’eux-mêmes puissent préserver leurs privilèges.
      When shit hits the fan ...

  • Victoire de l’extrême droite au Chili : comment en est-on arrivé là ? - CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/victoire-extreme-droite-chili-kast-boric

    La victoire de l’extrême droite aux élections du Conseil constitutionnel pourrait sonner le glas de toute perspective d’une constitution progressiste au Chili. Il s’agit également d’un vote sanction pour la gauche de Gabriel Boric au pouvoir. Éléments d’analyse avec l’historien Marcelo Casals.

    Les gauchistes n’ont que ce qu’ils méritent. Ils sont tous tellement nuls que même les vrais gauchistes les conchient à longueur de temps.

  • Sainte-Soline : deux enquêtes ouvertes sur foi de produits #marqueurs codés - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2023/04/sainte-soline-deux-enquetes-ouvertes-sur-foi-des-produits-marqueurs-codes

    « Les gendarmes avaient l’air perdus. L’un d’entre eux m’a dit : « Ils ne vont pas vous lâcher, c’est leur nouveau joujou » », témoigne-t-il. Une fois arrivé à la gendarmerie, il est de nouveau inspecté. « Un gendarme était au téléphone et demandait ce qu’il fallait chercher. Cette personne lui a dit que les taches bleues n’étaient pas importantes et qu’il fallait trouver des taches jaunes ou vertes », se souvient-il.

    Anti est alors transféré dans une pièce sombre pour effectuer un troisième contrôle. « Ils ont trouvé une petite tâche verdâtre entre mon pouce et mon index. » Le gendarme effectue un prélèvement à envoyer à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) et remet Anti en cellule.

    Le résultat tombe le lendemain, à 17 heures : « Ça n’est pas un marquage par contact direct, mais par transfert. » Personne n’est donc capable de dire comment cette trace s’est retrouvée sur sa main. Elle a pu atterrir là par simple contact avec un objet ou une autre personne « contaminée » par le produit marqueur codé (PMC), expérimenté depuis plusieurs mois en manifestation. A 17 heures 30, après 28 heures de garde à vue, Anti est relâché. Mais son affaire n’est pas classée sans suite. Une enquête est ouverte.

  • Le chill, ou la gestion des émotions féminines dans la pop | Robin James
    https://lmsi.net/De-Chainsmokers-a-Ariana-Grande-La-gestion-des-emotions-feminines-dans-la-pop

    En 2017, le chill était partout : le classement Billboard Hot 100 était dominé par des chansons comme « Shape of You » d’Ed Sheeran, « Despacito » de Luis Fonsi (avec Daddy Yankee) et « Rockstar » de Post Malone. « Le chill, explique l’autrice Alana Massey, est une sinistre refonte de l’injonction “Calm down !”, aussi révoltante et genrée, qui devient soudainement une attitude digne d’admiration. » Alison Stevenson, journaliste chez Vice, précise que « la femme chill est l’opposé de l’hystérique ». Le chill serait donc la capacité à maitriser les excès féminins ou féminisés. Source : Les mots sont importants

  • Climatosceptiques : sur Twitter, enquête sur les mercenaires de l’intox | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/climatosceptiques-sur-twitter-enquete-sur-les-mercenaires-de-lintox

    Au sein du projet Climatoscope, David Chavalarias et ses collègues étudient la structure, les tactiques et les arguments des réseaux climatosceptiques sur Twitter. Des réseaux bien organisés, particulièrement actifs depuis quelques mois, dont l’objectif est de semer le doute sur la réalité du changement climatique, et de ralentir toutes les actions visant à réduire l’empreinte de l’humanité sur le climat.

    #CNRS #climatoscepticisme #réseaux_sociaux #Twitter

  • Que se passera-t-il si les réinfections du COVID affaiblissent notre immunité ? | Andrew Nikiforuk
    https://cabrioles.substack.com/p/que-se-passera-t-il-si-les-reinfections

    Le dossier montre que l’immunologiste Anthony J. Leonardi a été remarquablement clairvoyant, cohérent et souvent juste. Oui, sa thèse sur l’épuisement des cellules T et le dysfonctionnement immunitaire reste une hypothèse de travail. Pourtant, de nombreux éléments indiquent que le virus est à l’origine d’un dérèglement immunitaire généralisé, tant dans les cas légers que dans les cas graves. Source : The Tyee via Cabrioles

  • « Je vous écris pour témoigner de ma peine de #prison qui n’en finit pas » | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/observatoire-international-des-prisons-section-francaise/blog/251122/je-vous-ecris-pour-temoigner-de-ma-peine-de-prison-qui

    Rentré en prison à 18 ans pour de la « délinquance de quartier », Bryan a 27 ans lorsqu’il écrit à l’Observatoire International des Prisons (OIP). Entre les deux, c’est un implacable engrenage qui s’est mis en place qu’il nous décrit dans sa lettre.

  • Ce que la dématérialisation fait au travail social | Hubert Guillaud @hubertguillaud
    https://hubertguillaud.wordpress.com/2022/11/28/ce-que-la-dematerialisation-fait-au-travail-social

    Nadia Okbani dresse le même constat chez les agents de la CAF. La dématérialisation a commencé par une diversification des modes de contacts, ou ouvrant au contact par mail ou en ligne. Puis, le mode de contact numérique a été rendu obligatoire pour certaines démarches, comme la prime d’activité et les aides personnalisées au logement étudiant. Désormais, la norme, c’est la démarche en ligne. Et pour mieux l’imposer, c’est l’accueil physique dans les agences qui a été modifié. Désormais, le rendez-vous prévaut. On n’a plus accès aux agents à l’accueil des Caf, mais à des ordinateurs dans un espace de libre service. Bien souvent, il n’y a plus d’accueil assis, hormis pour ceux qui attendent leur rendez-vous. Il y a bien des conseillers présents, mais ceux-ci ne maîtrisent pas la gestion des droits, ils ne sont là que pour accompagner les usagers à faire leur démarches en ligne ou à prendre rendez-vous sur un ordinateur. Les conseillers présents sont formés en 14 semaines, quand il faut 18 mois de formation à un agent pour maîtriser la complexité des prestations. Dans ces espaces, les publics attendent, s’impatientent. Certains gèrent leurs démarches. Les conseillers activent les publics pour qu’ils réalisent leurs démarches seuls. Or, bien souvent, les publics viennent pour des questions précises et n’obtiennent pas de réponses puisqu’ils n’accèdent pas à ceux qui pourraient les leur apporter. Prendre un rendez-vous en ligne est lui-même compliqué. Bien souvent, il n’y a pas de créneau qui sont proposés (les rendez-vous sont libérés à certains moments de la semaine, et c’est l’information capitale : à quel moment faut-il se connecter pour espérer avoir un créneau de rendez-vous). Certains motifs qu’il faut renseigner pour en obtenir un, ne fournissent pas de rendez-vous. D’autres au contraire ouvrent plus facilement un accès, comme le fait de déclarer être enceinte. Souvent, l’agent vous appelle la veille du rendez-vous au prétexte de le préparer, rappeler les documents nécessaires à apporter… bien souvent, c’est pour tenter de trouver une raison de l’annuler. Quant aux rendez-vous pour un RSA, les 20 minutes maximum que les agents peuvent passer avec un usager, fait qu’ils sont décomposés en plusieurs rendez-vous, quand ils ne sont pas sans cesse reportés. Au final, constate Nadia Okbani : “ce sont les publics les plus précarisés qui sont les plus éloignés des agents les plus compétents, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin”, d’abord parce que leurs situations sont souvent compliquées et nécessitent des savoirs-faire pour dénouer l’écheveau complexe des droits auxquels ils pourraient avoir accès.

  • Une analyse de la littérature remet en cause la « théorie de la sérotonine » dans la dépression | Le Quotidien du Médecin
    https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/psychiatrie/une-analyse-de-la-litterature-remet-en-cause-la-theorie-de-la-s

    Explorée depuis des décennies par la recherche médicale, l’association de la dépression à une concentration faible ou à une activité réduite de la sérotonine serait un mythe, selon une analyse de la littérature publiée dans « Molecular Psychiatry ».

    « Il est toujours difficile de prouver un lien négatif, mais je pense que nous pouvons dire, en toute sécurité, qu’après de vastes recherches menées sur plusieurs décennies, il n’existe aucune preuve convaincante que la dépression est causée par des anomalies de la sérotonine, en particulier par des niveaux inférieurs ou une activité réduite de ce neurotransmetteur », résume ainsi la Pr Joanna Moncrieff, psychiatre à l’University College London et auteure principale, dans un communiqué.

    Aucune preuve d’une réduction de l’activité de la sérotonine chez les dépressifs

    Pour évaluer les preuves d’une association entre dépression et sérotonine, les chercheurs ont réalisé une analyse de 17 revues systématiques ou méta-analyses de qualité variable. Selon cette analyse, la plupart des études n’ont trouvé aucune preuve d’une réduction de l’activité de la sérotonine chez les personnes souffrant de dépression par rapport aux personnes en bonne santé. Aussi, les méthodes de recherche utilisées pour réduire la disponibilité de la sérotonine en utilisant la déplétion en tryptophane n’ont pas permis d’établir un lien avec la dépression.

    Des études génétiques, jugées « de haute qualité », excluent par ailleurs une variation des gènes du transporteur de la sérotonine (protéine ciblée par la plupart des antidépresseurs) entre patients dépressifs et individus sains, y compris dans le cas d’une interaction avec le stress.

    Et si des recherches sur les récepteurs de la sérotonine (5-HT1A) et le transporteur de la sérotonine avancent une association possible entre l’activité de la sérotonine et la dépression, les auteurs estiment que « ces résultats, faibles et incohérents, sont susceptibles d’être influencés par l’utilisation antérieure d’antidépresseurs ».

    Pour les auteurs, cette analyse remet en cause la « théorie de la sérotonine ». Cette approche a pourtant été au cœur d’un « effort de recherche considérable » et a façonné la compréhension de la dépression par le grand public. « De nombreuses personnes prennent des antidépresseurs parce qu’elles ont été amenées à croire que leur dépression a une cause biochimique, mais cette nouvelle recherche suggère que cette croyance n’est pas fondée sur des preuves », souligne la Pr Moncrieff. Selon elle, la popularité de la théorie du « déséquilibre chimique » de la dépression a même coïncidé « avec une énorme augmentation de l’utilisation des antidépresseurs ».

    Ne pas désinformer les patients

    Cette vision pourrait conduire les patients à une interprétation pessimiste de la possibilité d’une guérison ou d’une gestion de leur humeur sans aide médicale. « L’idée que la dépression est le résultat d’un déséquilibre chimique influence également la décision de prendre ou de continuer des antidépresseurs et peut décourager les gens d’arrêter le traitement, ce qui pourrait entraîner une dépendance à vie à ces médicaments », ajoutent les auteurs. Selon une méta-analyse, indiquent-ils, une utilisation prolongée d’antidépresseurs pourrait réduire les concentrations de sérotonine.

    Ces résultats invitent à poursuivre les recherches sur les effets des différents traitements sur les systèmes neurochimiques, y compris le système sérotoninergique, en particulier pendant et après une utilisation à long terme d’antidépresseurs. « Notre point de vue est que les patients ne devraient pas être informés que la dépression est causée par un faible taux de sérotonine ou par un déséquilibre chimique, et qu’ils ne devraient pas être amenés à croire que les antidépresseurs agissent en ciblant ces anomalies non prouvées. Nous ne comprenons pas exactement ce que les antidépresseurs font au cerveau, et donner aux gens ce genre de désinformation les empêche de prendre une décision éclairée quant à savoir s’ils doivent ou non prendre des antidépresseurs », plaide la Pr Moncrieff.

    « Il est important de souligner que cette étude ne s’est pas directement penchée sur l’efficacité des antidépresseurs. Les traitements à activité sérotoninergique étaient déjà utilisés efficacement pour les patients souffrant de dépression avant la théorie des changements sérotoninergiques de la dépression, rappelle la Dr Livia de Picker de l’Institut de recherche en psychiatrie de l’université d’Anvers (Collaborative Antwerp Psychiatric Research Institute), dans un commentaire sur le Science Media Centre. Depuis cette théorie originale, de nouvelles recherches ont également indiqué que les antidépresseurs affectent plusieurs voies et récepteurs dans le cerveau, et ne sont pas limités à la sérotonine. Il n’y a vraiment aucune raison de remettre en cause l’efficacité des antidépresseurs actuels, même si notre compréhension des causes biologiques de la dépression s’éloigne des théories centrées uniquement sur la sérotonine. »

  • Allemagne : Ces dynasties industrielles qui cachent aux yeux de tous leur passé nazi Matt Lebovic
    https://fr.timesofisrael.com/allemagne-ces-dynasties-industrielles-qui-cachent-aux-yeux-de-tous

    Dans ‘Nazi Billionaires,’ David de Jong enquête sur six familles allemandes richissimes qui ont collaboré avec les nazis et qui s’en sont sorties "avec leur fortune intacte"

    La prochaine fois que vous croquerez avec gourmandise dans un beignet #Krispy_Kreme ou que vous monterez à bord de votre #Volkswagen flambant neuve en sortant de chez le concessionnaire, pensez-y : Votre argent pourrait bien avoir aidé à occulter le passé nazi de certaines des plus grandes familles industrielles allemandes.


    Hitler reçoit une Volkswagen pour son cinquantième anniversaire. (Crédit : Domaine public)
    Dans Nazi Billionaires : The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties, l’auteur et journaliste spécialisé dans l’économie David de Jong enquête sur les activités commerciales de six dynasties allemandes du monde de l’industrie pendant le Troisième reich. Certaines de ces entreprises sont encore aujourd’hui placées sous le contrôle des mêmes familles, entre les mains de leurs descendants.

    Les familles examinées dans le livre étaient propriétaires, entre autres, de #Porsche, Volkswagen et de #BMW, ou de marques américaines qui vont de #Panera_Bread en passant par Krispy Kreme. Il y a aussi Dr. #Oetker, une firme alimentaire qui pèse 8 milliards de dollars, et des hôtels de luxe répartis dans toute l’Europe.

    « Les entreprises et de nombreuses familles d’Allemagne n’ont jamais été réellement dénazifiées », commente le journaliste originaire des Pays-Bas. « Les compagnies transparentes sont celles qui ne sont plus placées sous le contrôle d’une famille qui avait collaboré, autrefois, avec les #nazis. »

    Les dynasties industrielles qui ont retenu l’attention de de Jong dans son livre se distinguent dans la mesure où elles ne se sont jamais appropriées la culture du souvenir solide développée par l’Allemagne face à la #Seconde_Guerre_mondiale, dit-il. Au lieu de faire preuve de « transparence » à l’égard des crimes commis par leurs patriarches pendant le #Troisième_reich, les six familles – les familles #Quandt , #Flick , #von_Finck, #Porsche-Piëch, Oetker et #Reimann — semblent estimer que les années nazies n’ont jamais existé, explique-t-il.

    « Ce qui m’a frappé, c’est de constater combien ces histoires restent peu connues du public au sens large », déclare de Jong au Times of Israel. « Ces six familles [dans mon livre] sont puissantes et elles parviennent à cacher ces antécédents au vu et au su de tout le monde », s’étonne-t-il.

    August von Finck, par exemple, était un grand nom allemand de la finance qui avait été choisi personnellement par Hitler pour mener une collecte de fonds en faveur d’un musée d’art à Munich. Pour remercier von Finck, le dictateur lui avait permis « d’aryaniser » la banque Rothschild de Vienne et la banque Dreyfus de Berlin, volant ces institutions à leurs propriétaires juifs. A ce jour, les héritiers de von Finck possèdent de nombreuses terres en Bavière et l’un de ses fils aurait financé des causes soutenues par l’extrême-droite.

    « Puis vous n’en entendez plus parler »
    Pendant les douze années de gouvernance nationale-socialiste, certaines familles présentées dans Nazi Billionaires : The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties n’ont pas hésité à avoir recours à l’esclavage pour renforcer leur main-d’œuvre et à utiliser des travailleurs forcés. D’autres ont rejoint les #SS, ils ont fait des dons financiers à ces derniers ou ils ont aidé à faire progresser le programme « d’arme miracle » du régime, un programme qui était top-secret.

    Après le principal procès de Nuremberg, il y avait eu de brèves discussions sur la possibilité de traduire en justice certains industriels allemands, dit de Jong. Trois procès de ce type seulement devaient avoir lieu et c’est ainsi que de nombreuses familles présentées dans le livre – et un grand nombre d’autres – « sont restées libres, leur fortune intacte », précise de Jong.



    Hitler visite une usine BMW sur une photo non-datée. (Crédit : Domaine public)

    Tous les membres des six familles qui ont été sollicités par l’auteur ont refusé un entretien – à l’exception d’un seul – ce qui l’a amené à s’appuyer uniquement sur un travail acharné d’étude d’archives et sur les volumineux rapports qui ont pu être commandités par certaines grandes familles.

    « Elles souhaitent que ces histoires ne franchissent pas les frontières de l’ #Allemagne », dit de Jong.

    « Si un journaliste allemand écrit sur le sujet, il – ou elle – sera désigné du doigt : ‘Et vous, qu’ont donc fait votre père ou votre grand-père sous le Troisième reich ?’, » explique-t-il.

    Malgré cette stigmatisation, ajoute de Jong, les journalistes allemands, au cours de ces dernières décennies, ont commencé à se pencher sur les activités de ces dynasties industrielles qui avaient su profiter du Troisième reich. Des investigations médiatiques qui ont amené habituellement les entreprises à embaucher de leur côté un spécialiste chargé d’enquêter sur les liens entretenus par leur firme avec les nazis et sur les activités des usines sous le régime national-socialiste.



    La coccinelle Volkswagen a toujours été attribuée à Adolf Hitler et au Dr Ferdinand Porsche. (Avec l’aimable autorisation de Rex Bennett, Lane Motor Museum)

    « Puis vous n’en entendez plus parler pendant trois ou quatre ans », ajoute de Jong. « Et soudainement, une étude universitaire épaisse en allemand est publiée. Les conclusions sont cachées au vu et au su de tous, et la majorité d’entre elles ne sont jamais traduites dans une autre langue ».

    Ultime démarche des entreprises pour montrer leur bonne foi supposée, ces dernières versent de l’argent à un « fonds d’indemnisation », poursuit de Jong. Et le plus souvent, remarque-t-il, les médias allemands ne s’intéressent que rarement aux rapports commandités par les familles, comme ceux qui ont été examinés par l’auteur de Nazi Billionaires : The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties – ce qui aide à maintenir les faits susceptibles d’être révélés au grand public dans les seules frontières de l’Allemagne.

    ‘Indissolublement liés’
    Un exemple concret de ce manque de transparence historique est celui de la famille Quandt, propriétaire de BMW.

    Pendant la guerre, l’industriel Günther Quandt et son fils, Herbert, avaient eu recours à des travailleurs forcés et à des esclaves dans un grand nombre de leurs usines d’armement et de production de batteries. Des centaines de ces travailleurs étaient morts à la tâche – ils auraient été, selon un spécialiste, presque 60 000 à avoir été déployés dans toutes les usines de la famille.


    Héritier de la dynastie, Herbert n’avait pas été traduit en justice pour ses crimes de guerre et il avait « sauvé » BMW de la faillite en 1959. Le site internet de la fondation établie en son nom mentionne le travail héroïque de redressement effectué par Quandt à la barre de BMW – mais il n’y a rien sur les activités menées par Herbert pendant la guerre.

    « BMW a conservé sa fondation qui porte le nom de celui qui a sauvé l’entreprise – mais cette dernière n’admet à aucun moment que son sauveur avait planifié, construit et démantelé un sous-camp de concentration dans la Pologne occupée par les nazis », déplore de Jong. En plus de son empire composé notamment grâce aux travailleurs forcés et autres esclaves, la famille Quandt avait acquis, pendant la guerre, plusieurs entreprises volées à des Juifs.

    En 2011, la famille Quandt avait diffusé une étude de 1 200 pages consacrée aux activités de la dynastie sous le troisième reich. Un rapport qui concluait que « la famille Quandt a été indissolublement liée aux crimes commis par les nazis » – mais rien n’a changé pour autant sur le terrain en matière de transparence historique, remarque de Jong.

    Des patriarches à l’origine de crimes nazis
    Toutes les entreprises ayant été liées aux nazis n’ont pas essayé de rendre opaque leur passé, note de Jong. L’auteur cite ainsi #Allianz, le géant des assurances, qui « s’est montré transparent sur le fait qu’il avait assuré les camps de concentration et qu’il avait refusé de verser des indemnisations à ses clients juifs, et qui a reconnu avoir exproprié des commerces et des entreprises juives », dit-il.



    ‘Nazi Billionaires.’ (Autorisation)

    « Allianz fait un travail transparent aujourd’hui, » explique de Jong, contrairement « à des marques comme BMW et Porsche. L’argent que vous dépensez pour acquérir leurs produits finit comme dividende pour ces familles, ce qui les aide à maintenir des fondations et des prix médiatiques qui portent les noms de leurs patriarches qui ont été à l’origine de crimes nazis », continue-t-il.

    Selon de Jong, les recherches sur le passé des grandes dynasties industrielles, à l’époque du Troisième reich, reste un sujet « hautement sensible et secret ». Certains des obstacles empêchant de faire toute la lumière sur ces familles sont relatifs à la société et à la culture allemandes, a-t-il expliqué.

    « L’Allemagne est encore insulaire et tournée vers l’intérieur même si elle se trouve politiquement au cœur du projet européen », explique de Jong. « D’une certaine manière, elle est très provinciale ».

    Si les six familles évoquées dans Nazi Billionaires : The Dark History of Germany’s Wealthiest Dynasties veulent s’amender pleinement de leur passé, « il relève de leur responsabilité de révéler les conclusions des études qui sont publiées de façon transparente », continue de Jong.

    Dans la mesure où l’ouvrage a été publié en Allemagne le mois dernier seulement, les familles et les entreprises n’ont pas encore réagi, dit l’auteur.

    « Les choses prennent toujours un petit peu plus de temps à se faire en Allemagne », estime-t-il. « Je ne suis pas surpris qu’il n’y ait pas encore de réponse. Je suppose que c’est la conclusion du livre ».

  • À l’école du cheval, les vignerons reprennent les rênes
    https://reporterre.net/A-l-ecole-du-cheval-les-vignerons-reprennent-les-renes

    Pour la Société française des équidés de travail (Sfet), replacer les équidés de travail au cœur de la société française pourrait participer à « une évolution positive de notre système économique et social ». Une évolution qui permettrait de limiter l’utilisation d’énergies fossiles, et qui, en y liant profondément le cheval, changerait également le rapport à la vigne.

  • Mon premier #NFT, et pourquoi il n’a pas changé ma vie

    https://www.makery.info/2022/05/31/english-my-first-nft-and-why-it-was-not-a-life-changing-experience

    « Des communs aux NFT » est une série d’écriture (élargie) initiée par Shu Lea Cheang (Kingdom Of Piracy), Felix Stalder (World-Information.Org) et Ewen Chardronnet (Makery). En réaction à la bulle spéculative des NFT, la série ramène la notion de biens communs du tournant du millénaire pour réfléchir et intervenir dans la transformation de l’imaginaire collectif et de ses futurs divergents. Chaque dernier jour du mois Makery publie une nouvelle contribution à cette « chaîne d’essais ». Cinquième texte par Cornelia Sollfrank.

    • Les NFT existent depuis quelques années déjà, mais en tant que phénomène culturel, ils ont bénéficié d’une large attention médiatique à la suite des ventes de NFT pour des œuvres d’art, pour lesquelles plusieurs millions ont été payés (4). Soudain, tous les regards se sont tournés vers cette question, et je me suis demandé quelle était la raison de ce soudain intérêt pour l’art numérique ? Pourquoi payait-on maintenant des millions pour des fichiers numériques ? Il est évident que les certificats numériques de propriété ont créé non seulement un engouement, et aussi un nouveau marché pour l’art numérique, mais quelle est la dynamique derrière ? Qui sera en mesure de participer au monde des NFT d’art, et qui le fera avec succès ? Ses opportunités sont-elles plus démocratiques que celles du monde de l’art traditionnel ? Et surtout, quel est le rôle de la technologie ? Qui l’invente ? Qui la contrôle et dans quel intérêt ? Y a-t-il un génie bizarre derrière tout cela qui a réussi à créer un fétiche qui ne sert à rien d’autre qu’à occuper nos esprits et nos machines ?

    • Ce passage du monde de l’art traditionnel, y compris sa légitimation en tant qu’art reconnu, vers les NFT, ainsi que le nouvel art cryptographique spécifique, contribuent tous à légitimer le monde cryptographique et à y injecter davantage d’argent frais. Tous les joueurs qui viennent du monde de l’art le font dans le but de participer au jeu et d’être chanceux dans le capitalisme du casino. Cela me rappelle à nouveau David Gerard et la façon dont il décrit la dynamique qui, selon lui, n’est rien d’autre qu’une arnaque :

      1. Dites aux artistes qu’il y a une avalanche d’argent gratuit !
      2. Ils doivent acheter des crypto-monnaies pour obtenir l’argent gratuit.
      3. Ils deviennent des défenseurs de la crypto, font des excuses au sujet de la preuve de travail et ainsi de suite.
      4. Quelques artistes gagnent vraiment de l’argent et changent leur vie grâce à cela !
      5. Vous ne serez probablement pas l’un d’entre eux. (31)

  • Pénurie de main-d’œuvre oblige, des enfants de 11 ans sont déjà au travail au Québec Radio-Canada / Alexis Gacon
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1886852/travail-enfant-quebec-loi-convention-normes-adolescence

    Si certains jeunes s’épanouissent, d’autres voient leurs droits bafoués.

    Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale dit ne pas disposer des données nécessaires pour établir un décompte des travailleurs âgés de 14 ans et moins.


    À la cantine La Grande Gueule, à Saint-Alphonse-de-Granby, sept employés sur 32 sont âgés de 11 à 15 ans. - Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon

    Au Québec, un nombre croissant de préadolescents occupent des postes laissés vacants par la pénurie de main-d’œuvre, notamment dans les épiceries et dans le secteur de la restauration rapide. Face à ce nouveau contexte et compte tenu du risque de décrochage scolaire, plusieurs experts réclament des changements pour mieux encadrer le travail des enfants.

    “Qu’est-ce que vous souhaitez commander ?” C’est Amanda, 11 ans, une petite blonde aux yeux bleus pétillants, qui pose cette question. Sa tête dépasse à peine le comptoir.

    Amanda, c’est la petite nouvelle de la cantine La Grande Gueule, à Saint-Alphonse-de-Granby. Derrière elle, les friteuses fonctionnent à plein régime. Amanda travaille en cuisine entre 12 et 18 heures par semaine. Ici, près du quart des 32 employés sont âgés de 11 à 15 ans.

    Au départ, le patron d’Amanda, Pascal Lamarche, n’était pas sûr de pouvoir embaucher des employés si jeunes. “Des gens m’avaient dit : "As-tu le droit ?" J’ai eu un doute. [...] Mon comptable m’a envoyé l’information de la CNESST”
    “ : il n’y a pas d’âge !”

    Au Québec, contrairement à la plupart des provinces canadiennes, il n’existe pas d’âge minimum pour travailler. En Colombie-Britannique, par exemple, cet âge est passé de 12 à 16 ans l’an dernier. Mais ici, seule une autorisation parentale écrite doit être demandée par l’employeur si la jeune personne que celui-ci veut embaucher a moins de 14 ans. Or, plusieurs interlocuteurs à qui nous avons parlé soutiennent que les employeurs ne la demandent pas toujours.

    “Elle a été gérée comme une adulte”
    Dans la cuisine du restaurant, Amanda semble insensible à la pression. “Je sais ce que c’est que les rushs . Souvent, le midi ou à l’heure du souper, on a beaucoup de commandes […]. J’aime l’ambiance.” Pourquoi a-t-elle commencé si jeune ? “Parce que j’aime travailler et je trouvais que c’était une bonne place.”

    La jeune équipe semble en effet se serrer les coudes et travailler dans la bonne humeur. Il en faut, car les tâches ne sont pas si simples et le rythme est soutenu. “Le plus difficile, c’est de supporter la chaleur et de blanchir les frites. Si tu peux blanchir un après-midi par semaine, tu vas être capable de tout faire dans la cantine, parce que les paniers sont pesants et il fait chaud”, explique Pascal Lamarche.

    Au restaurant, Amanda est une employée comme les autres, dit son patron. “Pour l’instant, elle fait des journées de six heures, car je ne connais pas encore sa capacité à travailler. Ses parents me disent qu’elle serait capable de faire des journées pleines. On analyse ses points forts, ses points faibles, l’endurance qu’elle va avoir. […] Tant qu’elle veut travailler, on le fait !”

    Même si elle est très jeune, Amanda n’a pas reçu un encadrement adapté à son âge, détaille le propriétaire. Même constat chez Marianne, qui a commencé à 12 ans à servir dans un restaurant à Saint-Jean-sur-Richelieu l’année dernière : “On m’a montré les bases et on m’a dit : "vas-y !"”

    C’est elle qui a demandé à travailler, explique son père, Sylvain. “Elle a de bonnes notes, on sait qu’elle adore apprendre. Si les notes en pâtissent, elle arrête. Mais là, elles n’ont pas baissé.” Elle avoue sa joie de gagner en autonomie et d’apprendre de nouvelles choses. Elle a aussi appris à faire abstraction des remarques de certains clients qui n’hésitent pas à commenter son air juvénile ou sa taille. “Il y a un client qui m’a dit que la table était trop haute pour moi !”

    Cette expérience lui semble bénéfique, même si le stress peut la gagner, raconte son père, comme cette fois où elle a échappé un plateau en verre par terre. “Elle a pleuré. Le patron lui a dit : "Si tu pleures trop, tu t’en retournes à la maison !" Elle a été gérée comme une adulte, puis on l’a vue, elle a bien répondu, elle a essuyé ses larmes et […] elle y est retournée.”

    “Sans jeunes, je ne suis pas capable d’avancer”
    Dans son restaurant, Pascal Lamarche évoque le “fort potentiel” d’Amanda. Ce potentiel sied aussi à un contexte : celui de la pénurie de main-d’œuvre. Actuellement, le chômage est sous la barre des 4 % au Québec. “Sans les jeunes, je ne suis pas capable d’avancer, car les adultes qui veulent travailler les week-ends, c’est difficile à trouver maintenant”, explique le patron du restaurant.


    Roxane Larouche, représentante nationale aux TUAC, section du Québec - Photo : Radio-Canada / Alexis Gacon

    Roxane Larouche, représentante nationale au syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC Canada), se rend bien compte que l’âge ne compte plus au moment de recruter dans le secteur de l’alimentation. “Notre plus jeune membre a 11 ans. Le représentant de service a été très surpris.”

    Elle observe que les jeunes adolescents sont de plus en plus nombreux à travailler dans les épiceries de la province. C’est une tendance que semble confirmer la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), qui a vu le nombre de blessures subies par des moins de 16 ans au travail plus que doubler entre 2018 et 2021, passant de 85 à 203.

    « On voit plus de jeunes, donc le risque de blessures existe et ça pose plein d’autres défis. C’est une toute nouvelle réalité. On pensait avoir des textes de conventions qui pouvaient répondre à toutes sortes de situations, mais force est de constater que non. […] Comment encadrer ces jeunes-là ? Il faut trouver des solutions maintenant, car le problème, c’est maintenant qu’il arrive ! […] On est dans une situation de jamais vu. »

    Cependant, le nombre de travailleurs de 14 ans et moins est difficile à mesurer. Le ministère du Travail du Québec ne fait pas le décompte de ces employés. En effet, le décompte, basé sur les informations de Statistique Canada, commence à l’âge de 15 ans.

    D’après l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017, 22 % des jeunes du secondaire avaient un employeur qui les rémunérait. Cette proportion passe de 6 % en première année du secondaire à 47 % en cinquième secondaire.

    “Est-ce que tu penses que l’école, ça va être son plan A ou D ?”
    Roxane Larouche s’inquiète du risque de décrochage quand elle observe la concurrence des entreprises qui s’arrachent les services des très jeunes, particulièrement à l’extérieur de Montréal.

    « Un employeur qui a engagé un jeune d’environ 12 ou 13 ans se l’est fait voler par la scierie qui l’a embauché pour balayer à 26 dollars de l’heure. […] La question qu’on se pose, c’est : est-ce qu’on a ouvert la voie à un décrochage ? [...] Ces questions doivent être analysées, car c’est un problème de société. »
    Une citation de Roxane Larouche, représentante nationale au syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce

    Mme Larouche fait observer que certains parents envoient leur enfant travailler dans une épicerie comme si c’était “un camp de jour” qui ne “coûte rien”.

    À l’école Amos, à Montréal, l’enseignante Marie-Betty Desrouillères questionne ses élèves, âgés de 16 à 20 ans, sur le sujet du travail des jeunes. Beaucoup sont entrés sur le marché du travail dès le début de leur adolescence.

    “Le jeune qui commence à travailler à 11 ans […], est-ce que tu penses que l’école, ça va être son plan A ou D ?” Un des élèves s’exclame : “Son plan C !”

    Parmi ceux qui l’écoutent, certains travaillent de nuit et arrivent en classe sans avoir dormi, comme Assitan, 19 ans, tressée et cernée. Elle occupe un emploi depuis déjà six ans.

    Ces jours-ci, elle finit son quart dans un dépanneur à 7 h, puis elle marche une demi-heure pour se rendre à l’école. Elle n’a pas commencé à travailler par choix ; elle l’a fait pour aider sa mère. “On est quatre enfants, elle est toute seule. Il y a des choses à acheter, mais elle n’a pas assez [d’argent].”

    Au Québec, jusqu’à l’âge de 16 ans, les employeurs doivent veiller à ce que l’école passe avant le travail. Ils ne peuvent pas demander à leurs employés de manquer l’école pour travailler et doivent s’assurer que les jeunes puissent être à leur domicile de 23 h à 6 h, sauf quelques exceptions (le gardiennage, notamment).

    Toutefois, Assitan, depuis qu’elle a commencé à travailler, n’a pas souvent senti beaucoup de compréhension de la part de ses différents patrons. “Les employeurs vont te manipuler. Ils vont te faire sentir à l’aise. Il n’y avait pas un jour où mon téléphone ne sonnait pas. Ils vont dire "on t’aime" juste pour que tu fasses plus d’heures.”

    Jemima, une autre élève de l’école Amos, travaille depuis ses 14 ans et déplore le manque de considération des gérants d’établissements de restauration rapide où elle a été employée. “Tout ce qui est fast food, les boss ne sont pas compréhensifs. Moi, quand je disais que je ne pouvais pas rentrer au travail et que je devais étudier, ils me coupaient tous mes autres quarts. Je n’avais pas de quarts la semaine suivante.”

    “On ne peut pas laisser aux enfants la responsabilité de leur propre bien-être”
    Selon Sarah Denenne, une avocate spécialisée en droits des enfants, il est temps que le Québec revoie sa copie dans le domaine. “Il doit y avoir place à une réforme. Là, en ce moment, l’état du droit actuel, c’est qu’on doit déléguer la responsabilité de la protection au bon jugement de l’employeur et de l’enfant lui-même. [...] Dans la loi, il est écrit qu’il ne doit pas avoir un travail disproportionné qui nuise à son développement ; c’est très vague. Et ça, c’est une chose à laquelle il faut s’attaquer.”

    Le Québec est lié à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, ratifiée par le Canada en 1991. Celle-ci stipule qu’il faut fixer un âge minimum pour travailler https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child. Selon Sarah Dennene, le Québec est en retard sur cette question.
    « On est dans un système pensé pour l’adulte et l’enfant a des besoins spécifiques : il faut protéger le développement spécifique de l’enfant. Qu’est-ce qui va être dans son intérêt ? Dans le contexte actuel, est-ce que l’impératif économique ne va pas prendre le dessus sur la protection de l’enfant ? […] On ne peut pas laisser aux enfants la responsabilité de leur propre bien être. […] Ils ne peuvent pas tenir tête à leurs employeurs. Plus on est jeune, plus c’est difficile. »
    Une citation de Sarah Denenne, avocate spécialisée en droits des enfants

    D’après l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017 https://statistique.quebec.ca/fr/fichier/enquete-quebecoise-sur-la-sante-des-jeunes-du-secondaire-2016-201 , parmi les élèves qui occupent un emploi durant l’année scolaire, ceux qui travaillent de 11 à 15 heures par semaine ou 16 heures et plus étaient proportionnellement plus nombreux à présenter un niveau élevé de détresse psychologique que ceux qui consacraient moins de 11 heures par semaine à leur emploi (34 % et 37 % contre 29 %).

    Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a décliné nos demandes d’entrevue. Dans un courriel, les communications du ministère soutiennent que les lois du travail au Québec encadrent déjà le travail des adolescents.

    #enfants #travail #exploitation #enfance #inégalités #Quebec #droits_des_enfants #préadolescents #préadolescentes #statistiques

  • Trafic de déchets : comment de fausses sociétés de tri gèrent l’un des filons les plus juteux du grand banditisme français franceinfo - Stéphane Pair
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/trafic-de-dechets-comment-de-fausses-societes-de-tri-gerent-l-un-des-fi

    Un peu partout en France, des communes voient apparaître de monstrueuses décharges à ciel ouvert ou cachées dans des hangars. Ces déchets ne seront jamais recyclés mais ils enrichissent par millions des escrocs particulièrement prudents. 

    Sur les hauteurs de la ville de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, dans ce qu’il reste de la société de tri Recyclage Concept 13, 30 000 mètres cubes de plastiques, de matériaux BTP à moitié calcinés, sont entassés là, en toute illégalité. C’est trente fois plus que ce qui était autorisé à cet endroit. 

    Cette montagne de déchets a partiellement brûlé en décembre dernier pendant près d’un mois https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendie/saint-chamas-depuis-un-mois-un-incendie-dans-un-centre-de-dechets-empoi , avec, au passage, une pollution mesurée par Atmosud équivalente à celle de Pékin les mauvais jours. Cet incendie a eu lieu juste avant un contrôle de conformité et les registres ont brûlé. Le patron de cette société vient d’être mis en examen pour trafic de déchets.

    https://www.francetvinfo.fr/pictures/8EJFENp2gaq0kWzbPNZCzkx2iqU/0x2:1023x576/944x531/filters:format(webp)/2022/05/25/php2v6J2E.jpg
    La montage de déchets de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, en mai 2022. (STEPHANE PAIR / FRANCEINFO)

    Fabrice et Isabelle, un couple de voisins, a vu monter chaque jour cette montagne au fil des rotations des camions bennes. « Les déchets arrivaient et ça se remplissait toujours plus... Une fois que le bâtiment était plein, des déchets se retrouvaient à l’extérieur. Cela faisait plus penser à une énorme poubelle qu’à une usine de traitement », décrit Fabrice. « Fatalement, nous sommes en colère car ce n’est pas la seule. Il y en a eu un peu partout, jamais sous le même nom, mais on se doute bien que ça vient de la même mafia » , poursuit Isabelle. 

    La réalité, c’est que ce trafic en bande organisée imite totalement les méthodes de la mafia, raconte Jean Sansonne, qui dirige Sos Corruption dans les Bouches-du-Rhône :  "La camorra napolitaine contrôle le trafic de déchets avec des trains complets de déchets qui arrivent de toute l’Europe, en particulier de l’Europe du Nord. C’est documenté par des enquêtes des carabiniers italiens. Or depuis trois ans dans la région de Naples, s’est développé l’incendie de dépôts de déchets à recycler. Or chez nous en France on constate que les incendies de déchetterie se multiplient également. Ici à Saint Chamas mais aussi tout récemment à Saint-Martin-de-Crau et dans d’autres communes du Sud-Est. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une procédure qui est copiée sur celle des mafias napolitaines."

    Des millions d’euros de surfacturations et des sociétés complices
     Comment ces escrocs génèrent-ils de l’argent ? Ils créent une société avec un capital dérisoire. Ils se déclarent comme trieur-recycleur, respectent en apparence la réglementation sur les déchets dits non polluants et facturent à prix cassé – moins de 180 euros la tonne – la levée et le faux recyclage des déchets industriels pour les enterrer ou s’en débarrasser parfois à l’international. Ce sont alors des millions d’euros à la clé qui s’évaporent avec des montages plus ou moins complexes de surfacturations via des sociétés complices.

    Richard Hardouin, le président de France Nature Environnement dans les Bouches-du-Rhône (FNE 13), décrit le système : « On ne crée pas une société de recyclage avec un capital de 7 500 euros. Lorsqu’une entreprise dit faire du recyclage en louant un simple hangar, sans avoir de réceptacle pour gérer les eaux usées, et que cette entreprise change de nom tous les deux ans, la conclusion s’impose d’elle-même. » Richard Hardouin travaille avec des élus locaux à une proposition de loi pour mieux contrôler les installations de stockage de déchets dits non dangereux.

    De son côté, le maire de Saint-Chamas nous a révélé avoir été menacé. Didier Khelfa n’en avait jamais parlé avant. Pousser à la mise en conformité de la société qui a pollué sa commune lui a valu des pressions directes. 

    « Cela m’a valu quelques menaces. J’ai été suivi, j’ai été intimidé. Est-ce que c’est la mafia ? Je ne sais pas, je n’ai jamais été confronté à elle auparavant. » 
    Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas à franceinfo

    Il raconte avoir rencontré à deux reprises les exploitants de l’entreprise : « La première fois, j’ai rencontré une jeune femme me disant qu’elle était en autoentreprise et qu’elle était gérante du site. Quelques mois après, elle est revenue avec son père, assurant ne m’avoir jamais dit ça en expliquant que c’est son père qui était le gérant. Ces gens-là sont au mieux, des irresponsables, au pire des voyous et des criminels contre l’environnement. » 

    Les déchets, deuxième source de revenus du banditisme en Europe
    Du côté de la gendarmerie nationale, c‘est l’OCLAESP, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, qui surveille et chasse ces escrocs. L’entreprise Recyclage Concept 13 de Saint Chamas faisait partie de ses cibles lors du dernier coup de filet réalisé contre ce milieu. Début mai, sous la direction de la JIRS de Marseille, une juridiction spécialisée, une opération a mis sous les verrous deux pointures présumées de ce trafic dont une figure du banditisme régional, le Gardois Richard Perez surnommé « le roi des poubelles ». Il aurait livré plus de 6 000 tonnes de déchets à Saint-Chamas. Dans cette opération dont l’instruction est toujours en cours, trois autres escrocs présumés et six sociétés ont été mis en examen pour le transport, l’exploitation irrégulière et l’incendie de déchetteries.

    Le trafic international de déchets est la deuxième source de revenus du banditisme en Europe, après la drogue. « Les groupes criminels qui sont impliqués dans les trafics de déchets utilisent les modes opératoires du banditisme, assure le patron de l’OCLAESP, Sylvain Noyau. Des téléphones anonymisés, des messageries cryptées, des détecteurs de balises, l’utilisation de fausse documentation, la corruption... De notre côté, nous utilisons absolument les mêmes techniques que celles que nous utilisons contre le banditisme traditionnel, avec des infiltrations des réseaux ou des mises en place de micros dans les espaces privés. »

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