• Sans smartphone, pas de liberté ? | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/02/06/sans-smartphone-pas-de-liberte

    e projet de loi sécurité globale a provoqué une levée de bouclier à gauche et dans les syndicats (dont ceux de journalistes, mais largement au-delà). Au cœur de cette contestation figure le fameux (feu) article 24 et la tentative mal dissimulée du gouvernement de décourager les témoignages sur les violences policières par des arguties peu convaincantes. Cette mobilisation s’est ainsi très rapidement concentrée autour de l’ éventuelle interdiction qui nous serait faite de diffuser des vidéos d’agissements de la police, notamment lors des manifestations. Il serait trop fastidieux de faire un inventaire exhaustif des textes, banderoles, prises de paroles, bombages et slogans plaçant au centre de la mobilisation contre cette loi, la liberté de filmer et son corollaire, celui d’alimenter internet, ses réseaux dits sociaux, ses infrastructures, et bien sûr ceux qui s’en nourrissent : multinationales et… police. Considérée comme un supplément d’âme à ne cultiver qu’une fois les questions prioritaires réglées, la critique des technologies reste hélas de l’ordre de la coquetterie pour une gauche, très majoritairement productiviste1, qui a d’autres chats à fouetter actuellement. Logiquement, les analyses et réponses à ce projet de loi, pour nombre d’entre elles, en sont l’ illustration et si « le monde est flou », les slogans sont parfois explicites.

    Le site d’information Lundi Matin, par exemple, se réjouit du succès de bombages réalisés à Bordeaux le 24 novembre. Sur les murs de l’École Nationale de la Magistrature, l’un d’eux proclame sans trembler : « Pas de vidéos, Pas de justice ». Un autre : « Sous les pavés, la carte SD », assez révélateur de l’imaginaire technophile de certains héritiers de 68. Les animateurs du site (habituellement attentifs à la question des flux dans leur critique du capitalisme), sans doute galvanisés à leur tour par la puissance du récit et des slogans associant justice, révolte et vidéo, n’ont pas jugé utile de souligner un éventuel lien entre flux informatiques et destruction du monde. Dommage. L’auteur de l’article, finalement pris d’un doute, estime cependant qu’il est un peu tôt pour affirmer que ce genre de manifestation inaugure « le début d’une série de protestations à la hauteur des enjeux. »2 C’est peu de le dire.

    • Plus honnête sans doute, quoique pas plus rassurant sur l’état des forces en présence, la pancarte « Vos armes contre -n-o-s—c-a-m-é-r-a-s- … plus rien » confirme ce que l’on craignait : sans smartphone, nous ne sommes plus rien. Ce terrible aveu révèle et prend acte d’une forme d’impuissance grandissante (d’un manque d’imagination ?), dans le camp progressiste – mais pas seulement, à esquisser un monde plus vivable, ou a minima une résistance, en l’absence de l’appareillage technologique que la société industrielle nous a collé dans les mains. Il trahit donc le sentiment dégradé que nous avons de nous-mêmes et de nos capacités à agir.

      […]

      Plus honnête sans doute, quoique pas plus rassurant sur l’état des forces en présence, la pancarte « Vos armes contre nos caméras … plus rien » confirme ce que l’on craignait : sans smartphone, nous ne sommes plus rien. Ce terrible aveu révèle et prend acte d’une forme d’impuissance grandissante (d’un manque d’imagination ?), dans le camp progressiste7 – mais pas seulement, à esquisser un monde plus vivable, ou a minima une résistance, en l’absence de l’appareillage technologique que la société industrielle nous a collé dans les mains. Il trahit donc le sentiment dégradé que nous avons de nous-mêmes et de nos capacités à agir.

      […]

      Le recours à ces appareillages ne nous protège de rien mais nous confisque la parole et fragilise sa légitimité en lui préférant implicitement une preuve par l’image, censément plus délicate à contester. Si c’est bien à cette idée que se rangent les slogans évoqués plus haut, le pouvoir et ses conseillers en numérisation peuvent se féliciter d’avoir convaincu très au-delà de leur cercle d’influence.

      […]

      Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et inspirateur de la gauche radicale, répond à sa façon au journaliste du site Reporterre :

      « J’ai beaucoup de mal à penser la technique du point de vue du pouvoir. La technique, on peut toujours s’en retirer. Je ne vois aucun effet de pouvoir de Facebook, de Twitter ou d’Instagram parce que je peux les fermer. Le seul pouvoir dont je ne peux me retirer, c’est l’État. Mais Facebook ne me met pas en prison. Instagram ne me met pas en prison. Mon Iphone ne me met pas en prison. »

      Pourtant mis par son interlocuteur sur la piste des conséquences écologiques désastreuses imputables à l’omniprésence des technologies, il ne voit décidément pas matière à s’attarder sur ce point.

      […]

      Bien qu’elle n’en ait pas l’exclusivité, cette cécité assumée est emblématique d’une gauche qui semble ne répondre qu’à des stimuli que la sphère universitaire et culturelle prémâche puis lui sert sur un plateau (de télé ou de radio en général). Il ne faut pas s’étonner que, puisant à de telle sources, elle peine à penser la liberté hors de ses thèmes de prédilection : focalisation sur le seul caractère inégalitaire de la répartition des richesses produites, sur les dominations (de genre, de race, etc.) et sur les sales manières de l’Etat policier. Rien d’étonnant non plus à ce qu’elle accepte sans sourciller l’idée de confier à un iPhone le soin de la défendre face à l’Etat.

      #liberté #critique_techno #smartphone #téléphone_portable #caméra #police #violence_policière #violences_policières #informatisation #Progrès #anti-industriel #progrès_de_notre_dépossession

    • Autre lien pour archive https://sniadecki.wordpress.com/2022/05/06/num-smartphone

      Bien entendu, il y a du vrai dans tout cela. Mais ces déclarations masquent mal le caractère un peu paradoxal, ou à tout le moins ambigu de nombre de revendications : s’agit-il de récuser la société de surveillance ou d’y occuper la place à laquelle on a droit ? Il ne semble question, au chapitre des libertés publiques, que d’ assurer celle de filmer un pouvoir et ses policiers à qui on reproche dans le même temps de truffer l’espace public d’innombrables dispositifs de surveillance (caméras de vidéosurveillance, reconnaissance faciale, drones, hélicoptères, etc.). Ce souci premier de réciprocité dans la surveillance est-il vraiment de nature à nous mobiliser ? On peut à juste titre contester cette énième tentative de fonder en droit une inégalité de traitement entre policiers et citoyens (assez ancienne au demeurant) mais ça n’a finalement que peu à voir avec un questionnement sur le fond d’une société qui consent à ce que tout le monde filme et surveille tout le monde.

      […]

      Que les fonctions « surveiller la police » et « renseigner la police » figurent toutes deux au menu de ces appareils devrait nous mettre la puce à l’oreille… Rappelons également pour les étourdis qu’un smartphone sert indifféremment à se passer de sa secrétaire et à lui envoyer son mail de licenciement, à enrichir Tim Cook ou Mark Zuckerberg, à télécharger l’application Stop covid, à tracer des malades et localiser des manifestants, à participer au déploiement de la 5G et, c’est vrai, à témoigner des violences policières.

      […]

      Passons à la question de l’efficacité des moyens, qui semble primer pour les défenseurs des libertés et nous ramener à la nécessité, pour prouver les violences policières, de les filmer. L’avènement et l’utilisation massive des ordiphones comme autant de caméras braquées sur le pouvoir et sa police ont-ils fait baisser le niveau de surveillance et de répression des mobilisations sociales en France ? La circulation sur les réseaux sociaux des images qui en sont extraites a-t-elle, si peu que ce soit, modifié les rapports de force entre Etat et contestation ? Et si oui, au profit de qui ? Souvenons-nous d’une époque, non pas bénie, loin de là, mais où personne n’avait de smartphone et où le niveau de tension et de violence policière était assurément moins élevé qu’il ne l’est depuis 10 ou 15 ans en manifestation. Depuis l’apparition des cortèges connectés, c’est un « usage bien établi » : les policiers filment les manifestants, et réciproquement. Cette mise en abyme a-t-elle vraiment pesé favorablement sur l’issue des luttes sociales ? Rien n’est moins sûr.

      […]

      Villages du cancer, pollution des nappes phréatiques, raréfaction de l’eau potable et des sols encore cultivables, suicides et exploitation au sud, remplacement des humains par des robots au nord, consommation énergétique effrénée et aliénation partout : l’industrie du numérique a fait ses preuves et ses états de service sont bien documentés. N’est-ce pas pourtant à cette dernière que s’en remettent ceux qui revendiquent le droit de chacun à filmer avec un smartphone, sans autre considération pour ce qui précède ? Devons-nous, au nom du droit, nous accommoder de ces menus détails ? Notre liberté peut-elle se défendre valablement au détriment de celle, parmi d’autres, des adolescents esclavagisés dans les usines Foxconn en Chine ?

    • Le site d’information Lundi Matin, par exemple, se réjouit du succès de bombages réalisés à Bordeaux le 24 novembre. Sur les murs de l’École Nationale de la Magistrature, l’un d’eux proclame sans trembler : « Pas de vidéos, Pas de justice ». Un autre : « Sous les pavés, la carte SD », assez révélateur de l’imaginaire technophile de certains héritiers de 68.

      C’est remarquable parce que dans l’édition de cette semaine, « les mêmes » (en fait, non, peut-être pas) se lancent dans une sorte d’exégèse d’un film relatant les « exploits » d’obscurs conspirateurs contre des infrastructures informatiques au début des années 80 :

      https://lundi.am/Machines-en-flammes

      Après une longue absence, la rubrique cyber-philo-technique revient sur lundimatin à l’occasion des sabotages de fibre optique du 27 avril dernier et de la projection à venir du film Machines in flammes par la librairie Michèle Firk sur les actions du CLODO (Comité pour la Liquidation ou le Détournement des Ordinateurs) aux alentours de Toulouse dans les années 80. L’article relie quelques fils pour tisser une compréhension de la numérisation du monde qui inclut les sabotages auxquels elle se confronte en permanence au cours de son histoire.

  • « L’incesteur mène une vie que rien ne différencie des autres » | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/lincesteur-mene-une-vie-que-rien-ne-differencie-des-autres

    L’#inceste se révèle avant tout être un rapport paroxystique de #domination qui s’exprime dans l’érotisation et la sexualité. L’appropriation sexuelle des vulnérables dans la famille est une façon d’exprimer qui est le patron.

    Ça a le mérite d’être parfaitement clair  !

    • l’inceste n’a rien à voir avec une pulsion de pédophile. Mon enquête a montré que l’immense majorité des incesteurs n’ont pas spécialement de désir sexuel pour les plus jeunes. Jusqu’au viol d’un enfant, ils ont une vie sexuelle d’homme adulte normal, sont mariés ou divorcés, ont eu une ou plusieurs épouses, éventuellement des maîtresses. L’inceste se révèle avant tout être un rapport paroxystique de domination qui s’exprime dans l’érotisation et la sexualité. L’appropriation sexuelle des vulnérables dans la famille est une façon d’exprimer qui est le patron .

    • Finalement, le plus difficile n’a pas été de rencontrer des incesteurs ou de travailler auprès des victimes, mais de restituer mon enquête auprès de mes collègues.

      Pourquoi avez-vous rencontré des difficultés dans la restitution de votre travail ?
      D. D. Il y a une vingtaine d’années, quand j’ai présenté mes premiers exposés sur l’inceste, les cadres de l’anthropologie – comme dans les autres disciplines – étaient sauf exception des hommes, quinquagénaires ou plus, qui ne portaient aucun intérêt intellectuel ou émotionnel à la question des violences sexuelles. Ils étaient rétifs à trouver légitime de s’y intéresser et le témoignaient parfois de façon grossière, par exemple en quittant la salle au milieu de mon exposé, ou en prenant un appel téléphonique au moment des questions. Je n’avais jamais vécu pareilles interactions dans mon chantier de recherche précédent, sur les questions urbaines en Océanie.

    • On parle de mieux former les professionnels pour débusquer les enfants incestés mais le problème tient aux relais. À qui on en parle, sachant qu’on n’est jamais sûr de la réalité des faits ? Sachant que moins de 2 % des affaires portées en justice aboutissent en faveur d’une condamnation, ça ne sert pas à grand-chose, à part faire entrer un enfant et sa famille dans un enfer judiciaire dont personne ne sort indemne.

      Tant qu’il n’y aura pas une réforme en profondeur des modes d’administration de la preuve, ça ne sert qu’à innocenter l’incesteur. Je pense qu’on gagnerait plus à agir en amont et à s’adresser aux auteurs d’inceste.

  • Enfant mal placé – dièses
    https://dieses.fr/enfant-mal-place

    Lorsqu’un jeune de 14 ans, qui s’est donné les moyens d’avoir de bons résultats scolaires pour prétendre à une filière générale, est contraint par la Protection de l’enfance de choisir une filière professionnelle pour que, à sa majorité, il puisse quitter son foyer ou sa famille d’accueil en ayant la possibilité d’être inséré professionnellement et de subvenir à ses propres besoins, il n’y a pas d’égalité des chances. Inutile de dire ce que cela crée comme dégâts psychologiques, comme frustrations et sentiment d’insécurité…

    Le comble de cette politique absurde c’est que les jeunes fraîchement sortis de l’ASE se retrouvent souvent à la rue, terrifiés, obligés de faire appel au 115 qui les oriente vers des centres d’hébergement d’urgence, au moins aussi coûteux que s’ils avaient eu l’opportunité d’être pris en charge quelques années de plus par le département. Cherchez l’erreur…

  • Mais pourquoi donc faut-il sauver le soldat Blanquer ?
    Par Christian Lehmann, médecin et écrivain
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/31/mais-pourquoi-faut-il-sauver-le-soldat-blanquer_1818888

    Le coût social et psychique du confinement est énorme, nous dit-on. Ces explications pourraient être entendues si le gouvernement et son administration faisaient tout pour éviter d’en arriver là. Mais un an après le démarrage de cette pandémie, nous sommes toujours à la traîne : les tests salivaires ne sont pas autorisés en France, le traçage est réduit à sa plus simple expression, les informations sur l’aérosolisation sont à peine évoquées. Et rien n’est fait dans le secteur scolaire pour sécuriser les établissements : ni autotests ni information claire aux familles ni consignes d’aération cohérente ni protocole adapté. Il a fallu ferrailler pendant des mois pour obtenir de masquer les élèves pour les protéger ainsi que les personnels, mais Jean-Michel Blanquer s’entête à inventer un monde merveilleux dans lequel son protocole sanitaire de Schrödinger, qui empile des mesures floues à mettre en place « dans la mesure du possible », règle le problème. Arc-bouté sur des sociétés savantes de pédiatrie incapables de se dédire, le ministre laisse flamber l’épidémie et feint de croire que ceux qui alertent sont des ayatollahs inhumains inconscients du risque éducatif pour les enfants.

    On ne reconfinera pas tout de suite, mais Emmanuel Macron choisira probablement la fin de la semaine, qui correspond, oh quel hasard, au début des vacances scolaires. Manière de continuer à prétendre que les établissements scolaires ne participent en rien à la diffusion de l’épidémie. J’en viens à me demander quelles vidéos compromettantes possède le ministre, et pourquoi il est si important de sauver le Soldat Blanquer et la réalité alternative dans laquelle il semble vivre.

    Une semaine après une nouvelle journée de grève des personnels, Ariane Deboise, 47 ans, professeure des écoles à Ivry-sur-Seine et représentante syndicale, a voulu témoigner de ce qui se passe en milieu scolaire :

    « C’est écrit noir sur blanc dans le protocole sanitaire : les enfants à l’école primaire ne sont jamais considérés comme cas contacts. Une amie reçoit un mot dans le carnet de liaison de sa fille. " Il nous a été signalé un cas confirmé de Covid-19 au sein de la classe. Votre enfant n’est pas identifié, à ce stade, comme contact à risque." "C’est une blague ?, me demande-t-elle. Ma fille est en moyenne section, ils ne portent pas de masques, ils passent leur temps à léchouiller des trucs et à se léchouiller les uns les autres, malgré tous les efforts de la maîtresse. Comment peut-elle ne pas être cas contact ? C’est une blague ? " »

    « Non, ce n’est pas une blague. Le Haut Conseil de Santé publique estime "qu’il n’y a pas lieu de considérer comme contact à risque un enfant de moins de 11 ans ayant eu un contact avec un adulte testé positivement Covid-19 qui porte un masque grand public de catégorie 1 (comme ceux fournis par le ministère de l’Éducation nationale, ndlr), ni un autre enfant de moins de 11 ans testé positivement Covid-19, bien qu’il ne porte pas de masque ». Le HCSP souligne en effet dans cet avis que "les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du Sars-CoV-2". Circulez, il n’y a rien à voir. "En conséquence, dans le premier degré […] l’apparition d’un cas confirmé parmi les élèves n’implique pas que les autres élèves de la classe soient identifiés comme contacts à risque."

    « Cette mauvaise blague a été réitérée à l’envi dans la plupart des écoles de France, et ce courrier reçu est une déclinaison d’un courrier type proposé par notre hiérarchie. J’explique à mon amie les alertes que nos syndicats lancent depuis des mois maintenant. Mais la priorité c’est de laisser les écoles ouvertes, à n’importe quel prix, alors que parfois la moitié d’une équipe d’encadrants est positive. Les parents se débrouillent comme ils peuvent, en prenant une journée, ou en faisant garder leurs enfants, pour ne pas surcharger les classes qui restent ouvertes, sans aucun justificatif pour s’absenter de leur emploi, puisque l’établissement reste ouvert et prétendument en capacité d’accueillir.
    « Découragés »

    « L’absence de traçage dans les écoles n’est pas le fait d’une absence de moyens, mais bien d’une décision politique. Dans l’école où je travaille, nous nous étions organisés depuis la rentrée de septembre : les enfants mangeaient à la même table, les animateurs notaient les tablées quand il y avait des modifications, nous faisions respecter la distance en sport, et, en gros, nous aurions pu tracer les contacts des enfants, avec une petite marge d’erreur peut-être, mais disons de manière globalement satisfaisante. Travail important, contraignant pour les enfants comme pour les adultes qui les encadrent. Arrive le premier cas positif… pas de traçage. Le deuxième ? Pas de traçage non plus. Les suivants ? Idem. Nous nous sommes découragés. A quoi bon ? Après tout, peut-être avaient-ils raison, les enfants étaient peut-être très peu contaminants, c’est le discours martelé par les pédiatres après tout, pourquoi être plus royalistes que le roi… Et pourtant nous étions nombreux à être mal à l’aise vis-à-vis des familles. C’est l’étrange méthode Coué de Blanquer : répéter comme un mantra que l’école n’est pas un lieu de contamination, quitte à tordre les chiffres dans tous les sens, et à évacuer ceux qui gênent, ne nous convainquait guère.

    « La blague était déjà mauvaise, elle devient sinistre. La présence des variants anglais et sud-africains sur notre territoire et les déclarations d’Alain Fischer, le monsieur Vaccin du gouvernement, sur la nécessité de vacciner les enfants, n’ont rien fait bouger du côté du ministère. Plus de sport en intérieur, certaines règles optionnelles pour la restauration devenues obligatoires, soit. Mais le traçage ? Rien n’a changé. Même pas a minima une information claire envers les familles.
    A vomir

    « Mon amie a une oreille attentive, alors je raconte. Je raconte les appels affolés lors de nos permanences syndicales, la colère des collègues, le surnom donné à l’un de nos permanents syndicaux, Clusterboy, je lui lis ce message, reçu dans la journée : "Je suis positive depuis jeudi dernier. Ma directrice a appelé l’inspectrice qui lui a dit que j’étais irresponsable. Pourtant je me dévoue corps et âme à mon métier, nous avons une maîtresse absente depuis fin décembre, nous récupérons ses élèves et nous montons parfois à 40 dans ma classe. Un des élèves répartis dans ma classe était positif au Covid. Depuis vendredi, trois enseignantes sont positives ou cas contact. Le directeur du centre de loisir est positif, ainsi que trois animateurs et deux ATSEM. Le maire souhaite fermer l’école, mais l’inspectrice toujours pas. Le mot d’ordre, c’est se taire, ne pas fermer les écoles pour ne pas faire exploser les chiffres. La santé, ils s’en foutent. C’est à vomir. " »

    « Je raconte aussi le cas de cette enseignante, qui reçoit un SMS de l’assurance maladie lui demandant de s’isoler, mais qui ne s’isole pas et assure la classe, parce que du point de vue du médecin de l’éducation nationale et de notre inspecteur, le risque de contamination, sur son lieu de travail, n’est pas avéré. Ce n’est pas, me confirme mon inspecteur en audience syndicale, à la caisse nationale d’assurance maladie de déterminer qui est cas contact dans les écoles : nous dépendons de la cellule dédiée à l’inspection académique. Dommage que le virus ne soit pas au courant.
    Deux règles

    « Et comme nous travaillons avec des personnels municipaux ou des intervenants extérieurs, deux règles, la règle commune et celle de notre administration, se heurtent parfois. Cette administration est, en quelque sorte, juge et partie. Comment lui faire confiance ? En pratique, les enseignants vont se faire tester, même lorsqu’on leur dit qu’ils ne sont pas cas contacts. Ils savent bien que dans la plupart des écoles, nous mangeons ensemble… à distance, certes, mais pas toujours, et pas toujours dans des pièces aérées. De nouvelles consignes sont tombées récemment : elles nous enjoignent à manger en quinconce, à plus de deux mètres d’écart, et en moins de 15 minutes, fenêtres ouvertes – ou, à défaut, dans nos classes. Je ne les remets pas en cause, elles sont sans doute justifiées. Reste à espérer que par la magie de l’effet performatif de la note de service, elles ne permettent pas d’évacuer tout bonnement la question des cas contacts entre enseignants – puisque nous ne sommes pas supposés, par définition, les enfreindre.

    « Comme le signale le SNUIPP-FSU, le syndicat majoritaire dans le premier degré, dans un courrier au ministre de la Santé : "A l’heure actuelle, l’éviction et l’isolement des personnels qui ont été en contact avec un cas positif reposent sur les instructions des autorités locales de l’éducation qui ont aussi à charge d’assurer la continuité du service. Cela peut se traduire parfois par des refus de placement à l’isolement, ce qui est en totale contradiction avec la stratégie nationale relative à la rupture des chaînes de contamination… Les règles de cas contacts au sein de l’Éducation nationale doivent être les mêmes que dans le reste de la société. "

    « Alors oui, tracer les enfants, cela signifierait fermer la classe pour une semaine dans une école maternelle. Personne ne le souhaite. Mieux tracer les cas contacts entre adultes, en prenant en compte la réalité de la vie des personnels, par une autorité de santé indépendante, ferait fermer des classes. Beaucoup, sans doute, et cela pèserait sur l’ensemble de la société. Mais à Noël, dans ma chambre, en tête à tête avec ma part de bûche et le résultat positif de mon test, face à la pile de livres dont, positive asymptomatique, j’allais profiter pendant une semaine de paresse forcée, je me suis demandée jusqu’où ce virus invisible, qui avait transité par moi à mon insu, sans doute depuis l’école, avait diffusé parmi ces gens que je vois tous les jours dans le quartier, qui il allait heurter de plein fouet, et quels deuils il allait peut-être engendrer. »

    Christian Lehmann médecin et écrivain

    • @marielle —> l’article complet si jamais.

      Confinement repoussé : l’histoire secrète de la décision surprise de Macron

      Malgré la forte menace de rebond épidémique, le chef de l’État espère encore pouvoir éviter de mettre à nouveau le pays sous cloche.

      Ça va faire juste. Il est déjà 19 h 30 vendredi soir lorsque le Conseil de défense s’achève. Il faut prévenir les Français. Leur expliquer ce que le président de la République a décidé au terme d’une semaine de suspense sur l’instauration d’un troisième confinement. La menace d’un rebond de l’épidémie de Covid-19 est forte, surtout depuis l’apparition de mutants du virus, plus contagieux, peut-être même plus dangereux. Le pays s’attend au pire.

      Jean Castex n’a que très peu de temps pour rédiger sa déclaration. Surtout s’il veut avoir une chance « d’accrocher les 20 heures » - selon l’expression consacrée pour les journaux télévisés du soir -, et capter l’intérêt des Français avant le week-end. Le premier ministre et son directeur de cabinet, Nicolas Revel, ne prennent même pas le temps de sortir du salon Murat où s’est déroulé le Conseil de défense sanitaire. Sur la table autour de laquelle s’est tenue la réunion confidentielle d’une heure et demie, les deux hommes prennent la plume. Ils ont moins d’une heure pour rédiger l’allocution que le chef du gouvernement va prononcer dans le Salon d’hiver de l’Élysée. L’exercice est toujours risqué. Il faut trouver les bons mots, ceux qui ne laissent planer aucune ambiguïté. Jean Castex reste hanté par sa prestation ratée du 11 septembre dernier, lorsqu’il avait convoqué une caméra dans la cour de Matignon… pour ne rien annoncer.

      Alors cette fois, il prend son temps. Il hésite, il rature, il réécrit. L’heure tourne, et le texte n’avance pas beaucoup. Ça n’est pas encore la panique, mais ça pourrait finir par y ressembler. Soudain, cinq renforts inespérés viennent lui prêter main-forte. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, ainsi que ses collègues Bruno Le Maire (Économie) Gérald Darmanin (Intérieur), Élisabeth Borne (Travail), et Gabriel Attal (porte-parole), apparaissent au-dessus de ses épaules. Ensemble, le petit commando s’attelle à l’élaboration d’une déclaration lapidaire, qui durera moins de 5 minutes montre en main. Le message essentiel tient en quelques mots : « La question d’un confinement se pose légitimement […], (mais) nous pouvons encore nous donner une chance de l’éviter . »

      En une phrase, Jean Castex lève le suspense qui hantait l’esprit des Français depuis près d’une semaine. Non, le pays ne sera pas remis sous cloche ni à l’arrêt, comme tout semblait pourtant porter à le croire. Le premier ministre lui-même avait d’ailleurs fini par s’en convaincre.

      Devant les présidents de groupes parlementaires, jeudi, l’ex-haut fonctionnaire passé par le ministère de la Santé dépeint une situation apocalyptique. D’où son étonnement lorsque, avant le Conseil de défense, durant son entretien en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, ce dernier lui indique qu’il a tranché en faveur d’un couvre-feu renforcé. « Le président avait bien décortiqué le dossier : si le variant flambe au Royaume-Uni, c’est que le pays n’avait pas adopté les mêmes restrictions que nous cet automne. Jean Castex a été surpris, certes. Mais avant d’aller devant les caméras, une chose est sûre, il était convaincu » , jure un proche du premier ministre. « Tout le monde est aligné derrière cette décision, il n’y a pas de voix dissonantes » , promet un membre du gouvernement.

      Dans le huis clos du Conseil de défense, pourtant, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, plaident pour un reconfinement. Le chef de l’État tente de rassurer les tenants d’une ligne ferme sur le sanitaire. « Soyons très clairs : je ne prendrai jamais le risque que les hôpitaux trient leurs patients. » Il tient bon. Comme à l’époque du déconfinement. Contre l’avis de Jérôme Salomon et de son premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, le président avait bataillé pour rouvrir les écoles dès le 11 mai. « Il reste marqué par cet événement » , fait savoir un proche.

      Toute la semaine, Emmanuel Macron a hésité. Malgré la pression entretenue par les milieux médicaux, malgré les exemples étrangers, malgré l’alarmisme du gouvernement, le président de la République ne sent pas ce troisième confinement. Trop tôt. Et puis il y a quelque chose qui cloche.

      Depuis quelques jours, le taux d’incidence reste presque plat. On lui avait expliqué qu’il devait monter. Il y a les variants aussi. Comme prévu, ils augmentent. Mais pas aussi fort que redouté. Et dans les analyses des eaux usées, il n’y a pas autant de traces de Covid que prévu.

      Dans le bureau d’angle où il travaille, Emmanuel Macron lit et relit les données, discute encore et encore avec ses proches conseillers, appelle encore et encore son premier ministre et son ministre de la Santé, sonde le monde médical, des spécialistes de la jeunesse, des psychologues, des médecins de terrain français et étrangers, le monde économique, des préfets, des élus locaux. Il hésite. « Le confinement n’est une option qu’à partir du moment où il n’en reste aucune autre », résume un proche du chef de l’État.

      Dans son entourage, les membres les plus politiques de sa garde rapprochée - François Bayrou, Christophe Castaner, Stéphane Séjourné - le mettent en garde : un reconfinement à titre « préventif » sera très difficile à expliquer, et donc à faire accepter. « Je suis inquiet du risque de désobéissance civile, de la résistance de certaines professions » , confie Castaner, en petit comité. « Si on peut éviter de mettre un pays sous cloche, alors il faut l’éviter » , approuve son allié François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, qui plaidait mardi sur France Inter pour la « recherche d’équilibre » . Et puis il est possible de renforcer d’autres outils, comme les contrôles sur la voie publique, dans les restaurants qui accueillent des clients clandestinement, aux frontières.

      En Conseil de défense mercredi dernier, Emmanuel Macron demande des données complémentaires sur les variants, la stratégie vaccinale en Israël… Le confinement n’est pas inéluctable, il reste un trou de souris pour l’éviter. « Personne ne veut revivre le printemps dernier », résume un participant. Alors Emmanuel Macron tranche. Ce ne sera pas pour cette fois. « Une décision de courage et d’intérêt général », vante un proche du président, qui a été associé à l’ensemble des réflexions sur le sujet. « J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble », a, quant à lui, sobrement commenté Emmanuel Macron sur son compte Twitter samedi.

      Convaincu que son arbitrage, dont il revendique lui-même « l’audace », peut se révéler payant, le chef de l’État mise désormais sur la responsabilité de chacun. Selon lui, seuls les efforts de tous pourront permettre de gagner la bataille contre le virus. Après tout, les Français ont célébré les fêtes de fin d’année raisonnablement, faisant mentir les pronostics sur une flambée tant redoutée. « C’est notre dernière cartouche. Il y a une forme de soulagement général à pouvoir se la donner » , reconnaît un conseiller du pouvoir. « Si on y arrive, on aura réussi à sauver l’exception française. Celle du pays qui n’aura pas été obligé de se reconfiner, à l’heure où tous ses voisins étaient contraints de le faire », veut croire, enthousiaste, un membre du premier cercle élyséen. Avant de tempérer cette envolée lyrique par un rappel de la situation : dégradation des indicateurs sanitaires, saturation hospitalière, et progression des variants britannique et sud-africain sur le territoire. Après tout, les scénarios catastrophe prédits par les experts évoquent la mi-mars pour le prochain pic, ce qui laisse encore du temps.

      « Si l’épidémie devient hors de contrôle, on est bien sûr prêt à prendre des mesures d’urgence très rapidement », fait savoir un conseiller du Palais. Ce qu’a confirmé en d’autres termes le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Journal du dimanche : « L’idée, c’est de gagner du temps, de limiter la casse. Mais si l’incidence repartait à la hausse, nous n’hésiterions pas. Nous n’avons jamais dit que nous ne reconfinerions pas dans les quinze jours à venir si c’était nécessaire ! »

      Pour l’heure, le Conseil scientifique n’a pas réagi aux nouvelles mesures décidées par le chef de l’État. Les déclarations alarmistes puis plus rassurantes de Jean-François Delfraissy, la semaine dernière, ont agacé en haut lieu. « Les scientifiques sont là pour éclairer, et non pas pour décider. La cohérence du discours sanitaire reste tout à fait suggestive », tance un fidèle du président. Les oppositions semblent elles aussi prises de court. « Ils se tenaient prêts à pilonner l’exécutif sur le reconfinement, s’amuse-t-on de même source. Là, on ne les entend pas. »

      Désormais, toute la macronie croise les doigts pour que ça marche. « Si ça fonctionne, qu’on n’a pas besoin de confiner, ce sera un joli coup politique, et on reconnaîtra que le président a eu raison d’aller à contre-courant », se met à rêver un proche historique du chef de l’État. Et à l’inverse, « si ça s’emballe et qu’on doit reconfiner dans quelques jours, on sera contents d’avoir envoyé Castex et non pas Macron à la télé … », convient un ministre. Car malgré le soulagement ressenti dans le pays après l’annonce de Jean Castex, le confinement reste toujours une option. La dernière.

  • Comment l’Inde prend l’eau
    https://laviedesidees.fr/Comment-l-Inde-prend-l-eau.html

    À propos de : Marie-Hélène Zérah, Quand L’Inde s’urbanise : Services essentiels et paradoxes d’un #urbanisme bricolé, Editions de l’Aube. Le rythme galopant de l’urbanisation va de pair avec l’incapacité de l’Inde à fournir les services de base à l’ensemble des citadins. Quand les pouvoirs publics concentrent les grands projets dans les mégalopoles, les petites villes bricolent des solutions hétéroclites, renforçant la ségrégation.

    #International #ville #Inde #pollution
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202101_inde-2.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20210114_inde.pdf

    • Merci, l’article est précis, accessible, éclairant sur la construction et le fonctionnement concret de « la ville » en général.
      À consulter également pour les photos prises par l’auteur, Hugo Ribadeau-Dumas. Son travail d’illustration est tout aussi top et pertinent.

  • « Les directeurs du CHU de Toulouse riaient quand nous demandions du personnel supplémentaire » | Julien Terrié
    http://www.contretemps.eu/marchandisation-sante-hopital-covid-luttes-syndicats-alternatives

    Dans cet entretien, Julien Terrié – manipulateur en radiologie et secrétaire de la CGT du CHU de Toulouse – revient sur la situation dans les hôpitaux mais surtout sur la manière dont les soignant·e·s affrontent la marchandisation de la santé et mettent en avant des alternatives possibles. Source : Contretemps

  • Lettre aux instituteurs et institutrices Jaurès 1888
    http://www.jaures.eu/actualite-jauressienne/lettre-de-jaures-aux-instituteurs-et-institutrices-integrale-et-exacte

    De nombreuses versions du texte de Jaurès, publié le 15 janvier 1888 dans le journal La Dépêche, intitulé Aux instituteurs et institutrices, circulent actuellement… La plupart contiennent des erreurs (et pas des moindres). La plupart sont incomplètes. Voici le texte, intégral et exact. Source : Relevé sur le Net...

    • Post-scriptum 1 : tandis que Jaurès écrivait que les enseignant.e.s doivent permettre à l’enfant de « juger peu à peu toutes les croyances », Jules Ferry, lui, réduisait la question de la liberté de l’enseignement à cette formule : « Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire… »

      Post-scriptum 2 : Jaurès est régulièrement utilisé, comme actuellement, par des personnes qui ne partagent absolument pas ses convictions, voire qui en possèdent des radicalement opposées, que ce soit sur la laïcité ou sur le capitalisme. Sur le sujet, voir notamment l’article : L’art de tuer Jaurès.

      http://www.jaures.eu/actualite-jauressienne/diplo-2014

    • Certaines parties tronquées semblent l’avoir été par le Ministère lui-même notamment le passage qui sonne comme une critique de l’idéologie Blanquer :

      J’en veux mortellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maître et aussi la bonne foi de l’enseignement, en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître.

  • Origine du Sars-Cov2 : le CNRS partage les doutes de notre comité scientifique
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1384

    Nos lecteurs se souviennent que dès le mois d’avril 2020, nous, Pièces et main d’œuvre, avons étudié l’hypothèse d’une fuite accidentelle de laboratoire pour expliquer l’origine de l’épidémie de Covid-19 (voir liens ci-dessous). Notre comité scientifique nous apportant des éléments troublants en ce sens. Eléments et trouble que le comité Rantaplan du Journal du CNRS vient de révéler, six mois plus tard. La question de l’origine du SARS-CoV-2 se pose sérieusement Un article du Journal du CNRS (27 octobre 2020 (ici)

    Près d’un an après que l’on a identifié le coronavirus SARS-CoV-2, les chercheurs n’ont toujours pas déterminé comment il a pu se transmettre à l’espèce humaine. Le virologue Étienne Decroly fait le point sur les différentes hypothèses, dont celle de l’échappement accidentel d’un laboratoire. (...)

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigine-du-sars-cov-2-se-pose-serieusement #Nécrotechnologies

  • Un virus d’origine scientifreak ?
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1304

    Vous allez rire, mais nous aussi, Pièces et main d’œuvre, nous avons un comité scientifique. Et comme Emmanuel Macron, Greta Thunberg et tout le monde, nous écoutons les scientifiques – ceux qui savent. Que dit notre comité scientifique ? Eh bien, finalement, il est probable (voire un peu plus que probable) que le virus SARS-Cov2 (dit Covid-19) ait bel et bien été manufacturé dans le laboratoire P4 de Wuhan et qu’il s’en soit échappé. Naturellement, quand notre comité scientifique nous a avisé de ses dernières trouvailles, nous lui avons posé des questions et tâché de vérifier ses soupçons. C’est ce que raconte cette enquête, pas à pas, de façon à ce que vous puissiez à votre tour vérifier nos vérifications et vous faire votre propre opinion. Allez, au boulot. (Pour lire le texte, ouvrir le document (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/un_virus_scientifreak.pdf

  • Alexa, Siri... Elsa ? Children drive boom in smart speakers
    https://www.theguardian.com/technology/2020/oct/18/alexa-siri-elsa-children-drive-boom-in-smart-speakers

    Coronavirus has accelerated the use of voice assistants, but there are concerns about unregulated online ‘playgrounds’ Voice assistants such as Alexa and Siri will become common in children’s bedrooms, according to a new report from Internet Matters, the online safety body, which says it is critical for parents to spend more time understanding new technology. The pandemic has accelerated the adoption of new technology at home by “three or four years”, the researchers said, and families in the (...)

    #Apple #Google #Amazon #Alexa #domotique #Siri #technologisme #écoutes #enfants

    https://i.guim.co.uk/img/media/5f2a1733856b525eda6c23a4e7f8afd46fbb5572/475_0_5293_3178/master/5293.jpg

  • Si l’échec est un but, la transition écologique du BTP pourrait être un chef-d’œuvre - D’architectures

    https://www.darchitectures.com/si-echec-est-un-but-la-transition-ecologique-du-btp-pourrait-etre-un

    Des conflits d’intérêts,

    Une « task force »,

    Un rapport secret,

    Une mise en œuvre de plus en plus cryptique,

    Et la certitude de dépenser 7 milliards au profit d’une industrie qui continue d’évoluer dans la plus grande impunité environnementale…
    La rénovation énergétique du bâtiment s’inscrit-elle encore dans la stratégie nationale bas-carbone ?

    En mai dernier, notre gouvernement a confié la coordination d’une « task force » pour la rénovation énergétique du bâtiment à Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, leader mondial en matériaux d’isolation. Les 20 propositions transmises à l’exécutif en juillet 2020 par ce commando d’industriels (Total, Schneider Electric, ENGIE) n’ont pas encore été rendues publiques.

    Consulter une entreprise du CAC 40 pour définir un volet de la stratégie publique de neutralité carbone n’étonne plus personne. Le conflit d’intérêts fait partie de l’ADN du bâtiment. Un tel mécanisme dans le domaine de la santé publique ferait trembler les bases de notre État de droit mais dans la filière du BTP, il faut bien le reconnaître, l’intervention d’intérêts privés dans l’écosystème de l’action publique est la norme.

    Pour s’en convaincre, une lecture rapide de l’organigramme des institutions parmi les plus influentes de la filière industrielle du BTP suffit. À la tête du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), organisation publique chargée de définir les normes de construction ? Hervé Charrue, ex-salarié de Saint-Gobain et membre de différents comités directeurs du groupe coté en Bourse. À la présidence de l’association Alliance HQE-GBC France, principal certificateur « environnemental » du bâtiment (plus de 100 000 certifications NF de logements en 2017) ? Philippe Van de Maele, homme d’affaires et ex-analyste financier du groupe Saint-Gobain…

    Rien d’étonnant donc, à ce qu’Emmanuelle Wargon, alors secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et ex-lobbyste du groupe Danone chargée des questions environnementales auprès des pouvoirs publics, ait parrainé un tel mariage. Dans le BTP, la confusion des intérêts publics et industriels semble avoir toujours servi une certaine conception de la mission de l’État visant l’efficacité économique au détriment, parfois, de l’utilité sociale et de la morale politique.

    #architecture #Logement #habitat #urban_matter

  • Toujours pas de vols de #rapatriement pour les #employées_de_maison migrantes

    Le retour des travailleurs étrangers doit se faire selon un mécanisme qui respecte leurs droits, selon l’Organisation internationale du travail.

    Les premières opérations de #rapatriement de #travailleuses_migrantes devaient débuter hier, avaient annoncé les autorités libanaises. Un avion devait venir d’Addis-Abeba pour ramener chez elles des employées de maison éthiopiennes particulièrement touchées par la crise libanaise économico-financière et davantage fragilisées par la #pandémie de #coronavirus. Mais l’opération n’a pas eu lieu. Selon l’ambassade d’Éthiopie, ce vol n’était toujours pas programmé. « Nous n’avons pas encore annoncé de date », se contente de dire à L’Orient-Le Jour le consul d’Éthiopie, Aklilu Tatere. Mais du côté de la Sûreté générale, on indique que « l’Éthiopie n’aurait pas trouvé d’avion » pour rapatrier les travailleuses éthiopiennes en situation de grande #vulnérabilité coincées au Liban. « L’opération pourrait avoir lieu d’ici à deux jours », estime le porte-parole de la Sûreté générale, le général Nabil Hannoun, précisant que « la décision revient aux autorités éthiopiennes ». Car le rôle de la SG, en cette période exceptionnelle, est de donner le feu vert aux ambassades, après s’être assurée de l’identité des travailleuses migrantes, dont une grande partie est en situation irrégulière. « Nous régularisons leur situation sans contrepartie financière pour leur permettre de quitter le pays, à la condition qu’elles ne fassent pas l’objet d’une plainte judiciaire », affirme le responsable.

    Les coûts exorbitants du #retour

    Dans ce cadre, de nombreuses employées de maison éthiopiennes, philippines, bangladaises ou d’autres nationalités se pressent aux portes de leurs consulats, dans une volonté de quitter le pays du Cèdre. Même chose du côté des travailleurs étrangers, ouvriers, pompistes, éboueurs… Car travailler au Liban ne leur convient plus. Avec la dépréciation de la #livre_libanaise et la #paupérisation des employeurs libanais, leurs salaires fondent comme neige au soleil. Payées dans la monnaie nationale depuis la pénurie de dollars, alors que la promesse d’embauche était basée sur un #salaire en #dollars, les employées de maison touchent désormais le tiers, voire le quart de leur salaire initial. Et puis les #transferts_d’argent sont de plus en plus difficiles. Une situation à laquelle vient s’ajouter la crise du coronavirus, qui a mis des milliers de travailleuses au #chômage, #femmes_de_ménage ou #employées_domestiques. L’AFP rapporte le cas de Sophia notamment, une travailleuse domestique éthiopienne sous contrat, renvoyée et jetée dans la rue sans salaire, sans valise, sans passeport et qui n’a qu’un but désormais : rentrer chez elle. Alors, elle attend une promesse de rapatriement devant l’ambassade d’Éthiopie à Hazmieh, comme nombre de ses compatriotes. Or il est de notoriété publique que nombre de pays voient d’un mauvais œil le retour de leur #main-d’œuvre qui viendrait grossir les rangs des chômeurs en ces temps de crise mondiale.

    L’ambassade des Philippines a déjà rapatrié 618 employées de maison depuis le mois de décembre 2019, selon le vice-consul des Philippines, Edward Chan. La crise financière battait déjà son plein, et près de 2 000 demandes de rapatriement avaient été déposées, principalement des travailleuses non documentées qui avaient fui le domicile de leur employeur. « La pandémie de Covid-19 a interrompu le processus », regrette-t-il. Aujourd’hui, de nouveaux défis se posent, liés au #prix prohibitif des #billets_d’avion. « Affréter un charter coûterait une fortune, sachant que le billet Beyrouth-Manille coûte aujourd’hui entre 1 200 et 2 300 dollars », affirme M. Chan à L’Orient-Le Jour, précisant que « le consulat apporte un soutien financier aux travailleuses philippines pour leur permettre de rentrer chez elles ».

    Pour un #retour_volontaire et non forcé

    Une autre question se pose. Que deviendront les plaintes auprès des autorités libanaises des travailleuses domestiques victimes d’abus, de mauvais traitements ou de non-paiement de leurs salaires et qui décident de quitter le Liban ?

    Si le consulat philippin assure un ferme suivi des dossiers de ses ressortissantes auprès du ministère du Travail, sauf en cas de désistement, de nombreuses employées de maison migrantes n’auront jamais gain de cause, malgré les #abus dont elles ont été victimes.

    C’est la raison pour laquelle l’Organisation internationale du travail insiste pour que le retour des travailleurs migrants du Liban, et plus particulièrement des employées de maison, se déroule selon un mécanisme qui respecte leurs #droits. « Il faut d’abord que ce retour soit volontaire et non forcé. Car la travailleuse doit avoir le #choix entre trouver un autre emploi sur place ou partir, au cas où l’employeur n’aurait plus les moyens de respecter ses engagements », affirme la porte-parole de l’OIT, Zeina Mezher. « Il est aussi impératif que le rapatriement des travailleuses étrangères du Liban, touchées par la double #crise_économique et sanitaire, ne soit pas un prétexte pour les délester de leurs droits », ajoute-t-elle. D’autant plus que celles qui désirent quitter le pays sont généralement les plus vulnérables. Pour avoir fui un employeur abusif, elles sont souvent sans documents d’identité. « D’où la nécessité, précise la porte-parole, que l’employeur assume la responsabilité du billet d’avion comme prévu par le contrat de travail, même lorsque son employée a quitté le domicile. » Une réponse qui vient en marge d’une réunion virtuelle destinée à identifier les problèmes de la main-d’œuvre migrante au Liban en ces temps exceptionnels, organisée hier par l’OIT et l’OIM (Organisation internationale des migrations) et qui a réuni tous les acteurs locaux et internationaux, dans le but d’y apporter une réponse globale.

    https://www.lorientlejour.com/article/1218891/toujours-pas-de-vols-de-rapatriement-pour-les-employees-de-maison-mig
    #employé_domestique #employé_de_maison #migrations #femmes #crise_sanitaires #covid-19 #femmes_migrantes #Liban #Ethiopie #Philippines #Bangladesh #remittances #travail_domestique #travailleuses_domestiques

    ping @isskein @_kg_ @tony_rublon @thomas_lacroix

    • « Je veux rentrer au Soudan, je peux à peine manger à ma faim ! »

      Terrassés par la crise, des Soudanais tentent l’improbable traversée vers Israël.

      La crise économique et financière qui secoue le Liban impacte de plus en plus les travailleurs étrangers qui, avec la fermeture de l’aéroport en mars dernier, se retrouvent prisonniers dans un pays devenu trop cher pour eux et où ils voient leurs revenus fondre parallèlement à la chute libre de la livre face au billet vert.

      La forte dépréciation monétaire et l’explosion du chômage ont même provoqué un phénomène inédit à la frontière libano-israélienne, sous étroite surveillance, rapporte l’AFP sous la plume de Bachir el-Khoury à Beyrouth et Rosie Scammell à Jérusalem, en précisant que depuis début mai, au moins 16 Soudanais ont été interpellés alors qu’ils tentaient de traverser de nuit cette zone à hauts risques, gardée par les soldats de la Finul et de l’armée.

      Le dernier en date avait été retrouvé mercredi dernier par des soldats israéliens, caché dans une canalisation d’eau. Il a été interrogé par l’armée israélienne, avant d’être renvoyé de l’autre côté de la frontière, indiquent les deux auteurs.

      Des deux côtés, on s’accorde toutefois à dire que ces récentes tentatives de franchissement sont uniquement motivées par des considérations financières.

      « Selon l’enquête préliminaire », elles « ne revêtent aucune motivation sécuritaire ou d’espionnage », confirme une source de sécurité libanaise, sous le couvert de l’anonymat.

      La semaine dernière, l’armée libanaise avait découvert à la frontière le corps criblé de balles d’un Soudanais, tué dans des circonstances non élucidées à ce jour. Au cours des dernières semaines, elle avait procédé à plusieurs interpellations de Soudanais tentant de rallier Israël.

      À peine de quoi manger

      « Je veux rentrer au Soudan car la vie est devenue très chère ici. Je peux à peine manger à ma faim », déplore Issa, 27 ans, employé dans un supermarché de la banlieue sud de Beyrouth.

      Son salaire mensuel de 500 000 livres vaut désormais moins de 100 dollars, contre 333 avant la crise.

      Plus de 1 000 Soudanais se sont inscrits auprès de leur ambassade à Beyrouth dans l’espoir d’être rapatriés, sur les quelque 4 000 vivant au Liban, selon Abdallah Malek, de l’Association des jeunes Soudanais au Liban, cité par l’agence de presse.

      Ceux qui optent pour une tentative de départ vers l’État hébreu auraient des proches ou des connaissances au sein de la communauté soudanaise en Israël. Selon des informations récoltées par l’armée israélienne, il s’agit notamment d’employés du secteur de la restauration, qui ont organisé leur fuite via les réseaux sociaux.

      Protection humanitaire

      Impossible de déterminer le nombre exact ayant réussi à franchir la frontière pour s’installer en Israël. Un, au moins, Mohammad Abchar Abakar, est en détention depuis plusieurs mois après son arrestation en janvier par l’armée israélienne. L’ONG « Hotline pour les réfugiés et migrants » s’est mobilisée pour obtenir sa libération fin avril. Elle n’a pas encore pu le voir en raison de la pandémie de Covid-19.

      « Il nous a dit qu’il voulait demander l’asile », dit la porte-parole de cette ONG, Shira Abbo. Là encore, les chances de réussite sont maigres : ces dernières années, Israël a accordé le statut de réfugié à... un seul Soudanais, sur une communauté estimée à 6 000 personnes. La majorité d’entre eux ont une demande d’asile en cours d’étude depuis des années, qui leur permet de travailler provisoirement. Environ un millier ont obtenu un statut alternatif de « protection humanitaire ».

      La plupart des Soudanais en Israël ont commencé à affluer en 2007, empruntant une route là aussi périlleuse via le Sinaï égyptien. Longtemps poreuse, cette frontière a depuis été renforcée par l’État hébreu. Aujourd’hui, Mme Abbo déplore le refoulement des travailleurs interceptés par l’armée israélienne. « Si quelqu’un affirme vouloir demander l’asile, il doit au moins avoir la possibilité de rencontrer des spécialistes dans la prise en charge de ce type de population », dit-elle.

      Avec l’absence de la moindre relation entre les deux pays voisins, il n’existe évidemment aucune coopération bilatérale sur ce dossier.

      https://www.lorientlejour.com/article/1223224/-je-veux-rentrer-au-soudan-je-peux-a-peine-manger-a-ma-faim-.html
      #réfugiés #réfugiés_soudanais #faim #alimentation #nourriture

    • #Beyrouth  : les travailleuses domestiques veulent rentrer chez elles

      Souvent indécentes, les conditions de vie et de travail des employées domestiques migrantes au Liban se sont encore aggravées avec la crise économique qui ravage le pays. Cette crise a en effet poussé de nombreux employeurs et employeuses à abandonner leurs domestiques, sans argent ni papiers, devant l’ambassade du pays dont elles/ils sont originaires. Mais l’explosion du 4 août à Beyrouth renforce l’urgence de la situation pour ces migrant·es, en grande majorité des femmes, qui demandent juste à pouvoir rentrer chez elles/eux.

      Il existe environ 250.000 travailleuses domestiques au Liban, venues de pays asiatiques et africains dans l’espoir de gagner suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. Ne relevant pas du Code du travail, ces personnes sont soumises au système de la kafala  : elles sont «  parrainées  » par un·e employeur/euse qui en est donc légalement responsable. Bien souvent, cela revient à avoir son passeport confisqué, mais aussi, dans de nombreux cas, à ne pas recevoir son salaire et à subir des abus. Dans un rapport de 2019 consacré à «  l’exploitation des travailleuses domestiques migrantes au Liban  », Amnesty International dénonce «  des atteintes graves et systématiques aux droits humains imputables aux employeurs.  » L’organisation pointe notamment «  des horaires de travail journaliers indécents, l’absence de jours de repos, le non-versement ou la réduction de leur salaire, la confiscation de leur passeport, de graves restrictions à leur liberté de mouvement et de communication, le manque de nourriture, l’absence de logement convenable, des violences verbales et physiques, et la privation de soins médicaux. Des cas extrêmes de travail forcé et de traite des êtres humains  » ont également été rapportés.

      Les conditions de vie et de travail des employées domestiques migrantes se sont encore aggravées avec la crise économique qui a frappé le Liban dès 2019. Cette crise du secteur financier, qui a eu comme résultat de dévaluer la livre libanaise et de provoquer une inflation évaluée à 56,6 % en mai, a durement frappé les classes moyennes. Appauvries, ces familles n’ont plus les moyens de payer le salaire d’une domestique. Dans bien des cas, ces femmes ont juste été abandonnées par leur employeur/euse, sans argent et sans régularisation de leur situation pour pouvoir partir, tout cela en pleine pandémie de

      Une situation aggravée par l’explosion

      L’explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier ne fait que rendre la situation des travailleuses domestiques encore plus désespérée. «  Les employeurs n’ont plus les moyens. La plupart étaient pauvres avant les multiples problèmes économiques et sanitaires suivis de l’explosion massive  », explique Dipendra Uprety, fondateur du groupe de mobilisation This is Lebanon. «  Les travailleuses migrantes n’ont pas été payées depuis des mois. Et si elles l’ont été, c’est en livres libanaises, ça n’a désormais aucune valeur. Elles travaillent 14 heures par jour pour [l’équivalent de] 30 dollars par mois [environ 25 euros, ndlr].  »

      Pour qu’une travailleuse puisse partir du pays, la Sûreté Générale [organisme sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et des Municipalités] doit contrôler les conditions de départ de celle-ci auprès de son employeur/euse, un processus qui prend habituellement entre deux et trois mois. De nombreuses migrantes sont aussi bloquées au Liban sans papiers depuis des mois et parfois des années. Deux solutions s’offrent alors à elles  : payer des amendes astronomiques et partir après avoir obtenu un laissez-passer, ou se retrouver en prison dans des conditions dramatiques. Sans compter le prix du billet, entre 400 et 700 dollars [entre 340 et 590 euros environ, ndlr] selon les pays d’origine.
      Abandonnées à la rue

      «  Il s’agit d’un moment terrible pour les travailleuses domestiques  », raconte Farah Salka, directrice exécutive du Mouvement Anti-Raciste (ARM). «  Cette année a été très dure pour tout le monde au Liban… Si vous imaginiez un cauchemar, vous ne pourriez pas imaginer ça. Et maintenant, vous pouvez multiplier les dommages par dix pour les travailleuses domestiques. Elles demandent juste à rentrer chez elles  ! Elles sont encore sous le choc de l’explosion, comme nous. Certaines ont disparu, certaines sont mortes, les autres sont parfois blessées, et elles ne reçoivent aucun soutien pendant cette crise. Et au milieu de ce chaos, elles sont abandonnées à la rue. C’est devenu une scène commune à Beyrouth  : des centaines de migrantes à même le sol, sans abri.  »

      Les employé·es et volontaires d’ARM passent leurs journées à traiter des cas, traduire, assister administrativement, financièrement, médicalement, et lever des fonds pour permettre aux migrantes en possession de papiers de payer leur billet. «  Il faut une armée pour gérer tout ça, tout relève de l’urgence, ajoute Farah Salka. Elles sont à un stade où elles se fichent de leurs droits, de l’argent qui leur est dû. Elles veulent juste laisser ce cauchemar derrière elles et partir. Et je vais être honnête, n’importe où est mieux qu’ici.  »

      Un groupe d’activistes éthiopiennes, Egna Legna Besidet, est aussi sur le terrain, surtout depuis le début de la crise économique. L’une des membres, Zenash Egna, explique qu’elle n’a plus de mots pour décrire la situation  : «  La vie des travailleuses migrantes n’est pas bonne au Liban. Déjà avant la crise économique, la pandémie et l’explosion, on secourait des femmes battues, violées, qui s’enfuyaient sans papiers et sans argent. Tout ça a juste augmenté, c’est terrible. Le monde doit savoir quel enfer c’est de vivre sous le système de la kafala.  » En ligne, de nombreux témoignages de femmes désespérées abondent. Devant leur consulat, des Kényanes ont aussi manifesté, demandant à leur pays de les rapatrier.

      https://www.youtube.com/watch?v=KuhBhNRjxp4&feature=emb_logo

      «  Il est temps pour nous de partir  »

      Une domestique nigériane appelée Oluwayemi, 30 ans, a confié à axelle son calvaire personnel. Arrivée en juin 2019 au Liban, elle raconte avoir été traitée comme une esclave par ses employeurs/euses. «  Puis ils m’ont renvoyée de la maison, sans argent et sans passeport. Ils m’ont juste dit «  Pars  ». Avec la crise économique, tout est pire au Liban. Je pense qu’il est temps pour nous de partir. L’explosion a tué des domestiques nigérianes, d’autres ont été blessées, les maisons ont été détruites. J’ai eu tellement peur, je veux que l’on m’aide et que je puisse retourner dans mon pays. Je veux que l’on m’aide, vraiment, parce que je ne veux pas retourner au Nigeria et devenir une prostituée, ou une voleuse. Je veux que mon futur soit beau, je veux monter mon propre commerce. Je prie pour que l’on m’aide.  »

      Une autre domestique nigériane qui souhaite rester anonyme raconte qu’elle a été jetée de chez son employeur sans argent, téléphone, vêtements ou papiers après sept mois d’abus physiques. Elle a également plaidé pour recevoir de l’aide, insistant sur le fait qu’il n’y a plus rien au Liban pour les travailleuses migrantes  : «  Il n’y a pas d’argent, pas de travail, pas de nourriture. Je veux partir.  »
      Faire pression pour faciliter le retour des migrantes

      Pour que la situation se débloque, il faudrait que les pays d’origine et la Sûreté Générale se mettent d’accord pour faciliter le retour des ressortissantes bloquées au Liban. «  On doit mettre la pression sur les consulats et les ambassades pour qu’ils prennent enfin la situation au sérieux. La Sûreté Générale doit supprimer ses enquêtes, exempter les travailleuses de leurs amendes et approuver leur départ avec des laissez-passer pour celles qui n’ont pas leurs papiers, explique Farah Salka. Mais aussi, on a besoin d’argent, de tellement d’argent pour payer les billets d’avion. C’est inimaginable.  »

      Pour Dipendra Uprety, le mot à appliquer est «  amnistie  »  : «  Des efforts ponctuels ne peuvent pas répondre aux besoins. La seule solution possible est que la Sûreté Générale accorde une amnistie générale à ces femmes, ce qui équivaudra à des centaines de milliers de documents de voyage temporaires. L’argent commence à affluer maintenant pour les billets d’avion, la nourriture et les soins médicaux, mais les travailleurs sociaux ne sont pas assez nombreux pour répondre à tous les besoins [notamment en termes d’hébergement, ndlr].  »
      Dépasser le racisme

      Au-delà de l’urgence de la situation, le racisme est toujours bien présent dans les mentalités libanaises, même après l’explosion. Ainsi, la liste des personnes mortes et disparues est toujours incomplète  : les noms et visages des victimes étrangères non occidentales ne sont tout simplement pas mentionnés. Un texte publié par l’ARM le 13 août dit que  : «  Ce n’est pas un hasard. Les travailleurs migrants et les réfugiés sont systématiquement déshumanisés et marginalisés au Liban, dans la vie comme dans la mort.  »

      Selon Farah Salka, le Liban devrait se préparer à changer  : «  J’espère qu’aucune nouvelle femme ne viendra en tant que travailleuse domestique avant qu’on ne répare tout ça. J’espère que le Liban sera prêt, parce que c’est horrible. Si nous n’apprenons pas maintenant, je ne sais pas quand ou si nous pourrons apprendre.  »

      https://www.axellemag.be/beyrouth-les-travailleuses-domestiques-veulent-rentrer-chez-elles

  • LA POLITIQUE SCOLAIRE DE JEAN-MICHEL BLANQUER… Par Daniel Amedro – Moissac au Coeur
    http://moissacaucoeur.fr/2020/08/17/la-politique-scolaire-de-jean-michel-blanquer-par-daniel-amedro

    Sous prétexte de s’adapter à la diversité des élèves, des établissements vont revoir à la baisse les objectifs, proposer des démarches fondées sur le concret et insister sur les ‘’compétences non cognitives ‘’ (le sérieux, la ponctualité, le respect de l’autorité, etc.) tandis que d’autres établissements proposeront des projets ambitieux pour les héritiers. On fera tout cela au nom de ce qu’ils appellent « la diversité des intelligences »…

    Ce n’est donc pas seulement les enseignants qui seront choisis (cf. ce que j’ai dit il y a un instant sur ‘’le libre recrutement’’), mais les élèves aussi.

    Tel est le sens des critiques répétées de Blanquer contre l’égalitarisme. L’idée c’est que tous les élèves ne peuvent accéder aux mêmes savoirs. Il faut donc différencier l’offre éducative. Et laisser les élèves et les familles choisir l’établissement qui leur convient le mieux. A charge pour eux d’assumer, par la suite, la responsabilité de leurs (bons ou mauvais) choix.

    #école #classisme #politique_éducative

  • Covid-19 : chute surprise des naissances prématurées – {Sciences²}
    https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/07/23/covid-19-chute-surprise-des-naissances-prematurees

    L’affaire démarre avec un article de médecins irlandais. Il n’a pas encore passé toutes les étapes de validation, mais ses données sont simples comme une comptine enfantine. Il relate la chute spectaculaire, parfois drastique, du nombre de bébés nés avec un poids trop bas durant la phase de confinement des populations, destinée à lutter contre la propagation du Sars-Cov-2, le virus responsable de la Covid-19.


    (...)

  • Etats Unis : le FBI surveille de près les réseaux sociaux pour réprimer les manifestations émeutières en cours. Récit d’une filature 2.0 grâce à Instagram, linkedIn et divers sites de vente en ligne | Aux enfermés du confinement
    https://mitarduconfinement.blog/etats-unis-le-fbi-surveille-de-pres-les-reseaux-sociaux-pour-re

    Etats Unis. Le FBI surveille de près les réseaux sociaux pour réprimer les manifestations émeutières en cours. Les messages sont traités et repérés dès lors que des positions en faveur de la mobilisation sont énoncées. Ces éléments servent aussi à cibler des arrestations. Les informations récoltées sur des réseaux comme Instagram et LinkedIn et à partir de sites de commerce en ligne ont servi pour arrêter une manifestante accusée d’être à l’origine de l’incendie de deux véhicules de police. Les informations utiles à la répression sont donc extraites de documents librement accessibles et apparemment anodins mais dont le recoupement et la lecture policière amène à des incriminations et des arrestations. Les personnes se retrouvent facilement identifiées à partir de la reconnaissance faciale sur diverses photos qui permettent de reconstituer leur parcours pendant une manifestation et de les identifier. En l’occurrence l’identification de cette jeune femme commence par une image prise d’hélicoptère sur laquelle la police à remarqué une femme portant un bandana en train de jeter un débris enflammé à travers la vitre brisée d’une voiture de police. Puis la police remonte la piste en recherchant des vidéos publiées sur Viméo ou Instagram ayant capturé la scène sur lesquelles ils repèrent la présence d’un tatouage sur l’avant-bras. Ils arrivent ensuite à identifier un tee-shirt avec l’inscription : « Gardez les migrants. Déportez les racistes » et enquêtent à partir de ce vêtement qui est disponible sur une boutique en ligne ouverte sur le site Etsy. Une personne avait laissé un commentaire sous cet article avec un pseudonyme qui a conduit la police jusqu’à un autre profil sur le site de vente en ligne « poshmark » contenant une partie du véritable prénom de la jeune femme. Grâce à ce prénom composé peu courant, ils ont fait une recherche sur LinkedIn où ils ont réussi à trouver le profil d’une personne portant ce prénom et travaillant dans un cabinet de massage de Philadelphie. Le site internet du cabinet contenant des vidéos montre une personne portant un tatouage apparemment identique à celui identifié sur les premiers clichés. Un numéro de téléphone et une adresse étaient associés au profil, et d’après les informations recueillies auprès de la boutique en ligne d’Etsy, suite à une assignation, un t-shirt identique à celui porté par la manifestante avait récemment été livré à la même adresse. Voilà comment une succession de recherches dont la plupart concernent des informations anodines et publiques a conduit à cette arrestation.

    #data #répression #police

    • https://www.presse-citron.net/le-fbi-a-utilise-les-informations-des-reseaux-sociaux-et-dune-boutiqu
      Avec seulement un profil LinkedIn, une poignée de vidéos Instagram, quelques recherches sur Google et un examen du site Etsy, le FBI a réussi à identifier une manifestante accusée d’avoir incendié deux véhicules de la police. Les faits reprochés se sont déroulés lors d’une manifestation récente à Philadelphie le 30 mai dernier en réponse au meurtre de George Floyd par la police.

      Cette affaire rapportée par The Philadelphia Inquirer met en lumière le process utilisé par les forces de l’ordre pour extraire des informations pertinentes sur des documents librement accessibles en ligne. La personne mise en examen par le FBI est âgée de 33 ans et s’appelle Lore Elisabeth Blumenthal. Si les faits pour lesquels elle est poursuivie sont avérés, elle encourt une peine de sept ans de prison et une amende se chiffrant à 250.000 dollars.

  • Raymond Gurême, une vie de luttes
    https://paris-luttes.info/raymond-gureme-une-vie-de-luttes-14109

    Figure de la communauté des Voyageurs, ancien résistant et infatigable militant, Raymond Gurême est décédé le 24 mai dernier à l’âge de 94 ans. D’origine manouche, il aura passé sa vie à lutter contre les injustices et à mettre en pratique cette phrase qu’il répétait inlassablement : « Toujours debout, jamais à genoux ». Source : Paris-luttes.info

  • « Et voilà comment dans un pays sans culture de santé publique, où la #science est une opinion comme une autre, un grand patron autoritaire et caractériel, symbole d’un système mandarinal, est devenu une figure de la contre-culture populiste. » Excellente analyse du phénomène #Raoult, et des raisons de son succès.

    https://www.liberation.fr/france/2020/06/01/didier-raoult-general-boulanger-de-la-medecine_1789960

    • Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que tout ce petit monde se connaît, et se tient, pour rester poli, par la barbichette. Dénoncer les errances de Raoult, c’est dénoncer un système dans lequel des pontes inamovibles peuvent rester en place bien après leur date limite de vente. Un système dans lequel Philippe Douste-Blazy, ancien défenseur du Vioxx, peut déclarer à la télévision que l’hydroxychloroquine n’a pas de toxicité cardiaque… Un système dans lequel la défense du protocole Raoult est assurée à la télévision par Christian Perronne, qui assurait en 2016 que l’explosion « cachée » de la maladie de Lyme serait due à une prolifération mal contrôlée de tiques trafiquées par un chercheur en virologie nazi réfugié aux Etats-Unis…

      #Christian_Lehmann #santé_publique #recherche #mandarins #mandarinat #médecine

  • Comment j’ai sauvegardé « mon Web » sur un disque dur. – Graphisme & interactivité
    https://graphism.fr/comment-jai-sauvegarde-mon-web-sur-un-disque-dur

    Au mois de novembre dernier, j’ai entrepris de me créer une sauvegarde de « mon Web » en local, offline, sur un disque dur. Quand je dis mon web, ce sont les médias, outils, savoirs, vidéos, documents, etc. qui comptent pour moi et que j’utilise régulièrement.

    Dans cet article, je vais vous expliquer :

    pourquoi j’ai eu cette drôle d’idée
    ce que j’ai mis dans cette sauvegarde
    comment j’ai fait pour récupérer tout un tas de contenu en ligne
    ce qu’il me reste à faire
    J’ai appelé ça « BCKUP » pour Backup (sauvegarde), j’ai bricolé un logo en ASCII aussi.

    #internet #censure #blackout #diy #autonomie

  • #Masques de protection mal adaptés aux #femmes : le #sexisme derrière les #normes
    https://www.numerama.com/sciences/623010-masques-de-protection-mal-adaptes-aux-femmes-le-sexisme-derriere-le

    Comme les autres équipements médicaux de protection, les masques médicaux sont élaborés à partir d’un visage « standard ». Ce standard est calculé sur la base des tailles et caractéristiques des populations masculines des pays d’Europe et des États-Unis. C’est que montre par exemple Caroline Criado Perez dans son ouvrage de référence Invisible Women. La taille dite « unisexe » ne l’est pas vraiment, même quand il existe une version small, car tout est basé sur ce standard masculin. De fait, beaucoup de femmes se retrouvent sans équipement réellement adapté.

  • Expériences psychotiques : leur donner du sens pour ne plus les subir | Yann Derobert
    http://cqfd-journal.org/Experiences-psychotiques-leur

    Parce que les expériences dites « psychotiques » (perception de voix, visions, paranoïa...) sont considérées comme des symptômes de maladie, les personnes qui les vivent sont généralement incitées à tenter de les éradiquer. À l’inverse, au sein du REV (Réseau français sur l’entente de voix), chacun·e est invité·e à s’en accommoder et à les explorer pour en découvrir la signification. Voici le décryptage de Yann Derobert, membre fondateur et secrétaire de l’association. Source : CQFD

  • Télétravail : le rêve qui a viré au cauchemar pour de nombreux salariés confinés
    https://www.bastamag.net/teletravail-burn-out-insomnies-accord-interprofessionnel-vie-privee-heures

    Explosion de la charge de travail, absence d’horaires et de coupure entre vie professionnelle et vie privée, pressions supplémentaires, manque de pauses, insomnies, délitement du lien social… Les syndicats demandent la mise en place d’accords interprofessionnels sur le télétravail. Dans l’entreprise d’Emmanuelle*, le télétravail a toujours été « contre-culturel ». Malgré une demande croissante des salarié.es ces dernières années, le grand groupe du luxe et de la mode dans lequel elle exerce s’y est (...) #Décrypter

    / A la une, #Syndicalisme, #Transformer_le_travail, #Conditions_de_travail

    • Il y a là d’autres sujets que le télétravail :
      –le #chômage_partiel pas respecté parce qu’il ne correspond pas à une baisse des revenus ni de la charge de travail mais à un effet d’aubaine pour les entreprises aux dépens de la collectivité qui raque ;
      (Là je viens de prendre un appel d’une des bénévoles de mon asso, elle m’a demandé si je travaillais aujourd’hui, j’ai dit non, aujourd’hui je suis au chômage technique et je bosse vendredi, elle m’a dit à vendredi, c’est comme ça dans l’idéal !)
      –la montée en responsabilité et l’intensification qui s’ensuit de la charge de travail sans changement de statut ni reconnaissance du travail d’encadrement (en tout cas quand il est féminin et perçu comme « naturel » aux femmes)
      –le non-respect des horaires de travail et le #surtravail organisé (donc en partie #travail_gratuit).

      Ça, c’est « seulement » des effets d’aubaine (l’exploitation féroce des conditions actuelles) dans un mouvement à long terme de refus de payer les gens pour leur boulot.

      Ce que je trouve intéressant, c’est ce qui tient au #télétravail en tant que tel :
      –le défaut d’encadrement par la présence sur place et la responsabilité accrue de l’employé·e ;

      « Au début, il faut prouver qu’on télétravaille donc on ne prend pas de pause. On se sent coupable de simplement se faire un thé ou de discuter avec son conjoint », confie Emmanuelle.

      –l’isolement ;

      Là réside, aux yeux de Danièle Linhart, l’un des principaux risques inhérents au télétravail. Pour cette sociologue du travail et directrice de recherche émérite au CNRS, ce dernier pousse à « une sorte de déréalisation de l’activité » : « Celle-ci devient de plus en plus virtuelle, fictive, et perd par conséquent de son sens, de sa finalité. » Pour elle, le lien aux autres est une dimension essentielle du travail, aujourd’hui mise de côté

      –les conditions matérielles très différentes (la pauvre chaise vs. le fauteuil ergonomique, c’est pas très bien traité alors que ça fout en l’air les corps) ;

      « Les enfants ne comprennent pas que je sois là mais que je ne puisse pas être avec eux. J’ai fini par trouver une pièce un peu cachée pour télétravailler, qu’ils ont fini par trouver. J’avais aussi un espace dehors mais dès qu’il pleuvait ça se compliquait. Je bossais sur un coin d’herbe où je pouvais avoir le wifi, donc j’ai très mal au dos. J’en ai en fait plein le dos, littéralement. »

      –et puis la particularité du travail des #femmes #travailleuses.

      Selon l’enquête de l’Ugict-CGT, 81% des télétravailleurs qui ont des enfants ont dû les garder tout en travaillant. La fermeture des écoles s’est par ailleurs traduite pour 43% des femmes en télétravail par plus de 4 heures de tâches domestiques supplémentaires. « On ne peut pas télétravailler tout en s’occupant de ses enfants. C’est une catastrophe, notamment pour les femmes », alerte Sophie Binet, co-secrétaire de l’Ugict-CGT.

      C’est un peu en vrac, cet article, mais tout y est. #intéressant

  • Ne laissons pas s’installer le monde sans contact

    Appel au boycott de l’application #Stop-COVID19

    Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’information et de la communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19. [...]

    Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen. [...]

    Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.

    http://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact

    Illustration : Ne nous y trompons pas, la distance sociale a commencé il y a des années .

    #technocritique, #critique_techno, #Ecran_Total, #La_Lenteur, #coronavirus, #numérique, #informatique, #autonomie_politique.