Facebook (DariaMarx)
►http://dariamarx.com/2012/11/11/facebook
J’ai tué mon profil, du mieux que j’ai pu, mais il refuse de crever, c’est un putain de zombie maintenu sous oxygène par la machine, c’est un peu comme le pitch d’un mauvais film d’horreur, personne ne quitte jamais Facebook, tu t’endors simplement. Ni fleurs ni couronnes pour mon enterrement, aucun mail pour me demander ce que je foutais ou si j’étais vraiment morte, kidnappée ou si j’avais enfin changé de sexe, je me suis volatilisée dans l’indifférence la plus totale, sans qu’un seul de mes 321 amis ne s’en inquiète. Preuve supplémentaire de l’inutilité totale de mon existence, virtuelle en tout cas. Ceux qui ignorent que je suis Daria Marx, c’est à dire 90%, c’est à dire à peut près 300 amis, ne me suivent plus d’aucune façon. Et je n’ai aucun moyen de joindre 70% d’entre eux. J’ai donc consciemment brisé le dernier lien merdique qui nous unissait. Fini le stalkage pour voir si la petite grosse de 4eme, celle qui avait fait pipi dans le car pendant le voyage de classe avait fini par se marier. Fini d’épier l’ex de mes 16 ans, fini les likes hypocrites sur la photo des enfants de mon ennemie jurée de dortoir. Rien à taper. Eux non plus. C’est parfait. Et un peu triste aussi, pour le bisounours qui aime à penser que quelqu’un pense toujours à toi quelque part, surtout si un avion passe dans le ciel et si ton nez te gratte. Les vrais savent qui je suis, je sais qui ils sont, pas besoin de s’envoyer des moutons et des semences virtuelles pour se kiffer. Et puis surtout, il y a Twitter. Je peux maintenant étaler toute ma vie au gré de mes impulsions, de la couleur de mon étron à ma dernière baston avec la vieille du supermarché. Et des gens me lisent. Et parfois même ils réagissent et on se marre. Ca dure quelques minutes, et puis on passe à autre chose, un message en chasse un autre, ce n’est pas là, gravé dans ton wall, exposé à tous pour toujours. Enfin si, tu peux faire une recherche Google, remonter toute ma timeline, faire des fiches sur des petits papiers bristol que tu ranges dans un mini classeur chic, mais honnêtement, je ne mérite pas tant d’intérêt, tu ferais mieux de chercher du travail, vraiment.