Frédéric Koshka

Dans cette société où le suicide progresse comme on sait, les spécialistes ont dû reconnaître, avec un certain dépit, qu’il était retombé à presque rien en mai 1968. Ce printemps obtint aussi, sans précisément y monter à l’assaut, un beau ciel, parce que quelques voitures avaient brûlé et que toutes les autres manquaient d’essence pour polluer. Quand il pleut, quand il y a de faux nuages sur Paris, n’oubliez jamais que c’est la faute du gouvernement. La production industrielle aliénée fait la pluie. La révolution fait le beau temps. — Guy Debord, La Planète Malade

  • Quelques contributions aux luttes pour une paix juste au Proche-Orient

    Dans la période extrêmement confuse autour du conflit israélo-palestinien, le site mondialisme.org réalise un travail particulièrement intéressant.

    En 2009, lors de la précédente attaque de l’armée israélienne sur Gaza, un texte collectif était signé dans la perspective d’une paix juste au Proche-Orient. Il conserve une grande partie de sa pertinence.

    Pour l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre Gaza !
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1260

    Dans l’immédiat, la solidarité internationale doit se manifester pour l’arrêt immédiat de cette escalade guerrière. De plus, il ne s’agit pas de céder à des logiques communautaires. Présenter la situation comme divisant d’un côté les soutiens du gouvernement israélien, et de l’autre des soutiens du Hamas, serait une caricature profondément mensongère. Sans soutenir aucun de ces deux belligérants, et même si nous pouvons avoir des appréciations divergentes sur ce que l’un et l’autre représentent, nous nous plaçons dans le camp de l’intérêt de l’immense majorité, le camp des travailleurs, quelle que soit l’étiquette nationale que le hasard a posé sur eux : c’est au mouvement ouvrier d’organiser la lutte contre la guerre.
    C’est pourquoi nous luttons pour une paix juste au Proche-Orient, sans jamais mettre dans notre poche nos convictions démocratiques, anti-étatistes, égalitaires, libertaires, et socialistes.

    Mais cet appel avait surtout fait l’objet de précisions intéressantes :
    « Questions-réponses sur le sionisme, Israël et le soutien au "peuple palestinien" »
    http://mondialisme.org/spip.php?article1369

    Ni Patrie ni frontières a également publié en avril un texte « Sur les sources de l’antisémitisme de gauche, anticapitaliste et/ou anti-impérialiste », réactualisé récemment.
    http://mondialisme.org/spip.php?article2055

    La première révision douloureuse qu’il faut opérer, si l’on veut vraiment sortir des ambiguïtés de l’antisionisme de gauche actuel, c’est qu’il existe une vieille tradition antisémite anticapitaliste et/ou anti-impérialiste particulièrement vivace à gauche et à l’extrême gauche, en Europe, mais aussi ailleurs.

    L’ensemble de ces articles et bien d’autres sont repris dans le volume de Ni Patrie ni frontières consacré à « Nos tares politiques », qui aborde aussi la question de l’islamophobie.
    http://mondialisme.org/spip.php?rubrique150

    Ces textes se diffusent peu, et c’est dommage, il y aurait vraiment nécessité à alimenter le débat. cc @rezo @moderne @fil

  • Sous pavillon de complaisance
    http://www.non-fides.fr/?Sous-pavillon-de-complaisance

    Le recueil de lettres personnelles, glanées au fil du temps, que j’édite n’a pas pour objectif de présenter la énième étude, plus ou moins exhaustive et inédite, de l’#antisémitisme, en particulier de celui qui apparaît sous divers pavillons de complaisance à prétention révolutionnaire. De telles études, d’autres individus les ont effectuées de façon bien plus approfondie que moi. J’y fais d’ailleurs référence dans les lettres. Je voudrais juste souligner ici l’influence bénéfique qu’a eue sur moi N, qui séjournait alors en Angleterre, auquel je fais allusion dans l’une des lettres envoyées de Londres à Nantes à l’aube des années 1980. Originaire d’Europe centrale, apatride après la prise du pouvoir par Hitler, il n’était pas juif. Ce qui ne l’empêcha pas d’avoir pas mal de relations et même d’activités au sein du Yiddishland révolutionnaire, jusqu’à la fin des années 1930. La connaissance qu’il en avait acquise était, pour moi, sans pareille. Elle m’a permis, alors que j’étais néophyte en la matière, de comprendre ce qui se cachait derrière le prétendu antisémitisme révolutionnaire.

    Mes lettres ont déjà circulé de la main à la main. Elles concernent essentiellement le rôle qu’a joué, et que continue encore en partie à jouer, le bordiguisme dans la défense du révisionnisme larvé au sein du microcosme ultragauche. Défense que l’on détecte jusque dans des textes assez récents de Dauvé et d’ex-rédacteurs de La Banquise, tels que Le Fichisme ne passera pas, présenté encore récemment de façon élogieuse sur divers sites communisateurs, en France et ailleurs. Malgré leur caractère partiel, je pense donc que ces lettres méritent d’être diffusées plus largement, vu la situation actuelle en France, où l’antisémitisme, y compris à l’occasion sous pavillon noir, remonte à la surface, parfois sous prétexte de stigmatiser le sionisme en général, et l’Etat sioniste en particulier. Envers lesquels nous ne pouvons pas avoir, bien entendu, la moindre complaisance. Evidemment, cette modeste publication ne dispensera pas ceux et celles qui veulent approfondir la critique de mettre la main à la pâte, déjà pour ne pas se retrouver dans la position de claque turbulente, mais de claque quand même, des apôtres de la démocratie.

    André Dréan.

  • Le capitalisme est entré dans des logiques d’extraction et de destruction
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/25/le-capitalisme-est-entre-dans-des-logiques-d-extraction-et-de-destruction_44

    Dans votre nouveau livre, vous avancez que la mondialisation est entrée dans une phase d’« expulsion ». Qu’entendez-vous par là ?

    Ces deux dernières décennies, un nombre croissant de gens, d’entreprises et de lieux physiques ont été comme « expulsés » de l’ordre économique et social. Des chômeurs sont rayés des listes de demandeurs d’emploi. Certains travailleurs pauvres ne bénéficient plus d’aucune protection sociale. Neuf millions de ménages américains ont perdu leur foyer après la crise des subprimes. Dans les grandes métropoles du monde entier, les classes moyennes sont peu à peu chassées des centres-villes, désormais hors de prix. La population carcérale américaine a augmenté de 600 % ces quarante dernières années. La fracturation hydraulique des sols pour extraire le gaz de schiste transforme des écosystèmes en désert – l’eau et le sol sont contaminés, comme si on expulsait de la biosphère des morceaux de vie. Des centaines de milliers de villageois ont été délogés depuis que des puissances étrangères, étatiques et privées, acquièrent des terres aux quatre coins du monde : depuis 2006, 220 millions d’hectares, principalement en Afrique, ont été achetés.

    Tous ces phénomènes, sans liens manifestes, répondent-ils, selon vous, à une logique unique ?

    En apparence, ils sont déconnectés les uns des autres et chacun s’explique séparément. Le sort d’un chômeur radié n’a bien évidemment rien à voir avec celui d’un lac pollué en Russie ou aux Etats-Unis. Il n’empêche qu’à mes yeux, ils s’inscrivent dans une nouvelle dynamique systémique, complexe et radicale, qui exige une grille de lecture inédite. J’ai le sentiment que ces dernières années, nous avons franchi une ligne invisible, comme si nous étions passés de l’autre côté de « quelque chose ». Dans bien des domaines – économie, finance, inégalités, environnement, désastres humanitaires –, les courbes s’accentuent et les « expulsions » s’accélèrent. Leurs victimes disparaissent comme des bateaux coulent en haute mer, sans laisser de trace, du moins en surface. Ils ne comptent plus.

  • Sur les sources de l’antisémitisme de gauche, anticapitaliste et/ou anti-impérialiste
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article2055

    La destructuration des classes ouvrières et les formes prises par la désindustrialisation dans les principaux pays capitalistes occidentaux, l’augmentation du chômage et son maintien à un niveau élevé, l’extension du « précariat », ont totalement désorienté les militants libertaires et d’extrême gauche qui s’attendaient à une vague révolutionnaire victorieuse dans les années 60 et 70
    .
    Ces phénomènes imprévus, mal analysés, les ont rendus d’autant plus perméables à toutes les idéologies post-modernes, postcoloniales, qui prétendent déconstruire tous les discours, donc aussi les discours révolutionnaires classiques des « mâles blancs occidentaux », pour les remplacer par un relativisme qui morcelle les exploités à l’infini en autant de minorités, qui se définissent à partir des multiples formes spécifiques de domination qu’elles subissent. L’idéologie classiste du mouvement ouvrier, qui voyait dans le prolétariat le principal sujet révolutionnaire et l’avant-garde de la transformation sociale, n’avait pas que des avantages, loin de là,mais au moins elle constituait un certain garde-fou, une référence commune que l’on pouvait invoquer contre l’influence délétère de l’antisémitisme anticapitaliste. La propagande de moins en moins classiste, de plus en plus déconnectée du monde du travail salarié et des lieux de production, de la plupart des groupes libertaires et gauchistes ne peut que faciliter la régression politique générale en dehors même des tentatives de récupération idéologique ou d’infiltration de l’extrême droite
    .
    De toute façon, celle-ci mène une campagne idéologique très habile depuis trente ans, renforcée, depuis l’invention de l’Internet, par sa présence massive sur les réseaux sociaux. L’extrême gauche et les libertaires sont incapables de contrer efficacement cette campagne tant ils sont empêtrés dans les ambiguïtés de leur antisionisme et se refusent à faire le bilan de leurs responsabilités dans la diffusion de l’antisémitisme anticapitaliste et anti-impérialiste de gauche.

  • À lire, difficulté medium : encore une nouvelle variation d’Anselm Jappe autour de l’explication de la valeur, et de la théorie économique de Marx, traduit en français et publié hier par #Palim-Psao.

    Finalement, Jappe fait le jazzman de la wertkritik, réinterprétant sans cesse le même morceau sous des formulations légèrement différentes. Personnellement je trouve cela très bien, d’autant qu’au fil du temps le discours se fait plus clair, moins jargonnant, compréhensible par plus de monde. En tout cas c’est mon avis.

    Dans celui-ci, on y parle en particulier de l’économie dite "immatérielle", de l’informatique, et de pourquoi ce n’est pas assimilable à ce que Marx appelle le "travail abstrait". On y critique donc Negri et son entourage multitudien.

    Il ne faut pas passer par la médiation de l’argent (donc ne pas demander de l’argent, avec ou sans travail, pas de revenu de base), mais garantir à tous un accès direct aux ressources : habitat et nourriture en premier lieu.

    « Travail abstrait ou travail immatériel ? », par Anselm Jappe - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-travail-abstrait-ou-travail-immateriel-par-anselm-jappe

    Alors qu’aux yeux des observateurs bourgeois la théorie marxienne serait désormais dépassée car il n’y a plus un prolétaire, les théoriciens du capitalisme cognitif affirment que les frontières de la lutte des classes se sont seulement déplacées. Des auteurs comme #Antonio-Negri identifient le « travail immatériel » avec le « travail abstrait » dont parle Marx. Ceci est clairement une grossière erreur qui laisse douter du sérieux de qui la commet. Selon la définition de Marx, chaque travail a deux dimensions car chaque travail débouche sur un résultat quelconque – qu’importe que ce soit matériel ou immatériel, un bien ou un service – apte à satisfaire un besoin quelconque, important ou absurde qu’il soit. Dans le même temps, chaque travail est une dépense de temps quantitativement déterminée. Par conséquent, le travail de l’infirmier, de l’ouvrier en métallurgie ou encore du paysan a aussi une dimension abstraite, et le travail de l’informaticien ou du conseiller d’entreprise a aussi une dimension concrète. Le travail n’est pas d’abord concret, dans la phase de production, pour devenir ensuite abstrait dans la circulation. Il n’est pas non plus devenu « plus abstrait » au cours du développement du capitalisme à cause de sa parcellisation ou de l’informatisation. Il s’agit de plans d’analyse complètement distincts. Parler d’un travail « toujours plus abstrait », ou d’un « devenir abstrait du travail », comme font certains théoriciens du capitalisme cognitif, n’a aucun sens.

    […]

    Certains veulent aussi croire dans les vertus libératrices du partage en réseau, du free software etc. Il est certes sympathique de pouvoir télécharger autant de musique sans payer ou consulter les livres d’une bibliothèque lointaine, mais il semble difficile d’en faire un paradigme de société ! A quoi peut bien servir le file-sharing dans une situation où il n’y ni maison, ni terres, ni nourritures ? Voir dans ce secteur plutôt marginal de la reproduction sociale le levier d’une transformation générale ou d’une « réappropriation collective des ressources » après des siècles de privatisation des ressources, signifie que l’on croit un peu trop dans la virtualisation du monde et que l’on fait du réseau la réalité suprême et de ses opérateurs le nombril du monde. Et si, à cause des privatisations ou des catastrophes naturelles, les black-out se multiplient et qu’il n’y a plus d’électricité, que reste-t-il de la révolution digitale ?

    […]

    L’augmentation exponentielle de la production matérielle depuis deux cent ans – avec les conséquences écologiques dont on commence à peine à mesurer l’ampleur – a pu durant longtemps compenser la diminution de la valeur contenue dans chaque marchandise. Mais environ à partir des années soixante-dix du siècle dernier, notamment avec la dite révolution microélectronique, les progrès de la substitution du travail vivant par les technologies ont été tellement importants qu’aucun mécanisme de compensation ne pouvait être suffisant, d’autant plus en présence de marchés saturés. Dès lors, le capitalisme est définitivement en crise et ne fait rien d’autre que renvoyer le redde rationem par le biais de la financiarisation. Aucun nouveau modèle d’accumulation n’est plus venu : il y a seulement des simulés de profits. On sait que les valeurs immobilières et boursières ont crû dix fois plus vite que l’économie « réelle » (naturellement, personne ne le sait précisément). Alors que les populismes de droite et de gauche ont présenté les envolées de la finance et de la spéculation comme la cause des difficultés que traversent l’économie réelle, c’est en fait exactement l’inverse qu’il s’est passé : c’est seulement grâce à la finance « créative » et à la spéculation qu’il a pu se feindre une prospérité dont les bases manquaient, en vérité, depuis longtemps. La crise financière actuelle est seulement un symptôme.

    #Anselm-Jappe #Marx #critique_de_la_valeur #wertkritik #argent #marchandise #valeur #économie #capitalisme #crise #finance #informatique #travail #critique-du-travail #travail-abstrait #travail-immatériel #informatique #logiciel-libre

  • La fin du pacifisme, la seule issue est la violence : Günther Anders
    http://raumgegenzement.blogsport.de/2013/06/21/la-fin-du-pacifisme

    "Il n’est pas possible d’exercer une résistance efficace avec des méthodes gentilles, en offrant des myosotis aux policiers qui ne peuvent les accepter parce qu’ils ont les mains prises par leurs matraques. Il est tout aussi insuffisant, non : absurde, de jeûner pour obtenir la paix nucléaire. On n’obtient qu’un seul effet en jeûnant : on a faim. Peu importe à Reagan et au lobby nucléaire que nous ne mangions qu’un sandwich au jambon. Ce ne sont que des “happenings”. Aujourd’hui, nos prétendues actions politiques ressemblent d’une façon vraiment effrayante à ces apparences d’actions qui ont fait leur apparition dans les années 1960 […]. Avec ces actions, nous croyions avoir franchi la frontière de la simple théorie, mais nous n’étions en fait que des “acteurs” au sens théâtral. Nous faisions du théâtre par peur d’agir vraiment […]. Le théâtre et la non-violence sont des parents très proches."

    • #Günther-Anders #pacifisme #non-violence #violence #écologie #nucléaire #Gandhi

      « Ce que Gandhi a fait se résume-t-il à des happenings ? »

      « Du point de vue de l’histoire du monde, je crains bien que oui. Considérez-vous que Gandhi nu en train de tisser avec un métier manuel — une scène qui a été photographiée des millions de fois — soit autre chose qu’un happening comparable à ceux des briseurs de machines ? Il n’a réussi ni à empêcher le développement de l’industrie textile en Inde ni à toucher au terrible système des castes. Sérieusement, si Gandhi a appelé à résister sans violence, c’est “faute de mieux” […]. Voilà ce qu’il voulait dire : “Nous pouvons peut-être opposer quelque résistance même si ce faisant nous n’obtenons pas le pouvoir et, avec ce dernier, la puissance d’agir.” C’est dire que l’important pour lui, ce n’était pas la non-violence en tant que telle (comme seule méthode, seul principe ou seule fin moralement autorisés), mais l’éventualité très faible de pouvoir aussi opposer une résistance même si l’on n’a pas d’armes. Ce qui est fondamental chez lui, ce n’est pas le “sans” (“sans armes”) mais le “même si” (“même si l’on n’a pas d’armes”) »

    • En allemand, un même mot dit le pouvoir et la violence : #Gewalt.

      Anders se présente lui-même comme un « philosophe de la barbarie » (GJN, 17), de la barbarie du monde actuel : Auschwitz, Hiroshima et Tchernobyl

      Avec les mass media a vu le jour la figure de l’“ermite de masse” (OH, 121). Il est assis, isolé face à sa radio ou à son téléviseur et reçoit la même nourriture auditive ou visuelle que les autres. Il ne se rend pas compte que ce qu’il mange solitairement est l’aliment de millions d’autres personnes en même temps » (GJN, 31).

      #technocratie #déprimant #voiture #pollution #après_le_mur

    • Le réalisateur Hark Bohm, qui habitait à l’époque à trente cinq kilomètres de la centrale nucléaire de Stade, la première centrale nucléaire de la République Fédérale, a réagi ainsi aux propos d’Anders : « La légitime défense est nécessaire. Mais dois-je tuer le président du Land de Basse-Saxe ? Le plus haut magistrat de la ville de Stade ? Après Kennedy, il y a eu Johnson ; après Johnson, il y a eu Nixon. Je tiens le conseil de Monsieur Anders pour extrêmement dangereux […]. Avec sa recommandation, il fait le jeu de ce qu’il combat. Il légitime la terreur d’État » (GJN, 38).

      Je crains que ce soit Bohm qui ait raison. La question de la violence ne peut pas se poser comme ça, de manière artificielle, ce qui détermine sa possibilité c’est un véritable rapport de force. Sinon ce ne sont au mieux que gesticulations ridicules ou pires, comme le dit Bohm, parfaitement dangereuses.

    • Ouais enfin Anders n’a pas dit ça au hasard dans le vide, genre « jeune chien fou idéaliste ». Il a dit ça après avoir vu et étudié justement les rapports de forces écolo et socio des 50 années précédentes. Et il n’a pas dit ça pour le plaisir, lui-même ayant toujours été plutôt non-violent. Je soupçonne que ça lui ait même fait du mal de devoir faire ce constat... Faire de l’agit-prop, des « happenings », sittings, festif-machin-chose, ça ne change juste rien.

      Dans les années 70, un gros chantier de centrale nucléaire a démarré au Pays Basque. ETA s’est prononcé contre le nucléaire est a lancé des menaces. On ne cède pas au chantage. Début des années 80, ils ont enlevé l’ingénieur en chef du projet, et demandé le démontage de ce qui avait commencé. On ne cède pas au chantage. Ils ont exécuté leur otage et quelques autres. Le chantier a été annulé, est toujours en ruine aujourd’hui, et il n’a plus jamais été question de nucléaire dans cette région (pour l’instant). C’est triste, mais c’est un rapport de force.

      On trouvera certains articles rappelant l’histoire de la critique nucléaire en Europe dans les années 70 sur le site de PMO, par exemple celui là (le premier du site ! :D) : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1

    • Le pays basque était alors en guerre contre l’Etat franquiste, le peuple soutenait, c’était un vrai rapport de force. Une « perspective militante anticapitaliste », pour remployer ce terme en bois, ce n’est pas la même situation, ce n’est qu’une idée pour mobiliser, il me semble...

  • Compte-rendu et analyse parcellaire de la situation à Istanbul (16 juin)
    http://dndf.org/?p=12543

    En choisissant de mettre fin à l’occupation de la place lundi et à celle du parc (qui jouxte la place) samedi, le pouvoir espère mettre fin à un mouvement aux contours flous en lui retirant son lieu de regroupement. Mais parallèlement il prend parallèlement le risque de voir les manifestations se répandre géographiquement dans la ville – il prend le risque de la saturation et de la généralisation des points de blocage.

    Il n’est pas sûr que ce saut advienne. Le début de la semaine sera sans doute décisif : soit face à la répression la confrontation s’étend et se renforce, soit le mouvement s’éteint peu à peu. Désormais il ne pourra plus stagner dans le parc comme il l’a fait les jours précédant l’attaque de samedi.

    #Gezi #Turquie

  • Taksim partout, Résistance partout !
    « Je suis allé résister, je reviens tout de suite »

    http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1379

    Ce qui arrive le lendemain d’une expulsion est bien sûr une autre question. Mais le plus important est que le génie est maintenant sorti de la bouteille en Turquie, et qu’une toute nouvelle partie significative de la jeunesse s’est trouvée et qu’ils ont commencé à rêver de ce qu’ils peuvent réaliser ensemble.

    #Gezi #Turquie

  • Produire et acheter français : une farce sinistre.
    http://www.tantquil.net/2013/06/11/produire-et-acheter-francais-une-farce-sinistre

    Les idées nationalistes resurgissent en Europe. C’est qu’en temps de crise, le passé fait recette. Et on ne parle pas ici de mettre en avant la danse folklorique dans le Poitou et les plus belles chansons de Patrick Sébastien : Nos nouveaux Saint Louis et Jeanne d’Arc (ou Mireille, on sait plus) s’attaquent à l’économie. Alors voici un petit Kit de démontage de ces discours, qui font l’objet d’un quasi consensus sur l’échiquier politique, depuis l’extrême-droite version Soral, jusqu’à la gauche du PS.

    #capitalisme #analyse

  • Antifa
    http://chusmartinez2013.wordpress.com/2013/06/11/antifa

    Elle m’a tout de suite dit que cela lui faisait penser aux mouvements de jeunesse anti-nazi en Allemagne durant le Troisième Reich. Elle m’a demandé si j’avais entendu parlé des « Meutes » de Leipzig ou des « Pirates de l’Edelweiss » de Cologne. Je lui ai dit que j’avais entendu parler des Edelweiss via ma copine du post-burlesque qui avait pris ce pseudo en partie pour cette raison. Mais globalement je ne connaissais pas trop l’histoire. Alenka s’est mise à me la raconter.

  • Il n’aura jamais 20 ans.
    http://coeurnoirteterouge.wordpress.com/2013/06/06/il-naura-jamais-20-ans

    Suite au tabassage à mort de Clément, jeune militant antifa, j’ai répondu par la positive à une tentative d’élaboration commune d’un communiqué de militants et sympathisants. Au final, ma contribution ne me paraît pas correspondre à ce que devrait être un communiqué. Néanmoins, j’ai décidé de poster ici ce truc écrit un peu à la hâte, parce que cet événement m’a secoué et m’a rappelé des choses que je ne pensais pas revoir et ressentir un jour.
    Pour le reste, je n’ai jamais été très fort pour les condoléances…
    Le gouvernement Sarkozy avait replanté les graines de la haine en intégrant dans ses rangs des vieux de la vieille qui, s’ils avaient quitté leurs groupuscules pour intégrer de « vrais » partis, n’avaient en rien remis en cause leurs idées rétrogrades d’extrême-droite. Certains pensaient qu’en votant à gauche, ces idées disparaîtraient d’elles-mêmes. Il en a été tout autrement, la « gauche » leur laissant une autoroute de libre expression, les médias ne se faisant pas prier pour la diffuser à foison, audience assurée oblige.
    D’ailleurs, avec cette fameuse crise qui nous est tombé sur la gueule, le PS et ses valets ont montré qu’ils savaient eux aussi très bien jouer avec les idées de droite et d’extrême-droite quand, sentant la colère et la révolte monter chez les exploités à qui l’on demandait de se serrer toujours plus la ceinture, il nous a livré en pâture les roms, les chômeurs, les étrangers, comme les responsables de notre misère. Comme à chaque fois, désigner un bouc émissaire a porté ses fruits, calmant les revendications et légitimant du même coup les politiques de droite pratiquées par le PS comme l’emprisonnement dans les CRA pour le simple fait d’être étranger, les expulsions de réfugiés risquant la mort dans leurs pays, les contrôles au faciès, etc.
    Ces derniers mois, avec le mariage pour tous comme prétexte, les fachos s’en sont donné à cœur joie, dégueulant leur haine de l’autre sans que jamais personne ne les rappelle à l’ordre. A peine leur a-t-on dit, après la vague d’agressions homophobes de « tenir leurs troupes ».
    En parallèle, peu nombreux, sans moyens, des individus ont toujours lutté contre cet état de fait. En faisant un travail de fourmi et de propagande de titan pour montrer l’envers du décor de ceux qui sont présentés par les médias comme des gens respectables. En mettant à jour des relations, en rappelant un passé peu glorieux que ces derniers auraient préféré voir tus. Depuis des mois, les antifas tirent la sonnette d’alarme, disent leur inquiétude de voir ce retour en force des idées fascisantes qui s’immiscent jusque dans la gauche elle-même. Mais à leur parole, à leurs preuves, ils n’ont reçu en retour qu’insultes et mépris. Pire, par un joli retournement ce sont eux qui se sont fait traiter de fascistes, d’ennemis de la libre expression…
    J’ai eu 19 ans dans les années 80. Je me souviens très bien du soir où, avec deux potes, on s’est fait courser par une bande de fafs. On s’en était tiré grâce à une pute qui nous avait cachés. J’étais pas antifa, ni-même militant, juste un petit punk branleur et un peu anar qui se cherchait encore, même si je savais vers où je voulais allais. Et je me souviens très bien de cette ambiance de l’époque où tu savais qu’à n’importe quel moment, un con de rasé pouvait te tomber sur le râble pour te démonter la gueule. Cette peur-là, je ne la regrette pas, et je n’ai pas envie de la ressentir à nouveau. Ces derniers temps, je la sens pourtant qui se réveille, qui remonte dans mes tripes quand je vois à quel point l’extrême-droite bat à nouveau la rue au grand jour.
    Et ce soir j’apprends qu’un jeune gars qui se battait pour un monde meilleur est mort pour ses rêves. De jolis rêves sans haine où l’égalité, l’entraide et la solidarité seraient plus forts que la peur et la haine de l’autre. Mort parce qu’on a laissé grandir cette haine jusqu’à ce qu’elle se sente intouchable.
    Il n’aura plus peur, mais il n’aura jamais 20 ans.
    La solution ne sera pas dans la dissolution des groupes d’extrême-droite – combien ont déjà été dissous depuis plus de 50 ans pour toujours revenir sous de nouvelles appellations… – mais dans la destruction des idées qu’ils colportent. Et cette destruction ne pourra se faire sans le travail d’investigation et d’information qu’ont toujours mené les antifas. Quant à la violence, si violence il devait y avoir en retour, il est un peu tard pour la condamner…

    • Addendum

      Dernier point. La récupération politique de cette mort est l’élément le plus puant pour moi. Voir des partis politiques s’offusquer et balancer du « no pasaran » alors qu’ils ont fermé leurs gueules pendant des mois sur tous les dérapages, agressions et autres signes annonciateurs d’un drame possible, ça me donne envie de sortir la machine à baffes. S’il vous plaît, faites comme vous avez toujours fait : fermez-la.

  • Quantitative easing, par Léon de Mattis
    http://www.leondemattis.net/?2013/06/02/75-quantitative-easing

    C’est justement parce qu’on n’imagine pas d’autre horizon possible que tous les acteurs économiques continuent à croire, jusqu’à l’absurde, en la possibilité de la valorisation future. Le capitalisme tire ainsi, de sa faiblesse, un force paradoxale : il ne subsiste que parce qu’on croit en lui, mais il a réussi à imposer la nécessité matérielle de cette croyance.

    #crise #dette

    • Cette force est très relative... Quand un bateau est en train de couler, tant qu’il flotte encore, c’est à lui qu’on tente désespérément de se raccrocher..
      Les rendements sur les dettes souveraines des pays considérés comme les plus sûrs sont quasiment négatifs en ce moment. Je ne suis pas sûrs qu’ils croient encore à quoi que ce soit en terme de valorisation future. Il ne font qu’anticiper l’effondrement. Sauver les meubles, dépecer les Etats, faire quelques festins sur quelques proies bien choisies, miser sur quelques vessies à fracturation hydraulique en guise de lanterne... L’avenir n’est plus ce qu’il était...
      #addiction #prédation

  • A #Montreuil, les dérives sécuritaires des hommes en bleu de Voynet
    http://www.lesinrocks.com/2013/06/02/actualite/video-derives-agents-tranquilite-publique-montreuil-voynet-11400139

    Mardi 21 mai, le journaliste Mikaël Lefrançois porte plainte pour violences aggravées contre Denis Hochard, le directeur de la Tranquillité publique de Montreuil et quelques uns de ses agents. Les Inrocks produisent aujourd’hui une vidéo de l’altercation qui met en doute la défense des agents municipaux. Derrière ce fait divers, on découvre un service à qui la mairie avait, petit à petit, confié des missions de police. Des dérives violentes ont été, depuis quatre ans, maintes fois signalées à la maire Dominique Voynet par son ancien premier adjoint en personne, des Roms, des opposants politiques et des militants. Sans effet jusqu’à présent. Rencontrée ce matin, l’ex-ministre promet désormais des sanctions.

    Un autre article sur mediapart sur le même sujet aujourd’hui :
    http://www.mediapart.fr/journal/france/290513/les-agents-de-surveillance-tres-speciaux-de-la-mairie-de-montreuil
    #police #squats

    • De gros dossiers qui ressortent...

      Les méfaits du directeur de la sécurité publique à Montreuil, Denis Hochard

      http://paris.indymedia.org/spip.php?article13647

      jeudi 30 mai 2013
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      La meilleure des polices ne porte pas d’insigne

      Récapitulatif non-exhaustif des méfaits du directeur de la tranquillité publique à Montreuil, Denis Hochard.

      La responsabilité de la mairie, la responsabilité de la police.

      Ce n’était ni un rrom, ni un squatteur, ni un sans-papier, ni un gréviste, mais un journaliste.

      Cela s’est passé le week-end du 18, 19 mai 2013. Mikaël Lefrançois s’étonnait que des ASVP (« agents de surveillance de la voie publique ») de Montreuil, plus particulièrement son directeur, Denis Hochard, soient munis d’une bombe lacrymogène. Il le prit en photo. Celui-ci et ses agents, le plaquèrent au sol, lui donnèrent un coup de taser dans la main pour qu’il lâche son téléphone, le menacèrent pour obtenir son mot de passe, et effacèrent la photo compromettante. Rappelons que les ASVP n’ont pas le droit d’être armés.

      Sauf que la personne violentée était journaliste et n’hésita pas à porter plainte pour violence aggravée et à saisir les médias. Devant le scandale, la mairesse a du provisoirement suspendre son directeur de la sécurité, Denis Hochard, tout en précisant bien qu’il ne s’agissait pas d’une sanction, et qu’il garderait son salaire... (...)

      et la suite précise : "En réalité, Hochard est une pièce maîtresse du projet de restructuration de la ville de Montreuil. Il permet de gagner du temps en passant au dessus de la légalité. Toutes ces expulsions illégales sont autant d’années gagnées dans la transformation de la ville. La mairie se comporte comme ces promoteurs qui embauchent des hommes de main pour expulser en toute illégalité, des occupants, ceux qui gênent les profits à venir."

      Voilà qui est tout à fait clair !

  • Éditions À l’Abordage
    http://editionsalabordage.noblogs.org

    Les éditions À l’abordage n’ont pour but que de participer à leur modeste niveau à la diffusion de la pensée subversive vis-à-vis de l’Ordre dominant, autant que vis-à-vis de celui dont rêvent tant de thuriféraires du pouvoir, de la morale, des Grands Idéaux et de la production. Ces éditions sont une modeste contribution à la guerre sociale en cours contre l’existant, dans une optique anarchiste et communisatrice. Elles sont une expression de plus dans une volonté d’étendre horizontalement la conflictualité sociale au travers de la réflexion théorique, historique, etc,. Et elle le fait avec d’autant plus de volonté qu’elle est à mille lieu du fétichisme de l’organisation permanente et de sa tendance à la sclérose. Vive l’Anarchie ! Vive la communisation !

  • la gentrification telle qu’elle suit son cours à Montreuil-Bagnolet
    Le “sourire du banquier”…
    http://lecridudodo.noblogs.org/post/2013/06/01/ile-de-france-le-sourire-du-banquier

    Cette expression, « le sourire du banquier » est le doux nom d’une pub plastifiée que les habitant-e-s de Bagnolet et Montreuil ont pu recevoir dans leurs boites aux lettres le mois dernier.

    Et ce n’est même pas une blague…

  • La « gauche » n’est pas une deuxième droite ... C’est la gauche du capital

    Soyons précis. La gauche n’est pas de « droite » ni une « deuxième droite », mais fait partie du dispositif spectaculaire de la politique. Elle est intégrée au cirque bourgeois démocratique et médiatique comme son extrême-gauche parlementaire. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’aile gauche du capital. Ainsi serait-il plus louable de s’interroger sur cette volonté acharnée des groupes d’individus qui s’arrogent le droit de vouloir faire notre « bien » à notre place, ceci avec de tristes chemises rouges, roses ou vertes ? Et que d’autres les suivent béatement avec autant d’illusions.

    http://vosstanie.blogspot.fr/2013/05/la-n-pas-une-deuxieme-droite.html

    • Ben le problème à Toulouse est récurrent, il y a beaucoup de bâtiments vacants ou en construction à faire peur car certains quartiers plutôt ruraux, ou l’on croise encore des animaux de fermes, sont entièrement restructurés à l’américaine en résidences de #prêt_à_crever. Bref, il y a toujours beaucoup de gens qui dorment encore et toujours la rue et une politique de la gauche du capital (je reprends l’expression @frederic) qui a en vue la gentrification du centre tandis que les #périphéri-gueux sont à peine regardés. Il y a même des affiches pour préparer les toulousains à une vague de 5 millions de touristes…
      Donc chapeau aux courageuses et courageux du #CREA qui se prennent les CRS avec hélicoptères, lacrymo et taser chaque fois qu’ils ouvrent un lieu public abandonné depuis des années.

    • Une bonne raison pour les expulsions violentes et répétitives qu’ils subissent est que ça marche ! car #squatteuses #squatteurs et #travailleurs_sociaux ont réussi à agir ensemble au grand dam de la mairie, de l’Etat, de certains élus, de la préfecture. Ces administrations ne supportent apparemment pas qu’une organisation autonome, économe et intelligente se mette en place sans leur contrôle.

  • Exploitation in profundis
    http://realitesducommunisme.noblogs.org/post/2013/04/06/exploitation-in-profundis

    C’est bien à partir de l’exploitation elle-même, et de ses conditions actuelles de réalisation dont fait parti ce que j’ai nommé « l’auto-exploitation », que pourrait émerger la nécessité de dépasser la définition de classe (qui ne s’élabore que simultanément au déploiement réel d’un mode de production dans les conditions qui sont les siennes à un moment donné) en tant que limite à l’émancipation des conditions de cette exploitation, et d’où pourrait s’affirmer la possibilité de produire le communisme comme moyen pour cette émancipation. Il y a crise de l’exploitation parce qu’il y a crise du rapport entre le capital et le travail. Ce qui signifie qu’il y a baisse tendancielle du taux de profit en tant que rapport entre les classes, recomposition de la structure de la classe des prolétaires sous la subsomption du travail sous le capital en fonction des nouveaux enjeux « économiques », redéfinition des modalités de la reproduction de la force de travail, sélection et classement de la valeur potentielle de celle-ci en fonction des variations de la potentialité de la valorisation à l’échelle mondiale, etc. Donc, par conséquent, il y a restructuration du rapport et apparition de l’auto-exploitation (ou peu importe la façon que l’on nomme cet aspect de la restructuration « managériale »). Cette restructuration engendre comme on l’a vu, de nouvelles modalités des contradictions entre les classes et les genres qui donnent à la crise une géométrie particulière à partir de laquelle parler de communisation devient possible, aujourd’hui (et il s’agira pas que d’en parler).

    #communisme #communisation #théorie

  • Le travail politique avec les femmes et en tant que femmes dans les conditions présentes : interview avec Silvia Federici
    http://ecologie-et-emancipation.over-blog.com/article-le-travail-politique-avec-les-femmes-et-

    Reconnaître les aspects de l’expérience en tant que femmes qui constitue une base de subordination aux hommes, tout en étant en même temps confrontées aux différences de pouvoir entre les femmes elles-mêmes est aujourd’hui, comme par le passé, l’un des principaux défis faisant face aux féministes et aux militants de tout mouvement social . Dans le même temps, l’identification contient de nombreux risques. Le plus insidieux, peut-être, est l’idéalisation des relations entre femmes, ce qui nous expose aux plus âpres désillusions. C’est un problème auquel les femmes de ma génération étaient particulièrement vulnérables, tellement le féminisme nous est d’abord apparu comme la terre promise, notre « chez nous » tant attendue, comme un espace de protection dans lequel rien de négatif ne pourrait jamais nous arriver. Nous avons découvert que faire un travail politique auprès des femmes, en tant que femmes, ne nous épargne pas des luttes de pouvoir et des actes de « trahison » que nous avons si souvent rencontrés dans les organisations dominées par les hommes. Nous venons de mouvements avec toutes les cicatrices que la vie dans le capitalisme a imprimé sur nos corps et nos âmes, et ceux-ci ne disparaissent pas automatiquement parce que nous travaillons parmi des femmes. La question n’est cependant pas de s’enfuir du féminisme. Cette question du sexe et du genre est une leçon politique dont on ne peut renoncer. Nous ne pouvons pas s’opposer à un système qui a construit son pouvoir en grande partie sur la division raciale et de genre en luttant comme désincarnés, en tant que sujets universels. La question est plutôt de savoir quelles sont les formes d’organisation et les moyens de la responsabilité que nous pouvons construire qui pourraient empêcher les différences de pouvoir entre nous d’être reproduites dans notre lutte.

    #communisme #féminisme #genres

  • Le collectif anarchiste de traduction et de scannérisation de Caen a publié de nouvelles traductions, dont plusieurs textes sur l’Autonomie italienne et un entretien avec Sergio Bologna
    http://ablogm.com/cats

    - Institutionnalisation par en bas – Syndicats et mouvements sociaux – Italie années 70 :
    Texte sur la manière dont les syndicats italiens ont « chevauché le tigre » des mouvements sociaux autonomes dans les usines et réussi à les canaliser.
    – Le futur dans notre dos – Autonomie et mouvements sociaux – Italie années 70 :
    Texte d’analyse sur ce que fut l’Autonomie italienne. Intéressant et synthétique.
    – Analyse de l’autonomie italienne :
    Un entretien avec Sergio Bologna, un des théoriciens de l’opéraisme italien qui revient sur ce que fut l’Autonomie en Italie dans les années 70.

    #autonomie #operaïsme #Italie

  • [Toulouse] « Y’a énormément de gens qui ont faim et énormément de bouffe dans les poubelles »

    http://juralib.noblogs.org/2013/03/29/toulouse-ya-enormement-de-gens-qui-ont-faim-et-enormement-de-bouffe

    Le paradoxe du fouilleur

    « Si tu peux te permettre de payer à la caisse, fais-le. Laisse les rebuts à ceux qui n’ont pas d’autre solution que de fouiller les poubelles ou mourir de faim. » L’argument de Russel Banks est connu. Mais plus ou moins fondé. Avoir faim ne conduit pas toujours à faire les poubelles. Ne serait-ce que parce que ça nécessite un minimum de matériel pour stocker ou cuisiner. À moins de faire d’autres types de fouille. McDo, Quick, restos. Du prêt à bouffer, du direct.

    Problème d’image de soi aussi. En plongeant dans les bennes, « certains, même à la rue, auraient l’impression d’aller tout en bas du bas », explique Olivier. D’autres ne sont pas en état. Came, alcool. Lui n’a aucune honte : « À New York j’ai connu des profs, des artistes qui font ça par conviction donc j’ai pas le même rapport ».

    Erwan note un paradoxe : « On se sent moins emmerdé à aller fouiller parce qu’on sait qu’on pourrait s’en passer ». Petite sociologie : « Nous, on va plutôt privilégier les petits spots quitte à moins ramasser ». (Erwan fait les poubelles d’un primeur défiant toute concurrence). Et « ceux plus dans le besoin iront vers les gros spots. Quitte à se bastonner ». Olivier résume : « Y’a suffisamment de bouffe pour tout le monde ».