fred1m

citoyen (épicène ?) ou adelphe...

  • Législatives : la Nupes “au coude-à-coude” avec les macronistes, les éditorialistes en panique | Samuel Gontier
    https://www.telerama.fr/ecrans/legislatives-la-nupes-au-coude-a-coude-avec-les-macronistes-les-editorialis

    Faut-il y voir “la schizophrénie des Français” diagnostiquée par Christophe Barbier ? Au premier tour des législatives, la Nupes a fait jeu égal avec la majorité présidentielle. Respectueuses de ce résultat, toutes les chaînes, de TF1 à BFMTV en passant par France 2 (sans parler de CNews) accordent la priorité à la droite et à l’extrême droite. Et mettent les électeurs en garde contre une alliance “hétéroclite” qui risque de les mener tout droit au goulag. Source : Ma vie au poste

  • Je crois que j’ai été trop optimiste hier en pensant qu’après l’intervention des gendarmes de Gaillac allant extraire la lycéenne de son cours, pour lui dire que « ça se fait pas » de poser des questions dérangeantes au Présipotent, on aurait rapidement l’habituelle mise en scène d’une colère jupitérienne pour « recadrer » un sous-fifre trop zélé quand ça provoque trop de vagues :
    https://seenthis.net/messages/963713#message963734

    Aujourd’hui, toujours rien de la part de l’exécutif.

    Ce que je lis donc comme le choix tout à fait conscient de la macronie d’assumer cette dérive juste avant le premier tour : le choix est donc fait de laisser cette logique fascisante se montrer pour ce qu’elle est, plutôt que de vexer une partie de l’électorat 24 heures avant le scrutin en faisant un reproche à des gendarmes.

    (Toutes cette semaine, l’inondation de commentaires fascisants par les trolls macronards sur Twitter suite aux différentes affaires, ça aurait dû m’interdire cet excès d’optimisme. Ces gens jouent à font la carte du « parti de l’ordre », autoritaire, réactionnaire, fascisant.)

  • Khrys’presso du lundi 13 juin 2022
    https://framablog.org/2022/06/13/khryspresso-du-lundi-13-juin-2022

    Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière. Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer … Lire la suite­­

    #Claviers_invités #Internet_et_société #Libr'en_Vrac #Libre_Veille #Non_classé #GAFAM #Internet #Revue_de_web #Revue_hebdo #Surveillance #veille #webrevue

  • Les accusations d’antisémitisme contre Jeremy Corbyn n’ont aucun fondement | Thierry Labica
    https://www.contretemps.eu/corbyn-labour-accusations-antisemitisme-simonnet-obono

    Danielle Simonnet et Danièle Obono sont depuis plusieurs jours la cible d’attaques politiques et médiatiques aussi convenues qu’ignobles, de la part de dirigeants socialistes (B. Cazeneuve, D. Assouline), de la candidate PS dans le 20e arrondissement de Paris Lamia El Aaraje, de Patrick Haddad, mais aussi de la LICRA ou encore de journaux comme le Canard enchaîné et le Figaro. La raison ? D. Simonnet et D. Obono ont reçu l’ancien dirigeant du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, venu en personne à Paris les soutenir dans le cadre de la campagne législative en cours. Source : Contretemps

  • Législatives : la NUPES doit être comptabilisée comme une nuance politique unique
    Décision de justice 7 juin 2022
    https://www.conseil-etat.fr/actualites/legislatives-la-nupes-doit-etre-comptabilisee-comme-une-nuance-politiqu

    Le juge des référés du Conseil d’État enjoint aujourd’hui au ministre de l’Intérieur de prendre en considération la NUPES comme une nuance politique à part entière dans la présentation des résultats qui sera faite des élections législatives des 12 et 19 juin 2022. Il estime en effet que comptabiliser les partis politiques de cette coalition séparément peut porter atteinte à la sincérité de la présentation des résultats électoraux. (...)

    #législatives2022

    • https://www.liberation.fr/politique/legislatives-la-nupes-est-une-nuance-politique-a-part-entiere-tranche-le-

      Les partis politiques membres de la Nupes avaient donc saisi [fin mai] le Conseil d’Etat.

      Pour la plus haute juridiction administrative de France, « l’absence de comptabilisation sous une nuance unique, des suffrages portés sur les candidats de la Nupes, est susceptible de porter atteinte à la sincérité de la présentation des résultats électoraux ».

      En réaction, le ministère de l’Intérieur [qui avait tenté le coup de refuser le création de la nuance Nupes] dit « prendre acte de cette décision » et « procédera à la modification de la grille des nuances afin de créer la nuance Nupes ».

    • Pas de matériel électoral à changer, le refus par le ministrère de l’Intérieur de l’utilisation d’une nuance unique avait pour but de lui permettre de publier les résultats de la NUPES en les éclatant entre ses différentes composantes. Et, donc, d’éviter d’avoir à publier le « gros » pourcentage d’une gauche à peu près unie, plus gros certainement dans beaucoup de cas que celui d’un macronisme sans élan ou ceux d’une droite divisée et d’une extrême-droite éclatée en trois.

      Pure magouille de comm’. Ce que dit le Conseil d’État…

      • [la circulaire] est entachée d’une erreur manifeste d’appréciation dès lors que l’absence de la nuance « NUPES » altère la lisibilité des résultats du scrutin en ne prenant pas en compte un courant politique majeur, en minorant le résultat de chaque composante politique de l’accord et en confondant dans la nuance « ECO » des formations politiques non représentées dans la coalition…

      qui, en des termes polis, accuse le ministère de tricherie manifeste :

      • [la circulaire] méconnaît le principe d’égalité dès lors qu’elle attribue une nuance politique au groupement représentant la majorité présidentielle mais refuse le même traitement à la coalition « NUPES »

    • le texte de la circulaire

      Le ministre de l’Intérieur
      à
      Mesdames et Messieurs les préfets et hauts-commissaires

      Dans le cadre des élections législatives qui se dérouleront les 12 et 19 juin 2022, vous serez chargés d’attribuer une nuance politique à l’ensemble des candidats aux élections législatives dans les différentes circonscriptions de vos territoires.

      1. Distinction entre étiquette politique et nuance politique
      Le décret n02014-1479 du 9 décembre 2014 relatif à la mise en œuvre de deux traitements automatisés de données à caractère personnel dénommés « Application élection » et « Répertoire national des élus » (ci-après « décret de 2014 »), pris après avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés et après examen du Conseil d’Etat, distingue l’étiquette politique, librement choisie par le candidat, de la nuance politique, attribuée par l’administration.

      Le choix de l’étiquette est laissé à la libre appréciation du candidat. I1 n’existe pas de catégories ni de grilles prédéfinies en la matière. Un candidat peut se déclarer « sans étiquette » ou n’en déclarer aucune. L’étiquette politique reflète les convictions ou engagements personnels du candidat dans le domaine politique et peut différer du parti indiqué au sein du formulaire de rattachement au titre de la campagne audiovisuelle ou au titre de l’aide publique.
      En revanche, vous êtes en charge de l’attribution des nuances aux candidats au regard des critères d’attribution présentés dans cette circulaire et de la grille qui lui est annexée. Cette nuance peut donc différer non seulement de l’étiquette déclarée dans la mesure où cette dernière est librement choisie et formulée, mais aussi du parti de rattachement au titre de la campagne audiovisuelle ou au titre de l’aide publique.

      L’attribution des nuances politiques est un préalable essentiel à l’analyse électorale et à la lisibilité des résultats des élections pour les citoyens. Vous veillerez donc à sélectionner avec soin la nuance que vous attribuerez de manière discrétionnaire à chaque candidat, et ce à partir du faisceau d’indices concordants et objectifs rappelé ci-après.

      https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf/circ?id=45330

      Comme indiqué, la nuance est utilisée dans l’Application élection, qui récupère les résultats des bureaux de vote et les consolide par commune et par circonscription. L’application permet aussi une consolidation nationale qui permet la communication des résultats au niveau des groupements politiques « habituels », c’est ici qu’intervient la nuance politique qui est le nom choisi pour ce critère de regroupement dans l’application. C’est le seul emploi de cette notion de nuance.

      Par ailleurs, le RNE, Répertoire National des Élus, liste la totalité des élus des différentes assemblées. Il comporte une variable étiquette politique déclarative : après chaque élection, la préfecture demande à chaque élu (nouveau ou renouvelé) de lui communiquer l’étiquette qu’il souhaite se voir attribuer.

      https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/repertoire-national-des-elus-1

    • Pas de matériel électoral à changer, le refus par le ministrère de l’Intérieur de l’utilisation d’une nuance unique avait pour but de lui permettre de publier les résultats de la NUPES en les éclatant entre ses différentes composantes.

      Certes, ils ne vont changer le matériel électoral maintenant, sauf que cela s’appelle un #calcul_politique honteux de la part du gouvernement, amha ce n’était pas le but unique du ministère de l’interieur d’affaiblir la NUPES dans la comptabilité des résultats finaux. Car il était assez évident que le Conseil d’Etat donnerait raison à la NUPES. Il n’empêche que rendre le verdict une semaine avant a été préjudiciable à la campagne de la NUPES, ne serait-ce que pour s’inscrire en préfecture comme candidat·e aux législatives ou dans les retours des médias qui s’en sont donnés à cœur joie contre Mélenchon.

    • c’est clair qu’il s’agit d’un calcul politique – on peut même dire franchement – comme l’a fait, à sa façon le Conseil d’État– d’une magouille, mais je me permets d’insister, le seul et unique emploi de la nuance politique se trouve dans l’application électorale.

      Au dépôt de candidature, les candidats déclarent librement une étiquette politique sous laquelle ils font ensuite campagne ; les préfectures n’ont pas leur mot à dire et ne peuvent qu’enregistrer cette déclaration. On peut même être certain que si elles interféraient, sous quelque forme, ce serait immédiatement retoqué par le CE, fournissant, éventuellement, un motif d’annulation ultérieure de l’élection.

      Pour le matériel électoral, c’est facile à vérifier puisque celui-ci est accessible en ligne à condition que les candidats en aient effectué le dépôt en ligne. C’est là :
      https://programme-candidats.interieur.gouv.fr
      l’étiquette NUPES

  • https://twitter.com/Clem_Bukowski/status/1531531961084395521

    - Bonjour, j’ai regardé Game of Thrones et j’ai bien aimé.
    – Bienvenue dans l’académie de Versailles, vous serez prof d’histoire !

    Le service public à l’honneur : France 2 vante le “recrutement express” d’enseignants
    https://www.telerama.fr/ecrans/le-service-public-a-l-honneur-france-2-vante-le-recrutement-express-d-ensei

    MA VIE AU POSTE, LA CHRONIQUE DE SAMUEL GONTIER - Deux mille professeurs contractuels recrutés à l’issue d’entretiens de trente minutes : le 13 heures de France 2 salue cette belle initiative lancée par l’académie de Versailles. Sans détailler la procédure d’embauche et ses critères, ni même expliquer en quoi elle “fait débat”.

    #job_dating #éducation_nationale #privatisation (rampante)

    • Gérard Longuet, sénateur LR, préconise quelques bonnes recettes de derrière les fagots en prenant « exemple » sur nos proches voisins de l’UE ; Ses objectifs clairement avoués : augmenter la « productivité » des enseignant·es et faire faire des économies à l’état.

      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/06/10062022Article637904398321145912.aspx

      L’Allemagne, un modèle de gestion
      G Longuet étudie comment ça se passe ailleurs et expose deux pays en modèles. C’est ainsi, plus clairement que par ses recommandations, qu’il introduit dans son rapport une nouvelle politique de privatisation de l’enseignement. Ses propos, le 9 juin lors de la présentation du rapport , sont plus clairs sur ce point que le texte du rapport.

      Les modèles sont l’Allemagne et le Portugal. Du Portugal il retiendra que les chefs d’établissement peuvent décider d’un quart du temps scolaire. Ils peuvent ainsi choisir les disciplines qui seront renforcées dans leur établissement et embauchent les enseignants en conséquence.

      L’Allemagne fait l’objet d’une présentation plus large et parfois trop habile. Ainsi quand G Longuet expose que l’éducation en Allemagne coute moins cher qu’en France il faut bien regarder de quoi il parle. La dépense d’éducation allemande est plus élevée que la moyenne européenne. Les dépenses par élève se montent à 115 747$ en Allemagne contre 103 579 dans l’UE et 104 300 en France. La dépense totale au titre d’établissements d’enseignement par élève est de 12 774$ contre 10 671 dans l’UE et 11 201 en France. Mais l’Allemagne consacre un pourcentage plus faible de son PIB à l’enseignement scolaire que la France. Ce n’est guère surprenant :le PIB allemand est nettement supérieur au PIB français et le nombre d’élèves nettement plus faible (8 millions contre 12 millions).

      Mais G Longuet met en avant d’autres éléments pour faire de l’Allemagne un modèle de « productivité » éducative. D’abord l’Allemagne a fortement réduit le nombre de ses établissements : en 10 ans 14% ont été fermés et le nombre moyen d’élèves par établissement est deux fois plus élevé en Allemagne. Cela contribue à la réduction des coûts par une rationalisation de l’offre. Mais la densité allemande est le double de celle de la France obligée de maintenir un nombre important de petits établissements dans des zones peu denses. La Cour des Comptes a déjà invité le gouvernement à fermer des établissements. Elle attendait 20 milliards d’économie d’une gestion à l’allemande.

      Du coup, je lui sors sa fiche à ce sinistre personnage :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_Longuet

  • Origine du Covid-19 : « Sans informations précises sur ce qui se passait dans le laboratoire de Wuhan, on n’avancera pas ! » | Pour la Science
    https://www.pourlascience.fr/sd/epidemiologie/origine-du-covid-19-sans-informations-precises-sur-ce-qui-se-passait-d


    Le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19.
    © NIAID

    Depuis fin 2019, le monde est confronté à la pandémie de #Covid-19. On la doit à un coronavirus, le #SARS-CoV-2, dont l’origine reste mal connue malgré les efforts déployés. Plusieurs hypothèses sont en lice, et toutes sont, à ce jour, plausibles, nous explique le virologue Étienne Decroly.

    très intéressante synthèse sur ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas sur l’origine du SARS-CoV-2

    en accès libre
    en version papier dans le numéro de juin de Pour la Science (où il manque la dernière question et sa réponse, ainsi que les deux dernières phrases de la réponse précédente… peut-être d’autres choses ailleurs, mais c’est moins facile à repérer)

    #must_read !

  • Pour une raison rigoureusement inconnue, le bande originale de Blade Runner par Vangelis fait partie de ces disques que je réécoute régulièrement, après l’avoir découverte vers mes 15-16 ans, et je me souviens avoir été fasciné un peu auparavant après avoir emprunté le disque des Chariots de feu à la médiathèque.

    Et sinon, je te jure que Rain and Tears c’est mon strict droit d’individu adulte et vacciné de trouver que c’est une chouette chanson et je te zute.

    Encore de la musique qui m’a aidé à vivre.

    https://www.youtube.com/watch?v=aSiU1T_w0-8

  • Noam Chomsky : « Notre priorité en Ukraine devrait être de sauver les vies, pas de punir la Russie. »
    https://www.les-crises.fr/noam-chomsky-notre-priorite-en-ukraine-devrait-etre-de-sauver-les-vies-pa

    Près de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, la paix n’est pas en vue. En fait, le niveau de destruction s’est intensifié et les deux parties semblent avoir peu d’espoir de parvenir à un règlement pacifique dans un avenir proche. En outre, la situation internationale se détériore, car certains pays européens […]

    • Unpopular opinion. Revenir aussi sur chomsky assad et a Syrie.
      « La position du linguiste américain et célèbre activiste de gauche Noam Chomsky sur le soulèvement syrien qui s’est transformé en guerre par procuration est une trahison du peuple syrien, écrit l’analyste Sam Hamad. Il a laissé son approche anti-impérialiste inébranlable l’aveugler sur les complexités et les contradictions du printemps arabe. »

      vince remos sur Twitter : « pour rappel chomsky est une m.. » / Twitter
      https://twitter.com/vinceremoss/status/1525362463650328576

      Chomsky then uses Zelenskyy as an example to ’prove’ Ukraine isn’t demanding heavy weapons, and that this is just Western propaganda.

      Yes, that Zelenskyy. twitter.com/ChrisDYork/sta…

    • Mais c’est pas nouveau, ça : ça fait depuis les années 60 que Chomsky hérisse les thuriféraires de telle ou telle guerre/révolution que cette fois-ci elle est bonne, et que cette fois faudrait y voir un peu à ce que ces gauchistes (qui n’ont rigoureusement aucun impact sur la réalité de la géopolitique) arrêtent avec leur anti-impérialisme qui n’est rien d’autre que de la complaisance pour les dictateurs génocidaires et que c’est une trahison de ces braves gens qui vont se faire trucider pour la bonne cause. Vraiment, depuis les années 60 c’est à chaque fois le même cirque.

    • Sinon, Sam Haddad continue à faire son miel avec ses conneries sur Chomsky, malgré les échanges qu’il a eu avec lui et qu’il a évidemment publiés (parce qu’avoir un échange avec Chomsky, même te disant que tu racontes des foutaises, c’est classieux) :

      You Want the Truth ? A Correspondence with Noam Chomsky on Syria | TUMBLEWEED
      https://herecomesthetumbleweed.wordpress.com/2017/04/30/you-want-the-truth-a-correspondence-with-noam-chom

      Chomsky [in bold replying to my last email]:

      I have never written that you support Assad in a direct manner.

      Or in an indirect manner. I have condemned him repeatedly as a “monster” who is responsible for the vast majority of the crimes.

      However, while Patrick Cockburn, who you cite as the foremost authority on Syria

      Cockburn is cited quite generally as an authority on Syria, including by those who completely disagree with him. I am sure you can comprehend that.

      is a direct supporter of the Assad regime, Russia and Iran – those who are currently perpetrating a near-genocide in Syria. Do you want me to link to his testimony to the British parliament where he argues that the the UK ought to hook up with Assad in Syria to fight Daesh? Do you understand the implication of this?

      Yes, I understand it, and it is totally irrelevant to your slanders.

      I know you think that the Syrian rebels are all actually al-Qaeda and/or al-Qaeda-lite, but this just simply isn’t true.

      Correct. It is certainly not true and I have never suggested anything of the sort. I’m familiar with your views, and I don’t lie about them. You have, for some reason, concocting your own fantasies about my views, and you continue to lie outrageously about what you claim to be my views. I don’t know what you are up to, but this lying is quite astonishing.

    • Il y a, en gros, deux façons de mettre fin à cette guerre : un règlement diplomatique négocié ou la destruction de l’un ou l’autre camp, soit rapidement, soit dans une agonie prolongée. Ce ne sera pas la Russie qui sera détruite. Il est incontestable que la Russie a la capacité d’anéantir l’Ukraine, et si Poutine et sa cohorte sont acculés au pied du mur, ils pourraient, en désespoir de cause, utiliser cette capacité. C’est ce à quoi devraient s’attendre ceux qui dépeignent Poutine comme un « fou » plongé dans les illusions d’un nationalisme romantique et d’aspirations mondiales brutales.

      Il s’agit clairement d’une expérience que personne ne veut entreprendre – du moins personne qui se préoccupe un tant soit peu des Ukrainiens.

      La précision est malheureusement nécessaire. Il existe des voix respectées dans le courant dominant qui défendent simultanément deux points de vue : (1) Poutine est en effet un « fou furieux » capable de tout et qui pourrait se venger sauvagement s’il était acculé au mur ; (2) « L’Ukraine doit gagner. C’est la seule issue acceptable. » Nous pouvons aider l’Ukraine à vaincre la Russie, disent-ils, en lui fournissant des équipements et un entraînement militaires de pointe, et en mettant Poutine au pied du mur.

      Ces deux positions ne peuvent être défendues simultanément que par des personnes qui se soucient si peu du sort des Ukrainiens qu’elles sont prêtes à tenter une expérience pour voir si le « fou furieux » se dérobera dans la défaite ou utilisera la force écrasante dont il dispose pour anéantir l’Ukraine. Dans tous les cas, les partisans de ces deux points de vue sont gagnants. Si Poutine accepte tranquillement la défaite, ils gagnent. S’il anéantit l’Ukraine, ils gagnent : cela justifiera des mesures bien plus sévères pour punir la Russie.

      D’un côté, tu as des arguments purement viscéraux, de l’autre, tu lis Chomsky, et tu as des raisonnements fluides et pleins d’intelligence. Ok, c’est plus complexe, car oui, comment « gagner » la guerre sans négocier ? Et en fait, tu comprends que personne, du côté occidental, n’a vraiment envie de négocier, depuis très longtemps. Depuis aussi longtemps que les accords de Minsk ont été dédaignés et torpillés par les américains et certains ukrainiens.

    • Un « arrangement » aujourd’hui nous plongera dans l’incertitude avec des variables difficiles à contrôler. (9/10)
      […]
      Il faut être conscient dans quoi on s’engage si on laisse la Russie « garder la face » et reprendre des forces. (10/10)

      Anna Colin Lebedev

      Il faut être conscient dans quoi on s’engage si on veut à toutes forces que la Russie « perde la face ».
      Vous avez dit #incontrôlable ?…

    • Je relève dans l’entretien de Chomsky :

      Poutine ne veut-il pas la paix en Ukraine ? [Polychroniou]
      ...
      Et les États-Unis continuent de maintenir cette position aujourd’hui, faisant ainsi obstacle à un règlement négocié selon les grandes lignes décrites par Zelenskyy, quel qu’en soit le coût pour les Ukrainiens.
      ...
      Lors de la conférence de presse, Poutine a semblé rejoindre les États-Unis en préférant « le contraire de la diplomatie et de l’habileté politique », bien que ses remarques n’excluent pas ces options. Si les pourparlers de paix sont aujourd’hui dans une « impasse », cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas être repris, au mieux avec la participation engagée des grandes puissances, la Chine et les États-Unis.
      ...
      Je pense qu’il [Poutine] veut la paix – à ses conditions. (Quel monstre n’en veut pas ?)

      En gros pour Chomsky Zelensky et Poutine sont prêts à négocier et faire la paix mais ce sont les Etats-Unis qui font obstacle et qui veulent la guerre (pas comme le monstre Poutine). Si Poutine refuse de négocier c’est juste qu’il rejoint les Etats-Unis...

      Le nyt (et d’autres) au contraire demande(nt) aux US de faire pression sur Zelensky pour qu’il soit prêt à faire des concessions plutôt que de le suivre jusqu’au bout.

    • Une négociation est-elle possible en Ukraine ? - La Vie des idées
      https://laviedesidees.fr/Une-negociation-est-elle-possible-en-Ukraine.html

      Les négociations autour de la guerre en Ukraine laissent perplexe. Qui peut endosser le rôle de médiateur dans de telles circonstances ? Peut-on prendre au sérieux l’idée même de médiation, compte tenu de l’ampleur des exactions commises par la Russie en Ukraine ?

    • Cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas être repris, au mieux avec la participation engagée des grandes puissances, la Chine et les États-Unis.

      La Chine n’a jamais dit clairement si elle soutenait ou non Vladimir Poutine. Mais il apparaît désormais de façon claire qu’elle n’abandonnera pas la Russie pour des raisons sécuritaires et géostratégiques. Peu importe le prix élevé à payer

      Guerre en Ukraine : l’UE dénonce un « pacte inquiétant » entre la Russie et la Chine

    • [Le point de vue d’Henry Kissinger (95) sur l’urgence des négociations]

      https://www.telegraph.co.uk/business/2022/05/23/henry-kissinger-warns-against-defeat-russia-western-unity-sanctions

      Dr Kissinger said the war must not be allowed to drag on for much longer, and came close to calling on the West to bully Ukraine into accepting negotiations on terms that fall very far short of its current war aims.

      #Negotiations need to begin in the next two months before it creates upheavals and tensions that will not be easily overcome. Ideally, the dividing line should be a return to the status quo ante. Pursuing the war beyond that point would not be about the freedom of #Ukraine, but a new war against Russia itself,” he said.

      He told the World Economic Forum that Russia had been an essential part of Europe for 400 years and had been the guarantor of the European balance of power structure at critical times. European leaders should not lose sight of the longer term relationship, and nor should they risk pushing Russia into a permanent alliance with China.

      “I hope the Ukrainians will match the heroism they have shown with wisdom,” he said, adding with his famous sense of realpolitik that the proper role for the country is to be a neutral buffer state rather than the frontier of #Europe.

      The comments came amid growing signs that the Western coalition against Vladimir Putin is fraying badly as the food and energy crisis deepens, and that sanctions may have reached their limits.

      [#Habeck, totalement inapte à son poste et désorienté, n’a pas compris les signes du temps - il risque tout simplement une crise énergétique sans précédent en #Autriche, #Allemagne, #Slowakie, #Hungrie]

      “We’re seeing the worst of Europe,” said German vice-chancellor Robert Habeck in an angry outburst in Davos, accusing Hungary and other recalcitrant states of paralysing attempts by the rest of the EU to craft a full-fledged oil embargo.

      Mr Habeck, who doubles as economy minister, said Germany is more or less ready to endure the shock of a total cut-off in Russian oil imports but others want to carry on as if nothing had changed. “I expect everyone to work to find a solution, and not to sit back and work on building their partnership with Putin,” he said.

      Yuriy Vitrenkio, head of the Ukrainian energy consortium Naftogas, said the refuseniks are demanding exemptions from the embargo on false pretences. “What they really want is a free-ride on discounted Russian oil,” he said.

      #Russie #Davos

  • « Le MACRONISME est un POPULISME » – Emmanuel Todd
    https://www.les-crises.fr/le-macronisme-est-un-populisme-emmanuel-todd

     Emmanuel TODD est anthropologue, démographe et historien. Il revient sur Élucid après être venu nous parler de son dernier livre pour analyser les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, et l’avenir que la France se prépare eu égard à ce choix. Il décortique les éléments fondamentaux de cette nouvelle élection : la constitution […]

    • pas de côté en paca - via Le Ravi

      https://www.leravi.org/social/alternatives/la-region-paca-loin-de-lextreme-droite-est-aussi-une-terre-de-resistance-a-l

      N’est-il pas plus beau pied-de-nez que d’avoir à passer devant le domicile de Christophe Castaner à Forcalquier pour aller à Longo Maï ? Une communauté autonome et autogérée bien implantée dans la région puisque présente aussi dans le Luberon et la Crau.

      Emblématique de cet attrait pour le pas de côté, deux lieux à Marseille (Manifesten et la Déviation) appartiennent au Clip, un réseau de lieux en propriété d’usage, en clair, un système de propriété collective qui permet à une demi-douzaine d’espaces gérés collectivement de « sortir » du marché immobilier ! Et, lors de l’AG annuelle, plusieurs projets en Paca se sont fait connaître, notamment du côté d’Avignon mais aussi dans les départements alpins.

      Comme le disait en rigolant un occupant de la « Zone à patates », cette Zad visant à préserver des terres agricoles de l’extension d’une zone industrielle à Pertuis : « Entre le bocage nantais et une Zad dans le sud, y a pas à hésiter ! » Même si la « Zap » est désormais expulsable à tout moment.

    • Intervention qui m’a un peu laissé dubitatif, par l’écart entre l’ampleur du problème décrit (avec des mots très justes) et la faiblesse de ce qui est mis en avant en conséquence, c’est à dire pas grand chose d’autre que la fuite individuelle. Une référence bienvenue à Terre de Liens qui font un gros boulot pour l’installation des jeunes, mais c’est à peu près tout.
      Ou alors j’ai pas pigé le propos...

    • @koldobika vers quelle alternative organisée pourraient-elles et ils se tourner ? ce qui est frappant, c’est l’émergence parmi les jeunes « éduqués » d’un tel courant exprimant le refus d’entrer « dans le système  » ; refus fondé sur des motivations diverses plus ou moins politiques (de la conscience du caractère destructeur du système, que ce soit social ou écologique, au rejet des perspectives de vie qui s’offrent à elleux). Qui aujourd’hui porte un tel rejet ?

      Par mon bout de lorgnette : j’interviens depuis pas mal de temps en tout de fin de cycle d’une spécialisation dans le domaine de l’énergie destinée à des ingénieurs tout juste sortis d’école ; ça fait 3-4 ans que certains d’entre eux expriment ce refus du système et sortent « ailleurs » que dans les débouchés naturels, les grands du secteur ou les startups variées, les unes comme les autres faisant pourtant miroiter à leur destination un monde nouveau à créer plein d’énergies renouvelables et de consommation maîtrisée par des réseaux intelligents… Je n’ai, hélas, pas la possibilité de suivre ce qu’elles et ils deviennent dans la durée.

    • @simplicissimus Est-ce du fait de l’endroit où j’habite, je m’attendais à ce qu’ils parlent de l’urgence à développer des systèmes nourriciers robustes en dehors de ce système destructeur qu’ils décrivent parfaitement bien. Des chambres d’agricultures issues de la paysannerie comme #EHLG, des associations d’aide à la conversion ou installation en bio, des centres de recherche comme le CREAB dans le Gers, batailler pou une sécurité sociale de l’alimentation, pour des modèles agricoles moins dépendants d’intrants globalisés, des initiatives comme https://www.prommata.org/?lang=fr, comme https://latelierpaysan.org etc. Il existe plein d’initiatives qui ne demandent qu’à être étendues, copiées, propagées, et je m’attendais à ce que ces jeunes agros les connaissent bien mieux que moi, et lancent un appel à reconstruire des agricultures non nuisibles et capables de survivre au bordel qui s’installe. Car malheureusement ce ne sont pas les fuites individuelles qui pourront contrecarrer les famines qui s’annoncent.

    • @latelierpaysan même
      https://www.creabio.org
      https://securite-sociale-alimentation.org

      Des désertions rendues publiques pour des raisons politiques, il y en a toujours eu, au moins depuis les années 70, et on voit bien que ça n’a jamais changé quoi que ce soit. Ce qui change un peu, ce qui est particulier, c’est peut-être la précocité de ces désertions, avant même d’être vraiment incorporés au système (même si les écoles d’ingé c’est déjà en faire partie). Mais même pas sûr si on lit les archives des années post 68, yavait aussi des très jeunes comme ça.

      Donc oui c’est pas ça qui va changer la face du monde, et c’est vrai que publiciser dans une grande salle + dans une vidéo devenue pas mal virale, des initiatives comme l’atelier paysan ou la SSA, ça aurait carrément eu plus de gueule que juste dire « je vais faire du miel à la place ». Une occasion un peu manquée.

    • Il y a un autre phénomène qui n’a pas été soulevé : c’est le nombre important de bac + 5 ou plus qui s’installent en tant qu’agriculteurs. Pour ma part, je n’y vois pas forcément un effet de cette désertion, mais de la complexité de la démarche même de l’installation agricole.

    • Je trouve ça plutôt inquiétant. Dans ma vision idéale du futur, il n’y a pas besoin de faire bac + 5 (avec tout ce que ça suppose à la fois en terme de concurrence pour y accéder à ce niveau que de vision du monde acquise via un tel parcours) pour cultiver la terre et nourrir autrui.
      Je ferai même un lien avec l’influence du réseau salariat dans les alternatives alimentaire et agricoles, lequel propose un salaire à vie dont le montant est fonction de la qualification.

    • @deun Le problème c’est que les études sont vues comme un « bagage », une compétence potentielle. Et on se juge beaucoup plus sur ce qu’on pourrait être que sur ce qu’on est.

      Un bac+5 / 7 / 11 est encore vu comme supérieur à un bac-3 / 0 / 2 / 3 dans l’esprit collectif. Même quand le second fait un truc bien plus utile et nécessaire que le premier (comme ramasser les poubelles, faire pousser des légumes ou faire du pain). Et le salaire, n’en parlons même pas, va en proportion des études. Souvent indexé sur les « responsabilités », qui est un synonyme de domination des autres (combien de personne tu encadres) ou les capitaux engagés (combien de fric tu brasses, alors qu’en général, c’est pas le tiens).

      Donc les études, c’est un peu un pare-chocs social, un badge que tu brandis quand on est un peu trop condescendant envers toi : « Je pues le poireau et le lisier de porc ? Mais j’ai fait des études, je sais écrire et parler, je maitrise la rhétorique aussi bien que l’algèbre, alors viens pas me chercher sur l’échelle sociale ! »

      Bon, ça ne rend pas confiant en soi pendant des décennies quand tu fais un boulot chiant et nul ou éco-destructeur à te maudire sur 13 générations, et ça rendrait même un peu schizophrène. Et puis c’est un peu une reproduction du système qu’on refuse tant.

    • Partie 2, c’est peut etre aussi pour cela que le syndicalisme ne reprend pas de membres ou se divise en petits syndicats.
      Et oui, les salariés étant plus instruits, ils se sentent aussi plus apte à se défendre individuellement, là où d’autres complétaient leurs lacunes en s’unissant.

  • Une journaliste d’Al-Jazeera tuée par un tir de l’armée israélienne en Cisjordanie (photographe AFP) - RFI
    https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20220511-une-journaliste-d-al-jazeera-tu%C3%A9e-par-un-tir-de-l-arm%C3%A9e-isra%

    La journaliste Shireen Abu Akleh, une des plus connues de la chaîne arabe Al-Jazeera, a été tuée, mercredi 11 mai au matin, par un tir de l’armée israélienne alors qu’elle couvrait des affrontements dans le secteur de Jénine en Cisjordanie occupée, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. Le ministère palestinien de la Santé et la chaîne al-Jazeera ont, dans la foulée, annoncé le décès de cette journaliste par un tir de l’armée israélienne lors de ces affrontements à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, rapporte l’AFP.

    Les Emirats vont sans doute émettre une protestation, les joueurs de la Coupe du monde à Qatar (propriétaire d’Al-Jazeera) porteront un brassard noir pour leur premier match et #israël continuera à rester toujours aussi impuni.

  • Comment la #marche libère les #femmes | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/227359/marche-randonnee-liberation-femmes-independance-epanouissement

    « On considérait que le #corps de la femme n’était pas capable de marcher sur de trop longues distances, mais ce discours médical servait surtout à garder les femmes à l’intérieur des foyers. Une femme qui se rend à l’extérieur, qui occupe l’espace public, c’est une femme qui peut faire potentiellement des rencontres. Tout ça met en danger la cellule familiale », explique Julie Gaucher.

    « À l’époque, ajoute la chercheuse, une femme qui fait du sport en extérieur, c’est aussi une mise en danger de l’hégémonie des hommes. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le modèle masculin par excellence, c’est le soldat. Puis c’est l’exploit sportif. Si les femmes entendent investir ce terrain, que reste-t-il aux hommes ? »

    • Le matin, j’ai échoué, mais l’après-midi, j’ai appliqué ma première leçon, et j’ai demandé à mes étudiant.e.s universitaires ce qu’iels voulaient penser et entendre. Iels ont répondu beaucoup de choses, mais surtout que l’enseignement qu’iels avaient reçu jusqu’à présent était trop axé sur les problèmes, et qu’iels voulaient apprendre à travailler sur des solutions : ce à quoi elles ressembleraient dans divers secteurs professionnels. Iels voulaient savoir quels leviers actionner pour changer les systèmes politiques et économiques entrelacés. Iels voulaient connaître les aspects juridiques et commerciaux de la transformation systémique. Et iels voulaient avoir plus d’occasions de discuter de leur formation et de son orientation.

      Alors … j’ai jeté la présentation Powerpoint que j’avais préparée. À sa place (roulement de tambour), j’ai parcouru les diapositives du GIEC AR6 WG3 sur les solutions sectorielles, et nous avons discuté de chacune d’entre elles tour à tour, dans la mesure de mes compétences. Nous avons également discuté de la capture de l’État par les intérêts fossiles, des groupes de pression industriels, des lobbys et des obstacles au changement, des nouvelles technologies et du colonialisme, et de la nécessité de considérer son travail comme un effort pour parvenir à une transformation systémique. Ce fut l’une des meilleures expériences d’enseignement que j’aie jamais eues. Il y avait des sourires, de l’enthousiasme, de l’incrédulité, des expressions de frustration, des rires et toute la gamme des efforts humains. Quoi qu’il en soit, je n’ai plus ressenti de trahison.

  • Sommes-nous dans le déni du déni ? Rodrigo Nunes
    https://cabrioles.substack.com/p/sommes-nous-dans-le-deni-du-deni

    (...) En l’absence de toute contestation durable de leur pouvoir, les élites semblent avoir confiance en leur capacité à se jouer continuellement de la majorité de la population, qu’on leur fasse confiance ou non. Deuxièmement, nous n’avons pas su apprécier la force d’inertie produite par les mécanismes disciplinaires du néolibéralisme, dont aucun n’est plus puissant que la crise elle-même.

    Bien que le fonctionnement de ces dispositifs à l’ère de l’austérité et de l’ubérisation soit devenu plus brutal, le néolibéralisme comporte depuis le début un aspect rétributif. Chaque nouvelle crise qu’il crée accroît non seulement la coercition économique à laquelle les individus sont soumis, mais réactive également le mythe fondateur du néolibéralisme, à savoir qu’il est le remède rationnel et technocratique aux excès d’une période antérieure. Si nous avons l’impression de vivre une nouvelle étape punitive du néolibéralisme, c’est parce que les appels à se serrer la ceinture ne sont plus accompagnés que d’une plus faible perspective de la desserrer à nouveau : alors que le sacrifice était autrefois présenté comme un moyen d’accéder à une vie meilleure, il apparaît de plus en plus comme une fin en soi - l’impératif nu de s’adapter à des attentes décroissantes. Cet aspect a atteint son apogée avec la pandémie, lorsque le discours officiel dans des pays comme le Brésil et les États-Unis a commencé à dire littéralement que les gens devaient choisir entre l’économie et leur vie.

    L’une des raisons pour lesquelles la cote de popularité globale de Bolsonaro a augmenté de 10 % pendant la pandémie - bien qu’il ait perdu une bonne partie de son soutien dans la classe supérieure - peut bien sûr être le programme de revenu de base auquel il s’était initialement opposé. Une autre raison, cependant, est que, pour les électeurs pauvres qui ont fini par approuver son gouvernement, le fait de présenter la question comme un choix entre la vie et l’économie est objectivement vrai. Puisque l’inégalité fait de la mise en quarantaine un luxe inaccessible pour eux, le fait de poser la situation comme un choix entre mourir potentiellement du COVID et mourir potentiellement de faim a montré que Bolsonaro comprenait leur réalité plus profondément que ne l’ont fait les hypocrites leur disant de rester à la maison alors qu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’aller travailler.

    La douloureuse réalité est que, dans des cas comme celui-ci, l’histoire que raconte l’extrême droite a effectivement plus de sens pour beaucoup de gens que ce que dit la gauche. C’est parce que l’histoire de l’extrême droite correspond plus clairement au monde tel que la plupart des gens le rencontrent au quotidien ; elle résonne avec l’expérience vécue. Pour beaucoup de gens, s’entendre dire que la vie est une série de sombres compromis dans une lutte mortelle pour des ressources limitées ne semble pas du tout tiré par les cheveux. Qui plus est, cela résonne avec l’effet disciplinant que ces expériences ont réellement : le sentiment profondément ancré que c’est tout ce qui est possible, que les coordonnées fondamentales de notre mode de vie ne peuvent pas changer.

    Car c’est là la grande ironie et le grand paradoxe de la politique d’extrême droite : ce qu’elle propose est un type de révolte très conformiste. Même si elle prétend s’attaquer aux élites - entendues non pas en termes économiques mais en termes culturels et politiques, ce qui explique comment un milliardaire peut faire campagne en tant que leader de l’homme ordinaire aux États-Unis - l’avenir que l’extrême droite projette ressemble beaucoup au présent. En ce qui concerne la structure sociale, leur vision est toute résignée au statu quo. Ce que l’extrême droite promet est, en résumé, une politique anti-système pour les personnes qui ne croient pas vraiment que le système puisse changer de manière importante : tout reste essentiellement identique, mais donne de meilleurs résultats pour ceux qui se sentent exclus aujourd’hui.

    #extrême_droite

  • La persécution de Julian Assange (Middle East Eye)
    Jonathan COOK - 4 mai 2022 - Traduction Viktor Dedaj
    https://www.legrandsoir.info/la-persecution-de-julian-assange-middle-east-eye.html

    (...) Cependant, malgré les graves implications pour la liberté de la presse et la responsabilité démocratique, le sort d’Assange n’a suscité guère plus qu’un soupçon d’inquiétude dans la plupart des médias occidentaux.

    Peu d’observateurs semblent douter que Mme. Patel signera l’ordre d’extradition américain, surtout pas Nils Melzer, professeur de droit et rapporteur spécial des Nations unies.

    En tant qu’expert de l’ONU sur la torture, Melzer s’est donné pour mission depuis 2019 d’examiner minutieusement non seulement le traitement d’Assange pendant ses 12 années de confinement croissant - supervisé par les tribunaux britanniques - mais aussi la mesure dans laquelle la procédure régulière et l’État de droit ont été respectés dans la poursuite du fondateur de WikiLeaks.

    M. Melzer a rassemblé ses recherches détaillées dans un nouveau livre, The Trial of Julian Assange, qui fournit un compte rendu choquant de la non-droit rampant des principaux États impliqués - la Grande-Bretagne, la Suède, les États-Unis et l’Équateur. Il documente également une campagne sophistiquée de désinformation et de diffamation visant à dissimuler ces méfaits.

    Le résultat, conclut Melzer, a été une attaque incessante non seulement contre les droits fondamentaux d’Assange, mais aussi contre son bien-être physique, mental et émotionnel, que Melzer qualifie de torture psychologique.

    Le rapporteur des Nations unies affirme que le Royaume-Uni a investi beaucoup trop d’argent et d’énergie pour obtenir la persécution d’Assange au nom des États-Unis, et qu’ils ont eux-mêmes un besoin trop pressant de dissuader d’autres personnes de suivre la voie tracée par Assange pour dénoncer les crimes occidentaux, pour risquer de laisser Assange en liberté.

    Au lieu de cela, ils ont participé à une vaste mascarade juridique visant à masquer la nature politique de l’incarcération d’Assange. Et ce faisant, ils ont systématiquement fait fi de l’État de droit.

    Melzer croit que le cas d’Assange est si important parce qu’il crée un précédent pour éroder les libertés les plus fondamentales que nous prenons pour acquises. Il ouvre son livre par une citation d’Otto Gritschneder, un avocat allemand qui a observé de près la montée du nazisme : « Ceux qui dorment dans une démocratie se réveillent dans une dictature ». (...)

    #Julian_Assange
    https://www.middleeasteye.net/big-story/show-trial-julian-assange-book

  • La cité côté jardin - Agnès Stienne - Visionscarto
    https://visionscarto.net/la-cite-cote-jardin

    Selon l’indicateur du WWF, le 5 mai 2022 est, pour la France, le Jour du dépassement, ce qui signifie que le pays a consommé en quatre mois les ressources naturelles qu’il génère en une année. Pendant ce temps, le changement climatique pèse de plus en plus sur nos existences, la sécheresse sévit, les campagnes ont soif. Deux situations pour une même cause : des politiques libérales qui mènent à l’épuisement de la Terre. Dans un exercice très personnel et subjectif, l’autrice montre en sept cartes comment des systèmes politiques peuvent façonner les paysages.

  • Les vieux sont-ils tous des sales cons ? - FRUSTRATION
    https://www.frustrationmagazine.fr/vieux-cons

    les boomers dont nous parlons sont les boomers… vivants. Une partie d’entre elles et eux sont morts, et pas n’importe lesquels : les pauvres. A 62 ans, l’âge légal actuel de départ à la retraite (pour celles et ceux qui ont tous leurs trimestres et donc une pension complète), 25% des pauvres sont morts. Tandis que 95% des 5% les plus riches sont encore en vie. Les boomers que nous voyons le plus à la télé ou en politique sont donc tendanciellement des gens qui ont vécu à l’abri du besoin et qui peuvent donc effectivement prôner un allongement de la durée de cotisation, puisque ça ne les concerne plus et qu’ils n’ont pas excessivement souffert du travail.

  • Une nouvelle extrême droite ?
    https://laviedesidees.fr/Une-nouvelle-extreme-droite.html

    Un demi-siècle après la création du Front national, quelle place son héritier le Rassemblement national tient-il au sein des droites radicales ? René Monzat, qui les cartographie et les étudie depuis plus de trente ans, retrace continuités et évolutions.

    #Politique #Entretiens_écrits #extrême_droite
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220418_monzat.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220418_monzat.pdf

    • On ne peut pas comprendre « l’extrême droite », les droites radicales, sans voir qu’elles s’inscrivent dans une structuration politique non pas à deux pôles mais à trois pôles : libéraux, partisans des communs (gauches radicales) et identitaires (droites radicales). Entre ces courants qui se substituent à la bipolarisation droite/gauche, il n’y a pas solution de continuité, mais lutte d’influence. Les conservateurs sont ainsi écartelés entre libéraux et identitaires, les sociaux-démocrates entre libéraux et partisans des communs. Et les couches populaires sont l’enjeu d’une bataille entre partisans des communs se référant à un peuple classe, et les identitaires se référant à un peuple ethnique. Une position intermédiaire s’avère intenable.
      Ainsi en France les deux piliers de l’ancienne bipolarisation sont-ils en passe de disparaître simultanément, à l’occasion des Présidentielles de 2022.
      S’il fallait utiliser une figure pour représenter les places respectives des différents courants politiques, ça serait un anneau (ou le fer à cheval dessiné par Jean- Pierre Faye en 1972 dans Les Langages totalitaires pour résumer le champ politique de l’Allemagne des années 1920 et 1930) plutôt qu’une droite.
      Dans la période de réagencement du champ politique, il est plus efficace de définir les partis à l’aide de trois critères :
      3
      – par leurs programmes : soit laisser le capitalisme assurer la prospérité, soit débarrasser le pays des problèmes que crée l’immigration, ou bien élargir le champ des « communs » et définir démocratiquement les orientations de leur gestion
      – par la base sociale recherchée : les libéraux en symbiose avec le patronat, ou bien les identitaires visant les couches populaires et les couches moyennes du privé, ou encore les partisans des communs pour les couches populaires et les couches moyennes du public
      – enfin par l’acteur qui définit les choix économiques et sociétaux essentiels : pour les libéraux, c’est le libre jeu du marché, il n’existe pas d’acteur ayant une volonté ; pour les identitaires, c’est le/la chef/fe au nom du peuple ethnique ; chez les partisans des communs, il existe une volonté politique démocratique qui s’exprime par des mécanismes collectifs et politiques.

    • Très intéressant et complet entretien.

      Dans la période de réagencement du champ politique, il est plus efficace de définir les partis à l’aide de trois critères :

      – par leurs programmes : soit laisser le capitalisme assurer la prospérité, soit débarrasser le pays des problèmes que crée l’immigration, ou bien élargir le champ des « communs » et définir démocratiquement les orientations de leur gestion

      – par la base sociale recherchée : les libéraux en symbiose avec le patronat, ou bien les identitaires visant les couches populaires et les couches moyennes du privé, ou encore les partisans des communs pour les couches populaires et les couches moyennes du public

      – enfin par l’acteur qui définit les choix économiques et sociétaux essentiels : pour les libéraux, c’est le libre jeu du marché, il n’existe pas d’acteur ayant une volonté ; pour les identitaires, c’est le/la chef/fe au nom du peuple ethnique ; chez les partisans des communs, il existe une volonté politique démocratique qui s’exprime par des mécanismes collectifs et politiques.

      […]

      Car les droites radicales forgent soigneusement les idées et leur langue pour en faire des outils. Elles multiplient par exemple les dictionnaires et abécédaires, pour définir exactement leur acception des mots ; ainsi le mot « identité » fait d’abord référence pour elles à l’identité ethnique, qui constitue le fondement des autres aspects de l’identité. Ce mot peut être utilisé dans les débats publics sans susciter la stigmatisation des locuteurs issus des droites radicales ; mais pour ceux qui se reconnaissent dans leurs idées, il fonctionne comme un clin d’œil, un mot de passe politiquement chargé.

      Dernièrement, les équipes intellectuelles des droites radicales ont travaillé d’une part sur les rapports de genre, les droits des femmes (métiers, accès aux responsabilités, avortement), la contraception et la liberté sexuelle, l’écologie, le localisme, la croissance/décroissance, la laïcité, comme l’a expliqué Magali Della Sudda dans une enquête récente, Les Nouvelles Femmes de droite (Paris, Hors d’Atteinte, 2022).

      Cela a créé des contradictions nouvelles au sein des droites radicales, mais a « payé », car à partir des matériaux disponibles, ces dernières proposent désormais différents discours mobilisables selon les circonstances.

      […]

      Le discours identitaire est né entre 1995 et 2000. C’était une version grand public des conceptions ethno-nationalistes. Il a des racines allemandes et sud-africaines, il a été préparé par le travail de la Nouvelle droite du milieu des années 1970 au milieu des années 1990, il a été mis en forme par des cadres du GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) à la fin du millénaire et a été adopté expressément par un petit courant suite à la dissolution, en 2002, du groupe Unité radicale dont un militant avait tiré sur le Président de la République Jacques Chirac lors du défilé du 14 Juillet.

      Cette rhétorique a été reprise par le FN devenu RN, peut-être parce que des cadres identitaires sont partis militer au FN sans pour autant rompre avec leur courant, mais surtout parce que ce discours a immédiatement acquis une force d’évidence dans de nombreux milieux des droites radicales.

    • Si Marine Le Pen est élue au second tour, L’Humanité dresse le portrait de ses potentiels ministres issue de sa garde rapprochée. Le grand remplacement par le RN à l’Elysée.
      https://www.humanite.fr/politique/presidentielle-2022/qui-sont-les-potentiels-ministres-de-marine-le-pen-tour-d-horizon-de-son-in

      Certains sont célèbres à l’extrême droite, d’autres sont les chevilles ouvrières de l’ombre. Tous témoignent à leur façon de ce qu’est le clan Le Pen, et augurent ce que serait le Rassemblement national au pouvoir.

    • Dossier [En accès libre] Si Marine Le Pen accède au pouvoir
      https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/en-acces-libre-si-marine-le-pen-accede-au-pouvoir

      Candidate pour la troisième fois à l’élection présidentielle, Marine Le Pen n’a sans doute jamais été aussi proche d’accéder à l’Élysée. #Mediapart a donc décidé, exceptionnellement, de permettre la lecture à tous et toutes de certains de nos articles qui racontent ce péril.

  • « Mélenchon a mobilisé un électorat qui ne votait plus » Didier Eribon :
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140422/didier-eribon-melenchon-mobilise-un-electorat-qui-ne-votait-plus

    Dans Retour à Reims (Fayard, 2009), récemment adapté au cinéma par Jean-Gabriel Périot, le philosophe et sociologue Didier Eribon analyse, à travers le récit intime de sa famille, le glissement du vote de la classe ouvrière du communisme vers le Front national (FN), puis le Rassemblement national (RN). Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril, confirme selon lui l’inscription dans le temps d’un « vote de classe » favorable à l’extrême droite.

    Une partie des causes de ce basculement est à chercher dans la conversion au néolibéralisme du Parti socialiste (PS), qui a « créé de la colère, de l’abstention, et finalement le vote » des classes populaires qu’il devait représenter contre lui – c’était l’objet de son essai, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française (Léo Scheer, 2007). Le score piteux du PS (1,75 %) marque à ce titre « l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980 », et qui a abouti à l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, explique-t-il.

    Il estime cependant que la dynamique de Jean-Luc Mélenchon (qu’il a soutenu publiquement), plébiscité dans les quartiers populaires, peut être de nature à faire dérailler l’anéantissement « programmé » de la gauche.

    Le premier enseignement de ce premier tour de l’élection présidentielle, c’est que l’extrême droite obtient plus de 30 % des voix, et qu’elle s’installe pour la deuxième fois consécutive au deuxième tour de ce scrutin. Comment interprétez-vous ce phénomène structurant de la vie politique française ?

    Didier Eribon : Je crois que malheureusement le vote à l’extrême droite est bien installé. Cela s’est produit progressivement, depuis le milieu des années 1980. Au départ, c’était en grande partie un vote de protestation. Quand j’ai demandé à ma mère pourquoi elle avait voté Le Pen pour la première fois, elle m’a dit : « Pour donner un coup de semonce ». La deuxième fois, c’était sans doute pour donner un deuxième coup de semonce. Et la troisième fois, cela devient le vote naturel qui a remplacé celui d’autrefois pour la gauche.

    Cela signifie que c’est toute la perception du monde qui change. Les conversations quotidiennes, le rapport aux autres, aux partis politiques, à ses propres aspirations personnelles. Le vote n’est pas seulement un acte électoral.
    C’est aussi une sorte de culture au sens très large du terme. Comme je le disais dans Retour à Reims, dans ma famille, on ne votait pas seulement pour le Parti communiste français (PCF) : c’était toute une culture qui allait avec. On parlait le langage du Parti communiste. Il y avait une culture communiste, qui s’est délitée, laissant les individus à l’état d’abandon politico-idéologique.

    C’est, bien sûr, lié à la transformation du monde du travail. Quand ma mère était ouvrière, dans les années 1970 et 1980, aux Verreries mécaniques champenoises, il y avait 1 700 ouvriers, dont 500 étaient membres de la CGT. C’était une force mobilisable, et souvent mobilisée, une force collective considérable.

    L’usine a fermé dans les années 1980. Les enfants et petits-enfants de ces ouvriers n’ont pas retrouvé de travail dans ce type d’usines, qui fermaient les unes après les autres.
    Quand ils ne sont pas chômeurs, ou au RSA, ou occupant des emplois temporaires, ils travaillent maintenant beaucoup dans la logistique, dans les entrepôts d’Amazon. Or, si vous êtes livreur, que vous travaillez dans un entrepôt, où la syndicalisation est difficile et risquée, il est évident que vous n’avez plus le même rapport à la politique. Vous étiez une force collective, vous êtes devenu un individu isolé.
    Les gens privés de cette culture politique, et du mode d’expression qu’elle leur conférait, se sont reconstitué individuellement et collectivement une autre culture et un autre moyen de s’exprimer : le vote pour le FN, puis le RN. Pour eux, c’est une manière de se constituer collectivement comme sujet politique.

    Ce qui est inquiétant, c’est que ce vote de classe [en faveur de Marine Le Pen] s’est durablement inscrit dans le paysage politique.
    C’est ainsi que Marine Le Pen obtient des scores impressionnants dans l’Aisne, le Pas-de-Calais, le Nord, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, etc., c’est-à-dire les anciens bastions ouvriers, miniers, qui avaient été les berceaux du mouvement ouvrier français, et qui sont désormais désindustrialisés, précarisés, désespérés.
    Si c’est une autre forme de vote ouvrier, de vote des catégories populaires, on peut donc dire que c’est un vote de classe. Ce qui est inquiétant, c’est que ce vote de classe s’est durablement inscrit dans le paysage politique. Il faut alors essayer de comprendre pourquoi. Et on ne peut pas comprendre ce qui se passe si on ne fait pas l’histoire dans le temps long, en remontant à la fin des années 1970.

    Dans votre livre sorti en 2007, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, vous situez l’origine de ce que nous vivons au tournant idéologique effectué par le Parti socialiste (PS) dans les années 1980. Pensez-vous qu’avec le score réalisé par le PS à cette élection, 1,75 %, on est arrivés au bout de cette séquence politique ?

    On assiste à l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980. La démarche critique, politique et intellectuelle a certes reflué par des effets structuraux après l’effervescence des années 1960 et 1970. Mais il y a eu aussi une volonté intellectuelle mise en œuvre par des think tanks dont l’objectif explicite était de défaire tout ce qui faisait que la gauche était la gauche, en démantelant la pensée de gauche, la pensée critique : Foucault, Bourdieu, Derrida étaient – déjà ! – les cibles principales.

    Des cénacles se sont créés, comme la fondation Saint-Simon, créée par François Furet, avec des universitaires, des patrons de l’industrie et de la banque comme Roger Fauroux, Jean Peyrelevade, des journalistes, etc.

    Ils ont activement organisé ce basculement vers la droite du champ politico-intellectuel en combattant la pensée de gauche – François Furet n’avançait pas masqué, puisque sa référence était Raymond Aron. Le Parti socialiste (PS) a été l’un des acteurs et des vecteurs de ce glissement organisé vers la droite. Si vous remplacez la notion de classe sociale, l’idée de mobilisation sociale et l’idée pourtant élémentaire qu’un parti de gauche doit s’appuyer sur ces réalités et sur ces processus, et doit représenter les ouvriers, les précaires, les chômeurs, et porter leur voix dans l’espace public, si tout cela est ignoré, repoussé et combattu idéologiquement, qui va se reconnaître dans ces partis de gauche ?

    Pierre Bourdieu m’avait dit au milieu des années 1990 : « Ce pur produit de l’ENA [École nationale d’administration] qu’est François Hollande, se faisant élire à Tulle, ça veut dire le FN à 20 % dans dix ans. » Que des technocrates élus sous l’étiquette PS dans des régions ouvrières développent des politiques néolibérales destructrices pour les vies des gens qui les ont élus, cela crée de la colère, de l’abstention, et finalement le vote contre ces gens-là.

    C’était devenu aussi naturel pour un de mes frères de voter FN que pour mes parents de voter communiste autrefois. Il n’y a pas eu de transmission d’héritage politique, si ce n’est un héritage de révolte.
    Si les partis de gauche ne représentent plus, ne soutiennent plus, ne se font plus les porte-voix des ouvriers, des précaires, dans la sphère publique, alors ceux qui sont ainsi abandonnés ne votent plus à gauche, ils s’abstiennent ou votent FN. J’ai observé comment quasiment toute ma famille est passée en moins de dix ans d’un vote communiste à un vote FN.

    En écrivant Retour à Reims, je me suis aperçu, par exemple, que c’était devenu aussi naturel pour un de mes frères de voter FN que pour mes parents de voter communiste autrefois. Il n’y a pas eu de transmission d’héritage politique, si ce n’est un héritage de révolte, de colère contre la situation qui est faite aux subalternes, et du vote comme moyen collectif de protestation. Le contenu du vote a changé, mais le geste est le même.

    Si la gauche avait été du côté de Bourdieu au moment de la grande grève de décembre 1995, et pas du côté des cénacles qui la dénonçaient et qui insultaient les grévistes et les intellectuels qui la soutenaient, si elle avait soutenu et représenté les mouvements sociaux au lieu de les combattre, nous n’en serions pas là.

    Les journalistes ont aussi une part de responsabilité. Libération employait contre Bourdieu des vocables que ce journal n’employait même pas contre Le Pen. Dans The Class Ceiling : Why It Pays to Be Privileged, de Sam Friedman et Daniel Laurison, il y a un tableau qui montre que les professions dont l’accès est le plus réservé aux classes supérieures, c’est la médecine puis le journalisme. Cette homogénéité ne peut pas ne pas avoir de conséquences. Cela explique évidemment le soutien de la presse à Emmanuel Macron en 2017 : l’affinité des habitus l’emporte sur les différences de surface.

    Finalement, nous aurions pu vivre en France un scénario à l’italienne, c’est-à-dire une disparition de la gauche ?
    C’était programmé, en effet. Le PS a renoncé depuis longtemps à faire vivre la pensée de gauche. À la parution de mon livre sur la révolution conservatrice, Christian Paul m’avait dit vouloir créer des ateliers pour réinventer cette pensée. Le premier invité était Alain Finkielkraut, et le deuxième était Marcel Gauchet. Réinventer la gauche avec des idéologues aussi réactionnaires ! Vous voyez où on en était.

    Il est évident que quelque chose se jouait à ce moment-là. Le PS s’est de plus en plus dissocié à la fois des classes populaires d’un côté, et des intellectuels de gauche de l’autre. C’est devenu un parti d’énarques dont les références intellectuelles se situent très, très, très à droite.
    Ça a commencé sous Jospin, et l’aboutissement de tous ces processus a été la présidence Hollande, élu contre Sarkozy. Son secrétaire général adjoint était Emmanuel Macron, devenu son ministre de l’économie.
    Rétrospectivement, on se dit : si le ministre de l’économie d’un gouvernement qui se disait de gauche à ce moment-là était Emmanuel Macron, comment aurait-il pu être possible que les classes populaires se reconnaissent dans le PS ? Le divorce, qui était déjà bien entamé, allait devenir un gouffre. C’était évident. Hollande n’a même pas pu se représenter.

    Puis la droite a soutenu Macron, aux côtés de tous les hiérarques socialistes, préoccupés par leurs postes : on a vu Olivier Véran et Muriel Pénicaud gouverner avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. S’ils peuvent cohabiter dans un même gouvernement, c’est qu’ils pensent tout simplement la même chose. Ils sont les mêmes : des représentants des classes supérieures qui regardent le monde social d’en haut et imposent leurs décisions. Tout cela a provoqué chez les électeurs de gauche un sentiment profond de révolte, de fureur même…

    L’effondrement du PS est l’aboutissement de cette droitisation. Et l’aboutissement logique de cette séquence, c’est Macron, l’enfant idéologique de François Hollande et de la technocratie néolibérale qu’il avait épousée en noces publiques en édictant la loi Travail, et autres mesures du même genre.
    Il n’y a plus besoin d’un PS néolibéral, oxymore qui se retrouve condensé dans la personne d’Emmanuel Macron.
    Macron est l’incarnation de cette séquence historique. Il n’a pas de talent particulier : il est un effet, un produit de ces processus historiques. Il n’y a plus besoin d’un PS néolibéral, oxymore qui se retrouve condensé dans sa personne. Et la vraie droite et la fausse gauche réunies dans leur programme commun.

    C’était le projet de la fondation Saint-Simon dans les années 1980. Réunir droite et gauche au « centre », ce qui veut dire à droite. Au fond, Furet et Rosanvallon étaient les prédécesseurs de Blanquer et Vidal, avec leur assaut contre la pensée critique, qui représentait à leurs yeux une menace pour la « cohésion sociale », le « pacte social », la « rationalité gouvernementale », la « modernité économique », et toutes ces notions qui ressortissent à une perception bourgeoise, conservatrice et autoritaire de la vie politique. Bourdieu était leur cible principale. On voit aujourd’hui le beau résultat de leurs agissements délétères.

    Jean-Luc Mélenchon a-t-il réussi à faire dérailler durablement ce scénario à l’italienne programmé depuis les années 1980 ? Est-il de nature à desserrer l’étau qui nous enferme dans l’alternative entre l’extrême droite et l’extrême libéralisme de Macron ?

    C’est l’autre phénomène le plus frappant de cette élection de 2022 : la dynamique qu’a su créer Jean-Luc Mélenchon en mobilisant les énergies à gauche, sur un programme élaboré. Ce succès est insuffisant, mais tout de même incroyable. Il faut s’interroger sur ce que ça peut signifier pour les possibilités futures de recréer une dynamique de gauche.
    Sartre dit, dans un entretien, qu’il y avait une puissante force collective de transformation sociale en mai 1968, qui s’est effondrée quand chacun s’est retrouvé dans l’isoloir, le 30 juin. Le régime gaulliste a été sauvé par les votes des millions de travailleurs dont les grèves l’avaient si brutalement ébranlé.

    Au fond, le PS des années 1980, 1990, 2000 a rêvé, comme la droite, d’un 30 juin permanent, c’est-à-dire de la fin de la protestation sociale et la soumission des gouvernés aux décisions des gouvernants. Ce à quoi il est urgent et nécessaire d’opposer un « Mai 68 » permanent ou en tout cas un « esprit de 68 ».
    Mélenchon a su faire passer l’idée qu’une dynamique de gauche était encore possible dans les manifestations, mais aussi à travers le vote, pensé comme un acte de reconstitution d’une force qui va compter.

    Je pense que les mouvements sociaux de ces dernières années ont réinventé une dimension collective de la perception de soi. La violence de la répression subie par ces mouvements a accentué cette dimension collective. Et, cette fois-ci, Mélenchon a su faire passer l’idée qu’une dynamique de gauche était encore possible dans les manifestations, mais aussi à travers le vote, pensé comme un acte de regroupement, de reconstitution d’une force qui va compter, qui va peser. On n’est plus les objets de la décision politique, on redevient des sujets.

    Olivier Masclet a écrit un livre important sur la manière dont la gauche n’a jamais su s’intéresser aux énergies dans les quartiers populaires [La gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, 2006 – ndlr]. La gauche a méprisé, oublié les habitants de ces quartiers. Ils ne vont plus voter. Mélenchon a su les respecter, les défendre, les soutenir et leur faire considérer qu’ils pouvaient se faire entendre dans l’espace public par le moyen de leur vote.
    On voit ce qui s’est passé à Marseille, à Roubaix, ou en Seine-Saint-Denis : une bonne partie du vote des quartiers populaires s’est portée sur son nom. Il a mobilisé un électorat qui ne votait plus. Mélenchon, malgré toutes les critiques que je peux lui faire, a réussi à recréer une dynamique de gauche.

    Mais est-ce durable ? Mélenchon a fait des scores importants dans l’ancienne ceinture rouge de la banlieue parisienne, où le PCF n’existe plus. Mais La France insoumise (LFI) n’a pas les structures partisanes du PCF de la grande époque…
    Il est entouré d’une équipe de gens très talentueux, dont j’admire le travail et l’engagement. Maintenant, il est vrai qu’ils n’ont pas beaucoup de mairies, ni d’implantation dans des structures stables comme le PCF ou le PS, dans les régions ouvrières du Nord, en avaient autrefois. J’imagine que les Insoumis s’en préoccupent.
    Jean-Luc Mélenchon a rassemblé plus de 22 % des suffrages au niveau national et réalisé une percée spectaculaire dans les grandes villes et les banlieues alentour.

    Quand le meeting, la manifestation, l’élection s’arrêtent, il faut faire perdurer la mobilisation dans le « pratico-inerte », selon le mot de Sartre, rappelé par Geoffroy de Lagasnerie dans Sortir de notre impuissance politique : c’est-à-dire dans la vie quotidienne, sur les lieux de travail, dans les quartiers, etc.
    Ce n’est pas simple. Et je ne donne pas de leçons. Je sais que cela ne se décrète pas. Il faut aussi que des gens le veuillent et le puissent, alors qu’ils ont des préoccupations quotidiennes plus urgentes. Le vote ouvrier (blanc et non diplômé) du Nord et de l’Est est d’ailleurs allé globalement davantage à Marine Le Pen, alors que celui des jeunes urbains des villes universitaires (Nantes, Grenoble…) est allé à Mélenchon.
    Ce sont des blocs importants, dans les deux cas, la question étant pour la gauche de savoir comment les rapprocher, les réconcilier.

    Cette composition de son électorat ne donne-t-elle pas finalement raison au rapport de Terra Nova sorti en 2011 (« Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 »), dans lequel on lisait : « La classe ouvrière n’est plus le cœur du vote de gauche, elle n’est plus en phase avec l’ensemble de ses valeurs. » L’électorat de Mélenchon, urbain, jeune, diplômé, ne confirme-t-il pas ce rapport, malgré lui ?

    Pour moi, ça ne donne pas du tout raison à Terra Nova, car leur rapport concluait qu’il ne faut plus s’occuper des classes populaires, qu’elles seraient définitivement perdues. Si vous voulez seulement vous occuper du féminisme, de l’écologie et du mouvement LGBT (et je n’ai pas besoin de préciser à quel point ces mouvements sont importants à mes yeux), délaissant les questions sociales, vous laissez des pans entiers de la société en déshérence politique, sans cadre pour se penser, et qui finissent par voter FN, ou qui continueront à le faire...

    Ce rapport était un signe supplémentaire que la bourgeoisie socialiste cherchait à justifier son effacement des questions ouvrières. David Gaborieau, un sociologue qui travaille sur les métiers de la logistique et les entrepôts d’Amazon, montre bien qu’il y a une classe ouvrière nouvelle, qui ne ressemble pas à celle des années 1950 ou 1960.
    Il suffit de voir le film de Ken Loach, Sorry We Missed You, pour le comprendre. La classe ouvrière aujourd’hui, c’est, pour une bonne part, le livreur Amazon et l’aide à domicile. Mais sans la grande usine, comment se mobiliser ? Il n’y a plus de lieu où peut se créer la solidarité de classe.
    Au lieu de les effacer du paysage intellectuel et organisationnel de la gauche, il faut au contraire les y intégrer en multipliant et renforçant les organisations syndicales et politiques qui offrent à cette nouvelle classe ouvrière les moyens de se penser comme sujet politique collectif.

    Vous plaidez pour le retour d’un discours de classe ?

    La classe ouvrière est une réalité économique et objective. Mais c’est aussi une production discursive performative. Il y a des classes sociales, parce que Marx a dit qu’il y avait des classes, et la théorie, en proposant une perception du monde, façonne la réalité et notamment celle des luttes.
    Il faut repenser, retravailler ces cadres théoriques qu’on ne peut jamais tenir pour acquis et définitifs. La réalité change. La théorie doit changer. La grande tâche de LFI est d’élaborer un tel cadre théorique, qui donne un cadre politique pour se penser soi-même comme une force collective de gauche.

    Quand le PCF faisait ses meilleurs scores (plus de 20 % des voix), c’étaient à peu près 30 % à 40 % des ouvriers qui votaient pour lui, et les autres, c’étaient des enseignants, des employés, le monde de la culture, etc. Pourtant, ce parti se présentait comme le parti de la classe ouvrière et, d’une certaine manière, il l’était effectivement. Il l’était pour mes parents, ma famille, des millions d’autres, même si de nombreux ouvriers votaient à droite.

    Le cadre discursif produit performativement le creuset, le foyer politique, dans lequel un « bloc », pour parler comme Gramsci, constitué de catégories différentes, peut s’agréger.
    Je n’adhère pas à l’idée d’un “populisme de gauche”. L’idée de “peuple” ne peut pas venir remplacer l’idée de classe.
    Et je ne pense pas que le concept central puisse en être la notion de « peuple ». Je n’adhère pas à l’idée d’un « populisme de gauche », même dans la version éminemment sophistiquée et séduisante qu’en propose mon amie Chantal Mouffe.

    L’idée de « peuple » ne peut pas venir remplacer l’idée de classe, même s’il s’agit d’articuler les « équivalences » entre différents mouvements – classe, genre, race, écologie... La notion de « peuple » peut paraître combler les manques de la notion de classe mais elle revient à dire qu’une demande sociale ne devient politique que si elle se réfère à une notion commune de « peuple » et se transcende dans cette notion.

    Il me semble qu’il faut au contraire penser la multiplicité, la spécificité et l’autonomie des mouvements, chacun ayant ses traditions, ses revendications, ses formes d’organisation, ses divergences internes… Disons que ce serait déployer une activité critique généralisée, tant théorique que pratique, pour défaire les différentes formes instituées de pouvoir et de domination.

    La notion de « peuple » construit la politique en référence à une identité fictive, alors que, selon moi, il faut ancrer la politique dans les expériences et les identités vécues, les oppressions concrètes…. Et il incombe aux organisations politiques telles que LFI d’essayer de « travailler avec » tous ces mouvements pour proposer des débouchés politiques effectifs. Cela s’appelle la gauche. Une démarche de gauche.
    À l’aune de la campagne de Mélenchon en 2022, peut-on dire que le « moment populiste » de 2017 est terminé ?
    Je ne sais pas. Il peut prendre d’autres formes. Ou resurgir plus tard ou ailleurs. Et cela peut toujours avoir des effets mobilisateurs. Mais l’essentiel pour moi n’est pas là. Je crois qu’opposer le « peuple » à la « caste », ou à l’ « oligarchie », n’est pas une stratégie pertinente ni viable à long terme.
    On voit ce que ça a produit en Espagne, où les fascistes de Vox sont à 18 %, en prétendant défendre le « peuple », et Podemos à 10 ou 11 %. L’idée de peuple est dangereuse à manipuler. Marine Le Pen peut très bien elle aussi opposer le « peuple » à « l’oligarchie ». Si « peuple » est un « signifiant vide », comme le disent Laclau et Mouffe, on peut hélas y mettre ce qu’on veut, et cela ne correspond pas toujours aux souhaits agréables de ces deux auteurs.

    Il est plus difficile pour l’extrême droite de se réclamer d’une idée de « classe ouvrière » organisée, de mobilisations sociales ancrées dans une perspective de justice sociale, de solidarité collective, de protection sociale, d’égalité, de développement des droits sociaux…
    Un des défis de LFI est de construire un cadre qui puisse rendre compte des transformations de la classe ouvrière : la précarisation, le chômage… Comment s’adresser au père ou à la mère d’Édouard Louis, qui sont au RSA et qu’on menace de radier s’ils ne reprennent pas un travail, alors qu’ils ont le dos brisé, les articulations usées, et qui ont souvent voté FN ? Il faut justement leur donner un moyen de s’exprimer qui ne passe pas par le vote Le Pen. Un programme social comme celui de LFI peut contribuer à ce changement.
    Je suis frappé quand on dit de Mélenchon qu’il est de gauche radicale. Mélenchon a un projet social-démocrate classique. Dans L’Esprit de 45, Ken Loach montre bien ce qu’était le projet des travaillistes britanniques après la Deuxième Guerre mondiale : création de services publics dans tous les secteurs, nationalisations… C’est ce projet, largement réalisé, que la droite s’est acharnée à détruire par la suite avec le thatchérisme, et qu’aujourd’hui on considérerait comme extrémiste, quasiment soviétique.
    Mélenchon ne pourrait même pas envisager d’aller si loin. Celui qui a un programme extrémiste, c’est Macron, il est du côté du thatchérisme, de la violence sociale du néolibéralisme.

    L’électorat de Mélenchon se divise sur l’attitude à avoir au deuxième tour. Il a donné pour consigne de ne pas donner une seule voix à l’extrême droite, mais ça ne suffira peut-être pas…
    Tous mes amis ont voté pour Mélenchon et, évidemment, personne ne songe, même une seule seconde, à voter Marine Le Pen. Cela va de soi. Certains vont se résigner à voter Macron, malgré le dégoût profond qu’il leur inspire…
    Mais nous ne sommes pas représentatifs de l’électorat de Mélenchon, et il est possible que la colère contre Macron soit si forte que certains dans d’autres catégories sociales soient prêts à faire n’importe quoi pour le lui faire savoir.
    Il m’est difficile de voter pour quelqu’un qui, à chaque fois que j’ai voulu exprimer mon opinion, m’a envoyé la police la plus violemment répressive.
    Plusieurs de mes amis vont s’abstenir. Et c’est ce que je vais faire aussi. Il m’est difficile de voter pour quelqu’un qui, à chaque fois que j’ai voulu exprimer mon opinion, m’a envoyé la police la plus violemment répressive, m’a asphyxié dans des nuages de gaz lacrymogène, a terrorisé des gens pour qu’ils ne manifestent plus. Selon l’Observatoire des street-médics, il y a eu 28 000 blessés dans les manifestations entre fin 2018 et début 2020. Le bilan du macronisme est effarant.

    Et puis, il ne faut pas inverser les responsabilités. J’ai soutenu les grèves de 1995, j’ai manifesté contre la loi Travail, contre les réformes des retraites, j’ai soutenu l’hôpital public, j’ai prévenu que la destruction des services publics et l’appauvrissement et la précarisation des plus pauvres allaient faire monter l’extrême droite.
    Depuis 30 ans, je « fais barrage ». J’ai écrit avant le premier tour de 2017 que voter Macron aurait pour résultat inéluctable de faire monter Le Pen. J’avais raison. Ceux qui nous ont combattus, insultés, réprimés sont les responsables de la situation actuelle. Les responsables, ce sont ceux qui ont installé le macronisme, soutenu cette politique ! Pas moi !

    J’ajoute que ceux qui voulaient faire barrage à Marine Le Pen avaient un moyen très simple : voter pour Mélenchon au premier tour. Il lui a manqué un point. Et je n’oublie pas que ceux qui viennent donner des leçons aujourd’hui allaient jusqu’à proclamer que, en cas de deuxième tour entre Mélenchon et Le Pen, ils s’abstiendraient, ou même iraient jusqu’à voter Le Pen. Je n’invente rien !
    Et ils viennent nous dire désormais que s’abstenir, c’est être complice de Le Pen, alors qu’ils étaient prêts à voter pour elle, il y a encore quelques jours ? On croit rêver.

    La possible victoire de Marine Le Pen, alors qu’on sait ce qu’elle ferait si elle arrivait au pouvoir, ne vous oblige-t-elle pas, justement, à faire barrage malgré tout ?

    Je pense vraiment qu’il y a fort peu de chances pour que Le Pen puisse gagner cette élection. Le risque est très faible, quasiment inexistant. On essaie de nous faire peur pour augmenter le score de Macron afin qu’il puisse ensuite affirmer que son projet a été soutenu par un grand nombre d’électeurs.
    Et dès qu’il sera élu, il reprendra sa politique de démolition, et accueillera tous ceux qui voudront protester avec des charges policières, des grenades lacrymogènes, des « balles de défense », provoquant à nouveau blessures et mutilations.

    Ce n’est donc pas seulement que je ne veux pas voter pour Macron, c’est que je ne peux pas. La politique de classe qu’il incarne me révulse. Il a fait barrage aux mouvement sociaux, aux revendications syndicales, aux demandes sociales.
    Il a fait barrage aux libertés publiques, à la démocratie. Il nous dit qu’il va changer, qu’il va écouter, mais c’est évidemment une obscène plaisanterie. Comment pourrait-il changer ? Non, sauf dans le cas tout à fait improbable où les sondages indiqueraient qu’il existe un danger réel, je ne voterai pas pour lui.

    #PS #LFI #vote #présidentielle #abstention sauf si

    • Ni Macrine Ni Maron, Révolution !
      https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3119

      A la vérité, les discours d’En marche et du Rassemblement national se sont rapprochés, et le quinquennat macronien a contribué à rendre moins inquiétante la perspective d’un quinquennat lepénien : quand s’installe une fascisation des pratiques et des pensées, le fascisme n’est plus un épouvantail très efficace. D’où la crainte qu’ont certains de voir la mégère soudain déguisée en douce bergère l’emporter cette fois sur le bellâtre moderniste qui s’est avéré un vrai père tape-dur. Invoquer les « valeurs morales » d’un « patrimoine humaniste rempart contre le fascisme » ne devrait pourtant pas suffire à faire oublier la gestion de la société par Macron à qui l’a subie au quotidien. En revanche, le « vote utile » fait en sa faveur le 10 avril par une partie de l’électorat des Républicains et du PS, et dans une moindre mesure des écologistes, montre que cette gestion satisfait une fraction de la population – celle qui en tire avantage : les managers, banquiers, DRH, entrepreneurs de start-up, technocrates de la croissance et de l’environnement, fonctionnaires installés, rentiers et retraités privilégiés. Et c’est grâce à ce vote opportuniste de partisans de la gauche et de la droite réunis au centre que Macron est de nouveau au second tour, car l’ensemble doit bien représenter 10 % des suffrages qu’il a obtenus. Le résultat du premier tour ne traduit donc pas tant une opinion ou un choix politique que la défense de leurs intérêts matériels par tous ceux et celles qui auraient eu quelque chose à perdre avec un duel Mélenchon-Le Pen.

      L’impulsion du prétendu « ni gauche ni droite, mais en même temps l’une et l’autre » a été donnée dès avant 2017 : sous Hollande, la social-démocratie était déjà la seconde main droite de la bourgeoisie. Et ce « ni gauche ni droite, mais en même temps l’une et l’autre » a également permis de crédibiliser un RN dont le « ni de droite ni de gauche, mais du peuple ou de la nation » ne faisait jusque-là pas massivement illusion.

      Alors que se profile le second show Macron-Le Pen, on réentend les cris d’orfraie poussés par certains « démocrates [1] » ou « radicaux [2] » face à la « menace fasciste » : il est fort peu probable que Le Pen gagne, mais l’inconstance de l’électorat futile peut réserver des surprises – nombre de participant·es aux précédents « votes de barrage » ont juré qu’on ne les y prendrait plus, hein, et l’idée qu’« en votant Marine ça pétera enfin » est émise ici ou là. Et l’extrême gauche tombe une fois de plus dans le piège de l’antifascisme, car son appel à dire « non » à l’extrême droite passe par la réélection du Président sortant dont elle a critiqué l’action pendant cinq ans. Le scénario est si rodé qu’on ne nous propose même plus guère de le faire en se bouchant le nez et en nous promettant un « second tour social »… Mais qu’est-ce qui pourrait bien pousser les révolutionnaires à prendre position dans ce vaudeville bourgeois ?

      Si Macron sert la modernisation de l’exploitation dont le capital transnational a besoin, et si Le Pen est historiquement condamnée pour sa crispation sur un capital réduit à une sphère nationale bien illusoire à l’heure de la mondialisation, ils ont l’un et l’autre pour seul programme toujours plus de croissance au profit de qui détient les moyens de production. Renier ses convictions pour inciter à choisir un camp du capital contre l’autre serait donc non seulement aberrant, mais reviendrait à se tirer une nouvelle balle dans le pied. Pour notre part, nous n’appellerons pas à voter pour ou contre Machine ou Truc, mais un élément important sera à prendre en considération : l’importance du nombre de gens qui ne se laisseront pas prendre au piège du vote Macron. C’est un peu ce baromètre qui donnera des indications sur le contenu des luttes à venir et sur l’état de la fracture entre une partie des prolétaires et leurs représentations/institutions, fracture que nous devons contribuer à élargir alors que les « fronts républicains » ou autres tentent de les réduire.

    • Le Pen :

      Présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre. Toute violence policière ou presque sera légitimée.
      Les policiers pourront de façon anonyme porter plainte pour des attaques dont ils seraient victimes. Cela ne laissera aucune possibilité pour la personne mise en cause de vérifier la véracité des faits qui lui sont reprochés.

      Référendum sur l’immigration et l’identité. Pour mettre la Préférence nationale dans la Constitution.
      Interdiction du port du voile
      Suppression de l’aide médicale d’État (AME) qui privera les sans-papiers d’accès aux soins.
      Menace de « sanctions pénales » contre les gens aidant des sans-papiers.
      Expulsion des non-Français des logements sociaux. Suppression des prestations familiales aux étrangers vivants en France.
      Fin de l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage, réduction du nombre de naturalisations, impossibilité de régulariser les personnes en situation irrégulière.
      Suppression de la "présomption de minorité" des mineurs étrangers non accompagnés, tant qu’on n’a pas vérifié leur age, ils seront sans aucun droit.

      Cantonner les syndicats à l’entreprise, pour qu’ils ne s’impliquent surtout pas dans la vie de la cité.

      Prison : recours généralisé à des peines de prison ferme, présentées comme la seule sanction efficace, réduction des aménagements de peines et les courtes peines devront être effectuées en prison.

  • Face à l’extrême droite, Macron s’entête à jouer avec le feu | Mediapart 12.04.22

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120422/face-l-extreme-droite-macron-s-entete-jouer-avec-le-feu

    Convaincu de la disparition du « front républicain », Emmanuel Macron transforme la campagne d’entre-deux-tours en un référendum pour ou contre son projet. Ce faisant, il continue de nourrir l’idée selon laquelle le programme néofasciste de Marine Le Pen constituerait une alternative.

    par Romaric Godin et Ellen Salvi / Mediapart

    [...]
    En refusant de modifier substantiellement cette doctrine d’ici le 24 avril et en maintenant l’idée que toute voix en sa faveur validera son projet, Emmanuel Macron transforme le second tour de la présidentielle en référendum pour ou contre ses politiques néolibérales. Et, à la différence de 2017, bon nombre de Françaises et de Français, épuisés par le quinquennat qui s’achève, entendent le prendre au mot, sans même se soucier de la catastrophe démocratique que constituerait l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
    [...]
    Désormais, Marine Le Pen se présente ouvertement comme un rempart contre la destruction du modèle social incarné par le président sortant, alors même qu’elle a durci son programme en la matière.
    [...]
    De ce point de vue, ce second tour n’est donc pas une opposition entre un candidat « modéré » et une candidate « extrémiste », mais plutôt entre deux radicalités qu’une majorité de Françaises et de Français rejettent : une radicalité néolibérale face à une radicalité néofasciste.

    • Je ne vois pas du tout en quoi : « une majorité de Françaises et de Français rejettent : une radicalité néolibérale face à une radicalité néofasciste. »

      Vu que ya 58% qui ont voté Macron, Le Pen ou Zemmour… Donc c’est plutôt une majorité qui veut vraiment (car dès le premier tour) l’un de ces deux projets. Bon oui avec les abstentions ça change, mais comme des études l’ont montré, les abstentions ne modifient pas forcément le résultat, une abstention c’est pas forcément quelqu’un de gauche, et si on forçait à voter, ça changerait alors pas forcément la proportion d’ensemble.

      On est donc bien dans un pays qui veut majoritairement le libéral autoritaire, ou le fascisme libéral.

    • mais qui croit encore que les partis de gauche, verts constitueraient une alternative ? des LFI ? alors il faut pas pleurer ou attendre ce que fera la direction mais taffer ce qui n’a pas marché et ne marchera pas davantage sans des révisions, et certaines seraient déchirantes : pour inventer il faut aussi dé-faire

      Y a quelque chose qui cloche là-dedans
      J’y retourne immédiatement

      https://seenthis.net/messages/956639

    • dans la java de Vian il est question de fabriquer une bombinette et pis aussi de savoir où-s-kel tombe ; au final, le mieux c’est la petite cagna, une fois tous ces tordus venus et enfermés soyez sage ; tu suggères d’inventer de ce côté là @colporteur ? 😁

    • je dis que l’inventivité politique est une bombe ("bombe humaine", disait un groupe français des années 70 avant de virer sa bassiste et de se vautrer dans la variet à fric), faut juste accepter de bricoler sans se laisser encager (l’idéologie comme poids du mort), de regarder ce qui va pas quand ça va pas (au lieu de détourner le regard), et de remettre le truc en chantier. Et d’être au clair sur ce qu’on vise... Et ici, c’est pas l’affaire d’un bricoleur individuel (c’est le point nodal qui produit ici la faillite, le reste lui est ordonné, sauf relâchement ou contrainte, je parle pas des pseudos consultations et blabla, mais c’est parce que des LFI j’en fréquente, cette organisation est aussi verticale qu’un épandage de pesticide en hélico).

      Dit autrement, si la LFI est dans l’eau, c’est la faute à Laclau (voir article précité et mes commentaires)

    • moi je dis, au sujet du sujet de ce thread :
      deux radicalités que « on » rejette ?

      saisissons déjà les fruits qui pendent en bas !
      pour le 2nd tour de la prez de la Vème,
      vote blanc, c’est facile, et c’est bombe à vide 😁