gata

garçon blanc hétéro. de nationalité française.

  • « Tous mes symptômes auraient dû alerter les médecins » : quand le cancer du sein est mal diagnostiqué chez les jeunes patientes
    https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/tous-mes-symptomes-auraient-du-alerter-les-medecins-quand-le-cancer-du-

    La jeune femme qui habite à Rennes à l’époque se rend encore deux ou trois fois chez son généraliste, se plaignant toujours des mêmes symptômes. Celui-ci lui prescrit, pour la rassurer, une échographie et une ponction, autrement dit, un prélèvement d’un échantillon de la masse en question pour l’analyser. Mais ce dernier examen ne sera pas pratiqué. Selon Solène, le radiologue lui refuse. « Je m’en souviens comme si c’était hier, il m’a répondu : ’De toute façon, on ne fait pas une ponction à 25 ans’ », raconte-t-elle.

    • Il n’y a pas que les jeunes femmes.
      En 2010, comme je sens une boule dans mon sein droit, je vais à Paris en urgence à un rdv chez une gynéco, je me fais engueuler comme si j’étais stupide , « c’est votre glande mammaire madame, vous avez des seins, c’est tout à fait normal, tout va bien »
      En juin 2016, je vais voir en pleurs mon médecin traitant car je suis épuisée, je n’arrive plus à récupérer de ma fatigue, je me traine, je vais avoir 50 ans, j’ai pris d’un coup 20 kilos il y a 6 ans dont je ne me défais pas. Mais non, elle me fait faire tout les tests sanguins, cardiaques et elle zappe de m’ausculter et de m’envoyer faire une mammo.
      En décembre 2016, j’ai atrocement mal à la poitrine, je ne respire plus, panique, diagnostic du samu qui me mène aux urgences : burnout. Ils ne voient rien non plus.
      Juin 2017, j’exige une mammographie, dans la journée biopsie et mise à part la médecin qui n’a pas ouvert son courrier, 10 jours après je lui arrache les résultats de cancer du sein.
      Résultat : il a fallut retirer lors d’une 2em opération la chaine ganglionnaire parce qu’il y avait des métastases sous mon bras.

      je ne vois pas d’autre tag à mettre quand on ignore à ce point la parole des patientes
      #maltraitance_médicale

    • Pour autant, Mélanie Courtier n’en veut pas à son médecin, « c’est une très bonne généraliste ! »

      Je rêve...

      C’est arrivé à une de mes amies : elle fait un procès à son gynécologue et elle a bien raison.

  • mardi 24 avril 2018
    Les temps sont durs pour les loser

    Mail de pôle emploi : S’en sortir ensemble
    Mail de ma banque : Il était une fois vos projets

    Au café je m’installe à côté d’un mec qui parle non stop à deux autres mecs qui opinent comme des peluches de plage-arrière. Il déroule un discours qui colle parfaitement à ce qu’on attend de chacun en ce moment. Il a un ton de lettre de motivations : dynamique et motivé. Il exhale l’efficacité, il incarne son époque, il porte la montre qu’il faut, le costume qu’il faut, il a la barbetaillée comme il faut...
    Il était une fois ses projets.
    Ces derniers temps, j’ai le don de me retrouver à proximité immédiate de ce genre de personnes qui sacralisent leur job, qui se branlent sur leur situation, fiers qu’ils sont de l’abnégation dont ils ont su faire preuve au moment opportun.
    Il emploie ce qui est, de mon point de vue, le champ lexical de l’emmerdement suprême : positionnement, projet, nouvelle dimension, perspective, pierre à l’édifice, culture d’entreprise, team building, prestation, axe d’amélioration, force, opportunités, valorisation.
    Je pense : poutre, corde, tabouret, arsenic, shooter de Destop, tête dans la friteuse.
    Il dit que c’est le job qui fait l’homme.
    Ça me rend triste, cette phrase à la con me tombe sur les épaules comme la misère sur le pauvre monde. J’arrive pas à croire qu’on en est là.
    Je suis pas seulement confrontée au discours d’un mec qui a la gagne, un genre de cas isolé,non, c’est le modèle standard, jeune homme de son temps prêt à tout déglinguer. Sa marge de progression est exponentielle et il ne s’est pas contenté de comprendre le principe de la start up nation, il en est le fruit mûr gorgé d’espoir.
    Le job qui fait l’homme, l’absence de job qui t’annule.
    On est en train de se faire coloniser par des mecs en chaussures pointues, cravates et éléments de langage rodés pour la conquête d’un monde qui n’est pas fait pour les filles qui traînent dans les cafés avec la gueule dans le cul à 9h du matin.
    Bon, c’est pas simplement par esprit de contradiction, mais je répondrais bien au Pôle emploi que je suis pas sûre que ce soit ensemble qu’on s’en sorte.
    Les temps sont durs pour les loser.

    https://agirlcalledgeorges.blogspot.com/2018/04/le-temps-sont-durs-pour-les-loser.html

  • Ce soir et demain, à Montpellier (@arno ?) :

    hate
    Laetitia Dosch / Judith Zagury / Yuval Rozman / Philippe Quesne
    22 et 23 juin - première en france
    https://www.printempsdescomediens.com/spectacle/hate

    Laetitia Dosch est toujours là où on ne l’attend pas. Sur un toit parisien pour y faire défiler l’extravagante galerie de personnages tirés de son Album très personnel. Dans une cour du très officiel Festival d’Avignon pour crument dialoguer avec des corbeaux (et se payer un peu la tête d’une des grandes imprécatrices de la scène européenne). Dans un stand up qu’elle interprète couchée…

    Eruptive Laetitia Dosch qui sous ces airs de nymphe botticellienne peut égrener les pires horreurs… Un volcan enchâssé dans une porcelaine de Saxe… Avec ce spectacle, elle donne à l’idée de duo une dimension nouvelle : son partenaire est un cheval. Et on songe évidemment à ce que l’association de ces deux images, le corps d’une femme, la puissance de l’animal, peut avoir de mythologique. Thèmes éternels de la force et de la beauté, fantasme des amazones…

    Mais avec Laetitia Dosch, le théâtre ne se nourrit pas (pas que en tout cas) des antiques métaphores. Le texte qu’elle a écrit pour elle et pour le cheval -car il « parle »- est aussi traversé des fracas du présent. Sous la chorégraphie des deux corps, bouillonnent les cruautés, les petitesses, mais aussi les générosités, les élans vers la beauté qui tissent toute vie. Ambigu et paradoxal, beau et violent. Comme tout spectacle de Laetitia Dosch.
    https://www.altermachine.fr/hate

    #Laetitia_Dosch #cheval

  • Feuilletez “L’Établi” avec les oreilles
    https://www.franceculture.fr/litterature/feuilletez-letabli-avec-les-oreilles

    Peu après mai 68, Robert Linhart entre à l’usine, il en tirera « L’Établi ». Parcourez ce récit à travers une dizaine d’extraits illustrés par des archives radio. De la chaîne de montage tayloriste au lean management, en passant par le spleen du dimanche, plongez dans le quotidien du monde ouvrier.

    @intempestive ?

    • C’est un colloque et c’est sur 3 jours, 16-17-18 janvier
      Colloque « Faire face aux discriminations. Expériences et (dé)mobilisations dans les quartiers populaires »
      http://ceraps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/enseignants/Talpin/20190116-18_-_COLLOQUE_FAIRE_FACE_AUX_DISCRIMINATIONS.pdf

      (j’ai demandé à @aude_v si elle connaissait des personnes pouvant m’héberger. Je ne sais pas non plus si ce colloque intéresse d’autres personnes vers Lille : @sandburg, @tintin, ... ?)

      Faire face aux discriminations
      Expériences et (dé)mobilisations dans les quartiers populaires
      Lille, 16-18 janvier2019
      Le colloque se déroulera à l’Université de Lille, 1 place Déliot à Lille, M° Porte de Douai.

      Colloque organisé par Julien Talpin et le collectif D.R.E.A.M. (Discriminations, racismes, engagements et mobilisations)

      Ce colloque constitue l’évènement scientifique de clôture du projet de recherche ANR EODIPAR (“Expérience des discrimination, participation et représentation”) coordonné par le collectif DREAM (Discriminations, racismes, engagements et mobilisations).
      Les premières et troisième journées seront consacrées à la présentation des résultats de l’enquête collective comparative menée dans neuf quartiers populaires en France (Le Blanc Mesnil, Lormont, Mistral à Grenoble, Roubaix, Vaulx-en-Velin, Villepinte) en Angleterre (Londres), au Canada (Montréal) et aux Etats-Unis (Los Angeles) entre 2015 et 2018. Reposant sur 250 entretiens biographiques et l’observation d’une quinzaine de collectifs militants et de dispositifs d’action publique, ces recherches seront discutées par des cherheur.e.s spécialistes de ces questions.
      La deuxième journée d’étude, ouverte suite à un appel à communication, sera consacrée à la question des formes de disqualification et de répression qui affectent les mobilisations de minorités et issues de quartiers populaires.

      Le collectif DREAM (Discrimination, Racisme, Engagements et Mobilisations) est composé de : Hélène Balazard, Marion Carrel, Angéline Escafré-Dublet, Virginie Guiraudon, Samir Hadj Belgacem, Camille Hamidi, Sumbul Kaya, Alexandre Piettre, Anaïk Purenne Guillaume Roux, Julien Talpin

      16 janvier 2019
      Faire l’expérience des discriminations :
      Incidences sur les trajectoires et rapport au politique

      17 janvier 2019
      Démobiliser les quartiers populaires
      Répression, disqualification et cooptation comme stratégies de gouvernement

      18 janvier 2019
      Lutter contre les discriminations : stratégies,
      répertoires et changement social

      (je mettrai tout le programme si j’ai le temps, et sinon, n’hésitez pas.)

    • ok, c’est bon pour le logement et voilà !
      Si y’a des personnes intéressées (ça commence ce mercredi matin) :

      ENTREE GRATUITE

      LIEU : Université de droit-Campus Moulins, 1 place Déliot, Lille
      Salles :
      le 16/01 : Salle GUY DEBEYRE (Bâtiment A, 3ème étage, salle A.3.01)
      les 17 et 18/01 : AMPHI CASSIN (Bâtiment T, rez-de-chaussée)

      INSCRIPTION OBLIGATOIRE dans le plan Vigipirate
      Ecrire à l’adresse mail suivante : eodipar@gmail.com en communiquant votre identité afin d’avoir accès aux salles du colloque.
      Par précaution, avoir une pièce d’identité à présenter si besoin.

      http://ceraps.univ-lille2.fr/en/colloque-faire-face-aux-discriminations.html

      (je taggue aussi @raspa & @georgia , c’est à Lille cette semaine)

      #discriminations #quartiers_populaires #luttes

  • Vendredi 2 Mars 2018 à 20h30

    Soirée sur le collectif Mohamed

    Dans le cadre des PASSAGERS DU RÉEL, 2e édition
    Programme de deux films animée par Fédérico Rossin.
    ZONE IMMIGRÉE

    France 1979 40 mn

    Du 02/03/18 au 02/03/18

    Une enquête dans la ville pour interroger l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Un peu partout dans la rue, le collectif va à la rencontre des gens pour se demander quels sont les causes et les effets de certaines formes de violence.
    +
    ILS ONT TUÉ KADER
    France 1980 20 mn

    Un film qui prend le chemin du combat politique. Suite à la fermeture du garage, les jeunes sont obligés de se rassembler dans la rue. Un soir un gardien tire sur l’un d’eux, Kader, et le tue. Se saisissant de cet événement, les médias viennent faire un reportage dans la cité. Le film interroge le rôle des médias en banlieue et la nécessité de produire soi-même des images.

    http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=4388&mode=film

    Dans le cadre du festival « Passagers du réel »
    http://www.troisiemeporteagauche.com/passagers-du-reel-2018

    (vu aujourd’hui... hier, y’avait des trucs pas mal)

    @rastapopoulos si tu ne vas pas voir Aude Vidal :)

    • @raspa C’est en effet super intéressant :

      Etre déconstruit devient donc une façon de se démarquer de la masse « construite », et d’effectuer un travail personnel pour minimiser les coercitions que l’on peut exercer sur autrui. Comme pour le mouvement Colibri, il s’agit d’adopter des gestes, des habitudes, des comportements moins coercitifs et plus respectueux des dominés. Le « safe », langage inclusif, la bienveillance, le respect du ressenti, la non-contradiction de la parole d’un premier concerné etc. Bref, une multitude de codes que chacun doit respecter. L’antiracisme ne devient ainsi plus une lutte politique, mais un changement personnel, un style de vie. Il y a des gens qui mangent bio pour « sauver la planète », et d’autres qui « check leurs privilèges » pour lutter contre le racisme.

      Ma question c’est : comment on articule les deux, càd combat politique collectif et pratiques individuelles ? Comment on fait prendre conscience aux colibristes de l’importance de la lutte politique ? Ok, c’est incohérent de lutter pour sauver la planète ou abolir le racisme en continuant de rouler en 4x4 en ville ou en faisant des blagues racistes. Mais dans mon esprit, ces actions doivent être l’application à l’échelle individuelle d’un engagement politique et militant ("je milite dans une organisation anti-raciste, ça me paraît cohérent de réfléchir à mon humour et de faire évoluer celui-ci"), participant d’une recherche de cohérence. Et je parle bien d’une recherche, et pas de cohérence totale, qui serait invivable socialement.

      Malheureusement, comme le décrit très bien l’article, les comportements individuels deviennent les seuls actes d’engagement en faveur d’une cause. Ce qui est d’autant plus dommage que l’aller-retour entre les deux est super intéressant pour nourrir la lutte politique : si d’un côté tu milites contre le changement climatique, par exemple en soutenant des campagnes de désinvestissement des énergies fossiles, que de l’autre tu te dis « ah tiens ça serait bien que ma propre épargne ne finance pas non plus ces projets », et que tu te rends compte que c’est galère de trouver un compte d’épargne fossilfree, dans l’idéal ça devient aussi une revendication politique. Demander aux banques qu’elles n’investissent plus dans les fossiles, mais aussi qu’elles garantissent à leurs clients des produits d’épargne (quel affreux mot !) qui n’y investissent pas non plus. Je crois aussi que les actes individuels peuvent être un bon point de départ à l’élaboration d’une pensée (puis, on l’espère, d’une action) politique. C’est la méthode de conscientisation de Paolo Freire : je suis un paysan pauvre analphabète du Chili ; je me rends compte que mes voisins sont aussi des paysans pauvres analphabètes (prise de conscience qu’on n’est pas seul) ; on se pose ensemble la question de pourquoi on est tous des paysans pauvres analphabètes ; et on finit par devenir de dangereux gauchistes révolutionnaires qui savent lire :-D (ok, c’est une description extrêmement caricaturale de Freire, qui doit se retourner dans sa tombe, le pauvre. En même temps, si ses écrits étaient plus accessibles, je le lirai pour de vrai...).

      Car le vrai problème de la déconstruction c’est qu’elle est tout aussi impossible à réaliser totalement (sur soi) qu’inefficace (contre le pouvoir blanc). Elle exige des individus une chose inconcevable : lutter contre sa socialisation, se dépouiller de toutes les normes incorporées jusqu’ici, se défaire de tout ce qui a fait son identité, et intégrer de nouvelles valeurs, qui sont à contre-courant des institutions. Autrement dit, on demande à l’individu d’être plus fort que les institutions, que la société, d’être au dessus de tous les déterminismes sociaux. Un tel surhumain n’existe pas.

      Autant de questions auxquelles il n’est pas possible de répondre car ce concept de « déconstruction » n’est qu’une idéologie et non un outil théorique, un concept scientifique. Mais plus que cela, c’est une idéologie inopérante.

      Ces passages sont fabuleux, et super justes. On retrouve vraiment la question de la si désastreuse pureté militante (cf « cohérence » versus « recherche de cohérence »). Il m’évoque les plus belles heures de « Fais ton autocritique camarade » (c’est la punchline d’un des résistants communistes d’Un village français, le plus borné).

      Je note d’autres passages pour les garder sous le coude :

      Je rajouterais, dans notre cas, qu’il ne faut pas attendre d’eux qu’ils aient la capacité sur-humaine de se dépouiller de la totalité de leurs déterminismes sociaux, qu’ils soient déjà tous libérés de l’idéologie de la Modernité occidentale, car personne ne l’est. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, il ne faut pas attendre les résultats de nos combats, avant même de les mener et de les gagner.

      Le racisme est une question de pouvoir, de rapport de force, pas de bonne volonté, ni de position morale. C’est ce que soulignait Kwamé Turé (Stokely Carmichael), lorsqu’il disait « Si un homme blanc veut me lyncher c’est son problème. S’il a le pouvoir de me lyncher, c’est mon problème. Le racisme n’est pas une question d’attitude, c’est une question de pouvoir ».

      Ce passage-là rejoint parfaitement la vidéo qu’on a diffusé l’autre jour sur l’action non-violente. Il y a dans mon souvenir un passage sur la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, avec un boycott de magasins blancs. Le mouvement a obtenu ce qu’il voulait, à savoir rallier les commerçants à l’opposition au gouvernement pro-apartheid pour demander une évolution de la loi. Il n’exige pas que ces commerçants deviennent anti-racistes magiquement, du jour au lendemain. Il y a un côté pragmatique à garder en tête je trouve.

    • @raspa (et je t’avais envoyé ça par mail il y a quelques mois aussi : https://pr0z3.wordpress.com/2017/06/07/a-propos-de-la-deconstruction
      Le texte parle pas mal de pureté militante et de l’usage du « bon vocabulaire » :

      Je remarque aussi que la déconstruction est souvent bien plus une affaire de « bon vocabulaire » que de « bonnes idées ». On ne réfléchit plus aux usages des termes, aux contextes dans lesquels on les utilise, à l’histoire des luttes ou à l’évolution des idées.

      Pour citer quelques exemples, qui me frappent par leur absurdité : il ne faut plus dire « couple de même sexe » mais « couple de même genre », parce que le sexe ce serait « les organes génitaux ». [...]. Si tu es trans et que tu utilises le terme « transsexuel-le », tu es obligatoirement dans l’erreur, voire tu es transphobe toi-même, et ceci indépendamment du fait que le terme était en vigueur dans les milieux LGBT jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Il y aurait en soi des mots « oppressifs » et des mots « inclusifs ». [...] On pose convention après convention, sans les interroger, et on ignore sciemment la polysémie de nombre de termes qu’on emploie. [...] On ne laisse pas le bénéfice du doute. Dès lors qu’un « mauvais mot » est utilisé, on ne cherchera pas à savoir quelles sont les idées qui sont placées derrière.

      )

  • Tout le site « Hors-série » en libre accès ce week-end. L’occasion de télécharger la vidéo et/ou l’audio de cet entretien avec
    #Francis_Dupuis-Déri (mars 2017)
    La peur du peuple
    http://www.hors-serie.net/Dans-le-Texte/2017-03-18/La-peur-du-peuple-id223

    #Geneviève_Sellier (décembre 2017)
    https://seenthis.net/messages/651611

    #Christine_Delphy (octobre 2017)
    http://www.hors-serie.net/Aux-Sources/2017-10-14/Antiraciste-et-antisexiste-id267

    #Pierre_Tevanian (mai 2017)
    http://www.hors-serie.net/Aux-Sources/2017-05-13/La-mecanique-raciste-id234
    (parmi beaucoup de mecs, blancs, etc. - critique déjà faite, je crois, à l’encontre de ce site. Ici ?)

  • Calculs obscurs et illégaux : le Grand Bazar du #RSA | Social, économie et politique
    http://www.actuchomage.org/2017111727138/Social-economie-et-politique/interpretations-illegales-calculs-enigmatiques-rsa-le-grand-bazar.html

    La Responsable du service #contentieux se hasardant même dans sa réponse à préciser que : « le département aurait pu, au regard de l’argent détenu, mettre fin à votre RSA pour absence de précarité ». Une #menace déguisée parfaitement infondée pour deux raisons.

    Le RSAste a bien évidemment le droit de détenir une #épargne, même de 30.000, 40.000 ou 50.000 euros, comme ces nombreux bénéficiaires âgés de plus de 50 ans qui ont épuisé leurs droits à l’assurance-chômage, ont basculé au RSA après une longue carrière professionnelle qui leur a permis – quand même – de mettre un peu d’argent de côté. Cela n’a rien d’indécent d’autant qu’ils sont aujourd’hui souvent victimes de discriminations à l’embauche en raison de leur âge.

    Mais surtout, la #taxation de 3% d’un compte courant est parfaitement illégale, comme le stipule une réponse du Ministère des Affaires sociales et de la Santé à une question posée par la députée Geneviève Fioraso en juillet 2015. Extrait : « Les sommes placées sur les livrets A, qui procurent annuellement des capitaux, n’entrent pas dans le champ de cette évaluation fictive de 3% : seuls les intérêts annuellement perçus sont retenus dans le calcul. Par ailleurs, les sommes figurant sur les comptes courants ne sont pas des ressources placées mais des ressources perçues. À ce titre, elles ne sont pas retenues dans le calcul ».

    La défense de notre ami Bastien est donc incontestable. Seule une taxation ILLÉGALE de ses avoirs, notamment de son compte courant, justifie le remboursement d’un « indu » imaginaire de 2.000 euros sur deux ans.

    On notera que cette question au gouvernement confirme si nécessaire qu’au plus haut niveau de l’exécutif on sait que les règles de calcul du RSA ne sont soit pas appliquées, soit interprétées de façon erronée, soit carrément bafouées, ce qui est plus grave encore.

    • En commentaire, un lien vers un article du blog Exploités Enervés (18 novembre 2017)
      Les Contrôles de la CAF et de Pôle Emploi s’intensifient
      https://exploitesenerves.noblogs.org/les-controles-de-la-caf-et-de-pole-emploi-sintensifient

      Fin du texte :

      Pôle Emploi nous dirige de plus en plus vers des formations ou des dispositifs qui lui permet de faire diminuer artificiellement les chiffres du chômage et nous impose un contrôle accru sur nos vies.

      Le dispositif Activ’Emploi qui est un service externe de Pôle Emploi, c’est-à-dire une entreprise privée. Ce dispositif met en place une plateforme internet qui tout en nous proposant des offres d’emplois déjà visibles sur le site de Pôle Emploi, en offrant des formations de base (rédaction de CV…), nous flique surtout en permanence sur nos ordinateurs personnels. Le temps que l’on passe sur son ordinateur, les démarches engagées auprès de potentiels employeurs… sont comptabilisés.

      En fonction de ce temps, des démarches faites, on « gagne » un certain nombre de points qui, comme dans un jeux vidéo, font avancer une barre de progression… jusqu’à remplir le contrat. C’est totalement ridicule mais ça nous bouffe la vie et ne sert absolument à rien. Plusieurs personnes se sont bien rendues compte de cela et ont refusé soit lors du rendez-vous de présentation soit lors d’un entretien avec son conseiller. Il semble que dans plusieurs cas, ces personnes se sont pris un contrôle de Pôle Emploi (ou même de la CAF) à la suite d’un tel refus. Y aurait-il un lien ? La direction de Pôle Emploi n’apprécierait-elle pas que l’on refuse ses dispositifs bidons.

      Dans tous les cas, il est tout à fait possible de refuser ces formations et dispositifs tant que nous n’avons rien signé. Si nous ne nous sommes pas engagés dans le PPAE (Plan Personnalisé d’Accès à l’Emploi) à suivre un tel dispositif, rien ne nous oblige à le faire. Pôle Emploi ne peut dès lors pas couper les indemnités chômage pour cette raison.
      Voir Recours-radiation : sujet sur activ’emploi http://www.recours-radiation.fr/observatoire_pole_emploi/topic9452-150.html

      #gamification #Activ'emploi

  • De la justice en milieu militant - expansive.info
    https://expansive.info/De-la-justice-en-milieu-militant-695

    Informer, éduquer, faire reconnaître les violences masculines et leur ampleur est une préoccupation féministe de longue date. Parfois, s’y ajoute la volonté de dénoncer nommément et publiquement l’auteur du harcèlement, de l’agression sexuelle ou du viol, de rendre la honte plus honteuse en la livrant à la publicité. Cette réaction semble avoir pour but de stigmatiser un comportement inacceptable, de faire un exemple et de dissuader.

    Si cette politique et les buts qu’elle poursuit sont légitimes, il convient d’observer qu’elle implique des responsabilités, et notamment celle de faire face à un éventuel emballement. Nous avons ainsi pu voir, récemment à Rennes, le traitement d’un acte d’agression sexuelle (dénoncé par la femme qui l’a subie et reconnu par son auteur), une fois rendu public, livré à la concurence entre organisations militantes, les membres de l’une d’entre elles décrétant un banissement sans limite dans le temps ni dans l’espace de l’auteur de l’agression. Cette décision fut malheureusement prise en dehors des tentatives de prise en charge collective du cas, et sans contact avec la personne qui a subi l’agression.

    En outre, s’il doit y avoir une présomption de véracité vis-a-vis des récits des femmes dénonçant les violences sexuelles qu’elles ont subies, leur parole ne doit pas être mise en conccurence avec la prolifération de rumeurs. Pour mentionner un cas précis, il n’est par exemple pas acceptable que des actes d’agressions sexuelles rapportés par les personnes qui les ont subis soient rebaptisés « plusieurs viols » sans qu’aucune femme ne dise avoir été violée par cet homme. Dans un autre cas, nous avons été consternés d’entendre plusieurs fois le récit des même faits de domination masculine, commis le même jour, dans le même cadre, attribués à … deux hommes différents.

    La prolifération de ces rumeurs semble avoir pour effet de réduire l’ampleur de la domination masculine et des faits de violences sexuelles à quelques personnes identifiées. Pour une partie de ceux qui tiennent ces discours, le simple fait de rejeter quatre militants coupables d’agressions et de les considérer comme des prédateurs permettrait d’affirmer que leurs actes n’ont rien à voir avec de nombreux comportements masculins.

    Pourtant, en plus de déposséder les victimes d’agressions de leurs récits et de les éloigner des réflexions sur la réponse à y donner, la création de la figure du monstre n’aide pas à la reconnaissance des faits, et empêche une remise en cause plus large de la domination masculine. C’est ce qui était expliqué récemment par la militante féministe Moana Genevey : « Nous aimons à répéter que les violeurs sont des monstres. Que ces gens sont différents, inhumains. C’est rassurant de se dire que seule une créature épouvantable pourrait faire une chose pareille, et que l’on n’a absolument rien en commun avec un homme qui harcèle, qui agresse ou qui viole. Mais en nous distanciant, nous nous déresponsabilisons. Et nous entretenons le mythe que seul quelqu’un de “dérangé” ou de marginal serait capable de commettre un viol ou une agression sexuelle. Les violeurs ne sont pas des êtres maléfiques et étranges, ni des loups solitaires détachés de la société. (…) Ce qui est monstrueux, c’est que je ne connais pas une seule femme qui n’a jamais été touchée, agrippée, caressée, ou embrassée sans son consentement. C’est la place du viol dans notre société qui est monstrueuse. Alors pour nous regarder en face, arrêtons de traiter les violeurs de monstres. »

    #violences_masculines #justice #agressions_sexuelles #militance

  • La permaculture, pratique révolutionnaire ou phénomène de mode ?
    https://renverse.co/La-permaculture-pratique-revolutionnaire-ou-phenomene-de-mode-1304

    L’équipe du CIRA a le plaisir de vous inviter à une nouvelle soirée de discussion, qui aura lieu le mardi 21 novembre à 19h. (à Lausanne)

    « La permaculture connaît, ces dernières années, un essor fulgurant : que celui ou celle qui n’a pas parmi ses ami.es ou connaissances un.e permaculteur.rice en herbe lève la main... Si cet élan d’intérêt pour une agriculture biologique, moins gourmande en énergie et respectueuse des équilibres naturels ne peut que nous réjouir, la prolifération de cours payants et surtout cette fascination pour une pratique souvent peinte comme une agriculture qui requiert moins d’efforts et de travail nous laissent parfois un peu perplexes.. »

    Une discussion de permaculture, sur la base d’un article récemment paru dans « Moins ! », qu’on peut lire ici :
    http://www.cira.ch/media/tmp/Permaculture_Moins_no_28.pdf

    @nicolasm

  • Seconde mise en demeure pour l’association LinuxFr - LinuxFr.org
    http://linuxfr.org/news/seconde-mise-en-demeure-pour-l-association-linuxfr

    (Mise en demeure pour un #plagiat qui, quand on regarde le document, n’est pas du tout évident.)

    Ce qui est intéressant pour #seenthis c’est l’organisation de linuxfr :

    En tant que « service de communication au public en ligne édité à titre non professionnel au sens de l’article 6, III, 2° de la loi 2004-575 du 21 juin 2004 » par l’association LinuxFr, comme le stipulent nos mentions légales, le site dispose aussi d’un directeur de publication (en l’occurrence votre serviteur).

  • Militer : une activité safe ? Pour une critique politique de la notion d’espace safe - Contre-attaque(s)
    http://contre-attaques.org/magazine/article/militer-une

    Penser l’espace safe est une part importante de la légitimation des groupes luttant contre des oppressions, quelles qu’elles soient d’ailleurs. En plus des attentes en termes de luttes contre les violences systémiques et institutionnelles, la question du safe dans la construction de ces espaces revient souvent, répondant aux besoins de membres qui sont - pour la plupart - passés par d’autres organisations et qui ont dû faire face à la reproduction de mécanismes de domination en interne. La détermination dont font preuve certaines organisations militantes dans leur refus de confronter politiquement les violences racistes, hétéro-patriarcales ou classistes internes ; les injonctions aux “don’t ask, don’t tell” qu’il faut comprendre ainsi “on veut bien de vos forces pour travailler à la mobilisation, faire les petites mains mais en cas de problème, débrouillez-vous”, en plus de refuser la politisation de certaines questions considérées comme minoritaires, ne font que renforcer l’individualisation des questions de violence et poussent littéralement certain-e-s militant-e-s vers la sortie. Comment des collectifs qui sont censés engager un combat qui demande le recrutement, des débats internes et aussi externes, peuvent s’engager à être de tout temps, en tout lieu, un espace safe ? Les mots de bell hooks permettent un rappel salutaire quant à l’objectif d’un mouvement politique.

    • L’exemple le plus parlant et le plus répandu est celui des groupes dits informels affinitaires basés sur la politisation, légions sur internet. Ces groupes n’ont d’“informels” que l’intention de départ, car en réalité des règles implicites très fortes régissent ces groupes : le vocabulaire à utiliser, les personnes qui y sont le plus influentes, les antécédents que certaines personnes peuvent avoir avec d’autres, etc. Les interactions avec des individus partageant une même analyse peut laisser croire à une pratique radicale alors qu’il n’y en réalité aucune action de transformation de l’ordre social.

      […]

      bell hooks :

      Souvent, l’approche liée à l’identité et au style de vie est séduisante car elle crée l’impression d’être engagée dans une pratique. Cependant, au sein de n’importe quel mouvement politique qui vise à transformer radicalement la société, la pratique ne peut pas uniquement se résumer à créer des espaces au sein desquels des personnes supposées radicales expérimenteraient la sécurité et le soutien. Le mouvement féministe pour mettre fin à l’oppression sexiste engage activement ses participantEs dans un combat révolutionnaire. Et un combat, c’est rarement safe et agréable.

    • La mise en pratique du concept du safe dans son acception libérale n’est pas gage de défense politique des personnes les plus marginalisées mais de performance de comportement. Ces performances passent par l’utilisation de lexiques qui sont en conformité avec les critères du safe définis par chaque groupe. On assiste ainsi à la constitution d’espaces extrêmement individualisants dont toute l’énergie passe dans le maintien de cette “sécurité” et où quelques chanceux parviennent à créer des liens mais sans forcément produire d’effet sur les luttes. Dans ces espaces, chacun est renvoyé à sa propre démarche d’être safe pour les autres : le discours militant prônant le changement de système est substitué par un discours sur la construction d’îlots d’individualités qui interagissent. On passe du collectif à l’individuel, du macro au micro. Dans le système de l’espace safe, la personne contrevenante est d’ailleurs renvoyée à l’extérieur, “le non safe”.

      Vraiment super article

      #libéralisme #individualisme #performance

  • @raspa Le sanglot du vieil homme blanc hétéro
    http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/notallmen-parlons-en/54686
    (un peu de Pascal Bruckner pour napper le tout ? http://www.ina.fr/video/CPB83051688/l-homme-blanc-a-travers-le-monde-video.html
    Dans cette émission, il y a aussi une super intéressante interview d’André Brink sur sa condition d’écrivain blanc anti-apartheid en Afrique du Sud. Lui ne critiquait pas Pinochet « à 10 000 km de Santiago »)

    • @raspa : l’autobiographie d’André Brink s’appelle « Mes bifurcations ». Meilleur titre d’autobio pour quelqu’un avec un engagement militant ever.
      Regard à la fois critique et constructif sur son milieu d’origine, étapes de construction de sa pensée et de son action politique, sans tomber dans une vision type « destin » ou « sauveur blanc ». Ça se lit bien, France Culture l’a aussi merveilleusement mis en feuilleton (lecture d’extraits).

    • « Si on ne peut plus nommer le groupe dominant, on ne peut pas se battre pour plus d’égalité. » J’aime bien cette phrase qui peut être appliquée à plein de situation.
      Sinon : les vieux hommes blancs sont-ils une classe « en-soi » ou « pour soi » ?

      (pas encore pu voir l’émission sur André Brink)

    • Etant donné les réactions #NotAllMen qui surgissent à chaque dénonciation féministe, et les petites magouilles et réactions outrées des politiciens/membres de CA de grandes entreprises/[note ici l’instance de pouvoir à laquelle tu penses] à chaque tentative d’instaurer plus de parité et de diversité de profils... j’aurai tendance à dire « classe pour soi »...

    • Pourtant... si le but du dominant est de perpétuer sa domination, il a tout intérêt à la rendre invisible, naturelle, à l’institutionnaliser. Et d’effacer aussi les classes, de nier leur existence. Le discours explicite (dans le cadre du patriarcat) n’est pas « les hommes ont gagné, ce sont les plus forts, soyons fiers d’être des hommes, des gagnants » mais plutôt « la société est très bien comme ça, tout le monde est heureux, il n’y a vraiment aucune raison de parler de rapports de force, d’ailleurs les femmes sont des hommes comme les autres (ou presque) ». La classe dominante devient hégémonique, crée un discours qui nie les rapports de domination entre classes, qui nie les classes... et donc cette classe dominante disparait ! Du moins dans le champ de vision de ses membres. Elle cesse d’être une classe « pour soi », elle devient « la norme, le point de référence » (on passe de « le masculin l’emporte sur le féminin » #rapportdeforce à « le masculin est le neutre » #hégémonie). Les réactions #notallmen consistent à ramener le problème au niveau des comportements individuels ("je ne me comporte pas comme ça, donc je ne suis pas un dominant"), ne pas reconnaître (ou comprendre) les rapports de classe et comment celles-ci sont intériorisées, à quel point leur reproduction est inconsciente. Ces réactions, elles peuvent même être comprises comme des distanciations (maladroites) de la part de certains de ces hommes, du fait qu’ils ne se considèrent pas membre d’une classe masculine oppressive, et même qu’ils ne perçoivent pas l’existence des classes. Ce que je veux dire en fait, c’est que je pense que ces réactions que tu cites ne sont pas tant des « défense de classe » que l’expression du malaise devant un discours qui rompt totalement avec leur vision de la société. Ce n’est même pas le refus de se faire assigner à une classe d’oppresseur... c’est le refus de voir et de comprendre la société en matière de classe et d’oppression. Tu me disais toi-même « les hommes comme classe sociale ça a vraiment du mal à être intégré par les mecs ». Ceux qui défendent le système ne sont pas nécessairement conscient de défendre une classe, ils n’ont pas besoin d’en être conscients pour le défendre. Je pense que c’est un trait de l’hégémonie, du succès de la domination y compris sur les dominants. Et c’est ce qui explique que des dominés peuvent tout à fait se retrouver à défendre la domination, à la justifier, à nier leur oppression. Ce pavé est beaucoup trop long parce que je n’arrive plus à revenir à la ligne dans les commentaires, désolé.

    • Intéressant ce que tu dis, sur le fait que ce sont des réactions pour continuer à nier / ne pas conscientiser cette existence de classe (et même se détacher de la classe au-cas-où-elle-existerait. On n’est jamais trop prudent).
      En fait, dans mon commentaire, j’avais aussi très en tête ce que disent les Pincçon-Charlot dans « Riche, pourquoi pas toi ? » à propos des systèmes de défense des riches. Les non-riches font des manif, les riches dînent avec le Préfet ou la nièce du ministre, prennent rendez-vous avec le conseiller machin... Et c’est pas clair si ce sont des réactions motivées par une défense de classe (avec donc une vraie conscience de classe « pour soi ») ou par une défense de son « mode de vie », de ses « valeurs » (donc sans cette conscience de classe vraiment franche). Probablement que comme souvent, ça dépend des gens.
      Mais sans doute que ce parallèle est foireux, que les riches ont une conscience plus forte d’appartenir à un même groupe social comparativement au groupe « hommes ». D’autant que comme tu dis, le discours de rapport de force est totalement gommé, avec le mythe de l’égalité déjà là, voire que les femmes ont pris le pouvoir...
      Il n’y aurai alors que chez les hommes pro-féministes ayant travaillé la question et chez les masculinistes militants qu’il y aurait cette vision de classe, avec une « classe pour soi » bien affirmée chez les mascu...
      (un jour il faudra quand même qu’on aille se coltiner un peu sérieusement ces définitions « en soi » et « pour soi », plutôt que de blablater à partir de la définition tirée de mon lointain passé d’étudiante que j’ai pu t’en donner !)

      (et « entrée », ça marche bien pour les retours ou saut de ligne chez moi)

  • How Men Like Harvey Weinstein Implicate Their Victims in Their Acts | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/culture/jia-tolentino/how-men-like-harvey-weinstein-implicate-their-victims-in-their-acts

    There are also, already, so many women accusing Weinstein, all speaking of such similar incidents, which occurred at such similar places within their respective careers, that the comet trail of each act contributes to a collective pattern. The case has illuminated the very ordinary reality of being a young woman with a desire to succeed, perform, and please others, who is sexually targeted by a powerful man in her field—a man who aims to use his position in a way that will affect her career and her selfhood whether she relents or escapes. These, too, are open secrets among women: what that moment feels like, what you think about when you consider your options, why you carry this stuff with you for so long.

    This is, I think, the primary reason that some women maintain relationships with their attackers. When you are treated like an object, things about you that you cannot change are reframed. If a man interprets your youth as sexual vulnerability, he can make it seem that you have no choice but to be sexually vulnerable—after all, you have no choice but to be young. And so you might conclude that you need to redeem the encounter within a narrative that you may not like but in which you can at least actively participate. This might mean engaging in consensual sex afterward, to make you feel like you wanted it the first time, though you know you didn’t. Or staying friendly with the man in the hopes that you’ll find out that he actually did value you, and he wasn’t just hoping for access to your body. Or even trying to get something out of the transaction, whatever you can. This looks like weakness, but it’s an attempt to gain control. The Weinstein case has reminded me of how hard, maybe impossible, it is to separate yourself from all the things that have been forced on you—an encounter, a body, a sense of complicity, or simply the banal old scripts that make it all seem so sickeningly predictable. You were young and he was powerful; the story writes itself.

    #Feminisme #Culture_du_viol

    • @raspa Fort fort fort intéressant.
      Ça repose cette question de l’organisation pour faire de la pédagogie dans les rangs des privilégié⋅e⋅s, dont on parlait l’autre jour.
      Ça montre aussi cette nécessité d’organiser les allié⋅e⋅s, en leur proposant un vrai cadre (charte + temps non-mixtes) pour qu’ils⋅elles restent à leur place, en étant de vrais soutiens sans gêner les oppressé⋅e⋅s.
      Et puis je trouve là une réponse concrète à ce fameux pamphlet contre les « mauvais alliés » que tu m’avais fait lire, qui disait « arrêtez de vous sentir coupables, ça sert à rien », et qui m’avait laissé sur ma faim, en mode « ouais, ok, mais on propose quoi à la place ? » :

      Cette position abolitionniste ne va néanmoins pas sans tensions, comme l’indique la volonté de construire « une identité blanche radicale », temporaire, réflexive et politique, car « la culpabilité et la honte ne sont pas suffisantes[11]. » Comme le dit Cameron, fondateur d’AWARE :
      « Je ne me sens pas responsable de l’histoire de la suprématie blanche mais j’ai une responsabilité dans ses effets et la façon dont j’en bénéficie. Je reconnais la façon dont mes privilèges me protègent et m’empêchent de voir ces réalités [la domination raciale]. Je ne pense pas qu’on veuille arrêter de se sentir coupable ou honteux … ce n’est pas le but. Mais ce n’est pas quelque chose qui me tire et qui guide dans mes engagements. Je dois trouver cela à l’intérieur de moi-même en tant qu’anti-raciste blanc. L’essentiel pour moi c’est que j’ai également intérêt – comme tous les blancs – à l’abolition de la suprématie blanche[12]. »

      Un peu plus loin l’article parle de « brave space », en écho aux « safe space », et je trouve cette idée super intéressante, dans ce que ça veut dire de « bah ouais, nous aussi faut qu’on se coltine notre part du boulot, même si c’est pas marrant tous les jours. Mais on va assumer notre (grosse) part du taf ».

      Il y a ça qui m’a interpellé :

      Ce n’est que plusieurs décennies plus tard, dans la foulée des manifestations contre l’OMC à Seattle et la naissance du mouvement altermondialiste que cette question ressurgit aux États-Unis. Certain.e.s activistes de couleur critiquent notamment les pratiques paternalistes voire l’aveuglement aux enjeux raciaux associés à la lutte contre le néo-libéralisme des militants blancs[7]. C’est ainsi que des groupes commencent à se former localement, à l’image de Catalyst à San Francisco ou AWARE à Los Angeles, créé en 2003.

      J’ai tellement l’impression que pour les mouvements altermondialistes de chez nous, la question du racisme est loin, extérieure, présente seulement comme une des composantes du gros paquet « défense des droits humains », mais pas pensée à l’intérieur des mouvements (et vue la blanchité de nos orga...)

      Et ça :

      Comme souvent dans les groupes militants d’extrême-gauche aux États-Unis, le premier tour de table invite également chacun à énoncer son nom, mais aussi son « pronom genré préféré », « he, she or they », le groupe prenant en compte le caractère construit des identités de genre et la volonté de dépasser les oppositions binaires traditionnelles.

      L’écriture non-sexiste commence tout juste à devenir une norme dans certains milieux militants non centré sur le genre et le féministe (et dont la moyenne d’âge n’est pas trop élevé...), on n’en est pas encore là en France... sans que j’ai jamais vu une seule personne trans dans les espaces militants que je fréquente, ce qui en dit long aussi.
      Mais ça ouvre des perspectives !

      De même que ça :

      AWARE est membre depuis 2007 d’une organisation anti-raciste blanche nationale, Showing Up for Racial Justice (SURJ), qui défend la théorie du « fruit le plus proche » [« lowest hanging fruit »]. [...] Plutôt que de chercher à convaincre des gens très éloignés socialement – probablement plus difficiles à influencer – il est préférable de cibler d’abord des sympathisants, des proches, sensibles à la thématique mais jusqu’alors inactifs.

      C’est intéressant de théoriser un peu ça. Pour ma belle-sœur qui se lance à héberger des migrants chez elle, c’est exactement ça qui s’est produit. Je pense que c’est nécessaire mais pas forcément suffisant sur le plan stratégique global, mais que c’est aussi une bonne porte d’entrée militante pour les nouvelles recrues du mouvement, pour se lancer à convaincre des nouveaux, rôder son discours et s’approprier les arguments.
      Et puis ça évite l’écueil des gentil⋅le⋅s militant⋅e⋅s blancs de classe moyenne sup qui vont expliquer aux blancs des classes populaires quoi penser / voter... Parce que comme dit l’auteur :

      La voie est donc étroite entre des mouvements anti-racistes qui soit parlent à la place des premiers concernés, soit esquivent les enjeux de classe, et des mouvements de gauche qui refusent de reconnaître l’intersectionnalité des formes de domination. Il n’est pas dit pourtant que l’histoire soit vouée à se reproduire. Les convergences qui se construisent aujourd’hui autour de l’anti-racisme politique, notamment sur la question des violences policières, indiquent des formes de coalition qui, à défaut d’être des mouvements de masse, rassemblent des fractions de l’extrême-gauche qui se sont pendant longtemps ignorées.

    • Je sais pas mais ça me saoule ce genre de réflexions qui tournent en boucle pour aboutir au fait que finalement on se retrouve dans un contexte de luttes anti raciales à parler encore et toujours des blancs, à s’interroger sur le nom qu’il faut leur donner dans ce contexte, à savoir comment les ménager, comment il faut qu’ils s’organisent bla bla bla… Pour les blancs parler de leur place et tout ce qui va avec c’est juste pouvoir rester au centre des discussions, une hégémonie qui ne veut pas lâcher le terrain en quelque sorte.
      De l’action purée !! Pourquoi militer sinon pour agir ? En ce moment la régression sociale et raciale est très violente, il y a beaucoup à faire et si peu de fait parce que le discours nous noie.
      Donc arrêtez l’égocentrisme et juste retroussez vos manches. Soit le groupe est non mixte racialement donc le problème ne se pose pas, soit il ne l’est pas et dans ce cas l’important est surtout d’acter que les tâches de direction et représentation médiatique sont faites par les premiers concernés. Après faut juste taffer et ça c’est valable pour les blancs, les noirs, les arabes et tous les autres !
      (précision importante : je suis blanche)

  • [infokiosques.net] - La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation
    https://infokiosques.net/spip.php?article239

    En s’appuyant sur de nombreuses recherches sur la communication, ce texte montre comment la conversation, loin d’être une activité anodine et spontanée, est traversée par des rapports de pouvoir. Il s’intéresse particulièrement aux différentes formes que peut prendre la domination masculine dans le domaine de la conversation et permet ainsi de prendre conscience que la lutte contre le sexisme passe aussi et surtout par un changement de nos comportements au quotidien.

    Cette étude a été réalisée en 1997 dans le cadre des études de genre à Genève. Elle a été publiée dans les Nouvelles Questions Féministes Vol.19 en 1998.

    Nouvelle revue cherche scénariste et dessinatrice pour s’emparer du propos de #Corinne_Monnet dans cette brochure.
    #BD #bande_dessinée #genre

  • Prime d’activité : Après les retraités, le gouvernement s’attaque aux handicapés
    http://www.revolutionpermanente.fr/Prime-d-activite-Apres-les-retraites-le-gouvernement-s-attaque-

    Depuis Octobre 2016 les pensionnés d’invalidité en emploi aux faibles revenus bénéficiaient d’une prime d’activité, comme le reste des travailleurs. Cette prime d’activité a été créé en janvier 2016 pour tous les travailleurs indépendants ou salariés, offrant un complément de revenu aux personnes touchant moins de 1500 euros par mois (pour une personne célibataire et sans enfant). Il avait été obtenu à cette époque que l’allocation adulte handicapé (AAH) et la pension d’invalidité soient considérées comme des revenus d’activité et non comme des prestations sociales. Cela permettait par exemple à une personne célibataire touchant 717€ de salaire et 280€ de pension, de bénéficier de 149,17€ de prime par mois.

    Aujourd’hui le gouvernement argue que « cette prise en compte dérogatoire de revenus (…) n’a pas été utilisée par un grand nombre de bénéficiaires » pour justifier la suppression de ce dispositif. Ce qui conduira les 230 000 pensionnés d’invalidité en emploi à ne plus toucher aucune prime ! Ce pour des personnes qui vivent déjà pour beaucoup en dessous du seuil de pauvreté et pour qui trouver un emploi se complique encore du fait de leur handicap. Cet argument avancé par le ministère des finances est d’autant plus sournois que lors de la création de la prime d’activité en janvier 2016, les allocataires AAH et les pensionnés d’invalidité avaient été « oubliés ». Grace à la mobilisation des associations pour les titulaires d’invalidité le dispositif avait fini par être opérationnel en Octobre 2016, mais sans effet rétroactif. De surcroît, ce fut réalisé sans communication particulière, ce qui fait que beaucoup de personnes n’ont certainement pas su qu’elles pouvaient en bénéficier. C’est de cela aujourd’hui dont se sert Bercy pour justifier la suppression de la prime.

    Voir aussi, baisse du plafond de ressources des couples pris en compte dans le calcul de l’AAH
    https://seenthis.net/messages/634218

    #AAH #prime_d'_activité #austérité_discrète

  • PANTHERE PREMIERE
    http://pantherepremiere.org

    Félin pour l’autre

    Imaginer une revue qui s’appelle Panthère Première, c’est se retrouver en février 2016 à Marseille et se dire qu’on a envie de se lancer dans cette aventure toutes ensemble, celles qui s’étaient connues autour d’autres revues et celles qu’on rencontrerait chemin faisant. C’est se dire, oui, une revue mais pas n’importe comment : en réunissant des équipes éditoriale et technique non-mixtes pour s’essayer à d’autres manières de travailler ; en ouvrant nos colonnes aux plumes qui se font trop discrètes ; en réfléchissant à une économie de la revue qui nous offrirait les moyens matériels nécessaires à une production de qualité et qui ne reposerait pas entièrement sur le bénévolat.

    Concevoir une revue qui s’appelle Panthère Première, c’est commencer par lister des titres de rubriques absurdes et enchaîner les jeux de mots carnassiers avant de s’accorder, en mai 2016, sur l’idée d’une revue généraliste et féministe qui s’intéresse aux différentes manières dont le personnel est politique. C’est décider d’explorer, d’un numéro à l’autre, les intersections entre ce qui est communément renvoyé à la sphère du privé – famille, enfance, habitat, corps ou sexualités – et les sphères systémiques – État, marché, travail… – en partant du principe que les formes de domination, de résistance et de créativité s’ancrent et se pérennisent dans ces plis. C’est adopter une ligne éditoriale qui reconnaît que les expériences vécues peuvent faire l’objet de questionnements critiques.

    Éditer une revue qui s’appelle Panthère Première, c’est lancer ce premier numéro en s’intéressant à la portée subversive des actes de langage dans notre dossier Quiproclash ! C’est penser que le papier n’est pas une tour d’ivoire ; se laisser toucher et prendre position, s’engager au-delà de la publication et espérer vous toucher aussi car, chère lectrice, cher lecteur, nous sommes, au fond, certainement félin pour l’autre.

    • (texte de l’article de Mediapart, en brut, sans les nombreux liens, par exemple - si des personnes savent comment faire simplement un copier-coller avec, je suis preneur)

      Les ordonnances affaiblissent les victimes de harcèlement
      28 sept. 2017 Par Louise Fessard

      Malgré les démentis du gouvernement, les ordonnances sur le travail risquent bien de léser les salariés, et notamment les femmes, victimes de harcèlement sexuel ou moral.

      Dans un avis publié en catimini le 22 septembre 2017 sur son site, le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes montre que les craintes des organisations féministes (lire leur tribune sur Mediapart) sur l’impact des ordonnances pour les femmes sont justifiées. Cette instance consultative réunissant des représentants de l’administration, des employeurs, des salariés, ainsi que des experts se montre très critique envers la réforme du code du travail et pointe un impact « potentiellement défavorable » sur l’égalité professionnelle et sur l’emploi des femmes.

      Parmi ses membres, l’ensemble des organisations syndicales et sept des neuf personnes qualifiées ont rendu un avis défavorable (les organisations patronales et deux personnalités qualifiées émettant un avis favorable). Certaines mesures pourront « avoir un effet disproportionné sur les conditions de travail et les rémunérations des femmes, engendrant un risque de discrimination indirecte ». En effet, les femmes « occupent des emplois plus précaires et moins rémunérés » et elles sont « plus nombreuses dans les maillons faibles de la syndicalisation, notamment dans les PME et les secteurs d’activité à prédominance féminine, (…) comme l’aide à domicile ou le commerce ».

      Les femmes étant majoritaires parmi les salariés en contrat à durée déterminée (CDD), la multiplication et l’allongement des CDD (durée maximum de cinq ans, contre 18 mois actuellement), qui pourront être décidés dans chaque branche professionnelle après négociation entre représentants du patronat et syndicats, les « pénaliseront directement », souligne la CGT dans l’avis. « Permettre plus de flexibilité reviendrait alors à permettre plus d’inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes », renchérit FO.

      Le texte pointe par ailleurs une sérieuse faille en matière de lutte contre le harcèlement : contrairement aux promesses du gouvernement, le plafond d’indemnisation aux prud’hommes en cas de licenciement abusif pourra concerner les victimes de harcèlement moral ou sexuel, lorsqu’elles seront à l’initiative de la rupture de contrat.

      En cas de harcèlement sexuel ou moral sur son lieu de travail, un salarié ou une salariée peut décider de rompre unilatéralement son contrat de travail pour se protéger. Il lui suffit de prévenir son employeur par un courrier écrit listant les reproches faits. Cette « prise d’acte » entraîne la cessation immédiate du contrat de travail. S’il estime les griefs justifiés, le conseil de prud’hommes va dans un délai d’un mois requalifier cette prise d’acte comme un licenciement nul, car illégal. Dans le cas contraire, la prise d’acte aura les mêmes effets qu’une démission. « C’est une manière simple et rapide pour les victimes de se mettre à l’abri des violences sexuelles et de ne plus remettre les pieds sur leur lieu de travail, explique Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Nous l’utilisons dans un quart des quelque 170 dossiers de harcèlement sexuel dont est saisie l’association chaque année. » Pour les salariés ayant en parallèle déposé plainte au pénal pour harcèlement – la majorité –, cette prise d’acte permet également de bénéficier de l’assurance-chômage.
      « Nous ne plafonnerons pas les dommages et intérêts dans les cas de discrimination et de harcèlement, car il y a dans ce cas atteinte à l’intégrité de la personne », avait promis la ministre du travail, Muriel Pénicaud, en juin 2017 dans Les Échos. Si l’ordonnance publiée au Journal officiel le 23 septembre 2017 précise bien que le plafonnement des indemnités ne s’applique pas quand le licenciement du salarié est intervenu en violation d’une liberté fondamentale, à la suite de faits de harcèlement moral ou sexuel ou d’une discrimination, elle ne fait en revanche pas d’exception quand la rupture du contrat de travail est à l’initiative du salarié. « Lorsque la rupture du contrat de travail (…) fait suite à une demande du salarié (…), le montant de l’indemnité octroyée est déterminé selon les règles fixées à l’article L. 1235-3 », indique l’ordonnance.

      Ce dernier article renvoie au barème qui limite les dommages et intérêts à vingt mois de salaire pour les salariés les plus anciens (plus de 29 ans d’ancienneté), alors que, dans certains dossiers de harcèlement sexuel déjà jugés, « ces indemnités pouvaient s’élever à 27 mois de salaire pour des salariées ayant moins de 10 ans d’ancienneté », dit Marilyn Baldeck. Cette somme vise à indemniser les victimes à hauteur du préjudice subi, ainsi qu’à inciter les employeurs, en les frappant au portefeuille, à tout faire pour prévenir ces actes.

      Selon une étude du Défenseur des droits de 2015, une femme sur cinq déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au travail dans sa vie professionnelle. Il s’agit majoritairement de « gestes, propos à connotation sexuelle répétés malgré son absence de consentement ». Et moins de deux employeurs sur dix ont mis en place des actions de prévention contre le harcèlement sexuel. « Les employeurs ne mettront jamais en place de plan de prévention des discriminations, si son défaut n’a pas un coût financier important », estime Marilyn Baldeck.

      Contacté, le cabinet de la ministre du travail, Muriel Pénicaud, dément tout changement pour les salariés victimes de harcèlement moral ou sexuel. En cas de « prise d’acte », « si le ou la salarié-e invoque un cas de harcèlement sexuel et que le juge reconnaît que les faits sont fondés, le barème ne s’appliquera pas », assure la Direction générale du travail (DGT).

      Mais pourquoi ne pas avoir pris soin de préciser cette exception dans l’ordonnance ? s’interrogent les spécialistes du droit du travail que nous avons contactés. Cette faille avait pourtant été signalée dès le 5 septembre par le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle. « Ce n’est pas une coquille, cela fait trois semaines que nous le signalons au gouvernement et qu’il refuse de changer la rédaction », dit Sophie Binet, responsable de l’égalité femmes-hommes à la CGT.

      « Les ordonnances ont pris en compte certaines des remarques que nous avions faites sur l’égalité femmes-hommes, mais pas sur le harcèlement moral ou sexuel, confirme l’un des membres du Conseil, Michel Miné, professeur associé de droit du travail au Cnam. Dans sa rédaction actuelle, l’ordonnance dit clairement que quand il y a rupture du contrat à la suite d’une demande d’un salarié, le juge va attribuer une indemnité forfaitaire [plafonnée – ndlr]. »

      Ce plafonnement est interdit en cas de harcèlement sexuel par une directive européenne du 5 juillet 2006. « Le plafonnement des indemnités en cas de harcèlement ne tiendra pas devant le juge mais cela va générer une situation d’incertitude et un contentieux beaucoup plus complexe pour les salariés victimes », souligne Michel Miné.

      « Les avocats des employeurs vont se ruer sur cette ordonnance, on va être obligé d’invoquer le droit européen et partir dans des procédures de six à sept ans devant la chambre sociale de la Cour de cassation, dit l’avocate en droit social Maude Beckers, militante au Syndicat des avocats de France (SAF) et qui défend plusieurs des femmes suivies par l’AVFT. On peut être sûr que les femmes victimes, qui sont dans des situations urgentes, ne vont plus saisir les juridictions et que les employeurs ne seront pas punis ! »

      Patrice Adam, professeur de droit à l’université de Nancy et spécialiste de droit du travail, juge lui aussi la rédaction de l’ordonnance problématique. « Cela ouvre un front de contestation, les avocats patronaux vont s’engouffrer là-dedans, alors qu’on n’avait vraiment pas besoin de cela dans la lutte contre le harcèlement sexuel ou moral, regrette-t-il. Le temps que la Cour de cassation tranche et décide que le barème ne s’applique pas, cela va décourager des salariés. » Les procédures pour harcèlement sexuel, de la plainte au jugement, sont déjà un véritable parcours du combattant, et auraient donc gagné à être simplifiées plutôt que complexifiées...

      L’AVFT pointe également un retour en arrière concernant le rappel des salaires. Selon l’association, depuis la loi sur le travail El Khomri de 2016, lorsqu’un licenciement est jugé nul, notamment pour les salariées enceintes, les salariés protégés, en cas de discriminations, de harcèlement moral ou sexuel, l’employeur doit payer au salarié le montant des salaires qu’il aurait dû percevoir entre-temps s’il n’avait pas été licencié (lire l’article en question). « Vu les délais de procédure – parfois 18 mois avant le jugement des prud’hommes, c’était très dissuasif vis-à-vis des employeurs qui devaient payer 18 mois de salaire », souligne Maude Beckers.

      Mais l’ordonnance du 22 septembre 2017 spécifie que ce rappel des salaires n’aura lieu que pour les jeunes parents (femmes enceintes, retour de congé maternité ou paternité, etc.) et les salariés protégés (représentants du personnel, délégués syndicaux, etc.). Là encore, la Direction générale du travail (DGT) dément. Elle fait une interprétation diamétralement opposée de la loi sur le travail de 2016. Selon la DGT, cette dernière ne prévoyait « de paiement des salaires que pour maternité et salariés protégés » et ne concernait en rien les cas de discrimination et de harcèlement moral.

      « L’ordonnance ne change rien : les droits du rappel de salaire maternité et salariés protégés sont maintenus », indique la DGT. L’AVFT reconnaît que la loi « souffrait d’une rédaction quelque peu alambiquée, donnant du fil à retordre aux juristes » mais assure qu’elle commençait à en « sentir les effets bénéfiques en termes de rééquilibrage du rapport de force avec les employeurs défaillants ». « Nous avions réussi à obtenir à force de combats un droit protecteur pour les femmes victimes de harcèlement sexuel et là on recommence à zéro », s’alarme Maude Beckers.

      Le gouvernement peut encore modifier ces textes avant leur ratification par le Parlement. « S’il s’agit d’un moment d’inadvertance, nous espérons que ce sera rectifié dans les prochains jours », dit Marilyn Baldeck.

  • Au guichet de la préfecture : « La suspicion fait partie de notre travail » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/09/26/au-guichet-de-la-prefecture-la-suspicion-fait-partie-de-notre-travail_159
    http://md1.libe.com/photo/1057560-prefecture.jpg?modified_at=1506098932&picto=fb&ratio_x=191&ratio_y

    Un agent administratif d’une préfecture revient pour « Libé » sur son expérience derrière un guichet en charge de l’accueil des étrangers.

    Après avoir rapporté les déboires d’étrangers en séjour régulier en France avec la préfecture, Libé a voulu aller voir de l’autre côté des guichets. On est donc passé par des syndicats, notamment la CGT-USPATMI (1) pour entrer en contact avec les agents qui font office d’interlocuteurs directs pour les usagers, et d’intermédiaires entre eux et l’administration. Un seul nous a rappelé, en numéro masqué : une femme âgée de 40 ans qui a travaillé deux ans comme agent d’accueil en province avant d’exercer des fonctions de responsable (spécialisée dans le traitement du contentieux à la suite de refus de carte de séjour), pendant trois ans. Libé a fait le choix de retranscrire cette interview de façon directe, pour montrer la perception qui peut subsister dans les coulisses de l’administration française.

    Quelle est l’ambiance au sein de votre équipe ?
    Nous sommes très soudés et souvent sur la même longueur d’onde sur le traitement des dossiers : il n’y a pas d’écart dans notre façon de faire et de nous positionner. Je vis intensément ce que vivent mes collègues à l’accueil, parce que je suis aussi passée par là. Il faut recevoir les étrangers, vérifier leurs justificatifs (ressources, logement etc.), enregistrer leurs dossiers sur les applications informatiques… Quand on doute, on va voir le chef de bureau et on lui demande : t’en penses quoi ?

    Y a-t-il des tensions récurrentes entre les usagers étrangers et vous ?
    Il ne suffit pas d’être gentil et de bien parler français pour obtenir son titre de séjour, il faut avoir des ressources propres et remplir plein d’autres critères… C’est toujours la même chose : quand un agent d’accueil dit oui à une demande de titre de séjour, on le trouve sympathique, il est gentil. Quand c’est non, on gesticule, on crie au scandale, il devient méchant. Sinon on ramène père, mère, tontons, tatas… Oui, dans ces moments, il y a une vraie tension, surtout que nous sommes amenés à traiter les dossiers de personnes à la chaîne. Ça plus les soucis familiaux et les migraines… Nous avons le droit d’être des êtres humains.

    Au fil de nos échanges avec les personnes qui viennent aux guichets de la préfecture, un sentiment revient : celui d’être suspecté en permanence…
    Mais oui et c’est normal, la suspicion fait partie de notre travail, on a nos sens en alerte. Si on n’avait pas de raison d’être suspicieux, on ne le serait pas. Certains étrangers entrent dans les clous. D’autres voient le titre de séjour comme un eldorado qui donne accès à la sécurité sociale et croient qu’ils peuvent tout faire… On épingle souvent des gens qui fournissent de faux documents, de fausses fiches de paye, qui donnent de fausses domiciliations, qui mentent sur leur situation familiale. Quand on a le sentiment d’être mené en bateau, ça nous fait bouillir et là ça peut effectivement dégénérer rapidement. Bien sûr, on a une famille, on est content d’avoir la sécurité sociale… Et on comprend qu’un usager soit capable de tout pour rester en France, mais notre travail de fonctionnaire est de suivre à la lettre la réglementation des étrangers. De toute façon, on ne peut pas régler tous les problèmes de la planète.

    Nombre de personnes étrangères ont l’impression d’être traitées différemment en fonction de leur nationalité… Que répondez-vous à cela ?
    On remarque avec l’expérience les mêmes travers en fonction des nationalités… mais attention ce n’est pas du racisme, c’est la force de l’habitude. Il y a des comportements qui se répètent. Par exemple, tous les étés, leur maman tombe soi-disant malade… [un récépissé de titre de séjour permet de retourner dans le pays d’origine et donc de sortir de France et de revenir en France, ndlr] Sur le regroupement familial, le réflexe c’est de (se) dire : « Oh mais regardez, c’est un gentil conjoint de Français ». Mais la réalité c’est qu’il y a des personnes françaises fragiles : des femmes, simples d’esprit, à qui le conjoint demande le divorce dès qu’il a ses papiers ou qu’il devient parent d’enfant français. Comme par hasard.

    Mais les divorces, ça arrive même entre les Français… Ne pensez-vous pas qu’un divorce peut survenir entre un(e) Français(e) et un(e) étranger(e) sans que ce soit un mariage blanc ?
    Là vous avez le réflexe de la personne de type française instruite, qui été élevée au biberon de la République à "Liberté, égalité, fraternité". On ne les catégorise pas parce qu’on est méchant mais parce que c’est notre travail d’avoir une vision fine des gens. Ce n’est pas raciste, j’adore les étrangers, c’est magnifique d’apprendre un deuxième alphabet, se jeter dans une autre culture, ça doit demander un effort incroyable.

    Pouvez-vous nous citer des cas concrets ?
    Il y a les mariages blancs mais aussi les mariages gris. Exemple : un étranger épouse une Française, il lui dit « Oh ma chérie, je t’aime » [elle précise : « J’ajoute des effets de scène pour que ce soit rigolo », ndlr]. Mais en même temps il entretient une correspondance avec la fille au pays qui lui est promise depuis toujours. Une fois les papiers dans la poche, il lui crache dessus, l’insulte de tous les noms en arabe. Il ramène via le regroupement familial celle qu’il a gardée sous le coude et après ? Eh ben ça fait des enfants. C’est le cas de beaucoup de ressortissants turcs qui se marient avec des Françaises avant de divorcer pour se remarier avec des Turques et refaire des bébés. Mais il ne faut pas le dire, ça pourrait donner des idées…

    Pourquoi des procédures tel que le changement de statut d’étudiant à salarié sont si complexes ?
    Normalement, un étudiant doit repartir dans son pays à la fin de ses études… Ce n’est pas bien de délaisser son pays, il faut y retourner pour faire évoluer les choses. On est preneur si l’étranger obtient un poste en CDI dans un secteur en pénurie pour rendre service à la France.

    Y a-t-il des quotas qui vous sont imposés ? Quelles sont vos conditions de travail ?
    Nous n’avons pas de pression du tribunal administratif, pas de quotas officiellement institués. On applique des circulaires et des notes internes… Cela dit, on souffre d’une baisse des effectifs, de remaniements de mission, des économies sur les dépenses de l’Etat. Mais aussi de cadences infernales particulièrement en région parisienne. On travaille à la chaîne, c’est épuisant moralement et physiquement… Il faut voir l’état de fatigue des agents ! Le temps de traiter dix dossiers, quinze autres vous tombent dessus. C’est devenu quasi impossible de faire tenir toutes nos missions dans nos 35 heures. On a l’impression que notre travail est perdu d’avance. Résultat : on bosse avec toujours autant de respect et un peu moins de patience. Il y a un vrai mal-être, surtout que pour les chefs, ce n’est jamais assez.

    Comment vous situez-vous politiquement ?
    Comme la majorité des fonctionnaires, plutôt à gauche. Il faut une ouverture d’esprit pour travailler dans le service public.

    (1) Union des syndicats des personnels administratifs et techniques du ministère de l’Intérieur

    Dounia Hadni

    Là c’est du très lourd !!!! Dans le genre "je suis pas raciste mais…"
    La conclusion étant quand même la maxi cerise sur le gâteau.

    #immigration #étrangers #carte_de_séjour #préfecture #discriminations