Gilles Horvilleur

« Le fondement unique de la société civile, c’est la morale. » http://goo.gl/LQHTUV

  • Tom Hayden’s Legend Started With the Prescient and Still Relevant Port Huron Statement
    By G. Pascal Zachary / AlterNet
    http://www.alternet.org/news-amp-politics/tom-haydens-legend-started-prescient-and-still-relevant-port-huron-stateme

    On the eve of a presidential election, Hayden’s death serves as a reminder also of the limits of electoral politics. The Port Huron statement called a for a revolution in political consciousness, not merely an alteration in the people in power. “Men [and women] have unrealized potential for self-cultivation, self-direction, self-understanding, and creativity,” Hayden wrote. “It is this potential that we regard as crucial and to which we appeal, not to the human potentiality for violence, unreason, and submission to authority.”

  • Massive Internet Outage Could Be a Sign of Things to Come
    https://www.technologyreview.com/s/602709/massive-internet-outage-could-be-a-sign-of-things-to-come

    Schneier pointed out last month that a new wave of attacks also seems to be more investigative than previous DDoS assaults. Many of the attacks appear to be testing servers rather than taking them offline, by gradually increasing barrages of requests at one part of the server to see what it can withstand, then moving on to another, and another. Schneier warned that “someone is learning how to take down the Internet.”

  • Immigrants Fuel Innovation. America Should Not Waste Their Potential
    WIRED
    https://www.wired.com/2016/10/immigrants-fuel-innovation-lets-not-waste-potential

    Individual success in America always heavily depends upon the qualities people bring to their endeavors. But many of those personal qualities are also immigrant qualities—the resourcefulness, the patience, the craving for work and opportunity, the resilience, the self-reliance. First-generation immigrants are significantly more likely than the general population to become entrepreneurs, according to data from the Global Entrepreneurship Monitor.

  • À Malakoff, une fresque qui raconte l’histoire oubliée des « chibanis »
    Rachid Laïreche
    http://www.liberation.fr/france/2016/05/27/a-malakoff-une-fresque-qui-raconte-l-histoire-oubliee-des-chibanis_145556

    Rue de la Tour, à Malakoff (Hauts-de-Seine), la fresque n’est pas tout à fait terminée, mais presque. Elle est visible du périphérique intérieur entre la porte de Châtillon et la porte de Vanves. On y voit un homme, la tête sur le côté, les yeux fermés. Il ajuste son nœud de cravate. L’image est belle. Elle est forte et elle est signée par l’artiste Vince. Sur la fresque, un mot est écrit en grand : « chibani ». Une dédicace pour tous les pères qui ont traversé les mers après la Seconde Guerre mondiale, pour travailler loin de leur famille. Aujourd’hui, en France, certains vivent seuls malgré les années passées. Ils se battent pour leurs droits et la reconnaissance.

  • Rebattre les cartes de la politique française
    Pablo Castaño Tierno
    http://www.revue-ballast.fr/rebattre-les-cartes

    L’une des nouveautés théoriques les plus importantes de La Raison populiste est la construction d’un concept non péjoratif de « populisme », utile pour l’analyse politique. À rebours des usages habituels de ce terme, entendu comme synonyme de « démagogie » ou même d’« autoritarisme », Laclau propose de le définir comme une logique politique qui inclut, parmi d’autres, les éléments suivants : premièrement, l’unification d’une pluralité de demandes sociales dans une chaîne d’équivalences (en d’autres termes : des demandes différentes sont perçues comme étant équivalentes) ; deuxièmement, la division discursive (dans le champ du discours, de la parole) de la société en deux camps : un eux et un nous . Voyons comment ces éléments sont présents dans la stratégie du Front national.

  • Paris, capitale du XIXᵉ siècle
    [Exposé de 1939]
    Walter Benjamin.

    http://dormirajamais.org/capitale

    C. Louis-Philippe ou l’intérieur
    (…)
    L’intérieur est l’asile où se réfugie l’art. Le collectionneur se trouve être le véritable occupant de l’intérieur. Il fait son affaire de l’idéalisation des objets. C’est à lui qu’incombe cette tâche sisyphéenne d’ôter aux choses, parce qu’il les possède, leur caractère de marchandise. Mais il ne saurait leur conférer que la valeur qu’elles ont pour l’amateur au lieu de la valeur d’usage. Le collec­tionneur se plaît à susciter un monde non seulement lointain et défunt mais en même temps meilleur ; un monde où l’homme est aussi peu pourvu à vrai dire de ce dont il a besoin que dans le monde réel, mais où les choses sont libérées de la servitude d’être utiles.

  • The Uber-economy f**ks us all: How “permalancers” and “sharer” gigs gut the middle class
    Steven Hill
    http://www.salon.com/2015/10/31/the_uber_economy_fks_us_all_how_permalancers_and_sharer_gigs_guts_the_middle_

    A significant factor in the decline of the quality of jobs in the United States has been employers’ increasing reliance on “non-regular” employees — a growing army of freelancers, temps, contractors, part-timers, day laborers, micro-entrepreneurs, gig-preneurs, solo-preneurs, contingent labor, perma-lancers and perma-temps. It’s practically a new taxonomy for a workforce that has become segmented into a dizzying assortment of labor categories. Even many full-time, professional jobs and occupations are experiencing this precarious shift.
    This practice has given rise to the term “1099 economy,” since these employees don’t file W-2 income tax forms like any regular, permanent employee; instead, they file the 1099-MISC form for an IRS classification known as “independent contractor.”

  • Les fauteurs de guerre civile
    Antoine Peillon
    https://blogs.mediapart.fr/antoine-peillon/blog/170516/les-fauteurs-de-guerre-civile

    Le courage de la vérité n’est jamais donné. Il y a dix ans, dans une somme particulièrement lucide sur notre monde, La Dissociété , Jacques Généreux avait pris le parti de dénoncer ce qu’il comprenait déjà comme une guerre civile. Dans le même sens que Giorgio Agamben, il dénonçait la stratégie de l’État de sécurité, de cet état d’urgence qui a, en réalité, « bien du mal à faire reculer la violence globale puisqu’elle n’en combat jamais les causes », et qu’en conséquence « le risque est grand de devoir indéfiniment consentir de nouvelles dépenses et renier les libertés publiques, sans effet notable sur l’insécurité réelle comme sur le sentiment d’insécurité ».

  • Cannes 2016 : Laura Poitras, sur écoute, à l’écoute

    http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2016/05/20/laura-poitras-sur-ecoute-a-l-ecoute_4923110_766360.html

    Laura Poitras travaillait depuis 2011 à un film documentant le travail de WikiLeaks, lorsqu’elle reçut le premier mail de « citizenfour ». « D’observatrice, je suis devenue participante », dit la réalisatrice. Citizenfour servait de signature à Edward Snowden, qui avait choisi la documentariste, parmi tous les habitants de la planète Terre, comme destinataire des données extraites (ou volées, selon l’idée que l’on se fait de la sécurité du monde) des ordinateurs de la National Security Agency.

    Pour Laura Poitras, l’épisode Snowden s’est clos à l’automne 2014, par la sortie du film Citizenfour, relation à la fois méticuleuse et subjective de la cavale de l’ex-agent américain et de son impact sur le monde. Elle est alors retournée à ce travail, laissé en chantier, et a retrouvé Julian Assange dans les locaux de l’ambassade d’Equateur, à Londres. Les deux collaborateurs de la réalisatrice, la Britannique Sarah Harrison et l’Américain Jacob Appelbaum, s’étaient imposés un exil en Allemagne, de peur d’éventuelles poursuites dans leurs pays respectifs.

    Ils étaient tous deux présents à Cannes, à la fin de la projection de Risk, terminé l’avant-veille de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs, cinq ans après sa genèse. Après une ovation vigoureuse pour une projection aussi matinale, Sarah Harrison et Jacob Appelbaum ont lu un texte appelant à la libération de Julian Assange, toujours cerné par la police britannique, dans cette ambassade dont il n’est pas sorti depuis bientôt 2 000 jours.

    Messagère et portraitiste

    Quelques instants plus tard, Laura Poitras revient sur les origines tumultueuses de Risk, qui ne se devinent pas à la vision de ce film rigoureux, que l’on croirait parfois écrit par un scénariste retors. La cinéaste le présente comme une « préquelle– récit des origines – de Citizenfour ». Elle fait remarquer ce moment étrange où, quelques mois avant qu’Edward Snowden ne surgisse sur la scène internationale, Julian Assange prédit que de jeunes employés des agences de sécurité, façonnés par d’autres idéologies que leurs aînés, rejoindront le combat contre le secret et la surveillance universels. « On presse sur avance rapide, et on obtient Snowden », dit-elle en riant.

    En 2012, Laura Poitras s’installe à Berlin, lasse du harcèlement des autorités américaines qui la détenaient des heures à chacune de ses entrées et sorties du territoire national (elle pense que son travail en Irak et au Yémen est à l’origine de ces mesures). Elle se rend en Allemagne dans l’intention de « protéger le matériau que [j’]avais réuni sur WikiLeaks, et le monter ». Bientôt, elle apprend, entre autres avec Jacob Appelbaum, spécialiste de l’encryption et des contre-mesures d’espionnage numérique, à se sentir chez elle dans ce monde de geeks militants. Sans le savoir, elle se prépare à devenir la messagère et la portraitiste de Snowden.

    Pendant le montage de Citizenfour, elle a pensé inclure les éléments tournés avec Julian Assange et ses collaborateurs. « J’ai compris qu’il y avait en fait deux films », dit-elle pour expliquer sa décision de reprendre le tournage, de montrer Assange affaibli par l’enfermement, mais toujours aussi combatif. Une séquence empruntée à une source extérieure montre la rencontre entre le militant australien et Lady Gaga, qui essaie de le faire parler de ses sentiments. « Je ne suis pas normal », dit Assange à la chanteuse.

    Cet homme tout entier voué à une cause dont, à voir le film, on ne sait pas toujours si elle est sa propriété ou celle du genre humain, a manifestement fasciné la cinéaste d’une tout autre manière qu’Edward Snowden, qu’elle filmait avec une évidente affection. Mais Laura Poitras se refuse à établir le tableau comparatif entre les deux hommes, laissant ce soin aux spectateurs.

    La caméra, outil citoyen

    A la fin de Risk, on entend l’enregistrement d’un agent du bureau new-yorkais du FBI, qui définit Laura Poitras comme une « cinéaste anti-américaine ». Elle a intenté une action en justice pour avoir accès à son dossier, et certains éléments lui sont parvenus. Elle est revenue vivre et travailler aux Etats-Unis, où elle a récemment présenté, au Whitney Museum (New York), une série d’installations autour d’éléments de ses films. « Je sais bien que les musées sont par définition des institutions qui édulcorent le contenu politique des œuvres, reconnaît-elle. Le cinéma a un impact plus brut. »

    La sortie de Risk clôt pour Laura Poitras le chapitre de son œuvre consacré à la surveillance et au secret. Le cinéma reste pour elle un outil citoyen, et elle se consacre ces temps-ci au site Fieldofvision.org, qui veut, comme au temps des actualités filmées, se servir du cinéma pour montrer, en temps réel, les bouleversements du monde.

  • Sleep-Worker’s Enquiry
    Rob Lucas
    https://endnotes.org.uk/en/endnotes-sleep-worker-s-enquiry

    This morning, floating through that state between sleep and consciousness where you can become aware of the content of your dreams immediately before waking, I realised that I was dreaming in code again. This has been occurring on and off for the past few weeks — in fact, most times I have become aware of the content of my unconscious mind’s meanderings, it has been something abstractly connected with my job. I remember hearing the sound of the call centre in my ears as I would drift in and out of sleep when that was my job, and I remember stories from friends of doing an extra shift between going to sleep and waking — of the repetitive beeps of a supermarket checkout counter punctuating the night. But dreaming about your job is one thing; dreaming inside the logic of your job is quite another.

  • État et Silicon Valley, une servitude volontaire
    Evgeny Morozov
    http://blog.mondediplo.net/2016-03-31-Etat-et-Silicon-Valley-une-servitude-volontaire

    Tout indique que le capitalisme démocratique — cette créature étrange qui prétend concilier économie capitaliste (la loi d’une minorité minuscule) et démocratie parlementaire (la loi de la majorité) — traverse une nouvelle « crise de légitimité », pour reprendre la formule popularisée par le philosophe allemand Jürgen Habermas au début des années 1970. L’expression désigne l’abîme qui sépare les objectifs déclarés de nos institutions — égalité des droits, justice, équité — et une réalité politique autrement moins noble, où ces mêmes institutions constituent souvent le principal obstacle à la mise en œuvre concrète des valeurs qu’elles proclament .

  • « Dans l’horrible situation où nous sommes, faire entendre la voix de la vérité »
    Sophie Wahnich
    http://www.vacarme.org/article2886.html

    La logique de Robespierre est celle d’une cité rachetée par une minorité qui peut avoir raison contre la majorité ; un seul, même, peut avoir raison contre tous et ainsi sauver la cité en la libérant de l’erreur, grâce à sa sensibilité et à son courage.
    Vouloir contre cette raison de l’événement libérateur faire un sondage, un référendum, ou fabriquer du discrédit, c’est toujours récuser l’épreuve intempestive de la vérité.

  • À vous, Monsieur le témoin venu déposer devant la cour d’assises
    Pascale Robert-Diard
    http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2016/05/11/a-vous-monsieur-le-temoin-venu-deposer-devant-la-cour-das

    Vous avez répondu aux questions pendant plus d’une heure. Des bancs du public, on ne voyait que votre dos, qui se tendait de plus en plus sous la veste. Vous êtes chef d’entreprise. Tout en vous dit l’homme aisé, bon vivant, plutôt sûr de lui dans la vie ordinaire.
    Vous ne connaissiez sans doute de la justice que celle que l’on voit dans les films ou lit dans les romans policiers. C’était votre première vraie rencontre avec elle. Vous deviez avoir à son égard ce mélange assez commun de défiance et de respect.

  • Non mixité : l’agressivité des agressées
    Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2016/04/21/mixite-lagressivite-agressees

    C’est à chaque fois stupéfiant pour moi et tellement blessant ; une femme parle de son viol et de son agression mais elle devrait encore se préoccuper des sentiments des hommes qui écoutent. Ce qui devient le plus important n’est pas le fait de trouver un moyen de mettre fin aux agressions et au viol mais de ne pas blesser les hommes qui écoutent.

  • L’Humanité et les épluchures de ma daronne
    Nadir Dendoune
    http://www.lecourrierdelatlas.com/1130503052016La-chronique-du-Tocard.-L-Humanite-et-les-epluchure

    Au début, j’avais du mal. J’avais 14 ans. Quelques poils sur le Cric. C’était écrit en minuscule. Les articles étaient immenses. Les phrases duraient et duraient : y avait des mots longs comme une ligne de chemin de fer en grève, alors, au départ, je ne lisais que les pages qui parlaient sport et parfois celles de cinéma.
    À l’époque, la lecture, c’était pas mon truc. Je préférais la télé, l’opium des pauvres. Et j’étais pas aidé par les bouquins qu’on nous proposait à l’école. Les profs nous prenaient pour des fils à papa : ils croyaient que nos parents illettrés avaient construit des grosses bibliothèques dans nos apparts exigus.
    Et puis, comme y avait pas de différence entre les « classes », on avait droit au programme pour tous, à base de Voltaire, Proust ou Baudelaire. Chiant à en mourir d’ignorance... Alors pouvoir lire quelques papiers dans l’Humanité , c’était déjà un miracle. Je prenais des plombes à venir à bout d’un article.

  • De quoi le syndicalisme est-il le nom ?
    avec Julian Mischi et Christian Corouge - Librairie Tropiques
    http://www.librairie-tropiques.fr/2016/02/de-quoi-le-syndicalisme-est-il-le-nom-avec-julian-mischi-et-chri

    Au moment où dans sa grande tradition le parti socialiste français prétend (au sens propre) "achever le travail", les classes populaires et le droit du travail, en liquidant les conquêtes sociales opiniâtrement arrachées par des générations de travailleurs et de militants politiques et syndicaux, il semble opportun de s’intéresser à ce qui résiste à ce courant réformiste “décomplexé” qui identifie les entreprises au grand patronat et aux actionnaires.
    Comment s’impliquer efficacement dans une action sociale collective, réellement progressiste et émancipatrice, où comment et pourquoi, dans l’état de délabrement général de la classe politique et de ses clercs, le syndicalisme est la seule réponse à la question : “Que faire ?”

  • « Le problème, c’est vous »
    Pablo Iglesias
    http://www.fakirpresse.info/le-probleme-c-est-vous-1006

    C’est comme ça que l’ennemi nous veut, petits, parlant une langue que personne ne comprend, minoritaires, cachés derrière nos symboles habituels. Ça lui fait plaisir, à l’ennemi, parce qu’il sait qu’ainsi nous ne représentons aucun danger.
    Nous pouvons avoir un discours très radical, dire que nous voulons faire une grève générale spontanée, parler de prendre les armes, brandir des symboles, trimbaler dans nos manifestations les portraits des grands révolutionnaires. Ça fait plaisir à l’ennemi ! Il se moque de nous !
    Mais quand on commence à rassembler des centaines, des milliers de personnes, quand on commence à convaincre la majorité, même ceux qui ont voté pour l’ennemi avant, c’est là qu’il commence à avoir peur.
    Et c’est ça qu’on appelle la politique.
    C’est ça que nous devons apprendre.

  • Mon ami @julien1 me parle beaucoup de Jacques Drillon en ce moment notamment son Traité de la ponctuation française qu’il faut absolument que je lise et qu’il avait déjà mentionné dans je ne sais plus quel fil. Toujours est-il qu’au cours de notre discussion, il me fait découvrir cette très belle tribune du même Jacques Drillon dans Libération et qui date d’il y a presque vingt ans. C’est d’une clarté sans âge hélas tant ce texte me paraît tellement d’actualité, surtout en regard de la place que nous refusons de faire aux réfugiés. Les faits auxquels se rapporte cette tribune sont assez flous dans mon esprit, ils me rappellent vaguement quelque chose, à l’époque je vivais en Angleterre, je suis suivais l’actualité française de façon plus que lâche.

    Libération
    Vendredi 26 décembre 1997, page 5

    REBONDS
    Qui a « mérité » la France ?

    DRILLON Jacques

    Alors qu’à l’Assemblée on décidait d’accorder automatiquement la nationalité française à tout enfant d’étranger né sur le sol national, la droite défilait, le 6 décembre à Nice, sous une banderole, sur laquelle une main, sans doute blanche, avait écrit : « La France se mérite. »

    Cela ne manque pas de piquant ; car, enfin, qu’ont-ils fait, ce coiffeur, cet avocat, ce chauffeur de taxi marchant côte à côte pour « mériter » la France ? Leur a-t-on fait passer un examen ? Leur a-t-on imposé des épreuves, un parcours initiatique ? En quoi la droite niçoise a-t-elle « mérité » la France ? Les fils d’étrangers auraient - à la rigueur - une supériorité sur eux : leurs parents sont venus en France, eux ! Ils se sont déplacés ! Volontairement ! Tandis que le père de Jean-Louis Debré est resté où on l’a posé.

    Cette banderole manque d’autant moins de piquant que toute l’idéologie de la droite repose sur l’idée d’héritage, c’est-à-dire de l’immérité absolu ! Dès lors qu’il apparaît au milieu du cercle de famille le petit de bourgeois se trouve riche sans avoir déclaré sa volonté expresse de le devenir (ni levé le petit doigt pour l’être). On s’empresse de le baptiser, sans qu’il l’ait demandé non plus. Il porte le nom de son père parce que c’est l’habitude, bien avant de savoir ce que c’est, un nom, voire une particule. Surtout, il est français, automatiquement. Sous l’Ancien Régime, on appelait cela des privilèges. Ne nous étonnons pas que la droite ne veuille pas les céder à des fils de bougnoules, et pour rien, par-dessus le marché !

    Les clampins de la manifestation niçoise n’ont donc pas « mérité » la France. Ils en auraient même démérité, avec leur désespérante incurie, leur individualisme furieux (payer l’impôt les rend malades : ils n’ont toujours pas compris à quoi cela servait), leur inculture crasse, leur haine des oeuvres et des hommes... Ceux qui défilaient à Nice sont ceux qui se ruent sur l’huile, la farine et l’essence dès que les camionneurs et les cheminots se mettent en grève. Ils disent que la France se mérite, mais ils mettent leurs enfants à l’anglais obligatoire dès les premiers pots de Blédine. Ils disent que la France se mérite, mais ils passent leurs soirées devant la télévision. Ils privatisent, ils gagnent de l’argent en plaçant celui qu’ils ont déjà, ils enverraient bien les chômeurs aux travaux forcés, s’ils pouvaient. Mériter la France, pensent-ils, cela consiste probablement à construire des milliers d’immeubles sur le littoral méditerranéen. Ils vont à l’Opéra-Bastille (pour voir quoi ?), lisent (ou offrent) le dernier Goncourt, mais voudraient bien supprimer le CNRS. Ils se plaignent de ce que les jeunes ne sachent plus l’orthographe, mais trouvent qu’il y a trop de monde à l’université. La droite française est absolument foutrale, et le manifestant niçois plus stupide encore.

    Et pourtant, tous ces pauvres gens, on les garde avec nous. La France n’est leur pays que par hasard, ils ne l’ont pas méritée, et on ne va pas la leur donner. Mais soyons magnanimes : on la leur prête.

    Jacques Drillon est journaliste et écrivain ; dernier livre paru : « Children’s Corner », 1997, Gallimard.

  • A Hollow Democracy
    Israel has never extended democratic liberties to Palestinians. Now it is beginning to deny them to its Jewish citizens as well.
    by Matan Kaminer
    https://www.jacobinmag.com/2016/04/israel-democracy-knesset-palestine-occupation-bds

    But the democratic public sphere available to Jews in Israel has been under attack in recent years, and in recent months it has been shrinking rapidly.

    At the head of the offensive stands Im Tirtzu, a non-governmental organization which began operations in 2008 with a campaign for censoring critical academics, before moving in 2010 to target Israeli NGOs which had provided evidence on human rights violations in Gaza for the United Nation’s Goldstone Report.

    Im Tirtzu and other right-wing NGOs funded by wealthy American donors live in close symbiosis with politicians in both Prime Minister Benjamin Netanyahu’s Likud party and its ally, the religious-nationalist Jewish Home.

  • What Happened Miss Simone! Vostfr - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=rKTrXks919s

    Le film de ce soir !

    Artiste légendaire et militante passionnée des droits civiques, Nina Simone a marqué son époque autant que son époque l’a marquée. Comment une enfant prodige du piano est-elle devenue une icône controversée du Black Power ? En mêlant archives rares, témoignages de proches — dont la propre fille de Nina — et bandes audio exclusives, What Happened, Miss Simone ? retrace le parcours hors-norme d’une des artistes les plus appréciées et les moins comprises du XXe siècle. Principalement raconté à la première personne, un récit de vie épique et personnel signé par la réalisatrice nommée aux Oscars Liz Garbus.

    #Nina_Simone #musique #documentaire

  • « Nuit debout contre le grand vide »
    Emmanuel Todd
    http://www.fakirpresse.info/emmanuel-todd-nuit-debout-contre-le-grand-vide

    Je milite pour la mise à mort de ma génération. Donc, l’idée d’un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques, ça ne me déplait pas. C’est pour cette raison que l’éviction de Finkielkraut m’est apparue comme une bonne nouvelle. Jusqu’ici, je trouvais les jeunes trop gentils, au vu de la domination qu’ils subissaient.

    • Morceaux choisis et légèrement édités :

      hommes politiques méprisables et creux (mais il dit pas femmes politiques, je ne sais pas si c’est voulu bien qu’il y ai Marine Le Pen, Laurence Rossignol ou Christine Boutin)

      Les journalistes, qui certes appartiennent à des grands groupes, liés à l’argent [...] savent qu’ils donnent la parole à des hommes politiques méprisables, inexistants, tellement creux [...] et ce qui se dit, ce qui se passe place de la République [...] ça vaut toujours mieux que ce grand vide.

      La disparition programmée du PS

      Je rêverais de la mise à mort du PS. C’est peut-être ce que va nous apporter Hollande, il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste. Et il existe désormais un boulevard à gauche.

      Le pouvoir des vieux, à bas !

      le suffrage universel devient un mode d’oppression des jeunes par les vieux, qui décident d’un avenir qu’ils n’auront pas à habiter. Je milite pour la mise à mort de ma génération. [...] l’idée d’un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques ne me déplait pas.

      Organisé ou pas organisé ? en tout cas, sans hiérarchie et sans pouvoir, mais... avec une stratégie sinon, c’est mort.

      Ces générations sont nées individualistes [...] Et la volonté de ne pas s’organiser est presque élevée au rang de religion.
      Mais c’est terrible parce que s’ils savaient [...] à quel point les mecs en face d’eux, les patrons, l’Etat, le Parti socialiste [mais pas LR ?], les banques sont organisés. Ce sont des machines. [...] je me souviens de la leçon de Lénine : « Pas de révolution sans organisation » !

      *