• Enveloppe architecturale et ventilation naturelle | Michel Delplace (ANMA) & Pascal Gontier
    https://topophile.net/rendez-vous/enveloppe-architecturale-et-ventilation-naturelle-michel-delplace-anma-pa

    La ventilation naturelle constitue un sujet actuel majeur de la conception des bâtiments. L’exposition se propose d’en étudier les origines très anciennes comme les développements les plus récents, au travers d’exemples concrets, en particulier dans les écoles de la ville de Rosny-sous-Bois. L’événement est adossé à un CM et un TD de L6 menés par... Voir l’article

  • Où il est question des JO de 2024, du groupe SOS, de Médecins du Monde, d’appel d’offres, de mise en concurrence, de social business, de mutation du monde associatif, de financiarisation, de nudge, de marchandisation, de quantification mais surtout de ce qui est en œuvre dans le monde associatif depuis une bonne vingtaine d’années : une déshumanisation au profit d’indicateurs comptables…

    Sortie du 1er rapport de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations (Février 2023)

    « Marchandisation et financiarisation des associations », titre le premier rapport de l’Observatoire citoyen de la marchandisation des associations (OCMA). Cet observatoire, impulsé par le Collectif des associations citoyennes, porté par une quinzaine d’associations et de réseaux et une dizaine de chercheuses/chercheurs, a été créé le 11 septembre dernier.

    Son premier rapport vise à étayer un constat : les associations sont de plus en plus poussées vers le marché.
    Appels d’offre, appels à projet, brident l’initiative associative.

    L’arrivée depuis les années 2010 de la notion d’investissement à impact social transforme l’association en produit d’investissement financier. 

    L’entrée dans l’économie sociale et solidaire des entrepreneurs sociaux détourne cette économie de sa capacité à porter une critique du système économique néolibéral, à sortir d’un modèle de croissance qui nous met en péril face aux enjeux écologiques et sociaux.

    Au-delà de ce constat, la volonté de l’observatoire est de pousser plus loin son décryptage en ouvrant un espace de croisement entre acteurs associatifs et chercheurs/chercheuses pour penser la place des initiatives citoyennes et renforcer leur capacité à proposer des alternatives, dans ce contexte

    http://www.associations-citoyennes.net/?p=16741

    le rapport (86 pages)

    http://www.associations-citoyennes.net/wp-content/uploads/2023/02/RapportMarchandisation-web-17f%C3%A9v2023.pdf

    Extraits :

    La fin du compromis fordien (Page 17)

    Il faut définir quel fut le contrat social antérieur pour mieux saisir les conditions de la rupture introduite actuellement. En effet, tout au long du 20ème siècle, dans les pays industrialisés en mesure de fabriquer les produits de consommation de masse dont avaient besoin les populations, il fut convenu de payer suffisamment les salariés pour qu’ils puissent acquérir ces produits. C’est ce qu’on appelle le compromis fordien (Henry Ford souhaitant que ses employés puissent acheter eux-mêmes les voitures qu’ils produisaient). Bien sûr, ce contrat social, qui venait à restreindre au sein du capitalisme le volume de la captation de la plus-value par les investisseurs financiers, existait aussi par la concurrence idéologique que lui imposait le socialisme, dont il fallait se démarquer des promesses de lendemains radieux en offrant l’accès dès aujourd’hui au consumérisme. De manière corollaire, le compromis fordien s’interdit à l’époque de se faire de l’argent sur les actions envers les pauvres et les malades et sanctuarisa alors le secteur de la solidarité contre toute marchandisation. Bien sûr, ne serait-ce que dans le secteur de l’action sociale, une partie marchande existait déjà. Il suffit de ne penser par exemple qu’aux crèches et aux maisons de retraite privées. Mais jusqu’ici, il restait conçu que cette marchandisation ne pouvait s’exercer que sur la portion solvable du secteur. Il semblait que, par définition et par décence, le marché ne pouvait pas s’attaquer à certains domaines, notamment ceux de la protection de l’enfance et de la précarité. Depuis la chute du mur de Berlin (1989) et des régimes communistes qui s’ensuivit, le capitalisme ne possède plus d’adversaire idéologique. Il peut alors revenir à l’une de ses tendances les plus profondes, la maximalisation immédiate de ses profits. Fin alors du compromis fordien (abrogation par exemple de l’indexation des salaires sur l’inflation) et glissement de plus en plus fort du capitalisme industriel vers le capitalisme financier et spéculatif. Ce dernier, dopé en plus par la faiblesse des taux d’emprunt, dispose désormais d’une force d’investissement énorme. Face à la faiblesse progressive du pouvoir d’achat des salariés, ce qui limite l’accès à la consommation des biens, ce nouveau capitalisme se lance à la recherche effrénée de nouveaux marchés. Pour en trouver, il lorgne désormais sur les domaines auparavant préservés de la santé, du social, de la culture et de l’humanitaire.

    Eric Denoyelle du collectif pour une éthique en travail social

    L’appel à projet vu du terrain (Page 18)

    « Ce système oriente les choix associatifs qui ne décident plus des thématiques sur lesquelles elles estiment nécessaire de travailler en fonction des observations de terrain. Ce sont les financeurs qui décident de ce qu’ils vont financer. Nous passons un temps fou à aller chercher ces financements, à faire des bilans à mi-étape, des bilans à la fin. Les associations doivent embaucher spécialement des personnes entièrement dédiées à cette mission, c’est ce qu’on appelle le fundraising ; les fundraisers sont là pour chercher de l’argent. Au sein du MRJC, mouvement géré uniquement par des jeunes de moins de 30 ans, nous n’avons pas toujours les compétences techniques pour remplir ces dossiers hyper-complexes. Par ailleurs, ces appels à projet courent sur six mois, un an maximum. Nous montons une action, nous cherchons des jeunes et puis au bout de six mois, il n’y a plus d’argent donc nous devons passer sur un autre projet, dire au revoir aux jeunes du projet précédent et en rechercher d’autres... Nous n’avons plus de possibilité de travailler sur le long terme, mais sur une succession de projets à court terme. Enfin, l’appel à projet n’est qu’une petite partie de notre travail. Au MRJC nous avons, par exemple, une vie démocratique importante, c’est aussi une manière de travailler l’émancipation. Aujourd’hui personne ne finance cette vie démocratique. Personne ne finance, par exemple, nos assemblées générales qui rassemblent des centaines de jeunes de toute la France pendant cinq jours. Nous devons trouver d’autres moyens pour financer ces temps riches mais qui n’intéressent aucun financeur. Ces obstacles découragent l’engagement. Nous devenons des sortes de prestataires au service des financeurs qui nous indiquent sur quels projets nous devons travailler. Enfin, dans ces appels à projet, nous pouvons nous retrouver en concurrence non seulement avec les autres associations mais aussi avec des entreprises ou des startups qui s’inscrivent sur le même projet tout en ayant de meilleures compétences pour y répondre puisque leurs cadres sortent des écoles de commerce ».

    Maël Pousset du MRJC lors du lancement de l’Observatoire à la fête de l’Huma le 11 sept 2022.

    Les associations soumises à la concurrence (Page 20)

    De nombreux exemples éclairent cette réalité comme l’appel d’offre lancé début 2021 pour une plateforme d’écoute à destination des femmes victimes de violence alors qu’existe depuis 1992 un réseau de 73 associations réunies dans la fédération nationale solidarité femme qui gère le numéro 3919 destiné à cette écoute. Cet appel a donc ouvert un marché concurrentiel là où la coopération fonction- nait depuis longtemps et qu’elle aurait pu être soutenue, voire développée pour répondre aux besoins. Devant le tollé général, l’Etat a reculé mais sans cette réaction, l’installation d’un nouvel opérateur et la perte de 30 ans d’expériences accumulées par l’organisation en place auraient pu être acté. « L’épisode est caractéristique d’une évolution sensible du positionnement administratif français : les associations ne sont plus là pour œuvrer pour l’intérêt général, elles ne le sont même plus pour pallier les carences du marché ; lorsque ce dernier n’existe pas, faute de perspective de rentabilité immé­diate, il est devenu impératif de le créer artificiellement, sans s’interroger sur l’impact que la concurrence pourrait avoir sur la qualité du service rendu aux femmes », soulignait le Haut Conseil à la vie associative.
    En réalité, ce genre de situation se produit déjà et, en l’absence de réaction, des associations historiques sont écartées d’un secteur au profit d’opérateurs plus puissants et dont l’offre parait plus intéressante pour les pouvoirs publics. Dans le Maine-et-Loire, en 2017, des associations historiques de la protection de l’enfance ont ainsi été toutes écartées à la suite du lancement d’un nouvel appel à projet par le département. Ce dernier a remis en cause toutes les conventions passées. De grosses associations comme SOS village d’enfants et les Apprentis d’Auteuil, jusqu’alors peu présentes sur ce territoire, ont récupéré « le marché », leur proposition pouvait pour certaines être bonnes, mais les travailleurs sociaux sur le terrain expliquaient que cela remettait à plat tout leur travail de réseau, de création de partenariat, de connaissance mutuelle, de culture professionnelle, toute leur histoire et expérience accumulée...

    La marchandisation vue des associations culturelles (Page 21)

    « Nous sommes dans le secteur culturel dans un contexte de concentration gigantesque dans les médias, la musique, l’édition. Du côté des pouvoirs publics, on pousse toujours plus les institutions culturelles à faire plus de recettes marchandes, à augmenter les prix, à chercher du mécénat ce qui représente aussi des impôts en moins puisque l’entreprise qui donne peut défalquer jusqu’à plus des deux-tiers sur ses impôts. Sur notre secteur, nous faisons une enquête tous les dix ans sur le secteur associatif employeur. Nous observons que le mode de contractualisation classique entre la puissance publique et les associations du secteur culturel, c’est la subvention qui interdit la commande publique, respecte le projet, c’est le mode naturel de partenariat et de co-construction. Depuis 10 ans, nous sommes passés de 50% de subventions à 30% de subventions et les recettes marchandes augmentent de plus en plus. La différence est énorme entre un projet marchand et un projet non- marchand, ce ne sont pas du tout les mêmes projets, ils ne s’adressent pas du tout aux mêmes personnes, les projets associatifs sont phagocytés en fonction des politiques publiques locales. C’est une perte de liberté et de démocratie. Il faut toutefois faire une différence entre les associations. Dans le secteur culturel, il y avait 250 000 associations culturelles il y a dix ans ; il en existe 350 000 aujourd’hui. Parmi elles, 40 000 sont employeuses, ce sont elles qui sont concernées par les phénomènes dont je parle. C’est donc paradoxal puisqu’en même temps qu’il y a ce rouleau compresseur libéral, il subsiste une grande dynamique d’émancipation des citoyens et citoyennes qui passent par d’autres moyens d’expression que le modèle porté par les grands mouvements d’éducation populaire, eux aussi laminés, entre autres, par ces phénomènes de marchandisation ».
    Luc de Larminat de l’association Opale, membre de l’USC, lors du lancement de l’Observatoire à la fête de l’Huma le 11 septembre 2022

    La montée de la notion d’entrepreneuriat social (Page 32)

    « Capitalisme inclusif » de Nicolas Hazard, « capitalisme d’intérêt général » de Jean-Marc Borello auxquels pourraient s’ajouter le « capitalisme citoyen » d’Olivia Grégoire ou encore le « nouveau capitalisme » pour Muhammad Yunus, chantre du business social, ces entrepreneurs sociaux organisent un nouvel écosystème qui se revendique de l’économie sociale et solidaire mais en réalité lui retire sa sève : une critique radicale du capitalisme et une approche de l’économie dégagée de l’idéologie néolibérale. A l’inverse, leur modèle s’inscrit dans une critique modérée qui ne le remet pas en cause et au contraire permet de récupérer tout un mouvement profond de la société civile vers une autre économie.

    Chronologie législative et réglementaire (Pages 33, 34, 35)

    Les associations, nouveau marché financier.

    « Les contrats à impact social » (38 à 54)

    – Médecins du Monde, un CIS sans fin
    – Les apprentis d’Auteuil, Un CIS opaque
    – Wimoov, un CIS à la loupe (groupe SOS)

    Les entreprises à missions (Pages 59 à 62)

    Muhammad Yunus veut faire de Paris le « hub » du social business en Europe. « Soutien indéfectible » de la candidature de Paris pour les jeux olympiques, explique le président du centre parisien Yunus. « Il considère que les jeux peuvent être un formidable levier pour l’inclusion sociale, le développement des territoires ». (Page 62)

    Postface (Page 73 à 86)

    Partout la vision d’un monde matériel, numérique et quantitatif, s’est ainsi introduite, d’abord masquée puis de plus en plus autoritaire et assumée. Partout les technologies informatiques et le recours aux chiffres y sont désormais utilisés au service de la gouvernance des choses comme des hommes, qu’ils soient bénévoles, professionnels ou bénéficiaires, entraînant une autre représentation des rapports interhumains, des rapports sociaux et de l’organisation collective.

    Dans ces conditions, foin de l’esprit de service public pour la mise en œuvre de la solidarité nationale, fut- elle confiée depuis très longtemps à des associations de droit privé, qui souvent avaient été innovantes et responsables, avant même l’État et les services publics. Partout, il faut désormais « moderniser » l’action sociale et le travail social, c’est-à-dire rationaliser les fonctionnements. Fini le savoir-être, le savoir-faire ou le plus global « savoir-s’y-prendre », désormais s’impose le « savoir-produire ». Partout travailsocial.fr doit laisser place à travailsocial.com.
    Extrait Page 75. Michel Chauvière. Directeur de recherche émérite au CNRS, CERSA, université Paris 2.

    Le CIS (Contrat à Impact Social) et la disparition de la personne (Pages 79-80)

    Le CIS ne s’intéresse pas à la personne en tant qu’être humain libre et digne. Les mots même de « dignité » et de « liberté » n’apparaissent pas dans les préoccupations du rapport Lavenir alors que l’on nous vante la dimension sociale du CIS !
    La personne est seulement dévorée par la fonction que lui assigne la politique sociale du CIS ! Elle est réduite à l’état de « chômeurs », de « malades », « d’invalides », « d’employés ayant trouvé un travail », de « détenteurs de micro-crédit », de « bénéciaires du RSA » ou de « locataires qui ont obtenu un logement ».
    La personne n’apparaît jamais comme un être d’humanité avec une attention portée à sa dignité et aux mille manières de déployer ses libertés en relation avec les autres. La personne humaine est l’inconnue du CIS. Dès lors, elle n’existe pas comme interlocuteur valable dans la négociation du CIS. Elle n’a rien à dire de sa dignité et de sa liberté.
    On peut ressentir l’ampleur de la disparition de la personne en prenant une situation vécue (et vantée dans un autre rapport sur le CIS) : le projet AILSI porté par Médecin du Monde. Il s’agit de personnes sortant de prison qui se sont vues diagnostiquées des difficultés psychologiques. Elles doivent être accompagnées pour trouver un logement et s’insérer dans la vie après la prison.
    Compris, ainsi, on imagine bien la nécessité d’une politique publique pour soutenir la personne au quotidien.
    Il lui faut lever tous les obstacles qui pèsent sur elle et réduisent sa liberté de faire des choix autonomes. Il faut, aussi, lui permettre de retrouver des signes d’estime et d’être mieux reconnue par les autres malgré son passé. Il va bien falloir être attentif, à chaque instant, à ce qu’elle fait, mais, aussi, à ce qu’elle ressent, ce qu’elle pense, ce qu’elle rêve, ce qu’elle imagine d’elle et des autres. La personne, dans son vécu social, est globalité et donc complexité. La quête de l’intérêt général ne peut pas prétendre le nier.
    Or, le contrat d’impact social est dans le déni complet. Il isole une petite parcelle de la vie de la personne si lourdement accompagnée ! Le dispositif n’a d’yeux que pour un indicateur : l’absence de récidive au bout de 18 mois. C’est tout ! Remboursement et profit assurés si la personne ne retourne pas en prison 18 mois après en être sortie.
    Autrement dit, si la personne accompagnée divorce, perd la garde de ses enfants, ne trouve qu’un travail sordide ou se noie dans l’alcool, le CIS n’est pas du tout concerné, faute d’indicateurs négociés et chiffrés. La personne aura sa vie gâchée, sans liberté, peu de reconnaissance de sa dignité, une faible autonomie mais la politique publique y sera indifférente. Si la personne se suicide, ce sera quand même un succès puisqu’il n’y aura pas eu de récidive ! La politique pourtant qualifiée de « sociale » aura été efficace au vu du seul indicateur qu’elle prend en compte dans le CIS. Voilà bien une étrange « innovation sociale ».
    Sans compter que si la personne récidive dès le 19ème mois, le CIS s’en moque ; sa réussite aura été totale et les remboursements avec profis assurés. Du coup, on se doute que les financeurs privés ont été vigilants pour ne pas placer l’indicateur à 36 ou 72 mois, évitant ainsi de prendre trop de risques !
    Cruel destin pour le « bon » gestionnaire de ce dispositif public qui fait tout pour réduire la personne à un chiffre et ignorer ce qui fait sens et valeur, dignité et liberté, pour elle.

    Jean-Michel Lucas. Membre fondateur du laboratoire de transition vers les droits culturels.

    Le travailleur social qui accompagne la personne n’ignore rien de la complexité de la relation. Le métier est fait de temps d’écoute, d’attention, de « care », et autres manières de cheminer dans le labyrinthe des faits et des pensées. Le métier connaît la nécessité de s’adresser à la personne dans sa globalité, non seulement de ce qu’elle est mais aussi de ce qu’elle voudrait ou aimerait être. C’est dire l’incertitude qui pèse sur la compréhension de l’autre. Pourtant, le métier, sous son meilleur jour, a l’ambition de permettre à la personne de déployer ses libertés réelles de faire des choix, d’accéder à toujours plus de reconnaissance de sa dignité, de parcourir, petit à petit, des chemins d’émancipation ; espérer plus d’autonomie, sans jamais être certain d’y parvenir.

    Jean-Michel Lucas. Membre fondateur du laboratoire de transition vers les droits culturels.

    #Groupe_SOS#Entrepreunariat_social#RGPP#Liberalisme#neo_liberalisme#Marchandisation#associations#ESS#Economie_sociale_solidaire#MDM#Apprentis_d'auteuil#DALO#RIVP#FAP#Mohammed_Yunus#JO-2024#taylorisme#proletarisation#nudge#paternalisme_liberal#sciences_cognitives#LOLF#CIS#Contrat_a_impact_social#mercenariat_associatif#assignation_sociale#3919#Femmes_victimes_de_violences#travail_social

  • Salut,

    je reviens un peu sur Seenthis pour vous inviter à jeter un œil et peut-être soutenir un projet de #jeu_de_rôles sur l’ #Insurrection qui est actuellement en financement participatif :

    https://electric-goat.net/preorders/insurrection

    Ici un podcast qui parle de ce jeu :

    Radio Rôliste 138 : L’INSURRECTION, interview avec Melville et Alexis

    https://www.radio-roliste.net/?p=3118
    https://media.blubrry.com/radio_roliste/s/www.radio-roliste.net/wp-content/uploads/powerpress/RR138-insurrection.mp3

    C’est un jeu qui s’inscrit dans le style de jeu #Belonging_Outside_Belonging et qui est donc sans dès, sans maître du jeu et qui met l’accent sur la narration, sur la construction d’une histoire par l’ensemble des joueuses et joueurs.

    Si vous ne connaissez pas les #Bob (qui sont un dérivé d’ #Apocalypse_World et des #PbtA) je vous conseille cet article et cette émission radio

    Radio Rôliste 116 : Bob fait communauté en marge de la société
    https://www.radio-roliste.net/?p=2125
    https://media.blubrry.com/radio_roliste/s/www.radio-roliste.net/wp-content/uploads/powerpress/RR116_BOB.mp3

    Un guide pour jouer aux jeux Belonging Outside Belonging
    https://www.cestpasdujdr.fr/un-guide-pour-jouer-aux-jeux-belonging-outside-belonging

    #jdr #jeux_de_rôles

    • Voici comment se présente le jeu, je soulignerai que l’un des désirs du jeu est de questionner la manière dont on imagine les #révolution :

      Sans dé ni meneur, L’INSURRECTION se pratique de 5 à 8 joueuses. On y raconte ensemble une révolte, un renversement social, de façon à la fois matérialiste et romanesque.

      #Matérialiste parce qu’il ne s’agit pas d’un récit de héros qui sauvent le monde. Ici, les grandes structures donnent le ton : qu’il s’agisse de l’ordre, du pouvoir, des médias, des religions, du peuple lui même, la grande Histoire n’est pas faite par les individus, mais bien par des entités enchevêtrées dans des rapports de force. Dans le jeu, on appelle ces rôles des emprises, et elles sont incarnées par une partie des joueuses, qui agissent un peu comme des meneurs de jeu qui n’auraient autorité que sur un thème particulier de l’histoire.

      #Romanesque, parce qu’au sein de la grande Histoire, il y a les parcours individuels de personnalités qui vont être percutés de plein fouet par un récit qui les dépasse. Des personnages qui vont essayer de tirer leur épingle du jeu, de s’inscrire dans une lutte qui leur correspond, ou encore de poursuivre malgré les événements un but personnel que le tumulte bouscule. Dans le jeu, on appelle ces rôles des trajectoires, et elles sont incarnées par les autres joueuses, qui vont amener de l’émotion et un regard à hauteur humaine dans tout ce qu’il se passe.

  • Bretagne et diversité | BED
    https://bed.bzh/fr
    Arpenter le monde.
    800 films emblématiques de la diversité culturelle et des minorités.

    Bed a refait sont site... Sa collection de #films s’enrichit, je vais commencer par :
    De la cuisine au parlement

    La route de la cuisine au parlement a été longue et semée d’embûches pour les Suissesses. Quatre générations ont dû se battre pour que l’électorat masculin accorde aux femmes le droit de participation aux décisions politiques. Ce documentaire retrace ce chemin avec sensibilité et humour.

    https://bed.bzh/fr/films/de-la-cuisine-au-parlement

  • Ce best-seller japonais qui défend le « communisme décroissant »
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/020323/ce-best-seller-japonais-qui-defend-le-communisme-decroissant

    Dans « Marx in the Anthropocene », version anglophone élargie d’un ouvrage qui s’est vendu à un demi-million d’exemplaires au Japon, Kohei Saito propose une relecture stimulante de l’évolution de la pensée de #Marx pour défendre un dépassement décroissant du capitalisme.

    (...) « Ce qui doit être dépassé dans une société post-capitaliste, ce n’est pas la rareté en tant que telle, mais les conditions objectives de la rareté sociale spécifique à l’accumulation du capital », insiste Saito.
    Puisque cette rareté sociale est liée à la privatisation de la production, son abolition passe par la mise en place d’une production coopérative où les ressources naturelles sont contrôlées « en commun » dans l’intérêt de la société présente et des générations futures. « Contre la logique de marchandisation du capital (“commodification”), le communisme recherche la “communification” (“commonification”) de la richesse », explique Kohei Saito.
    « Quand Marx dit que les hommes peuvent organiser leur interaction avec l’environnement de manière consciente, il signifie qu’ils peuvent consciemment réfléchir sur leurs besoins sociaux et les limiter si nécessaire », ajoute l’universitaire japonais.
    Marx avait développé la notion de coordination sous le capitalisme. En isolant les travailleurs de leurs produits, le capitalisme a renforcé la nécessité de la coordination. Mais cette coordination se fait par l’intermédiaire de la loi de la valeur centrée sur le travail abstrait. Elle est insaisissable par les travailleurs.
    Kohei Saito estime que le communisme décroissant remplace cette coordination inconsciente par une coordination consciente, par une « planification et une régulation qui empêche la croissance infinie et réduit la production des branches qui portent une consommation extravagante ».
    https://justpaste.it/78ich

    #écologie #rareté #capitalisme #communisme

  • Pour ceusses qui sont dans la BD SF etc : 3h avec Pierre Christin (1/3) | ARTE Radio
    https://www.arteradio.com/son/61675816/pierre_christin_1_3

    Le 2
    https://www.arteradio.com/son/61675828/pierre_christin_2_3

    Et le 3
    https://www.arteradio.com/son/61675840/pierre_christin_3_3

    Né en 1938 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), Pierre Christin est l’un des scénaristes majeurs de la bande dessinée européenne. Souvenons-nous, en premier lieu, de sa saga spatio-temporelle au rayonnement international : « Valérian et Laureline », avec les dessins intersidéraux de Jean-Claude Mézières, dès la fin des années 60. Puis des premiers albums exceptionnels d’Enki Bilal, de « La Croisière des oubliés » à « Partie de chasse », en passant par son préféré : « Les Phalanges de l’Ordre noir », sur la réunion d’anciens membres des Brigades internationales pour un dernier baroud d’honneur contre des terroristes chrétiens.

    #Pierre_Christin #BD #bande_dessinée #littérature #interview

  • The lost nuclear bombs that no one can find - BBC Future
    https://www.bbc.com/future/article/20220804-the-lost-nuclear-bombs-that-no-one-can-find


    Once the missing Palomares weapon had been recovered, a bomb disposal team had to find a way to deactivate it
    (Credit: Getty Images)

    The US has lost at least three nuclear bombs that have never been located – they’re still out there to this day. How did this happen? Where could they be? And will we ever find them?

  • Visual #design #rules you can safely follow every time
    https://anthonyhobday.com/sideprojects/saferules

    You do not have to follow these rules every time. If you have a good reason to break any of them, do. But they are #safe to follow every time.

    – Use near-black and near-white instead of pure black and white
    – Saturate your neutrals
    – Use high #contrast for important elements
    – Everything in your design should be deliberate
    – Optical #alignment is often better than mathematical alignment
    – Lower letter spacing and line height with larger #text. Raise them with smaller text
    – Container borders should contrast with both the container and the background
    – Everything should be aligned with something else
    #Colours in a palette should have distinct brightness values
    – If you saturate your neutrals you should use warm or cool colours, not both
    – Measurements should be mathematically related
    – Elements should go in order of visual weight
    – If you use a horizontal grid, use 12 columns
    #Spacing should go between points of high contrast
    – Closer elements should be lighter
    – Make drop shadow blur values double their distance values
    – Put simple on complex or complex on simple
    – Keep container colours within brightness limits
    – Make outer padding the same or more than inner padding
    – Keep body text at 16px or above
    – Use a line length around 70 characters
    – Make horizontal #padding twice the vertical padding in buttons
    – Use two #typefaces at most
    – Nest corners properly
    – Don’t put two hard divides next to each other

  • After Independence, Algeria Launched an Experiment in Self-Managing Socialism
    https://jacobin.com/2023/02/algeria-independence-self-management-socialism-democracy-coup

    02.02.2023 by Hall Greenland - After the end of French colonial rule, Algeria’s first government began to promote workers’ self-management in the “Mecca of Revolution.” But a backlash by conservative elements led to a military coup that established the regime still in power today.

    There is a famous concluding scene to Gillo Pontecorvo’s classic 1966 film The Battle of Algiers. After witnessing the French paratroopers “win” the battle by a combination of torture and murder over the previous hour and a half, the film climaxes with the residents of the Casbah surging out into the city with their rebel flags and banners blowing in the wind proclaiming independence and freedom for Algeria.

    This was no sop to those of us who like a Hollywood-type happy ending but historical truth. Despite the rout in 1957 of the pro-independence Front de Libération Nationale (FLN) in the actual battle of Algiers, the people themselves went on organizing.

    When the French president Charles de Gaulle made his visit to Algeria in December 1960, the people of Algiers and half a dozen other cities throughout the country exploded into mass manifestations to impress on him their unbreakable determination to be free.
    Popular Power

    It was not the last spontaneous intervention of ordinary Algerians in the fate of their country. When independence came in 1962, most of the million European settlers decided to emigrate rather than live under Algerian rule. They left the country bereft of doctors, engineers, technicians, and teachers.

    They also left behind them a trail of destruction. It was not only the terrorist OAS (Secret Army Organization) which wreaked this vengeance, killing thousands of unarmed Algerians. Farmers and businessmen also destroyed machinery and wrecked buildings as they departed.

    The abandonment and destruction of the settler farms meant that Algeria faced starvation as the settlers had appropriated the best land. In addition, the French counterinsurgency had forced more than two million Algerians off the land as vast swathes of the countryside were cleared of villages and farms for free-fire zones.

    Into this impending famine stepped the hundreds of thousands of Algerian farm workers who took over the abandoned farms and managed them themselves. The harvest was saved. While there were similar takeovers in the towns, the self-management phenomenon was much stronger in the countryside. That said, in the early days, teams of city mechanics were mobilized to go to the farms to repair and service tractors and other machinery.

    This example of workers’ self-management was born of necessity. It did not rely on the leadership and initiative of the FLN, whose cadres had been scattered and driven out of much of Algeria by a French army of half a million soldiers. During the summer of 1962, the FLN split at a conference in Tunisia, further weakening its capacity to act. Just as in 1960, it was the self-organizing Algerian people who saved the day.

    Certainly, one should not idealize this moment excessively. It was a patchy takeover of the European farms and firms. Local democracy wasn’t always perfect: there were many examples of local bigwigs, mafia, and armed mujahideen doing side deals with emigrating European owners or seizing European property. However, in the latter cases, there were often ongoing struggles between the usurpers and local workers for control.

    The spontaneous reality of the summer of 1962 set the stage for the struggle that was to dominate the next three years: direct democracy versus bureaucratic and bourgeois control. To put it another way: the people against a nascent ruling class.
    Radicalization at the Top

    Initially the portents were good. In the struggle for power following independence, the most radical option came out on top, represented by the duo of Ahmed Ben Bella, one of the historic initiators of the war for independence, and Houari Boumédiène, the FLN’s army chief. The newly elected national assembly voted Ben Bella into office as president and Boumédiène as defense minister.

    Ben Bella’s inclination was to make Algeria another Cuba. His coming to power coincided with the arrival in Algiers of the Greek left-wing activist Michalis Raptis, better known as Michel Pablo. As secretary of the Trotskyist Fourth International, Pablo had assembled the first and most important of the European support networks for the FLN, including the organization of underground arms factories to supply the movement with weapons.

    Pablo firmly believed that an essential feature of socialism was the expansion of democracy. On the one hand, he did not think that you could have socialism in an underdeveloped and devastated country like Algeria, because socialism assumed a high level of economic development, which necessarily depended on an international division of labor. On the other hand, Pablo argued that you could lay the groundwork for a future socialism by fostering democratic institutions from the outset.

    Pablo had become an advocate of what he called “autogestion” (self-management) throughout society. He welcomed the spontaneous creation of workplace self-management in Algeria. In his mind, here was a chance (and it was only that) to create a viable alternative to the capitalist or bureaucratic models for developing societies.

    Pablo and Ben Bella struck up an immediate rapport and the new president hired Pablo as an economic counselor. A handful of supporters followed him to Algiers. There were also Algerian militants such as Mohammed Harbi and Omar Belouchrani who were already advocates of self-management.

    For his part, Ben Bella persuaded the Egyptian dictator Gamal Nasser to release a host of Arab communists from his prison camps to work in Algeria. Some of them assisted with schemes for self-management and agrarian reform.

    However, the gathering of this small staff of cosmopolitan revolutionary intellectuals could not conceal the fact that there was no national political force committed to self-management. The FLN was a shambles that was rapidly being rebuilt, attracting as many chancers and opportunists as genuine revolutionaries in the process.

    In addition, the union movement was very much in its infancy, and its leaders were men appointed by Ben Bella and Boumédiène rather than elected by the members. What we might call a culture of political democracy was largely absent.
    Bureaucratic Barriers

    Nevertheless, the early days of free Algeria were hopeful. Ben Bella accepted Pablo’s advocacy for a cancellation of the debts of the peasantry and the suspension and cancellation of the recent sales of European farms and property. He authorized Pablo to draw up the new laws governing the self-managed sector of the economy.

    This resulted in the March Decrees of 1963, which legislated the form that self-management was to take in all former European-owned farms and businesses. General assemblies were to hold the ultimate power, including that of electing the workers’ council. In turn, the council elected the management committee which was in charge of day-to-day matters. The government was to appoint the executive director in agreement with the self-management bodies of an area.

    The government launched implementation of the March Decrees with much fanfare. Ben Bella went on a national tour promoting those decrees, presiding over elections of workers’ councils and holding enthusiastic rallies wherever he went, proclaiming the birth of Algerian self-managed socialism. The Bureau national d’animation du secteur socialiste (BNASS or National Office for the Support of the Socialist Sector) was created to aid the new self-managed bodies and a regular radio program — the Voice of Self-Management — was inaugurated.

    However, the assassination of Ben Bella’s radical foreign minister, Mohamed Khemisti, cut short his national tour as he hurried back to Algiers. Back in the capital, he was subject to lobbying by long-standing comrades, including his old cellmate Ali Mahsas, who was now minister for agriculture. Mahsas argued that firm central supervision of the self-managed farms was essential.

    The original aim had been for the government to favor the self-managed sector with support and investment in order to boost its profitability and productivity: existing yields were about half those of comparable farms in Europe. The Algerian state would use taxes on these farms for local, regional, and national development.

    Yet the party-bureaucracy had other ideas that were essentially parasitical. The ministry took control of farm machinery, marketing, and credit. It established strong links with the directors and management committee presidents. Corruption became rife.

    In addition, the local préfets — officials in the traditional French administrative structure that Algeria inherited — used the farms to help solve unemployment. Often the farms now had four or five times the number of workers compared to colonial times. Ben Bella’s colleagues also persuaded him to put the BNASS under the control of the Ministry of Agriculture and the radio broadcasts were terminated.
    The Struggle for Self-Management

    Pablo and others protested this creeping bureaucratic coup, which basically reduced the self-managed councils and committees to the status of advisory bodies and the workers to that of state employees. As early as August 1963, Pablo wrote to Ben Bella, pointing out that all revolutions soon boiled down to a struggle between democratic and authoritarian tendencies, and he would have to choose his side.

    According to Pablo, it was necessary to free the self-management sector from the ministry’s tutelage and allow it to set-up cooperative bodies in order to market and distribute its products and have control of its tractors and other machinery. Ben Bella’s government would also have to set up an agricultural investment bank to extend credit to the self-managed firms.

    Ben Bella temporized. He authorized Pablo to draft an agrarian reform law redistributing land and encouraging the establishment of cooperatives for Algerian peasants, most of whom didn’t work on the former European farms and subsisted on tiny allotments. Pablo also drafted proposals for local communal councils, which would be a combination of directly elected representatives and delegates from the local self-management farms and enterprises.

    Pablo’s scheme would oblige these communal councils to call regular general assemblies of citizens to guide their work. The councils would form the basis of a federated republic, mobilize the local population for public works, and help draft the overall plan for the economy.

    These initiatives lay in abeyance until the first postindependence national congress of the FLN was held in April 1964. The congress adopted a manifesto, the Charter of Algiers, that Harbi had largely drafted in consultation with Pablo. It proclaimed self-managed socialism to be the goal of the FLN.

    Unfortunately, this rhetorical victory did not result in control of the official party machinery by advocates of self-management or any substantial changes in the government ministries. By this stage, discontent at the bureaucratic counterrevolution in the self-managed sector was building up among the farm workers themselves. In December 1964, it culminated in the second congress of agricultural workers.

    Delegates from the farms dominated this assembly of some three thousand people rather than the handpicked ministry and union representatives. The majority of speakers denounced the bureaucratic abuses and reasserted their demands for more self-management rather than less.
    The Mecca of Revolution

    From late 1964, there was evidence of a wider mass radicalization. A series of union conferences removed the puppet leaders that Ben Bella had appointed in 1962. The new leaders were more in favor of self-management, though understandably suspicious of Ben Bella himself.

    The most dramatic manifestation of this radicalization was the International Women’s Day march through Algiers on March 8, 1965. From the photographic evidence, it is clear that the bulk of the marchers were women from the plebeian ranks of Algerian society. This was no chic parade.

    Henri Alleg was the legendary editor of Alger Républicain, the bestselling (and communist) daily newspaper in the capital, and author of a damning book about his experience of torture at the hands of the French authorities during the independence struggle. He has left a telling anecdote in his memoirs about this march.

    As tens of thousands of women, by Alleg’s count, made their way past the Alger Républicain offices, the staff leaned out of the windows and balconies to cheer and exchange chants with the ululating women. On the opposite side of the street was the Ministry for Agriculture. There the spectators watched stony-faced and in silence.

    In his characteristic way, Ben Bella now began to pivot left despite the continuing attacks in the FLN’s army newspaper on the “atheistic communists” who held influential positions in his government. He signaled that he was about to sack the foreign minister, Abdelaziz Bouteflika, who was a key ally of the army boss, Boumédiène. At the central committee meeting of the FLN in mid-June, he supported a raft of radical motions.

    While Ben Bella was not consistently radical in domestic policies, he did make Algeria, along with Cuba, the strongest supporter of anti-imperialist struggles in the Third World. Movements such as Nelson Mandela’s African National Congress in South Africa, the Angolan MPLA, the Palestinian Liberation Organization, and even the Portuguese anti-fascist alliance opened offices in Algiers and sent cadres and guerrillas there for training.

    Amílcar Cabral, the great Pan-African poet and nationalist leader from Guinea-Bissau, dubbed the Algiers of this period “the Mecca of Revolution” — a phrase that the American historian Jeffrey James Byrne recently borrowed for an extraordinary study of Algeria’s foreign policy during the Ben Bella years. Quite naturally, Che Guevara chose Algiers as his first port of call in his attempt to revive the Congolese revolution.

    As a result of this activity, the Non-Alignment Movement (NAM) selected Algeria as the site for its second conference. All the giants of the anti-imperialist revolutions — from Fidel Castro, Jawaharlal Nehru, and Sukarno to Nasser, Josip Broz Tito, and Ho Chi Minh — were expected to attend or at least send their deputies to the meeting in July. Ben Bella was due to preside.
    Boumédiène’s Coup

    The prospect of this boost to Ben Bella’s prestige, combined with the president’s leftward move and his intention to remove key Boumédiène supporters from their posts, may have been what prompted Boumédiène to stage a coup against Ben Bella. In the early hours of June 19, 1965, a group of soldiers led by the army chief of staff entered the Villa Joly where Ben Bella was living and arrested him.

    Soldiers and tanks took up positions in all the cities and major towns. The coup leader Boumédiène announced an end to “chaos” and a return to order. He denounced figures like Pablo as foreign atheists. The NAM conference was canceled.

    Mahsas, the agriculture minister, naturally supported the coup. The protests against it were for the most part desultory, although Harbi has noted that one of the strongest demonstrations was in the city of Annaba, where “self-management militants . . . mobilized the people by explaining that the putchists were going to put an end to popular democracy.”

    In the streets of Annaba, the Algerian army fired on and massacred its own citizens for the first time. Algeria’s experiment with self-management, hobbled almost from the outset, was now over. Advocates of self-management became hunted men and women, and Pablo had to leave the country.

    Ben Bella remained under house arrest until after Boumédiène’s death in 1978. Harbi also spent time under house arrest, during which he began writing a history of the FLN. After escaping from Algeria in 1973, he went on to become the leading critical historian of the movement.

    During the 1990s, hopes for democratization were quickly dashed as Algeria was plunged into a brutal civil war pitting the military against religious fundamentalists. The army dictatorship persists to this day.

    But so do periodic popular uprisings to establish a genuine democracy. Boumédiène’s ally Bouteflika finally had to resign as president in 2019 after mass protests demanding an end to the dictatorship of the ruling bloc known as le pouvoir (“the power”).

    #Algérie #histoire #révolution #islam #décolonialisation #autogestion #socialisme

  • Pourquoi donner quelque chose contre rien ?
    Alvin W. Gouldner
    Revue du MAUSS 2008/2 (n° 32)

    Un article passionnant qui traite de ce que l’auteur, Alvin W. Gouldner, nomme la norme de bienfaisance (nous devons donner ou recevoir l’aide dont on a besoin, contre rien), par opposition à la norme de réciprocité (nous devons aider ceux qui nous viennent en aide)

    Quelques extraits pour donner envie (mais ça vaut le coup de tout lire) :

    Il n’est pas excessif d’affirmer que bien peu de sociétés autres que la nôtre ont voué un tel culte à cette idée selon laquelle l’homme n’a droit qu’à ce qui lui est dû. Le marché ne constitue-t-il pas l’une des institutions les plus rationnelles que l’histoire ait développée pour assurer la combinaison des prestations réciproques entre les personnes ? Ne confie-t-elle pas non pas aux hommes, mais à un mécanisme impersonnel le soin de déterminer ce qui revient à chacun au regard de sa contribution propre ? Qu’un tel mécanisme n’ait pas suffi à instaurer la paix dans le monde industriel est un fait historique indéniable qui, en partie, montre bien les insuffisances de la norme de réciprocité ou de la conformité aux droits statutaires pour maintenir la stabilité des systèmes sociaux.

    (...)

    Lorsque l’on analyse la fonction de maintien des systèmes sociaux qu’exercent les normes de bienfaisance, l’une d’entre elles mérite une attention toute particulière. La norme de bienfaisance peut en effet constituer un mécanisme permettant de briser les cercles vicieux de la réciprocité. Il est fréquent, dans les systèmes sociaux régis par la norme de réciprocité, qu’une aide non retournée soit ressentie et de fait communément considérée comme un comportement hostile. Cela conduit souvent le partenaire lésé à rendre la pareille, ce qui, par voie de conséquence, conduit l’autre à se comporter de manière hostile, et c’est ainsi que leur interaction s’enferre dans un jeu de représailles et de conflits mutuels inextricables, au point qu’ils deviennent totalement étrangers l’un à l’autre. Il est extrêmement difficile de mettre un terme à de tels cercles vicieux. L’un des seuls moyens de s’en extirper consiste à faire preuve de magnanimité : l’un des partenaires doit « tendre l’autre joue », « tourner la page ». C’est justement cette magnanimité que la norme de bienfaisance encourage. En effet, dès lors qu’une telle norme est explicitée et reconnue, toute personne qui la fait sienne pourra « passer l’éponge » sans pour autant se considérer comme faible ou lâche. Elle pourra même, au contraire, penser qu’elle est d’une certaine façon supérieure et (du moins moralement) plus forte que son partenaire.

    Ce qui prend ici l’apparence d’une manifestation spontanée de magnanimité, résultant des motivations personnelles d’un individu singulier, a donc pour origine une norme culturelle. Lorsque quelqu’un passe pour être capable de s’extraire de tout un ensemble de forces sociales contraignantes qui l’enferment dans de tels cercles vicieux, de ne pas rendre coup pour coup, insulte pour insulte, il est souvent, et à juste titre, considéré comme quelqu’un qui possède des qualités personnelles hors du commun, comme s’il avait l’étoffe d’un héros. Il apparaît comme le héros de l’interaction. Sans pour autant minorer la signification et la valeur individuelle d’un tel acte – car tous les individus ne saisiront pas de telles opportunités avec le même empressement et le même courage –, reste que c’est avant tout le code moral, à travers sa dimension de bienfaisance, qui donne à l’individu, par ailleurs disposé à en faire usage, la force de s’arracher lui-même librement à de tels cercles vicieux.

    Les normes de bienfaisance servent également de « mécanisme de démarrage », en contribuant à initier les interactions sociales. Dans mon article précédent, je suggérais que la norme de réciprocité peut par elle-même jouer ce rôle dans la mesure où elle permet de moins hésiter à faire le premier pas. De façon comparable, mais avec plus de force encore, les normes de bienfaisance sont susceptibles d’exercer un tel rôle. En effet, elles incitent l’individu à donner sans que son geste soit motivé par la perspective d’une prestation en retour. On pourrait à cet effet recourir à une analogie un peu facile : la norme de bienfaisance est la clé de contact qui met en mouvement le mécanisme de démarrage – la norme de réciprocité –, qui à son tour fait tourner le moteur – le cycle des échanges mutuels. Mais si cette analogie peut sembler un peu approximative, c’est parce qu’il existe une interaction continue entre les normes de bienfaisance et de réciprocité.

    https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2008-2-page-65.htm

    #Gouldner #don #antiutilitarisme

  • Claude Guillon, auteur de « Suicide mode d’emploi », est mort
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/01/20/claude-guillon-auteur-de-suicide-mode-d-emploi-est-mort_6158691_3382.html

    Claude Guillon, auteur de « Suicide mode d’emploi », est mort

    Le coauteur de ce livre polémique avait été poursuivi en justice avec le journaliste Yves Le Bonniec pour homicide involontaire, après des plaintes de familles de suicidés.

    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 17h37

    Il avait fait scandale dans les années 1980 avec son livre de conseils pour mettre fin à ses jours. Claude Guillon, écrivain libertaire auteur de Suicide mode d’emploi. Histoire, technique, actualité, est mort à l’âge de 70 ans, a-t-on appris, vendredi 20 janvier, auprès de son éditeur IMHO. Cet auteur engagé à l’extrême gauche a succombé jeudi à un cancer, dont il donnait encore des nouvelles sur son blog le 31 décembre.

    « Le cancer avance, au fur et à mesure qu’on lui oppose de nouveaux protocoles (…). Je ne tiens plus sur mes jambes », écrivait-il sur son blog fin décembre, à l’issue d’une vie où il avait combattu contre les tabous entourant la mort.

    Claude Guillon avait suscité un vaste débat en cosignant avec le journaliste Yves Le Bonniec Suicide mode d’emploi. Il revendiquait plus de 100 000 exemplaires vendus de cet ouvrage qui plaidait pour le droit à mettre fin à ses jours dignement, et fournissait des « recettes d’un suicide sans violence » par médicaments, destinées à faciliter le passage à l’acte.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les auteurs et l’éditeur de " Suicide mode d’emploi " inculpés d’homicides involontaires
    Condamné puis relaxé

    Les deux écrivains avaient été poursuivis pour homicide involontaire en 1987 après plusieurs plaintes déposées par des familles de personnes ayant mis fin à leurs jours en suivant les conseils de l’ouvrage. Plusieurs proches de suicidés leur avaient reproché une incitation à passer à l’acte.

    Yves Le Bonniec avait par ailleurs été condamné en 1986 à six mois de prison avec sursis, non pas en raison de l’ouvrage, mais pour avoir répondu à la lettre d’un candidat au suicide qui lui demandait quelle quantité d’un médicament absorber pour se tuer. Claude Guillon avait lui été relaxé.

    En 1997, la cour d’appel de Paris avait relaxé Claude Guillon, accusé d’avoir frappé un policier à la fin d’une manifestation en faveur des sans-papiers l’année d’avant. L’auteur avait été condamné en première instance à quinze jours de prison avec sursis. Claude Guillon laisse par ailleurs une œuvre politique et polémique, portant entre autres sur la Révolution française ou sur la sodomie.

    Le Monde avec AFP

    https://lignesdeforce.wordpress.com

  • Reasonable Colors
    https://reasonable.work/colors

    The color system was purpose-built for creating accessible, high-contrast color combinations.
    WCAG 2 Contrast Recommendations and Colors Shades

    It’s simple to use Reasonable Colors to meet WCAG 2 contrast recommendations. Each color comes in 6, numbered shades. The contrast between any two shades can be inferred by the difference between their shade numbers.

    #couleur #web #accessibilité

    • Pas une critique contre ta motivation, juste un commentaire. Je trouve que cette configuration technique est TRES BONNE pour s’initier.

      Mon commentaire : S’il y a « navigateur web » dans l’équation d’un jeu vidéo, je considère qu’on ne peut pas faire de grandes choses techniques. Le navigateur alourdit trop. (c’était déjà le cas y’a 10 ans avec l’absurdité de lire des vidéos sur un webengine, ça s’est amélioré depuis, mais comme on a tjrs + de puissance à jeter par les fenêtres...).
      Sauf peut être si on ajoute WebAssembly dans l’équation.
      En résumé : Comment rafraichir une vue 3D 4K à 120 Hz dans un navigateur ?

  • La vraie vie d’un faussaire - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    https://cqfd-journal.org/La-vraie-vie-d-un-faussaire


    C’est une interview de 2009, mais terriblement d’actualité.

    Les documents officiels sont devenus de plus en plus complexes. Au moment de la création de la nouvelle carte d’identité informatisée, il avait été question de laisser « une porte ouverte » pour permettre des falsifications au cas où… Ce débat a été clos tout comme l’ont été ces portes qui permettraient de sauver des vies.

    Adolfo : Même si les techniques se sont développées, les faux existeront toujours. On le voit aujourd’hui sur Internet, ceux qui se font piquer leur compte bancaire, ceux qui font des fausses cartes pour sortir l’argent des banques… A priori, tout est toujours possible. Il ne faut pas oublier que ce que quelqu’un a fait, quelqu’un d’autre peut toujours le refaire. Depuis que j’ai arrêté cette activité de falsification, à la fin de l’année 1971, les difficultés sont allées en augmentant. Aujourd’hui, mon savoir est dépassé. Dans mon travail, à l’époque, je savais faire et je voyais aussi toutes les difficultés augmenter au fur et à mesure. Je cherchais, on trouvait une solution. Il y avait tel ou tel carton, tel filigrane positif, tel encre luminescente ou phosphorescente et ainsi de suite. C’était l’escalade continue des difficultés et des réponses à ces difficultés. Je suis resté curieux. Mais je ne suis plus le spécialiste !

    Cependant, aujourd’hui, avec toutes les techniques de numérisation, de puces électroniques, de biométries, d’empreintes génétiques et de fichage, je pense qu’il n’y a aucun espoir pour les gens qui ont besoin de papiers pour survivre. Il reste bien sûr des solutions étroites, comme le doublage, reprendre l’identité de quelqu’un existant, mais c’est d’une très grande fragilité. Aujourd’hui, les Juifs, Algériens, Grecs, Africains, Sud-Américains, etc., que j’ai aidés, seraient condamnés, car les faux papiers ne peuvent plus se fabriquer « avec les moyens du bord », comme je faisais à l’époque. Seuls de gros laboratoires, avec de gros moyens, financés par les mafias ou les services secrets, peuvent les réaliser. Ce n’est plus le même monde.

    Le seul espoir, c’est que nous prenions conscience que nous sommes en train de marcher à grands pas vers des dictatures.

  • « Pour les mobilisations :
    celui qui n’a pas peur est fou, celui qui a peur de la Peur est vaincu.
    Reste le courage. »

    Dissuasion par la peur et domestication de l’homme : au cœur des répressions contemporaines.
    https://qg.media/blog/haroldbernat/dissuasion-par-la-peur-et-domestication-de-lhomme-au-coeur-des-repressions-con

    « Il y a des gens qui ont peur,

    ça c’est de leur faute,

    des gens qui ont peur et qui n’assument pas leur peur. »

    Jacques Brel

    Jean Baudrillard (1929-2007) nous avait pourtant donné, quelques mois après le mouvement social de Mai 68, une petite clé fort utile pour comprendre ce que signifiait désormais la répression dans les sociétés contemporaines. Dans un texte lucide, publié dans la revue Utopie en mai 69, Le ludique et le policier, il écrit : « La répression, en pays civilisé, n’est plus une négation, une agression, c’est une ambiance. C’est la quotidienneté pacifiée, où s’efface la distinction entre le ludique et le policier. Autrement dit encore, la répression généralisée, qui se traduit par l’intériorisation des contraires (intellectuels et sexuels) et où l’instance répressive devient maternelle, est le lieu d’une intense participation. » Devenir le complice consentant de sa propre répression de façon ludique et forcément bienveillante. Nous n’avons pas besoin d’un énième mot anglais (le nudge) pour comprendre ce dispositif extrêmement efficace de dissuasion. Cette répression ne s’exerce pas sur des contenus manifestes potentiellement subversifs, elle les empêche. Ces contenus n’auront plus besoin d’être censurés, ils n’existeront pas. De ce point de vue, les CRS ne sont que la forme spectaculaire et datée de cette répression. Des dispositifs plus puissants, plus intimes, traversent les consciences et font courber l’échine avec une efficacité que n’aura jamais la matraque. Si les fondés de pouvoir du capital se permettent désormais d’éborgner et de mutiler des manifestants sans que cela émeuve plus que ça c’est que la dissuasion a déjà fait son œuvre sur un autre terrain. Une action plus invisible, sur un terrain autrement moins spéculaire : l’intime. Son moyen : une ambiance répressive qui dissuade en injectant quotidiennement une peur diffuse tout en rassurant les consciences ensoleillées. Un mélange de ludique et de policier, le marché de Noël, ses drones de surveillance, son plan Vigipirate et ses fouilles au corps. Bon vin chaud. Alertes gouvernementales, seuils en tous genres, niveaux de sécurité, plans blancs ou écarlates, nouvel ancien virus et huitième vague en attente de la quinzième. Il est d’ailleurs important que l’on ne sache plus du tout de quoi on parle, cela participe de l’ambiance. La menace distillée en pastilles de couleur, vagues et seuils d’alerte est un spectre. Il est partout, vous n’y échapperait pas, y compris avec un surcroît de discernement. Tout est construit pour que la place de la peur soit sans issues.

    Neutraliser pour que « ça passe » comme le rappelait Edouard Philippe au mardi de l’ESSEC, ce haut lieu de la pensée critique et politique. Quoi ? Tout. Les rapports bidons des parasites de l’argent public, la corruption des familles, Kohler et Pannier-Runacher, la liste est longue, la litanie des affaires, les réformes qui masquent de plus en plus mal la guerre du capital contre le travail, la nullité intellectuelle et morale de fausses élites, les pornosophes. Tout. Cette nouvelle doctrine du maintien de l’ordre peut compter sur une ingénierie sociale parfaitement rouée. Des cabinets de conseils grassement payés par les deniers publics servent à produire le niveau de répression sociale compatible avec le caractère anti-social de leurs émoluments. La charge policière ou la nasse témoignent de l’échec relatif de cette doctrine quand le manifeste des corps révoltés témoigne bruyamment dans la rue des limites de la dissuasion des esprits. La matraque corrige en bout de course les ratés de l’ingénierie sociale et de la dissuasion médiatique. Rien de plus. Une infime minorité du corps politique aura d’ailleurs droit à la matraque pour avoir défendu les intérêts d’une écrasante majorité. Alors laissons un instant de côté le « folklore obsessionnel inspiré par les CRS, l’objet de consommation n°1 de l’imaginaire révolté » (Le ludique et le policier, op. cit.) pour nous tourner vers cette ingénierie de la peur et de la dissuasion, stupéfiante d’efficacité. La question est au fond très simple : comment ça marche la répression sociale ? Et une autre, aussi simple que la première mais pourtant redoutable à penser : comment tenir les hommes sans raison ?

    Tâchons de faire les bons liens entre la peur, l’intime, la dissuasion et la résultante répressive de ce travail des âmes en haut régime de capitalisme avancé et de basses énergies politiques. Commençons par la peur. Les régimes de peur diffuse, parfaitement compatibles avec les sociétés contemporaines, permettent d’organiser le parc humain. Si cette stratégie n’est pas nouvelle, elle est déjà bien présente dans le Léviathan (1651) de Thomas Hobbes (1588-1679), elle a aujourd’hui des outils de dissuasion massive à sa disposition. Le média de masse terrorise et il n’y a de terreur collective qu’à travers lui. Aucune distinction à faire entre le dispositif de communication de masse et la peur qui traverse les masses. L’erreur est certainement d’avoir associé la peur aux régimes les plus manifestement violents, les plus évidemment liberticides. La constante résurgence de l’imaginaire nazi, l’omniprésence de la figure d’Hitler dans les copies de philosophie en terminale atteste de ce fait : nos régimes démocratiques, les droits de l’homme en super héros, sans que l’on se donne la peine d’y regarder de plus près, nous préservent fort heureusement de cette grande peur, du retour de la bête immonde. Tout est là, nous préserve. Nous serions donc collectivement en sursis, toujours sous le coup de la menace, y compris et surtout en temps de paix. Autrement dit, la grande peur, appelons cette peur « la Peur », sert de menace pour distiller une inquiétude constante, au compte-gouttes : la peur de la Peur. La rhétorique anti-totalitaire, car il s’agit avant tout d’un discours, aura servi pendant des décennies à masquer ce poison de la peur de la Peur parfaitement instrumentalisé par des pouvoirs aujourd’hui financiers qui se méfient par-dessus tout de la liberté politique. Qu’elle prenne la forme de la subjectivité révoltée ou de la souveraineté des peuples, la liberté politique doit être tenue en respect au nom de la paix des commerces, des services, des biens et du règne sans partage des banquiers, dits d’affaires pour le sérieux. Nous ne sommes pas à la Poste à vérifier le solde du compte courant. Un peu de sérieux avec François de Rugy, nouveau banquier d’affaire.

    Hobbes, dans le Léviathan, ce livre aux fondements de la philosophie politique moderne, a fait de la peur l’élément moteur de la sortie de l’état de nature. Ce serait la peur d’une vie brève, violente, brutale et courte, misérable en un mot, qui aurait poussé les hommes à passer un contrat de soumission légitime. La peur pour sortir de l’état de nature. C’est l’idée centrale du chapitre XIII sur l’état de misère primordial des hommes dans le Léviathan de Thomas Hobbes. Les partisans de cette thèse n’ont évidemment nuls moyens rationnels et encore moins raisonnables de la fonder. Ils nous enseignent par contre leurs peurs qui s’étendra désormais aux confins de l’univers des hommes, qui se cachera derrière chaque commerce comme une menace toujours présente, cette peur, leur peur qu’il faudra impérativement dompter. Pour dompter la peur, il faut dresser l’homme à la logique de peur, exercer la peur. Dominer la peur par la raison, par un surcroît de réflexion ? Non, trop risqué, les ombres pourraient se dissiper en laissant le pouvoir nu. C’est la peur qui corrigera la Peur dans une circularité vertigineuse entre dispositifs pour la susciter et stratégies pour l’apaiser. On monte par la peur et l’on régente en promettant de l’éliminer tout en la maintenant au sommet du narratif politique et de la construction du simulacre.

    Un immense dispositif de mise en scène/conjuration de la peur fera office de philosophie politique ou d’opinion commune : il y a toujours pire, plus terrifiant, encore plus menaçant. Ayez peur, on vous protège. Dans cette surenchère, il est possible, sans grande résistance, de repousser très loin les libertés civiles. De les effacer. Un Sénateur ventripotent, macroniste pour l’étiquette qui rend possible la réélection des petits fours, François Patriat, vous explique que ce n’est pas le moment de parler augmentation de salaires car « nous sommes au bord d’une guerre thermonucléaire ». La sottise crasse qui mange bien, à peu de frais pour lui, ne doit pas nous faire oublier ce qu’elle dit de l’ambiance et ça marche. Pour une peur grotesque, mille autres passeront inaperçues. D’autant plus redoutables qu’elles ne heurtent personne. Peur du terrorisme, du Virus, majuscule oblige, de la crise, peur du migrant, figure indiscernable vomie depuis les terres noires, peur du retour de la bête immonde, un classique. Hitler nous est conté. Discours de légitimation sans raisons, plutôt pratique. Il fera justement autorité. Exploitation de la Peur comme une donnée naturelle, ce sur quoi la raison n’aurait aucune prise, ne doit avoir aucune prise. Mais il s’agit là d’un artifice, d’une ruse, d’une stratégie pour domestiquer les âmes, tenir, parquer, dresser, contraindre. Les règles du parc humain supposent un terrain favorable. Il sera enrichi de belles peurs, nourri à cet engrais-là, l’engrais du pire des mondes possibles, catastrophique mais n’ayez crainte, nous allons vous sauver. Des dispositifs sont en place. Le meilleur des mondes possibles attendra. C’est de la mort subite dont nous parle Hobbes quand il évoque l’homme, cet animal mortel. Survivre en donnant au Léviathan de quoi nous guider. Que l’État nous amène à la mort n’est pas exclu si cette mort nous protège collectivement de la grande Peur terminale. Il faudra y croire, nous n’avons pas le choix, tout le reste est bien trop terrifiant.

    Étrange fondement politique : fuir la peur à n’importe quel prix. Cette fuite aura évidemment un prix encore plus élevé à savoir l’insécurité, l’angoisse et le refus de ce qui fait de nous des hommes. Car la peur n’est pas simplement à fuir dans une fuite sans fin qui nous rendra toujours plus faibles devant ceux qui nous « protègent ». Elle est aussi une composante essentielle de notre liberté. Ici nous retrouvons la question de l’intime, de ce qui fait de nous des êtres sensibles. Institutionnaliser la gestion des peurs revient à amputer l’homme d’une de ses dimensions affectives, extirper la peur pour mieux aliéner les moyens de lui faire face. Pour affronter mes peurs, je dois en passer par le pouvoir qui aura le monopole de la peur légitime : un gardien de l’ordre, par définition, ne fait jamais peur, il vous évite d’avoir peur. Le visage en sang et un œil en moins, il faudra s’en persuader. Qu’est-ce qui est digne de faire réellement peur ? Ce que je ressens comme menaçant ou l’ennemi officiellement désigné ? Vais-je me faire confiance et écouter mes peurs ou vais-je suivre la peur mise en scène, celle qu’on me propose comme la peur dont il faut avoir peur, la grande Peur ? Dans Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil, 2013) Patrick Boucheron nous rappelle ce principe de l’art de gouverner : si tu ne peux faire croire, fais peur. « Le mot d’ordre de tous les dirigeants dans l’histoire du monde : faire peur, à défaut de faire croire – sans jamais rien faire comprendre : assurément le meilleur moyen pour se faire obéir ». Faire peur ne suffit pas, il faut d’abord administrer la peur, la manipuler et pour cela l’isoler des autres forces émotionnelles qui lui sont attachées. Que reste-t-il du courage chez celui qui passe son temps à fuir sa peur ? Que reste-t-il de volonté chez cet homme qui préfère ne rien comprendre que d’avoir peur ? La lâcheté vient aussi avec la peur de la Peur. Avec elle l’ignorance et la soumission. Mais le constat est aujourd’hui sans appel : la peur de la Peur sert le maintien d’un ordre qui ne se pense plus. Avoir peur, c’est déjà obéir. Sans raison. Le management autoritaire sait cela très bien. On ne sanctionne pas le fonctionnaire, on ne le mute pas « pour intérêt de service » avec un dossier vide mais pour faire peur à ceux qui auraient, dans leur coin, en dépit de la dépolitisation encouragée, une velléité de révolte forcément illégitime puisqu’elle n’est pas « dans les clous »...

  • Le marxisme face au krach écologique - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Le-marxisme-face-au-krach-ecologique.html

    Paul Guillibert milite pour un “communisme du vivant”, qui ramène la destruction actuelle des écosystèmes à sa racine capitaliste. Seul le matérialisme historique est apte à répondre à l’urgence écologique, et Marx en son temps ne fut pas indifférent aux revendications du socialisme agraire.

    Tiens pourquoi celui là n’était pas passé sur seenthis alors qu’habituellement ya tout de @la_vie_des_idees.

    #Marx @pguilli #écosocialisme #matérialisme #capitalisme #écologie

  • La maison en A.
    https://youtu.be/bBf3Sniwfqw

    C’est l’histoire d’Elizabeth Faure, bâtisseuse, qui a décidé de réaliser son rêve : construire elle-même sa maison. Mais avec le minimum d’argent, soit 40 000 euros pour 180 m2 de surface habitable. Elizabeth Faure a 65 ans lorsqu’elle se lance dans ce projet fou, c’était en 2013, près de la commune de Lusignac en Dordogne. La Maison en A, long métrage réalisé par Morgane Launay, raconte son histoire. « J’ai eu envie filmer cette mission impossible : une femme soixantenaire et sans argent qui construit quasiment seule sa maison en forme de A. Cette super-héroïne prouve que tout est possible », explique la réalisatrice.

  • Accès à l’électricité des pays en développement : la solution des mini-réseaux ?
    https://theconversation.com/acces-a-lelectricite-des-pays-en-developpement-la-solution-des-mini

    Pendant longtemps, les politiques d’électrification menées dans les pays en développement ont été calquées sur celles des pays développés, à savoir la construction de grands réseaux électriques nationaux, voire continentaux. Cette politique apparaît inadaptée pour les zones rurales des pays en développement, en raison des coûts démesurés de l’extension des réseaux liée à la dispersion de la population mais aussi du fait de la faible qualité de services qu’ils sont à même d’offrir.

    La solution préconisée face à ces défis a été pendant un temps la diffusion de solutions individuelles isolées, dont les plus connues sont les solar home systems (SHS). Mais ces solutions, même parées des mérites de l’utilisation de ressources locales renouvelables, ont trouvé leurs limites, car apportant une puissance électrique trop faible pour soutenir des usages productifs significatifs. L’éclairage électrique apporte du confort, mais ne crée que peu d’impacts favorables avérés.

    #électricité #solaire #mini-réseaux #Afrique #Burkina_Faso

    • En complément voir notamment les travaux de Emmanuelle Guillou dans le cadre du projet Hybridelec, qui souligne aussi les contradictions de l’action publique sur la q° du solaire décentralisé, et les logiques opportunistes des acteurs privés :
      Decentralized electricity solutions : innovation in essential services is no substitute for policy

      The African electricity sector has undergone profound change in recent years. Off-grid solar solutions are now very much part of the new-look industry. But lack of coordination between authorities and, crucially, the uncertainty that persists surrounding the long-term future of off-grid installations in the face of the stated desire to extend national power grids, combine to slow the uptake of off-grid solutions. This situation favors certain intermediaries in the market, such as startups and small-scale resellers of solar-powered items. Whereas some rely on quality of customer service and advanced technologies (modular battery solar home systems, or SHS, and interconnections between individual solar kits), others exist to meet demand for low-cost solar-powered items. Questions arise concerning how public policies and market mechanisms interact. Current regulations lack a holistic vision and joined-up thinking, meaning it is not yet realistic to think in terms of hybridization.

      https://journals.openedition.org/factsreports/6326

  • Se défendre en cas de suspension d’allocation CAF - L’agenda Militant Indépendant
    https://www.agendamilitant.org/Se-defendre-en-cas-de-suspension-d-allocation-CAF.html

    Si vous vous êtes fait couper vos allocations familiales, handicap, APL ou RSA par la CAF sans raison et pendant des mois suite aux nouvelles pratiques de contrôle avec suspension infligées aux plus précaires, ce cours gratuit vous expliquera comment vous défendre et récupérer vos prestations.

    Emmanuel Macron le président des riches a en effet imposé aux CAF de faire des économies sur le dos de ceux et celles qui « lui coûtent le plus cher ». Des milliers, voire des millions de gens se retrouvent sans rien toucher pendant des mois sous prétexte de contrôle, ou de trop perçus jamais perçus ou perçus suite à des erreurs (volontaires ?) de la CAF qui ensuite se rembourse sur votre RSA (absolument interdit !).

  • On se lève et on se casse
    Tour d’horizon d’un travail sans capital
    https://onseleveetonsecasse.fr

    J’aime mon travail mais...

    je voudrais le faire mieux
    je vais au travail la boule au ventre
    je n’ai plus d’enthousiasme
    je me sens coincée
    je n’y trouve plus de sens...

    Un autre monde du travail existe

    Nous sommes celles et ceux qui refusent un monde du #travail qui abîme physiquement ou mentalement les travailleuses et travailleurs. Nous ne continuerons pas à le servir, et nous aiderons toutes celles et ceux qui souhaitent en partir.

  • Inutilité publique - Histoire d’une culture politique française -

    Frédéric Graber

    Amsterdam éditions ; 07-10-22

    RESUME

    Les grands projets d’infrastructures constituent l’un des repoussoirs par excellence des mouvements écologistes. Dénoncés comme « inutiles et imposés » , ces projets font l’objet de multiples résistances. Pourtant, la notion d’utilité publique est au coeur de leur légitimation par les pouvoirs publics français. Car aux yeux de l’administration, l’utilité publique ne renvoie pas à l’idée générale de bien commun, mais prend un sens bien plus spécifique : c’est un principe au nom duquel il est juridiquement possible de transformer l’état du monde - y compris si certaines populations doivent en subir les conséquences.

    Et la conformité ou non d’un projet à ce principe résulte d’une procédure administrative aussi précise que méconnue : l’enquête publique, mise en scène par excellence du consentement. L’historien Frédéric Graber propose dans ce livre un décryptage minutieux de ce rouage central de l’économie des projets dans laquelle nous vivons. Retraçant l’histoire longue de la fiction juridique qu’est l’utilité publique, il montre comment la référence à ce principe, formulé sous l’Ancien régime pour favoriser certains intérêts tout en se prévalant d’une forme de justice, a été maintenue après la Révolution, jusqu’à nos jours.

    Il en résulte un éclairage saisissant sur l’aversion au débat caractéristique de la culture politique française, et sur l’état de la démocratie dans ce pays.

    https://www.furet.com/livres/inutilite-publique-frederic-graber-9782354802554.html

  • #Marseille, le nom des rues en débat : quelle place accorder dans l’#espace_public au #passé_colonial et à ses suites ?

    Les personnages honorés dans l’espace public sont des repères pour les citoyens. A Marseille, des rues et des écoles portent les noms des colonisateurs Bugeaud ou Cavaignac. L’association Ancrages, qui travaille sur l’histoire de la ville et sa diversité, a élaboré une liste de 315 noms dont les parcours pourraient être rappelés dans l’espace public. L’écrivain Claude Mckay, originaire de la Jamaïque, et la militante de l’indépendance algérienne puis de l’antiracisme à Marseille, Baya Jurquet-Bouhoune, en font partie. Cette association a fait des proposition de cartels pour accompagner les statues à la gloire de la colonisation qui se trouvent à la Gare Saint-Charles. Le Collectif pour une mémoire apaisée appelle à débaptiser les lieux portant les noms de Bugeaud et de Cavaignac pour leur donner les noms de Gisèle Halimi et de Maurice Audin. Par ailleurs, après un quart de siècle de refus de l’ancienne municipalité, une avenue au nom d’Ibrahim Ali, tué en 1995, à 17 ans, par des colleurs d’affiches du FN, a été enfin officiellement inaugurée.

    Depuis plus de vingt ans, l’association Ancrages participe à éclairer le portrait d’habitants et de militants issus de la diversité à Marseille. Samia Chabani, directrice d’Ancrages, a participé au conseil scientifique composé d’historiens et de sociologues, présidé par l’historien Pascal Blanchard, qui a rendu le 12 février 2021 une liste de 315 noms issus de la diversité dont les parcours actuellement invisibilisés pourraient être inscrits par les élus dans l’espace public. Dans l’attente que ce recueil soit rendu public, Ancrages a mis en lumière deux figures emblématiques qui croisent l’histoire de Marseille ainsi que la manière dont certains acteurs associatifs se font aujourd’hui passeurs de mémoire : le collectif Claude McKay d’Armando Coxe pour Claude Mckay, le Maitron et le MRAP Marseille pour Baya Jurquet-Bouhoune. Une belle occasion de rebaptiser les rues de Marseille, dans le respect des demandes citoyennes des marseillais et en lien avec les propositions des acteurs associatifs locaux : Etats généraux de la culture, Comité Mam’Ega, Made in Bassens, Le Groupe Marat, Promemo.

    Claude McKay
    (Paroisse de Clarendon 1889 – Chicago 1948)

    « Né dans un petit village de montagne (Sunny Ville) de la province de Clarendon, en Jamaïque, Claude Mac Kay est le onzième et dernier enfant d’une famille de pauvres cultivateurs. Élevé dans une région profondément marquée par une tradition de résistance des Nègres marrons de l’époque esclavagiste, il s’enracine avec fierté dans une nature exaltante. Conseillé par un ami anglais, Walter Jekyll, à l’écoute de la tradition orale de l’île, il écrit très jeune des poèmes en créole jamaïcain. Il travaille dix mois à Kingston, la capitale, où il se heurte au colonialisme et au racisme. Fuyant la ville, il retourne dans ses montagnes de Clarendon et, en 1912, publie successivement Songs of Jamaica et Constab Ballads, ses deux premiers recueils de poésies. L’attribution d’une bourse lui permet la même année de se rendre aux États-Unis pour étudier l’agronomie à Tuskegee Institute (Alabama) puis au Kansas State College. Deux ans plus tard il abandonne ses études et se lance dans une existence vagabonde orientée vers la création poétique et une prise de conscience des problèmes politiques.

    Entre 1919 et 1934 il voyage en Europe, se rend aux Pays-Bas et en Belgique, séjourne à Londres pendant plus d’un an et publie des poèmes. Tandis qu’un troisième recueil de poésies, Spring in New Hampshire, est édité à Londres en 1920, c’est à New York que paraît Harlem Shadows. Claude Mac Kay assiste à Moscou au IVe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique en 1922, il visite Petrograd et Kronstadt où ses poèmes sont lus avec succès. Il se rend en Allemagne et en France, où il résidera à Paris et dans le Midi pendant plusieurs années. Il termine son périple en Espagne et au Maroc, de 1929 à 1934.

    C’est en France qu’il écrit ses deux premiers romans, Home to Harlem (1928) et surtout Banjo (1929), qui influencera de manière décisive la génération des jeunes Nègres tels que Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Joseph Zobel et Sembene Ousmane. De retour à Harlem (New York), il publie son autobiographie, en 1937, A Long Way from Home ainsi qu’un recueil d’essais politiques et spirituels, Harlem Negro Metropolis (1940). Un recueil de nouvelles, Gingertown (1932) et son troisième roman, Banana Bottom (1933), renouent avec son passé et son amour des traditions paysannes et de la terre jamaïcaines. Une anthologie de ses poèmes préparée en partie par lui-même jusqu’à sa mort, survenue en 1948, est parue en 1953 : Selected Poems. »

    Cette notice a été rédigée par Oruno D. Lara, professeur d’histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques pour le site Universalis.

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    Baya Jurquet-Bouhoune
    (Alger 1920 – Marseille 2007)

    « À sa naissance, Baya Bouhoune reçoit la pleine citoyenneté française par filiation et sera donc électrice au premier collège après 1947 ; son père, Boudjema Bouhoune, originaire de la région de Sidi-Aïch en Kabylie, avait « bénéficié » de cette citoyenneté qui le met en dehors du statut de français musulman, comme blessé de guerre sur le front en France lors de la guerre de 1914-1918. Ce qui n’empêche pas l’ordre coutumier de régner dans la famille ; Baya est retirée de l’école française à onze ans et mariée à quatorze ans à un cousin devenant Baya Allaouchiche. Comme militante communiste, Baya sera connue en Algérie sous ce nom de femme mariée, devenue responsable de l’Union des femmes. C’est dans l’action militante que Baya Bouhoune s’est faite elle-même, parlant couramment et prenant la parole en français, en arabe ou en kabyle.

    Pour le PCA clandestin, elle sert en 1941-1942 d’agent de liaison avec les députés et responsables du PCF emprisonnés à Maison-Carrée (El Harrach) ; elle s’affirme ensuite dans les actions de soutien aux alliés dans la mobilisation finale antifasciste contre l’Italie et l’Allemagne, qui concourt à la libération de la France. Le patriotisme de la Résistance française est repris à son compte en Algérie par le Parti communiste algérien (PCA) qui élargit le mouvement de jeunes par les Jeunesses démocratiques, et s’emploie à constituer un mouvement de femmes « sans distinction d’origine » par l’Union des femmes en Algérie qui fait partie de la Fédération démocratique des femmes, d’obédience communiste internationale. Baya Allaouchiche appartient à la cellule communiste de La Redoute (El Mouradia), quartier du dessus d’Alger, qui est aussi celle de celui qui prend le nom d’Henri Alleg* qui se consacre au mouvement des Jeunesses et de sa femme Gilberte Salem*.

    Promue par le PCA parmi les responsables de l’Union des femmes, Baya Allaouchiche est déléguée en 1948 au Congrès de la Fédération internationale démocratique des femmes à Budapest ; elle devient en 1949, secrétaire générale de l’Union des femmes d’Algérie et entre au Comité central du PCA au Ve congrès tenu à Oran du 26 au 29 mai 1949. En décembre 1949, elle part en Chine en délégation et séjournera quelques mois, rencontrant Mao Ze Dong, Chou En Laï et le maréchal Chuh Teh ; elle assiste en effet au Congrès des femmes d’Asie à Pékin en tant qu’observatrice aux côtés de Jeannette Vermesch-Thorez et de Marie-Paule Vaillant-Couturier qui représentent l’Union des femmes françaises. En décembre 1952, elle est la porte-parole de la délégation algérienne au congrès international du Mouvement de la paix qui se tient à Vienne (Autriche).

    En septembre 1954, elle va au nom de l’Union des femmes, conduire la campagne de secours aux sinistrés du tremblement de terre d’Orléansville (Chlef). Nous sommes à la veille de l’insurrection du 1er novembre ; par de là les positions contraires ou précautionneuses du PCA, elle est sensible à l’entrée dans la lutte de libération nationale. Au nom de l’Union des femmes, mais par une initiative indépendante du PCA, elle organise des manifestations de protestation et de solidarité avec les détenus, devant la prison Barberousse (Serkadji) d’Alger en 1955 et au début de 1956.

    Pour la maintenir tête d’affiche de l’Union des femmes, le PCA la désigne toujours comme Baya Allaouchiche ; celle-ci demeure à la maison de son mari légal qui est son cousin bien que celui-ci ait pris une seconde épouse. Ce que tait le PCA ; plus encore, il impose le secret sur la liaison, depuis leur rencontre dans l’action des Jeunesses démocratiques dans les quartiers du haut d’Alger, entre Baya et le jeune militant Henri Maillot* qui va détourner le 4 avril 1956, un camion d’armes pour les mettre à la disposition des Combattants de la Libération, groupe armé que tente de constituer le PCA. Baya et Henri Maillot* sont partisans de l’engagement dans la lutte d’indépendance. Ce secret ne sera levé qu’après la mort de Baya en 2007, selon la promesse respectée par Jacques Jurquet* après leurs cinquante années de vie commune à Marseille.

    Contactée par le FLN dès 1955, Baya Allaouchiche devient plus que suspecte. Après deux perquisitions, elle est arrêtée dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1956 ; elle fait partie de la première vague importante d’arrestations conduites au titre des « pouvoirs spéciaux » appliqués en Algérie après le vote d’approbation des députés du PCF. Deux femmes sont prises dans cette rafle nocturne : Lisette Vincent* et Baya Allaouchiche ; leur qualité de citoyennes françaises leur vaut d’échapper à l’internement et d’être expulsées.

    Remise en liberté à Marseille, Baya Allaouchiche peut faire venir ses deux enfants. Elle reprend contact avec le FLN et participe aux actions de lutte contre la guerre et pour l’indépendance de l’Algérie, ce qui lui vaut des rapports difficiles avec les dirigeants et militants communistes les plus suivistes du PCF qui s’en tiennent à parler de paix en Algérie et à privilégier le patronage du Mouvement de la paix. Elle est d’autant plus suspectée qu’elle vit à partir de 1959 avec Jacques Jurquet* (elle deviendra légalement Baya Jurquet en 1978), militant communiste réputé maoïste puisqu’il soutient les luttes de libération à commencer par la lutte algérienne.

    Après l’indépendance de l’Algérie, Baya Bouhoune milite au MRAP dans les Bouches-du-Rhône ; dans les années 1970, elle préside ce mouvement antiraciste dans le département et fait partie du Bureau national. C’est à ce titre de l’action contre le racisme, sous la pression amicale de ceux qui connaissent son itinéraire militant en Algérie et en France, qu’elle est faite chevalier de l’Ordre du mérite ; cette décoration lui est remise par Me Gisèle Halimi*, avocate de la cause des femmes algériennes dans la guerre de libération.

    En 1979 sous le nom d’auteur de Bediya Bachir, les Éditions du Centenaire contrôlées par le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF « pro-chinois »), ont publié son roman composé en 1957-1958 à Marseille, L’Oued en crue, que les éditions dépendantes du PCF avaient écarté de publication à l’époque de la guerre ; Laurent Casanova*, secrétaire de Maurice Thorez et originaire d’Algérie, à qui l’ouvrage avait été adressé, avait répondu que ce n’était pas possible car le PCF soutenait alors la publication du livre de l’écrivain attitré du parti, André Stil, évoquant l’Algérie en guerre et intitulé Le dernier quart d’heure pour parodier la formule du socialiste français, le Ministre-résidant en Algérie, Robert Lacoste. Le roman a été réédité en 1994 par les Éditions Sakina Ballouz à Genève sous le vrai nom d’auteur : Baya Jurquet-Bouhoune. Celle-ci, après une opération difficile de fracture du fémur, est morte dans son sommeil le 7 juillet 2007. »

    Cette notice « Bouhoune Baya plus connue en Algérie sous le nom Allaouchiche Baya », [Dictionnaire Algérie], a été rédigée par René Gallissot, version mise en ligne le 30 décembre 2013, dernière modification le 26 novembre 2020. Le Maitron est le nom d’usage d’un ensemble de dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier dirigé par l’historien Claude Pennetier.

    https://histoirecoloniale.net/Marseille-le-nom-des-rues-en-debat-quelle-place-accorder-dans-l-e

    #noms_de_rues #toponymie #toponymie_politique #colonial #colonialisme #décolonial #mémoire #histoire

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