Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Le port de symboles militants est désormais assimilé au port ostentatoire de signes religieux. Ite, missa laica est ...

    Chronique d’une #fascisation ordinaire : l’enseignante a failli jouer sa carrière pour un symbole militant de couleur arc-en-ciel

    Dans le Rhône, une enseignante interdite de cours en raison d’un masque arc-en-ciel – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/dans-le-rhone-une-enseignante-interdite-de-cours-en-raison-dun-masque-arc

    Il était bien homologué mais ce sont ses couleurs qui n’ont pas plu à la proviseure du lycée Germaine-Tillion, à Sain-Bel (Rhône). Le 3 mai, cette cheffe d’établissement a interdit à l’une de ses enseignantes, professeure de lettres classiques, de porter un masque en tissu figurant un arc-en-ciel. Six bandes horizontales, symboles de la lutte contre les discriminations subies par les personnes #LGBTQI. Dans un courrier consulté par Libération, la proviseure, jugeant le port de ce masque « non réglementaire », s’est justifiée auprès de l’enseignante : « Je vous ai rappelé que vous deviez respecter, en tant que fonctionnaire, le principe de neutralité dans l’exercice de vos fonctions et que si vous n’ôtiez pas votre masque, je vous demandais effectivement de ne pas prendre vos classes. »

    L’hypocrisie en mode #pas_de_vague a encore de beaux jours devant elle à l’#éducation_nationale

    #petit·es_chef·fes #discriminations #neutralité (mon cul) #national_républicanisme

  • Éduquer, c’est tenir un cadre qui permet l’émancipation (Pierre Coutil, 03.07.2021)

    « Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école. » (E. Macron, juillet 2021)

    A vrai dire, je pense exactement l’inverse et cette phrase m’emplit d’effroi.

    Humain·e, créature sociale, on se construit exactement comme ça au contraire. Et en particulier sur ce moment spécial qu’est l’adolescence.

    IdentitéS. On se construit « sur », « avec » et/ou « contre » les lieux, les gens, les valeurs dont on vient pour aller vers ce qu’on est.
    Tester les limites, choquer. On se construit en interrogeant le cadre, les règles, les usages de la société où l’on vit.
    Exister. On se construit dans une perspective émancipatrice parce qu’il y a ce désir de vie, opposé aux idéologies mortifères, à la pédagogie noire ou à la dépression qui est la mort du Désir, parce que justement il y a cet élan de vivre.

    Et l’École doit bien évidemment accueillir et accompagner tout ça.

    Accueillir ne veut pas dire tout permettre, mais réfléchir au cadre qui est proposé, celui qui permet de grandir, de se construire et de se heurter au fonctionnement social de son époque. Accueillir signifie aussi penser les outils pour tenir ce cadre face à sa remise en cause saine et nécessaire par les jeunes.

    Mais ce chemin demanderait de faire confiance à l’intelligence collective, au dialogue, et de financer les formations des enseignant·es et des personnels d’encadrement souvent dépassés par des attitudes face auxquelles ils sont démuni·es, et enfin donner du temps pour accompagner la mise en place de vrais outils démocratiques et coopératifs dans les établissements scolaires.

    Il est très certainement plus facile de surfer sur la vague réactionnaire en proposant un discours répressif qui ne coûte rien ni en temps ni en argent, mais dont nous paierons le prix fort humainement.

    NB - version finale de ce texte : http://cqma.friches.net/spip.php?article13

  • Dans le Rhône, une enseignante interdite de cours en raison d’un masque arc-en-ciel (Libération)
    https://www.liberation.fr/societe/dans-le-rhone-une-enseignante-interdite-de-cours-en-raison-dun-masque-arc

    Empêchée de prendre sa classe par la proviseure, incitée à quitter l’Éducation Nationale par les services du Rectorat.

    Le 11 mai, un entretien de près de deux heures a réuni au rectorat l’enseignante convoquée, un représentant du syndicat SUD éducation, deux responsables des ressources humaines du rectorat et le référent académique « Valeurs de la République ». « On m’a dit que ce masque n’était qu’une provocation, qu’on ne pouvait pas m’interdire de retourner avec au lycée mais qu’on me conseillait très vivement de ne pas le mettre pour le bien de l’établissement, retrace la professeure de lettres. Ce conseil de ne pas faire de vagues, ce n’est pas le service public dans lequel je me reconnais. »

    Elle reste marquée par le vocabulaire employé par ses interlocuteurs : « Le référent académique m’a dit que ce symbole pouvait inciter mes élèves à certaines pratiques, à prôner une certaine sexualité, s’étonne encore la prof. Il a également employé le terme d’« obédience » pour parler de l’appartenance à la communauté LGBTQI. C’est terrible d’associer un drapeau qui représente l’égalité de la diversité des sexualités avec ce terme. »

    Bien sûr, officiellement, le Rectorat dément #PasDeVagues

    #éducation #lycée #LGBTQI-phobie

  • Censure : JM Blanquer bat son record (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/03/25032021Article637522518887143055.aspx

    Loin de la transparence annoncée et des données publiques sur l’action ministérielle, J.-M. Blanquer verrouille toujours plus sa communication et la production d’évaluation et d’expertise interne.

    Nouveau record pour l’Education nationale ! Le rapport d’activité de l’Inspection générale de l’Education nationale fait l’éloge de la réforme de fond réalisée par JM Blanquer et la cheffe de service de l’Inspection, Caroline Pascal. Il a surtout pour avantage de publier la liste des rapports de « l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche ». Malgré cette extension d’activité, encore moins de rapports ont été rendus publics en 2019.Cette année là seulement 7 rapports ont été publiés sur 82 produits soit 8%. Les autres ne sont jamais sortis du cabinet de JM Blanquer. Celui-ci bat son record de 2017.

  • Ministre Blanquer ou Mister FakeNews ?

    Alors que ce week-end, #BlanquerDémission et #BlanquerOut se sont hissés parmis les mots-clefs les plus populaires de TwitterFrance, le ministre tient le cap comme il l’a toujours fait, multipliant assertions hors-sol, chiffres trafiqués, annonces approximatives... et auto-satisfaction.

    – Fermeture de classes : M. Blanquer, créateur de fakenews (Pascale Fourier, Blog Médiapart, 27.03.21)
    https://blogs.mediapart.fr/pascale-fourier/blog/270321/fermeture-de-classes-m-blanquer-createur-de-fakenews
    – Tout va très bien, tout va très bien ! (Le bureau du CRAP, Les Cahiers Pédagogiques, 24.03.21)
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Tout-va-tres-bien-tout-va-tres-bien
    – Peut-on réécrire un an de crise sanitaire ? (François Jarraud, Le Café Pédagogique, 12.03.21)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/03/12032021Article637511300007682528.aspx
    – Blanquer, capitaine du Titanic (pourquoi la fermeture des écoles est inéluctable) (Lucien Marboeuf, Blog, 28.03.21)
    https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2021/03/28/blanquer-capitaine-du-titanic-pourquoi-la-fermeture-des-ecoles-est

    Déni, fausses informations, polémiques stériles et auto-satisfaction, J.-M. Blanquer reste le meilleur élève de la Macronie, dont il applique avec constance et habileté, tous les subterfuges depuis sa nomination.
    Pour mémoire (liste non exhaustive) :
    https://seenthis.net/messages/887750
    https://seenthis.net/messages/732317
    https://seenthis.net/messages/726234

  • Éducation et développement durable : quand le volontarisme politique se réduit à un effet d’annonce... de ce qui existe déjà

    On sait qu’aujourd’hui l’action politique repose avant tout sur des effets d’annonce.
    Ce qui ne cesse de surprendre, c’est qu’avec LREM, lorsqu’il s’agit de décisions plutôt positives sur le fond, elles se réduisent presque systématiquement à des effets d’annonce... de trucs qui existent déjà.

    La décision telle que présentée dans un tweet de LCP :

    “Les députés adoptent l’article 2 du projet de loi #ClimatResilience. Il prévoit l’éducation à l’environnement "tout au long de la formation scolaire", notamment sur le "changement climatique et la préservation de la biodiversité". #DirectAN #LoiClimat
    Source : https://twitter.com/LCP/status/1369671608927916032

    L’existant sur les sites du MEN :
    – La circulaire de septembre dernier où Blanquer dit qu’il a modifié les programmes dans l’été et qu’un vademecum "identifie des ressources utiles et accompagne les enseignements relatifs au changement climatique, au développement durable, à la biodiversité dans chaque cycle de formation pour la rentrée 2020".
    Source : https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo36/MENE2025449C.htm
    – Le “vademecum pour éduquer au développement durable à l’horizon 2030” sur Eduscol, accompagné de tout un tas de ressources et de dispositifs déjà existants dans l’Éducation Nationale (label E3D, éco-délégués, semaine du climat à l’école, etc.)
    Source : https://eduscol.education.fr/1117/education-au-developpement-durable
    – Le détail du contenu de cette éducation au développement durable sur l’ensemble des niveaux de formation du système scolaire, contenu fondé sur la “Charte de l’environnement” de 2004.
    Source : https://www.education.gouv.fr/l-education-au-developpement-durable-7136
    – des éléments de communication ministérielle avec liens vers des mises en œuvre concrètes et deux paragraphes intitulés "2015, une année particulière pour l’éducation au développement durable" et "2019 : L’École se mobilise face au changement climatique" qui inscrivent cette mobilisation du ministère et de notre système scolaire dans la durée.
    Source : https://eduscol.education.fr/1118/qu-est-ce-que-l-education-au-developpement-durable

    Évidemment, pour une réelle montée en puissance d’une “éducation au développement durable”, ce qu’il faudrait ce sont du temps de concertation pour la mise en œuvre de ces dispositifs et de la formation continue pour accompagner les enseignant·es à les faire vivre, mais il est indubitablement moins coûteux de faire voter aux député·es, en mars 2021, la circulaire de rentrée 2020.

    #éducation #développement_durable

  • Envers les enfants transgenres, l’école tâtonne (LeMonde.fr)
    https://www.lemonde.fr/education/article/2021/02/03/face-aux-enfants-transgenres-l-institution-scolaire-tatonne_6068566_1473685.

    Confronté aux interrogations des équipes éducatives, le ministère de l’éducation nationale a lancé un groupe de travail pour tenter de définir des lignes directrices sur les questions relevant de la transidentité.

    #éducation #transidentité

  • La Genèse selon Saint-Nelson ou "le dit de Blanquer"

    L’âme du monde éducatif, en cette veille de reprise sous Protocole Renforcé-Accru-Renforcé, est au bord de l’égarement.

    Il faut donc revenir aux textes fondamentaux pour comprendre comment on en est arrivé là :

    « Au commencement était le Verbe, alors le Ministre dit "On est prêt" et la lumière fut. Le Ministre vit que sa politique était bonne et il sépara le temps scolaire et il fit le "confinement" et il fit le "déconfinement". Et ce fut ainsi.

    Le site du CNED était informe et vide et l’enseignant·e errait dans les ténèbres. Le Ministre dit "Que 3 fichiers par niveau soient uploadés" et il appela cela "continuité pédagogique". Et ce fut ainsi. Et Le Figaro vit que cela était bon.

    Le Ministre vit que l’apprenant·e était au-dessus de l’abîme et le souffle du Ministre planait sur les médias. Alors le Ministre dit : "Que les connaissances se rassemblent sur l’écran 30 minutes par jour en un seul lieu" et il l’appela "Nation Apprenante". Et ce fut ainsi. Et FranceTV vit que cela était bon.

    Le Ministre vit que le distanciel au-dessus du firmament se noyait dans les eaux de la fracture numérique, alors le Ministre dit "Que foisonnent les connections et que se multiplie le matériel informatique". Et rien ne fut vraiment ainsi, mais il y eut une distribution de tablettes dans un quartier populaire et BFMTV vit que cela était bon.

    Le Ministre dit "Remplissez les salles de classe, soyez les maîtres de l’hybride et dédoublez les êtres vivants qui vont et viennent dans les établissements, selon leur espèce". Et ce fut ainsi. Et le Ministre l’appela "Protocole" et "2S2C". Et les êtres vivants, selon leur espèce, se multiplièrent pour écrire les premiers et animer les seconds, sans en être rétribués. Et Léa Salamé vit que cela était bon.

    Mais il apparut qu’aucune herbe n’avait poussé parce que le Ministre n’avait pas fait pleuvoir, alors le Ministre dit "Parce que tu as récriminé, enseignant·e, tu seras maudit·e parmi tou·tes les salarié·es. Tu iras cueillir des fraises tous les jours de ta vie, ton point d’indice restera sur la table et je prélèverai une côte de ton budget pour créer le SNU." Valeurs Actuelles vit que cela était bon et ce fut ainsi.

    Ainsi furent achevés les travaux du Ministre, il vit que cela était bon, que l’Éducation et le Sport étaient sains, et efficaces, et basés sur des faits fondés sur la Preuve Neuroscientifique, alors il sanctifia les statistiques favorables et il bénit toute l’œuvre de création qu’il avait faite.

    Ainsi furent achevés l’œuvre qu’il avait faite et tout son déploiement. Alors le JDD vit que cela était bon et le Ministre se reposa de toute son œuvre en Île-de-France. »

  • Violences, abus, racisme: la loi du silence des écoles Steiner-Waldorf (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/198667/violences-abus-racisme-enfants-ecoles-steiner-waldorf-pedagogie-alternative-an

    Parce qu’il faudrait laisser le « karma » des enfants s’accomplir, les enseignants des écoles Steiner-Waldorf prôneraient le laissez-faire entre les élèves.

    Marc Giroud, qui a été éducateur en école Steiner-Waldorf durant les années 1980, explique : « Quand on fait la formation d’éducateur Steiner, on n’étudie qu’un seul auteur, Steiner. C’est un dogme pédagogique. Vous êtes là pour accomplir un dessein eschatologique, ce qui justifie de mentir ou de taire. On apprend à cacher cette vocation aux personnes qui nous confient leur enfant. C’est pour cela qu’il y a des discours de façade. »

    Grégoire Perra, ex-anthroposophe et ex-professeur en école Steiner-Waldorf, confirme : « On laisse délibérément les enfants sans surveillance. Il faut laisser le karma s’accomplir et laisser les âmes s’affronter. » Et d’ajouter : « Les enfants s’ennuient de cette pédagogie qui est une messe permanente, certains s’habituent mais d’autres pètent les plombs. »

    #éducation #école_steiner #maltraitance

  • Formation des enseignants : silence, on « réforme » (Libération)
    https://www.liberation.fr/debats/2020/12/23/formation-des-enseignants-silence-on-reforme_1809386

    La réforme Blanquer de la formation initiale des enseignant·es : scientisme, normalisation, management, disparition de l’esprit critique, entretien d’embauche, conformité idéologique.

    La refonte de la formation des professeurs, dont le principe a été arrêté par la loi Blanquer en 2019, est censée remplacer une formation trop théorique par plus de « professionnalisation ». La part des disciplines critiques y est condamnée au profit d’une logique managériale.

    #éducation #formation_initiale #enseignant·e

  • Eric Debarbieux : L’oppression viriliste et la violence scolaire
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/06/01062018Article636634382892805737.aspx

    Cherchant à constituer une bibliographie sur la sanction scolaire et le genre, je tombe sur plusieurs articles de presse avec de la titraille sur le thème « les garçons aussi sont victimes de violences sexistes ».

    En fait, la réalité est plus têtue que les inter-titres qui la déforme... le patriarcat en herbe opprime les filles... et les garçons qui refuse la norme viriliste.

    Mais avec ce rapport et cette enquête, Eric Debarbieux part aux sources de la violence scolaire qu’il situe dans l’idéologie machiste. Les violences sont sexistes et relèvent d ece qu’il appelle « l’oppression viriliste ». C’est une certaine représentation de la normalité qui est à l’oeuvre dans les écoles et qui fait des garçons des oppresseurs des filles mais aussi d’autres garçons jugés décalés par rapport à la norme. Ce qu’on reproche aux bons élèves c’est qu’ils se comportent scolairement comme les filles.

    #éducation #sexisme #patriarcat

    • Oui, et cela va (allait) plus loin. À l’école, parmi les pairs, la violence machiste qui fait payer l’écart à la norme viriliste s’exerce y compris sur les garçons pas spécialement en butte à l’homophobie, ou pas spécialement appliqués comme élèves, et dont certains peuvent incarner pour partie ce qui est décrit dans l’article comme une posture d’homme, celle de « l’emmerdeur de service ». Même si à lire ce résumé, je me dis qu’avoir occupé au collège un rôle d’emmerdeur de service, surtout par la prise de parole (une déviance, mais encore trop « scolaire » ?), a sans doute pu - tout compte fait - limiter les dégâts.

      Ajout. Il ne suffit pas d’incarner peu ou prou le stéréotype masculin de la « grande gueule » en devenir. Aimer lire, la compagnie des filles avec lesquelles il n’y a pas cette compétition des petits mecs, parler (ça c’est déjà un manquement) de son ressenti, s’habiller minoritaire, tout est bon pour susciter des rappels à la conformation, être mis à l’amende.

      J’ai vu avec une petite fille dont je me suis occupé que dès la maternelle l’imposition de ces rôles peut être violente : la fille populaire que A. voulait fréquenter, dont elle cherchait la reconnaissance, lui disait « tu es moche, tu portes jamais de robe » et montrait chaque seconde qu’il faut « aimer les princesses » plutôt que de courir ou grimper aux arbres. C’était des injonctions et une disqualification quotidiennes. Fallait ensuite bricoler pour contribuer à détraumatiser. Elle a continuer à faire l’acrobate, le « garçon manqué ». En aimant (un peu, pour partager avec les copines) les princesses.

      #école #masculinité #machisme

  • La start-up nation commence désormais en maternelle (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/198175/start-up-nation-maternelle-ecole-enfant-education-blanquer-cp-pedagogie-enseig

    Ou comment Jean-Michel Blanquer ne partira pas sans avoir achevé de modeler une école à son image...

    Les pistes proposées par le Conseil supérieur des programmes dessinent un grand changement de perspective pédagogique, au détriment de l’épanouissement de l’enfant.

    #éducation #école_maternelle

  • Lila Bouadma, réanimatrice à l’hôpital Bichat : « Depuis l’enfance, je sais où je vais »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/13/lila-bouadma-reanimatrice-a-l-hopital-bichat-depuis-l-enfance-je-sais-ou-je-

    Je sais d’avance que c’est ma seule voie de sortie [c’est l’école]. Même si, rétrospectivement, je trouve que l’école écrase davantage qu’elle n’élève. A partir du moment où vous êtes un enfant pauvre, immigré, une fille en plus, ce n’est pas naturel de vous aider à faire ce que vous voulez faire. A 7 ans, une institutrice m’a expliqué que ce n’était même pas la peine que j’essaye. Elle me convoque un jour et me dit : « Ton but à toi, ce n’est pas d’apprendre, c’est de te marier, d’avoir des enfants et d’apprendre l’arabe. » Je ne comprends pas ce qu’elle dit.
    Je sais juste que c’est méchant, et raciste. Je me mets à pleurer, le seul moyen que je trouve pour me défendre. Mais plus je pleure, plus elle en rajoute. D’autres me l’ont dit aussi par la suite, que je n’y arriverais pas, que je ne serais jamais médecin : « Ce n’est pas pour toi. » Très tôt, j’ai conscience que personne ne m’aidera. Mais je sais aussi que je peux. Je suis bonne élève, je peux tout apprendre. Je choisis un lycée où il y a une option grec, pour être dans le meilleur établissement. On ne me donne pas les clés, il faut que je réfléchisse par moi-même. Depuis l’enfance, je sais où je vais.

    #école #éducation #discriminations #inégalités

  • L’ imposture Blanquer (Philippe Watrelot, Blog)
    https://philippe-watrelot.blogspot.com/2020/12/l-imposture-blanquer.html

    Les révélations de Médiapart puis de Libération sur la création d’ « Avenir Lycéen » et la réécriture de communiqués d’élus lycéens par les rectorats et l’administration centrale du ministère, commencent à éclabousser le Ministre lui même. Dans le milieu enseignant, beaucoup se prennent à rêver à son départ tant il cumule un niveau de détestation rarement atteint.

    Pourtant Jean-Michel Blanquer dans l’opinion et dans les médias semble bénéficier d’une sorte d’immunité qui l’épargne jusqu’à maintenant. L’objet de cet article n’est pas de revenir sur l’« affaire » en cours mais de s’interroger sur les raisons de cette image qui reste positive et de démonter l’imposture Blanquer, ou plutôt LES impostures...

    #éducation #médias #ministère #pilotage

    • #Avenir_lycéen. Jean-Michel Blanquer « n’exclut pas » de supprimer les subventions des syndicats lycéens
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/15/jean-michel-blanquer-n-exclut-pas-de-supprimer-les-subventions-des-syndicats

      Jean-Michel #Blanquer mettra-t-il sa menace à exécution ? Le ministre de l’éducation nationale a créé la surprise en déclarant, lundi 14 décembre, qu’il envisageait de supprimer les subventions des syndicats #lycéens, pour un montant annuel d’environ 250 000 euros. Il répondait sur France Culture aux soupçons qui entourent Avenir lycéen, ce syndicat suspecté d’avoir dilapidé de l’argent public en frais de bouche, nuits d’hôtel et matériel informatique.

      « Je n’exclus pas d’arrêter ces subventions car je vois que c’est un sujet de polémiques », a-t-il déclaré, assurant que l’inspection des dix dernières années de comptabilité des syndicats lycéens, demandée après les révélations de Mediapart , pourrait servir à un « débat » sur le sujet. Les conclusions de l’enquête sont attendues pour janvier 2021.

      L’entourage du ministre assure qu’il ne s’agit pas « d’une annonce ferme ». Un « contrôle sur pièces » des finances d’Avenir lycéen sera également remis au ministre de l’éducation dans les prochaines semaines.

      Mais chez les premiers concernés, ces propos passent mal. « C’est une remise en cause de la démocratie lycéenne, fulmine ainsi Mathieu Devlaminck, le président de l’Union nationale lycéenne. Il n’y a pas que les instances du ministère qui comptent ! Nous aussi, on participe au débat. »

      « Allumer un contre-feu »

      Depuis fin 2018, l’éducation nationale encourage en effet les conseils académiques de la vie lycéenne, élus par des élèves, à prendre la parole, sur les réformes éducatives comme sur le climat. Le syndicat Avenir lycéen en est d’ailleurs une émanation – un mélange des genres aujourd’hui reproché à Jean-Michel Blanquer.

      La Fédération indépendante et démocratique lycéenne dénonce elle aussi une volonté de « tuer » les organisations syndicales qui ne vont pas « dans le sens du gouvernement », dénonce Gregory Abelli, porte-parole du mouvement.

      Le Mouvement national lycéen, qui n’a pas touché de subventions depuis 2018, voit dans cette déclaration la volonté « d’allumer un contre-feu ». « Le problème vient d’Avenir lycéen, et non des autres syndicats, martèle son secrétaire général, Antonin Nouvian. Nous avons toujours utilisé l’argent public à bon escient. » Les syndicats lycéens, qui revendiquent bien plus de sympathisants que de véritables adhérents, « ne survivront pas avec leurs seules cotisations », conclut avec inquiétude Mathieu Devlaminck.

      Interventions militarisées de la police à la moindre tentative de blocage dans les #lycées, recours à cette même police par les profs et directions scolaires dès lors que des élèves s’interrogent, défendent des positions intenables ou font de la provoc’ sur des questions de société (religion, liberté d’expression, ...) qui auraient pu faire l’objet de confrontations verbales de documentation, d’échanges dans les établissements (mais est-il encore question d’apprendre à l’école ?), complicité d’organisations de parents d’élèves qui se font le relais de la désinformation ministérielle sur les risques covid chez les personnes mineures et les scolarisés (sauf les étudiants) supposés ne pas être contagieux, et là ce type muni de conseillers fascisants qui tente ce genre de "contre-feux" (après que soit découvert un syndicat maison, pouponnière la REM, qu’il a directement contribué à créer et financer) bien aligné sur la mise en cause de tout droit à la critique, du droit de manifester, etc.

      Ils vont au bout de ce qu’ils peuvent. Des exigences de "respect des valeurs républicaines" destinées à conditionner les subvention aux assos, et là, puisqu’on peut pas continuer à payer le fan club d’avenir étudiant, on annonce une éventuelle fermeture du robinet pour toutes les autres orgas lycéennes. Quoi qu’il arrive (arrêt des subs ou pas), ça pue brun.

      #école

  • Discrédit scientifique (Roland Goigoux, Club de Mediapart)
    https://blogs.mediapart.fr/roland-goigoux/blog/191120/discredit-scientifique

    Depuis son arrivée, Jean-Michel Blanquer impose méthodes et supports aux enseignant·es au prix d’une caporalisation de la hiérarchie intermédiaire.
    Le grand argument du Ministre pour camoufler ses décisions idéologiques est que ses méthodes sont efficaces, « fondé[es] sur l’état de la recherche », scientifique.
    Et patatras... voilà que le Conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN), créé par J.-M. Blanquer, à sa main, à son arrivée, conteste le bien-fondé scientifique de ses prescriptions pédagogiques.

    Le rapport de Michel Fayol et Maryse Bianco (CSEN) montre que les prescriptions du ministère de l’Education nationale dans le domaine de l’enseignement de la lecture ne reposent pas sur les fondements scientifiques annoncés.

    #éducation #école #lecture

  • Jean-Michel Blanquer, L’Attila des écoles (Pascal Bouchard)
    https://editions-croquant.org/sociologie/647-jean-michel-blanquer-l-attila-des-ecoles.html

    Aucune des réformes engagées par Jean-Michel Blanquer n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.

    Les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe.

    Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis 40 ans, et voit revenir sans cesse les questions qui hantent notre système éducatif. C’est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.

    Lorsque Jean-Michel Blanquer parle, on a envie d’applaudir. Il décrit avec brio une école idéale, refondée sur la science, humaniste en même temps qu’efficace... On aimerait que ce soit vrai, mais tout est faux.

    Aucune des réformes engagées n’est éclairée par la science, à supposer qu’existe « la » science. Les chercheurs dont il s’est entouré sont, pour les plus influents, sortis de leur domaine de compétence. L’évaluation est partout, rien ne marche, et jamais les conséquences ne sont tirées.

    Au total, et sous couvert de modernité, les vieilles recettes de la droite autoritaire : un premier degré et l’enseignement professionnel caporalisés, les collèges et lycées mis en concurrence, l’élitisme comme principe. Ce ne serait qu’un mauvais moment à passer si la plupart de ces réformes n’étaient irréversibles, et si elles ne coûtaient pas très cher pour un effet dérisoire.

    Débat de spécialistes ? Non. Pascal Bouchard est journaliste, il suit les questions d’éducation depuis bientôt 40 ans, et voit, sous des apparences changeantes, revenir sans cesse les questions non résolues qui hantent notre système éducatif. Car c’est le grand mérite de ce ministre que de nous obliger à les poser sous un jour nouveau.

    Pascal Bouchard, agrégé et docteur ès lettres (sc. de l’éducation) a notamment été producteur à France-Culture, directeur de la rédaction de l’ AEF et le créateur de ToutEduc.fr.

    #éducation #daron_noir

  • 3 exemples d’arrangements avec les chiffres à des fins de communication à l’Education nationale (L’instit’humeurs)
    https://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2020/11/21/3-exemples-darrangements-avec-les-chiffres-a-des-fins-de-communica

    Quand tu t’aperçois que tu pourrais tenir toute une année sur l’#ÉducationAuxMédias, juste avec ton ministre, Jean-Michel « Exemplarité du fonctionnaire » Blanquer.

    En quelques jours trois « séquences », comme disent les politiques, sont venues montrer chacune à leur manière combien rue de Grenelle on savait utiliser, à des seules fins de communication, l’annonce officielle de chiffres sans commune mesure avec la réalité.

    #éducation #vérité_aternative

  • Au collège et au lycée, bientôt des chefs d’établissement issus du secteur privé (The Conversation)
    https://theconversation.com/au-college-et-au-lycee-bientot-des-chefs-detablissement-issus-du-se

    La justification avancée par le ministère est qu’il s’agit de faire face à la baisse du nombre de candidats et d’ouvrir la profession de chefs d’établissements secondaires à des personnes « au profil managérial et moins exclusivement pédagogique ».

    #éducation #second_degré #management #privatisation

  • La police appelée au lycée Le Mans Sud lors de l’hommage à Samuel Paty pour une simple inscription en arabe (France Bleue)
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-police-appelee-au-lycee-le-mans-sud-lors-de-l-hommage-a-samuel-paty-po

    La proviseure a-t-elle eu raison d’appeler la police pour une simple phrase en arabe ? La direction académique répond que « vu le contexte » de l’hommage à Samuel Paty, il fallait procéder à une « levée de doute ». Qu’y avait-il d’écrit sur ce fameux papier ? Les enseignants de l’établissement n’en savent rien. La proviseure, dans un mail interne à l’équipe pédagogique, a refusé d’en dire davantage.

    #éducation #langue_arabe #racisme

  • François Le Ménahèze, écrivain et formateur en pédagogie : « La liberté d’expression des enseignants n’existe plus » (ladepeche.fr)
    https://www.ladepeche.fr/2020/10/23/francois-le-menaheze-ecrivain-et-formateur-en-pedagogie-la-liberte-dexpres

    En tant que journaliste, on se rend compte que, si on sort des représentants syndicaux, il est de plus en difficile de trouver des enseignants qui acceptent de nous répondre à visage découvert, même parfois sur des sujets qui n’appellent pas la polémique. On doit souvent faire avec des témoignages anonymes. Est-ce qu’il y a une règle qui leur interdit de s’exprimer ?

    #éducation #enseignant·es #liberté_expression

  • Dans les écoles, « les valeurs de la République se transmettent » (Mediapart)
    https://www.mediapart.fr/journal/france/191020/dans-les-ecoles-les-valeurs-de-la-republique-se-transmettent

    Quatre chercheuses, spécialistes de l’école et de l’enseignement de la laïcité, décrivent ce qu’elles constatent sur le terrain : des tensions parfois, mais qui prennent rarement de l’ampleur, et des profs peu formés face à des élèves qui se vivent stigmatisés.

    #éducation #laïcité

    • « Enseigner la nuance. » Dimanche, à Paris, une manifestante brandissait cette pancarte, ornée de roses blanches, à l’occasion du rassemblement en hommage à Samuel Paty. Mais, déjà, les débats sont à vif sur les leçons qu’il faudrait immédiatement tirer de cet attentat. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, promet de nouvelles mesures et « un cadrage pédagogique fort » à la rentrée des vacances de la Toussaint, le 2 novembre.

      Mais sur le terrain, que disent les chercheurs et les chercheuses qui s’occupent des formations à la laïcité, et des enseignements d’éducation morale et civique (EMC) ? Que rapportent celles et ceux qui ont travaillé sur ce qui s’est passé en classe, après les attentats de janvier et de novembre 2015 ? Et sur les débats et les vives tensions qui traversent parfois l’école dès qu’il est question de laïcité, d’islam, de Charlie Hebdo et des caricatures du prophète Mahomet ?

      Pour échapper aux propos d’estrade, nous en avons interrogé quatre, qui travaillent sur ces questions depuis plusieurs années, en lien étroit avec le terrain : Fanny Gallot, historienne et formatrice à l’Inspé de Créteil (Val-de-Marne), qui mène actuellement une enquête sur l’enseignement de la laïcité en Seine-Saint-Denis ; Françoise Lorcerie, directrice de recherches au CNRS qui travaille depuis des années sur la laïcité, l’inclusion de l’islam et la formation des enseignant·e·s à la diversité de la société ; Valérie Orange, qui a consacré une thèse soutenue l’an dernier et intitulée Enseigner la laïcité en éducation prioritaire en France ; et Alice Simon, chercheuse en sociologie politique, qui a réalisé une étude dans une école de REP+ juste après l’attentat visant la rédaction de Charlie Hebdo, et mené un projet sur la citoyenneté au collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (lire son entretien ici).

      Toutes sont prudentes : les anathèmes sont légion dès qu’on aborde ces sujets, et les doutes et les interrogations affleurent nécessairement après un acte d’une telle barbarie, qui saisit d’effroi toute la communauté éducative. « On est catastrophés. Par le geste lui-même et par les retombées qu’il va provoquer, glisse l’une d’elles. Tout le monde est abasourdi, anéanti. Et puis, on s’interroge sur l’efficacité de notre travail », dit une autre.

      Samuel Paty a en effet été assassiné après avoir présenté à ses élèves, lors d’un enseignement d’éducation morale et civique (EMC), des caricatures du prophète Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Un cours qui, cette année, a provoqué une mobilisation d’une poignée de parents d’élèves du collège du Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (Val-d’Oise), soutenus par des milieux islamistes.

      Que disent les études de terrain ?

      Mais, d’après les travaux disponibles, ce type de mobilisations religieuses reste largement minoritaire en France, y compris dans les quartiers populaires à forte population de confession ou de culture musulmane.

      « Le discours majoritaire des médias faisant état d’une école qui serait assaillie par les islamistes est un discours qui se fait peur. Mais vu de l’école, ce n’est pas du tout ce qui fait problème, affirme la directrice de recherches au CNRS Françoise Lorcerie. Depuis 1989, et la loi d’orientation de Lionel Jospin, les écoles ont toutes appris à rapprocher les enseignants de leurs élèves, et des familles. Le confinement l’a d’ailleurs montré… L’école a de vrais problèmes, mais pas forcément ceux que l’on croit. »

      Pour sa thèse de sociologie, Valérie Orange a mené une quarantaine d’entretiens au long cours (dits « qualitatifs »), répartis sur une vingtaine d’établissements de l’académie d’Aix-Marseille, entre 2016 et 2017.

      « Dans ce travail, il est tout à fait frappant par rapport au discours ambiant de voir que les tensions liées à l’islam ou la laïcité sont peu nombreuses », explique-t-elle à Mediapart. Et quand elle rencontrait plusieurs enseignants de la même équipe, « c’était toujours le même exemple grave qui revenait ».

      « La question des caricatures, du rapport à l’islam cristallise dans les salles des profs et les Inspés [les centres de formation des profs – ndlr], affirme Fanny Gallot, qui dispense des formations à la laïcité pour les enseignants et mène actuellement une étude sur la Seine-Saint-Denis avec la chercheuse Francine Nyambek-Mebenga. Mais avec les élèves, dans les écoles primaires où nous sommes allées, ce n’était pas du tout conflictuel. Nous n’avons pas constaté de tensions : cela discute énormément en classe, mais de manière apaisée. »

      Les derniers rapports officiels le disent aussi. Les données des équipes « Valeurs de la République » mises en place dans toutes les académies pour veiller aux atteintes à la laïcité indiquent que, sur l’ensemble du territoire, 935 signalements ont été comptabilisés sur l’année scolaire 2019-2020. Un chiffre en baisse par rapport à 2018-2019, mais l’année a été amputée du fait du confinement. Il reste de toute façon très faible au regard des 12,3 millions d’élèves en France.

      Les signalements sont concentrés dans certaines académies (avec, en tête, Créteil, suivi de la Normandie, de Toulouse et de Versailles), et 45 % des faits recensés ont eu lieu au collège (37 % en maternelle/primaire et 18 % au lycée). Dans la majorité des cas, les atteintes à la laïcité sont le fait d’élèves (57 %).

      Elles recouvrent, toujours selon la même source, des formes très différentes : le port de signes ou de tenues à connotation religieuse ; la contestation d’enseignements (« remise en cause de la laïcité lors de la présentation de la charte de la laïcité ; refus de suivre le thème du programme d’histoire-géographie de 5e intitulé “Chrétientés et Islam (VIe-XIIIe siècles), des mondes en contact”, évitement du cours de natation ») ; des propos, insultes ou bagarres « sur des arguments religieux », ou des absences prolongées pendant les fêtes religieuses, etc.

      Les données présentées par le ministère de l’éducation nationale.

      Un sondage de l’Ifop pour le Comité national d’action laïque (CNAL) en 2018, auprès de 650 enseignants du public exerçant du primaire au lycée, avait aussi montré que les atteintes à la laïcité, quoiqu’en augmentation, étaient très minoritaires dans l’Éducation nationale et que, dans 98 % des cas, « le dialogue a permis de régler les problèmes ».
      Le moment Charlie à l’école

      C’est après les attentats de janvier 2015 que l’organisation d’une minute de silence et les débats organisés en classe avaient suscité de nombreuses polémiques, avec des profs qui se sentaient parfois démunis, et des élèves accusés, dans certains quartiers populaires à forte population de culture et/ou de croyance musulmane, de ne « pas être Charlie ». Plusieurs procédures pour apologie du terrorisme avaient été lancées, y compris visant de jeunes enfants.

      De fait, « après Charlie et les attentats de novembre 2015, beaucoup d’enseignants ont évoqué avoir rencontré un certain nombre de réactions en classe, des remarques, des attitudes fermées par rapport à la minute de silence », explique Valérie Orange.

      L’enquête menée par la sociologue Alice Simon, dans une école REP+ d’un quartier défavorisé d’une métropole du sud de la France, le montre aussi, avec des enfants de CM2 qui contestaient vivement les « Je suis Charlie » affichés par leur professeur à l’entrée de la classe (lire son article ici).

      Mais, selon ces chercheuses, les débats ont été plus ou moins virulents en fonction des écoles, des classes, des enseignants, entre des enfants, musulmans, qui se sentaient exclus par la société et visés par les débats sur la laïcité, et une communauté éducative qui ne comprenait pas toujours leur réaction.

      « Plus les enseignants étaient choqués par certains propos tenus en classe, et plus ils étaient envahis par leurs propres émotions, plus l’effet était négatif, explique Valérie Orange. Certains enseignants finissent par se demander si leurs élèves, qu’ils aiment bien, ne sont pas en réalité des monstres. D’autres, au contraire, sont allés au-delà de l’effroi et ont réussi à mener la discussion. »

      Et là, poursuit la chercheuse, ils ont trouvé des raisons variées à la réaction parfois violente des enfants : « Certains enfants réagissaient parce qu’ils avaient peur, peur que l’image des musulmans soit de nouveau écornée. » D’autres faisaient de la provocation devant leurs camarades. « La proportion de réactions intégristes est extrêmement marginale en réalité », affirme Valérie Orange.

      Des vécus différents selon les enseignants

      De manière plus générale, sur l’islam et la laïcité, les chercheuses interrogées constatent qu’un fossé s’est parfois creusé entre enseignants, ou entre certains enseignants et une partie de leurs élèves. « Là où c’est tendu, c’est dans la salle des profs. Entre les maîtres, entre collègues » qui n’ont pas tous la même conception de la laïcité, ou la même perception d’une remarque d’un·e élève, rapporte Fanny Gallot.

      « Il y a une dimension subjective de l’incident, dit de son côté Valérie Orange. Elle est très associée à la manière dont un enseignant considère la question religieuse. S’il est athée militant, ou s’il a une forte méfiance envers l’islam, l’enseignant se montrera régulièrement crispé vis-à-vis des propos à caractère religieux de ses élèves, à l’inverse d’autres collègues plus détendus face à de telles questions. Ce n’est finalement pas le fait en soi mais le regard qu’on lui attribue qui le rend problématique. » Résultat, précise la chercheuse : dans les entretiens qu’elle a menés, les profs qui avaient le plus de réserves par rapport au fait religieux étaient ceux qui rapportaient le plus d’incidents…

      Mais, dit encore Valérie Orange, cette différence de perception n’est pas seulement liée à la différence de sensibilité de l’enseignant. Si celui-ci est perçu par ses élèves comme très sensible sur ces sujets, les élèves peuvent être tentés de le provoquer en classe : « Les élèves instrumentalisent parfois le religieux pour réactualiser le chahut », raconte la chercheuse. C’est ainsi que l’on se retrouve, parfois, avec « deux enseignants qui parlent de leurs élèves de manière très différente ».

      Ils tiennent aussi parfois des propos différents à leurs élèves, selon leur sensibilité personnelle, ou l’interprétation qu’ils font de la loi de 1905. « En classe, certains enseignants disent par exemple que les élèves ne peuvent pas parler de religion à l’école, ce qui n’est pas exact », rapporte l’historienne Fanny Gallot. « Une professeure d’anglais m’avait raconté qu’une de ses élèves avait dit vouloir aller vivre à Londres car elle pourrait porter le voile à l’école. Elle n’avait pas accepté sa réponse et l’avait jugé scandaleuse », dit de son côté Valérie Orange.

      Les profs font ce qu’ils peuvent

      Mais comment pourrait-il en être autrement alors que l’école se voit confier des missions de plus en plus étendues, avec des moyens défaillants ? Les profs, visés par des menaces terroristes depuis plusieurs années, rappellent à quel point ils souvent démunis face aux injonctions contradictoires, aux directives ministérielles, à l’exigence que l’école règle tout, tout le temps et pour tout le monde (lire l’article de Faïza Zerouala).

      « Je l’ai vécu comme responsable de l’Éducation nationale, après les attentats de 2015, explique Christophe Prochasson, président de l’EHESS et ancien conseiller de François Hollande à l’Élysée (lire notre entretien). On n’a pas été au niveau des demandes [des profs]. On les a laissés se démerder face à des situations qui pouvaient être épouvantables. Nous ne l’avons pas fait, ni nous ni la droite au pouvoir aujourd’hui. »

      Les EMC, ces modules d’enseignement moral et civique mis en place dans la loi de Vincent Peillon de 2013, ont remis la « morale » au programme scolaire. Après les attentats de 2015, ils ont aussi été promus par la ministre d’alors, Najat Vallaud-Belkacem, pour permettre aux enseignants de gérer les débats avec les élèves, et contribuer, par la discussion, à transmettre les valeurs républicaines.

      « Ces EMC sont nécessaires parce que nous vivons dans une société plurielle, explique Françoise Lorcerie. Seule l’école peut y contribuer, car c’est là que nous pouvons créer une société civile, qui s’accepte dans ses différentes composantes, y compris les musulmans. » Selon la chercheuse, autrice de nombreux travaux sur le sujet, « il faut créer une compétence civile dans les classes, pour permettre aux populations minoritaires de trouver leur place dans la société, pour leur en donner une ».

      Et pour cela, une solution, selon Lorcerie : le débat. « C’est le sens même de la laïcité. Dans le cadre laïque, il y a des affrontements d’idées. Pour former des élèves qui soient matures moralement, ce qui est un objectif de l’EMC, il faudrait que l’école fasse place aux dissensions. Que l’on accepte de s’accommoder de la dissonance, et que l’on construise, sur certaines questions, des compromis. »
      Les profs y sont-ils formés ? Non, ou très insuffisamment, affirment les chercheuses. « Ils ne sont pas suffisamment formés à accueillir la parole dissonante de leurs élèves. Ils ne savent pas la gérer, ou en ont peur. Ce n’est pas de leur fait : c’est tout simplement une question de formation professionnelle », dit encore Françoise Lorcerie.

      Sur la laïcité, aussi, les formations manquent. Elles étaient totalement inexistantes des IUFM et ne sont apparues que depuis la mise en place des Inspé – mais de manière inégale et insuffisante. « Alors qu’il est question de laïcité en permanence, il y a assez peu de formations là-dessus, et les enseignants sont très peu accompagnés. C’est aussi un problème de moyens », affirme Fanny Gallot.

      Alors, dit la chercheuse François Lorcerie, « les profs se dépatouillent avec des nécessités contradictoires ».

      Des expériences qui marchent

      Souvent, aussi, ils inventent, ils créent, ils expérimentent, ils font ce qu’ils peuvent, et souvent, disent les chercheuses interrogées, cela fonctionne. « Un prof de français en lycée a travaillé la laïcité à partir des débats parlementaires de la loi de 1905 : les enfants comprennent alors que la laïcité est ancienne et qu’elle ne vise pas expressément les musulmans », raconte Valérie Orange.

      Elle cite aussi le cas d’un prof d’histoire-géo en collège, à Marseille : « C’était un prof chevronné dans l’encadrement des débats et il en a organisé un sur l’absence de viande hallal à la cantine. Petit à petit, en discutant, les élèves ont reconstruit les raisons. C’était acquis. »

      Autre exemple, en Seine-Saint-Denis : « Étant donné que les élèves musulmans sont stigmatisés dans la société et qu’une défiance s’est parfois créée avec l’école, des enseignants s’appuient sur des supports qui échappent à ces questions pour mieux transmettre les valeurs d’égalité et de respect », raconte Fanny Gallot.

      Elle cite l’exemple de modules de la Ligue de l’enseignement : la question du port de signes religieux y est traitée non par le

      Dans une séquence d’EMC pour des enfants en CE1, l’objectif est ainsi décrit : « Aborder la laïcité comme liberté de croire ou de ne pas croire / Respecter les croyances de chacun ».

      Elle utilise une image d’enfants bouddhistes pour évoquer les signes ostentatoires : les élèves sont amenés à commenter l’image et l’enseignant à répondre aux questions :
      « De quelle religion sont les enfants sur la photo ?
      -- Le bouddhisme
      Comment sont-ils habillés ?
      -- Une robe orange. Il s’agit de l’habit que les moines bouddhistes portent.
      A-t-on le droit de venir habillé ainsi à l’école ?
      -- Non, on vient habillé normalement comme tout le monde.
      Connaissez-vous d’autres signes religieux que l’on n’a pas le droit de porter ?
      -- Le voile, la kippa.
      Pourquoi à votre avis ?
      -- Parce qu’on ne doit pas influencer les autres. Chacun construit sa propre opinion et sa propre croyance. La croyance c’est personnel. »

      « C’est une stratégie d’évitement, pour contourner l’actualité, tout en parlant des enjeux de fond, explique l’historienne Fanny Gallot. À la fin, bien sûr, tout le monde finit par parler des religions monothéistes, mais l’idée est de ne pas être aussitôt frontal, pour ne stigmatiser personne. »

      « En termes de pédagogie, comment fait-on pour affronter des situations aussi délicates ? Jules Ferry disait aux instituteurs de “ne pas choquer un seul père de famille”. Ça ne veut pas dire qu’il faut la fermer, ne rien dire. Mais il faut trouver la bonne méthode pour passer des savoirs qui peuvent heurter », explique aussi le président de l’EHESS Christophe Prochasson.

      N’est-ce pas de l’autocensure ? Voire une censure de fait ? « L’école doit accueillir tout le monde, rétorque Fanny Gallot, coautrice d’un manuel sur l’enseignement de l’égalité filles-garçons. C’est valable pour toutes les questions dites “socialement vives” à l’école. Il faut toujours être inclusif, pour recréer du lien : c’est au cœur même de la mission du service public d’éducation. »

      Et ça marche, jure l’historienne. Malgré les défaillances, le manque de moyens, l’insuffisance des formations, les tensions de la société. Valérie Orange le dit aussi : « Jusqu’à présent, contrairement aux discours qu’on entend souvent, les valeurs de la République se transmettent. L’école fait bien son boulot. »

      #école

  • Éducation : « La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement n’est pas vraiment neuve » (Claude Lelièvre, LeMonde.fr)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/22/education-la-situation-dans-laquelle-nous-nous-trouvons-actuellement-n-est-p

    En matière d’« anticlérialisme » contre le « catholicisme politique » – l’Eglise catholique est alors foncièrement antirépublicaine –, Jules Ferry se montre tout particulièrement intransigeant (et c’est une leçon) pour ce qui concerne le cœur même de l’école, à savoir ce qui doit et peut y être enseigné. […]
    En revanche, il se montre très soucieux que l’école laïque et ses acteurs ne basculent pas dans l’antireligion, sous quelque forme que ce soit.

    #éducation #histoire #laïcité

    • L’historien Claude Lelièvre, spécialiste de l’éducation, rappelle dans une tribune au « Monde » que si Jules Ferry était inflexible sur les enseignements, le cœur même de l’école laïque, il veillait aussi à ce qu’elle ne tombe pas dans l’antireligion, sous quelque forme que ce soit

      Il ne faudrait pas que les sentiments tout à fait légitimes d’horreur et de colère face à l’ignoble assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty l’emportent sur toutes les autres considérations, qualifiées parfois par certains d’« islamo-gauchisme ».

      La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement n’est pas vraiment neuve, car elle a été, à certains égards, constitutive de l’institution de l’école laïque et républicaine en France. Ainsi Jules Ferry (1832-1893), président du Conseil, s’exprimait de la manière suivante au Sénat, le 10 juin 1881 : « Nous sommes institués pour défendre les droits de l’Etat contre un certain catholicisme, bien différent du catholicisme religieux, et que j’appellerai le catholicisme politique. Quant au catholicisme religieux, il a droit à notre protection (…). Oui, nous avons voulu la lutte anticléricale, mais la lutte antireligieuse, jamais, jamais. »

      Des « devoirs envers Dieu »

      En matière d’« anticlérialisme » contre le « catholicisme politique » – l’Eglise catholique est alors foncièrement antirépublicaine –, Jules Ferry se montre tout particulièrement intransigeant (et c’est une leçon) pour ce qui concerne le cœur même de l’école, à savoir ce qui doit et peut y être enseigné. Par exemple, il place les manuels d’histoire et d’instruction civique qui ont été mis à l’index par l’Eglise de France parmi les manuels recommandés en annexe de sa célèbre lettre-circulaire aux instituteurs du 17 novembre 1883.

      En revanche, il se montre très soucieux que l’école laïque et ses acteurs ne basculent pas dans l’antireligion, sous quelque forme que ce soit. D’abord dans cette même lettre-circulaire : « Parlez avec force et autorité toutes les fois qu’il s’agit d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge . »

      Plus significatif et plus étonnant encore, c’est sous le ministère de Jules Ferry que des « devoirs envers Dieu » sont inscrits dans le texte réglementaire, publié le 27 juillet 1882, du programme de morale au cours moyen : « L’instituteur apprend aux élèves à ne pas prononcer légèrement le nom de Dieu (…) ; et il habitue chacun d’eux à environner du même respect cette notion de Dieu, alors même qu’elle se présenterait à lui sous des formes différentes de celles de sa propre religion. »

      Et pour l’islam ? En 1891, Jules Ferry critique le manque d’une réelle « politique musulmane » et invite le Sénat à constituer une « grande commission » (Journal officiel du Sénat, débats parlementaires, séance du 26 février 1891, page 117). Une commission d’étude sur l’Algérie de dix-huit membres est instituée, et elle est présidée par Jules Ferry lui-même.

      « Profond respect »

      Sept rapports publiés en 1892 vont en découler, dont le rapport confié par Jules Ferry à Emile Combes (1835-1921) sur « l’instruction primaire des indigènes ». On ne manquera sans doute pas d’être quelque peu surpris, en prenant connaissance de ce rapport, si l’on a à l’esprit à quel point Emile Combes s’est distingué dans la lutte anticléricale. Il a été, entre autres, le principal responsable de l’interdiction des congrégations enseignantes en 1904.

      « Ce peuple aime sa religion et il entend qu’on la respecte (…). Ce qu’on a regardé comme une opposition religieuse n’était que le désir bien naturel à un peuple croyant de s’assurer que sa religion nationale ne courait aucun danger dans les écoles ouvertes à la jeunesse (…). Le sentiment religieux et le sentiment patriotique s’unissent pour recommander le Coran, qui est à la fois le symbole de la doctrine religieuse et le monument par excellence d’une littérature. Le Coran tenant au cœur de l’arabe par ce double lien, il est naturel que l’arabe s’irrite d’une attaque dirigée contre le Coran comme d’une offense faite à sa croyance et à sa race. De là, pour nos instituteurs, l’obligation étroite de témoigner le plus profond respect à la religion indigène, c’est-à-dire au livre qui en est l’expression » (Rapport Combes, documents parlementaires, Sénat, annexe n° 50, 18 mars 1892, page 244).

      Tout cela n’a pas empêché les grands dirigeants républicains de mener une lutte « anticléricale » résolue, là où elle est au cœur des enjeux, à savoir : quelle culture et quels enseignements ?

      Amendes

      En septembre 1909, les cardinaux, archevêques et évêques de France préconisent l’organisation d’associations des pères de famille : « Vous avez le devoir et le droit de surveiller l’école publique. Il faut que vous connaissiez les maîtres qui la dirigent et l’enseignement qu’ils y donnent. Rien de ce qui est mis entre les mains et sous les yeux de vos enfants ne doit échapper à votre sollicitude : livres, cahiers, images, tout doit être contrôlé par vous (…). Nous interdisons l’usage de certains livres dans les écoles, et nous défendons à tous les fidèles de les posséder, de les lire et de les laisser entre les mains de leurs enfants, quelle que soit l’autorité qui prétend les leur imposer. » Suit une liste d’une quinzaine de manuels d’histoire, de morale ou d’instruction civique condamnés.

      En janvier 1914, la Chambre des députés ira jusqu’à voter une série de dispositions afin d’assurer « la défense de l’école laïque » . Les parents qui empêcheront leurs enfants de participer aux exercices réglementaires de l’école ou de se servir des livres qui y sont régulièrement mis en usage seront frappés de peines d’amende.

      D’autre part, quiconque, exerçant sur les parents une pression, les aura déterminés à empêcher leurs enfants de participer aux exercices réglementaires de l’école, sera puni d’un emprisonnement de six jours à un mois ou d’une amende de seize francs à deux cents francs or. Ces peines seront sensiblement aggravées s’il y a eu violence, injures ou menaces.

      Les grands républicains d’avant la première guerre mondiale savaient et proclamaient que ce n’est pas ce qu’on a sur la tête qui importe, mais ce que l’on a dans la tête. Mais c’étaient des grands.

      Loin du laïcisme actuel, donc.

      #islamo-gauchisme
      https://seenthis.net/messages/702616

  • Prendre le risque de la violence symbolique en soumettant les élèves à des caricatures non contrôlées ? (Site de lud-le-scribouillard !)
    https://lud-le-scribouillard.jimdofree.com/2020/10/18/prendre-le-risque-de-la-violence-symbolique-en-soume

    Et puis, rapidement, cette idée se répand, l’idée selon laquelle, afin de lutter contre le terrorisme et affirmer notre liberté d’expression, nous devrions tous, nous, enseignants, publier, placarder, imposer les caricatures du prophète dans nos salles de classe et dans nos établissements scolaires. Ce serait un signe de notre indépendance d’esprit, une manière de ne pas s’abaisser face au terrorisme, no pasaran, une manifestation de notre liberté de penser, de caricaturer, de blasphémer. Le rappel que nous sommes bien en démocratie (ou en République, je ne sais plus trop).
    [...]
    Il va sans dire - mais apparemment cela va mieux en le disant (quoique je crains qu’on me reproche l’inverse de ce que je vais écrire, mais je vais l’écrire quand même) -, il va sans dire, donc, qu’il n’est nullement question ici d’accabler notre collègue sauvagement assassiné ; aucune pratique pédagogique ne mérite la mort.

    Toutefois, devant l’injonction qui pointe, qui commence à sérieusement envahir l’opinion publique, selon laquelle nous devrions tous publier les caricatures du prophète et à les montrer dans nos classes, il s’agit de s’interroger sur nos pratiques pédagogiques.

    #éducation #laïcité #injonctions

    • Je veux dire : quel peut être l’intérêt pédagogique et politique (car « faire partager les valeurs de la République » est une exigence politique) d’exposer des élèves appartenant à des populations dominées à des documents qui viennent renforcer des stéréotypes dominants sur ces populations ? Je pense sincèrement que c’est non seulement violent et brutal pour ces élèves, mais que cela risque d’être contre-productif, à la fois pédagogiquement et politiquement. De la sorte, nous risquons bien de renforcer le caractère catéchistique des « valeurs républicaines » et, ainsi, de les voir dévaluées, critiquées, attaquées de la part de ces élèves.

  • Seine-Saint-Denis : Quatre mille écoliers absents, classes fermées… Des parents d’élèves dénoncent une « rentrée chaotique » (20 minutes)
    https://www.20minutes.fr/paris/2855947-20200907-seine-saint-denis-quatre-mille-ecoliers-absents-classes-f

    Près de 4.000 élèves – dont 500 pour la ville de Saint-Denis – sur plus de 200.000 enfants, n’ont pas retrouvé le chemin de l’école en Seine-Saint-Denis.
    Vingt et une classes ont été fermées par les autorités académiques du département.
    « Nous sommes consternés. C’est une rentrée chaotique », déplore Alixe Rivière, coprésidente de la fédération de parents d’élèves FCPE 93 sollicité par 20 Minutes.

    Source FCPE : https://www.fcpe-ucl-montreuil.fr/4021-disparitions-suspectes-dans-les-ecoles-de-seine-saint-denis

    Si l’information est vérifiée, on ne peut qu’être frappé par le manque de suivi de cette disparition à la rentrée de 2% des élèves.
    – Où sont-ils ? Des décrocheurs du confinement ayant basculés dans la déscolarisation après 2 mois de vacances ? Des enfants de familles refusant les conditions de scolarisation prévues par le(s) protocole(s) ? parce que trop contraignant ? parce que pas assez rassurant ? Des élèves passés dans le privé ? avec quelles motivations ?
    – Observe-t-on un phénomène similaire ailleurs ? avec une corrélation avec un profil sociologique de famille ?

    #éducation #élèves #rentrée_scolaire

    • Nan mais sérieusement :

      En réalité, seuls 170 écoliers n’ont pas repris les cours dans le département, assure désormais le rectorat. « Il y a toujours un écart entre le chiffre prévisionnel et les effectifs réels le jour de la rentrée », rappelle l’académie, qui a désormais consolidé ses chiffres mais avait bien confirmé celui de 4.000 début septembre. Et de préciser : « Il y a eu une erreur dans le recueil des données prévisionnelles qui sont élaborées par l’Education nationale en collaboration avec les villes. Le confinement a sans doute complexifié le recueil de ces données ».

      #il_y_a_toujours_un_écart #complexifié_le_recueil_des_données

      Maintenant il serait intéressant de savoir à quel point cet « écart » a servi à justifier les discours officiels sur les élèves « décrocheurs » à cause du confinement, et sur le besoin de rouvrir les classes « quoi qu’il en coûte » (ces « 4000 » écoliers absents déplaçant la justification de l’ouverture des classes vers sur la santé mentales et la scolarisation des enfants, plutôt que de se focaliser sur besoin économique de faire garder les enfants pour que les parents puissent aller travailler).

    • Le chiffre ministériel des élèves décrocheurs a été de 4%. Il ne sort de nulle part et je n’ai vu aucun journaliste le remettre en cause.
      Illustration avec ma classe en éducation prioritaire, pendant le confinement :
      – j’ai perdu tout contact avec la famille/l’élève : 10%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille sans pouvoir mettre en place des temps de travail : 30%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille et les temps de travail mis en place n’étaient ni significatifs ni utiles : 30%
      – j’ai pu travailler régulièrement avec les élèves et/ou leur famille les ont suivi sérieusement sur la base de documents distribués et outils mis en place ou de leur propre initiative : 30%.
      Comme même ces derniers élèves ont fini par régresser vers le milieu du confinement, je considère d’un point de vue pédagogique (en terme de résultats) que 100% des élèves de ma classe étaient décrocheurs.
      Si on essaye d’être plus nuancé et de compter en terme de moyens et non de résultats, d’accompagnement et non d’apprentissage, disons alors que 70% de mes élèves étaient décrocheurs.
      Lorsque la hiérarchie m’a appelé pour connaître le nombre de décrocheurs, le critère était « avez-vous eu un contact même ponctuel avec la famille ? », le chiffre remonté pour ma classe était donc 10%.

      J’en déduis que le nombre d’élève décrocheurs a été très très sous-évalué parce qu’il fallait annoncer que tout allait bien dans la logique du « on est prêt ».
      D’un point de vue scolaire le distanciel a été massivement un échec (pour de multiples raisons qui demanderaient à être pensées et analysées), donc oui du strict point de vue de la scolarité et des inégalités le retour en présentiel était nécessaire.
      Mais la logique du ministère est autre : on rouvre pour renvoyer les familles au travail sans se donner les moyens d’un présentiel par temps de COVID (pas plus qu’on s’est donné les moyens d’un distanciel d’ailleurs).
      Le Ministère n’a pas besoin d’écarts pour justifier ceci ou cela, il s’adapte au discours gouvernemental quitte avec être en contradiction avec les chiffres (truqués ou pas) et quitte à être en contradiction avec lui-même.
      Exemple : qu’est devenue l’expérimentation des 2S2C qui a mobilisé les équipes après le confinement ? Quid de la promesse du dédoublement des classes si la circulation du virus redevenait importante ? (poke @caro)

    • Nous, on est l’ultraminorité des planqués  : on a vu la nature du non-protocole sanitaire de rentrée et on a juste dit «  non, on n’y va pas  ». On pensait que la situation sanitaire allait se dégrader à partir de la rentrée (on n’a pas été déçu) et que les décideurs finiraient par arrêter leur conneries et revenir à des mesures compatibles avec la santé de la population en général et des otages de l’EN en particulier  : là, je dois avouer que j’ai pêché par optimisme débridé et foi en la rationalité humaine.
      La politique de santé publique actuelle est criminelle et c’est encore plus vrai pour ce qui se passe dans les établissements scolaires.

      Il semblerait que le sport qui est en train de devenir à la mode à l’hosto, c’est intuber des profs.

      Je suis juste furieuse.