Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Pour une éducation aux médias et à l’information (de) tous les jours
    https://theconversation.com/pour-une-education-aux-medias-et-a-linformation-de-tous-les-jours-2

    Anne Cordier dans The Conversation sur l’éducation aux médias et à l’information.

    Ce lundi 18 mars 2024 s’ouvre la 35e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Chaque année, dans bon nombre d’établissements de la maternelle au lycée, ce rendez-vous permet de « développer le goût pour l’actualité », tout en abordant avec les élèves des notions clés du travail journalistique, du décryptage de l’information, à travers des présentations du paysage médiatique ou des rencontres de rédactions.

    Si cette manifestation a son importance, elle ne suffit bien sûr pas à mener à bien tous les objectifs énoncés ci-dessus. L’observation des pratiques informationnelles enfantines et adolescentes, comme l’analyse des situations d’apprentissage dans le monde scolaire mais aussi en famille, en médiathèques ou dans les communautés associatives, plaident incontestablement pour une banalisation de l’éducation aux médias et à l’information (EMI).

    Cette éducation est une pierre angulaire du développement d’une culture générale. Comment s’y prendre pour mieux l’ancrer dans le quotidien des jeunes générations ?

    Sortir du traitement évènementiel de l’éducation à l’information

    Le traitement évènementiel de l’information, auquel se trouvent souvent contraints les acteurs de l’éducation aux médias et à l’information, ne permet absolument pas de relever le défi. Tout d’abord, parce que, nous l’avons vu, ce traitement n’est pas à la mesure de la quotidienneté – joyeuse – de la vie sociale des enfants et des adolescents, et des enjeux qu’ils ont à affronter chaque jour pour appréhender le flux d’informations et en traiter le contenu, quel que soit son statut.

    Ensuite, la prise en charge des problématiques informationnelles et médiatiques ne saurait se limiter à la gestion d’un évènement en général tellement chargé émotionnellement (attentats, guerres) que la prise de distance nécessaire à la structuration de connaissances n’est pas possible.

    Enfin, l’étude des trajectoires informationnelles des acteurs suivis sur le long terme et les interrelations avec les formations en EMI dont ils ont bénéficié montrent à quel point la dimension temporelle est cruciale. C’est ce qui favorise l’intégration de compétences et de connaissances abordées de façon répétée de manière à ce que des transferts soient envisagés et envisageables. C’est ainsi qu’en situation, dans un nouveau contexte, les jeunes concernés seront en mesure de convoquer de nouveau des ressources, des types d’usages ou de pratiques abordés.

    Pour l’ensemble de ces raisons, c’est d’une éducation aux médias et à l’information du quotidien et au quotidien dont nos enfants et adolescents ont besoin, une éducation à la hauteur de la place qu’a l’activité informationnelle dans leur vie. C’est-à-dire une place quotidienne, profondément incarnée, sensible, joyeuse, et essentielle dans les sociabilités qu’ils mettent en œuvre, que ce soit avec la famille ou avec les pairs.

    #Anne_Cordier #Education_Médias_information

  • One Twin Was Hurt, the Other Was Not. Their Adult Mental Health Diverged. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/03/06/health/one-twin-was-hurt-the-other-was-not-their-adult-mental-health-diverged.html

    Protégeons les enfants !!!

    Why do twins, who share so many genetic and environmental inputs, diverge as adults in their experience of mental illness? On Wednesday, a team of researchers from the University of Iceland and Karolinska Institutet in Sweden reported new findings on the role played by childhood trauma.

    Their study of 25,252 adult twins in Sweden, published in JAMA Psychiatry, found that those who reported one or more trauma in childhood — physical or emotional neglect or abuse, rape, sexual abuse, hate crimes or witnessing domestic violence — were 2.4 times as likely to be diagnosed with a psychiatric illness as those who did not.

    If a person reported one or more of these experiences, the odds of being diagnosed with a mental illness climbed sharply, by 52 percent for each additional adverse experience. Among participants who reported three or more adverse experiences, nearly a quarter had a psychiatric diagnosis of depressive disorder, anxiety disorder, substance abuse disorder or stress disorder.

    To disentangle the effects of these traumas from genetic or environmental factors, the researchers narrowed the pool to “discordant” pairs, in which only one twin reported maltreatment in childhood. An analysis of 6,852 twins from these discordant pairs found that childhood maltreatment was still linked with adult mental illness, though not as strongly as in the full cohort.

    “These findings suggest greater influence than I expected — that is, even after very stringent control of shared genetic and environmental factors, we still observed an association between childhood adversity and poor adult mental health outcomes,” said Hilda Bjork Danielsdottir, a doctoral candidate at the University of Iceland and the study’s first author.

    A twin who reported maltreatment was 1.2 times as likely to suffer from a mental illness as the unaffected twin in identical twin pairs, and 1.7 times as likely in fraternal twin pairs. This effect was especially pronounced among subjects who reported experiencing sexual abuse, rape and physical neglect.

    For decades, researchers have been accumulating evidence that links child abuse and maltreatment to illnesses later in life. A landmark 1998 study of 9,508 adults found a direct correlation between childhood maltreatment and heart disease, cancer, lung disease and depression, often linked by behavior like smoking and alcohol use.

    By ruling out the role of genetic factors, the new findings should help dispel any remaining doubt that childhood maltreatment leads to worse mental health in adulthood, said Mark Bellis, a professor of public health at Liverpool John Moores University in Britain, who was not involved in the study.

    The findings add to “the increasingly irrefutable evidence that it is going to cost us all a lot less if we invest in tackling” abuse and neglect of children now, he added, rather than “continuing to pay for the epidemic levels of harm” they cause downstream.

    #Enfance #Mauvais_traitements #Dépression #Jumeaux

  • Elon Musk considère notre planète comme condamnée selon Jonathan Taplin
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/comment-4-milliardaires-de-la-tech-profitent-du-chaos-pour-imposer-leur-vision-

    Dans son ouvrage The End Of Reality, Jonathan Taplin alerte sur le futur amoral qu’imaginent Elon Musk, Mark Zuckerberg, Marc Andreessen et Peter Thiel.

    On ne présente plus Elon Musk ni Mark Zuckerberg. On connaît moins bien en France l’investisseur Marc Andreessen, qui a financé la plupart des grosses entreprises de la Silicon Valley, tout comme Peter Thiel, fondateur sulfureux de Paypal et de la société de renseignement technologique Palantir. 

    Jonathan Taplin a fait de ces quatre oligarques de la tech ses cibles dans son nouvel ouvrage The End of Reality : How Four Billionaires Are Selling Out Our Future (Public Affairs, septembre 2023). L’ex manager de Bob Dylan et producteur de Martin Scorsese, reconverti en observateur du monde des médias et de la tech, explique que ces quatre « technocrates » imaginent un futur très loin des préoccupations de 90 % de l’humanité (à savoir : le changement climatique et les inégalités sociales, par exemple). Puisque le monde selon Musk et compagnie repose sur des concepts qui nous menacent tous d’un point de vue « moral » et « politique », estime Jonathan Taplin. Il détaille quatre de ces concepts en particulier : le métavers, les cryptomonnaies, le transhumanisme et la colonisation de Mars, que défendent ces hommes, chacun à leur manière. Pour Jonathan Taplin, il y a donc urgence à combattre ces milliardaires. Son livre, qui s’appuie majoritairement sur des faits connus, a le mérite de relater leur pensée de manière claire et incisive. Interview.

    #Pensée_tech #Libertarianisme #Dystopie

  • Pourquoi l’Internet des trentenaires est en train de disparaître
    https://www.ladn.eu/media-mutants/internet-trentenaires-disparaitre
    https://www.ladn.eu/wp-content/uploads/2024/01/fingerstache-1200x630.jpg.webp?v=202403

    Back to the dark social

    À cette fragmentation dissociative vient s’ajouter un autre phénomène. De plus en plus d’internautes ne participent plus vraiment à la production de contenus sur les réseaux sociaux et deviennent de simples consommateurs. Pour vous en convaincre, il suffit d’aller faire un tour sur votre vieux profil Facebook et regarder les "souvenirs" d’il y a 5 ou 10 ans que la plateforme fait remonter. Au début des années 2010, nous postions régulièrement des photos ou des statuts, nous alimentions un blog ou un fil Tumblr pendant quelques mois avant de « faire une pause ». À présent, cette production s’est largement déportée vers ce qu’on appelle le « dark social », des réseaux plus privés comme Discord pour les plus jeunes ou dans les messageries privées embarquées tel WhatsApp pour les plus anciens. Ainsi Adam Mosseri, responsable d’Instagram, a déclaré en juillet que les utilisateurs de l’application partageaient plus de photos et de vidéos en messages directs que dans leurs stories.

    Comme le dit Shubham Agarwal, journaliste qui a écrit un article sur le sujet pour Business Insider, nous sommes passés d’un Internet qui ressemblait à une sortie au centre commercial à un Internet plus semblable à une soirée entre amis. La publicité omniprésente, l’exacerbation des tensions politique, la culture du clash perpétuel et la sensation de burn-out informationnel ont sans doute précipité la chute des grandes plateformes sociales.

    #Médias_sociaux #tendances #Mini_social

  • #54 Données ouvertes, abeilles et démocratie, avec Samuel Goëta – La Cantine Brestoise
    https://www.lacantine-brest.net/54-donnees-ouvertes-abeilles-et-democratie-avec-samuel-goeta

    Pour le cinquante-quatrième épisode de son podcast, la Cantine numérique de Brest a le plaisir de rencontrer Samuel Goëta, spécialiste des données ouvertes et cofondateur de Datactivist. Il vient nous présenter son livre : Les données de la démocratie. Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs, paru chez C&F éditions en février 2024.

    #Samuel_Goëta #Podcast

  • 7e édition du colloque de l’Observatoire de la lecture et de l’écriture des adolescents - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=a0phsXLDZBs

    La 7e édition du colloque de l’Observatoire de la lecture et de l’écriture des adolescents sur le thème : "Les adolescents et leurs pratiques de l’écriture au XXIème siècle : nouveaux pouvoirs de l’écriture ?" s’est tenue le 12 décembre 2023 à la Maison de la Poésie.

    Tandis que l’écriture, sa pratique et son apprentissage réinvestissent aujourd’hui l’espace public, le champ de l’écrit se trouve profondément redessiné sous l’influence des nouvelles technologies. En ouvrant de nouveaux espaces (plateformes, réseaux sociaux, messageries, etc.), en renouvelant les supports (smartphones, tablettes, etc.), en décuplant les fonctions (communication, expression d’opinion, etc.), elles permettent le déploiement de nouvelles formes d’écriture et modifient également le rapport à la lecture. Des applications liées à l’intelligence artificielle, comme ChatGPT, sont en particulier porteuses d’un profond renouvellement des manières d’écrire.

    En s’appuyant sur certaines données saillantes d’une enquête nationale conduite en 2022 par Lecture Jeunesse, le colloque entend revenir sur plusieurs questions : que savons-nous réellement des pratiques d’écriture des adolescents ? Quels écarts sociaux et genrés observe-t-on dans ces pratiques ? Quels liens existe-t-il entre écriture manuscrite et écriture numérique ? Où et comment les adolescents apprennent-ils à écrire aujourd’hui ?

    Chercheurs, universitaires et professionnels de la médiation et de l’éducation discuteront ces questions de façon nuancée, à partir de champs disciplinaires différents – sociologie, linguistique, didactique – en explorant des voies possibles de renouvellement des médiations du lire/écrire en direction des adolescents.

    00:00 – Ouverture de la journée. Marie-Christine Ferrandon, présidente de Lecture Jeunesse

    07:10 – Introduction générale : les pratiques d’écriture, continuités et évolutions contemporaines
    Anne-Marie Chartier, chercheuse associée au LARHRA-Lyon 2/ENS
    Anne Cordier, professeure des universités en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine – CREM

    Axe 1 : Scripteurs adolescents : différents ou inégaux

    43:40 – Elles/ils écrivent : quelques images contrastées ou nuancées issues de l’enquête « Les adolescents et leurs pratiques de l’écriture au XXIe siècle : nouveaux pouvoirs de l’écriture ? »
    Christine Mongenot, maîtresse de conférences chargée de mission scientifique auprès de Lecture Jeunesse

    1:21:56 – Table ronde : comment prendre en compte la diversité des représentations et des pratiques adolescentes dans les médiations autour de l’écriture ?
    Animation : Christine Mongenot.
    Intervenants :
    Anne Cordier, professeure des universités en Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Lorraine - CREM
    Hella Feki, professeure de lettres, formatrice et romancière Margaux Nemmouchi, directrice de l’action culturelle au Labo des histoires

    2:39:52 - Prises de paroles officielles du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse et du Ministère de la Culture

    Axe 2 : Le continent en partie immergé des pratiques d’écriture adolescentes

    2:50:09 – Écrire ensemble. Quelles modalités et quels enjeux de l’écriture collaborative chez les adolescents ?
    Pierre Moinard, maître de conférences à l’université de Poitiers (INSPE)

    3:25:44 – Table ronde : les usages du numérique visant à amener à l’écriture des jeunes qui en sont éloignés
    Animation : Pierre Moinard.
    Intervenants :
    Alain Brunn, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche
    Cécile Couteaux, professeure de lettres dans le secondaire, formatrice et docteure en littérature française
    Christine Dupin, professeure de lettres en lycée et docteure en littérature française
    Alexandre Gefen, directeur de recherche CNRS au sein de l’unité Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (UMR7172, THALIM, CNRS / Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

    Axe 3 : Ecrire, ça s’apprend : quelles conceptions pour cet apprentissage ?

    4:26:52 – Où et comment l’écriture s’apprend-elle ? L’expérience scolaire entre ambivalence et nécessité
    Anne Vibert, inspectrice générale honoraire de l’éducation, du sport et de la recherche

    4:49:04 – Table ronde : Faire écrire, apprendre à écrire dans différents espaces de médiation
    Animation : Anne Vibert.
    Intervenants : Sanah Jassin, professeure de lycée professionnel de lettres histoire-géographie au lycée
    Benjamin Franklin (Orléans) en section professionnelle et formatrice
    Annie Loeser, élève conservatrice des bibliothèques à l’ENSSIB
    Emmanuel Vaillant, journaliste, fondateur et directeur de la Zone d‘Expression Prioritaire (ZEP)

    Plus d’informations : https://www.lecturejeunesse.org/evene...

    #Anne_Cordier #Ecriture #Adolescents

  • Comment « éduquer aux médias » en 2023 ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/etre-et-savoir/comment-eduquer-aux-medias-aujourd-hui-7548028

    Comment parler de l’actualité avec les élèves et répondre à leurs questions dans ce moment si conflictuel ? Et au long cours ?

    Avec
    Isabelle Feroc-Dumez Directrice scientifique et pédagogique du CLEMI
    Sophie Bocquet Professeure documentaliste au collège (académie de Rouen)
    Marion Thibaut Directrice du bureau de l’AFP (Agence France-Presse) à Montréal, membre du Conseil d’administration de l’association d’éducation aux médias et à l’information Entre les lignes
    Anne Cordier Professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine
    Bernard Heizmann Ancien professeur-documentaliste à l’ÉSPÉ de Lorraine et ancien responsable de la préparation au concours interne dans l’académie de Nancy-Metz
    Dans cette émission, Louise Tourret vous propose de revenir sur ce qu’on appelle l’éducation à l’information, alors que le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, le CLEMI, fête ses 40 ans, et que s’ouvre la semaine annuelle de la presse et des médias à l’école. Comment l’actualité et les émotions qu’elle provoque – l’année dernière il s’agissait de la guerre en Ukraine, cette année du mouvement social contre les retraites et il est encore possible d’évoquer le covid ou les gilets jaunes - peuvent devenir un sujet de conversation et de réflexion en classe, alors que le ministre de l’Education appelle de ses vœux la généralisation de l’EMI (éducation à l’information). Quelles sont les ressources pour les professeurs suivant le niveau d’enseignement ? Quel est le rôle spécifique des professeurs documentalistes qui s’occupent plus précisément de ce sujet ? Et quel peut être celui des journalistes, de plus en plus nombreux à intervenir auprès des élèves dans les établissements ?

    Louise Tourret en débat avec ses invités, enseignants, journaliste, et chercheuses, qui travaillent sur la question depuis de nombreuses années : Anne Cordier, ancienne professeure documentaliste, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine, chercheuse au Centre de recherche sur les médiations (CREM), coresponsable du Master SIDOC Meef Documentation à Nancy, autrice de Grandir Connectés (C & F Editions, 2015) et de Grandir Informés : Les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes (C & F Editions, à paraître en mai), Sophie Bocquet-Tourneur, professeure documentaliste au collège (académie de Rouen), Isabelle Feroc-Dumez, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI, maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Poitiers et membre du laboratoire Techné (Technologies Numériques pour l’Education), Marion Thibaut, directrice du bureau de l’AFP (Agence France-Presse) à Montréal, membre du Conseil d’administration de l’association d’éducation aux médias et à l’information Entre les lignes, et Bernard Heizmann, ancien professeur-documentaliste à l’ÉSPÉ de Lorraine et ancien responsable de la préparation au concours interne dans l’académie de Nancy-Metz, coauteur avec Elodie Royer de Le professeur documentaliste (Réseau Canopé, 2019).

    la citation

    « Il faut rappeler que l’accès à l’information est un droit, que c’est une chance de pouvoir s’informer aujourd’hui, et on pourrait même aller plus loin en disant que c’est une chance de prendre le risque de tomber sur une mauvaise information et d’exercer son esprit critique. On parle de stress et de fatigue, mais il y a une notion qui est importante c’est celle de plaisir, la joie de s’informer en famille ou à l’école, ensemble », Anne Cordier

    #Education_médias_information #Anne_Cordier #France_Culture

  • Accessible SVG: Methods for Adding Alternative Content | Envato Tuts+
    https://webdesign.tutsplus.com/accessible-svg-methods-for-adding-alternative-content--cms-32205

    Scalable Vector Graphics (SVG) are XML-based vector images. They’ve been around for a long time now but have seen a real resurgence in use over the past couple of years. There are plenty of reasons to use SVGs today including: 

    Increased native browser support of SVGs means better consistency and higher fidelity of images.
    Advancement of CSS and JavaScript techniques available to style and animate images.
    The relative “lightness” of SVG code in a world where bandwidth and performance matter more than ever.
    Another big advantage of using SVGs over standard images is that they can easily be made accessible. Since markup can be added to the SVGs directly, they give individuals who use assistive technologies (ATs), such as screen readers, more information about the images within the image itself.

    #Accessibilité #Epub #SVG

  • Protéger les élèves LGBT+ des discriminations : le rôle des professeurs documentalistes
    https://theconversation.com/proteger-les-eleves-lgbt-des-discriminations-le-role-des-professeur

    Les jeunes LGBT+ rencontrent en outre différentes barrières dans leur accès à l’information en bibliothèque publique ou scolaire. Cela est dû à un manque d’ouvrages susceptibles de répondre à leurs besoins informationnels (comprendre qui ils sont, accéder à des représentations positives) ou bien à des erreurs de catalogage qui invisibilisent des ressources pourtant présentes dans les collections. Il existe aussi des barrières psychologiques que ces jeunes s’imposent. Par peur d’être stigmatisés, ils s’interdisent de consulter ou d’emprunter certains documents.

    Répondre aux besoins informationnels de tous les élèves, leur permettre de développer leur esprit critique et de gagner en estime de soi est aussi l’une des missions fondamentales de l’école et plus particulièrement des professeurs documentalistes.

    Une étude financée par la MSH Lorraine et conduite entre 2022 et 2023 auprès de professeurs documentalistes du Grand Est s’est intéressée à la manière dont ils développaient et transmettaient des savoirs en lien avec les « questions de genre ». Cela englobait des thématiques comme l’égalité entre les filles et les garçons, l’orientation des élèves, les violences sexistes, sexuelles et LGBTphobes. Les données collectées ont permis de dégager des résultats sur la manière dont ces enseignants œuvrent pour le bien-être des élèves LGBT+.

    Le métier de professeur documentaliste

    Titulaires d’un CAPES de Documentation, les professeurs documentalistes poursuivent trois missions. En tant qu’enseignants, ils participent à la transmission d’une culture de l’information à tous les élèves. Ils inscrivent leurs actions dans le cadre de l’Éducation aux médias et à l’information qui vise, entre autres, à permettre aux élèves de reconnaître et de dépasser les stéréotypes et les préjugés véhiculés par les médias, la télévision, la publicité ou par certains discours sociaux allant à l’encontre des valeurs démocratiques et républicaines.

    En tant que gestionnaires du Centre de Documentation et d’Information (CDI), ils organisent, enrichissent et exploitent le fonds documentaire pour répondre aux besoins des élèves et des enseignants.

    Ils sont aussi acteurs de l’ouverture de leur établissement sur son environnement éducatif, professionnel et culturel, ce qui passe par l’élaboration d’une politique d’accès à la culture et la création de partenariats avec le monde associatif, artistique…

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    Si leur double métier est parfois un frein en termes de reconnaissance et d’identité professionnelle, il peut aussi être un atout pour répondre aux questions socialement vives qui pénètrent l’école.

    Pourtant, sur le terrain, ils sont confrontés à de nombreuses difficultés qui leur donnent parfois l’impression de bricoler et de se battre contre des moulins à vent.

    #Bérengère_Stassin #LGBT+ #Documentalistes

  • Grandir informés : les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes | Bulletin des bibliothèques de France
    https://bbf.enssib.fr/critiques/grandir-informes-les-pratiques-informationnelles-des-enfants-adolescents-

    Valentine Favel-Kapoian
    Anne Cordier
    Grandir informés : les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes
    Caen, C&F éditions, mai 2023
    Collection « Les enfants du numérique »
    ISBN 978-2-37662-065-5

    Le nouveau livre d’Anne Cordier, Grandir informés, est un prolongement de l’ouvrage Grandir connectés publié par la même auteure dans la même maison d’édition en 2015. La démarche de cette enseignante-chercheuse en sciences de l’information et communication (SIC) reste la même : à partir de ses recherches, renouveler le regard sur les pratiques numériques juvéniles. Dans ce second ouvrage, il s’agit « de voir comment l’information 1

    et les objets numériques participent de l’être-au-monde de ces acteurs, dans leur quotidienneté et à travers l’évolution de leur parcours biographique » (p. 14) et de « proposer des pistes pédagogiques pour accompagner les élèves dans l’acquisition de compétences informationnelles » (p. 35).
    L’auteure structure son propos autour de 12 chapitres : présentation de sa méthodologie de recherche ; place des émotions dans les pratiques informationnelles ; rôle de la famille et des familiers dans ces pratiques ; état des lieux des apprentissages informationnels à l’école ; regard des jeunes sur le paysage informationnel et médiatique ; rapport des jeunes aux espaces documentaires ; apprentissages informels ; inégalités sociales et culturelles ; crédibilité face à l’information ; stratégies des jeunes face aux designs des plateformes numériques ; formats d’information et de médiation des savoirs ; perspectives pour un déploiement de la culture informationnelle des élèves.

    Bien que cet ouvrage soit résolument scientifique, les entrées thématiques et le ton employé (texte écrit à la première personne du singulier) le rendent accessible à tous. Les résultats des recherches sont présentés en annexe et les références bibliographiques sont indiquées en bas de page. Ces choix éditoriaux rendent l’ouvrage convivial et centrent l’attention sur les résultats des recherches.

    Le parti pris de cet ouvrage est d’accorder une place centrale à la parole des jeunes. De longs extraits des échanges entre la chercheuse et les jeunes sont en effet retranscrits. Ce choix, en adéquation avec la démarche quasiment ethnographique d’Anne Cordier, nous invite à écouter les jeunes nous faire part de leurs émotions, de leurs plaisirs, de leurs expériences, de leurs craintes. Ainsi, au fil des pages, les individus prennent le dessus sur les chiffres, les pratiques numériques s’incarnent dans des parcours, des identités, des contextes et le regard se fait plus intime, plus humain. Comme en écho à ce processus de personnalisation, l’auteure, par ses prises de position et son regard critique sur les politiques éducatives et les discours médiatiques, nous invite, nous, les adultes, les parents, les professionnels de l’information et de l’éducation, à nous engager activement dans l’acquisition par les élèves d’une culture informationnelle. Cet engagement nécessite de déconstruire les représentations, de privilégier une approche par l’expérience subjective de l’autre et de prendre en compte les individualités et les inégalités. Au fil des chapitres, Anne Cordier nous accompagne dans ce changement de posture et prolonge les résultats de ses recherches par des recommandations pour éduquer aux médias et à l’information.

    Déconstruire les représentations
    Tout au long de son ouvrage, Anne Cordier nous invite à « nuancer les fantasmes » (p. 10), dépasser le débat (p. 13), battre en brèche les idées reçues (p. 46), déconstruire les mythes (dont celui des digital natives, p. 222) véhiculés par les médias et par quelques chercheurs en neurosciences. Cette déconstruction est rendue possible par une approche méthodologique exceptionnelle : croisement des résultats obtenus par un suivi longitudinal de 12 enquêtés (des adolescents devenus adultes) pendant 10 ans (depuis 2012) à ceux obtenus dans le cadre de 3 enquêtes de terrain auprès d’élèves du 1er et 2nd degré, réalisées en établissement scolaire de 2015 à 2022.

    Cette méthodologie permet une compréhension plus fine des pratiques numériques juvéniles et déconstruit les idées reçues. Par exemple, les jeunes s’informent, mais pas forcément comme les adultes le souhaiteraient. Ces pratiques informationnelles reposent sur des outils et portent sur des sujets différents de ceux présentés dans le cadre scolaire. Mais elles n’en démontrent pas moins un intérêt pour l’actualité. Autre exemple, les jeunes s’interrogent sur leurs pratiques et sur leurs univers informationnels et ceux-ci sont d’abord culturels avant d’être générationnels. Ou encore, les échanges et les médiations au sein des familles, des familiers et des pairs sont majeurs et les enfants et adolescents n’ont pas des pratiques isolées, isolantes.

    Approche par l’expérience subjective des jeunes
    Afin de considérer toutes les dimensions (sociales, affective, culturelle, économique, etc.) des pratiques informationnelles des jeunes, la chercheuse recourt à plusieurs procédés d’enquêtes originaux : leur donner rendez-vous dans un lieu en lien avec leurs pratiques documentaires ; leur demander d’apporter un objet informationnel essentiel selon eux dans la construction de leur culture numérique ; convoquer leurs souvenirs personnels afin de retracer leur histoire informationnelle. Lors de ces rencontres, l’auteure récolte la parole des jeunes sans jugement (p. 12). Cette démarche méthodologique accorde une grande place à l’intime et met en avant la place des émotions dans la recherche d’information (p. 26). On y apprend que celle-ci est source de plaisir et d’angoisse. Lors des séances d’Éducation aux médias et à l’information (EMI), cette dimension émotionnelle est souvent niée au profit d’une dimension technique alors qu’elle permet d’appréhender les êtres au monde informationnel des jeunes. Celui-ci est constitué de pratiques ancrées dans des lieux et des objets qui forgent une mémoire documentaire différente pour chacun (p. 137), et s’organisent autour d’écosystèmes personnels (p. 139).

    Pour autant, cette dimension personnelle doit aussi être croisée avec les pratiques de groupes. Si la place des sociabilités entre pairs dans les pratiques numériques juvéniles est désormais bien documentée, celle de la famille et des familiers l’est moins. Anne Cordier nous renseigne sur le rôle des sociabilités familiales autour de l’information (p. 43). On y apprend qu’elles sont riches et variées : des liens intergénérationnels existent aussi en dehors de la cellule familiale restreinte (p. 43) ; les héritages informationnels sont au cœur des pratiques (p. 44), la famille est constitutive de rites informationnels ; les transmissions familiales dans le domaine des pratiques informationnelles sont majeures (transmission d’habitudes, d’appétences et/ou de ressources – p. 53) ; les jeunes portent un regard critique sur les pratiques parentales ; il existe différentes modalités d’intervention des familles (encadrement, accompagnement et formation, p. 62).

    Considération des diversités et des inégalités
    Les enquêtés partagent des pratiques, des représentations et des valeurs, même si chaque individu est différent. Certains résultats déjà connus sont confirmés par ces entretiens : le Web est glorifié par ces jeunes comme porte d’entrée de l’information (p. 107), les réseaux sociaux sont bien le premier vecteur de flux informationnels (p. 110), les formats vidéo sont les plus prisés. Mais ces entretiens mettent au jour d’autres réalités : le regard critique que les adolescents posent sur les pratiques et productions télévisuelles (p. 99), leur attrait pour la presse mais uniquement sous format numérique (p. 126) ou encore leur soif d’apprendre grâce aux youtubeurs, nouveaux médiateurs des savoirs (p. 288). Les travaux présentés dans cet ouvrage donnent des portraits très fins des pratiques informationnelles juvéniles et révèlent des nuances qui, à y regarder de plus près, reflètent les inégalités sociales.

    Si l’être-au-monde informationnel des adolescents est avant tout familial et culturel, il s’inscrit tout de même dans des pratiques sociétales et scolaires. Pour beaucoup, cela produit un sentiment de décalage entre les préférences culturelles de leur milieu social d’origine et le système de référence que prône l’école (p. 188). L’école valorise la culture informationnelle des classes supérieures et exhorte les élèves à sacrifier la leur (p. 203). Adopter les pratiques informationnelles académiques devient un signe d’intégration sociale, économique et politique (p. 216). Plutôt que de chercher à modifier les pratiques, l’auteure préconise de leur donner les moyens d’enrichir leur univers personnel (p. 271) par la diversification des accès et par l’acquisition des clés nécessaires à la compréhension et à l’appropriation de nouveaux espaces informationnels (p. 209). Cette démarche est, selon elle, cruciale pour garantir l’égalité des chances et de réussite des élèves.

    Recommandations pour l’EMI
    C’est aussi en tant qu’ancienne professeure-documentaliste et enseignante en master Métiers de l’enseignement et de l’éducation (MEEF) qu’Anne Cordier se positionne face à la formation des élèves. Elle préconise de dépasser l’approche par les risques, encore très répondue lorsqu’il s’agit de former aux compétences numériques et informationnelles, et propose une médiation qui ne porte pas sur la peur et la défiance (p. 318) et tienne compte des expériences des jeunes. Pour l’auteure, il s’agit là d’une réelle reconnaissance sociale à laquelle chaque individu a droit (p. 176).

    C’est un véritable plaidoyer en faveur de l’EMI que livre Anne Cordier à travers cet ouvrage et c’est avec regret et lucidité qu’elle dresse un bilan des formations actuellement en EMI : souvent cantonnées à la recherche d’information et la presse à l’école primaire (p. 76) et à la question de l’évaluation des sources dans le secondaire (p. 80) ; souvent proposée tardivement dans le parcours des élèves (p. 82) et globalement de façon ponctuelle et clairsemée (p. 89). En résumé, elles ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ce bilan nuancé n’est pas à mettre sur le compte des professionnels de l’éducation et encore moins des professeurs documentalistes généralement bien seuls face à la tâche. Pour l’auteure, il est imputable aux politiques éducatives qui ne donnent pas aux enseignants le moyen de déployer une formation en adéquation avec les besoins.

    Dans chaque chapitre, l’auteure tire de ses observations des recommandations pour une EMI agissante : abolir la frontière qui sépare dans et hors la classe, considérer les héritages familiaux, partir des acteurs pour saisir leur environnement informationnel et modes d’action en lien avec l’information (p. 175), partager le territoire informationnel des élèves, prendre en compte les inégalités genrées, appréhender la problématique de l’évaluation de l’information au prisme de la confiance, les accompagner pour les aider à acquérir les codes et les ressources attendues, valoriser les expériences sans nier la hiérarchisation des ressources informationnelles (p. 209), associer détente et acquisition de connaissances (p. 280), lutter contre les inégalités en évitant les « allants de soi » (p. 209), amener les élèves à comprendre le renouvellement de l’ordre documentaire contemporain puis valoriser une posture réflexive et critique face à l’information (p. 301), consacrer du temps à l’analyse d’un format d’information et d’un dispositif technique, d’une image, d’un reportage et lorsqu’il s’agit d’aborder la question de la validation de l’information, proposer d’autres activités que celles basées sur l’application artificielle de listes d’évaluation aux critères souvent inapplicables (p. 302), etc.

    Conclusion
    Les enseignements de cet ouvrage sont nombreux et satisferont un large public. Il permettra aux néophytes d’acquérir les savoirs essentiels à la compréhension de la culture numérique juvénile. Les initiés affineront leurs connaissances. Les professionnels de l’éducation et de la formation trouveront dans cet ouvrage de nombreuses pistes pédagogiques. En plus de ces apports, à travers cet ouvrage, Anne Cordier nous interroge sur notre posture et notre regard d’éducateur. En fin d’ouvrage, elle nous interpelle en employant le « vous ». Comment faire société avec ces jeunes (autrement que par le mépris et la méfiance – p. 308) ? Comment répondre aux défis de l’éducation à l’information (p. 179) ? Elle met en question la position du chercheur et son rôle dans la société. Anne Cordier a pris le parti de nous faire partager ses colères et ses joies, de défendre son point de vue, de s’engager. Elle nous propose de construire tous ensemble (chercheurs, éducateurs, parents) la société de demain en y associant les jeunes d’aujourd’hui.

    Référence bibliographique
    Valentine FAVEL-KAPOIAN, «  Anne Cordier, Grandir informés : les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes  », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 14 novembre 2023.
    En ligne : https://bbf.enssib.fr/critiques/grandir-informes-les-pratiques-informationnelles-des-enfants-adolescents-

    #Anne_Cordier #Grandir_informés #BBF

  • Des faits et du sens : notre exigence dans un monde disjoncté | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140324/des-faits-et-du-sens-notre-exigence-dans-un-monde-disjoncte

    Un très beau texte sur ce que devrait être une presse indépendante et critique.
    Par la nouvelle directrice de publication de Médiapart (article en accès libre)

    Nous nous inscrivions résolument dans notre temps, celui d’une révolution numérique encore balbutiante, tout en refusant de nous soumettre aux sirènes de l’audience et de la gratuité. Contre les oracles d’Internet, nous avons fait la démonstration de la légitimité de l’abonnement, garantie absolue de notre indépendance. Un journal exclusivement financé par ses lectrices et ses lecteurs : ce choix fondateur nous a aussitôt distingués des autres médias.

    Il continue de faire de Mediapart, quotidien d’information générale, un journal à part. En refusant la publicité, les pressions d’actionnaires milliardaires, les aides publiques et les subsides des Gafam, nous nous sommes donné, grâce à nos abonné·es, les moyens de produire une information de qualité déliée de toutes les influences, garantie sans censure et sans autocensure.

    Nous avons les mains libres pour révéler ce qui est nié, caché, ignoré et rendre visibles les invisibles. Nous n’avons de comptes à rendre à personne, si ce n’est à nos lectrices et nos lecteurs que nous avons placé·es au centre de notre projet : parce que nous croyions aux vertus d’une démocratie vivante, nous avons créé un espace participatif unique en France, le Club, qui s’est transformé au fil du temps en une véritable communauté de contributrices et contributeurs, fidèles et solidaires, via leurs blogs et leurs commentaires.

    C’était il y a seize ans et l’histoire nous a donné raison. Mediapart s’est imposé comme un contre-pouvoir incontournable. De l’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt au compte caché de Cahuzac, en passant par les financements libyens de la campagne Sarkozy, les dessous de l’empire Bolloré, les conflits d’intérêts de Kohler ou l’argent russe de Marine Le Pen : nous nous sommes fait connaître du grand public grâce à une série d’enquêtes aux répercussions tant politiques, qu’institutionnelles, législatives et fiscales. Nous avons ouvert de nouveaux champs d’investigation sur l’écologie, les violences policières, les discriminations et les violences de genre, avec le tabou brisé par Adèle Haenel puis la déferlante PPDA, et maintenant l’affaire Depardieu.

    Rentable depuis treize ans, Mediapart est devenu le troisième quotidien national en nombre d’abonné·es payants, derrière Le Monde et Le Figaro. Le volume de nos souscripteurs avoisine les 220 000. S’élevant à 22,5 millions d’euros, notre chiffre d’affaires pour l’année 2023, en hausse de près de 6 % sur un an, nous a permis de dégager un bénéfice net de 2,2 millions d’euros.

    #Médiapart #Journalisme #Carine_Fouteau

  • « Vous me dites que le gouvernement a créé un site qui permet de montrer que ce sont des gros cons ? »
    https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20240313.OBS85701/vous-me-dites-que-le-gouvernement-a-cree-un-site-qui-permet-de-montrer-qu

    J’AI LU ÇA (#58). Vous faites un métier compliqué. Il faut le raconter en 3 minutes à un chauffeur de taxi. Comment s’y prendre ?
    Par Xavier de La Porte
    · Publié le 13 mars 2024 à 19h00 · Mis à jour le 14 mars 2024 à 10h25
    Temps de lecture 2 min

    Samuel Goëta est chercheur en sociologie. Voilà qui est déjà compliqué, parce que tout le monde ne comprend pas pourquoi on paie des gens à « chercher », surtout dans une discipline où il y a peu de chances de découvrir un vaccin ou une étoile. Mais en sus, son champ de recherche est « l’open data », soit l’ouverture des données, un truc assez obscur pour les personnes qui ne s’intéressent pas au numérique.

    Or, dans l’introduction d’un livre qu’il vient de publier aux éditions C & F, « les Données de la démocratie. Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs », Samuel Goëta raconte comment il explique à la fois son sujet et l’intérêt social – et politique – qu’il représente. Voici l’histoire.
    "« Il m’arrive aussi souvent d’évoquer le passage aux 80 km/h sur les routes départementales pour expliquer l’ouverture des données. C’était le cas il y a quelques années lors d’une discussion à Marseille avec un chauffeur de taxi curieux de mon métier. En 2011, le ministère de l’Intérieur a publié sur data.gouv.fr (le portail national des données publiques) la base de données des accidents corporels de la circulation. Celle-ci décrit les véhicules impliqués, les conditions de circulation, les conséquences et la localisation précise pour chaque accident de la route reporté aux services de secours. Alors qu’en 2018, le Premier ministre Edouard Philippe avait justifié le passage aux 80 km/h par les résultats prétendument positifs d’une expérimentation sur trois tronçons test, les données diffusées sur data.gouv.fr ont été utilisées par l’association 40 millions d’automobilistes pour vérifier la baisse de l’accidentologie. Elle n’a constaté aucune baisse sur les trois tronçons et a alors diffusé l’idée que cette mesure n’avait pas le fondement objectif avancé par le gouvernement pour justifier sa décision. Bavard et sans réserve, le chauffeur de taxi s’est alors exclamé : “donc en fait, vous me dites que le gouvernement a créé un site qui permet de montrer que ce sont des gros cons ?” »"

    La conclusion du chauffeur de taxi est un peu excessive, mais elle met le doigt sur un des problèmes fondamentaux de l’ouverture des données : pourquoi l’Etat (ou une entreprise) donnerait-il le bâton pour se faire battre ? Car l’étude menée par 40 millions d’automobilistes a alimenté l’opposition à la réduction de vitesse sur les départementales, qui fut souvent brandie par les « gilets jaunes » pour montrer le mépris des technocrates pour la France rurale et périurbaine. Quand on se souvient à quel point ces mouvements ont marqué notre pays, on se demande comment Samuel Goëta pouvait mieux expliquer l’importance de son champ de recherche.
    La suite après la publicité

    L’intérêt de ce livre est de démontrer que, si l’impératif de transparence a cru ces dernières années dans le fonctionnement de l’Etat, il se heurte à bien des limites. Il y a bien sûr des obstacles techniques : ces données, il faut les recueillir, les rassembler, les mettre à disposition dans des formats exploitables, assurer leur pérennité etc. C’est déjà un défi, tant une donnée est une construction instable, conjoncturelle, sujette à discussion. Mais il y a un obstacle plus profond : la réticence des administrations à ouvrir au public des chiffres qui pourraient montrer leur inefficacité et les « trous dans la raquette », voire qui pourraient contredire des décisions politiques. Et encore, on parle là de données publiques. Mais qu’en est-il des données qui sont produites et possédées par des entreprises privées ? La loi pour la République numérique, votée à la fin du mandat de François Hollande, a avancé la notion de « données d’intérêt général » pour celles des entreprises privées qui devraient être ouvertes. Une fois qu’on a dit ça, on n’a pas dit grand-chose des contours de cet « intérêt général » et de la manière dont on peut imposer leur publication.

    L’autre intérêt du livre de Samuel Goëta est d’inscrire l’open data dans une histoire longue de la « transparence ». Dans cette affaire, entrent des mobiles comme la fameuse « modernisation » de l’Etat, des controverses autour de la liberté d’informer, des théories de la technologie comme la cybernétique. Samuel Goëta arrive à mêler tout cela dans un ouvrage qui est aussi plaisant à lire et évident que l’était sa démonstration dans un taxi de Marseille. Tout à coup, tout est justifié – la recherche, la sociologie, le sujet – et c’est heureux.
    « Les Données de la démocratie. Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs », Samuel Goëta, C & F Editions.
    « Les Données de la démocratie. Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs », Samuel Goëta, C & F Editions.

    #Samuel_Goeta #Données_démocratie

  • Notation des allocataires : la CAF étend sa surveillance à l’analyse des revenus en temps réel – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2024/03/13/notation-des-allocataires-la-caf-etend-sa-surveillance-a-lanalyse-des-

    Il y a tout juste deux mois, nous publiions le code source de l’algorithme de notation des allocataires de la CAF. Cette publication démontrait l’aspect dystopique d’un système de surveillance allouant des scores de suspicion à plus de 12 millions de personnes, sur la base desquels la CAF organise délibérement la discrimination et le sur-contrôle des plus précaires. Ce faisant, nous espérions que, face à la montée de la contestation1, les dirigeant·es de la CAF accepteraient de mettre fin à ces pratiques iniques. Il n’en fut rien.

    À la remise en question, les responsables de la CAF ont préféré la fuite en avant. La première étape fut un contre-feu médiatique où son directeur, Nicolas Grivel, est allé jusqu’à déclarer publiquement que la CAF n’avait ni « à rougir » ni à s’« excuser » de telles pratiques. La deuxième étape, dont nous venons de prendre connaissance2, est bien plus inquiétante. Car parallèlement à ses déclarations, ce dernier cherchait à obtenir l’autorisation de démultiplier les capacités de surveillance de l’algorithme via l’intégration du suivi en « temps réel »3 des revenus de l’ensemble des allocataires. Autorisation qu’il a obtenue, avec la bénédiction de la CNIL, le 29 janvier dernier4.
    Surveillance et « productivité » des contrôles

    Pour rappel, le revenu est une des quelques quarante variables utilisées par la CAF pour noter les allocataires. Comme nous l’avions montré, plus le revenu d’un·e allocataire est faible, plus son score de suspicion est élevé et plus ses risques d’être contrôlé·e sont grands. C’est donc un des paramètres contribuant directement au ciblage et à la discrimination des personnes défavorisées.

    Jusqu’à présent, les informations sur les revenus des allocataires étaient soit récupérées annuellement auprès des impôts, soit collectées via les déclarations trimestrielles auprès des allocataires concerné·es (titulaires du RSA, de l’AAH…)5. Désormais, l’algorithme de la CAF bénéficiera d’un accès en « temps réel » aux ressources financières de l’ensemble des 12 millions d’allocataires (salaires et prestations sociales).

    Pour ce faire, l’algorithme de la CAF sera alimenté par une gigantesque base de données agrégeant, pour chaque personne, les déclarations salariales transmises par les employeurs ainsi que les prestations sociales versées par les organismes sociaux (retraites, chômage, RSA, AAH, APL…)6 : c’est le « Dispositif des Ressources Mensuelles » (DRM). Cette base, créée en 2019 lors de mise en place de la réforme de la « contemporanéisation » des APL7, est mise à jour quotidiennement, et offre des capacités inégalées de surveillance des allocataires.

    La justification d’une telle extension de la surveillance à l’œuvre à des fins de notation des allocataires est d’accroître la « productivité du dispositif [de l’algorithme] » selon les propres termes des responsables de la CAF8. Qu’importe que se multiplient les témoignages révélant les violences subies par les plus précaires lors des contrôles9. Qu’importe aussi que les montants récupérés par l’algorithme soient dérisoires au regard du volume des prestations sociales versées par l’institution10. Les logiques gestionnaires ont fait de la course aux « rendements des contrôles » une fin en soi à laquelle tout peut être sacrifié.

    #Surveillance #CAF #Chasse_aux_pauvres #Inégalités

  • Five of this year’s Pulitzer finalists are AI-powered | Nieman Journalism Lab
    https://www.niemanlab.org/2024/03/five-of-this-years-pulitzer-finalists-are-ai-powered

    Two of journalism’s most prestigious prizes — the Pulitzers and the Polk awards — on how they’re thinking about entrants using generative AI.
    By Alex Perry March 11, 2024, 10:31 a.m.

    Five of the 45 finalists in this year’s Pulitzer Prizes for journalism disclosed using AI in the process of researching, reporting, or telling their submissions, according to Pulitzer Prize administrator Marjorie Miller.

    It’s the first time the awards, which received around 1,200 submissions this year, required entrants to disclose AI usage. The Pulitzer Board only added this requirement to the journalism category. (The list of finalists is not yet public. It will be announced, along with the winners, on May 8, 2024.)

    Miller, who sits on the 18-person Pulitzer board, said the board started discussing AI policies early last year because of the rising popularity of generative AI and machine learning.

    “AI tools at the time had an ‘oh no, the devil is coming’ reputation,” she said, adding that the board was interested in learning about AI’s capabilities as well as its dangers.

    Last July — the same month OpenAI struck a deal with the Associated Press and a $5 million partnership with the American Journalism Project — a Columbia Journalism School professor was giving the Pulitzer Board a crash course in AI with the help of a few other industry experts.

    Mark Hansen, who is also the director of the David and Helen Gurley Brown Institute for Media Innovation, wanted to provide the board with a broad base of AI usage in newsrooms from interrogating large datasets to writing code for web-scraping large language models.

    He and AI experts from The Marshall Project, Harvard Innovation Labs, and Center for Cooperative Media created informational videos about the basics of large language models and newsroom use cases. Hansen also moderated a Q&A panel featuring AI experts from Bloomberg, The Markup, McClatchy, and Google.

    Miller said the board’s approach from the beginning was always exploratory. They never considered restricting AI usage because they felt doing so would discourage newsrooms from engaging with innovative technology.

    “I see it as an opportunity to sample the creativity that journalists are bringing to generative AI, even in these early days,” said Hansen, who didn’t weigh in directly on the new awards guideline.

    While the group focused on generative AI’s applications, they spent substantial time on relevant copyright law, data privacy, and bias in machine learning models. One of the experts Hansen invited was Carrie J. Cai, a staff research scientist in Google’s Responsible AI division who specializes in human-computer interaction.

    #Journalisme #Intelligence_artificielle #Pulitzer

  • Ketty Introduces AI Book Designer: Revolutionizing Book Production
    https://www.robotscooking.com/ketty-ai-designer

    Effortless Book Design with AI

    The AI Book Designer introduces a groundbreaking approach to book design by allowing users to style and format their books using simple, intuitive commands. Users can say “make the book look modern”, “make the text more readable” or click on a chapter title and instruct the AI to “add this to the header,” and the changes are applied instantly. This eliminates the need for knowing complex design software or coding, making professional-grade design accessible to everyone.

    Where we are headed

    As we look towards the future development of the AI Book Designer, there are several ideas we are currently thinking about:

    AI-Generated Cover Designs: Generate a range of cover options based on user input.
    Collaborative AI Design: Enable multiple users to work on the same book design simultaneously (concurrently). This feature could be particularly useful for larger publishing teams or co-authored projects.
    AI-Assisted Image Management: Automatically apply styles and optimize the placement of images within the book layout.

    Join the Movement

    Coko believes AI has the potential to transform book production, making it accessible and efficient for everyone. By combining open-source code and principles with cutting-edge technology, Coko is paving the way for a new era of automated typesetting and book design.

    #Typographie #Coko #Intelligence_artificielle

  • « L’ouverture des données ressemble à la tour de Pise » | La Gazette des communes
    https://www.lagazettedescommunes.com/916856/louverture-des-donnees-ressemble-a-la-tour-de-pise

    Auteur des « Données de la démocratie, open data, pouvoirs et contre-pouvoirs », paru en janvier, le sociologue Samuel Goëta dresse un bilan critique de l’émergence de l’open data, entre renouvellement de la transparence en demi-teinte, transformation des administrations inaboutie et promesses de croissance et d’innovation non tenues.

    Défendre l’ouverture des données publiques pour revitaliser la démocratie, c’est la conviction développée par ­Samuel ­Goëta dans son ouvrage paru le mois dernier, « Les Données de la démocratie, open data, pouvoirs et contre-pouvoirs », (C&F éd.). Sociologue, maître de conférences associé à ­Sciences-po Aix, cofondateur de la société coopérative et participative spécialisée dans l’open data ­Datactivist, il a aussi participé à la création de l’association Open ­Knowledge France, en 2012, qui anime « ­madada.fr », visant à faciliter les demandes d’accès aux données et aux documents administratifs.

    Samuel ­Goëta revient sur la naissance et l’émergence de l’open data, ce mouvement encourageant le libre usage des données, et en dresse un bilan critique, entre renouvellement de la transparence en demi-teinte, promesses de croissance et d’innovation non tenues, et transformation des administrations indéniable mais non aboutie. Ainsi, si ce sont bien des collectivités pionnières qui ont impulsé les premières politiques d’ouverture de données, seules 16 % de celles qui sont concernées par la loi « Lemaire » respectent leurs obligations en la matière, et les données ouvertes sont loin d’être les plus sensibles, pointant les fragilités de la transparence administrative.

    Riche sur les plans théorique et pratique, car nourrie d’exemples et de cas d’usage, la réflexion développée dans ce livre croise plusieurs champs : sociologie, histoire, science politique, design de politiques publiques… Il avance aussi des propositions pour concourir à une nouvelle étape de l’ouverture des données au service du renforcement de la démocratie.
    Quelle est la situation en matière d’open data en France ?

    Quand on regarde du côté des classements, la France fait partie des pays les plus avancés en matière d’open data. Pour autant, seules 16 % des collectivités concernées par la loi pour une République numérique ont respecté leurs obligations en la matière et il existe une fracture entre grandes et petites collectivités avec, d’un côté, les grandes métropoles, les régions et une large majorité des départements qui se sont saisis de leurs obligations et, de l’autre, les plus petites communes et intercommunalités. L’ouverture des données demande des moyens et sa mise en œuvre crée de nouvelles fractures entre les territoires.

    Et lorsqu’on s’intéresse aux jeux de données publiés, on s’aperçoit de leur grande disparité puisqu’il peut s’agir de l’agenda des élus, des menus dans les cantines… Mais dès lors que les données sont sensibles, elles manquent à l’appel. En effet, plus on s’approche de ce genre de données, qui peuvent questionner le mandat des élus ou remettre en cause leurs politiques, moins ces jeux sont ouverts.

    L’open data met ainsi en lumière les fragilités de la transparence administrative. Malgré l’ancienneté de la loi « Cada » (du 17 juillet 1978, ndlr), les circuits organisationnels de la transparence sont encore balbutiants et elle reste presque un acte politique alors qu’elle est très largement codifiée par le code des relations entre le public et l’administration. L’ouverture des données en France ressemble donc un peu à la tour de Pise, un édifice penché du fait de ses fondations instables.
    Comment expliquer ces fondations instables ?

    L’ouverture des données charriait avec elle trois grandes promesses : renouveler la transparence, créer de l’innovation et des emplois, et transformer l’administration. C’est cette dernière qui a sans doute été sous-évaluée et qui apporte le plus de bénéfices. Pour la transparence, bien qu’entré dans la loi, le principe d’open data par défaut ne suffit pas à donner aux agents la possibilité de publier des données sans obtenir de validation.

    On voit que l’open data n’a pas agi comme une « machine à révélations ». Concernant l’innovation et l’emploi, les attentes étaient faramineuses. En interne, en revanche, l’open data a participé à une grande transformation des collectivités, en augmentant leur maturité sur ces sujets. Nombreuses sont celles qui, engagées dans l’open data, ont travaillé sur la gouvernance des données, ce qui leur a été bénéfique : les métropoles de Lille, Rennes, Nantes, Lyon ou encore Bordeaux.
    Comment continuer de nourrir ou de réinventer notre rapport aux données ?

    Notre rapport à l’open data a déjà massivement changé du fait du ­Covid-19. Plusieurs outils, comme ­Covidtracker, ont renouvelé le plaidoyer pour l’ouverture des données, en faisant de l’open data un outil essentiel de gestion de la crise sanitaire. La pandémie a vraiment remis l’open data à l’agenda, quand chaque geste de notre vie quotidienne était déterminé par des chiffres, un graphique, une courbe…

    Toutefois, quand j’ai été auditionné par la mission « data et territoires » dans le cadre du rapport remis à Stanislas ­Guerini (ministre de la Transformation et de la fonction publiques, ndlr), en novembre, j’ai défendu l’idée que les politiques d’open data ne se suffisent pas à elles-mêmes : il manque une sensibilisation à grande échelle des citoyens pour qu’ils puissent se saisir du pouvoir des données et renouveler le débat démocratique. C’est comme si le mariage entre les acteurs de la participation citoyenne et de l’open data ne s’était pas fait.
    Que proposez-vous pour que les données ouvertes renforcent la démocratie ?

    On constate une prise de conscience généralisée de l’importance des données dans la conduite des politiques publiques. Comment accompagner toutes ces collectivités qui se sont saisies de la loi « ­Lemaire » ? Comment aider les autres à s’en emparer ? Je propose des pistes d’action via trois chantiers : obtenir les données manquantes, améliorer la fiabilité et la qualité des données ouvertes, et développer la culture des données. En effet, un certain nombre de données ne sont pas encore ouvertes, et un nouvel acte du droit d’accès aux documents administratifs me paraît essentiel. Il faut aussi donner plus de corps à la notion de données d’intérêt général, permettant d’aller jusqu’à la réquisition de données. Ensuite, améliorer la fiabilité et la qualité suppose un travail organisationnel. Il est important de continuer de vulgariser l’open data auprès du grand public et l’intégrer dans les procédures de démocratie participative.

    De plus, trop souvent encore, les administrations considèrent les données personnelles comme une matière radioactive et oublient que l’anonymisation et la pseudonymisation existent. Par ailleurs, l’association Open Data France s’est récemment engagée dans une démarche de redéfinition de son action : doit-elle élargir son champ d’intervention, historiquement centré sur l’open data ? Des questions émergent sur la standardisation, l’acculturation à la donnée, la transparence algorithmique, et il reste beaucoup à faire.

    #Samuel_Goeta #Open_data #Communes

  • Opinion | ‘Manifesting’ Is a Modern Version of a Centuries-Old Idea - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/03/09/opinion/manifesting-spirituality-america-reality.html

    By Tara Isabella Burton

    Dr. Burton is the author of “Self-Made: Creating Our Identities From da Vinci to the Kardashians” and the novel “Here in Avalon.”

    Reality is what you make it — at least according to those who believe in manifesting, the art and quasi-spiritual science of willing things into existence through the power of desire, attention and focus.

    Want to improve your health or make more money or get more Instagram followers? Believe hard enough, a host of TikTok “manifesting” influencers insist, and the vibes of the universe will bring what you desire into existence.

    In some ways, this is a new trend. The idea of manifesting as it is understood today rose to popularity as part of a boom in online spiritualism and self-help philosophy that emerged during the pandemic. According to Google data, online searches for “manifesting” rose more than 600 percent during the first few months of the pandemic.

    But while the idea of manifesting may seem modern, the instinct to conflate spiritual forces, political and economic outcomes and our own personal desires is part of a longstanding American tradition that dates back much, much farther than the pandemic.

    In this way, the capitalist pursuit of profit was swiftly recast as a religion whose only tenet was desire.
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    But this Gilded Age optimism about human potential had a dark side. After all, if anyone could achieve health, wealth and success simply by wanting it badly enough, logic held that the converse was also true: The poor, the sick and the vulnerable had brought their conditions upon themselves by failing to possess the requisite will to change.

    Unsurprisingly, throughout the 20th century, New Thought ideology was frequently invoked to justify the denial of social services to the poor — on the ground that it would interfere with the purposeful workings of the energies of the universe, which wished to reward only those at the top of the proverbial heap.

    #Idéologie #Manifesting #Manifestation #Coaching

  • Conseils en séduction et pensée magique : les ressorts obscurs de la « dark feminine energy »
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2024/03/11/conseils-en-seduction-et-pensee-magique-les-ressorts-obscurs-de-la-dark-femi

    Sur les réseaux, on constate un emballement des jeunes femmes pour l’ésotérisme amoureux. Des coachs en vie affective réactivent le cliché de la femme fatale.

    Par Romane Lizée

    Pour y parvenir, la recette, selon les adeptes de cette méthode d’avant-garde qui regarde vers le passé, est assez simple : toujours faire croire à un homme qu’il a raison, ne jamais payer l’addition, se refuser sexuellement à lui les trois premiers mois et « éveiller son instinct de chasseur ». La plupart de ces vidéos ne sont pas concoctées par Baptiste Marchais, Papacito ou autres figures du masculinisme français, mais par de jeunes influenceuses qui s’autoproclament expertes en relations hommes-femmes. Figures ambivalentes qui réactivent les pires stéréotypes pour arriver à leurs fins, elles incarnent un syncrétisme de l’âge numérique qui marie les contraires. Les techniques de drague manipulatoire y côtoient des revendications féministes aux relents de sorcellerie 2.0.

    #Pratiques_numériques #Médias_sociaux #Stéréotypes #Masculinisme

  • Sur Google, les résultats de recherche sont-ils vraiment de plus en plus mauvais ?
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/03/11/sur-google-les-resultats-de-recherche-sont-ils-vraiment-de-plus-en-plus-mauv

    DécryptageDepuis plusieurs années, des internautes se plaignent de la qualité des réponses apportées par le moteur de recherche le plus utilisé du monde. Si la société se défend d’une dégradation de ses services, elle fait néanmoins face à de nombreuses tentatives de manipulation de ses résultats, accélérées par l’arrivée de l’intelligence artificielle.

    Ce n’est pas tous les jours que Google fait une telle annonce. Le géant du Web a présenté, mardi 5 mars, plusieurs modifications faites à son algorithme qui organise les résultats de son moteur de recherche. L’objectif : « Nous aider à réduire la quantité de contenus qui ne sont d’aucune aide et qui sont de mauvaise qualité, et à augmenter le nombre de résultats utiles », explique au Monde Elizabeth Tucker, directrice produit du moteur de recherche.

    Sans les mentionner, la firme de Mountain View semble tenter d’apporter des réponses aux critiques, qui, depuis des mois, voire des années, se demandent pourquoi les résultats proposés sont de moins en moins bons. A l’image de ce journaliste de NBC qui se demandait, le 24 février, si « quelqu’un en a eu enfin assez et a abandonné Google ».

    #Google #SEO #Contenu_Web

  • Recension par Maël Rannou de Mélanie BOURDAA (2021), Les fans. Publics actifs et engagés
    https://journals.openedition.org/communication/17493

    Spécialiste française reconnue des études de fans (fan studies), dans un pays où elles sont encore assez peu exploitées, Mélanie Bourdaa avait déjà dirigé un passionnant dossier à ce sujet dans le numéro sept de la Revue française des sciences de l’information et de la communication (novembre 2015). Avec ce livre, qui s’appuie sur des réflexions tirées de nombreux articles, associées à de nombreux éléments nouveaux, elle publie sa première synthèse personnelle. Celle-ci s’annonce dès le sous-titre armé d’un parti pris fort : celui de fans comme acteurs particulièrement créatifs et investis, à l’opposé d’une image négative de « nerd » passif avalant un produit culturel sans aucun recul.

    2La structure de l’ouvrage est simple : deux parties, « Politique(s) du et des fans » et « Pratiques de fans », mêlent posture définitionnelle et exemples de l’engagement social des fans dans ces cadres. La première se fixe plus sur le rapport des fans au monde ou sur la façon dont s’incarne leur lien aux objets de passion à l’externe (jusqu’à l’engagement militant, central dans le deuxième chapitre, mais aussi le dans le troisième sur la question de la représentation). La seconde partie se penche plutôt sur le rapport des fans entre eux, sur la naissance de communautés et de réseaux extrêmement forts, notamment pour célébrer, archiver ou analyser ce qui a déclenché cette passion. Si cela peut donner lieu à une communication externe, le but initial diffère. Les démonstrations sont appuyées par un grand nombre d’exemples concrets, issus de tel ou tel fandom, parfois enrichies d’entretiens qualitatifs et de sondages. Fidèles à la plupart des travaux de l’autrice, les fandoms utilisés sont en général ceux des séries télévisées, plus largement de pop culture audiovisuelle.

    Parmi les aspects passionnants de la première partie, notons le troisième chapitre, consacré aux représentations et à l’identification des spectateurs. Il se concentre sur les aspects LGBTQI+, et plus particulièrement sur les processus de coming out des personnages auprès de leurs différents cercles de proximité. Sans surprise, les spectateurs des séries se reconnaissant dans cette communauté sont particulièrement investis dans ces épisodes, et des témoignages montrent que pour certains il s’agit d’une révélation de leur normalité. Ce progressisme des séries s’accompagne cependant d’un revers avec le phénomène « bury your gay / dead lesbian syndrome », qui désigne la forte mortalité des personnages LGBT dans les séries. Face à ce trope, l’autrice décrit un phénomène fascinant, conceptualisé dans les cercles de fans comme « the gay migration », soit dans le cas étudié comment des fans lesbiennes passent d’une série à une autre une fois les personnages lesbiens morts ou évincés.

    La seconde partie étudie particulièrement les créations de fans, dans leurs aspects très divers. Si la fanfiction (récits de fans prolongeant l’univers) ou le cosplay (pratique de costume en personnages de séries pouvant atteindre un niveau semi-professionnel) en sont les incarnations les plus connues, l’autrice dépasse largement ces seuls aspects. Elle propose ainsi des analyses pertinentes, appuyées sur des études fines, des entretiens, des musées virtuels, wiki et des bases de données constituées par des fandoms clairement actifs et experts, qui constituent des milliers d’heures de travail bénévoles et participent fortement aux rebonds des œuvres. De la même manière, elle dévoile des aspects parfois inattendus des réseaux sociaux.

    À travers l’exemple de Mad Men, elle rapporte l’amusante contradiction du service de juridique de la chaîne AMC qui a forcé des fans à fermer les comptes Twitter de personnages de la série, qui échangeaient donc comme s’ils étaient réels, avant que le service marketing demande leur réouverture, face à l’évident intérêt promotionnel. Un acte qui sonne autant comme une reconnaissance de l’importance du fandom et de son influence que comme une possible récupération commerciale d’un espace qui, s’il est fan, sait normalement aussi être libre et parfois critique

    L’un des derniers points intéressants de cet ouvrage est incontestablement son aspect « état de l’art ». Première somme réelle sur les études de fans en France, le texte donne à voir un grand nombre de références, d’articles et de concepts qui paraîtront complètement nouveaux pour un lecteur curieux qui n’est pas spécialiste.

    #Mélanie_Bourdaa #Fans #Séries_télévisées

  • Faut-il avoir peur des écrans ? Retour sur une annonce présidentielle
    https://theconversation.com/faut-il-avoir-peur-des-ecrans-retour-sur-une-annonce-presidentielle

    « Danger des écrans » : une formulation inadaptée

    À la fin des années 90, évoquant la télévision et les jeux vidéo, Monique Brachet-Lehur interpellait déjà les parents dans un ouvrage au titre provocateur : Les écrans dévorent-ils vos enfants ?. Les risques d’addiction, de désocialisation, de sédentarisation, d’exposition à la violence et à la pornographie étaient alors opposés aux arguments enthousiastes de ceux pour qui la télévision était potentiellement l’instrument d’une démocratisation du savoir et d’un nouveau rapport au monde. Une « école parallèle » comme le théorisaient Georges Friedmann et Louis Porcher.

    À l’époque déjà, la référence insistante aux « écrans » divisait car cette essentialisation masque les autres dimensions des pratiques télévisuelles d’hier et numériques d’aujourd’hui. Pierre Chambat et Alain Ehrenberg déconstruisaient d’ailleurs en 1988 la « supposée fascination des écrans ». Ils montraient combien ce stéréotype se nourrit d’une confusion entre l’écran (le support), l’image (le contenu) et le spectacle (la pratique). Si fascination il y a, et si l’écran y joue un rôle, c’est bien l’activité qu’il contribue à instrumenter qui doit être interrogée.

    Si l’allongement des durées moyennes d’utilisation, les horaires inappropriés (durant la nuit, les repas, le temps scolaire…) et les fréquences élevées inquiètent, c’est en raison des activités dont elles témoignent mais aussi de celles qu’elles sont susceptibles de remplacer : se distraire au lieu d’étudier, veiller au lieu de dormir, s’engager dans des activités individuelles au lieu de s’investir dans des pratiques sociales… La question du temps est donc tout autant qualitative que quantitative.

    Usages et mésusages

    Les mésusages numériques sont assez bien connus, décrits et analysés. Il est possible de dresser un inventaire, sans doute incomplet et discutable, mais éloquent des dangers qu’ils induisent : manipulation, harcèlement, radicalisation, dépendance, déréalisation, exposition de la vie privée, troubles de l’identité, troubles du sommeil, déficits attentionnels, dégradation de l’estime de soi, réduction de l’empathie, altération de la perception de la violence, troubles du comportement, stress, altération de la perception du corps, difficultés de construction des relations amoureuses ou sexuelles…

    Longue liste, très hétérogène, dont l’étendue et la profondeur croissent à l’aune de la prégnance du numérique dans notre société. Comme le souligne justement le président de la République, il est urgent de s’en occuper sérieusement. Pour autant, il est tout aussi essentiel de prendre connaissance des pratiques numériques effectives des jeunes et d’en reconnaître la valeur et les vertus. Favoriser les pratiques vertueuses (qui ne sont pas celles des adultes ou celles dont ils rêvent pour leurs enfants) est tout aussi important.

    De nombreux travaux de recherche documentent et analysent les pratiques des jeunes. Notons ceux d’Anne Cordier ou de Carine Aillerie sur les pratiques informationnelles ; ceux de Dominique Pasquier, Pascal Plantard, ou de Sophie Jehel sur la sociabilité des adolescents et l’apport des réseaux sociaux à leur construction identitaire ; ceux aussi de Sylvie Octobre sur le renouvellement des pratiques culturelles. Entre bien d’autres !

    #Ecrans #Adolescents #Pratiques_numériques

  • Pour prolonger la note de lecture à propos de Apprendre avec les énigmes. La résolution collective d’énigmes comme levier pédagogique
    https://journals.openedition.org/dms/9641

    D. Peraya : Tu as aussi l’expérience de la résolution des énigmes en cours, en présentiel. Quelles différences perçois-tu ?

    É. Bruillard : En présence, tout est plus simple : tu vois ce qui se passe, tu peux intervenir dans la dynamique et dans l’interaction, relancer la discussion quand c’est nécessaire, tu peux apporter des indices en temps opportun, etc. L’expérience de la résolution des énigmes en présence m’a montré que tu peux mieux moduler le temps, car il est contraint, mais en revanche la discussion est aussi moins ouverte.

    Mais au-delà de l’énigme, ce qui m’intéresse c’est le travail collectif que les participants peuvent mener c’est-à-dire le fait que tu les laisses faire et que, si ça marche bien, ils sont capables d’échanger entre eux ce qui est très important. Après tu peux entrer dans un débat plus intéressant que si le parcours avait été strictement balisé. Il s’agit d’amener les participants à penser autrement, de les pousser aller voir ailleurs, de les ouvrir à de mondes multiples. L’énigme est certes un prétexte, mais un prétexte qui a du sens dans la mesure où les participants se posent des questions et apprennent quelque chose. Mais le risque est toujours que cela tourne court : certains résolvent l’énigme et pour eux leur tâche s’arrête là.

    D. Peraya : Il s’agirait alors de méthodologie de résolution de problème.

    É. Bruillard : Parfaitement. Pour moi c’est important parce que ces démarches de résolution sont par moment proches de démarches de conception, dans la mesure où il faut construire des démarches collectives à partir d’instruments comme les moteurs de recherche, les traducteurs, la recherche par image, les connaissances et les idées des uns et des autres… mais pour l’instant on n’a pas d’éléments. C’est pour cela que c’est essentiel d’essayer de les regarder. Et après la seconde question de recherche qui m’intéresse est celle de l’articulation entre les énigmes et les débats. Autrement dit, ce n’est pas de trouver la solution, mais c’est d’observer ce que déclenche l’énigme, ce qu’elle permet de comprendre.

    D. Peraya : Nous sommes bien d’accord sur ce point : pas d’objectifs pédagogiques a priori, les acquis émergent a posteriori du processus de résolution de l’énigme et des échanges auxquels il donne lieu.

    É. Bruillard : C’est ça. Mais évidemment, cette approche est complémentaire avec d’autres phases d’apprentissage dans lesquelles tu vas définir précisément ce que tu veux qu’ils comprennent, qu’ils apprennent et là tu vas mettre tous les échafaudages nécessaires. Tu reprends dès lors ta posture de pédagogue.

    #Enigmes #Eric_Bruillard #Daniel_Peraya

  • Éric Bruillard, Apprendre avec les énigmes. La résolution collective d’énigmes comme levier pédagogique
    https://journals.openedition.org/dms/9688

    Le volume présente ensuite les vingt-trois énigmes, chacune constituant donc une entrée, une sous-section du corps principal de l’ouvrage. Leur description respecte un canevas général identique : le titre, l’énoncé, un éventuel indice complémentaire diffusé en milieu de semaine, la solution et enfin la discussion sur l’énigme reconstituée sur la base des échanges menés dans les deux forums. Les objectifs de cette analyse sont multiples : documenter les échanges, analyser les processus de résolution collectifs, tenter de décrire les types d’interactions suscitées. Pour restituer le processus de résolution à travers les échanges et les interactions entre les personnes participant au mooc, les co-auteurs ont fait le choix de privilégier « au détriment d’une « analyse distancée, plus scientifique des formes de narration afin de faire revivre ce qui s’était déroulé » (p. 18). De plus, si les présentations respectent généralement cette structure formelle, elles sont développées de façon différente.

    L’ouvrage se poursuit par des commentaires réflexifs sur ce que les personnes participant au mooc disent de la démarche de résolution collective des énigmes, du processus de résolution lui-même, de l’intérêt pédagogique des énigmes, de la structuration des échanges et enfin de la difficulté de concevoir de telles énigmes. Enfin il s’achève par une brève présentation de l’utilisation d’énigmes dans le cadre d’autres formations, le mooc « Classes Éloignées en Réseau » (CER)5 et la plateforme d’évaluation, de développement et de certification des compétences numériques PIX6.

    Parmi les grandes qualités de ce livre, soulignons son caractère non prescriptif, son degré d’ouverture, cette intention bienveillante d’éveiller et de susciter notre intérêt pour le ludique et la résolution des énigmes, à la « pédagogie de l’énigme » à laquelle se réfèrent les auteurs. L’ouvrage paraît d’ailleurs dans la collection « Éducations » dont l’orthographe s’impose comme le signe d’une ouverture à la pluralité : il est des éducations et parmi celles-ci, le jeu et le ludisme, incarnés ici dans la résolution en ligne d’énigmes par les membres d’une communauté d’apprenants à distance, en sont une forme contemporaine dont le livre nous montre à travers des nombreux exemples concrets l’efficacité pédagogique.

    Si l’ouvrage ne répond pas à ces questions, il nous livre quelques indices, quelques pistes en partie pour des raisons propres à la genèse de l’ouvrage précisera É. Bruillard dans la discussion que nous avons menée à ce propos et que nous publions à la suite de cette note. Qu’importe, le livre pourrait bien être lui-même une sorte de méta-énigme. Sans doute nous invite-t-il à chercher des réponses sans garantie d’ailleurs de les trouver. Un participant au mooc ne dit-il pas que l’important dans la résolution des énigmes, n’est sans doute pas la solution, mais le parcours ?

    #Enigmes #Eric_Bruillard

  • Anne Cordier, Grandir informés
    https://journals.openedition.org/dms/9673

    Les deux premiers chapitres exposent la spécificité de sa méthode de terrain au long court et explicitent sa posture de chercheuse, une annexe méthodologique étant également proposée à la fin de l’ouvrage. Les entretiens individuels menés sous forme de rendez-vous ponctuels, et dont de longs extraits sont proposés en entrée de chaque chapitre, mettent ainsi en lumière une expérience éprouvée de pratiques d’information dessinant peu à peu les portraits de l’être au monde informationnel1des enquêtés. Ces résultats sont discutés et éclairés par d’autres recherches en cours. Pour chaque rendez-vous, une consigne spécifique permet de revenir sur le parcours biographique informationnel de chaque jeune suivi à travers le choix d’un lieu ou d’objets représentatifs de leurs rapports à l’information. Si certaines propositions sont attendues (téléphone portable, médiathèque) d’autres restent plus surprenantes, comme Amélie présentant… un billet de train (p. 200). En partant de l’acteur pour saisir son environnement informationnel et ses modes d’action, Anne Cordier analyse l’activité d’information comme une expérience sensible (chapitre 2) et donne à voir la richesse des expériences informationnelles juvéniles par le prisme de leurs rapports intimes à l’information et aux déploiements de leurs « arts de faire »2.

    La méthode de l’enquête longitudinale donne à voir les traces laissées par les enseignements en lien avec l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI) dont les jeunes adultes interrogés ont pu bénéficier dans leur cursus scolaire (chapitre 4). Au-delà de souvenirs positifs de figures ou d’activités marquantes liées à une démarche active de recherche d’information ou de rituels informationnels, il en ressort un sentiment de formations ponctuelles et parsemées, parfois artificielles ou aux temporalités décalées par rapport aux besoins ressentis. La pratique de l’évaluation de l’information est intégrée plus comme une injonction académique que comme un processus intellectuel (chapitre 8), qui occulte toutes les autres étapes de la démarche informationnelle. Le cadre des exigences académiques exprimées laisse chez certains un sentiment d’illégitimité informationnelle tenace, qui qui creuse l’écart avec des pratiques et des sources plus informelles, tenues à l’écart des bibliographies et qui renvoie à la question du poids de la légitimité culturelle (Lahire, 19953). Une culpabilité s’exprime vis-à-vis des représentations des « bonnes pratiques » attendues (« Lire la presse, c’est important » p. 179) mais dont l’acquisition est rarement explicitée, ce qui creuse les inégalités scolaires et influe sur la réussite universitaire. Le statut économique, le genre des enquêtés entrainent une distinction, voire une exclusion informationnelle (chapitre 9). En dehors de l’expérience scolaire, d’autres sphères sociales ou professionnelles se révèlent être d’autres « école[s] de l’information » (chapitre 7) et permettent de développer des activités informationnelles variées : s’informer sur l’actualité, les centres d’intérêts ou engagements personnels, développer une veille professionnelle, se laisser guider par sa curiosité. L’ouvrage d’Anne Cordier montre que s’informer peut être un loisir, un besoin mais répond surtout à une volonté de partage de sens. Les témoignages recueillis montrent qu’acquérir et diffuser des ressources informationnelles est une activité éminemment sociale ainsi qu’un levier pour l’action. « On ne recherche pas de l’information pour soi mais pour occuper une place dans le monde » (p. 318).

    Cet ouvrage appelle à une réflexion sur la mise en place d’une EMI partagée de la maternelle à l’université en co-construction avec les acteurs de l’Éducation populaire et bien sûr les parents.

    #Anne_Cordier #Grandir_informés