[...] dans les groupes des classes moyennes et supérieures, les outils sont plus accessibles, tout comme les compétences, les ressources et la confiance en soi. Les individus qui composent ces mouvements sont plus éduqués, ont un peu plus de compétences et de moyens, et donc accèdent plus facilement aux outils numériques… mais surtout, ils n’ont pas connu la peur de la répression.
Voilà le résultat le plus important du travail de Jen Schradie : les « activistes » les plus susceptibles de subir la répression ont tendance à limiter leur « surface d’exposition ». Ce phénomène n’a pas grand chose à voir avec les conseils prodigués dans les brochures militantes pour assurer un certain niveau de confidentialité de ses échanges numériques. Il s’agit de la méfiance spontanée de celles et ceux qui savent plus ou moins consciemment que lorsqu’on est du mauvais coté du manche, aucun moyen technique ne permet de rétablir l’équilibre. Le seul levier qui ne risque pas de vous revenir dans la gueule, c’est celui des rapports humains différents de ceux que les dominants ont tendance à penser comme universels.