Ma double vie ; mémoires de Sarah Bernhardt : Bernhardt, Sarah, 1844-1923
▻https://archive.org/details/madoubleviemmo00bernuoft
Sarah Bernhardt et Auguste Vaillant
« La dernière exécution à laquelle j’assistai fut celle de Vaillant, l’anarchiste. C’était un homme énergique et doux, aux idées très avancées, mais pas beaucoup plus avancées que ceux qui, depuis, montèrent au pouvoir.
» Il me demandait très souvent des places pour mon théâtre, qui était alors la Renaissance, étant trop pauvre pour se donner le luxe des arts. Ah ! la pauvreté ! Quelle triste conseillère ! Et qu’il faudrait être doux à ceux qui souffrent de la misère.
» Un jour, Vaillant vint me voir dans ma loge. Je jouais Lorenzaccio (1). « Ah ! me dit-il, ce Florentin était un anarchiste comme moi ; mais il a tué le tyran, et non la tyrannie ! Ce n’est pas ainsi que moi je procéderai. » Quelques jours après, il jetait une bombe dans un endroit public : la Chambre des députés (2). Le pauvre fut moins habile que le Florentin qu’il semblait mépriser, car il ne tua personne et ne fit de tort réel qu’à son parti.
» J’avais dit qu’on me prévînt du jour de son exécution. Et le soir, au théâtre, un ami vint me dire que l’exécution serait pour le lendemain lundi, à sept heures du matin.
» Je partis après le théâtre et me rendis rue Merlin, au coin de la rue de la Roquette. Les rues étaient encore très animées, car c’était le Dimanche gras. On chantait, on riait, on dansait un peu partout. J’attendis toute la nuit. Je n’avais pu obtenir d’aller dans la prison. Je restai assise au balcon du premier étage que j’avais loué. La nuit glaciale et brumeuse m’enveloppait de sa tristesse. Je ne sentais pas le froid, car mon sang courait rapide dans mes veines. Les heures poussaient lentement les heures qui sonnaient dans le lointain : l’heure est morte ! vive l’heure ! Et j’entendais un bruit vague, étouffé, de pas, de chuchotements, de bois qui craque sourdement. Je ne me rendis compte de ce qu’étaient ces bruits étranges et mystérieux que lorsque l’aube me permit d’apercevoir l’échafaud dressé.
» Un homme vint éteindre les réverbères qui éclairaient la petite place de la Roquette. Un ciel anémique étendit sa pâle lumière au-dessus de nous. La foule s’était peu à peu amassée, mais restait en groupe compact. Les rues étaient barrées. De temps en temps, un homme indifférent et pressé écartait la foule, présentait une carte à un officier de paix, et disparaissait sous le porche de la prison. C’était un journaliste. J’en comptai plus de dix. Puis, tout à coup, les gardes de Paris, doublés pour la circonstance, car on craignait un coup de main des anarchistes, se rangèrent le long du triste piédestal.
» Sur un signal, les sabres furent mis au clair et la porte de la prison s’ouvrit. Vaillant parut, pâle, énergique et brave. Il cria d’une voix mâle et assurée : « Vive l’anarchie ! » Pas un cri ne répondit au sien. Il fut saisi, renversé sur la planche. Le couperet tomba avec un bruit ouaté. Le corps bascula. En une seconde l’échafaud fut démoli, la place balayée, les rues débarrées ; et la foule se rua sur la place, regardant par terre, cherchant une goutte de sang introuvable, humant, le nez en l’air, l’odeur du drame qui venait de se dérouler.
» Des femmes, des enfants, des hommes âgés, tout cela grouillait sur cette petite place où venait d’expirer un homme dans la plus angoissante des agonies. Un homme qui s’était fait l’apôtre de cette populace. Un homme qui réclamait pour cette gent grouillante toutes les libertés, tous les privilèges, tous les droits !
» Voilée, méconnaissable, je m’étais, au bras d’un ami, mêlée à la foule, et j’étais écœurée, désespérée : pas un mot de reconnaissance pour cet homme... Pas un murmure de vengeance... Pas une révolte... J’avais envie de crier : « Mais, tas de brutes ! baisez donc les pierres que le sang de ce pauvre fou a rougies à cause de vous ! pour vous ! croyant en vous ! » Mais je fus devancée par un voyou qui cria : « Demandez... demandez les derniers moments de Vaillant ! Demandez... demandez les détails !... Demandez ...demandez... »
» Oh ! Pauvre Vaillant ! Son corps décapité roulait vers Clamart. Et la foule, pour laquelle il avait pleuré, crié, expiré, s’égrenait lentement, nonchalante et ennuyée. Pauvre Vaillant ! il avait cependant de folles, mais généreuses idées ! »
(1) Vaillant ayant été guillotiné le 5 février 1894, il est impossible qu’il ait discuté avec Sarah Bernardt de Lorenzaccio, créé le 3 décembre 1896. Mais même si l’histoire est inventée, elle n’en est pas moins belle, et éclaire d’un jour intéressant le contexte politique dans lequel est créé Lorenzaccio, en pleine fièvre anarchiste.
(2) Le 9 décembre 1893.❞
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Vaillant#Le_proc.C3.A8s
« Messieurs, dans quelques minutes vous allez me frapper, mais en recevant votre verdict, j’aurai la satisfaction d’avoir blessé la société actuelle, cette société maudite où l’on peut voir un homme dépenser inutilement de quoi nourrir des milliers de familles, société infâme qui permet à quelques individus d’accaparer la richesse sociale (…) Las de mener cette vie de souffrance et de lâcheté, j’ai porté cette bombe chez ceux qui sont les premiers responsables des souffrances sociales »
-- Transcription publiée dans Le Petit Journal
La presse du 6 février 1894
▻http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5472507/f1.image.r=guillotine.langFR
Ancienne médiatrice du livre, Laurence Engel nommée présidente de la BnF
▻https://m.actualitte.com/n/64361
« Première femme nommée à ce poste, Laurence Engel aura pour mission première de proposer une politique des publics ambitieuse, à la fois attentive aux étudiants et chercheurs français et étrangers, mais aussi résolument tournés vers une population plus jeune et parfois éloignée de la culture », peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère de la Culture, qui annonce la nomination.
]]>L’avocat général de la CJUE estime qu’un lien vers un contenu illégal n’est pas illégal - Next INpact
▻http://www.nextinpact.com:80/news/99388-l-avocat-general-cjue-estime-qu-un-lien-vers-contenu-illegal-n-
"Restera maintenant à voir si les juges suivent les conclusions de l’avocat général ou prennent un chemin différent. Melchior Wathelet met toutefois en garde les magistrats, au cas où ceux-ci seraient tentés de contredire son analyse : « Si les internautes sont exposés aux risques de recours pour violation des droits d’auteur (...) chaque fois qu’ils placent un hyperlien vers des œuvres librement accessibles sur un autre site Internet, ils seraient beaucoup plus réticents à les y placer, et ce au détriment du bon fonctionnement et de l’architecture même d’Internet ainsi que du développement de la société de l’information. » Les mordus de l’autorisation exclusive comme ceux du partage absolu surveilleront en tout cas avec la plus grande attention cet (...)
]]>Une boulangerie anarchiste et anticapitaliste casse les codes en offrant son pain | La Relève et La Peste
▻http://lareleveetlapeste.fr/une-boulangerie-anarchiste-et-anticapitaliste-casse-les-codes-en-o
La boulangerie « La Conquête du pain » a lancé le concept de la baguette suspendue. Basé sur l’économie du partage, le principe en est des plus simples. Un client paie deux baguettes : l’une d’elles est mise dans un panier en attendant qu’une personne dans le besoin vienne la récupérer. Le Co-gérant de la boulangerie, Pierre Pawin, précise que 10 baguettes sont suspendue par jour. « Certains clients donnent systématiquement une baguette, d’autres lorsqu’il leur reste de la monnaie »
]]>@simplicissimus un autre Simplicisimus ▻http://www.topfferiana.fr/2010/05/simplicissimus-annee-i
Créée à Munich par Albert Langen en avril 1896, la revue #Simplicissimus est un hebdomadaire satirique ayant paru jusqu’en 1944. Antimilitariste, ironique, mordant et drôle, cet hebdomadaire fut un véritable réquisitoire contre la société de l’époque de Guillaume II. Il sera en quelque sorte l’équivalent allemand du Gil Blas illustré (1891-1903) et de L’Assiette au beurre (1901-1912) 1.
La bande dessinée y tient place dans ses pages dès sa première année, sous le crayon d’artistes comme Josef Benedikt Engl, Ferdinand Reznicek ou encore Thomas Theodor Heine. Ci-dessous une sélection d’histoires en images de la première année de publication. On remarquera les deux dernières planches signées Wilhelm Schulz (1865-1952), futur membre de la Berliner Secession.
Comment la Russie a conquis l’atome
▻http://www.lecourrierderussie.com/economie/2016/11/rosatom-atome-nucleaire-russe
Chez Rosatom, on estime devoir ce succès, en premier lieu, à des technologies d’avant-garde.
]]>Dans neuf régions de Russie, 1 habitant sur 100 est séropositif
▻http://www.lecourrierderussie.com/societe/2016/11/seropositifs-russes-population-neuf-regions
Selon les données d’ONUSIDA, le programme regroupant les structures des Nations Unies chargées de la prévention du VIH et du SIDA, en 2015, 80 % des nouveaux cas de contamination au VIH en Europe orientale et en Asie centrale correspondaient à la Russie.
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