• Talking with… Robert Simmon | Visualoop

    http://visualoop.com/29682/talking-with-robert-simmon

    Since the popularization of the term “infographic” on the Internet, this whole discussion around “good” and “bad” visualization has reached another level, thanks to the massive amount of poorly executed designs being produced out there. Among the most common errors, you’ll see the misuse of color, something that indicates that there’s still a lot of confusion when it comes to pick the right palette to help convey the message, instead of polluting and creating additional noise. And that’s why the work done by Robert Simmon – our first interviewee of 2015 – is so noteworthy.

    #cartographie #visualisation #sémiologie

  • La #montagne tue plus les hommes que les femmes, davantage les locaux que les touristes | c’est vraiment intéressant et comme je le répète sans cesse, l’#escalade est un #sport très sûr
    http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/nathalie-lamoureux/la-montagne-tue-plus-les-hommes-que-les-femmes-davantage-les-locaux-que-les-

    Aussi bien en #alpinisme qu’en #randonnée pédestre, les hommes s’engagent davantage que les femmes dans des situations périlleuses, en partant seuls, hors des sentiers balisés. Parmi les #victimes secourues entre 2003 et 2012 par le PGHM sur le massif du Mont-Blanc, les hommes sont non seulement surreprésentés (74 % des personnes), mais également surexposés au risque de #décès (81 % des décès). Les plus de 50 ans le sont encore plus. En randonnée, l’âge élevé des victimes combiné au fait que les seniors constituent la seule tranche d’âge où le nombre de secours augmente reflète le #vieillissement des adeptes de la pratique. Bien que pratiquant autant que les hommes, les femmes décèdent largement moins que ces derniers (3,5 décès masculins pour 1 féminin). Par ailleurs, leur « pic de #vulnérabilité » se situe à un âge plus jeune, entre 48 et 57 ans, et dans une moindre mesure de 38 à 47 ans.
    Activités à #risque

    L’indice de #mortalité le plus élevé concerne le base jump (47 %), suivi par l’ULM (38 %) et les sports en eau vive (35 %). L’activité la moins risquée est l’escalade à l’école (2 %). À noter que la chasse, la pêche et le ramassage des champignons ne sont pas sans danger. Pour 100 pratiquants donnant lieu à l’intervention des gendarmes de haute montagne, 23 décès sont constatés.

    #statistique #genre

    • Ah non, ce n’est pas inutile. Je viens d’une zone montagneuse et dans les idées préconçues, ce sont toujours les touristes idiots et mal équipés qui se mettent en danger.
      Par contre, ce qui aurait été intéressant, c’est de vérifier que la surmortalité des locaux ne vient du fait que la plupart sont guides de montagne et doivent se mettre en danger pour secourir les touristes idiots et mal équipés... ;-)

      Pour l’escalade, par contre, je le savais.

      Je suis par contre très étonnée par la surmortalité en randonnée alors qu’on attend toujours plus les foufous qui font des sports suicidaires (même si les stats confirment que ce sont des sports suicidaires !)

      Très intéressant aussi, parce que j’en avais l’intuition là où tous mes potes de montagne démentaient, c’est la surmortalité en descente sur les passages « faciles ».

      Monter n’est jamais un problème pour moi, mais je déteste descendre, je me sens vraiment en danger et ça me fait chier quand je vois mes compagnons descendre en sautillant alors que j’amortis autant que je peux et que je me méfies comme de la peste des petites pentes à roulements à billes (quand tu as juste des petits graviers qui roulent sous la semelle) et des prairies humides à effet savonnette !

      Après, pendant mon enfance, je faisais partie des locaux, et quand je repense à la façon dont nous nous déplacions en montagne à l’époque, j’en ai des sueurs froides.

  • Commémorer sans discuter - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Commemorer-sans-discuter

    Témoignage en deux parties très intéressant de deux enseignantes sur les échanges dans leurs classes autour des attentats et du #jesuischarlie.

    Mes élèves sont des adolescent-e-s qui essaient de mettre des mots sur des situations complexes et, pour certain-es, de se dépatouiller avec les attentes et injonctions contradictoires d’une société à leur égard. Ils et elles ont entre onze et douze ans dans cette classe de cinquième et, parce qu’ils et elles n’ont pas vraiment le choix, ont une conscience aiguë de nombre de problèmes économiques et sociaux. Ils se posent beaucoup de questions et ont beaucoup d’émotions à propos de ce qui s’est passé ces derniers jours.

    Ils ont aussi envie de penser à autre chose parce qu’ils ont peur de ne plus pouvoir « bien s’entendre » si ça continue. Ils veulent tou-tes être respecté-es dans ce qu’ils et elles sont et d’ailleurs à ce propos aimeraient vraiment bien qu’on parle plus du racisme dans cette société. Et aussi du sexisme, rajoutent les filles, qui pensent pour beaucoup que c’est un peu lié à la jalousie des garçons de voir que, « nous, les femmes, on sait tout faire et, eux, ben, pas grand chose quand même ».

    Deuxième partie : http://lmsi.net/Des-questionnements-insupportables

    Que des adolescent-e-s questionnent le discours majoritaire, qu’ils interrogent ce qu’ils perçoivent comme des injustices, tout ceci est en réalité une excellente nouvelle, puisqu’ils mettent en œuvre l’esprit critique que l’école leur demande justement de développer ; et ce questionnement est partagé par des élèves de milieux très différents. Il est du devoir des enseignant-e-s d’y répondre, sous peine de voir ces questions restées sans réponse, ou criminalisées, trouver un refuge facile dans les théories du complot.

    La focalisation sur les élèves racisé-e-s de banlieue vise à construire la figure d’élèves descendant-e-s de l’immigration qui seraient intrinsèquement rétifs à « nos » valeurs, à savoir complaisant-e-s à l’égard de la violence terroriste. C’est cette même perception déshumanisante de ces élèves-là qui explique que personne ne fait écho, depuis la semaine dernière, aux angoisses profondes, au mal-être des élèves s’identifiant comme musulman-e-s, faisant l’objet d’un véritable harcèlement médiatique, mais aussi d’une recrudescence de la violence raciste quotidienne, et se demandant désormais si un avenir est encore possible pour elles/eux en France...

  • Résister à l’injonction de la répression immédiate ! - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Resister-a-l-injonction-de-la

    S’il est légitime que la République condamne clairement le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie, la répression la plus dure de leurs manifestations les moins construites est un aveu de faiblesse inutile et dangereux. Et une société qui, par millions, descend dans la rue proclamer son attachement à la liberté d’expression ne peut, sans se contredire, emprisonner sur l’heure celui qui profère des mots hostiles à la loi qui affirme ses valeurs.

  • Qu’est ce que ça fait d’être un problème ?
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210115/qu-est-ce-que-ca-fait-d-etre-un-probleme

    Les conditions de possibilité de la violence politique de janvier 2015 sont multiples. Les analyses des chercheurs en sciences sociales mériteraient d’être mieux écoutés par les responsables politiques. Or ce sont les experts ès « islam-et-terrorisme » qui ont l’oreille complaisante du prince, de ses conseillers et des médias. Les défaillances des services de renseignement, qui avaient repéré et auditionné les tueurs, semblent être occultées par l’aura de leur « neutralisation ». Les premières réactions politiques semblent aller dans le sens du pire : voter un « Patriot Act à la française » alors qu’une loi liberticide sur le terrorisme a déjà été votée il y a deux mois ; relancer le débat sur la peine de mort ; cibler l’« ennemi intérieur » musulman inassimilable, etc. On peut s’attendre que certains voudront remettre en cause le droit du sol. En bref, les leçons de la politique post 11-Septembre semblent ne pas avoir été retenues : la violence politique se nourrit de la violence d’État et de la violence sociale.

    #Charlie #islamophobie

  • #Apologie d’acte de #terrorisme : « J’ai levé la main et j’ai dit “Ils ont eu raison” » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/20/apologie-dacte-terrorisme-jai-leve-main-jai-dit-ils-ont-eu-raison-2
    Donc, ce serait le gamin qui aurait "pété les plombs"...

    Jeudi, en classe, il a fait sa minute de silence. Vendredi après-midi, en français, sur une proposition de débat du prof, il a plus fait le mariole que pété les plombs :

    « J’ai levé la main et j’ai dit : “Ils ont eu raison”. J’ai dit ces quatre mots, madame. Je sais même pas pourquoi j’ai dit ça, je le pense pas, c’est sorti tout seul. Les copains ont dit : “Pourquoi tu dis un truc comme ça ? T’es fou !” Le prof m’a dit : “Si tu penses ça, tu sors de la classe.” Alors je suis allé chez la CPE. Elle m’a expliqué, bien, pourquoi c’était grave ce que j’avais dit. »

    Dimanche, il est allé au foot et a refait une minute de silence avant le match :

    « C’était bien, on était tous en rond, on se tenait tous par le cou. »

    Il risque l’exclusion définitive

    Lundi matin, il a été convoqué chez le principal : « Vous allez pas me faire un plat pour ça. » Il a été envoyé auprès de la médiatrice, qui lui a fait faire un écrit.

    Lundi après-midi, il était reconvoqué chez le principal, il s’est excusé, a dit qu’il regrettait, sans doute trop tard et pas assez fort. Il est parti au CDI faire un devoir avec l’enseignante chargée de ce poste.

    Mardi, il est revenu devant le principal, convoqué avec ses parents. Il lui a été appliqué une sanction que le collège appelle « une mesure conservatoire » : il est exclu de l’établissement pour une semaine et le septième jour, il passera devant le conseil de discipline. Il risque l’exclusion définitive.

    Ni le petit poisson ni ses parents ne comprennent bien pourquoi. Après tout ça, le principal est parti mercredi déposer plainte contre petit poisson au commissariat.

    Jeudi matin, il s’est rendu au commissariat où il était convoqué avec ses parents « pour être entendu ». Il a été placé en garde à vue, y est resté 24 heures.
    Terrorisme ? « Ça vient de terreur ? »

    Et vendredi matin, à 8 heures, il est là, dans les geôles du palais de justice, arrivé menotté, attendant d’être mis en examen pour apologie d’acte de terrorisme. Comme l’autre comique avec son « Je suis Charlie Coulibaly ». Mon petit poisson, « apologie », il a pas la moindre idée de ce que ça peut bien vouloir dire. Terrorisme ? « C’est ceux qui tuent pour rien. » En cherchant bien, « ça vient de terreur ? »

    • Selon la loi du 14 novembre 2014 renforçant les dispositions de la lutte contre le terrorisme, l’apologie publique est passible de cinq ans de prison ferme et 75 000 euros d’amende. Une peine portée à sept ans et 100 000 euros si l’apologie est faite via un moyen de communication en ligne.

      A Lille. Un homme de 34 ans, originaire de Douchy-les-Mines (Nord), a été condamné à quatre ans de prison. La lourdeur de la peine s’explique en partie par le lourd passif judiciaire du condamné, mais aussi par une volonté de « taper fort » selon Christophe Delattre, le vice-procureur du tribunal de grande instance (TGI) de Valenciennes, joint par Libération. Il aurait aussi crié devant les policiers « Allah akbar. Il devrait y en avoir plus des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains […] Vous êtes du pain béni pour les terroristes ». Outre les quatre ans d’emprisonnement, le trentenaire a écopé d’une annulation de son permis de conduire pendant deux ans et d’une interdiction de ses droits civiques et familiaux pendant trois ans : « Je ne vois pas comment quelqu’un qui ne partage pas les valeurs de la République pourrait être autorisé à voter aux prochaines échéances électorales », a déclaré Christophe Delattre à Libération.

      http://www.liberation.fr/societe/2015/01/13/six-condamnations-a-de-la-prison-ferme-pour-apologie-du-terrorisme_117960

      L’#analyse d’Agamben sur la loi du 14 novembre 2014
      http://seenthis.net/messages/331555

    • J’ai porté plainte sur consigne de l’académie mais je croyais que les policiers allaient faire un rappel à la loi, que ça s’arrêterait là. Le conseil de discipline mardi prochain, je suis d’accord avec vous. Moi, je vais proposer une exclusion avec sursis mais on est quatorze à voter, des profs, des parents d’élèves, je n’y peux rien.

      Combien d’autres se réfugieront derrière cet argument fatal ? Respect des consignes de la hiérarchie, décision prise à la majorité (quand bien même cette majorité serait sous influence, « je n’y peux rien ».
      Pas de dialogue, pas d’écoute, juste le rappel à la loi.

      #délation (climat de)

    • Ce matin, j’ai repensé à une discussion de vestiaire, salle de sport chic, entre midi et deux, à l’issue de la cavale : « Alors, on les a eu ? Oui, c’est fait, on les a dézingués. ». Avec moult satisfécits et ce on collectif, utilisé à la façon d’un match de foot de l’équipe de France...

      Et ça me rappelle aussi un politique, qui n’a pas trouvé mieux que de proposer un référendum sur la peine de mort le jour du massacre, ou juste après.

      Et après on s’étonne que des gamins puissent un instant penser que dans un monde juste, la peine de mort puisse être une option.

      Ils ont donc tous oubliés les « Inspecteur Harry » et autres « Un justicier dans la ville » avec Bronson ? Ou rien que l’autre soir, la redif de « Taken ». Combien de morts pour sauver sa gamine ?

      La façon dont ils sont en train de broyer ces gamins (et quelques adultes) est proprement effrayante. Ceci dit, ça rappelle assez la façon dont les gamines à voile ont été traitées... sans trop d’égards pour leur statut d’enfant.

    • Je côtoie des gens sur FB qui trouvent ça normal : il faut laisser faire la justice. Ne pas se laisser attendrir par les effets de manche de l’auteur de l’article. Des gens qui de toute évidence n’ont jamais eu à la subir, la justice.

      T’es gamin, tu dis quelque chose dont tu ne maîtrises pas les tenants et aboutissants (se faire justice soit même, la peine de mort, ...), et voilà, tu es traîné en justice. D’ailleurs, avant 2007, il me semble que ça n’aurait pas été aussi simple de les mettre en examen les gamins (un truc du CNR mis à la poubelle par Sarkozy...).

      Faudra-t-il qu’un bon blanc dise la même chose pour qu’ils commencent à se demander si c’est bien normal de punir des phrases dites sans en comprendre le sens et sans, pour nous là, y voir que c’est la liberté d’expression qui est attaquée, ce faisant.

      Les conséquences de ce à quoi l’on assiste sont terrifiantes.

    • Apologie du terrorisme : la justice face à l’urgence
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/22/apologie-du-terrorisme-la-justice-face-a-l-urgence_4560603_3224.html

      Une justice d’exception, expéditive, et qui mène à des peines trop lourdes. Les voix s’élèvent pour dénoncer les procédures judiciaires lancées par dizaines depuis les attentats en région parisienne. Au c œur des critiques : l’« apologie du terrorisme.

      Une définition large
      Le ministère de la justice recense, mercredi 21 janvier, 117 procédures pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine raciale », sur 251 procédures pénales ouvertes depuis l’attaque de Charlie Hebdo, le 7 janvier. Une surreprésentation qui interpelle, deux semaines après les attentats en région parisienne.
      Quant à savoir ce que l’administration entend par « apologie du terrorisme », la réponse est large. « L’apologie consiste à présenter ou commenter des actes de terrorisme en portant sur eux un jugement moral favorable », définit ainsi la #circulaire du 12 janvier de la ministre de la justice, Christiane #Taubira. (...)
      http://www.justice.gouv.fr/publication/circ_20150113_infractions_commises_suite_attentats201510002055.pdf

      Les profils et l’esprit de la loi

      Si la définition est large, l’objectif du législateur apparaît clairement. Les procédures pour « apologie du terrorisme » visaient à punir la promotion organisée d’actes terroristes existants pouvant amener ceux qui les regardent à se radicaliser et les conduire eux-mêmes à commettre des attentats.
      Des profils qui ne collent que peu avec ceux rencontrés dans les tribunaux, soutient Laurence Blisson, vice-présidente du syndicat de la magistrature :
      « Dans l’esprit du législateur, il ne s’agissait pas de viser les personnes ivres ou les déficients mentaux. Or les infractions ressemblent plus en ce moment à des formes d’outrages et de menaces sur les policiers qu’à des soutiens organisés à des réseaux terroristes. »
      Ce qui n’empêche pas la justice de frapper fort. A Paris, un homme ivre a ainsi été condamné à quatorze mois de prison ferme pour avoir lancé aux policiers, entre un doigt d’honneur et des crachats : « Je n’ai qu’une chose dans la vie, c’est de faire le djihad (…), c’est de buter des flics. » Ses excuses lors de son audience en comparution immédiate, le 15 janvier, n’y ont rien changé. Ni même les craintes de son avocat concernant un risque de radicalisation en prison.(...)

      Car c’est bien cela qui est reproché à la justice, notamment par le Syndicat de la magistrature, dans son traitement des procédures pour « apologie du terrorisme » : juger dans l’urgence des cas qui nécessiteraient de prendre davantage de recul. Certes, concède Laurence Blisson, la circulaire Taubira demandait également une réponse pénale « individualisée ». Mais celle-ci est presque impossible dans le cadre des #comparutions_immédiates, où la #défense n’a que quelques heures [3à minutes le plus souvent en fait, ndc] pour se préparer, et où l’audience se compte en minutes.

      D’autres voix s’élèvent dans le monde judiciaire, résistants à cette justice de l’urgence. Sur Twitter, Me Eolas appelle ainsi ses confrères à demander des délais et à refuser les comparutions immédiates (CI) pour ne pas devenir « complices » (...)

      Lorsque Mme Taubira déclare, vendredi 16 janvier, que la chancellerie réfléchit à créer une circonstance aggravante de racisme et d’antisémitisme sur toutes les infractions – ce qui reviendrait donc à faire sortir le racisme et l’antisémitisme de la loi sur la presse de 1881 pour les introduire dans le #code_pénal – la présidente de l’Union syndicale des magistrats est donc plus sceptique. « De toute façon, on ne fait pas une #loi dans l’émotion. »

      Et voici la justice coincée dans une situation paradoxale où, dans un contexte où la liberté d’expression est érigée en étendard national, elle risque de la fragiliser en donnant l’impression que tout n’est pas digne du cadre protecteur de la loi de 1881 [sur la liberté de la presse].

  • Après #Charlie : bal tragi-comique à gauche radicale-sur-Seine - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/19/apres-charlie-bal-tragi-comique-a-gauche-radicale-seine-257188

    Texte de Philippe Corcuff :

    Nous avons donc à réinventer les chemins d’une politique populaire et libertaire, multiculturelle et laïque, insérée dans l’action locale et altermondialiste, fabriquant des solutions provisoires avec les opprimés à partir de la vie quotidienne, faisant émerger des lieux de convergence des mouvements sociaux émancipateurs et de mutualisation des expériences alternatives, dans la perspective d’une auto-émancipation des chaînes du capitalisme et des autres formes de domination.

    #mouais

    • Une phrase qui suffit à elle-seule à démontrer toute la vacuité (et pas seulement rhétorique) de la pensée de Corcuff. Un intellectuel qui a toujours été étranger aux idées du mouvement ouvrier révolutionnaire (et son passage amical à la LCR puis au NPA n’y a malheureusement rien changé) et qui s’empêtre depuis toujours à reformuler les vieilles sornettes de l’aile gauche, « radicale », de la petite-bourgeoisie (libertaire, altermondialiste, etc.). Un naufrage permanent.

  • Quand nos enfants tuent nos pères - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/01/16/quand-nos-enfants-tuent-nos-peres_1182251

    Au-delà des cibles visées, il y a la question des personnes que l’on fait rire. Dans les années 70, les jeunes révoltés de Hara-Kiri puis de #Charlie Hebdo s’en prenaient aux pouvoirs en place et à leurs conservatismes, faisant rire des dominés et des jeunes de différents horizons (marginaux, soixante-huitards reconvertis dans les luttes féministes, écologistes, etc.). Dans les années 2000, les mêmes se situent au pôle culturel des classes moyennes et supérieures (parisiennes), et leur humour offense une partie des classes populaires urbaines, en particulier, quand il tourne en dérision l’islam qui représente, pour certains, la seule appartenance positive à laquelle se raccrocher.

  • So here are some statistics for those interested. Let’s start with Europe. Want to guess what percent of the terrorist attacks there were committed by Muslims over the past five years? Wrong. That is, unless you said less than 2 percent.

    As Europol, the European Union’s law-enforcement agency, noted in its report released last year, the vast majority of terror attacks in Europe were perpetrated by separatist groups. For example, in 2013, there were 152 terror attacks in Europe. Only two of them were “religiously motivated,” while 84 were predicated upon ethno-nationalist or separatist beliefs.

    http://www.thedailybeast.com/articles/2015/01/14/are-all-terrorists-muslims-it-s-not-even-close.html

    #islamophobie #terrorisme

  • Devenir des femmes respectables, Classe et genre en milieu populaire
    http://agone.org/lordredeschoses/desfemmesrespectables

    « On est sorties à Manchester l’autre samedi, toutes les trois. C’était bien en fait, on s’est bien marrées. Mais à un moment on est allées dans le quartier bourge, et on se marrait devant les chocolats en se demandant combien on en aurait mangé si on avait pu se les payer, et il y a cette femme qui nous a lancé un regard. Si les regards pouvaient tuer. Genre, on était là, c’est tout, on faisait rien de mal, on n’était pas crades ni rien. Elle nous a juste regardées. On aurait dit que c’était chez elle et qu’on n’avait rien à faire là. Ben tu sais quoi, on est parties, on n’a plus rien dit pendant une demi-heure. T’imagines ? On s’est bien fait remettre à notre place. On aurait dû lui mettre notre poing dans la gueule. C’est des trucs comme ça qui te dégoûtent de sortir. Il vaut mieux rester chez soi. »

    La matière première de ce livre est une série d’entretiens menés par Beverley Skeggs avec quatre-vingt-trois jeunes femmes issues de la classe ouvrière anglaise, inscrites à une formation d’aide à la personne et travaillées par leur propre respectabilité. Abordant leur rapport à la sexualité, à la classe ou au féminisme, cet ouvrage vient apporter un prolongement essentiel aux travaux de Pierre Bourdieu et de Paul Willis.

    #femmes #genre #classe #féminisme #livre #sociologie #Agone

  • De la « Liberté d’Expression » à la « Marche Républicaine » - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/De-la-Liberte-d-Expression-a-la

    Très bon article sur l’usage et le détournement des mots.

    Est-ce que Charlie Hebdo a été attaqué parce qu’il est en France ? Rien ne permet de l’affirmer et on peut faire l’hypothèse au moins aussi solide que la rédaction de Charlie Hebdo aurait pu subir la même agression si ça avait été un média belge ou allemand ou états-unien. Affirmer que c’est la France qu’on attaque en assassinant douze personnes au siège de cet hebdomadaire, c’est une extrapolation très discutable. A quoi sert cette extrapolation ? A donner une dimension nationale à un évènement qui est un drame pour l’humanité sans question de nationalité. Cela revient à capter une émotion collective au profit d’un projet national.

    #linguistique #charlie

    • Intéressante critique de la notion de « République » qui, j’avoue, n’a à peu près aucun sens pour moi, en tous cas dans le contexte actuel.

      La république est un type d’organisation politique où le pouvoir exécutif n’est pas détenu de façon héréditaire (au contraire d’une monarchie). La personne qui exerce ce pouvoir peut être désignée de façon démocratique à des degrés divers (voir la question de la démocratie ci-dessous) ou non. Une république n’est pas forcément ni une démocratie, ni un Etat respectueux des Droits humains (dont la liberté d’expression), même si, dans l’idéal, il est plus cohérent qu’une république soit démocratique. On ne voit vraiment pas en quoi le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo est une « attaque contre la république ». N’est-ce pas là un autre détournement de l’enjeu majeur de l’attentat contre Charlie Hebdo ?

      Du coup, on ne comprend pas le sens de l’expression « marche républicaine ». Si ça avait eu lieu en Belgique ou au Royaume-Uni, l’aurait-on appelée « marche monarchique » ?

    • Et aussi une réflexion intéressante sur le mot « islamisme » :

      En appelant « islamisme » l’extrémisme suspecté d’être à l’origine de ce terrorisme, on inscrit cet extrémisme dans une continuité qui parait du coup de l’ordre de l’évidence entre islam et extrémisme ou terrorisme. Les termes « christianisme, judaïsme, protestantisme, bouddhisme, confucianisme » sont des dérivés en –isme du nom d’une religion ou d’un prophète. Ils ne sont pas péjoratifs, ni même négatifs. « Islamisme » l’est. En l’employant, on glisse implicitement dans l’islamophobie.

    • islamisme : Religion des musulmans. Synon. islam. Le pacha, d’après un texte du Koran qui était favorable à l’accusé, lui donna l’alternative ou d’être pendu une seconde fois, ou de se faire turc. Aboulias préféra ce dernier parti, et pratiqua pendant quelque temps l’islamisme (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 194). L’islamisme, par la plus flagrante contradiction n’a-t-il pas vu dans son sein un développement de science purement rationaliste ? (Renan, Avenir sc.,1890, p. 42). Après la conquête de Jérusalem par les Arabes, la plupart des Chrétiens durent se convertir à l’islamisme pour échapper aux supplices (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 202).
      http://www.cnrtl.fr/definition/islamisme

  • L’enfance misérable des frères Kouachi - Reporterre
    http://www.reporterre.net/L-enfance-miserable-des-freres
    Après, j’ai tendance à penser que c’est moins une question d’enfance difficile que d’âge adulte sans perspectives.

    Evelyne tient pour responsable la politique de la Ville. « Le but était de parquer là les pauvres. Et personne ne s’en occupait. Les assistantes sociales démissionnaient une à une. Elles avaient trop de boulot par chez nous, elles préféraient se faire muter ailleurs. Alors chaque mois, on avait une nouvelle personne qui reprenait notre dossier, et au final, on n’avançait pas. »

    • Sans doute un mélange des deux ? On doit pouvoir surmonter une enfance difficile avec des perspectives une fois adulte, ou vivre différemment le manque de perspectives si on a eu une enfance heureuse, mais si on cumule les deux, ça commence à faire beaucoup.

      Certes, je n’invente pas l’eau chaude en disant ça ;-)

    • Ces « enfants des années 80 », c’est à dire du 1er socialisme ont été d’emblée #bannis (mis au ban, banlieusardisés). Et oui @monolecte, autant que leur enfance, c’est sans doute une #jeunesse sans aucune #perspective (voir la vidéo à laquelle Koulibaly avait participé sur Fleury mérogis : http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/12/quand-amedy-coulibaly-denoncait-les-conditions-de-detention-a-fleury-merogis) - y compris politique (et c’est là que toute cette merde renvoie à une responsabilité collective et non pas « républicaine ») - qui contribue lourdement à fabriquer ce genre de fascistes là.
      aucune « excuse », simplement la question ne peut se poser slt sous un #angle_moral (l’#effroi et le refus suffisent pas...)

      https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=tf2VZoPs1z4

    • ce n’est pas une découverte récente :

      "Moi, Khaled Kelkal" (1995)
      http://antisophiste.blogspot.fr/2009/04/khaled-kelkal-terroriste.html

      À l’évidence, [Kelkal] a essayé successivement toutes les stratégies possibles d’intégration :

      ¤ la loyauté aux valeurs et aux normes du monde des « Ils » a buté sur l’inadaptation scolaire.

      ¤ la voie du conformisme déviant (défection aux normes plus qu’aux valeurs des « Ils ») l’a mené en prison.

      ¤ la voie de l’Islam (défection aux valeurs "matérialistes" des « Ils ») le mène à une impasse. L’Islam ne procure pas du travail !

      Ne pouvant trouver sa place, Kelkal envisage de partir en Algérie :

      ¤ la voie de l’Exit : être musulman dans une communauté de musulmans, être un maghrébin dans une société de maghrébins, être humble parmi les humbles... c’est cela l’intégration. Las ! le rêve algérien n’a pas résisté à la guerre civile qui sévit là-bas. Et puis, que connaît-il de l’Algérie, lui qui est arrivé en France à l’âge de deux ans ?

      L’Islam réapparaît ici dans sa dimension politique : en Algérie, il a pu devenir une idéologie de combat qui offre aux laissés pour compte du « système » une solution collective ; en France, il peut être une idéologie de ressentiment, qui n’offre aucune solution collective mais permet de donner un sens à des stratégies individuelles de rupture. Quand toutes les solutions ont été explorées, il reste les solutions désespérées :

      ¤ la voie du Terrorisme (ici sous couvert d’islamisme), véritable suicide médiatique : exposer sa vie pour faire entendre sa voix, choisir l’Exit ultime pour donner plus de poids à la Prise de Parole.

      Finalement, la dérive du jeune Kelkal questionne la capacité de la société française à intégrer ses enfants les plus déshérités, à leur donner leur chance. Pour Dietmar Loch, qui l’avait interviewé trois ans plus tôt, « Khaled Kelkal était un franco-maghrébin qui cherchait la reconnaissance et la dignité, et ne les a pas trouvées » (Le Monde du 7 octobre 1992)

      “Mohamed Merah ressemble beaucoup à Khaled Kelkal” (2012)
      http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20120326.OBS4584/mohamed-merah-ressemble-beaucoup-a-khaled-kelkal.html

    • Bien d’accord, et il n’est pas besoin d’Islam pour que de tels phénomènes se produisent.

      Nanterre-la-Folie, socialisation ou barbarie, Chimères n°46, avril 2002.

      L’histoire se répète depuis plusieurs mois sans qu’on n’y prenne garde. Là c’est un événement inimaginable de l’autre côté de l’Atlantique [11 septembre 2001, ndc] ; ici c’est un fait sans précédent dans une #banlieue de la capitale. Dans les deux cas, c’est la même réponse sociale et médiatique. Il faut couvrir l’absolue singularité de ces gestes, contenir leur possibilité de contagion, la peur et la panique, le questionnement légitime sur le sens de ces passages à l’acte. On invoquera d’abord l’exceptionnalité, le caractère absolument imprévisible de tels gestes - le système n’est pas pris en défaut, les gouvernants contrôlent la situation, n’ayez crainte populations... Puis, dans le même mouvement, il faudra tout de même expliquer l’inexplicable, rendre compte, donner des raisons, on convoquera donc une batterie d’experts au service de l’interprétation. D’un côté on surenchérit dans le mythe ; de l’autre on surjoue la raison, c’est la matrice rhétorique qui justifie l’#état_d'exception_permanent dans lequel vivent désormais nos sociétés. Dans ce dispositif discursif d’annulation où la charge d’un événement est prise en étau, une fonction particulière est réservée au psychologue. Il fournit le lexique de la réprobation unilatérale, folie, démence, barbarie, etc. On le remarque à propos des crimes sexuels comme pour le terrorisme, le champ psychiatrique - paupérisé et dévalué - est aujourd’hui annexé au champ juridique, mode de production privilégié d’une anormalité de masse qui ne connaît pas encore ses lois.

      La tragédie de Nanterre n’est pas un fait divers : elle est le produit d’une individualité en tant que celle-ci exprime des tendances sociales plus générales. Un fait intrigue dans le retour de la violence sur la scène sociale depuis plusieurs mois : la combinaison de l’homicide et du suicide. Richard Durn implorait qu’on le tue à la mairie de Nanterre ; en moins de 35 heures il y est parvenu. Les pirates du 11 septembre ou les combattants de l’Intifada sont dans des situations semblables. Nul besoin de se tourner vers des pensées extrêmes pour comprendre ce dont il s’agit. Durkheim analysait ainsi le phénomène en 1895 : « il doit y avoir une autre forme, plus moderne, du suicide, susceptible également de se combiner avec l’homicide. (...) L’état d’exacerbation où se trouve alors l’individu est tel que, pour se soulager, il lui faut deux victimes. Voilà pourquoi, aujourd’hui, un certain parallélisme entre le développement de l’homicide et celui du suicide se rencontre surtout dans les grands centres et dans les régions de civilisation intense. C’est que l’anomie y est à l’état aigu ».

      La trajectoire sociale de Richard Durn exprime en tout point le désir d’en finir avec cette anomie . Le « meurtrier de Nanterre » fait partie de ceux qu’on a appelé les exclus. Il touchait le RMI depuis plusieurs années. Durn est un précaire, ou plutôt un « intello précaire » (Anne et Marine Rambach, Les intellos précaires, Fayard 2002), pas un laissé-pour-compte traditionnel qui rentre dans la connaissance préétablie que nous avons de la relégation sociale. Diplômé d’histoire et de science politique, finançant ses études en travaillant à temps complet, il n’a cessé de chercher une reconnaissance institutionnelle. D’origine slovène, on le trouve engagé dans une action humanitaire en Bosnie pendant la guerre. Il n’est pas un oisif, il est de ceux qui ne supportent pas de ne pas avoir d’activité, de rôle dans la société, de ceux qui souffrent d’avoir intériorisé la norme du travail salarié . Intello précaire, son activité propre ne trouve aucune inscription sociale, aucune reconnaissance matérielle parce qu’elle n’entre pas dans le circuit de la valeur d’échange. On se moque aujourd’hui de cet homme qui continuait d’habiter chez sa mère à l’âge de 33 ans, comme s’il s’agissait là d’une pathologie annonciatrice de ses actes ultérieurs. Là encore l’affaire est banale : les services de la mairie n’ont pas pris en compte sa demande de logement social sans la passer au crible préalable du contrôle. On se demande quelle atrocité supplémentaire est nécessaire pour que la « gauche plurielle » cesse d’ignorer le lien qui existe entre les faits de Nanterre et son refus de faire de la pauvreté et des inégalités une question digne d’un candidat à l’élection présidentielle - comme le déclarait Jean-Christophe Cambadélis, chargé de campagne de Lionel Jospin, en recevant des chômeurs et des précaires il y a peu - et qu’elle s’interroge sur le niveau des minima sociaux, sur l’interdiction de RMI qui frappe des centaines de milliers de jeunes de moins de 25 ans. Il y a une irresponsabilité intolérable à continuer à traiter des actes de violence ou du thème de l’insécurité comme s’il ne s’agissait pas, comme le rappelle Durkheim, de « faits sociaux ».

      Cet aveuglement prend une résonance particulière dans le cas de Richard Durn qui, pour lutter contre la stigmatisation et la dissolution du lien social subies, se tourne vers la politique, vers les associations et les partis. Les contorsions initiales des Verts pour ne pas accepter de reconnaître qu’il fut de leurs proches, comme il fut membre éphémère du Parti Socialiste, ajoutent au pathétique des faits. On ne veut pas admettre que Richard Durn a cherché dans le monde militant de quoi surmonter son désenchantement . Son adhésion à la Ligue des droits de l’homme comme sa présence dans les partis politiques jusqu’à sa participation au contre-sommet de Gênes en juillet 2001 témoignent d’une volonté d’intégration sociale qui ne trouve pas d’échos, d’un désir de socialisation qui échoue à répétition. C’est que le précaire n’a pas le droit d’exister positivement comme il n’a pas le droit d’exister politiquement. Voué à la seule survie, il est proprement l’irreprésentable. Rien n’est plus faux par conséquent que de comparer le geste de Durn avec celui des mass murderers américains, et de se repaître ainsi, dans la bonne conscience retrouvée, d’une critique de l’américanisation de la société française. Le meurtre commis par Durn n’a pas lieu dans un bureau de poste, un lycée de province, un Mac Donald’s, dans une rue commerçante ou lors d’une simple réunion de famille. Il survient dans une institution politique, dans l’arène censée représenter au mieux l’idéal démocratique à sa plus petite échelle. Le passage à l’acte dans la séance du conseil municipal de Nanterre n’a donc rien d’aléatoire. Il exprime l’état de frustration d’un citoyen banal face aux instances de représentation politique existantes qu’il a connues de l’intérieur. Et si Durn s’en prend, dans un geste apparemment incompréhensible, à ceux qui lui furent politiquement le plus proches, n’est-ce pas précisément parce qu’ils sont ceux qui l’ont le plus déçu ? En pleine campagne électorale, l’acte met en cause, à sa manière, les limites de la représentation politique. Directement visé aussi : l’État dans sa diffusion capillaire.

      Il faudra s’interroger sur le fait qu’il est devenu inacceptable de proposer une interprétation politique d’actes qui portent cette dimension, même s’ils sont exceptionnels, même si leurs conséquences sont extrêmes, même s’ils sont marqués au coin du ressentiment. Y a-t-il récupération à dire que la résurgence, au niveau international comme au niveau local, d’actes de « propagande par le fait », de violences qualifiées tantôt de terroristes, tantôt de démentes, exprime un état de tension des sociétés actuelles, une crise sociale qui est aussi une crise politique ? Il est plutôt étonnant qu’il prenne si rarement la forme d’actes isolés, violents, inorganisés, comme ce fut pourtant toujours le cas dans l’histoire au moment où, comme depuis le milieu des années 1990, recommence un nouveau cycle de luttes - qu’on regarde par exemple l’anarchisme en France à la fin du XIXe siècle. La mort de Durn désespère aujourd’hui ceux qui misaient déjà sur une grande catharsis citoyenne au cours de son procès programmé en sorcellerie. Un psychiatre regrette sa mort parce que son procès aurait constitué un « événement dans l’histoire de ce type de pathologie ». Des membres du PCF se plaignent que la police remplisse mal sa mission répressive en ayant insuffisamment menotté et surveillé l’inculpé. Politiques et scientifiques déplorent tous qu’un deuil consensuel ne puisse être construit contre ce raté de la vie.

      Mais s’il est vrai, comme l’explique Ulrich Beck, que les « sociétés du risque » tendent à distribuer leurs capitaux en fonction de la menace que les individus peuvent porter à l’équilibre instable du capitalisme, les démunis n’auraient-ils plus pour seule subjectivation possible que de devenir kamikazes ? Dans ce contexte de renaissance possible d’une « guerre des classes » qui prend la forme d’une guerre civile internationale, on a peine à croire que la seule réponse envisagée soit celle d’une criminalisation accrue de la misère : mater les salons où l’on cause établis dans les cages d’escaliers et emprisonner les fraudeurs des transports en commun est désormais prévu par la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ). La répression dans les banlieues comme dans les métros, le refus institutionnel des pratiques de gratuité, la traque des pauvres entraîneront toujours une violence en retour. À l’échelle internationale, avec la guerre contre le terrorisme, comme à l’échelle locale avec les polices de proximité et bientôt les centres de détention pour mineurs, ou dans l’organisation du marché de l’emploi avec le PARE, on ne peut traiter aujourd’hui de la pauvreté et de la précarité comme dans l’Angleterre du XVIIIe siécle, en la surveillant, en la pénalisant ou en la mettant de force au travail.

      Nanterre, il y a 34 ans en mars, fut le théâtre d’événements moins tragiques où étudiants futurs précaires de l’Université nouvelle et habitants des bidonvilles de « La Folie » ne demandaient rien d’autre que Durn : une démocratie réelle contre une représentation politique séparée.

      #Durn

      Ndc : la formule exacte de Cambadélis recevant les mouvements de #chômeurs et #précaires de l’époque : "On ne va pas contamment augmenter les minima sociaux".

  • #Siné évoque #Charlie Hebdo - « Charb, c’était le meilleur de sa génération »
    http://www.parismatch.com/Culture/Medias/Charb-c-etait-le-meilleur-de-sa-generation-690684

    Quelle était votre opinion sur les caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo ?

    Je pense qu’il fallait les publier, au moins pour se rendre compte sur pièces : tout le monde en parlait mais personne ne les avait vues. Et on a pu voir qu’elles étaient moches. Mahomet avec sa bombe sur le turban, c’était con et mal dessiné. En plus, on a appris que le caricaturiste danois, Kurt Westergaard, était complètement réac. Il fallait les montrer mais en précisant qu’elles étaient nulles. Ensuite, je suis un peu tombé sur le cul de voir toute l’équipe de Charlie en smoking à Cannes et soutenue par Sarkozy.

  • Delfeil de Ton s’en prend à la « tête de lard » Charb
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/14/polemique-dans-la-famille-charlie-hebdo_4556428_3224.html

    « Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de #Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Richard Malka, avocat du journal satirique depuis vingt-deux ans, et beaucoup d’autres.

  • Marianne | Je ne suis pas Philippe Tesson
    http://www.marianne.net/je-ne-suis-pas-philippe-tesson-1421250205.html

    Interrogé sur les crimes des frères Kouachi et d’Amedi Coulibaly, l’éditorialiste a eu cette sentence définitive : « C’est les musulmans qui amènent la merde en France aujourd’hui. D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité, sinon des musulmans ? On le dit ça ? Eh bien, moi je le dis ». Et d’ajouter : « Les fanatiques, ils ne sont pas musulmans ? »

    Tel est donc le théorème de Philippe Tesson : si les fanatiques se disent musulmans, c’est que tous les musulmans sont fanatiques. Il suffit de les expulser et le problème sera réglé. Ce n’est pas plus compliqué que ça.

    #charlie

    • Selon certains intellectuels médiatiques parisiens, "islamophobie" est un terme à bannir absolument du vocabulaire français. Un des principaux arguments mobilisés pour justifier ce bannissement symbolique réside dans l’affirmation selon laquelle le terme a été forgé par les "intégristes iraniens" dans les années 1970 soit pour disqualifier les femmes refusant de porter le tchador, soit pour empêcher toute forme de critique de la religion musulmane : (...).

      Dans un article de 1910 sur l’état de l’Islam en Afrique occidentale française, Delafosse dénonce la composante de l’administration coloniale affichant ouvertement son hostilité à l’encontre des musulmans et de la religion musulmane.

      « Quoi qu’en disent ceux pour qui l’islamophobie est un principe d’administration indigène, la France n’a rien de plus à craindre des Musulmans en Afrique occidentale que des non-Musulmans. (…) L’islamophobie n’a donc pas raison d’être dans l’Afrique occidentale, où l’islamophilie, dans le sens d’une préférence accordée aux Musulmans, créerait d’autre part un sentiment de méfiance parmi les populations non-musulmanes, qui se trouvent être les plus nombreuses. L’intérêt de la domination européenne, comme aussi l’intérêt bien entendu des indigènes, nous fait donc un devoir de désirer le maintien du statu quo et de garder une neutralité absolue vis-à-vis de tous les cultes.6 »

    • ... du concept d’"islamophobie", (...) je préfère, en attendant de trouver une expression plus satisfaisante, parler de « racisme anti-musulmans. » Il est en effet essentiel de ne pas adopter une attitude suiviste vis-à-vis du combat idéologique mené par l’ONU et les 57 Etats de l’Organisation pour la conférence islamique, comme le font beaucoup de libertaires, d’altermondialistes et de gauchistes. Ce combat étatique vise à généraliser des lois contre le blasphème, lois en vigueur déjà dans la moitié des Etats de la planète et 7 pays d’Europe dont l’Allemagne et le Royaume Uni. Il s’agit de ne pas se tromper de cible : ce qui doit être combattu ce n’est pas la critique des religions mais le #racisme, les discriminations, vis-à-vis d’une catégorie de la population (racisée car de fait cette religion est surtout implantée dans certaines populations originaires d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord) . Il ne s’agit pas d’une « phobie » (sauf pour quelques crétins ou fascistes invétérés) : ce terme psychologisant et vague vise en fait à empêcher toute #critique #rationaliste et scientifique de l’islam et par extension toute critique des les religions, YC, 12/01/2015

      L’essor de l’islam en France et ses conséquences politiques négatives pour les mouvements ouvrier et féministe
      http://www.mondialisme.org/spip.php?article2218

    • L’islamophobie est-elle punie par la loi ?
      http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/20/l-islamophobie-est-elle-punie-par-la-loi_4559911_4355770.html

      Lundi à Cologne, l’écrivain français Michel Houellebecq s’est défendu d’avoir écrit, avec son roman Soumission, un « livre islamophobe » mais a estimé qu’on en avait « parfaitement le droit ». Rien n’est moins sûr.

      Quelle définition ?

      Le terme « islamophobie » suggère à l’origine une peur collective de la religion musulmane. Mais il s’impose depuis quelques années comme l’ensemble des réactions de rejet vis-à-vis des personnes musulmanes (ou supposées telles). En effet, si le suffixe « phobie » désigne étymologiquement une peur, son sens a dévié et peut désigner communément une notion d’« #hostilité sociale », comme dans les mots xénophobes, homophobes, etc.

      De nombreuses institutions tentent de tracer les contours de ce concept qui relève aussi bien des préjugés que des actes. Ainsi, selon le Conseil contre l’islamophobie en France (rapport 2014), « il s’agit de l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam. Ces actes sont également légitimés par des idéologies et des discours incitant à l’hostilité et au rejet des musulmans. »

      De la même manière, le Conseil de l’Europe établit dans son rapport sur l’islamophobie et ses conséquences pour les jeunes que « l’islamophobie peut se définir comme la peur, ou une vision altérée par des préjugés, de l’islam, des musulmans et des questions en rapport. » Ce à quoi il ajoute :
      « Qu’elle se traduise par des actes quotidiens de racisme et de discrimination ou des manifestations plus violentes, I’islamophobie est une violation des droits de I’homme et une menace pour la cohésion sociale. »
      _Selon ces définitions, il ne s’agit donc pas d’une critique de l’islam en tant que dogme, mais bien d’une hostilité vis-à-vis des musulmans._

      Quelle différence avec le racisme ?

      Dans une interview donnée au Nouvel Observateur en juillet 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, expliquait qu’il refusait d’utiliser le terme « islamophobie », préférant l’expression « racisme antimusulman ». Il reprenait ainsi à son compte l’argumentaire de l’essayiste Caroline Fourest pour qui le terme « islamophobe » est un concept utilisé par les adeptes d’un islam fondamentaliste afin d’empêcher toute critique de la religion.
      Interrogée par Rue89, Caroline Fourest s’expliquait en 2013 :
      « Il y a peut-être une occurrence [de ce terme] dans les années 20, mais ce sont bien les mollahs iraniens, à la fin des années 70, qui en feront la vraie première utilisation publique et politique, en accusant les féministes qui se battaient contre le voile d’être islamophobes. L’objectif de ces intégristes est de faire croire que critiquer l’islam, c’est être antimusulman. Cela leur permet d’empêcher toute critique féministe et laïque de la religion. »
      Cette affirmation, également développée dans l’ouvrage Tirs croisés coécrit avec Fiammetta Venner, est problématique puisqu’elle ne repose sur aucune source précise. Le sociologue Marwan Mohammed explique de son côté que le mot « islamophobie » n’existe pas en persan et doit son origine à des #administrateurs_coloniaux français du début du XXe siècle.
      Au-delà de ce point d’histoire, le sociologue, auteur en 2013 avec Abdellali Hajjat de l’ouvrage Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », déclarait à Libération que « ce #déni du terme d’islamophobie a durant longtemps laissé dans l’ombre l’expérience de l’islamophobie. Et ceux qui la subissent le vivent très mal ».

      Pour Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique, refuser la dimension raciste de l’islamophobie est une manière de se voiler la face. « Il est évident qu’il y a un recoupement entre racisme anti-Maghrébins et islamophobie, sans doute renforcé par la visibilité d’une partie de la jeune génération, qui s’affirme "musulmane" sur la scène publique et ne rase plus les murs. Il se développe ainsi un nouveau #racisme_anti-arabe, porté par une partie des intellectuels et des médias, qui se camoufle sous le drapeau de la lutte contre l’islam », affirmait le journaliste au début des années 2000.

      Attention toutefois à ne pas confondre racisme et islamophobie. « Tous les musulmans ne sont pas maghrébins et tous les Maghrébins ne sont pas musulmans. En outre, quand on observe les données du ministère de l’intérieur, on observe une stagnation du racisme anti-maghrébin, qui a toujours représenté la catégorie la plus importante, contrairement aux actes visant l’islam ou les musulmans, dont la progression est très forte. Il n’y a pas de dynamique commune, bien qu’assez souvent origine et religion s’articulent », souligne Marwan Mohammed.

      L’islamophobie est-elle répréhensible ?

      L’islamophobie n’est pas punie en tant que telle en France. L’encadrement de son expression dans l’espace public relève des lois régissant la liberté d’expression. En effet, selon la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (voir l’article 24), « la provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers des personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » peut faire l’objet d’une condamnation. C’est dans ce cadre-là que plusieurs personnes tenant des propos islamophobes sont passées devant la justice.

      A titre d’exemple, le 15 octobre 2013, Christine Tasin, présidente de l’association « Résistance républicaine » et collaboratrice du site Riposte laïque (proche des identitaires d’extrême droite), avait déclaré devant un abattoir mobile installé pour le sacrifice rituel de l’Aïd-el-Kébir à Belfort : « Oui, je suis islamophobe, et alors ? La haine de l’islam, j’en suis fière. L’islam est une saloperie (...), c’est un danger pour la France. » Le parquet de Belfort avait estimé que ses mots étaient « de nature à susciter le rejet des musulmans en les désignant comme un danger pour la France ». La militante islamophobe avait ainsi été condamnée pour « #incitation_à_la_haine_raciale ».

      Même chose sur Internet. Un internaute ayant publié sur Le Figaro.fr en juillet 2011 un message à caractère islamophobe a ainsi été condamné en 2013 à un mois de prison avec sursis et à 1 680 euros d’amende, note le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).

      Comment mesurer son ampleur en France ?

      Deux organismes tentent de mesurer l’ampleur du phénomène dans l’Hexagone avec des méthodologies différentes : l’Observatoire national contre l’islamophobie – une instance dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM) – qui comptabilise les plaintes déposées et transmises au parquet par la police ou la gendarmerie, et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) – qui reproche au premier sa trop grande proximité avec la place Beauvau et se méfie des statistiques policières –, recensant les actes sur la base de déclarations de citoyens et des remontées médiatiques.
      Leurs divergences politiques et méthodologiques se traduisent dans les faits par des divergences sur les chiffres. Ainsi, dans son rapport annuel 2014 basé sur les chiffres de l’année 2013, le CCIF a dénombré 691 actes islamophobes sur le territoire quand l’Observatoire national contre l’islamophobie en a recensé 226.

      Dans l’attente de chiffres complets pour l’année 2014, l’Observatoire national contre l’islamophobie a cependant d’ores et déjà alerté pour ce début d’année 2015 : au 19 janvier, 116 actes antimusulmans avaient été recensés en France, soit une hausse de 110 % par rapport à janvier 2014.

      Quelle reconnaissance au niveau mondial ?

      Des institutions européennes ou occidentales comme le Conseil de l’Europe ou l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont légitimé l’usage du terme « islamophobie ». Mais la lutte contre l’islamophobie est aussi l’un des chevaux de bataille de l’Organisation de la conférence islamique. L’OCI, qui regroupe 57 Etats membres et dispose d’une délégation permanente aux Nations-unies, veut obtenir la reconnaissance de ce délit au niveau mondial et sa retranscription dans les droits nationaux au même titre que le racisme.

      Ce militantisme s’est concrétisé par la mention de l’islamophobie – au même titre que le racisme, la xénophobie ou l’antisémitisme – parmi les maux à combattre par les conférences des Nations-unies sur le racisme. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, déclarant en 2009 que « le racisme peut aussi s’exprimer de manière moins formelle comme la haine contre un peuple ou une catégorie particulière comme l’antisémitisme, par exemple, ou plus récemment l’islamophobie ».

      Mais l’OCI, dont la majorité des membres ont l’islam pour religion d’Etat et où toute critique est assimilée au blasphème, est souvent accusée de vouloir faire reconnaître au niveau international un délit de « diffamation des religions » sous couvert de lutte contre l’islamophobie.

      Avec des succès mitigés, comme elle le reconnaissait dans son rapport 2012 : « Pendant la dernière décennie, l’OCI a réussi à adopter une résolution sur la diffamation des religions au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève et à l’AGNU (Assemblée générale des Nations Unies). La résolution, après les premières années, a cependant été confrontée à l’opposition des pays occidentaux qui l’ont perçue comme étant centrée sur l’islam et ont soutenu que ses dispositions étaient destinées à restreindre la liberté d’expression. »
      Madjid Zerrouky

      Voir aussi éventuellement des échanges sur ce terme, là :
      http://seenthis.net/messages/332458

  • Nous vivons une affaire Dreyfus à l’envers
    Serge Grossvak de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP, organisation ouverte aux non juifs)
    http://www.ujfp.org/spip.php?article3765

    Derrière l’émotion, plus que justifiée, qui s’empare de notre pays, nous vivons une page majeure et structurante de l’histoire de la France. Nous vivons une affaire Dreyfus à l’envers. Si « l’affaire Dreyfus » était à l’initiative des forces progressistes et avait amené l’émergence des valeurs émancipatrices, cette phase critique que nous vivons actuellement est portée par les forces conservatrices porteuses du regard du dominant, du soumettant, du bon en guerre contre le mauvais . La France de Victor Hugo se ferme, la longue histoire rebelle et révolutionnaire s’enterre. Le camp de la « gauche de gauche » a du souci à se faire.
    ...

    Il faut se démarquer,il faut un NON de résistance. Parce que suivre le processus engagé nous mène au gouffre. L’affaire Dreyfus portait la haute valeur du combat contre l’injustice et en cela était prometteuse de progrès.Aujourd’hui, c’est à la guerre qu’est mené notre peuple et l’avenir est prometteur de désastres, comme la guerre mondiale que refusait Jaurès.
    ...

    Dire non, c’est le moment et un moment crucial. Permettez moi de vous faire part de ma petite expérience personnelle. Mon expérience des dernières 24h. Je suis horrifié par cette barbarie mais je ne suis pas Charlie, parce que je ne peux m’assimiler aux passages racistes. Je suis allé au rassemblement de ma ville où tout le monde était« Charlie » parce que le sens de cette appartenance était pour beaucoup un écœurement devant la violence. J’y suis allé différent, avec mon texte publié en tract, avec mon alerte contre l’engrenage de la guerre, l’engrenage de l’islamophobie. Bien sûr des officiels ont voulu me faire taire, mais l’accueil a été fécond, les discussions nombreuses, les idées alertées. Quelques personnes étaient déjà en guerre, mais beaucoup la refusait encore. J’ai poursuivi avec des amis la distribution de mon texte-tract (1 500 exemplaires, pour cette journée). Le sujet est brûlant et les discussions se suivent, l‘accueil est ouvert. Un événement symbole : ce commerçant affichant mon texte partout dans sa boutique, en imprimant lui même un paquet pour le diffuser. Un commerçant « de quartier populaire ».

    Vous aussi, dites non. Dites le avec votre cœur, simplement, à votre manière humaine, avec votre conscience de progressiste et ces valeurs humaines qui ont fait les meilleurs pages de notre histoire. Dites-le avec vos peurs et vos émotions, avec vos souffrances. Dites-le, beaucoup sont encore prêts à les entendre, à s’en émouvoir,à s’en interroger. Il n’est pas sûr que cela demeure bien longtemps. Notre capacité de résistance à ce retour de l’histoire ne dépend plus que de nos courages personnels.
    Soyons les premiers résistants à ce dévastateur retournement de l’histoire.

    • Il faut d’ailleurs, visiblement, remonter en 1885 (lors de l’enterrement de V. Hugo au Panthéon*) pour retrouver une manifestation de l’ordre de celle observée à Paris dimanche dernier, la boucle est bouclée...

      * (toute proportions gardée puisque nous étions moins de 40M de Fr)

      Sommes nous Charlie Brown, Charles DeGaulle ou Charles Hugo (son deuxièmes fils) ?

    • Écrit au lendemain de la Mort d’#Hugo :
      La légende de Victor Hugo, Paul Lafargue
      http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1885/06/hugo.htm

      Le premier juin 1885 Paris célébrait les plus magnifiques funérailles du siècle : il enterrait Victor Hugo il poeta sovrano. Pendant dix jours, la presse tout entière prépara l’opinion publique de France et d’Europe. Paris, un instant ému, par la promenade du drapeau rouge et les charges policières du Père Lachaise, qui revivifiaient les souvenirs de la Semaine sanglante, se remit à ne s’occuper que de celui qui fut « le plus illustre représentant de la conscience humaine ». Les journaux n’avaient pas assez de leurs trois pages — la quatrième étant prise par les annonces, —pour exalter « le génie en qui vivait l’idée humaine ». La langue que Victor Hugo avait cependant enrichie de si nombreuses expressions laudatives, semblait pauvre aux journalistes, du moment qu’elle était appelée à traduire leur admiration pour « le plus gigantesque penseur de l’univers », on recourut à l’image. Une feuille du soir, à court de vocables, représenta sur sa première page, le soleil plongeant dans l’océan. La mort de Hugo était la mort d’un astre. « L’art était fini ! ».

  • #Charlie, suite : Sortir du piège du « éduquer à » - Le blog de Bernard Collot
    http://education3.canalblog.com/archives/2015/01/13/31308268.html

    « Il faut éduquer à la tolérance, aux valeurs de la République, etc… », combien de fois ai-je entendu cette incantation depuis que je suis devenu à peu près adulte.

    Eduquer à ! Au vu des résultats l’éduquer à n’a rien empêché, toutes les horreurs commises partout l’ont bien été par des éduqués à, dans l’indifférence ou la complicité d’autres éduqués à ou convaincus d’avoir été éduqués à.

    Encore une fois, nous sommes quelques-uns à dire et redire dans le désert que ce qui éduque, c’est-à-dire ce qui contribue à ce qu’un enfant devienne tel ou tel adulte, c’est tout l’environnement physique et social dans lequel il vit. Nos attitudes, nos comportements, ce que les institutions imposent, ce que les habitus font prendre pour vérités, ce à quoi les uns et autres sont soumis et se soumettent passivement, etc. C’est l’interaction avec cette masse d’informations qui éduque, et les scientifiques nous disent aujourd’hui que c’est neurobiologique, que c’est comme cela que se construit le cerveau qui pilote chacun.

    #école #éducation

  • Reza Aslan se montre on ne peut plus clair : l’Arabie séoudite a dépensé plus de 100 milliards de dollars sur les 20 ou 30 dernières années pour répandre le wahhabisme dans le monde, idéologie qu’il définit comme le virus à la source de Boko Haram, ISIS ou al Qaeda…
    http://www.rawstory.com/rs/2015/01/reza-aslan-anyone-who-asks-why-muslims-have-not-condemned-terrorism-cant-u

    “There’s no question that there has been a virus that has spread throughout the Muslim world, a virus of ultra-orthodox puritanism,” Aslan replied. “But there’s also no question what the source of this virus is — whether we’re talking about Boko Haram, or ISIS, or al Qaeda, or the Taliban.”

    “All of them have as their source Wahhabism, or the state religion of Saudi Arabia,” he said. “And as we all know, Saudi Arabia has spent over $100 billion in the past 20 or 30 years spreading this ideology throughout the world.”

    C’est au tout début de la vidéo :
    http://mediamatters.org/video/2015/01/11/reza-aslan-anyone-who-asks-why-muslims-arent-de/202086

    (Ça commence à vraiment vraiment se voir. Nos usuels affreux vont devoir lancer une grande campagne de dénonciation du Saudi bashing…)

    • Chiffre qui était déjà réapparu l’année dernière, par exemple ici : Jonathan Manthorpe : Saudi Arabia funding fuels jihadist terror
      http://www.vancouversun.com/life/Jonathan+Manthorpe+Saudi+Arabia+funding+fuels+jihadist+terror/8445197/story.html

      In 2003, a United States Senate committee on terrorism heard testimony that in the previous 20 years Saudi Arabia had spent $87 billion on promoting Wahhabism worldwide.

      This included financing 210 Islamic centres, 1,500 mosques, 202 colleges and 2,000 madrassas (religious schools).

      Various estimates put the amount the Saudi government spends on these missionary institutions as up to $3 billion a year.

      This money smothers the voices of moderate Muslims and the poison flows into every Muslim community worldwide.

    • La source de ce dernier article est la déposition d’Alex Alexiev lors d’auditions du Sénat des États-Unis de 2003 : « Terrorism : Growing Wahhabi Influence in the United States », Testimony before the US Senate Committee on the Judiciary, Subcommittee on Terrorism, Technology and Homeland Security, 26 June 2003

      http://www.gpo.gov/fdsys/pkg/CHRG-108shrg91326/pdf/CHRG-108shrg91326.pdf

      Mr. ALEXIEV. Now how could one explain the fact that such a hateful creed in fact has been able to take over much of the Islamic establishment worldwide and become its dominant idiom? The short answer, and there are also other things we can talk about—the short answer is money; lots of it. In the past 25 years or so, according to Saudi official information, Saudi Arabia has given over $70 billion of what they call development aid, which in fact they themselves confirm goes mostly for what they call Islamic activities.

      Senator KYL. Over what period of time?

      Mr. ALEXIEV. In the last 25 years roughly, from mid 1970’s to the end of last year; 281 billion Saudi riyals according to their official statements. This is nearly $2.5 billion per year. This makes it the largest sustained ideological campaign in history, in my view. I served as what was called a Sovietology for nearly two decades and the best estimates that we had on Soviet external propaganda spending was $1 billion a year. So you are talking about an absolutely astounding amount of money being spent for the specific purpose of promoting, preaching Wahhabi hatred.

      C’est un document qu’il faut lire.

    • Merci beaucoup Nidal pour ces articles essentiels.

      Après si des anglophones ou des « fluent » en anglais se dévouent pour faire une synthèse du rapport d’audition du Sénat américain de 2003, ils auront droit à ma reconnaissance éternelle : lire 60 pages en anglais ... il me faudrait beaucoup de temps libre. ;-)

    • Voici le texte. Tu peux tenter la traduction automatique, normalement Google s’en sort pas trop mal avec l’anglais.

      Mr. ALEXIEV. Thank you, Mr. Chairman. I appreciate the opportunity to appear here and talk about an issue that is of the utmost importance. I have submitted a written statement and instead of reading it, with your permission I would like to briefly summarize the issues in it.

      The basic premise of my statement is that the phenomenon of violent Islamic extremism is the key problem we are facing today. Al Qaeda, murderous as it is, is but a symptom, in my view, of an underlying malignancy which is Islamic extremism and the entire edifice, if you will, of extremism that breeds terrorism. What I mean by that is even if we are successful to defeat al Qaeda totally, another al Qaeda will come by if we do not at the same time succeed in destroying the edifice of Islamic extremism.

      This huge international infrastructure is sponsored ideologically and financially by Wahhabism, and that is to say, Saudi Arabia. I do not believe that we are likely to make much progress in the war on terrorism, lasting progress, until we eliminate this edifice of extremism.

      Let me briefly talk about the ideology that drives Wahhabism. Wahhabism pretends to be Islam in its purest form. I submit to you, Mr. Chairman, that it is nothing of the kind. It is in fact an extremely reactionary, obscure sect whose teaching contradicts traditional Islamic doctrine. To that extent it is incorrect to refer to it as fundamentalist because it in fact transgresses against some of the fundamentals of Islamic teaching as given in the Koran. In fact Wahhabis teaching contradicts traditional tenets of the Koran to the point of falsifying them.

      The give you just one example, Wahhabism teaches and has been doing so since the very beginning, since the big 18th century, that all Muslims that do not subscribe to Wahhabism are in fact apostates and heretics and violence against them is not only permissible but in fact obligatory. This continues to be the teaching that Wahhabis subscribe to to this day. As a result, Wahhabism is not only directed against infidels, non-Muslims, but is in fact directed against and threatens Muslims that do not subscribe to Wahhabism. That is a key point to understand.

      As a result, this violent creed has become, in my view, the prototype ideology of all Islamic extremist and terrorist groups, and that includes those that violently oppose the House of Saud, such as bin Laden. In this respect it is very important for us to understand that Wahhabi activities are not a matter of religion, but in my view a matter of criminal sedition and ought to be treated as such.

      1 Stephen Schwartz’s affiliation with the Foundation for the Defense of Democracies ended in August 2003.

      It is just as important to understand, as I mentioned, that they threaten not only our liberal democratic order but they threaten other Muslims such as Sunnis, the Shi’as, the different Sufi orders, the Barelvis in South Asia, the Bahai, the Ahmadis, et cetera. These other Muslims in fact are potential allies in the struggle against this extremist phenomenon.
      Now how could one explain the fact that such a hateful creed in fact has been able to take over much of the Islamic establishment worldwide and become its dominant idiom? The short answer, and there are also other things we can talk about—the short answer is money; lots of it. In the past 25 years or so, according to Saudi official information, Saudi Arabia has given over $70 billion of what they call development aid, which in fact they themselves confirm goes mostly for what they call Islamic activities.

      Senator KYL. Over what period of time?

      Mr. ALEXIEV. In the last 25 years roughly, from mid 1970’s to the end of last year; 281 billion Saudi riyals according to their official statements. This is nearly $2.5 billion per year. This makes it the largest sustained ideological campaign in history, in my view. I served as what was called a Sovietology for nearly two decades and the best estimates that we had on Soviet external propaganda spending was $1 billion a year. So you are talking about an absolutely astounding amount of money being spent for the specific purpose of promoting, preaching Wahhabi hatred.

      They have used this amount of money to take over mosques around the world, to establish Wahhabi control of Islamic institutions, subsidize extremist madrassas in South Asia and elsewhere, control Islamic publishing houses. They currently control probably four-fifths of all Islamic publishing houses. And spend money, a lot of it, on aggressive proselytizing, apart from direct support of terrorism.

      What have they achieved for that money? I would submit to you that they have achieved quite a bit. To give you just one example, in Pakistan there are roughly 10,000 extremist madrassas that are run by Deobandi allies of the Wahhabis, and the Deobandis are very similar in their ideology to the Wahhabis. They currently teach, according to Pakistan sources, between one and 1.7 million children, essentially to hate. They do not get much schooling in any subject that is not related to Islamic activities.

      It is important to know that of these at least 1 million children, 15 percent are foreigners. So it is not just Pakistan that is affected by the fact that tens of thousands, hundreds of thousands of kids are taught how to hate, and graduate from these madrassas without any useful education that could be used in the marketplace, but perfectly prepared for a career in jihad and extremist activities. 16,000 of them, for instance, are Arabs that are taught in these schools.

      As a result, Pakistan is very close to being a dysfunctional country. Two of its provinces, the Northwest frontier province and the Beluchistan in fact have governments that are openly extremist and there is a process of Talibanization of these provinces that is extremely disturbing. It is, again, not just Pakistan. It is all over. We do not have time to discuss that here but let me just mention that in Iraq, in the Kurdish areas of Iraq there are now over 40 mosques that are starting to be active there and we are going to hear from them. This does not augur well for our efforts to build democracy in Iraq unless we undercut these activities.

      Now the money that the Saudis are spending are transferred to extremist organizations through a network of charities, front organizations. Contrary to Saudi official claims, which unfortunately quite often are uncritically accepted by many, none of them are either private or charitable. They are in fact government-controlled, government-sponsored, government-funded organizations, the main ones being the World Muslim League, the World Assembly of Muslim Youth, the Al Haramain Foundation, and the International Islamic Relief Organizations. There are many, many others. There are a total of over 250 so-called charitable organizations in Saudi Arabia.

      Most of the largest organizations, all four of the ones that I just mentioned, have been implicated in the support of terrorist activities by U.S. authorities. Let me be just mention here one additional factor that indicates that the government of Saudi Arabia knows very well what these organizations are doing is the fact that they passed a law way back in 1993 which prohibited any collection of donations, of zakat donations except under state supervision. So the idea that you very often hear from the Saudis themselves that somehow these are private non-government organization is, in my opinion, bogus.

      There is, again, no indication at least to me that Riyadh is interested in stemming the flow of these monies to extremist organizations. In fact the opposite is still the case. The reason that they really cannot do that is because for them to come clean on the channels and the amount of money is simply to implicate themselves, to implicate a lot of Saudi officials and organizations in support of terrorism. While promising that they will do something about it, the reality of it is very different.

      Let me give you just one quote here from last month, and that is from the official Saudi government channel, television channel. A Wahhabi cleric who gives a prayer on the state channel which deals with the so-called American tyrannical alliance and the situation of Iraq. He says, oh, God, destroy the aggressive tyrannical alliance. Oh, God, drown its soldiers in the seas and destroy them in the deserts. All Wahhabi clerics are employees of the Saudi state, and obviously the television channel also belongs to the Saudi state. So the idea that somehow they do not know what is going on is, again, in my view, a bogus one.

      Let me just finish here by saying that the evidence of the Saudi Wahhabi sponsorship of extremist networks and activities is so overwhelming, in my view, that for us to continue to tolerate it guarantees that we are not going to be able to make meaningful and lasting progress in the war on terrorism for a long time to come.

      Thank you, Mr. Chairman.

      [The prepared statement of Mr. Alexiev appears as a submission for the record.]

      Senator KYL. Thank you, Mr. Alexiev. Stephen Schwartz.

    • Voilà ce que déclare A. Gresh..!!!! :

      Il peut y avoir une discussion autour de la politique des monarchies du Golfe, et l’idée selon laquelle ils financeraient ou aideraient ISIS. Pour moi, ce n’est pas quelque chose de réel, je ne pense pas que cela soit forcément vrai. L’État islamique a très nettement indiqué que ces monarchies étaient aussi des ennemis, on l’a vu récemment avec les attaques en Arabie saoudite contre des postes frontières. Mais il est vrai qu’une partie de la rhétorique religieuse de ces pays peut alimenter ces groupes. Il est vrai aussi qu’il y a eu une mobilisation de ces États, mais aussi de leurs réseaux associatifs et religieux, au début de la révolution syrienne. Le Koweït a joué par exemple un rôle important dans l’aide apportée aux groupes islamistes qui se sont peu à peu radicalisés.

      http://www.middleeasteye.net/fr/analyses/attentats-de-paris-l-analyse-d-alain-gresh-266376078

  • Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon
    http://blog.mondediplo.net/2015-01-13-Charlie-a-tout-prix

    Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.

    Illustration fournie par le NASDAQ : https://twitter.com/NASDAQ/status/553247771726450688

    • Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.

    • Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      Impossible de savoir effectivement, mais pour qui observait les trains en provenance du nord de Paris, il semblerait que ce soit tout de même le cas. Du coup, en écho, lire aussi ce texte, qui glose à partir du dessin d’Uderzo :

      Dès lors le « Je suis un Charlie » signifie bien « Je suis un Français », un « blanc » plutôt. Oui : « je suis un blanc », ce qui n’a rien de honteux en soi naturellement, mais quand c’est un blanc cognant joyeusement sur un porteur de babouches, assimilé implicitement à un envahisseur (par analogie avec les habituelles sandales romaines que viennent ici remplacer les babouches), alors « Je suis un Charlie » signifie : « je suis blanc et j’emmerde les bougnoules ».

      http://lmsi.net/De-quoi-Charlie-est-il-le-nom

    • En lisant l’ami Lordon...
      http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=18421

      J’ai bien lu : « avec une publicité aussi ostentatoire que possible ». Gloups. Si je comprends bien Lordon, Libé aurait été pardonné d’accueillir les rescapés de Charlie, mais surtout sans que personne le sache. Rien de plus facile. Il suffisait à Joffrin de prendre un air dégagé, et de répondre à la presse mondiale qui campe devant le siège du journal que non non, il n’a entendu parler de rien. Charlie comment ? Pas chez nous. Voyez en face.

    • On lit :

      Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude.

      A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs.

      Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué.

      il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même.

      Et on pense que ça aide et que c’est très constructif comme « réflexions ».

      On a déjà perdu quelques repères et quelques référents depuis la semaine dernière, on remercira Lordon de nous démolir encore un peu plus. Et si c’est pour nous arroser de ce regard arrogant, la prochaine fois, il pourra aussi faire plus court.

      #désillusion

    • Tout à fait d’accord avec Lordon sur le point de l’homogénéité des ’marcheurs’ (largement convaincus à la cause) et finalement très triste que l’on ne voit aucune démonstration ou revirement pour aider une jeunesse française perdue et sans espoirs, malgré de nombreuses voix qui s’élèvent pour dénoncer l’urgence (mais qui existe depuis bien des années) de la situation, venant de ceux qui la fréquentent, souvent des institutrices...

  • « La peur d’une communauté qui n’existe pas ». Olivier Roy | Camp - Volant
    http://campvolant.com/2015/01/09/la-peur-dune-communaute-qui-nexiste-pas-par-olivier-roy

    Et pourtant, on ne cesse de parler de cette fameuse communauté musulmane, à droite comme à gauche, soit pour dénoncer son refus de vraiment s’intégrer, soit pour en faire une victime de l’islamophobie. Les deux discours opposés sont fondés en fait sur le même fantasme d’une communauté musulmane imaginaire. Il n’y a pas de communauté musulmane, mais une population musulmane. Admettre ce simple constat serait déjà un bon antidote contre l’hystérie présente et à venir.

    • Inversement, si l’on peut dire, les faits montrent que les musulmans français sont bien plus intégrés qu’on ne le dit. Chaque attentat « islamiste » fait désormais au moins une victime musulmane parmi les forces de l’ordre : Imad Ibn Ziaten, militaire français tué par Mohamed Merah à Toulouse en 2012, ou le brigadier Ahmed Merabet, tué lorsqu’il a tenté d’arrêter le commando des tueurs de Charlie Hebdo. Au lieu d’être cités en exemple, ils sont pris en contre-exemple : le « vrai » musulman est le terroriste, les autres sont des exceptions. Mais, statistiquement, c’est faux : en France, il y a plus de musulmans dans l’armée, la police et la gendarmerie que dans les réseaux Al-Qaida, sans parler de l’administration, des hôpitaux, du barreau ou de l’enseignement.

  • La défaite Charlie | L’image sociale

    Nul hasard à ce qu’on retrouve aujourd’hui la même image à la Une des journaux, celle d’un #pompiérisme exalté, qui s’appuie sur l’allégorie d’institutions pétrifiées dans un geste immobile. Soudée par la peur, le deuil et la colère, la #communauté qui fait bloc contre l’ennemi est profondément régressive. Elle se berce de symboles pour faire mine de retrouver une histoire à laquelle elle a cessé depuis longtemps de croire. Dès le lendemain du 11 janvier, on a pu constater que cette #mythographie républicaine signifiait d’abord le retour aux fondamentaux : retour de l’#autorité, triomphe de la #répression, dithyrambes des éditorialistes – jusqu’aux pitreries de Sarkozy, pas un clou n’a manqué au cercueil de l’intelligence.

    http://imagesociale.fr/938

  • De quoi Charlie est-il le nom ? - Les mots sont importants (lmsi.net)

    http://lmsi.net/De-quoi-Charlie-est-il-le-nom

    par Faysal Riad
    13 janvier 2015

    Les tenants du slogan « Je suis Charlie » affirment qu’il s’agit simplement d’un « Oui à la liberté d’expression, non au terrorisme ». Un truc très légitime en somme. Si ce n’était que ça, je l’approuverais, je le crierais sans problème. Mais voilà, pourquoi exprimer de tels principes par ces mots ?

    Premier problème : ce slogan occulte les autres morts de ces derniers jours (qui n’étaient pas tous engagés dans les combats de Charlie hebdo) dont les familles, pour certains, ne tiennent peut-être pas à être incorporés au mouvement tel qu’il s’est constitué. D’eux, tout le monde semble se taper.

    #charlie_hebdo

    • De nombreuses images le corroborent, dont celles de l’enfant qui avoue, avant de se corriger, qu’elle est venue là pour manifester contre « les Ar... les terroristes ». Pourquoi s’en étonner ? Qu’est-ce qui pourrait aujourd’hui autant mobiliser ? Quelle est la passion française actuellement ? Quel est l’ouvrage qui a eu le plus de succès récemment ? Que raconte l’essayiste le plus populaire de France ? Et que raconte le romancier le plus médiatisé de la France actuelle ? Et que raconte le plus célèbre et le plus récent des recrutés à l’Académie française ?

    • Charlie, c’est d’abord le titre d’un mensuel de bandes dessinées, forgé à partir du personnage de Charlie Brown des Peanuts. Lors de l’interdiction de l’hebdomadaire Hara-kiri pour la une célèbre consécutive à la mort de De Gaulle, l’équipe décide de continuer en prenant pour titre Charlie Hebdo. Manière à la fois de contourner l’interdiction et d’en remettre une couche sur « le grand Charles »

      #JeSuisCharlie, c’est un peu aussi, « Je suis Charles de Gaulle »...

    • Uderzo ? celui dont l’adage de « Con comme un <strike>peintre</strike> dessinateur » colle toujours un peu plus depuis la disparition de Goscinny ?

      La presse, la télé, les médias comme l’éducation ou la politique tendent à réduire nos actes et nos pensées à des slogans publicitaires ou à des dessins.
      Et pas seulement ces derniers jours. Il y a depuis longtemps des dessins faits pour remonter le long de nos ignorances sociales et permettre aux analphabètes de s’instruire des lois. Ce dessin d’Uderzo qui parmi d’autres puanteurs dessinées, exprime ce qui devrait être de l’imprononçable passe directement de l’enfance au cerveau adulte en prenant l’échelle de la confiante bêtise en l’idée que « ce n’est qu’un dessin ».

      Nous serions ainsi formés culturellement et inconsciemment à croire qu’un dessin est anodin, et qu’Astérix est un symbole de résitance (à l’envahisseur fantasmé depuis les prussiens voire les barbares) même si il n’est pas autre chose qu’un gribouillis de vieux schnock sénile raciste. Pourquoi délivrons-nous aux dessins un pouvoir symbolique aussi important si ce n’est par déficit éducatif. Il n’est pas facile de réfléchir, et on ne peut pas faire l’économie des mots et s’épargner l’articulation complexe de l’intelligence.

      avec les années il nous a été demandé d’abandonner toute réflexion, surtout celle par rapport au pouvoir ou à une pensée politique, et Uderzo, comme d’autres dessinateurs, a gagné ses 80 ans sans évoluer, figé comme les autres dans ces certitudes de célébrité d’après guerre, a nous délivrer sa niaiserie dessinée qui s’est muée en institution.

      Il faut se réapproprier vite fait nos capacités à transmettre autre chose que la fausse liberté d’expression de dessins racistes.

      Allez, je m’en vais réviser les deux termes opposés pour iconoclaste et chercher leur liaison dangereuse.

    • On m’a expliqué quand j’étais gosse que la tradition de l’islam refuse toute représentation sous forme de dessin, ce qui explique les palais avec des formes géométriques plutôt qu’avec des dessins... il faudrait que je creuse d’où je tiens cette explication... et ce qu’elle pourrait nous apporter en compréhension.

    • http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20150109.OBS9618/je-suis-un-charlie-uderzo-ressort-ses-crayons.html

      Il y aura sans doute des gens (il y en a déjà) pour trouver que la séduction universellement exercée par Astérix, né dans l’aimable « Pilote » en 1959, n’est pas si raccord que ça avec l’esprit corrosif qui animait les martyrs de « Charlie Hebdo ». Pour lui faire remarquer que les tueurs du 7 janvier ne se baladaient pas vraiment en babouches. Et même pour craindre que cette manière d’enrôler l’irréductible gaulois, celui qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur », risque d’offrir sur un plateau une symbolique douteuse à certains esprits mal tournés.

      Tant pis. Uderzo s’en fout. Ce ne sera pas la première fois que son Astérix fait l’objet de toutes les interprétations idéologiques possibles et imaginables. Non seulement il a fort bien connu Cabu dans une vie antérieure, « ce garçon extrêmement gentil, aimable, toujours le sourire », mais il a déjà devancé tout ça. En invoquant la nécessité d’une « résistance drolatique »

      Pour être lavé de tout soupçon et ne pas avoir à rendre de compte sur un dessin nauséabond, il suffit de changer de sujet et de se faire intronisé par un martyr de la « résistance drolatique ».
      Mais bien évidemment selon bibliobs.nouvelobs c’est moi qui ai l’esprit "mal tourné".

  • Je suis un charlot. | L’actu en patates
    http://vidberg.blog.lemonde.fr/2015/01/12/je-suis-un-charlot

    Je suis un dessinateur d’Internet et donc, j’accepte la pub.
    Pour le moment, ça n’a jamais influé sur le contenu de mes dessins même si je dois reconnaître que, naturellement, je ne suis pas très corrosif. Comme le dit si bien Aurel, que j’apprécie énormément, je fais davantage partie de l’école du « pas de côté » que de celle du « coup de poing ».

    J’aime bien. Moi qui ai un activisme de canapé, je me sens moins seul. :)