• Paris : Un collège-lycée impose à ses élèves un porte-clés connecté pour les localiser et... c’est légal
    https://www.20minutes.fr/high-tech/2311323-20180723-paris-college-lycee-impose-eleves-porte-cles-connecte-loc

    Le règlement scolaire indique qu’à la rentrée prochaine, les élèves seront obligés de porter un badge connecté Bluetooth afin de s’assurer de leur présence en cours. Une pétition a été lancée, mais la démarche est en fait légale…

    Sur Twitter une lycéenne a publié le règlement intérieur de son lycée qui s’appliquera à la rentrée 2018-2019. Cette année, un nouvel encadré s’est glissé en tête du document. L’établissement parisien Rocroy Saint-Vincent de Paul indique que les élèves recevront en début d’année « un porte-clés connecté (Bluetooth) » qu’ils devront avoir « en permanence sur eux ». Objectif du dispositif : « S’assurer de la présence de chacun d’eux en classe, sur les installations sportives, au CDI et lors des sorties mais aussi au cours des exercices de sécurité (incendie, PPMS). » A la fin du paragraphe, il est également précisé que l’oubli du badge entraînera « une sanction appropriée » et que la perte de ce dernier sera « facturée 10 euros ».

    Après avoir découvert le document en plein mois d’été, plusieurs élèves ont lancé une pétition invoquant leur droit à pouvoir refuser d’être localisé par leur lycée. « Ce nouvel article est tout bonnement inacceptable, les élèves n’étant pas des objets appartenant à Rocroy », déclarent-ils dans le document signé par plus de 3.500 personnes. Sur Twitter, de nombreux internautes ont évoqué « l’illégalité » d’une telle démarche.
    Tweet d’une lycéenne scolarisé à Rocroy Saint-Vincent de Paul à Paris
    Tweet d’une lycéenne scolarisé à Rocroy Saint-Vincent de Paul à Paris - Capture Twitter
    Soumis à consentement

    « Je suis presque sûr qu’on a une belle atteinte à la vie privée », écrit l’un d’eux. « Dans le cadre de données identifiables (comme ici un élève en particulier), une autorisation de la CNIL était nécessaire pour la collecte : maintenant remplacé par le Règlement Général sur la Protection des Données ( RGPD) », précise un autre. 20 Minutes a contacté différents experts et acteurs dans cette affaire afin de savoir si, au-delà de toutes considérations morales, ce dispositif était juridiquement légal.

    « A partir du moment où il s’agit de géolocalisation, il faut que cela soit soumis au consentement des personnes, sinon c’est illégal, même si le lieu est privé », explique à 20 Minutes Arthur Messaud, juriste à la Quadrature du Net. Sauf que « ces porte-clés ne sont pas géolocalisés », indique à 20 Minutes Véronique Blondeau, cheffe de l’établissement Rocroy Saint-Vincent de Paul. De plus, le dispositif est présenté dans le règlement intérieur que les élèves sont obligés d’approuver le premier jour de cours. Il y a donc de toute façon un « consentement obligatoire ».
    De la « localisation » et non de la « géolocalisation »

    Ces porte-clés sont créés par NewSchool, une application de gestion de vie scolaire qui assure travailler avec l’Education nationale et posséder un accord avec la CNIL. « Le dispositif marche avec la "localisation" et non la "géolocalisation". On ne peut pas tracer les élèves ou connaître exactement leur position », affirme à 20 Minutes Philippine Dolbeau, fondatrice de l’application. Le système est simple : « Le professeur installe l’application NewSchool sur son portable et grâce au Bluetooth qui détecte les porte-clés connectés dans un périmètre donné, il peut savoir si les élèves sont présents ou non. En fait, cela permet de faire l’appel en moins de 10 secondes. » L’application permet également le suivi des élèves et le porte-clés pourra servir dans ses nouvelles fonctionnalités à payer la cantine, s’identifier aux portes de l’établissement ou encore emprunter un livre.

    La jeune femme précise que « l’appel » étant un document juridique qui doit remonter à l’Education nationale, les données enregistrées par l’application sont directement envoyées au logiciel officiel SIECLE du Ministère. « Elles sont cryptées et anonymes », insiste Philippine Dolbeau dont la société a déjà vendu le dispositif à une dizaine d’établissements en France.
    Les parents n’ont pas été avertis

    De leur côté, les lycéens regrettent tout de même les méthodes employées par leur établissement. Contactée par 20 Minutes, la lycéenne auteure du tweet explique qu’à aucun moment de l’année le corps enseignant n’a évoqué la mise en place de ce dispositif. « L’établissement n’a pas non plus envoyé de demande de consentement à mon père », assure-t-elle, ajoutant qu’il en est de même pour ses camarades.

    « Bien que l’établissement ait eu l’année dernière des difficultés à communiquer de la présence ou de l’absence des élèves au sein de son établissement, il est anormal que les conséquences soient portées sur les élèves plutôt que sur l’établissement et qu’il ne se remette pas en cause et ne cherche à réhabiliter son système devenu inadapté », se désolent les élèves dans la pétition.

    #surveillance

    • Le consentement est biaisé, et il ne me semble donc pas conforme à l’esprit du RGPD. Forcément qu’ils vont valider le règlement intérieur, ils n’en ont pas le choix. Ce type de « non-choix » a été reproché à Facebook par exemple (acceptez ou partez).

      De plus, l’astuce « localisation/géolocalisation » est minable. On te localise à 10 mètres près, la différence avec de la géolocalisation est symbolique. Il suffit de systématiquement géolocaliser le récepteur, et hop, toutes les « localisations » sont « géolocalisées », si vraiment il fallait faire une distinction entre les deux.

      Enfin, un autre élève prend ta clef. Y-a plus d’appel (c’est magique, à quoi bon vérifier qui est là, et comment il s’appelle, et quelle est sa voix ?). Tu es présent·e, CQFD.

      Le solutionnisme technologique peut se transformer en vrai cancer social.

  • https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/12/des-geants-du-petrole-livrent-de-l-essence-toxique-a-l-afrique-de-l-ouest_53

    Bientôt, peut-être, l’Afrique de l’Ouest cessera d’être intoxiquée par de l’essence et du diesel émettant de grandes quantités de particules fines exportés par des géants du négoce sans scrupule. C’est la fameuse « qualité africaine », comme disent les courtiers : des produits pétroliers de piètre qualité mélangés à des substances très chimiques dans les cuves de tankers décatis.

    Ca tient un peu du crime contre l’humanité non ?

    • Des géants du pétrole livrent de l’essence toxique à l’Afrique de l’Ouest

      Selon un rapport des Pays-Bas, les tradeurs exportent vers le continent africain des hydrocarbures mélangés à des substances chimiques dangereuses pour la santé.

      Bientôt, peut-être, l’Afrique de l’Ouest cessera d’être intoxiquée par de l’essence et du diesel émettant de grandes quantités de particules fines exportés par des géants du négoce sans scrupule. C’est la fameuse « qualité africaine », comme disent les courtiers : des produits pétroliers de piètre qualité mélangés à des substances très chimiques dans les cuves de tankers décatis.

      La teneur en soufre est entre 200 et 1 000 fois supérieure aux normes européennes, les conséquences en matière de santé publique dévastatrices et les bénéfices pour les pétroliers considérables. Un scandale révélé par une enquête rigoureuse de l’organisation suisse Public Eye (ex-Déclaration de Berne) en septembre 2016.

      Cette fois, ce n’est pas de la « propagande » d’ONG ou de militants écologistes passionnés, comme ont tenté de le faire croire certains tradeurs de grands groupes spécialisés dans la confection et l’exportation de ce « dirty diesel » invendable ailleurs qu’en Afrique.

      Dans un rapport officiel rendu public lundi 9 juillet, l’Inspection pour l’environnement humain et les transports des Pays-Bas note que « les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible ».

      Mélange de produits pétroliers

      A l’issue d’une enquête portant sur les cargaisons de quarante-quatre tankers en partance pour l’Afrique de l’Ouest, la police environnementale hollandaise constate l’usage « à grande échelle » de manganèse et de benzène, des substances hautement cancérigènes, ainsi que d’autres produits pétrochimiques interdits dans la majeure partie du monde. Elle note dans les carburants destinés à cette partie du monde « 300 fois plus de soufre qu’autorisé par les standards européens », recoupant les révélations de Public Eye.

      Si les Pays-Bas ont diligenté cette enquête qui sera présentée au Parlement à une date encore inconnue et dont certains cas d’illégalité pourraient être transmis à la justice, c’est que près de 50 % des produits pétroliers exportés vers l’Afrique de l’Ouest partent des ports d’Amsterdam et de Rotterdam auxquels s’ajoute Anvers, en Belgique, selon les Nations unies (ONU). Les mélanges toxiques s’effectuent dans ces terminaux dotés de raffineries.

      Le rapport d’enquête hollandais pointe une dizaine de géants du courtage pétrolier tels que les suisses Vitol et Gunvor, l’anglo-suisse Glencore ou encore Trafigura, et leurs filiales chargées des activités « aval » (raffinage, distribution, commerce). Mais aussi des grandes compagnies pétrolières comme Total et Shell citées parmi les principaux acteurs de ce mélange de produits pétroliers.

      Parfois, par souci de discrétion, ces opérations sont réalisées en pleine mer, à quelques miles des côtes africaines et des mégapoles hyperpolluées où se concentrent une partie des 7 millions de personnes qui meurent chaque année à la suite de pathologies provoquées par la pollution d’un air trop chargé en particules fines, selon l’Organisation mondiale de la santé. Des métropoles comme Lagos et Dakar affichent des taux de particules fines supérieurs à ceux des villes d’Asie les plus polluées de la planète.

      Les choses sont en train de changer

      « La livraison de carburants toxiques à l’Afrique de l’Ouest n’est rien de moins qu’un scandale environnemental et de santé publique, a réagi le diplomate norvégien Erik Solheim, à la tête du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). L’idée que certaines parties du monde ne méritent pas la même protection sanitaire que les autres est tout simplement choquante. »

      Et d’appeler les industriels à cesser de tirer le maximum de bénéfices des faiblesses des standards d’Etats en la matière, avec des teneurs en soufre autorisées variant de 2 000 à 5 000 parties par million (ppm) pour le diesel et entre 150 et 3 500 ppm pour l’essence, contre des normes européennes fixées à 10 ppm depuis 2009.

      Mais les choses sont en train de changer en Afrique de l’Ouest. Le Ghana, pays producteur de pétrole, a ouvert la voie en s’alignant sur les recommandations du PNUE. Depuis le 1er juillet 2017, ce pays anglophone n’importe plus que des carburants à faible teneur en soufre (maximum 50 ppm contre 3 000 ppm auparavant). Pour ce qui est de sa raffinerie nationale, Accra se laisse jusqu’à 2020 pour se conformer au nouveau standard.

      « Le Ghana a décidé un changement radical tout en ayant trouvé une solution pour sa raffinerie qui ne parvient pas à produire des carburants conformes à cette nouvelle législation, constate Marc Guéniat, de Public Eye. Plutôt que de fermer sa raffinerie, il l’oblige à mélanger sa production avec du carburant importé pour se conformer aux normes, ce qui peut être un modèle pour les autres pays de la région. »

      Pressions des lobbys pétroliers

      Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Togo s’étaient aussi engagés à réduire drastiquement les limites de teneur en soufre des carburants autorisées et à mettre aux normes leurs vieilles raffineries d’ici à juillet 2017. Mais aucun n’y est parvenu à temps. La mise en application varie d’un pays à l’autre, en fonction des pressions des lobbys pétroliers et des risques de hausse des prix des carburants à l’importation qui se répercuterait sur le consommateur.

      Pour le moment, la Côte d’Ivoire n’a pas vraiment engagé de réformes. Le Nigeria, géant pétrolier africain et premier importateur de carburants de la sous-région, devrait suivre l’exemple ghanéen, à son rythme. Ses raffineries ont jusqu’en 2021 pour s’adapter à la nouvelle limitation qui vient de passer de 3 000 ppm à 150 ppm pour le diesel, et sera appliquée en octobre 2019 pour l’essence, dont le processus est plus coûteux, comme l’a annoncé Anibor O. Kragha, le patron des raffineries au sein de la Compagnie pétrolière nationale du Nigeria (NNPC).

      « Le premier virage vers une essence plus propre devrait coûter 11,7 millions de dollars [10 millions d’euros] par mois. La réduction [du soufre] dans le diesel devrait coûter 2,8 millions de dollars par mois », a-t-il indiqué. Les Etats semblent déterminés à se débarrasser des carburants toxiques jusque-là exportés par les géants du négoce pétrolier et à faire oublier la sordide « qualité africaine ».

  • Au Chili, les étudiantes dans la rue depuis trois mois bousculent la domination masculine
    https://www.bastamag.net/Au-Chili-les-etudiantes-dans-la-rue-depuis-trois-mois-bousculent-la-domina

    Elles manifestent seins nus, visages cagoulés et poings levés : les étudiantes chiliennes bloquent depuis le mois d’avril les principales universités du pays et défilent régulièrement dans les rues pour protester contre le harcèlement sexuel systématique auquel elles sont confrontées dans le système éducatif. Le mouvement divise l’opinion publique, mais il a déjà poussé l’actuel gouvernement chilien, pourtant de droite, à annoncer des mesures en faveur de l’égalité femme-homme. Les étudiantes chiliennes (...)

    #Résister

    / #Féminisme, #Luttes_sociales, #Amériques, #Discriminations, #Education, #Droits_fondamentaux, A la (...)

  • Transition écologique : nous ne pouvons pas (seulement) la faire nous-mêmes !
    http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/transition-ecologique-nous-ne-pouvons-pas-seulement-la-faire-nous-meme

    Comment mener une vie plus durable ? Cette question génère beaucoup de #Débats sur ce que les individus peuvent faire pour combattre le changement climatique. Bien souvent, les réponses adressent surtout les individus, leur demandant d’adopter des comportements plus responsables, comme d’acheter localement, d’isoler leurs maisons ou de prendre leur vélo (...)

    #A_lire_ailleurs #écologie #économie_comportementale #environnement #transitions

  • Parcours complexe de supériorité - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2018/05/29/parcours-complexe-de-superiorite

    La neutralité de la machine n’est que celle que l’on veut bien lui accorder. La machine ne fait que le boulot pour laquelle elle a été programmée et le fait suivant les critères et les barèmes qu’on lui a assignés. De ce point de vue là, la machine n’est pas si neutre que cela, elle agit en fonction des intentions de ceux qui se cachent derrière.

    En résumé, une machine qui trie en fonction des aptitudes à faire du vélo ne pourra en aucun cas être bienveillante pour les poissons. Sa seule neutralité, en fait, c’est de servir de paravent à l’humain ou au groupe d’humain qui a décidé délibérément d’exclure les poissons de la compétition.

    #parcoursup #éducation #école #domination #inégalité #surnuméraires

  • Les véritables questions à se poser face à la mutilation de Maxime Collectif de soutien suite à l’opération du 22 Mai effectué par les forces de l’ordre sur la ZAD de Notre Dame des Landes, ayant causé la mutilation de notre ami.
    https://blogs.mediapart.fr/collectif22mai/blog/250518/les-veritables-questions-se-poser-face-la-mutilation-de-maxime

    Cet article à pour but de mettre sous les projecteurs les véritables questions à se poser suite à ce qui est arrivé à Maxime et de répondre aux grands médias et leur acharnement médiatique.

    Tous les articles de presse sortis dans la hâte du sensationnel brodent autour d’un communiqué sans même plus d’informations, ou même d’accord auprès de la famille, constitués uniquement dans le but d’entacher la personne qui a été blessée et sa famille. Qu’il ait ou non ramassé la grenade n’est pas tant la question, celle que nous avons plutôt tendance à nous poser est la suivante : comment se fait-il que ce genre de grenade puisse faire tant de dégât ?

    Surtout après Sivens avec la mort de Rémi Fraisse ou à Bure avec la mutilation de Robin.

    Soulignons aussi dans les gros titres la redondance de l’identité du méchant zadiste, et donc du présumé coupable, bien plus encline à faire accepter les mutilations policières que lorsque qu’il s’agît d’un étudiant. A croire qu’un « zadiste » qui défend des terres et des constructions afin de bâtir un monde différent de celui qu’on nous propose mérite la répression qui accompagne son évacuation, la mutilation à Notre des Landes, à Bure, ou comme à Sivens la mort.

    Aux vues de la stratégie médiatique développée par l’état qui a été déployée dans nombre de cas de violences policières, la criminalisation des victimes et de leur famille au travers d’un processus de décrédibilisation et d’humiliation, ne nous étonne plus.

    #Zad #gardes_mobiles #maintien_de_l'ordre #armes_à_létalité_réduite #grenade_GLI_F4

  • Construction Sociale Club , collectif d’artisans

    https://vimeo.com/271130694

    Alors que le site de la ZAD signale la vidéo ci-dessus qu’ils viennent de publier, je découvre ce collectif d’ #artisans engagés dans le mouvement social en cours.

    Ci dessous, leur communiqué principal qui date de début mai :
    https://constructionsocialeclub.noblogs.org/post/category/le-csc-communiques

    Communiqué du CSC : Vivre pour travailler et travailler pour mourir
    Lettre aux étudiants, cheminots, chômeurs et autres secteurs en lutte (printemps 2018)

    En moyenne, pour chaque jour travaillé, un ouvrier du bâtiment meurt sur un chantier. Et pourtant, le maçon part à la retraite bien plus tard que le policier.

    
Nous ne demandons en aucun cas que les régimes spéciaux, comme celui des cheminot.e.s, soient abolis. Cela relèverait d’une mesquine jalousie et manquerait cruellement de logique : ça serait un peu comme si l’on demandait qu’il y ait plus de morts dans les autres secteurs professionnels pour nous sentir moins seul.e.s.
Ce que nous désirons, c’est au contraire une transformation de l’organisation du travail telle qu’elle est pensée aujourd’hui.

    
Et comment est-elle pensée ? Et par qui est-elle pensée ? Par des bureaucrates connectés à leur boites mail mais déconnectés de la réalité, qui imposent des cadres normatifs, loin des pratiques du terrain et en perpétuels changements, ce qui contribue à déstabiliser le travailleur et le rendre ainsi plus contrôlable : on ne sait jamais, l’artisan pourrait s’avérer être trop indépendant.

    
Car il y a de cela chez l’artisan. De l’indépendance. Une capacité à s’organiser. Une certaine tendance à l’autonomie. On se débrouille. On s’arrange, comme on dit. Pour gouverner l’artisan, s’il faut user de multiples tactiques technico-administratives, cela ne suffit donc pas.
    
Il faut aussi faire en sorte qu’il ne se rebelle pas. Pour cela, il y a plusieurs techniques de communication. On peut par exemple lui désigner de faux ennemis afin qu’il oublie les vrais. Et c’est là qu’intervient le fonctionnaire comme cible « facile » : le prof a plus de vacances, le cheminot part en retraite plus tôt, quelle honte ! Si je dois crever au travail, j’espère que mon voisin y passera aussi … Voilà le genre d’absurdes rancœurs qu’on voudrait nous faire éprouver.
    
Ce que le gouvernement veut, c’est monter les travailleurs du privé contre ceux du public. Pourtant, nous faisons partie du même monde. Nous prenons le train. Vous nous appelez pour réparer une toiture. Nos enfants vont à l’école. Vous nous appelez pour construire une maison. Lorsque nous nous blessons sur le travail, nous sommes pris en charge par le service public hospitalier. Parfois, travailleurs du privé et du public vivent même ensemble.

    
Prendre conscience de cela, c’est aussi prendre conscience que ce n’est pas l’État qui construit, soigne, conduit les trains et enseigne – mais ce sont les maçon.n.e.s, les infirmier.e.s, les cheminot.e.s et les enseignant.e.s. Et qu’on pourrait même d’ailleurs se passer de l’État qu’on en vivrait pas plus mal !

    
Car que font les gouvernements successifs, si ce n’est nous prendre pour des cons ! Pendant qu’ils nous divisent en « secteurs », ils se gavent. Des entreprises comme Vinci, Eiffage, Bouygues, s’enrichissent grâce aux marchés publics, c’est-à-dire avec nos impôts – et l’artisan est un bon payeur de taxes. Comme l’on finance les balles de LBD 40 qui nous crèveront les yeux, le maçon est amené à financer le béton de ceux qui tuent son métier ! Et quand ce n’est pas l’État qui redistribue le fric du petit maçon aux grosses boites, c’est lui-même qui doit le faire. On fait une réforme du contrôle technique, particulièrement scélérate, dans le but de vendre des voitures neuves au nom du … développement durable ! C’est comme quand Lafarge se lance dans les éoliennes, l’arnaque est tellement évidente qu’elle ne prête même plus à rire.

    Ces grandes boites, et surtout l’idéologie qu’elles accompagnent, sont les mêmes qui humilient ce qu’il restait de fierté à l’artisan : sa compétence technique. Celle-ci ne s’exprime pas dans les gros buildings, dans les autoroutes, dans les ronds points, dans ces architectures dégueulasses qui pourrissent autant la vue que la planète. Elle s’exprime dans la rénovation, dans l’expérimentation, dans une belle toiture avec une triple génoise. Mais ces savoirs là, les gouvernants n’en veulent guère. Ils préfèrent créer de la rareté sur ce qui devrait être commun, et leur mise à disposition est souvent réservée aux quelques personnes assez riches pour se payer des résidences secondaires, quand d’autres n’ont pas de toit. En guise d’illustration d’une telle absurdité, pensez à ce travailleur du bâtiment employé à la construction d’un HLM gris dans lequel il vivra vieux, alors que son seul rêve était celui de se rénover une ferme en pierre à la campagne. Ce qu’on lui vole, ce n’est pas seulement ce qu’il veut faire, mais ce qu’il peut faire.

    C’est à partir de ces réflexions que nous avons décidé de nous rassembler, de nous organiser en coopération. Seulement, prenant en compte que les problèmes soulevés ne concernent en aucun cas notre seule corporation et qu’on ne pourra donc pas les régler en restant isolés, nous venons à votre rencontre. Peut-être pourrons-nous nous rendre des services à l’avenir ?

    Nous comprenons les autres luttes en cours et nous voulons que les artisans prennent part à ce mouvement car nous avons toutes les raisons de le faire. Nous sommes de ceux qui n’auraient sans doute pas été sélectionnés dans la « nouvelle » et déjà si vieille université. Pourtant, nous avons des savoirs à transmettre, à partager, tout comme nous sommes friands d’en acquérir de nouveaux – car ce n’est pas parce qu’on est travailleur du bâtiment qu’on ne peut pas être passionné d’histoire, de chimie ou de cinéma !

    Il n’y a que les gouvernants et leur sbires pour vouloir nous enfermer dans notre travail, nous faire vivre pour travailler et nous faire travailler pour mourir.

    Dans la construction sociale à venir,
nous aussi voulons donc mettre notre pierre à l’édifice.

    Sur leur site, Le béton armé REVUE DU CONSTRUCTION SOCIALE CLUB, plus d’articles : https://constructionsocialeclub.noblogs.org

  • Paroles à la barre : 1/4 Procès 8 juillet (2009-2018)

    Par le collectif 8 juillet-Se défendre de la police

    Crédits photos : Yann Lévy / Hans Lucas

    http://jefklak.org/paroles-a-la-barre-1-4

    Du 16 au 19 mai 2018 aura lieu le procès en appel de trois policiers condamnés pour avoir blessé six personnes à Montreuil le 8 juillet 2009, et mutilé l’une d’entre elles. Le collectif 8 juillet travaille depuis neuf ans à porter la vérité des violences subies sur la place publique. Surtout, il s’agit de montrer le fonctionnement devenu banal des forces de l’ordre dans les banlieues, les ZAD, les manifestations, les camps de réfugié·es ou le simple quotidien : entre brutalité froide et impunité systémique. Pour un rappel des faits et de la procédure qui a permis de faire passer en justice la police, on pourra lire sur le site de Jef Klak un long entretien avec les membres de ce collectif, composé de personnes blessé·es par la police et de soutiens. Aujourd’hui, avant le procès en appel, Jef Klak publie par paire les témoignages de la première instance et donne la parole au collectif 8 juillet.

    « Le 16 décembre 2016 au TGI de Bobigny, trois policiers ont été condamnés pour s’être adonné à une partie de Flash-Ball le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil, et avoir blessé six personnes, mutilant l’un d’entre nous. Non contents des peines pour le moins symboliques dont ils ont écopé, les policiers ont fait appel, prolongeant encore une procédure sans fin.
    Les sept années qui ont précédé ce premier procès, nous avons rencontré de nombreux collectifs constitués suite à une blessure, à un mort. Partageant nos histoires, nous avons acquis une connaissance précise des mécanismes de la violence policière. Nous avons les pleurs, mais aussi l’expérience, nous avons la rage, mais aussi le savoir. Nos vécus, nos luttes ont fait de nous des expert·es.
    Le mercredi 24 et le jeudi 25 novembre 2016, c’est cette expertise sensible que nous avons convoquée à l’intérieur du tribunal. Il n’était plus question pour nous de demander la vérité, mais de la faire surgir depuis le réel de nos histoires, et de l’imposer là où elle est continuellement effacée et déniée. Treize personnes directement touchées par la violence policière sont venues témoigner à la barre, et voici deux de ces prises de parole… »

    Collectif 8 juillet

    Le procès aura lieu à la Cour d’appel de Paris, métro Cité, pôle 2 chambre 7, les après-midi du 16, 17, 18 Mai 2018.

    Contact : huitjuillet (at) riseup.net

  • Dès 2019, certains chômeurs devront détailler leurs recherches dans un « journal de bord numérique »
    https://www.nextinpact.com/news/106541-des-2019-certains-chomeurs-devront-detailler-leurs-recherches-dan

    Pôle emploi s’apprête à expérimenter dans certaines régions un « journal de bord numérique », dans lequel chaque chômeur devra consigner mensuellement ses démarches de recherche d’emploi. Faute de quoi, une désinscription sera de mise. Chaque mois, afin de confirmer qu’elles sont toujours à la recherche d’un emploi, toutes les personnes inscrites à Pôle Emploi doivent s’actualiser (au travers de leur espace en ligne ou par téléphone). Aucun justificatif particulier ne leur est alors demandé. Tout du moins (...)

    #PôleEmploi #pauvreté #surveillance

    ##pauvreté

  • Numérique : mais qu’est-ce qu’on attend ?

    « S’opposer au numérique inclusif, c’est s’opposer à la liberté des esprits. » C’est un tweet de Mounir Mahjoubi, député En Marche et secrétaire d’État chargé du numérique. Il l’a écrit pour réagir à l’incendie de la Casemate, un centre de culture scientifique technique et industriel, qui a eu lieu fin novembre à Grenoble. C’était juste pendant le bouclage du dernier Postillon, alors on n’a presque rien écrit dessus. Pendant la distribution, beaucoup de gens nous en ont parlé, interloqués, dubitatifs, voire en colère.
    Moi, franchement, la liberté des esprits, je suis pour. Et c’est pour ça que je me pose plein de questions autour de l’invasion actuelle du « numérique inclusif » dans toutes les sphères de la vie, et du « grand remplacement » des humains par les robots. Des questions qui ne sont portées que par quelques esprits chagrins rompant l’enthousiasme général autour du tsunami numérique, et qui n’existent quasiment pas dans les centres de culture scientifique comme la Casemate, alors que cela devrait être leur raison d’être. Avec ces questions, je suis allé au festival Transfo, « le premier festival du numérique 100 % alpin », et à une rencontre avec la nouvelle directrice de la Casemate. Et j’en reviens avec la certitude que s’opposer au déferlement numérique est une nécessité impérieuse.

    La suite sur :
    https://www.lepostillon.org/Numerique-mais-qu-est-ce-qu-on-attend.html

    Extrait :
    " Les promoteurs de ce monde-là sont eux très radicaux, c’est sûr. On le sait désormais : ils iront jusqu’au bout. Ils dématérialiseront toutes les démarches administratives et fermeront tous les services publics avec des humains derrière un guichet. Ils rendront très compliquées des choses auparavant très simples (je profite de l’occasion pour insulter les dirigeants de SFR, vu que je me débats depuis des semaines avec leurs larbins du centre d’appel pour simplement avoir le téléphone sans payer cinquante euros par mois : bande de furoncles putrides sans morale, je vous méprise du plus profond de mon âme). Ils mettront des robots partout et pourriront de beaux métiers. Ils transformeront les menuisiers, les boulangers ou les paysans en opérateurs informatiques. Ils installeront des écrans et des interfaces partout, multipliant les sollicitations incessantes. Ils uberiseront, privatiseront, désorganiseront les luttes collectives et feront régner le chacun pour soi. Ils automatiseront, rationaliseront, calculeront, à peu près tout. Ils programmeront l’avenir avec des algorithmes. Ils feront de gigantesques banques de données pour les vendre à des intérêts privés. Ils pilleront les métaux rares partout dans le monde, et qu’importent les guerres et l’exploitation que ce pillage induit. Ils s’émerveilleront des progrès de l’intelligence artificielle, sans se rendre compte de ceux de l’indigence humaine. Ils écouteront gentiment les voix discordantes en disant que c’est intéressant, mais, quand même, vous ne voulez pas revenir à l’époque des bougies. Ils prétexteront soit la compétition internationale, soit la médecine, soit le sens du progrès, pour couper court à tout véritable débat. Ils rendront l’humain de plus en plus dépendant à la technologie, à l’électricité, aux multinationales. Ils rendront l’humain de plus en plus fainéant, de moins en moins autonome, de moins en moins imprévisible. Ils nous feront petit à petit ressembler à des robots. Qu’on les laisse faire, et ils le feront. "

    #numérique #incendie #transfo #luddisme

  • Universités : « Aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue », affirme François Cusset
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/04/14/francois-cusset-aucune-jeunesse-au-monde-ne-tend-spontanement-l-autre-joue_5

    Tribune. Rennes-II va-t-elle s’enflammer ? Paris-VIII, céder ? Les quartiers et les collectifs ruraux, rejoindre le mouvement ? La répression fait rage, mais en face, chez les jeunes, l’impression est celle d’une colère qui monte, d’une résolution nouvelle.

    C’est qu’aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue. Car le message du pouvoir est clair, en ce cinquantenaire convenu des soulèvements du printemps 1968 : aux jeunes que reprendrait ce prurit du refus, cette construction d’alternatives en acte ou juste ce folklore de la contestation, la réponse sera la gifle, plus ou moins brutale.

    Métaphore des mesures draconiennes, qui claquent comme une baffe, ou coups effectifs de la matraque et des rangers sur les côtes ou le crâne, la gifle en question vient toujours rappeler la jeunesse au souvenir de l’ordre social en place, lui rappeler ses lois iniques, et la stricte place à laquelle elle doit se tenir.

    La gifle, ces jours-ci – telle l’impossible fin d’un triste hiver, cet hiver politique des années 1980 dont on ne voit pas le bout – peut prendre la forme des coups de poing et de bâton assénés sur les étudiants en droit de Montpellier ou leurs cadets du lycée autogéré de Paris, par des groupuscules fascistes qu’on laisse entrer, qui viennent défendre à coups de Taser le droit de ne pas s’opposer.

    La gifle revêt aussi l’aspect, plus familier, des nasses policières et des harcèlements préventifs (manifestants fouillés, fichés, survolés, leurs banderoles ou tracts détruits d’emblée), qui empêchent de manifester en solidarité avec les étudiants passés à tabac – de Lyon à Nantes, où le fil Twitter des écrasés d’un jour notait que « lutter pour ses droits expose à des dommages physiques », mais aussi que « lorsqu’une répression aussi ridiculement disproportionnée est mise en place pour mater l’opposition dans un pays comme la Russie, les médias [hurlent] à l’autoritarisme ».

    Existence alternative

    A Nanterre, la gifle du 9 avril a pris un double visage : celui, brutal et casqué, des CRS appelés par la présidence pour expulser d’un hall les étudiants réunis en assemblée – au prétexte, toujours le même, d’éléments « extérieurs », dont le fantasme sert à opposer gentils étudiants et méchants encagoulés, bons manifestants et dangereux casseurs, et à cacher que ce sont souvent les mêmes – et celui du message envoyé par la même présidence pour justifier la gifle.

    Elle y rappelle qu’un « local a été mis en permanence à disposition des étudiants mobilisés » : un local rien que pour eux – rendez-vous compte ! –, comme on intime aux enfants l’ordre de rester jouer dans leur chambre pendant que les adultes traitent d’affaires sérieuses.

    Mais la gifle à la jeunesse va bien au-delà de la vingtaine de campus occupés, de cet « avis de déferlante étudiante » qu’anticipe un dessin de la fameuse vague de Hokusai, au fond de l’amphi jonché de matelas de la fac de sciences de Marseille. Elle va au-delà d’un mouvement étudiant qui s’ébroue, se réveille interloqué, entre démesure policière et menaces des phalanges brunes (la Manif pour tous de 2013 les ayant, elles aussi, « dédiabolisées »).

    Elle est durement à l’œuvre dans l’offensive militaire, avec blindés légers et cabanes détruites à la pelleteuse, lancée pour évacuer le bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), comme bientôt la ZAD de Bure, dans la Meuse, ou les squats de quartier dans les villes paupérisées.

    Car derrière la distinction officielle, brandie pour diviser, entre opposants « légalistes » et « radicaux », ce qui se trouve puni, éradiqué, avec l’évacuation violente des ZAD (comme avec la mise en examen pendant dix ans du « groupe de Tarnac »), c’est le choix de la sécession, le bricolage, coopératif et écologique, agricole et politique, de formes d’existence alternative sur un terrain concret.

    Blitzkrieg social

    Les jeunes, car ils le sont aussi, qui défendent au Rojava kurde une alternative séculière et égalitaire aux despotismes en vigueur alentour, comme ceux, qui ne le sont pas moins, soulevant leur communauté indienne d’Amérique latine contre prédation des ressources et Etat corrompu, le savent tous très bien : la gifle chez eux ira, s’il le faut, jusqu’au tapis de bombes ou aux raids paramilitaires, pour empêcher par tous les moyens, aujourd’hui autant qu’hier, la jeunesse du monde d’inventer autre chose, qui pourrait faire tache d’huile.

    Car avant d’être celle des politiques haineuses ou des répressions d’Etat, la gifle, telle que la ressentent les « millenials », du campus en émoi jusqu’au village autonome, est celle d’un monde dont les règles comme les réformes les écrasent, les acculent, les humilient.

    Si la sélection, qu’impose à l’entrée en licence la double réforme en cours (ORE et ParcourSup), a mis le feu aux poudres, c’est qu’elle résume à elle seule, tel un lapsus de manageur, le monde qu’ils découvrent, consternés. Et dont beaucoup ne veulent pas, déclinant le terme à l’envi pour pointer la sombre cohérence de l’époque : évaluation et contrôle, de la maternelle à la retraite ; sélection « naturelle » des plus aptes à la lutte économique, contractuels contre salariés, carriéristes contre victimes du burn-out ; sélection, par le marché, des lignes ferroviaires et de leurs employés, gardés ou supprimés ; sélection, ailleurs, des minorités locales ou des ébauches démocratiques, qu’on sacrifie au réalisme géopolitique ; parmi les migrants, sélection des si rares demandeurs d’asile admis et de la majorité endiguée, soupçonnée d’avoir pour motif la survie économique.

    Les jeunes opposants de ce printemps 2018, eux, accueillent des réfugiés, discutent avec les cheminots, font cause commune pour quelques heures avec des sécessionnistes plus rodés ou moquent le coaching auquel on les soumet pour les préparer à des entretiens d’embauche sans espoir. Ils sont nombreux à voir dans la politique agressive du gouvernement Macron un Blitzkrieg social, une guerre menée contre eux et tous les fragiles, sous prétexte de « réussite ». Et plus nombreux encore, faute d’avoir quelque chose à perdre, à ne pas vouloir plier à la première volée de gifles. Face à la double violence, systémique et policière, qui leur est infligée, ils ne croient plus au monde « pacifié » que leur vendent leurs aînés.

    François Cusset a écrit « Le Déchaînement du monde. Logique nouvelle de la violence » (La Découverte, 240 p., 20 €)

    A la fac de Montpellier, des serveurs informatiques « vandalisés » avant les examens en ligne
    http://lemonde.fr/universites/article/2018/04/11/a-la-fac-de-montpellier-des-serveurs-informatiques-vandalises-avant-les-exam

    Alors que des examens en ligne ont été annoncés à l’université Paul-Valéry de Montpellier, la salle des serveurs de l’université a été « vandalisée par un groupe d’individus » mercredi, annonce le ministère. La connexion Internet est suspendue.

    #étudiants (terme qui mériterait des guillemets ou une sérieuse mise en cause pour être à nouveau descriptif) #luttes_sociales

  • Life Inside China’s Social Credit Laboratory – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/04/03/life-inside-chinas-social-credit-laboratory


    The party’s massive experiment in ranking and monitoring Chinese citizens has already started.

    RONGCHENG, CHINA — Rongcheng was built for the future. Its broad streets and suburban communities were constructed with an eye to future expansion, as the city sprawls on the eastern tip of China’s Shandong province overlooking the Yellow Sea. Colorful billboards depicting swans bank on the birds — one of the city’s tourist attractions — returning there every winter to escape the Siberian cold.

    In an attempt to ease bureaucracy, the city hall, a glass building that resembles a flying saucer, has been fashioned as a one-stop shop for most permits. Instead of driving from one office to another to get their paperwork in order, residents simply cross the gleaming corridors to talk to officials seated at desks in the open-space area.

    At one of these stations, Rongcheng residents can pick up their social credit score.

    In what it calls an attempt to promote “trustworthiness” in its economy and society, China is experimenting with a social credit system that mixes familiar Western-style credit scores with more expansive — and intrusive — measures. It includes everything from rankings calculated by online payment providers to scores doled out by neighborhoods or companies. High-flyers receive perks such as discounts on heating bills and favorable bank loans, while bad debtors cannot buy high-speed train or plane tickets.

    Bien mieux que le récent article du Monde, car celui-ci n’a pas pour propos essentiel de dire que le système du social credit n’est qu’une nouvelle stratégie contre les dissidents chinois.

  • Contre le numérique à l’école - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/05/contre-le-numerique-a-l-ecole_1641315

    par un collectif d’enseignants

    Contre le numérique à l’école

    Chaque rentrée scolaire est un moment d’annonce concernant un nouveau plan numérique. Les propos apaisants du ministre Blanquer ne font pas oublier que, cette année, la région Grand-Est annonçait une « expérimentation » sur 50 lycées pour 31 000 élèves : disparition de tous les manuels scolaires et achat obligatoire d’ordinateurs portables ou de tablettes pour les élèves. Quant au récent rapport Mathiot, posant les grandes lignes du nouveau lycée et du nouveau baccalauréat, ce texte recommande de recourir « massivement » aux « ressources numériques », qu’il s’agisse de soutien à l’orientation ou de moyens pédagogiques. Depuis une décennie, des « expérimentations » de ce genre se généralisent du primaire au supérieur, si bien qu’il s’agirait plutôt d’une mise au pas. Un regard extérieur pourrait du reste s’étonner qu’avec une telle détermination déployée par les institutions et les industriels, il demeure encore quelque chose, dans l’Education nationale, qui n’ait été passé à la moulinette numérique.

    Nous, enseignants, signataires de l’Appel de Beauchastel (1), sommes réfractaires à ces multiples plans numériques. Toutes ces promesses de renouvellement pédagogique par les technologies « innovantes » relèvent, en réalité, d’un renoncement à la pédagogie. Quand on nous oppose qu’il faudrait vivre avec son temps, nous pensons précisément qu’il est urgent de prendre quelque distance avec une époque affectée d’une boulimie consumériste et technologique aux effets catastrophiques, tant socialement qu’écologiquement.
    Le temps de plus en plus long passé devant des écrans par les adultes comme par les enfants ne peut produire qu’une régression. Les conséquences psychologiques et cognitives chez les plus jeunes commencent à être documentées, prolongeant ainsi ce que l’on connaît déjà à propos de la télévision. La psychologue Sabine Duflo, de l’association Alerte écrans, évoque à ce propos un « problème sanitaire majeur ». La dépendance croissante aux objets numériques chez nos contemporains s’apparente toujours davantage à des comportements addictifs. Récemment, quelques anciens cadres de Facebook ont d’ailleurs fait état de leur stratégie d’exploitation de la « vulnérabilité de la psychologie humaine », afin de rendre les gens toujours plus dépendants. S’agissant en particulier de ce réseau, l’un d’eux a évoqué des « outils qui déchirent le tissu social ».

    Dans un contexte où les industriels transforment, avec une avidité et un cynisme sans cesse renouvelés, les rapports humains en matériau exploitable à des fins de profit, nous voulons affirmer l’importance cruciale de la relation et de l’attention, au premier chef dans notre métier. Cela, les cadres de la Silicon Valley l’ont compris depuis longtemps, en protégeant leurs propres enfants des écrans, dans et en dehors de l’école. L’exercice réfléchi du jugement qui fonde notre métier nous oblige à ne pas leur abandonner cette lucidité quant aux effets délétères de leurs innovations technologiques. Ainsi, en dépit de nos moyens limités reposant sur la fragile et subtile relation humaine, nous ne renoncerons pas à viser, par la transmission, l’horizon de la pensée libre et de l’émancipation sociale et culturelle.❞

    #appel_de_beauchastel #ecran_total #numérisation

    @tranbert

    • Bof...

      Tout d’abord, « la légende n’a pas été réfutée », en tous cas, pas dans les articles cités. On peut bien tourner la chose avec l’argument que les employés de la high tech (en l’occurrence, ce sont plutôt les dirigeants pour lesquels est évoqué un rapport plus qu’ambigu au numérique) sont des parents attentifs comme les autres, mais il n’en demeure pas moins que le mode de consommation du numérique est aussi un marqueur social et que les populations les plus réticentes sont, entre autres, celles qui sont aussi en mesure d’en saisir les tenants et les aboutissants.

      Je ne me vois pas, ni en tant que parent, ni en tant qu’architecte de S.I. venir faire la leçon à qui ne disposerait pas de ce capital culturel. Il me parait plus logique de balayer d’abord devant ma porte et admettre que l’activité qui me rémunère et me fournit un statut, somme toute assez enviable, dans cette société, est aussi une contribution à la production de pures nuisances, et que cette dimension ne relève pas seulement d’un tri à faire entre le bon grain et l’ivraie.

      Si vous souhaitez par ailleurs converser avec le collectif d’enseignants, ne vous privez pas d’employer les moyens qu’ils indiquent dans leur support de communication et que l’on trouve même en ligne sans peine et sans être un expert du monde numérique

      École Les Collines bleues
      607 route de la Gare
      42370 Saint Alban les Eaux
      04-77-64-35-32
      contact@les-collines-bleues.fr

  • Vers une taxe sur le Digital Labor en Europe ? | Calimaq
    https://scinfolex.com/2018/03/22/vers-une-taxe-sur-le-digital-labor-en-europe

    Le scandale Cambridge Analytica qui a plongé Facebook dans la tourmente cette semaine est sur toutes les lèvres, au point d’avoir quelque peu éclipsé les annonces de la Commission européenne relatives à la fiscalité du numérique. Or ces propositions, qui envisagent deux scénarios différents, méritent de l’attention, car l’un deux pourrait mettre en place une… Source : : : S.I.Lex : :

    • Un peu le même thème que le récent "socialisme numérique" esquissé par Pierre Rimbert dans l’édito de mars 2018 du Monde diplo (je cite le texte de ce dernier) :

      Puisque les données personnelles servent désormais à instruire les machines qui remplaceront les humains (...) il apparaît plus urgent encore de les considérer comme du travail. Et donc de créer des marchés du travail numérique afin que chacun puisse vendre son labeur immatériel.
      Cette approche permettrait sans doute de rééquilibrer une concurrence malmenée par les oligopoles californiens. Mais elle perpétuerait une division fondamentale : les grandes entreprises possèdent les moyens de production, et les travailleurs leur vendent leur travail. La logique appelle un tout autre modèle. Les données personnelles n’ont en effet guère d’utilité prises individuellement. C’est leur agrégation et leur traitement statistique qui les rend précieuses. Leur valorisation repose sur leur caractère collectif. Plutôt que d’instituer la propriété individuelle des données, il serait plus rationnel de socialiser cette ressource. Mise au service de la collectivité, elle contribuerait à améliorer la santé, les transports, l’éducation, la distribution, à réduire les dépenses d’énergie.

      Les bras m’en tombent quand je vois l’assurance avec laquelle sont proposés des trucs pareils. Pas de point d’interrogation dans le titre de l’édito en question — une proposition fondée sur une profonde certitude que le « vieux logiciel » est robuste, que peu importe les ingrédients, on peut toujours faire de la soupe.

      #data_money for #data _monkeys
      #digital_socialism for whom ?

  • Les films d’Andreï Tarkovski en libre accès
    https://www.rtbf.be/culture/cinema/realisateurs/detail_les-films-d-andrei-tarkovski-en-libre-acces?id=9854515

    Parmi les grands réalisateurs soviétiques, #Andreï_Tarkovski fait figure de sommité. Décédé en 1986 à l’âge de 54 ans, ce poète et esthète du septième art a laissé derrière lui une courte filmographie, mais qui a influencé des générations de cinéastes. Son approche métaphysique et spirituelle, son audace visuelle et la structure inconventionnelle de ses récits sont quelques-unes des caractéristiques de son cinéma exigeant mais gratifiant.

    Son œuvre est désormais plus accessible que jamais. Mosfilms, le plus vieux et plus grand studio russe, a en effet mis en ligne cinq de ses longs métrages sur YouTube, dans des versions restaurées et sous-titrées. Seuls ses deux derniers films ("Le Sacrifice" et « Nostalghia », produits en-dehors de son pays natal), manquent à ce catalogue remarquable.

    https://www.youtube.com/watch?v=R3ZZMR2WJ6c

  • L’enfer de la maison intelligente
    http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/lenfer-de-la-maison-intelligente

    Sur Gizmodo, la journaliste Kashmir Hill (@kashhill) raconte comment elle a décidé de transformer son petit appartement de San Francisco en maison connectée. Elle s’est équipée d’un assistant vocal Echo d’Amazon, de lumières connectées, d’une cafetière connectée, d’un roomba, a branché sa brosse à dents, sa télé, son lit, un (...)

    #A_lire_ailleurs #Usages

  • « Ne livrons pas nos enfants à une économie milliardaire »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/14/ne-livrons-pas-nos-enfants-a-une-economie-milliardaire_5256478_3232.html

    « Ne livrons pas nos enfants à une économie milliardaire »

    Les enfants d’aujourd’hui grandissent dans un environnement inédit, où l’écran est omniprésent. Les bébés qui y sont surexposés développent une addiction et des troubles proches de l’autisme, alerte la psychologue Sabine Duflo dans une tribune au « Monde ».

    L’environnement dans lequel naît et grandit l’enfant aujourd’hui est totalement différent de celui dans lequel ses parents ont grandi. Un objet fait la différence, l’écran ou plutôt les écrans. Quand le bébé y est exposé dès la naissance, quand il y est exposé plus de la moitié de son temps d’éveil, alors son rapport au monde, aux autres et à lui-même est modifié en profondeur. Ces bébés ne sont pas rares : expliquons pourquoi.

    Les études portant sur les effets des écrans sur les enfants s’attachent à établir des corrélations entre le temps passé devant les écrans et les répercussions sur le temps de sommeil, d’attention, le langage, à partir de questionnaires aux médecins ou aux parents. Ce sont des suivis « à distance », des études élaborées et analysées par des chercheurs. Ces scientifiques peuvent apporter des éléments intéressants ; malheureusement, ils fréquentent peu leur objet d’étude. Ils ne sont pas sur le terrain.
    Toute affirmation concernant les troubles du développement chez l’enfant qui ne procède pas d’une observation réelle, et répétée, de l’enfant me semble insuffisante

    A l’opposé, se situe la démarche du psychothérapeute, qui reçoit chaque semaine les mêmes enfants, les fréquente durant plusieurs mois, voire plusieurs années. Je ne crois pas qu’on puisse se connaître autrement qu’en se côtoyant, en se regardant, en échangeant. Toute affirmation concernant les troubles du développement chez l’enfant qui ne procède pas d’une observation réelle, et répétée, de l’enfant me semble insuffisante.

    Mes observations répétées de très jeunes enfants m’autorisent à avancer ceci : il existe deux effets majeurs de l’exposition massive aux écrans. L’un direct, sa potentialité addictive, et l’autre indirect, celle du temps volé à la mise en place d’un attachement sécurisant à son parent. Cet attachement va permettre à l’enfant d’explorer le monde physique de façon adaptée.

    #cose

    • et la suite :

      Un flux continu de couleurs et de sons, détachés de tout sens

      Les deux effets sont liés : le caractère fortement addictif de l’écran engendre une impossibilité pour l’enfant de s’en détacher. Cela modifie en profondeur le processus classique d’attachement à une figure humaine, rendant l’enfant totalement dépendant de l’écran pour se stimuler comme pour calmer ses angoisses. Mais l’écran stimule le cerveau de façon si pauvre et si particulière que l’enfant surexposé peut présenter des retards graves, joints à une addiction à cet objet.
      La surstimulation de l’attention exogène nuit au développement de l’attention volontaire (ou concentration), qui est pourtant indispensable au développement des autres compétences

      Comment fonctionne ce processus addictif ? Par une captation de l’attention exogène, non volontaire. Les contenus audiovisuels, en particulier les dessins animés, sont truffés d’effets formels saillants (variations sonores, flashs lumineux, changements ultrarapides de plan, multiplication des angles de vue, sons et cris aigus, enchevêtrement rapide des séquences narratives…) qui tout à la fois captent l’attention du bébé et la relancent en permanence.

      Ces effets l’empêchent d’apprendre à garder son attention focalisée sur un stimulus plus stable, plus neutre, comme une fleur, des feuilles, et au départ, le visage de sa mère, qui constitue son premier livre. La surstimulation de l’attention exogène nuit au développement de l’attention volontaire (ou concentration), qui est pourtant indispensable au développement des autres compétences.

      Il faut pouvoir fixer son attention sur l’objet pour le percevoir avec netteté, en appréhender distinctement les formes, le reconnaître par la suite… Le bébé surexposé aux écrans ne perçoit pas de l’écran ce que l’adulte en perçoit. C’est, pour lui, un flux continu de couleurs et de sons, détachés de tout sens, sans possibilité de traitement supérieur de ces données sensorielles brutes, sans possibilité de s’y soustraire. Par ailleurs, le rôle de filtrage des perceptions sensorielles joué normalement par le parent n’est plus assuré correctement du fait d’une absorption du parent lui-même par les écrans. Bon nombre de mères allaitent aujourd’hui en regardant la télévision ou leur portable.

      Lire aussi : Alerte aux écrans pour les enfants

      Or le bébé a besoin de rencontrer de façon régulière le regard de sa mère pour pouvoir se développer normalement. Il cherche dès l’âge d’un mois à capter son regard : le besoin de communiquer est constitutif de l’être humain. Mais cette tentative échoue chaque fois que la mère est absorbée par autre chose. Ce peut être un grand souci, un désir qui se porte ailleurs ou… sur les écrans. Nous regardons notre smartphone 220 fois par jour. L’écran fait écran au processus d’attachement. Ne trouvant pas suffisamment de réponses à leurs regards orientés, certains bébés sont alors probablement conduits à se replier progressivement sur eux-mêmes dans la recherche d’autostimulations sensorielles, faute de sollicitations humaines suffisantes. Ils « deviennent » autistes au sens littéral du terme : ils se développent dans un repli complet sur eux-mêmes.
      Après la période de sevrage, des redémarrages incroyables

      Quand ils ne manifestent pas une simple agitation motrice jointe à un retard global (ce qui est le cas le plus fréquent), ces enfants nourris précocement aux écrans peuvent présenter un tableau très proche de celui des enfants porteurs du trouble du spectre autistique : absence ou très grande rareté du contact oculaire, déficits dans la communication et les interactions sociales, déficits de la réciprocité socio-émotionnelle, modes restreints et répétitifs de comportements, d’intérêts ou d’activités, retard global important… Tous présentent des réactions intenses quand on supprime les écrans, proches du sevrage d’un toxicomane. Crises d’angoisse, cris, hurlements, auto ou hétéro-agressivité, pleurs qui peuvent durer plusieurs jours.
      Quand nous intervenons suffisamment tôt, avant l’âge de 2 ans, la rémission peut être totale. Quand nous intervenons plus tard, le déficit peut rester important, sous la forme d’un retard simple

      « Accro, drogué », disent les parents qui décrivent la réaction de leur enfant… Mais après la période de sevrage, nous assistons à des redémarrages incroyables. D’abord, l’enfant se met à fixer plus longuement les objets et, très rapidement, s’en empare et les explore. De façon quasi simultanée, il se met à regarder son parent, à le fixer plus longuement. Les mots « maman, papa » apparaissent parfois quelques jours seulement après. Cette gratification du parent l’encourage à stimuler davantage son enfant. « Regarde » est souvent le deuxième mot du jeune enfant qui sort de sa bulle : l’apparition de l’attention conjointe en signe la sortie.

      Quand nous intervenons suffisamment tôt, avant l’âge de 2 ans, la rémission peut être totale. Quand nous intervenons plus tard, le déficit peut rester important, sous la forme d’un retard simple. De très nombreux enfants d’âge préscolaire sont actuellement touchés par ce phénomène pourtant simple à comprendre : les écrans font écran à la relation humaine, qui est indispensable à leur développement. Le coût moral pour les familles est immense, le coût financier pour la société est considérable.

      Mon propos figure dans la page Débats. Il devrait figurer dans la rubrique « Combat » : le combat de professionnels de l’enfance, à travers le Collectif surexpositions écrans (CoSE), avec les parents contre une économie milliardaire qui prétend éduquer, soigner par et avec les écrans.

  • Face à l’automatisation, le « blues » des caissières de la grande distribution, LE MONDE ECONOMIE | 06.02.2018, Charlotte Chabas

    A Meaux, un Auchan « laboratoire » est sorti de terre en 2015, équipé de caisses-tunnels dernier cri qui laissent imaginer un futur sans hôtesses.

    La première fois que Dominique M., 54 ans, a franchi les portes des Saisons, c’était « comme un film de science-fiction ». Accrochée à son chariot de courses, la mère de famille était pourtant bien à Meaux (Seine-et-Marne), sa ville de toujours. Cinquante mille habitants, et, depuis la fin de 2015, un Auchan « laboratoire » de 12 000 m2.
    C’est au moment de payer que la Meldoise a « vraiment halluciné ». Devant elle, huit « caisses-tunnels » : des tapis roulants entourés d’un tube plastifié, où plusieurs caméras repèrent les codes-barres à 360 degrés. « Un scanner médical pour provisions », résume Dominique M., qui ne jure plus que par elles pour « leur rapidité ». Et parce que « c’est moderne », ajoute-t-elle dans un souffle.

    Faut-il voir dans ces « caisses express » d’un mauve criard l’avenir de la grande distribution ? Une version française de l’Amazon Go, le magasin sans caisse du groupe américain testé depuis la fin de janvier à Seattle ? La fin de ce que le PDG de Monoprix, Régis Schultz, a qualifié d’« irritant principal des consommateurs » : l’attente aux caisses ?

    Ces questions, Rachel C., salariée depuis vingt-six ans d’un Super U de la région parisienne, les ressasse en boucle. Cette petite femme de 49 ans se dit touchée par le « blues de la caissière ». « On a l’impression que notre métier va bientôt finir au musée », résume l’employée, qui n’en peut plus de sentir que sa direction « veut tout faire pour souligner notre inutilité ». Qu’adviendra-t-il dans les prochaines années d’elle et de ses 170 000 collègues de la grande distribution ?

    A Meaux, la moyenne d’âge des salariés est jeune. L’encaissement se fait à plus de 80 % de manière automatique. Deux employés peuvent se partager jusqu’à quatorze caisses. Tous exercent aussi à d’autres postes, comme la boulangerie ou les fruits et légumes. « Le maître mot, c’est la polyvalence », confirme une salariée de 24 ans, qui tente patiemment de réorienter un couple de personnes âgées pestant contre le « tunnel express ». « Il refuse notre chèque », s’obstinent-elles. « Pour vous, on va aller vers une caisse traditionnelle », leur dit doucement l’employée.

    Le 13 janvier, la CFDT d’Auchan a organisé une mobilisation pour dénoncer la « casse sociale derrière l’automatisation ». Selon le syndicat, 10 % des effectifs de caisse ont été supprimés en dix ans, et 2 000 emplois sont menacés au cours des trois prochaines années. Des chiffres qualifiés de « fantaisistes » par la direction, qui affirme n’avoir jamais procédé à des licenciements. « Dans un secteur où le turnover est aussi important, pas besoin de virer, il suffit de ne pas renouveler », argumente Eric Lamotte, délégué CFDT.

    « Tout est bon pour appâter le client »

    L’ensemble du secteur est concerné par cette tendance. « L’obsession de la grande distribution, c’est l’adéquation parfaite entre le nombre de caissières et le flux de clients », note Sophie Bernard, sociologue du travail à l’université Paris-Dauphine.

    « On sent que tout s’accélère », raconte Elodie M., caissière à Carrefour depuis dix-neuf ans, qui a regardé avec appréhension son PDG, Alexandre Bompard, annoncer un « plan de départs volontaires » de 2 400 personnes. « Depuis 2001, on nous parle des robots, mais là, ça devient la solution à tous les problèmes du secteur », dit la salariée de l’Hérault, qui supportait déjà mal de voir ses encaissements chronométrés et son nom apparaître chaque jour dans le sacro-saint classement de rentabilité des caisses, affiché chaque matin dans le magasin.

    Depuis deux ans, Natacha C. est chargée de six caisses automatiques dans un hypermarché bordelais. Elle a vu ses objectifs de clients grimper de 25 % à 35 % cette année, et de 50 % pour les trois prochaines années. « Tout est bon pour appâter le client vers les automates », raconte-t-elle. Même des bons d’achat distribués pour ceux qui s’aventurent aux caisses automatiques.

    « Anticiper les conneries des clients »

    Des stratégies qui modifient profondément le travail des salariés. Natacha C. décrit un quotidien avec « les yeux rivés sur les écrans, à anticiper les conneries des clients ». Avec l’automatisation, « on passe d’un travail séquentiel, où les choses s’enchaînent avec des temps morts, à un travail en simultané où l’on supervise plusieurs caisses en même temps, ce qui demande une vigilance et une réactivité permanentes », analyse Sophie Bernard.

    Exit la relation humaine, qui faisait « le cœur de ce que j’aimais dans mon travail », dit Natacha C., qui a l’impression d’être devenue « une borne d’autoroute » : « 80 % des clients ne nous calculent pas, et quand ils nous réclament, c’est pour râler qu’il y a un problème. »

    Pour Amélie L., qui travaille à Monoprix, c’est la nature même du travail qui a changé. Sa direction demande toujours plus de « jouer les flics ». Sans cesse, il faut surveiller les sacs et prévenir les vols. « Les clients sentent qu’on fait plus de surveillance, alors c’est plus tendu », déplore l’employée de 36 ans. D’autant que beaucoup leur rétorquent : « Déjà qu’on doit faire votre boulot, feignasses… »

    Physiquement, Nathalie R., 39 ans, ne regrette pas ses lombalgies à répétition, véritable épidémie parmi les caissières de supermarché, qui portent en moyenne 1,2 tonne par heure aux pics d’affluence, selon des études médicales. Mais, assignée aux caisses automatiques depuis deux ans, Nathalie R. commence à ressentir d’autres douleurs, à force de rester debout de longues heures, naviguant d’une caisse à l’autre. Le pupitre sur lequel elle pouvait s’appuyer pour « soulager » ses jambes lui a même été retiré, au motif que « ça ne faisait pas bien devant les clients ». Et ralentissait son rythme, quand elle devait repartir en rayon.

    « Vivement qu’un robot te remplace »

    « La polyvalence, ça va quand on est jeune et qu’on a encore l’énergie de courir partout et d’apprendre de nouvelles choses, analyse Nathalie Prieur, de la CFDT Auchan. Mais dans la grande distribution, aucun métier n’épargne les corps et les esprits. »

    Or, la caisse est un métier au « carrefour du triple mouvement de féminisation, tertiarisation et précarisation », rappelle la sociologue Marlène Benquet, auteure du livre Encaisser ! (éditions La Découverte, 2013). Que faire, dès lors, de ces bataillons de femmes sans diplôme, usées par une activité qu’on leur retire ?

    En janvier, Annie M., employée depuis 1991 dans son supermarché, s’est fait arrêter par son médecin. La veille, son manageur lui avait lancé : « Vivement qu’un robot te remplace, lui il n’a pas d’enfant malade au moins. »

    Au début de sa carrière, elle avait bien songé à se reconvertir. Elle ne compte plus les fois où elle a entendu des parents sermonner leurs enfants : « Si tu ne travailles pas à l’école, tu vas finir comme la dame. » Inscrite un temps en CAP coiffure, Annie M. n’avait pas tenu le rythme, avec sa vie personnelle. « J’aime mon travail parce qu’il me garantit mon indépendance financière », dit-elle désormais, « même si c’est des clopinettes ». Mais « tous les jours, on me dit qu’il faut que je pense à me recycler », raconte-t-elle, amère, elle qui rappelle « ne pas être une bouteille en plastique ». « Pour celles qui ne pourront pas s’adapter, ce sera quoi, la poubelle ? »

    #travail #commerce #grande_distribution #caissières #automation #caisses-tunnels #robotisation #emploi

  • Amazon : l’idée d’un bracelet électronique pour ses salariés provoque un tollé RTBF - 2 Février 2018 - AFP
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_amazon-l-idee-d-un-bracelet-electronique-pour-ses-salaries-provoque-un-t

    Amazon a breveté un système électronique lui permettant, via un bracelet, de détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts pour suivre leur travail, une idée qui suscite un tollé en Italie.

    Ce système de « traçage (...) des mouvements des mains d’un employé (...) pourrait être utilisé pour surveiller la réalisation de tâches assignées » comme l’inventaire et la préparation des commandes, expliquent les documents officiels relatifs à ce brevet, disponibles sur internet et révélés par le site spécialisé Geekwire.

    L’appareil est « prévu pour être porté (...) près de la main et pour émettre des vibrations » pour guider le salarié, poursuit le document.

    « La spéculation à propos de ce brevet est erronée », a réagi auprès de l’AFP une porte-parole d’Amazon. « Chaque jour, dans n’importe quelle entreprise dans le monde, les employés se servent de scanners à main pour faire l’inventaire et préparer les commandes », a-t-elle ajouté.

    « Placer ces équipements plutôt sur le poignet des employés leur permettrait d’avoir les mains libres et ne pas avoir les yeux rivés sur des écrans », fait valoir Amazon, estimant que si cette idée devait être un jour mise en oeuvre, elle améliorerait l’organisation pour les employés travaillant dans la préparation des commandes.

    Le concept a déjà suscité des réactions virulentes en Italie, notamment de la part du chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, qui a estimé que « le défi, c’est un travail de qualité et non pas le travail avec un bracelet ».

    Des conditions de travail déjà décriées
    « Homme ou esclave ? Je veux restituer la dignité du travail, certaines multinationales exploitent, pressent et ensuite mettent au rebut. Ca suffit ! », a réagi de son côté, le leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini.

    Le géant du commerce en ligne a depuis longtemps la réputation d’entretenir des conditions de travail difficiles dans ses entrepôts et centres de distribution pour augmenter la productivité des employés et garantir des livraisons rapides aux clients.

    En 2015, le New York Times décrivait une culture d’entreprise « néfaste » chez Amazon, destinée à augmenter la productivité des employés, une description rejetée à l’époque par le patron du groupe Jeff Bezos.

    Amazon a publié jeudi ses résultats trimestriels en forte hausse, affichant un bénéfice net de 1,856 milliard de dollars et un chiffre d’affaires de 60,45 milliards.

    #pratiques-nazies #esclavage #amazon #logistique #préparation-des-commandes

  • Obligés ? Édito de la revue Prescrire sur l’obligation de faire 11 vaccins aux enfants

    Enfant le BCG a mal tourné sur moi. Quelques temps après avoir été vaccinée, j’ai reçu un coup léger juste dessus qui m’a fait hurler. Ma grand-mère qui était chez une voisine de l’autre côté de la rue trois maisons plus loin m’a entendu et est arrivée à toute pompe. Du sang noir coulait du vaccin, j’ai encore la marque. Plus tard, j’en ai parlé à la médecine du travail qui m’a dit qu’il était inutile de le refaire, s’il n’a pris c’est que j’étais immunisée.

  • https://offensivesonore.blogspot.fr/2018/01/egologie-ecologie-individualisme-et.html

    [O-S] Egologie : Écologie, individualisme et course au bonheur

    Emission du 5 janvier 2018, deuxième partie de l’entretien avec Aude Vidal cette fois pour son livre ’Egologie’. "Développement personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ». Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ? "

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