• « La politique de la zone Euro vis-à-vis de la Grèce est un néo-colonialisme »
    http://www.reporterre.net/La-politique-de-la-zone-Euro-vis-a-vis-de-la-Grece-est-un-neo-colonialis

    La dette est un outil d’asservissement des peuples par les détenteurs de capitaux. Tant qu’on n’a pas compris cela, on ne peut pas comprendre « l’utilité » de la dette. Depuis quarante ans, les ex-colonies sont asservies par la dette, et pour la payer, elles exportent – car cette dette est en devises – leurs ressources naturelles, qu’elles soient minières, fossiles ou végétales. Et une fois qu’elles ont reçu des devises en paiement des bananes, du cacao, du pétrole et du cuivre, elles renvoient une partie de ces devises au titre du remboursement des intérêts de la dette.

    Cela fait quarante ans qu’on entend dire en France qu’on aide les Africains, mais ce n’est pas vrai : au nom de la dette, les transferts des pays en développement vers les pays riches ont été énormes, de l’ordre de 5 à 10 plans Marshall ! La dette est un transfert du pauvre vers le riche.

    On est exactement dans le même cas de figure avec la Grèce, que l’on oblige à vendre ses côtes, ses îles, ses plages.

    La politique de la zone Euro est-elle un néo-colonialisme ?

    Absolument. C’est une forme de néo-colonialisme. Au nom de la dette, on crée des plans d’austérité qui sont une copie-conforme des plans d’ajustement structurel des années 1980. La finalité de ces plans est le même : il faut vendre l’ensemble des ressources pour payer la dette, et il faut laisser entrer les capitaux qui vont pouvoir faire fructifier ces ressources et rapatrier ensuite leurs bénéfices. Grâce à la dette, on justifie toutes les privatisations.

    C’est comme ça qu’on brade le port du Pirée, qu’on brade les côtes, qu’on brade n’importe quoi.

    #dette #Grèce #euro

  • Un guide sur les lichens pour apprécier la qualité de l’air
    http://www.actu-environnement.com/ae/news/air-lorraine-lichen-indicateur-pollution-24752.php4

    L’Association de surveillance de la qualité de l’air Air Lorraine a publié un guide sur la reconnaissance des lichens considérés comme des indicateurs de la qualité de l’air. Quatorze espèces de lichen sont ainsi répertoriées. Une photo permet d’identifier le lichen, de connaître son lieu de vie et surtout de savoir s’il est sensible ou non à la pollution atmosphérique. Pour ce faire, un pictogramme allant de rouge à vert signale si l’espèce est résistante à la pollution azotée, si elle supporte une pollution azotée moyenne et enfin si elle est sensible à l’azote. Dans ce dernier cas, la présence de l’espèce (telle que la parmélie grisée, le lichen pulmonaire ou le corail des arbres) signifie que l’air est de bonne qualité. Deux autres symboles précisent si l’espèce est indicatrice du changement climatique et des vieilles forêts.

    #écologie #pollution_atmosphérique #qualité_de_l'air #lichen

  • The Work We Do While We Sleep - The New Yorker
    http://www.newyorker.com/science/maria-konnikova/why-we-sleep

    It’s strange, when you think about it, that we spend close to a third of our lives asleep. Why do we do it? While we’re sleeping, we’re vulnerable—and, at least on the outside, supremely unproductive. In a 1719 sermon, “Vigilius, or, The Awakener,” Cotton Mather called an excess of sleep “sinful” and lamented that we often sleep when we should be working. Benjamin Franklin echoed the sentiment in “Poor Richard’s Almanack,” when he quipped that “there’ll be sleeping enough in the grave.” For a long time, sleep’s apparent uselessness amused even the scientists who studied it. The Harvard sleep researcher Robert Stickgold has recalled his former collaborator J. Allan Hobson joking that the only known function of sleep was to cure sleepiness. In a 2006 review of the explanations researchers had proposed for sleep, Marcos Frank, a neuroscientist then working at the University of Pennsylvania (he is now at WSU Spokane) concluded that the evidence for sleep’s putative effects on cognition was “weak or equivocal.”

    #sommeil

  • Why Can’t We Fall Asleep? - The New Yorker
    http://www.newyorker.com/science/maria-konnikova/why-cant-we-fall-asleep

    Here’s what’s supposed to happen when you fall asleep. Your body temperature falls, even as your feet and hands warm up—the temperature changes likely help the circadian clocks throughout your body to synchronize. Melatonin courses through your system—that tells your brain it’s time to quiet down. Your blood pressure falls and your heart rate slows. Your breathing evens out. You drift off to sleep.

    That, at least, is the ideal. But going to sleep isn’t always a simple process, and it seems to have grown more problematic in recent years, as I learned through a series of conversations this May, when some of the world’s leading sleep experts met with me to share their ongoing research into the nature of sleeping.

    #sommeil

  • Crash on Demand: Welcome to the Brown Tech Future
    http://permaculturenews.org/2014/01/16/crash-demand-welcome-brown-tech-future

    My argument is essentially that radical, but achievable, behaviour change from dependent consumers to responsible self reliant producers (by some relatively small minority of the global middle class), has a chance of stopping the juggernaut of consumer capitalism from driving the world over the climate change cliff.

    [...] this could happen by reducing consumption and capital enough to trigger a crash of the fragile global financial system. This provocative idea is intended to increase understanding while taking the risk that the argument could turn people away from permaculture as positive environmentalism, and brand me a lunatic, if not a terrorist.

    #David_Holmgren
    #permaculture #climat #énergie

    • Brown tech; Here and now

      So, a decade after our “debate” I have to concede that Peter Harper was right about the climate emergency, and that so far, Peak Oil has accelerated GGE through the rapid development of coal, non-conventional oil and gas along with the biofuel fiasco. (9) Maybe those discussions with Peter had a substantial influence on Future Scenarios because only 5 years after I wrote the scenarios I have come to the conclusion that the Brown Tech world (of Severe climate change but Slow decline in energy ) is already emergent.

      Pour rappel :

      Brown Tech Scenario

      The political system could be described as Corporatist or Fascist (which Mussolini described as a merger of state and corporate power).

      The tendency in existing systems for massive centralised investment by corporations and governments, give priority to getting more energy out of lower grade non-renewable resources (eg. tar sands, coal and uranium) and biofuels from industrial agriculture and forestry. “Breakthrough” technologies provide the constant promise of a better future but much of the investment in energy harvesting accelerates global warming, at least in the short term.

      http://www.futurescenarios.org/content/view/28/48/index.html

    • La nécessité d’utiliser des masses considérables pour réaliser d’urgence le maximum de puissance crée dans l’armée moderne une société d’un type nouveau, société massive et organisée qui n’obéit qu’à des fins pratiques. Que le système militaire s’étende à la vie civile, et la société totalitaire est née : or, le propre de la guerre moderne est de s’étendre à tout. L’obligation et la volonté d’être efficace y imposent une mobilisation grandissante des hommes et des biens. Cette tâche, chaque jour plus considérable et complexe, absorbe les esprits dans l’immédiat, au moment où la décadence des religions déchaîne une soif d’action pratique que la guerre peut seule apaiser. Ainsi la guerre va jusqu’au bout de l’espace et du temps, jusqu’au bout de la société, jusqu’au bout de la morale. Sous la pression, et dans le culte de la nécessité, elle centralise tous les pouvoirs entre les mains d’une seule direction politique ; afin d’obtenir un rendement maximum elle substitue au libre jeu de la société le plan et l’organisation méthodique de toutes les fonctions.

      http://seenthis.net/messages/285552

  • « Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature »
    http://www.bastamag.net/Refuser-la-soumission-alimentaire-aux-industriels-exercons-le-pouvoir-ense

    « Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. » Le texte est lu par des paysans le 17 juin 2015, à Amiens, à l’issue du procès en appel des neuf militants de la Confédération paysanne poursuivis pour des actions menées contre l’usine des 1000 vaches, en Picardie. Dans l’attente du jugement, le 16 septembre, le syndicat dénonce un libéralisme qui « se nourrit aussi de nos utopies, qui les avale et les recrache, pour mieux avancer ». Si (...)

    #Débattre

    / #Syndicalisme, Quelle #Agriculture_pour demain ?, Agriculture , #Alimentation

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ?

    • L’#industrialisation de l’#agriculture, de la bouffe abondante et bon marché prétend être l’assurance d’une alimentation suffisante pour l’humanité, avec ce qu’elle impose comme coûts sociaux, écologiques et climatiques ! Elle est surtout la réponse cynique à la paupérisation des populations par les politiques libérales, et le meilleur moyen de mieux les ponctionner par les loyers, les transports, ou les marchandises à #obsolescence_programmée... C’est l’intolérable réalité d’une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre, qui n’est que production artificielle imposée par les logiques standardisantes du business et du commerce international, pure destruction du mode alimentaire des peuples, totale négation du principe de #souveraineté alimentaire, de la liberté de chacun de choisir son alimentation.

      On nous place sous la dépendance alimentaire de quelques grands groupes industriels et financiers, assurant ainsi notre soumission. Car c’est aussi leur domination politique qui est en jeu, telle qu’elle se manifeste déjà dans les accords de #libre-échange actuellement négociés par l’UE avec l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis ou le Canada. Nous ne pouvons pas laisser faire, nous soumettre à cet ordre des choses, comme si tout cela était l’ordre inéluctable de l’évolution de l’humanité ! En n’agissant pas, nous nous rendrions coupables, nous deviendrions complices de ceux qui régissent le monde à leur unique profit. Nous avons le devoir de nous remettre en question, de tout remettre en question !

      #accaparement #agriculture_cyborg #agro-industrie

  • #Orwell,#Huxley and America’s Plunge into Authoritarianism
    http://www.counterpunch.org/2015/06/19/orwell-huxley-and-americas-plunge-into-authoritarianism

    Orwell warns that we will be overcome by an externally imposed oppression. But in Huxley’s vision, no Big Brother is required to deprive people of their autonomy, maturity and history. As he saw it, people will come to love their oppression, to adore the technologies that undo their capacities to think. What Orwell feared were those who would ban books. What Huxley feared was that there would be no reason to ban a book, for there would be no one who wanted to read one. Orwell feared those who would deprive us of information. Huxley feared those who would give us so much that we would be reduced to passivity and egoism. Orwell feared that the truth would be concealed from us. Huxley feared the truth would be drowned in a sea of irrelevance. Orwell feared we would become a captive culture. … As Huxley remarked in Brave New World Revisited, the civil libertarians and rationalists who are ever on the alert to oppose tyranny “failed to take into account man’s almost infinite appetite for distractions.” In 1984, Huxley added, people are controlled by inflicting pain. In Brave New World, they are controlled by inflicting pleasure. In short, Orwell feared that what we hate will ruin us. Huxley feared that what we love will ruin us.

    • vachement bien cet article.

      The fact is that Orwell’s and Huxley’s ironic representations of the modern totalitarian state – along with their implied defense of a democratic ideal rooted in the right to privacy and the right to be educated in the capacity to be autonomous and critical thinkers– has been transformed and mutilated almost beyond recognition by the material and ideological registers of a worldwide neoliberal order. Just as we can envision Orwell’s and Huxley’s dystopian fables morphing over time from “realistic novels” into a “real life documentary,” and now into a form of “reality TV,” privacy and freedom have been radically altered in an age of permanent, non-stop global exchange and circulation. That is, in the current moment, the right to privacy and freedom have been usurped by the seductions of a narcissistic culture and casino capitalism’s unending desire to turn every relationship into an act of commerce and to make all aspects of daily life subject to market forces under watchful eyes of both government and corporate regimes of #surveillance.

      lien avec http://seenthis.net/messages/358405
      #libéralisme #néolibéralisme #totalitarisme #narcissisme #imaginaire #vie_privée #marchandisation

  • En #Grèce, la résistance aux politiques d’#austérité ne s’est pas exprimée uniquement dans les rues (émeutes de 2008, mouvement de la place Syntagma, lutte des employées du nettoyage du ministère des Finances, occupation de la radio-télédiffusion publique…) et à l’Assemblée (opposition parlementaire) mais aussi dans des ateliers, des théâtres, des industries occupées, des terrains militaires réquisitionnés et transformés en parcelles de culture, des appartements vides convertis en dispensaires gratuits, en cantines sociales ou en crèches, dans les domaines les plus touchés par les coupes budgétaires : l’éducation, la culture, la santé, l’agriculture et l’alimentation, l’industrie, l’entraide et la préservation des territoires.

    Ces initiatives se sont développées dans les ruines de l’État social, à mi-chemin de l’#autogestion, de l’humanitaire, de la microentreprise et des luttes sociales et politiques ; elles sont très souvent apparues pour répondre à une nécessité de survie mais expriment aussi fréquemment une nécessité d’un autre ordre — continuer à exercer son art, par exemple, dans un environnement professionnel sinistré, comme c’est le cas d’un très grand nombre de troupes théâtrales : continuer à exister socialement, maintenir sa vie.

    Cette page a vocation à collecter et présenter sous forme de liens la documentation disponible en ligne (d’abord en langue française, secondairement en anglais et en grec) concernant ces initiatives. Elle sera régulièrement mise à jour ; vous pouvez y contribuer en envoyant le lien d’un texte ou d’un article à l’adresse suivante : dimitris.alexakis@yahoo.fr.

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/06/14/grece-autogestion-et-circuits-de-production-paralleles-res

    #agriculture #culture #autodéfense_sociale #austérité #mouvements #économie #sortir_de_l'économie #argent #monnaie #monnaie_locale #échanges

  • Dans la nuit de mercredi à jeudi à Heuringhem, dans le Pas-de-Calais, un opposant à une ferme-usine de 4 500 porcs se réveille en sursaut : de la paille et un pneu brûlent devant chez lui. Des intimidations qui pourraient être le fait de militants FDSEA, mécontents d’une décision de justice défavorable à la ferme-usine.
    http://reporterre.net/Des-partisans-d-une-ferme-usine-menacent-par-le-feu-l-association-ecolog
    Le projet a été lancé en 2011 mais a subi un coup d’arrêt avec la suspension du permis de construire en octobre 2013. Après un an et demi d’arrêt des travaux, le tribunal administratif de Lille a rendu lundi dernier sa décision : l’annulation partielle du permis de construire.

    Cette décision de justice ne semble pas avoir été acceptée par les défenseurs du projet. Jean-Michel Jedraszak de l’Aives est choqué : « Moi, je m’attaque à un bout de papier ; ça n’a rien à voir avec ce qu’il vient de se passer. » La Confédération paysanne quant à elle ne mâche pas ses mots. Elle condamne « fermement le comportement irresponsable des membres de la FDSEA 62, poussés par leur président à perpétrer des actes qui méritent la qualification de fascistes. »
    Le président de la FDSEA 62, Pierre Hannebique, trouve le terme tranché et il répond qu’« on nous parle des méthodes de la FNSEA mais regardez celles de la Confédération paysanne qui va démonter une salle de traite... » Mettre sur le même plan une action de démontage en plein jour sur le site de la ferme-usine des milles vaches et une autre qui déclenche un feu devant une habitation la nuit ne semble pourtant pas relever du même registre. Le président de la FDSEA 62 le reconnaît, « la réaction à la décision du tribunal est disproportionnée ». Quant aux feux déclenchés dans la nuit de mercredi à jeudi, il ne la revendique pas mais ne la nie pas non plus. « Je comprends que certains soient en colère et agissent ainsi, mais je ne cautionne pas. »
    La réponse n’étonne pas, elle a déjà été entendue à de nombreuses reprises. On se souvient de la #FNSEA qui avait piétiné des ragondins à Nantes. Réaction de Xavier Beulin, le président national : « Je considère que c’est une connerie et je ne cautionne pas ce type de dérapage. »
    Il y avait eu en septembre 2014 l’incendie du centre des impôts et de la Mutualité sociale des agriculteurs dans le Finistère. Déclaration de Xavier Beulin, président national du syndicat qui a temporisé en expliquant que « c’est une action d’une violence certaine qui traduit malheureusement une exaspération, une détresse très forte dans le monde agricole aujourd’hui ». De son côté, le président départemental du syndicat agricole, Thierry Merret, avait carrément soutenu les délinquants, déclarant : « Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu’ils ont fait. »

    #brown_tech #délinquants #agro-industrie
    voir aussi
    http://seenthis.net/messages/364591
    http://seenthis.net/messages/350986
    http://seenthis.net/messages/349122
    http://seenthis.net/messages/348916
    http://seenthis.net/messages/348734
    http://seenthis.net/messages/348617
    http://seenthis.net/messages/348141
    http://seenthis.net/messages/319547

  • Sommes-nous responsables du #changement_climatique ?
    http://lepeuplebreton.bzh/sommes-nous-responsables-du-changement-climatique
    Gaël BRIAND

    Alors que lʼ#écologie était omniprésente dans les médias et la société voilà quelques années, on constate aujourdʼhui une baisse de lʼintérêt pour ce courant #politique. Selon une étude de la société de services en développement durable GreenFlex parue le 1er juin 2015, 23,7 % des Français se disent désengagés face aux problématiques écologiques contre 15 % en 2014. Moins de 19,6 % des personnes interrogées se disent « très soucieuses des problèmes liés à lʼ#environnement » et 19,3 % pensent quʼ « agir pour lʼenvironnement nʼen vaut la peine que si cela leur fait gagner de lʼargent ». Une étude qui en dit long sur nos sociétés capitalistes…

    Le #climat évolue, la #biodiversité trinque et lʼinfluence de lʼHomme sur son milieu nʼest plus à prouver. Pourtant, les pouvoirs publics ne semblent pas prendre ces problèmes à bras le corps, comme si la planète pouvait supporter encore quelques décennies de #productivisme alors que lʼon sait pertinemment que ses #ressources sʼépuisent. Pire, les États riches se permettent de rejeter la faute sur les États pauvres qui, selon eux, utilisent plus dʼénergies fossiles et donc contribuent plus à la #pollution, ce qui autoriserait les États riches à poursuivre le saccage ! Côté individuel, même chanson : les #médias nous abreuvent de lʼidée selon laquelle « ce sont les petits gestes qui comptent » et sʼétonnent que les Occidentaux persistent à ne pas faire évoluer leur mode de vie, leurs habitudes de #consommation.
    Cʼest probablement que lʼon ne sʼintéresse à lʼécologie que lorsque lʼon est en « sécurité ». Lʼétude de GreenFlex appelle « rétractés » les personnes désengagées. 64 % seraient des hommes et on note une surreprésentation « chez les chômeurs et les populations modestes ». La précarisation actuelle de la société (associé au sentiment de précarisation) nʼincite en effet pas à la prise de recul. Même les CDI ne sont plus sûrs : en 2011, une étude du ministère du Travail expliquait quʼun tiers des CDI avaient été rompus avant la fin de la première année. La tête dans le guidon, la réflexion sur lʼinteraction hommes-milieux paraît malheureusement assez « bobo »…
    Il faut dire que lʼécologie est considérée chez nous sous lʼangle punitif. De lʼécotaxe – qui était une prime à la centralité – aux interdictions de circuler en passant par les barbants « gestes du quotidien », tout est fait pour que lʼécologie soit impopulaire. Lʼétude dont il est question au début de cet article pose la question du « sacrifice » que les gens seraient capables, ou non, de faire pour favoriser la planète. Se soucier de son milieu nécessiterait donc de sacrifier une part de son bien-être ? Cʼest ce que beaucoup de mouvements écologistes tentent dʼinsinuer dans la tête des gens : je sauve le monde car jʼarrête de prendre des bains ! En caricaturant, on peut donc aisément dire quʼun super-héros serait alors un homme sale.
    Même sʼil est évident, à lʼinstar de ce que disent les Colibris, que lʼeffort de chacun est nécessaire, rejeter sur lʼindividu la #responsabilité collective, cʼest oublier que le citoyen nʼest pas maître – en France du moins – des décisions politiques dʼenvergure. Qui peut affirmer, par exemple, que le choix du #nucléaire est un choix individuel ? Qui peut sérieusement estimer que la paix dans le monde commence par la politesse quand, dans le même temps, les États occidentaux au langage si policé vendent des armes dans les zones instables ? Certes, éteindre sa lumière en quittant une pièce et dire « bonjour » à ses voisins sont des attitudes qui ne peuvent pas faire de mal, mais cela ramène la responsabilité à des niveaux sensiblement différents : pour les uns, fermer un robinet, pour les autres, cesser une politique suicidaire.
    Lʼobjet de ce point de vue nʼest pas dʼaffirmer que le principe de pollueur-payeur est néfaste ou de justifier un gaspillage inadmissible, mais dʼinterroger sur lʼun des fondements qui a prévalu à la pensée politique écologiste, à savoir le « risque ». À force de tout évaluer à lʼaune du risque, on en fait le principe de nos valeurs, dit en substance Ulrich Beck dans son ouvrage La société du risque (1986). La conscience écologique fait partie de ce jeu depuis les années 70 et cela sʼest accentué à partir de la fin du XXe siècle. Ce sont par exemple les écologistes qui ont créé ce qui appartient aujourdʼhui au vocabulaire politique de tous les « décideurs », à savoir le « principe de précaution ».
    Plus récemment, on a vu fleurir des agences de notation et des procédures en tout genre définissant lʼ« acceptabilité » du risque. Car notre vie est devenue une course dʼobstacles au milieu de « risques » : manger est risqué, se déplacer est risqué, boire est risqué, faire lʼamour est risqué…
    Tout cela pour dire que la société actuelle est régie par la peur et cʼest à lʼaune de cette peur, de ce risque hypothétique, que lʼon prend des décisions. Or, les États rejettent la responsabilité sur les individus, justifiant leur propre irresponsabilité par le fait que – loi de lʼoffre et de la demande oblige – cʼest lʼindividu qui choisit ce quʼil consomme (ex. : #OGM ou non) et que, par conséquent, le pouvoir est entre ses mains de citoyen. Le paradoxe, cʼest quʼalors que lʼindividu fait des efforts en tentant de réduire les risques, lʼÉtat lui impose des risques collectifs bien plus graves. Si bien que lʼindividu lambda ne perçoit pas le changement, malgré ses efforts. Ceci peut, en partie du moins, expliquer le fait que nombre de citoyens se désintéressent de ce sujet pourtant ô combien primordial. Ces personnes ont parfaitement conscience de lʼétat de la planète, mais dès lors quʼils ne peuvent pas agir réellement, concrètement, à grande échelle sur ce phénomène, ils le laissent de côté.
    Lʼécologie ne peut pas être cosmétique. Or, le capitalisme en fait un objet de marketing parmi dʼautres. Lʼécologie, au contraire, impose un changement de paradigme profond que le pouvoir doit prendre en compte dans ses politiques. Quand notre société aura monté cette « marche », on pourra peut-être enfin parler de réduction de la production et façonner une société qui vivent en fonction de ses besoins et non de ses envies. Cela nʼa rien de frustrant, mais nécessite simplement une adaptation de la technique à ces impératifs. Un choix politique qui sous-tend une législation adéquate. Encore faudrait-il que le citoyen ait le pouvoir de lʼimposer. Et pour cela, il faudrait revoir nos institutions pour que les décisions se prennent à lʼéchelon le plus petit. On appelle ça « subsidiarité » et cʼest un principe de base de la démocratie. Or, dès lors que la démocratie nʼest pas effective, il est injuste de faire porter la responsabilité sur les individus…

    Assez prévisible dans une société où la question de la
    #démocratie et de la #représentation (cc @aude_v) est éludée, et où le #libéralisme a évacué la question de la #justice_sociale. On se retrouve avec un pouvoir sur lequel on n’a plus la possibilité d’agir et qui nous balance des sermons « #développement_durable » hypocrites et infantilisants.

    • Anecdote personnelle

      Il y a 17 ou 18 ans de cela, j’essayais vainement de faire comprendre aux gentils militants écolos de Chiche ! qui disputaient d’opposition aux OGM qu’il était intellectuellement désarmant de lutter en acceptant le langage de l’ennemi. Qu’on se désarmait soi-même en acceptant de parler en termes de « risques » et de « peur ».
      Qu’en l’occurrence, il ne s’agissait pas de « risques », mais de certitudes - l’ « incertitude » concernant seulement, question ô combien passionnante !, où, quand et comment - sur qui - les conséquences morbides de telle ou telle nouvelle technologie seraient d’abord perçues...
      Qu’il s’agissait de manifester un refus de ces conséquences et de donc leurs causes, et certainement pas d’adopter le langage de leurs promoteurs.

      Quand aux peurs, aux prises de risque, on pouvait et on devait en parler entre amis, entre alliés, entre personnes de confiance : mais les politiser ne signifiait certainement pas d’en faire état, encore moins les brandir comme argument devant un pouvoir que l’on combat.
      Nous n’étions pas nombreux (et où je me trouvais - Grenoble - j’étais souvent bien seul) à formuler cet type de critique, et ne fumes guère écoutés. L’ « information au consommateur » et le « principe de précaution » étaient des slogans tellement plus vendeurs, tellement plus porteurs à très court terme, et ce milieu écologiste semblait pour beaucoup, dont c’était la première expérience d’engagement, une forme d’alternative à une réelle politisation, à une prise de conscience un peu douloureuse des réalités des luttes sociales.

      Mais les ébauches de luttes d’alors (je pense aux campagnes contre les OGM en particulier) semblent bien loin aujourd’hui

      #ancien_combattant
      #vieux_ronchon

    • vu sur twitter : https://twitter.com/clemence_h_/status/638632249152417792

      Vous savez quand sur un produit alimentaire ou un billet de train on affiche l’empreinte Co2 ? C’est pour individualiser le problème.
      Ce sont des grandes entreprises de l’agro-alimentaire ou de transport (RATP, SNCF) qui affichent ça. Elles ont un pouvoir d’action énorme !!
      Mais si implicitement elles rejettent la faute sur vous... Elles n’ont plus besoin d’agir. Ça devient votre responsabilité, VOUS devez changer
      Le + vicieux dans tout ça c’est que les gens pensent que c’est un progrès en soi d’afficher le Co2. Mais ça bloque tout progrès structurel.
      La SNCF supprime des trains et des milliers d’emploi depuis des décennies. Mais voyez combien vous émettez pour un Paris-Bordeaux !!!
      On vit dans un système climaticide. On ne pourra pas sauver le climat en changeant individuellement nos consommations ! Ça ne suffira jamais
      Et ils savent que ce sera toujours insuffisant !! C’est pour ça que les grandes entreprises individualisent le truc !!!!
      Et c’est pour ça que quand Naomi Klein écrit un livre anti-capitaliste Antoine de Caunes lui demande ce qu’il peut faire individuellement.
      Parce que changer le système, agir collectivement, prendre des mesures politiques fortes- tout ça n’est pas dans nos esprits.

      #libéralisation #atomisation

  • #Prédation. #Nature, le nouvel eldorado de la #finance
    http://www.reporterre.net/Predation-Nature-le-nouvel-eldorado-de-la-finance

    La protection de l’environnement devient un marché particulièrement juteux. On connaît déjà le business du développement durable et de la croissance verte. Un pas supplémentaire est toutefois en passe d’être franchi : désormais, les terres, les forêts, les animaux et les végétaux sont transformés en produits bancaires et financiers. De fait, selon le vieil adage « tout ce qui est rare est cher », les espèces vivantes en voie de disparition, les terres et les écosystèmes menacés prennent de la valeur. La nature devient alors un capital sur lequel il est possible de spéculer.

    Cette enquête raconte l’histoire de la mainmise économique et bancaire sur les ressources vivantes à l’échelle planétaire, une véritable entreprise de prédation. Elle révèle que des banques et des fonds d’investissement achètent aujourd’hui d’immenses zones naturelles riches en espèces animales et végétales en danger, partout dans le monde, pour les échanger sur des marchés. Elle dévoile également le rôle crucial des lobbies, qui s’activent auprès des institutions européennes et internationales pour favoriser le développement de cette branche financière du green business.

    Sandrine Feydel et Christophe Bonneuil nous conduisent en Ouganda, au Brésil, en Amazonie, aux États-Unis et en Malaisie, où des bio-banques « protègent » désormais des écosystèmes en danger. Ils décrivent les dangers auxquels se trouvent alors exposés les populations locales et leur environnement naturel.

    Ils montrent enfin que ce sont souvent les entreprises les plus destructrices de l’environnement, comme les industries minières et pétrolières, qui s’intéressent à ces marchés, et que les institutions financières responsables de la crise des subprimes en 2008 n’en ont décidément tiré aucune leçon et nous préparent un « krach vert »…

    #livre

  • Le Tour Alternatiba s’est lancé sous le soleil et les applaudissements
    http://blogs.mediapart.fr/blog/alternatiba/050615/le-tour-alternatiba-sest-lance-sous-le-soleil-et-les-applaudissement

    « La bataille qui se joue aujourd’hui pour contenir le dérèglement climatique est décisive pour les conditions de vie à venir. Elle n’est ni gagnée, ni perdue. Son sort est dans les mains de notre génération. Il se joue en ce moment même. » a déclaré Mme Christiane Hessel, veuve de Stéphane Hessel, qui avait parrainé le processus #Alternatiba. C’est elle qui a coupé le ruban officiel du départ du Tour Alternatiba, à 14H00 précises. Les vélos de 3 et 4 places, symbolisant la #transition écologique et la solidarité, se sont alors lancés direction San Sébastien.


    Prises de paroles pour l’#agriculture_paysanne, les ateliers #vélo ou les monnaies locales, contre les #gaz_de_schiste ou les #gpii grands projets inutiles se sont succédées, entrecoupées par diverses prestations artistiques. La Coordination européenne des Alternatiba a insisté sur l’importance stratégique que va revêtir la mobilisation citoyenne dans les mois et les années à venir, « Après 20 ans d’échecs de ces négociations internationales, alors que les intentions actuellement affichées par nos Etats sont loin d’être à la hauteur des enjeux, et parce que les climatologues disent qu’on ne peut pas se permettre d’attendre 2020 pour commencer à agir ».

    « Nous sommes condamnés à faire aujourd’hui des paris fous, car ce sont les seuls que les générations vivant en 2040 jugeront sensés ! »
    [...]
    Deux heures avant, l’économiste expert en questions climatiques Maxime Combes @maxime1 concluait quant à lui une conférence donnée devant plus de 300 personnes en affirmant qu’ "Il existe des signaux positifs dans la perspective de la conférence de Paris : moins du côté des négociations qui font preuve d’inertie et d’inefficacité, que du côté des mouvements pour la justice climatique (#Blockadia, Alternatiba, désinvestissement, anti-#TAFTA) qui montrent la voie à suivre pour éviter le chaos climatique et mener la transition écologique et sociale dont nous avons besoin".

    #climat

    • Il n’y a jamais eu d’association d’auto-stoppeurs, il n’y en aura jamais. (...) [Le] #covoiturage [est] au voyage ce que Facebook est à l’amitié.

    • #logique_du_don #réciprocité #psychologie_sociale #marchandisation #transports #exclusion #invisibilisation

      Souvent, il n’y a pas de mots. Vous feignez d’être sourd. Pitoyable. Je suis face à vous, je vous parle et vous tournez la tête. Vous accélérez vers la caisse, vous faites comme si vous n’aviez pas entendu. Pour vous, je n’existe pas. Vous voulez continuer votre autoroute seul, sans que rien n’arrive. Mon interférence est intolérable. Votre vie ordonnée. Je ne vous aime pas. Je vous ai vus. Maniaques. Vous êtes moche et vous ne dites rien.

      Ceux qui énoncent à haute voix « je ne prends jamais personne en stop » sont encore plus effrayants. Eux verbalisent leur haine. Les autres la cachent comme une honte. C’est courant de passer devant un mendiant en évitant son regard. C’est plus rare d’avoir l’aplomb de lui dire : « Je ne donne jamais rien à personne. »

      Les voitures de société sont une plaie. Elles sont brandies en boucliers : « Je ne peux pas, c’est une voiture de société, je ne suis pas assuré. » L’argument est faux, mais vous y croyez peut-être. Certains patrons interdisent à leurs employés de prendre des gens en stop. Patrons en question, vous êtes minables. Employés qui appliquez la règle débile, vous n’êtes pas glorieux.

    • Mouai je trouve un peu dommage la réaction envers ceux qui ne prennent pas. Ce n’est pas une obligation de prendre quelqu’un en stop, et ça perdrait de son charme si ça l’était (quoi que j’ai entendu dire que c’était le cas à Cuba et que ça marchait plutôt bien). Et puis peut-être que la personne est fatiguée, ou pressée, ou n’a juste pas envie, mais que la fois suivante, ou celle d’après, elle prendra quelqu’un (ou pas).

      C’est comme si on en voulait aux gens sur bewelcome de ne pas héberger, ça me parait gros.

      Et même s’il n’y a pas d’association, il y a des sites d’aide à l’autostop, avec des échanges d’astuces, comme les bons lieux pour de placer. Et aussi quelques règles évidentes (si y’a plusieurs autostoppeurs au même endroit, le premier arrivé est prioritaire, ou on se place un peu plus loin).

      Je trouve aussi fort dommage la critique du covoiturage : même si c’est moins l’aventure que le stop, et que c’est devenu un commerce (enfin il y a covoiturage-libre aussi), ça reste une pratique intéressante et mieux que de se retrouver à 1 par voiture.

  • Le mouvement de la transition entame son tour d’Europe : 5600 km à vélo
    http://www.bastamag.net/Le-mouvement-de-la-transition-entame-son-tour-d-Europe-5600-km-a-velo

    Sous le soleil et les applaudissements de Bayonne, le tour Alternatiba a pris le départ ce 5 juin à 14 heures. Pendant près de quatre mois, quarante militants vont se relayer, à vélo, parcourir 5600 km et traverser 187 territoires, aussi bien en France que dans les pays voisins. L’arrivée est prévue le 26 septembre à Paris lors d’un village des alternatives, où 50 000 personnes sont espérées. D’ici là, de San Sébastien à Bruxelles, de Besançon à Quimper, de Marseille à La Rochelle, la caravane du Tour (...)

    En bref

    / #Altermondialisme, #Luttes_sociales, #Alternatives_concrètes, #Europe, #Climat, Le défi du réchauffement (...)

    #Le_défi_du_réchauffement_climatique

  • Ils accaparent la pelouse de Bolloré pour dénoncer son implication dans les accaparements des terres
    http://farmlandgrab.org/post/view/25004-ils-accaparent-la-pelouse-de-bollore-pour-denoncer-son-implicati

    « Il prend nos terres, à nous de prendre les siennes ». Ce jeudi 4 juin, ils seront plusieurs dizaines à répondre à l’appel des communautés locales privés de terre par les plantations industrielles liées au groupe Bolloré. Armés de bêches et de râteaux, ils s’invitent à l’assemblée générale du groupe #Bolloré à 16h au 31-32 quai de Dion Bouton à Puteaux. « Nous n’avons plus de terres à cultiver dans notre pays, aujourd’hui, nous venons planter le manioc dans votre pelouse, M. Bolloré », voilà le message porté par les Camerounais et Ivoiriens ce jour-là, soutenus par la Confédération paysanne et de nombreuses ONG françaises (Sherpa, Peuples Solidaires, CCFD, Grain, Agter). Cette action s’inscrit dans un mouvement de résistance mondiale lancé fin avril par l’Alliance internationale des communautés riveraines des plantations Socfin Bolloré avec le blocage des plantations au Cameroun entre le 23 et le 28 avril, suivis des manifestations au Liberia, au Cambodge et en Côte d’Ivoire. Partout les communautés ont les mêmes revendications : que la Socfin rétrocède l’usage d’une partie des #terres considérées comme espace vital aux villageois riverains, qu’elle tienne ses engagements sur les compensations auxquelles les différents accords l’engagent (voir état des lieux et revendications ci-joint).

    #résistance

  • Mon espace intérieur n’est plus à moi

    Voulez-vous bien faire un exercice avec moi ? Tenez ! cela coûte si peu : engageons-nous à le faire dès ce soir. Ce soir, à l’heure d’aller nous coucher, arrêtons-nous deux minutes. Deux minutes suffisent. Deux minutes, c’est long pour un homme qui s’arrête. Et demandons-nous ce que nous contenons. Ce que je vous propose, en somme, c’est un examen de conscience. Oui, mais concret et, si je puis dire, matériel. Car il y a en chacun de nous un espace intérieur qu’il faut traverser, parcourir comme un espace véritable, en regardant quels objets sont là et où ils sont.
    C’est un grouillement d’images et de sons que nous allons trouver - des sons qui éclatent et ne se terminent pas, des bouts d’image dont aucune ne réussit à devenir une forme. Nous allons même trouver des objets plus vagues encore, des sortes de poussées, des mouvements qui ont la force de besoins. C’est le bric à brac ordinaire d’une conscience. Il n’y a vraiment pas de quoi s’étonner. Mais nous allons nous poser une autre question : ces morceaux d’images et de sons, ces fragments de désirs, sont-ils à moi ? Sont-ils à moi, ou d’autres les ont-ils mis en moi ? Est-ce ma voix que j’entends ainsi - ma voix quand je parlais tout à l’heure à quelqu’un ? Est-ce la voix de ma femme, de mes enfants, de mes amis, d’êtres vivants ? Et ces images, est-ce qu’elles me rappellent des objets dont je me suis servi, les lieux où j’ai marché, travaillé ? En vérité, c’est bien peu probable. Les images, ce seront celles de la télévision (pourtant, je ne l’ai regardée qu’une heure). Ce seront celles de toutes ces pancartes, de tous ces signaux qu’on a brandis sous mon nez depuis le matin dans les rues de ma ville, sur la première page des journaux, aux devantures des magasins, et jusque sur le paquet de lessive que j’ai acheté en rentrant. Les voix, ce seront celles des miens, mais jamais seules, toujours mêlées à d’autres voix étrangement familières et entièrement indifférentes - celles de toutes ces femmes et de tous ces hommes que je ne recontrerai jamais, auxquels je n’aurais du reste rien à dire et qui ne me parleront pas. Comment ! Mais ils me parlent ! Ils ne font que cela, à la radio, à la télévision, au cinéma, au téléphone, sur papier, sur bande magnétique... Ils le font, et pourtant rien n’a lieu. Ils ne savent pas à qui ils s’adressent. Ils parlent, mais c’est parce-qu’ils savent que de nos jours la parole se vend.
    Telle est l’odieuse découverte : mon espace intérieur n’est plus à moi. J’y trouve encore quelques objets personnels mais comme une épingle dans un tas de foin. Et mon espace intérieur n’est pas non plus aux autres : je n’ai pas eu le projet de le leur donner. Il n’est à personne. Il est jonché d’objets. Il existait déjà des cimetières de voitures, et je m’en plaignais, car ils détruisent le paysage. Mais voici qu’à mon tour je deviens cimetière de mots, de cris, de musiques, de gestes que personne ne fait pour de bon, d’informations, de recettes, de séquences cent fois répétées et que personne ne veut.

    Jacques Lusseyran - Contre la pollution du moi - Juillet 1971
    #vie_intérieure #pollution #bruit #publicité #média #consommation #société_du_spectacle #insignifiance

  • #Migrations forcées : ces politiques néolibérales qui chassent les paysans de leurs terres
    http://www.bastamag.net/Migrations-forcees-ces-politiques-neoliberales-qui-expulsent-les-paysans-d

    Face aux milliers de personnes qui se noient en Méditerranée, l’indignation côtoie l’indifférence. En France et en Europe, les évacuations de campements de migrants se succèdent, comme le 2 juin dans le quartier de La Chapelle à Paris. Mais s’intéresser aux causes de ces migrations forcées ne semble plus intéresser grand monde, alors que les dérèglements climatiques s’ajoutent à la pauvreté et à la brutalité économique néolibérale. Les petits paysans, contraints de quitter leurs terres, sont en première (...)

    #Témoignages

    / #Altermondialisme, Migrations, #Syndicalisme, #Luttes_sociales, Quelle agriculture pour demain ?, Droit à la (...)

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ? #Droit_à_la_terre

  • L’Art d’ignorer les #pauvres, par John K. Galbraith
    http://www.les-crises.fr/ignorer-les-pauvres-galbraith

    Chaque catastrophe ” naturelle ” révèle, s’il en était besoin, l’extrême fragilité des #classes populaires, dont la vie comme la survie se trouvent dévaluées. Pis, la compassion pour les pauvres, affichée au coup par coup, masque mal que de tout temps des penseurs ont cherché à justifier la #misère – en culpabilisant au besoin ses victimes – et à rejeter toute #politique sérieuse pour l’éradiquer.

    Je voudrais livrer ici quelques réflexions sur l’un des plus anciens exercices humains : le processus par lequel, au fil des années, et même au cours des siècles, nous avons entrepris de nous épargner toute mauvaise conscience au sujet des pauvres. Pauvres et riches ont toujours vécu côte à côte, toujours inconfortablement, parfois de manière périlleuse. Plutarque affirmait que ” le déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne et la plus fatale des maladies des républiques “. Les problèmes résultant de cette coexistence, et particulièrement celui de la justification de la bonne fortune de quelques-uns face à la mauvaise fortune des autres, sont une préoccupation intellectuelle de tous les temps. Ils continuent de l’être aujourd’hui.

  • Entretien avec une chercheure en #sociologie #rurale | les paysans et paysannes dans la lutte des classes
    http://blogs.radiocanut.org/luttespaysannes/2015/05/22/entretien-avec-une-chercheure-en-sociologie-rurale
    http://blogs.radiocanut.org/luttespaysannes/files/2015/05/lpdllc21mai2015.mp3

    Émission du 21 mai 2015 : entretien avec Yannick Sencébé, chercheure en sociologie rurale à l’Inra. Historique de la sociologie rurale, critique des politiques d’aménagement du #territoire et réflexions sociales et politiques autour de la #ruralité.

  • A Lisbonne, les parcs deviennent des #potagers urbains
    http://www.reporterre.net/A-Lisbonne-les-parcs-deviennent

    A Lisbonne, la municipalité a réagi à la crise en faisant le pari que l’#agriculture_urbaine pouvait avoir un rôle social. Des hectares d’espaces verts sont devenus des potagers urbains, et les parcelles attribuées sur critères sociaux à 500 familles. Une façon d’augmenter leurs revenus, tout en améliorant la #résilience de la ville et en répondant au #changement_climatique.
    [...]
    Depuis 2008, la municipalité a décidé de revoir son approche. Au programme : jardins, vergers et potagers urbains, parcs, corridors verts et pistes cyclables pour relier tous ces espaces de respiration.
    Sur 32 hectares d’espaces verts, 7 sont devenus des potagers ou des jardins urbains. Des parcelles de 50 mètres carrés pour les plus petites, 1500 mètres carrés pour les plus grandes, ont été attribuées à 500 familles. Le but est de doubler ce chiffre d’ici 2017.


    Les plus grandes parcelles sont distribuées en priorité aux chômeurs ou personnes habitant des logements sociaux. « Elles ont vraiment un rôle social, insiste Duarte Mata. Elles permettent de compléter des revenus insuffisants et d’améliorer la qualité de l’#alimentation de la famille. »
    Mais cela a aussi transformé le visage de la ville. Les pelouses vertes laissent peu à peu place à des jardins riches en biodiversité. Les occupants de parcelles ont l’obligation de laisser le passage aux promeneurs dans les allées. « Les parcs ont désormais plusieurs fonctions : récréative, mais aussi de production alimentaire, se félicite l’architecte. Et la présence de personnes dans les jardins crée un sentiment de sécurité pour tous. »

    Forte de ce succès, la ville est donc en train d’augmenter la surface des parcs, tout en diminuant les coûts d’entretien. Plus besoin d’arroser les pelouses tout l’été pour les garder bien vertes, ou d’arroser d’herbicides les allées. « Désormais, ce sont les citoyens qui s’occupent des parcs », se réjouit Duarte Mata. Des formations à l’#agriculture_biologique sont même proposées aux heureux occupants de parcelles.

    Faire face aux pénuries alimentaires et au changement climatique
    De quoi créer une ville plus verte, mais aussi plus résiliente. C’est ce que souligne un article des Centres de ressource en agriculture urbaine, qui résume le plan stratégique d’Agriculture urbaine de la capitale portugaise :
    « Ce plan souligne combien l’agriculture urbaine est importante pour une ville, principalement à cause de sa dépendance aux légumes frais, de la montée des cours internationaux, et du revenu supplémentaire que cela apporte aux familles. Un autre facteur (…) est que cela permet de faire face aux éventuelles pénuries alimentaires. (…) Vous ne savez jamais ce qui peut arriver – événements soudains, catastrophes naturelles ou guerres (…). Par exemple, Lisbonne est située dans une région sismique et subit fréquemment des tremblements de terre, dont un en 1755 qui fût l’un des pires de l’histoire humaine. »
    Résilience, et donc également adaptation au changement climatique. « Chaque année les pluies sont plus intenses, nous avons eu cinq inondations rien que cet hiver », souligne Duarte Mata. Les sols cultivés permettent d’absorber le trop plein d’eau et d’atténuer les conséquences des fortes averses. L’été, les jardins permettent à l’inverse de lutter contre les vagues de chaleur, elles aussi de plus en plus fréquentes.

    #bonne_nouvelle
    le gazon c’est la mort http://seenthis.net/messages/356092 le #potager c’est la vie

  • « Être fort assez ». Entretien radiophonique avec Jeanne Favret-Saada - La sorcellerie dans le bocage de Mayenne - jef klak
    http://jefklak.org/?p=2001

    Par @intempestive et Yeter Akyaz

    Oui, voilà, vous étiez sa cliente : vous avez vous-même été engagée dans un désorcèlement avec madame Flora.

    J’étais sa cliente pour ma vie, et d’ailleurs, elle m’a appris des choses. J’étais au même moment en psychanalyse, et elle m’a appris des choses que la psychanalyste était absolument incapable de m’apprendre. Entre autres, à me dépatouiller des rapports de force injustes – ce qui est une chose sur laquelle j’avais toujours achoppé jusque-là. À partir du moment où elle m’a donné, sur plusieurs années, cet entraînement, je l’ai fait sans me fatiguer : dès que je m’aperçois qu’on est en train de me maltraiter, je mets toujours quelques claques morales aux uns et aux autres, jusqu’à ce qu’ils comprennent que je suis là, en face. Après, je m’arrête, parce que moi, j’ai horreur des rapports de force. Mais je peux mettre mon habit de méchante, mon habit de fille agressive avec des collègues, par exemple.

    Très chouette entretien

    #sorcellerie

    • [Ils disqualifient] même les pratiques paysannes. Par exemple, le directeur de l’hôpital psychiatrique me disait : « Être psychiatre ici, c’est de l’art vétérinaire. Ils n’ont pas de parole. » Ce n’est pas vrai. Quand ils ont commencé à me parler, ils ne s’arrêtaient pas pendant quatre heures. On peut dire qu’ils ont une parole. Interdite ou retenue devant le notable qui peut les interner, mais c’est tout. On ne peut pas dire que ce sont des êtres sans paroles, mais on peut dire qu’ils savent ce qu’est un rapport de force et qu’ils ne vont pas se risquer.

      Vous montrez, à travers des exemples, que le discours prétendument rationnel, prétendument scientifique, est chargé de mythologie et de représentations qui ne sont pas plus justes que les représentations qui s’expriment à travers la sorcellerie…

      Je peux même vous dire que depuis que mes livres ont été publiés, jusqu’à aujourd’hui – cela s’est produit cette semaine encore –, il y a pas mal de savants et de chercheurs qui m’écrivent pour me demander de les « désorceler ». D’ailleurs, je ne réponds pas, en général, à ces lettres parce qu’ils penseraient que c’est moi qui dois les désorceler, ce que je ne veux pas faire, de toute façon. J’ai eu sept ou huit directeurs de recherche au CNRS qui m’ont directement demandé de les désorceler. Donc il ne faut pas… vous voyez.

      Mais là, ce sont des comportements totalement irrationnels au regard de l’univers dans lesquels ils s’expriment…

      Être pris dans une crise de sorcellerie, c’est être pris dans des malheurs à répétition. Tout lecteur de mes livres, y compris s’il est directeur de recherche au CNRS, qui est lui-même pris dans des malheurs à répétition, se projette immédiatement sur ce que j’écris et pense tout de suite que j’ai la clef de son problème. Bien qu’il sache qu’il y a d’autres types de personnes qui s’occupent des malheurs à répétition, par exemple les psychiatres, les psychanalystes et toute une série de gens qui ont inventé les thérapies pour ceci ou cela, il ne veut pas s’adresser [à ces personnes]. C’est ce qu’il ne dit justement pas : « Je ne veux pas m’y adresser » ou : « Je m’y suis adressé et ça ne m’a rien fait ». C’est tout à fait absent de leur propos. [Ils disent :] « Je veux que vous me trouviez un désorceleur ». Vous voyez.

      Mais ce qui est frappant, c’est de voir comment le moindre de mes lecteurs, pourvu qu’il soit pris dans des malheurs à répétition, se projette immédiatement, parce qu’il a, comme je le dis dans un papier qui sort ces jours-ci2, « la mort aux trousses ». Il sent qu’il a la mort aux trousses, et là, il ne fait plus du tout de discours, il ne fait plus de chichis intellectuels, il ne dit pas : « Ces gens sont irrationnels ! » ou « Moi, je suis rationnel ! » ; il dit : « Je veux en sortir ! ».

      #paysannerie
      #mépris_de_classe #déshumanisation
      #rationalisme #rationalité

    • Passionnant, #merci. Ça donne envie de lire ses bouquins.

      Ça m’a fait penser à certaines choses dont parle Tobie Nathan ("le représentant le plus connu de l’#ethnopsychiatrie en France" http://fr.wikipedia.org/wiki/Tobie_Nathan).

      Après, je n’ai lu de lui que 2 romans , il y a longtemps (Dieu-Dope et Saraka Bô, qui m’ont assez plu).
      Jeanne Favret-Saada et lui doivent sûrement se connaître, je me demande bien quelles sont leurs positions respectives ^^

  • Olivier de Schutter : « Nous sommes extrêmement immatures dans notre manière de concevoir l’avenir de nos sociétés »
    http://www.bastamag.net/Olivier-de-Schutter-Nous-sommes-extremement-immatures-dans-notre-maniere-d

    « Avec quelques décisions courageuses, le problème de la faim pourrait être résolu. » C’est le constat sans appel dressé par Olivier de Schutter, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, alors que 795 millions de personnes souffrent de sous-alimentation. Fervent défenseur de l’agro-écologie, il revient avec Basta ! sur les lobbys à l’œuvre qui bloquent tout changement, dans le secteur agricole comme énergétique. Partisan d’une nouvelle redistribution des richesses, il (...)

    #Décrypter

    / A la une, Quelle #Agriculture_pour demain ?, Agriculture , #Alimentation, #Le_défi_du_réchauffement_climatique, #Entretiens, #Société_de_consommation, (...)

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ? #Inégalités
    http://www.bastamag.net/IMG/distant/html/128515978-525205-7304716.html

  • Allez raconter que la maladie sociale la plus dangereuse, c’est la #soumission, quand le thème de la #servitude_volontaire est devenu un pont-aux-ânes si fréquenté que des esprits un peu oisifs peuvent s’amuser à en nier la pertinence ! Ringard, coco ! Et pourtant, parfois, quand vous vous rhabillez avant de lui signer son chèque, le généraliste en profite pour vous glisser, en douce, une info qui vous fera réfléchir. Moi, ce serait celle-ci. Les mécanismes de la servitude volontaire étaient surtout perceptibles, il y a une trentaine d’années, dans des institutions comme les #entreprises qui disposaient de moyens de #contrainte et de moyens de séduction parfaitement identifiables. Aujourd’hui, c’est la #société tout entière qui est touchée et ses moyens de séduction et de contrainte, désormais indissociables et confondus, sont, en outre, totalement intégrés à son fonctionnement. « Ce n’est pas nouveau », glisse le généraliste, comme pour s’excuser de la modicité de ses honoraires. Eh bien ! si, Docteur ! C’est nouveau. C’est même cela qu’ils appellent la modernité : ce qui est partout et qu’on n’a plus le droit de voir.
    [...]
    Ce matin, une fois de plus, avec la voix de celui qui découvre l’Amérique, exactement comme on l’a fait hier et exactement comme on le fera demain, un prophète explique qu’il faut parler aux Français des vrais problèmes : le #travail, le niveau de vie, la #santé, le #chômage, l’#éducation. Dans ce laïus, dans cet urinoir d’indifférence, je n’entends pas qu’il faut s’occuper du travail, du chômage, etc. J’entends qu’il ne faut pas s’occuper d’autre chose. J’entends que travail + chômage + niveau de vie + santé + éducation = #réalité = dossier bouclé. J’entends qu’il ne faut pas s’évader de cette prison de mots. Et je sais que cette équation est fausse, absolument fausse, horriblement fausse, salement fausse. Et je sais qu’au fond de soi il n’est personne qui ne le sache. Mais alors, pourquoi ne pas le crier ? ?

    http://resurgences.net/a-quoi-nous-sert-les-horizons
    #air_du_temps #psychologie_sociale #totalitarisme
    lien avec http://seenthis.net/messages/358405

  • Je vais oser le dire : enseigner, pour un aveugle, est souvent moins difficile que pour un voyant. On objecte toujours la grave question de la discipline. Mais, je le demande : n’y a-t-il pas des professeurs voyants que leurs élèves ne respectent pas ? Clairement, la discipline vient de l’autorité naturelle, de la force morale, de la vie qu’un maître sait infuser à son #enseignement. L’autorité morale n’a rien à faire avec les yeux.
    Mon métier, je l’ai exercé pendant vingt-quatre ans, sans jamais rencontrer de difficulté dont la perte de mes yeux soit responsable. C’est tout le contraire. Une classe, un cours, c’est un exercice de l’esprit et du caractère. Cela se fonde entièrement sur le pouvoir que nous avons de manipuler notre #vie_intérieure et de la communiquer à d’autres. Dans ce domaine, la cécité est une école sans rivale.
    Qu’ai-je besoin, si je me trouve devant mes étudiants, d’observer la position de leurs bras et de leurs jambes, qu’ai-je besoin de suivre sur leurs visages tout le jeu confus de leur distraction ou de leur curiosité ? La cécité m’a fait connaître un autre espace physique qui les sépare de moi et me sépare d’eux. Cet espace, c’est celui où les mouvements de l’esprit et de l’âme se font. J’en ai une longue pratique. et un silence, une certaine qualité de silence, m’en dit bien davantage sur le degré de compréhension ou d’intérêt ou de contestation que je provoque, que ne le ferait un film en gros plans et au ralenti de leur présence physique.
    Ce qui cause l’#échec de tant d’enseignants aujourd’hui (et l’Europe comme l’Amérique retentissent depuis peu du bruit de cet échec), c’est leur impuissance à sortir de leur tête. Beaucoup d’entre eux sont compétents, beaucoup s’efforcent de façon louable ; mais très peu savent entrer dans cette région qui est la seule où l’enseignement peut fleurir : l’espace commun entre les esprits. La cécité est venue à mon aide. Par elle, j’avais tant exercé les techniques spontanées de l’échange : l’interprétation des voix, l’interprétation des silences. Plus encore, grâce à la cécité, j’avais appris à lire une légion de signes qui me venaient des autres et qui, ordinairement, échappent à l’observation des voyants. S’il est un domaine où la cécité vous rende expert, c’est dans celui de l’invisible.

    Jacques Lusseyran, L’aveugle dans la société. Conférence du 14 avril 1970 à Zurich (Suisse).
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lusseyran
    #éducation #pédagogie #validisme

    • lu dans @chezsoi

      Préoccupé par la prédominance croissante de la vue dans l’enseignement et la critique de sa profession, l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa a consacré à cette question un bref essai d’une grande acuité. Dès la Grèce antique, la culture occidentale a considéré la vue, assimilée à la connaissance, comme le sens le plus noble. Férue d’abstraction et de rationalisation, inondée d’images, notre époque la met plus que jamais à l’honneur. De surcroît, elle privilégie le regard ciblé au détriment de la vision périphérique, pourtant essentielle : la perception périphérique inconsciente « transforme les formes rétiniennes en expériences spatiales et corporelles » ; elle « nous enveloppe dans la chair du monde », « nous intègre à l’espace », alors que la vision ciblée nous en expulse.

      Ce déséquilibre des sens contribue à notre sentiment d’étrangeté au monde. Le regard induit en effet une attitude de mise à distance, d’objectivation, de domination : « Nous fermons les yeux quand nous rêvons, écoutons de la musique ou caressons ceux que nous aimons. » En revanche, le toucher permet le contact, l’implication, l’appartenance : on peut imaginer un regard nihiliste, mais pas un « toucher nihiliste ».