• Logique marchande de guerre

    « Chaque intervention militaire est une campagne publicitaire »

    Entretien croisé avec Mathieu Rigouste et Rodrigo Nabuco de Araujo, respectivement chercheurs en sciences sociales et en histoire, sur les enjeux financiers de la guerre.

    par Xavier Bonnefond

    http://cqfd-journal.org/Chaque-intervention-militaire-est


    Illustré par Etienne Savoye

    Dans l’entre-deux-guerres, des industriels construisent leur dynastie sur des contrats publics, pour combler les besoins militaires ou policiers de l’État au service des classes dominantes. Après 1968, les lois qui encadrent les marchés internationaux de l’armement puis de la sécurité sont dès lors pensées en collaboration étroite avec les industriels privés. Le secrétariat général de la Défense nationale supervise et autorise les ventes d’armes mais des structures hybrides se mettent en place, comme la Cofras ou la Sofema à travers lesquelles l’État organise son retrait partiel. La Cofras est par exemple conçue par et pour l’exportation de matériels et de savoir-faire vers l’Arabie Saoudite, et constitue un marché fondamental de la restructuration sécuritaire de l’impérialisme français. L’exportation et le transfert d’armements et de savoir-faire sont justifiés comme permettant de compenser les dépenses internes permettant à la France de tenir son rang au niveau international (armement nucléaire, maintien d’une armée capable de « projection », etc.). En échange, l’État se met au service des monopoles commerciaux privés.

    Paru dans CQFD n°139 (janvier 2016)

  • Il est pas mal question depuis deux, trois jours, de la recomposition du prix du festival d’Angoulême, après la départ de Sattouf de la liste des nominés. Vous êtes, je suppose, déjà au courant de tout ça.

    Bon. Jusqu’ici je me suis toujours foutu royalement de ces prix à la con, je ne suis pas concerné par leur existence, qu’il s’agisse de BD ou de mérite agricole.
    Mais là, un truc me parait bizarre :
    Bon, comme tout le monde, j’imagine, j’ai du coup jeté un oeil à la liste des grands prix précédents. On ne peut pas dire que les femmes s’y bousculent non plus pendant 40 ans. Et tant que j’y suis, je serai assez curieux de voir les fameuses listes des nominés pendant ces 43 dernières années, pour voir si, par hasard, ce désert ne serait pas, au fond, la coutume.
    Où je veux en venir ? Là : cette année, il appert que ce truc dont tout le monde se fout depuis 43 ans - le sexisme de ce prix, celui du monde éditorial et institutionnel de la bande dessinée - hé bé là tout le monde est drôlement soucieux de son éthique. Partout en ligne, dis-donc. Dingue.

    Le monde entier de la bédée se serait-il enfin mis à lire Butler et Preciado ? Sans déconner ?.. Si ça pouvait être vrai...
    Ma question n’est donc pas « Pourquoi que y’a pas de femmes dans la liste ? », parce que la seule chose vraiment nouvelle sous le soleil, c’est « Pourquoi que d’un coup tout le monde est féministe ? » (alors que toute l’année, j’entends dire exclusivement des saloperies sur les féministes, sur le ton patelin du « Oui oui c’est important, bien sûr, les femmes, tout ça, mais y’a les manières quand même et les féministes, hein, ils les ont pas » et du « Quand même, faut pas pousser, c’est pas l’Iran ici » etc. J’apprends que dalle aux seenthisiens)
    Sattouf est-il le premier à avoir amorcé ce mouvement en se retranchant de la liste ? J’en sais rien et je m’en fous (* les commentaires qui ont suivi cet article me révélèrent une chronologie de la prise de position publique et de son relai médiatique également lourde de sens, en vérité, par des saloperies de journalistes toujours en mal d’incarnation et, au passage, d’incarnation virile ) ; mais y’en a un, donc, qui a dit un truc.
    Hop. C’est public.
    Après, que reste-t-il à faire aux autres, pris dans le cadre de cet énoncé, pour ne pas avoir l’air de petites merdes quand ils sont :

    a) Des auteurs concernés par le prix et mis en lumière comme éventuels complices silencieux

    b) Des femmes auteurs qui s’en branlent toute l’année mais qui d’un coup sont toutes très très Tanxx dans leur tête

    c) Des journalistes de mes deux qui sont juste des journalistes de mes deux ?

    d) Des pangolins

    On peut y ajouter les féministes légitimement agacés d’un coup de voir que leur lutte, dont tout le monde se fout, d’un coup tout le monde s’en fout plus pour au moins, oula !, une bonne quinzaine de jours, hein, avant que ça reparte de plus belle dans le rien.

    Que tous les pignoufs du coin trouvent l’occasion à peu de frais de se donner l’air concerné par des trucs, histoire de gagner des points d’éthique publique, voilà qui ne m’étonne pas. Faux-derches.
    Maintenant que ça c’est posé, c’est pas ça qui va résoudre le problème épineux du choix pour raccommoder le manteau du roi nu... De quel tiroir sortiront les auteures de la liste du futur, vu les endroits glauques où les éditeurs s’obstinent à les ranger depuis toujours ces publications féminines, à savoir le tiroir femme qui cloisonne et recloisonne un ordre du monde masculin et remasculinisé ? (je parle bien du problème auquel nous renvoie ce prix et son cadre particulier, qu’il a consolidé depuis 43 ans).
    Ceci invitera plutôt à un constat général, montrant assez vite que si les femmes qui font des bandes dessinées sont nombreuses, et de plus en plus, elles ont peu de chance de rentrer dans les critères d’eligibilité de ce prix.
    Qui sont-elles, et que sont-elles devant ces critères ?
    Bon, il y a évidemment nos chères vivantes disparues (vous me direz, on a bien élu Watterson, hein) du genre Claveloux (qui ne fait plus que de l’illustration à ma connaissance depuis belle lurette) ou Rita Mercedes, idole de mon adolescence (belle réapparition à l’Asso après tant d’années de disparition de notre champ disciplinaire).
    Je ne suis pas chez moi pour mettre le nez dans ma bibliothèque, mais on peut se rappeler que pas mal de trucs ont été tués dans l’œuf depuis les années 70, rejet, épuisement etc. personnels ou collectifs ( je pense à l’expérience géniale de « Ah ! Nana ! » https://clio.revues.org/4562 ), chemin désertifié duquel ressort invariablement la toute petite famille sans cesse nommée pour masquer le vide angoissant : Cestac, Brétécher, Montellier, Puchol, Goetzinger.

    restent :

    -- les saloperies à la pelle dont la merdicité girly est coresponsable de la situation désastreuse dans laquelle se tient la bande dessinée féminine. Je ne veux nommer personne, je refuse toute distinction hiérarchique dans un tel tas de caca, mais quand Bagieu monte au créneau, franchement, je luis suggèrerais plutôt de s’acheter un miroir (à l’époque de "Ah Nana ! , on lui aurait caillassé la gueule, si vous voulez mon avis). Elles sont à la bd faite par des femmes ce qu’un Van Hamme est à celle faite par des hommes, une taule. En lauréer une seule serait une contreperformance désastreuse, un effet rigoureusement opposé à celui désiré, un entérinement dans une partition du monde déjà bien écrasante.

    -- la palanquée d’auteures brillantes qui ont contre elles leur trop petite biblio pour un festival qui mesure le talent à la tonne de papier imprimé ( et également un autre petit gros handicap, qu’elles ont de commun avec la liste suivante, vous verrez) : Joanna Hellgren, Aurélie William-Levaux, Debbie Dreschler, Juhyun Choi, Delphine Duprat, Dominique Goblet, Isabelle Pralong, etc. il me faudrait une page entière de ce forum pour les évoquer ; ce sont elles, les femmes qui agrandissent chaque jour la compréhension et les formes de la bande dessinée. Avec ou pas un travail marqué par la féminité comme question, comme objet de leurs récits - aucune raison, sinon sexiste, de l’attendre systématiquement, ce qui pourtant est le cœur battant des critiques de livres féminins - , mais jamais incarnant ces polarités de genres qui nous tuent à petit feu et qu’il va bien falloir liquider un jour ou l’autre (Haraway, viens à notre aide !). Comment un quarteron de vieux schnocks pourrait-il simplement les VOIR ?

    -- les auteures historiques géniales, comme Aline Kominsky, Phoebe Gloeckner, Trina Robbins, Julie Doucet etc. : copieuses, pourrait-on dire, hein, mais toujours trop invisibles et pas assez populaires (entendez : aimables et lisibles par des singes) pour un festival aveugle depuis la fin des années 80 à toute modernité (à quelques très rares exceptions près, et à la condition que les auteurs aient arraché péniblement un peu d’intérêt du grand public ou qu’on leur doive également quelques œuvres dites "populaires" : Crumb - en 1999, bon sang ! - Blutch, Spiegelman - en 2011, ah ah ah ah - Willem - et on se souvient du scandale qui en découla chez les vrais-amateurs-de-bédé...).

    Ce qui veut dire que ce pauvre festival, prix au piège de ses propres catégories débiles (grosse biblio, succès populaire) va devoir aller chercher Montellier ou Goetzinger pour donner du sens à cette soudaine, belle, profonde, prise de conscience générale. Ce retour de conscience artificiel des zozos du festival va produire de façon éblouissante, visible comme un furoncle sur un nez de menteur, un agrandissement du problème qu’il prétendra résoudre. Y’a pas de quoi se réjouir.

    Bon, c’est un prix, un foutu prix de mes deux, avec son cadre, ses références, ce n’est pas un indice sociologique d’une activité. En gros : il y a zéro raison pour que ce club soit une référence spéculaire d’un état réel de la création. On lui reproche de ne pas être un juste outil d’optique, alors que ce n’est pas un outil d’optique du tout. Malheur à qui mérite un prix ! Soyez fières, mes soeurs, d’être invisibles à ces vieux connards !

    Évidemment, c’est plus simple pour moi d’affirmer que ce prix est une merde dont je ne voudrais pour rien au monde, parce que mon sexe me range d’emblée du bon côté des nominables. Mais un prix, justement, couronne un certain état du monde établi dans son hégémonie (monde que je réprouve, notamment dans ses catégories de genres et sa normativité sexiste) ; il faut être le dernier des cons pour croire qu’un prix distingue quelque chose. Un prix ne traverse rien, un prix patine en surface. Un prix bégaye une société. Ceux qui en reçoivent feraient bien de garder toujours ça dans un coin de leur petite tête creuse et se demander ce qu’ils ont fait pour mériter ça.

    Pour dire ça plus rapidement : les femmes qui font des bandes dessinées, depuis un bon paquet d’années maintenant, font, au quotidien, sa modernité (raison pour laquelle une célébration de Goetzinger ou de Montellier n’aurait été représentative de RIEN). Ce festival et son prix célèbrent une vision archaïque de la bande dessinée. Il se trouve qu’à archaïsme, archaïsme et demi : la momification phallique fait partie du paquetage. Ce qui nous préoccupe aujourd’hui est pris dans cette équation.

    –--------------

    j’apprends à la dernière minute, le temps de rédiger ce texte, la décision du festival qui a trouvé l’ultime pirouette pour ne rien rendre visible du problème le plus profond, celui qu’il porte en lui par ses propres catégories, en renvoyant à d’autres le choix d’une position à prendre ( http://www.bdangouleme.com/934,la-parole-aux-auteur-e-s ). Sauvés par le joker démocratie !
    Que dire d’autre que « Ah ah ah ah ah » ?

    #féminisme #bande_dessinée #modernité

    • M’est avis que la pitoyable pirouette démocratique vient d’une tardive prise de conscience de l’impasse : allonger la liste avec quelques noms de femmes, ou même refaire une liste paritaire, ne pouvait plus légitimement apparaître aux concernées que comme une insulte.
      D’ailleurs Montellier leur a préventivement renvoyé le prix à la gueule :

      Le festival a-t-il redouté que certaines sélectionnées refusent à leur tour de faire partie de cette liste, comme l’ont fait une dizaine d’auteurs hommes au cours des quarante-huit dernières heures ? C’est fort possible. Contactée alors que son nom commençait à circuler sur Internet, Chantal Montellier nous disait ceci ce matin : « Il n’est pas question que j’accepte ce truc ! Cela ressemble à une aumône. Le festival décide de rajouter six femmes ; pourquoi pas douze tant qu’on y est, comme pour les huîtres ? En plus, il n’y a pas le moindre mot de repentance face à ce qui reste et restera une goujaterie. »

      http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/07/le-festival-de-bande-dessinee-d-angouleme-invite-finalement-les-auteurs-a-vo

    • Dans ma chronologie personnelle, le monsieur qui a déclaré en premier qu’il se retirait n’a fait que réagir à la réaction initiale du collectif d’autrices à ce sujet. Je n’ai pas les liens sous la main, je ne fais qu’ajouter ma petite pierre au sujet. J’ai vu en direct, sur mon fil Facebook, le post de l’auteur apparaître avec le compteur de « J’aime » de quelques dizaines, et augmenter chaque seconde jusqu’à beaucoup, et à ce moment là, j’avais déjà pris connaissance du communiqué du fameux collectif.

    • Sattouf qui a été le premier à se retirer de la liste avait déjà été primé l’an passé et ça m’a bien fait marré ce geste « grand seigneur » de mes deux ovaires. http://seenthis.net/messages/446157
      J’ai regardé tout ça mollement, ce festival n’est qu’une piètre foire commerciale parmi d’autres. J’espère que les femmes « pressenties » renverront à leur juste condition ce ramassis de vieux schnocks décrépis : aux oubliettes. Ils me font penser à ses indécrottables sénateurs qui s’accrochent à leur siège et à leurs privilèges mais que personne ne prend plus au sérieux.

    • Puisque tu parles de la qualité de ce festival, j’ajoute que j’ai toujours été surpris par les choix réalisés années après années... sachant que je ne dois pas posséder plus de 1 ou 2 albums « grand prix »... sur les quelques centaines de BD présentes sur mes étagères... Par exemple, y-a un Zep qu’on m’a offert un jour...

      Je digresse. L’autre jour, je cherchais de la BD érotique... avec dans l’idée de trouver de la BD érotique écrite par une femme... Rien trouvé dans les catalogues en ligne... Que des mecs, vulgaires et craignos...

    • tout ça s’est finit comme d’hab : culpabilisation de la part de l’éditeur pour mézigue, renvoi aux féministes de la responsabilité de la merde. ce sont les féministes qui font chier à ouvrir leurs gueules quand quelque chose craint, mais l’objet de notre colère n’est jamais plus qu’un « texte philosophique » ou « une simple erreur d’un camarade pas si méchant tu sais bien », et j’en passe. Et aussi ce qui m’a frappée c’est le silence de nos chers camarades par ailleurs : regardons ailleurs. Le désengagement par le silence. La désapprobation de notre parole en nous ignorant tout simplement, même quand on s’adresse à eux directement. On veut bien être proféministes, mais attention, tant qu’on vise ailleurs, pas les potos. Le sens du texte « le prix à payer » sur A contrario ainsi que le mien, c’était ça, aussi. L’ineffable joie de voir des copains (lol) te tourner le dos quand le vent féministe souffle dans le mauvais sens. Le bonheur inégalable d’avoir le choix entre travailler pour des connards ou ne pas avoir de travail, donc pas de sous (tu vois ce que je voulais dire par « erreur de travailler sur la bas des convictions », hin).

      https://soupherbe.wordpress.com/2015/06/02/652

      mais aussi, pour répondre directement à ce fil de discussion : http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8518

      Tu sais LL de Mars, j’ai fait ma tanx aussi avec CQFD pour qui tu travailles. Je me suis barrée parce qu’une personne s’est montré très paternaliste à mon égard sur une question pour le moins dérangeante dans les colonnes de ce journal. J’ai appris après coup que beaucoup dans l’équipe était d’accord avec moi, mais personne ne me l’a fait savoir, et j’ai claqué la porte en me croyant encore seule. Prendre tout le monde de haut quand le féminisme devient un sujet parce que le vent change de sens, mais ne pas voir la misogynie sous son propre nez, ça n’est pas spécialement avant-gardiste non plus. Peut être que tu l’ignorais. Peut être pas. Peut-être que tu n’en avais après tout rien à foutre, vu l’estime que tu sembles me porter.
      Y’a une chose que j’ai apprise avec le féminisme : c’est que les femmes disparaissent dans le silence, et que les hommes font beaucoup de bruit dès qu’ils se pètent un ongle ou qu’il s’agit de montrer à quel point ils brillent sur tous les sujets, même ceux qu’ils ne maitrisent pas.

      Voilà. j’ai encore fait ma tanx.

    • @monolecte Mais où est-il écrit « faire sa tanx » dans ce texte de L.L. de Mars ? La seule occurrence que je trouve c’est : « b) Des femmes auteurs qui s’en branlent toute l’année mais qui d’un coup sont toutes très très Tanxx dans leur tête ». Alors je ne dis pas qu’il n’y a rien à dire, mais entre être "très très Tanxx dans leur tête" et "faire sa tanx", je crois qu’il y a une marge et une interprétation qui s’emballe, ce débat part mal.

    • @odilon @soupherbe
      je ne sais pas si Tanx laissera ce commentaire que je viens de laisser sur son liste, mais je tiens à faire entendre ce que je pense de ces lectures empressées et falsifiantes de mes positions. Il serait bon de lire les textes au lieu de les fantasmer.

      « Mauvaise interprétation, hâtive, aveuglée par des certitudes aprioriques : nulle part je ne parle de "faire sa Tanx", mais bien de l’étrange mouvement public de zozos qui se foutent absolument de tout problème sexiste toute l’année et qui d’un seul coup se sentent "tanxx". Ce qu’ils ne sont pas. Tu lis trop vite, mal, et tu conclues à côté.
      Je n’aime pas ton travail, effectivement, qui est à mille kilomètres de ce que j’attends d’un dessin politique : je le trouve sage, décoratif, collé au pire de la camelote rock avec un zeste d’école américaine. Trop joli pour être honnête, pas assez offensif, désespérément monosémique - donc terriblement condescendant puisque tu prends tes lecteurs pour des cons à qui il faut tout dire d’un coup sans ambiguïté. Je sais pas, peut-être par crainte qu’ils s’imaginent une dissonance politique ? Sinon pourquoi ? Voilà pour ton dessin qui, contrairement à toi, n’a rien à dire.
      C’est dommage parce que je suis quasi systématiquement de ton côté sur tes positions politiques quand je te lis. Nous partageons infiniment plus d’idées que tu ne peux l’imaginer.
      Quand à CQFD, j’ignorais absolument cette histoire, ce n’est pas la peine de fantasmer autre chose. Je vis dans un trou, à 1000 kilomètres de Marseille, je ne connais rien de la cuisine interne du canard. J’ai moi-même cessé de bosser pour le canard pendant trois ans, agacé par les positions antisémites que véhiculait la lecture de Shlomo Sand ou encore certains strips abjects de Berth. Je suis revenu pour des raisons charnelles, car j’aime ces gens même quand ils déconnent, se trompent, me blessent sans l’imaginer.
      Te trompe pas d’ennemi. »

    • @soupherbe N’en étant pas certain, j’ai fait comme ça.

      Mes positions devant ton dessin ne changent rien à ce que je pense de tes textes et des positions, des choix, qu’ils soutiennent. C’est de mon point de vue un problème politique qui nous sépare, sans aucun doute, le rapport au dessin, mais c’est probablement un des seuls.
      Je ne doute pas que nous ayons un jour l’occasion d’en causer, dans un festival ou ailleurs. Il n’y a aucune espèce d’animosité personnelle, de truc affectif à la con dans ce que je te dis (ceci pour ton « Peut-être que tu n’en avais après tout rien à foutre, vu l’estime que tu sembles me porter. » qui est particulièrement mal vu. Et je n’en ai pas rien à foutre, du tout, de la façon dont on traite les femmes dans ce pays, dans mon corps de métier comme dans tous les autres cadres sociaux).

    • @intempestive non, ça n’a rien d’impeccable, c’est de la cécité totale. Son dessin est parfaitement dissociable, hélas, de ce qu’elle dit, et c’est bien là le foutu problème : son dessin est parfait sur un t-shirt de gland ou sur un poster d’ado avec la conscience politique d’un coucou. Il est cool. Sympa. Rock. Propre et lisible tout joli drôlement bien fait. Il n’offense rien, ne fait rien bouger, est invisible dans la galerie des fétiches habituels de la quincaillerie punkouillarde mort-née, en plus élégant toutefois. Il n’en est pas de même pour ses choix politiques, ses positions, la façon de tenir ces positions fermement, de refuser les catégories soigneuses où se disposent discours et corps, qui en irritent plus d’un, prennent la tête de l’ado avec la conscience politique d’un coucou, embarrassent le cool, le sympa, et même le rock (cette vieille merde muséale à la con).
      Je réponds à ça également sur le site de Tanx. Si on part sur cette voie - à savoir la schize entre le dessin politique et ce qu’il veut soutenir - on pourrait causer longtemps. J’ai déjà donné (trop), me suis assez fritté contre ça dans les cadres, précisément, politiques et éditoriaux où je me bats et me débats. Je préfère renvoyer dans ce cas à l’entretien avec le monde libertaire*, qui ne parlait pratiquement que de ça, ou l’article sur la caricature dans CQFD (qui a précisément été bien mal reçu par certains camarades empêtrés dans cette schize)

      *http://www.le-terrier.net/lestextes/lldm/entretienmonde_libertaire.html vers la fin, à partir de la question "— ... Oh et puis si, une question tout de même : ça renvoie à quoi pour toi quand on parle « d’engagement » ? "

    • @biggrizzly si tu cherches des bds érotiques faites par des femmes, ça ne manque ni de monde, ni de qualité. Céline Guichard, Nicole Claveloux, jusqu’à Aude Picaut, pourtant pas du tout ma tasse de thé dans ses autres productions, qui a dû faire le seule album digne d’être lu (j’ai pas encore vu le Anouk Ricard, ceci dit) de la collection plutôt bourrine BDcul des Requins Marteaux. Chez la géniale Alice Lorenzi (trop rare), la dimension érotique des planches est éblouissante, également chez Anke Feuchtenberger ; récemment, j’ai vu passer la dernière publication de Tomoko, un collectif féminin épatant tenu par Eglantine Ruault, et il y a un merveilleux récit érotique de Amandine Meyer ( https://tomokoeditions.wordpress.com).

    • @lxs_amigxs

      Et ce lait-fraise, on se le boit quand, tou-te-s autour d’une table, pour discuter de nos désaccords, s’excuser de nos maladresses par mails interposés, et rigoler un bon coup ? Ce soir, c’est apéro pour la sortie du numéro 139. C’est con, ç’aurait été une belle occasion. Une prochaine ? En attendant, nous, on vous kiffe ! Waouf. Waouf.

    • @intempestive

      le premier en détournant des codes graphiques connus

      Là j’ai comme un doute. Tant justement le peu que je connaisse de son univers graphique ressemble au contraire à des choses que je vois ça et là depuis plus de trente ans, même si je ne suis pas un très grand connaisseur en matière de bande dessinée, mais aux Arts Déco dans les années 80 je suis à peu sûr d’avoir vu les mêmes choses en sérigraphie, en graffitti, en illus et en bandes dessinées. Pour moi il n’y a pas détournement, mais adhésion et reconduction au contraire des codes graphiques en question.

      Récemment j’ai vu passer un signalement de @soupherbe dans lequel Tanxxx exprimait ses doutes quant à sa maîtrise technique qui l’avait coupée de ponts anciens, je me demande si je ne suis pas d’accord avec ça. Et du coup, Tanxxx (si j’ai bien compris que tu suivais ce fil), il me semble que tu pourrais être sur la voie d’un vrai renouveau. Moins de technique, plus de laché et cela pourrait faire des vraies étincelles.

      En revanche, je suis d’accord avec @l_l_de_mars sur le fait que le courage intellectuel de Tanxxx est juste extraordinaire, j’ai souvenir de sa joute contre cet abruti de Siné, j’étais admirateur ! Et dune manière plus générale les signalements et les positions de @soupherbe sont très souvent très judicieux. Par exemple ils m’instruisent régulièrement de copies conformes en matière de sexisme entre le milieu de la bande dessinée (que je trouve fort adolescent en plus, comme s’il devait y avoir un postulat de congruence entre le lecteur présumé et l’auteur ) et celui de la photographie (qui là est carrément illéttré).

      Et enfin

      le second en allant en terre inconnue

      . Tu peux même dire d’une façon tellement systématique que c’en est un peu fatigant.

    • @intempestive

      je suis (honnêtement) désolé, à ceci :
      "Et prendre le dessin pour un medium, c’est précisément ce que je ne fais pas
      -- peux-tu développer ? ça m’intéresse"

      de devoir répondre non, ou plus exactement, non, pas ici, pas court, pas dans le cadre d’un forum etc. Pourquoi ? Parce que c’est l’objet principal de mon travail d’écriture depuis plus d’un an - « Qu’est-ce que dessiner ? » , notamment dans ma discipline, la bande dessinée - que je suis encore en plein dedans (aujourd’hui-même, par exemple) que le troisième volet va être publié dans le prochain Pré Carré après les deux premiers (dans les n°5 et 6), que je dois encore bosser un an pour les deux derniers et que je ne veux pas saloper le travail.
      Mais sur cet aspect de la question (le dessin comme médium) je peux te renvoyer vers un texte déjà fait - un peu long, sans doute, mais il parle finalement de plein d’autres problèmes de ce genre, liés à des conceptions instrumentales du dessin et de la bande dessinée - qui a été mis en ligne ici : http://precarre.rezo.net/?attachment_id=1667 (c’est le pdf nommé "mccloud")
      C’est un peu chien comme méthode, mais j’ai déjà tellement de mal à écrire ce gros machin que je ne prends aucun risque de m’en dégoûter pour l’instant par trop de dérives.

      Aussi, ceci : quand tu dis "Tanxxx, telle que je comprends ses dessins jusqu’ici, envoie des tirs de bazooka dans tout ce qu’il y a à détruire (les inégalités de genre, de classe, d’origine supposée ou réelle), empruntant pour cela aux codes des comics , du punk, des fanzines et autres formes d’expression populaire.", je pense c’est une erreur de prendre tout ça pour des formes d’expression populaire ; ce sont les formes muséographiées, desséchées, momifiées, de vieilles expressions populaires, qui sont devenues un académisme, un pompiérisme évitant, justement, d’avoir à se poser toute question sur ce qu’est qu’un dessin politique.

    • @jef_klak

      Cette évolution de démocratie directe semble aujourd’hui satisfaire tout le monde.

      Exercice oulipien : tenter, en modifiant le moins de choses possible dans cette phrase, de rétablir la vérité.

      Je propose par exemple

      Cette parodie de démocratie directe semble aujourd’hui ne tromper personne

      ou

      Cet exercice de communication semble aujourd’hui amuser beaucoup de monde

      ou encore

      Cette évolution de démocratie directe semble aujourd’hui faire rire tout le monde. (plus petite correction)

    • Le lien du meo culpo n’était là qu’à titre informatif ;-)

      Et puis, comme dit l’autre « l’émotion est passée », l’hystérie a pris fin, on peut reparler entre hommes sérieux à présent, et vous verrez bien ah ah ah ah en laissant libres les gens, ils feront le pire et n’éliront que des hommes (sérieux).

    • « Publier des collections « féminines » est misogyne. Cela crée une différenciation et une hiérarchisation avec le reste de la littérature, avec l’universalité des lectures qui s’adresseraient donc – par opposition – au sexe masculin. Pourquoi le féminin devrait-il être hors de l’universel ? »

      voilà ce que je lis, et à quoi je souscris complètement, dans la Charte des créatrices de bande dessinée contre le sexisme , et ce que m’inspire, a priori, la création d’une collection qui s’appelle « Traits féminins ». Je me sens mal d’entendre le créateur d’une telle collection soliloquer sur Femmes et bande dessinée .

    • @l_l_de_mars Oui, il y a cette limite, entre autres, chez Thierry Groensteen. Il y a aussi celle de l’approche académique, historiciste et soit-disant neutre, qu’il choisit d’adopter lors de sa conférence. J’ai néanmoins proposé le lien, dans cette discussion sur seenthis, parce qu’il présente de nombreuses auteures de BD, dont beaucoup sont peu connues. Je me disais que ça pouvait permettre des découvertes.

    • C’est indiscutablement clair.
      « NB de dernière minute : non, LL de Mars je ne publierai pas ton énième message, trouve toi quelqu’un d’autre à aller faire chier avec ta prose qui tombe à côté. Tu ne sais pas lire, regarde bien il y a une phrase très importante au tout début de ce texte. Pour te faciliter la tâche je viens de la mettre en gras. EN GRAS. voilà, tu as lu ? bien. Maintenant ouvre ton blog et va y raconter tes salades et épargne moi ta suffisance, ça me fera des vacances. Et aussi : non j’ai pas particulièrement envie d’en discuter à angoulême ou ailleurs. Bon vent. »

      @soupherbe Le « Tu ne sais pas lire, regarde bien il y a une phrase très importante au tout début de ce texte. » est malhonnête, la phrase n’était pas là avant ma réponse, ni en gras, ni en maigre.
      Je n’ai pas de blog, pas de FB, pas de compte Twitter, donc pour la diffusion de salades, hé bien te voilà mieux armée que moi pour la caricature.
      Ok pour le silence, si c’est ce que tu veux. Tant pis.

    • Je ne suis personne et mon avis est insignifiant, mais peut-être fera-t-il plaisir à Tanxx dont j’aime le dessin autant que les idées.

      Les critiques de LL de Mars, outre leur ton extrêmement violent, sont subjectives. Il peut ne pas trouver les dessins de Tanxx à son goût, mais je trouve étrange qu’il affirme qu’il est « évident » (objectivement) que les dessins DOIVENT être offensifs et polysémiques.

      Outre que je trouve que c’est, en partie, le cas de ceux de Tanxx, on peut aussi rebondir sur un autre des commentaires de LL de Mars : selon lui, son dessin est « cool » alors que ses choix politiques sont « offensifs ».

      Peut-être justement que c’est le contraste entre les deux qui en fait la force ou l’une des forces ? Peut-être qu’un dessin offensif défendant une idée offensive devient illisible ou moins lisible ?

      C’est juste une hypothèse de néophyte. Je vous laisse entre spécialistes...

    • Merci @sinehebdo. Je les aime bien, moi,aussi, les dessins de Tanx.

      Pour suivre ce que disais @intempestive, on peut apprécier des boulots différents, les Bérus et Peter Brötzman. Un peu de punk, ça révolutionne peut-être pas la musique (et c’est peut-être aussi encore à voir) mais ça fait plaisir. (et sans convoquer Saint Gattaleuze)

      Si tu prends les premiers The Ex, c’est du Crass, et pourtant, ils ont fait des choses incroyables, avec le temps, avec Tom Cora, avec d’autres, avec des musiciens de partout.

      On peut peut-être lui lâcher la grappe à Tanx avec les exigences de révolution graphique et la laisser bosser. Sur ce, je vais voir comment me procurer des croutes au coin des yeux vol.1. , tiens.

    • @bob_ardkor Ok, merci pour le lien. J’ai pas lu le livre de Guillon, en qui sur pas mal de point j’ai une certaine confiance intellectuelle, je me réserve pour l’instant le droit de ne rien trancher à cet égard.
      Pourquoi ? Parce que si les déclarations d’un Matzneff du genre « Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare » sont d’une violence assez rare et me font frissonner (la toute-puissance des adultes m’a toujours pétrifié d’angoisse, notamment sur leurs propres enfants), je me rappelle tout de même certains points important :
      – d’une part, je souscris pleinement aux analyses de Serge André en la matière ( http://www.oedipe.org/fr/actualites/pedophilie ), qui sont aussi fines et complexement abordées que le sujet le mérite.
      – Je me souviens aussi qu’à 13 ans, je ne pensais qu’à baiser du matin au soir comme une otarie. J’aurais sauté sur n’importe quel oui. Évidemment, je suis bien conscient qu’on peut désirer un truc inconnu sans comprendre ce qu’implique l’expression et la satisfaction de son désir. Mais il n’existe rien d’universel qui s’appellerait "l’enfant de 13 ans". J’ai l’orgueil de croire en ma singularité à 13 ans comme à 50.
      – Ma première partenaire sexuelle avait plus de 30 ans, j’en avais 15. Légalement, comment l’aurait-on jugée, elle que j’ai outrageusement draguée derrière son comptoir ?
      – Je note également qu’à 18 ans j’ai eu une amante qui en avait 14 (et vu qui je suis, ça aurait tout aussi bien pu être un garçon ; je précise parce que l’article veut en venir - avec raison - à la pratique des corps, aux contraintes physiques que ça implique). Légalement, j’étais un adulte. Nous nous aimions, nous baisons évidemment dès qu’une opportunité se présentait.
      – Et j’ajoute pour finir que quand on généralise à fond les baluches la pédophilie, ça peut devenir également ça :
      http://www.le-terrier.net/polis/aufil/degenere .
      On voit bien tout ce que la question peut instrumentaliser comme désir de société.
      C’est donc une question que je ne peux pas, que je ne sais pas aborder d’une façon générale, mais bien au cas par cas. Je ne sais pas à quel moment j’étais ou je n’étais plus un enfant. Je ne sais pas où est le curseur. Je sais ce qu’est un viol, une violence, une contrainte, un abus, je ne peux pas imaginer, a priori, que le consentement d’une personne de 10 ans à une personne de 10 ans son aînée soit autre chose que de la soumission, mais après cette chaîne de certitudes, où poser le foutu curseur ? Moi, franchement, je ne sais pas. Bon. J’aurai sûrement l’occasion de lire le bouquin, je verrai.

    • @supergeante @intempestive

      Pour suivre ce que disais @intempestive, on peut apprécier des boulots différents, les Bérus et Peter Brötzman. Un peu de punk, ça révolutionne peut-être pas la musique (et c’est peut-être aussi encore à voir) mais ça fait plaisir. (et sans convoquer Saint Gattaleuze)

      Si tu prends les premiers The Ex, c’est du Crass, et pourtant, ils ont fait des choses incroyables, avec le temps, avec Tom Cora, avec d’autres, avec des musiciens de partout.

      Hmm... Comme nous abordons une question complexe, l’air de rien... J’entends ce que tu dis, Supergeante, mais cette façon d’aborder la question laisse imaginer qu’on pourrait la contourner en douceur par une sorte de gradation quantitative, quand j’essaie d’évoquer un écart radical et qualitatif. Bon. C’est sans doute difficile de faire entendre que ce qui est sans grande importance pour certains est crucial pour d’autres (notamment parce que nous n’avons pas tous les mêmes usages , et tout particulièrement de la musique) ; évidemment, nous ne plaçons pas non plus l’urgence au même endroit, ne mobilisons pas toutes nos forces pour les mêmes objectifs. De mon point de vue, cette question de l’invention de formes est inconditionnelle, et ce n’est pas une question d’objet (de finalité ) mais de trajet (de vie ) ; il y va d’ailleurs pour moi de la musique comme du dessin, ça me pose devant le même type de conditions d’apparitions sociales, de sillages, de trajectoires, pour faire court : de devenirs. Rien de ce que je peux faire politiquement - et surtout ce qui n’a aucun rapport immédiat avec l’art, tout ce que je fais en dehors de mon atelier, avec mes camarades - n’aurait plus le moindre sens pour moi désarticulé de ces enjeux-là (et surtout parce que ces questions sont bâclées par mes camarades eux-mêmes, renvoyées à des pratiques instrumentales, militantes, de l’image comme de la musique, ce qui est en parfaite contradiction avec l’urgence affirmée ailleurs d’inventer un monde anti-autoritaire, joyeux, ivre). Comme ce n’est pas vraiment l’endroit pour vous tartiner sur la musique ce que j’ai pu lier plus haut de textes sur le dessin, je vous ai mis en ligne un autre travail, en bandes dessinées, qui évoque ces questions tout en produisant discrètement, loin des énoncés bavards du dialogue affirmés, une forme. Ce livre aurait pu s’intituler « Crâne comme critique de la tête de mort ». C’est là : https://www.academia.edu/20202122/dialogue_de_morts_%C3%A0_propos_de_musique

    • @intempestive

      J’en reviens à ma conviction que nous ne nous situons pas tou·te·s au même endroit (je ne dis pas au même niveau , ce qui impliquerait une hiérarchie, mais au même endroit) des luttes et de la création (ce qui va de paire), et que c’est une bonne chose. Et également qu’il y a de l’invention non seulement dans les nouvelles formes, mais aussi dans le mash-up, le cut-up, le détournement.

      attention, il y a un malentendu, je pense : il ne s’agit pas d’un problème technique (dessiner excède le dessin ), ce qui veut dire que la formule « il y a de l’invention non seulement dans les nouvelles formes, mais aussi (c’est moi qui souligne) dans le mash-up, le cut-up, le détournement. » sous-entend que ces pratiques de montage ne sont pas des pratiques impliquées dans la question de la forme nouvelle, qu’elles en sont exemptées par un mode de composition qui serait plus neutre que, par exemple, ses matériaux ; mais c’est faux. Il y va du montage comme du reste, il y a de l’invention et de l’académie dans le collage, le mash up, etc. (de la même manière que la question de la contemporanéité de la musique n’est pas liée à son instrumentarium, que ce n’est pas un problème de lutherie. Une musique pompière est réalisée chaque jour avec les plus sophistiqués des synthés pour la plupart des films. La musique révolutionnaire de Jean-Luc Guionnet est faite avec un saxophone)

    • Oui, précisément, et cela ouvre bien des questions éthiques et politiques (desquelles il va être difficile de discuter sur le fil d’un forum...), par exemple : en quoi peut-on l’exiger d’autrui ? En quoi l’invention est-elle universalisable ? A quelle aune l’invention se définit-elle ? Une société de philosophes (ou d’artistes, ou d’autrices/teurs) est-elle souhaitable ?

      @intempestive Oui, excuse-moi, je n’ai pas répondu à ça, alors que c’est important. Entends bien que quand je dis « de mon point de vue », il s’agit de réexprimer les enjeux d’un rapport à l’art, à ses différentes manifestations, et que c’est bien dans le cadre du dessin, notamment du dessin politique qui n’a pas plus de raison pour moi de se retrancher derrière les énoncés qu’il est censé soutenir que tout autre dessin (sinon il n’est que l’alibi publicitaire de ces énoncés). Je ne dis rien de général sur un mode social, ce n’est pas une déclaration systémique. C’est sur le terrain de ces enjeux que j’invoque l’inconditionnalité de l’abandon à l’inconnu du dessin . Pour le reste... Non, je ne vois aps en quoi une société de philosophes ou d’artistes est souhaitable, je ne vois pas ce qu’il y aurait de souhaitable à une société « souhaitée » (homogène, congruente, harmonique etc.). Je veux une société ou le paresseux, l’idiot, l’ennemi, ait sa place, circule sans qu’on lui assigne une forme adéquate. Je ne veux pas, par exemple, d’une société où pour tenir debout politiquement, chacun ait le devoir d’être politique (même si je pense que le silence est une composante majeure du discours !). Bon, évidemment, comme tu le dis toi-même, un forum n’est pas l’endroit possible pour être justes, précis, attentifs aux détails etc.
      Restent les cafés !

  • Top 12 investors in Monsanto are also top investors in Facebook

    http://www.counterview.net/2016/01/free-basics-corporate-agenda-revealed.html

    Pointing towards how Internet in recent years has begun to change things for rural India, Shiva says, “Recently India has seen an explosion in e-retailing. From large corporations to entrepreneurs, people all over the country are able to sell what they make to a market that was earlier unreachable to them. Craftsmen have been able to grow their businesses, farms have found consumers nearby.”
    It is against this backdrop, says Shiva, “Zuckerberg wants not just a slice, but the whole pie of the basic economy of the Indian people, especially its farmers and peasants.”

  • https://twitter.com/controlefacies

    La police accusée de violences sur ce jeune homme en Vendée

    http://www.leral.net/La-police-accusee-de-violences-sur-ce-jeune-homme-en-Vendee_a161970.html

    La photo a déjà été partagée environ 2000 fois sur Facebook. Selon ce témoignage, la victime aurait été ruée de coups après avoir protesté contre l’arrestation d’un ami devant le restaurant « Les Mouettes » aux Sables d’Olonne (Vendée).
    APPEL À TÉMOINS

    "Suite à une première arrestation, hier soir un de mes amis Michel Ratmi c’est fait arrêter par la BAC vers 2h du matin devant le restaurant les Mouettes (entre le Obbo et le Nautique) sur le port des Sables d’Olonne. Celui ci avait couru après la voiture de police pour dire au policier de ne pas arrêter son ami. Il c’est directement fait arrêter par la BAC, il c’est d’abord reculer de la voiture ne souhaitant pas y rentrer puis il fut forcé d’y entrer. Celui ci à été positionné allongé la tête coincé entre les pieds de l’agent de là BAC situé à l’arrière du véhicule, puis nous avons essayé de calmé la situation, l’agent a rétorqué en bloquant la tête de Michel sous son coude et en le menaçant avec une clef de voiture sous sa gorge. Puis ils sont partis, à ce moment là l’agent de la BAC situé à l’arrière c’est mit a tabassé au visage"

  • Hocine Aït-Ahmed
    https://quartierslibres.wordpress.com/2016/01/02/hocine-ait-ahmed

    Hocine Aït-Ahmed, le dernier des neuf « fils de la Toussaint » les chefs de la rébellion qui ont déclenché et organisé la guerre d’indépendance de l’Algérie contre la puissance coloniale française a été enterré le 1er janvier 2016. Il avait rompu avec les caciques du FLN, devenant un opposant distant au régime qui avait pris le… Source : Quartiers libres

  • https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/deaths-at-the-calais-border/cette-frontiere-tue

    A Calais, la frontière tue ! Nous avons connaissance de 24 morts cette année à Calais. Le nombre total de ceux-celles qui sont mort-e-s partout sur la frontière anglo-française, dont les camps de Grande Synthe, est encore plus élevé.

    Énumération non exhaustive des décès à la frontière entre la France et l’Angleterre

    2015 :

    16 octobre : Nasratullah, jeune afghan de 16 ans, s’est fait écrasé par un train de marchandise sur le site d’eurotunnel.

    14 octobre : Naol, jeune femme syrienne de 26 ans, est percutée sur l’A 16 par une voiture qui ne s’arrête pas. Son fils de 9 ans lui tenait la main.

    30 septembre : Un exilé érythréen, Berihu, âgé de 23 ans est décédé, heurté par une navette de fret sur la voie à Eurotunnel.

    29 septembre : Un exilé irakien d’une vingtaine d’année, Omar, a été retrouvé mort dans un camion, sans doute écrasé par les palettes.

    24 septembre : Adam, exilé soudanais de 22 ans est décédé, renversé par une navette de fret venant de Grande Bretagne sur le site d’Eurotunnel.

    17 septembre : Un exilé syrien, Eyas, 23 ans, meurt électrocuté sur le site d’Eurotunnel en tentant de monter sur une navette de ferroutage.

    Dans la nuit du 14 au 15 septembre : Hicham, un exilé marocain est mort noyé dans le port de Calais. Son ami avait été secouru en état d’hypothermie.

    29 juillet : Dans la nuit du 28 au 29 juillet, Saleh, soudanais de 23 ans, est décédé écrasé par un camion qui descendait d’une navette pendant qu’il essayait de grimper dessus pour passer en Angleterre.

    28 juillet : Un exilé pakistanais de 30 ans, Sadik, est décédé à la suite d’un accident dans le tunnel le matin du 27 juillet.

    24 juillet : Ganet, une femme érythréenne de 23 ans est décédée percutée par une voiture vers 5h30 sur l’A16.

    * 23 juillet : Un adolescent est retrouvé mort dans la partie anglaise de l’eurotunnel à Folkestone.

    [...]

  • à lire sur Jef Klak avant débat avec l’auteur les 3 et 6 janvier sur Paris et Montreuil : http://jefklak.org/?p=2722

    Nées au sein de la communauté gay, les sous-cultures cuir et bear (ours) ont eu, à travers leurs discours et leurs pratiques, un effet paradoxal sur les représentations symboliques et politiques du masculin. La culture cuir met en scène des corps et des comportements outrancièrement masculins, par le biais du vêtement de cuir, jusqu’à rendre presque parodique la notion même de masculinité. La culture bear cherche à construire un corps pourvu de certains caractères de la masculinité traditionnelle : pilosité, musculature, corpulence, virilité. Pour Javier Sáez, auteur de Théorie queer et psychanalyse (éditions Epel, 2005) et directeur de la revue électronique queer hartza.com, ces stratégies viennent remettre en question toute « nature masculine » présumée à partir de sa réinvention, fondée sur l’excès ou encore la réappropriation du sexe anal et de la pornographie. Au passage, c’est la visée reproductive, comprise comme prolongement des exigences de production capitalistes, qui sont remises en cause par les corps-mêmes.

  • Décines : un paysan qui résistait à son expropriation tabassé chez lui et laissé pour mort…
    http://www.eauxglacees.com/Decines-un-paysan-qui-resistait-a

    Victime collatérale du chantier du futur Grand Stade de lyon et de l’OL LAND, complexe de loisirs et de bureaux rêvé par le patron de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, l’agriculteur Philippe Layat a été agressé à son domicile le dimanche 20 décembre 2015 vers 20h30 par trois hommes cagoulés, armés, qui le laissent pour mort après l’avoir frappé. Il n’avait cessé de se battre depuis son expulsion, ordonnée en 2012. Après trois jours d’hôpital, il témoigne devant la caméra. Tabassage, bombe (...)

  • Quelques conseils pour les voyages au long cours. Récit des migrations ordinaires
    http://jefklak.org/?p=2707

    Ce texte du journaliste irakien Ghaith Abdul-Ahad, connu notamment pour ses reportages sur Al Qaeda, a été publié le 8 octobre 2015 dans la London Review of Books, sous le titre « Some tips for the long-distance traveler ». Il y raconte le trajet « ordinaire » des migrant-e-s, comme lui, venu-e-s d’Irak, de Syrie, d’Érythrée ou d’ailleurs, passant par la Turquie ou la Grèce, en route vers l’Europe du Nord. Autant de voyages que d’existences, avec leurs étapes singulières, leurs espoirs trahis et leurs rencontres anodines ou presque. Source : Jef Klak

  • Turquie : l’opération militaire anti-PKK fait plus de cent morts en cinq jours
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/12/20/turquie-l-operation-militaire-anti-pkk-fait-plus-de-cent-morts-en-cinq-jours

    La vaste offensive militaire en cours depuis mercredi dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie a fait 102 morts parmi les rebelles présumés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon un nouveau bilan annoncé dimanche par une source de sécurité locale. Au moins deux soldats et cinq civils ont perdu la vie dans les heurts.

    Formulation étrange (ou plutôt turque) : par civil, j’imagine qu’il faut entendre civil turc, un civil kurde étant un rebelle présumé.

  • Les assemblées ouvertes de la PAH de Vallecas
    Espagne : Apoyo Mutuo

    paru dans CQFD n°137 (novembre 2015), par Bruno Le Dantec, Ferdinand Cazalis.
    http://cqfd-journal.org/Espagne-Apoyo-Mutuo

    Après plus d’un demi-million d’expulsions locatives et hypothécaires en cinq ans, la question du logement en Espagne est brûlante. La Plataforma de afectados por la hipoteca (PAH), avec ses 240 regroupements, est devenue un puissant mouvement populaire, riche en expériences. Impressionné, CQFD a assisté à une assemblée de la PAH de Vallecas, l’un des districts les plus pauvres et turbulents de Madrid.

  • Espagne : « Transformer l’imaginaire collectif, c’est déjà un processus révolutionnaire. »
    http://www.bastamag.net/Transformer-l-imaginaire-collectif-plateforme-hypotheques-espagne

    Des centaines de milliers de personnes ont été expropriées de leur logement par les banques, après la crise financière, qui a frappé de plein fouet l’Espagne et son secteur immobilier. Dans la foulée du mouvement 15-M, une Plateforme des victimes des hypothèques (PAH) s’est développée dans tout le pays et a obtenu plusieurs succès. L’une de ses porte-parole, Ada Colau, a même remporté la mairie de Barcelone. Alors que se déroulent ce 20 décembre les élections législatives espagnoles, Carlos Macías, porte-parole de la plateforme en Catalogne, raconte l’histoire de ce mouvement social. (...)

    #Témoignages

    / Indignés de tous les pays..., #Garantir_l'accès_au_logement, #CQFD, Logement, A la une, Luttes (...)

    #Indignés_de_tous_les_pays... #Luttes_sociales

  • #cartographie des #fichiers - Bureau des études
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/135311780588

    Le Bureau des études, un collectif d’artistes et d’activistes mené par Léonore Bonaccini et Xavier Fourt, a publié en janvier une très intéressante cartographie (.pdf) des systèmes d’identification et d’information nationaux, faisant partie d’un tout aussi intéressant Atlas des agendas, visant à ”cartographier les #pouvoirs et les communs” (dont il faut lire aussi le complément en français (.pdf) visant à dresser “l’atlas des priorités”, une lecture critique et esthétique des réseaux de pouvoir). A l’heure où les autorités envisagent des modalités d’interconnexion des fichiers, la cartographie de ceux-ci permet d’en mesurer plus que jamais le (...)

    #interconnexion

    • Le lien vers le billet qui présente l’Atlas (et non vers le site)
      http://bureaudetudes.org/2015/04/23/atlas-of-agendas-mapping-the-power-mapping-the-commons-2015

      Je jette un œil rapide sur la carte présentée et je m’interroge sur ce que recouvre le « lien technique probable » entre Insee et Ministère de l’intérieur. Il y a un lien certain puisque l’Insee est chargé de la gestion du fichier électoral, fichier qui ne figure pas sur la carte, pas plus que les fichiers des impôts (DAS1) ou des CAF auxquels l’Insee accède à des fins statistiques.

    • Carte réalisée avec la revue Z n°5 en 2011 sur le travail social :

      https://reflets.info/mecanisation-des-rapports-sociaux

      Le dossier était accompagné d’une critique de l’informatisation du service 115 d’aide aux personnes à la rue à travers le dispositif du SIAO :

      A noter que les progiciels commerciaux (Progdis, Iodas, Praxtel, Ophelia…) devront être « compatibles » avec le SIAO pour accélérer les interconnexions. Selon un précieux « cahier des charge fonctionnel », document qui date de juillet 2009, le SIAO n’a pas seulement une visée comptable et mécanique de l’hébergement d’urgence. Il doit aussi intégrer des éléments « pédagogiques » pour qu’il soit mieux « accepté », par les agents qui l’utilisent comme par ceux qui en sont la cible :

      les Travailleurs sociaux constituent un point d’entrée quasiment exclusif des informations concernant les individus ; de ce fait, il faudra s’assurer non seulement de leur acceptation du nouvel outil comme support quotidien pratique et adapté, (et donc en cas d’application nouvelle, l’acceptation du principe d’une resaisie) mais également de leur adhésion à l’argumentaire justifiant cette base d’individus : l’analyse des demandes, des parcours, des devenirs… pour une mise en adéquation constante du dispositif.

      D’autre part, la collaboration active de chaque établissement sera nécessaire pour un suivi quotidien des capacités disponibles ; il faudra donc, parmi les messages à prévoir dans le plan de Conduite du changement, décrire précisément les fonctionnalités très opérationnelles et l’utilité du système […]. Globalement, la sémantique (définition des termes, zoom sur les cas particuliers ambigus…) sera à harmoniser grâce à l’Administration Centrale, et transmise grâce à un dispositif pédagogique par les Services Déconcentrés.

      […] Il faudra également prendre en compte le besoin d’obtenir rapidement une version (…) opérationnelle et rendant un service à chaque type d’acteur, afin d’aider à l’adhésion de ceux-ci, d’éviter l’« effet tunnel », et d’amorcer, grâce à cette première image positive, un effet d’entraînement contribuant au succès du déploiement, à la vivacité du dépôt de données, et à la réussite de versions ultérieures.

  • Quand Voyages-sncf.com s’allie avec Airbnb - Les Echos Start
    http://start.lesechos.fr/actu-entreprises/services/quand-voyages-sncf-com-s-allie-avec-airbnb-3362.php

    Le site de réservation de la SNCF va inciter ses clients à s’inscrire sur la plate-forme pour louer leur logement pendant leurs déplacements. Objectif : encourager les voyages, en montrant que ceux-ci peuvent aussi être une source de revenus.

    #SNCF #Airbnb

  • Notre dernier Carnet vient de sortir ! Au sommaire :

    – Auto-Radio-Fiction, une #autofiction originale de #Sebastian_Dicenaire.
    – Quelques repères pour une histoire de la « #poésie_radiophonique », par #Céline_Pardo.
    – Blind text – invitée : la réalisatrice #Laure_Egoroff.
    – « Je prends le temps d’ouvrir un tiroir sonore » : à propos de la fiction audio pour la jeunesse, par @intempestive.
    – Artiste visuelle invitée : #Michèle_Charron.

    Et pour le recevoir, l’abonnement est par là :)
    http://syntone.fr/projets/les-carnets-de-syntone

    #création_radio #fictions_sonores #enfants #poésie_sonore

    • Si vous avez des enfants ou des amiEs qui ont des enfants, ou encore des parents qui ont des enfants, faites comme moi : lisez tranquillement “Je prends le temps d’ouvrir un tiroir sonore”.

  • Régionales : le « choc » des amnésiques
    https://www.mediapart.fr/journal/france/081215/regionales-le-choc-des-amnesiques

    « Le choc ». Un même mot à la une du Figaro et du journal L’Humanité, ce lundi matin. Il résume l’état de sidération de la droite et de la gauche devant le score ahurissant de l’extrême droite aux régionales. Il révèle aussi, et surtout, leur déphasage intégral. Ce « choc » n’est pas nouveau. Il prospère depuis trente ans.

    #France #gauche_alternative #Les_Républicains #Marine_Le_Pen #Nicolas_Sarkozy #PS #régionales_2015 #UDI

  • Maslak 1453 : Qui va arrêter ce chantier illégal ?
    Contre la destruction d’une des rares parcelles de forêt à Istanbul

    Par Naz Oke

    http://www.kedistan.net/2015/12/06/chantier-illegal-maslak-1453

    Le 25 novembre, les membres de l’organisation « Défense des forêts du Nord », KOS ( Kuzey Ormanları Savunması) faisaient une descente sur le chantier illégal.
    Une vingtaine d’activistes ont donc répondu à l’appel du KOS et se sont introduits dans le chantier afin de faire respecter la décision de justice d’arrêt des travaux. En effet, la plainte déposée avait suivi son cours devant le tribunal et une décision de justice avait été rendue. De plus, La Direction de l’environnement et de l’urbanisation de la ville d’Istanbul avait demandé l’annulation de l’autorisation de construction du projet. Carrément !
    Mais, malgré le verdict qui ordonnait l’arrêt des travaux, l’entreprise continuait l’activité illégalement. Le chantier avait été arrêté plusieurs fois par les inspecteurs de la Mairie, mais ils reprenaient chaque fois dès le départ des inspecteurs.

  • Marche en Hommage à Babacar Gueye abattu par la police. / Rennes, via Maison de la Grève @MG_Rennes
    https://maisondelagreve.boum.org

    La semaine dernière, un homme est mort, abattu par la police à Maurepas, Rennes.

    Dans la nuit de mercredi à jeudi, du 2 au 3 décembre 2015, un ami lui a proposé de venir dormir chez lui, ce qu’il a fait. Au cours de la nuit, il s’est réveillé, comme pris d’une crise d’angoisse. Son ami est venu le calmer et il s’est rendormi. Puis il s’est à nouveau réveillé et il est allé chercher un couteau à pain avec lequel il s’est auto mutilé. Son ami a essayé de le maîtriser, sans y parvenir, et, ce faisant, il a été blessé. Cet ami a donc appelé les pompiers au secours. Les policiers sont arrivés sur les lieux. Face à cet homme armé d’un simple couteau à pain, la #police, pourtant équipée de tazers, gazeuses, matraques, flash balls, l’a abattu de cinq balles dans le haut du corps.

    Cet homme s’appelait Babacar Gueye. Il était sénégalais. Il avait 27 ans.

    Nous lui rendons hommage lors d’une marche, organisée samedi 12 décembre 2015, à 12h, au départ du centre commercial du Gast, à Maurepas.

    La presse parle d’un « forcené »...
    #meurtre_policier

  • Non à l’état d’urgence contre la contestation sociale

    Par un collectif d’arrêté-e-s le 29 novembre

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/11/non-a-l-etat-d-urgence-contre-la-contestation-sociale_4829780_3232.html

    Nous ne perdons pas de vue non plus que celles et ceux qui souffrent le plus de l’état d’urgence ne sont pas forcément les militant­e­s d’extrême ­gauche, mais plutôt les habitant­e­s des banlieues et les musulman­e­s : ils et elles sont déjà, en temps normal, la cible privilégiée des violences policières et des abus. La plupart des 2 000 perquisitions (dont seulement 3 % ont donné lieu à des mises en examen) ont d’ailleurs eu lieu chez elles et eux. La criminalisation des mouvements sociaux ne doit pas nous faire oublier la dimension avant tout raciste et classiste de la répression policière qui s’opère au nom de la lutte contre le terrorisme.

    C’est l’état d’urgence qui permet les perquisitions et les assignations à domicile et justifie dans l’opinion publique les arrestations arbitraires. Nous ne croyons pas à l’efficacité de ce dispositif pour nous protéger contre le terrorisme. Ces mesures servent de prétextes à l’interdiction de toutes les manifestations, alors même que les événements sportifs et commerciaux sont autorisés. Pourtant, la population court tout autant de risques et s’expose tout autant à de potentiels attentats en allant manger des marrons chauds au marché de Noël des Champs Élysées qu’en allant manifester pour le climat. Ce que cela démontre, c’est que les dispositifs répressifs prétendument destinés à nous protéger sont en réalité largement utilisés par le gouvernement pour faire taire toute contestation sociale.

    Nous n’en sommes que plus déterminé­e­s à manifester contre cet État, pour réclamer plus de justice climatique et sociale. Nous sommes écœuré­e­s par l’opportunisme de ce gouvernement qui instrumentalise la mort des victimes du 13 novembre pour nous faire taire.

  • Marseille : La Plaine, quartier libre

    par Bruno Le Dantec

    http://cqfd-journal.org/Marseille-La-Plaine-quartier-libre

    La rumeur courait les étals et les comptoirs depuis quelque temps  : une restructuration radicale de la place Jean-Jaurès était dans les cartons de la mairie de Marseille. C’est alors que les plans, jusque-là tenus secrets, sont tombés entre les mains de la plèbe. Aïe !

    « Ce ne sont pas les grandes gueules habituelles qui ont mené cette contestation très remarquée durant les séances de concertation, constate avec un plaisir non dissimulé Chris, membre actif de l’assemblée. Ce sont des gens qu’on a croisés une fois ou deux, qu’on connaît plus ou moins, voire pas du tout. C’est cette dynamique-là qu’il m’apparaît important de reconnaître et de soutenir. » Face à l’adversité, les rapprochements entre habitants, habitués, épiciers, patrons de bars, forains, clients du marché et des cafés, malgré des points de vue souvent kaléidoscopiques, ont permis de voir refleurir un sentiment d’appartenance et de fierté. Autour d’un des derniers bancs encore en place dans cette ville, une bande de jeunes scande un rap à la nuit tombée  : « La Plaine, ils n’y arriveront pas, c’est trop pas possible, elle est trop là, c’est trop elle, elle bougera pas  ! » Yvou, un ancien de l’association La Plaine sans frontières, qui se mobilisa en son temps contre la pose de grilles autour des jardins et fut à l’origine de la jeune tradition du carnaval indépendant, reprend la balle au bond, hilare : « La Plaine sera la place Tahrir de Gaudin  ! »