• N’A PAS été victime de quoi que ce soit de sexuel durant son enfance. Elle écrit « N’A PAS » en majuscules parce qu’elle veut que ce soit bien clair : cette assertion ne souffre aucun doute ni la moindre ambiguïté, qui que ce soit ne lui a jamais fait quoi que ce soit de cet ordre-là, elle ne laissera personne prétendre le contraire. Elle N’A PAS, N’A PAS, N’A PAS, N’A PAS, N’A PAS, N’A PAS été, elle peut le répéter un milliard de fois, quiconque chercherait à lui faire dire l’inverse se lasserait avant elle.

    Elle N’A PAS.

    Mais.

    Parce qu’il y a un voire des « mais », comme vous êtes des lecteurices aguerri·e·s vous l’aviez certainement vu venir.

    Mais, donc.

    Mais après tout c’est vrai que ça aurait pu, il y a à travers le monde des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions, sans doute des milliards de gosses qui ONT ou ONT EU — peut-être même est-ce et fut-ce le cas pour l’immense majorité, la plupart du temps dans des milieux « très bien » et par des gens proches et rigoureusement insoupçonnables. Des gens à qui l’on donnerait le bon pneu sans compression, des gens pour qui on préférerait se faire tuer plutôt qu’avoir la moindre suspicion les concernant, des gens dont on ne saurait mettre en doute la probité parce que de toute façon on ne nous croirait pas — et que soi-même on n’en a pas envie, parce que soi-même on ne se croirait pas et que malgré tout ces gens on les a parfois ou souvent aimés pour d’autres raisons et pour de bon.

    Elle N’A PAS été victime de quoi que ce soit de sexuel durant son enfance. Elle peut le jurer. Ou alors ce serait grave bien occulté. Ou alors elle était vraiment beaucoup trop jeune pour s’en souvenir. Ou alors ce n’est pas arrivé souvent. Peut-être une fois ou deux, comme ça, subrepticement, par accident. Pas plus. Une fois ou deux ou trois. Et encore, juste le temps de la stupeur. Or elle s’y connaît en stupeur ; la stupeur, c’est le maître-mot de toute sa vie.

    Elle N’A PAS été victime de quoi que ce soit de sexuel durant son enfance. Pourtant elle sent et a toujours senti comme un drôle de petit nénuphar qui pousse non pas dans son poumon mais dans son âme et elle a lu, beaucoup, surtout ces dernières années, et sans qu’elle le cherche jamais parmi ses lectures certaines faisaient parfois état de ce genre de choses. Elle ne peut évidemment pas comparer les faits, puisque dans son cas ils N’ONT PAS eu lieu et elle ne s’en rappelle pas. Pourtant dans ces livres, dans ces biographies, dans ces autobiographies, dans ces romans, dans ces témoignages, dans ces documents il y a des choses. Des choses qui lui parlent sans qu’elle sache d’où la voix provient. Alors bien sûr on va lui rétorquer — ou plutôt elle va se rétorquer toute seule — que c’est pareil pour tout le monde, qu’elle fait du bovarysme de rat d’égout, que comme elle est un peu faible d’esprit toutes ses lectures lui montent à la tête, et puis de toute façon elle est la première à dire que puisque l’on trouve toujours des preuves de ce dont on est persuadée on n’a qu’à se persuader de rien du tout et le tour est joué. Mais (encore un mais) elle se reconnaît de manière quand même rudement incroyable dans les récits des erratiques parcours ultérieurs des mioches qui n’ont pas eu autant de chance qu’elle puisqu’elle N’A PAS subi ce qu’iels ont subi. Mais en collant rétrospectivement des morceaux entre eux, de tout petits petits petits morceaux, de minuscules coïncidences troublantes, peut-être (peut-être) en réécrivant involontairement un tout petit peu l’Histoire elle obtient à l’insu de son plein gré quelque chose qui ressemble bigrement à un faisceau d’indices. Un GROS faisceau d’indices. Mais elle invente tout, n’est-ce pas, c’est de l’autosuggestion, c’est dans sa tête ? Ce n’est pas arrivé, jamais ? JAMAIS, fort heureusement, sinon elle s’en souviendrait. Alors pourquoi reconnaît-elle tant de similarités voire de similitudes entre ses angoisses, ses névroses, ses cauchemars, ses flashs bizarres depuis toujours, son rapport chaotique à son corps et son identité, sa libido incohérente, sa sexualité désordonnée, son incapacité à finalement aimer quiconque voulait la toucher... et ce que racontent de leurs vies ultérieures celleux à qui, enfants, c’est réellement arrivé ?

    Et puis d’ailleurs « même si », hein. Immodeste comme elle est elle ne se prend pas nécessairement pour la dernière des imbéciles, elle se réclame du matérialisme dialectique et du cartésianisme, il lui faut du factuel, alors « même si », comment pourrait-elle être assez stupide et odieuse pour penser que quelque chose dont elle n’a gardé aucun souvenir eût pu influer de quelque manière que ce soit sur de que fut le reste de sa vie ? Ce n’est pas possible, chez les autres peut-être mais pas chez elle ! Elle elle est trop... elle est trop... Enfin elle est, quoi ; elle N’A PAS, mais elle est !

    D’ailleurs « même si » elle ne pourrait pas ou plus s’en ouvrir à personne, d’ailleurs « même si » elle pourrait parfaitement pardonner ou au moins comprendre et n’en tiendrait grief à personne, d’ailleurs « même si » elle ne voudrait salir la mémoire de personne auprès de personne et encore moins d’elle-même, d’ailleurs « même si » elle ne voit pas pourquoi un souvenir inexistant aurait eu et continuerait d’avoir de telles implications, d’ailleurs « même si » elle sait très bien que les responsables de ce genre de choses ne font que reproduire ce dont elleux-mêmes furent en leur temps victimes. D’ailleurs durant toute son existence elle en a trop fait et a toujours été celle par qui le malheur arrive — elle n’a pas besoin d’en rajouter une couche, surtout pas maintenant que tout est presque fini, avoir des réponses ou des certitudes aujourd’hui ne lui apporterait plus rien. Un dédouanement pour avoir raté sa vie ? Pffff, à quoi bon ? Elle l’aurait ratée dans tous les cas de figure possibles et imaginables. La vie ce n’était pas un truc pour elle, elle n’était pas faite pour ça, la vie c’est quelque chose qu’elle aurait toujours dû se contenter de regarder passer au loin, comme ça, sans participer, comme une vache regarde passer les trains.

    Alors non, elle N’A PAS. Mais le fait qu’au fil des années elle ait trouvé suffisamment de matière pour « objectivement » pouvoir se poser la question la hantera désormais jusqu’au bout — qui fort heureusement n’est maintenant plus très loin.

    Vous dites ? « Encore dix à douze minutes ? » Ah oui, quand même, elle croyait que la fin finale serait plus proche que ça.

    • ADDENDUM : À la différence de la plupart des autres dazibaos celui-ci n’a pas été rédigé en deux coups de cuillère à pot. Il m’a coûté. J’ai essayé d’en peser tous les mots un à un. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de le publier, a fortiori ici entre deux blagues Carambar® et trois photographies de petits chats mignons. Mais c’est fait. Ai-je bien eu raison de mettre par écrit ces interrogations de toujours ? Je n’en sais rien. Vais-je rapidement effacer ce texte ? Je n’en sais rien non plus. En reparlerai-je un jour ? Probablement pas, je ferai ce que j’ai toujours fait depuis bientôt cent ans, je garderai cette (petite ?) partie de mes angoisses et de mes introspections pour moi. Dans la vie il n’y a jamais de bonnes réponses à quoi que ce soit et je crois qu’au fond je n’en cherche pas. Que celleux qui me lisent peut-être depuis l’au-delà pardonnent mes doutes qui ne sont en aucun cas des accusations ni même (je l’espère) des insinuations et gisent en paix, tout va bien — du moins à ce sujet, du moins autant que quelque chose puisse aller bien vu d’ici-bas.

      Là-haut ce sera différent, là-haut on recommencera tout à zéro, on côtoiera exactement les mêmes personnes mais avant de redevenir zinzins on saura se dire à temps tout le bien qu’on pense les un·e·s des autres et toustes ensemble on rira des vivant·e·s tout en dansant sur les nuages.

  • Antideutsch’ contre anti-impérialistes
    https://laviedesidees.fr/Antideutsch-contre-anti-imperialistes

    En #Allemagne, le #conflit_israélo-palestinien divise notamment les sympathisants et militants de la #gauche radicale. Parmi eux, le courant « anti-allemand » se distingue par son soutien inconditionnel à l’État d’Israël et une critique de l’anti-impérialisme majoritaire à gauche.

    #International
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250513_antideutsch.pdf

  • À #Bordeaux, une chercheuse engagée pour l’#écologie se voit interdite de labo

    De plus en plus de centres de recherche sont soumis à un #régime_administratif_spécial, qui conditionne leur #accès à une #autorisation. Les #refus – jamais motivés – sont de plus en plus nombreux.

    Ada* aurait dû commencer le 3 mars son travail postdoctoral au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LaBRI). Mais quatre jours plus tard, alors qu’elle s’étonne de n’avoir toujours pas signé son contrat, un couperet imprévu tombe : l’accès au laboratoire lui est refusé.

    Le #LaBRI est en effet classé #zone_à_régime_restrictif (#ZRR). On ne peut y pénétrer sans l’accord du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et ce dernier a donné un avis défavorable, sans motivation.

    C’est cette décision – exceptionnelle pour une personne de nationalité française – qu’Ada contestait pour « #excès_de_pouvoir » jeudi 15 mai devant le tribunal administratif de Bordeaux. L’affaire a été mise en délibéré.

    Les zones à régime restrictif ont été créées par un #arrêté du 3 juillet 2012 relatif à « la protection du potentiel scientifique et technique de la nation ». Lorsqu’un laboratoire est classé en ZRR, il devient impossible d’y accéder sans autorisation du chef d’établissement, lequel est tenu de suivre l’avis rendu par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Quatre risques justifient l’interdiction de pénétrer dans une ZRR : l’atteinte aux #intérêts_économiques de la nation ; le renforcement d’arsenaux militaires étrangers ; la prolifération d’#armes_de_destruction_massive ; le #terrorisme.

    L’#impact_environnemental de l’#intelligence_artificielle

    Ada ne rentre dans aucune de ces catégories. Elle est de nationalité française. Son casier judiciaire est vierge. Elle ignore ce qui lui est reproché, réduite aux suppositions. Sa participation aux manifestations contre la réforme des retraites en 2023, durant lesquelles il lui arriva d’être prise dans une nasse policière ? Ses engagements écologistes au sein de divers collectifs, comme l’Atelier paysan ?

    L’itinéraire intellectuel d’Ada est en cohérence avec son engagement. Sa thèse de doctorat, soutenue fin 2024, comprend deux parties distinctes, correspondant à l’évolution de sa réflexion en cours de thèse : la première de mathématiques, sa formation d’origine ; la seconde d’analyse du rôle politique du numérique inspirée de la philosophie critique des technologies.

    Le postdoctorat qu’elle aurait dû commencer à Bordeaux prolongeait cette réflexion par un travail de sociologie des controverses sur l’impact environnemental de l’intelligence artificielle.

    Ada ne s’attendait absolument pas à se voir, de fait, interdite de laboratoire. « Quand je l’ai appris, je me suis dit : alors ce ne sont pas que des mots lorsque les militants écologistes sont qualifiés d’écoterroristes. » Elle est à présent au chômage, et ses droits expireront bientôt.

    Sollicité par Mediapart, le directeur du LaBRI renvoie prudemment vers le service de presse de l’#université_de_Bordeaux, une des tutelles du laboratoire, qui se montre quelque peu gêné. Formellement, c’est le président de l’université qui a pris la décision d’interdire à Ada l’accès au LaBRI, et c’est donc lui qui était assigné devant le tribunal administratif.

    Mais même à l’issue de l’audience, l’université reconnaissait ne pas savoir encore totalement ce qui est imputé à la jeune chercheuse. « Ces dispositifs sont volontairement flous et opaques, dans le but d’empêcher les personnes mises en cause de se défendre, puisqu’elles ignorent ce qui leur est reproché », observe Ada.

    Les #sciences_humaines_et_sociales concernées

    L’#opacité entourant la mise en place des ZRR est manifeste. La liste n’en est pas publique mais leur nombre ne cesse clairement de s’accroître. En 2019, un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques relevait déjà que « le rythme d’augmentation du nombre de ZRR, d’environ 20 % par an, ne laisse pas d’interroger ».

    En 2024, une commission d’enquête sénatoriale sur les politiques publiques face aux ingérences étrangères recensait 931 ZRR en France, dont 201 créées en 2023. L’année prochaine, la totalité des laboratoires de l’Institut national de recherche en #informatique et en #automatique vont être classés en ZRR.

    Et depuis l’arrêté du 24 octobre 2024, certaines sciences humaines et sociales sont également concernées. On voit pourtant mal en quoi des recherches en psychologie comme les « sciences et techniques des activités physiques et sportives » ou encore l’ergonomie devraient être protégées d’un risque d’espionnage.

    Dans le même temps, les refus d’accès sont devenus de plus en plus fréquents : 1,7 % jusqu’en 2019, 2,7 % en 2023 selon les rapports parlementaires précédemment cités… et 7 % en 2024 pour les 6 000 demandes d’accès gérées par le CNRS, d’après les chiffres communiqués à Mediapart par l’organisme, qui n’a pu nous préciser le nombre, parmi eux, de ressortissant·es français·es.

    Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a pas donné suite à nos demandes de chiffres récents sur le nombre de ZRR et de refus d’y accéder.

    Pour Baptiste Pagnier, de la CGT des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, « il y a beaucoup de refus à bas bruit, concernant très majoritairement des étrangers. Les contestations en justice sont peu nombreuses, et rarement gagnantes ».

    Christine Buisson, de SUD Recherche, estime que « l’extension des ZRR pose un problème de #conditions_de_travail, parce qu’elle génère des complications pour les recrutements, même de stagiaires, avec des refus réguliers qui perturbent le fonctionnement des laboratoires déjà contraints de recruter beaucoup de précaires ».

    Les deux syndicats ont fait parvenir au tribunal administratif de Bordeaux des mémoires en intervention, au côté de la Ligue des droits de l’homme et de l’Assemblée des directions de laboratoire, elle aussi inquiète des contraintes administratives et des atteintes aux libertés académiques que portent en elles les ZRR.

    Tous estiment que la confirmation par le tribunal administratif de l’interdiction faite à Ada d’accéder à son laboratoire postdoctoral créerait un précédent extrêmement grave.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160525/bordeaux-une-chercheuse-engagee-pour-l-ecologie-se-voit-interdite-de-labo
    #ESR #recherche #université #France #justice #SHS #it_has_begun

    • avec un extrait de l’émission sur Nelly Arcan
      youtube.com/watch ?v=pn5tS7JfUVY

      Attention, paroles insupportables de Clothilde Coureau.

      –-

      L’écriture féminine de la sexualité serait coupable de dévoyer la littérature, de « ramener à l’intime, aux petites choses, et contrairement au je masculin qui est neutre, de ne pouvoir être un je universel », selon Lilas Bass.

  • La nuit, tous les chats noirs ne sont pas anars !
    https://bsky.app/profile/antifouchiste.bsky.social/post/3lkeoyyagkc2l


    #Arnaquisme

    Action Antifouchiste
    9h
    Puisqu’il semble que personne n’est au courant on va tirer les choses au clair quant au réseau dégueulasse qui se cache derrière @infolibertaire.net
    Ce site pille littéralement tout contenu militant dans le but d’agréger un maximum de trafic et afin d’attirer les internautes dans un réseau mis en place et géré par un seul mec basé au canada.
    Plus de 30 sites constituent le réseau fondé par un certain"Anarchoi".
    Le plus connu c’est le site de VPC Ni Dieu Ni Maître qui semble faire des profits mirobolants.
    Mais attention hein une part des profits sert la cause. T’achète pas un tee-shirt dégueulasse, produit à bas coût dans des conditions lamentables. Non tu achètes un acte de solidarité !
    C’est plus qu’un simple teeshirt c’est un acte de solidarité chaque achat permet de lever des fonds pour faire des dons aux mêmes causes que vous défendez
    Car une partie du pognon est reversée à une organisation appelée No Gods No Masters (gerée par le même petit malin), orga qui reverse ensuite sous forme de dons à différentes causes en toute opacité bien sûr.
    Or... Il se trouve que parmi les causes financées on retrouve la galaxie de sites fondée et administrée toujours par Anarchoi.
    Votre teeshirt financé plus de 100 groupes militants Chaque achat récolte des dons mensuels à des initiatives comme info libertaire offrant un hébergement web non commercial sur des serveurs écologique et aidant les militants à construire une présence en ligne
    Soutenez la scène punk Nos teeshirt soutiennent financièrement les plus grandes communautés punk et plateforme de streaming musical comme pirate punk et d’autres outils essentiels aidant les groupes à promouvoir leurs albums
    Site qui pille le contenu d’artistes des scènes indépendantes (ou pas) qui ont un grand succès chez les "jeunes ados rebelles", très friands des tee-shirts vendus par Ni Dieu Ni Maître.
    C’est l’économie circulaire. Tu ratisses un max des visiteurs sur tes sites en pillant le monde militant et les artistes, pour flécher ton public vers ton site de VPC qui en retour finance l’infrastructure de ton réseau.
    Afin de pouvoir offrir gratuitement des milliers de téléchargement là communauté devait trouver un moyen de payer ses frais d’opération sans recourir à des publicités
    Anarchoi est célèbre pour son management toxique de ses équipes de modération comme pour l’agressivité légendaire contre toute personne qui ose remettre en cause ses pratiques dégueulasses. En bref fuyez tout ces sites de merde.
    Avec le pognon engrangé, ce faux collectif annonce héberger un centaine de sites militants (c’est faux) qui se révèlent pour tous ceux qu’on a pu trouver en tout cas, être les vitrines du même anarchoi.
    Il va jusqu’à se faire passer pour les fédérations anarchistes locales.
    Dans le réseau on retrouve notamment :
    anarcho-punk net
    Pirate punk
    Quebec underground
    Forum libertaire
    Punk download
    Punks and skins
    Anarchist quotes
    Et tout un tas de faux website de fédération anarchiste reproduit en un dizaines de langues.
    Anarcho-Punk.net - Crust Punk Community & Music Download Ⓐ/Ⓔ FREE MUSIC ALBUMS DOWNLOADS ! Crust Punk Online Community - Music, Activism & Anarchism ! www.anarcho-punk.net
    On sait pas si le montage juridique de son réseau lui permet de défiscaliser les dons. Ou au moins de faire baisser ses bénéfices. Bref tout ça mériterait une enquête approfondie. Si y a des motivé·es hésitez pas à nous contacter.
    Merci à @doujar.bsky.social
    Liste des sites du réseau Anarchoi.
    https://www.nogodsnomasters.org https://www.no-gods-no-masters.com https://forum.anarchistfederation.net https://www.anarcho-punk.net https://www.libertaire.net https://www.pirate-punk.net https://www.ni-dieu-ni-maitre.com https://www.quebecunderground.net https://www.punkdownload.com https://www.punksandskins.com https://www.anarchistfederation.net https://www.infolibertaire.net https://www.federacionanarquista.net https://www.federacaoanarquista.com.br https://www.anarchistischefoderation.de https://www.rivoluzioneanarchica.it https://www.anarquia.cat https://www.anarxiki-omospondia.gr https://www.anarsisthaberler.net https://www.anarchistischefederatie.nl https://www.vegan-news.net https://www.anarchistimages.com https://www.propagande-anarchiste.org https://www.anarquismo.net https://www.anarchistmemes.org https://www.ni-dios-ni-amo.com https://www.sem-deuses-sem-mestres.com https://www.keinegotterkeinemeister.de https://www.defendanimals.com
    Ne vous étonnez donc pas de trouver des contenus antisémites, transphobes, ou du HB. Y a zéro filtre tout est automatisé. Anarchoi la politique c’est juste son business.
    Screen du site info libertaire L’idéologie de l’identité de genre est profondément mysogine et homophobe
    Le réseau Ni Dieu Ni Maître / No Gods No Masters s’articule autour de plusieurs sites web multilingues qui constituent la plateforme de vente en ligne. Chacun reprend le slogan anarchiste « Ni Dieu ni Maître » dans une langue différente. On dénombre cinq sites principaux interconnectés
    Ces sites présentent un contenu similaire (catalogue de vêtements, même modèle économique) adaptés à chaque langue, avec une promotion commune : « Livraison gratuite/Free shipping », « coopérative de vêtements éthiques », « chaque vente contribue à des dons pour des causes », etc..
    Un visiteur peut naviguer dans sa langue sans être redirigé vers un autre domaine, chaque version étant sur un domaine dédié
    Aucune redirection externe apparente n’est visible pour l’utilisateur lors de la commande, mais en back-end les commandes sont transmises à la plateforme Spreadshirt
    Ces sites sont de simples vitrines : ils proposent des designs et gère le site web, mais n’a pas de stock propre ni d’atelier d’impression. Ce fonctionnement « zéro inventaire » est assumé dans leur communication (« zero inventory, zero waste »)
    Concrètement, lorsqu’une commande est passée sur un des sites, c’est Spreadshirt qui la prend en charge en coulisses : Spreadshirt assure l’impression des t-shirts, la livraison au client et gère également les paiements. 100% dropshiping
    En 2010 un t-shirt était vendu 14,99 $ via la boutique Pirate-Punk/No Gods No Masters, dont 8,90 $ revenaient à Spreadshirt, laissant environ 6 $ de bénéfice net par t-shirt pour “Anarchoi"
    La "coopérative" se présente comme « à but non lucratif » et met en avant ses dons, mais il n’y a pas de statut légal clair affiché (pas de n° d’association ou coopérative déclaré publiquement sur le site, ni de rapport financier détaillé).
    Elle recueille des fonds sous l’étiquette “non-profit” sans cadre légal : les acheteurs pourraient croire à une obligation formelle de donation, là où il s’agit d’un engagement moral unilatéral.
    Autant vous dire...
    Le catalogue de No Gods No Masters puise largement dans l’iconographie militante, les logos de mouvements, les images d’artistes ou de groupes de musique engagés... Un “pillage” culturel contraire à l’éthique DIY
    ... Pillage généralisé des petites distro, artistes indépendants, etc, sur les plateformes de téléchargement illégaux qui servent de produits d’appel pour les boutiques.
    Évidemment aucun site ne comporte de mentions légales, pas de noms de société, et le whois protégé par des services d’anonymisation.
    Les sites de VPC affichent des labels du type « 100% vegan – PETA Approved » sur ses produits. Il faut noter que ces certifications proviennent en réalité de... Spreadshirt
    La réalité les teeshirt de marque "fruit of the loom" sont fabriqués au Honduras...

    Comme le dit anarchoi "plus qu’un simple teeshirt", une arnaque bien ficelée.
    Il existe une possibilité que derrière ce modèle se cache un schéma, hypothétique, d’optimisation fiscale.

    Le site de VPC (NGNM) génère des revenus via la vente de t-shirts. Ces revenus sont normalement imposables s’ils sont déclarés en tant qu’activité commerciale
    NGNM effectue des “dons” à des associations militantes affiliées.
    → Ces dons sont enregistrés comme des charges d’exploitation ou dépenses caritatives, ce qui peut potentiellement réduire le bénéfice imposable
    L’asso "militante" reçoit les fonds et les utilise pour financer ses propres projets ou ses sites web.
    Si l’asso est déclarée comme organisme d’intérêt général au Canada, elle peut délivrer un reçu fiscal permettant au donateur de déduire ce montant de ses impôts.
    L’argent revient indirectement dans le réseau géré par Anarchoi. Si ces associations financent des sites du réseau notamment en payant l’hébergement (Pirate-Punk, Libertaire . net, etc...), alors l’argent circule sans réellement quitter le contrôle du même groupe
    Là on est dans le domaine de l’hypothèse, mais cependant vu l’opacité organisée par l’administrateur de cette galaxie de sites, on peut s’attendre à tout.
    Et puis c’est pas comme si par le passé il avait pas déjà été pointé du doigt pour ramasser des dons afin de payer l’hébergement et les serveurs de ces sites de piratage de contenus, alors que les fichiers étaient stockés sur megaupload où d’autres plateformes..

  • Mise au point à propos du texte de Tsedek paru dans Le Média et l’Humanité - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/en-debat/lutte-contre-lantisemitisme/mise-au-point-a-propos-du-texte-de-tsedek-paru-dans-le-media-et-lhumanite

    La seule vérité qui nous unit et nous désigne comme cibles par #Tsedek c’est que nous n’entendons pas nous taire face au déferlement de haine antisémite. Nous dénonçons tous les discours qui criminalisent non seulement l’ensemble du peuple israélien, décrété coupable, mais également l’ensemble des Juifs, jugés complices. Houria Bouteldja, l’alliée de Tsedek, l’a clairement exprimé, déclarant à l’occasion de l’élection de Miss Provence qu’ « on ne peut pas être Israélien innocemment » _1. Sur le site de l’ UJFP, son indéfectible partenaire, on peut lire que « L’étoile de David est devenue un symbole de suprématie et de fascisme » 2.

    Ainsi les kippas désigneraient les enfants juifs comme complices de la politique criminelle de l’État d’Israël3. Sans surprise, ces groupes ont régulièrement dénoncé la solidarité avec les Juifs, y compris face à l’assassinat de vieilles dames et d’enfants (Sarah Halimi, Mireille Knoll, Ilan Halimi, les enfants de Toulouse, etc.), comme relevant d’une « instrumentalisation ». Dans un étonnant sophisme, ils ont aussi rendu coupables de ces meurtres, non leurs auteurs mais… la politique israélienne. Non l’antisémitisme ce n’est pas « la faute des Juifs », pas plus que le racisme ne serait imputable à ceux qui le subissent, les militants antiracistes, féministes ont démenti cette affirmation réactionnaire qui vise à considérer que les opprimés sont coupables de leur propre malheur.

    Nous ne considérons pas non plus l’antisémitisme comme un inéluctable dans le soutien aux Palestiniens. C’est le contraire qui est vrai. Ceux qui affirment sur un camion d’Urgence Palestine lors d’une manifestation récente : « Quel révolutionnaire n’a pas pleuré de joie le 7 octobre ?  sont les fossoyeurs et non les alliés du peuple palestinien. L’antisémitisme a toujours été un poison pour la solidarité avec la cause palestinienne. Et un alibi pour l’extrême droite israélienne. Les déclarations irresponsables de ces groupes, leur soutien affiché à ceux qui twittent des hommages à Nasrallah ou à Yaya Sinwar4, ou dénoncent les luttes des femmes iraniennes comme des « agents de l’impérialisme en guerre contre l’Iran », en font des adversaires politiques qui ont fait de la lutte pour l’émancipation leur principal ennemi.

    [...]

    3. Rony Brauman affirmait en 2016 sur Europe 1 que « porter la kippa, c’est faire allégeance à la politique de l’État d’Israël  »_ ↩︎

    #antisémitisme

    • https://blogs.mediapart.fr/sophie-ernst/blog/180116/rony-brauman-et-la-kippa-ses-explications

      Le port de la kippa, comme celui de signes religieux visibles, revêt des significations diverses et ne peut en lui-même être confondu avec un manifeste politique. En l’occurrence, je suis conscient que la kippa n’a rien à voir en elle-même avec l’Etat d’Israël, que nombre de ceux qui la portent le font par fidélité à une tradition, par adhésion à des obligations religieuses ou d’autres raisons personnelles et non pour véhiculer un message politique. Plus généralement, je m’inscris dans une conception libérale, et non anti-religieuse, de la laïcité : celle qui accorde à toutes les religions le droit inaliénable d’exister librement, et à tout citoyen celui d’arborer des signes religieux dans un espace public neutre.

      Il n’en est pas moins vrai que des institutions juives, le Crif en premier lieu, ne cessent d’affirmer au contraire que la « communauté juive » de France est « inconditionnellement solidaire » de l’Etat d’Israël et donc de sa politique. Je tiens à rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi : c’est en 1988 que le Crif a fait irruption sur la scène de la diplomatie française en protestant, au nom de la « communauté juive », contre la visite d’Arafat au Parlement européen et sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères (http://www.ina.fr/video/CAB88036449). Jusqu’alors, cette organisation se tenait à distance de la politique israélienne, et il est permis de déplorer cette rupture. La proximité avec Israël s’est renforcée avec le temps pour devenir une véritable fusion au cours des années 2000. Elle a culminé avec la manifestation de juillet 2014 en soutien à l’attaque de Gaza assortie de demandes d’interdiction des manifestations de solidarité avec les Palestiniens (http://tempsreel.nouvelobs.com/le-conflit-a-gaza/20140729.OBS4966/le-crif-appelle-a-un-rassemblement-pro-israelien-jeudi.html). Revendiquer l’identification des juifs à la politique israélienne, voilà ce qui contribue à confondre critique de la politique israélienne et critique des juifs en tant que tels. Le Crif entretient activement cette confusion, tout en la dénonçant avec virulence quand d’autres la reprennent à leur compte. Mes propos hâtifs sont allés dans le même sens, ce que je regrette vivement. J’adresse mes excuses à ceux qui s’en sont sentis blessés. Je redis que je ne suis l’ami ou l’ennemi d’aucun peuple mais que ma sympathie politique va vers les occupés et non vers les occupants.

    • https://www.tenoua.org/golem-on-cree-ensemble-pour-lutter-contre-lantisemitisme

      NOÉ Dès la classe de seconde, en 2012, au moment où Soral et Dieudonné évangélisaient à tour de bras et où leurs diatribes antijuives affectaient la vie de beaucoup de Juifs de mon âge, personne à gauche n’a pris la parole. Enfin personne sauf Manuel Valls, c’est dire si la gauche antiraciste avait déserté.

      En effet, le commentaire d’inadvertance est bien tordu.

  • Collecte pour racheter L’HYDRE ensemble, pour faire de ce lieu autogéré un bien commun « immortel » - Campagne pour sortir ce lieu associatif du marché immobilier

    A vous qui fréquentez L’HYDRE pour une heure ou toute l’année...
    A vous qui aimez l’autogestion et la propriété d’usage, hors de la marchandisation et de la spéculation immobilière ! (...)

    https://ricochets.cc/Collecte-pour-racheter-L-HYDRE-ensemble-pour-faire-de-ce-lieu-autogere-un-

  • Il faut « sortir » du capitalisme mais je ne vous dirais pas comment
    https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/12/11/il-faut-sortir-du-capitalisme-mais-je-ne-vous-dirais-

    Dans la Préface à la deuxième édition allemande du Capital en réponse au reproche de s’être « borné à un simple démontage critique du donné » Marx, disait ne pas « formuler des recettes pour les gargotes de l’histoire ». Qu’est-ce que tu proposes ? J’ai publié un certain nombre de billets sur mon blog qui proposaient des analyses de […] L’article Il faut « sortir » du capitalisme mais je ne vous dirais pas comment est apparu en premier sur Atelier d’Écologie Sociale et Communalisme.

    • Ou encore très récemment, lors d’un séminaire que je donnais à l’université d’Evry au département d’économie, c’est l’incrédulité et l’incompréhension qui ont été les réactions les plus nombreuses, ces (jeunes), économistes n’imaginant pas que la société puisse fonctionner autrement qu’elle le fait actuellement alors que s’accumulent pourtant les preuves de ses dysfonctionnements. Et c’est évidemment ce que pensent la plupart des gens et tout particulièrement les plus pauvres qui aspirent à une vie meilleure qui leur apparaît être celle de ceux qui n’ont pas de problèmes de fin de mois. D’où leur réticence à accepter les discours sur la « sortie » du capitalisme qu’ils assimilent au renoncement à leurs espérances (légitimes) d’amélioration de leur sort. Une grande majorité de gens semble penser que la consommation ne peut exister que sous les formes où elle existe aujourd’hui. Et il en est de même pour la production qui repose sur une division du travail tellement poussée que tout autre système d’organisation semble impossible, en particulier en ce qui concerne la hiérarchie, se traduisant notamment pas l’idée répandue que des chefs seront toujours nécessaires. Une idée complaisamment entretenue par les « élites » qui y voient à peu de frais une justification de leur domination.

      Avé la source : https://blogs.mediapart.fr/gilles-rotillon/blog/021224/il-faut-sortir-du-capitalisme-mais-je-ne-vous-dirai-pas-comment

    • Enfin, il faut bien comprendre que lutter contre le capitalisme, c’est agir pour changer son rapport social, en particulier en remettant en cause la propriété privée des moyens de production.

      C’est un peu court comme perspective de sortie du capitalisme. Une économie faite d’entreprises autogérées dont les travailleurs coopérant et possédant ensemble les outils de production ne nous ferait pas sortir du rapport social dans lequel on est actuellement pris.

      Lire contre le mythe autogestionnaire par exemple.
      https://infokiosques.net/spip.php?article805

    • Nous ne proposons pas de plan détaillé de la société communiste de l’avenir, mais le fait est que ce rêve de tous les êtres humains qui ont ressenti fortement le besoin de vivre ensemble, d’être débarrassés à tout jamais de l’argent, des bourgeois, de la nécessité de se vendre et de devoir tout acheter est toujours présent.
      (...)
      L’essence du capitalisme est la valorisation du capital par la production de marchandises dans le cadre d’unités productives autonomes. Cette valorisation est rendue possible par l’exploitation d’une marchandise particulière, la force de travail, capable de transformer des matières premières, d’utiliser des machines... pour créer de nouvelles marchandises dotées d’une valeur supérieure, une survaleur ou plus-value. Ensuite il faut que cette plus-value se réalise, que les marchandises se vendent. Le marché mondial est l’espace où les échanges s’opèrent : la vente doit s’effectuer pour que la plus-value extorquée au travail vivant se concrétise, se convertisse en argent. Ceci explique que chaque unité productive lutte pour elle-même contre les autres car dans ce mouvement de concurrence c’est à celle qui réussira le mieux à évincer les autres.

      Ce que ces autogestionnaires ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre c’est que toucher un salaire implique un échange : ma force de travail contre le fric sans lequel je peux crever dans ce monde où l’argent est roi. Le salaire est infamant de par son existence même, il veut dire que nous sommes en train de vendre notre vitalité humaine, de la broyer dans une vie étriquée, enfermée entre quatre murs, à produire pour le marché qui impose sa dictature. C’est se laisser totalement dominer par le processus infernal de la valorisation. Ce qui est absent de tout le verbiage de ces autogestionnaires c’est l’abolition du salariat.

      https://infokiosques.net/spip.php?page=lire&id_article=805

    • Bonjour Rastapopoulos et deum, c’est TerKo de l’Atelier, merci pour vos commentaires, je vous propose néanmoins de les porter directement sur notre site dans la zone prévue à cet effet en fin d’article... ainsi vous contribuerez à l’objectif de ce dernier qui est d’ouvrir des débats, des réflexions et de faire des propositions... dans l’attente de votre retour, bien à vous ! TerKo

  • En Russie, des feux de forêt gigantesques dans l’indifférence des pouvoirs publics
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/07/13/en-russie-des-feux-de-foret-gigantesques-dans-l-indifference-des-pouvoirs-pu

    Actifs plus tôt cet été à cause d’une vague de chaleur précoce et intense, ces feux ne cessent de se multiplier avec, depuis le début de l’année, 6 000 foyers ayant détruit près de 3,5 millions d’hectares – l’équivalent de la superficie de la Normandie. Un décret gouvernemental avait fixé à 5,1 millions d’hectares le maximum pour l’ensemble de 2024. Au rythme actuel, ce seuil pourrait être dépassé dès le 20 juillet.

    « La taïga brûle… », se désole parmi d’autres Irina, habitante de la région d’Irkoutsk, où les incendies ont déjà dépassé le seuil prévu (+ 328 % de la superficie établie pour l’année). Jointe par Le Monde, la jeune femme, qui ne souhaite pas être identifiée, répète ce que les populations dénoncent été après été depuis des années. « Le problème est global, à commencer par l’effondrement de notre industrie forestière et des moyens de protection, aériens notamment, regrette-t-elle. Les forêts sont en train de disparaître. Mais le problème ne réside pas seulement dans la forêt et sa mauvaise gestion. Il est en grande partie dans la tête des gens et des autorités qui ne veulent ni le voir ni le combattre. »

    Des carences aggravées par le conflit en Ukraine
    Les moyens pour lutter contre ces feux manquent en effet cruellement, et le conflit en Ukraine a aggravé ces carences. Des entreprises produisant des équipements anti-incendie ont quitté la Russie ou ont réorienté leur production vers le complexe militaro-industriel. Par ailleurs, des hommes, habituellement mobilisés l’été dans ces régions pauvres pour la lutte contre les feux, se sont engagés sur le front en Ukraine, attirés par de généreuses soldes.
    Contre la gestion des feux, témoignages et critiques se multiplient sur les réseaux sociaux, dernier rare espace de liberté d’expression en Russie. Ainsi, par exemple, au nord du lac Baïkal, les habitants des villages de Chara, Novaya Chara et Ikabya, recouverts d’une épaisse fumée grise empêchant de respirer normalement, racontent comment ils en sont réduits à lutter eux-mêmes contre les flammes, avec des seaux, arrosoirs, bouteilles, pompes, camions-citernes et même pulvérisateurs de jardin. « Par désespoir, nous ferons n’importe quoi pour nous protéger, témoigne une mère de famille. Nous étouffons à cause des gaz de combustion, la visibilité dans les villages est nulle et les ours fuient la taïga ! Personne ne s’en soucie. » En retour, les enquêteurs ont menacé certains de ceux qui se sont exprimés en ligne de poursuites pénales pour « discréditation » des autorités.

    « Les incendies sont en grande partie causés par le facteur humain – touristes, bûcherons, brûleurs d’herbes sèches, assure Alexei Ekidin, chercheur à l’Institut d’écologie industrielle de Iekaterinbourg. Mais cela peut aussi être lié à des conflits entre propriétaires de différentes zones forestières. » Allusion à la désorganisation institutionnelle et son pendant, la corruption. Des groupes industriels liés aux responsables politiques locaux ont en effet investi la forêt, coupant les arbres, vendant le bois et construisant des lotissements dans les zones défrichées. Avec comme résultat un moindre respect des normes de sécurité. D’autant que l’administration anti-incendie, réputée pour son pointillisme, est aussi connue pour son haut niveau de corruption.

    D’autre part, si la réglementation prévoit certes des sanctions sévères contre les responsables d’incendies, elle favorise implicitement le recours clandestin au feu. En effet, le propriétaire d’une forêt poussant sans autorisation sur des terres agricoles est passible d’une lourde amende ; pour éviter cela, le moyen le plus simple consiste bien souvent à brûler les jeunes pousses et la vieille herbe sèche. Mais ces pratiques d’écobuage sont parfois mal maîtrisées.

    La réforme du code forestier de 2006 est aussi en cause. Elle a liquidé la fonction de protection de la forêt. Les postes de 70 000 gardes forestiers ont été supprimés. (...)

  • *Nouvelle ère du fascisme et société sans avenir*

    http://www.palim-psao.fr/2023/03/nouvelle-ere-du-fascisme-et-societe-sans-avenir-a-propos-du-livre-la-demo

    Préface de *La démocratie dévore ses enfants. Remarques sur les fascismes historiques et le nouvel extrémisme de droite*

    Dans un livre paru en 1993, Robert Kurz avertissait : l’extrémisme de droite est le fils légitime de la démocratie. Mais le l’extrémisme qui se renforce aujourd’hui est différent de celui qui existait durant l’entre-deux-guerres : réactionnaire et rétrograde, il est déjà un phénomène de la crise structurelle du capitalisme.

    Une réponse immédiate consiste à considérer le fascisme/nazisme comme une idéologie autoritaire toujours à l’affût, une menace pour la société démocratique qui se manifeste chaque fois que les tensions et les fragilités sociales sont exacerbées. [...] a faiblesse de ces interprétations est qu’elles fixent le fascisme comme une impulsion antisociale générale dépourvue de contenu historique, quelque chose de totalement extérieur aux institutions et faisant souvent partie d’une nature humaine instinctive et violente.

    L’opposition entre fascisme/nazisme et démocratie est erronée parce qu’elle saisit des moments ou des étapes distinctes d’un même processus historique, en maniant des catégories abstraites (démocratie, dictature, liberté) sans leur cadre temporel respectif. Le fascisme et le nazisme étaient des phénomènes typiques de la modernisation capitaliste dans des pays retardataires comme l’Italie et l’Allemagne, très différents des nations où les verrous des sociétés agraires prémodernes avaient déjà été surmontés (France, Angleterre) ou n’avaient jamais existé (États-Unis).

    « le national-socialisme apparaît comme un moment spécifique dans le processus de formation de la démocratie moderne d’économie de marché, comme l’un de ses stades préliminaires et de mise en œuvre ; et la crise de l’époque (guerre mondiale et crise économique mondiale) comme la plus grande de ses crises d’instauration. »

    Il est clair que cette formulation blesse l’oreille sensible des démocrates savants, qui ne peuvent admettre que leur forme idéale et la plus avancée de coexistence politique s’est développée à travers le fascisme historique, qui a servi d’instrument d’instauration de la « socialisation par la valeur », c’est-à-dire des formes de la marchandise, de l’argent et du capital. Mais la formulation de Kurz a encore un autre aspect qui la rend extrêmement actuelle pour expliquer la montée de l’extrême droite au sein des démocraties occidentales : le nouvel extrémisme de droite n’a plus rien à voir avec le fascisme dans sa manifestation historique de l’entre-deux-guerres, si ce n’est en termes symboliques et idéologiques secondaires ; c’est un phénomène non plus de progression mais de dissolution de la démocratie de marché.

  • Extrême-droite et producérisme

    Dans un ouvrage fondamental consacré aux droites radicales aux États-Unis, Chip Berlet et Matthew Lyons définissent le « producérisme » Le concept de producérisme est obtenu en francisant le terme anglais « producerism ». Nous préférons « producérisme » à « productivisme » ou « productionnisme » qui ont déjà d’autres significations comme « une des structures les plus élémentaires du récit populiste ». Le producérisme évoque l’existence « d’une classe moyenne noble et laborieuse constamment en conflit avec des parasites malveillants, paresseux et coupables au sommet et au pied de l’ordre social. Les personnages et les détails ont changé de façon répétée, ajoutent Berlet et Lyons, mais les grandes caractéristiques de cette conception des choses sont restées les mêmes pendant près de deux cents ans » C. Berlet et M. Lyons, Right-Wing Populism in America. Too close for comfort, New York, Guilford Press, 2000, pp. 348 et 349. On parle peu de producérisme en Europe et pourtant ce concept est potentiellement très utile pour décrire et qualifier des discours relevant de la démagogie, du populisme ou de l’extrême droite. Le producérisme renvoie premièrement et spécifiquement à l’idée du peuple qui produit. Le peuple des producteurs, c’est ceux qui sont à l’origine de la production de toutes les richesses de la nation. Les agriculteurs, les fermiers, les ouvriers, les artisans et l’ensemble des professions manuelles, c’est-à-dire tous ceux qui « vivent à la sueur de leur front », font partie du peuple producteur. Le producérisme se réfère ensuite à l’idée selon laquelle le peuple qui travaille est écrasé par un ensemble de « parasites » qui profitent du peuple et des fruits de son travail sans participer à la production des richesses en question. Il y a les « parasites d’en haut » et les « parasites d’en bas », les premiers correspondent aux « élites » c’est-à-dire aux banquiers, aux financiers, aux « mondialistes », aux bureaucrates, aux syndicalistes, aux intellectuels, aux académiques et à tous ces gens qui profitent du système sans travailler avec leur corps. Les parasites d’en bas, pour leur part, sont identifiés à une « clique » de paresseux qui profitent également de la situation. Ce sont les étrangers, les immigrés, les bénéficiaires de l’aide sociale, les « faux » chômeurs, mais aussi les « asociaux » en tous genres qui profitent également des ressources de l’État : les artistes, les homosexuels, les militants pour l’avortement, les féministes, les laïques… Le producérisme renvoie enfin à l’idée fondamentale selon laquelle il existe une solidarité, ou à défaut une sorte de connivence ou d’accord tacite, entre les « parasites » d’en haut et les « parasites » d’en bas pour spolier le peuple. Le discours producériste présente les parasites comme des alliés objectifs qui ne se connaissent pas mais qui ont des intérêts communs.

    https://www.revuepolitique.be/les-nouveaux-parasites

    Par exemple, au sein de la gauche par tradition et notamment par tradition marxiste l’antagonisme principal c’était capital-travail du coup il fallait permettre aux travailleurs de gagner des victoires face, au capital de ce point de vue là le Rassemblement National il joue sur un autre clivage que moi que j’ai beaucoup repéré également sur mon terrain qui est celui entre travailleurs et non-travailleurs et c’est et notamment avec le terme d’assisté, qui revient beaucoup.

    (...)

    Donc le producérisme, c’est-à-dire qu’en fait, une forme de valorisation des travailleurs actifs qui est opposée aux personnes qui soit ne travaillent pas, soit ne produisent pas de valeur économique intéressante qui va participer à l’économie. Les intellectuels, typiquement.

    https://www.sismique.fr/post/139-comprendre-les-%C3%A9lecteurs-d-extr%C3%AAme-droite-felicien-faury

    La rhétorique producériste mobilise la figure de l’Américain producteur et du fermier indépendant. Historiquement aux États-Unis, elle glorifie les « ruraux radicaux » (rural radicals) contre les « grands monopoles capitalistes » [16]

    (...)

    Le discours producériste ne récuse pas tant les gens pour ce qu’ils sont (racisme traditionnel) que pour ce qu’ils font, et il ne rejette pas tant l’égalité pour ce qu’elle représente mais pour les freins qu’elle peut potentiellement constituer à l’idéal méritocratique et à la juste répartition des richesses sur base du mérite et de la responsabilité. En d’autres termes, le producérisme glorifie les discriminations mais habilement, en fonction de critères qui ne sont pas interdits par la loi et qui à bien des égards sont même au cœur du libéralisme : le mérite, le courage, l’intelligence, la responsabilité, etc.

    https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2014-3-page-95.htm

    #extrême-droite

  • Derrière l’IA, la déferlante des « data centers »

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/06/14/derriere-l-ia-la-deferlante-des-data-centers_6239694_3234.html

    https://justpaste.it/e7qi1

    Cette course à l’IA soulève de nombreuses questions, notamment énergétiques. (...) Et la soif d’énergie va croissant : il existe, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud, des projets de campus d’une puissance de 1 GW, soit un réacteur de centrale nucléaire.

    (...)

    Sera-t-on un jour obligé de choisir entre débrancher des data centers, des chauffages d’immeubles, des usines ou des transports ? « On peut toujours jouer à se faire peur », relativisait début juin la secrétaire d’Etat chargée du numérique, Marina Ferrari, en rappelant que la France a « relancé le nucléaire » avec six projets de réacteurs EPR. Elle reconnaissait toutefois un besoin de « mailler le territoire » pour compenser la « très grande concentration de projets en Ile-de-France et à Marseille ». C’est aussi l’approche d’Etix Everywhere, qui projette des « data centers de proximité » à Lille, Toulouse ou Lyon, afin d’éviter la saturation redoutée à Paris et à Marseille.

    (...)

    Dans ce pays [l’Irlande], les centres de données devraient consommer un quart de l’électricité nationale en 2026, quasiment deux fois plus qu’en 2021. « Il existe un risque important pour la sécurité de l’approvisionnement en électricité », prévenait, fin 2021, EirGrid, le RTE irlandais. Depuis, les raccordements ne sont plus autorisés qu’au cas par cas. Les Pays-Bas ou l’Allemagne ont aussi encadré l’expansion des usines de données, de même que Singapour. A Taïwan, leur consommation d’eau pour le refroidissement a fait s’insurger les agriculteurs… Les centres de données vont-ils susciter des protestations, comme les entrepôts d’e-commerce ces dernières années ?

    #capitalisme-en-roue-libre

    • ChatGPT : « le talon d’Achille de l’intelligence artificielle, c’est sa consommation d’énergie »

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/31/chatgpt-le-talon-d-achille-de-l-intelligence-artificielle-c-est-sa-consommat

      (...)

      Depuis le début de l’année aux Etats-Unis, les grands producteurs d’électricité annoncent, les uns après les autres, le report de leurs projets de fermeture de centrales électriques au charbon. Le Financial Times en fait la liste. Au Wisconsin, Alliant Energy repousse de trois ans la conversion d’une centrale à charbon vers le gaz, FirstEnergy renvoie son objectif de sortie du charbon au-delà de 2030.

      (...)

      C’est au cœur des puces que se situe l’origine de cette panique électrique. Celles de Nvidia, le spécialiste du domaine, chauffent dix fois plus qu’un microprocesseur habituel. Autrement dit, ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que le moteur de recherche de Google. Or, les grands acteurs du numérique, Microsoft, Amazon ou Google, sont en train de déployer à coups de dizaines de milliards des centres de données adaptés à cette nouvelle technologie dans le monde entier.

      (...)

      Voilà qui est excellent pour les compagnies d’électricité dont les profits s’envolent, mais qui pose un défi de plus pour la transition énergétique. On avait prévu le basculement progressif des voitures vers l’électricité, mais pas que l’intelligence artificielle allait la devancer avec autant de vigueur. Créer autant de problèmes nouveaux que l’on voulait en résoudre, c’est cela aussi la malédiction de Prométhée.

  • Do grant proposal texts matter for funding decisions? A field experiment

    Scientists and funding agencies invest considerable resources in writing and evaluating grant proposals. But do grant proposal texts noticeably change panel decisions in single blind review? We report on a field experiment conducted by The Dutch Research Council (NWO) in collaboration with the authors in an early-career competition for awards of 800,000 euros of research funding. A random half of panelists were shown a CV and only a one-paragraph summary of the proposed research, while the other half were shown a CV and a full proposal. We find that withholding proposal texts from panelists did not detectibly impact their proposal rankings. This result suggests that the resources devoted to writing and evaluating grant proposals may not have their intended effect of facilitating the selection of the most promising science.

    https://link.springer.com/article/10.1007/s11192-024-04968-7

    #recherche #appels_à_projet #projets_de_recherche #processus_de_sélection #sélection #recherche #résumé #CV #long_projet #AAP

    via @freakonometrics

  • https://podcasts.lemonde.fr/lheure-du-monde/202406040200-pourquoi-lamitie-homme-femme-nest-elle-pas-prise-au-se

    Souvent, que ce soit à l’école, à la maison ou dans de nombreuses fictions, les relations mixtes sont représentées, racontées et perçues sous le signe de la romance, de la séduction et du couple. Il n’est presque jamais question d’amitié.

    Pourquoi l’amitié entre les hommes et les femmes est-elle réputée impossible ? Pourquoi les relations homme-femme ne sont-elles pensées qu’à travers des rapports de séduction ? Et qu’est-ce qui empêche l’amitié mixte ?

    Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Alice Raydaud, journaliste au Monde et autrice du livre Nos puissantes amitiés (La Découverte, 2024), nous explique comment notre socialisation genrée nous incite dès l’enfance à ne pas considérer les amitiés mixtes.

    • Comme cela est formulé dans le podcast, ce qui caractérise la sociabilisation des petits garçons, c’est l’injonction (de façon autoritaire parfois, mais aussi le plus souvent juste comme norme « naturalisée ») à être « tout sauf une fille ». En l’occurrence, « être une fille », c’est faire preuve d’empathie. Alors qu’ils partent à égalité avec les filles sur ce plan-là, ils doivent rapidement se défaire de cette capacité pour développer un rapport au monde bien spécifique. La sociabilisation mixte n’y change rien. Pire, elle est le terrain concret de cette dissociation.

  • Mise au point à propos de la rencontre du 23 mai – RAAR, Golem, JJR – Juives et Juifs Révolutionnaires
    https://juivesetjuifsrevolutionnaires.wordpress.com/2024/06/03/mise-au-point-a-propos-de-la-rencontre-du-23-mai-raar-golem-jjr

    L’article donne d’entrée une version mensongère du déroulement de la soirée. Après les interventions de nos organisations, nous avons proposé aux personnes dans la salle de prendre la parole pour des questions et/ou des commentaires, en demandant de limiter les prises de paroles à 2 minutes et à respecter la parité entre les intervenant·es. C’est pourquoi il y a été demandé à l’intervenante franco-israélienne dont il est question au début de l’article de conclure, non pas parce qu’elle dénonçait Meyer Habib (que nous dénonçons toutes et tous), mais parce qu’elle dépassait largement le temps imparti.

    Cet article déforme également à plusieurs reprises les propos et positions de nos trois organisations. Il tend à les faire passer pour des cautions des massacres commis à Gaza. Encore une fois, et comme souvent, la parole des Juif·ves et des militant·es, quand elle vise à lutter contre l’antisémitisme, est niée et assimilée automatiquement à la propagande militaire du gouvernement israélien.

    Martine Leibovici n’a pas dénoncé les mobilisations pour un cessez-le-feu, d’autant que son association (le RAAR) s’exprime clairement « pour Gaza et un cessez-le-feu immédiat et permanent » ! Elle a dénoncé l’expression « From the river to the sea, Palestine will be free » qui dans un contexte de grande confusion politique, implique potentiellement le démantèlement de l’État d’Israël. Ce point a d’ailleurs été corrigé dans l’article.

    Affirmer que « les trois collectifs se tiennent à distance des mobilisations pour un cessez-le-feu à Gaza » est faux. Les communiqués de nos organisations respectives, notre appel commun à la réunion publique du 23 mai, ainsi que les interventions en tribune (notamment celle de Golem à 51′) portent sans équivoque l’exigence pour un cessez-le-feu et le respect des droits des Palestinien·nes et la condamnation des massacres menés par l’extrême-droite israélienne et de la colonisation. De nombreux·ses sympathisant·es et militant·es de nos organisations se rendent aux rassemblements et manifestations pour Gaza et Rafah. D’autres regrettent de ne pas pouvoir manifester leur solidarité en raison du climat de ces manifestations, notamment à Paris, et des mots d’ordre qui y dominent et qui reviennent à exiger la disparition d’Israël.

    Personne n’a non plus opéré « la réduction de l’antisionisme à de l’antisémitisme » pendant la réunion comme le sous-entend l’article.

    • L’article en question :
      Depuis le 7 octobre, des voix juives de gauche en ébullition

      https://www.mediapart.fr/journal/france/250524/depuis-le-7-octobre-des-voix-juives-de-gauche-en-ebullition

      Pris dans l’ouragan répressif contre le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien et la multiplication des actes antisémites, les groupes militants juifs de gauche se reprochent mutuellement de « mal » lutter contre l’antisémitisme ou de faillir à prendre part au combat en soutien du peuple palestinien.

    • On a un génocide en cours, mais les militants de gauche devraient veiller à chaque prise de parole à jurer que tout ce qu’ils disent sur le sujet n’est pas de l’antisémitisme au premier, second, troisième, ou quatrième degré, en se souvenant qu’une main rouge, c’est antisémite, qu’un drapeau vert, c’est antisémite, et qu’un foulard blanc avec un quadrillage noir, c’est antisémite, etc.

      La lutte contre l’antisémitisme ressemble de plus en plus à la lutte contre le racisme anti-blanc. Un bidule inepte qui ne sert plus qu’à cacher l’éléphant dans le magasin de porcelaine.

      Aujourd’hui, si tous les juifs du monde entier sont en danger, c’est parce qu’il y a un état gouverné de dangereux malfaisants qui commet des crimes (très) graves au nom de leur judéité.

    • 1) tous les juifs du monde entier sont en danger : vrai (même si le danger n’est pas partout le même)
      2) un état gouverné de dangereux malfaisants [...] commet des crimes (très) graves au nom de leur judéité : vrai (même si ce n’est pas le seul état dans ce cas, y compris en terme de gravité des crimes)

      le lien direct et nécessaire entre 1) et 2) est un trope antisémite.

    • Je ne fais que parler cause et effets. Quand tu as des occidentaux qui prétendent apporter la civilisation en Afrique en massacrant des villages entiers, ces occidentaux ne créent pas les conditions d’une collaboration sans heurts avec les africains. J’évoquais le racisme anti-blanc. Quand des noirs, aux US, se font exécuter par les flics blancs sans raison, on s’étonne ensuite que les noirs se montrent agressifs et méfiants envers les blancs. On parle de racisme anti-blanc pour disqualifier les gens qui soumettent l’idée d’une lutte contre le racisme dans la police. On fait comme s’il n’y avait que des effets sans cause. On a un état raciste et criminel, qui cite la Torah pour justifier de massacrer des populations et annexer leurs terres, puis on s’étonne que des gens les prennent au mot et on leur balance « c’est un trope antisémite ». Le trope antisémite, au rythme des horreurs commises par cet état et sa population de colons, il va durer, et j’en suis le premier consterné. Note qu’à mon avis la bascule du « on est laïque » à « on est défini par notre religion » a sans doute été le moment où ils ont décidé d’abandonner leur plus grand joker contre tous les anti-colonialistes qui se battent contre l’occupation et qui se battent dans le vide intersidéral. Le génocide dure depuis 70 ans. Mais on continue à te-nous traiter comme le premier Céline venu, avec gravité et componction.

  • Pourquoi une cartographie sur le #génocide des #Tsiganes ?
    Le travail a été lancé avant tout pour répondre à la difficulté de trouver un document cartographique satisfaisant dans les manuels scolaires. Les manuels parcourus (mais je n’ai pas observé toutes les éditions) consacrent peu de temps à la singularité du génocide des Tsiganes.

    Un dépôt de ce travail sur cette plateforme me semble utile pour les enseignants et les élèves qui l’utilisent, en espérant que le document soit utile.
    https://www.cartolycee.net/spip.php?article272

    #ressources_pédagogiques

  • Le réseau électrique, un système technique qui ne peut être que capitaliste

    Le réseau électrique n’est pas une simple infrastructure technique mais la matérialisation d’une dynamique capitaliste par essence. Par la constitution d’un réseau interconnecté, l’électricité est devenue à la fois une énergie universelle et une marchandise. « Le Réseau interconnecté est une simulation de la concurrence parfaite, c’est-à-dire que les électriciens sont à la fois des planificateurs et des néo-libéraux absolus » 1. Son étude peut donc nous conduire à une compréhension du capitalisme attentive à sa traduction dans des dispositifs matériels, et voir dans quelle mesure ceux-ci maintiennent les humains dans le fétiche du travail, de la valeur, de la marchandise. Dans cette perspective, une première hypothèse serait que les systèmes techniques déployés par le capitalisme portent en eux-mêmes l’empreinte de sa logique, et ne sont pas des outils qu’une civilisation post-capitaliste pourrait récupérer pour son propre usage. Une deuxième hypothèse moins forte serait de comprendre comment tel ou tel système technique maintient ses utilisateurs dans une logique capitaliste, ou bien plus généralement fétichiste. Dans le cas du réseau électrique, on s’attardera sur les catégories propres à la fois à ce système technique et à la marchandise. Telle est notre problématique : trouver dans la matérialité des systèmes techniques le cœur logique qui commande à son extension indéfinie, et l’arrime à celle de marchandise et du travail abstrait. Un premier cas de système technique a été étudié dans ce cadre, l’informatique, en montrant que l’architecture à la fois logique et matérielle de l’ordinateur engageait à une extension indéfini de calculs2.

    Dans le cas des réseaux électriques modernes, voici quelques affirmations péremptoires qui découlent de cette problématique ainsi posée.

    Dans une société capitaliste, l’électricité est naturalisée comme une substance naturelle existant indépendamment du contexte historique spécifique qui en a fait une forme universelle d’énergie. Le concept d’énergie est appréhendé par la science comme un pur concept physique, indépendamment de rapports sociaux spécifiques où l’idée d’une énergie universelle, indépendant de tout usage particulier, s’est matérialisée dans des dispositifs concrets (transformateurs, câbles électriques, organes de coupure et de protection, formant ensemble le réseau électrique). Là où le travail abstrait producteur de marchandise est la forme générale d’activité, indépendante de son contenu particulier, l’électricité dans le réseau électrique est la forme générale de l’énergie indépendamment des appareils particuliers qu’elle alimente. Là où le temps abstrait quantifie le travail abstrait, la quantité d’énergie est la mesure quantitative de l’objectivation de l’usage de l’énergie universelle. Là où le travail concret n’est pas un travail singulier (incommensurable) mais la face concrète du travail capitaliste, les usages concrets de l’énergie universelle ne le sont qu’en étant intégrés au réseau électrique global. Comme dans le cas de l’ordinateur et du travail capitaliste, on distingue donc un double caractère, concret et abstrait, de l’électricité intégrée au réseau. Chaque usage particulier de cette énergie universelle est rapporté à tous les autres, sous l’angle d’une quantité d’énergie (exprimée en Wh, Watt par heure) et du fait que tous ces usages sont physiquement reliés entre eux par le réseau électrique.

    L’électricité est vue de manière fétichisée comme une substance d’énergie par essence universelle à acheminer du producteur au consommateur. C’est ce qu’elle est vraiment au sein de système technique, mais ce qu’elle n’est plus en dehors. C’est le réseau électrique qui actualise le caractère d’énergie universelle de l’électricité. Chaque usage particulier de l’électricité s’insère dans un circuit électrique particulier reliant les éléments concourrant à cet usage. Mais c’est le réseau électrique interconnecté, auquel sont reliés ces circuits et ces appareils, qui en fait une énergie universelle. L’électricité n’est donc pas une simple marchandise, comme la force de travail n’est pas une simple marchandise. Son usage généralisé, son déploiement comme énergie universelle par le réseau électrique, la croissance du réseau et des quantités d’électricité, engendre une totalité qui contraint les usages particuliers de l’énergie à user d’énergie universelle, et donc à se brancher sur le réseau électrique. Se débrancher du réseau électrique tout en souhaitant utiliser l’électricité sous forme d’une énergie universelle, c’est reconstruire le réseau électrique global, en miniature, c’est donc se coltiner localement toute la complexité technique aujourd’hui éclatée en de multiples acteurs et institutions3.

    Au début de son invention, l’électricité est d’abord une technique d’éclairage et popularisée comme telle. D’autres usages séparés se développent aussi, comme les moteurs, fonctionnant à partir d’une électricité produite sur les lieux même de sa consommation. Mais sous le capitalisme, l’électricité va assez rapidement devenir une énergie universelle au sein d’un réseau interconnecté qui se déploie au fur et à mesure de la croissance capitaliste. Ce contexte historique spécifique va sélectionner un type d’électricité particulier, le courant alternatif, pour des motifs qui tiennent au déploiement de ce réseau, et non en vertu d’une supériorité technique intrinsèque. La bifurcation de trajectoire de ce système technique n’est donc pas non plus une simple contingence. La difficulté de revenir en arrière, à un moment où il semblait que le choix entre plusieurs options était possible, doit aussi bien à la totalité que constitue le réseau, qu’à la totalité que constitue l’économie au moment de cette bifurcation à sens unique. Les options techniques une fois devenues dominantes sont à la fois optimales et indigentes, elles verrouillent matériellement ce qui devient une mécanique sociale, au service du déploiement indéfini de sa logique propre4. Les désavantages de ce système technique deviennent alors évidents à un nombre grandissant de personnes, sans qu’elles parviennent le plus souvent à renoncer à ce qui est à la fois un bienfait5 et le moteur de l’extension de ce système, et qui tient dans les deux cas dans le caractère universel et abstrait de son cœur logique. Le développement logique du fétiche de l’énergie universelle est homologue à celui de la machine de Turing universelle (c’est-à-dire l’ordinateur), indéfiniment programmable, et à celui de la force de travail marchandisée, indéfiniment exploitable. Les trois fétiches s’alimentent les uns aux autres chacun selon sa matérialité propre.

    Les gains de productivité consistant à diminuer la part de travail humain immédiat dans la production de marchandises conduisent à remplacer ce travail par celui de machines, dont le fonctionnement repose sur l’usage d’énergie. Le franchissement par le capitalisme des obstacles qui entravent son extension suscite la grande taille de macro-systèmes techniques (MST). Leur croissance continue, crise après crise, induit une « délocalisation de la puissance »6 qui favorise la conception d’une énergie universelle, apte à satisfaire une variété qualitative et quantitative croissantes d’usages. Le premier élément de ces MST est bien entendu la centrale électrique, et typiquement la centrale nucléaire, centrale qui suscite elle-même l’extension du réseau électrique afin d’absorber l’augmentation de l’énergie produite. Le réseau électrique matérialise donc le concept d’énergie universelle, qui elle-même conduit à sélectionner les éléments matériels du réseau les plus aptes à provoquer son extension indéfinie. La question de l’énergie nucléaire, du fait des quantités inédites d’énergie universelles introduites sur le réseau, ne peut être posée sans questionner le réseau électrique lui-même, et donc l’énergie universelle. C’est l’idée même de renoncer aux centrales électriques nucléaires sans renoncer au réseau électrique, du moins dans sa configuration actuelle (c’est-à-dire totalement interconnecté jusqu’au niveau continental), qui paralyse les luttes contre cette forme de production puisque ce refus appelle au remplacement d’un élément par un autre de même type. Il induit ainsi la recherche d’une source d’énergie de substitution, pour répondre aux problèmes posés par le réseau électrique, actualisant ainsi le fétiche d’une énergie universelle dont les humains auraient à se soumettre.

    L’électricité comme mise en relation généralisée

    Lorsque l’on consulte des documents publics sensés vulgariser la gestion du réseau électrique, l’électricité est toujours présentée comme une substance, qui se déplace dans des fils et des composants électriques. Ainsi on parle de « chemins de l’électricité », de « flux », d’« embouteillages » etc. L’électricité serait donc une substance qu’il faut transporter sur de « longues distances » et « distribuer » aux consommateurs. Cette métaphore substantialiste est cependant inexacte. Etant alternatif, le courant électrique se constitue plutôt comme une mise en relation généralisée et universelle des éléments matériels qui constituent le réseau électrique, à une fréquence d’oscillation donnée (50 Hz en France, soit 50 oscillations par seconde), qui est la même en tout point du réseau. Les centres de « dispatching » se servent de cette fréquence pour vérifier l’équilibre du réseau (cf. Figure 1 et Figure 2), une baisse de la fréquence signalant une consommation d’énergie trop importante par rapport à ce qu’est capable de fournir le réseau.

    Si le courant électrique s’écarte de la fréquence et de la tension prévus, cela endommage ou réduit la durée de vie tous les appareils électriques branchés sur le réseau, car leur fonctionnement présuppose que ces niveaux prévus soient respectés7.

    14 mai 2013.

    (1) Jacques Lacoste, « Interconnexion des réseaux d’énergie électrique. Raisons et enjeux de l’interconnexion en France 1919-1941 », Cahier / Groupe Réseaux n°4, 1986. pp. 105-141.
    (2) "Les dynamiques du déferlement informatique. De la machine de Turing à la production marchande" in Le monde en pièces. Pour une critique de la gestion, Groupe Oblomoff, Paris, La Lenteur, 2012.
    « Au plus près de la machine » in Le monde en pièces tome II, Paris, La Lenteur, à paraître.
    (3) On répond ici de façon raccourcie à la question qui est à l’origine de ce texte : que faire du réseau électrique de distribution (la partie la plus « locale » du réseau électrique) dans la perspective d’une autogestion relocalisée du réseau électrique ? Justifier cette réponse demanderait une étude plus complète, pas simplement technique, mais aussi sur le genre de collectif ou d’institutions qui pourrait concrètement porter un telle projet.
    (4) Les gestionnaires du réseau électrique affirment ainsi tout le temps que l’électricité ne se stocke pas, naturalisant ainsi la bifurcation de ce système technique vers la gestion et l’actualisation de l’électricité comme énergie universelle. Et justifiant ainsi la nécessité impérieuse de leur propre activité… A l’origine du réseau électrique, le principe d’une énergie électrique stockable, donc produite et consommée localement, n’était en effet pas compatible avec le développement sous le capitalisme des usages de l’électricité. Cela pourrait éventuellement évoluer, à la marge, et sans pour autant remettre en cause la catégorie d’énergie universelle. Compris dans un sens purement technique, le réseau électrique permet de « mutualiser » la production et la consommation d’énergie, en diminuant les décalages entre production et consommation, donc de s’éviter tout ou partie du stockage de l’énergie. Cependant le réseau électrique, en matérialisant une énergie universelle, engage son usage dans une extension indéfinie. Pour ne pas conduire à un blackout global, toute énergie consommée en un point du réseau doit être produite ailleurs.
    (5) A titre d’exemples, la coopérative française Enercoop et les scénarios de sortie du nucléaire de l’association Sortir du nucléaire se basent sur la catégorie d’énergie universelle, même si il est vrai qu’en remettant en cause le chauffage électrique, on pourrait faire un pas de plus vers une critique de cette catégorie.
    (6) Alain Gras, Grandeur et dépendance. Sociologie des macro-systèmes techniques, 1993, PUF.
    (7) La notion d’équilibre entre consommation et production n’a pas de sens hors de l’existence de telles normes de fonctionnement des appareils électriques. En effet, sur un plan strictement physique, production et consommation s’équilibrent de toute façon. La nature de la norme est que c’est l’appareil le plus contraignant qui impose tel seuil. Dans la perspective d’une déconnexion ou d’une relation plus lâche au réseau, il faudrait donc préciser ce qui, par delà les normes, relève effectivement d’un risque pour tel ou tel type d’appareil.

    #réseau_électrique #critique_du_capitalisme #postone

  • Marchandise éternelle

    L’actualité récente de la lutte contre les PFAS ressemble étrangement au mouvement des agriculteurs du début d’année 2024. D’un côté, la santé des gens malmenée face à la dissémination de produits chimiques dans les corps vivants. De l’autre, la défense des activités économiques, dont l’immense et précieuse productivité dépend de l’utilisation de ces produits. Défense qui conduit à relativiser la pollution, et à demander toujours plus d’études et de « preuves » que ces produits chimiques sont effectivement nocifs - preuves qui n’auront pas, on le sait bien, comme conséquence l’interdiction des dits produits, mais qui y contribueront... un jour.

    De façon spectaculaire, afin de sauvegarder leur activité économique menacée par un projet de loi contre les PFAS, des salariés -auxquels leur patron avait offert un jour de congé- se sont rendus à la capitale pour manifester contre ce projet de loi. On ne saurait toutefois ramener une telle manifestation au pouvoir des dirigeants de cette entreprise. C’est en toute bonne foi que des agents économiques défendent leur gagne-pain, avant toute autre chose. Et quand ils demandent des "solutions", ils ne demandent pas des solutions techniques (pour se passer d’un produit chimique problématique), mais des solutions économiques. Et immédiates.

    Comme dans l’agriculture, face à la pollution, la question n’est pas de savoir s’il est techniquement possible ou non de "moins polluer", toute chose égale par ailleurs. On le sait bien : dans l’absolu, l’humanité peut vivre sans PFAS, sans pesticides.

    Mais dans une société marchande, ce n’est pas possible. Ne pas utiliser ces produits chimiques, c’est ne pas pouvoir produire industriellement les marchandises dont la norme de productivité impose, pour le marché mondial, de les utiliser. Ne pas utiliser d’insecticides c’est, pour un agriculteur, ne pas produire. Ne pas utiliser de PFAS, c’est ne pas pouvoir produire. Ne pas vendre, ne serait-ce que sur une courte période de temps, c’est arrêter de produire, donc détruire les précieux emplois rémunérés (car des besoins non rémunérables et non répondus, il y en a pléthore).

    Le quiproquo est donc permanent et la confusion totale, puisque d’un côté, on fait semblant de débattre pour savoir si un produit chimique est "essentiel" pour tel ou tel usage. Alors qu’en réalité, seul le critère de rentabilité, au principe de toute activité économique, compte véritablement. Quand le député Nicolas Thierry arrive avec sa proposition de restriction des PFAS, il a en amont vérifié, non pas qu’il existe une "alternative" aux PFAS, mais que le tissu industriel a déjà réussi à s’en passer, en restant compétitif sur le marché.

    Autrement dit, la possibilité d’une loi de restriction des polluants ne vient qu’en deuxième, une fois que l’appareil industriel a déjà pu mettre en place une alternative rentable. La manifestation des salariés de l’entreprise SEB utilisant des fluoropolymères, aboutissant à retirer du périmètre d’interdiction l’activité de leur entreprise, n’est qu’une confirmation de cette loi sociale fondamentale des sociétés marchandes mondialisées : aucune norme sociale ne sera plus forte que celle émanent du champ économique.

    Les débats politiques, les "responsables" politiques, n’ont pas d’influence sur cette loi et il est problématique de prétendre le contraire : on ne fait que reculer la prise en compte du blocage profondément marchand qui empêche d’agir efficacement contre les pollutions. Ce que l’on demande à un "responsable" politique c’est avant tout de respecter cette loi et toute tentative de sortir du cadre donnera lieu à une réponse rapide et sans ambiguïté du champ économique. Et ce ne sont pas toujours les grandes figures capitalistes que sont les patrons qui se donnent la peine de s’exprimer quand une ligne rouge est franchie (par une simple tribune dans un journal économique il est possible de décourager un ministre de mener une politique contre des intérêts économiques). Toute la société est impliquée dans le mouvement tautologique de l’argent désormais mondial, puisque c’est lui qui fait travailler les gens et leur donne un revenu, et qu’aucun besoin ne saurait être répondu sans en passer par une activité rémunérée.

    Mais également, c’est tout l’appareil d’Etat et ses services qui sont nécessairement impliqués dans la défense du statut quo marchand, et donc des pollutions, puisque c’est le mouvement de l’argent qui permet à l’Etat de fonctionner, et c’est le développement de l’Etat qui a historiquement imposé aux sociétés de devenir marchandes de bout en bout, c’est-à-dire capitalistes. On ne comprendrait pas, autrement, pourquoi les services de l’Etat chargés de protéger la population et l’environnement sont si peu zélés à intervenir sur les activités industrielles, et minimisent systématiquement l’importance des pollutions induites, qu’il s’agisse des pollutions chroniques pas même prises en compte, que des pollutions bien plus visibles et médiatisées lors d’accidents industriels.

    Sans avoir en tête cette loi sociale fondamentale, il est difficile de comprendre pourquoi l’utilisation de produits toxiques se développe toujours plus, et pourquoi les politiques comme la société en général sont si impuissants à reprendre en main leur destinée - pour avoir confié celle-ci au fétiche monétaire, et son corollaire, le travail humain soumis intégralement à son mouvement.

    Se satisfaire d’une loi minimale qui prétend avoir agi sur la source du problème, en dédouanant totalement l’activité industrielle dans sa nature marchande même, alimente la confusion dans la tête des gens et nous éloigne radicalement de solutions réelles pour stopper net les pollutions chimiques et l’accélération du désastre qu’est la production marchande planétaire.

    S’attaquer par le petit bout de la lorgnette aux pollutions, au cas par cas, sans s’interroger sur les causes globales, en ne traitant les problèmes que sous le prisme de la « volonté politique », c’est au contraire manquer de courage, et participer à la cogestion de la crise du capitalisme dans l’intérêt supérieur de la société marchande et de la poursuite du mouvement tautologique de l’argent, qui impose de mettre en second plan tous les autres aspects de la vie, y compris sa préservation face aux pollutions chimiques contre lesquels ces "responsables" politiques entendaient lutter.

    Toutes les personnes qui luttent contre les PFAS savent que, si il y en a partout, c’est parce que "c’est pratique et pas cher" - et non parce que le personnel politique de tel ou tel pays n’aurait pas fait voter la bonne loi. Mais bien peu sont choqués qu’un tel critère, dans toute son indigence, gouverne tout bonnement la présence des objets qui nous entourent, et pas seulement ceux comportant des PFAS.

    Au lieu de lutter contre chaque pollution séparément, et perdre les gens à cause de l’expertise qu’il faut déployer à chaque fois pour discuter du degré acceptable de toxicité, on ferait mieux d’adopter une toute autre stratégie de lutte. Puisque l’indigence du critère monétaire gouverne également toutes les autres nuisances (du réchauffement climatique à l’accumulation des déchets plastiques), et qu’aucune entente mondiale ne viendra réglementer le commerce mondialisé par le haut, être réellement écologiste implique d’être également post-monétaire afin d’amener l’impensable à être pensé : sortir de la torpeur marchande pour une toute organisation sociale et répondre enfin décemment à nos besoins. Comment le faire ? Puisse le caractère "éternel" de ces polluants être suffisamment choquant pour provoquer cette nécessaire discussion.

    #pfas #écologie #marchandise

    • Puisque l’indigence du critère monétaire gouverne également toutes les autres nuisances (du réchauffement climatique à l’accumulation des déchets plastiques), et qu’aucune entente mondiale ne viendra réglementer le commerce mondialisé par le haut, être réellement écologiste implique d’être également post-monétaire afin d’amener l’impensable à être pensé : sortir de la torpeur marchande pour une toute organisation sociale et répondre enfin décemment à nos besoins. Comment le faire ?

      La torpeur, ce sont les « masses » qui la subissent. Les donneurs d’ordre font plutôt dans l’activisme (marchand). Quant au commerce mondialisé, je serais plutôt pour son abolition plutôt que sa régulation. Mais maintenant, « que faire » ?
      Réfléchir en premier lieu sur des actions qui impacteront durablement l’accumulation de capital financier, patrimonial, et humain en tant que « ressource » et force reproductive de cette accumulation. De ce point de vue, nous avons cependant une pandémie dont on a décrété qu’elle circulerait à bas bruit. Et les effets néfastes sont déjà là, puisque la presse financière s’inquiète des impacts Covid sur la bonne santé de ses forces reproductives. Comment ne pas voir la relation entre cette dégradation de la santé du cheptel (reproductif) et la promotion obstinée des robots qualifiés d’"intelligences artificielles" ? Comment interpréter les solutions à court terme que sont les restrictions sur les arrêts maladie et l’indemnisation du chômage, le démantèlement de la sécurité sociale gérée paritairement entre partenaires dits « sociaux » sinon comme une injonction faite aux masses laborieuse de supporter « quoiqu’il en coûte » son enchaînement à la machine ? Même s’ils mettent des purificateurs d’air dans les lieux où ils organisent leurs sauteries, les membres de la caste dominante n’ont qu’une courte vue sur l’avenir de la planète et du genre humain et leur seule ligne c’est : "après nous le déluge mais que nos héritiers apprennent à bien couper les griffes des « sauvageons » qui pourront encore un temps satisfaire notre désir d’accumulation.
      Le problème est rudement posé : les « élites » nous imposent la guerre. Nous devons leur rendre la pareille.

  • Parution le 19 avril du prochain ouvrage de Jérôme Baschet : Quand commence le capitalisme ? De la société féodale au monde de l’Economie (Editions Crise & Critique)
    http://palim-psao.over-blog.fr/2024/03/parution-le-19-avril-du-prochain-ouvrage-de-jerome-baschet-quan

    Nouveau livre de Jérôme Baschet !

    Quand le capitalisme a-t-il commencé ? L’interrogation paraît simple. Pourtant, aucun consensus n’émerge parmi les historiens : certains estiment sa genèse à deux siècles, d’autres à cinq ou huit siècles, voire à plusieurs millénaires. Il n’existe pas davantage d’accord sur la nature des facteurs à prendre en compte, ni, plus surprenant encore, sur la définition même du capitalisme.

    En adoptant un critère rigoureux pour distinguer le capitalisme des simples pratiques commerciales et monétaires, Jérôme Baschet remet en question bien des modèles historiques classiques et explore la complexité des forces à l’œuvre dans la transition du féodalisme au capitalisme. Il interroge les dynamiques internes de la société médiévale, soulignant les spécificités de la trajectoire européenne tout en récusant les biais eurocentriques. Défendant une perspective discontinuiste, il souligne que cette transition n’a rien d’une évolution linéaire prédestinée, mais qu’elle représente une rupture radicale dans l’histoire humaine et planétaire, dont la portée se révèle pleinement dans le contexte actuel de crise climatique et écologique.

    Sur les trois questions considérées – quand ? comment ? quoi ? –, l’auteur s’emploie à clarifier les termes des débats à mener, offrant ainsi une réflexion approfondie sur la formation historique du capitalisme, un monde caractérisé par l’autonomisation de l’économie et l’affirmation d’une logique d’illimitation, dont il nous est donné aujourd’hui d’éprouver les conséquences.

    #Jérôme_Baschet #capitalisme #histoire

  • Peut-on donner contre rien ?

    Question du jour : Est-ce que c’est la monnaie et l’échange qui sont premiers, ou bien l’état de séparation des « producteurs privés » (dans le jargon marxien) ?

    Pour le reformuler autrement, est-ce que la monnaie est structurellement nécessaire parce que les gens sont socialement « séparés » (et qu’est-ce que ça veut dire dans ce cas, cette « séparation » ?) ou bien au contraire la monnaie est nécessaire parce qu’anthropologiquement/culturellement les gens ne peuvent en général pas donner à autrui leur production contre rien ?

    Il est pourtant nécessaire d’y réfléchir, et de remettre en cause radicalement l’échange. Pourquoi ? Parce que l’échange implique la valeur (économique), et la valeur implique la dynamique de recherche de productivité sans fin incontrôlable et mortifère. Plutôt que contrer un à un les effets concrets délétères de cette dynamique (en vrac, intelligence artificielle, épuisements des ressources, pollutions, inégalités etc.), il est plus pertinent de remettre en cause les catégories sociales humaines mais naturalisées ("fétichisées" dans le jargon marxien) qui la rendent possible, puisque in fine ce sont bien les humains qui l’activent. Ces catégories sont fondamentales et premières par rapport au déferlement technologique sans fin : ce sont les humains qui « inventent » les technologies mais ce sont les crises émanant des catégories propres aux sociétés marchandes qui stimulent, rendent possibles puis obligatoires ces inventions, pour surmonter ces crises tout en conservant intactes les catégories marchandes du monde social, axiomes du lien social et des institutions. L’adoption de nouvelles technologies par les sociétés marchandes n’est donc pas le produit automatique d’un déterminisme technique, pas plus que le fruit d’une élaboration stratégique des classes dominantes pour conserver leur position dominante. Elle est d’abord déterminée par une forme de société qui organise sa reproduction sur la base de la production marchande et doit donc impérativement répondre à ses nécessités.

    Esquissons un début de réponse à la question de départ.

    La question est de savoir si cette production marchande est déterminée par un état social particulier appelé « séparation », et qui est paradoxalement défini par une absence de relations sociales en son sein, ou bien plutôt par une « disposition » anthropologique à échanger plutôt qu’à donner contre rien.

    Dans les théories d’inspiration marxienne, la séparation des producteurs privés semble première, et constitutive des rapports marchands et donc de la société marchande.

    Pour ce faire, commençons par remarquer à quel point le rapport marchand est une relation sociale paradoxale. Est-il même justifié d’utiliser le terme de « relation » pour désigner un face-à-face dominé par l’extrême indépendance des protagonistes les uns à l’égard des autres ? Il semble, tout au contraire, que c’est l’absence de liens qui caractérise le mieux cette configuration sociale dans laquelle on ne connaît ni dépendance personnelle, ni engagement collectif qui viendraient restreindre l’autonomie des choix individuels.
    André Orléan, "Monnaie, séparation marchande et rapport salarial", p.8
    http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf

    Si la séparation est première, c’est-à-dire si le fait premier est l’absence de relation entre des gens pourtant interdépendants matériellement, alors l’échange apparaît comme une conséquence logique pour assurer le lien marchand. La monnaie dérive de cet état primordial de séparation, où chaque individu est coupé de ses moyens d’existence. Seule la puissance de la valeur, investie dans l’objet monétaire, permet l’existence d’une vie sociale sous de tels auspices. Elle réunit des individus séparés en leur construisant un horizon commun, le désir de monnaie, et un langage commun, celui des comptes. Ce qui est objectif, qui s’impose aux agents, ce sont les mouvements monétaires.

    Pourtant, on peut remarquer que cet état de séparation marchande n’enlève pas la possibilité des producteurs/travailleurs de se coordonner directement, sans la médiation monétaire. Il suffit de penser à une grande entreprise organisée en plusieurs services et unités de production, travaillant ensemble sans échanger entre eux de la monnaie. Ce fait évident incite à penser que l’on pourrait supprimer la monnaie, tout en maintenant une forte division du travail, dans des organisations vastes et complexes. C’est le cas dans une proposition du groupe économie du réseau salariat, laquelle fait disparaître la monnaie dans les productions « intermédiaires » :

    Nous comprenons que l’absence de flux monétaires entre les unités de production puisse tout d’abord surprendre, mais nous observons que le capital a malgré lui produit une socialisation de la production que nous jugeons propice au basculement vers notre modèle. En effet, une part considérable de la production s’effectue désormais dans des entreprises de très grandes tailles. Ces entreprises sont organisées en ateliers ou départements de production, lesquels effectuent leurs échanges sans flux monétaires, mais produisent le
    suivi comptable nécessaire à la gestion de l’ensemble. Notre modèle se présente comme une issue positive à ce mouvement de socialisation. Il nous engage au dépassement de la concurrence économique afin de gérer collectivement et démocratiquement l’ensemble de la production.
    « Une monnaie communiste », X. Morin, groupe Economie du réseau salariat
    https://www.reseau-salariat.info/images/article_une_monnaie_communiste_.pdf

    Cependant, si une telle coordination peut en être vue comme volontaire, non déterminée par l’échange et la monnaie entre les protagonistes agissant de concert pour produire en commun, elle n’en reste pas moins rendue possible par le fait que chacun des producteurs reçoit une rémunération.

    Cela signifie que, dans une société marchande, un travailleur peut dors et déjà se coordonner avec un autre travailleur de façon non-marchande, mais que la bonne volonté de chaque travailleur n’est possible que grâce à une contrepartie monétaire, en échange de cette bonne volonté. Pour supprimer complètement la monnaie du tableau, il faut donc imaginer que chaque travailleur s’active sans contrepartie.

    Il s’ensuit que la séparation marchande n’est pas le fait premier, ou la catégorie première, fondant les sociétés marchandes. Le point de départ du raisonnement sur les catégories marchandes devrait donc plutôt s’intéresser à l’incapacité de l’individu, dans le régime des sociétés marchandes, de donner contre rien. Le don doit être compris ici comme un transfert simple, sans contre-partie, sans contre-transfert, au contraire de l’échange qui se compose obligatoirement d’un transfert et d’un contre-transfert exigible (Alain Testart, Critique du don http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/sde-n2.pdf).

    Bien-sûr, le don n’est pas absent des sociétés marchandes passées et présentes, mais il est soit restreint à un espace social limité d’interconnaissance (famille, communauté, petit groupe), soit conditionné par une rémunération, quand bien même cette rémunération peut être décorrélée de cette impulsion à donner (pensons aux retraités bénévoles).

    La grande affaire d’une société post-marchande - débarrassée en cela de la pulsion à produire n’importe quoi n’importe comment de plus en plus vite - n’est donc pas d’imaginer des modes de coordination se passant de monnaie, prenant appui sur la sophistication des moyens techniques issus de deux siècles d’industrialisation. Mais plutôt de nous représenter comme des individus se rendant des services les uns aux autres au quotidien, sans qu’une contrepartie ne viennent les assurer d’une récompense pour leurs efforts quand un service est rendu ou une production donnée à autrui, contrepartie qui leur donne un droit de tirage spécial (ne serait-ce que supplémentaire, par rapport à l’absence d’effort, comme dans les propositions de revenus de base) sur le produit des autres qui font de même, droit qu’ils n’auraient pas obtenu sans cet effort.

    #monnaie #séparation #séparation-marchande #critique-de-la-valeur #post-monétaire #technocritique

    • La monnaie permet surtout beaucoup plus d’échanges (je ne dis pas que c’est bien) que le troc.

      Si je dois attendre de trouver une personne qui a ce dont j’ai besoin, et qui a envie de quelque chose dont je dispose, pour me procurer des biens/services ... cela va me prendre un temps infini.

      Un « droit de tirage spécial » cela ressemble pas mal à de la monnaie ... qui porterait simplement un autre nom.

      On peut essayer de supprimer les échanges.
      Ce qui m’ennuie c’est qu’on passe vite à une société très administrée. Et ceux qui contrôlent le sommet de l’administration, ont rapidement beaucoup de pouvoir sur les autres ... Ca peut mal se terminer…

      C’est pour ces raisons que je reste favorable à une société marchande.
      Mais je la voudrais considérablement redistributrice, politiquement très démocratique (quotas d’élus des différentes catégories sociales pour qu’ils représentent vraiment la société) et très réglementée (pour les enjeux de lutte contre le dérèglement climatique).

      Cette position me rend très probablement minoritaire ici. ;-)

    • Alors, montons d’un cran en généralité, et parlons de « circulation » (des biens et des services) :
      – la monnaie permet plus de circulation que le troc, oui.
      – mais, dans un monde post-monétaire, l’ accès (je produis des choses, je les mets à disposition des gens qui en ont besoin) permet plus de circulation que l’échange monétaire !

      Qu’est-ce qui aurait besoin de plus circuler aujourd’hui dans la société ? Toutes les actions qui ne sont pas rentables, et spécialement celles qui ne sont pas mécanisables, ou celles qu’il faudrait moins mécaniser (pour décroître la consommation d’énergie par exemple).
      L’usage de monnaie augmente la mécanisation et diminue la valeur de ce qui n’est pas mécanisé.
      https://seenthis.net/messages/989122

  • Contre-histoire d’internet du XVe siècle à nos jours
    https://lundi.am/Contre-histoire-d-internet-du-XVe-siecle-a-nos-jours

    L’histoire d’Internet est connue et largement documentée, de la création du réseau par l’armée américaine jusqu’à Tiktok en passant par le minitel et les modems 56K qui font « ding dong ». Ce que propose Félix Tréguer, membre fondateur de La Quadrature du Net et chercheur au CNRS, c’est peut-être tout l’inverse : une Contre-histoire d’internet, du Xve siècle à nos jours (Éditions Agone), soit une archéologie du réseau, de la logique algorithmique et de l’exploitation des métadonnées en tant que dispositifs de pouvoir et de contrôle, incorporés en nous, malgré nous. Une recherche historico-politique à contre-temps ou à contre-jour qui révèle les stratégies de pouvoir et de capture de l’espace public et cherche un chemin pour sortir de cette dichotomie qui nous enferme dès que nous tentons de penser la technique : le fantasme néo-luddite ou la croyance béate en un capitalisme cognitif. Entre une fuite en arrière et un enfoncement virtuel dans le présent, tracer une fuite en avant, comme on échappe à un piège.

    https://www.eyrolles.com/Accueil/Auteur/felix-treguier-153047

    Félix Tréguer est chercheur associé au Centre Internet et Société du CNRS et post-doctorant au CERI-Sciences Po. Il est membre fondateur de La Quadrature du Net, une association dédiée à la défense des libertés à l’ère numérique.

    https://www.librairielarbousier.fr/livre/22500022-une-contre-histoire-d-internet-xv-xxi-felix-treguier-ag

    (Pas encore pris le temps de visionner mais je laisse ça sur le feu)

    • L’auditeur pressé pourra démarrer le visionnage directement à la séquence rendant hommage au courant anti-industriel (en vrai ^^)
      https://youtu.be/agblJ_EZMWY?t=5130

      Il manque quand même une théorie un peu plus générale de l’informatique/numérique qui ne se réduise pas à l’énumération de ses différentes appropriations par les classes dominantes (et beaucoup plus rarement par les militants - et c’est le propos, bienvenu, de Felix Tréguer ici, avec l’affirmation répétée qu’un mouvement d’émancipation n’a aucunement besoin des technologies numériques).