• Louis #Lecoin : militant #Pacifiste, #Syndicaliste et #Libertaire
    http://oletrouher.blog.free.fr/index.php?post/2021/03/22/Louis-Lecoin-%3A-militant-pacifiste%2C-syndicaliste-et-libertai

     

    Né à Saint-Amand-Montrond le 30 septembre 1888. Louis Lecoin montera à Paris en 1904 diplômé d’agriculture. Rallié aux idées de Sébastien Faure il est « anarchiste depuis 1905 » . Syndiqué à la CGT, il rejoint ses camarades jardiniers en grève. Le 1er mai 1906, il est arrêté avant le début de l’émeute à Paris.

    Le 17 octobre 1910, le soldat... Lire Louis Lecoin : militant pacifiste, syndicaliste et libertaire

    #Portraits #BD

  • Dans les Cévennes, sur les traces de la femme des bois
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/30/dans-les-cevennes-sur-les-traces-de-la-femme-des-bois_6078578_3224.html

    L’affaire agite toute une vallée cévenole où des hippies s’étaient installés après 1968. Depuis presque douze ans, une trentenaire connue de tous vit seule dans les montagnes ou en squattant parfois certaines maisons. Faut-il y voir uniquement un cas psychiatrique ou le stade ultime de la « liberté » tant recherchée après Mai 68 ?

    #Florence_Aubenas #Cévennes #anachorète #paywall #femme_des_bois

    • Sur la route départementale, le sentier démarre juste dans un tournant. Là, il faut abandonner la voiture. Un muret éboulé, la rivière, trois planches mangées de mousse qui esquissent un pont, et c’est déjà la forêt. On peut continuer à flanc de montagne sans remarquer, à quelques pas du chemin, une bâtisse pas plus grande qu’une cabane, quatre murs nus en pierres sèches qui s’accoudent au rocher. Dans cette vallée des Cévennes, elle est longtemps restée à l’abandon au milieu des châtaigniers et des genêts.

      En la voyant, Maud s’est enthousiasmée. Ici, elle pourrait venir s’échapper quelques jours par semaine. Elle ferait pousser des plantes aromatiques et médicinales. Ce serait un abri pour sa fille – sait-on jamais – une enfant de 8 ans. Sur son dos, elle a monté un matelas, un poêle, un baquet pour l’eau, quelques outils. La voilà au paradis. On est en 2017.

      Assez vite, Maud a remarqué que du feu avait été fait en son absence. Sa chaise était cassée, ses bougies presque fondues. Puis des objets ont commencé à disparaître, cette grande cape, par exemple, qu’elle aimait tant. Un hiver, elle a découvert l’empreinte de deux pieds nus dans la neige. Pas de doute, quelqu’un visite son « paradis ».

      Même quête d’apaisement

      Les gardes du parc national des Cévennes ne se sont pas étonnés. Maud ne savait-elle pas que la forêt était habitée ? Une jeune femme y mène une vie sauvage et solitaire depuis une dizaine d’années. De loin, un chasseur l’a suivie une fois. Il l’a hélée, mais elle a détalé droit devant, face à la pente, impossible à rattraper. Avant que Maud n’achète le « paradis », la Visiteuse le tenait pour son domaine, une de ses cachettes dans les bois.

      Maud ne s’est pas inquiétée au début, loin de là. Elle a eu l’impression de comprendre la Visiteuse. Au fond, elles se ressemblent, n’est-ce pas ? Même âge, 35 ans, ou à peu près. Même quête d’apaisement. Même amour de la nature, y compris les toutes petites bêtes. Ce serait une autre elle-même, en somme, mais plus libre, qui aurait osé s’affranchir de la société et de ses lois. Pour ne pas brusquer la Visiteuse, Maud a reculé son projet de plantation, puis raccroché au nez des gendarmes en quête de renseignements.

      À certains dîners, on se le promet : on ne parle pas d’elle ce soir. Mais les conversations finissent toujours par l’évoquer. Chez qui est-elle entrée ? Qu’a-t-elle pris ?
      Il y a quelques semaines, Maud a trouvé les jouets de sa fille saccagés autour du « paradis ». Des affaires avaient été brûlées, « un carnage » , d’après elle. La nuit, des pas sur le toit l’ont réveillée, un piétinement interminable et fiévreux, presque menaçant, lui a-t-il semblé. Maud a attendu l’aube. Alors, face aux crêtes, dans un soleil tigré par les branches de châtaigniers, elle a hurlé : « Mais qu’est-ce que tu veux ? De quoi tu te venges ? » Quelque part, invisibles, les yeux de la Visiteuse l’observaient, elle en est sûre.

      Ça fait longtemps que la Visiteuse occupe les esprits dans ce coin perché des Cévennes, quatre villages, quelques hameaux, un millier d’habitants l’hiver. A certains dîners, on se le promet entre amis : on ne parle pas d’elle ce soir. Mais les conversations finissent toujours par l’évoquer. Qui l’a aperçue ? Chez qui est-elle entrée ? Qu’a-t-elle fait ? Qu’a-t-elle pris ? Ailleurs, elle n’aurait sans doute pas survécu, la faim, les hivers interminables ou, plus probablement encore, un coup de fusil. Mais on est au cœur de la mythique « vallée des hippies », le surnom date de l’après-Mai 68, au temps de leur arrivée.

      « La marginale des marginaux »

      Ici, la montagne ne plaisante pas, elle a ses gueules. Beaucoup sont repartis depuis, d’autres en revanche se sont enracinés – entrepreneur, enseignant, paysan ou élu local. Un demi-siècle plus tard, ils représentent près de 50 % de la population dans certains coins. Longtemps, la Visiteuse est restée leur histoire, un secret protégé. Mais ces deux dernières années, une quarantaine de plaintes ont été déposées contre elle. « Elle est devenue la marginale des marginaux. Dans cent ans, elle sera une légende », raconte un gendarme. De son côté, Michèle Manoa, élue verte au département, est une des seules à accepter de parler à visage découvert : « L’histoire est presque devenue un cas de conscience pour nous tous. »

      Tout à l’heure, comme chaque jour, la mère de la Visiteuse fera le tour de ses endroits cachés, en appelant son nom. L’apercevra-t-elle seulement ? Des mois peuvent passer sans un signe
      Près de la rivière, la mère de la Visiteuse coupe du bois dans la courette derrière chez elle, un appartement loué par une mairie, où elle vit seule maintenant. Haute silhouette austère, cheveux gris noués, 67 ans : on la montre du doigt et elle le sait. Tout à l’heure, comme chaque jour, elle grimpera sur des sentiers connus d’elle seule et de sa fille. Elle fera le tour de ses endroits cachés, en appelant son nom. L’apercevra-t-elle seulement ? Des mois peuvent passer sans un signe.

      Dans le creux d’un arbre, elle finira par laisser des fruits secs, de la charcuterie, quelques conserves et aujourd’hui du sauté de veau, que les bêtes dévoreront peut-être. Sa fille n’a jamais voulu du couteau, de la lampe frontale ou du nécessaire à couture qu’elle s’était ingéniée à lui porter. Elle ne garde rien. Seule une chose l’avait charmée : un livre de Charles Baudelaire, Les Paradis artificiels. C’était il y a longtemps, douze ans déjà, tout au début de sa fuite dans la forêt. Juste après, la mère avait réussi à lui voler un baiser sur la joue. Maintenant, sa fille ne se laisse pas approcher à moins de dix mètres, même par elle, son dernier contact avec les humains. Elle ne parle presque plus.

      Dans les Cévennes des Gardons, la mère est arrivée en moto dans les années 1970, c’est ce dont on se souvient en tout cas. Elle circulait avec une amie, l’une n’allant pas sans l’autre, avec leur beauté pour bagage. Les photographes adoraient les faire poser, toutes les deux très brunes, « flashantes ». Dans cette vallée, la plus escarpée de toutes, quelques communautés – plusieurs centaines de personnes – commencent alors à reconstruire des ruines, pierre à pierre, des fermes isolées au bout de chemins vertigineux, dispersées dans les replis de la montagne en fonction du bien le plus précieux : les sources.

      Là-haut, quelques Cévenols ont résisté à l’exode rural, presque tous célibataires et paraissant taillés pour s’entendre avec cette jeunesse tombée des barricades : le vieux Denis qui change religieusement la ficelle de son pantalon pour aller au marché ou Lucien, dont la cuisine s’orne d’une plaque gravée : « Tout ce qui est mécanique est satanique. » Dans la vallée, chaque maison a ses rituels, théâtre, cinéma, philosophie, celle des grandes fêtes déguisées ou cette autre où l’on danse. Tout se partage alors, les travaux, les tablées, les couples, un genre de forteresse libertaire, enserrée par le cercle étroit et sauvage des crêtes.

      La « vallée des culs-nus »

      D’où venait la mère ? En rupture familiale, comme tout le monde ou presque. Des hippies étaient passés dans son village, en Picardie, elle était partie avec eux. Son entraîneur d’athlétisme avait tenté de la retenir : elle avait l’étoffe d’une championne. La mère s’en foutait. Tous ou presque vivaient de la même manière alors, un peu d’agriculture, un troupeau, les saisons dans les restaurants ou les chantiers. L’épicier du village effaçait les ardoises en échange de champignons ou de châtaignes. Quand les finances plongeaient, quelqu’un montait se refaire en ville. C’était facile, ces années-là. En général, la mère refusait les services à qui la sollicitait. « C’est ma liberté », elle disait, et le mot balayait tout, magnifique et terrible. Les biens, l’argent ne l’intéressaient pas. Pendant les vacances, des touristes s’aventuraient sur les crêtes, ils voulaient voir la « vallée des culs-nus », la curiosité locale.

      La mère avait accouché d’un premier fils en 1977 dans une pièce en terre battue, sans électricité. Plusieurs revendiquaient en être le père. Un jour, elle l’avait laissé à l’un d’entre eux pour partir en vadrouille avec un surfeur, puis un baroudeur espagnol. Elle pouvait tout larguer d’un moment à l’autre, sans s’embarrasser des choses ni des gens. C’est avec l’Espagnol qu’elle avait un autre fils, puis sa fille, en 1985. Ils avaient vécu près de Madrid et aux Canaries. « Elle devait être très amoureuse, on était tous très amoureux les uns des autres à l’époque », témoigne un entrepreneur.

      La mère avait fini par revenir dans les Cévennes, sans l’homme, mais avec les petits. Ici, elle savait qu’elle pourrait s’en tirer. Les gamins de la vallée s’élevaient ensemble, enfance vagabonde sur les chemins de montagne, poussant les portes toujours ouvertes, mangeant ce qu’il y avait. Les écoles de village n’avaient jamais connu de gosses pareils, capables de monter des spectacles, animer leur propre émission à la radio locale ou discuter avec d’impressionnants intellectuels. Une photo de ces années-là montre une adolescente souriante, assise sur un muret, cheveux noirs, belle comme sa mère : la future Visiteuse.

      « C’était ses meilleures années, elle s’habillait encore en coloré », commente aujourd’hui son grand frère. Les enseignants se souviennent d’elle, intelligente, un peu en retrait. C’était juste avant le suicide de sa meilleure amie. Après, elle se rase la tête, s’habille de sombre, abandonne le collège. « Pas facile de remettre les choses en ordre dans cette histoire » , soupire un éleveur. Mais, avec le recul, il n’a aucun doute : c’était sûrement le premier présage avant la forêt.

      Ce printemps-là, le restaurateur du village a vu la jeune fille prendre la route, chevauchant une jument noire, la mère marchant à ses côtés. « Ça va lui changer les idées », dit-elle. Toutes les deux font les vendanges, la récolte des fruits, se parlant à peine, sauf pour l’essentiel. La fille réclame son père, finit par le rejoindre à Saint-Domingue ou à La Réunion, partout où il circule. Dans le sud de l’Espagne, il ouvre un restaurant sur la plage.

      Que s’est-il passé là-bas pendant une fête, en 2007. A-t-elle été droguée ? Violée ? Des rencontres néfastes ? Ce ne sont que des hypothèses. Ceux de la vallée ont essayé de comprendre, quand ils l’ont vue revenir en panique dans les Cévennes, l’œil barré d’un bandeau noir. Blessée ?, lui demande un ami. « Non, je ne veux plus voir que la moitié du monde. » Jamais elle n’en dira plus. Deuxième présage, après le suicide de son amie. Elle a 22 ans. Les gens s’écartent, troublés. Gravement, de l’aide lui est proposée, avec les mots d’ici : « Qu’est-ce qui te rendrait heureuse ? » Et elle derrière son bandeau : « Savoir ce qu’il y a dans la tête des gens. »

      Surnommée « le fantôme »

      Certes, les communautés se sont dissoutes avec les années, chacun s’est recentré chez soi. Mais aujourd’hui encore la vallée mythique a gardé ses couleurs, sa méfiance face aux gendarmes, à certaines institutions, aux hôpitaux psychiatriques. Ça rigole autour de la table : « Ici, on n’a jamais été adapté au monde : on est nombreux, ensemble, à ne pas être normaux. » On partage une tisane au miel, quelques légumes arrachés au schiste, dans des potagers suspendus au-dessus du vide.

      D’une maison à l’autre, chacun se souvient avoir accueilli la jeune femme au bandeau à son retour d’Espagne. On lui demande de participer aux tâches. C’est non. Elle quitte la pièce quand un autre y entre. Parfois, quelqu’un sursaute à la cuisine ou au jardin : ça fait des heures qu’elle se tenait dans l’ombre, à l’épier en silence. Souvent, elle dort le jour, se lève la nuit pour terminer les restes. Son surnom : « le fantôme ».

      Quel jour exactement s’est-elle enfuie dans la montagne ? On ne sait plus. Ça s’est passé l’hiver 2009, raconte son grand frère, pendant une de ces tempêtes traversée d’éclairs et de rivières en crue, comme en connaît la région. En pleine nuit, coup de téléphone d’un voisin : sa sœur vient d’être retrouvée sur la route des Crêtes, au bord de la départementale. C’est sa nouvelle manie, marcher le long des routes, faire du stop sans but précis, puis s’allonger en travers de la chaussée. Sentir la chaleur du goudron sous son corps. S’endormir là, à côté d’un pylône. Elle se sent bien. Les automobilistes s’arrêtent en catastrophe. « Tu veux mourir ou quoi ? » Elle a déjà filé.

      Cette nuit-là, le grand frère l’aperçoit sur le bas-côté. Elle lui demande de retourner dans une des maisons de la vallée. Lui le sait bien : là-haut, plus personne ne la supporte. Il pense à une copine qui travaille en psychiatrie à Mende, à une heure de route. Pas question d’une unité de choc avec des sangles et des piqûres, mais elle pourrait les conseiller. Il lance : « On va aller à l’hôpital, je resterai avec toi. » Pas de réponse. Lui aussi s’effraie. « Si je l’avais emmenée, tout le monde me serait tombé dessus à ce moment-là, y compris ma mère » , raconte-t-il aujourd’hui.

      Une formation de traducteur, la quarantaine, le grand frère vit maintenant à Paris. Il n’a jamais étudié deux ans de suite dans le même établissement scolaire. « On ne peut pas dire que nous avons été une famille modèle. » Une question ne cesse de le hanter : « Est-ce que j’ai eu tort ? Quelque part, les conneries de ma sœur me dérangeaient. Je n’ai pas assumé, je m’en veux. » Il la voit ouvrir la portière et disparaître dans le noir, comme emportée dans la tempête.

      Les jours suivants, la mère la retrouve, la supplie de s’enfuir, affolée, perdue, criant à sa fille qu’on veut l’interner en psychiatrie, que les gendarmes sont à ses trousses. De leur côté, quelques-uns, comme la conseillère Michèle Manoa, pensent qu’il faudrait alors tenter des soins. Mais c’est fini. La fille est montée déjà dans les bois.

      « Ceci est pour toi »

      Au début, personne ne s’en rend compte. Pourtant, elle ne sait pas braconner, ni pêcher la truite à mains nues ou reconnaître les baies comestibles. La ronde de son enfance devient son terrain de chasse, les lieux familiers des amis, aux portes toujours ouvertes. A l’aube ou à la pleine lune, elle se faufile comme un chat dans les cuisines, soucieuse de ne rien déranger, effaçant ses traces. Elle évite les fermes trop proches des villages et de la route, celles avec des chiens ou des inconnus qui pourraient la dénoncer.

      A force de voir les provisions se volatiliser, un petit groupe finit par comprendre. La Visiteuse ne déplaît pas, au début. Elle intéresse, sa fuite suscite même une certaine admiration chez ceux de la vallée. Ils y lisent une rébellion contre l’enfermement, un acte de liberté. « Elle est mieux là qu’à l’asile, non ? » « C’est son choix. » « Elle a le droit de vivre comme ça. » Certains lui laissent des paniers dans la montagne, d’autres posent des mets sur la table, avec un mot : « Ceci est pour toi. » Elle se méfie. Réponse sans faute d’orthographe : « Est-ce que vous avez mis de la drogue dedans ? »

      A force, ils connaissent ses préférences, des goûts de petite gosse, les boîtes de thon mais pas le foie de morue, les pots de Nutella mais pas le chocolat noir, le beurre de cacahuète à la folie et les conserves maison, le foie gras surtout. Elle ne touche pas à l’alcool, ou plutôt n’y touche plus. On laisse traîner de l’argent et des bijoux. Exprès, pour voir. Elle ne les remarque même pas.

      Par temps d’orage ou pendant le gros de l’hiver, les résidences secondaires lui servent de refuge. Parfois, les occupants arrivent à l’improviste. On l’a surprise dans un lit ou sur l’ordinateur, à regarder le film Entretien avec un vampire. En un éclair, elle détale avec des yeux de bête traquée. Une fois, un ami s’est lancé à ses trousses avant de s’arrêter net. « Si je l’attrape, je fais quoi ? » Jamais il n’aurait envisagé qu’elle tiendrait si longtemps dehors.

      Les années et la montagne ont fini par la transformer. « L’ensauvager » , disent certains. Le cerf et le hibou lui parlent. Parfois, un promeneur découvre un matelas de feuilles et de chiffons dans l’échancrure d’un rocher, une cache de nourriture à demi enterrée, un campement avec des ânes à la lisière d’un pré à l’herbe rase. On l’a vue jaillir d’un trou d’eau glacial, avec un visage ébloui.

      Maintenant, elle entre dans les maisons sans précaution. Ouvre les armoires, choisit des tenue s « comme dans une boutique. Elle a du goût, elle prend le plus neuf, le plus joli, mais jamais les chaussures » , constate une amie de sa mère. Elle a retrouvé certains de ses vêtements accrochés en grappe à une ficelle dans le bouillonnement d’un torrent, comme dans le tambour d’une machine à laver. D’autres séchaient aux branches d’un arbre, à la manière d’un fil à linge.

      Chaque passage est signé

      La Visiteuse vide les congélateurs. Embarque les couettes, les couvertures. En repartant, elle laisse tout ouvert, et parfois le four allumé. « On est toujours à se demander ce qui va se passer quand on part de chez soi », dit l’un. Sur les tables, les mots pour elle se font plus pressants : « Tu es toujours la bienvenue. Laisse-nous au moins les duvets, c’est l’hiver. Fais attention avec le feu. » Elle est devenue l’obsession de la vallée.

      Dans ces bâtisses, où l’on se plaisait à vivre sans serrure, des verrous ont été posés, des volets, des doubles vitrages, des barrières électriques, des panneaux « Maison piégée ». Alors elle casse pour entrer, ciblant les lieux les uns après les autres, avec des fixations chez certains, où elle retourne inlassablement. A l’intérieur, elle refait la maison à sa manière, objets déplacés, mises en scène. Ici, les yeux d’une marionnette ont été arrachés. Là, de grands masques décrochés des murs et cachés sous le lit. Désormais, chaque passage est signé, comme si elle avait peur qu’on finisse par l’oublier.

      Depuis cinq ou six ans, la Visiteuse s’empare de choses intimes, la photo d’un chien ou le doudou d’une enfant. Des gens commencent à se sentir blessés, d’autres à avoir la trouille. La mère les écoute ne sachant que répondre, partagée entre la gêne et le soulagement. A chaque effraction signalée, elle pense : « Au moins, je sais que ma fille est vivante. » Certains y voient une duplicité. Dans la montagne, elle place des écriteaux pour signaler les maisons en colère. On l’a entendue crier vers les hautes crêtes : « Fais attention, arrête de voler. Les gendarmes vont venir te prendre. » L’autre jour, sa fille lui a parlé, de dos, cachée derrière un rocher. « Si je redescends, est-ce que je vais être obligée d’aimer les gens ? » Dans le silence des bois, sa voix sonnait, pointue, haut perchée, redevenue celle d’une fillette de 5 ans.

      Les premiers à parler publiquement dans la vallée ont été ses amis, trentenaires comme elle, anciens copains de collège ou de sortie. L’un commence : « Il faut que les choses se disent, on va me détester pour ça. Mais est-ce qu’on a protégé quelqu’un et ses choix ? Ou au contraire l’a-t-on laissé dégringoler ? » Leur enfance commune remonte, souvenirs par vagues où se mélangent les instants magiques et les autres. « Etre libre était une injonction. On était laissés à nous-mêmes, parfois sans protection. “Assume”, on nous disait » , pensent certains.

      Arrivée des « nouveaux néoruraux »

      Dans la vallée, des jeunes gens ont recommencé à venir s’installer, autre génération, autre culture, de « nouveaux néoruraux », dit-on, vivant parfois de la terre, mais pas toujours. De retour un soir chez eux, un couple a retrouvé la maison saccagée, la table couverte de récipients, tous étrangement remplis de lait. Ils croient à la vengeance d’un collègue, une manière de leur signifier que leur arrivée n’est pas souhaitée. Ils se renseignent. On leur parle d’elle, la Visiteuse. Plusieurs légendes circulent, un être aux paupières cousues errant dans la montagne ou alors une naïade, vêtue de ses seuls cheveux blonds.

      La Visiteuse revient chez eux, une fois, deux fois, dix fois. Ils repèrent le poste d’observation, d’où elle surveille leurs faits et gestes. L’épouse n’ose plus rester seule, lui frôle la dépression. Ils bricolent une caméra devant la porte. « On va enfin voir à quoi elle ressemble. » Sur l’écran apparaît une jeune femme en jean et en sweat-shirt, bien plantée, toute propre, le visage encadré de deux tresses noires.

      Une quarantaine de plaintes ont été déposées, le parquet de Mende les a classées sans suite le 18 juin 2018
      En 2018 et 2019, des réunions ont été organisées avec les mairies, l’état-major local de la gendarmerie, Chloé Demeulenaere, la sous-préfète de Florac. Cela avait déjà été le cas des années plus tôt, en vain. « Ceux de la vallée considéraient alors comme une soumission de laisser les institutions s’en mêler. Ils répétaient : on ne va pas courber l’échine, on gère nous-même » , croit savoir un élu local.

      Maintenant, même les victimes sont venues à la réunion. Elle vire vite à la séance de psychanalyse collective, selon des participants. « Je me sens devenir comme les beaufs qu’on fuyait dans notre jeunesse », lance l’un. Un homme explique qu’il ne ressentirait rien face à la mort d’un être humain, pour la première fois de sa vie. Il est non violent, il se fait horreur à lui-même. Quelques-uns prennent des calmants, une femme a déménagé. Un nouvel arrivant s’énerve : « Comment peut-on laisser cette femme à sa souffrance ? Les soixante-huitards vivent dans leur roman. Ça raconte la vallée, leur refus du monde. »

      Une quarantaine de plaintes ont été déposées, le parquet de Mende les a classées sans suite le 18 juin 2018, l’enquête « n’ayant pas permis d’identifier l’auteur des infractions ». La sous-préfète et Quoi de 9, une association d’insertion locale chargée du dossier, ont refusé de s’exprimer. Aucune avancée n’a été constatée depuis.

      La faire descendre, pas à pas

      Ici, certains ont revu L’Enfant sauvage, le film de François Truffaut (1970), où un médecin ramène dans la société des hommes un garçon trouvé dans la forêt. L’époque est autre, bien sûr, et l’histoire s’écrit maintenant à l’envers : les enfants sauvages d’aujourd’hui sont ceux qui ont fui la civilisation, pas ceux qui en avaient été exclus. N’empêche. Certains dans la vallée y voient une solution : lancer un appel à des chercheurs capables de se passionner pour la Visiteuse. Comme dans le film, ils effectueraient un patient travail de terrain pour essayer de la faire descendre de la montagne, pas à pas. Plusieurs hébergements ont déjà été proposés.

      Avant la forêt, la Visiteuse aimait se glisser dans une ferme au-dessus du village, chez une vieille famille cévenole. Elle entrait sans s’annoncer, donnait volontiers un coup de main. Les parents l’appréciaient, ils la trouvaient polie, courageuse. Ils n’étaient pas si nombreux, leur semblait-il, les jeunes gens de son âge capables de travailler aussi dur qu’elle. Puis, assise dans la cuisine, elle leur parlait de ses rêves. Elle ne savait pas vraiment comment dire. Ou plutôt si. Elle souhaitait un copain, une maison, des enfants. En servant le café, la mère de famille lui avait demandé : « Tu veux dire, une vie comme nous tous ? »

      #marge #néo_ruraux

  • La Coordination des collectifs de solidarité avec #Pınar_Selek 2000 - 2021

    2000 ........ 2020 ........
    Chère Pınar,
    Il y 20 ans, tu sortais enfin de prison, après deux ans d’enfermement et de tortures.
    20 ans plus tard, la géopolitique de la Turquie est bouleversée...
    Mais ton procès et les menaces contre toi continuent.
    Toi, tu continues tes luttes, comme tu l’avais promis en sortant de prison.
    Nous, nous continuons à tes cotés.
    Merci à toutes les personnalités qui ont accepté de joindre leur voix à la nôtre dans ce film pour te le dire.

    La Coordination des collectifs de solidarité avec Pınar Selek.

    https://www.youtube.com/watch?v=U24A7FiPxAc


    #Pinar_Selek #procès #droit_à_la_vie #torture #Turquie #prison #emprisonnement #lutte #témoignage #solidarité #solidarité_internationale #justice (!) #résistance #haine #arbitraire #arbitraire_du_pouvoir #répression_judiciaire #expliquer_c'est_excuser #terrorisme #Etat_de_droit #minorités #kurdes #islamisme #déradicalisation #évangélisation_de_l'islamisme #AKP #armée #processus_du_28_février #re-radicalisation #complotisme #conspirationnisme #nationalisme_turc #étatisation #Erdogan #stock_cognitif #amis_de_2071 #ennemis_de_2071 #2071 #pétitions #espoir
    #film #film_documentaire

    ping @isskein @cede @karine4

    • Pinar Selek et la faillite de l’état de droit en Turquie

      Plus de vingt ans ont passé depuis sa sortie de prison. Pinar Selek, toujours menacée d’une condamnation à perpétuité par le pouvoir turc, poursuit ses luttes en France et en Europe. Un film témoigne aujourd’hui des multiples combats de l’écrivaine et sociologue. L’histoire de Pinar Selek est devenue une part de l’Histoire de la Turquie. Et de la nôtre.

      La Coordination des collectifs de solidarité avec Pinar Selek (https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/160917/la-coordination-des-collectifs-de-solidarite-avec-pinar-selek-est-ne) diffuse un petit film sur l’écrivaine et sociologue. Ce film est important. Ute Müller en est la réalisatrice. Le film s’ouvre par les phrases fortes de l’écrivaine et journaliste Karin Karakasli : « Vous ne pouvez pas vous empêcher de répéter le nom de la personne que vous aimez comme un mantra », dit-elle. L’amie de Pinar la nomme ainsi : « la personne qui est mon honneur, ma fierté et mon bonheur ». Elle définit le procès de Pinar Selek de manière cinglante et précise : « Une violation du droit à la vie, un meurtre légal et une torture psychologique ». Tout est dit par la bouche de Karin Karakasli, qui prend soin de rappeler les faits de cette persécution invraisemblable.

      L’économiste et politologue Ahmet Insel souligne ensuite à quel point l’histoire de Pinar Selek est exemplaire de « l’arbitraire du pouvoir exercé par une répression judiciaire » et de « la faillite de d’état de droit en Turquie ». S’il rappelle que Pinar a été condamnée au moyen de preuves totalement inventées, c’est aussi pour observer une évolution de la répression politique en Turquie : le pouvoir accuse désormais ses opposants de terrorisme et les enferme sans avoir besoin de la moindre preuve. Suivent cinq autres témoignages et analyses, qu’il faut écouter attentivement, tous aussi importants les uns que les autres : celui de Umit Metin, Coordinateur général de l’ACORT (Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie), ceux de l’historien Hamit Bozarslan et du juriste Yériché Gorizian, celui de la journaliste Naz Oke et enfin les propos de Stéphanie, membre du Collectif de solidarité de la ville de Lyon.

      Parmi tous ces témoignages, il y a une phrase de Karin Karakasli qui résonne très fort et restera dans nos mémoires : « Vivre dans une Turquie où Pinar ne peut revenir, ne diffère pas d’une condamnation à vivre dans une prison en plein air ». Il faut en finir avec les prisons de pierre et les prisons en plein air. Pinar Selek, qui tient un blog sur Mediapart, invente des cerfs-volants qui traversent les frontières. Un jour les membres de ses collectifs de solidarité feront avec elle le voyage jusqu’à La Maison du Bosphore, où ils retrouveront Rafi, le joueur de Doudouk, cet instrument qui symbolise dans le roman de l’écrivaine la fraternité entre les kurdes, les arméniens et les turcs.

      Pascal Maillard,

      Membre de la Coordination des collectifs de solidarité

      https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/270421/pinar-selek-et-la-faillite-de-letat-de-droit-en-turquie

  • Sept anciens membres des Brigades rouges interpellés en France à la demande de l’Italie
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/28/sept-anciens-membres-des-brigades-rouges-interpelles-en-france-a-la-demande-

    « Le président a souhaité régler ce sujet, comme l’Italie le demandait depuis des années », a ajouté l’Elysée. « La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes. Elle s’inscrit également, à travers cette transmission, dans l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre », conclut la présidence.

    #extrême_droite

  • A mes amis journalistes
    25 avr. 2021 Par dominique vidal
    https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/250421/mes-amis-journalistes

    Depuis une semaine, des centaines de jeunes fascistes du mouvement Lehava accompagnés par des policiers « ratonnent » à Jérusalem-Est au cri de « Mort aux Arabes ! ». Dans la plus totale impunité sur place. Et dans le quasi silence des grands médias internationaux, y compris chez nous. J’ai honte. Comme Français. Comme journaliste. Et comme juif. (...)

    #Jerusalem

  • Décroissance ou barbarie
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Decroissance-ou-barbarie

    À quoi donc ressemble la une du mensuel pour produire un tel effet ? « Indigénistes, décolonialistes, racialistes… » « Basta ! », dit la pancarte d’un personnage représentant la Terre. Est-ce Minute, Valeurs actuelles, L’Express ou Marianne ? Non, c’est le « journal de la joie de vivre » qui tente un élargissement de sa cible à la fachosphère, rejoignant dans le concert national(iste) une extrême droite jadis isolée mais désormais rejointe par les plus grands esprits du pays, de la gauche républicaine à la droite la plus moisie

    #La_Décroissance #racisme #facho #nationalisme #extrême-droite #Aude_Vidal

  • Covid-19 : comment expliquer la situation catastrophique en Inde ? Vijay Prashad

    L’inaction irresponsable du gouvernement indien et des années de privatisation des soins de santé font aujourd’hui de l’Inde l’épicentre de la pandémie, selon l’historien, éditeur et journaliste marxiste indien Vijay Prasha.

    En Inde, la pandémie de coronavirus a pris une ampleur catastrophique. Sur WhatsApp, on lit annonce sur annonce de contaminations d’amis ou de membres de la famille, tandis que se multiplient les messages indignés vis-à-vis d’un gouvernement qui laisse totalement tomber ses citoyens. Un hôpital manque de lits, un autre d’oxygène.

    Treize mois après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait annoncé la pandémie de coronavirus, le gouvernement indien de Narendra Modi semble pétrifié. Alors qu’ailleurs, la vaccination va bon train, le gouvernement indien reste les bras croisés tandis que la population plie sous les assauts des deuxième et troisième vagues.

    Le 21 avril 2021, le pays enregistrait 315 000 cas en 24 heures. Un pic de contaminations qui inquiète : se trouve-t-on face à un nouveau variant ou cette flambée est-elle le résultat de l’incapacité du gouvernement à limiter les contacts sociaux et à vacciner suffisamment ?

    Une désinvolture coupable
    Un rapide coup d’œil sur la carte du monde de la #pandémie suffit pour se rendre compte que c’est dans les pays dont les gouvernements ont ignoré les avertissements de l’OMS que le Covid-19 a fait les pires ravages. L’Inde en est un parfait exemple. Le gouvernement indien a été très lent à réagir au début. Fin mars 2020, il a, du jour au lendemain, décrété un couvre-feu de 14 heures, suivi par un confinement strict. Résultat : des centaines de milliers de travailleurs ont été renvoyés chez eux, sans un sou en poche. Beaucoup sont morts au bord de la route, tandis qu’une multitude d’autres ramenaient le virus dans leurs villes et villages d’origine.

    Le Premier ministre Modi a pris la #pandémie à la légère. Il a conseillé à la population d’allumer des bougies et de taper sur des casseroles pour chasser le #virus en faisant du bruit. Le confinement était sans cesse prolongé, mais quel sens cela pouvait-il avoir pour les millions d’Indiens de la classe travailleuse, contraints de se rendre au travail pour gagner de quoi manger ?

    Un an après le début de la pandémie, l’Inde compte 16 millions de cas avérés et 185 000 décès confirmés. Si je précise « avérés » et « confirmés », c’est parce que l’Inde manque cruellement de données statistiques fiables.

    La faute à la privatisation
    Une grande partie du système de soins de santé indien est passée aux mains du secteur privé, tandis que les soins de santé publics sont systématiquement sous-financés. Alors que, de par son statut de grande puissance industrielle, l’Inde crée énormément de richesses, elle ne dépense pas plus en soins de santé par habitant que la Sierra Leone, un des pays les plus pauvres du monde.

    Les #hôpitaux indiens comptent 5,3 lits pour 10 000 habitants. En Chine, on en compte 43, soit huit fois plus. Il n’y a que 48 000 respirateurs pour l’ensemble de l’Inde, alors que la Chine en avait déjà 70 000 rien que pour la province de Wuhan. La déficience des infrastructures médicales indiennes est en grande partie le résultat de décennies de privatisation. Les hôpitaux privés fonctionnent à pleine capacité en temps normal, de sorte qu’ils ne sont pas en mesure de gérer des pics, puisque cela signifierait qu’ils auraient habituellement des lits ou des respirateurs inutilisés.

    Vaccins et oxygène
    L’Inde est considérée comme la « #pharmacie du monde », car son industrie pharmaceutique produit et exporte toute une série de médicaments génériques. Elle assure 60 % de la production mondiale de vaccins et est également le premier producteur de pilules pour le marché américain. Mais cela n’aide en rien les citoyennes et citoyens indiens ordinaires dans le cadre de la crise actuelle.

    Il n’y a pas assez de #vaccins pour protéger rapidement la population indienne, qui devra attendre... 2022 pour être vaccinée entièrement. Les producteurs de vaccins privés se montrent incapables d’atteindre une cadence suffisante pour répondre aux besoins, mais cela n’a pas empêché le gouvernement de les autoriser à augmenter leurs prix. Parallèlement à cela, les sites de production de vaccins indiens sont à l’arrêt car le gouvernement ne leur octroie pas de contrats ! Il existe également une importante pénurie d’oxygène à usage médical, malgré toutes les promesses d’augmenter les capacités.

    Le 25 mars 2020, le Premier ministre #Modi affirmait avec arrogance qu’il ne lui faudrait pas plus de 18 jours pour remporter le combat contre le #Covid-19. Aujourd’hui, plus d’un an plus tard, l’#Inde ressemble à un champ de bataille jonché de dizaines de milliers de morts, dans une guerre dont on ne voit encore que la partie émergée de l’iceberg.

    Sources : https://www.solidaire.org/articles/covid-19-comment-expliquer-la-situation-catastrophique-en-inde
    zt
    https://peoplesdispatch.org/2021/04/23/the-covid-19-catastrophe-in-india-keeps-growing

    • Et au Kerala ?
      Dans l’État indien du Kerala, dirigé par un gouvernement de gauche, la situation est également préoccupante. Le ministre en chef de l’État, M. Vijayan, assure cependant qu’il n’y a pas de pénurie de lits dans les hôpitaux ni d’oxygène. K. K. Shailaja, la célèbre ministre de la Santé du Kerala, a tweeté que 6,2 millions de doses sur les 6,5 millions allouées à son État avaient déjà été administrées. Elle appelle le gouvernement central à fournir de toute urgence les 5 millions de doses supplémentaires promises.

  • Nan mais on ne va pas se réclamer de l’article 413-3 du Code pénal, quand même ! Sinon la prochaine que tu appelleras à la désertion et à l’objection de conscience pendant une guerre bien dégueulasse dont la France a le secret, les cinq ans de taule, ce sera pour toi.

    Article 413-3 - Code pénal - Légifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006418389

    Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, de provoquer à la désobéissance par quelque moyen que ce soit des militaires ou des assujettis affectés à toute forme du service national est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

    https://www.youtube.com/watch?v=N5_vcVq_vSE

  • Des pesticides coulent de nos robinets, alerte l’UFC-Que choisir
    https://reporterre.net/Des-pesticides-coulent-de-nos-robinets-alerte-l-UFC-Que-choisir

    Autre trou dans la raquette, et de taille, « les teneurs maximales en résidus de pesticides autorisées dans l’eau potable par la réglementation ne prennent pas en compte le fait que de nombreux pesticides sont fortement soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens », notent les ONG. « Ces molécules n’obéissent pas à la règle de "la dose fait l’effet", autrement dit elles ont des effets potentiellement nocifs même à des doses très faibles, inférieures aux normes sanitaires », précise M. Andrault.

    Là encore, des prélèvements d’#eau jugés conformes du strict point de vue réglementaire contiennent en réalité des perturbateurs endocriniens : les associations ont relevé « pas moins de 28 % d’analyses jugées conformes aux limites réglementaires pour lesquelles au moins un ou plusieurs pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens sont présents à des teneurs quantifiables ».

    Dernier point, et non des moindres, la « conformité » se paie au prix fort. « Si l’eau est aujourd’hui meilleure au niveau du robinet, ce n’est pas parce que l’agriculture française a amélioré ses pratiques, avec moins de pesticides et d’engrais azotés, mais parce qu’on dépollue plus, ou qu’on ferme les sources trop polluées », regrette M. Andrault.

    « En effet le coût de la dépollution des pollutions agricoles représente entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an, intégralement financé par les consommateurs via leurs factures d’eau et la redevance qu’ils versent aux agences de l’eau », rappellent les associations, qui ont lancé une pétition afin que « l’État [garantisse] une eau sans pesticides ».

  • Signalé par Pr Logos : lors de son intervention hier, Castex présente une « comparaison européenne du nombre de nouveaux cas par million d’habitants »… sur laquelle ne figure pas la France.
    https://twitter.com/Pr_Logos/status/1385500755608674304

    Ça devient inimaginable dans le genre réalité alternative et créativité à la française…

    Si tu fais la même courbe avec la France, évidemment ça devient plus difficile de crier victoire et d’annoncer triomphalement qu’on va rouvrir les écoles :

    • de toute manière, les nombres de nouveaux cas dépendent tellement des politiques de test de chacun des pays que c’est même déjà limite de comparer les pays entre eux...

      Nous, en Rrance, on a trouvé la solution pour gagner la compétition européenne : on teste moins, ça coûte moins cher, ça inverse la courbe des contaminations, et ça donne raison au gouv !

  • La Quadrature du Net : Le Conseil d’État valide durablement la surveillance de masse
    https://www.laquadrature.net/2021/04/21/le-conseil-detat-valide-durablement-la-surveillance-de-masse

    Le Conseil d’État vient de rendre une décision qui restera une tache indélébile sur la plus haute juridiction administrative et sur la France. Au mépris le plus total du droit européen, il a refusé d’appliquer l’arrêt de la Cour de justice de l’UE (CJUE) qui, en octobre 2020, estimait que tant le droit français du renseignement que l’obligation de conservation généralisée et indifférenciée de l’ensemble des données de connexion (IP, localisation, etc.) étaient contraires aux droits fondamentaux. Ce faisant, le Conseil d’État isole la France dans son Frexit sécuritaire et libère les renseignements français des principes de l’État de droit.

    En apparence, la décision d’aujourd’hui conduit à l’annulation ou à l’abrogation de certains des décrets attaqués par La Quadrature du Net, FDN, la FFDN et Igwan.net, qui organisent une obligation de conserver de manière généralisée et indifférenciée les données de connexion (ce qui entoure une communication, comme la liste des numéros de téléphone appelés, les adresses IP, la géolocalisation, etc.). Mais cette illusion est aussitôt dissipée par le Conseil d’État qui prescrit lui-même les correctifs superficiels qui permettront au gouvernement de maintenir sa surveillance de masse. À côté de cette fausse concession, il rejette purement et simplement le reste de nos arguments contre les services de renseignement.

    Le Conseil d’État autorise la conservation généralisée des données de connexion en dehors des situations exceptionnelles d’état d’urgence sécuritaire, contrairement à ce qu’exigeait la Cour de justice de l’UE dans sa décision du 6 octobre 2020 contre la France. Pour arriver à une conclusion aussi brutale, le Conseil d’État a réinterprété la notion de « sécurité nationale » pour l’étendre très largement au-delà de la lutte contre le terrorisme et y inclure par exemple l’espionnage économique, le trafic de stupéfiant ou l’organisation de manifestations non-déclarées. Ainsi, il peut conclure que la sécurité nationale est systématiquement menacée, justifiant le contournement permanent des garanties protégeant les libertés fondamentales et ce même en dehors des périodes officielles d’état d’urgence, soumises à un contrôle démocratique (aussi théorique soit-il).

    De même, le Conseil d’État permet la communication des données de connexion à la police pour n’importe laquelle des finalités comprises dans cette notion délirante de « sécurité nationale », alors que la CJUE exige que cette mesure de surveillance soit limitée à la seule lutte contre la criminalité grave...

  • [BD] L’épitaphe de Séverine : J’ai toujours travaillé pour la paix, la justice et la fraternité [13]
    https://www.partage-noir.fr/bd-l-epitaphe-de-severine-j-ai-toujours-travaille-pour-la-paix-845

    Militante pacifiste engagée Séverine perd ses chroniques dans plusieurs quotidiens qui la jugent anti-patriotique. [BD] L’épitaphe de Séverine : J’ai toujours travaillé pour la paix, la justice et la fraternité

    / Séverine (1855-1929)

    #[BD]_L’épitaphe_de_Séverine :_J’ai_toujours_travaillé_pour_la_paix,_la_justice_et_la_fraternité #Séverine_1855-1929_

  • Raymond Gurême - Ép. 1/2 - Résistances tsiganes
    https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/resistances-tsiganes-12-raymond-gureme


    https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2018/07/caedb1b8-bf3c-4536-9d55-5d4fea2a49f4/838_raymond_gureme_2.webp
    Raymond Gurême et son combat• Crédits : Raymond Gurême

    Raymond Gurême était manouche. Né en 1925, il fut interné au camp de Linas-Montlhéry durant la Seconde Guerre mondiale. Acrobate, il s’en évada, fut repris, s’en évada encore. Enfermé dans un établissement de redressement pour mineurs, il en détourna, au profit du maquis, un camion de ravitaillement, ce qui lui valu d’être déporté dans un camp de travail en Allemagne. Il s’en évada aussi, retourna en France pour rejoindre les rangs de la Résistance.
    Il a dix-neuf ans lors de la Libération de Paris. Il a été décoré de la Légion d’Honneur et a passé sa vie à combattre le racisme. En 2014, il a de nouveau été passé à tabac par la police française : pour les voyageurs, les choses n’ont pas beaucoup changées en un siècle.
    Raymond Gurême est mort hier. Pas un mot dans la presse française, seulement un article dans la presse tchèque. Et ce grand monsieur n’a même pas une page Wikipedia à son nom. Non, vraiment, rien n’a changé en un siècle, pour les voyageurs ...

    Via le FB de Didier Bardoux

  • Pénurie de nains de jardin au Royaume-Uni après les confinements successifs
    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2021/04/17/penurie-de-nains-de-jardin-au-royaume-uni-apres-les-confinements-successifs_


    Les Britanniques aiment depuis le XIXe siècle placer ces petits personnages barbus au cœur de leur jardin.
    ALAIN LE BOT / PHOTONONSTOP / ALAIN LE BOT / PHOTONONSTOP

    La demande pour les biens de jardinage et les décorations d’extérieur dans le pays a considérablement augmenté, tandis que le blocage de l’« Ever-Given » dans le canal de Suez a encore retardé les livraisons.

  • Macron et la crise ? Zéro pointé..., par Guillaume Duval (sur sa page Facebook)

    Il y a des ravis de la crèche, comme Yannick Laude, qui croient vraiment qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont fait un effort tout à fait exceptionnel à l’échelle mondiale pour soutenir l’économie et la société française face au COVID-19.

    Il n’en est rien. Du fait de la mauvaise gestion de cette crise, la France a été tout d’abord l’an dernier un des pays au monde les plus touchés à la fois en termes de nombres de morts et en termes de recul de l’activité économique.

    De plus le plan de soutien mis en place par le gouvernement est en réalité un des plus limités parmi les grands pays développés.

    La France est en particulier le pays développé qui a le moins accru ses dépenses publiques l’an dernier.

    Le gouvernement reconnait d’ailleurs lui-même que son plan de relance aura un impact très faible sur l’activité (1,1 point de PIB en 2021 et 1 point en 2022).

    La plus grande part des aides a été accordée en réalité sous forme de report d’échéances sociales et fiscales et de garantie de prêts. Mais du coup les entreprises françaises qui figuraient déjà parmi les plus endettées au monde sont aussi celles qui se sont le plus endettées en plus l’an dernier (voir graphique).

    Quand il faudra régler les échéances et rembourser les prêts les choses risquent d’être sanglantes.

    Le gouvernement a refusé d’augmenter les minima sociaux, d’étendre le RSA aux moins de 25 ans, il veut maintenant réduire les prestations de chômage... Cette gestion très peu sociale de la crise a eu comme résultat que le patrimoine des plus riches s’est fortement accru

    pendant que les revenus des plus pauvres reculaient davantage que la moyenne (Voir graphique).



    Et pour ne rien arranger le gouvernement a déjà commencé à sonner le tocsin de l’austérité pour les années à venir... Nous ne sommes pas au bout de nos peines (sauf si, l’an prochain...)...

  • Salaire unique ou « salaire au besoin » : une coopérative boulangère repense la notion de rémunération - Basta !
    https://www.bastamag.net/salaire-au-besoin-egalite-salariale-alternative-cooperative-Scop-boulanger

    Une boulangerie en coopérative a imaginé une façon inédite de concevoir sa grille salariale, en expérimentant le « salaire au besoin » Après six mois de fonctionnement, les salariés livrent un premier bilan contrasté, étonnant et riche d’enseignements.

    Que doit rémunérer le salaire ? La stricte part de l’effort productif ? Ou bien doit-il intégrer les conditions sociales d’existence du travailleur ? C’est à ces questions, pour le moins fondamentales, auxquelles des boulangers grenoblois se sont frottés. Ils ont eux-mêmes tenté une expérimentation inédite : le « salaire au besoin ».

    Jusqu’alors, la boulangerie Le Pain des Cairns – une coopérative ouvrière – fonctionnait sur un principe simple : le salaire unique. Tous les salariés y travaillent à la fois comme boulanger et comme vendeur, chacun étant appelé à effectuer les mêmes tâches – en proportions égales, autant que possible – assurant ici le service au comptoir, là différentes missions administratives, quand les mains ne sont évidemment pas occupées à préparer le levain ou à surveiller la cuisson. Chacun des boulangers coopérateurs touchait donc le même salaire, 1600 euros net, auquel s’ajoutent diverses primes au cours de l’année.

    #boulangerie #coopérative #SCOP #autogestion #revenu #salaire

    • À sa façon, la coopérative boulangère rejoue les grands débats sur la valeur du travail, mais se refuse à les trancher. « Dès lors qu’on essayait de « factualiser » tout ça dans une grille, ça bloquait. C’était trop contradictoire avec notre approche des choses » abonde Myriam, 32 ans. C’est ainsi que surgit l’idée de renverser la perspective, en dissociant les tâches accomplies de la rémunération obtenue. Autrement dit, décorréler le salaire du travail, en ne se focalisant plus sur la production et l’activité exercée, mais plutôt sur les besoins revendiqués du salarié. Le nom en découle naturellement – le « salaire au besoin » – sans qu’il ne soit inspiré d’aucune théorie ou expérience particulière. Le collectif établit pour cela son propre mode d’emploi et ses propres règles, le temps d’une expérimentation fixée à six mois à partir d’octobre 2020.

    • Si le principe du salaire unique apparaît bel et bien séduisant pour ce qu’il incarne comme valeur d’égalité, le vécu commun de cette boulangerie raconte aussi qu’il ne permet pas certaines solidarités – en l’occurrence, à l’égard de l’âge et d’une situation familiale, mais il pourrait en être de même vis-à-vis de problématiques de santé ou de handicap. Alors, salaire unique versus salaire au besoin, et si la « vérité » était entre les deux ?

      Il y a une autre question qui n’est pas abordée : et si ce n’était PAS à l’activité précise de la personne qui a ces besoins de le prendre en charge ?

      En effet, là illes font des expérimentations légitimes, car la société générale dans laquelle illes vivent ne prend pas en charge, ou mal, ces besoins. Du coup illes se rabattent sur l’entreprise où illes travaillent pour cela. C’est légitime sur le cours terme, car c’est uniquement sur ça qu’illes ont la main !

      Mais… c’est le principe de la sécu à la base : ça ne devrait surtout pas être propre à telle entreprise, mais mutualisé (et donc lissé) sur beaucoup plus de monde. Pas forcément un pays entier d’ailleurs, on peut très bien imaginer des expériences de sécu à échelle communale, régionale…

      À partir du moment où ces besoins courants et qui peuvent toucher tout le monde (enfants, maladie, chômage, etc), sont pris en charge « par la communauté » plus généralement (pays ou région ou commune, ce sont des choix très différents mais en tout cas : pas dans chaque entreprise !), et bien à l’intérieur même de telle entreprise (ou service public), le salaire peut bien rester au salaire égal.

  • Pfizer profite de la pandémie pour augmenter le prix de son vaccin (et s’en vante) | korii.
    https://korii.slate.fr/biz/vaccin-covid-19-pfizer-profite-pandemie-augmenter-prix-vaccin-bourse-pro

    Initialement négocié à 12 euros la dose en novembre 2020, le #vaccin #Pfizer avait finalement été acheté à 15,50 euros par l’Union européenne. Selon Borissov, la dose devrait nous coûter à l’avenir 19,50 euros.

    La facture finale risque donc d’être salée. « 19,50 euros pour 900 millions (de doses) coûteront près de 18 milliards d’euros à l’UE », calcule-t-il, avertissant les gouvernements européens qu’il leur faudra réviser à la hausse leur budget vaccination.

    Et encore, il ne s’agit peut-être que d’un début, les négociations n’étant pas terminées, souligne le site Business AM. Par comparaison, AstraZeneca s’est engagé à délivrer son vaccin à prix coûtant, soit 1,78 euro la dose, comme l’avait fait fuiter en décembre dernier la secrétaire d’État au Budget belge Eva De Bleeker. Le vaccin de Pfizer va donc revenir 11 fois plus cher que celui de son concurrent anglo-suédois.

    #spéculation #covid19 #santé #big_pharma

  • Comment les #Grisons sont devenus les champions suisses du #bio

    Le canton des Grisons compte plus de 65 % d’exploitations bio. Un record suisse. L’#agriculture_de_montagne et le #tourisme ont accéléré cette transition. Le choix du bio est à la fois économique et idéologique.

    En ce matin de janvier, la ferme de la famille Heinrich baigne dans l’ombre. Marcel et sa femme Sabina comptent les jours jusqu’au retour du soleil. Plus qu’une semaine à tenir. Bienvenue à Las Sorts, un hameau de la vallée de l’Albula, situé à 1000 mètres d’altitude, non loin du fameux viaduc ferroviaire de Landwasser.

    La trajectoire de la ferme de Las Sorts – littéralement, le destin – est celle de nombreuses exploitations des Grisons. Le passage au bio a eu lieu à travers la vente de lait, grâce à des pâturages libérés de tout engrais synthétique. « Mon père a été l’un des premiers paysans à franchir ce pas dans la vallée », raconte Marcel, qui fut d’abord bûcheron. Le geste n’allait pas de soi. Au début, le lait des pionniers du bio est récolté sans discernement, mais à partir des années 1990, le géant de la distribution Coop commence à contacter des fromageries pour obtenir des produits bio.

    « L’esprit d’ouverture des paysans grisons a contribué à cet essor », ajoute Martin Roth, conseiller au Centre de formation agricole du canton.

    À Las Sorts, le produit phare est la pomme de terre de montagne. Chaque année, la famille Heinrich en produit près de 70 tonnes, déclinées en plus de 40 variétés, de la pomme de terre rouge Vitelotte noire, au goût de marron, à la délicate Corne de Gatte belge. Cette culture exige beaucoup de travail manuel sur de petites surfaces cultivées en rotation. « C’est un choix exigeant, qui amène à comprendre les cycles de la nature. Dans le bio, on observe des choses impossibles à remarquer du haut d’un tracteur », résume Marcel. À ce moment, un renard apparait devant la maison, ce qui déclenche une petite alerte en raison du poulailler. La vallée abrite aussi des loups ! « Nous les entendons parfois hurler près de la ferme et nous trouvons des carcasses de cerfs, mais ils ne nous ont pas posé de problème jusqu’à présent », rassure Marcel.
    La patate de montagne comme niche

    Dans ces terres hautes, où l’on fauche tard, les paysans bio doivent créer des produits de niches et être habiles en marketing. La famille Heinrich a par exemple participé au lancement d’une académie de la pomme de terre, qui regroupe des amateurs de variétés rares. « Les pommes de terre bio ont un goût très prononcé. Des chefs me disent qu’elles nourrissent quatre fois plus qu’un produit issu de l’agriculture conventionnelle », se réjouit Marcel, qui cite parmi ses clients des chefs étoilés, comme Sven Wassmer à Bad Ragaz ou Heiko Nieder à Zurich. Le paysan aime partager ses connaissances, mais il n’est pas « un prêtre du bio ». Son dernier projet ? La culture d’une ancienne variété de haricots, démarrée avec l’aide de l’association Pro Specie Rara. L’opération a nécessité 5 années d’essai. En 2020, la récolte de ces fèves qui résistent au froid s’est élevée à 1500 kilos.

    À Las Sorts, environ 65 % des revenus sont issus des ventes directes. Le reste provient des aides de la Confédération, où le facteur le plus important est le nombre d’hectares. « La part de nos revenus issue de la vente est élevée pour une région de montagne », avance Marcel. Il a renoncé à vendre pour la grande distribution, un système qu’il juge « peu stable et qui lie les mains des paysans ». Nous quittons à présent la chaleur amicale du foyer des Heinrich, son poêle et ses fagots de bois empilés dans la salle de bains, direction Filisur.
    Le choix d’abattre les veaux à la ferme

    Plus au nord, voici Georg Blunier et sa femme Claudia. Leur ferme, louée auprès d’un paysan, surplombe magnifiquement le Rhin. Le froid est vif et le soleil brûle les yeux. Bienvenue à Dusch, 850 mètres d’altitude. Leur vie commune a commencé en ville. Mais après deux étés passés dans un alpage en Valais et aux Grisons, le couple décide de se lancer dans l’agriculture ! Georg Blunier travaillait comme graphiste et artiste à Bienne. Le voilà les pieds dans la terre, enchaînant des semaines de 70 heures de travail. « Dans l’art, tu crées des problèmes pour trouver des solutions. Dans l’agriculture, tu suis le rythme imposé par la nature et tu vois les résultats concrets de ton travail. »

    Les paysans de Dusch, ferme exploitée en bio depuis 1989, cultivent des céréales et des fruits. Mais le produit de niche de la ferme, c’est la viande de vache grise rhétique, qui représente environ 30 % du chiffre d’affaires. Depuis 2018, Georg a obtenu le droit de faire tuer ses veaux à la ferme, une première suisse. Les bêtes sont assommées et saignées sur place par un boucher. Cette pratique évite le stress généré par le transport à l’abattoir. Ici, les veaux allaitent leur mère 12 mois durant et sont tués à l’âge de 2 ans. Les paquets de viande sont livrés à domicile.
    Malans : un ferme pour les poussins mâles

    Plus bas sur le Rhin, voici Malans et ses vignes exposées plein sud. Ici, la neige s’est retirée des vergers. Valérie Cavin, une Vaudoise qui a grandi à Zurich, et son compagnon grison Roman Clavadetscher, exploitent une moitié d’hectare de vignes sur ces terres où le mètre carré vaut de l’or. Leurs bouteilles de pinot bio noir partent comme des petits pains, mais le produit de niche prend ici la forme de poussins mâles, non pas tués dès l’éclosion, mais élevés en compagnie des femelles dans 4 petites huttes mobiles de 500 volatiles. « Des restaurants gastronomiques nous achètent des poulets mâles, ce qui leur permet de raconter une histoire au client sur ce mets. D’autres consommateurs font ce choix pour des raisons éthiques et achètent nos œufs à un prix supérieur pour aider au financement de cet élevage », explique Valérie Cavin.

    Autre niche : la production d’ail bio, qui exige un intense travail manuel. En 2020, la ferme de Malans en a produit 3 tonnes. Diplômée en agronomie, comme son mari, Valérie Calvin indique que seuls 10 % des revenus sont issus des subventions publiques. Car ici, l’exploitation ne dépend pas des subventions liées aux pâturages de montagne. Arrivé à Malans en 2003, le couple a conservé des mandats extérieurs, elle comme enseignante dans le domaine agricole, lui comme conseiller en bio. « Ce choix nous offre plus liberté et de sécurité, au cas où, par exemple, nos patates douces subiraient le gel », indique l’agricultrice.

    Porté par une aide accrue de la Confédération, le mouvement bio s’étend de vallée en vallée. « Mais le choix de passer à cette approche reste une décision de cœur », estime Claudio Gregori. En tout cas, les paysans rencontrés aux Grisons partagent les mêmes observations. Le recours aux intrants chimiques scie la branche sur laquelle l’agriculture est assise. Les surfaces cultivées en bio sont plus résilientes. Surtout, le coût réel de l’agriculture bio serait plus bas si les coûts externes de l’agriculture intensive – ses dégâts – étaient intégrés. « Au final, ce sont les choix alimentaires des consommateurs suisses qui décideront de la vitesse de cette transition », conclut Georg Blunier.

    Le bio aux Grisons en chiffres

    Fin 2019, les Grisons comptaient 1291 exploitations bio – dont 1255 dotées du label Bio Bourgeon – sur un total de 2067 fermes. Soit 62,5 % de fermes bio. C’est le record suisse en proportion et en chiffres bruts. En Suisse, la part du bio dans le marché alimentaire s’élève à environ 10 %.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/comment-les-grisons-sont-devenus-les-champions-suisses-du-bio

    #Suisse #agriculture #agriculture_biologique #tourisme #agriculture_de_montagne

  • Contre le Covid, la démocratie et l’autogestion - Mon blog sur l’écologie politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Contre-le-Covid-la-democratie

    Si cette rencontre de travail avait réuni des promoteurs du laisser-faire et chacun·e sa gueule, des libertarien·nes ou des fascistes, j’aurais compris. Mais des écolos, vraiment ? Alors qu’à l’origine les seul·es qui prenaient au sérieux les questions de santé, c’était nous ?

    Aujourd’hui je lis des absurdités dans la presse écologiste, y compris sous la plume de personnes dont j’apprécie d’habitude les écrits.

    […]

    (Prochain billet : faut-il vraiment se laver les mains après avoir fait caca ou est-ce un complot de l’industrie des produits nettoyants ?)

    […]

    Aujourd’hui à Singapour, un pays qui l’a fait, les gens portent le masque et la vie a repris normalement. Les restaurants et les théâtres sont ouverts, l’économie n’a pas trop souffert. Mais devinez qui là-bas ne porte pas le masque au boulot et serre les paluches pour dire bonjour ? Les Français expatriés qui profitent du contexte zéro Covid créé par les efforts des autres. Bravo encore, merci la France pour ton cadeau au monde.

    #écolo #covid #santé #gestes_barrières #prévention #autogestion #information

  • Découverte d’une cité perdue vieille de 3 000 ans, la plus grande de l’Égypte ancienne
    https://www.courrierinternational.com/article/archeologie-decouverte-dune-cite-perdue-vieille-de-3-000-ans-

    Des archéologues ont découvert au sud de Louxor une cité égyptienne construite il y a trois millénaires par le pharaon Amenhotep III. Le site devait être le plus grand centre administratif et industriel de l’Égypte ancienne.

    Cette découverte archéologique pourrait être la plus importante en Égypte depuis l’exhumation du tombeau de Toutankhamon en 1922. Une “cité perdue” vieille d’environ 3 000 ans a été mise au jour au sud de Louxor, rapporte The Washington Post. La ville, connue sous le nom d’Aton, aurait été fondée par le pharaon Amenhotep III, le neuvième pharaon de la dix-huitième dynastie, qui régna sur l’Égypte entre 1391 et 1353 avant Jésus-Christ, à l’apogée de la puissance égyptienne, rapportent les archéologues.

    La ville devait être “le plus grand centre administratif et industriel de l’époque”. Son étude donnera “un précieux aperçu de la vie sous l’Égypte antique”, se félicite Betsy Bryan, égyptologue de l’université Johns Hopkins et membre de la mission. Elle complète une série de découvertes archéologiques d’importance réalisées ces derniers mois à travers tout le pays, notamment grâce à la baisse de l’activité touristique et sous l’impulsion du gouvernement égyptien, désireux de réaffirmer sa place sur la scène internationale.

  • Diego Bassani, PhD 🏠😷 sur Twitter : “Interesting new pre-print from Italy looking at the changes in doubling time of infections after school reopening last September. It compares the growth rates of daily new confirmed cases before and after a switch into exponential growth.” / Twitter
    https://twitter.com/DGBassani/status/1380653399016890369

    70% of all regions had a change in slope within 28 days of reopening - with a mean time of 16 days - or approximately 2 weeks. As can be seen below, the changes are very clear and happened regardless of the pre-reopening trends.

    #écoles #enfants #covid-19 #Italie

    • en septembre, en Italie, c’est la rentrée générale comme en France ? si oui, autant, les écoles y sont pour un peu seulement.

      le dernier commentaire du fil tweeter :

      Mario Bruno Rohrer
      @rohrer_bruno · 12h
      En réponse à @DGBassani

      Thanks Diego, but, I think this association is PARTLY pure coincidence, the authors: ’The number of factors that could have played a role are too many to give a definitive answer’. Kowalski&al. found #AirPollution the most important co-factor in Poland, by far.

  • Le jeu traditionnel d’intelligence et de stratégie : Togyzqumalaq, Toguz Korgool, Mangala/Göçürme - patrimoine immatériel - Secteur de la culture - UNESCO
    https://ich.unesco.org/fr/RL/le-jeu-traditionnel-dintelligence-et-de-strategie-togyzqumalaq-toguz-kor


    © National Commission of the Kyrgyz Republic for UNESCO, 2017

    Kazakhstan, Kirghizistan et Turquie
    Inscrit en 2020 (15.COM, décembre 2020) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

    Le jeu traditionnel d’intelligence et de stratégie appelé Togyzqumalaq, Toguz Korgool ou Mangala/Göçürme est un jeu traditionnel qui peut se jouer sur des plateaux spéciaux ou improvisés, par exemple en creusant des trous dans le sol. Le jeu peut se jouer avec des pions en pierre, en bois ou en métal, os, noix, graines, répartis dans les trous ; le gagnant est le joueur qui parvient à rassembler le plus de pions. Il existe plusieurs variantes du jeu. Par exemple, le plateau de jeu peut comporter deux, trois, quatre, six ou neuf trous disposés en fonction du nombre de joueurs, et la durée de la partie dépend du nombre de joueurs. Dans les États soumissionnaires, l’élément est lié à d’autres activités artisanales traditionnelles, comme la sculpture sur bois, la sculpture sur pierre et la fabrication de bijoux. Les maîtres de la sculpture sur bois et sur pierre et les bijoutiers fabriquent des plateaux et des pions finement décorés et pratiques. La conception des plateaux reflète la vision du monde traditionnelle et la créativité artistique des artisans. Le jeu améliore les compétences cognitives, motrices et sociales des joueurs. Il renforce leur réflexion stratégique et créative et leur enseigne la patience et la bienveillance. Il est transmis de manière informelle, mais aussi par le biais de l’éducation formelle. Récemment, les communautés concernées ont développé des applications mobiles permettant d’apprendre à jouer et/ou de jouer. Elles constituent un nouveau moyen de transmettre les connaissances et d’accroître la visibilité de la pratique auprès des jeunes.

    parmi les 32 inscriptions au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en décembre 2020, avec le couscous, le taijiquan, la course de dromadaires,…
    L’UNESCO rassemble les peuples autour de traditions transnationales comme le couscous, l’une des 32 nouvelles inscriptions sur ses Listes du patrimoine immatériel - patrimoine immatériel - Secteur de la culture - UNESCO
    https://ich.unesco.org/fr/actualites/l-unesco-rassemble-les-peuples-autour-de-traditions-transnationales-comm