La Rotative

Site collaboratif d’informations locales - Tours et alentours

  • Commerce : « La loi Macron reprend les revendications des patrons sur le travail de nuit »
    http://larotative.info/commerce-sur-le-travail-de-nuit-la-932.html

    L’un des aspects les plus connus de la loi Macron concerne le travail du dimanche dans le commerce. Or, depuis 2010, les syndicats du commerce de Paris luttent contre les ouvertures le dimanche et les déréglementations d’horaires, au sein du comité de liaison intersyndical du commerce de Paris (CLIC-P). Échange à ce sujet avec Céline, militante à la CGT et active au sein du CLIC-P.

    La loi Macron veut créer des « zones touristiques internationales », notamment à Paris, avec possibilité pour les commerces d’ouvrir les dimanches et jusqu’à minuit. Comment tu analyses ce texte ?

    En ce qui concerne le travail de nuit, ce texte est la reprise d’une revendication patronale qui s’est développée suite aux luttes que nous avons menées. Le CLIC-P a fait condamner de nombreuses enseignes qui ne respectaient pas la législation sur les horaires de travai : Galeries Lafayette, le BHV, Uniqlo, Apple, etc. Mais notre lutte contre Sephora a marqué un tournant. On a vu se développer, du côté patronal, la revendication de nouvelles dispositions concernant le « travail en soirée ». Le « travail en soirée » est une expression du patronat qui vise à désigner le travail entre 21 heures et minuit, et qui a été reprise telle quelle dans la loi Macron. Cette notion vient empiéter sur le travail de nuit, qui recouvre normalement le travail effectué entre 21 heures et 6 heures.

    Au moment de l’affaire Sephora, le CLIC-P a été violemment attaqué. On a vu les journaux changer de discours à notre sujet, et nous décrire comme de méchants syndicats qui empêchaient des salariés volontaires de travailler. Le groupe LVMH, qui est propriétaire de Sephora, a mobilisé toute sa puissance de frappe contre nous, en publiant dans les journaux des pages entières de publicité prenant la forme de pétitions de salariés complètement bidons.

    La mise en place du « travail en soirée » dans les zones touristiques internationales nous semble particulièrement injuste. Jusque-là, le travail de nuit était interdit dans le commerce. Pourquoi serait-il soudain autorisé dans certaines zones ? Soit le travail de nuit est dangereux pour la santé – ce que révèlent toutes les études sur le sujet –, soit il ne l’est pas, mais on ne peut pas prétendre que les effets nocifs du travail de nuit seraient tolérables dans certaines zones.

    (...)

    Pour l’instant il est prévu que les patrons, dans les zones touristiques internationales, veillent à la manière dont les salariés rentreront chez eux après avoir débauché. Or, on imagine mal que le patron nous paye le taxi. Si on ajoute à ça la prise en charge par l’entreprise des gardes d’enfants, on monte rapidement à 120 euros par soirée et par salarié. Dans ces conditions, l’ouverture des commerces en soirée n’aurait donc pas un grand intérêt d’un point de vue économique, et apparaît comme une mesure purement idéologique.

    (...)

    Puisque toutes les organisations syndicales étaient opposées au travail de nuit et du dimanche, nous nous sommes regroupées pour peser davantage. On a donc systématiquement trainé en justice les supérettes et les grandes enseignes qui ne respectaient pas la loi, et nous avons aidé l’inspection du travail en nous portant partie intervenante lorsque des procès-verbaux étaient dressés. On a aussi mené des actions de sensibilisation auprès des salarié-es, on a organisé des assemblées générales et des manifestations de rue. On n’est pas restés sur le terrain juridique, on a aussi développé des pratiques militantes.

    C’est comme ça, petit à petit, qu’on a réussi à construire la mobilisation. Parce que lors de notre première manifestation devant un Monoprix du 7ème arrondissement, il y avait beaucoup plus de CRS que de manifestant-es. Mais quand on a manifesté contre la loi Macron au mois de novembre 2014, on était 2 000 en grève et dans la rue. Ces mobilisations ont permis de combattre l’idée selon laquelle les salarié-es étaient favorables au travail le dimanche. Pendant toute une période, les patrons ont mis en avant des salarié-es qui étaient soi-disant volontaires pour travailler le dimanche, histoire de casser la dynamique syndicale. Castorama et Leroy Merlin ont carrément fait appel à une boîte de com’ pour faire passer l’idée que les salarié-es n’étaient pas hostiles au travail du dimanche.

    #travail #dimanche #macron #syndicalisme #commerce

  • Santé au travail : « Le patronat veut que la dégradation des conditions de travail soit la plus discrète possible »
    http://larotative.info/sante-au-travail-le-patronat-veut-916.html

    Le gouvernement multiplie les attaques contre les outils de défense de la santé des travailleuses et des travailleurs dans les entreprises : CHSCT, médecine du travail, inspection du travail... Échange sur ce sujet avec Eric Beynel, porte-parole de l’union syndicale Solidaires, qui fait partie des initiateurs de la campagne « Pour ne plus perdre sa vie à la gagner ».

    Pendant l’été 2014, on a observé le début d’une campagne contre les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), dans la presse et dans certains cercles de réflexion sociaux-libéraux ou libéraux. Il y a eu une note sur ce sujet de la fondation Terra Nova, et plusieurs articles d’associations de directeurs des ressources humaines. Or, on sait que le CHSCT est une instance qui a gagné en puissance ces dernières années, et qui embête de plus en plus le patronat, notamment en ce qui concerne l’organisation du travail.

    Dans le même temps, le gouvernement a demandé que les organisations syndicales représentatives ouvrent une négociation sur les seuils sociaux [1], et d’autres outils de défense de la santé des travailleuses et des travailleurs ont été mis en danger. Par exemple, l’inspection du travail, avec les suites de la réforme Sapin, et la médecine du travail, qui menaçait d’être attaquée dans le cadre de la loi Macron. Finalement, la question de la médecine du travail a été retirée de la loi Macron, mais les menaces subsistent.

    Est-ce que tu peux expliquer sommairement quelles sont les principales menaces contenues dans les « réformes » à venir ?

    Concernant les CHSCT, il s’agit de dissoudre cette instance au sein d’une instance unique comprenant le comité d’entreprise et les délégués du personnel. L’objectif est de faire reculer la prise en charge des questions de conditions de travail, pour privilégier les questions purement économiques — emplois, salaires — qui seront forcément traitées au détriment de la santé des travailleuses et des travailleurs [2].

    Concernant l’inspection du travail, la réforme Sapin a déjà restructuré les services, et les salarié-es ont de plus en plus de mal à faire intervenir rapidement les services de l’inspection dans les entreprises [3]. Avec le projet de loi Macron, il est prévu de réduire les sanctions pénales contre les employeurs, au profit de simples sanctions financières appliquées sur le mode de la transaction entre l’employeur et l’administration. Cela ne permettra plus de construire de la jurisprudence, ni de rendre visible les infractions commises par les employeurs. Or, les organisations syndicales pouvaient s’appuyer sur les condamnations des employeurs pour faire progresser la situation dans les entreprises.

    Enfin, concernant la médecine du travail, on assiste à une attaque du patronat sur le peu d’indépendance et de moyens dont disposent encore les médecins pour exercer une activité au profit exclusif de la santé des salarié-es [4]. Les patrons souhaiteraient que l’activité des médecins du travail soit exclusivement à leur service, et qu’elle se résume à trier la main-d’œuvre.

    En attaquant les outils de défense des salarié-es, le patronat espère que les altérations de la santé du fait du travail soient le moins visibles possible, et donc éviter les sanctions pécuniaires qui peuvent tomber quand des maladies sont reconnues comme étant d’origine professionnelle. Ces dernières années, la jurisprudence construite grâce aux CHSCT, à la médecine du travail, à l’inspection du travail ou grâce aux experts avait permis de commencer à rendre visible les altérations de la santé en lien avec le travail. Mais si ça ne se voit pas, les patrons ne peuvent pas être responsables.

    #travail #santé #syndicalisme

  • Ce que la Nouvelle République nous dit de l’extrême-droite : analyse lexicographique des articles sur Vox Populi
    http://larotative.info/ce-que-la-nouvelle-republique-nous-882.html

    Un gros boulot d’analyse sur le traitement accordé à un groupuscule d’extrême-droite par un journal local.

    L’arbre des similitudes suivant permet d’appréhender l’intégralité du corpus. On distingue alors plusieurs pôles qui permettent bien de voir comment Vox Populi s’est imposé dans le paysage médiatico-politique tourangeau : par l’organisation de nombreuses manifestations provocatrices d’un côté, par ses rapports avec le FN de l’autre. Le gros des articles traite ainsi des actions d’agit prop du groupuscule, ses défilés aux flambeaux et ses manifestations anti-gaypride ainsi que sa présence visible dans les manifestations contre le mariage pour tous. Un certain nombre revient sur l’opposition rencontrée à ces occasions, qu’elle prenne la forme de demandes d’interdiction formulées par certains partis politiques ou de contre-manifestations organisées par les antifascistes tourangeaux. L’autre partie des articles portent sur la place de Vox Populi dans le champ politique tourangeau c’est-à-dire essentiellement du rapprochement progressif de son leader avec le FN.

    (...)

    Vox Populi déployait un discours classique de l’extrême-droite identitaire en vantant l’idée d’une France éternelle que des « enracinés » seraient seuls à défendre contre des hordes d’immigrés (et/ou musulmans) et en faisant de larges clins d’œil aux nostalgiques de l’occupation. Pourtant, malgré de nombreux happenings sur le sujet (diffusion du chant du Muezzin la nuit dans les rues de Tours, pression physique sur les défenseurs des sans-papiers du Cercle du Silence, etc.), ce n’est pas sa xénophobie qui a permis à Vox Populi de bénéficier d’un éclairage médiatique mais plutôt son homophobie.

    (...)

    Ainsi, le graphique ci-dessous montre l’évolution de la spécificité du terme « homophobe » (en gris). Il est intéressant de constater que si l’emploi du terme est récurent pour décrire la contre-Gaypride en 2011 (précisons ici qu’il est employé à la fois par les journalistes et dans les citations de militants antifascistes), l’année où il est sous-employé (par rapport aux autres) est 2013, soit l’année des grandes manifestations contre le mariage pour tous (année pendant laquelle Vox Populi, planqué sous le cache-sexe du Printemps Français, a aussi organisé sa dernière contre-Gaypride).

    On ne peut conclure ici sur les raisons de cette évolution dans le traitement mais on peut quand même s’interroger sur cette banalisation alors que la doctrine du groupe n’avait pas changé. On peut toutefois proposer deux hypothèses invérifiables. Premièrement, la volonté des journalistes de la NR de ne pas associer homophobie et Manif pour tous par peur que la frange moins radicale que Vox Populi se sente flouée. Deuxièmement, l’efficacité commerciale de l’évolution de Vox Populi vers une subtilité plus grande dans le choix de ses slogans (en 2010, les autocollants contre la Gaypride annonçait « pas de défilé pour les enfilés », en 2011 la banderole de tête affichait « non à l’homofolie » et en 2013 les slogans défendaient la sacrosainte famille hétérosexuelle).

    #extême_droite #journalisme

  • Projet de réforme du dialogue social : « un retour de quarante ans en arrière »
    http://larotative.info/projet-de-reforme-du-dialogue-908.html

    Suite à l’échec des négociations sur le dialogue social entre le patronat et les confédérations syndicales de salariés, le gouvernement Valls a décidé de reprendre le dossier, et a annoncé un projet de loi sur le sujet. Sous prétexte d’ « adapter les règles de la représentation au nombre de salariés de l’entreprise », il est notamment question de fusionner les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) dans les comités d’entreprise (CE). Échange sur le sujet avec Stéphane, militant à la CGT, secrétaire d’un des CHSCT de l’entreprise Schindler.

    L’idée principale, c’est que le patronat veut détruire les CHSCT. Parce que le CHSCT dispose de compétences étendues pour s’occuper de l’organisation du travail, et peut notamment mettre en place des enquêtes et des expertises sur différents sujets. Les patrons ont donc le sentiment qu’on touche à leurs prérogatives.

    Ce que je comprends du projet du gouvernement, c’est qu’il s’agit de donner des garanties à la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME), en leur assurant qu’il n’y aura pas de CHSCT dans leurs entreprises. Le gouvernement envisage la création d’une instance unique qui regrouperait les compétences du CE, des délégués du personnel (DP) et du CHSCT. C’est un retour de quarante ans en arrière, avant les lois Auroux !

    (...)

    Vouloir passer par des accords, c’est s’assurer que le projet de la direction passe, sauf révolution dans l’entreprise. Avec la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013, les projets d’entreprise sont désormais pliés en 4 mois maximum. Et il sera difficile de mobiliser les salariés d’une entreprise autour de la survie et des prérogatives du CHSCT : il est déjà difficile de mobiliser sur ce qui les concerne au quotidien. Le gouvernement en profite pour poursuivre le détricotage du code du Travail entamé sous l’ère Sarkozy.

    (...)

    Quand un salarié se blesse, le CHSCT est l’espace où l’on peut batailler sur les questions d’équipement et de protection collective. Mais c’est aussi l’espace où l’on peut aborder la question des troubles psychosociaux ; la blessure invisible, c’est-à-dire la blessure morale, psychologique, entre aussi dans le champ de compétence des CHSCT. Le CHSCT peut interpeller la direction, l’inspection du travail, le médecin du travail, les contrôleurs CARSAT [4] quand l’organisation du travail est susceptible d’engendrer des troubles psychosociaux. Or, c’est un sujet dont les entreprises ne veulent absolument pas parler.

    Derrière le projet du gouvernement, c’est surtout la possibilité pour le CHSCT de recourir à un expert extérieur qui est en ligne de mire, pour des questions financières et judiciaires. Alors que la parole syndicale est suspecte (elle serait « idéologique », « politique », « déconnectée des réalités économiques »), le rapport de l’expert permet de la soutenir et de l’accréditer, surtout face aux juges. Ce qui est déterminant compte-tenu de la judiciarisation actuelles des relations sociales. Aujourd’hui, dans mon entreprise, à chaque fois que le CHSCT lance une procédure de droit d’alerte pour dénoncer un danger grave et imminent, il est contesté au tribunal par la direction. Pareillement, les expertises que nous votons sont systématiquement contestées devant les tribunaux.

    #patronat #syndicalisme #Macron #santé

    • Quand, au sein de notre entreprise, les instances de coordination des CHSCT ont demandé des expertises, comme la loi l’autorise, on a été qualifiés de « fous furieux », et on a entendu la DRH nier les difficultés soulevées par les experts. Même les interventions des médecins du travail ou du contrôleur CRAMIF [6] ont été mises en cause. Et il n’y a même plus d’institution pour rappeler les employeurs à l’ordre : avec la réorganisation par Michel Sapin de leur administration, les inspecteurs du travail ont perdu 20 % de leurs effectifs.

      quand tout aura été pété sous les effets de la loi Macron et de ce nouveau projet, il restera plus grand chose pour se défendre...

    • vu l’importance du sujet (l’idée est quand même de faire table rase de de 30 ans de luttes dans les boîtes sur la question des conditions de travail et de la santé des salariés), ça vaut p’t’être un petit tour sur @rezo ? cc @moderne @fil

  • Ferme-usine de Monts : « Ils ont besoin de l’agriculture industrielle pour nourrir les pauvres »

    http://larotative.info/ferme-usine-de-monts-l-889.html

    Le 3 mars, près de 300 personnes étaient réunies à Joué-lès-Tours pour parler du projet d’extension de la ferme de Monts qui veut accueillir 2 200 bêtes. A cette occasion, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, a livré un discours plus global sur le problème de l’industrialisation de l’agriculture. On y a notamment appris que, pour le ministre de l’agriculture, "on a besoin de l’agriculture industrielle pour nourrir les pauvres".

    Nourrir la planète, à quel prix ? Nous on a envie de poser le problème à l’envers. C’est quoi le problème ? C’est la production agricole, c’est l’agriculture, ou c’est l’alimentation ? Il nous semble que la seule politique qui doit être menée de manière assidue et volontariste, c’est la politique de l’alimentation. La France est quand même la sixième puissance mondiale. C’est pas rien, mais dans la sixième puissance mondiale, il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim. Il y a des gens qui mangent parce qu’il y a des associations caritatives qui les accompagnent dans leur recherche d’alimentation. Il y a des gens qui se privent de nourriture. Il y a des gens qui mangent mal, parce qu’ils n’ont pas les moyens de se nourrir correctement. Et tout ça dans la sixième puissance mondiale. Mais on est devenus complètement dingues ! On est dans une société qui produit de plus en plus de richesses, mais qui les répartit dans un angle de plus en plus petit. (…)

    Pour la première fois en France, on va faire de l’alimentation non pas chez les paysans, mais chez les industriels, dans des usines. Ça c’est vraiment un changement de société énorme. Et la responsabilité qui incombe à ce gouvernement qui laisse faire ça est énorme. On a décidé – puisqu’on n’a pas voulu l’arrêter – que l’alimentation serait désormais produite dans des usines. Et Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, à la veille du Salon, nous a dit (alors qu’il disait depuis des mois « Les fermes-usines c’est pas mon modèle ») :


    « De toute façon, on a besoin de l’agriculture industrielle pour nourrir les pauvres. »

    Il y a là quelque chose qui me choque énormément. J’ai été élu sur ma commune pendant dix ans, donc il me semble que je crois encore aux valeurs de la République. Il me semble que c’est quelque chose de fondamental, le rôle de l’État, l’intervention de l’État, le fait qu’il y ait un État fort... Qu’un ministre de la République acte le fait qu’il y ait des pauvres et n’essaye pas de se dire : « Comment on va faire pour qu’ils le soient moins ? » mais « Comment on va faire pour qu’ils mangent ? », donc en gros « Comment on va faire pour qu’ils ne nous emmerdent pas »... Donc on va les nourrir avec le truc le moins cher possible. Et le truc le moins cher possible, pour tous ces gens qui mangent dans les cantines bio des ministères, c’est l’agriculture industrielle.

    On arrive à une agriculture de type industrielle, une grosse agriculture, qui a une capacité à capter les primes absolument phénoménale, des montants de primes énormes ; une agriculture qui est plutôt une agriculture de riches, puisqu’elle capte beaucoup de primes. Cette agriculture de riches, elle va donc produire une alimentation pour les pauvres. Et la petite agriculture, qui capte peu de primes, qu’on peut considérer comme une agriculture de pauvres, elle va nourrir les riches. C’est complètement débile. (…)

    #agriculture #alimentation #paysannerie #pauvreté

  • Grève chez Pieux Ouest : « Sur la plupart de nos chantiers, on n’a ni vestiaires, ni sanitaires décents »
    http://larotative.info/greve-chez-pieux-ouest-sur-la-884.html

    Échange avec Najim, délégué du personnel et membre du syndicat local Construction CGT à propos des conditions de travail dans l’entreprise et de la grève en cours. Ce qu’il décrit vaut pour un grand nombre de petites entreprises du #BTP : exploitation, discrimination syndicale, salaires de misère...

    Sur la plupart de nos chantiers, on n’a ni vestiaires, ni sanitaires décents. Il faut souvent se changer dans la fourgonette, uriner en se planquant dans un coin, et sinon faut que tu ailles dans un café... Pour leur défense, ils expliquent qu’ils n’empêchent pas les salariés de faire une facture pour le café. Mais il faut avancer l’argent de sa poche ! La facture que tu vas faire, elle ne te sera remboursée qu’à la fin du mois. Et puis, le code du travail prévoit que l’employeur mette à disposition des vestiaires, des lavabos, des « cabinets d’aisance » et, le cas échéant, des douches.

    C’est ça le souci d’Allan, c’est pour ça qu’ils en ont après lui (il a été mis à pied, la direction cherche à le licencier). Depuis qu’il est délégué syndical, il leur dit : « Moi, ces conditions-là, j’en veux plus. » Donc quand il arrive sur un chantier où il n’y a rien, il exerce son droit de retrait [1]. Du coup le client se met à gueuler, parce que l’inspection du travail est informée et descend sur place. Le client téléphone ensuite à Pieux Ouest – la plupart du temps, ils sont plus ou moins copains avec la direction –, et s’engueule avec Allan. Et il leur répond, c’est normal quand tu te sens agressé. C’est ça le reproche qu’on lui fait : de s’engueuler avec les clients.

    Parmi vos revendications, il y a aussi l’augmentation des indemnités de « grands déplacements ».

    Le problème qu’on a, c’est que la direction nous donne 73 euros d’indemnités forfaitaires par jour de déplacement, du lundi au jeudi. C’est censé couvrir les frais qu’on a sur les chantiers, sachant que 80 % de nos chantiers sont en région parisienne, voire à Paris. Avec un tarif de chambres d’hôtel qui varie entre 50 et 60 euros, ce qui laisse pas grand chose pour bouffer. Et tu peux pas tenir pendant une semaine en mangeant des sandwichs midi et soir. Ça fait cinq ou six ans qu’on leur dit que c’est plus possible.

    La direction nous dit : « Quand vous êtes sur les chantiers, vous êtes trois, vous n’avez qu’à partager la chambres d’hôtel. » Partager la chambre d’hôtel, la bouffe, pour que ça te coûte moins cher et que tu puisses économiser du pognon. C’est leur discours pour ne pas augmenter les indemnités de déplacements. On a des gars qui dorment dans les fourgons pour économiser du pognon et grossir leur paye ! [2]

    (...)

    Moi, j’ai travaillé chez Renault comme intérimaire pendant 5 ans, et je participais aux grèves. Donc j’étais habitué aux syndicats. Je me suis renseigné auprès du syndicat local CGT Construction, où on nous a dit qu’on avait droit à un délégué du personnel. Donc on a demandé un délégué du personnel.

    Le patron a tergiversé : « Un délégué du personnel, il faut l’élire... Tu sais, c’est pas comme ça que ça marche... Personne ne s’est jamais présenté... On va y réfléchir. » Une année est passée, et on avait toujours pas de proposition d’élection. Alors on a envoyé un courrier avec le syndicat local pour que la direction organise l’élection. Pour la direction, il ne fallait pas un délégué syndical, mais un type sans étiquette, et ils avaient choisi un gars qu’ils pourraient manipuler comme ils voulaient. Le patron a fait pression sur tous les salariés, les appelant un par un, pour qu’ils votent blanc au premier tour [3] : il ne fallait pas un syndicaliste !

    Allan a été élu titulaire, j’ai été élu suppléant : tous les deux syndiqués à la CGT. Ça a complètement contrarié les plans du patron. Moi, comme je ne suis que suppléant, ils m’ont laissé tranquille, mais ils ont commencé à envoyer Allan sur des chantiers très complexes, où les client étaient prévenus à l’avance. Tous les clients qui se sont plaints de lui, ce sont des copains du patron, des clients de la boîte depuis vingt ou trente ans. Vu comme certains lui ont parlé, c’est normal qu’il ait réagi. Mais la direction cherche maintenant à le licencier. C’est leur deuxième tentative de le virer.

  • Journée de retrait de l’école à Joué-lès-Tours : Farida Belghoul convoquée par la justice
    http://larotative.info/journee-de-retrait-de-l-ecole-a-883.html

    La militante d’extrême-droite qui lutte pour « l’interdiction de la théorie du genre dans les programmes scolaires » devrait être mise en examen pour sa participation à l’affaire qui avait agité l’école Blotterie en mars 2014. La camarade de SUD Educ’ qui était accusée par les #JRE d’avoir organisé des attouchements entre enfants avait porté plainte.

    Sur son site, Farida Belghoul publie le courrier de convocation pour première comparution qu’elle a reçu. Le magistrat de Tours qui signe ce courrier daté du 30 janvier 2015 indique :

    « Je vous informe que j’envisage votre mise en examen (...) pour avoir été complice du délit de diffamation publique envers un fonctionnaire publique. »

    Le 28 mars 2014, une vidéo publiée sur le site des Journées de retrait de l’école mettait en scène Dalila Hassan, présentée comme la responsable du mouvement à Joué-lès-Tours. Elle accusait une enseignante de l’école Blotterie d’avoir organisé des attouchements entre enfants. Des accusations complètement délirantes et largement démenties, notamment par la mère de la petite fille soi-disant impliquée. Mais la vidéo avait largement circulé, et Farida Belghoul s’était rendue sur place pour faire la promotion de son mouvement contre l’enseignement de la « théorie du genre » dans les écoles. L’enseignante avait porté plainte.

    Aujourd’hui, il est reproché à Belghoul « d’avoir sciemment par aide et assistance, facilité la préparation et la consommation du délit en faisant procéder au montage, au tirage et à la publication » de la vidéo.

    La propagation de la rumeur visant l’enseignante avait été facilitée par les manœuvres de la droite locale en amont des élections municipales. Un tract appelant à voter pour Frédéric Augis, candidat (victorieux) de l’UMP, accusait l’équipe municipale en place d’enseigner la « théorie du genre » dans les écoles de la ville. Accusations également contenues dans un courrier du candidat à une habitante de la ville.

  • Huit heures de garde à vue pour le prof accusé d’apologie d’actes de terrorisme
    http://larotative.info/huit-heures-de-garde-a-vue-pour-le-876.html

    Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Poitiers, était convoqué le 26 février au commissariat pour être entendu suite à une plainte déposé par le recteur d’académie.

    Une trentaine de personnes étaient présentes devant l’hôtel de police à 9 heures 30 pour marquer leur soutien à Jean-François, prof de philo au lycée Victor Hugo mais aussi porte-parole de l’association Droit au logement 86. Peu après l’entrée du professeur et de son avocat dans le bâtiment, il était placé en garde à vue pour apologie d’actes de terrorisme.

    Jean-François Chazerans a été mis à pied pour quatre mois par sa hiérarchie au début du mois de janvier. On lui reproche « des propos inadéquats tenus en cours » suite aux attentats commis à Paris en début d’année. Cette mesure a été prise suite à une dénonciation de parents d’élève, qui se sont plaints auprès du proviseur du lycée Victor Hugo. L’affaire est remontée aux oreilles du recteur, qui a porté plainte contre l’enseignant.
    Une procédure disciplinaire et une procédure pénale

    L’affaire Chazerans comporte deux volets : un volet disciplinaire, et un volet pénal. Sur le plan disciplinaire, Jean-François Chazerans doit passer en commission de discipline le 13 mars. De l’avis de son avocat, « le dossier administratif est vide », mais les inspecteurs de l’académie sont allés jusqu’à critiquer la tenue vestimentaire du professeur de philosophie pour nourrir leur rapport. Deux professeurs de l’académie de Poitiers ont déjà reçu un blâme pour ne pas avoir été présents lors de la minute de silence organisée dans leurs établissements...

    D’après les parents qui se sont plaints, Jean-François Chazerans aurait employé l’expression « les crapules de Charlie Hebdo » devant ses élèves. Des propos que le professeur ne se souvient pas avoir tenus, et qui sont rapportés sans aucun contexte. Il s’agit du seul élément concret que contient la dénonciation des parents d’élève. Ce qui n’a pas empêché le procureur Nicolas Jacquet d’instruire la plainte contre Jean-François, plutôt que de la classer.

  • Charlie dans le meilleur des mondes (bis)
    http://larotative.info/charlie-dans-le-meilleur-des-872.html

    « Et c’est là qu’est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu’on est obligé de faire.
    Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. »
    Aldous Huxley, Le meilleur des mondes

    Dans ce monde, la pudeur la plus élémentaire semble avoir disparu. A Tours, des policiers ont dégainé l’« esprit du 11 janvier » pour faire interdire des rassemblements ou pour pouvoir se rendre un enterrement aux frais du commissariat [1]. A Nantes, la police a mobilisé ce même esprit pour justifier par avance de la répression qu’elle allait déployer le lendemain contre ceux qui contestent sa violence et la légitimité des intérêts capitalistes qu’elle défend [2]. Il faut dire que dans ce même monde, le 11 janvier, des millions de personnes ont applaudi ceux dont la mission première est de protéger les intérêts de l"Etat et la propriété privée quitte à ce qu’il leur faille pour cela ficher, mutiler ou tuer ceux qui défendent une vision émancipatrice du monde.

    A l’assemblée nationale, Macron et Valls ont utilisé l’argument « esprit du 11 janvier » pour vendre leur loi scélérate, il nous fallait comprendre que lutter pour les « valeurs » attaqués par les terroristes impliquait de réduire en lambeaux le droit du travail [3]. C’est sans doute ce duo libéral qui résume le mieux ce fameux esprit : en utilisant le 49.3 pour faire passer la loi, ils ont résumé le même message : « vous êtes avec nous ou contre nous et si vous êtes contre on vous écrase ».

    Dans ce meilleur des mondes, une jolie musique guerrière et binaire s’installe ainsi partout. La mélodie est là pour signifier à chacun qu’il va bien falloir choisir son camp : ici entre le néolibéralisme et le terrorisme, là entre le gouvernement ukrainien et le gouvernement russe, là encore entre liberté et sécurité.

    Dans ce monde, le maire de Champlan, accusé d’avoir refusé d’enterrer un bébé dans le cimetière communal au prétexte qu’il était rom n’aura pas de problèmes judiciaires. Le parquet d’Evry a ainsi classé sans suite l’enquête préliminaire pour discrimination qui avait été ouverte. Le procureur a argué que si les investigations « confirment un comportement parfois inadapté de différentes personnes qui sont intervenues dans la gestion de cette situation », elles « n’ont pas permis d’établir que cette attitude ait trouvé sa source dans une volonté malveillante ou discriminatoire » [4],

    Dans le même monde, Roger Cukierman, le président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a déclaré dans une allocution radiophonique que « toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans » et que Marine Le Pen est « irréprochable personnellement » [5]. En réponse, le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) a décidé de boycotter l’évènement. C’est l’éternel arriviste et sénateur d’Europe-Ecologie, le bien nommé Jean-Vincent Placé, qui s’est chargé de signifier aux musulmans [6] qu’ils rompaient ainsi un « temps d’unité nationale maximale » et de les inciter à « faire l’effort de l’unité et du rassemblement » [7].

    #racisme #discrimination #après_charlie

  • Se battre jusqu’à la mort… pendu à la branche d’un chêne | actuchômage
    http://www.actuchomage.org/2015022326512/L-actualite-du-site/se-battre-jusqua-la-mort-pendu-a-la-branche-dun-chene.html

    Vous savez quoi Monsieur Macron ? Comme j’ai mis de côté 30.000 euros (en 33 ans de boulot) dans lesquels je pioche pour me tenir à flot, la #CAF défalque de mon #RSA annuel 3% de ce montant (c’est la règle), c’est-à-dire 900 euros par an ou encore 75 euros par mois, sous prétexte que je touche des intérêts de mes « juteux placements ».

    En réalité, Monsieur Macron, mes 30.000 euros ne m’en rapportent pas la moitié. Mon RSA est donc amputé injustement de 500 euros par an que je n’ai jamais perçus.

    Et quand ce n’est pas le centre d’insertion qui me convoque, c’est chez Pôle Emploi que je dois traîner ma carcasse.

    Là encore, passage en revue de mes actes positifs de recherche, de mes candidatures spontanées, de mes investigations, de mes réponses…

    Tous les mois, Monsieur Macron, je perds une demi-journée à me justifier, à expliquer encore et toujours que personne ne veut embaucher un vieux de 57 ans. C’est bien simple, je n’ai pas obtenu un seul entretien ces 5 dernières années. Mon CV est invariablement éliminé de la liste des postulants. Pas pour insuffisance de références professionnelles et savoir-faire probants, juste pour une question d’âge.

    Monsieur Macron, cela fait 8 ans que je me bats au quotidien pour retrouver un emploi digne de ce nom, que je suis ouvertement discriminé des procédures d’embauche, que je n’en dors plus, que j’en suis malade tellement mes démarches infructueuses me minent le moral, me désespèrent.

    Et vous savez quoi Monsieur Macron ? Je suis condamné à double peine car ces années que je passe au RSA ne m’ouvrent aucun droit à la retraite.

    J’ai été un travailleur au revenu modeste. Je suis un chômeur enraciné sous le seuil de #pauvreté. Je serai un « retraité » miséreux. Je mourrai indigent. Voilà la perspective des 10, 20 ou 30 ans qu’il me reste à vivre.

    #chômage

  • Mots et maux d’instits’. Quand la ville n’est pas foutue de trouver un pot de peinture
    http://larotative.info/mots-et-maux-d-instits-quand-la-869.html

    Un long échange avec quatre enseignantes à propos de leur métier et de la suppression de postes dans les écoles maternelles de Saint-Pierre-des-Corps. Il aborde en vrac la réforme des rythmes scolaires, les atsem, l’anglais en primaire, le numérique...

    Mardi 17 février, une délégation de parents et de maitres des écoles maternelles s’est rendue au conseil municipal de Saint-Pierre-des-Corps avec pour revendication :« Un ATSEM par classe ». Qu’est-ce qu’un ATSEM ?

    -- Une ATSEM est un Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles, embauché par les mairies pour accompagner les enfants dans leur quotidien et assister les enseignants dans leur travail. Avec des classes de 25 à 30 élèves, les ATSEM sont indispensables. Elles aident à la préparation des activités manuelles, gèrent la cantine, les « pipis-culotte », les manteaux des enfants, font le ménage… A Tours, il y a un ATSEM par classe avec l’enseignant. A Saint Pierre, c’est un ATSEM pour deux classes. Du coup, on peut se retrouver seul à enseigner, avec en plus 25 à 30 pipi-culotte à gérer.

    -- Le crédo de la marie est de dire qu’à Saint-Pierre, les ATSEM sont "éducatives". Il y en a pourtant de pas formées du tout, alors de là à prétendre qu’elles soient "éducatives"... il y a un gouffre pour certaines d’entre elles... A commencer par de gros problèmes de vocabulaire. En tant qu’enseignante de petite section, j’ai moi même changé des gosses qui avaient fait pipi, car je savais qu’ils allaient se faire engueuler grave par les ATSEM, malgré nos conseils. Dans mon école, cela n’existe plus, heureusement !

    Les ATSEM sont-ils aussi polyvalents ?

    -- Souvent non. C’est un contrat de merde, mal payé. La qualification nécessaire est le CAP petite enfance. Pour être titulaire de la fonction publique territoriale, elles doivent passer un concours spécifique, puis quand elles ont le concours, il reste valable deux ans pendant lesquels elle peuvent être recrutées par les mairies. Certaines sont dispensées du concours au vue de leur expérience (acquise lors de remplacements) et alors elles ne passent que l’oral du même concours. Elles font partie de la catégorie C des territoriaux. Les ATSEM en ZEP à Saint-Pierre touchent une prime ZEP comme les enseignants, d’environ 60 euros par mois. Ce sont des gens souvent peu qualifiés. L’enseignant se retrouve parfois avec un grand enfant supplémentaire à éduquer.

    -- C’est parfois vrai. Mais pour moi, mon ATSEM est mon deuxième cerveau... Je sais que j’ai de la chance ! L’ATSEM est soit une catastrophe, soit une aide essentielle, indispensable, avec une réelle co-construction dans la gestion des élèves.

    (...)

    Outre les suppressions de poste, qu’est-ce qui vous alarme ?

    -- Une mairie qui n’est pas dans la collaboration... qui ne soutient pas les écoles et qui ne compte que sur la bonne volonté des enseignants et des parents... C’est usant. Tout est compliqué... Par exemple cela fait deux ans qu’on demande à la mairie de tracer des jeux au sol dans la cour pour diminuer la violence des récrés... et toujours rien... On leur demande de retourner la terre pour faire un projet jardin... rien...
 De l’autre coté l’Éducation Nationale nous soutient avec des mots... et encore...
 Bref, les deux institutions qui sont sensées soutenir l’école primaire sont défaillantes...

    Comment expliquez-vous que la municipalité, qui a pourtant mis beaucoup d’argent dans le gazon synthétique du stade, ne puisse pas en consacrer un peu à l’achat d’un pot de peinture ?

    -- Pour la municipalité, l’école, c’est l’Éducation Nationale... un point c’est tout... Tout doit venir de l’Éducation Nationale... Elle n’a ni envie d’investir dans les écoles, ni envie de les soutenir...


    -- On nous dit que ce sont des histoires d’enveloppes budgétaires : il y a un budget « Stade ». Et un budget « École ». Et le pot de peinture pour la cour de l’école, c’est dans le budget « École ». Qui est vide. 
Il faut aussi dire que Saint-Pierre est la ville la plus pauvre du département. Les habitants sont de fait moins imposables que dans des communes riches. De plus, comme dans beaucoup d’autres communes, la suppression de l’impôt sur les entreprises a grevé les budgets, notamment pour Saint-Pierre, qui est une ville où l’industrie est importante. Ajouté à cela le désengagement de l’État à la suite à leur soit-disant "décentralisation"... La mairie ne peut pas porter l’école toute seule !

    Pourtant, votre établissement dépend d’une zone d’éducation prioritaire qui attire des financements de l’État. Où sont les sous ?

    -- Les écoles maternelles ont les crédit CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale) pour monter des projets. Avec mes collègues, on a calculé que par enfant, cela représentait 9 euros... Voilà pour le financement de l’État... Sinon l’Éducation Nationale donne une prime de 100 euros pour attirer les enseignants... Mais bon, vu les conditions de travail...

    (...)

    Question réforme : il y a quelques années, médias et gouvernement ont claironné que désormais, les élèves seraient bilingues en anglais dès le CM2. Qu’en est-il aujourd’hui ?

    -- Au départ, on nous a annoncé que les élèves apprendraient une autre langue étrangère. Puis seulement l’anglais. Les enseignants sont sensés passer une habilitation à enseigner l’anglais au cour de leur formation. Concrètement, je suis nulle en anglais. J’ai raté mon habilitation à l’enseigner. C’est donc une autre collègue qui va enseigner l’anglais dans ma classe, pendant que je vais enseigner autre chose dans la sienne. Ma hiérarchie me pousse à faire des stages d’anglais de deux jours pour devenir capable de l’enseigner : je refuse, évidemment. Prof d’anglais, c’est un vrai métier. C’est pas le mien. Y’en a ras le bol : on doit être omniscient et omni-polyvalents. En français, en maths, en anglais, en éducation civique, en sport… Mais on ne devient pas apte à enseigner une langue étrangère en deux coups de baguette magique ! Alors oui, il y a des profs anglophones qui viennent. Mais le fait est qu’à part une chansonnette sur l’alphabet, les profs de collège constatent que les élèves ne savent rien en arrivant, voire qu’il faut désapprendre des âneries que des gens non qualifiés ont enseigné aux gamins.

    #enseignement #ZEP #SPDC #communisme_municipal

  • « Gardien de la paix, mon œil » : de l’impossibilité de dénoncer les violences policières
    http://larotative.info/gardien-de-la-paix-mon-oeil-de-l-865.html

    Une vidéo de Doc du Réel sur la manifestation interdite du 14 février 2015 contre les violences policières à Montreuil. Ou comment l’Etat vante la liberté d’expression d’un côté et envoie les flics empêcher des manifs de l’autre.

    A Montreuil, ce sont quelques centaines de personnes qui ont tenté de manifester samedi 14 février pour dénoncer les mutilations et meurtres policiers. « Tenté » puisque, alors que comme à Tours l’habitude veut que l’on ne déclare pas les manifestations, le préfet a brandi une interdiction et a envoyé les flics boucler les rues et retenir pendant plusieurs heures et dans le froid les militants qui s’étaient rassemblés.

    https://www.youtube.com/watch?v=18d9_GvX1V8

    • Un mel reçu :

      Pour ceux qui étaient présents à Montreuil, et qui n’ont pas
      vraiment compris l’(in)utilité de la séance de #palpation qui a conclu la demi-manif, il me semble que c’était en fait un message que voulait faire passer la police par rapport à ce qu’elle pensait des décisions du #Défenseur_Des_Droits.

      En effet, il y a quelques jours, celui-ci a rendu public une décision de novembre, par rapport à des opérations de contrôles à l’entrée du lieu de distribution de repas des migrants à Calais :
      http://www.defenseurdesdroits.fr/decisions/ddd/MDS-2014-150.pdf

      Si, comme le dit le DDD, conditioner l’entrée au lieu de
      repas à des palpations de sécurité portait atteinte à la dignité des migrants, conditionner la sortie d’une manif par des palpations (clairement annoncées par des par porte-voix !) alors que toute personnes plus ou moins sensée s’était déjà délestée de tout ce qu’il pourrait y avoir dangereux, et donc rendant la fouille inutile, ça ne porte pas atteinte à la dignité des manifestants ?

      Il y avait des gens qui ont filmé le déroulé de la manif. S’ils ont des images des flics faisant les annonces qui y ont été dites ("Présentez vous aux agents afin de vous soumettre aux palpations") et que ceux/celles qui se sont senties humiliées par ce qui s’est passé veulent témoigner, je suis sûr que ça intéresserait le DDD....

      OK. Je sais. Après il faudrait quand même considérer à changer la loi instaurant le Défenseur des Droits afin que ses désisions aient un aspect contraignant, au lieu que ça ne donne lieu qu’à un échange de courrier de la part du Ministère de l’Intérieur, où, malgré les preuves présentées, il nie toujours tout ce qui s’est passé...

      A priori, il n’a jamais été fait mention d’un éventuel arrêté préfectoral d’interdiction lors de cette manif. On à affaire à un (énième) #abus_de_pouvoir, hors de tout cadre légal.

  • Nouveau programme de renouvellement urbain : bientôt le bonheur ?
    http://larotative.info/nouveau-programme-de-847.html

    Le 15 décembre 2014, l’État a lancé son nouveau programme de renouvellement urbain, aussi appelé ANRU 2. Un programme qui va toucher trois quartiers des alentours — le Sanitas à Tours, la Rabaterie à Saint-Pierre-des-Corps et les Quartiers Nord à Blois — et qui, du moins si on en croit la prose officielle, va faire basculer leurs habitants dans le bonheur le plus grand.

    [La politique de la ville] a vu le jour il y a plus de 35 ans avec le plan « Habitant et vie sociale » en 1977 et qui a ensuite pris divers noms pour une réalité proche : essayer de traiter par l’évolution de l’urbanisme des phénomènes identifiés par l’État comme problématiques (chômage, insécurité, etc.). En ligne de fond chez les élus et les urbanistes : la croyance totale en le fait que des retouches plus ou moins importantes du cadre bâti [1] puissent suffire à améliorer une situation sociale engendrée par les politiques du même État dans d’autres domaines (emploi, éducation, social).

    Pour cela les solutions sont toujours plus ou moins les mêmes : dispersion des habitants « à problèmes » lors des procédures de relogement, modification des typologies de logement (en réduisant par exemple le nombre d’appartements de grandes tailles), embellissement des immeubles et des espaces publics et sécurisation de ceux-ci (résidentialisation des tours et des barres, vidéosurveillance, etc.), « désenclavement » grâce aux transports en commun...

    (...)

    Ce qui est bien avec les critères connus c’est qu’ils annoncent la couleur. Il va s’agir de faire dans le divers (pas trop de grands apparts pour familles pauvres), le mixte (faire venir des gens plus friqués et des boîtes), le rentable (grâce à la disponibilité foncière), le durable (vive l’économie verte) et le désenclavé (l’enclavement, cette plaie des quartiers populaires !).

    (...)

    La présentation générale pose d’emblée les choses : « le nouveau programme de renouvellement urbain, c’est changer la ville pour changer la vie ». C’est ambitieux et ça rappelle quelque chose... « changer la vie » c’est pas un vieux slogan socialiste ça ? Si, si, ça date des années 1970. Et on vous a même retrouvé l’hymne éponyme du moment (attention au volume de vos enceintes, ça peut faire mal). En 1972, « Vivre mieux, changer la vie » était le titre d’un des projets du programme commun qui consistait à demander la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires, la généralisation de la sécurité sociale, et de l’aide au logement. Bref, on nous ressort la bonne vieille rhétorique du changement. Mais au fait, qui croît encore aux socialos pour changer quoi que ce soit dans un sens positif ?

    #urbanisme #ville #socialisme_municipal

  • La Rabière, quartier populaire
    http://larotative.info/la-rabiere-quartier-populaire-839.html

    C’est le quartier où vivait Bertrand Bilal Nzohabonayo, tué par la police à Joué-lès-Tours le 20 décembre dernier. 64 hectares, à quelques minutes à pied du centre-ville. Catégorisé « Zone Urbaine Sensible ». On a demandé à un habitant et militant associatif du quartier de nous en parler.

    Il y a un « esprit village » qui s’est maintenu pendant assez longtemps. Dans les années 80-90, tout le monde se connaissait. On a commencé à perdre ça à la fin des années 90, début 2000, avec une population beaucoup plus brassée qu’avant.

    A l’époque, les populations les plus présentes dans le quartier étaient les Algériens, les Portugais, les Yougoslaves, les Cambodgiens et les Laotiens. Et dans mon souvenir, tout ce monde-là vivait dans une ambiance de petit village.

    (...)

    Dans les années 70, une étude avait été faite sur l’habitat collectif. C’était impressionnant, la diversité qu’il y avait dans une cage d’escalier. Tu pouvais avoir un prof, un militaire, un ouvrier... Le drame de ce quartier, mais aussi des autres quartiers du même type, c’est qu’on n’a pas su garder ces populations-là. Tous ceux qui pouvaient partir sont partis, ils se sont sauvés. A la Rabière, le départ des professions intermédiaires date du début des années 80.

    Et puis, avec l’entrée du Portugal dans l’Union Européenne, on a perdu des Portugais qui sont rentrés au pays. Michelin commençait à licencier, donc certains ont pris leur prime et sont rentrés aussi. D’autres sont sortis du quartier pour construire leur maison dans les quartiers alentours. On a donc vu le quartier se vider de certaines catégories sociales. Ne sont restées que les populations pauvres, massivement au chômage. Et on n’a jamais pu inverser la tendance. On a continué à s’enfoncer dans la précarité .

    (...)

    Dans les représentations, l’espace public est un lieu où les gens sont censés circuler ; quand il y a des éléments stagnants, c’est problématique. Or, le centre commercial et ses cafés constituent en quelque sorte une subsistance de l’esprit de village que je décrivais. C’est le centre du village, une sorte de place où l’on vient palabrer , alors que c’est quelque chose qui a disparu dans plein d’endroits en France. Sur le parcours du tram, c’est un élément qui détonne. Les voyageurs se demandent ce qui peut se tramer dans ces cafés où les habitants viennent passer du temps. Les jeunes au chômage ou les retraités ont du temps à revendre. Et cette façon de prendre son temps pour discuter, ça peut paraître suspect. Dans notre société, c’est vu comme suspect.

    Les cafés du centre commercial entraînent une cohabitation entre générations qui n’était pas possible à une époque. Mais cette cohabitation n’est pas pour autant une source d’échanges. Même entre jeunes, on n’a pas un groupe soudé, mais des sommes d’individualités qui galèrent ensemble. Chacun s’aménage un espace.

    (...)

    Parmi les jeunes, l’agglomération se fait autour de l’identité musulmane, parce qu’il ne reste plus que ça de constructeur sur le quartier. Si on s’attaquait à ça, qu’est-ce qu’il resterait ? Sur quelles bases les gamins se construiraient ? C’est presque criminel de ne rien laisser comme modèle de construction d’une identité. Il ne resterait que le deal, la figure de Scarface, même si la référence date. Et on sait les dégâts que ça fait.

    (...)

    Il existe, depuis plus de vingt ans, un mensonge concernant ce quartier : c’est l’insécurité. Les premiers responsables de ce mensonge sont les médias. Il n’y a pas d’insécurité dans ce quartier. Même si je ne nie pas qu’il puisse y avoir un sentiment d’insécurité, c’est un quartier qui a toujours été sûr. Tu peux te promener et demander de l’aide à n’importe quelle heure de la nuit, on viendra t’aider.

    (...)

    Les flics qui débarquent viennent surtout d’ailleurs. On leur décrit la population d’une certaine manière, avec une étiquette « zone sensible ». On formate les flics avant de les envoyer sur le terrain, ce qui fait qu’il n’y a pas de lien avec les habitants. La brigade anti-criminalité (BAC), c’est pire. C’est une police spécialisée pour les jeunes des quartiers. Ils se comportent comme une bande, faisant face à une autre bande. Leur attitude quand ils sortent de leur voiture, leurs codes vestimentaires sont ceux d’une bande. Ils sont sapés comme les mecs du quartier : crâne rasé, jean, baskets, sacoche.

    (...)

    Malgré tout, c’est un quartier où on vit bien. Les habitants sont contents de vivre là, et il existe des solidarités qu’il n’y a plus ailleurs. Les gens crèvent la dalle, mais ils sont solidaires. C’est le dernier rempart avant l’écroulement total : il y a encore de l’espoir, l’assurance de pouvoir compter sur la voisine pour un coup de main.

    #quartiers #précarité #mixité_sociale #police

  • Joué-lès-Tours : le préfet interdit une marche de recueillement pour Bertrand Bilal Nzohabonayo
    http://larotative.info/joue-les-tours-le-prefet-interdit-854.html

    La mère de Bertrand souhaitait organiser une marche blanche le samedi 7 janvier à Joué-lès-Tours, avec la famille et les proches du jeune homme tué par la police le 20 décembre dernier. Mais un arrêté du préfet d’Indre-et-Loire lui a interdit d’organiser cette marche, quitte à déformer la vérité pour se justifier.

    L’arrêté fait ensuite référence à un appel à témoins rédigé par le comité « Vérité et justice pour Bertrand Bilal », évoqué en ces termes :

    « Considérant les propos contenus dans un tract distribué le 22 janvier 2015 par lequel Madame XXX Pélagie traite "les policiers de tueurs venus attaquer son fils et que ces tueurs ont voulu le faire passer pour un terroriste" ; et que ces mêmes propos en lien avec l’organisateur de cette manifestation risquent de susciter une réaction virulente et déterminée (…). »

    Or, ce n’est pas du tout ce que dit le texte de l’appel à témoins, dans lequel il est écrit :

    « Il a été tué par ceux censés nous protéger, nous qui avons fui notre pays, à cause des massacres et génocides au Rwanda et au Burundi. Pire encore, comme si cette peine ne suffisait pas, ses tueurs ont voulu le faire passer pour un terroriste, venu les attaquer. »

    On comprend que la qualification de « tueurs » en référence aux policiers ne plaise pas au préfet Delage. Pourtant, les policiers ont bien tué Bertrand le 20 décembre. Et contrairement à ce qu’affirme l’arrêté, le tract ne dit pas que les policiers sont « venus attaquer son fils » : il est simplement rappelé que, d’après les autorités, Bertrand a attaqué les flics. Mais il est plus facile, pour disqualifier la démarche de la mère, de la mettre en accusation et de la faire passer pour une accusatrice revancharde.

    L’arrêté parle aussi de « risques de débordement », parce que la marche serait située « dans le quartier urbain sensible de La Rabière à Joué-lès-Tours », et qu’apparemment dans l’esprit du préfet ce quartier est naturellement propice aux « troubles ». Comme si les habitants et habitantes de ce quartier ne pouvaient pas observer un recueillement pacifique.

    Enfin, le préfet évoque « la forte émotion provoquée par l’agression de trois militaires à Nice le 3 février 2015 dans des conditions qui rappellent les événements du 20 décembre 2014 à Joué-lès-Tours ». Faisant ainsi un parallèle entre un acte dont le caractère antisémite semble avéré (les militaires patrouillaient devant un lieu de culte juif) et les circonstances entourant la mort de Bertrand Bilal, qui elles sont loin d’être claires.

  • C’est quand même Pénible qu’on Compte encore nous arnaquer - décryptage du compte pénibilité

    http://rebellyon.info/C-est-quand-meme-Penible-qu-on-Compte.html

    Le 1er janvier 2015 est entrée en application une partie de la loi votée le 20 janvier 2014 sur le Compte Pénibilité. L’idée, c’est de quantifier, par un système de points, l’exposition des salariés aux facteurs de pénibilité du travail, pour leur proposer une réparation sous forme de formation ou de repos. Environ 25% des salariés du privé travaillent dans des conditions très pénibles, mais seuls ceux qui remplissent les critères drastiques pourront bénéficier de la -maigre- compensation prévue.

    [Les critères de pénibilité] sont également associés à des seuils : 80 décibels pour le bruit, ce qui équivaut à peu près à une tondeuse à gazon ou un aspirateur. Si le bruit ambiant est supérieur, l’employeur est tenu de fournir au salarié un Équipement de Protection Individuelle (EPI), généralement des boules Quies. Le port de l’’EPI fait baisser le niveau d’exposition au bruit, et donc ne valide pas de point C3P. Même si, pour s’assurer que tout va bien plus haut sur la chaîne, ou pour écouter le cliquetis de la machine, ou pour communiquer avec ses collègues... le salarié les enlève constamment pour pouvoir faire son travail correctement, et donc que leur effet sur la protection de l’audition est limité.

    Pour le travail répétitif, il faut que le temps de cycle, donc le temps entre deux tâches exactement identiques, soit égal ou inférieur à une minute. Couper la tête d’un poulet toutes les 90 secondes, non, désolé, ce n’est pas assez pénible.

    Dans le dernier numéro de Santé&Travail, Serge Volkoff rappelle que c’est « le travail lui-même, les contraintes et les nuisances qu’il impose, qui influencent la durée et la qualité de la retraite ». Les salariés dont le travail est pénible, en plus de passer leurs journées dans des conditions de travail déplorables, voient leur espérance de vie en bonne santé réduite de manière significative.

    Pour rappel, en 1975, la France instituait le repos compensateur qui permettait aux salariés qui auraient passé cinq ans au four, à la chaîne, exposés aux intempéries ou au travail de nuit de partir à la retraite 5 ans plus tôt. C’était pourtant sous un gouvernement de droite, et le départ anticipé pour travail pénible n’avait pas besoin d’être justifié par ces critères drastiques.

    #travail #pénibilité #retraite #précarité

  • 25 avril 1974 : Jean Royer affronte plus de mille gauchistes
    http://larotative.info/25-avril-1974-jean-royer-affronte-832.html

    Candidat à la présidentielle de 1974, Jean Royer, maire de Tours depuis 1959, verra plusieurs de ses meetings chahutés en raison de ses positions réactionnaires, notamment sur l’avortement. Au lendemain du meeting de Toulouse, dans une tribune télévisée, il dénoncera les « professionnels de la subversion (...) armés de barres de fer ». Un article avec des vidéos d’époque.

    La campagne officielle, lancée suite à la mort de Georges Pompidou, démarre le 19 avril 1974. Six jours plus tard, Royer est à Toulouse pour un meeting. Et se fait bordéliser par une foule qui scande « Royer, puceau, le peuple aura ta peau » ou « Une seule solution la masturbation ». Des affiches pornographiques sont exposées, une femme danse les seins nus.

    Le lendemain, Jean Royer revient sur l’événement, qui l’a conduit à annuler son meeting prévu à Lyon :

    « Il est inadmissible que la liberté de réunion soit, dans notre pays, perturbée par des minorités violentes comme ce fut le cas cette nuit à Toulouse, où celui qui vous parle a dû affronter, dans le vacarme et sous la pression de menaces physiques, plus de mille gauchistes encadrés par de véritables professionnels de la subversion, casqués, armés de chaînes et de barres de fer. »

    Dans cette même vidéo, il adresse un message aux femmes qui témoigne bien de la mentalité qui l’animait. On vous laisse savourer :

    « Je voudrais aussi m’adresser aux épouses, aux mères de famille, aux jeunes filles, pour leur dire pour leur dire à quel point elles sont l’âme de nos familles. En raison de leur tendresse, de leur passion, en raison aussi de la délicatesse de leurs intuitions qui les poussent à comprendre l’homme dont elles se sont fait les compagnes. »

    Pas étonnant que certaines soient allées orner sa statue de capotes il y a quelques temps. Au premier tour de l’élection, Royer ne recueillera que 3,2 % des voix.

    #sexisme #casseurs_gauchistes

  • S’ils nous dégagent, on revient ! Appel à réoccupation potentielle de la #ZAD du #Testet
    http://larotative.info/s-ils-nous-degagent-on-revient-821.html

    Alors qu’un huissier vient de passer sur la ZAD du Testet (Tarn) pour constater l’occupation du site en vue d’une expulsion, les occupant-es de la zone lancent un appel à réoccupation, à l’image de ce qui avait été fait à Notre-Dame-des-Landes.

    Ami-e d’ici ou d’ailleurs, le projet initial de barrage de Sivens semble prendre la voie de l’abandon. Mais cette victoire n’est que très partielle car d’autres ouvrages hydrauliques ont été proposés par le ministère de l’écologie pour le site de Sivens. Les choix se sont appuyés plus sur les pressions diverses et une stratégie politicienne que sur le travail d’analyse et des arguments rationnels. Les solutions privilégiant un progrès social et humain ont été balayées pour laisser place uniquement aux solutions pseudo-techniques, s’intégrant comme à l’accoutumée dans la logique capitaliste d’un système dévastateur.

    La vallée du Tescou reste une Zone À Défendre !

    Les politicien-ne-s aidé-e-s par des réactionnaires de tous bords préparent l’opinion publique à une expulsion. Mercredi 28 janvier, un huissier a constaté l’occupation des parcelles du site pour entamer une procédure d’expulsion qui devrait aboutir début février. Notre occupation est expérimentale de nouveaux modes de vie, de nouvelles pratiques, elle est aussi une force de proposition. Si notre occupation peut-être adaptée au nouveau contexte, elle reste nécessaire et légitime.

    Venez nombreuses et nombreux renforcer l’occupation. Soyons créatifs, responsables, respectueux et construisons un monde à cette image !

    Nous ne défendons pas le Vivant, nous sommes le Vivant qui se défend ! Résistons !

    En cas d’expulsion, nous vous appelons toutes et tous à venir participer à la réoccupation et à la reconstruction de la ZAD du Testet, un mois jour pour jour après le début de l’expulsion.

  • Souffrance au travail : un médecin du CHU de Tours condamné par son ordre suite à la plainte d’un employeur
    http://larotative.info/souffrance-au-travail-un-medecin-817.html

    Le Docteur Bernadette Berneron, qui participe à la consultation « Souffrance et Travail » de l’hôpital de Tours, a été sanctionnée par la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins du Centre suite à la plainte d’un employeur.

    Il lui est reproché d’avoir établi un lien entre la santé d’un salarié et son travail, alors que les consultations « Souffrance et Travail » ont justement pour objet de permettre au patient de comprendre ce qui peut faire difficulté dans son travail au point de l’en rendre malade.

    L’association Santé et Médecine du Travail voit dans cette décision le travail d’une « coalition contre la Santé au Travail allant des syndicats d’employeurs, à l’Ordre des Médecins et à des universitaires qui donnent des leçons vides de sens, sans faire référence à aucune connaissance clinique en santé au travail ». L’objectif de cette coalition ? « Empêcher aux médecins du travail d’instruire le lien santé-travail par un écrit médical ».

    En effet, dans la décision de la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins du 17 décembre 2014, il est reproché au Docteur Berneron :

    « d’avoir expressément pris parti pour la salariée, tenant les dires de celle-ci pour établis, imputant expressément les troubles dont elle souffre à son employeur en mettant en cause ce dernier .../... Qu’à supposer que le document ne soit pas analysé comme un rapport tendancieux ou un certificat de complaisance, sa teneur caractérise pour le moins un manque de prudence et de circonspection .../... »

    Cet argumentaire fait complètement abstraction de la méthodologie déployée par les médecins de la consultation « Souffrance et Travail », longuement décrite dans une intervention en soutien au Docteur Berneron [1].

    Il s’agit, via des consultations durant plusieurs heures, d’identifier la relation entre des altérations de la santé d’un patient et des éléments pathogènes de sa situation professionnelle. Le document médical rédigé à l’issue de la consultation a pour objet principal de laisser une trace du travail de compréhension effectué, pour que le patient puisse y référer si besoin.

  • Légalisation de l’IVG : quand les médecins de Tours organisaient le triage des femmes

    ça y est, l’article sur les premières années suivant l’adoption de la loi Veil est intégralement en ligne.

    La première partie, où il est question des commissions de triage :
    http://larotative.info/legalisation-de-l-ivg-quand-les-783.html

    En quoi consistent-elles ? Réunissant les spécialistes hospitaliers du service (professeurs agrégés et chefs de clinique), un médecin anesthésiste plein temps, un représentant du personnel soignant, une sage femme et une assistante sociale, ces commissions se fixent pour but d’étudier chaque dossier de demande d’interruption de grossesse et, par vote, d’accepter ou de refuser le droit à l’avortement. La femme est bien entendu absente de la discussion, et son dossier présenté par le médecin qui l’a vue en consultation. En plus du compte-rendu de l’examen gynécologique, ce dossier comprend des renseignements médicaux, sociaux, ainsi que — si elles existent — toutes les constatations faites par les autres spécialistes. Après discussion on groupe chaque « cas » selon la classification OMS (indications médicales, eugéniques, médico-légales, médico-sociales, sociales ou « convenance personnelle pure ») et l’on juge.

    Car il s’agit alors d’un véritable tribunal ; la défense : le médecin à qui la femme s’est adressée et qui doit théoriquement plaider sa cause ; l’accusation : l’ensemble de la commission ; le délit : tout simplement l’expression du désir d’avorter que l’on agrémentera ou non de circonstances atténuantes : proximité de la date des dernières règles, affections chroniques ou géniques prouvées, éthylisme maternel ou bilan prénatal perturbé. On procède alors au vote, et l’on inflige ou non la sanction : refus de l’interruption de grossesse.

    La deuxième partie, sur la précarité des conditions de fonctionnement du Centre IVG de Tours, aggravée par le comportement du professeur de gynéco-obstétrique du CHU :
    http://larotative.info/legalisation-de-l-ivg-quand-les-795.html

    Les médecins vacataires durent alors aménager l’accueil, les consultations, le secrétariat dans les locaux initialement prévus pour les seules interventions : c’est la raison pour laquelle ils possèdent aujourd’hui un des centres les plus exigus de France. Mais au-delà de l’étroitesse des locaux, l’attitude de M. Soutoul eut une autre conséquence plus grave : l’absence totale de collaboration des gynécologues du CHU. Désireux de ne pas compromettre leur carrière hospitalière, respectueux de la hiérarchie du service, aucun des spécialistes de gynécologie-obstétrique n’a en 5 ans pratiqué un seul avortement au centre d’IVG.

    Le salaire dérisoire versé aux vacataires (120 F pour 3h30 de travail) n’attirant aucun des spécialistes de la ville, le Centre n’a pratiquement fonctionné que grâce à la collaboration de généralistes volontaires. C’est ainsi qu’on n’y a vu aucun des étudiants voisins du Certificat d’Études Spécialisées de gynécologie-obstétrique, assurés qu’ils étaient d’échouer à leur examen s’ils osaient déplaire à M. Soutoul en travaillant à « l’avortoir ».

    La troisième partie, dans laquelle le même professeur tente de défendre ses privilèges
    http://larotative.info/legalisation-de-l-ivg-quand-les-809.html

    Dans la Revue de médecine locale [1] du mois de mai, il attaquait à nouveau sous forme d’un « Essai de plaidoyer pour Gynécologues-Accoucheurs mal aimés » dans lequel il tente de défendre les 2 234 spécialistes français de la femme (entendre par là les gynécologues accoucheurs) qui font l’objet de « pressions contradictoires dans un monde occidental agité par de frénétiques sursauts plus souvent d’inspiration politique que culturelle ».

    Suit une suite d’exemples de situations dans lesquelles le gynécologue se trouve agressé par des femmes qui le rendent responsable d’un échec dans ce qu’il nomme « la programmation d’un enfant » : l’enfant programmé étant pour M. Soutoul « un enfant pondu au jour et presque à l’heure fixée dans les calendriers largement diffusés avec la presse du cœur ». Se livrant à une grossière caricature de la presse féminine, imaginant des articles de « Ménie Claire », « W magazine », « Grands Parents » ou « Femmes de demain ».

    (...)

    Ce « mandarin aux pieds chaussés et fier de l’être » comme il se baptise lui-même inaugure en fait un mandarinat new look qui regroupe des « patrons » soudain angoissés de perdre une parcelle de pouvoir. Tous les arguments sont alors bons pour ces spécialistes. Pour peu qu’on prête à l’un d’eux une dimension nationale, apparaît alors un moralisateur scientifique usant de ses chiffres et de sa technique pour tenter d’imposer sa vérité à ceux qu’il nomme des « sujets immatures ».

    Un véritable prêtre-médecin, qui entend conserver bien à lui le corps de sa femme et le contrôle des naissances.

    #ivg #avortement #veil

  • Charlie dans le meilleur des mondes
    http://larotative.info/charlie-dans-le-meilleur-des-802.html

    Le 11 janvier 2015, 4 millions de personnes ont, nous dit-on, défilé dans la rue pour la liberté d’expression et peut-être même le droit à la provocation, à la caricature et au blasphème.

    Dans le même monde, une semaine plus tard et sans que grande-monde ne s’en émeuve ou n’interroge le sens d’un tel enchaînement, plus de 50 poursuites ont été engagées au pénal pour apologie du terrorisme [1].

    Il faut dire que dans ce même monde la dénonciation est, comme l’avait si bien dit Frédéric Lefebvre, un devoir républicain [2]. La police nationale a ouvert le bal en incitant les internautes à lui signaler, grâce au logiciel Pharos [3], ceux qui se laisseraient aller sur les réseaux sociaux. Les journalistes ont embrayé. La directrice du service politique de France 2 a par exemple appelé à « repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie » [4].

    Parmi les personnes poursuivies, la plupart ont voulu faire des blagues de mauvais goût ou provoquer des policiers, des gendarmes ou des contrôleurs. Certaines étaient alcoolisées au moment des faits ou mineures [5].

    La plupart sont condamnées lourdement, parfois à des peines de prison ferme. A Bourgoin-Jallieu c’est un jeune homme reconnu comme déficient mental qui a été condamné à 6 mois d’emprisonnement. Selon France 3, le procureur a argué qu’il « ne peut et ne doit pas se cacher » derrière cette déficience [6].

    Dans le même monde, le nombre d’actes racistes et islamophobes explose [11] et des policiers tabassent les migrants à Calais [12].

    Un jour ce monde s’écroulera.

    #répression #apologie #migrants

  • L’adjudant Kronenbourg est Charlie : lettre ouverte d’un ouvrier du Livre à quelques ministres
    http://larotative.info/l-adjudant-kronenbourg-est-charlie-793.html

    On peut se réjouir du déblocage d’un million d’euros par le ministère de la Culture pour aider Charlie Hebdo. D’autres médias, gavés de pub, propriétés de financiers aisés, n’ont pas eu à attendre que leur rédaction soit décimée à la kalachnikov pour bénéficier de la manne publique.

    Jusqu’ici, Charlie Hebdo survivait par ses seules ventes, sans pub, et sans l’aide de l’État, si ce n’est une aide minorée à l’affranchissement, chichement accordée, tout comme Siné Hebdo, le Monde Diplomatique ou encore la presse syndicale.
    Les Échos, propriété de Bernard Arnault, première fortune de France, s’est vu doté de 4 millions d’euros, Serge Dassault, cinquième fortune de France, reçoit lui aussi une aide conséquente, 16 millions d’euros, pour le Figaro, qui peine à vivre. Le journal l’Opinion, appartenant à Nicolas Beytout et relayant le point du vue du MEDEF est aussi aidé par l’État, pour informer, cultiver, sans doute.

    Selon le ministère de la Culture les aides publiques à la presse concourent à la modernisation et la diffusion partout dans le pays d’une presse pluraliste et diverse. Cela explique sans doute que le Journal de Mickey, Gala, Closer ou « Prions en église » bénéficient d’aides publiques lorsque Charlie Hebdo et d’autres journaux d’information en sont privés.

    Défiler avec des censeurs (doux euphémisme) et soutenir la presse de l’argent ne sont nullement des maladresses ou des obligations de circonstance. C’est le choix politique de l’actuel gouvernement et du parti socialiste. Ce choix a pour conséquence de mettre sur la paille les journaux qui concourent à l’information la plus impartiale .

    Aujourd’hui, la République des costauds renforce Vigipirate et l’arsenal sécuritaire existant. L’heure est à la législation antiterroriste haut de gamme. Il semble cependant que les barrières devant les écoles, les catcheurs enfouraillés en treillis patrouillant dans les gares et les métros, les nombreuses arrestations au délit de faciès ont fait choux blanc. Quel est le bilan de Vigipirate au 7 janvier, un peu avant midi ? Quel est son coût en choix budgétaire, à l’heure où nous fermons des classes et des hôpitaux ?

    #aides_publiques #presse #vigipirate #Dassault_mon_amour

  • Joué-lès-Tours : le rassemblement pour Bilal Nzohabonayo interdit sous la pression des flics
    http://larotative.info/joue-les-tours-le-rassemblement-791.html

    Un rassemblement devant le commissariat de Joué-lès-Tours était prévu le samedi 10 janvier à 15 heures, afin d’encourager des témoins de la mort de Bilal à se faire connaître. C’était sans compter l’intervention du syndicat Unité SGP Police.

    Le samedi 10 janvier, un rassemblement devait avoir lieu à l’endroit où Bertrand « Bilal » Nzohabonayo est mort le 20 décembre 2014. L’objectif était d’une part de rendre hommage au jeune jocondien de 20 ans, et d’autre part d’appeler d’éventuels témoins de la scène à se faire connaître, deux versions s’affrontant toujours dans cette affaire : celle de la police, qui affirme que Bilal s’est présenté de lui-même au commissariat pour poignarder des policiers, et celle selon laquelle Bilal aurait été interpellé par les policiers et emmené de force au commissariat.

    A ce stade, l’appel à témoins lancé par le procureur de Tours lors de sa conférence du presse du 31 décembre n’a pas donné de résultat, mais il faut noter qu’il invite les témoins à se tourner vers la direction régionale de la police judiciaire d’Orléans. Témoigner contre des flics devant des flics ? Peu de chance que ça marche, vu la pression habituellement rencontrée.

    Donc, certaines personnes voudraient que toute la lumière soit faite dans cette affaire, sans se contenter de la version servie par les flics et le procureur. Une « provocation » pour le syndicat Unité SGP Police, qui a réagi au quart de tour en apprenant la veille du rassemblement qu’un dispositif de maintien de l’ordre était prévu par le préfet. Sous le titre « Je suis policier à Tours et je veux que l’on me respecte ! », le délégué syndical écrit :

    « Notre organisation ne peut tolérer une telle provocation et organisera lui aussi un rassemblement de Policiers afin de défendre les Policiers ainsi que les valeurs de la république ! »

    #police

  • Légalisation de l’IVG : quand les médecins de Tours organisaient le triage des femmes (1/3)
    http://larotative.info/legalisation-de-l-ivg-quand-les-783.html

    Quarante ans après la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse, retour sur les premières années de mise en œuvre de cette loi à Tours, quand certains médecins mettaient en place des « commissions de triage » des femmes.

    En 1975 à Tours comme en beaucoup d’autres villes, l’application de la loi Veil ne s’est pas faite sans heurts. Manque de locaux, de personnel, de matériel, le service de gynécologie-obstétrique ne fut pas en mesure de répondre immédiatement à une demande qui, du jour au lendemain, était devenue légale. C’est la période que choisit M. Soutoul pour mettre en place ces fameuses « commissions d’étude et de triage ». Elles seront, à l’automne prochain, lors du débat parlementaire, un des principaux éléments de discussion.

    En quoi consistent-elles ? Réunissant les spécialistes hospitaliers du service (professeurs agrégés et chefs de clinique), un médecin anesthésiste plein temps, un représentant du personnel soignant, une sage femme et une assistante sociale, ces commissions se fixent pour but d’étudier chaque dossier de demande d’interruption de grossesse et, par vote, d’accepter ou de refuser le droit à l’avortement. La femme est bien entendu absente de la discussion, et son dossier présenté par le médecin qui l’a vue en consultation. En plus du compte-rendu de l’examen gynécologique, ce dossier comprend des renseignements médicaux, sociaux, ainsi que — si elles existent — toutes les constatations faites par les autres spécialistes. Après discussion on groupe chaque « cas » selon la classification OMS (indications médicales, eugéniques, médico-légales, médico-sociales, sociales ou « convenance personnelle pure ») et l’on juge.

    Car il s’agit alors d’un véritable tribunal ; la défense : le médecin à qui la femme s’est adressée et qui doit théoriquement plaider sa cause ; l’accusation : l’ensemble de la commission ; le délit : tout simplement l’expression du désir d’avorter que l’on agrémentera ou non de circonstances atténuantes : proximité de la date des dernières règles, affections chroniques ou géniques prouvées, éthylisme maternel ou bilan prénatal perturbé. On procède alors au vote, et l’on inflige ou non la sanction : refus de l’interruption de grossesse.

    De telles commissions ont fonctionné à Tours de janvier à août 75, examinant environ 300 demandes et en refusant 220. Dans une étude publiée en juin de la même année, M. Soutoul et ses collaborateurs tiraient les conclusions chiffrées de ces trois premiers mois. Sur 150 demandes, on en refusa 110 classées « convenance personnelle pure », dont 22 « sans aucun motif médical » : 22 femmes qui n’invoquaient d’autre motif que celui de pouvoir bénéficier de la loi.

    (...)

    Au total donc, 220 femmes sur 300 se virent refuser l’avortement qu’elles désiraient, alors qu’elles avaient effectué les démarches prévues par la loi. Détail intéressant : quatre d’entre elles furent dans ce cas parce que la famille ou le mari souhaitaient garder l’enfant. L’enquête [de M. Soutoul] ne dit pas combien parmi elles ont trouvé une solution dans le florissant circuit parallèle tourangeau, pas plus qu’elle ne précise combien d’enfants non désirés par leur mère sont nés de ces 220 grossesses.

    #IVG #avortement #sexisme

    • La suite est ici http://larotative.info/legalisation-de-l-ivg-quand-les-795.html

      Les médecins vacataires durent alors aménager l’accueil, les consultations, le secrétariat dans les locaux initialement prévus pour les seules interventions : c’est la raison pour laquelle ils possèdent aujourd’hui un des centres les plus exigus de France. Mais au-delà de l’étroitesse des locaux, l’attitude de M. Soutoul eut une autre conséquence plus grave : l’absence totale de collaboration des gynécologues du CHU. Désireux de ne pas compromettre leur carrière hospitalière, respectueux de la hiérarchie du service, aucun des spécialistes de gynécologie-obstétrique n’a en 5 ans pratiqué un seul avortement au centre d’IVG.

      Le salaire dérisoire versé aux vacataires (120 F pour 3h30 de travail) n’attirant aucun des spécialistes de la ville, le Centre n’a pratiquement fonctionné que grâce à la collaboration de généralistes volontaires. C’est ainsi qu’on n’y a vu aucun des étudiants voisins du Certificat d’Études Spécialisées de gynécologie-obstétrique, assurés qu’ils étaient d’échouer à leur examen s’ils osaient déplaire à M. Soutoul en travaillant à « l’avortoir ».

      La demande n’évolue pratiquement pas depuis 1976, malgré une constante augmentation du secteur de recrutement. En effet, en dépit de la décision des responsables de n’accepter que les demandes provenant des femmes du département, il est pratiquement certain que sous une adresse d’emprunt des femmes viennent de l’Indre, du Cher et de l’Eure-et-Loir, partout où il n’existe aucune structure permettant de pratiquer les IVG.

      #avortement #sexisme #ivg cc @rezo

  • Le barbare et le terroriste
    http://larotative.info/le-barbare-et-le-terroriste-781.html

    Le terroriste et le barbare sont les deux figures immédiatement convoquées pour qualifier Amedy Coulibaly, Saïd et Chérif Kouachi. Le terroriste est privilégié par la langue factuelle du journaliste, le barbare est plus adapté à la condamnation morale du citoyen. Le terroriste évacue la doctrine, le barbare évacue l’homme. Leur conjonction permet de ne pas penser.

    Le terroriste c’est la face politique de la médaille. C’est grosso-modo celui qui utilise la terreur comme moyen d’action politique. Souvenons-nous que cette pratique remonte à la révolution française. Même le bourgeois Hugo lui reconnaît une nécessité. Souvenons-nous aussi que ce prédicat est prêté par le pouvoir : avant d’être décoré de l’ordre de la libération, on est terroriste. D’ailleurs le pouvoir a entrepris de rendre plus vagues les spécificités qui font le terroriste, à l’échelle européenne, comme à l’échelle nationale. Cela permet de confondre commodément l’attentat contre Charlie Hebdo, le sabotage de caténaires de la SNCF et le survivalisme néonazi. Avec une telle définition du terrorisme, toute opposition au pouvoir est à la merci d’une qualification discrétionnaire qui aboutit à une disqualification de la pensée qui a sous-tendu l’action. Par ce stratagème commode, le pouvoir escamote la violence qui permit sa constitution.

    (...)

    Le barbare c’est le revers moral voire anthropologique de la médaille. Ici la portée politique de l’acte n’est même plus convoquée. La sidération n’autorise qu’une seule réaction : le rejet de l’acteur le plus loin possible de soi, de l’entre-soi, de l’humanité. Nous savons pourtant depuis Lévi-Strauss que le barbare est celui qui échoue à se voir en l’autre, « celui qui croit à la barbarie ». Les plus courageux tentent d’expliquer cette barbarie en convoquant d’autres figures de l’altérité radicale. Ces actes sont le fait de « lâches », d’ « idiots », ou de « fous ». Le barbare ne doit surtout pas être éclairé ou rationnel, sans quoi son acte devient compréhensible.

    (...)

    Le terroriste évacue la doctrine, le barbare évacue l’homme. Leur conjonction permet de ne pas penser. Il me semble pourtant qu’il faille accepter ce corps-à-corps. Amedy Coulibaly, Saïd et Chérif Kouachi relèvent comme nous d’une humanité monstrueuse et politique. Cette reconnaissance est le préalable à toute intelligence de l’évènement. Après cet effort formidable – qui consiste à croire plus qu’à savoir que nous sommes des barbares et des terroristes – il faut éviter l’écueil du réductionnisme à des explications qui ne soient qu’économiques ou sociologiques ou géostratégiques ou psychologiques ou historiques ou religieuses. Commençons par admettre qu’Amedy Coulibaly, Saïd et Chérif Kouachi sont des hommes pour peut-être conclure que la guerre civile mondiale n’a pas fait dix-sept mais vingt victimes de plus.

    #CharlieHebdo #terrorisme