Sabine Huynh | Marguerite-Duras-de-la-forêt, née à Saïgon
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4119
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« ▻https://www.terreaciel.net/L-epais-des-forets-anthologie-proposee-par-Florence-Saint-Roch »
Sabine Huynh | Marguerite-Duras-de-la-forêt, née à Saïgon
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Jean-Baptiste Vidalou | La forêt, c’est un peuple qui s’insurge
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4118
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Harry Martinson, la société des vagabonds, Traduit du suédois par Denise & Pierre Naert – Texte revu par Philippe Bouquet, éditions Agone 2004 :
Les raisons d’arpenter les routes du pays, année après année, se comptaient par milliers.
L’une des plus belles était les forêts, la forêt.
Les forêts avaient une façon de se dissimuler derrière elle-mêmes, d’arbres en arbre, de crête en crête, et de ne jamais cesser de promettre quelque chose de caché. Il en émanait une attraction forte et irrésistible, mais impossible d’atteindre ce but car, si on tentait de le faire, il se déplaçait sans cesse, tel un oiseau, d’arbre en arbre en appelant comme un coucou, chantant comme un merle ou jaillissant comme un épervier de marmites rocheuses des marais recouverts de carex. La forêt glissait de sapin en sapin avec le brouillard et les reflets du soleil et exerçait sans trêve une influence fabuleuse sur l’esprit. Les bûcherons essayaient d’échapper à cette fascination en travaillant dur et en s’attaquant au corps même de la forêt sous la forme du troncs et de bois de chauffage. C’étaient les bouchers de arbres. Au moyen de leur hache, ils dépouillaient le sapin du châle de murmures, d’émotions et de sombre promesses de quelques choses de lointain dont il entourait son tronc. Ils dénudaient la forêt. La hache faisait aussi bien tomber la branche qui avait servi d’abri nocturne au coq de bruyère que le rameau qui avait continué le perchoir de l’oiseau chanteur. Un seul coup suffisait à trancher pour toujours la cime qui avait été la tour du haut de laquelle sifflait le merle et le coucou. Ils dépouillaient la forêt de ce qui était, à son tour la forêt de chaque arbre et s’en prenait directement au bois de construction. Pourtant ils n’échappaient pas à l’ensorcellement. Ils n’arrivaient jamais à élaguer et à abattre les espoirs que la forêt avait nourris en eux.
Et si, enfant, vous marchiez dans la forêt sans but particulier ou simplement pour cueillir des baies ou rechercher des vaches échappées, la forêt tout entière s’avançaient, se refermait autour de vous, resserrait sur vous ses vagues et vous étiez pris, à la fois effrayés et pleins d’attente. La forêt, avec ses alternances constantes de formes et de sonorités, d’ombre et de lumière, persuadait celui qui s’y promenait d’espérer sans cesse autre chose, elle l’incitait à sa façon ténébreuse à forger de nouveaux pressentiment, l’un derrière l’autre sans fin. Et il en allait de même de la grande route qui traversait un bois ; elle empruntait les traits de la forêt qui l’entourait et n’était pas avare de promesses. Elle disait : « suis-moi au-delà du tournant là-bas, où se trouvent ces grands sapins. » Et quand on y parvenait, elle vous promettait de nouveau que vous alliez voir ce que vous alliez voir, après le prochain virage et ainsi de suite. Nombreux étaient les jeunes garçons qui étaient devenus chemineaux de cette manière, parce qu’ils étaient liés au serpent de la route par leurs espérances, coude après coude, lieue après lieue.
C’est pour cela que les vagabonds convaincus ne s’arrêtent pas plus que nécessaire dans les agglomérations. Quand ils ont mendié leur morceau de pain, ils se remettent en route pour que le chemin reprenne sa place en eux comme un ruban d’espoir se déroulant dans leur esprit et dans leur âme et sans lequel ils ne peuvent vivre. Ils ne se sentent en sécurité que lorsque le chemin s’étale de nouveau devant eux, toujours aussi prometteur et menteur. Ils foulent cette voie qui leur apporte la paix au cours de leur marche, pas à pas sous leur pieds, tandis que que la vision de la route les pénètre d’espoir, non sous la forme de promesses successives cernées de vide, mais comme un ruban infini de promesses coulant en eux pendant toute leur vie. Le chemin devient un fleuve de promesses qui s’engouffre par leurs yeux et ressort par leurs talons, un fleuve de promesses qui est son propre but : l’accomplissement de soi-même. La seule condition pour qu’il en soit ainsi est de marcher indéfiniment
Géraldine Geay | Des forêts aussi
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4117
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Nikolaï Zabolotski | Testament
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4115
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BIBLIOTHEQUE FORESTIERE
– Mise en ligne il y a quelques jours d’un appel, Le recours aux forêts, l’Office national des forêts est menacé de disparition par la politique du gouvernement, nos forêts seraient ainsi livrées à l’appétit de prestataires privés, lire à ce propos et relayer l’article de Reporterre.
– Tout se jouera dans les prochaines semaines, on informera sur les actions syndicales en cours, et on invite chacun.e à s’informer sur ce qui se passe dans son département et sa région et à participer à des actions locales aux côtés des forestiers mobilisés.
– En soutien, on lance une bibliothèque forestière (ou BNF, Bibliothèque Nomade Forestière :-)). J’invite chaque blogueur.se à composer sa propre anthologie de textes sur les forêts, je commence ici même la mienne, et inclus volontiers les liens vers vos textes dans ce sommaire qui sera enrichi tout au long de l’été, pour cela il suffit de m’écrire. On cherche à travers cette bibliothèque à ouvrir un espace d’écriture et de parole le plus large possible, dédié à ce qui nous tient le plus à cœur : la beauté des forêts à préserver, à faire vivre en commun, hors de toute logique productiviste à court terme. Les ressources audio et vidéo sont les bienvenues.
– N’hésitez pas à m’informer de toute initiative personnelle/locale, je relaierai, Œuvres ouvertes reçoit entre 1000 et 1500 visites quotidiennes, autant toucher le plus de monde possible.
La bibliothèque forestière, c’est ici :
#bibliothèque_forestière
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4114
non au démantèlement de l’ONF
bibliothèque forestière
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4113 »
« ►https://reporterre.net/Forets-publiques-l-Etat-reflechit-au-demantelement-de-l-ONF »
« ▻https://www.youtube.com/watch?v=5KitEURfsj8
LE RECOURS AUX FORÊTS, UN APPEL
On l’apprend par un article de Reporterre qu’il est important de faire circuler le plus largement possible : le gouvernement est en train d’organiser le démantèlement de l’Office national des forêts afin de confier leur gestion à des prédateurs privés. Après les télécommunications, les transports, l’eau, et j’en passe, l’un de nos biens communs les plus précieux est en voie d’être privatisé.
C’est d’abord un drame humain : de 15 000 emplois à l’ONF en 1985, on est passé à 9000, dont un nombre croissant de contractuels. On sait aussi que le nouveau management mis en place dans cet établissement public est la cause de nombreux suicides, lire cet article de la CGT-Forêt qui nous alerte à ce sujet. Mais la gestion privée des forêts accentuera également la logique productiviste en cours : « L’Office national des forêts cherche à maximiser les profits. Il coupe de plus en plus de bois et délaisse la petite économie locale. Il se comporte comme une entreprise privée qui doit dégager des bénéfices ». Au bout du compte, la privatisation de l’ONF conduira à une déforestation importante du pays.
Face à cette offensive libérale massive, que pouvons-nous faire ? À mon humble niveau, j’ai décidé de soutenir celles et ceux qui se battent actuellement à l’ONF pour sauver un service public des forêts. C’est aujourd’hui la beauté du monde qu’on veut saccager, et mon rapport avec les forêts (notamment du Morvan) est trop ancien pour que je puisse personnellement l’accepter.
Le recours aux forêts est le nom d’un ouvrage que la Revue des ressources avait réalisé en 2004, j’y avais participé avec Rodolphe Christin, Serge Meitinger et Robin Hunzinger qui avait ensuite lancé un site internet du même nom.
Il semble que le gouvernement souhaite profiter des vacances estivales pour régler ce dossier. Tout au long de l’été, nous continuerons donc à assurer une veille, ici même, concernant les initiatives locales et nationales qui seront prises pour empêcher le démantèlement de l’ONF. Mais étant donné le lien affectif et personnel de beaucoup d’entre nous avec l’univers de la forêt, je me suis dit qu’une forme de lutte pourrait consister à composer une bibliothèque forestière ouverte à toutes et tous.
Chacun.e pourrait mettre en ligne des textes d’écrivains, de philosophes, de promeneurs, mais aussi des photos/vidéos évoquant la forêt, il suffirait ensuite de me communiquer le lien soit via le compte Twitter d’Œuvres ouvertes, soit par mail, pour que j’intègre la contribution au sommaire général de cette bibliothèque forestière. Chacun.e pourrait ainsi alerter sur son blog quant aux projets gouvernementaux tout en donnant à lire/voir une expérience de la forêt.
Je commence donc avec un extrait de ce texte que j’ai publié dans Le Recours aux forêts, et où il est question d’une forme de résistance à l’oppresseur inventée jadis dans les forêts de Gaule.
–-> à lire ici ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4113
LE RECOURS AUX FORÊTS !
Pendant qu’on entretient la passion du foot, le pouvoir organise la privatisation des forêts. Lancer quelles actions de soutien au service public des forêts pour empêcher cela ?
Lire l’article de Reporterre ►https://reporterre.net/Forets-publiques-l-Etat-reflechit-au-demantelement-de-l-ONF
On se propose de lancer une veille sur les projets du gouvernement concernant l’ONF, de mettre en ligne de textes littéraires sur la forêt pendant l’été + infos sur des actions locales —> ►http://www.oeuvresouvertes.net dès les prochains jours
Voir aussi
▻https://www.larevuedesressources.org/-le-recours-aux-forets,038-.html
espace de création et de réflexion créé avec l’ami Robin Hunzinger au début des années 2000.
Géraldine Geay | Certaine je m’assieds – c’est rare
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4112
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Nouvelle rubrique sur Oeuvres ouvertes, Carnets d’écriture.
Numéro 1 :
Lieu et date : Vienne, café Engländer, 29/07/2010
Contexte : j’ai écrit plusieurs articles dans la Quinzaine littéraire sur les livres de Werner Kofler parus en France, son traducteur Bernard Banoun me communique le mail d’une amie viennoise de l’écrivain qui l’autorisera à me donner son numéro de téléphone pour que je l’appelle une fois sur place. Il s’est passé un curieux phénomène une heure avant la rencontre : sur le Graben, j’ai croisé un sosie de Thomas Bernhard. Après les deux heures passées avec Kofler, j’ai pris ces quelques notes dans le carnet dont je me servais alors. Photo de l’auteur prise lors de la rencontre.
Carnet : acheté à la librairie Osiander à Tübingen. Environ une centaine de pages, papier épais, feuilles blanches.
Actualité éditoriale : on signale la parution récente des Œuvres complètes dont Kofler me parle lors de notre discussion.
Voir la suite ici ▻http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4111
Je lance aujourd’hui une association des lecteurs du Journal de Kafka. Je la crée à un moment particulier de cette entreprise commencée en 2013, alors que je viens de finir la traduction et la mise en ligne des quatre premiers carnets du Journal (il y en a douze), soit 358 pages web. Comme il s’agit d’une édition critique comprenant des documents (nombreuses photos, extraits de la presse pragoise lue par Kafka dans les cafés qu’il fréquentait, et bientôt pages manuscrites du Journal), cela doit faire beaucoup plus imprimé. Je rappelle ici que ce projet ne reçoit aucune aide d’aucune sorte et que tous les textes sont en accès libre.
Moment-charnière pour moi en tant que traducteur et éditeur de ma propre traduction : l’envie est bien là de continuer dès cet été avec le cinquième carnet, mais en élargissant le cercle des lecteurs si possible, et en lien avec eux (ce qui se fait déjà un peu sur le compte Twitter d’Œuvres ouvertes). Moment-charnière surtout au cœur même du Journal puisqu’on approche de la fameuse nuit du 22 au 23 septembre 1912 lors de laquelle Kafka écrit son récit Le Verdict qui fait basculer l’écrivain dans une toute autre dimension : bientôt, il écrira La Métamorphose, Le Procès, A la Colonie pénitentiaire, et il en sera bien sûr question dans le Journal et dans l’appareil critique de notre traduction.
Il est peut-être important de signaler ici que ce projet n’est pas un « hobby », mais fait suite à plusieurs activités de recherche et de traduction en tant que germaniste disons confirmé (agrégation d’allemand, doctorat es lettres - ce que je précise non par vanité, mais simplement pour fonder le sérieux de la démarche).
Cette adhésion à l’Association des lecteurs du Journal de Kafka procure quelques avantages que je présente ici :
– L’adhérent.e reçoit deux livres papier des éditions Œuvres ouvertes qui viennent de paraître : le deuxième carnet du Journal de Kafka et le numéro 2 de la revue Œuvres ouvertes, intitulé Kafka n’est pas mort (sommaire ici). Envoi dans les 48 heures (nous avons ces deux parutions en stock) dès réception de l’adhésion.
– L’adhérent.e reçoit périodiquement (par mail — merci de m’écrire pour me le communiquer) les nouvelles traductions du Journal, avant leur mise en ligne. Ces envois incluent des documents dont je peux m’être servi lors de ma traduction et qui concernent autant l’œuvre que la vie de Kafka, ainsi que des informations sur de nouveaux projets et l’actualité éditoriale.
– L’adhérent.e bénéficie d’une réduction de 30% sur toutes les publications des éditions Œuvres ouvertes.
Les fonds récoltés par l’association me permettront notamment d’acquérir des ouvrages nécessaires à la poursuite de mes travaux, ce qui représentera un vrai soutien de la part des lecteurs.
En espérant vous voir nombreux à soutenir cette démarche !
Bien cordialement,
Laurent Margantin
cc @nepthys que cette iniitative va sans aucun doute beaucoup intéresser
Journal de Kafka (II, 75) : Dès que les récits d’Europe occidentale cherchent à intégrer ne serait-ce que quelques groupes de Juifs
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4105
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Deuxième carnet (1910-11)
#Deuxième_carnet_1910-11_
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935 »
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 76) : C’est aujourd’hui ton anniversaire
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4106
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Deuxième carnet (1910-11)
#Deuxième_carnet_1910-11_
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935 »
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 77) : Dès que les récits d’Europe occidentale cherchent à intégrer ne serait-ce que quelques groupes de Juifs
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4107
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Deuxième carnet (1910-11)
#Deuxième_carnet_1910-11_
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935 »
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 78) : Les quatre amis Robert Samuel, Max et Franz
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4108
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Deuxième carnet (1910-11)
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« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935 »
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 79) : Cela tient probablement à la nature de l’amitié
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4109
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Deuxième carnet (1910-11)
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« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935 »
« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 69) : Je vis ici comme si j’étais absolument sûr d’une deuxième vie
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4099
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Deuxième carnet (1910-11)
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« ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088 »
Journal de Kafka (II, 70) : Un instant je me suis senti couvert d’une carapace
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4100
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Deuxième carnet (1910-11)
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Journal de Kafka (II, 71) : Marc Henry – Delvard
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4101
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Deuxième carnet (1910-11)
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“►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article3935”
“►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088”
Journal de Kafka (II, 72) : Le monde urbain
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4102
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Deuxième carnet (1910-11)
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Journal de Kafka (II, 73) : Conférences théosophiques du Dr. Rudolf Steiner
▻http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article4103
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Deuxième carnet (1910-11)
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« L’époque est toujours affreuse, et la vie ou l’existence est toujours une vie ou une existence affreuse, qu’il faut affronter, braver, traverser jusqu’au bout, mais l’époque actuelle est pour moi la plus repoussante, la plus impitoyable que le monde ait jamais expérimentée, et l’Autriche en constitue a tout instant la preuve la plus éclatante. Se réveiller en Autriche revient à entrer dans une atmosphère étouffante faite d’hostilité aux choses intellectuelles et d’insensibilité grossière, de stupidité et de vilenie. Être obligé de voir comment cet affairement primitif détruit la surface du pays (l’Autriche), et comment le pays est corrompu en profondeur par ce même affairement (de ceux qui y détiennent le pouvoir) - cela ne peut que provoquer l’effroi. Les gouvernements que nous avons eus au cours des dernières décennies étaient prêts à tous les crimes contre cette Autriche, et d’ailleurs ils ont commis à l’encontre de cette Autriche tous les crimes imaginables (...). Les petits-bourgeois brutaux et sans scrupule, qui au cours des décennies écoulées ont aisément gravi l’échelle de l’hypocrisie dans ce pays, jusqu’à investir le Parlement et la Chancellerie et tous les palais du pouvoir, ont eu la partie facile avec ce peuple d’humeur égale et à qui tout est égal. Le Parlement de l’Autriche d’aujourd’hui est un champ de foire clinquant, dispendieux et terriblement dangereux, établi sur le terreau politique le plus abject, tandis que le gouvernement n’est, de même, qu’une charlatanerie tout aussi ruineuse. Lorsque le grand rideau de l’Etat se lève, nous n’assistons, chaque jour qui passe en Autriche (c’est-à-dire aussi le jour de la fête nationale), qu’à un spectacle de marionnettes. Et si nous regardons de plus près nous voyons ce que nous avons toujours vu : les marionnettes sont le peuple, faible d’esprit et incorrigible, tandis que ceux qui les manipulent (ceux qui tirent les ficelles) sont les gouvernants, qui se jouent de la bêtise du peuple. »
Thomas Bernhard, À l’occasion de la fête nationale autrichienne 1977, traduction Daniel Mirsky
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution du deuxième carnet du Journal de Kafka traduit et présenté par mes soins.
Voici les caractéristiques physiques du deuxième carnet du Journal de Kafka : « Carnet à la couverture de toile cirée noire (sur un papier marron clair), pages de garde marron clair, 51 feuilles (les deux dernières feuilles dé-tachées), hauteur 24,6 cm, largeur 19,9 – 20,2 cm, tranche bleue, sans filigrane, 2 pages blanches, écriture au crayon à papier au début, encre bleue à un endroit, sinon encre noire. »
Les douze carnets employés par Kafka pour l’écriture de son Journal sont conservés depuis 1961 à la bibliothèque Bodléienne de l’Université d’Oxford à laquelle j’emprunte cette description. Ils sont tous de la même taille et ont une couverture de toile cirée marron, marron-rougeâtre ou noire.
Plutôt que de les rassembler en un seul volume une fois la traduction des douze carnets achevée, j’ai choisi de les éditer séparément au fur et à mesure de la traduction, accompagné chacun d’un appareil critique en fin de volume.
Lire la suite —> ►http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4088