lemoujik

Une innovation , quelle qu’elle soit, produit des effets négatifs et des effets positifs. Il est illusoire de vouloir séparer les deux. En revanche, ce qui n’est pas illusoire, c’est de réfléchir vers quelle société, vers quel rapport au monde induisent ces innovations. On pourrait ne pas avoir envie de vivre dans ce monde-là ! Les innovations changent nos vies, nos rapports aux autres, modifient les rapports collectifs de la société.

Michel Blay, invité de l’emmission Du Grain à moudre, France Culture, samedi 23 février 2015.
▻http://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/y-t-il-une-tyrannie-de-l-innovation

https://www.franceculture.fr/cruiser-production/2016/02/5bfaa27f-073e-4de0-9151-bf9ea21e3fd3/x510_rtx23c5i.jpg.pagespeed.ic.xgfeHErz0b.jpg

La non-violence, c’est d’abord le refus de la lâcheté et de la résignation, le refus de la passivité face à l’injustice. L’attitude la plus répandue, c’est le refus de l’action, le refus d’agir ou même de se croire impuissant face une injustice. Tout homme ou tout citoyen a d’abord ce choix à faire : j’agis ou je n’agis pas ? Je m’indigne ou je ne m’indigne pas ? Et quand je fais le choix de l’action, de l’insurrection de l’indignation, j’ai le choix entre la violence ou bien la non-violence. Aujourd’hui, on n’est pas éduqué pour le conflit. Et comme on n’est pas éduqué pour le conflit, on croit que la seule réponse au conflit, c’est la violence.

Jean-François Bernardini, entretien avec Ruth Stégassy, Terre à terre, France Culture, samedi 25 décembre 2015.
La non-violence - Information - France Culture
►http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-la-non-violence-2015-12-26
▻http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2015/12/21/5130243/For%C3%AAt%20Automne.JPG

Parce que la peur, parce que la discorde, parce que la nécessité d’avoir un chef - un chevalier qui vient nous rassembler et nous promettre la paix et la stabilité - alors, la République porte en elle les ferments d’une dérive totalitaire. C’est très exactement ce que l’on retrouve dans Star Wars !

Sylvie Laurent, entretien avec Caroline Broué, La Grande table, France Culture, vendredi 18 décembre 2015.
▻http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-tout-est-il-americain-dans-star-w

http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2015/12/18/5129211/star%20wars%20site.jpg

À l’époque industrielle, la majorité alphabétisée de la société regardait vers le haut les éduqués supérieurs et contestait leurs privilèges. À l’époque postindustrielle, une majorité d’éduqués supérieurs et moyens regardent vers le bas ceux qui sont restés bloqués au stade de l’instruction primaire, pour les oublier dans le cas des premiers ou pour craindre de leur ressembler dans celui des seconds. A la contestation succède l’indifférence ou la peur. Nous sommes ici fort près d’une explication simple du glissement du corps électoral de la gauche vers la droite.

Hervé Le Bras, Emmanuel Todd, Le Mystère français , Points, « Essais », 2013, p. 14.
▻http://www.seuil.com/livre-9782757855409.htm

http://www.seuil.com/images/couv/b/9782757855409.jpg

Ça fait très longtemps qu’on sait que la façon dont les médias se financent a un impact sur ce qu’ils produisent.
Mediapart qui est totalement payant ne produit pas le même journalisme que le site de TF1 News, par exemple.
Parmi les médias traditionnels, France Culture, financée par la redevance, ne fait pas la même radio qu’ Europe 1, financée par la publicité.
Il n’y a pas de jugement de valeur là-dedans : le modèle de financement induit des choix éditoriaux.

Florent Latrive, entretien avec Hervé Gardette, « La presse a-t-elle enfin trouvé son modèle en ligne », Du Grain à moudre , France Culture, mardi 1er décembre 2015.

▻http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-la-presse-a-t-elle-enfin-trouve-son-modele-

http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2015/12/01/5120581/medoa%C3%A2r.jpg

Ce qui met de l’essence dans le moteur des droites radicales c’est l’idée des partisans d’une gestion ultralibérale de l’économie et de la société, qu’il n’existe pas d’autres choix possibles."

(...)

"Il faut faire un effort d’élaboration théorique. L’extrême droite c’est une vision du monde. Il faut montrer qu’il y a différents modèles de société possibles, et que c’est un débat naturel.

Jean-Yves Camus, entretien avec Caroline Broué, La Grande table, France Culture, vendredi 3 décembre 2015.

▻http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-peut-on-parler-d-une-internationa

http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/content_right/2015/10/21/5099761/images/Nicolas%20lebourg.jpg

Le livre, avec son aura millénaire, n’est pas transposable en dehors de son milieu d’origine. Avec son silence, sa douceur végétale, le livre appartient au papier, pas au passé. La littérature sur papier a encore de beaux jours devant elle, comme support irremplaçable du texte fixe. Mais ce dernier n’a rien à faire derrière l’écran.

Dans l’Etherciel, il n’y a pas de « pages », il n’y a que des fenêtres, et dans chaque fenêtre, non pas un paysage, mais une émission. Une émission qui passe.

Ce principe de base doit être adapté à la littérature. Le lecteur doit être embarqué dans un mouvement continu, un paysage toujours en changement. Il faut une émission, une émission qui n’est pas à regarder ni à écouter (radio), mais à lire.

Emmanuel Cauvin, « Petite expérience : osez lire comme vous n’avez jamais lu », Rue89, Samedi 28 novembre 2015.

▻http://rue89.nouvelobs.com/blog/nouveau-monde/2015/11/28/petite-experience-osez-lire-comme-vous-navez-jamais-lu-235083

https://pbs.twimg.com/media/CU5PRnGW4AAq1e1.png

Titulaire de statuts plus incertains et fragiles, l’individu contemporain est exposé comme jamais au besoin de faire comme les autres , au besoin de suivre les autres, pour ne pas s’en trouver encore plus éloigné. Norbert Elias voyait les individus en société comme des danseurs exécutant un gigantesque ballet, où chacun doit régler ses gestes sur ceux des autres. Nous continuons de devoir danser pour ne pas être éjectés du cercle, même si l’exercice devient de plus en plus ardu ou périlleux – la musique et les partenaires changeant désormais sans prévenir.

Éric Maurin, La fabrique du conformisme, Seuil, « La république des idées », 2015.
▻http://www.seuil.com/livre-9782021279771.htm

http://www.seuil.com/images/couv/b/9782021279771.jpg

Elles étaient sur le pied de guerre dès le matin, au moment où la foule surgit des grandes gueules du métro, des flots de gens non triés, les beaux habits venus des wagons rouges de première classe, et les autres, employés, secrétaires, standardistes, vendeur de grands magasins, livreurs, comptables, modistes à boîtes rondes. « On ne les paie pas grand-chose, disait Gabrielle, mais ça leur permet de dire "je travaille à Paris près de l’Opéra". » Ils voyaient défiler un monde de visage anxieux .« Oui, disait Gabrielle, ils sont pressés, c’est le rythme moderne », et elle racontait les nouveaux venus qui se tenaient désormais à côté des chefs, chronomètre en main, donnant à chacun le temps auquel il avait droit, oui, ils disent bien vous avez droit , et si vous retourner dans votre province à rythme lent à Lure ou à Mombarb, je travaille dans le quartier de la gare de Lure, ça vous plairait ?

Hédi Kaddour, Les Prépondérants Gallimard, 2015, p. 243.
▻http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Les-Preponderants

http://www.gallimard.fr/var/storage/images/product/c54/product_9782070149919_195x320.jpg

Nous appelons ce phénomène le crowding out , l’effet d’éviction. Il se produit dans de nombreux domaines de la vie en société. La banque du sang est un exemple connu. L’expérience montre que le nombre de bénévoles diminue lorsque la banque du sang commence à payer les donneurs. Les bénévoles décrochent parce que leur motivation pour donner du sang correspond à une fonction sociale. Ils le font pour aider, pas pour l’argent. Pourquoi continueraient-ils à donner leur sang bénévolement si d’autres sont payés pour cela ? Pire, l’incitation financière pousse les gens à donner leur sang parce qu’ils ont besoin d’argent. Il s’agit souvent de personnes démunies qui sont en moins bonne santé ou même malades. Avec pour résultat net une diminution des dons et du sang de moins bonne qualité en moyenne.

Michel Bauwens, Sauver le monde : Vers une société post-capitaliste avec le peer-to-peer, Les liens qui libèrent, 2015, p. 55.
▻http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Sauver_le_monde-9791020901835-1-1-0-1.html

http://www.editionslesliensquiliberent.fr/images/livre_affiche_449.png

C’est assez sidérant de voir à quel point les chaînes d’information en continu fonctionnent comme un cerveau traumatisé. C’est à dire qu’elles passent les images en boucle et elles mettent le spectateur dans une position qui est complètement passive ; ce qui en ça est un vrai miroir de ce que vit une victime directe d’un attentat.

Marianne Kedia, entretien avec Michel Alberganti, Science publique , France Culture, vendredi novembre 2015.
▻http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-comment-adoucir-le-traumatisme-des-victimes-

http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2015/11/19/5115067/In%20My%20Thoughts_Silverchlid24_via%20Flickr%20CC.jpg

Cette combinaison d’humains et de robots suffira-t-elle pour créer une bibliothèque d’Alexandrie moderne ? Ou faut-il définitivement renoncer aux ambitions encyclopédiques des pionniers du web ?

Rémi Sussan, « Le web est-il encore une bibliothèque universelle ? », InternetActu.net , 27 octobre 2015.
►http://www.internetactu.net/2015/10/27/le-web-est-il-encore-une-bibliotheque-universelle

http://www.internetactu.net/wp-content/uploads/2015/10/Red-Book-300x185.jpg

La tragédie actuelle donne l’occasion à Facebook de tester l’adoption, par ses utilisateurs, de comportements suggérés par l’entreprise elle-même. Par ce biais, elle obtient une information précieuse quant à l’influence directe qu’elle peut espérer exercer sur tel ou tel utilisateur.

Romain Ligneul, « "Changez votre photo de profil" : Facebook et le bleu-blanc-rouge en un clic . », Rue89 , mardi 17 novembre 2009.
►http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/17/changez-photo-profil-facebook-bleu-blanc-rouge-clic-262146

http://api.rue89.nouvelobs.com/sites/news/files/article/thumbnail_full/2015/11/bleu-blanc-rouge-facebook-profil-capture_0.png

Dénoncer le communautarisme, je suis d’accord. Mais quelles sont ses raisons ? Pourquoi les gens veulent des refuges ? Quand la marginalisation, les difficultés pour vivre sont très grandes, il ne faut pas s’étonner que les individus cherchent à se protéger autrement.

Fethi Benslama, entretien avec Caroline Broué, La Grande table , France Culture, lundi 16 novembre 2015.
▻http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-les-racines-de-la-haine-2015-11-1

http://static.franceculture.fr/sites/default/files/imagecache/ressource_full/2015/11/16/5112777/vitre%20cass%C3%A9e.jpg

Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour, Raconter la vie, 2014.

J’ai arrêté mon journal.
Comme chaque fois que je cesse de consigner le présent, j’ai l’impression de me retirer du mouvement du monde, de renoncer non seulement à dire mon époque mais à le voir. Parce que voir pour écrire, c’est voir autrement. c’est distinguer des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer valeur d’existence.

▻http://raconterlavie.fr/collection/regarde-les-lumieres-mon-amour
▻http://raconterlavie.fr/IMG/rubon113.jpg?1386777227