La frontière est l’un des enjeux géopolitiques majeurs à l’heure où les replis communautaires contribuent à restreindre l’accès d’un territoire aux populations migrantes. Cependant, cette première approche ne rend pas compte de la polysémie du terme, ni des multiples réalités qu’il recouvre. Ainsi, les frontières d’états, conçues comme des lignes continues séparant un ou plusieurs espaces territoriaux, sont des interfaces plus ou moins ouvertes, sources d’échanges multiples, sources aussi de tensions entre les pays. Leurs études peuvent s’attacher aussi bien à la construction de cette ligne démarquant des territoires, qu’aux rapports à ce type d’espace. Selon l’échelle utilisée, elles sont des facteurs d’analyse des grandes tendances mondiales contemporaines. Notion complexe, la frontière suscite débats et controverses, notamment à l’heure où la mondialisation technologique propage l’idée d’un espace planétaire affranchi de toute frontière, d’un monde virtuel global sans limites. Cette thématique du « sans frontières » est remise en cause par l’apparition de constructions réelles délimitant certains états ; ainsi, en 2009 au moment même où l’on commémore les 20 ans de la chute du mur de Berlin, les États-Unis mettent en place un corridor les séparant du Mexique.
Autres arguments en faveur de la disparition des frontières : les flux économiques sont devenus mondiaux ; l’information et les échanges par Internet ne connaissent pas les limites des territoires. Pourtant, l’une des tendances les plus fortes du monde de l’Internet et des échanges virtuels, est la multiplication des outils de géolocalisation dont les plus connus et les plus représentatifs sont les globes virtuels. Loin de virtualiser le territoire réel et de faire tomber les frontières, l’usage de ces globes virtuels débouche sur un nombre croissant de « problèmes » de cartographie que certains États mettent sur la place publique, en demandant aux sociétés qui publient ces cartes de revoir leurs positions. Mais cela peut aller bien au delà : certains gouvernements n’hésitent plus à prendre possession de territoires litigieux sous le couverte des lignes tracées dans Google Maps...
L’objectif poursuivi ici est de présenter ces « contradictions » apparentes au travers notamment d’exemples concrets. il sera fait surtout référence à Google Earth/ Maps et aux remarques publiques adressées à Google. Les autres globes virtuels seront utilisés comme source de comparaison avec les orientations prises par Google.