Louije

Philosophie, musique, interfaces

    • There’s a lot of hubris hidden in the term “user experience design.” We can’t design experiences. Experiences are reactions to the things we design.

  • Un catalogue du #futur proche – pas celui du futurisme californien ou de la #science-fiction, ni celui des dystopies :

    http://tbdcatalog.com (texte de Julian Bleecker) :

    This is not your near future of superlative Silicon Valley exuberance where you happily 3D-print a perfect set of lease-licensed Opinel steak knives or blissfully commute to work in your fascistically sleek Google-powered, chem-battery fueled autonomous vehicles.

    Un futur qui ressemble au présent, mais avec de nouveaux acteurs ou de nouvelles associations :

    This is not to suggest that the future may be bleak in the dismal pessimistic sense. It is just that the near future may probably be quite like the present, only with a new cast of social actors and algorithms who will, like today, suffer under the banal, colorful, oftentimes infuriating characteristic of any socialized instrument and its services. I am referring to the bureaucracies that are introduced, the jargon, the new kinds of job titles, the mishaps, the hopes, the error messages, the dashed dreams, the family arguments, the accidental data leak embarrassments, the evolved social norms, the humiliated politicians, the revised expectations of manner and decorum, the inevitable reactionary designed things that reverse current norms, the battalions of accessories. Etcetera.

  • Corrélation entre la richesse des communes et le vote écossais.

    http://www.vox.com/2014/9/19/6550159/the-scottish-vote-was-a-class-war-and-the-rich-won

    According to Johnston, change in income predicts about 55 percent of any region’s likelihood of voting for independence. So, all things being equal: the wealthier a region was, the more likely it was to oppose independence. But wealth was hardly the only factor that mattered.

    L’article finit par un extrait assez charmant du magazines aristo Tatler sur le désarroi des ducs à l’idée d’une séparation.

  • Les recherches sur l’usage médical des #hallucinogènes reprennent aux États-Unis :

    http://www.vox.com/2014/8/3/5960343/the-case-for-medical-lsd-mushrooms-and-ecstasy

    Les études sont autorisées et ont lieu dans des environnements contrôlés. Les résultats sont prometteurs pour aider à soigner la #dépression chronique et ont beaucoup atténué l’anxiété de malades du #cancer.

    The promise of hallucinogens, Grob explains, is that they could produce a psychological effect in one or two doses that would take months or even years to reproduce with other drugs.

    “When you’re talking about psychiatry, the medications we use that I prescribe all the time usually have to be utilized on a daily basis — for weeks, for months, sometimes for years,” Grob says. “When you’re talking about a hallucinogen treatment model, the drug itself might only need to be applied on one occasion or perhaps a couple of occasions spread out by many weeks or many months — all within the context of ongoing psychotherapy.”

    Pas des médicaments, donc, mais la tentative d’essayer une autre forme de #médecine, dans laquelle le patient est clairement partie prenante.

    They found some subjects who went through what was often only one session of treatment within the context of psychotherapy had a powerful mystical experience. That experience appeared to be predictive of a better therapeutic outcome down the line.

    Pour référence, le portrait d’un pionnier des recherches sur la #drogue avant leur interdiction (ses recherches portent moins sur les usages thérapeutiques que sur la stimulation de la créativité) :

    http://www.themorningnews.org/article/the-heretic

  • Je m’intéresse aux générateurs de sites statiques de l’écosystème de #node.js :
    Mes critères sont : simplicité, rapidité de prise en main, extensibilité, pas de langage de templates tout pourri (genre jade ou mustache).

    Les #outils intéressants (selon moi) :
    – Wintersmith : http://wintersmith.io
    – Assemble : http://assemble.io
    – Kerouac : https://github.com/jaredhanson/kerouac

    Après quelques essais, j’ai une petite préférence pour wintersmith (+ #nunjucks pour les templates).

    Quelques articles à propos de sa prise en main / configuration :
    http://davidtucker.net/articles/introduction-to-wintersmith
    http://www.alexnormand.com/blog/2012/07/switching-to-wintersmith
    http://www.da5hed.com/articles/wintersmith

    #javascript #build #static_site #site_statique

  • Quelques extraits de « L’Enracinement » (1943), de Simone Weil, qui ne sont pas sans rappeler « L’Etat », de Bernard Charbonneau
    http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/enracinement/weil_Enracinement.pdf

    Il y a eu en France ce paradoxe d’un patriotisme fondé, non sur l’amour du passé, mais sur la rupture la plus violente avec le passé du pays. Et pourtant la Révolution avait un passé dans la partie plus ou moins souterraine de l’histoire de France ; tout ce qui avait rapport à l’émancipation des serfs, aux libertés des villes, aux luttes sociales ; les révoltes du XIVe siècle, le début du mouvement des Bourguignons, la Fronde, des écrivains comme d’Aubigné, Théophile de Viau, Retz. Sous François Ier un projet de milice populaire fut écarté, parce que les seigneurs objectèrent que si on le réalisait les petits-fils des miliciens seraient seigneurs et leurs propres petits-fils seraient serfs. Si grande était la force ascendante qui soulevait souterrainement ce peuple.
    Mais l’influence des Encyclopédistes, tous intellectuels déracinés, tous obsédés par l’idée de progrès, empêcha qu’on fit aucun effort pour évoquer une tradition révolutionnaire. D’ailleurs la longue terreur du règne de Louis XIV faisait un espace vide, difficile à franchir. C’est à cause d’elle que, malgré les efforts de Montesquieu en sens contraire, le courant de libération du XVIIIe siècle se trouva sans racines historiques. 1789 fut vraiment une rupture.

    Le sentiment qu’on nommait alors patriotisme avait pour objet uniquement le présent et l’avenir. C’était l’amour de la nation souveraine, fondé dans une large mesure sur la fierté d’en faire partie. La qualité de Français semblait être non pas un fait, mais un choix de la volonté, comme aujourd’hui l’affiliation à un parti ou à une Église.
    Quant à ceux qui étaient attachés au passé de la France, leur attachement prit la forme de fidélité personnelle et dynastique au roi. Ils n’éprouvèrent aucune gêne à chercher un secours dans les armes des rois étrangers. Ce n’étaient pas des traîtres. Ils demeuraient fidèles à ce à quoi ils croyaient devoir de la fidélité, exactement comme les hommes qui firent mourir Louis XVI.
    Les seuls à cette époque qui furent patriotes au sens que le mot a pris plus lard, ce sont ceux qui sont apparus aux yeux des contemporains et de la postérité comme les archi-traîtres, les gens comme Talleyrand, qui ont servi, non pas, comme on l’a dit, tous les régimes, mais la France derrière tous les régimes. Mais pour eux la France n’était ni la nation souveraine, ni le roi ; c’était l’État français. La suite des événements leur a donné raison.
    Car, quand l’illusion de la souveraineté nationale apparut manifestement comme une illusion, elle ne put plus servir d’objet au patriotisme ; d’autre part, la royauté était comme ces plantes coupées qu’on ne replante plus ; le patriotisme devait changer de signification et s’orienter vers l’État. Mais dès lors il cessait d’être populaire. Car l’État n’était pas une création de 1789, il datait du début du XVIIe siècle et avait part à la haine vouée par le peuple à la royauté. C’est ainsi, que par un paradoxe historique à première vue surprenant, le patriotisme changea de classe sociale et de camp politique ; il avait été à gauche, il passa à droite.

    [...]

    L’État est une chose froide qui ne peut pas être aimée mais il tue et abolit tout ce qui pourrait l’être ; ainsi on est forcé de l’aimer, parce qu’il n’y a que lui. Tel est le supplice moral de nos contemporains.

    C’est peut-être la vraie cause de ce phénomène du chef qui a surgi partout et surprend tant de gens. Actuellement, dans tous les pays, dans toutes les causes, il y a un homme vers qui vont les fidélités à titre personnel. La nécessité d’embrasser le froid métallique de l’État a rendu les gens, par contraste, affamés d’aimer quelque chose qui soit fait de chair et de sang. Ce phénomène n’est pas près de prendre fin, et, si désastreuses qu’en aient été jusqu’ici les conséquences, il peut nous réserver encore des surprises très pénibles ; car l’art, bien connu à Hollywood, de fabriquer des vedettes avec n’importe quel matériel humain permet à n’importe qui de s’offrir à l’adoration des masses.

    [...]

    Le régime de Louis XIV était vraiment déjà totalitaire. La terreur, les dénonciations ravageaient le pays. L’idolâtrie de l’État, représenté par le souverain, était organisée avec une impudence qui était un défi à toutes les consciences chrétiennes. L’art de la propagande était déjà très bien connu, comme le montre l’aveu naïf du chef de la police à Liselotte concernant l’ordre de ne laisser paraître aucun livre sur aucun sujet, qui ne contînt l’éloge outré du roi.

    Sous ce régime, le déracinement des provinces françaises, la destruction de la vie locale, atteignit un degré bien plus élevé. Le XVIIIe siècle fut une accalmie. L’opération par laquelle la Révolution substitua au roi la souveraineté nationale n’avait qu’un inconvénient, c’est que la souveraineté nationale n’existait pas. Comme pour la jument de Roland, c’était là son seul défaut. Il n’existait en fait aucun procédé connu pour susciter quelque chose de réel correspondant à ces mots. Dès lors il ne restait que l’État, au bénéfice de qui tournait naturellement la ferveur pour l’unité – « unité ou la mort » – surgie autour de la croyance à la souveraineté nationale. D’où nouvelles destructions dans le domaine de la vie locale. La guerre aidant – la guerre est dès le début le ressort de toute cette histoire – l’État, sous la Convention et l’Empire, devint de plus en plus totalitaire.

    [...]

    Si l’État a tué moralement tout ce qui était, territorialement parlant, plus petit que lui, il a aussi transformé les frontières territoriales en murs de prison pour enfermer les pensées. Dès qu’on regarde l’histoire d’un peu près, et hors des manuels, on est stupéfait de voir combien certaines époques presque dépourvues de moyens matériels de communication dépassaient la nôtre pour la richesse, la variété, la fécondité, l’intensité de vie dans les échanges de pensées à travers les plus vastes territoires. C’est le cas du Moyen Âge, de l’Antiquité pré-romaine, de la période immédiatement antérieure aux temps historiques. De nos jours, avec la T. S. F., l’aviation, le développement des transports de toute espèce, l’imprimerie, la presse, le phénomène moderne de la nation enferme en petits compartiments séparés même une chose aussi naturellement universelle que la science. Les frontières, bien entendu, ne sont pas infranchissables ; mais de même que pour voyager il faut en passer par une infinité de formalités ennuyeuses et pénibles, de même tout contact avec une pensée étrangère, dans n’importe quel domaine, demande un effort mental pour passer la frontière. C’est un effort considérable, et beaucoup de gens ne consentent pas à le fournir. Même chez ceux qui le fournissent, le fait qu’un effort est indispensable empêche que des liens organiques puissent être noués par-dessus les frontières.

    [...]

    Quand on parle de souveraineté de la nation, aujourd’hui, cela veut dire uniquement souveraineté de l’État. Un dialogue entre un de nos contemporains et un homme de 1792 mènerait à des malentendus bien comiques. Or non seulement l’État en question n’est pas le peuple souverain, mais il est identiquement ce même État inhumain, brutal, bureaucratique, policier, légué par Richelieu à Louis XIV, par Louis XIV à la Convention, par la Convention à l’Empire, par l’Empire à la IIIe République. Qui plus est, il est instinctivement connu et haï comme tel.

    #histoire #patriotisme #peuple #gauche #droite #souveraineté #Etat #frontières #totalitarisme

    • The security state isn’t a person, it’s people. There’s so many of them and they’ve been given leave to take so many liberties that they’ve managed to become the environment. Like a demented terraforming project, they’re sucking down our communications and we’re breathing their air.

      #surveillance

  • Une explication détaillée des querelles entre FAI et fournisseurs de contenus vidéo autour de la bande passante.

    http://arstechnica.com/information-technology/2013/07/why-youtube-buffers-the-secret-deals-that-make-and-break-online-video

    Behind the scenes, in negotiations that almost never become public, the world’s biggest Internet providers and video services argue over how much one network should pay to connect to another. When these negotiations fail, users suffer. In other words, bad video performance is often caused not just by technology problems but also by business decisions made by the companies that control the Internet.

  • L’histoire vraie de Varg #Vikernes, le « #neo-nazi » arrêté l’autre jour, et vieille figure tutélaire du Black Metal scandinave, par François Vesin :

    http://www.slate.fr/story/75476/burzum-varg-vikernes

    L’article revient sur son inspiration païenne et antichrétienne plus que sataniste :

    Du pain bénit pour les journalistes qui écriront plus tard à son sujet. Seulement voilà, Kristian a une grille de lecture plutôt originale de la géopolitique de la Terre du Milieu. Pour lui, hobbits, elfes et nains incarnent le rouleau compresseur de la chrétienté à l’origine de la destruction des pratiques ancestrales païennes, alors que les armées de Sauron sont en fait les good guys, de valeureux Vikings qui ne cherchent qu’à défendre et étendre leur territoire.

    En toute logique, Kristian renomme son premier groupe, Kalashnikov, en Uruk-Hai (une race d’orques guerriers dans le Seigneur des Anneaux), avec des paroles aussi inteligentes que « Uruk-Hai / You will die ! ». Rebaptisé Varg (« loup » en norvégien) pour l’occasion, il rejoint Old Funeral, formé par les futurs membre de Immortal.

    Mais voilà, le death metal bas du front et plein de clichés, Varg Vikernes, 18 ans à peine, l’exècre. Les clubs technos de Bergen l’intéressent bien plus que les vestes à patchs. Sobre, il se met à rôder silencieusement dans ces lieux pour s’imprégner des vibrations et de la puissance froide et répétitive de la musique électronique.

    Et raconte sa #musique, le meutre d’Euronymous et sa postérité gênante pour la scène #Black-Metal.

  • Comment la critique des « bobos » est passée à droite
    http://lmsi.net/Comment-la-critique-des-bobos-est

    Rien n’est mieux partagé que le discours anti-bobo. L’ironie ou l’agressivité peuvent varier, mais chacun a un jour, d’un air entendu, utilisé ce mot pour parler d’un quartier, d’un restaurant, d’idées politiques, de modes vestimentaires ou de pratiques alimentaires. Nul besoin d’expliquer le terme, les bobos c’est les autres – et, pour certains, le nouveau repoussoir, l’incarnation d’un progressisme hypocrite, d’une branchitude désinvolte et indifférente aux vrais problèmes. Source : Les mots (...)

  • The Redesign, Dissolved — Dorian Taylor
    http://doriantaylor.com/the-redesign-dissolved

    What I’m trying to change is the all-or-nothing nature of the typical website redesign contract. With this scaffolding, you can deliver incremental results to your clients into production, so their business goals—and your payday—aren’t waiting on some far-off launch date. What’s more is that you don’t have to know or care one jot about the morass that is whatever platform—or platforms—your client currently has in use.

    #design #web

  • Sam Jacob on the NSA #Prism surveillance programme and #design-thinking:

    http://www.dezeen.com/2013/06/13/sam-jacob-opinion-digital-culture-affecting-design

    Prism is part, I would suggest, of the realm of design thinking. This is a problem-solving methodology born out of similarly strange bedfellows as The Californian Ideology. In this case it’s art school creativity hijacked by management theory. Design thinking suggests the synthetic way in which designers are (supposed to be) thinking can be applied to almost any subject. [...] Design thinking is marked by the scale and scope of its operations. Rather than isolating particular problems, it attempts to survey the whole scenario. [...]

    By seeing the world through the lens of this conceptual design ecosystem, design thinking abstracts the world into a series of interactions with outputs and it remains poised to provide a solution for anything. Never mind the fact that there are many who would argue with the idea of design as a solution-focused activity, that this conception of design is pure ideological cant.

    Of course, like digital culture and like late capitalism, design thinking prefers to appear a non-ideological matter of common sense. Apparently de-politicised and post-ideological, design thinking appears free of its own innate desires and tendencies in order to open-mindedly and radically reinvent the world.

    (via http://betaknowledge.tumblr.com)

  • Paul Ford, sur #Facebook-Home :

    The moral vision of the #Dynabook posited that people would use technology to manipulate code and data, to create models of the world—as many as they needed in order to understand it. In contrast, #Facebook has a single model of the world, unapologetically monolithic: the canonical graph of the relationships between more than a billion human beings.

    http://www.technologyreview.com/review/515911/the-strangeness-of-facebook-home

    La machine à créer des modèles ≠ le système qui n’exploite qu’un seul modèle à l’infini.

    • Ça fait penser à l’expérience de Milgram :
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram
      Je suis d’ailleurs assez dubitatif quant à la validité morale de ce type d’expérience (c’est explicité dans la fiche Wikipédia concernant Milgram).

      Ici, en particulier, poser la question sous l’angle du « mal » et du jugement moral (« is it wrong ? ») alors que l’expérience elle-même repose sur le fait d’organiser le meurtre (certes fictif) de quelqu’un et de le faire en manipulant quelqu’un par le mensonge, ça me semble très discutable.

  • L’évêque d’Angoulême voit dans la politisation récente de certains catholiques un piège et un égarement :

    http://mgrclaudedagens.over-blog.com/article-le-catholicisme-intransigeant-une-tentation-perma

    Un certain nombre de catholiques français, qu’il ne faut pas confondre avec l’Église catholique qui est en France, sont, sans le savoir, fidèles à une tradition qui vient de très loin, bien avant la Révolution française. Ils se laissent déterminer de l’extérieur, par ce que le Général de Gaulle appelait les « circonstances » de la vie politique. Ils sont pris dans des rapports de forces qui leur échappent, mais en fonction desquels ils rêvent d’affirmer leur identité, de façon militante, soit en se défendant contre ceux qui les contestent, soit en participant à des manœuvres offensives, espérant retrouver ainsi des positions dominantes dans notre société.

    Il recentre la question d’une façon qui pourrait permettre un peu de pluralité au sein de l’#Eglise autour du #mariage-pour-tous :

    L’urgence est plutôt de lutter contre tout ce qui déshumanise notre société, contre tout ce qui envenime les pauvretés muettes, contre tous ces processus qui réduisent les personnes à des objets manipulables selon les exigences exclusives de la rentabilité financière ou technique, en tous domaines.

    Et conclut avec une langue charmante (« solidaire ») :

    Quant aux responsables de l’Église catholique en France, dont je suis solidaire, ils seraient mal inspirés s’ils cherchaient à prendre en marche le train des poussées politiques, en essayant de faire plaisir aux ultras et aux autres.

    #catholicisme #religion #politique

  • La souffrance du lepéniste | Pierre Tevanian (Les mots sont importants)
    http://lmsi.net/La-souffrance-du-lepeniste

    C’est entendu : l’électeur lepéniste souffre. De Rachida Dati à Ségolène Royal, De Hollande à Sarkozy, tout le monde le dit, partout : la France qui vote FN, c’est la France qui souffre, et il faut entendre cette souffrance. Et en un sens c’est vrai... Source : Les mots sont importants

    • Toutes les enquêtes statistiques le confirment, depuis des années : ces électeurs-qui-souffrent se répartissent sur toute l’échelle sociale, des plus bas aux plus hauts revenus, dans des proportions à peu près équivalentes à celles de la société dans son ensemble, et les catégories sociales sur-représentées dans cet électorat ne sont pas tant les chômeurs ou les ouvriers que les fonctionnaires de police et les artisans-commerçants-chefs d’entreprise (les scores impressionnants du FN chez les ouvriers et les chômeurs n’étant qu’un effet d’optique trompeur lié à l’abstention : les ouvriers et les chômeurs ne votent pas plus que la moyenne pour le FN, mais ils votent moins que la moyenne pour les autres candidats, et sont sur-représentés chez les abstentionnistes et les non-inscrits).

      Cet électorat-qui-souffre est aussi est un électorat masculin beaucoup plus que féminin, dans un pays où les hommes sont nettement moins exposés que les #femmes à la précarité et aux bas salaires – sans parler des viols, des violences conjugales, du harcèlement sexuel et des tâches ménagères. Cet électorat souffrant est enfin un électorat quasi-intégralement blanc, dans un pays où les Blancs sont nettement moins exposés que les Noirs et les Arabes à la précarité et aux bas salaires – sans parler des contrôles au faciès, des violences policières et de la discrimination dans l’emploi ou le logement. Tout cela, répétons-le, est attesté par d’innombrables données chiffrées.

  • L’auteur du « Guerrier de la Lumière » pratique ce qu’il prône dans ses livres et appelle à les pirater le plus possible.

    « Le guerrier de la lumière partage avec les autres sa connaissance du chemin. Celui qui aide est toujours aidé, et il a besoin d’enseigner ce qu’il a appris. Aussi s’assoit-il près du feu pour raconter comment s’est passée sa journée de lutte. Un ami murmure : « Pourquoi parler ainsi ouvertement de ta stratégie ? Ne vois-tu pas que, en agissant ainsi, tu cours le risque de devoir partager tes conquêtes avec les autres ? » Le guerrier se contente de sourire et ne répond pas. Il sait que s’il parvient au terme de son voyage dans un paradis vide, son combat n’en aura pas valu la peine. »

    Il tord aussi le cou à la légende comme quoi les artistes ne créeraient que pour l’argent en faisant remarquer que la plupart des créateurs n’ont gagné ni argent, ni considération.

    http://paulocoelhoblog.com/2012/01/20/welcome-to-pirate-my-books

  • Pitchfork & le rock indé : 5.4/10

    http://nplusonemag.com/54

    n+1 publie un gigantesque article sur #Pitchfork (site de critique musicale « #rock #indé ») et la culture qui l’entoure et qu’il encourage.

    L’article commence par retracer l’histoire du site (qui débute en 1995 comme fanzine web d’un bachelier du Minnesota) et ses premiers succès, jusqu’à sa position actuelle de « faiseur de roi », déterminant le succès commercial d’un disque ou d’un groupe.

    Mais cette histoire est indissociable de celle d’un genre particulier :

    It is worth noticing that “indie rock” is one of the few musical genre names that doesn’t refer to a musical aesthetic: the genre was founded on an ethic of production.

    Et ceci, en parallèle avec l’apparition de #Napster, d’une nouvelle culture de l’écoute, du partage et de l’appropriation gratuite de la #musique :

    Back when people still had to pay for music, money served to limit and define consumption. (...)
    Those select few who did manage to hear everything—record store clerks, DJs, nerds with personal warehouses—could use this rare knowledge to terrorize their social or sexual betters (...)
    Napster made all of that obsolete. Today, almost every person I know has more music on his computer than he could ever know what to do with. (...)
    In the 21st century, we are all record store clerks.

    En retour, le site et son influence ont conduit à la valorisation d’une conception postmoderne, pourrait-on dire, de la musique :

    Did these bands suck? Was there something that Pitchfork had missed? Although Broken Social Scene, Arcade Fire, Sufjan Stevens, M.I.A., and Animal Collective all produced sophisticated, intelligent music, it’s also true that they focused their sophistication and intelligence on those areas where the stakes were lowest. Instead of striking out in pursuit of new musical forms, they tweaked or remixed the sounds of earlier music, secure in the knowledge that pedantic blog writers would magnify these changes and make them seem daring. Instead of producing music that challenged and responded to that of other bands, they complimented one another in interviews, each group “doing its own thing” and appreciating the efforts of others. So long as they practiced effective management of the hype cycle, they were given a free pass by their listeners to lionize childhood, imitate their predecessors, and respond to the Iraq war with dancing. The general mood was a mostly benign form of cultural decadence.

    En fin de compte, la décadence s’avère politique. De musique pour petits blancs pauvres, dit l’auteur, l’indie est devenu une musique pour petits blancs riches.

    This is a kind of music, in other words, that’s very good at avoiding uncomfortable conversations. Pitchfork has imitated, inspired, and encouraged indie rock in this respect. It has incorporated a perfect awareness of cultural capital into its basic architecture. A Pitchfork review may ignore history, aesthetics, or the basic technical aspects of tonal music, but it will almost never fail to include a detailed taxonomy of the current hype cycle and media environment.

    L’article conclut sur rien d’autre qu’un appel au modernisme :

    One of pop music criticism’s most important functions today is to perpetuate pop music’s favorite myth about itself—that it has no history, that it was born from nothing but drugs and “revolution” sometime in the middle of the 20th century. But the story of The Beatles doesn’t begin with John, Paul, George, and Ringo deplaning at JFK. It begins with Jean-Philippe Rameau’s 1722 Treatise on Harmony, which began to theorize the tonal system that still furnishes the building blocks for almost all pop music.

    Most of all, though, we need new musical forms. We need a form that doesn’t think of itself as a collection of influences. We need musicians who know that music can take inspiration not only from other music but from the whole experience of life. Pitchfork and indie rock are currently run by people who behave as though the endless effort to perfect the habits of cultural consumption is the whole experience of life. We should leave these things behind, and instead pursue and invent a musical culture more worth our time.

  • #Megaupload : De ma petite lorgnette musicale-minoritaire, me voilà un rien énervé par le discours des petits marquis de l’internet libre, sur l’air de « ouais Mu c’étaient des gros vilains et pis les gens vont migrer ailleurs et pis le torrent c’est mieux » etc. et j’en oublie.

    Ce que je constate dans mon petit coin de ouèbe, en ne regardant pour l’instant que le continent #muzik, c’est la disparition soudaine d’archives entières de la culture populaire & underground musicale, des sites de nouvave serbe, d’underground musical japonais, de cassettes Do It Yourself des années 80, de punk thaïlandais, de musiques du monde, d’ethnographie musicale etc., tous ces trucs jamais réédités, parfois même jamais édités, dont même les fameux « ayant-droits » (enfin pas ceux des lobbies...) applaudissaient l’existence. Tout un Monde s’était ouvert et force de constater qu’il vient de disparaître.

    Au fur et à mesure que je me promène pour mesurer l’étendue des dégâts et que je lis ce que les collectifs ou les individus concernés écrivent, je m’aperçois que s’ils s’étaient livrés pieds et poings liés à un service propriétaire, centralisé, tenu par des gros vilains, c’est tout simplement parce qu’il n’y a semble-t-il pas d’équivalent en termes de service pour des grosses archives de culture populaire, les torrents meurent faute de seeders, les autres sites de direct download n’offrent pas de bande passante suffisante, effacent les fichiers rarement téléchargés, ont des coûts prohibitifs etc.

    Alors quand je lis que « c’est une bonne leçon bla-bla », j’ai envie de distribuer des baffes ; quand je lis « les gens vont migrer vers d’autres services bla-bla », j’ai envie d’étrangler quelqu’un, parce que non, je vois les gens baisser les bras, pour l’instant ils ne trouvent pas comment, c’est un fait ; rééditer, rezipper, re-transférer des années d’archives et de boulot au fil des jours, c’est un travail de titan.

    La combinaison [site ou blogue + direct download] s’est avérée mortifère mais elle a fait vivre un bon moment des communautés de passionnés d’expressions musicales minoritaires, des micro-cultes qui ont gagné des adeptes et PARTAGÉ leurs engouements. Ils en ont pris plein la gueule sur ce coup-là, je suis triste pour tous mes camarades et leur pédagogie des catastrophes, les beaux esprits pour le moment ils peuvent se la mettre où je pense. Il y a eu un Grand Massacre et pas tout le monde va s’en remettre. Dire que les gens auraient dû faire attention, ouais c’est sûr, mais les gens ils ont utilisé l’outil le plus pratique mis à leur disposition, les passionnés ne sont pas toujours des passionnés de technique (et inversement j’ai bien l’impression quand je vois la froideur des discours).

    Il y a pas que les ados qui font la gueule, là. Ouais, bon, je sais, je suis aussi un ado attardé. Et je sais que je me ferai sans doute pas comprendre.

    • Je signale que les petits films rares et zarbis, italiens et espagnols que j’affectionne, en P2P, c’est également la plaie. Ça prend des semaines, et il manque toujours un bout…

      Mais bon, à partir du moment où les beaux esprits ont tous (mais vraiment tous) accepté l’idée que Megaupload était une « mafia », et qu’il était « indéfendable », en se bouchant le nez, ils acceptent l’idée toute simple que son activité était criminelle.

      C’est-à-dire :
      – être un hébergeur pas assez regardant sur le copyright fait de toi un criminel,
      – 90% du volume des échanges étaient copyrightés pour 50% du nombre de fichiers (selon je ne sais trop quelle estimation réalisée par qui), ce qui justifie d’effacer 50% des fichiers légitimes sans pleurer,
      – copier, c’est voler et/ou tous les copyrights sont légitimes.

      Je trouve d’autant plus marrant que, pour faire avaler ces idées (que, croyais-je, nous combattons depuis des années), il suffit de dénoncer le fait que cet hébergeur fasse du fric. Alors que, juridiquement, violer le copyright sans faire de fric est tout aussi interdit – essaie de diffuser en P2P 2000 films copyrightés, sans faire d’argent, et prépare-toi à finir en prison. (En fait : les beaux esprits se réjouissent parce qu’une loi qui n’a été conçue que pour protéger la ploutocratie est, enfin, appliquée.)

      À partir de là, on admet évidemment les arguments des maisons de disque concernant le copyright et la lutte contre le piratage, on admet les lois à la con sur les intermédiaires techniques (et le fait qu’ils devraient être « proactifs »), sur les limitations de l’échange de fichiers copyrightés. Et les vieux disques de calypso, les mix-tapes et compagnie, les séries B des années 60-70, c’est soit illégal, soit très borderline.

      Mais en abdiquant en rase campagne face aux arguments super-convainquants du FBI contre MegaUpload, bien évidemment qu’on expédie à la poubelle tous ces fichiers du même coup. Les autres systèmes d’hébergement (mediafire) sont certainement aussi condamnables sur le fond (c’est centralisé et c’est payant !), et ils vont rentrer dans le rang. Archive.org ne va pas héberger des fichiers limite-limite, je ne vais pas le faire, et personne ne va le faire. (Et surtout pas gratuitement.)

    • Autant je comprend bien les argument du camarade @moderne sur la perte de plein d’archives indé, autant je ne vois pas en quoi critiquer Megaupload revient à défendre avec ferveur le droit d’auteur. Il me semble qu’il reste possible de ne pas aimer et dire du mal de l’entreprise MU sans pour autant vouer un culte au FBI et aux autres méchants. Il me semble aussi que la différence suscitée — faire du fric, ou pas — si elle n’a pas d’importance juridique, peut en avoir pour nous, qui a priori ne nous arrêtons précisément pas à ce qui est strictement légal ou non.

      Après il semble que l’utilisation de MU et ses potes pour des fichiers rares n’a pas vraiment d’issue gentille ; mais ça non plus ça ne devrait pas nous empêcher de critiquer MU (comme si utiliser gmail nous dispensait de dire du mal de google…).

    • ben moi j’ai jamais accroché au P2p2 n’en déplaisent aux puristes, j’ai essayé plusieurs fois, ces listes de liens m’ont ennuyé, je trouve ça rébarbatif.
      j’y ai préféré le direct download, et les blogs qui en proposent.
      Megaupload est juste une entreprise capitaliste , pas plus louable qu’une autre. c’est le système de copyright lui même qui l’a créée et à moins de transformé la planète entière en une prison, ce qui est en train de se faire, cette main mise sur la création est vaine.
      Ils ont préféré le choix de la sanction et la culpabilisation de l’internaute pirate et voleur.
      Alors que des solutions existent comme le mécénat global entre autre.
      L’escroquerie est pour moi des deux côtés l’industrie du disque ne veut pas remettre en cause le copyright et n’est pas prête techniquement et ne veut pas non plus renoncer aux profits qu’elle engrange sur les artistes et le consommateur. Le système de copyright tel qu’il est conçu est obsolète, plutôt que de le remettre en cause on criminalise l’internaute, mettant dos à dos et artistes et consommateurs.
      c’est sans fin

    • Il y a une petite chose que je ne comprends pas pour ce qui est de l’hébergement d’archives rares et qui ne sont pas un enjeu de copyright. Pour les archiver sur les serveurs de Megaupload, il fallait payer tous les mois un abonnement. La question que je me pose, c’est de savoir pourquoi il n’est pas possible de payer l’équivalent de cet abonnement à un hébergeur, comment dire ?, plus professionnel ?, et de construire un site ou un blog hébergé par ce même hébergeur qui donne les liens de téléchargement pour ces précieuses ressources.

      C’est par exemple ce que j’avais fait depuis mon petit site pour le film Elle a passé tant d’heures sous les sunlights de Philippe Garrel, désormais hébergé sur le site de Jérôme Bonnetto auquel je rendais service à l’époque.
      http://www.jeromebonnetto.net/Philippepresentationlettre.htm

      Parce que quitte à payer pour un peu de place sur un serveur, c’est vrai que j’aurais tendance à préférer, quitte à ce que cela me coûte un peu plus cher, être un peu regardant sur les conditions de vente (vous savez les petites écritures au haut du bouton OK sur lequel on clique sans réfléchir pour aller au plus vite).

      Il me semble qu’à trop vouloir atteindre de public, on finisse par être éclaboussé par des techniques que l’on réprouve par ailleurs. Et qu’on a sans doute beaucoup à gagner en gardant un périmètre artisanal à nos bonnes initiatives et de privilégier la patience dans les constructions.

    • C’est un peu ce que je me disais ensuite : globalement, l’industrie s’en fout des trucs rares non ? Ma maigre (et pathétique) expérience personnelle des sites de direct download se concentre sur les gros animes japonais. Quand un nouvel épisode d’une série sort, il est aussitôt traduit et mis en ligne sur des dizaines de sites de direct download, plus des espaces free perso etc. Liens qui évidemment disparaissent rapidement : mais ça n’a pas plus de conséquence : aucun uploader n’est (jusque là) poursuivi. Alors les films et musiques rares, j’imagine qu’ils sont vraiment laissés tranquille (la preuve d’ailleurs puisque si j’ai bien compris, jusqu’à la chute de MU, il y résidaient tranquillement). Et du fait de leur rareté, la bande passante nécessaire ne devait pas être mirobolante. Il semble donc que pour ce type de fichiers, il existe des alternatives.

    • s’attaquer au sites de streaming c’est un faux problème, le secteur du libre n’a aucun problème et nombreux sont les artistes qui proposent leur production gratuitement :
      Radiohead : L’industrie du disque est responsable du piratage.
      Radiohead n’a pas de problème avec le piratage de musique, et prétend que l’industrie du disque est responsable.
      Le guitariste, Ed O’Brien, accuse l’industrie de ne pas s’être adaptée au digital plus rapidement, et enfonce le clou, en disant que l’industrie du disque est seule responsable de la situation actuelle de la musique. ’J’ai un problème quand j’entends ‘ le piratage tue l’industrie, ça nous écartèle’. Je n’y crois pas du tout ... Les pirates n’achètent peut être pas les albums mais ils vont aux concerts, achètent des t-shirts etc…
      Le business a changé, il faut plus de sites vendeurs de musique, il faut baisser les prix pour être compétitifs avec le peer-to-peer.
      ’C’est le problème des 10 dernières années, nous en sommes là car rien n’a été fait avant.’

    • @arno ta démonstration repose sur un syllogisme ; pour faire court, sous la prohibition la mafia vendait de l’alcool et était criminelle ; le dire n’empêche pas de penser ni que la prohibition était absurde (le fait de vendre de l’alcool n’était pas nécessairement en soi criminel), ni que la mafia était criminelle (de fait elle l’était, je crois… enfin je connais ça à travers les films de gangsters).

    • Désolé, mais vous refaites le coup : vous confondez (volontairement ?) légalité et légitimité, rare et « sans copyright ». Les sites de fichiers dont parle Moderne, et que j’évoque aussi pour les films, y’a pas tellement photo : par principe c’est à la fois sous copyright et rare. C’est le problème que décrit Moderne :
      – c’est rare, mais par effet de longue traîne, ça coûte tout de même beaucoup ; les sites dont on parle disent qu’en dehors de MU, ça leur coûte trop cher (je vous signale que, même avec du Web centralisé, se mettre à plusieurs pour financer un truc, ça s’appelle de la mutualisation, et que c’est un principe pas totalement aberrant : les gros navets américains en version française financent paradoxalement la bande passante des fichiers rares) ;
      – c’est rare, mais comme cette méthode de « distribution » fait réapparaître un marché là où il n’y en avait pas ou d’une manière invraisemblablement inefficace (bon sang, avant l’internet, je commandais des films en bootleg à Miami, ça coûtait une blinde pour avoir des navets mal recopiés), alors les ayant-droits risquent à tout moment de te retomber sur le râble (et ils auront la loi avec eux). Donc faut pas être naïf : ces gens passent par un hébergeur justement pour limiter le risque juridique. Quand on parle de « mafia », c’est bien cette tautologie qu’on décrit : des gens doivent bien passer par des stratégies d’évitement (pas glorieuses), parce que personne n’a vocation à se faire saisir sa maison au motif qu’il diffuse des vieux navets italiens qui passent habituellement à trois heures du matin sur la Raï.

      Après, je ne suis pas un absolutiste anti-copyright (m’enfin faut être cohérent quand même). Si un marché renaît grâce à la numérisation, je suis très partisan de souscrire à une offre légale. Mais quelle offre légale ? Elle est où ? Pour l’instant, la seule chose qui a réussit à imposer une vague offre légale, c’est l’existence de ces « pirates » qui limitent les excès du marché légal.

    • @fil : la mafia était-elle critiquable parce qu’elle vendait de l’alcool sous la prohibition ? Ou parce qu’elle zigouillait des gens pour contrôler son marché ?

      Pour l’instant, je n’ai pas vu d’autre reproche fait à MU que de l’infraction au copyright (selon un principe de responsabilité de l’hébergeur qui est, déjà, discutable). Pas de piratage de serveurs pour faire tourner son bizness, pas de diffusion massive de pédo-pornographie, et pas de détournement de cartes bleues…

      L’illégalité est de toute façon un syllogisme : est interdit par la loi ce qui est interdit par la loi. On n’en sort qu’en passant par l’intérêt public et l’illégitimité ; et là, on ne va pas s’aligner sur la mafia du copyright.

    • Je ne sais pas pourquoi tu veux à tout prix qu’on défendre le copyright quand on ne défend pas MU. Il me semble que personne ici — on pourrait à la limite mais ce n’est pas le cas — ne se réjouit de la chute de MU parce que c’était illégal.

      Après, cette question réelle des fichiers rares mérite d’être examinée en profondeur. La question est double : y-a-t-il vraiment un risque à partager des fichiers « rares » (dans quelque condition que ce soit) et existe-t-il des alternatives plus gentilles que MU à un coût à peu près équivalent ? Les sites dont on parle disent non, je n’ai pas de réponse. Pour ce qui est du risque, le FBI vient de nous démontrer que MU n’en était pas exempt.

    • Je suis un mauvais porte parole des critiques de MU mais y’en a pas mal des arguments hors copyright me semble-t-il, et en premier lieu le fait que ce système recrée une logique de consommation pure (pour les téléchargeurs) quand le p2p et ses amis favorisent le partage (voire l’obligent) et évitent davantage d’enrichir des société purement commerciales. D’autres résumeraient ça bien mieux que moi mais il est certain en tout cas que les critiques de MU par les « petits marquis de l’internet libre » comme le dit fourbement @moderne ne sont pas basées sur les infractions au copyright.

    • @ARNO, je me trompe peut-être, mais les contenus sous droits mais rares ne sont pas nécessairement un enjeu pour leurs ayant droits, bien sûr il y a des exceptions, par exemple, le fils de Raymond Queneau qui déchaîne des foudres juridiques dès qu’il aperçoit le premier vers des cent mille milliards de poèmes de son père, quand on sait qu’il se vend moins de deux cents exemplaires du livre chez Gallimard (et dieu sait si ce livre est mal foutu pour sa lecture) ce n’est quand même pas la règle, au contraire, il me semble, je pense par exemple au syndicat des musiciens de jazz en France qui au moment d’Hadopi avait milité contre le projet de loi. Et il n’est d’ailleurs pas interdit de demander aux ayant-droits leur accord (c’était le sens de l’exemple que je donnais avec le film de Philippe Garrel).

    • @baroug : le problème, c’est qu’à force de se boucher le nez, on est toujours perdant. La répression (surtout de cette ampleur) sait parfaitement taper là où elle rencontrera le moins de soutien.

      Ce que je vois là, ce sont les sites militants qui basent (assez unanimement) une grosse partie de leur analyse sur des révélations qu’ils n’ont pu obtenir que grâce au FBI ou aux statistiques des ayant-droit. Et qui, même si leur critique est légitime, le font exactement le jour de l’arrestation. Ou disent « on ne va pas soutenir Untel » alors que les hélicoptères du FBI sont venus arrêter Untel, et que ce Untel va certainement passer les prochaines années de sa vie en pyjama orange comme n’importe quel al-qaediste. Je trouve ça moins que glorieux.

      Je rappelle que, selon cette logique des révélations qui tombent pile-poil quand ça arrange le système, Ben Laden regardait des films porno en fumant de la marijuana, Assange est un violeur de femmes, Manning un homo refoulé qui se venge de son père et, plus ancien, Lacambre protégeait ceux qui font de l’argent sur la vente de Zyklon B. (Les photos de Schmidt en train de poser avec sa grosse voiture, les « révélations » sur le fait qu’il se soit planqué chez lui, c’est vraiment indigne d’un média engagé.)

      La répression tombe d’abord sur les éléments faibles (moins populaires, voire critiquables dans leur vie privée – hello, J. Edgar), et dans tous les cas, une intense campagne de « révélations » va démontrer que ce ne sont pas des gens pour lesquels il est valable de se mobiliser. Bon, en gros, il y a toujours d’excellentes raisons pour ne pas soutenir la liberté d’expression des affreux, et le système se fera toujours un grand plaisir à te rappeler ces raisons.

      Et au final, on revient au principe même de la censure : c’est de la censure ! À force de ne pas vouloir défendre cette « mafia » et se contenter de dire « bien fait pour les cons qui étaient là-dessus », on arrive exactement à l’effet prévisible de la censure : on occulte les aspects positifs de ce système, et on laisse crever des milliers d’usages légitimes (mais pas encore légaux, je le répète). Les sources de @moderne, et je partage beaucoup de ces constats, c’est que les fichiers minoritaires, en P2P, ça ne fonctionne pas bien du tout ; alors qu’avec MU, ben, oui.

    • – Je confirme que mon tour du ouèbe continuant, pour les sites en question, vue la taille de certaines archives, constituées pas à pas depuis des années, avec des communautés ou des suiveurs se comptant par milliers dans le monde entier, il ne semble pas y avoir d’alternative pratique et peu coûteuse pour l’instant. Suite à un appel au don, j’ai fait un don à l’un d’entre eux, qui m’a été remboursé : en une journée il consommait sur mediafire la bande passante allouée pour un mois, ça ne tenait pas. Dans d’autres cas le travail de reconstitution prendrait tant de temps qu’il est impossible etc. Je parlais ici d’archives importantes et spécialisées, on a ça aussi dans le cinéma bis, les magazines-fanzines anciens etc.

      – La longue traîne c’est une pure connerie, le temps l’a démontré : les vendeurs concentrent leurs feux sur un petit nombre de titres avec gros marketing et gros rendement, avec retour financier très rapide et ça ne change pas. Même si constituer des archives de choses rares serait sans doute rentable à long terme (google le fait avec des livres mais clairement à la condition de se placer dans une situation de monopole et avec une puissance de feu financière sans équivalent), il y a un coût de constitution important dans la numérisation et la mise en place, qui demande de plus de payer du travail humain. Les rééditions de choses rares en musique sont faites par le même genre de petits éditeurs qui les avaient publiés au départ, ou par des structures associatives, des initiatives individuelles, dont le but n’est pas la rentabilité et qui sont très rarement rentables.

      – Je crois que c’est une erreur de concéder au « système » que MU c’étaient des gros vilains qui s’empiffraient : c’est le « système » lui-même qui par une législation absurde -avec notamment une extension délirante de la durée de la protection, une protection uniforme sur les oeuvres qu’elles soient orphelines, plus éditées ou pas- a créé MU qui rendait un service utile, efficace et visiblement peu cher. Je pense comme @ARNO* que ce n’est pas sur le bootlegger qu’il faut taper, je ne vois pas vraiment ce qu’il y a de si répréhensible dans son mode de vie baroque et frappadingue qui sert d’argument massue pour détourner le débat, c’est le petit capitaliste moyen des temps décomplexés et alors ? qu’est-ce que ça à voir avec la question ? Si le même service avait été fourni sur une base contributive et communautaire par une bande de protestants barbus adorateurs du Libre et donneurs de leçons, ils auraient été embastillés itou !

    • Vos arguments sont intéressants et convaincants, mais ne vous trompez pas de critiques : personne ici (je crois ?) ne se préoccupe du mode de vie de Dotcom ou de la vie privée de ses copains, il me semble que les critiques se focalisent sur le modèle et les principes du direct download. Mais tu as raison @arno : il n’est pas très sain de concentrer ces critiques là au moment ou le FBI fait un raid (personnellement, je dis du mal de MU depuis longtemps).

    • @ARNO, là je trouve que ton argumentation est plus percutante, et dans le même genre de situations où l’on peut se retrouver en compagnie de gens pas très recommandables, j’imagine qu’il y a le cas d’espèce de Larry Flynt.

      Mais je ne démords pas de trop sur le fait que les initiatives locales et minuscules d’archivages ne sont pas à négliger.

      Je te donne un autre exemple, la revue txt, si tu fais une recherche sur revue txt dans google
      http://www.google.com/search?q=revue+txtr&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:en-US:official&cl

      Et tu tombes sur une initiative entièrement locale, communautaire d’archivage d’une vraie rareté appartenant néanmoins au patrimoine

      http://www.le-terrier.net/txt

    • Philippe : le jour où un quelconque « ayant-droit » tombe sur ton archive sympa, il t’obligera à la fermer, même si il n’a aucune intention de faire un quelconque usage des textes.

      Par ailleurs, si tu veux faire une archive plus importante sur un ensemble de textes du même acabit et qu’elle devient un point de passage plus important, il semblerait que tu fasses face à des problèmes de financement de ton serveur.

    • Mon point de départ : des tas de camarades virtuels semblent bicher à propos d’un événement qui s’avère être un véritable drame pour un nombre bien plus importants d’autres camarades virtuels : il y a un bogue quelque part.

      Donc un malaise au départ : il m’a semblé que les 1ers gentils camarades théoriciens glosaient avec un rien de légèreté bien loin de la réalité des pratiques des gentils camarades archiveurs.

      D’où je suis, le fait est qu’un Trésor international d’archives a disparu en une nuit ; on verra bien s’il réapparait et à quelle échéance et au prix de quel efforts.

    • Merci pour cet excellent post.
      Je suis moi-même un peu consterné par les réactions du type « c’est une bonne leçon »...

      Si les autres modalités de partage (P2P) n’ont pas eu le succès de MU, et surtout n’ont pas touché la même catégorie de population (je n’ai pas de stats sur le sujet) c’est bien sur parce qu’elles demandent des compétences techniques et informationnelles autrement plus rares.

      Les plus touchés par la fermeture sans préavis de MU, ce ne sont donc pas les cracks du cryptage décentralisé, mais effectivement les mal éduqués et mal dotés en compétences digitales. Et même pour les biens élevés numériques, il semble que le service MU n’ait pas vraiment d’équivalent.

      Ce sont également toutes ces petites communautés d’échanges autour de cultures minoritaires, de niche, mauvais genres et avant-gardes, qui avait parié, plus ou moins consciemment, sur le mauvais cheval technique.

      Les réactions mondiales sur twitter la nuit de la fermeture laissent également envisager l’ampleur du rôle de redistribution internationale des richesses culturelles joué par ce type de plateformes...

    • J’aime bien cet échange, on se croirait sur feu uZine :)

      Ce qui m’énerve dans cette affaire :

      – ce sont les commentateurs de forums qui font de Kimble une sorte de héros des libertés individuelles et de l’accès à la culture pour tous. On peut voir la fermeture de MU comme étant arbitraire, oui. Y voir une débauche de moyens policiers digne de la guerre à la terreur et y voir un mauvais signe de l’influence des majors de l’industrie de l’enterntainment, oui. Mais Schmitz est une merde quand même et c’est pas d’aujourd’hui, j’aime bien le parallèle avec Larry Flint. Dire l’un, n’empêche pas de dire l’autre.

      – les attaques d’Anonymous, qui dans le genre n’ont rien d’autre à foutre que de se rebeller contre la fermeture de MU, franchement si c’est pas merdique ça quand même - sauf si « on » nous raconte que des conneries. Je sais qu’Anonymous est par principe plein de gens différents non coordonnés - donc aussi des paquets de cons politiques. Je sais que ça peut aussi être le FBI ou la CIA (remember COINTELPRO et le traffic de drogue chez les BPP). Ok. Le résultat est quand même que leurs réponses à cette affaire MU ne va faire que renforcer la société de surveillance.

      Sinon, j’aime bien ce long échange, la pensée et l’argumentaire se construit de commentaires en commentaires... To be continued ?

    • Comme je ne suis pas du tout compétente dans ce domaine (je suis ce débat avec beaucoup d’attention) ma réflexion peut sembler utopique pour certains (naïve pour d’autres) : plutôt que tout arrêter avec tant de fracas, n’eut-il pas été plus constructif de taxer les revenus des caïds de MU pour aider à la création, éventuellement rémunérer les ayants-droit.
      – il y a-t-il eu une recherche d’accord entre MU et une quelconque autorité pour justement trouver une solution qui serve l’intérêt général et fasse avancer la question dans ce domaine ?
      – le bénéfice culturel du citoyen lambda (ou l’intérêt général) a-t-il été à un moment ou à un autre interrogé ?
      – la richesse culturelle du site mise à disposition du public a-t-elle été prise en considération ?

      A la lumière de ce que je lis, ce n’est pas la défense de l’intérêt général (créateur et amateur) qui a été le moteur de l’arrêt de MU mais celui de quelques uns, notamment de l’industrie « culturelle » et celui de l’autorité-qui-a-le-pouvoir. Consomme et tais-toi mais vote pour moi parce qu’on est en démocratie !

    • c’est là que je voulais en venir @baroug. Quels intérêts sont en jeu précisément, ceux de qui ? Et qu’advient-il des données archivées par les internautes ? Confisquées par le FBI mais au nom de quoi ? Et les internautes dont les données sont confisquées ne s’insurgent-ils pas contre ce rapt dont on peut douter de la légitimité et même de la légalité ?

    • Ah Golummoderne tout de même ! J’en avais vraiment marre d’entendre ces discours qui défoncent MU sous prétexte que c’est centralisé et que ça rapportait pleins de frics à dotcom.

      Je suis parfaitement d’accord avec toi. Fana de films de science-fiction des années pré-1970, MU m’a rendue beaucoup de service. La majorité des films que j’affectionne sont simplement introuvables dans le commerce en ligne ou IRL (et je vous parle même pas des films Russes de SF des années 50/60). Alors oui c’est sûr, trouver Green Hornet ou le dernier Britney Spears est encore très simple en DDL et sûrement plus simple encore en torrent.

      Mais croit-on vraiment que ces musiques et ces films rares ont réellement un avenir avec le torrent ? À moins d’une bonne âme qui se paye un serveur type OVH avec 2To de stockage et un client torrent qui tourne H24 et l’aide d’une communauté d’afficionados de trucs tordus pour le commun des mortels, c’est difficilement réalisable et sûrement très coûteux.

      Alors oui MU c’était pas des saints et le système n’était pas très internet-compliant mais il avait le mérite d’être fiable, rapide et pratique même pour les plus néophytes d’entres nous. De plus il ne vous coûtait rien si vous le vouliez bien (je parle bien en tant qu’uplodeuse et downloadeuse). Je n’ai jamais eu de compte premium, je n’avais plus de temps d’attente après quelques mois d’utilisation étant simplement enregistrée gratuitement, le download était toujours stable et au maximum de ma connection (1.2Mo), pareil pour l’upload. Je n’avais juste pas de multi-dl. Ils voulaient se faire de l’argent avec des pubs ? Très bien. Ils ne m’ont jamais empêchée de ne pas les afficher avec adblocks (alors que d’autres vous mettent des bâtons dans les roues).

      Un commentaire plus haut parlait de la bibliothèque d’Alexandrie ; j’y ai aussi pensée lorsque j’ai appris la nouvelle de la fermeture. Je me suis tout de suite rendue sur le blog de l’équipe lesintrouvables mais d’autres aussi. C’était catastrophique. Sincèrement. Ce n’est pas la fin du monde, mais c’était un investissement de longues dates de véritables passionnés pour d’autres passionnés.

      MU et son contenu sont une véritable perte. Cette culture que nous affectionnons tant est en sommeil sur des centaines de disques durs en attendant de retrouver une bonne solution pour nous. Mais il n’empêche que cela a été un coup dur et que le moral n’est pas au beau fixe pour tous les passionnés de ces films/livres/musiques si loin de ce que cherche à nous vendre ces fameux majors et leurs amis politiciens.

    • @odilon j’en fais la même analyse que toi, tout en étant pas plus compétent.

      MU proposait un service qui n’existait pas ailleurs, ce service était rentable pour eux et aurait pu servir à rémunérer les « ayants droits ».

      Mon opinion est que si cela ne s’est pas fait, c’est que ce n’est pas ce qui est souhaité : les vendeurs de contenu ne souhaitent pas sous traiter leurs profits et ils souhaitent maintenir un système archaïque où leur profits en croissance était assuré d’une année sur l’autre.

      Leur vision du monde est très pyramidale : ceux qui possèdent des droits ou des bénéfices sur ces droits et ceux qui consomment alors que l’Internet et le partage (p2p ou ddl) offre la possibilité d’amoindrir ou de supprimer ceux qui ont des droits sur reproduction/diffusion de la création.

      Bref, il n’y a pas eu d’accord parce que ce n’est pas souhaité, ce sont deux visions opposées de l’avenir (d’un présent ?) qui s’opposent et l’archaïsme de la vision des « ayants des droits » est égale au soutien sans faille que leur apporte les états (nos états) via hadopi, llopsi, sopa et autres pipa.

    • @arno tu es vraiment pervers, il manque un gros morceau :

      La bonne nouvelle c’est que ça faisait longtemps que Bittorrent et certainement d’autres protocoles de Peer to Peer n’avaient pas été aussi rapides. Les réseaux Peer to Peer gagnent en performances en fonction de leur nombre d’utilisateurs seeders, et depuis quelques heures, on constate un regain d’intérêt pour ces réseaux de partage non marchands.

    • @baroug : merci, mais là tu cites un passage qui confirme très exactement ce que @moderne et moi dénonçons dans cette discussion : Reflets se réjouit explicitement que son cher p2p fonctionne mieux grâce à la censure qui frappe tous ces sites qui utilisaient MU : « bonne nouvelle » et « ça n’est pas pour nous déplaire ».

      C’est clair, et c’est texto le premier paragraphe de @moderne. Tant pis si le travail des meilleurs sites de partage du moment a été détruit instantanément : c’est pour la bonne cause (la fluidité du P2P). Tant pis si, comme nous le répétons, le P2P a toujours été inadapté pour nos fichiers minoritaires.

    • Bon, puisque la totalité des comptes actifs de #SeenThis ont écrit ici, je vais en faire autant.

      Je passe sur les noms d’oiseaux (je suis à la fois un petit marquis, une bonne âme, un fanatique taliban libriste, et un bel esprit). Il me semble qu’il y avait, au milieu de pas mal de Café du Commerce, un problème concret (et donc soluble) évoqué : comment on stocke (et de préference, on distribue) des ressources numériques rares et pas rentables, genre les films de SF soviétiques des années 50 et l’enregistrement des musiques papous du 19ème siècle.

      Ce problème se subdivise en deux sous-problèmes : la technique et la loi. Pour la seconde, le système du copyright est un énorme obstacle et qui doit être détruit ou contourné. Si on ne réforme pas ce système, on n’a tout simplement pas le droit de stocker (et encore moins de distribuer) ces ressources. Une des solutions est tout simplement d’ignorer la loi, en comptant sur le fait que les ayant-trop-de-droits des papous ou des soviétiques ne viendront probablement pas réclamer au FBI un raid contre les hébergeurs de ces collections. (Tant pis pour la littérature française du 20ème siècle, bien trop surveillé par la mafia du copyright.)

      Pour la technique, des tas de solutions avaient été proposées pour faire une sauvegarde en ligne et en pair-à-pair du patrimoine de l’humanité. OceanStore et Eternity étaient deux bons exemples.

      http://oceanstore.cs.berkeley.edu/publications/papers/pdf/ieeeic.pdf

      http://www.cl.cam.ac.uk/~rja14/eternity/eternity.html

      Le problème est que tout le monde est d’accord pour dire « c’est terrible, le patrimonoie de l’humanité est menacé de disparaître, il faut faire quelque chose » mais que personne n’est prêt à donner un bout de son disque dur en installant le logiciel kivabien pour permettre à ces systèmes de fonctionner.

      Alors que tout le monde semblait ravi de donner son argent à Megaupload... plutôt qu’à participer à un projet pair-à-pair, et politiquement correct.

      Dernière solution technique, un système centralisé sans but lucratif et de confiance, genre archive.org (déjà cité ici) ou la BnF (qui stocke beaucoup mais ne distribue rien, par peur panique des ayant-trop-de-droits).

    • et j’ajoute @stephane , je ne suis pas geekette, mais que penses tu d’un système de chat allié à un protocole peer to peer, qui relierait l’ordi dudit bloguer et ceux de ses lecteurs uniquement tout ça crypté, l’avenir sans doute, nan ?
      les échanges ne s’opérant non plus par un abonnement à quelconque système de p2p2 fut il décentralisé mais le serveur étant le bloguer lui-même.

    • @stephane

      Pour le 1er problème : il y a toujours des ayant-droits sauf sur le domaine public et de plus en plus avec l’allongement des durées de protection (quelqu’un a enregistré les papous, sorti ça, a filmé et distribué les films russes). Il faudrait concevoir des services avec des guichets qui évaluent s’il n’y a pas de risque de poursuite ? Sinon, comment être sûr que sur ces nouveaux services ne se glissent des fichiers qui ne compromettent tout l’ensemble avec effacement indistinct de tous les contenus ? Est-ce qu’une certaine diligence face aux réclamations suffirait, vu l’usage disproportionné de la protection qui est fait ?
      Sur ce point, il me semble qu’aucun dispositif technique n’est à l’abri face à l’état de la législation sur la protection complètement fou.
      Entre les 2 points, les torrents sont sans doute au mieux de ce que je connais, on voit avec la surveillance hadopi qu’elle ne ne se concentre effectivement pas sur les papous et les russes pour l’instant, mais ils nécessitent de maintenir des seeders en permanence, ce qui n’est pas possible pour des archives importantes.

      Sur le deuxième point, technique : je me classerais comme internaute averti mais pas vraiment technicien, jamais entendu parler des deux solutions que tu évoques. Les gens ont utilisé ce qui était connu et facile. Je n’ai jamais payé un de ces services de direct download comme téléchargeur, certains uploaders conséquents ont utilisé des comptes premium. Côté téléchargement encore certains ont utilisé des débrideurs pour limiter les temps d’attente ou bien des logiciels simples qui organisent l’attente ou change l’IP quand elle n’est pas fixe, mais je pencherais sans preuve pour une utilisation massive de simple téléchargement via le navigateur.
      Il faut que les solutions apparaissent simples dès l’abord, non intrusives à tort ou à raison (partager son disque dur ? Faudrait bien expliquer...).

      Et, pardon pour les noms d’oiseaux, mais, à l’inverse, il me semble que tu n’as pas entendu et je m’y attendais ce que je voulais, maladroitement faire comprendre. Avec toutes leurs approximations techniques, leur parti-pris pro-propriété, il y a eu plus d’empathie dans les médias avec l’internaute presque-lambda qui a perdu des contenus dans l’affaire que du côté de ceux qui devraient être objectivement dans leur camp, les « techniciens », pour dire vite.
      – « Vous n’avez pas été malins, vous n’avez pas choisi les bonnes solutions techniques », point.
      – « Ah bon, merci bien alors, tant pis pour nous ».

    • @netlibertaire ca me fait un peu penser à soulseek (http://www.slsknet.org) que j’utilisais (avant les torrents et avant de DD). On mettait à disposition ses dossiers, on pouvait chatter, il y avait des salons thématiques. Ça été déserté avec l’arrivée des blogs avec liens de DD, qui font des recommandations, écrivent des textes de présentation, construisent un petit univers cohérent. J’ai été aussi sur des serveurs privés, avec disque dur central où l’on dépose des trucs pour tout le monde. L’embêtant dans tout ça c’est le côté coterie, fermé, pas universel, notamment si on a un objectif « pédagogique », notamment sur la question de l’ouverture et de l’accès à des publics lointains pour lesquels le net est une ouverture face à des ressources locales insuffisantes.

    • Une petite chose tout de même ; même si sur le fond je suis assez d’accord avec toi, le problème ne fait que se déplacer. Et l’une des solutions simples à ce problème, c’est pas un serveur centralisé à la MU, mais le p2p. Le p2p chez soi, c’est chiant et instable à cause de sa connexion à Internet en débit asymétrique et bridé. Mais en revanche, de bonnes seedbox louées à plusieurs, ça change la vie... Les amoureux des archives culturelles devraient se plonger et mettre un peu la main à la patte avec ça... ;)

    • Alors ça confirmerait ce dont j’avais entendu parler au sujet d’une raison possible de la brutale fermeture de megaupload qui avait l’intention de lancer une plateforme à la itunes : megabox
      je vous laisse en tirer les conclusions
      http://www.digitalmusicnews.com/permalink/2011/111221airvinyl

      There’s another gigantic wrinkle in the MegaUpload drama. Not only is MegaUpload fighting tooth-and-nail against Universal Music Group, but they’re now planning the launch of a cloud-based music locker, download store, and do-it-yourself artist service. It’s called MegaBox, and it’s already up in beta with listed partners 7digital, Gracenote, Rovi, and Amazon MP3.

    • Je suis pas d’accord...
      Avec une retention de 30 jours (ou une suppression quand pas de dl sous 30 jours) ca ne laissait pas la place au contenu vraiment rare.

      Et les petites communautes arrivent tres bien a garder du contenu rare en p2p, voir les trackers prives comme karagarga pour le cinema par exemple mais y’a aussi pas mal de sites qui partagent des films rares sur les trackers / indexers publiques.

      Il faut juste savoir ou aller, et les gens s’étant habitués aux liens MU sont habitués à ca. Tout comme le manque de seed vient d’un probleme de culture, avec la culture de la consommation pourquoi on seederait 1:1 ? Si tout le monde faisait ca, un torrent ne pourrait pas mourrir. D’ailleur sur les communautés privées, les demandes de reseed sont honorées, meme si le contenu est extremement rare et n’a été téléchargé que deux fois.. Pour moi le probleme ce n’est pas bittorrent, c’est les utilisateurs qui sont deresponsabilisés et passifs...

    • @jeanclaude : je me suis posé la question moi aussi, de cette histoire de suppression au bout de 30 jours ; j’ai supposé qu’ils avaient tous des comptes payant, permettant de sauvegarder leur contenu pour une plus grande durée, voire « pour toujours » (ah ah ah) ? Je n’en sais rien, je n’ai jamais rien uploadé ou downloadé vers ou depuis #Megaupload...

      Par-contre, ce que ton commentaire pose comme problème, c’est celui de la centralisation des données. Comme on dit par chez nous, « fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier »...

    • Chic : en un seul passage, je mets la 20ème étoile (ça fait un beau rectangle les icônes) et un 64ème commentaire (certes complètement inutile mais ça fait un beau carré :-p ).

      edit: Bon d’accord, 4x5 ça fait pas un carré, je corrige. N’empêche, avec la ligne supérieure, ça fait visuellement un beau carré ;-)

  • Anthony Favier, doctorant en histoire, présente un compte-rendu de la journée d’études #Homosexualité à l’Université #Catholique de Lyon sur son excellent blog « Penser le #genre catholique ».

    http://penser-le-genre-catholique.over-blog.com/article-o-rage-o-doux-espoir-la-session-d-etud

    Bilan mitigé, révélant paternalisme, références scientifiques désuètes et, en fin de compte, trouille :

    C’est l’homophobie propre des classes supérieures et intellectuelles, les accumulations théoriques sont le paravent d’une peur indicible des autres qui vaut bien les coups d’une homophobie plus simpliste.

    Ambiance néanmoins ouverte et prometteuse :

    Nous n’étions pas ici en face d’un catholicisme ultra-conservateur et intransigeant. Personne n’a ainsi fait référence, il faut le noter, au « droit naturel » supérieur au droit positif alors que c’est pourtant un thème récurrent dans la prose de Benoît XVI pour s’opposer au mariage homosexuel.

    (Page annonçant la journée d’étude dans le cache de Google :)

    http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:EuErwO9gvagJ:www.univ-catholyon.fr/ecoles-fac-instituts/isf/homosexualite-72641.kjsp%3FRH%3D1295599331097+site:univ-