Louis Derrac

Éducation et culture numérique

  • Bruno Devauchelle : Numérique en classe, l’indépassable obstacle pédagogique
    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/06/19062020Article637281485630420716.aspx

    Morceaux choisis :

    A cette affirmation souvent entendue dans les discours officiels « le numérique transforme la pédagogie », j’oppose celle-ci, aussi connue : « la pédagogie précède toujours le numérique » ! Car la première affirmation erre dans les couloirs de l’éducation depuis bientôt cinquante ans.

  • La portabilité des données d’éducation au service de l’encapacitation des individus
    https://medium.com/@humanroads/la-portabilit%C3%A9-des-donn%C3%A9es-d%C3%A9ducation-au-service-de-l-encapac

    La technologie des données pourrait lui restituer des informations clés pour bénéficier de services d’accompagnement personnalisés plus efficaces, lui permettre de connaître ses points forts, mais aussi de lui offrir la possibilité de se projeter professionnellement en lui ouvrant les champs des possibles en matière d’orientation.

    L’ensemble des données qui composent le parcours d’apprentissage de Téo deviendra alors une ressource essentielle pour éclairer ses choix de trajectoires et son orientation tout au long de la vie, pour lui, et tous ceux qui l’accompagnent.

    Ainsi, en combinant leurs données personnelles avec celles agrégées et anonymisées des autres, ils découvrent un champ des possibles largement plus vaste que celui qu’ils auraient pu imaginer seuls. Mieux encore, ils découvrent des chemins bien éclairés, peut-être sinueux, mais qui disent tous : « c’est possible, je l’ai fait ». C’est cela la promesse de l’utilisation des données d’éducation : inventer de nouvelles manières d’apprendre, de découvrir, de prendre son futur en main. Pour cela, la donnée doit pouvoir circuler librement et bénéficier à tous dans le respect des règles de confidentialité du RGPD, et au-delà certainement de règles d’expression des consentements et d’utilisation spécifiques au secteur de l’éducation.

  • L’Université, le Covid-19 et le danger des technologies de l’éducation – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/universite-covid19-technologies-education

    Au cours des dernières décennies, le domaine universitaire britannique a connu une énorme redistribution des fonds publics vers des prestataires privés. Les contributions du public et des particuliers à l’enseignement supérieur se font désormais par trois biais : les impôts (budgets pour la recherche et frais de fonctionnement des universités), les frais d’études (frais de scolarité, frais de subsistance et remboursement des prêts étudiants) et par le port du risque de crédit pour les prêts étudiants (reconditionnés en dette et vendus aux investisseurs privés)[1].

    Dans le même temps, les sociétés d’edtech jouent un rôle de plus en plus important au sein des universités, profitant de deux changements du paradigme véhiculé par l’idéologie néolibérale du marché libre appliquée à l’enseignement supérieur – ainsi qu’à d’autres services publics.

    Le deuxième paradigme mis en avant par les sociétés edtech pour promouvoir leurs services auprès des universités est celui de l’approche centrée sur les « solutions ». Mais c’est la même « solution » qui est invariablement proposée par les sociétés edtech, à savoir celle de la « rupture numérique », ou, en d’autres termes, la rupture avec l’institution universitaire telle que nous la connaissons. En réponse aux demandes en faveur d’universités plus démocratiques et égalitaires, dégagées de leur soumission croissante aux élites au pouvoir, les sociétés edtech (dont la capitalisation s’élève à des milliards de dollars) se présentent comme offrant la solution via les technologies numériques.

    Pourtant, un diagnostic et une réglementation des contrats entre les universités et ces entreprises, ainsi que celle du marché de l’edtech en général, sont plus que jamais nécessaires. En particulier, il est impératif d’en comprendre les effets sur le travail universitaire et de faire la lumière sur l’utilisation qui est faite des données collectées concernant les étudiant.e.s par les sociétés d’edtech. Tout en s’opposant aux licenciements, l’UCU devrait également se mettre à la disposition des universitaires travaillant de manière externalisée, et envisager de s’engager dans la lutte contre la sous-traitance du personnel enseignant.

  • Educational Crises and Ed-Tech: A History
    http://hackeducation.com/2020/05/06/crisis

    I started off this talk with a look at how the Chicago Public Schools turned to radio-based instruction in 1937 when a polio outbreak forced them to close schools. No doubt that’s the kind of history that we probably turn to when we want to consider how schools have responded to crises — and responded using education technology — in the past. We can readily see the inequalities — the failure to make sure all students had the proper device, the failure to account for whether there was a parent at home able to mentor and teach. And we understand the relevance of this story to our decision-making today.

    But I want us to think a little bit more broadly about “crisis” too, about narratives about crisis shape the direction of education policy, about how the values and priorities of foundations tap into these narratives to further their agenda. After all, just yesterday, New York Governor Cuomo announced that he planned, post-coronavirus, to work with the Gates Foundation to “reimagine education” in his state.

    I want us to think about what it means for education technology — in this crisis or any “crisis” — to permeate people’s homes. Education technology has been offered by its funders as the solution to educational crises for a century now. Look where that’s got us.

    #edtech #education #coronavirus

  • « Derrière la fracture numérique pour les étudiants, ce n’est rien d’autre que la ségrégation sociale »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/18/derriere-la-fracture-numerique-pour-les-etudiants-ce-n-est-rien-d-autre-que-

    C’est avant tout la démonstration de l’efficacité incroyable du service public. A l’hôpital, bien sûr, mais aussi à l’université, qui ne s’est jamais arrêtée. Le fait d’être un opérateur public nous a permis de jouer notre rôle. On voit à quel point cela est précieux en entendant nos collègues britanniques qui demandent une aide de l’Etat de plusieurs milliards d’euros, sous peine de ne pouvoir rouvrir leurs portes.

  • L’école à distance à l’heure du déconfinement : Premier bilan
    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/05/13052020Article637249542396794122.aspx

    Morceaux choisis :

    =>Sur l’étude :

    L’étude est construite à partir de deux questionnaires, l’un adressé aux enseignants du 1er et 2nd degrés, un autre adressé à leurs élèves de la maternelle au lycée . Ces questionnaires mis en ligne le 8 avril 2020, à propos de l’activité des enseignants et des élèves en période de confinement, totalisent plus de 6000 réponses à ce jour.

    Perrine Martin, Christine Félix, Pierre-Alain Filippi et Sophie Gebeil (Aix-Marseille Université)

    => Sur l’état de préparation :

    Les résultats de notre enquête confirment que la communauté éducative s’est largement interrogée - voire inquiétée - sur la mise en œuvre réelle de cette continuité pédagogique, à la fois sur des questions techniques, pédagogiques et didactiques : quels devoirs faut-il déposer et à quelle fréquence ? Sur quels supports ? Comment ? Faut-il prévoir des sessions synchrones, des modalités d’évaluation du travail, de contrôle de l’assiduité ? Faut-il assurer une permanence à distance pour répondre aux questions des élèves ...et/ou de leurs parents et sur quelles plages horaires, etc. ? Sans oublier toutes les questions d’enseignement/apprentissage qui vont bien au-delà de la seule réflexion à propos du dilemme « faire faire des révisions » vs « aborder de nouvelles notions ».

    Seulement 19,7% des enseignants déclarent travailler avec un ordinateur professionnel. Pendant la période de confinement, les enseignants ont donc majoritairement utilisé leur matériel personnel, souvent partagé avec leurs enfants (47,1%) ou leur conjoint (42,4%).

    A cela s’ajoute le fait que toutes les familles ne sont pas équipées en matériel informatique, en imprimante, en scanner et en connexion Internet.

    Il est donc important de souligner que c’est bien l’équipement personnel des enseignants et des élèves qui a permis d’assurer cette continuité pédagogique et de suppléer à une dotation insuffisante de matériel professionnel portable. De plus, ces écarts d’équipements révèlent également que cette situation creuse des inégalités entre élèves ce qui doit nous alerter sur d’autres points (suivi des cours à distance, vérification de l’assiduité, notation...) à ne pas négliger dans la réflexion qui s’amorce.

    => Sur le numérique et l’enseignement à distance

    96,5 % des enseignants affirment utiliser les outils numériques pour travailler même avant le contexte de confinement. De plus, 67,1% d’entre eux se considèrent comme des personnes connectées et 69,2 % s’estiment à l’aise avec les outils numériques.

    L’usage du numérique en classe est majoritairement consacré à la diffusion de supports (67%) et non pas réellement à l’enseignement à distance.

    D’ores et déjà, on comprend que la mise en œuvre d’un enseignement à distance efficace ne s’improvise pas ... même avec une profusion de ressources mises à disposition des équipes dans le cadre du plan numérique. Les questions de la scénarisation et de la didactisation des contenus, par exemple, restent fondamentales pour la mise en œuvre d’un enseignement à distance.

    Il est important de ne pas oublier qu’en distanciel, les élèves ont également besoin d’être autonomes dans l’usage des outils numériques. En effet, beaucoup d’entre eux ont été confrontés à des difficultés liées à la méconnaissance de certains outils ou pratiques qu’ils ne maîtrisaient pas.

    => Sur l’auto-formation des enseignants :

    54,8% estiment ne pas avoir été conseillés quant aux choix des outils numériques. Pour faire face, 76,4% des enseignants se sont tournés vers des collègues en cas de difficultés, ou vers leurs proches (50,9%). D’ailleurs 84% d’entre eux affirment d’ailleurs avoir eu des contacts réguliers avec l’équipe pédagogique.

    Les enseignants, dans leur grande majorité, ont travaillé seuls durant les premières semaines de confinement pour organiser la scénarisation des enseignements et le suivi de leurs élèves

    63% d’entre eux déclarent travailler plus de 4h par jour et 21% au-delà de 7h, avec un temps passé devant un écran qui a doublé ou quadruplé pour 80% des enseignants.

    => Sur le bilan :

    il ne s’agissait pas d’un enseignement à distance “préparé” mais bien d’un enseignement à distance improvisé dans l’urgence par les équipes éducatives.

    Pour aborder au mieux la nouvelle phase qui s’ouvre, “mi à distance, mi en présentiel”, il est sans doute urgent d’envisager que tous les enseignants soient dotés, à domicile, d’un matériel professionnel performant pour assurer ce fonctionnement mixte.

    Il est également nécessaire de réaffirmer la dimension collective de l’enseignement, y compris à distance, et de penser une coordination centralisée quant au travail exigé des élèves.

    #continuitepedagogique #education #etude

  • Tribune : Des hauts fonctionnaires du ministère dénoncent le projet réactionnaire de JM Blanquer
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/14052020Article637250435761243497.aspx

    => Sur le scientisme qui a cours au MEN

    le Ministre, dès son arrivée rue de Grenelle, a voulu donner une caution scientifique colorée de modernité à ce qui ne relève que de mesures idéologiques marquées dans les faits du sceau d’une pensée conservatrice et néolibérale sommaire

    Ici, ne règne qu’une vision de la recherche cognitive, sans la didactique, sans les sciences de l’éducation, ni la sociologie de l’école. « Tout se joue dans le cerveau » dit le ministre. Vive l’imagerie du cerveau. À bas les 100 ans de recherches pluridisciplinaires sur l’école !

    Les neurosciences (et encore, une école particulière) sont érigées au rang de nouvelle doctrine pédagogique au détriment du savoir-faire des enseignants et des personnels d’encadrement de terrain ; elles se substituent ainsi à la compréhension des enjeux culturels, sociaux et cognitifs des apprentissages scolaires. Le numérique éducatif, alpha et oméga de la pensée pédagogique actuelle, sert de cheval de Troie pour infiltrer les pratiques pédagogiques et offrir l’échec scolaire en marché aux éditeurs numériques et opérateurs privés.

    Symptomatiquement, la loi « pour l’école de la confiance » couvre de facto une politique de la défiance inédite à l’égard du pédagogique. Le plus grave est là

    #education

  • Tribune : Maurice Danicourt : Un haut fonctionnaire parle…
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/12052020Article637248579147820153.aspx

    Morceaux choisis :

    Sans relâche, depuis le début de son mandat, le ministre réserve ses annonces à la presse. Depuis le début, il joue le grand public contre eux Depuis le début, il les considère tout juste bons à appliquer ses directives, traduits en vade-mecum, guides et fiches de tous genres et de toutes couleurs, niant leur professionnalisme et ne comptant que sur leur obéissance, voire sur leur conscience professionnelle. Il n’y a donc pas eu lieu de s’étonner quand, au début de l’année, les enseignants n’ont jamais cru un mot de leur ministre quand il leur annonçait, suite à la réforme des retraites, une revalorisation en milliards d’euros… qui n’aura jamais lieu.

    Nous en arrivons au niveau intermédiaire celui des académies et départements où le problème est un peu plus ancien, même s’il ne date seulement que de quelques années. Depuis début 2012 , la gestion des écoles primaires, depuis plus d’un siècle effectuée par les IA (ancêtres des DASEN), fait l’objet d’une appropriation progressive par les recteurs. En effet, à cette date, le recteur est devenu le seul pilote de ses inspecteurs territoriaux (IEN compris) et le seul responsable du second degré, mais aussi du premier, jusque-là chasse gardée des IA. Et, si, universitaire ou haut fonctionnaire, il s’y connait beaucoup moins que l’IA, il s’y intéresse de plus en plus, souvent avec le souci louable de convergence des politiques ou de mutualisation des bonnes pratiques, en nommant un conseiller technique premier degré ou un doyen des inspecteurs du primaire, en réunissant tous les IEN de l’académie, en rencontrant les directeurs, en s’adressant directement à eux, etc.

    La dyarchie est celle que compose l’IEN et la directrice ou le directeur d’école. Rappelons au préalable que ce dernier n’est pas un chef d’établissement : il n’a guère d’autorité sur ses collègues (appelés d’ailleurs traditionnellement ses « adjoints » ; ces derniers sont surtout enclins à reconnaître sa fonction éminente quand la photocopieuse est en panne ou les toilettes bouchées, rarement pour animer un travail pédagogique collectif), il doit très majoritairement faire classe une bonne partie de son service et il n’a aucun collaborateur pour l’assister dans la multiplicité de ses tâches, contrairement au principal du collège voisin qui, même si celui-ci a moins d’élèves dans son établissement qu’une grosse école, peut s’appuyer sur un CPE et des surveillants, une secrétaire, un gestionnaire, même à temps partiel, et souvent un adjoint.

    La crise actuelle l’illustre malheureusement trop parfaitement. On a confié directement aux directrices et directeurs le soin de gérer la question, nouvelle et délicate, de l’enseignement à distance, avec les enseignants et les parents. On leur demande désormais, à eux et presqu’à eux seuls, oubliant les IEN, d’appliquer un protocole sanitaire et une circulaire de reprise, tâche qui relève presque de la mission impossible, au sens où il faudrait oublier que les enfants sont des enfants et que l’acte d’enseigner implique une nécessaire proximité à l’école maternelle comme à l’école élémentaire.

    La crise du Covid 19 est un révélateur. Elle montre qu’à l’école primaire, on marche sur la tête depuis des années, en misant sur l’autonomie de l’école, qui n’en a en fait aucune dans les textes, et sur les responsabilités accrues d’une directrice ou d’un directeur qui ne peut compter que sur son engagement, ses compétences et son charisme pour piloter ses collègues. La coupe est pleine. Il n’y a pas si longtemps que cela, une directrice mettait dramatiquement fin à ses jours, rappelons-nous-en. Le système actuel est à bout de souffle. Tout doit changer, vite, à tous les niveaux, bouleversant une organisation vieille de plus d’un siècle, remettant en cause un management plus récent et renvoyant un ministre dépassé. C’est à ce prix que le président de la République montrera, pour le « monde d’après », qu’il a vraiment retenu la leçon du Covid 19.

    #continuitepedagogique #1erdegre #education

  • Bâtir la télé-école | L’actualité
    https://lactualite.com/societe/batir-la-tele-ecole

    Morceaux choisis :

    => Comparaison avec la France : où la continuité pédagogique a pris le relai de l’école en présentiel

    En France ce printemps, les 12,4 millions d’élèves de 62 000 écoles confinés à la maison à cause de la pandémie n’ont pas chômé, l’école est venue à eux.

    Alors qu’ailleurs l’enseignement, c’est-à-dire la transmission de la matière, se poursuit depuis le début ou presque de la pandémie, au Québec, c’est le maintien des apprentissages qui a été privilégié : ce qui a été appris doit rester appris. La consigne du ministère de l’Éducation : « pas de nouvelle matière ni d’évaluation ».

    Les trois premières semaines se sont passées sans service, puisqu’il a fallu attendre la semaine avant Pâques pour que le Ministère organise l’envoi de trousses pédagogiques, des appels aux parents et la mise en place d’une plateforme éducative à Télé-Québec. À travers tout ça, de nombreuses écoles ont certes multiplié les initiatives pour garder écoliers et élèves à niveau. Mais dans l’ensemble, comparée aux mesures mises en place par la France et l’Ontario, la réponse québécoise obtient la note… « peut faire mieux ».

    => Enseignement vs maintien des apprentissages

    Égide Royer, professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et figure respectée du monde de l’éducation, est consterné. « En Ontario, ils maintiennent l’enseignement coûte que coûte. Au Québec, on se borne au maintien des apprentissages ! »

    Si le système public québécois ne s’est pas mis spontanément en mode télé-enseignement, ce n’est pas tant parce qu’il manque d’outils. Toutes les commissions scolaires se sont dotées de plateformes en ligne pour favoriser l’interaction : les enseignants peuvent y afficher des notes, des devoirs et des exercices, ajouter des documents, parler aux parents et aux élèves, et vice-versa. Mais l’utilisation de ces outils est très variable.

  • Apps.education.fr
    http://apps.education.fr

    Pour vous accompagner au quotidien et répondre aux besoins du travail à distance pendant le confinement, nous mettons à votre disposition la version Beta d’apps.education.fr. Cette version expérimentale est issue d’un projet qui a vocation à être pérennisé à l’échelon national. Vous y trouverez les outils essentiels et communs à tous les métiers de l’Éducation nationale.

    #outil #continuité_pédagogique

  • Ne laissons pas le pouvoir voler le récit de l’école au temps du confinement | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/marc-bablet/blog/020420/ne-laissons-pas-le-pouvoir-voler-le-recit-de-l-ecole-au-temps-du-con

    A l’évidence, le travail enseignant en période de confinement est confronté aux mêmes problèmes que dans le quotidien des classes mais les conditions de ce travail amènent des recherches de solutions qui deviennent plus complexes contrairement à l’idée simpliste du ministre qui voit presque une chance dans le confinement pour l’individualisation des réponses pédagogiques dont on sait qu’il est un important fanatique de longue date

    L’idée est simple : comme on ne travaille plus avec une classe, on peut mieux travailler avec chacun des individus qui composent la classe. Il suffit de faire des programmes de travail individualisés pour chacun des élèves. Et de les suivre individuellement.

    Il oublie juste au moins deux choses bien connues : d’une part c’est la classe qui assure le meilleur milieu de la régulation des apprentissages tant on n’apprend pas tout seul, tant on a besoin d’une présence humaine et sociale pour apprendre avec des étayages et des désétayages adaptés à l’évolution de l’apprentissage.

    D’autre part que les principales différences entre les individus face aux apprentissages ne sont pas d’abord individuelles mais d’abord sociales et que le référentiel de l’éducation prioritaire a été conçu pour dire les pratiques enseignantes souhaitables pour que l’école puisse lutter contre les inégalités.

    Le problème c’est que quand il n’y a plus l’école, quand les enfants ne sont plus rassemblés dans les classes, la question de l’existence même du pédagogique est posée. Parce que contrairement à l’image simpliste des apprentissages que porte le ministre, il ne suffit pas de lire, de faire des exercices pour apprendre. Parce que les enseignants savent bien l’importance des dynamiques de groupe à l’œuvre dans leurs classes. Parce que chacun sait l’importance de ce que l’on appelle « les feedbacks » au cours de l’activité d’apprentissage pour apprendre. Il

    #continuitepedagogique #education

  • L’étrange rentrée post-confinement des lycéens allemands - Le Point
    https://www.lepoint.fr/monde/l-etrange-rentree-post-confinement-des-lyceens-allemands-27-04-2020-2373093_

    Dans l’Allemagne fédérale où l’éducation est du ressort des Länder, les ministres de l’Éducation des 16 régions ont décidé que tous les collèges-lycées du pays rouvriront leurs portes pour les élèves de terminale qui passent leur Abitur et pour les secondes qui passent leur MSA, le brevet allemand.

    Aucune école ne ressemble à une autre. Dans cet imposant bâtiment construit en 1906, les conditions ne sont pas les mêmes que dans un bâtiment moderne des années 1970. Impossible donc d’imposer des règles susceptibles de s’appliquer à tous.

    Un prof monte la garde devant les toilettes pour s’assurer que plusieurs élèves ne s’y retrouvent pas en même temps.

    En Allemagne, personne n’envisage pour le moment le retour des sixièmes, cinquièmes, quatrièmes et troisièmes, d’autant que dans certains Länder, comme à Berlin, la rentrée après les vacances se fera à la mi-août.

    Autre problème : comment faire reprendre l’école à des jeunes qui, au mois d’août, n’auront pas été en cours depuis 20 semaines.

    #continuitepedagogique #deconfinement #allemagne

  • Yuval Noah Harari: “Every crisis is also an opportunity”
    https://en.unesco.org/courier/news-views-online/yuval-noah-harari-every-crisis-also-opportunity

    Ideally, the surveillance system should be operated by a special health-care authority rather than by a private company or by the security services. The health-care authority should be narrowly focused on preventing epidemics, and should have no other commercial or political interests. I am particularly alarmed when I hear people comparing the COVID-19 crisis to war, and calling for the security services to take over. This isn’t a war. It is a health-care crisis. There are no human enemies to kill. It is all about taking care of people. The dominant image in war is a soldier with a rifle storming forward. Now the image in our heads should be a nurse changing bed-sheets in a hospital. Soldiers and nurses have a very different way of thinking. If you want to put somebody in charge, don’t put a soldier in charge. Put a nurse.

  • Italian lessons : what we’ve learned from two months of home schooling | Education | The Guardian
    https://www.theguardian.com/education/2020/apr/24/italy-home-schooling-coronavirus-lockdown-what-weve-learned
    https://images.unsplash.com/photo-1509062522246-3755977927d7?ixlib=rb-1.2.1&ixid=eyJhcHBfaWQiOj

    #education #continuitepedagogique #italie

    Morceaux choisis :

    => l’incompréhension que l’éducation soit la première activité « sacrifiée »

    The decision was, in many ways, shocking. At that time, there had only been three deaths from Covid-19 in Italy, and only 152 reported infections. It seemed strange that education was the first social activity to be sacrificed. I guessed it was because it wasn’t perceived to be economically productive. Nothing else was closing: football grounds, bars, shops and ski resorts were still open for business, and no schools in any other European country had closed.

    => Annonce rapide, et pas de plan ou de ressource pour l’enseignement à distance

    The announcement had been so sudden that schools had few plans or resources in place to teach remotely. Italy spends a lot less on education than almost every other western country. Spending per student (from primary school to university) equates to $8,966 per annum, compared to $11,028 in the UK and $11,502 in Sweden..

    => Une formation minimale en Italie, un système conservateur et descendant, des enseignants âgés

    Nor did many Italian teachers seem to know how to approach this new world in which they found themselves. There is minimal teacher-training in Italy. University graduates are often thrown into a classroom without any knowledge of pedagogic theories or practical experience. Inspections are almost unheard of. The result is that Italian education is, at its worst, particularly conservative and condescending: the pupil is seen as an empty vessel to be filled with knowledge that is regurgitated in exams

    => En Italie aussi, ce sont largement les enseignants qui se sont débrouillés, dans un assez gros bordel

    The closing of all Italy’s schools meant teachers found themselves having to invent a new kind of classroom from scratch. There were no ministerial guidelines or approved websites. “The entirety of this new form of online teaching,” said Daniele Martino, a middle-school teacher in Turin, “was created by us teachers at the last minute.”

    At the beginning, it was chaotic. There was little coordination between different teachers within the same schools, let alone across different schools, and parents reported finding themselves boggled by a vast array of IT platforms: Meet, Classroom, Zoom, Jitsi, Edmodo. The problem wasn’t only that sites and servers crashed as the country’s almost 8 million students all logged on. Many kids couldn’t connect at all.

    => Problèmes d’équipements toujours...

    The attempt by many teachers to get less-privileged students the necessary laptops and internet connections is one of the untold stories of this crisis. By 19 March, the ministry of education claimed to have distributed 46,152 tablets throughout the country. Since then, an emergency budget has created a €70m fund for providing computers to those without.

    => Mais problèmes sociaux et humain aussi et surtout

    Even if the necessary hardware is distributed, one special educational needs teacher told me that online classes just don’t work for children who need bespoke lessons: “Those who are already doing well at school are now doing even better, but those who were struggling are just falling further behind.”

    => Les particularités d’un système éducatif italien particulièrement conservateur

    But school was also being reinvented because Italy’s traditional educational stick had been removed. Usually pupils are given many tests each month and if, at the end of the year, their average score is insufficient, they’re bocciato – failed – and have to repeat the year. Now, teachers quickly realised there was no way to stop students cheating in tests.

    Traditionalist teachers were beside themselves. One parent in Umbria told me how a teacher stormed out of the virtual classroom when she discovered how many pupils were cheating.

    Between the cheating and the automatic promotion to the next school year, teachers who needed a big stick suddenly found themselves disarmed.

    => Bataille entre conservateurs, réformistes, et réflexions sur le métiers

    There has always been a battle in Italy between hardliners and child-centred reformers such as Maria Montessori. It now seemed as if progressives had the upper hand.

    Many teachers have had to soften their approach, to take into account what their pupils were going through. “Some of them have lost a grandparent”, said Paola Lante, a primary-school teacher in Milan. “Their parents are losing their jobs or are fighting at home. At the end of the day, a teacher has to be a steadying influence, a social worker and a psychologist.”

    => Les parents, le home-schooling, la classe à la maison : la co-éducation

    Even though the kids had enough spare time to be habitually bored, they were no longer cleaning the house or doing their daily learning tasks. Spelling tests and fitness regimes were forgotten. They seemed to have become – if not agoraphobic – certainly “agora-meh”.

    It’s hard, as a parent, not to be frustrated, especially if – as a writer – you regret that they never read books. Every time I emerged from my office, I would see them all on their screens, headphones on. Lessons had become indistinguishable from down-time. For all the idealism about digital learning, it seemed extraordinarily passive to me.

    => Le confinement met tout le monde en insécurité

    The more you look at the educational conundrum in lockdown Italy, the more you see everyone’s vulnerabilities. Students have always felt fretful because of their weekly tests and the stigma of being held back a year. But now many teachers feel insecure, too: not just because education seems like the last priority of government, but because they are scared of digitalised learning and fear being replaced by screens.

    Chiara Esposito, a middle-school teacher, told me “parents are the most conservative element in the school ecosystem. They become paranoid if their child isn’t ‘an eight’ or hasn’t completed the set book. They’re the ones we really need to educate.”

    Surprisingly, even the education technology firms promoting digital learning platforms to schools feel apprehensive. [Lorenzo Benussi] is concerned that teachers are using new tech to reproduce the same old teaching methods, instead of grasping this opportunity for a completely new kind of teaching. “When all this talk about digital learning began back in March,” he said, “I was very, very worried, because it’s not about technology. Technology is just a means. Its effectiveness depends entirely on your didactic approach.”

  • Paranoia about cheating is making online education terrible for everyone - Vox
    https://www.vox.com/recode/2020/5/4/21241062/schools-cheating-proctorio-artificial-intelligence

    Morceaux choisis :

    [...] As tests must happen remotely in the Covid-19 crisis, Raza’s school is one of many using a mixture of robots and video feeds to make sure students don’t cheat.

    Worse, the tool’s facial detection algorithm seemed to struggle to recognize them, so they needed to sit in the full light of the window to better expose the contours of their face, in their view an indication that the system might be biased.

    But there are varying levels of automation, as well. For instance, Examity also uses AI to verify students’ identities, analyze their keystrokes, and, of course, ensure they’re not cheating. Proctorio uses artificial intelligence to conduct gaze detection, which tracks whether a student is looking away from their screens. The company founder and CEO Mike Olsen, apparently bullish about the service’s automated nature, told Recode in an email that the company has fewer than 100 employees and doesn’t need “humans in call centers.”

    Some students seem to hate these services, and social media is chock-full of their grievances, from criticisms of the software to objections that the tool is just plain annoying

    “We will never be able to stop cheating in online learning, just like we’ve never been able to stop cheating in offline learning,” Dawson admits, explaining that schools might just be investing in a sort of education “security theater.”

    The shift to online learning is inevitably changing views not just on cheating but also on what it really means to test students’ knowledge. Some professors are looking for other ways to measure learning, arguing that assessments online don’t necessarily need to be traditional exams.

    #continuitepedagogique #education #onlinelearning

  • COVID-19: Más del 95 por ciento de niños y niñas está fuera de las escuelas de América Latina y el Caribe
    https://www.unicef.org/es/comunicados-prensa/covid-19-mas-del-95-por-ciento-ninos-fuera-de-escuelas-America-Latina

    Traduction FR

    PANAMA CITY, 23 mars 2020.- En Amérique latine et dans les Caraïbes, environ 154 millions de garçons et de filles, soit plus de 95% des inscrits, sont temporairement hors des écoles fermées à cause de COVID-19 L’UNICEF a rendu compte aujourd’hui sur la base des données de l’UNESCO [1].

    Environ 90% des écoles de la petite enfance, du primaire et du secondaire en Amérique latine et dans les Caraïbes seront fermées au cours des prochains jours ou semaines, et ce pourcentage augmente rapidement. Cette situation, qui pourrait s’étendre au-delà de ce qui était initialement prévu, augmentera le risque d’abandon définitif, notamment pour les enfants les plus vulnérables.

    Par conséquent, il est urgent de prendre des mesures pour éviter les interruptions scolaires et garantir l’accès à des modalités d’apprentissage permanentes et flexibles avec un contenu adaptable qui atteignent tous les enfants à la maison, y compris ceux sans accès à Internet ou handicapés.

    "Il s’agit d’une crise de l’éducation sans précédent dans l’histoire récente de l’Amérique latine et des Caraïbes", a déclaré Bernt Aasen, directeur régional a.i. UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Jamais autant d’écoles n’ont été fermées en même temps. L’expansion du coronavirus COVID-19 laisse la grande majorité des enfants non scolarisés dans les semaines à venir. Si les fermetures d’écoles se prolongent, le risque est grand que les garçons et les filles prennent du retard dans leur courbe d’apprentissage et que les élèves les plus vulnérables ne retournent pas en classe. Il est vital qu’ils n’arrêtent pas d’apprendre à la maison. »

    « Pour donner une continuité à l’éducation des élèves à domicile, il faut utiliser tous les outils et canaux disponibles, que ce soit par la radio, la télévision, Internet ou les téléphones portables. Nous ne pourrons relever ce défi que grâce à un effort conjoint des États, du secteur privé, des parents et des enfants », a ajouté Aasen.

    La fermeture temporaire des écoles implique également l’interruption de l’accès à d’autres services de base importants, tels que les repas scolaires, les programmes de loisirs, les activités parascolaires et le soutien pédagogique. Les services de santé scolaire, d’eau, d’assainissement et d’hygiène seront également affectés. Pour les écoles qui restent ouvertes, il est essentiel de garantir l’accès à l’eau et au savon sûrs et de promouvoir les pratiques d’hygiène.

    Plusieurs pays mettent en œuvre des modalités d’enseignement à distance, y compris des cours sur des plateformes numériques. Cependant, ces systèmes ne sont pas garantis dans toute la région et toutes les familles n’y ont pas accès, en particulier les plus vulnérables. Il est prioritaire de promouvoir un contenu accessible à la radio et à la télévision pour les enfants à faible revenu, menacés d’exclusion, sans accès à Internet, handicapés, migrants et communautés autochtones.

    Cette semaine, l’UNICEF et ses partenaires lanceront par le biais de leurs canaux numériques la campagne de sensibilisation régionale #AprendoEnCasa pour fournir aux familles et aux éducateurs de la région des outils éducatifs et de divertissement gratuits, ainsi que des conseils et des exemples de bonnes pratiques de santé et d’hygiène. .

    L’UNICEF reconnaît les efforts déployés par tous les gouvernements de la région pour garantir le droit à l’éducation et travaille avec eux et d’autres partenaires pour développer des méthodes flexibles d’enseignement à distance avec du contenu numérique et radiophonique et télévisé, ainsi que du matériel lecture et tâches guidées.

    #continuitepedagogique #education #ameriquelatine

  • Pandemia, educación y brecha digital en América Latina - Noticias de América
    http://www.rfi.fr/es/am%C3%A9ricas/20200424-pandemia-educaci%C3%B3n-y-brecha-digital-en-am%C3%A9rica-latina

    Traduction FR

    Le défi est de maintenir la continuité de l’éducation malgré la crise sanitaire. Cependant, tous les élèves n’ont pas d’ordinateur ou d’accès à Internet. Dans ce contexte, les classiques sont utilisés : la radio et la télévision comme valeurs sûres pour garantir la continuité de l’apprentissage.

    Les systèmes éducatifs de 25 des 26 pays qui font partie de la Banque interaméricaine de développement sont fermés en raison de la pandémie de coronavirus, qui représente 95% des étudiants dans toute la région. Il y a 165 millions d’élèves de tous niveaux.

    Les solutions mises en œuvre dans d’autres régions de la planète sont difficiles à appliquer en Amérique latine, où il n’est pas possible pour beaucoup d’accéder à l’enseignement à distance.

    Selon la Banque interaméricaine de développement, moins de 30% des familles les plus vulnérables ont accès à des ordinateurs.

    « Ce pourcentage diminue encore plus dans des pays comme le Pérou, le Mexique ou la République dominicaine où moins de 15% ont accès au matériel technologique. Cela contraste avec les élèves des classes les plus riches où le pourcentage peut être de 80% dans tous les pays de la région. La même chose se produit avec Internet, qui est essentiel pour se connecter à ces plateformes », a déclaré Elena Arias, spécialiste de l’éducation à la BID, interrogée par RFI.

    L’expert a souligné qu’au Mexique, en Colombie, au Pérou ou au Panama, par exemple, moins de la moitié des élèves des zones rurales ont accès à Internet à domicile.

    L’impact sur la perte d’apprentissage est catastrophique lorsque les élèves se déconnectent, cela a déjà été démontré en période de vacances ou de grève, selon la BID, et peut même conduire à l’abandon scolaire.

    « La situation à laquelle l’Amérique latine sera confrontée, après la pandémie en termes de déficit d’apprentissage, va être assez difficile. Même avant la pandémie, c’était une région très inégale. Combiné à la fermeture et à l’impact économique que cela va avoir sur le revenu des familles latino-américaines, il est très probable que les élèves, en particulier les lycéens, ne retournent pas en classe ", a ajouté Arias.

    Et comment combler cette fracture numérique pour garantir l’égalité avec les écoles fermées ? De nombreux pays ont choisi de sauver les anciennes technologies. Elena Arias souligne que des stratégies mixtes ont été mises en œuvre, qui incluent des technologies telles que la télévision, la radio ou les imprimés. Le Pérou, l’Argentine et le Chili, dit-il, ont déployé du contenu qu’ils avaient en ligne, le distribuant par d’autres moyens. Au Pérou en particulier, les autorités ont adapté et distribué du contenu provenant du programme Plaza Sésamo.

    "La BID, pour sa part, a négocié un accès général au contenu pour la petite enfance dans Sesame Street, que nous espérons pouvoir atteindre plus de pays et plus d’étudiants", a déclaré Arias.

    #continuitepedagogique #ameriquelatine

  • Geneviève Zoïa : « Il s’est passé quelque chose pendant le confinement, sachons infléchir le cours d’un ­système éducatif productiviste »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/05/genevieve-zoia-il-s-est-passe-quelque-chose-pendant-le-confinement-sachons-i

    Morceaux choisis :

    [...] Bien avant la pandémie, le système éducatif français est pointé du doigt comme obsédé par les résultats et les performances, hermétique aux plus vulnérables des parents, ployant sous l’académisme, rétif aux collaborations entre professionnels, élèves, parents…

    Bien avant la pandémie, le système éducatif considère le bien-être comme un vague dada tiède, venant du monde anglo-saxon. C’est pourquoi sont sacrifiés les espaces scolaires non consacrés à la classe : cours, couloirs, constituent des points aveugles, tandis que l’état des toilettes a été maintes fois dénoncé comme désastreux

    Enseignants et parents ont découvert des fonctionnalités ensemble. Vous avez dit « coéducation » ? Pendant le confinement, des parents souvent disqualifiés dans leur rôle d’accompagnants se sont réapproprié l’espace scolaire.

    Des liens forts se sont créés entre enseignants et parents, entre enseignants se consultant sur les usages numériques préférés des élèves.

    Sachons infléchir le cours d’un système éducatif productiviste : la principale erreur serait de vouloir faire comme si rien ne s’était passé. Le rapport entre l’école et les parents s’est modifié.

    #education #continuitepedagogique #france

  • Apprendre et enseigner par temps de crise sanitaire : regards croisés villes-campagnes | Fondation Jean-Jaurès
    https://jean-jaures.org/nos-productions/apprendre-et-enseigner-par-temps-de-crise-sanitaire-regards-croises-vil

    De la « continuité pédagogique » au retour en classe

    Le ministère de l’Éducation nationale, quant à lui, réagit promptement, avec un changement de braquet indéniable, mettant en avant la nécessaire « continuité pédagogique » et précisant par la voix de Jean-Michel Blanquer lors d’une conférence de presse que les semaines à venir ne seraient en aucun cas « une période de vacances »

    [...] Moins d’un tiers des Français souhaitent que les cours reprennent à partir du 11 mai prochain, tandis que 68 % préconisent un retour en classe en septembre 2020

    Les organisations syndicales multiplient ainsi les mises en garde, allant pour certaines jusqu’à taxer le gouvernement de mentir au peuple et de cacher son « objectif primordial » : que les Français « puissent rejoindre leur poste de travail, afin d’entraver le moins possible le fonctionnement de l’activité économique et les profits qui vont avec ».

    Personne ne niera par ailleurs que la situation économique dans laquelle se trouve le pays puisse représenter une priorité, si le gouvernement veut éviter que la France ne plonge encore davantage dans une récession qui s’annonce brutale, et dont nous ignorons les conséquences sociales à moyen et long termes

    Car, malgré toute l’implication des personnels de l’Éducation nationale, la « continuité pédagogique » a montré ses limites. Et si Jean-Michel Blanquer évoquait le 31 mars dernier une proportion de « 5 à 8 % des élèves injoignables »[9], ces statistiques masquent indéniablement des disparités sociales et spatiales de très grande ampleur.

    Continuité pédagogique : les enseignants se dépassent

    Passé le choc de l’annonce, la priorité est de mettre en place les premières réponses pour assurer la continuité pédagogique. En quelques jours, les enseignants et les parents doivent apprendre à transmettre de façon inédite et les élèves à étudier d’une façon nouvelle.

    « J’ai été bluffée par mes enseignants », témoigne la cheffe d’établissement d’un lycée de huit cents élèves à Saint-Amand-Montrond, dans le département du Cher. « Leur métier est fait d’humanité et de relations individuelles. En vingt-quatre heures, ils ont dû s’adapter à l’éloignement de leurs élèves, à leur éclatement, et, souvent, réinventer leurs cours de toutes pièces. Et ils l’ont fait ! » La conscience professionnelle des enseignants ne fait pas de doute, en effet, quand on voit l’ingéniosité de certains pour atteindre leurs élèves les plus réticents ou transmettre des cours aux plus éloignés d’entre eux.

    « Merci pour ce que vous faites pour les élèves, merci pour la prise en charge à distance, merci pour le travail donné, sans compter vos heures. » Tout se passe comme si le confinement avait soudainement mis en lumière le dévouement dont font preuve quotidiennement les enseignants dans leur métier, réalité que certains parents d’élèves avaient peut-être eu tendance à oublier.

    « Les professeurs ont parfois mobilisé leurs propres ressources, c’est vrai, plutôt que d’utiliser systématiquement les ressources officielles. Mais ils s’y sont mis, ils ont écouté les besoins de leurs élèves et, très souvent, ont foncé vers cette nouvelle voie. C’est une force qui, je pense, restera. »

    Pour appuyer le travail des enseignants, le ministère établit des partenariats comme celui noué avec La Poste, qui concerne à ce jour 21 000 établissements : les enseignants peuvent ainsi préparer les documents, les déposer sur une plateforme conçue par La Poste, qui les imprime et les envoie au domicile de l’élève.

    Masse de travail pour certains profs... et élèves

    Et la masse de travail est considérable, en effet, dans le collège de Rayane, à Saint-Denis, à tel point que le chef d’établissement insiste, dans des mails envoyés aux professeurs, pour que ces derniers « donnent du travail dans une proportion raisonnable » et portent « un regard bienveillant sur le rendu des élèves ».

    « C’est rare que je dise à mes professeurs de lever le pied », sourit la proviseure du lycée de Saint-Amand-Montrond. « Mais là, il le fallait, sinon les élèves allaient s’épuiser sur la longueur… et eux aussi ! ».

    Le temps passant, des élèves et des parents ont fait état du fait que le travail fourni par des professeurs ne leur semblait pas toujours aussi louable que le dit l’unanimisme ambiant et que si beaucoup d’entre eux font preuve d’un engagement remarquable, d’autres sont très peu présents pour leurs élèves.

    Le confinement semble avoir un effet loupe indéniable sur la manière dont est perçu le travail de chaque enseignant et sur la conduite des équipes pédagogiques auprès des élèves.

    Du côté des parents :

    37 % d’entre eux admettent ainsi se disputer davantage qu’avant le confinement à propos de leurs enfants – et notamment du temps passé par ces derniers devant les écrans et de la manière de les éduquer.

    La position vis-à-vis de la réouverture des écoles le 11 mai prochain varie d’ailleurs très fortement chez les parents en fonction de l’âge de leurs enfants. Ainsi, le souhait d’une réouverture atteint 40 % parmi les parents d’enfants scolarisés à l’école primaire, contre 27 % des parents de lycéens. Sans surprise, les parents dont les enfants sont relativement autonomes s’accommodent beaucoup plus facilement de l’école à la maison

    Les fractures sociales et territoriales renforcées

    Le confinement renforce ces fractures, l’apprentissage reposant désormais davantage sur les parents, avec des maîtrises des codes scolaires et des ressources culturelles compensatoires parfois profondément différentes d’une famille à l’autre.

    L’obligation scolaire montre ici tout son sens : en son absence, le délitement du lien à l’école pour les élèves issus de familles fragiles ou de territoires en souffrance saute aux yeux

    Nous notions, en effet, à la fin de l’année dernière que 32 % des jeunes des zones rurales n’avaient pratiqué aucune activité extra-scolaire pendant leur scolarité, contre seulement 20 % des jeunes en agglomération parisienne.

    L’absence d’école peut évidemment entraîner l’absence d’enseignement. Mais elle représente aussi bien plus dans les quartiers où l’école est un pilier de la société.

    [...]L’école de la République, comme elle l’a toujours été, joue quotidiennement un rôle dépassant très largement sa fonction première : celle d’étudier, d’apprendre et de passer des diplômes. Le présentiel reste en ce sens la condition essentielle pour que l’école puisse jouer pleinement tous ses rôles, comme celui de « lanceur d’alerte » dans les cas de violences familiales par exemple, pour reprendre les propos de l’éducatrice citée précédemment.

    Au même titre que les 30 % de Français qui continuent leur activité en télétravail[21] indiquent ressentir depuis une « surcharge de travail » par rapport à leur quotidien habituel, suscitant des questionnements sur les effets de la période sur leur santé mentale et psychique (notamment les burn-out), qu’en est-il pour les élèves qui « jouent » sans réserve le jeu des devoirs et des cours suivis à distance ? L’absence de frontières maison-école rend-elle pour eux comme pour les adultes d’autant plus difficile la sanctuarisation de plages de repos ?

    Autre sujet majeur dans les territoires ruraux et les petites villes à l’heure du confinement : l’orientation, enjeu central en matière d’égalité des chances.

    « Le sujet récurrent et qui inquiète les chefs d’établissement c’est celui des élèves qui envisageaient la voie professionnelle ou ceux qui avaient un projet apprentissage qui ne pourra pas se conclure. » Elle reprend : « Un certain nombre de familles, par défaut, envisagent un redoublement. » Pour ces jeunes, deux mois de confinement auront été lourds de conséquences au point de déterminer toute l’année scolaire à venir.

    Les réflexions, propositions pour la suite

    La crise sanitaire, une fois l’émotion retombée, va nécessairement ouvrir des réflexions et des perspectives, et voir fleurir des initiatives dans le monde scolaire. Sans que ces évolutions soient prétextes à la remise en cause des cadres de travail des enseignants, des leçons seront à conserver de cette période de confinement, comme le souligne Jean-Michel Blanquer : « Ce mélange de temps en petit groupe, de temps d’étude, de temps à distance, de temps d’épanouissement par le sport, la santé, le civisme, peut suggérer des innovations sur les plans pédagogiques et éducatifs. »

    La question du numérique devra ainsi faire l’objet d’une attention particulière. Le manque de formation prodiguée aux personnels enseignants a notamment été souligné durant cette période.

    Une récente étude de l’OCDE place d’ailleurs les enseignants français parmi les mauvaises élèves du classement dans leur utilisation du numérique : « Seuls 56 % [d’entre eux] ont les compétences techniques et pédagogiques nécessaires pour intégrer le numérique dans l’enseignement ; bien moins que la moyenne de l’OCDE », résume Andreas Schleicher, père spirituel du classement Pisa.

    Le confinement et l’école à la maison ont fait prendre conscience de façon inédite à beaucoup de parents d’élèves de la reconnaissance nécessaire et souvent insuffisante qu’ils pouvaient exprimer aux professeurs pour leur travail essentiel et difficile.

    La directrice générale de l’Onisep résume en ce sens très bien l’enjeu des prochains mois : « Le vrai défi sera de ne pas oublier les leçons de ces dernières semaines, de bien garder en mémoire le fait que les enfants ne reçoivent pas tous de la même façon la voix de l’enseignant, comme ils n’ont pas tous reçu ses mails durant le confinement. On le sait, bien sûr. Mais l’enseignement à distance nous rappelle de façon criante cette réalité : les différences de milieux dans lesquels évoluent nos élèves. »

    #continuitepedagogique #etude #note #coronavirus #education

  • Schools reopening and coronavirus : Insights from a Danish primary school | Tes
    https://www.tes.com/news/what-it-denmarks-reopened-schools

    Denmark is not opening the schools just to continue educating the pupils, but also to give parents more space to work and contribute to society.

    Some parents were unhappy with this approach: they felt that the children were being used as “frontline guinea pigs” and were very concerned about having to send them into school.

    [...]Parents are not allowed in school, so can only email teachers with any questions they may have.

    Certains des changements intéressants :

    Each class is divided into two classrooms, and some are even using outside areas.

    Support and subject teachers are helping class teachers to cover the two rooms, and most of our part-time staff are now working full-time.

    All children need to be self-sufficient for the whole day bringing their packed lunch, drink and pencil case as they can’t borrow anything from anyone else.

    #continuitepedagogique #danemark #coronavirus
    => choqe qui parait impensable dans d’autres pays

  • Coronavirus : Pourquoi le numérique éducatif n’est pas à la hauteur
    https://www.lagazettedescommunes.com/676222/coronavirus-pourquoi-le-numerique-educatif-nest-pas-a-la-haute

    Morceaux choisis :

    Depuis le 17 mars 2020, la continuité éducative est difficilement efficiente, faute de formation des enseignants, de ressources pédagogiques pensées pour la classe à distance ou d’un accès pour tous les élèves à un matériel informatique, voire au réseau internet.

    « Les plans numériques évoluent en fonction des ministres sans aucune cohérence »

    Ces plans, fondés sur des appels à projets, nuisent à la continuité du service public puisque les aides financières de l’Etat ne sont pas pérennes. Ils entraînent aussi des disparités territoriales. « Toutes les collectivités n’ont pas les mêmes capacités financières », fait remarquer Rozenn Merrien, présidente de l’Association nationale des directeurs d’éducation des villes (Andev), ni la même appétence pour le sujet.

    « Cela représente un investissement très lourd, pour les trois niveaux de collectivités territoriales, souligne Rozenn Merrien. Même quand l’outil numérique est mis à disposition, son utilisation peut être très réduite. Il est nécessaire que l’Education nationale travaille davantage avec les collectivités pour l’accompagner. »

    Selon certains, il [le comité des partenaires] s’agit d’« une réunion du Komintern ! », pour d’autres, d’« une chambre d’enregistrement des actions de l’Education nationale », alors que « l’idée de départ était de réfléchir ensemble et de faire remonter les dysfonctionnements de terrain », regrette Anna Angeli.

    #education #collectivites #numerique

  • Pourquoi l’éducation en ligne n’est pas l’avenir de l’école
    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/pourquoi-l-education-en-ligne-n-est-pas-l-avenir-de-l-ecole-20200429

    L’éducation n’est pas un mécanisme, un mouvement simple qu’il suffirait de numériser pour que le prodige advienne et qu’éducation il y ait. L’éducation n’est pas un produit au sens technologique du terme, un dispositif circonscrit et rationalisé, duplicable à l’infini. L’éducation est toujours un processus, par essence imparfait, qui articule une suite de mécanismes tous complexes, depuis l’admission jusqu’à la diplomation, en passant par l’indispensable mais toujours complexe relation élève-professeur. En somme, le processus éducatif dépasse de toutes parts le produit technologique. Nombreuses sont les entreprises de technologie actives dans l’éducation (EdTech) qui tentent de résoudre ce défi, en rationalisant à marche forcée chacun des mécanismes à l’œuvre pour enfin passer à l’échelle. Aucune n’y est parvenue encore.

    Autre erreur fondamentale qui explique l’échec relatif de l’éducation en ligne : le second pilier sur lequel s’est construit le succès exponentiel de beaucoup d’applications numériques, est la désintermédiation - ou, pour être plus exact, le remplacement d’une multitude hétéroclite d’intermédiaires et d’intervenants par un seul, placé de fait au centre de l’industrie. Or ce mécanisme est lui aussi inopérant, puisque la transmission de savoir ou son avatar moderne, l’acquisition de compétences, est par essence une médiation : apprendre est avant tout un acte social, le résultat d’une confrontation et d’un échange.

    l’éducation est une expérience sociale, un échange prolongé et multiple, une conversation. L’épreuve de la pandémie nous offre une occasion unique, en bouleversant sous la contrainte les usages traditionnels : faisons donc en sorte de bâtir une éducation en ligne raisonnée et efficace, plutôt qu’un simple placebo.

    #coronavirus #edtech #onlinelearning

  • Coronavirus : gestes barrières, distanciation, flux… les directeurs d’école en première ligne du déconfinement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/28/coronavirus-gestes-barrieres-distanciation-flux-les-directeurs-d-ecole-en-pr

    #continuitepedagogique #deconfinement #france

    Morceaux choisis :

    [...]La tension est montée d’un cran, samedi 25 avril, lorsque le comité scientifique Covid-19 a mis en ligne une série de recommandations – dont le ministre a immédiatement affirmé qu’elles serviraient de « base » au protocole de « déconfinement scolaire ». Or, sur le terrain, l’application de ces mesures semble « très compliquée », voire « impossible ».

    Le conseil scientifique demande ainsi le respect d’une « distance minimale » d’au moins un mètre de chaque côté des tables, pour « éviter les contacts directs » entre les élèves. Une préconisation qui vire au casse-tête dans de nombreuses écoles : « Avec un mètre de part et d’autre de chaque bureau, on ne peut prendre qu’un petit tiers des élèves, au maximum », calcule François, un directeur d’une école REP + de quinze classes, dans le centre-ville de Marseille.

    « Eviter que les élèves se croisent, cela implique d’organiser l’accueil sur une heure trente chaque matin, et d’avoir des récréations toute la journée », détaille la directrice d’école du 20e arrondissement de la capitale, qui s’inquiète aussi du passage obligatoire par la case toilettes. « Dans mon école, il y a deux lavabos d’un mètre de long chacun, un pour les filles et un pour les garçons, explique-t-elle. On devra passer aux toilettes, plusieurs fois par jour, avec chaque groupe d’enfant, en les mettant en file indienne pour vérifier qu’ils se lavent tous les mains. »

    D’après plusieurs directeurs – qui commencent à évaluer leurs effectifs pour préparer la « rentrée » –, une grosse moitié des parents ne souhaitent pas renvoyer leurs enfants en classe. Un chiffre corroboré par le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Franceinfo et Le Figaro du 23 avril, selon lequel 64 % des personnes interrogées envisageaient de ne pas renvoyer au moins un de leurs enfants à l’école.

    Pour les autres, les enfants « en difficulté », et ceux dont les parents n’ont pas le choix, les directeurs se disent « prêts » à reprendre la classe, partageant la priorité ministérielle de « rattraper » les élèves les plus à risque.

    Mais ils réclament une clarification urgente du « protocole sanitaire » à suivre. Ces règles « claires, écrites, et nationales », selon le mot de Francette Popineau, cosecrétaire générale du SNUipp, permettront-elles de mieux « se projeter » ? De « sortir du flou », au moins, et d’organiser la reprise en constituant des groupes et des plannings. Même s’il y a fort à parier qu’un protocole – suspendu pour l’instant aux annonces du premier ministre – ne lèvera pas toutes les inquiétudes.