Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • HOMO INDUSTRIALIS, OU LE CULTE FUNESTE DE L’ARTIFICIEL

    On comprend pourquoi l’artificialisme est devenu maintenant l’idéologie officielle de la domination, qui nie la nécessité de la nature et même son existence ; c’est qu’elle veut devenir enfin et absolument ce qu’elle a toujours voulu être : une totalité dont les hommes ne puissent même plus songer à sortir, un monde sans dehors.
    Encyclopédie des nuisances 1

    Notre éloignement de la nature ne prendra fin que lorsque nous l’aurons refaite.
    F. M. Esfandiary 2

    Nous pensons que l’avenir sera très radieux.
    J. Craig Venter 3

    Selon la théorie la mieux étayée à ce jour, l’espèce humaine est apparue sur la Terre, au gré de l’évolution de la vie. Elle s’y est peu à peu répandue, jusqu’à y laisser partout son empreinte. Désormais, il existe peu de milieux dits « naturels » qui ne soient plus ou moins anthropisés. L’espèce humaine, cependant, se divise en groupes, communautés, collectifs, collectivités, sociétés. Chaque société est caractérisée par une langue, des normes, des valeurs, des fins, des conventions, des croyances, des institutions particulières. À travers celles-ci, chacune entretient un rapport particulier avec le socle terrestre et le vivant, avec les autres animaux et les éléments : la terre, l’eau, l’air, le bois, le feu. Si tout humain laisse des traces de son passage par ses actes, par son mode de vie, celles de certains humains sont plus profondes et tenaces que les autres. C’est spécialement le cas des Homo industrialis, aujourd’hui présents en de multiples endroits du globe et cherchant, partout où ils se trouvent, à maîtriser tout ce qui a trait à la nature. Ce qu’ils font ensemble – leurs productions, leurs aménagements, leurs usages, leurs consommations – se traduit par une artificialisation croissante de la Terre.

    Des forêts rasées pour faire place à des monocultures, à du bétail et du béton. Des mines et des puits creusés dans le sol en profondeur pour en extraire du minerai et du combustible. Des gaz rejetés en masse dans l’atmosphère. Des matières plastiques et des fluides chimiques intime- ment mêlés à l’eau et à l’air puis aux organismes vivants. C’est ainsi, parmi d’autres processus encore, que progresse l’artificialisation, par altération, contamination et appauvrissement. Il s’agit d’un effet à la fois visé et imprévu du mode de vie industriel. Là où ce mode de vie s’est imposé et partout où l’on peut en repérer la trace, tout ce qui ne porte pas déjà le sceau de l’Homo industrialis est en sursis. Confronté à une chose « naturelle » (qu’il n’a pas fabriquée), ce dernier affirme : « Toi, tu pourrais ne plus être telle que tu es, si cela m’était utile. » C’est-à-dire, en fonction de ta malléabilité, je peux te remodeler, te manipuler, te redécouper, te dresser, te souiller, te détruire. Je peux cela avec plus de puissance que quiconque. Et je le peux même sans le vouloir et sans en avoir conscience, parce que mon action a des effets indésirables que je ne suis pas capable d’anticiper ou de concevoir.

    Cette humanité-là, qui se représente le monde comme objet de maîtrise, refuse tout frein à sa volonté. Rien de ce sur quoi cette volonté peut s’appliquer, voire rien aujourd’hui de ce qui vit, n’est donc à l’abri d’une altération éventuellement fatale.

    Chaque société humaine a sa manière propre d’imaginer et d’habiter le monde, mais les conditions de l’existence de chaque être humain sont immuables : vivre sur Terre et être inféodé à cette planète ; avoir été engendré par l’union d’un homme et d’une femme ; avoir un corps biologique, animé par une psyché et sujet à la maladie, à la vieillesse et à la mort ; naître et vivre parmi d’autres humains déjà socialisés, agents de l’humanisation du nouveau-né ; coexister et interagir avec les autres êtres vivants, végétaux et animaux.

    L’être humain, bipède sans ailes ni nageoires, est fondamentalement terrien. Il vit sur Terre, de la terre. Elle se mêle en lui, par la nourriture qu’il ingère, l’eau qu’il boit, l’air qu’il respire, et, à la fin, corps en décomposition ou cendres et fumée, il y retourne et s’y mêle. Il ne saurait donc s’en passer, ce qui n’est pas réciproque. La Terre est sa mère, son biotope, son horizon. Fragment terrestre, l’humain a besoin de l’humus, mais aussi des autres êtres vivants du globe, avec lesquels il a coévolué au cours du temps et qui peuplent son imagination (ses rêves, ses contes, ses légendes, ses mythes, ses œuvres artistiques). La Terre n’est pas un caillou dans la chaussure de l’humain, elle est sa maison, corporellement, donc physiquement et spirituellement.

    Un être parlant, pensant, imaginant à un degré qu’aucun autre animal ne peut atteindre. Voilà sans doute, dans la capacité imaginative, créatrice, ce qui fait de l’humain ce qu’il est : partout pareil, partout différent. Ce monde qu’il crée en lui, dans ses entrailles, dans son cœur et dans sa tête, s’étaye sur ce qui se présente à lui, à ses sens. Mais il est aussi « altérant » : c’est à partir de ce qu’il imagine que l’humain affecte ce qui était là au départ et qu’il ne peut pas, au moins partiellement, ne pas affecter. Il crée ou essaie de créer à partir de ce qui est déjà là ce qu’il souhaite y voir. Le résultat peut être une hutte ou un gratte-ciel, un totem ou une église, un canoë ou un barrage hydroélectrique, quelques plants de manioc ou des hectares de soja transgénique, une flèche ou un missile balistique intercontinental. Cela dépend de toutes ces inventions tenant ensemble la collectivité : langage, normes, règles, valeurs, fins, croyances, mythes, etc.

    Les relations complexes, non simplement fonctionnelles et causales, entre ce qui est imaginé et ce qui est fait, sont propres à chaque individu, chaque société, chaque époque, et il est malaisé de les élucider. On peut dire de l’imagination qu’elle est individuelle (d’un individu à l’autre, le flux représentatif n’est jamais identique et la capacité imaginative diffère), sociale (ce qu’un individu imagine dépend en très grande partie de ce que la société lui a inculqué) et historique (les représentations se transforment au cours du temps). Théoriquement, l’imagination n’a pas de bornes. Les seules bornes existantes sont celles que la nature impose à la réalisation de ce qui est imaginé et celles qui sont particulières à chaque humain (donc à chaque société et à chaque époque), les interdits qu’il s’impose, les sentiments et les représentations qu’il refoule ou inhibe.

    La vie d’un humain est brève, sa fin certaine et inévitable. Survivre nécessite des efforts pénibles, enfanter, être malade et vieillir sont sources de désagréments et de douleurs. Quand l’être humain a-t-il pour la première fois émis des plaintes quant aux difficultés et aux souffrances inhérentes à la condition humaine ? La seule certitude est que le projet de la remodeler dans son intégralité n’est apparu qu’avec l’avènement de la société industrielle. C’est avec l’imagination d’un nouveau dessein, celui de maîtriser rationnellement la nature, et son application de plus en plus méthodique, que l’Homo industrialis a commencé à croire sérieusement à la possibilité de faire de la condition humaine une option, de substituer à la nécessité naturelle engendrée par le hasard une nécessité artificielle engendrée par la technoscience. Éliminer la maladie. Ralentir le vieillissement. Repousser la mort. S’affranchir du labeur. Reproduire artificiellement l’humain (et, plus largement, la vie). Transformer la Terre. La quitter.

    Il y a quelques siècles, à l’ouest du continent européen, prend forme, lentement, dans des sociétés chrétiennes profondément inégalitaires, l’Homo industrialis. Que veut-il ? Il veut se rendre « comme maître et possesseur de la nature ». Mais encore ? Il veut conquérir le monde, par la force, la ruse, le savoir, l’argent, le feu. Il veut imposer ses institutions et ses significations aux autres humains, qu’il juge inférieurs. Il veut inonder le monde de ses marchandises. Il veut de tout faire une marchandise ; ou de tout faire une ressource, une matière première pour la production indéfinie et toujours plus accélérée de marchandises, afin d’élever le tas d’argent que la vente de celles-ci génère et que les dominants s’accaparent. Il veut s’emparer de tout ce dont il peut faire une matière première, par la force, la ruse, le savoir, l’argent, le feu. Il veut faire feu de tout bois. Il veut tout chambouler, tout enflammer. Il veut embrasser l’embrasement du monde jusqu’au constat des cendres, puis, son méfait accompli, s’évader dans l’immensité intersidérale.

    Animé d’une telle ambition, il est évident qu’Homo industrialis ne laisse rien ni personne indemnes. Il emporte tout sur son passage, y compris ceux qui lui résistent. Les obstacles sur sa route, il les a jusqu’à présent surmontés ou brisés, il s’en est nourri, cela l’a renforcé.

    Armé de sa technoscience et de ses machines toujours plus puissantes, mû par la foi progressiste, il a transformé le rapport au temps, à l’espace, au travail, en vue, à terme, de les abolir. Vœu pieux, certes. Toutefois, on parle aujourd’hui d’usines sans humains, où seuls des robots « travaillent ». Ce n’est pas tout à fait au point, les machines ont encore besoin de l’assistance humaine, mais c’est ce qui est convoité : éliminer l’aléa propre à la personne humaine. Après tout, ce ne serait là que le prolongement logique d’une réification bien avancée, amorcée il y a plus d’un siècle avec la rationalisation du procès de travail (parcellisation, chronométrage, etc.). Par ailleurs, tous ces véhicules à moteur, roulant, flottant, volant, tous ces outils de communication, le télégraphe, le téléphone puis l’Internet, qu’il a inventés et dont il s’est rapidement servi pour élever le tas monétaire, découlent d’un même souhait : contracter l’espace en augmentant la vitesse de transport (des gens, des marchandises, des mots, des données, de la monnaie) pour « gagner du temps », car « le temps, c’est de l’argent », l’argent, c’est « le nerf de la guerre », et la guerre, l’invariant sans lequel l’ordre industriel ne pourrait perdurer.

    Armé de sa technoscience et de ses machines toujours plus puissantes, mû par la foi progressiste, il a transformé le rapport à la terre, aux éléments, au monde vivant. Son adoration du mécanique va de pair avec sa haine et son insensibilité à l’égard du vivant, en particulier du vivant non domestiqué, « sauvage », qui naît et se transforme indépendamment de sa volonté. Homo industrialis est un enfant des villes. Des villes qui, après plus de cent cinquante ans d’industrialisation, sont devenues des agglomérats de béton et de métal recouvrant le sol autrefois vivant. Ce n’est pas partout massif, ça et là des plantes percent la surface, abritant la vie que l’urbain tolère. Néanmoins, l’automobile, ce totem du monde industriel, y reste reine. Quand bien même elle domine l’espace public de circulation, vicie l’air, broie le silence, blesse et tue en nombre, elle semble inamovible. Ainsi que la télévision, cet autre fétiche, qui s’est diffusée en parallèle de la bagnole et participe – tout comme les autres objets munis d’écrans qui sont venus s’y ajouter – de la même distanciation par rapport au monde alentour, de cette mise hors sol de l’humain, de sa dénaturation et de sa déshumanisation.

    C’est ainsi que la formation et l’évolution des sociétés industrielles (capitalistes, marchandes, de consommation, du spectacle…) se sont accompagnées d’une érosion du vivant, hors et dans l’humain. À l’évidence, la quête illimitée de puissance et d’argent possède un fort pou- voir érosif. Les forêts primitives ont presque toutes disparu, et avec elles l’essentiel des êtres connus et inconnus qui les peuplaient. En bien des endroits l’humus n’est plus qu’un souvenir, d’innombrables milieux ont été altérés, de nombreuses espèces végétales et animales se sont éteintes. Les artefacts à dégradation extrêmement lente ou impossible (béton, métal, matières plastiques, atomes radioactifs, gaz à effet de serre industriels, substances chimiques, éléments-traces métalliques, nanoparticules) recouvrent le naturel ou s’y mêlent intimement. Toute la Terre est concernée, des abysses à l’exosphère. Aucun organisme n’est épargné. Aucun n’est immunisé.

    En 1929, dans un petit livre intitulé The World, the Flesh, and the Devil, John Desmond Bernal, physicien britannique d’obédience marxiste, se projetait dans un avenir où Homo industrialis, grâce à sa technoscience, aurait transformé son corps et la Terre afin de s’en émanciper 4. Aujourd’hui plus que jamais, les disciples de Bernal se multiplient, trouvant dans la perspective de l’affranchissement de la condition humaine, le sens insensé des moyens technoscientifiques qu’ils s’emploient sans relâche à inventer et à perfectionner.

    Le roboticien Hans Moravec, d’obédience néolibérale, affirme que, dans un monde amené à se réduire à un « cyberespace » (l’espace interconnectant ordinateurs et cerveaux), les sens humains – et donc le corps – deviendront obsolètes. Dans la même veine, parmi d’autres, Marvin Minsky, scientifique du MIT, et Ray Kurzweil, ingénieur et professeur dans la même institution, espèrent en un futur proche où l’humain et ses technologies s’hybrideront, l’« esprit » se débarrassant peu à peu du corps, ce simple sac à viande source de toute perturbation et de toute confusion, pour subsister éternellement dans ce fameux cyberespace, au sein duquel il aura été « téléchargé » comme n’importe quel logiciel informatique. Avant ce stade ultime de désincarnation où la « vie » pourra être indéfiniment prolongée – et donc la mort, ce « scandale », indéfiniment repoussée –, le corps, grâce aux nanorobots qui y seront introduits et aux manipulations génétiques dont il fera l’objet, résistera mieux aux maladies et au vieillissement, il sera plus « performant » et tendra alors vers la « perfection », au fur et à mesure de son identification à la machine : à l’abstraction réalisée.

    Kurzweil, qui travaille aussi pour Google, a fondé, en collaboration avec cette entreprise et la NASA, une Singularity University. La « Singularité » est l’avènement supposé, dans les décennies à venir, d’une « superintelligence » artificielle, fruit de l’intelligence humaine mais la surpassant ; alors le progrès technique ne sera plus le produit de l’humain, devenu complètement obsolète, mais de cette superintelligence, qui l’orientera ; alors, l’humain devra se soumettre à sa créature. L’ingénieur et entrepreneur Peter Diamandis a cofondé et préside actuellement cette université de la Singularité. Il a participé à la création de plusieurs entreprises dans le domaine spatial, dont Planetary Resources, consacrée à l’extraction minière sur des astéroïdes, ces « montagnes de ressources volantes » (dixit K. Eric Drexler). Comme l’ingénieur Elon Musk, patron de l’entreprise Tesla (qui produit, de façon quasi automatisée, des voitures électriques), de la société SpaceX (qui produit des lanceurs de navette spatiale) et de la start-up Neuralink (qui vise à produire des composants électroniques pouvant être intégrés dans le cerveau humain), il pense que l’avenir de l’humain n’est pas sur Terre. Comme Musk, peut-être rêve-t-il de coloniser Mars, pour y poursuivre ce projet imaginé et commencé bien avant leur naissance et dont ils se font les nouveaux apôtres. Mais avant de partir avec leurs petits et gros jouets par milliers pour d’autres cieux, leur reste la tâche d’artificialiser plus encore la Terre et le corps humain avec l’illusion d’en atteindre la maîtrise parfaite. Ce sont là deux choses qui vont de pair, comme le remodelage de l’humain en vue de son adaptation aux dégradations de la Terre va de pair avec le remodelage de l’humain nécessaire à son accommodation aux conditions de vie extraterrestres.

    Le chimiste Paul Crutzen a contribué à populariser le concept d’« Anthropocène », cette nouvelle ère géologique que l’être humain commun (Homo sapiens) marquerait de son sceau. Il est aussi, ce qui est en cohérence avec cette appréciation, un partisan de la géo-ingénierie. Il y voit une solution au problème du dérèglement climatique que le mode de vie industriel a créé et s’entête à entretenir. La « géo-ingénierie » projette la manipulation de la planète entière. Elle part du principe que le système climatique est maîtrisable et qu’Homo industrialis, équipé de sa technoscience, peut le modifier à son gré. Ce projet a des racines dans les années 1950, où, essentiellement aux États-Unis et en Russie, il s’agissait de découvrir de nouvelles armes ou, plus simplement, d’ensemencer des nuages afin qu’il pleuve là où le sol manquait d’eau. C’est une technique, plus ou moins aléatoire, utilisée aujourd’hui en Chine avec cette intention, pour lutter contre la propagation du désert. Face au problème climatique, l’ambition est plus vaste. L’idée est notamment de modifier l’albédo, c’est-à-dire la réflectivité de la Terre, donc d’altérer le flux d’énergie solaire et le flux d’énergie infrarouge rayonnée par la surface terrestre, soit en réduisant la teneur atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2), pour qu’une plus grande quantité du rayonnement infrarouge puisse s’échapper vers l’espace (par exemple en capturant et en séquestrant le gaz dans des cavités géologiques ou en fertilisant les océans avec du sulfate de fer), soit en augmentant l’albédo afin d’abaisser la quantité d’énergie solaire absorbée par la Terre (notamment en diffusant des aérosols ou des poussières dans la stratosphère). Crutzen a une préférence pour la seconde option. Diamandis, qui a davantage l’esprit d’entreprise, espère plutôt en la première : capturer le CO2 pour le séquestrer, non pas dans des planctons ou dans le sous-sol, mais dans de nouvelles marchandises. Il existe d’autres propositions tout aussi imaginatives, comme celle de l’astronome Roger Angel d’installer dans l’espace un bouclier de miroirs afin de réfléchir le rayonnement solaire avant qu’il n’atteigne la Terre.

    J. Craig Venter, lui, pense que la solution à ce problème (et à bien d’autres) réside dans la fabrication d’organismes artificiels, en l’occurrence des algues dont l’ADN aura été modifié en vue d’en faire d’inaltérables éponges à CO2. Venter, biochimiste de formation, homme d’affaires et grand amateur de vitesse roulant en Tesla, a fondé l’entreprise Synthetic Genomics, qui travaille à la production en masse de ces plantes artificielles, et le J. Craig Venter Institute, un centre de recherches en biologie de synthèse, cette technoscience « prometteuse » (comme toute technoscience) à l’intersection du génie génétique, des nanotechnologies et de l’informatique. L’ambition explicite est de forcer la nature à faire ce qu’elle ne fait pas et de fabriquer des « êtres » n’ayant jamais existé. C’est une sorte de jeu de Lego, mais avec le vivant plutôt que de vulgaires morceaux de plastique en guise de briques. Récemment, Venter s’est associé avec Diamandis et le chirurgien-entrepreneur Robert J. Hariri pour créer l’entreprise Human Longevity, dont l’objet est, comme son nom l’indique, d’allonger la durée de vie humaine en bonne santé. Pour ce faire, elle s’intéresse notamment aux génomes des cancers et des patients atteints de cancer. D’ores et déjà, elle propose, moyennant finance, de séquencer votre génome complet, afin de mieux évaluer les « risques » encourus et contenus en puissance dans votre corps, puis, avec votre médecin ou votre conseiller en génétique, les possibilités de prévenir ou de guérir les maladies que vous seriez, de naissance, prédisposé à contracter.

    Le postulat central est que tout résiderait dans les gènes, que tout être humain se réduirait à une somme de gènes, lesquels seraient de simples « programmes » aisément reprogrammables.

    Venter est l’un des scientifiques qui ont entrepris de séquencer l’ADN du génome humain dans les années 1990. Son équipe y est parvenue grâce aux appareils de séquençage automatique créés par le biotechnologue et entrepreneur américain Leroy Hood. À l’instar de Venter, ce dernier propose aujourd’hui, avec sa société Arivale, d’« optimiser » votre bien-être grâce à l’analyse scientifique de votre génome, de votre microbiome intestinal, de votre salive, de votre sang et de votre « style de vie ». Un tel examen « en profondeur » lui permettra de vous dévoiler qui vous êtes réellement, et vous saurez alors, suivant les conseils d’un coach, ce qu’il vous faudra faire, comment il vous faudra vivre, pour atteindre un « bien-être scientifique ».

    Il existe sans doute d’autres sociétés de ce genre. L’idée qui les sous-tend toutes, et qui sous-tend en fait toute l’entreprise généticienne, est que le corps humain est imparfait selon les normes mécaniques. Il est truffé de « bogues » qu’il conviendrait de « corriger ». Kurzweil, Diamandis, Venter, Hood et d’autres (citons par exemple Gregory Stock, George M. Church, Lee Silver ou, en France, Bernard Debré et André Choulika) n’imaginent pas seulement de pouvoir un jour soigner les gens avant qu’ils ne soient malades, grâce aux thérapies géniques. Leur ambition est aussi et surtout d’« améliorer » le corps humain (les performances physiques, l’« intelligence », la mémoire, etc.) et, plus largement, l’espèce humaine, par le génie génétique. Il s’agit de faire « mieux » que la nature (ou Dieu ?) et de prendre ainsi le contrôle de l’évolution humaine. Ce dessein perfectionniste correspond, à vrai dire, au vieux programme eugénique, inhérent à l’hybridation entre le darwinisme et la religion du progrès et qui, pour être mené à bien, n’envisage d’exclure ni le clonage ni l’ectogenèse 5.

    Ces quelques personnages largement médiatisés et médiatiques sont certainement des illuminés, mais ils ne prêchent pas dans le désert. Leurs propos sont relayés et audibles dans les sociétés où ils sont exprimés, parce qu’ils font sens. Ils ne remettent pas en question la technoscience et son soubassement mécaniste, réductionniste, rationaliste et utilitariste, ils les portent à leur paroxysme. Ils n’interrogent pas la promesse progressiste du meilleur des mondes, ils perpétuent au contraire l’espérance d’une amélioration indéfinie de la condition humaine, jusqu’à programmer son abolition. Ils ne contestent pas l’ordre établi, mais brassent des capitaux énormes, réalisant à un degré inégalé la fusion entre les intérêts industriels, les intérêts étatiques et la propagande publicitaire.

    Ils – surtout des hommes – sont les hérauts d’une technoscience qui, dès ses origines et sa volonté fondatrice de rationaliser l’ancienne magie naturelle (Descartes, Bacon, Boyle, Galilée, Condorcet, etc.), s’est donné pour objet de modifier la condition humaine et, pour ce faire, de s’en attribuer la maîtrise absolue ; et qui, dès le départ, s’est inscrite dans des rapports de domination qu’elle a contribué à renforcer, au profit de puissants de plus en plus familiarisés avec sa méthode rationnelle. À l’idée du monde naturel qu’il pourrait maîtriser, Homo industrialis a toujours associé celle des communautés humaines elles-mêmes comme objet de domination, comme masse homogène et inerte entièrement manipulable. Si bien que la rationalité technique, en tant que rationalité de la domination, a fini par être appliquée à tout : au « corps » de la nature, au corps humain, au « corps social ».

    Si tout est « machine », si plus rien n’est constitué selon les catégories propres à la subjectivité vivante, mais tout selon les abstractions de la science mathématisée, alors la compréhension des choses les plus complexes consiste à les décomposer en éléments simples, puis à les reconstruire, conceptuellement et concrètement, selon leur modèle ou au gré de son imagination et de sa volonté de puissance 6. C’est la nature entière, inorganique et organique, qui est une « machine » soumise à ce processus de décomposition-reconstruction au sein de l’automate industriel ; c’est le corps du travailleur qui est une « machine » désagrégée en organes et en qualités, afin d’être recomposée scientifiquement en une « force de travail » docile et efficace ; c’est le corps du consommateur qui est une « machine » dont les rouages sont les pulsions, savamment réassemblées en cette « force pulsionnelle » l’attirant comme une mouche dans la glu du consumérisme industriel ; c’est le « corps productif » qui est une « machine » scindée en travailleurs parcellisés et reconstituée en un « travailleur global » par le management scientifique ; c’est le corps de tout un chacun qui est une « machine » composée de neurones, de gènes, d’atomes, de bits dont la recombinaison par les mécaniciens doit conduire à son « augmentation » illimitée ; c’est le « corps social », enfin, qui est une « machine » atomisée en individus isolés les uns des autres, restructurée par le Léviathan « intelligent » et livrée aux automatismes abstraits de la bureaucratie et du marché prétendument autorégulateur.

    En détrônant l’humain et en intronisant la technoscience, ces processus convergent pour faire des habitants des territoires industrialisés les rouages impuissants de la puissance de masse qu’ils produisent et qui leur devient étrangère, les domine et finalement les voue à la dissolution complète.

    L’industrialisme – et son pendant, le consumérisme – est un artificialisme. Plus son emprise s’amplifie, plus le vivant s’étiole. C’est une tendance lourde consécutive à la volonté de l’Homo industrialis de tout maîtriser, selon une conception mécaniste et expérimentale de la nature réduisant tout ce qui s’y trouve, y compris l’être humain, à une matière première ou à une pâte à modeler. C’est une voie mortifère, qui précipite le cours des choses. La mort avant l’heure.

    Tout humain s’éteindra. Aucune société humaine n’est éternelle. L’humanité rejoindra le néant. La Terre, nous dit-on, finira par être absorbée par le Soleil. Tels des nuages, individuellement et collectivement, les humains ne sont donc que de passage. C’est un fait, aussi évident qu’insondable. D’où venons-nous ? Que faisons-nous sur Terre ? Comment devons-nous vivre ? Qu’y a-t-il après la mort ? Mythes et religions sont les réponses imaginaires des sociétés à ces questions indécidables qu’aucune ne peut éviter de se poser. Qu’en disent les Homo industrialis ? « Nous sommes là pour transcender ce qui nous a faits et à quoi nous appartenions au début : la Terre, la dérive naturelle des êtres vivants. Nous sommes là pour le dominer totalement et nous en extraire. Pour le plier à nos caprices, en faire tout ce que nous imaginons pouvoir en faire. »

    La mort avant l’heure, par la guerre nucléaire ou la survenue de « bio-erreurs » massivement contagieuses. La mort avant l’heure, par l’empoisonnement des milieux de vie, l’eau, l’air, la terre. La mort avant l’heure, par le dérèglement irréversible du climat. La mort avant l’heure, par la destruction des sols et la dégradation des espèces.

    Rien de tout cela ne trouble Kurzweil et compagnie, technoprophètes « transhumanistes » ou simples progressistes, dont l’optimisme béat n’a d’égal que la rigidité du conformisme sociopolitique. La technoscience saura y remédier. La technoscience a toujours réponse à tout. Elle a fait ; elle saura défaire. Elle a altéré ou détruit ; elle saura rétablir ou recréer, et même créer de nouvelles choses mieux que la nature n’a jamais su le faire. Laissez faire ceux qui savent, répètent-ils à l’envi. Laissez-nous faire.

    Cela fait pourtant longtemps que ceux qui disent savoir se sont donné le pouvoir de faire à leur guise. Alors qu’ils ne savent pas, qu’ils n’ont que l’illusion de savoir, qu’ils font sans savoir réellement ce qu’ils font, réaffirmant savoir ce qu’ils font avec d’autant plus d’insistance que l’expérience sans cesse démontre leur irréductible incapacité à savoir ce qu’ils font.

    Cela fait pourtant longtemps que l’Occident chrétien, après s’être défié de la libido sciendi, s’est mis en marche tel un somnambule conduit par le chant de ceux disant savoir sans savoir ce qu’ils faisaient. Accordant les meilleures conditions aux virtuoses de la technoscience. Aménageant le libre déploiement de leur libido : l’immunisant contre toute réflexion critique, toute autolimitation collectivement définie. Cherchant le salut dans les effets providentiels des progrès de leur magie. Déniant comme eux et avec toujours plus d’entêtement tout principe de réalité. De cette réalité qui, telle qu’elle se donne à être et à vivre de manière commune, a dans leur esprit toujours eu le tort d’être simplement ce qu’elle était : insupportable de n’être pas ce que pour eux elle devait être, parfaite uniquement dans son ajustement à leur aveugle modernisme.

    Qui cherche à façonner le monde, je vois, n’y réussira pas.
    Le monde, vase spirituel, ne peut être façonné. Qui le façonne le détruira.
    Qui le tient le perdra.
    Lao Tseu 7

    Depuis quelques temps, l’impression prédomine que la société capitaliste est entraînée dans une dérive suicidaire que personne ne veut consciemment mais à laquelle tout un chacun contribue […], […] une série de catastrophes à tous les niveaux et à l’échelle planétaire, qui semble menacer la survie même de l’humanité…
    Anseim Jappe 8

    Nous avons tenté de vivre au-delà de la terre. Il nous faut main- tenant apprendre à vivre dessus.
    Kenneth White 9

    Ô vous qui cherchez le Bien suprême dans les profondeurs du savoir, dans le tumulte des affaires, dans les ténèbres du passé, les labyrinthes de l’avenir, au fond des tombeaux et par-delà les étoiles, savez-vous son nom ? Le nom de ce qui est Un et Tout ? Son nom est Beauté.
    Friedrich Hölderlin 10

    La pression de mon pied sur la terre déclenche mille émotions, Elles narguent tous mes efforts pour en faire le récit.
    Walt WhitMan 11

    Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l’humanité s’attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle ; l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même.
    Claude Lévistrauss 12

    Aucun humain ne peut avoir goût à la vie sans s’imaginer être un petit quelque chose qui a sa place en ce monde, plutôt qu’un moins que rien, un artefact insignifiant. L’orgueil naît avec sa prétention d’être plus grand qu’il ne l’est réellement, plus grand que ses congénères. Cette ambition devient démesurée lorsqu’il se voit plus grand que tout ce qui lui est extérieur ; lorsqu’il se met à croire que tout ce qu’il imagine pourrait et devrait être réalisé. Tel est l’Homo industrialis : un être présomptueux, avide et calculateur qui entend s’approprier le monde entier et le façonner selon son idéal, la machine. Car il aime peu ce qui est désordonné et incontrôlable, imprévisible et incertain, autrement dit ce que le hasard a fait naître et qui vit. Il lui faut donc « ramener la vie à une combinaison de phénomènes mécaniques 13 », réduire tout être vivant à une chose, un objet, un artefact insignifiant. De là sa fascination pour la mort, « le seul fait certain dans l’existence 14 ».

    Les bio-ingénieurs, au-delà de leur quête d’une perfection adamique, s’imaginent pouvoir un jour recréer la vie ex nihilo ; mais comment le pourraient-ils, étant incapables, y compris dans leurs démarches intellectuelles, de l’appréhender et de la définir autrement qu’en la niant ? Les cyber-ingénieurs appellent « immortalité » ce qui n’existerait plus que sous forme d’informations circulant dans un réseau de machines algorithmiques, donc ce qui serait, à proprement parler, mort (privé de toute sensation de vivre). Les ingénieurs en robotique, s’inspirant peut-être de Victor Frankenstein, ambitionnent de rendre vivant ce qui, n’étant composé que de matière inorganique, ne pourra jamais l’être. Les géo-ingénieurs entendent prendre le contrôle du système climatique, alors que, comme tout humain, ils sont incapables de maîtriser leur organisme et le cours de leur vie. Les ingénieurs en aérospatial se préoccupent des moyens de quitter le seul endroit de l’univers où l’on est sûr que les conditions sont propices à la vie (du moins, pour le moment…). Tous autant qu’ils sont, ces idolâtres de la machine ne parviendront qu’à produire chimères et calamités. Car chercher à maîtriser le vivant, c’est le combattre, c’est chercher à le vaincre et, dans le secret des cœurs, inconnu des cœurs mêmes, à le détruire.

    Les sociétés industrielles, dont la forme doit beaucoup à la longue et étroite collaboration entre souverains, marchands et mécaniciens, ont déjà amplement marqué le monde de leur empreinte. Le saccage de la nature et son remplacement par une antinature sont bien avancés ; l’effacement des cultures, des langues, des savoirs et savoir-faire des communautés qui se présentaient sur leur route également. L’inextinguible promesse progressiste est une incitation à poursuivre dans la même voie, avec pour horizon l’artificialisation – donc l’annihilation – de l’humanité elle-même. C’est cela que visent explicitement les tenants de la mouvance « post » ou « transhumaniste », comme tendent à le montrer les articles de ce dossier. Il ne suffit pas aux sociétés « cosmophages » et « humanistes » – cherchant à se disjoindre de la nature – de continuer leur conquête ravageuse de la Terre considérée comme une exoplanète (Frédéric Neyrat) ; par exacerbation d’un scientisme dont les racines plongent dans le christianisme et la philosophie grecque, donc contre le sens commun et le monde de la vie (Michel Barrillon), il s’agit d’en finir avec l’élément humain (Christian Godin), d’en finir avec le corps (David Le Breton), d’en finir avec la mort (Jacques Luzi).

    Ces idées s’apparentent au délire d’un fou cherchant, par un étrange saut périlleux, à sortir de lui-même. Comment un être humain peut-il croire pouvoir se passer de la nature et de la Terre ? Comment peut-il croire pouvoir se désincarner et tuer la mort ?

    Le corps n’est pas un fardeau. C’est par notre corps entier, de la tête aux pieds, que nous sommes au monde, « en tant que nous percevons le monde [et les autres] avec notre corps 15 ». Sans corps, comment savoir si l’on est en vie ? Comment goûter la vie ? Comment s’enraciner dans le réel ? Sans corps, comment apprendre, sachant que, quoi que nous apprenions – tout doit s’apprendre –, nous l’apprenons toujours « par corps » ? Il ne peut exister d’esprit – et donc de pensée – détaché d’un corps. La fin du corps impliquerait la fin de l’être-ensemble – et ainsi de l’histoire –, car tout ce qui cimente imaginairement une collectivité humaine s’incorpore.

    Un être humain, n’ayant rien d’autre à percevoir que ce qu’il a fabriqué, ne peut que dépérir. Car qui pourrait – et qui voudrait réellement – vivre continuellement comme un astronaute mâle dans le monde hermétique d’un vaisseau spatial ? L’humain n’est humain, ne peut se comprendre comme humain et prendre conscience de lui-même en tant qu’humain, que dans l’appartenance à et la confrontation avec un monde sensible dont il n’est pas l’auteur et qui reste pour lui un mystère 16 ; c’est-à-dire la nature, envers laquelle il devrait alors se montrer humble. Les humains sauraient difficilement vivre sans humus ; sans humilité, l’humus, fruit d’une nature sauvage, disparaîtra. « Nous sommes des éléments cosmiques 17 », dit Jean Giono. Nous sommes de/dans la nature. Aussi avons-nous intimement besoin d’elle. Ce besoin, les humains en chair et en os le ressentent d’autant plus qu’ils vivent dans les contrées industrialisées ; il est au fondement de l’industrie touristique, qui participe pourtant de l’extension de l’artificiel.

    À contre-courant de cette marchandisation de ce qu’il reste de sensibilité, d’autres relations entre humains et avec la nature sont possibles. Elles sont même nécessaires. Le nier, c’est consentir, si ce n’est adhérer, au nihilisme de l’Homo industrialis et à l’anéantissement total qu’il parachève à vive allure.

    Mathias Lefèvre et Jacques Luzi
    https://observatoiresituationniste.com/2022/07/20/homo-industrialis-ou-le-culte-funeste-de-lartificiel-pdf

    --

    1. Encyclopédie des Nuisances, Remarques sur l’agriculture génétiquement modifiée et la dégradation des espèces, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1999, p. 41.

    2. F. M. Esfandiary, Optimism One. The Emerging Radicalism, W. W. Norton, New York, 1970, notre traduction.

    3. Cité dans C. Zimmer, « Carl Venter Turns from DNA to Saving the Environment », Yale
    Environment 360, 6 janvier 2009, notre traduction. Écologie & Politique n° 55 • 2017

    4. Cf. l’extrait publié dans ce dossier, précédé du texte de Michel Barrillon.

    5. Toutes ces informations se trouvent aisément et de façon évidemment bien plus détaillée dans le cyberespace. C’est là surtout que nous avons découvert l’existence de ces individus et de leurs projets. Citons toutefois les sources suivantes, qui ont contri- bué à aiguiller nos fouilles : Encyclopédie des Nuisances, op. cit. ; D. Noble, The Religion of Technology. The Divinity of Man and the Spirit of Invention, Penguin Books, Londres, 1999 ; D. Le Breton, L’adieu au corps, Métailié, Paris, 1999 ; J.-M. Mandosio, Après l’effondrement. Notes sur l’utopie néotechnologique, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2000 ; A. Gorz, L’immatériel. Connaissance, valeur et capital, Galilée, Paris, 2003 ; P. Thuillier, La Grande Implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident, 1999-2002, Fayard, Paris, 1995 ; P.-A. Taguieff, Du progrès. Biographie d’une utopie moderne, Librio, Paris, 2001 ; et les écrits de Pièces et main-d’œuvre, www.piecesetmaindoeuvre.com.

    6. Cf. M. Tibon-Cornillot, Les corps transfigurés. Mécanisation du vivant et imaginaire de la biologie, Seuil, Paris, 1992, p. 31 et suiv.

    7. L. Tseu, Tao-tö king, Gallimard, Paris, 2007 [1967], p. 46.

    8. A. Jappe, La société autophage. Capitalisme, démesure et autodestruction, La Découverte, Paris, 2017, p. 9.

    9. K. White, En toute candeur, Mercure de France, Paris, 1964, p. 30, en italique dans l’original.

    10. F. Hölderlin, Hypérion ou l’ermite de Grèce, UGE, Paris, 1968, p. 63-64.

    11. W. Whitman, Feuilles d’herbe (1855), José Corti, Paris, 2008, p. 73.

    12. C. Lévi-Strauss, « On m’a souvent reproché d’être antihumaniste », Le Monde, 21-22 jan- vier 1979.

    13. E. Fromm, Le cœur de l’homme. Sa propension au bien et au mal, Payot & Rivages, Paris,
    2002 [1979], p. 51.

    14. Ibid., p. 53.

    15. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Gallimard, Paris, 1987 [1945], p. 239.

    16. Encyclopédie des Nuisances, op. cit. ; P. Shepard, Thinking Animals. Animals and the
    Development of Human Intelligence, The Georgia University Press, Athens, 1998 [1978].

    --

    17. J. Giono, Les vraies richesses, Grasset, Paris, 2016 [1937], p. 17.*

  • DE LA NATURE DE LA SOCIÉTÉ DANS LAQUELLE NOUS VIVONS

    C’est en 1967 que cette société a été nouvellement caractérisée comme société du spectacle (Guy Debord). Voici que « toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles » où « tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans la représentation », de sorte que « la réalité vécue » est « envahie par la contemplation du spectacle, et reprend en elle-même l’ordre spectaculaire en lui donnant une adhésion positive. » Debord note aussi que « le spectacle se soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis » et que « la phase présente de l’occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l’économie conduit à un glissement généralisé de l’avoir au paraître, dont tout avoir effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière », de sorte que « les simples images deviennent des êtres réels, et les motivations efficientes d’un comportement hypnotique. » (...)

    Dans la société du spectacle, c’est le spectacle qui fait la société et c’est l’argent qui est la véritable société. De la sorte, « le pseudo-besoin imposé dans la consommation moderne ne peut être opposé à aucun besoin ou désir authentique qui ne soit lui-même façonné par la société et son histoire » : L’accumulation quantitative et qualitative du monde marchandise « libère un artificiel illimité, devant lequel le désir vivant reste désarmé. La puissance cumulative d’un artificiel indépendant entraîne partout la falsification de la vie sociale. »

    Rien de tout ceci n’aurait été possible sans l’industrie : « avec la révolution industrielle, la division manufacturière du travail et la production massive pour le marché mondial, la marchandise apparaît effectivement, comme une puissance qui vient réellement occuper la vie sociale. C’est alors que se constitue l’économie politique, comme science dominante et comme science de la domination. » L’essence de l’argent est l’annexion du monde par les riches. L’économie n’est rien d’autre que le traité de stratégie qui permet aux riches d’annexer à l’argent l’esprit des hommes. (...)

    Tout ceci n’est finalement que la conséquence fatale d’un choix prétendument civilisationnel qui aura consisté à savoir s’emparer de tout, à se saisir du savoir comme domination, à faire de la domination la forme même du savoir. (...)

    https://observatoiresituationniste.com/2022/08/05/de-la-nature-de-la-societe-dans-laquelle-nous-vivons

    --

  • ACHÈVEMENT D’UN MONDE INVIVABLE

    Les mass-medias tournent en boucle sur le réchauffement climatique. Ces dérèglements du climat ont des causes multiples, et ne sont pas cataclysmiques. La théorie réductionniste du “réchauffement climatique” est une idéologie comptable du CO2 construite sur des statistiques et des moyennes générales, où chaque effet à sa seule cause attitrée, ignorant l’ensemble des équilibres instables du vivant, mais aussi les processus circulaires de l’écologie, avec ses interrelations complexes et ses interactions multiples dans un écosystème planétaire dépendant du système solaire.

    C’est le fonctionnement normal du capitalisme qui produit les dérèglements écologiques et l’intoxication de la vie. Cette catastrophe annoncée par tous les médias culpabilise les individus pour innocenter un système marchand destructeur. La prophétie apocalyptique appelle la nécessité d’une technique de gouvernement moraliste qui s’impose par la peur pour conjurer le sort du destin. La croyance en ces prédictions catastrophiques, calculées sur la probabilité du pire, est prétexte à de nouvelles restrictions comme des contraintes pesantes qui viennent s’additionner à l’exploitation capitaliste qui nous écrase. Tout repose sur des hypothèses scientistes parcellaires et restrictives prises pour des constats universels indiscutables.

    Dans ce monde complexe et instable, les prédictions ne s’avèrent jamais exactes. La prédiction de l’avenir est une source d’erreurs quand elle n’est pas une escroquerie. Des experts officiels avaient déjà prédit des désastres conséquents au refroidissement mondial prévu dans les années 70, la fin imminente du pétrole, le trou dans la couche d’ozone... Ces experts des gouvernements, qui servent les intérêts des multinationales, ont fait leurs preuves : l’amiante, le sang contaminé, le nuage de Tchernobyl, les pesticides, fongicides, herbicides... Ils ne sont plus crédibles ! On perd beaucoup en liberté et en intelligence collective à subir l’autorité des experts de l’État.

    Le climat se réchauffe, c’est un fait avéré, qui est récupéré, interprété et dénaturé. L’effet de serre est un phénomène naturel, dû au CO2, mais aussi à la vapeur d’eau, au méthane atmosphérique... Sans cet effet de serre, la Terre gèlerait littéralement, et sans CO2 il n’y aurait pas de vie sur terre. La théorie du réchauffement climatique restreint ses causes aux influences du CO2 produit par l’homme. Cette théorie dépend des rapports des experts du GIEC. Celui-ci a été créé en novembre 1988, à la demande du G7. La décision du G7 avait été prise sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, afin de justifier le nucléaire et d’empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de militantisme écologique, de mettre la main sur l’expertise climatique. Le GIEC ne fait que des hypothèses prédictives, qu’il présente comme les données d’une réalité inévitable, et les possibilités y deviennent très vite des certitudes scientifiquement prouvées. Les simulations passent pour une objectivité incontournable et incontestable.

    Limiter les causes de l’effet de serre aux gaz et à l’empreinte carbone de l’activité humaine, en ignorant l’influence prépondérante de la apeur d’eau et des nuages, ainsi que beaucoup d’autres facteurs, est une hérésie scientifique et une absurdité écologique. Les micros et nanoparticules, les pressions et dépressions, les océans, le bétonnage des villes, les rayonnements et les ondes, sont des phénomènes parmi bien d’autres qui jouent un rôle dans la formation des nuages, et donc modifient un climat en perpétuel changement.

    Aucun modèle unique n’est capable, pour prévoir le réchauffement mondial, d’intégrer ou d’essayer d’intégrer toutes les variables. Les modèles informatisés utilisés pas ces experts corrompus, basés sur des omissions et des incertitudes substantielles, ne sont pas fiables. Le climat se réchauffe effectivement, mais la méthode et les conclusions catastrophistes du GIEC sont plus que discutables. Ces devins scientistes, au service des gouvernements, ont ainsi produit avec l’aide de tous les mass médias, un climat de peur, un écran de fumée anxiogène et persistant pour masquer les réels dangers bien présents que sont les pollutions chimiques (air, eau, nourriture), électromagnétiques, nucléaires, particules fines, nanoparticules, métaux lourds, perturbateurs endocriniens... qui menacent effectivement la vie sur terre.

    Ce qui est caché crée l’illusion, la panique et la soumission à un système qu’il s’agit seulement de perfectionner en le verdissant, afin de développer un écocapitalisme profitable aux plus riches. L’écologie récupérée, dénaturée et falsifiée, sert maintenant de prétexte aux nouvelles servitudes modernes, permettant un pillage maquillé et effréné des derniers restes de vie à exploiter, détruisant la biodiversité, intoxiquant tous les écosystèmes. Le désastre est déjà là, l’extinction des espèces, l’intoxication chimique et la bouillie électromagnétique généralisée... Reporter la catastrophe sur un futur hypothétique en la limitant au réchauffement, c’est autoriser, au présent, son expansion mortifère multiforme.

    La propagande médiatique ne discute que de chiffres, de dates, de doses et de statistiques. Les caprices du climat mondial ne se modélisent pas dans leurs supercalculateurs, les aléas des interrelations des processus vivants ne se résument pas à une série de chiffres et de moyennes, les interactions hypercomplexes d’un écosystème global n’entrent pas dans leurs programmes étriqués, la nature ne s’informatise pas. Le climat est une variation permanente, une instabilité en interdépendance avec son milieu, un phénomène complexe et ingouvernable. Il n’y a pas de coupable, il n’y a que des interactions dans des ensembles multiples ouverts à leur environnement. Il n’existe pas de système isolé, car nous vivons dans un monde composé de relations. Isoler une partie, disséquer en fragments séparés un système d’interactions complexes détruit la compréhension de l’ensemble. L’écologie est une manière de comprendre l’ensemble dans ses interactions, incompatibles avec la fragmentation concurrentielle du système capitaliste qui sépare, catégorise, spécialise, expertise, divise pour mieux contrôler, mieux réprimer et mieux profiter.

    Les prédictions des experts gouvernementaux sont des suppositions scientistes, des commentaires idéologiques sur des hypothèses statistiques, des préjugés qui n’ont pas grand-chose à voir avec la recherche scientifique. La science nécessite un questionnement et une remise en cause permanents, c’est ce qui maintient sa réfutabilité, et donc la préserve du dogme. L’écologie récupérée est fragmentée, constituée de mesures chiffrées puis extrapolées, montées en représentations prédictives, en projections catastrophiques, administrant la réalité spectaculaire d’un capitalisme en décrépitude.

    Une prédiction statistique projetée dans nos représentations numériques n’est plus une hypothèse incertaine, mais bien une vérité d’une évidence implacable, une promesse indiscutable qui s’avère pourtant toujours décevante. La normalité idéologique représente le futur comme le seul modèle possible, une réalité inévitable à laquelle on doit se soumettre dès aujourd’hui.
    Les prophètes présagent l’avenir comme un devenir inéluctable, une fatalité de mauvais augure qui rend le présent acceptable. Mais ce maintenant illusoire n’est plus que dans cet avenir en devenir, le vécu s’étant perdu dans la représentation projetée, désintégrée dans son transfert.

    L’écologie est une création de l’esprit, un concept dénaturé, réduit à une idéologie intolérante où le futur remplace le présent. La nature n’existe pas, c’est une abstraction, un prétexte pour séparer et ainsi maintenir une distance entre l’humain et son environnement, entre soi et sa propre nature. Étrangers au monde nous ne sommes plus nous-mêmes, séparés de notre propre nature, la vie nous échappe.
    Tous ceux qui ne s’incluent pas dans la nature, renient leur propre nature humaine, la rendent étrangère à leur vie, la chosifient pour mieux l’exploiter, transformant ainsi l’humain en marchandise parasite de la vie.

    Le désastre est déjà dans notre vie quotidienne, il a intoxiqué ce qui reste de notre survie. Le monde marchand ravage une planète en ruine, et détruit la vie dont il tire profit avant qu’il ne soit trop tard. L’intoxication est biologique et mentale, les nuisibles sont au pouvoir, les décideurs sont des casseurs de vies.

    Lukas Stella, Double monde, 2020
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#double-monde
    --

  • LE PROBLÈME N’EST PAS LE CO2 MAIS L’EAU

    Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau, pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat. (juillet 2022)

    Sans eau, pas de vie. Sous ses différentes formes et états, l’eau est indispensable à l’émergence et au maintien de la vie et compose l’essentiel des êtres vivants.
Les résultats des recherches les plus récentes confirment un savoir ancien, mais trop souvent oublié : les relations entre l’eau, les plantes et la vie du sol sont non seulement étroites, mais consubstantielles.
    
Ils démontrent également la justesse d’un proverbe africain qui énonce : « La différence entre désert et jardin ce n’est pas l’eau, c’est l’Homme ».
Des Africains avaient donc compris que l’humain est capable du meilleur comme du pire et ils avaient formulé il y a déjà longtemps d’une manière brève et profonde ce que de doctes personnes nomment aujourd’hui l’anthropocène.
    
Des humains ont créé et continuent de générer la majorité des déserts par leur maladresse, leur ignorance et leur hubris. Mais, la bonne nouvelle est que, si une minorité dominante à pu faire d’une partie de la terre un enfer déserté par l’eau, les plantes et le sol, de nombreuses expériences montrent que tout un chacun peut contribuer à en faire un Éden en apprenant à cultiver l’eau.
    
L’eau, comme le sol et les plantes, se cultive. Comprendre les interrelations de ce triptyque et en prendre soin, c’est prendre soin de la vie même.
La vie se cultive, la mort aussi. À nous de choisir.

    Jean-Luc Galabert
    https://interculturelles.org/project/cultiver-l-eau

    --

    "Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat".

    Cycles de l’eau

    Où l’on découvrira qu’il n’existe pas un, mais de multiples cycles de l’eau jusque là trop peu étudiés, que les cycles du carbone et de l’eau sont liés, et que la connaissance de ces cycles permettrait de cultiver l’eau.

    L’eau et les sols

    Où l’on apprendra que les sols peuvent être des éponges pour peu qu’y soit cultivée la vie dans sa diversité.

    L’eau et les plantes

    Où l’on montrera que les forêts génèrent de la pluie sur les terres émergées et que le végétal crée de l’eau nouvelle.

    L’eau et le climat

    Où l’on verra que le principal gaz à effet de serre n’est pas le CO2, mais la vapeur d’eau, et que restaurer les cycles de l’eau perturbés pourrait être un outil majeur à la portée de l’humanité pour lutter contre le réchauffement climatique.

    Initiatives régénératrices

    Où l’on s’émerveillera de la démonstration qu’il est possible de transformer des déserts des édens fertiles et féconds.

    --
    UNE AUTRE FIN EST POSSIBLE
    (extrait de la conclusion)

    Nous disposons aussi de millions d’alliés potentiels pour agir. Ce sont les arbres, les forêts, les plantes, les champignons, les vers de terre, les termites, les microorganismes du sol…

    Eux seuls sont les bios et géo-ingénieurs des équilibres de la vie. Eux seuls savent à la fois cap- ter, réguler, générer l’eau, mais aussi le dioxyde de carbone, l’oxygène, l’azote et tout ce qui est indispensable à la vie.

    Soyons à leur écoute, soyons leur apprentis, nous avons tant à apprendre. Que nous disent-ils ?

    « Il n’y a qu’un seul processus par lequel nous pouvons assurer un climat et une atmosphère qui préserveront notre vie présente et à avenir et la vôtre aussi. Il s’agit de ce que vous appelez la photosynthèse, qui est la mère des cycles du carbone et de l’eau.

    Notre avenir comme le vôtre dépend de la façon dont vous nous permettrez ou non de régénérer les sols, de les rendre poreux, d’en faire une éponge carbonée où l’eau, l’air et une foule d’êtres vivants circulent.

    Mais, pour que nous puissions œuvrer à cette tâche, nous vous en prions, ne détruisez pas la peau de la terre, nous voulons dire les plantes.

    Elles seules savent récolter la lumière du soleil et protéger les ingénieurs de la vie habitant le sol du rayonnement solaire toxique qui nous dessèchent, nous brûlent, nous tuent.

    Les plantes sont essentielles pour fixer l’énergie solaire surpuissante, transformer le gaz que vous appelez CO2 en matière vivante et générer de l’oxygène et de l’eau. Sachez qu’une fois que la synthèse de la lumière a permis de créer de la biomasse qui mérite bien le nom que vous lui avez donné, c’est ce que nous faisons de cette matière qui importe. Selon vos actions sur le sol vous induirez son oxydation rapide en CO2 et l’oxygène nous brûlera, ou vous nous permettrez grâce aux champignons de la convertir en carbone organique dans le sol ? Il n’y a que deux possibilités.

    Il n’y a pas d’autre choix.

    Vous avez favorisé la voie de combustion et l’oxydation. Vous avez détruit les sols en les brutalisant. Vous nous avez empoisonnés à grand renfort de biocide, fongicide, pesticide, insecticide que vous aviez inventé d’abord pour éliminer vos semblables.

    Comment allez-vous pouvoir produire la nourriture qui vous est nécessaire et pour avoir un environnement et un climat vivable sans notre concours ?

    Vos civilisations peuvent prospérer, mais seulement brièvement si vous ne respectez pas les cycles naturels de la vie et de la mort auxquels vous et nous sommes assujettis. En revanche, si nous collaborons, nous pouvons même transformer les déserts issus de vos maladresses en milieux fertiles. C’est ce que nous avons fait il y a 420 millions d’années, et c’est ce que nous nous obstinons à faire avec une indéfectible constance depuis.

    Voilà que vous vous inquiétez de l’augmentation des températures terrestres. Vous dites, du moins certains d’entre vous, qu’il faut réduire les émissions de gaz réchauffant l’atmosphère.

    Mais, même si vous y arrivez, cela n’aura que peut d’effet si vous ne nous redonnez pas notre place de régulateur du vivant.

    L’augmentation des gaz à effet de serre n’est qu’un signe parmi d’autres vous rappelant les conséquences du déboisement, du défrichement, de la construction de villes tentaculaires presque entièrement minérale, de la combustion à outrance du carbone que nous avions accumulé et transformé en charbon et en pétrole pendant des millions d’années. Savez-vous que le simple fait de retourner le sol émet du dioxyde de carbone qui vous inquiète ?

    Vous le voyez, le CO2 que vous diffamez n’est pas à l’origine du problème. Le problème sont vos gestes, ceux par exemple qui ont forgé et ont manié, la hache, la houe ou la charrue et ont réduit à néant l’architecture subtile du vivant que nous avions construite.

    Vous avez érigé des cathédrales de pierre, mais aucune ne rivalise avec nos édifices humiques où circulent air, eau, macro et microfaune, et où toutes les plantes sont connectées par des réseaux mycéliens.

    Nous ne pouvons remédier l’altération flagrante des équilibres naturels de la Terre que si vous nous laissez jouer notre fonction.

    En conséquence, vous et nous n’avons plus d’autre choix que de nous allier pour parer à ce qui menace notre survie commune. Ensemble nous pouvons encore être en mesure d’agir efficacement. Nous aider devrait être désormais votre priorité, du moins si vous choisissez comme nous d’être des gardiens de la vie. »

    Bien que cela ne fasse pas la une des médias, et ne soit pas un sujet de débat public, l’eau, sous forme de vapeur, est de loin le premier gaz à effet de serre. L’eau engendre de 60 à 80 % de l’effet de serre de la planète. La part du dioxyde de carbone (CO2) est de 4,1 %, suivi par le méthane, les gaz fluorés, etc.

    L’effet de serre, c’est oublié par les médias, est d’abord un dispositif protecteur de la vie. C’est grâce à l’eau que la terre ne ressemble pas à la lune avec un gradient de 250 degrés entre le jour et la nuit. C’est grâce à l’eau que la température moyenne de la terre est propice à la vie. L’eau est le gaz à effet de serre qui permet cela.

    L’eau, substance étonnante par la versatilité de ses formes, est le sang de la terre, et le carbone est sa structure. Si ne nous prenons pas soin de l’un et de l’autre, nous périrons.

    Nos conversations et nos pensées sont hantées par les thèmes du réchauffement climatique et leur corollaire de canicules, d’inondations, d’incendies immaîtrisables, de destruction de la capacité des sols à être fertiles et nous n’arrivons pas à articuler les phénomènes qui balayent la stabilité climatique qui prévalaient il ya quelques décennies. Nous entendons les mots « effets de serre », « CO2 », « gaz à effet de serre », et les utilisons généralement à notre tour sans bien com- prendre ce qu’ils signifient.

    Qu’est-ce qu’un gaz à effet de serre, et pourquoi a-t-il cet effet réchauffant ?

    Une fois de plus, Emma Haziza nous aide à comprendre le dessous des cartes et des mots :

    « Un rayonnement lumineux incident du soleil, qui vient taper le sol, va rebondir. En rebondissant, il rencontre des molécules sur son chemin. Soit il s’agit de molécules à “deux têtes” comme l’azote (N2), l’oxygène (O2) qui vont être éjectées sur la trajectoire du rayon, soit il rencontre des molécules à “trois têtes” comme la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2)…, le rayon lumineux va faire vibrer et déstabiliser ces dernières molécules. Ces vibrations entraînent un réchauffement, et de proche en proche les vibrations qui se transmettent d’une molécule à l’autre vont réchauffer un ensemble de molécules jusqu’à arriver au sol et on a des masses d’air qui se réchauffent. »

    Lorsque la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre, quels qu’ils soient, augmente, la température de la Terre s’élève en conséquence. L’élévation de la température de la Terre, qu’elle que soit son origine (plus grande concentration de GES dans l’atmosphère, albédo plus important des sols par manque de végétation pour tamponner le rayonnement solaire…, cela augmente l’évaporation de l’eau et des terres).

    Comme l’air plus chaud contient plus d’humidité, sa concentration en vapeur d’eau augmente.

    Cela se produit parce que la vapeur d’eau ne se condense pas et ne se précipite pas aussi facilement à des températures plus élevées. La vapeur d’eau, dont le volume est plus important, absorbe encore plus la chaleur rayonnée par la Terre qui peut moins facilement s’échapper dans l’espace.

    Cela réchauffe encore plus l’atmosphère, ce qui entraîne encore plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère. C’est ce que les scientifiques appellent une « boucle de rétroaction positive ».

    Des scientifiques estiment que cet effet fait plus que doubler le réchauffement qui se produirait en raison de la seule augmentation du dioxyde de carbone. Cette boucle de rétroaction positive est alimentée, d’une part, par la déforestation, les modes d’exploitation agricole dominants des sols et l’urbanisation qui empêchent l’eau des précipitations de s’infiltrer dans les sols et favorisent son évaporation immédiate, et d’autre part, par l’exploitation des masses d’eau souterraine fossiles à la manière de l’exploitation du pétrole, pour irriguer des zones de culture comme la Californie, le Chili, l’Inde, le Sahara, le pourtour méditerranéen, qui injecte de grands volumes d’eau supplémentaires dans l’atmosphère parce que sa majeure partie va très vite s’évaporer ou ruisseler et ne rejoindra jamais les nappes phréatiques dont elle est issue qui, tout comme celles de pétrole se sont formées à l’échelle des temps géo- logiques.

    Nous avons pu voir que la perturbation des cycles de l’eau indispensable au maintien de conditions favorables à la vie n’est pas irréversible. Le moyen de les restaurer ne présuppose aucune haute technologie que resterait à inventer, mais seulement une grande intelligence des équilibres de la biosphère.

    Nous disposons de savoirs et de pratiques ancestrales et de toutes les connaissances scientifiques pour agir. Nous disposons de millions d’alliés potentiels pour agir, ce sont les arbres, les forêts, les plantes, les microorganismes du sol. Eux seuls savent à la fois capter, réguler, générer l’eau, mais aussi le CO2, l’azote et tout ce qui est indispensable à la vie.

    Pour clore cette brochure, je citerai de nouveau Emma Haziza : « Cela fait des années que je me focalise sur les solutions, les solutions, les solutions. Mais vous savez quoi ? Il y a des solutions partout (il y a des solutions pour s’adapter au risque inondation, pour s’adapter au risque sécheresse, pour recréer des cycles de l’eau à petite échelle…).

    Comme le dit Bettina Laville, le problème n’est pas de trouver les solutions, mais de trouver les solutions pour mettre en œuvre ces solutions. »

    Et je laisserai le mot de la fin à Hervé Coves, dont les recherches et les conseils bibliographiques ont stimulé et rendu possible la rédaction de cette documentation.

    « Il nous faut apprendre à récolter le soleil et cultiver l’eau pour retrouver le chemin de la fécondité. »

    https://interculturelles.org/wp-content/uploads/2022/07/Comprendre-les-cycles-hydrologiques-et-cultiver-l-eau-v1.pdf

    • La thèse de cette chercheuse hydrologue Emma Haziza a été relativement débunkée, c’est peu dire, depuis, notamment suite à son discours chez Thinkerview et ultérieurement dans la presse où elle dit (à contre-courant des chercheur·es et des rapports du GIEC) que c’est principalement le dérèglement du cycle de l’eau le plus gros responsable du réchauffement climatique.

      Le Réveilleur notamment lui a demandé des précisions sur ses sources sans véritable succès, indiquant que ce genre de thèse alimente la sphère climato-sceptique.

      (c’est pas pratique Twitter pour suivre, ni même The Reader App là… mais bon)

      https://threadreaderapp.com/thread/1549120359135322116.html

      https://threadreaderapp.com/thread/1553310584732614657.html

      Tout son passage Thinkerview sur le rôle de la vapeur d’eau dans le climat est très mauvais et complètement en dehors de ce que dit la littérature scientifique sur le sujet.

      Pour la citation attribuée au GIEC dans ce communiqué... Elle n’est pas dans le rapport du GIEC.

      Du coup Le Réveilleur prépare une vidéo sur le sujet spécifique de la vapeur d’eau, même s’il avait déjà abordé ce sujet dans des vidéos précédentes.

    • François-Marie Bréon (physicien climatologue) : https://threadreaderapp.com/thread/1549034441418321921.html

      Qui est Emma Haziza ? Sur son profil Tweeter, elle se présente comme « Researcher in Climate Change adaptation and mitigation » et aime se présenter ainsi en itw. Normalement, un chercheur, ça publie des articles dans des revues scientifiques, de préférence revues par les pairs.
      Or, manifestement, Mme Haziza passe plus de temps sur les plateaux que à publier des articles. Je ne trouve rien à son nom qui respecte le critère ci-dessus

      Mais surtout, je l’ai souvent prise en flagrant délit de raconter n’importe quoi. Par exemple, dans son interview sur @Thinker_view, sa description de l’effet de serre est complètement fausse
      Génant pour un spécialiste du changement climatique

      Il y a plus grave, elle affirme (à 29:15) que l’eau représente 95% des gaz à effet de serre sur la terre, alors que le CO2 ne contribuerait que 4% . Pas clair où elle est allée chercher cela.
      Elle part ensuite sur un délire comme quoi on ne s’intéresse pas à la vapeur d’eau (comme gaz à effet de serre) parce que on ne peut pas connaître sa concentration dans le passé via les carottes de glace (qui permettent de connaître CO2, CH4 et quelques autres trucs)
      D’après elle, la vapeur d’eau , « on considère que elle ne rentre pas dans le système ». Je vais aller expliquer ça à mes collègues qui travaillent sur le cycle de l’eau ; ils vont être ravis de l’apprendre.
      Elle explique ensuite qu’on exploite les nappes phréatiques, que l’eau se retrouve dans les océans, et contribue 30% à la montée du niveau des mers. Elle dit bien « à vérifier », mais je trouve gênant qu’une hydrologue spécialiste du CC puisse donner un chiffre aussi faux.
      Pour des détails, cf chapitre 9.6, et table 9.5 sur
      ipcc.ch/report/ar6/wg1…
      Mais SURTOUT elle raconte n’importe quoi sur le cycle de l’eau en expliquant que le fait de pomper les nappes fossiles conduit à augmenter la vapeur d’eau dans l’atmosphère et à augmenter l’effet de serre.

    • Réchauffement climatique : le rôle de la vapeur d’eau
      https://www.youtube.com/watch?v=cN_QaUxRsaw

      Et donc le Réveilleur a sorti sa vidéo, bien détaillée, sur le sujet

      Je fais le point sur le rôle de la vapeur d’eau dans le changement climatique. Qu’est-ce qui fixe le contenu en vapeur d’eau dans l’atmosphère ? La vapeur d’eau peut-elle causée un changement climatique ? Peut-elle agir sur les changements climatiques sans être une cause ? Son rôle est-il étudié par les climatologues ? Est-ce que les émissions de vapeur d’eau par les sociétés humaines ont une influence sur le climat ?

      0:00​ • Introduction
      0:34 • Quelques bases physiques sur la vapeur d’eau
      3:17​ • Limite à la quantité de vapeur d’eau dans une masse d’air
      9:05 • Vapeur d’eau et changements climatiques
      11:33 • L’effet amplificateur de la vapeur d’eau
      17:06 • Pourquoi on n’en parle pas ?
      18:42 • Pourquoi la vapeur d’eau n’est pas étudiée ?
      20:05 • Est-ce que nos émissions de vapeur d’eau affectent le climat ?
      25:35 • Conclusion
      27:00 • Outro

      Précisions :
      J’ai volontairement évité le terme de « boucle de rétroaction ». Ce terme est très peu utilisé dans la littérature scientifique (on trouve plutôt « rétroaction climatique » dans les rapports du GIEC par exemple). Ce terme (et sa représentation cyclique) induit, à mon avis, pas mal de mécompréhensions sur le fonctionnement de la machine climatique. Je pense que parler d’amplification pour décrire le rôle de la vapeur d’eau induit moins de mécompréhensions.

    • « Il faut une grande maturité pour comprendre que l’opinion que nous défendons n’est que notre hypothèse préférés, nécessairement imparfaite, probablement transitoire, que seuls les très bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité. »
      Milan Kundera, Une rencontre, 2009.

      Dans notre conception du monde, fondée sur la causalité linéaire classique, deux éléments se dégagent avec une apparente logique et nécessité : d’une part la séparation de l’observateur (le sujet connaissant) et de l’observé (l’objet connu), et d’autre part l’organisation générale dun monde en fonction de paires de concepts opposés.
      Paul Watzlawick, L’invention de la réalité, 1981.

      Le concept de cause se fonde sur la présupposition qu’on peut expliquer n’importe quel phénomène en le réduisant à ses parties. On appelle ce type de pensée « réductionnisme pragmatique ». (...)
      L’interprétation proposée par le scientisme contient de plus la présupposition qu’aucun autre élément n’entre en jeu ; Elle exclut l’intervention de tout autre cause. Tel est l’erreur commise par le « réductionnisme ontologique » qui ne reconnaît pas avoir détruit le système des relations qui forment un tout en effectuant ces dissections et découpage.
      Rupert Riedl, L’invention de la réalité, 1981.

  • UN PEU DE RECUL SUR LES CANICULES !

    De grandes sécheresses n’ont pas manqué dans l’histoire française. En 1168, la Sarthe a séché. De même, l’été magnifique de 1351, où le prix du froment a été multiplié par trois à cause de sa rareté, avec « échaudage », comme l’on disait, ce qui entraînait des moissons et des vendanges très précoces, un vin en faible quantité mais excellent.

    Vous avez aussi des séries d’étés caniculaires consécutifs, des microères climatiques : 1331-1334, quatre étés de suite, 1383-1385, trois étés, ou encore la première moitié du XVIe siècle, particulièrement douce, où l’on peut parler d’un petit âge du réchauffement. L’été, les glaciers reculent beaucoup, la neige fond très haut. En 1540, beaucoup de témoins habitant les Alpes l’ont noté. A partir de 1560, on entre dans une autre période climatique, le « petit âge glaciaire », les étés caniculaires se font plus rares. Il y en a cependant encore, par exemple en 1636, l’été du Cid, où les témoins évoquent « un effroyable harassement de chaleur » pendant plusieurs semaines.

    La mortalité grimpe lors des étés trop chauds à cause de la dysenterie. Le niveau des fleuves et des cours d’eau baisse, l’eau puisée pour vivre et boire est plus vaseuse, infectée, polluée, et la mortalité est spectaculaire. 500 000 morts lors de l’été 1636. En 1705, quatre ans seulement avant l’un des pires hivers de l’Histoire, la France dut de nouveau faire face à un été caniculaire. À Paris, les 39 degrés sont atteints durant plusieurs jours tandis que dans le sud du royaume la chaleur est telle que les thermomètres sont brisés par la dilatation du liquide. Cette canicule sera suivie par deux autres étés extrêmement chauds. Leur bilan humain total est évalué entre 200 000 et 500 000 victimes, une nouvelle fois causées par les infections de l’eau.

    En 1718 et 1719, deux étés caniculaires se succèdent. Durant le second, les fortes chaleurs s’étalent sans discontinuer de juin à la mi-septembre. Une forme de climat saharien s’abat sur la région parisienne et les témoins rapportent même l’invasion de nuées de sauterelles en provenance d’Afrique du Nord. Elles ravagent les cultures jusqu’en Normandie !
    La sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique. C’est à ce niveau record (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l’échelle hydrométrique du pont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine.
    Ces deux étés caniculaires saignent à blanc le royaume : 700 000 morts (dont 450 000 pour la seule année 1719) pour un pays qui compte une vingtaine de millions d’habitants.
    Au cours du XVIIIe siècle, d’autres étés caniculaires entraînent des pics de mortalité considérables. Les étés 1747 et 1779 font ainsi chacun près de 200 000 victimes. À chaque fois, dans l’indifférence quasi-générale, ce sont des générations entières de nourrissons qui sont décimées par les maladies infectieuses en conséquence de la chaleur et de la sécheresse.

    Ces morts, ce sont surtout les bébés et les petits de l’année. Il y a, régulièrement, des générations décimées en France par la chaleur. Actuellement, les principales victimes, dans une proportion moindre, ce sont les vieux. L’autre conjoncture catastrophique était ce que l’on peut appeler le « modèle profiterole », c’est-à-dire une accumulation rapprochée de catastrophes climatiques. C’est le cas du contexte prérévolutionnaire : en 1787-1789 se succèdent de fortes pluies à l’automne, la grêle au printemps 1788 et un été suivant caniculaire. Ce fut explosif : échaudage, disette, cherté du grain. C’est à partir de ce moment que la chaleur a mis les gens dans la rue, et n’a plus été acceptée comme une simple fatalité.

    Au XIXe siècle, les deux canicules les plus meurtrières eurent lieu en 1846 et 1859 (année marquée par l’un des mois de juillet les plus chauds de l’histoire). Les bilans humains furent néanmoins légèrement plus faibles qu’au siècle précédent, avec à chaque fois une centaine de milliers de victimes.

    Sources
    https://www.liberation.fr/france/2003/08/14/700-000-morts-lors-des-canicules-de-1718-1719_442098
    https://www.herodote.net/Mortelles_canicules-synthese-2294.php

    --
    https://resistance-verte.over-blog.com/2022/06/un-peu-de-recul-sur-les-canicules.html

  • PROUVE QUE TU EXISTES !
    La Commission européenne prépare son « portefeuille européen d’identité numérique ». Rome et Bologne adoptent le « crédit social numérique » à la chinoise. La digitalisation de l’État et son corollaire, l’identification numérique, progressent dans l’indifférence... (PMO)
    https://resistance-verte.over-blog.com/2022/05/prouve-que-tu-existes.html
    --
    _https://image.over-blog.com/VJTL2bNCp4AezrJhgmUir55vLRU=/filters:no_upscale()/image%2F1941362%2F20220515%2Fob_9433f2_nogeoingegneria-com-climate-

  • IRAN PROTESTS

    Des manifestants contre le pouvoir éclatent dans la province du Khouzistan, dans le sud de l’Iran contre la flambée des prix des denrées alimentaires notamment du pain. Les autorités ont coupé l’accès à internet et un couvre-feu a été instauré à Susangerd.

    _#Khuzestan #Khouzistan #IranProtests_

    https://twitter.com/AnonymeCitoyen
    https://twitter.com/i/status/1523214842223804416

    --

    Des manifestations éclatent au Khouzistan en raison de la hausse astronomique des prix, notamment du pain.

    Malgré les mesures répressives, la coupure d’Internet, des manifestations éclatent au Khouzistan en raison de la hausse astronomique des prix, notamment du pain.

    Le vendredi soir et le samedi soir 6 et 7 mai 2022, les habitants enragés de la province du Khuzestan (sud-ouest de l’Iran), notamment à Ahvaz, Izeh, Baghmalek et Susangerd, sont descendus dans la rue pour protester contre la flambée des prix des biens essentiels, en particulier la hausse astronomique du prix du pain.

    À Ahvaz, les gens ont d’abord participé aux rassemblements de protestation sporadiques dans différentes parties de la ville, puis ont marché vers le centre-ville vendredi soir. Dans la ville d’Izeh, les gens sont descendus dans la rue vendredi soir en scandant « Khamenei est un meurtrier, son règne est illégitime » et « Mort à Raisi« . Des manifestants à Izeh ont saisi un entrepôt appartenant à la mafia de Khamenei, où la farine était stockée.

    Effrayé par l’escalade des protestations, le régime a déployé ses forces répressives des pasdarans, du Basij, de la sécurité et du renseignement et a coupé l’Internet dans la plupart des villes du Khouzistan. Cependant, samedi soir, les habitants d’Izeh et d’autres endroits sont descendus dans la rue pour la deuxième nuit consécutive.

    Dans un autre développement, le samedi 7 mai, des éleveurs de différentes villes, notamment à Qazvin, Qom, Shiraz, Mashhad, Shahroud, Kerman, Ispahan, Yazd et Arak, ont organisé un rassemblement devant le département provincial de l’agriculture.

    Ils protestaient contre le coût élevé des aliments et des biens du bétail et contre le mépris des autorités pour leurs besoins. La banderole portée par les éleveurs de bétail à Shiraz disait : « Qalibaf (président du parlement du régime), Raisi, ceci est le dernier avertissement. Les éleveurs de bétail en faillite sont prêts à se révolter. »

    Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI)
Le 8 mai 2022

    https://www.ncr-iran.org/fr/communiques-cnri/iran-protestations/des-manifestations-eclatent-au-khouzistan-en-raison-de-la-hausse-astronomi
    --
    https://youtu.be/stKxSV0Y7Os

  • TOUTE RELATION À L’ÉTAT EST TOXIQUE

    Nous faudra-t-il crever de ne pas vivre pour réaliser que ceux qui gèrent nos existences la cancérisent ?
    Le sécuritaire qui se substitue au sanitaire est un crime délibéré. Nous savons que chacun est sujet à des réactions psychosomatiques qui diffèrent d’une personne à l’autre. Ce type d’organisation intime, seule une relation de confiance entre le médecin et son patient est habilitée à le prendre en charge et à le traiter en connaissance de cause.
L’État dans sa servile obédience aux mafias pharmaceutiques, a mis fin au « medicus curat, natura sanat » (le médecin soigne, la nature guérit) qui tissait entre soigné et soignant une solidarité propice à la guérison.
    Notre autodéfense sanitaire a toutes les raisons d’ignorer les raisons d’État. Ne sommes-nous pas en droit d’estimer nuls et non avenus des décrets dictés par le souci de propager une frayeur citoyenne, de confiner chacun dans sa niche où il fera de sa colère un instrument de délation ?
    La perspective de vie, c’est la création de soi et du monde.
    Dans la guerre que les mafias de la mort rentabilisée mènent contre nous, nos forces ; vives sont une arme absolue.
    Tragédie de la souffrance, comédie des traitements. Les victimes potentielles des épidémies l ; présentes et à venir sont prises d’angoisse à la pensée de variants récurrents. Tout détenteurs qu’ils soient de vaccins, dont l’effet placebo n’est pas négligeable, ils ont les yeux fixés sur le compteur médiatique qui enregistre au profit du virus providentiel les décès dus aux pesticides, à la pollution de l’air, aux gestionnaires de la peur, à la paupérisation, au saccage du secteur hospitalier, aux troubles des relations affectives, au retour du puritanisme, à l’agressivité, aux coups de folie, au racisme multicolore, à la misogynie, aux rats génétiquement améliorés du transhumanisme.
    Alors que le financement et l’amélioration des services sanitaires auraient été en mesure de faire face à une épidémie qui tue principalement des patients en mauvaise santé, on a assisté à une mise à sac des hôpitaux et de la médecine due au marché des intérêts privés et à une politique de rentabilité morbide. Sans parler de l’empoisonnement des nourritures, de la pollution de l’air et de l’eau, de la paupérisation, de l’usure au travail, de la grisaille de l’existence.
    Pour dissimuler leurs malversations sanitaires et leurs carences criminelles, les gouvernements propagent une panique qui identifie le coronavirus à une fatalité.
    Le capitalisme en est venu à mettre en scène sa propre mise à mort, et il la conçoit comme une dernière mise à prix.
    Il n’y a qu’une réponse à un État dont le ridicule éborgne et tue, c’est la joie de la désobéissance se déversant tel du sable dans les rouages qui fabriquent l’inhumain.
Passer outre aux interdits, au puritanisme, à la culpabilité qui sont autant d’entraves aux plaisirs de vivre renoue avec l’innocence originelle de l’enfance.
    Quand les vivants du monde viennent à nous, c’est à une rencontre avec nous-mêmes qu’ils nous convient ! Rien de tel pour affermir la pulsion de vie qui ne demande qu’à rayonner en nous et autour de nous. Être conscients et insouciants du danger ôte à l’ennemi ses armes pas à la conquête de l’aliénation. Son abstraction vole aujourd’hui en éclats et nous confronte à la souffrance de la bête qui loge en nous, la souffrance du non-dépassement.
    La comédie, elle, participe plutôt du drame bourgeois. Alors que le financement et l’amélioration des services sanitaires auraient été en mesure de faire face à une épidémie qui tue principalement des patients en mauvaise santé, on a assisté à une mise à sac des hôpitaux et de la médecine due au marché des intérêts privés et à une politique de rentabilité morbide. Sans parler de l’empoisonnement des nourritures, de la pollution de l’air et de l’eau, de la paupérisation, de l’usure au travail, de la grisaille de l’existence.
Pour dissimuler leurs malversations sanitaires et leurs carences criminelles, les gouvernements propagent une panique qui identifie le coronavirus à une fatalité.
    Passons outre à tout décret liberticide !
    La guerre civile est un jeu de mort où toutes et tous s’affrontent, la désobéissance civile est le jeu de la vie solidaire où les passions se vivent en s’accordant.
A chaque instant se pose la question : à qui cela profite-t-il ? La stratégie de la confusion est l’apanage des gouvernements et des puissances financières mondiales. L’art de la communication sert à discréditer les révoltes de la liberté offensée.
    L’épidémie est venue à point pour rendre au Pouvoir vacillant un peu de son autorité répressive.
    Certes, le coronavirus et ses mutations constantes représentent un danger incontestable. Mais là où des mesures favorables à la santé eussent permis d’en atténuer l’impact, on a assisté à une gestion catastrophique du chaos. La gabegie hospitalière, les mensonges en cascades, les marches et contre-marches, la prévarication des milieux scientifiques ont aggravé le péril. Plus toxique encore a été et reste la panique orchestrée par les médias, serpillières des intérêts privés. La partie était belle pour les grands laboratoires pharmaceutiques dont les actionnaires s’enrichissent chaque fois que les citoyens-cobayes paient le renouvellement des vaccins.
    Quant aux résidus de ceux qui bousillèrent le mouvement ouvrier, ils ont une revanche à prendre sur ce peuple qu’ils ne reconnaissent pas parce qu’il refuse de les reconnaître. Ils font périodiquement surgir de sa boite de Pandore un fascisme de pacotille qui leur sert de faire-valoir. Leur conscience révolutionnaire ignore manifestement la mise en garde de Bemeri, lors de la révolution espagnole : « Seule la lutte anticapitaliste peut s’opposer au fascisme. Le piège de l’antifascisme signifie l’abandon des principes de révolution sociale. La révolution doit être gagnée sur le terrain social et non sur le terrain militaire ».
    Ils en sont par ailleurs à cautionner la manœuvre de culpabilisation par laquelle les responsables de la dévastation sanitaire imputent la propagation de l’épidémie celles et ceux qui, refusant le rôle de cobayes, sont surtout coupables d’avoir compris que l’obligation de se faire vacciner laissait augurer un contrôle social à la chinoise.
Au lieu de dénoncer les fauteurs de la morbidité généralisée, une faction d’intellectuels,
de rétro-bolchéviques, de prétendus libertaires ont adopté la novlangue orwellienne, devenue le mode de communication traditionnel des instances gouvernementales. Ils dénient au peuple le droit de choisir ou non les vaccins en cours d’expérimentation. Ils apportent à l’État un soutien effarant en taxant d’individualistes les Gilets jaunes en lutte pour le droit de vivre et la liberté qu’elle implique. Or, cela fait trois ans que les insurgées et insurgés de la vie quotidienne n’ont plus à démontrer qu’ils sont des individus autonomes, réfléchissant par eux- mêmes, non des individualistes.
    Ni peur ni culpabilité. Le vivant aura raison de ce monde à l’envers et de ses complices.
La joie de vivre est une inclination naturelle, C’est à sa souveraineté que la nature devra d’être libérée de l’homme prédateur.
Seule une absolue liberté anéantira l’absolutisme qui nous tue.


    Raoul Vaneigem,
    
Rien ne résiste à la joie de vivre,

    Libres propos sur la liberté souveraine, 2022 (extraits)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Vaneigem
    http://inventin.lautre.net/livres.html#Vaneigem
    --

  • SUR LES ORWELLIENNES ÉLECTIONS FRANÇAISES

    Le totalitarisme de la mystification démocratique de la Forme-Capital absorbant l’intégralité du réel, anéantissant progressivement l’espèce humaine et tentant de réduire la lutte des classes à l’impuissance émancipatrice vient donc à nouveau de mettre en scène une élection intégralement truquée et bidon avec le Front National « fasciste » dans le rôle de « Goldstein » (le « méchant » opposant contrôlé) et le macronisme « démocratique » de la sanglante répression des Gilets-Jaunes (assumant pleinement son rôle de « Big Brother » de notre aliénation capitaliste accomplie).

    Nous nous sommes radicalement foutus de ce spectacle concurrentiel-orwellien pitoyable qui n’a eu pour objet que de décider du renouvellement de la forme macronienne de notre soumission imposée au Capital et qui a suscité le même intérêt malsain auprès des spectateurs-électeurs que toute la merde télévisuelle déversée quotidiennement sur les télécrans de la servitude, du mensonge et de la débilité omniprésents.

    Nous nous plaçons depuis le début sur un autre terrain : celui de la révolution contre ce Système totalitaire de merde qui détruit tout et qui falsifie tout. Le rejet total de cette civilisation complètement dégénérée :
    « Ainsi à l’intérieur du monde du despotisme du Capital (c’est ainsi que de nos jours se présente la société) il est impossible de délimiter un Bien, un Mal. Tout est condamnable. C’est en dehors de lui que peuvent surgir les forces négatrices. Le Capital englobant toutes les vieilles contradictions, le mouvement révolutionnaire doit rejeter tout le produit du développement des sociétés de classes ; c’est en cela que consiste, pour une bonne partie, la lutte contre la domestication, contre la décadence de l’espèce humaine. C’est le moment essentiel du procès de formation des révolutionnaires, absolument nécessaire pour que la révolution se produise. » (Invariance, Déclin du mode de production capitaliste ou déclin de l’humanité ?)

    Nous ne sommes pas de simples opposants à ce Système de merde, nous sommes un schisme. Entre cette société et nous, aucune entente n’est possible :
    « Prétendre lutter contre une épidémie, et demain contre la catastrophe écologique, en conditionnant toute vie sociale à la présentation d’un « pass », sorte de version électronique généralisée du livret ouvrier du XIXe siècle, pour ensuite flétrir comme irresponsables ceux qui trouvent prétention extravagante – le pouvoir présent a pris goût à cette opération récurrente : poser un réel délirant, puis déclarer hérétiques ceux qui refusent d’y souscrire. Mais nous ne sommes pas une hérésie. Nous sommes un schisme… » (Manifeste conspirationniste)
    « La société s’est officiellement proclamée spectaculaire. Être connu en dehors des relations spectaculaires, cela équivaut déjà à être connu comme ennemi de la société.« (Guy Debord, Commentaires sur la Société du spectacle)

    Nous n’avons pas cherché à convaincre quiconque de ne pas voter : les mécanismes aliénants du Capital réifiant-totalitaire qui déterminent la survie contrainte de chacun sont désormais plus forts que toute offensive humaine se voulant anti-système.

    Nous n’avons pas cherché à convaincre quiconque de ne pas participer à cette mascarade électorale de la démocratie de notre réification : les puissances médiatiques spectaculaires du Système de lobotomisation des masses ont désormais atteint une puissance inégalée.
    Nous sommes face à un vrai système totalitaire, celui de notre anéantissement programmé, celui de la servitude et du mensonge devenus structurels.

    L’extrême Droite du Capital n’a jamais servi à rien d’autre qu’à constituer un épouvantail « fasciste » digne du personnage de « Goldstein » dans « 1984 » d’Orwell, et cela pour permettre au camp le plus progressiste/libéral/démocratique du Capital de l’emporter dans l’agitation de l’étendard de « l’antifascisme » et de « l’antiracisme » (ce qu’on avait déjà vu avec le duel Chirac/Le Pen en 2002 ou encore il y a 5 ans avec le duel Macron/Le Pen).

    L’extrême Droite du Capital n’a jamais été programmée qu’à jouer spectaculairement le rôle du « méchant » afin de permettre aux forces progressistes/démocratiques du Capital de l’emporter, ce que les vieilles revues marxistes/communistes expliquaient déjà :
    « Le Front National joue donc le rôle du méchant ; disant haut et fort ce que les autres pratiquent en dépit des discours humanitaires, il paraît ainsi plus dangereux que ces derniers, par comparaison ceux-ci deviennent un moindre mal auquel il faudrait se résigner, à défaut de l’approuver avec enthousiasme, de peur d’avoir le FN sur le dos. Le réflexe anti-fasciste est ainsi réactivé par la gauche (et surtout l’extrême-gauche) et la droite elle-même y souscrit. Le réflexe anti-fasciste est encore aujourd’hui un élément non-négligeable de la politique bourgeoise. » (Le Prolétaire, juillet-août 1988)
    « En agitant l’épouvantail du fascisme, il s’agit pour la bourgeoisie de se protéger contre le développement de la lutte de classe. Sa propagande est en réalité destinée à embrouiller la conscience des ouvriers et à dévoyer leur lutte hors du terrain de la défense intransigeante de leurs conditions de vie contre les attaques capitalistes, le seul terrain qui permette l’unité croissante de la classe ouvrière et le développement de sa perspective révolutionnaire. Elle les pousse à soutenir l’État démocratique, lequel n’est autre que l’instrument de la dictature du capital. Ainsi, tous ceux qui, aujourd’hui comme hier, appellent les ouvriers à se mobiliser contre le fascisme remplissent la fonction d’affaiblir et désarmer la classe ouvrière, en lui faisant oublier que c’est contre la classe dominante, comme un tout, qu’elle doit diriger son combat, et non pas contre certaines de ses fractions en s’alliant à certaines autres. » (Courant communiste international, janvier 2000)

    Le scénario orwellien-spectaculaire proposé cette année (le « démocratique et progressiste » Macron contre la « dangereuse fasciste » Marine le Pen) semblait obsolète/« has-been » car il avait déjà été employé en 2017, mais il a tout de même été à nouveau mis en scène par le Système avec succès.

    La société contemporaine du Spectacle démocratique de notre dépossession est bel et bien le système totalitaire parfait de notre aliénation accomplie…
    Jamais la démocratie n’est apparue aussi clairement comme n’étant rien d’autre que le système politique du mensonge absolu de la liberté dictatoriale du Marché, de la fausse vie et du monde renversé…

    Pour assurer la victoire de Macron (après la répression des Gilets-Jaunes et la tyrannie ségrégationniste-réifiante de l’infâme « pass sanitaire » du mensonge covidiste) le Système devait nécessairement mettre face à lui un candidat d’« extrême Droite », c’est-à-dire un candidat qui ne pouvait que perdre en suscitant forcément l’horreur de toutes les forces progressistes et démocratiques de la Gauche du Capital.

    Le rôle objectif du Front National n’a jamais été historiquement que celui d’un épouvantail « réactionnaire ». Le Front National n’a jamais été rien d’autre que « l’idiot utile » de la démocratie du Capital, celle-ci s’en servant comme d’un diable à agiter pour « faire peur », exactement à la manière dont « Big Brother » maintient la population d’« Océania » dans « la peur » en brandissant l’épouvantail « Goldstein ».

    Nous avons ainsi vécu le « remake » spectaculaire d’une ancienne « pièce de théâtre » (ce que reconnaissait Lionel Jospin lui-même à propos du « Front National ») :
    « Pendant toutes les années du mitterrandisme nous n’avons jamais été face à une menace fasciste et donc tout antifascisme n’était que du théâtre, nous avons été face à un parti (le Front-National) qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi à sa façon mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. » (Lionel Jospin, France culture, 29 septembre 2007)

    Des milliers de Français lobotomisés par la propagande orwellienne ont ainsi encore participé à la mascarade électorale, que ce soit pour voter « contre » ou pour voter « pour » (mais surtout pour voter « contre »). Les seules personnes potentiellement respectables dans cette sinistre mascarade électorale sont les abstentionnistes qui ont compris, au moins instinctivement, que toute cette mise en scène électorale était (comme la précédente) intégralement bidon.

    On a pu voir à nouveau toutes les forces « progressistes » et « démocratiques » de la Gauche du Capital (France « [In]soumise », syndicats, Parti « [capitaliste] communiste » français, antifascistes d’opérette, etc.) apporter leur soutien direct/indirect massif à la Macronie du Capital au nom de « l’antifascisme » et de « l’antiracisme », tout cela afin de « faire barrage à l’extrême Droite », comme si cette dernière avait jamais eu la moindre chance d’arriver au pouvoir alors même qu’elle est en vérité spectaculairement programmée depuis le début pour perdre en jouant le rôle du vilain méchant « parti réactionnaire et fasciste ».

    La justification d’une alliance de toutes les forces progressistes du Capital, c’est le Front National comme « méchant » qui la fournit politiquement en France depuis des années. Décrit comme parti « fasciste » qui menace la Démocratie, cet idiot utile de la mystification démocratique permet la réactivation des réflexes anti-fascistes et l’appel à la formation d’une union de toutes les forces démocratiques de la marchandise totalitaire par-delà les divergences politiques ou de classes.

    Ainsi cette alternative intégralement bidon (le camp « démocratique » du Capital contre la « menace fasciste » du Capital) a encore fonctionné, et des milliers d’électeurs de la Gauche du Capital se sont précipités dans les urnes pour « faire barrage à l’extrême droite », c’est-à-dire pour faire barrage à l’opposition contrôlée, apportant ainsi leur soutien à Macron et jouant parfaitement eux aussi un rôle d’ « idiots utiles » du Système.

    De l’autre côté, des milliers d’électeurs de la Droite du Capital se sont précipités avec bêtise dans les urnes en pensant que le vote Le Pen allait changer quoi que ce soit quant aux ravages structurellement nécessaires du capitalisme, en rêvant par exemple à la résurgence d’une « culture française » pourtant largement dissoute depuis des années dans la dégradation spectaculaire-américaine-marchande de toute culture et dans le « melting-pot » de la misère capitaliste de l’aliénation généralisée :
    « Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture. » (Debord, Notes sur la question des immigrés : https://cerclemarx.com/notes)

    Démonstration historique que le vote n’est rien et que la démocratie est bien la dernière forme de domination étatique et politique du Capital progressiste-mystifiant-réifiant-totalitaire de notre destruction programmée :
    « Ce n’est surtout pas en votant que l’on s’assimile. Démonstration historique que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont électeurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un engagement électoral = son contraire ; et plus récemment un programme — dont tous savent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ailleurs enfin cessé d’être décevant, depuis qu’il n’envisage jamais plus aucun problème important. Qui a voté sur la disparition du pain ?). On avouait récemment ce chiffre révélateur (et sans doute manipulé en baisse) : 25 % des « citoyens » de la tranche d’âge 18-25 ans ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par simple dégoût. Les abstentionnistes sont d’autres, qui s’y ajoutent. » (Debord, Notes sur la question des immigrés : https://cerclemarx.com/notes )

    En 1845, Marx écrivait une critique du texte de Friedrich List intitulé « Système national d’économie politique » (publié en 1841). Friedrich List était un économiste allemand qui défendait l’idée d’un « protectionnisme éducateur », ce protectionnisme était supposé pouvoir protéger le « marché national » des effets négatifs de la concurrence étrangère, Friedrich List pensait ainsi pouvoir « maîtriser » l’argent et conserver tous les « avantages » du libre-échange économique sans avoir à souffrir des « inconvénients ». La critique de Marx fut absolument radicale, il la développera également dans son « Discours sur la question du libre-échange » en 1848.

    Le « patriotisme économique » dont rêve l’extrême Droite du Capital est une impossibilité structurelle qui ne fait que reprendre les vieilles idées protectionnistes radicalement déconstruites par Marx il y a déjà plus de 150 ans…

    De l’autre côté et face à cette opposition spectaculaire bidon de l’extrême Droite du Capital (programmée pour perdre et pour faire avancer la démocratie réifiante-progressiste de notre aliénation capitaliste) nous avons donc désormais à nouveau le visage hideux de la Macronie du Capital qui se présente à l’horizon… Le visage hideux de la « démocratie pure » du Capital et de notre anéantissement dans la réification du « pass sanitaire »…

    Et voici donc l’homme de la Banque Rothschild, l’homme du scandale Benalla, l’homme de l’affaire Kohler, l’homme de l’affaire Alstom, l’homme du cabinet Mc Kinsey et de ses liens occultes avec la diabolique entreprise pharmaceutique Pfizer, l’homme de la répression sanglante et impitoyable des Gilets-Jaunes de la France réellement dissidente, l’homme de l’ignoble « pass sanitaire » de notre ségrégation sociale « QR Codisée » (un « pass sanitaire » qui n’a d’ailleurs pas beaucoup dérangé certaines de nos « belles âmes démocratiques antifascistes » pourtant soucieuses de « lutter contre les discriminations » ) « réélu démocratiquement »…
    Quelle gigantesque imposture ! Quelle énorme escroquerie ! Nous vivons vraiment une dystopie orwellienne !

    Politiciens corrompus, journalistes imbéciles, dissidents bidons, faux révolutionnaires, artistes « rebelles » en carton, sportifs risibles, gauchistes débiles, droitards stupides, rebelles d’opérette, humoristes pas drôles, faux intellectuels, universitaires neuneus, boomers bêbêtes, etc., tous ces clowns et tous ces chiens de garde sont les différents visages de l’opposition contrôlée en l’actuelle démocratie du mensonge capitaliste totalitaire…

    Il n’y a définitivement rien à attendre des « extrêmes » du Capital (extrême Gauche comme extrême Droite) qui représentent les différents visages de l’opposition contrôlée en l’actuelle mystification démocratique de cette société du Spectacle où les « Goldstein » sont légion…

    La « France [In]soumise » et le « Front National » (« Rassemblement National ») ont en effet superbement bien joué leurs rôles d’opposants contrôlés au service de la démocratique Macronie du Capital… Merci à eux !

    L’émancipation humaine n’a rien à attendre du parlement, des élections, des bulletins de vote, etc. Strictement rien. Les structures politiques, les structures juridiques, les structures médiatiques, les structures administratives, les structures scientifiques, les réseaux sociaux, les mouvances alternatives, les mouvances droitardes, les mouvances gauchistes, les syndicats, etc., tout est sous contrôle. Nous sommes face à un Système totalitaire complet tentant de surmonter la crise qu’il traverse en intériorisant toutes ses limites, ce qui signifie très concrètement une guerre ouverte du Système contre nos existences et notre humanité :
     « Ce qui est nouveau, c’est que l’économie en soit venue à faire ouvertement la guerre aux humains ; non plus seulement aux possibilités de leur vie, mais à celles de leur survie (…) » (Debord, Commentaires sur la société du Spectacle)

    Cette démocratie du Capital est bel et bien un simulacre et le pire mensonge qui puisse être :
    « La démocratie est une contradiction dans les termes, un mensonge, et, au fond, une pure hypocrisie […] La liberté politique est un simulacre et le pire esclavage possible ; cette liberté fictive est le pire asservissement. Il en va de même de l’égalité politique : c’est pourquoi, il faudra réduire en pièces la démocratie aussi bien que n’importe quelle autre forme de gouvernement. » (Engels, Progrès de la réforme sociale sur le continent)

    Le seul point positif de la réélection de la Macronie du Capital est qu’on peut espérer qu’elle puisse permettre au chaos social de s’accélérer, permettant ainsi (peut-être) de précipiter enfin la fin définitive de ce système capitaliste de merde (ce qui est tout sauf une question définitivement tranchée). A l’international, le conflit Ukraine/Russie n’annonce malheureusement rien de très positif quant au devenir de l’espèce humaine et la menace d’un « holocauste nucléaire » est potentiellement imminente :
    « Le développement chaotique du Capital n’entraîne pas nécessairement sa fin catastrophique car sa tendance ‘universelle’ contient en fait la possibilité de son propre dépassement, l’intériorisation de ses limites (ceci ne nie évidemment pas que le maintien du mode de production capitaliste soit gros d’une catastrophe insurmontable : la destruction de la vie à la surface du globe. Le Capital peut échapper à son propre devenir catastrophique, mais il crée par là-même les conditions d’un anéantissement humain). » (Invariance, Juillet 1972)
    « L’immortalité à laquelle aspire l’argent en se comportant négativement envers la circulation (en s’en retirant) est atteinte par le Capital précisément parce qu’il s’abandonne à la circulation. » (Marx, Urtext)

    Souvenons-nous ultimement des paroles de Marx dans le « Discours sur la question du libre-échange » et dans « La Guerre civile en France », gardons espoir que la putréfaction de l’actuelle société soit porteuse d’une nouvelle société prochainement bien meilleure !
    « Mais en général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. » (Marx, Discours sur la question du libre-échange)
    « Eux-mêmes sont inacceptables, même avec le suffrage universel. […] ils ne parviendront qu’à accélérer la putréfaction de la vieille société qu’ils représentent et la maturité de la nouvelle qu’ils combattent. » (Marx, La guerre civile en France, deuxième essai de rédaction)

    Ce dernier espoir est justement incarné en France avec les derniers Gilets Jaunes authentiques !
    Haut les cœurs camarades ! La lutte ultime contre ce Système de merde qui veut nous anéantir est engagée plus que jamais !
    « L’émancipation humaine n’est réalisée que lorsque l’homme a reconnu et organisé ses forces propres comme forces sociales et ne sépare donc plus de lui la force sociale sous la forme de la force politique. » (Marx, Sur la Question Juive)
    « Mensonges progressistes et réalité capitaliste » (Programme Communiste, juillet-septembre 1967)

    --

    Cette note mystérieuse nous est parvenue par des voies secrètes. Toute personne en possession de la présente note peut (si elle le juge bon) diffuser les éléments qu’elle contient, à charge seulement d’en indiquer la provenance énigmatique…
    https://cerclemarx.com/sur-les-orwelliennes-elections-francaises

  • DU RACKET POLITIQUE AU CIRQUE ÉLECTORAL

    « Là où il y a des partis politiques, chacun trouve la raison de chaque mal dans le fait que son adversaire occupe sa place à la direction de l’État. Même les politiciens radicaux et révolutionnarismes trouvent la raison du mal non pas dans l’essence de l’État, mais dans une forme déterminée d’État qu’ils veulent remplacer par une autre. […] L’existence de l’État et l’existence de l’esclavage sont inséparables. » Marx, Gloses marginales, 1844

    « Mais la classe ouvrière ne peut pas se conten­ter de prendre telle quelle la machine de l’État et de la faire fonc­tion­ner pour son propre compte. L’instrument poli­tique de son asser­vis­se­ment ne peut ser­vir d’instrument poli­tique de son éman­ci­pa­tion. » Marx, deuxième essai de rédaction de la Guerre civile en France

    Ce texte n’est pas une analyse détaillée des élections législatives, de l’enjeu, des programmes, etc.
    Nous nous foutons bien de ce spectacle concurrentiel qui n’a pour objet que de décider la forme de notre soumission au capital et qui suscite le même intérêt malsain auprès des spectateurs-électeurs que les faits divers scandaleux en temps « normal ».

    Nous nous plaçons d’emblée sur un autre terrain : celui de la révolution. Nous ne cherchons pas à convaincre quiconque de ne pas voter : les mécanismes du Capital qui déterminent la survie contrainte de chacun sont désormais plus forts que la propagande « révolutionnaire ».

    Le moment électoral est un haut moment contre-révolutionnaire, permis par l’absence de mouvement social important, ou par sa retombée comme en juin 68. Dans ce contexte nous ne pouvons que montrer à ceux qui ne votent pas les raisons fondamentales de leur abstention, et aux autres les raisons non moins fondamenta­les de leur participation.

    Nous n’avons pas peur de paraître théorique dans ce long texte. Pas plus que nous ne craindrons, en des circonstances moins contre-révolutionnaires, de balancer de simples petites phrases pratiques à la gueule des démocrates qui accuseront d’autant le coup que le mouvement social qui les nie sera simultanément à l’œuvre.

    OUI NICOLAS, LA COMMUNE EST BIEN MORTE

    1871. La Commune clôt la période pendant laquelle le prolétariat en tant que classe « autonome », (révolutionnaire) peut évoluer dans la sphère de la politique parlementaire.
    Jusque là son faible développement, en rapport avec le faible développement du Capital, le contraint à essayer de concrétiser sa force naissante et ses moments de révolte dans la sphère parlementaire. Inversement, son intervention sur ce terrain est rendue possible par le fait qu’aucune classe n’est suffisamment puissante pour dicter ses exigences sans discussions. Au Parlement se concertent et s’affrontent alternativement, et efficacement, la bourgeoisie commerçante, l’aristocratie foncière, et le prolétariat. C’est l’apogée de la démocratie, réactivée de l’antiquité par l’apparition du mode de production capitaliste, après une longue éclipse féodale.

    Dans ce cadre, le prolétariat obtient de réels succès, comme par exemple la réduction de la journée de travail, par le parti chartiste en Angleterre, ce qui est typique du mode de domination encore formel du Capital sur le travail et la société : lutte au niveau de la plus-value absolue, co-existence des anciens modes de production, procès de travail emprunté à ces modes …

    Avec la Commune, le prolétariat affirme sa force autonome de lutte, qui permet de dicter ses nécessités de classe à la bourgeoisie, qui d’autre part est en train de vaincre sur le plan parlementaire. Dès lors, pour le prolétariat, la seule question politique qui demeure est le contenu de sa dictature, et cette question est politique parce qu’il n’est pas encore une classe socialement dominante. Cela le contraint à rechercher des appuis dans d’autres classes (souvent archaïques) de même qu’à l’occasion la bourgeoisie n’hésite pas à s’allier à son ennemie l’aristocratie. Le prolétariat de la Commune est donc obligé de composer, à l’intérieur de sa dictature, avec les couches populaires inférieures : artisans, petits commerçants. L’instrument prolétarien de cette concertation est la démocratie directe.

    Les mesures prises par la Commune sont typiquement prolétariennes : révocabilité permanente des délégués, rémunérations des fonctionnaires réduites à un salaire d’ouvrier (prolétarisation). Celles qu’elle ne prend pas expriment typiquement la nécessité de composer avec d’autres couches sociales : non-destruction de la Banque de France, clémence relative envers les membres de la bourgeoisie ; de même la Commune laisse pratiquement à l’écart ce levier essentiel de sa dictature que sont les lieux de production.

    CHERCHEZ A QUI LA POLITIQUE PROFITE

    Durant la période 1870-1914, le Capital connaît un important développement. La 3ème République, sa relative stabilité témoignent de ce que le conflit Bourgeoisie Industrielle/Aristocratie Foncière est définitivement réglé, au profit de la première bien sûr. Cependant, malgré le renforcement de la domination du Capital, la question agraire (et artisanale) n’est pas résolue.

    La puissance du mouvement syndical, en particulier de tendance anarcho-syndicaliste, prouve de la même façon que le Capital n’est qu’en mouvement vers sa domination réelle. En d’autres termes, l’existence de modes de production précapitalistes est indéniable et elle est à l’origine de l’opportunisme des partis sociaux-démocrates, qui veulent utiliser les parlements pour s’y allier aux couches populaires afin de négocier avec la bourgeoisie. Négociation illusoire dans une large mesure, puisqu’à présent la bourgeoisie contrôle fortement le pouvoir d’État, mais qui est permise par la relative stabilité du capital dans cette phase d’apogée de sa domination formelle.

    Ni fantoches, ni traîtres, ces partis continuent à négocier l’existence du prolétariat, alors que celui-ci n’a désormais qu’une affirmation à formuler pratiquement : celle de sa dictature. Le racket, qui vit de contre-révolution, est né !
    La guerre de 1914 va remettre en avant les exigences révolutionnaires : En Allemagne la classe ouvrière est homogène, puissante, elle peut exercer sa dictature sans concertation politique avec d’autres couches, en toute pureté. Le mouvement des conseils d’usine concrétise cette situation et signifie potentiellement le contenu de la dictature de classe : mise au travail des improductifs, généralisation de la condition prolétarienne à l’ensemble de la société.

    Cette universalisation du prolétariat est le prélude indispensable à son auto-négation, permettant d’accéder au communisme par le dépérissement de l’État (qui prolétarien, n’a plus grand chose à voir avec l’État bourgeois). Avec l’expérience allemande, la conception de cet État se transforme même beaucoup par rapport à ce qu’en disait Marx dans La Guerre Civile, à propos de la Commune.

    Mais le mouvement doit d’abord détruire l’État bourgeois, et pour cela il doit sortir de l’usine, Or il n’y parvient pas, enregistre sa défaite et se limite peu à peu à la dimension de l’entreprise pour finir par tenir la fonction syndicale. Cette limite est alors glorifié par un courant naissant qui ne conserve du mouvement des conseils que la forme, et non le contenu. (Otto Rühle en particulier). A l’image du Léninisme (forme parti) la révolution devient pour ce courant une question d’organisation (forme conseil).

    Devant les exigences du mouvement révolutionnaire de la période de 1914-1920, les partis sociaux-démocrates vont provoquer le déplacement sur la gauche de toute une frange à phraséologie révolutionnaires : les partis communistes, produits plus immédiats de la révolution russe, qui vont s’aligner sur Moscou dans l’exigence pour celui-ci de développer le Capital, après la défaite à peu près simultanée du prolétariat en Russie et en Allemagne.

    Seuls de rares partis occidentaux, dans les pays où ce dernier s’est manifesté en tant que classe, seront plus ou moins critiques et distants vis-à-vis de « l’Internationale » moscovite : en Allemagne (K.A.P.D.) plus qu’en Italie (gauche communiste). Mais aucun ne rejettera le formalisme partitiste, si ce n’est pour adopter le formalisme conseilliste (Allemagne, Hollande).

    Soyons clairs et nets : les partis sociaux-démocrates n’ont jamais trahi. Leur essence était d’être réformistes (voir le programme de Gotha). Leur existence en période de reprise révolutionnaire a été directement contre-révolutionnaire. Cela est normal, et ils devaient être combattu comme tels !
    Les partis communistes n’ont jamais trahi la révolution : leur nature était calqué sur celle des partis sociaux-démocrates ; leur naissance a traduit la phase révolutionnaire, la nécessité pour les partis formels d’apparaître révolutionnaires en cette phase ; puis leur existence a dû se calquer sur celle de la contre-révolution, revenant ainsi à sa vérité d’origine : le réformisme.

    Ils conservaient pourtant une certaine allure révolutionnaire (le mythe du socialisme en Russie) pour recueillir les restes de velléités révolutionnaires du prolétariat et les détourner/précipiter dans la deuxième guerre impérialiste. Ce fut le rôle du stalinisme, celui, sous une autre forme, du fascisme et du nazisme. Et plus les critiques de gauche parlaient de trahison plus cela redorait le blason terni du stalinisme. Tel fut le rôle contre-révolutionnaire des oppositions notamment trotskystes et bordiguistes (celle-ci devenant même à son tour le faire-valoir du trotskysme jusqu’à en adopter certaines caractéristiques, sur les syndicats en particulier).

    On verra que ce rapport farcesque entre différents rackets politiques se retrouve aujourd’hui, et bien entendu à l’occasion des élections législatives. La farce de la prétendue trahison du P.C.F. est d’autant plus risible que du fait de la faiblesse du mouvement prolétarien en France au début du siècle, ce parti n’a jamais eu à paraître révolutionnaire ; il est né d’une transfusion de sigles opérée par le toubib moscovite. Le parti du social-démocrate Cachin n’a jamais été obligé de faire peur au Capital par un quelconque « hou ! hou ! » communiste.

    AU BOULOT, CAMARADES, PLANTONS LE DÉCOR

    Après avoir inhibé le mouvement révolutionnaire, le Capital est parvenu non sans mal à accéder à sa domination réelle. Il démontre ainsi que fascisme = démocratie, puis précipite le prolétariat dans la barbarie guerrière.
    Au sortir de celle-ci s’entame la période de reconstruction capitaliste dans laquelle les partis staliniens, y compris les crapules scissionnistes d’aujourd’hui : Garaudy, Tillon, maoïstes, joueront un rôle primordial, (« la grève est l’arme des trusts » Thorez).

    Cette période permet de comprendre pleinement ce que signifie CAPITAL VARIABLE : le prolétariat assumant sa fonction pour le Capital par la production de plus-value dont l’extorsion atteint des proportions gigantesques. Grâce à l’introduction massive de capital fixe et de technique, le temps de surtravail domine largement le temps de travail nécessaire. Le prolétaire n’est plus que chair à plus-value, un fonctionnaire du Capital, dans cette période hautement et totalement contre-révolutionnaire.

    Le procès de production conditionne le procès de circulation, et celui-ci s’élargit, englobe de nouvelles couches sociales (développement sans précédent du tertiaire). Les techniciens affluent, les organisateurs aussi. C’est l’ère du manager. Dans ce processus, le capitaliste classique tend à disparaître, et avec lui les anciennes classes moyennes (petits propriétaires agricoles, petits commerçants…).

    La disparition de ces classes est liée à la destruction par le Capital des modes de production pré-capitalistes. Ainsi tend à disparaître la condition essentielle de la politique comme médiation historiquement nécessaire entre les tenants des différents modes de production. Dès lors que le Capital domine seul, aucune alliance de classe n’a plus lieu d’être. Toute politique est alors pure idéologie, racket, et à dénoncer comme telle.

    L’intellectuel classique se dévalue, l’idéologie dominante devient l’idéologie de la marchandise. Bref, le Capital domine tout, il transforme la vie des hommes en sorte que toute activité sociale soit son propre procès. Toutes les classes participent à son mode de production. Chaque homme ou presque, chaque « catégorie » sociale ou presque, bosse, assume une fonction pour le Capital qui, en retour, lui assure la survie (salariat).

    Le Capital n’a plus besoin de béquilles pour se mouvoir, il se débarrasse des vieilles médiations idéologiques, telle l’idéologie politique, et peut désormais organiser directement la vie de l’humanité par l’action de la valeur. Si l’idéologie a toujours été une force matérielle, la matière marchande est devenue elle-même idéologie. Ainsi s’établit et se renforce la communauté matérielle du Capital.

    Les catégories de fonctionnaires du Capital sont multipliées. Aux scissions à l’intérieur de « l’ancienne » bourgeoisie correspondent les scissions à l’intérieur de « l’ancien » prolétariat (O.S./O.P.) et entre les deux s’étalent toutes les nouvelles couches moyennes prolétarisées par le salariat. Il s’établit une échelle hiérarchique de dimension impressionnante, d’où naît le mythe aux formes multiples de la lutte antiautoritaire remplaçant la lutte des classes.
    Les catégories sociales du Capital, organisées par la loi de la valeur, sont contraintes de s’affronter. La lutte est âpre : chacun doit gagner sa place au soleil de la communauté matérielle, c’est-à-dire chacun aménage sa survie au mieux de ses intérêts, marchande sa force de travail au meilleur prix.

    Ceux qui gagnent n’en sont généralement pas tranquilles pour autant ; ils voient tôt ou tard leur prospérité en survie remise en question – le Capital ne peut garantir même la survie – et il leur faut recommencer la bagarre. Évidemment ce mouvement avec ses variations, est le plus visible aux États-Unis où le Capital variable le plus prospère, les ouvriers des industries automobiles et de guerre, qu’on annonçait tranquilles jusqu’à la fin de leurs jours commencent à déchanter à grande échelle ; pour eux tout est remis en question – mais vue leur importance dans le capitalisme étasunien, c’est la crise de celui-ci qu’ils figurent.

    Il n’y a pas à crier à la réaction lorsque les ouvriers de l’industrie de guerre américaine descendent dans la rue pour demander la poursuite de la guerre au Viêt-Nam, comme le font les vrais démocrates qui dans leur connerie progressiste ne comprennent pas que tout réformisme est désormais impossible aux U.S.A. Les prolétaires défendent leur marchandise force de travail tant que ne se pose pas à eux la nécessité de sa destruction, et c’est justement parce qu’ils ont de plus en plus de mal à la défendre qu’ils seront contraints, tôt ou tard, de la détruire. La seule alternative est entre cette survie – se prolongeant en mort physique – et la révolution communiste.

    BONSOIR CHERS AUDITEURS, BONSOIR

    En la vidant de tout contenu de classe, le Capital réintègre la politique dans sa communauté matérielle. Les lois du capital étant désormais les lois fondamentales de toute organisation, la politique organise superficiellement tel ou tel groupe social, telle fraction de la communauté, telle catégorie de fonctionnaires. Le racket politique, qui est apparu avec la social-démocratie atteint là sa perfection puisque les partis ouvriers tirent leur existence de la soumission de la classe ouvrière, donc de l’existence du Capital. Que le prolétariat reste objet de ce dernier, qu’il ne tende pas à se nier est une question de vie ou de mort pour ces rackets.

    Chaque groupe politique a une catégorie sociale qu’il rackette plus particulièrement. En France, par exemple, la partie moderne de la bourgeoisie revient à Servan-Schreiber – Lecanuet, tandis que la partie ancienne et une fraction de la petite bourgeoisie « classique » (couches encore importantes dans le capitalisme retardataire de la France) reviennent à l’U.D.R. Pour le P.C. c’est la « digne classe ouvrière », pour le P.S.U., ce sont les techniciens.

    Les gauchistes s’attaquent aux étudiants et aux intellectuels, et les maoïstes font également dans l’immigré, le vieux (ancien résistant de préférence) et la ménagère. Mais chaque racket essaie de piquer la clientèle du voisin. L’U.D.R. depuis sa naissance, dispute les ouvriers au P.C., avec quelque succès d’ailleurs, et elle doit sa constante domination depuis 1958 à la frange ouvrière qu’elle a su faire cracher en bulletin de vote. Aucun groupe politique ne peut dominer sans exercer son racket sur plusieurs catégories sociales, car chacune de celles-ci est numériquement minoritaire, et toutes sont indispensables au fonctionnement du système, donc à sa gestion par les rackets.

    Ainsi ressurgit la concertation, mais aujourd’hui à l’intérieur du procès capitaliste et à l’intérieur de chaque parti du capital. D’où le frontisme de différentes catégories sociales dans chaque parti, et la démocratie, traduisant la dictature totale du capital. Sur ce frontisme de « classes » se greffe nécessairement le frontisme des rackets entre eux. Les trotskystes manifestent cette nécessité capitaliste avec le plus de conséquence en appelant inlassablement au front unique ouvrier, mais sans comprendre que pour le réaliser, il faudrait y inclure l’U.D.R., par exemple.

    La bataille politique se fait à coups de millions qui s’investissent où ils peuvent, à coups de gadgets et de badges, à coups de majorettes et de fanfares, à coups de dos à dos télévisés. L’image est interchangeable ; qu’avez-vous dit ? C’est moi qui l’ai dit le premier ! Ah ! non, c’est moi ! Puérilité de la sénilité capitaliste. Tout le monde il est de gauche, tout le monde il fait du social. Car l’élection réelle, c’est le racket sur l’humanité prolétarisée.
    Le législatif ne légifère plus que sur ordre de l’exécutif, lequel est lui-même soumis aux lois universelles du Capital. Et les parlements ne sont plus que des musées-théâtres où sommeillent et s’agitent alternativement les petites marionnettes de la politique.

    Certains jours, les lois sont votées par quelques députés : conscience professionnelle… les autres restent au pieu ou s’occupent de leurs petites affaires extra-parlementaires qui, elles, exigent un tant soit peu de boulot. Il en est de même pour les cirques internationaux comme l’O.N.U., où en son temps Zavatta-Krouchtchev, tapant sur la table avec sa godasse, avait montré qu’il avait l’étoffe d’un grand politicien. Nous savons de source sûre que Mao Tsé Toung le penseur met au point pour bientôt un excellent numéro chinois avec chausse-trappes et fausses gifles.

    GRANDEUR ET DÉCADENCE

    Comme exemple de cette décadence de la politique, on peut comparer le débat sur les Corn Laws au 19ème siècle en Angleterre aux décrets de Nixon en août 71. En voulant abroger les Corn Laws (protection douanière de l’agriculture anglaise), la bourgeoisie industrielle cherchait cette part du profit total qui allait à l’aristocratie foncière sous forme de rente. L’agriculture anglaise était alors encore relativement importante, mais la domination britannique sur toute la terre permettait à présent d’obtenir ailleurs du blé à moindre prix. Tout ce que voulait cette bourgeoisie, c’était donc de baisser la valeur de la force de travail. Quant à l’aristocratie, elle tentait de défendre une position privilégiée datant d’une époque révolue où elle pouvait faire protéger son propre blé par des barrières douanières.

    Le débat, parlementaire, entre les deux classes fut acharné, chacune cherchant des appuis, en particulier dans le prolétariat. Il dura plusieurs années, au bout desquelles la bourgeoisie l’emporta, car sa principale arme était, bien sûr le développement irrésistible du Capital.
    La société américaine de 1971 est suffisamment unifiée pour que les importantes décisions de Nixon puissent être prises dans le secret (concurrence avec les autres bourgeoisies nationales). Nul débat (public) n’est nécessaire. Nixon obéit directement aux impératifs du mouvement du Capital, qui impose pour le moment un retour vers le protectionnisme. Nixon sait à sa façon que le Capital totalitaire est le meilleur représentant démocratique de la société (officielle) dans son ensemble. Pendant ce temps, les politiciens préparent leurs accessoires.

    Aux États-Unis, d’ailleurs, il est typique de voir deux partis strictement semblables (républicains et démocrates) se disputer et se céder alternativement le pouvoir depuis toujours. Cette ancienneté du spectacle politique aux U.S.A. traduit la jeunesse de la société américaine, qui est passée presqu’immédiatement de la communauté primitive à la communauté du Capital. La greffe du mode de production capitaliste sur la société primitive n’y impliquait aucune discussion. La bourgeoisie naissante avait à s’imposer brutalement. Elle le fit en massacrant ceux qu’on appelle les indiens, puis en défaisant par les armes l’esclavagisme sudiste, qui ne pouvait avoir qu’un caractère transitoire vu son archaïsme vis à vis des exigences du Capital s’universalisant.

    La pluralité des modes de production, et donc l’antagonisme des classes possédantes, furent pratiquement inexistants aux U.S.A. lors de la montée du capitalisme. De ce fait, il n’y eut pas ou peu de contenus politiques antagoniques. La mystification démocratique y dure depuis l’avènement du capitalisme, en toute « pureté ». D’où d’ailleurs sa force. Le capital U.S. s’est trouvé très vite, au nord, en domination réelle sur la société. Mais la farce est sur le point d’y être éventée. Les dernières élections présidentielles ont montré que 45 % des prolétaires américains – ceux qui s’abstiennent car ils n’ont plus rien à gagner ni à perdre dans le système – étaient désormais inintégrables dans la communauté matérielle du Capital, inorganisables par le racket politique.
    Messieurs, on ne paie plus ! En attendant de vous foutre sur la gueule !

    La tentative vraiment démocratique de Mac Govern, soutenue par le racket moderniste de la nouvelle gauche dite « radicale », pour donner l’illusion de pouvoir intégrer les inintégrables (chômeurs à vie des ghettos), a elle-même échoué.
    Là-bas vient l’exigence de la formation de la Communauté Humaine, qui pour exister doit détruire la Communauté du Capital. La vieille taupe s’y voit d’autant moins qu’elle déblaie les derniers tombereaux de merde underground.

    CHAUFFE KRIVINE, CHAUFFE

    En France, la mystification a encore de la force, qu’elle tire de l’archaïsme du Capital national. Petits commerçants, petits artisans, petits intellectuels, en résistant à leur absorption par le Capital, donnent du contenu au spectacle. Que ce contenu soit éminemment réactionnaire importe peu aux divers rackets qui se les disputent à coups d’œillades et de cuisses à l’air ! Tu viens, Nicoud chéri ? Combien, s’informe tour à tour celui-ci, combien de temps nous laisserez-vous vivre ?

    Mais les élections législatives, c’est aussi un numéro inédit : la réconciliation des frères ennemis, P.C. et sociaux-démocrates français. Juste retour des choses, qui contient en lui même la vérité de la rupture cinquantenaire. Quant au programme avancé, Engels l’a commenté en ces termes il y a quelques cent ans : commentaire que l’agence de presse Libération-du-Capital-national a jugé vital de ne pas communiquer : « Ni la transformation en sociétés, ni la transformation en propriété d’État ne supprime la qualité de Capital des forces productives » (extrait de l’Anti-Marchais).

    La gauche arrivant au pouvoir (?… faites vos jeux), cela signifierait seulement que le capital variable, en tant que tel, prend de plus en plus d’importance dans ce temps de difficultés pour le capitalisme mondial, mais surtout cela voudrait dire que « les larges couches populaires », autrement dit l’ensemble des esclaves du Capital qui veulent, pour l’instant, changer de survie, sont une force électorale importante face à la « poignée de grands capitalistes ». La gauche, à sa façon, a elle aussi compris le phénomène de la prolétarisation ! La droite la suit dans cette voie, puisqu’elle mise si gros sur le « social » qu’elle mécontente une partie du patronat. Pour le peuple, qui a bien des malheurs, rien n’est trop beau.

    En France comme ailleurs, la vraie gauche revendique la régénération de la démocratie. Elle veut un « vrai » parlement, avec de « vrais » débats, un spectacle enfin intéressant. Mais la représentation officielle du communisme atteint sa cinquantième, et le mouvement contre-révolutionnaire qui l’a engendrée puis perpétuée tend à prendre fin avec le nouveau mouvement communiste. Aussi l’exigence se pose pour la contre-révolution de ravaler sa façade.

    Le jeune cadre gauchiste Krivine habillé par Tati, a fait fureur au cours d’un certain débat télévisé. Réactivant le spectacle, il en a montré les coulisses pour qu’on soit bien assuré que chacun était à son poste de travail. Oui la classe ouvrière existe, Krivine l’a rencontrée. Ouf ! Plus de séparation entre acteurs et spectateurs ; comme dit l’autre, ne faisons-nous pas tous partie de cette grande Communauté du Capital ?

    Le racket gauchiste, en d’autres moments historiques, donc sous d’autres formes, joue le même double rôle vis-à-vis du P.C. que celui-ci avait joué vis-à-vis des partis sociaux démocrates lors de la reprise révolutionnaire des années 1917-1920. D’une part il tente de contrer les luttes pour les canaliser vers l’intégration au Capital, donc à l’électoralisme (cf. leur acrobatique mais logique affirmation qu’il fallait voter, mais continuer à lutter, et que les résultats électoraux devaient concrétiser les résultats des luttes !).

    D’autre part, ils sont condamnés à devoir éternellement redorer le blason du P.C. et même des sociaux-démocrates, en les taxant de traîtres, mais donc de représentants ouvriers. Et sur ce point, ils ont absolument raison ! La social-démocratie, le P.C. et le gauchisme lui-même ont été, sont et restent les représentants de la marchandise force de travail, bouchers de la barbaque à plus-value. Ils n’existent que par l’existence du salariat.

    DU RACKET POLITIQUE À L’ASSISTANCE SOCIALE

    Cependant, dès à présent des communautés sociales sont, on l’a déjà dit, inintégrables dans la communauté du Capital. Rejetées à vie du processus de production et du salariat en général, elles n’assument plus aucune fonction pour le Capital. En revanche, celui-ci doit les faire survivre, plus ou moins, dans des limites qui les excluent en même temps de la sphère idéologique. Cette situation propre aux U.S.A., pays capitaliste le plus avancé, se retrouve dans les capitalismes qui ne peuvent se développer, de par la loi internationale de la valeur, et qui cumulent rejet des modes de production précapitalistes et impossibilité d’entrer dans le mode de production capitaliste.

    Dans les deux cas les rackets politiques ne peuvent plus ou pas prétendre à l’organisation de ces communautés sociales, désormais situées à la périphérie de leur existence. La preuve en a été fournie par les émeutes qui ont secoué les U.S.A. dans les années 1965 (Watts) et qui commencent à enflammer la zone non développée (Madagascar). Le Capital sera contraint d’y entamer ou d’y poursuivre ses exterminations « d’inutiles » à une échelle encore jamais atteinte (cf. Bangladesh).
    La réaction des communautés en question, si elle parvient à se manifester – conditionnée par le mouvement prolétarien international – montrera clairement leur besoin immédiat du communisme et constituera l’affirmation pratique de son contenu. Les solutions modernistes et tiers mondistes aux « problèmes » seront rejetées aux oubliettes de la dérision, dont seule la contre-révolution mondiale avait pu les préserver.

    En Europe, et en France en particulier, de telles communautés sociales n’existent pas ou ne tendent qu’à apparaître. On y trouve principalement des groupes sociaux à demi intégrés sous une forme ou une autre : tels les immigrés qui, assumant une fonction centrale pour le Capital européen se trouvent en grande partie exclus de la communauté de vie extra-travail, Tels les délinquants qui, refusant le travail, donc la fonction, volent au Capital sa marchandise et l’idéologie qui y colle, pénètrent par effraction dans la communauté matérielle.

    Vis-à-vis de ces deux « catégories », le rôle des rackets politiques est de se placer sur le terrain de leur intégration immédiate au système (travail pour les premiers, délinquance pour les seconds) et de véhiculer, à partir de là leur intégration totale : alphabétisation, logement, loisir, consommation en général pour les uns ; réinsertion au travail pour les autres.
    C’est ainsi que se comprend l’assistance sociale qu’apportent certains groupes gauchistes aux prolétaires en question, et la création d’organismes spécialisés comme le Groupe d’Information sur les Prisons.

    Les couches semi-intégrées ne sont pas prises en charge par les rackets politiques traditionnels car elles ne sont pas citoyens à part entière de la communauté matérielle du Capital. Les rackets qui les prennent en charge doivent donc se démarquer du jeu politique traditionnel. La situation de semi-intégration de ces prolétaires les contraint à la violence.

    Cette violence peut s’exercer dans la perspective de leur intégration totale à la communauté du Capital, en tentant d’accomplir par la force ce que le Capital n’a pu réaliser par ses nécessités économiques ; elle peut s’exercer aussi dans le sens de la rupture avec le Capital. Les rackets, contraints de refléter la violence de ces prolétaires par leur propre violence, ne peuvent évidemment qu’axer leur pratique dans le sens de l’intégration.
    Ils retirent toute la potentialité radicale des révoltes pour ne faire apparaître que la potentialité intégratrice (cf. les révoltes dans les prisons françaises et le G.I.P.).

    La violence retombée et le problème de la semi-intégration demeurant, les rackets doivent se lancer dans des offensives démocratico-légalistes qui, par la dénonciation du « scandale », revendiquent l’intégration totale que la force n’a pu obtenir.

    En France, les maoïstes de la Cause du Peuple en particulier assument ce racket qu’ils doivent obligatoirement partager avec les démocrates les plus « prestigieux », lesquels alignent pétition sur pétition pour le droit à la pleine citoyenneté prolétarienne des couches semi-intégrées !
    C’est bien donc la spécificité de leur racket qui contraint ces maoïstes à rejeter l’électoralisme ; et non une quelconque radicalité que le mythe de leur violence (la violence en soi !) a pu accréditer auprès de nombreux prolétaires qui ressentent le besoin violent de rompre avec le Capital, sans que leur apparaisse encore le contenu de cette rupture.

    La spécificité de ce racket lui fait enserrer jusqu’à la vie physique des prolétaires sur lesquels il s’exerce. Il joue avec leur vie, la manipule en manipulant leur violence. C’est aussi un racket sur la mort (cf. P. Overney mort » pour la Cause du peuple », voir à ce sujet l’édifiante brochure « Bilan du comité de lutte Renault »).

    LE DERNIER TOUR DE PISTE

    La prolétarisation universelle contenue potentiellement dans la dictature prolétarienne des conseils ouvriers a été réalisée depuis par le Capital. Sous forme mystifiée puisque chacun est devenu le fonctionnaire de celui-ci. La division en fractions au sein de cette communauté est le résultat du caractère historiquement parasitaire du mode de production capitaliste depuis la défaite mondiale du prolétariat au début du siècle.

    Désormais la reformation du prolétariat en classe passe par des affrontements terribles en son sein.Affrontements entre les fractions manifestant le besoin du communisme et les fractions se satisfaisant encore de la communauté matérielle du capital. Cette lutte recouvre en partie « l’ancienne » lutte des classes, qui devait amener la dictature du prolétariat ouvrier. Celui-ci, lorsqu’il est contraint à lutter, demeure aux avant-postes du combat.

    Toutefois, d’une part il est inévitable qu’il y ait affrontement au sein même du prolétariat ouvrier ; d’autre part il ne peut plus y avoir simple ralliement des classes moyennes à celui-ci, mais intégration des nouvelles couches moyennes prolétarisées au mouvement communiste qui constitue le dépassement du mouvement ouvrier ; enfin les communautés de chômeurs à vie, loin de recouvrir la situation de l’ancien lumpen, sont la manifestation vivante du besoin du communisme qu’elles sont toutefois totalement impuissantes à satisfaire par elles-mêmes.

    Le prolétariat ne peut désormais se reformer en classe que pour se nier, car il affirmera par là son être universel et la nécessité du communisme à l’échelle de toute la société. Il ne peut rien en deçà. Le communisme est immédiatement instaurable, ce qui signifie que la phase de transition autrefois appelée dictature du prolétariat n’est plus désormais que le processus de formation de la classe universelle.

    Dans ce processus, le mouvement communiste exerce une dictature pratique en ce sens où il tend à englober en lui toutes les couches ou catégories sociales, et celles qu’il ne peut englober, il doit les détruire. On peut prévoir dans cette lutte que les hauts fonctionnaires du Capital, recouvrant en partie « l’ancienne » bourgeoisie, offriront le plus de résistance et devront sans doute en majorité être supprimés physiquement, ainsi que la plupart des chiens de garde du système.

    Le prolétariat ne peut plus admettre aucune médiation entre lui et sa résolution, donc aucun parti autre que le propre mouvement de sa rupture avec le Capital et de sa propre destruction. L’auto-suppression du prolétariat réalisera dans le même mouvement la destruction des rackets politiques, lesquels préalablement devront, face au prolétariat se reconstituant, s’unifier objectivement en un seul mouvement : celui de la contre-révolution universelle du Capital.

    Avec la fin du Capital, ce sera la fin de la démocratie, la fin de la politique et de son ultime contenu : le spectacle. La rupture entre capitalisme et communisme sera nette, franche. La destruction du salariat, de la valeur et de l’État feront apparaître les vrais problèmes, donc les vraies solutions de réorganisation de la production, de la distribution et de la vie en général. Rien ne se résoudra du jour au lendemain, mais le champ sera ouvert à l’Humanité pour sa propre production sous le règne de la liberté : son histoire pourra débuter.

    Le Voyou, mars 1973

    https://cerclemarx.com/du-racket-politique-au-cirque-electoral
    --

  • INFERTILITÉ TOTALE EN 2045

    Dans un livre récemment paru, le duo de scientifiques Shanna H. Swan et Stacey Colino montre que le nombre de spermatozoïdes produits dans les pays occidentaux a chuté de 59 % entre 1973 et 2011. Si la trajectoire actuelle se poursuit, ce chiffre pourrait atteindre zéro dès 2045. 

    La pandémie va-t-elle faire chuter le taux de fécondité  ? D’après l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), en tout cas, le nombre de naissances enregistrées en France en janvier a chuté de 13 % par rapport à janvier 2020. Une baisse inédite depuis 1975, dans un contexte « de crise sanitaire et de forte incertitude, [qui] a pu décourager les couples de procréer ou les inciter à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité », selon l’Institut d’études statistiques. Certes, le nombre de naissances en France est en baisse constante depuis six ans, mais l’Insee note que la chute observée en janvier est « sans commune mesure avec les baisses qui ont pu être observées dans le passé ».
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/000436391

    Une tendance qui reste à confirmer, donc… et à laquelle pourrait bien s’ajouter un autre phénomène encore plus global. Celui de la présence, dans notre organisme, de certaines substances chimiques aux effets nocifs sur la fertilité. C’est ce que met en évidence le duo de scientifiques Shanna H. Swan et Stacey Colino dans un nouveau livre récemment paru en anglais, Count Down – How Our Modern World Is Threatening Sperm Counts, Altering Male and Female Reproductive Development, and Imperiling the Future of the Human Race.
    https://www.simonandschuster.com/books/Count-Down/Shanna-H-Swan/9781982113667

    Dans une étude qu’elle avait co-signée en 2017, Swan montrait en effet que le nombre de spermatozoïdes produits dans les pays occidentaux avait chuté de 59 % entre 1973 et 2011. Si cette courbe poursuit sa trajectoire actuelle, prévient-elle aujourd’hui, ce chiffre pourrait atteindre zéro dès 2045. Dans le détail, Count Down démontre que ce sont les « substances chimiques du quotidien » que l’on trouve dans les emballages alimentaires, les jouets, les cosmétiques ou encore les pesticides qui affectent durablement notre système endocrinien. Les phtalates et le bisphénol A sont plus particulièrement visés par les deux auteurs « car ils font croire au corps humain qu’il dispose de suffisamment d’hormones – testostérone ou œstrogènes – et qu’il n’a donc pas besoin d’en fabriquer davantage ». La taille et la forme des organes génitaux seraient aussi affectées.
    https://academic.oup.com/humupd/article/23/6/646/4035689
    https://usbeketrica.com/fr/article/la-baisse-de-la-fertilite-masculine-menace-l-humanite
    https://www.theguardian.com/us-news/2021/feb/26/falling-sperm-counts-human-survival
    https://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environnement/phtalates/quels-risques-pour-sante
    https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-bisphenol-6185
    https://www.independent.co.uk/life-style/health-and-families/pollution-penis-shrink-sperm-count-b1821863.html

    « Les phtalates abaissent les taux de testostérone et ont donc une influence particulièrement mauvaise côté masculin, par exemple en provoquant la diminution du nombre de spermatozoïdes, détaille Swan dans son interview au Guardian. Le bisphénol A, lui, imite les œstrogènes et est donc particulièrement nocif côté féminin, augmentant les risques de problèmes de fertilité. Mais il peut également faire chuter la qualité du sperme, la libido et provoquer des taux plus élevés de dysfonction érectile. »

    « Une grande partie de l’exposition à ces matières se produit in utero, lorsque le fœtus se forme pour la première fois » Shanna H. Swan

    Le constat est d’autant plus inquiétant que l’exposition à ces substances commence… avant même la naissance. « Une grande partie de l’exposition à ces matières se produit in utero, lorsque le fœtus se forme pour la première fois, renchérit Swan. Les effets se poursuivent ensuite pendant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. C’est un phénomène cumulatif : un fœtus femelle, in utero, développe déjà les ovules qu’il utilisera pour avoir ses propres enfants. »

    Preuve de l’étendue du problème, une enquête publiée par Santé publique France en 2019 révélait que la présence de bisphénols et de phtalates dans le corps est généralement plus importante chez les enfants que chez les adultes. « L’alimentation participerait à 90 % de l’exposition totale », précisait à l’époque Santé publique France. Seules manières de minimiser les risques à l’échelle individuelle, selon Shanna H. Swan : manger, « dans la mesure du possible », des aliments non transformés comme « des carottes ou des pommes de terre cuisinés naturellement »  ; éviter les poêles qui contiennent du téflon ou des molécules toxiques  ; et « ne pas passer de matières plastiques au micro-ondes ».
    https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/esteban

    https://usbeketrica.com/fr/article/l-occident-pourrait-devenir-totalement-infertile-en-2045
    https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-lundi-18-avril-2022
    https://www.facebook.com/franceinter/posts/5333622433339500
    --

  • NON AU BULLETIN DE VOTE, OUI À LA LUTTE DE CLASSE !

    Alors que les deux candidats désignés au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, entrent à nouveau en lice pour le second tour, la bourgeoisie et ses médias continuent de propager un mensonge mille fois répété : l’avenir se jouerait dans les urnes. Enjeux pour la bourgeoisie, certes, mais pas pour les ouvriers ! L’expérience d’innombrables mandats, de droite, de gauche et du centre, comme celles des « fronts républicains » depuis 20 ans, ont clairement démontré que cette mascarade ne peut en rien empêcher la plongée constante de la société capitaliste dans la crise, le chaos et la dégradation inexorable des conditions de vie. Au-delà des apparences, de la variété de discours, pour la plupart sans couleur ni panache, tous les candidats ont défendu un même programme de fond : celui du capital national, qu’il s’agit, pour la classe dominante, de défendre dans l’arène mondiale face à une concurrence exacerbée, sur fond de crise économique, de guerre et de chaos croissant. La bourgeoisie n’a qu’une seule méthode pour mettre en œuvre son programme : accroître encore et encore l’exploitation de la force de travail pour en extraire un profit maximal et écarter les concurrents !

    Que valent donc les discours lénifiant des candidats face à l’aggravation spectaculaire du réchauffement climatique, des catastrophes en série, de la misère croissante, de la famine et du chaos guerrier sur tous les continents et jusqu’aux portes d’un des principaux centre du capitalisme mondial ? Que peuvent sérieusement proposer ces tristes candidats face à la crise économique mondiale, aux dettes abyssales, à l’inflation incontrôlable ? Dans ce contexte, que valent les promesses démagogiques et le slogan « Nous tous » de Macron, lui qui n’a cessé de mentir et de jouer sur les divisions en accentuant la précarité, la pauvreté ou le démantèlement des services de santé ? Celles de Marine Le Pen valent-elles mieux, elle qui prétend ouvertement rejeter les problèmes économiques et sociaux sur le dos des immigrés et sauver le « pouvoir d’achat des Français » et propose presque de « raser gratis », comme le faisait autrefois la gauche ? (1)

    LES ÉLECTIONS, UNE MYSTIFICATION AU SERVICE DE L’EXPLOITATION

    Voter, ce n’est pas seulement choisir entre Macron et Le Pen, entre « la peste et le choléra » ou entre « régime démocratique et régime autoritaire », c’est, en réalité, bien pire que cela ! C’est à nouveau plébisciter le capitalisme et son mode de domination destructeur.

    Bien entendu, le bon sens commun du petit bourgeois répondra : « Malgré tout, il faut voter pour préserver ce droit acquis de haute lutte » ! Et les voix des gauchistes du même acabit ajouteront : « le mouvement ouvrier, les révolutionnaires ne participaient-ils pas traditionnellement aux élections et au travail au sein du parlement ? Le prolétariat ne s’est-il pas battu pour ce droit ? ». Toutes ces niaiseries n’expliquent nullement un curieux paradoxe historique : au moment de la conquête du suffrage universel par la classe ouvrière, au XIXe siècle, la bourgeoisie s’y opposait avec la dernière des brutalités, réprimant tous ceux qui se battaient pour ce qui était perçu alors comme un droit et un progrès. Or, aujourd’hui, tout au contraire, la bourgeoisie défend mordicus les urnes, vante ses institutions « démocratiques » à grands coups de slogans publicitaires, stigmatise les abstentionnistes « égoïstes » et envisage même, comme c’est déjà le cas en Belgique, d’infliger des sanctions à ceux qui refusent d’accomplir leur « devoir civique » !

    En réalité, dès ses origines, le mouvement ouvrier et le courant marxiste (en dehors de ses courants opportunistes) ont toujours considéré que la démocratie bourgeoise et le prétendu « pouvoir du peuple » n’étaient que mystifications au service de la bourgeoisie et de l’exploitation capitaliste. Dans une société divisée en classes antagoniques, nulle « égalité » civique n’est possible, même dans la République bourgeoise la plus démocratique. Cependant, au XIXe siècle, dans cette période de phase ascendante du capitalisme, le prolétariat devait se constituer et s’affirmer comme classe, il lui était encore possible de s’appuyer sur des fractions bourgeoises progressistes face aux vieilles couches sociales réactionnaires. Il était aussi encore possible de lutter pour des réformes réelles et durables. En permettant de pousser la législation en leur faveur, en limitant, par exemple, le temps de travail quotidien, en améliorant les salaires, en défendant et arrachant, non sans luttes, de meilleures conditions de vie et de travail, les élections participaient à l’éveil des consciences et au renforcement de l’unité et de l’influence des ouvriers dans la société. Bien entendu, la fraction parlementaire socialiste était entièrement subordonnée au principe de la lutte de classe et conçue comme un moyen relié au but qui était de renverser, à terme, le capitalisme. (2)

    En revanche, lorsque le capitalisme est entré dans sa phase de déclin historique, au moment de la Première Guerre mondiale, l’impossibilité d’octroyer des réformes durables et le développement du capitalisme d’État rendaient impossible toute participation fructueuse aux élections sans en payer les conséquences néfastes. Avec l’exacerbation des confrontations entre nations, induites par la décadence, s’est développé un des phénomènes caractéristiques de cette période : le capitalisme d’État, qui répond à la nécessité pour chaque pays, d’obtenir le maximum de discipline en son sein de la part des différents secteurs de la société, de réduire au maximum les affrontements entre classes mais aussi entre fractions rivales de la classe dominante afin, notamment, de rendre son économie la plus compétitive possible. L’octroi de réformes réelles en faveur de la classe ouvrière devient tout bonnement impossible, sous peine de reculer dans la compétition mondiale. Toutes les fractions bourgeoises sont ainsi devenues réactionnaires. Aujourd’hui, elles le sont toujours, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite. Comme le proclamait l’Internationale communiste, « le centre de gravité de la vie politique actuelle est complètement et définitivement sorti du parlement ».

    Notre rejet catégorique du parlementarisme et des élections ne repose donc nullement sur un dogme moral ou des idées abstraites, mais sur l’analyse des conditions historiques de la lutte de classe et la tradition du combat révolutionnaire.

    L’AVENIR APPARTIENT AU PROLÉTARIAT ET À LA LUTTE DE CLASSE

    Prétendre, comme Mélenchon, qu’« un autre monde est possible » grâce au bulletin de vote est une imposture ! Aujourd’hui, rabattre les ouvriers vers les urnes, comme le font depuis des décennies les gauchistes, comme Poutou ou Nathalie Arthaud, en prétendant transformer les élections en « tribune révolutionnaire » en faveur de « l’urgence anticapitaliste » ou au nom du « camp des travailleurs », n’a fait qu’entretenir les pires illusions (3) sur des institutions bourgeoises de plus en plus boudées et désertées, exposées à la légitime méfiance des exploités. Alors que les ouvriers doivent défendre leur unité, les élections les atomisent au contraire dans les isoloirs, les divisent et les exposent aux pressions idéologiques nauséabondes du capital en attaquant leur conscience et les désarment en les berçant d’espérances illusoires.

    Mais si le prolétariat doit effectivement rejeter les urnes, ce n’est pas en se repliant sur lui-même ou en boudant simplement l’élection, comme on le voit pour une partie de la population marquée par le désenchantement, la colère et le désespoir, mais en luttant fermement sur son terrain de classe contre les effets de la crise et les attaques du capital. Face au coût de la vie exorbitant, face à la dégradation de la situation et à la barbarie croissante, il n’y a pas d’autre choix que de se battre contre le système capitaliste lui-même, sa crise, sa logique de guerre et de concurrence généralisée. Pour cela, la classe ouvrière devra miser sur sa solidarité, sur ses propres méthodes de luttes pour affirmer son autonomie de classe en résistant aux attaques à venir. Elle en a la force et tout le potentiel, elle doit prendre confiance en elle-même, reconnaître qu’elle peut se mobiliser et résister collectivement, comme elle a commencé à le faire au moment de la lutte contre la réforme des retraites durant l’hiver 2019/2020. Elle devra baser sa réflexion, déjà présente dans de petites minorités, sur l’expérience des luttes du passé et l’histoire du mouvement ouvrier, s’engager dans un combat collectif et conscient pour en tirer les leçons, discuter et comprendre la situation dans des assemblées générales souveraines, s’organiser elle-même pour poser les conditions de la lutte afin de l’étendre le plus largement possible à tous les ouvriers.

    Dans ce combat, les révolutionnaires auront un rôle primordial à jouer pour stimuler l’action du prolétariat qui permettra, à terme, de développer les conditions d’un combat ouvrier international, combat qui exprimera une politisation capable d’offrir une réelle perspective, celle de la destruction du capitalisme pour un projet authentiquement communiste.

    WH, 15 avril 2022
     https://fr.internationalism.org/content/10743/non-au-bulletin-vote-oui-a-lutte-classe

    1. Il faut se souvenir de tous les slogans bidons déversés jusqu’à plus soif d’élection en élection : « Changer la vie » (Mitterrand), « Sortir du tunnel », « Contre la fracture sociale » (Chirac), « Ensemble tout devient possible » (Sarkozy), « Le changement, c’est maintenant » (Hollande)… Comme l’ont dit cyniquement certains politicards : « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».

    2. Cette lutte pour des réformes ne doit pas être confondue avec le réformisme, une dérive opportunisme qui conduisait à séparer justement le but et les moyens, à s’accommoder au capitalisme pour in fine mieux capituler. Le cas le plus connu est celui de Bernstein pour qui le « mouvement est tout le but n’est rien ». Marx dénonçait d’ailleurs déjà à son époque le « crétinisme parlementaire ».

    3. En 1981, Lutte ouvrière se servait de sa « tribune révolutionnaire » pour appeler à voter Mitterrand. Ce parti devait récidiver en 2007 en faveur de la candidate du Parti socialiste Ségolène Royal.

    --

    L’ANTIFASCISME RADICAL DE L’EXTRÊME GAUCHE DE LA BOURGEOISIE

    « La démocratie est une contradiction dans les termes, un mensonge, et, au fond, une pure hypocrisie […] La liberté politique est un simulacre et le pire esclavage possible ; cette liberté fictive est le pire asservissement. Il en va de même de l’égalité politique : c’est pourquoi, il faudra réduire en pièces la démocratie aussi bien que n’importe quelle autre forme de gouvernement. » (Engels, Progrès de la réforme sociale sur le continent)

    L’« antifascisme gauchiste » se veut une lutte contre les forces « fascistes » de la bourgeoisie, prises comme ennemi spécifique, distinct, du moins momentanément, des autres forces de la bourgeoisie. Cette tactique a comme fondement principal l’alliance explicite ou implicite du prolétariat avec les forces « antifascistes », « démocratiques » de la bourgeoisie.

    La répression des grands mouvements prolétariens a toujours nécessité la collaboration d’une deuxième force, chargée, elle, non de réprimer directement mais de désarmer, puis d’immobiliser la classe, avant et au cours de la répression.

    Les « gauches démocrates », que les « antifascistes » – version « révolutionnaire »- voudraient ranger dans le camp des non-répressifs ont en fait rempli aussi bien une fonction que l’autre. Tantôt elles ont joué le rôle de désarmeur-immobilisateur du prolétariat, tantôt -généralement dans les cas les plus difficiles- elles se sont chargées directement de l’ignoble besogne sanglante, après avoir elle-même désarmé le prolétariat.

    La « gauche démocrate » a joué directement le rôle de « chien sanglant ». C’est surtout en collaboration avec la droite que la gauche a joué son rôle de répression du prolétariat.

    Curieuse « ignorance » que celle des trotskistes, des maoïstes et autres anarchistes, tous ces antifascistes « radicaux » qui « oublient » si facilement que dans tant de cas, et pas des moindres, ce n’est ni la « droite » ni « le fascisme » qui ont constitué l’organe spécifique de la répression bourgeoise contre la classe ouvrière mais bel et bien la très « démocratique » et très « antifasciste » gauche du capital.

    Un « oubli » dont le résultat politique est de présenter au prolétariat son bourreau comme un « allié tactique ». Un « oubli » qui n’aboutit qu’à jeter les travailleurs entre les mains de leur étrangleur. Un « oubli » qui place d’emblée ses auteurs dans le camp des plus efficaces fusilleurs du prolétariat.

    Les libertés démocratiques bourgeoises ne sont pas des armes pour le prolétariat.

    Le deuxième argument qui sert de clé de voûte au mensonge antifasciste lorsqu’on prétend le justifier « au nom des intérêts de la révolution », c’est que les libertés démocratiques bourgeoisies seraient des moyens, des conditions nécessaires pour le développement de la lutte révolutionnaire du prolétariat. La liberté de presse et d’organisation, le droit de grève, le droit de vote, la liberté syndicale, tous ces piliers de la démocratie bourgeoise, seraient d’après l’antifascisme gauchiste, des armes fondamentales, indispensables pour la lutte… C’est pourquoi elles doivent, dans un premier temps, constituer un objectif immédiat de la lutte ouvrière.

    Ces gens veulent vraiment présenter la bourgeoisie comme une classe stupide ou suicidaire. Si les libertés démocratiques bourgeoises sont des armes pour le prolétariat, comment faut-il comprendre cette curieuse manie de la bourgeoisie de les accorder précisément lorsque le prolétariat la menace ? Comment expliquer que dans beaucoup de pays elle aille même jusqu’à faire de leur utilisation une OBLIGATION ? Nombreux sont les États où le vote n’est pas uniquement « un droit », mais une contrainte, l’abstention électorale étant sévèrement punie par la loi. Quant aux syndicats, le système du « close shop », obligation d’être syndiqué pour pouvoir travailler, est de plus en plus généralisé dans le monde. Et dans des pays où l’utilisation de ces « libertés » n’est pas rendue obligatoire par l’État, en France par exemple, c’est un éternel concert qu’on entend de la part de toutes les forces politiques de la bourgeoisie pour en recommander l’utilisation. Aux dernières élections législatives[2], le président de la république ne répétait-il pas systématiquement, après avoir fait la propagande de son parti, « ce qui importe le plus ce n’est pas que vous votiez à droite ou à gauche, mais que vous accomplissiez votre devoir civique : voter » . Quant aux syndicats, grassement subventionnés par l’État, c’est tout aussi régulièrement que gouvernement et patronat (par la bouche de leurs principaux représentants du CNPF) insistent sur « la nécessité d’une plus grande syndicalisation des masses ouvrières. »

    Mais dans le capitalisme décadent, lorsque toute réforme réellement en faveur de la classe ouvrière est devenue utopique, lorsque toute lutte ouvrière est contrainte, pour être conséquente, de s’attaquer directement à l’Etat bourgeois lui-même sans qu’il puisse exister de moyen terme, les vieilles libertés démocratiques pour lesquelles la classe ouvrière s’était battue, il y a 100 ans, se sont transformées en simples organes de domination du prolétariat par le capital. Dans cette période historique où seul ce qui est révolutionnaire peut être prolétarien, où la seule alternative qui puisse représenter une amélioration de la condition ouvrière c’est la révolution prolétarienne elle-même, les seules armes ouvrières sont celles de sa révolution.

    Toujours imbus d’amour pour l’État bourgeois, à condition qu’il soit « démocratique », toujours incapables d’envisager les problèmes de la classe ouvrière autrement qu’à travers ceux du développement de leur propre petite organisation, ces antifascistes « radicaux » prétendent nous faire oublier que l’État bourgeois, pour être « démocratique » n’en a pas moins des prisons politiques, et qu’en période de montée des luttes prolétariennes, il sait parfaitement les remplir d’ »extrémistes », de « partisans de la violence », de « saboteurs de l’économie nationale », de « diviseurs du peuple », de « terroristes », bref, de révolutionnaires. Et généralement la gauche du capital sait mieux reconnaître que quiconque quels sont les vrais ennemis de l’État dont elle assume la gestion.

    Quant à la « liberté de la presse », la démocratie bourgeoise n’a pas plus de ménagements envers la presse des révolutionnaires qu’elle n’en a envers leurs organisations. Lorsqu’envahir la classe ouvrière d’un océan de presse de « gauche » pour noyer toute tentative de clarification révolutionnaire, ne suffit plus pour enrayer le développement des idées révolutionnaires, la démocratie n’hésite jamais à avoir recours à la répression et à l’interdiction.

    Lorsque la bourgeoisie affronte une période de multiplication des grèves, la reconnaissance du « droit de grève », outre qu’il ne fait que reconnaître un état de fait – continuer à proclamer interdites les grèves alors que celles-ci se développent partout, ne peut que ridiculiser l’autorité de l’État – n’a évidemment jamais comme but de permettre leur libre épanouissement, mais, au contraire, de créer « démocratiquement », « légalement » toutes les limites possibles, toutes les entraves capables d’empêcher leur transformation en un mouvement susceptible de mettre en question les fondements du système et l’autorité de l’État. Le « droit de grève », c’est d’abord le droit pour l’État bourgeois de réprimer « démocratiquement » toute grève « illégale », toute forme de lutte qui sort du cadre de la « légalité démocratique » : grèves antisyndicales, invasion d’usine par les ouvriers d’autres usines venant exiger la solidarité de classe, grèves mettant réellement en danger l’économie nationale…

    Mais une grève qui attend l’autorisation du patron pour éclater et accepte ensuite de se tenir dans le cadre de la légalité imposée par le capital, est un pétard mouillé d’avance. Une source de démoralisation certaine pour la classe. La gauche du capital le sait bien qui a pour tâche dans la démocratie bourgeoise d’assurer l’encadrement légal de toute tentative de lutte ouvrière.

    Dans le capitalisme décadent, la classe ouvrière n’a jamais eu besoin du démocratique « droit de grève » pour se battre. Ses armes, ce ne sont pas les soi-disant « autorisations » de son exploiteur pour se battre contre lui, mais au contraire sa résolution à affronter la légalité des patrons quelque soit le vernis « démocratique », « populaire » dont elle puisse se recouvrir.

    Le « droit de grève » n’est pas une arme du prolétariat mais de la bourgeoisie.

    Les syndicats ne sont plus, dans le capitalisme décadent, la forme que se donne la classe ouvrière pour combattre le capital, mais l’appareil d’encadrement dont se sert l’État capitaliste pour encadrer la classe ouvrière. Plus de cinquante ans d’expérience l’ont montré clairement, les luttes ouvrières de notre époque ce sont les assemblées ouvrières, unitaires et souveraines, se coordonnant entre elles par des conseils de délégués élus et révocables à tout instant. La « liberté syndicale », c’est la lutte du capital contre ces assemblées, c’est la possibilité pour la bourgeoisie de se doter de cet indispensable appareil d’encadrement des travailleurs que sont les syndicats.

    Le droit d’élire démocratiquement son bourreau, d’octroyer aux chefs de la « police démocratique » un label de « représentants du peuple ».. La « liberté électorale » n’est que le moyen de légaliser par une mascarade vide, la dictature du capital sur la société.

    C’est une des principales armes du capital pour briser dans la classe la volonté de s’assumer comme corps distinct dans la société, comme force autonome capable de prendre le pouvoir. Elle s’inscrit directement contre toute organisation de pouvoir de la classe ouvrière : d’une part, en l’atomisant en une poussière de millions d’ »individus », de « citoyens » impuissants, isolés les uns des autres devant les urnes ; d’autres part, développant jusqu’à l’extrême au sein de la classe l’idée qu’elle ne pourra jamais rien faire par elle même, qu’elle devra toujours déléguer la défense de ses intérêts à des corps totalement étrangers à elle, « ses partis officiels ».

    Loin de constituer une arme pour le prolétariat, la « liberté électorale » constitue le fondement même du désarmement de la classe ouvrière.

    Le renforcement de la puissance de la classe ouvrière n’a rien à voir avec la « générosité » des fractions les plus intelligentes de la bourgeoisie. Les véritables instruments de son combat : sa conscience, sa capacité à s’organiser et à agir de façon indépendante par rapport à tous les autres secteurs de la société, le prolétariat ne peut les forger qu’en se débarrassant de toute illusion à l’égard de la « démocratie bourgeoise » ; en s’attaquant à la bourgeoisie, dans sa globalité, à ses partis et à ses syndicats c’est-à-dire sans tomber dans l’immonde piège du « choix » entre les différentes formes d’oppression de la bourgeoisie. La classe ouvrière a payé de dizaines d’échecs sanglants le fait de ne pas avoir compris à temps qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même, sur ses propres assemblées et son programme historique propre. L’antifascisme, ce bavardage qui prétend présenter la gauche du capital comme moins répressive que la droite, amenant par là la classe ouvrière à lier son sort à celui de ses bourreaux ; cette tromperie qui présente les armes de la bourgeoisie comme des armes prolétariennes, poussant ce dernier à faire confiance à l’État bourgeois « démocratisé », ce mensonge qui unit aujourd’hui toutes les forces de la bourgeoisie, du Pape jusqu’aux gauchistes, n’a pas d’autre but que de tenter de le lui faire oublier encore une fois.

    Courant communiste international (extraits)
    https://cerclemarx.com/lantifascisme-radical
    https://fr.internationalism.org/french/brochures/democratie_fascisme_anti_fascisme_extreme_gauche.htm

    --

  • CLAUDE GUILLON OU LE VOTE DE LA MÉDIOCRITÉ DITE D’EXTRÊME GAUCHE !

    Faut-il s’intéresser à Guillon qui appelle à voter pour Mélenchon ? Étant un peu connu dans les milieux dits révolutionnaires, il est intéressant de voir le discours et le profil d’un homme qui, sous couvert de révolte, en a bien profité pour se créer une petite aura de faux-rebelle.

    Notons qu’il fut l’auteur de « suicide mode d’emploi », provocation qui lui permis d’atteindre la petite bourgeoisie, L’absence de la question sociale dans la problématique du suicide dans ce bouquin le fait classer à droite du sociologue Emile Durkheim, voire à l’extrême droite de ce sociologue.

    Voyons ce que ce « génie (oui, il se croit génie) a à nous raconter ! Tout d’abord, il commence par une attaque contre les anarchistes, qui seraient des moralistes identitaires. Niveau moralisme, le père Guillon, vu la suite de son texte, ferait mieux de se taire ! Il prend l’exemple des anarcho-syndicalistes espagnols dans les années 30 qui ont voté pour faire libérer des milliers de prisonniers. Premièrement, la participation aux élections espagnoles en 1936 n’a jamais fait l’unanimité. Pensons notamment au groupe les « amis de Durruti » et les jeunesses libertaires qui furent contre.

    Et quand bien même ! Les intérêts au cours d’une révolution où il y a des combats armés permanents face au fascisme, sont bien différents du contexte social et politique actuel. Que l’on soit d’accord ou non avec les anars espagnols de 36 vis à vis de la participation, la relecture des interviews de Garcia Oliver ( qui fut ministre de la Justice) montre à quel point la question fut plus complexe dans une période sanglante, et aussi à quel point Guillon est à coté de ses pompes en faisant cette comparaison fallacieuse. Pour info, Garcia Oliver dit bien que lorsqu’il accepte ce poste, il cesse d’être anarchiste, et que c’est bien la dynamique historique qui les amène à faire des choix stratégiques ( au sens « militaire » du terme). Le même Garcia Oliver qui disait : “Je n’ai pas honte de le dire, je le confesse avec fierté, nous avons été les rois du pistolet ouvrier de Barcelone” et non pas les rois du bulletin de vote !

    Preuve à l’appui , Guillon compte il faire libérer des milliers de révolutionnaires avec son petit bulletin de vote mélenchonien ? Mensonge et fumisterie !
    Puis vient la classique attaque en « théologie » ,« théo » voulant dire Dieu, on ne voit pas le rapport. Mais cette attaque de religiosité concernant les anarchistes est bien connue de la part de ceux qui rejoignent les rangs réactionnaires. Les premiers à la balancer furent ceux qui ont rejoint Staline, puis ceux qui ont rejoint Mussolini. Le tout par petits intérêts et rêves de gloire… Comme notre Guillon, qui pensant mériter un succès non encore obtenu, compte bien sur l’appui d’un futur « Pouvoir » : allégeance vaut récompense !

    Mais regardons la suite… : Pourquoi ? Il commence doucement, caressant le sens du poil de ses lectrices-lecteurs ( ceux qui achètent les livres). En gros, « Je ne crois pas aux élections, mais je vais voter ». Car oui,Guillon a découvert une subtilité de génie ! Trop gentil, il va nous la dire. On a l’eau à la bouche devant cet immense intellectuel. Guillon ne serait donc qu’un guignol dont la popularité est due à l’apologie du suicide ? … Mais avant, il va faire durer un peu le suspens…

    Vient le jugement sur Mélenchon : Guillon est formel, Mélenchon c’est un gros vilain. C’est même très drôle de le voir dire qu’il va voter pour Mélenchon, qu’il qualifie de « vieil admirateur de Poutine », à côté de sa pub : « N’achète pas russe ! ». Attention, n’oublions pas, Guillon fait durer le suspens avant de nous dire sa « subtilité », que dis-je sa « Vérité », sublime !

    La suite peut se résumer ainsi : si tu n’es pas d’accord avec Claude Guillon c’est que tu es pour Le Pen, Pire, les Non serviteurs mélenchoniens voteraient réellement Le Pen. Ce n’est pas un calcul bizarre qui ferait dire : c’est comme voter Le Pen ! Il dit « réellement », cela n’a aucun sens, sauf cas de pandémie de somnambulisme où les électeurs se réveilleraient en pyjama à la sortie des urnes.

    Passons quelques autres élucubrations pro-gouvernementales, et regardons sa subtilité de génie incompris, le suspens a assez duré ! Son raisonnement affligeant se résume ainsi : « et bien si Mélenchon est au deuxième tour, les gens de gauche vont voter pour lui » …

    Remarquons que Mélenchon ne sera pas au deuxième tour ! Le Capital en a décidé autrement ( voir notre article sur « le café anarchiste » : le social darwinisme qui vient). Ensuite, rien ne nous informe sur les réactions de la « gauche » lors du second tour. Quant au concept de « gauche », il serait temps de s’en débarrasser, si vous ne l’avez pas encore fait,car il n’est que la gauche du Capital, forçant à se positionner sur l’échiquier étatique.

    Mais notre Guillon national, pardon, nationaliste, a plus d’un tour dans son sac. Il écrit en répondant à un interlocuteur imaginaire : « Mais enfin, quel sens peut avoir de faire élire Mélenchon s’il faut le combattre par les armes ensuite ?! »

    Eh bien, niquedouille, dans le but de nous servir de sa (sale) gueule comme d’un marchepied ! »
    Délire ! Telle une racoleuse pour le mafioso Mélenchon, Guillon nous sort du « mais oui mais oui, on verra après ».

    Pour conclure, Guillon, à travers son article, n’est qu’une soupape de sûreté du Capital. Au lieu de défendre des idées révolutionnaires pour pouvoir- vouloir, les faire passer de la théorie à la pratique, il lèche, il se courbe, il donne un petit coup de coude à Merdenchon « As-tu vu, je suis avec toi ! » Il veut sa petite heure de gloire grâce au politicard, pire il décourage, il attire dans les rangs de la pensée bourgeoise en voulant semer le doute et la confusion.
    Il va jusqu’à dire que c’est du matérialisme : belle escroquerie pseudo-intellectuelle… Effectivement, tout est matière : Les étoiles, les plantes… Mélenchon, Guillon, Zemmour et les connexions neuronales de la connerie…

    “…Et comme nous pensons que le mouvement de libération doit toujours faire face à l’État, voilà pourquoi nous prônons l’Abstention Active.
    Active, c’est à dire que, tout en nous abstenant de la stupidité électorale, nous devons rester vigilants.”
    DURRUTI

    https://le-cafe-anarchiste.info/claude-guillon-ou-le-vote-de-la-mediocrite-dite-dextreme-gauche

    --

  • ​DÉSINFORMATION ÉCONOMIQUE

    Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels.

    S’informer aujourd’hui ne va plus de soi : L’info économique en particulier, qui concerne nos salaires, notre épargne, nos réelles possibilités d’achat immobilier, nos retraites, est entachée de nombreuses distorsions. Taux de chômage et inflation sous-estimés, comptes d’entreprises peu objectifs, performances boursières gonflées, banques centrales politisées, statistiques embellies, rapports édités, cours de l’or manipulés, conflits d’intérêt non divulgués... Impossible de se contenter des communiqués tels quels si l’on veut un reflet objectif de la situation actuelle, de nos perspectives futures et de notre pouvoir d’achat effectif.

    Connaissez-vous votre véritable pouvoir d’achat ? Non, car l’indice d’inflation sous-estime certains coûts comme le logement et ne reflète pas le coût de la vie. Qu’en est-il de la statistique du chômage ? Elle exclut les chômeurs découragés, les inactifs, et n’informe pas sur le mal-emploi et le sous-emploi. Et les PIB des grands pays ? Ils sont souvent surestimés. La dette financière ? Sous-estimée. Les taux d’intérêt ? Ils ne reflètent plus le marché. Les principales monnaies ? Leur dévaluation passe inaperçue, sauf face à l’or… dont les cours sont manipulés. Et les rapports annuels des entreprises ? S’ils peuvent faire 500 pages, le marketing y dépasse parfois le reporting, et l’essentiel n’y figure pas toujours.

    On l’imagine réservée aux régimes autoritaires, mais la désinformation économique existe aussi dans les pays développés. Les statistiques officielles ne reflètent pas toujours l’expérience du plus grand nombre. La politisation des chiffres et l’embellissement des statistiques sont une réalité, souvent masquée par l’extrême mathématisation des calculs. On croirait presque qu’il s’agit de sciences dures, qui seraient apolitiques ; rien n’est plus faux. Derrière chaque chiffre, il y a des hypothèses et des choix de société. Outre la barrière technique, l’indépendance de l’information est menacée par l’essor fulgurant de la communication, du marketing et de la propagande idéologique et militaire du XXIe siècle.

    Vous avez sans doute vu vous aussi des articles qui vous martèlent régulièrement qu’"il n’y a pas d’alternative au dollar". Ces plaidoyers manquent d’objectivité. La guerre russe en Ukraine accélère la déglobalisation et redéfinit la notion même de monnaie de réserve. Déjà depuis des années, le maintien du régime dollar ne se fait plus qu’à un coût militaire et géopolitique exorbitant, et ne résulte plus des seules forces du marché.

    Ces articles qui vous martèlent que le "roi dollar est indétrônable" restent évasifs sur les faits et les chiffres. Ils vous disent que le dollar représente 59% des réserves des banques centrales contre 20% pour l’euro, mais ne rappellent pas que cette part du dollar a décliné de 73% en 2001 à 59%.

    Ils ne vous disent pas que la part des Etats-Unis dans le commerce international est inférieure à 10% aujourd’hui. Qu’entre 1948 et 2020, la part des USA dans les exportations de marchandises est passée de 22% à 8%, pendant que celle de la Chine passait de 0.9% à 15%. Qu’entre 1960 et 2021, la part des Etats-Unis dans le PIB global est passée de 40% à 15.8%. Qu’il faut 2 fois plus de dollars pour acheter la même once d’or aujourd’hui qu’en 2016, et 3 fois plus qu’en 2008, signe d’une dévaluation rapide, prix de l’abus de planche à billets.

    On a parlé de notre pouvoir d’achat gonflé par les indices, de ce taux chômage sous-estimé qui nous vend l’illusion du plein-emploi, de cette hausse boursière subventionnée, qui n’a profité qu’à une minorité, de ces fausses promesses d’accès à la propriété pour les jeunes couples, de ce système libéral qui n’a jamais été aussi illibéral, bref de toutes ces distorsions économiques qui accroissent le risque de tensions sociales dans nos pays développés...

    Guerres, pandémies, krachs : les populations payent les crises, les profits sont absorbés par les privés.

    Myret Zaki

    --

    IL EST URGENT DE PARER AUX FAKE NEWS ÉCONOMIQUES

    Avons-nous une information économique indépendante ?

    Une statistique de l’inflation qui, dans les pays développés, n’informe pas sur le coût de la vie, car elle exclut à peu près tout ce qui monte (assurances, logement, bourse, et dont l’indice étroit exclut l’alimentation et l’énergie) : qu’est-ce que cela apporte, à part une image lustrée, peu en phase avec le quotidien de millions de ménages et peu propice à une adaptation des salaires ?
    Vous avez peut-être constaté que vos avoirs de 2ème pilier n’avaient pas beaucoup bénéficié de l’envolée phénoménale de la bourse ces dix dernières années. La priorité des caisses de pension a été d’alimenter les réserves pour longévité, et c’est tant mieux, mais ça met à mal le lieu commun qui veut que « quand la bourse monte, on est tous gagnants ».

    Les salariés, grands perdants du siècle.

    Vous saviez peut-être qu’à cotisations égales, les assurés d’aujourd’hui toucheront 30% moins de deuxième pilier que les générations précédentes. Et que la part de la population directement exposée à la bourse via des portefeuilles d’investissements ne dépasse pas les 10% aux Etats-Unis et probablement aussi en Europe, confirmant que la bourse n’est pas une richesse collective et que la stagnation des salaires a détérioré le pouvoir d’achat de ceux, largement majoritaires, qui dépendent exclusivement de ce revenu.

    Peut-être avez-vous également noté que les chiffres du chômage en Suisse, donnés à 2,5%, n’incluent pas les inactifs et les fins de droit, sortis des statistiques, et ne tiennent pas compte du phénomène de sous-emploi, des CDD chez les jeunes ou du chômage des seniors, qui sont en nette hausse.
    Tout cela pour dire que la désinformation économique existe dans les pays développés. Les statistiques officielles sont aussi enjolivées, parfois : les déficits budgétaires européens ont été retouchés par tous les pays de l’UE, et pas seulement par la Grèce. On fait dire beaucoup de choses à une statistique de PIB, alors que sa croissance est souvent surestimée par une inflation calculée trop bas.

    On publie le chiffre initial du PIB, puis sa version révisée et plus correcte vient plus tard ; mais seul le chiffre initial, souvent trop flatteur, sera largement diffusé. Un PIB devrait être complété par nombre d’indicateurs démographiques et de développement humain si l’on veut avoir une image réaliste de la performance d’un pays.

    Du côté corporate, lorsqu’on lit un rapport annuel d’entreprise, on comprend vite que tant de transparence va nous noyer. Parfois, certains rapports annuels font 500 pages, et pourtant, l’essentiel n’y figure pas toujours, ou n’est pas facile à trouver. Les comptes de Credit Suisse ne disaient rien de l’exposition au fonds spéculatif Archegos, qui lui a valu une perte de 5 milliards.

    Les comptes d’UBS ne disaient pas un mot de l’exposition aux subprimes américains, qui a duré des années et a constitué une part majeure des profits du groupe. Chez la plupart des multinationales, beaucoup trop de pages technico-légales noient l’information pertinente des comptes, et encore plus de pages sur la responsabilité sociale et environnementale assomment le lecteur par un marketing qui confine dans certains cas au greenwashing.

    Myret Zaki (extraits)

    FAILLITE DE LA LOGIQUE MARCHANDE

    La pandémie a révélé tout le passif d’un système orienté profit mais faible au plan de la responsabilité sociale et du souci de l’intérêt général. Mais comme le système financier en particulier sera une fois de plus sauvé par la planche à billets, l’impulsion manquera pour engager des réformes de fond.

    On aurait pu critiquer cent ans les manquements du système économique toujours plus inégalitaire qui régit le monde globalisé. En rappelant combien ce système favorise les grandes entreprises par rapport aux petites, et les gros salaires par rapport aux petits. Combien il récompense mieux le capital que le travail. Combien il préfère l’endettement aux progressions salariales. Combien il accélère le changement climatique sans allouer les ressources suffisantes à la transition énergétique. Combien il favorise un productivisme extrême, notamment dans le secteur hospitalier, qui épuise le personnel et rabote le nombre de lits. Combien il favorise l’alimentation industrielle et son lot d’antibiotiques, d’additifs ou d’hormones. Combien il favorise les maladies du travail liées au stress, la prise d’opioïdes et autres psychotropes, plutôt qu’une véritable politique de santé publique. Combien la course au profit est aussi le moteur de l’épidémie d’obésité. Et combien l’ensemble de ces maux accroissent les maladies, affaiblissent le système immunitaire et le rendent tributaire de médicaments et de vaccins, qui enrichissent les géants de la pharma.

    Et en disant tout cela, on aurait prêché cent ans dans le désert. Mais la pandémie mondiale de coronavirus est venue révéler, de manière bien plus éloquente, la somme de toutes ces failles du système et avec elles, les conséquences de certaines politiques économiques, de certains choix de société et d’une certaine vision du monde, toujours plus orientée vers le profit plutôt que vers le bien-être social, malgré les discours vantant la responsabilité sociale et environnementale.

    SERVICES PUBLICS ET MÉDIAS DÉLAISSÉS

    La pandémie nous montre combien la logique marchande qui est montée en force depuis quelques décennies nous a éloignés de politiques d’intérêt général et a dégarni les services publics et délaissé l’économie locale, menant à des issues socialement absurdes.

    D’un côté, les compagnies aériennes, jugées essentielles à l’économie, bénéficieront d’une aide spécifique de la Confédération et se verront avancer les liquidités nécessaires à leur reprise d’activité, sans même s’engager en direction d’une transition écologique nécessaire. Le secteur bancaire suisse et international, lui aussi, a bénéficié d’une aide massive apportée aux activités de gestion et de marchés, grâce aux injections de liquidités sans précédent des principales banques centrales.

    D’un autre côté, les médias sont laissés à leur sort. Alors que le secteur de l’information joue un rôle public de premier plan pour tenir au fait la population, la logique financière impose aux éditeurs de journaux des coupes drastiques dans les effectifs et dans les moyens des rédactions, au motif que leur chiffre d’affaires publicitaire baisse. Un média, bien qu’il serve l’intérêt public, est censé dégager des profits, et au minimum couvrir ses coûts, à l’instar d’une marchandise ordinaire. En Suisse, cette logique a également prévalu dans la décision du Conseil fédéral de ne pas soutenir directement ce secteur, bien qu’il représente un droit fondamental des citoyens, le droit à l’information.

    Toujours en Suisse, les petits agriculteurs et les petites entreprises, eux aussi, n’ont pas reçu d’aide suffisante ou adéquate, sachant que leur situation était déjà fragilisée avant cette crise. D’un côté, les producteurs agricoles ont été pour l’essentiel liés par des accords d’exclusivité avec les gros distributeurs, leur interdisant de fournir directement la population en produits frais tels que fruits et légumes, au moment même où les gros distributeurs n’arrivaient plus du tout à suivre les commandes et à livrer les consommateurs dans des délais raisonnables. Cette crise aurait pu profiter à l’agriculture de proximité et aux producteurs locaux, mais ce n’est pas le cas.

    De leur côté, les petits indépendants qui ont dû fermer leurs commerces ont certes obtenu des indemnités et allocations correspondant à leurs cotisations sociales, mais ils ont été priés, pour le reste, de s’endetter pour payer les loyers commerciaux, qui restent dûs malgré la fermeture de leurs magasins. Dans leur cas, l’endettement est un lourd fardeau qui pèsera sur leurs épaules des années durant. Les temps étaient déjà difficiles pour les commerçants, qui souffrent depuis des années de la concurrence fatale de l’e-commerce.

    L’économie réelle, celle des salariés non indexés à la bourse, et des épargnants de la classe moyenne, sera la plus impactée par cette crise. Pour les petits épargnants et les retraités, la politique des taux négatifs avait déjà radicalement modifié la donne. Les bas de laine qui étaient auparavant placés en obligations sûres, touchaient un rendement sans prise de risque. C’était ce qu’on pouvait appeler la rente du pauvre. Depuis quelques années, les taux négatifs ont supprimé les rendements sans risque de l’épargne, que ce soit pour les avoirs placés à la banque ou pour les capitaux de retraite gérés par les caisses de pension. Avec une épargne érodée, des coups durs comme cette pandémie majeure ne font que raboter davantage la sécurité financière de la classe moyenne.

    D’un autre côté, les actionnaires restent prioritaires, même après des années de rendements records : par exemple, UBS et Credit Suisse, auxquels on reprochait comme à d’autres groupes de verser des dividendes élevés en ces temps de crise, ont résolu le problème en les versant en deux tranches séparées, plutôt qu’en y renonçant pour utiliser ces fonds pour préserver les emplois et les salaires. Les bénéfices des grands groupes s’étaient déjà nettement plus traduits par des versements de dividendes que par des revalorisations de salaires, durant la décennie écoulée.

    DES HÔPITAUX DEVENUS CENTRES DE PROFIT

    Mais l’illustration la plus éloquente du déficit en responsabilité sociale nous est fournie par le secteur des hôpitaux. Le secteur de la santé, confronté à la même logique marchande, préférait lui aussi ne plus avoir de centres de coûts, uniquement des centres de profits : pour rendre les hôpitaux plus rentables, on avait partout réduit le nombre de lits d’hospitalisation à temps complet ces 40 dernières années. L’objectif était de renvoyer le patient chez lui à la seconde où c’était envisageable et d’assurer une rotation maximale des lits. Entre 1998 et 2018, le nombre de lits pour 1000 habitants est passé de 6,3 à 4,5 en Suisse.

    En France, où existent des chiffres pour 1980, il y avait alors 11 lits pour 1000 habitants, ce qui donne une idée du changement de normes qui s’est opéré. Aujourd’hui, la France a divisé ce ratio par deux (6,5). Aux USA, il y avait 8 lits /°° en 1970, 6 lits en 1980, et moins de 3 aujourd’hui. De même, l’investissement dans le personnel infirmier était insuffisant partout dans le monde avant la crise. On avait réduit les effectifs dans les soins à la portion congrue, et des grèves et burnouts ne cessaient de ponctuer la vie de la profession infirmière.

    Le monde s’est aussi éveillé à l’impensable pénurie complète de masques, les mêmes calculs d’épicier l’ayant privé des protections anti-virus les plus basiques : pour libérer quelques surfaces, pour économiser quelques charges, on avait sacrifié de gigantesques stocks de masques chirurgicaux et de solutions désinfectantes. Le monde du flux tendu (ou du juste-à-temps) est par définition antinomique à la notion de stocks.

    On l’aura compris, les services hospitaliers dégarnis ne sont que le révélateur d’un « business model » social plus vaste, qui alloue les ressources de façon peu sociale et peu inclusive. Les ressources ont été sous-allouées à tout ce qui concerne le bien-être général et sur-allouées à d’autres activités, moins collectives, moins d’intérêt public, mais très gourmandes en création monétaire, en particulier le système financier. Autant les secteurs précités ont reçu peu, autant le système financier a reçu, en 2008, des aides incalculables qui ont abouti au surendettement de la plupart des pays de l’OCDE.

    AVEC LA PLANCHE À BILLETS, RIEN NE SERA APPRIS

    Cette situation se répète aujourd’hui. Depuis septembre dernier, le marché américain du crédit à court terme a connu une crise de liquidités, peu ou pas expliquée, qui a justifié un soutien massif de la banque centrale américaine. On assiste au sauvetage – devenu permanent - des marchés du crédit financier, à savoir les emprunts au jour le jour, destinés à financer les investissements spéculatifs de gérants de fonds, véhicules hors bilan, traders à haute fréquence, hedge funds, négociants, fonds quantitatifs. Un univers spéculatif qui dépasse aujourd’hui même la taille des bilans bancaires.

    L’arrivée de la crise en février a fourni le prétexte de décupler ces subventions déjà considérables au « casino boursier », et les prêts au système financier se chiffrent en plusieurs milliers de milliards depuis quelques semaines. Ici, il faut souligner une différence majeure. Tandis que les décisions d’allouer des ressources aux petites entreprises et à l’économie réelle font en général l’objet d’un examen public méticuleux et doivent passer par les parlements et faire l’objet de compromis, les décisions de refinancer les marchés financiers, elles, se prennent en quelques heures et ne font l’objet d’aucune consultation populaire, bien qu’elles impliquent un endettement public supplémentaire lié à l’émission de titres.

    Cet endettement est un coût supporté par la collectivité : d’une part, quand un Etat est surendetté (pour avoir suralloué de telles liquidités), il doit couper dans le social. C’est actuellement le cas aux Etats-Unis, où le budget 2021 de Trump prévoit des coupes dans la sécurité sociale. D’autre part, la création monétaire gigantesque (on fait généralement référence à la « planche à billets ») se traduit par une dévaluation de la monnaie, à savoir de l’inflation. Le pouvoir d’achat de la monnaie chute au fil des ans. C’est un autre coût supporté par le citoyen, sans consultation démocratique.

    Ceci étant posé, rien ne sera appris, cette fois encore. Ce système économique, qui est certes durement secoué par la pandémie mondiale, n’a pas démontré sa capacité à se remettre en question car il n’en n’a jamais eu la nécessité. En 2008, l’échec du système a été récompensé par des banques centrales qui ont hissé les marchés financiers à leurs records de tous les temps à travers leurs politiques de rachats de titres, à l’aide de la planche à billets.

    PEU DE CHANCES QUE LE PARADIGME CHANGE

    Cette fois-ci encore, quand l’économie reprendra plus tard cette année, nous anticipons qu’il n’y aura pas de réelle remise en question, ni de changement de paradigme. Cette affirmation se base sur un indicateur très simple : les gains boursiers phénoménaux des dix dernières années sont loin d’avoir été éliminés par le krach de février-mars 2020. La logique de soutien illimité des banques centrales aux marchés financiers, sans commune mesure avec le reste de l’économie, fait encore gagner trop d’argent aux acteurs du secteur, tout en prétendant que de telles politiques ne représentent nul coût pour la collectivité.

    La finance se portant bien, il n’y donc pas d’incitation forte chez ses protagonistes à se remettre en question ou à souhaiter que la prévention des crises collectives de type pandémies coûte plus cher ou requière un changement de modèle. Entre le 19 février et le 23 mars dernier, l’indice américain des actions S&P 500 a perdu 34%. Mais il a déjà rebondi de 25% depuis, suite aux annonces de liquidités. Un bull market qui semble avoir escompté la crise, déjà ce 10 avril 2020. A ce jour, le gain du S&P depuis son creux de 2009 et en incluant le récent krach reste de 237%.

    L’indice se trouve aujourd’hui, malgré tous les cris d’orfraie, à son (très haut) niveau de juin 2019, grâce à l’action annoncée comme « illimitée » de la banque centrale américaine, qui a donné un signal d’achat artificiel et quasi-autoritaire au marché. Autant dire que cette crise ne laisse que très peu de traces sur la bourse, alors même qu’elle provoquera une récession dans l’ensemble de l’économie mondiale, à commencer par un recul du PIB américain estimé à 34% au deuxième trimestre, et des millions de pertes d’emplois dans le monde développé.

    LE MODÈLE N’A PAS PAYÉ POUR SES FAILLES

    La logique financière aboutit à une déconnexion entre l’économie réelle et l’économie boursière, qu’illustre particulièrement le cas américain. Nous analysons les Etats-Unis avec un œil sur la Suisse, dont les choix de réponse à la crise, comme le sauvetage du secteur aérien et l’incitation à l’endettement des entreprises, semblent inspirés du modèle américain. Mais tandis que l’économie réelle se retrouvera face à ses pertes, ses dettes, son chômage, l’économie boursière est protégée des pertes, est administrée par la planche à billets aux frais du contribuable, bénéficie de ses propres plans de sauvetage, y compris depuis bien avant la crise du coronavirus.

    Myret Zaki, avril 2020

    https://youtu.be/O4hUMZVNQgo

    https://youtu.be/wWwdabbc9Vs

    https://twitter.com/Europe1/status/1503972975460114437

    https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-demain/frederic-taddei-avec-myret-zaki-emery-dolige-et-gautier-battistella-4100635

    --


  • AVIS DE TEMPÊTES

    Recommencer, toujours. C’est le sort, qui peut sembler quelque peu tragique, de tous ceux qui sont en guerre contre ce monde d’horreurs infinies. En cours de route, certains tombent sous les coups, d’autres ne résistent pas aux sirènes qui appellent à se résigner et à rentrer dans les rangs, voire retournent carrément leur veste. Les autres, celles et ceux qui persistent à se battre entre hauts et bas, doivent à chaque fois retrouver force et détermination pour recommencer. Pourtant, à bien à y réfléchir, la tragédie n’est pas de recommencer, de repartir de zéro, mais d’abandonner et de se trahir soi-même. La conscience, toujours individuelle, peut être un fardeau lourd à porter, et devient cruelle quand on l’a trahie sans disposer de suffisamment d’anesthésiants. Car ce monde n’en manque pas, et les distille même à volonté. Une petite carrière alternative à son propre compte, des dimanches pour aller s’émerveiller dans un parc naturel, un projet humanitaire ou culturel, voire des drogues carrément plus dures : écrans en tout genre, réalités et socialités virtuelles, abrutissement total. Non, un tel sort nous effraie bien plus que toutes les souffrances, que toutes les peines liées à l’échec de détruire l’autorité.

    Alors, recommencer. Pour affûter les consciences dans un monde qui les prend pour cible en lançant contre elles ses poisons mortels. Car qu’est-ce que l’acceptation, la résignation et la soumission, sinon l’étouffement de sa propre conscience, justifié – ou pas – par les conditions dans lesquelles nous sommes tous embourbés ? « Ils sont trop forts », « les gens sont trop bêtes », « ma survie est déjà trop dure », « c’est trop loin de ma niche » n’en sont que quelques classiques. Alors, affûter les consciences, c’est aussi reprendre goût aux idées qui permettent de voir, de distinguer plus nettement les contours de ceux qui coulent du ciment sur la liberté, et en même temps ouvrir des horizons afin de pouvoir regarder, ne serait-ce que furtivement, au-delà des murs et des antennes, au-delà des prisons et des laboratoires, au-delà des massacres et des soldats.
    Les idées ne s’achètent pas au supermarché et ne s’approfondissent pas sur internet. C’est chaque individu qui se les approprie pas à pas jusqu’à les chérir, et qui les défend aussi contre vents et marées, surtout dans des temps comme les nôtres où le totalitarisme démocratique, marchand et technologique prétend supprimer tout élan, installer des esclavages et des dépendances encore plus perfides. Quelque part, c’est le trésor le plus important de l’anarchiste : sa conviction qu’il n’y a pas d’aménagement possible entre la liberté et l’autorité, qu’elles s’excluent mutuellement, partout et toujours. Mille institutions, organisations, idéologies cherchent à détruire ce trésor. Que ce soit un État qui baigne dans le sang les cris enfin réveillés des opprimés d’hier ou le technocrate qui parle de liberté pour désigner un système technologique qui étend chaque jour davantage son emprise aux quatre coins de la planète. Que ce soient les futurs chefs qui cherchent à mener la danse d’un mouvement de colère ou l’habile acrobate de la rhétorique qui s’efforce d’enlever toute signification aux attaques portées contre ce monde.
    Si nous parlions de recommencer, c’est pour signifier notre volonté de reprendre, une fois de plus, l’approfondissement de nos idées, pour les rendre toxiques à tous les autoritaires qui s’en approchent, et vitalisantes pour tous les amants de la liberté qui les embrassent. C’est pour recommencer une fois de plus, dans les contextes qui nous sont donnés et qui ont beaucoup changé en quelques années, à élaborer notre projet anarchiste de toujours : détruire l’oppression et l’exploitation. Au fil du temps, si nous nous y attelons, surgiront d’autres expériences, d’autres tentatives, d’autres échecs : tout cela fait partie de notre arsenal, de notre patrimoine si on veut, qui, plutôt que de nous faire sombrer dans une mélancolie plombante, pourrait nous armer pour reconstruire un projet de libération individuelle et collective, une perspective révolutionnaire. Certes, il est impossible d’éviter des erreurs, de ne pas se retrouver à des moments dans un cul-de-sac, de ne pas naufrager dans les mers tempétueuses, mais ces échecs-là font partie à part entière de nos parcours. Comme le disait cet anarchiste du début du XXe siècle : « Nous allons avec ardeur, avec force, avec plaisir dans tel sens déterminé parce que nous avons la conscience d’avoir tout fait et d’être prêts à tout faire pour que ce soit la bonne direction. Nous apportons à l’étude le plus grand soin, la plus grande attention et nous donnons à l’action la plus grande énergie. (...) Pour précipiter notre marche, nous n’avons pas besoin des mirages nous montrant le but tout proche, à portée de notre main. Il nous suffit de savoir que nous allons... et que, si parfois nous piétinons sur place, nous ne nous égarons pas. »
    Mais les idées à elles seules ne nous suffisent pas. Savoir que l’autorité est notre ennemie, et que tout ce qui l’incarne est donc une cible, des politiciens aux flics, des technocrates aux officiers, des capitalistes aux contre-maîtres, des prêtres aux indics, est une chose ; se projeter dans la destruction nécessaire des rapports sociaux, des structures et des ré- seaux qui leur permettent d’exister en est une autre. Les vases communicants entre l’idée et l’action sont au cœur de l’anarchisme. Pour que l’idée ne flétrisse pas, il faut l’action pour la revigorer. Pour que l’action ne tourne pas en rond, il faut l’idée pour l’enchanter. Les idées pour corroder les mentalités d’obéissance, les idéologies et les soumissions ; l’action pour détruire les structures et les hommes de la domination. Et s’il est toujours l’heure pour agir, s’il est toujours temps pour frapper ce qui exploite et opprime, l’agir ne saurait pourtant être un simple réflexe conditionné, il ne peut pas se contenter de répondre (ré-agir) au seul cas par cas avec rage et fracas. Pour que l’agir devienne vraiment agir, dans une perspective anarchiste et révolutionnaire, l’initiative doit venir de nous, dans une offensive qui parte de nos individualités, nos imaginations, nos analyses et nos déterminations. Comme agir ne nous est pas donné et qu’il ne tombe pas du ciel, réfléchir sur son comment est indispensable. C’est pour cela que nous ne pouvons que remettre sur la table une fois encore la question de la projectualité, notre capacité autonome à projeter idées et actions directement dans le champ de l’ennemi.
    Attendre que « les gens » – cette abstraction creuse venue se substituer au défunt prolétariat – prennent conscience et désirent la liberté, s’efforcer de les « éduquer », ne nous convient pas. Pas seulement parce que cela ne marcherait pas, mais aussi parce qu’une telle perspective est désormais complète- ment obsolète (si jamais ce n’était pas déjà le cas, ou pas partout) face au bombardement constant des esprits et des sensibilités effectué par la domination. Avancer petit-à-petit, lutte par lutte, mouvement social par mouvement social, vers le grand moment où tout convergerait enfin pour annoncer le bouleversement total, ne nous convient pas non plus : si dans toute révolte contre ce qui nous est imposé somnole toujours le potentiel de la remise en question de tout au-delà de son point de départ initial, trop de freins, de répétions et de canalisations sont à l’œuvre dans ce genre de mouvements sociaux pour que sautent les digues et que s’ouvre l’inconnu de la subversion.
    Reste alors, pardonnez-nous d’aller un peu vite, la possibilité d’agir en anarchistes, pour notre compte – mais afin d’aller bien plus loin que nous-mêmes. Rendre les coups est une base, élaborer une projectualité pour non seulement frapper, mais aussi détruire les digues de la domination en est un prolongement plus que désirable. C’est là que nous rentrons dans les sphères de l’insurrection : la perspective de faire sauter les digues, de déchaîner les mauvaises passions comme disait l’autre, d’ouvrir un arc dans le temps pour pouvoir donner des coups autrement plus cinglants à l’État et au Capital. Il n’existe évidemment pas de recettes de l’insurrection, malgré les appels du pied des léninistes modernes recyclant sous des habits un peu moins rapiécés la vieille recette de la prise du pouvoir (cette fois par le bas). Mais sans recettes, il n’empêche que des hypothèses anti-autoritaires peuvent tout de même être réfléchies, mises à l’épreuve et explorées : d’une lutte contre une réalisation spécifique du pouvoir à l’intervention autonome lors d’accès de fièvre, de la paralysie d’infrastructures permettant la reproduction quotidienne de l’esclavage salarié au bouleversement impétueux et soudain des plans d’un ennemi en phase de restructuration à l’issue encore incertaine. Expérimenter dans sa vie même de telles hypothèses insurrectionnelles sur des bases anarchistes, même à petite échelle (la nôtre), nous amène en tout cas bien loin des dortoirs ennuyeux du militantisme, des ritournelles spéculatives sur ce que pensent ou pas « les gens », sur ce que « le milieu » fait ou ne fait pas, loin de l’attente du prochain mouvement social, et ainsi de suite. Cela signifie prendre soi-même l’initiative de l’attaque selon ses propres modes et temporalités.
    Penser une perspective insurrectionnelle et anarchiste nous amène enfin forcément à la question de comment nous nous organisons pour avancer dans ce sens. Que les syndicats, y compris plus ou moins libertaires, n’en soient pas les instruments adéquats est assez évident, surtout par les temps qui courent où les anciennes « communautés » basées sur le travail ont été soigneusement sectionnées et dissoutes par les avancées du capital. Il en va de même pour les grandes organisations anarchistes, avec leurs sections, congrès, résolutions et sigles. Moins évident est peut-être le fait que les grandes assemblées (qu’on aime parer de l’adjectif « horizontales ») ne s’y prêtent pas non plus. Que, sans nier la place importante qu’a la discussion ouverte et contradictoire au sein des luttes et des révoltes, et donc l’éventuel intérêt d’y participer, les anarchistes ne devraient en tout cas pas se cantonner à participer à ces moments d’échange, mais aussi s’organiser en dehors de ceux-ci. Que le meilleur élément pour garantir les vases communicants entre idée et action, pour donner une réelle autonomie d’action, est l’affinité entre individus : la connaissance réciproque, des perspectives partagées, des disponibilités à l’action. Et qu’ensuite, pour donner plus d’incisivité, augmenter les possibilités, élaborer une projectualité plus vaste, coordonner les efforts, apporter son aide à des moments potentiellement cruciaux, peut aussi naître entre toutes ces constellations affinitaires – toujours selon les nécessités d’un projet – une organisation informelle, c’est-à- dire une auto-organisation sans nom, sans délégation, sans représentation… Et pour être clairs : les organisations informelles sont elles aussi multiples, en fonction des objectifs.
    La méthode informelle n’aspire pas à rassembler tous les anarchistes dans une même constellation, mais permet de multiplier les coordinations, les organisations informelles, les groupes affinitaires. Leur rencontre peut arriver sur le terrain d’une proposition concrète, d’une hypothèse ou d’une projectualité précise. C’est là toute la différence entre une organisation informelle, aux contours forcément « flous et souterrains » (c’est-à-dire sans quête de projecteurs vis-à-vis de quiconque), et d’autres types comme les organisations de combat, pour lesquelles l’important est presque toujours d’affirmer leur existence pour espérer peser sur les événements, donner des indications quant aux chemins à suivre, être une force qui rentre dans la balance des équilibres du pouvoir. L’organisation informelle se projette ailleurs : fuyant l’attention des chiens de la domination, elle n’existe que dans les faits qu’elle favorise. Bref, elle n’a pas de nom à défendre ou à affirmer, elle n’a qu’un pro- jet à réaliser. Un projet insurrectionnel.
    Voilà donc d’où nous recommençons : par les temps qui courent, où les révoltes peinent à éclater, et sont plus en défensive qu’en offensive, où la guerre avance parallèlement à la mise-en-cage technologique du monde, où le maillage du contrôle se resserre contre tout le monde, et donc aussi contre les anarchistes, où l’adhésion de nombre d’opprimés au système qui les abrutit constitue comme toujours la meilleure défense dont la domination peut se munir, nous nous obstinons à vouloir propager nos idées de liberté à travers une lutte sans compromis avec l’autorité. En dehors des chemins battus, par affinités et organisations informelles, conscients de la nécessité de la révolution sociale, indépendamment du fait qu’elle puisse paraître proche ou plus lointaine, pour transformer de fond en comble les rapports sociaux sur lesquels repose toute société autoritaire. Propageant donc des idées et des échos d’attaques destructrices contre les structures et les hommes qui incarnent l’oppression et l’exploitation, afin d’ouvrir des horizons insurrectionnels.

    Avis de tempêtes n° 1 - 2018

  • PFIZER PARTENAIRE DE LA LUTTE CONTRE LA DÉSINFORMATION SUR FACEBOOK

    Début février 2021, Facebook annonçait avoir durci ses règles de modération contre les fake news, afin de soutenir les campagnes de vaccination. Ces renforcements – qui s’appliquent également à Instagram – sont toujours en cours et consistent à supprimer toute information qui mettrait en doute l’innocuité des vaccins.

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/02/08/facebook-durcit-ses-regles-de-moderation-contre-les-intox-sur-la-vaccination

    Les utilisateurs du réseau social sont nombreux à avoir subi des représailles après avoir partagé des contenus jugés « contraires aux règles de la communauté ». Celles-ci se matérialisent sous la forme de blocage ou de suppression des publications, de bannissement pour une période donnée, jusqu’à l’exil définitif de la plateforme.

    Pour s’aider dans cette tâche, Facebook a conclut des partenariats avec plusieurs organismes censés assurer un fact-checking, dont l’International Center for Journalists (ICFJ). Comme le rapporte le National Pulse, ce dernier est notamment sponsorisé par… Pfizer.

    https://www.facebook.com/journalismproject/partnerships
    https://thenationalpulse.com/2022/02/25/pfizer-funds-facebook-fact-checking-partner-combatting-covid-19-mi
    https://www.icfj.org/our-work/burns/sponsors

    La relation financière de l’ICFJ avec Pfizer remonte au moins à 2008, lorsque le centre s’est associé à la firme pharmaceutique pour un « atelier de formation sur la couverture journalistique des questions de santé » dans toute l’Amérique latine. Pfizer était alors l’unique sponsor de l’atelier, qui contenait également des reportages sur les « maladies cardiovasculaires ».

    « Les liens financiers découverts entre Pfizer et l’opération de vérification des faits de Facebook font suite à d’autres conflits d’intérêts entre le géant pharmaceutique et des organes d’information, dont Reuters », rapportent nos confrères.

    https://www.limpertinentmedia.com/post/pfizer-partenaire-de-la-lutte-contre-la-d%C3%A9sinformation-sur-f
    --

    • En Belgique, les meilleurs amis de Raoul : Le Bateau Ivre, le Batia Moûrt Sôu !
      https://www.facebook.com/groups/batiamourtsou/permalink/10157295367801125

      Dans l’entretien par écrit que Raoul Vaneigem a accordé au journal Le Monde (paru le 31/8/2019) la question suivante à été supprimée ainsi que l’intégralité de la réponse, sans en informer l’auteur.

      La voici (les mots écrits ci-dessous en capitale remplacent les mots en italiques du texte original : limite des possibilités graphiques de FB).

      Question "Le Monde" :
      Est-il possible de sortir de la spirale des violences ?

      Réponse Raoul Vaneigem :
      Il faut poser la question au gouvernement et lui rappeler le propos de Blanqui : « Oui messieurs, c’est la guerre entre les riches et les pauvres, les riches l’ont voulu ainsi, ils sont en effet les agresseurs. Seulement, ils considèrent comme action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu’il se défend s’il est attaqué. » Le projet de Blanqui, qui prône la lutte armée contre les exploiteurs, mérite d’être examiné à la lumière de l’évolution conjointe du capitalisme et du mouvement ouvrier, qui luttait pour l’anéantir.

      La conscience prolétarienne aspirant à fonder une société sans classe a été une forme transitoire dont l’histoire a revêtu la conscience humaine à une époque où le secteur de la production n’avait pas encore cédé la place à la colonisation consumériste. C’est cette conscience humaine qui resurgit aujourd’hui dans l’insurrection dont les Gilets jaunes ne sont qu’un signe avant-coureur. Nous assistons à l’émergence d’un PACIFISME INSURRECTIONNEL qui, avec pour seule arme une irrépressible volonté de vivre, s’oppose à la violence destructrice du gouvernement. Car l’État ne peut et ne veut entendre les revendications d’un peuple à qui est arraché graduellement ce qui constituait son bien public, sa RES PUBLICA.
      . . . . .
      La suite : https://www.facebook.com/groups/batiamourtsou/permalink/10157295367801125

  • ESCROQUERIE SUR UN FUTUR EN PERDITION

    L’arnaque est aujourd’hui générale et mondiale, c’est toute la société qui est escroquée par un petit groupe de multimilliardaires sans aucun scrupule.

    L’idéal pour les possédants est que le pauvre se croie riche tout en restant pauvre, c’est pourquoi l’usurpation des richesses disparaît du monde visible. Dans ce monde barbare, les truands de la fortune « à tout prix », ont tous les pouvoirs, et notamment celui de disparaître de la représentation spectaculaire du monde. Leurs larbins répandent la peur de la catastrophe pour maintenir le peuple dans la soumission et la servitude. Recroquevillé dans son quotidien, la trouille au ventre, il ne se rebelle pas. Et quand cette folie des accapareurs de richesse provoque de gros dégâts dans l’économie réelle, on demande aux populations appauvries de payer les réparations, afin d’éviter la banqueroute du casino mondial. Les gestionnaires d’État sèment la panique à tout vent pour mieux justifier la récession, conséquente au détournement des fonds publics, qui n’est qu’une escroquerie sociale de plus, mais une de taille démesurée.

    La domination mondiale de la haute finance américaine repose sur une inflation de crédits douteux réalisés sur un dollar à la valeur défaillante, mais dont les intérêts doivent absolument être payés par tous ces pays maintenant asservis. L’impérialisme financier se nourrit des dettes, des risques et même des faillites. Il réalisera ses plus gros coups à la limite de l’implosion générale du système.

    Pire est l’économie, meilleure est la finance. Il y a beaucoup trop de richesses qui circulent en permanence dans les réseaux financiers, beaucoup trop de fortunes à ramasser facilement, pour que ce pillage puisse s’arrêter. Les déréglementations de la spéculation, la mainmise sur les dettes des États, les paradis judiciaires et fiscaux, ainsi que l’informatisation des transactions ont fait qu’aucun retour en arrière n’est aujourd’hui envisageable.

    Les monstrueux profits spéculatifs ne sont que des emprunts à un futur incertain avec des délais de remboursement aléatoire. C’est un trafic sur le chaos, une arnaque sur un devenir virtuel qui est dans l’impossibilité de concevoir sa chute.
    Il n’y a pas de limites à la dégradation des conditions d’existence, sauf évidemment leur suppression.

    La peur de l’avenir n’est que l’expression de l’incertitude du devenir des capitalistes qui n’ont plus de futur. Tous ceux qui n’ont plus grand-chose à perdre ont tout à espérer d’un nouveau monde émergeant par nécessité. Ce qui nous arrive n’est pas un accident de parcours, mais bien l’aboutissement du capitalisme, l’achèvement d’un monde suicidaire.

    Les capitalos-trafiquants milliardaires ont instauré une situation d’urgence permanente qui justifie les décisions arbitraires antidémocratiques, une stratégie de choc, où tout s’accélère, répandant la culpabilité, la peur et l’insécurité pour faire passer de force leurs plans d’austérité et de récession sociale, au risque de détruire l’économie. Plus il y a de dettes plus leurs profits augmentent. C’est une fuite en avant qu’ils feront durer aussi longtemps qu’ils le pourront.

    Tout le monde peut aujourd’hui, se rendre compte que cette crise est devenue permanente pour la grande majorité, mais une aubaine pour une toute petite minorité qui en tire ses meilleurs profits.

    Le milieu financier apparaît comme un système mafieux qui se concentre et se préserve autour de la famille et d’un petit cercle d’amis. C’est une vision obtuse et puérile du monde où le cynisme des dominants cache leur fascination du pouvoir que leur procurent l’accumulation des richesses, l’absence de culpabilité, l’irresponsabilité narcissique, le goût du risque et du sang, le mépris et l’arrogance mégalomaniaque.

    Cette minuscule classe dominante qui s’impose à la société, devient aux yeux de la population, absolument intolérable dès qu’elle devient visible, provoquant sarcasme, dénigrement, haine et violence spontanée. La haute bourgeoisie ne lâchera rien si elle n’y est pas forcée, et elle se battra jusqu’au bout pour défendre ses privilèges illimités et son pouvoir absolu.
    Et « cela peut durer très longtemps, si l’on ne fait pas d’omelette avant. » Robert Desnos

    La dictature économique et financière n’est plus une fatalité, mais la tyrannie d’un petit groupe d’usurpateurs multimilliardaires qu’il s’agit de rendre inopérants pour sauver la société de la faillite de l’humanité, et la planète de sa destruction irréversible.

    « Pour contenir les populations plongées dans la pauvreté, la propagande de la peur peut être utilisée à propos du changement climatique, des catastrophes naturelles et des attaques terroristes à grande échelle, comme outil de contrôle des populations. »
    Rapport de la Fondation Rockefeller, 2010

    Les dettes se répandent comme des virus, l’épidémie envahit une société de crise qui s’est grippée. La fièvre monte dans un État fébrile, la lassitude gagne et les défenses immunitaires s’écroulent...

    L’économie ne pourra pas sauver la société de ce processus de dégradation mortifère, car elle a déjà fait la preuve de son ignominie. Son fonctionnement même est la conséquence de son essence barbare, la domination sans entraves de la haute bourgeoisie, l’exploitation sans limites de toutes les couches de la population, la réalisation spectaculaire de sa supercherie macabre, l’accomplissement de son auto-destruction programmée, la fin d’une société.

    Lukas Stella, L’invention de la crise, 2011 (extraits)

    http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.pdf
    http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.epub

    --

  • MANIFESTE POUR LA PRÉSERVATION DE LA SANTÉ MENTALE DE CHAQUE CITOYEN

    Collectif de Psys, spécialistes de la santé mentale

    Nous, psychiatres, psychologues et psychothérapeutes d’orientations thérapeutiques multiples et complémentaires, sur le territoire français, nous nous interrogeons sur la situation politico-sanitaire actuelle.

    Nos métiers sont fondés sur une déontologie et une éthique du soin qui entendent promouvoir, préserver et restaurer la liberté du sujet sous toutes ses formes : autonomie, libre-arbitre, liberté de penser, liberté de disposer de son corps, liberté de choisir pour soi-même, respect de son intégrité physique et psychique. La liberté est le cœur vivant et celle de notre pratique. Or, sur le terrain, depuis février 2020, nous constatons que :

    –  D’une part, nous assistons aujourd’hui à un accroissement inédit de demandes d’aide de nos concitoyens en grande souffrance psychique et somatique (déclenchement de troubles ou aggravation de troubles préexistants).

    –  D’autre part, nous observons chez nos patients les effets dramatiques et mortifères directement liés aux mesures gouvernementales prises, sans réel fondement scientifique ou médical. Mesures contradictoires avec des injonctions qui fracturent et défigurent profondément la société dans son ensemble, en détruisant méthodiquement les liens humains les plus intimes et les repères symboliques de notre vie sociale. Une nouvelle ligne a été franchie avec le projet de loi du « passe- sanitaire », qui prévoit la ségrégation pure et simple des citoyens sur la base de leur statut sérologique et la destruction de la confidentialité des données de santé qui stigmatisent. 

    Nous le constatons à travers des prises de décisions contradictoires, des mensonges, des injonctions… sans possibilité pour certains, d’exercer leur sens critique. Ainsi, en réaction à cette situation anormale, nous avons pu observer le développement de tableaux cliniques suivants  : anxiété, angoisse, stress post traumatique, psycho-traumatismes, somatisation, épuisement psychique, dépression, burn-out, tentatives de suicide et suicides, syndromes abandonniques évoluant vers un syndrome de glissement psychique et physique allant jusqu’à la mort et ce, chez des personnes de tout âge (liste non exhaustive).

    Nous aimerions croire à l’hypothèse d’un gouvernement paniqué et débordé où l’incohérence des mesures serait le fruit de décisions hâtives, destinées à résoudre au plus vite l’urgence sanitaire. Depuis le début de la « crise », il nous apparait que l’appareil politico-médiatique semble avoir progressivement installé une démarche de manipulation de l’opinion publique aboutissant à fabriquer un consentement réactionnel de toute une population et, une soumission à l’ordre établi, y compris dans « le Pays des Droits de l’homme  ». Il est difficile, pour tout un chacun, d’imaginer que l’autorité ayant la fonction première de protection, ne puisse plus jouer ce rôle voire, devienne l’agresseur (à l’image de l’enfant victime d’agression intra familiale qui continue à protéger le parent agresseur craignant que sa parole ne détruise sa famille).

    NOS CONSTATS

    Ainsi, nous avons identifié, un certain nombre de mécanismes psychologiques à l’œuvre et ce, au regard des expériences totalitaires du passé et que nous décrivons rapidement dans ce document.

    –  La désinformation.
    Depuis le début de cette crise sanitaire les chiffres présentés par Santé Publique France, confondent le nombre de testés positifs (« cas ») et le nombre de malades (du COVID). Cela a généré des phénomènes de type panique, sidération et stress inhibant la capacité de penser.

    –  L’instillation de la peur
    L’instillation de la peur, autrement dit, l’émotionnel prime sur la réflexion.
    L’activation constante de la peur, qui est une émotion primaire, déclenche des processus de survie conduisant au développement du stress, de l’anxiété et à un vécu traumatique, inhibant tout sens critique et pouvant avoir des répercussions psychosomatiques (comme l’affaiblissement physique, une chute de l’immunité…).

    –  L’isolement imposé.
    Des interdictions multiples et non justifiées scientifiquement ont été imposées dans une déshumanisation complète. Nous voulons pour preuve, l’impossibilité de rendre visite aux proches vivant en institution, l’accompagnement des personnes en fin de vie, ainsi que les enterrements et les naissances « sous masque ». La population malade a été coupée des soignants habituels, laissant entendre, qui plus est, qu’il n’y avait aucun traitement possible. Les personnes symptomatiques ont été incitées à rester chez elles sans traitement pour ne se rendre aux urgences qu’en dernier recours, plutôt que d’aller consulter leur médecin en qui elles avaient confiance. Cette coupure du lien avec le médecin traitant, des suivis ambulatoires très limités, le non suivi des maladies chroniques, ainsi que la suspension de toute intervention « non urgente  », ont, dès à présent, des conséquences bien plus dramatiques.

    –  La carence sensorielle
    La carence sensorielle a été instaurée et organisée sans aucune justification préalable à son bien-fondé et ce, des nouveaux nés aux plus âgés : confinements, port du masque obligatoire, mesures de « distanciation sociale », réunions et rencontres empêchées… privant tout un chacun du contact physique et affectif indispensable. Chez les enfants, cette carence a eu des conséquences fortes comme des retards de langage et du développement.

    –  Le processus de harcèlement.
    L’information terrifiante tournant en boucle sur les médias ou « psychic Driving » (1), le traçage et le suivi des « cas contacts », les relances téléphoniques par l’assurance maladie et l’incitation de la part des médecins traitants pour se faire vacciner, la pression hiérarchique dans le milieu professionnel… sont quelques-uns de moyens employés.

    –  L’abus de confiance massif.
    La population sidérée et affaiblie par des mois d’asservissement, a commencé à accepter la vaccination des personnes âgées et/ou vulnérables, sans avoir été avertie que cette « vaccination/expérimentation » de masse se déroulerait sans les préalables minimums requis (essais cliniques animal et humain, suivi et surveillance en amont, consentement…).

    –  L’impuissance
    L’impuissance créée par les chiffres et les mesures instaurées. Des liens de cause à effet sans fondement, des logiques et des revirements de situation et des comportements incompréhensibles ont été massivement acceptés. Comment comprendre que des millions de personnes aient été privées de travail ? Comment comprendre la logique de surcharger les hôpitaux alors que les cliniques voisines étaient vides ? Comment comprendre que les citoyens n’aient plus eu le droit de se soigner comme ils l’entendaient ? Comment comprendre que les notices de ces « vaccins » n’aient pas indiqué précisément la composition ainsi que les effets secondaires, permettant à chacun d’exercer un consentement libre et éclairé ? Comment comprendre que le principe du « Primum non nocere », fondant nos pratiques et exigé de tout soignant, ne soit plus respecté  ? Comment comprendre que des personnes souffrant de maladies chroniques voient l’accès aux soins remis en cause, faute de vaccination, de « passe- sanitaire ou de passe-vaccinal » ? Comment comprendre que le Conseil Constitutionnel fasse l’impasse sur la santé mentale des individus et ne fasse pas respecter leurs droits fondamentaux, dans le domaine des soins notamment  ? Et enfin, comment explique-t- on que ni les laboratoires pharmaceutiques, ni le gouvernement, ni les médecins ou autres soignants administrant les « vaccins » n’assument la responsabilité des effets secondaires potentiels (et probables) de ces produits expérimentaux ? Ce mécanisme d’inhibition de la pensée empêchait la réflexion.

    –  Les mesures d’intimidation et les menaces proférées par des figures d’autorité censées organiser le corpus social ont empêché le questionnement et la remise en cause de la situation et des mesures prises.

    –  La censure.
    La censure systématique de toute information et de toute manifestation allant à l’encontre de la version officielle. Même celles venant de professionnels de terrain sont dénigrées, ridiculisées voire interdites.

    –  L’instrumentalisation y compris des enfants.
    Après le port du masque obligatoire pour tous, on pousse les enfants de plus de 12 ans à se faire vacciner afin de faire du sport, des activités culturelles, bénéficier de loisirs ou étudier. Des annonces publicitaires propagandistes multiples et variées, formatent les esprits, et entrent dans les établissements scolaires via des outils pédagogiques afin de prôner leurs mesures « sanitaires  » et la vaccination, contrevenant aux règles usuelles d’inscription des évènements appartenant à l’Histoire. Et maintenant, s’y ajoute la propagande de vaccination des enfants de cinq à onze ans !

    –  L’infantilisation des adultes.
    La communication de l’État et des médias, destinée à l’ensemble de la population, se réalise en des termes simplistes associés à un ton autoritaire et paternaliste.

    –  Le clivage.
    La division des citoyens et des familles est organisée et encouragée. La délation est un des outils du clivage favorisant surveillance et dénonciation au nom de la « sacro-sainte » citoyenneté.

    –  Les repères et les valeurs volent en éclats.
    Les liens familiaux, amicaux, sociaux et professionnels se délitent profondément, attaqués par les diverses mesures mises en place et qui divisent. Les réglementations fondant notre démocratie, nos droits fondamentaux, nos fondements culturels idiosyncrasiques et même nos pratiques professionnelles, notre éthique, ne sont plus soutenus par nos autorités étatiques et ordres professionnels pourtant censés en être les garants.

    –  L’emprise.
    L’emprise induit la soumission et le contrôle de la victime pour l’amener à répondre aux exigences de l’autorité pouvant aller jusqu’à la destruction de sa propre identité. Le pouvoir des autorités sur autrui entraine dans la population un fonctionnement cognitif défensif en mode dégradé, couteux en énergie, déstructurant psychiquement et incitant à accepter toute « solution » proposée sans se préoccuper de son fondement rationnel. Le contrôle psychologique de la victime, « pour son bien et pour la protéger » ainsi que son isolement et sa désinformation massive sont certains des moyens utilisés. La population renonce progressivement à ses souvenirs, à ses valeurs antérieures pour céder à la suggestion et adopter des attitudes et des points de vue nouveaux (« la Nouvelle Normalité »). Il semblerait qu’une nouvelle manière de gouverner les peuples émerge à travers le concept de biopouvoir (2). Le fait de tester l’ensemble de population mondiale (3), pourtant bien portante, est un exemple de choix de ce type gouvernance actuelle.

    –  L’obéissance aveugle face à une autorité.
    L’expérience de Milgram (4) a formellement démontré que l’individu peut aller jusqu’à infliger des supplices à son prochain, plutôt que de désobéir à une figure d’autorité. D’après cette expérience « 80 % » des sujets se soumettent à l’autorité mais « 50% » ne le font que sous la contrainte d’une autorité qui l’impose et qui dédouane le sujet de la responsabilité des conséquences. Certaines autorités institutionnelles et entreprises se sont emparées des mesures énoncées et les ont même majorées dans leur application au-delà de la demande initiale, alors que les décrets d’applications n’ont pas encore parus.

    –  La technique dite du « doigt dans l’engrenage »
    Cette méthode « Foot in the door technique » (5) consiste à nous faire accepter certains comportements ou règles (ex. : le port du masque ; le couvre-feu) pour nous amener à obtempérer à des ordres plus exigeants (vaccins, passe sanitaire, vaccinal ou autre) qui auraient probablement été refusées si proposés d’emblée.

    –  La dissonance cognitive.
    Il s’agit de combler l’inconfort émotionnel généré par le flux d’informations contradictoires et de nombreuses injonctions paradoxales, en « s’agrippant » aux croyances devenues des dogmes avec l’adoption de nouveaux comportements même aberrants. Le « prêt à penser » imposé aux citoyens remplace leurs croyances et leurs valeurs, effaçant leur identité propre afin de légitimer des « choix » dictés, plutôt que consentis de manière libre et éclairée.

    –  L’illusion et le besoin de réassurance.
    « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (6). Pourquoi le doute et le questionnement ne semblent plus permis ? Socrate, Descartes… que penseraient-ils de tout cela ? Nous sombrons dangereusement dans un obscurantisme techno-sanitaire où la liberté est sacrifiée sur l’autel de la sécurité.

    NOS ENGAGEMENTS

    En tant que professionnels de la santé mentale, nous nous alarmons quant à l’accroissement spectaculaire de problématiques psychiques présentées par nos concitoyens de tout âge. Nous réaffirmons avec force et détermination :

    –  que la santé mentale n’est pas subsidiaire à la santé globale mais qu’au contraire, elle fait partie intégrante, comme nous le rappelle l’OMS dans son préambule daté de 1948 : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » ;

    –  notre attachement profond et inaliénable aux valeurs de liberté, d’égalité et fraternité (7) qui fondent notre citoyenneté et notre éthique professionnelle ;

    –  notre opposition ferme à toute discrimination des personnes dans l’accès aux soins, contrairement à ce que préconisent les autorités qui imposent le « passe sanitaire », ainsi que toute atteinte à la dignité des personnes, conforme à l’éthique et à la déontologie qui guident nos professions s’appuyant sur des textes de loi fondamentaux (8).
    Pour nous, professionnels de la santé mentale, se posent diverses questions

    –  Comment aider les gens à retrouver leur capacité de penser, individuellement et collectivement dans la situation actuelle ?

    –  Comment retrouver son pouvoir de réflexion et d’action ?

    –  Comment redéfinir la société ?

    Nous nous engageons dans une réflexion afin d’aider la population à retrouver la paix et la sérénité, des relations humaines saines et apaisées faisant appel au bon sens, au libre arbitre et à la pensée critique.

    --

    1 Cameron, E. (1956). Psychic driving. American Journal of Psychiatry,, 112 (7), 502-09.

    2 Foucault Michel., Histoire de la sexualité, chapitre 3 : "La volonté de savoir", 1976

    3 Utilisation malsaine des travaux de Kery Mullis (inventeur PCR)

    4 L’Expérience de Milgram en 1963 in Milgram Stanley, Soumission à l’autorité, Éditions Pluriels, 2017

    5 Freedman, J. L., & Fraser, S. C., Compliance Without Pressure : The foot-in-the-door technique, JPSP, 1966, 4, 196-202

    6 Rabelais

    7 La Constitution Française

    8 Code de la Santé Publique, Code de Déontologie, Serment d’Hippocrate

    --

    Auteurs et signataires

    Dr Christiane BOPP-LIMOGES, Psychiatre, France Noémie DELESPAUL, Psychologue Clinicienne, France Julien DUPUIS, Psychologue, Belgique
Sylvie FILET, Psychologue du travail, France
Anne FORISSIER, Psychologue clinicienne, France
Catherine MAGGIOLI, Psychothérapeute, France
Consuelo PALACIOS, Psychologue clinicienne, Thérapeute familiale, France
Dr Jean-Jacques PINOTEAU, Psychiatre, France
Gilles ROCHETTE, Psychologue, France
Cristina SANS, Thérapeute familiale et de couple, France
Valérie A.G. VENTUREYRA, PhD, Psychologue clinicienne & Psychothérapeute, France

    
Signataires

    Marie Pierre CAMPANT, Psychologue, Instructrice de méditation, France
Vanessa EON, Psychologue Psychothérapeute, France Dr Martine FLEURY, Psychiatre retraitée, France Camille JUNOT, Psychologue clinicienne, France
Solène LAPALUS ERHARD, Psychologue clinicienne, France
Dr Annick LECA, Psychiatre, France
Shanti ROUVIER, Docteur en psychologie clinique et psychopathologie, France
Patricia TINTI, Psychologue et Thérapeute de couple et de famille, France

    --

    Pétition

    https://www.leslignesbougent.org/petitions/manifeste-pour-la-preservation-de-la-sante-mentale-de-chaque-citoyen-6715/#formulaire

    --
    https://resistance-verte.over-blog.com/2022/03/manifeste-des-psys.html

  • LEURS GUERRES, NOS MORTS

    Nous ne défendons aucun autoritarisme contre un autre, nous n’accepterons aucune complicité avec les nationalismes des deux bords

    L’impérialisme russe a commencé hier son invasion de l’Ukraine. En face les impérialismes européens et américains voudraient qu’on les soutienne dans cette guerre froide réchauffée. Nous avons des ami-es et camarades libertaires et antifascistes en Ukraine comme en Russie. Leur opposition à la guerre les amène déjà à subir la répression féroce des États et de leurs larbins nationalistes de tous poils. Comme en Tchétchénie, les troupes russes vont instaurer la terreur d’État, dont les principales victimes sont les populations civiles, nos frères et sœurs, ami-es, voisin-es : bombes, pillages, tortures, viols, épuration et exécutions sommaires... Nous savons ce que les mercenaires russes font en Centrafrique, en Syrie, en Libye, en Tchétchénie...Nous savons ce que la domination russe implique.

    Nous ne défendons aucun autoritarisme contre un autre, nous n’accepterons aucune complicité avec les nationalismes des deux bords. Nous savons combien les nationalistes d’ici admirent Poutine et confondent opposition à l’impérialisme occidental et complicité avec les totalitarismes de tous bords (libyen, syrien, turc, iranien...).

    Notre position doit être claire et radicale : nous sommes et resterons anti-autoritaires et anti-militaristes. Mais si nous n’avons pas le choix, alors l’auto-défense populaire est l’option que nous soutenons. Il n’est pas question de laisser nos ami-es et allié-es libertaires d’Ukraine et de Russie subir les violences d’État et des nationalistes sans réagir !

    Souvenons-nous des forces populaires anarchistes de Nestor Makhno et Maria Nikiforova qui, de 1917 à 1921, ont combattu aussi bien les russes blancs alliés de l’Europe capitaliste que les bolcheviks incarnant l’autoritarisme et l’impérialisme russe de l’époque.

    Soutien inconditionnel à la population des régions ukrainiennes soumises au jeu sanglant des puissances !

    Par le collectif Désarmons-les
    https://www.facebook.com/desarmons2012

    --

  • FASCISME ET GRAND CAPITAL

    Tout l’art du fascisme consiste à se dire anticapitaliste sans s’attaquer sérieusement au capitalisme.

    Les possédants recourent à la solution fasciste moins pour se protéger contre les troubles de la rue que contre les troubles de leur propre système économique.

    Le fascisme est un réflexe de défense de la bourgeoisie, sans doute, mais de défense contre la désagrégation de son propre régime beaucoup plus que contre une attaque prolétarienne, à peu près inexistante. La classe ouvrière, en effet, à l’heure de la décomposition de l’économie capitaliste, n’a pas su, paralysée par ses organisations et par ses chefs, conquérir le pouvoir, afin de substituer le socialisme à un régime économique dont ses défenseurs mêmes admettent qu’il a du plomb dans l’aile.
    Sur la nature de cette crise, le fascisme, en effet, ne se fait aucune illusion. « La crise, avoue Mussolini, a pénétré si profondément dans le système qu’elle est devenue une crise de système.

    Ce n’est plus un trauma, c’est une maladie constitutionnelle » (3). Bien qu’il promette démagogiquement la résorption du chômage, la reprise des affaires, le fascisme est, en fait, moins ambitieux. Il s’efforce seulement d’enrayer, par des moyens artificiels, la chute des profits d’un capitalisme privé devenu parasitaire ; il n’a pas, malgré sa verbeuse démagogie, de grands desseins ; il vit à la petite semaine ; il ne vise qu’à renflouer – grâce aux réductions de salaires, aux commandes et aux subventions de l’État, à la mainmise de l’État sur la petite épargne et à l’autarcie – une poignée de magnats monopolisateurs, de grands propriétaires fonciers. Et pour prolonger le règne de cette oligarchie, au prix d’une limitation de la libre entreprise, il accélère la ruine de toutes les couches de la population : salariés, consommateurs, épargnants, paysans-travailleurs, artisans et jusqu’aux industriels produisant des biens de consommation.

    Les gens naïfs qui, hors d’Italie et d’Allemagne, sont tombés dans le piège de la démagogie fasciste et nous ont présenté le fascisme ou le national-socialisme comme une sorte de « révolution anticapitaliste », auraient dû méditer la lettre suivante d’un ouvrier, publiée, si extraordinaire que cela puisse paraître, par le Völkischer Beobachter, quotidien du parti nazi : « Personne au courant des questions économiques ne croira que le système capitaliste a disparu. Il est vrai que les méthodes de financement public ont pris un caractère différent – un caractère de coercition. Mais le capital, ou tout au moins ce que l’on comprend généralement par ce mot, n’a jamais été aussi puissant et privilégié qu’à présent […]. L’économie accumule d’énormes profits et réserves ; les travailleurs sont invités à attendre […].

    Les gros font des bénéfices, les petits reçoivent des traites sur l’avenir. Si ce n’est pas là du capitalisme dans le sens exact du terme, je voudrais bien savoir ce que capitalisme signifie. Un groupe réalise d’énormes profits aux dépens du reste de la population. C’est ce qu’on est accoutumé d’appeler exploitation capitaliste » (4). Un autre correspondant écrit au même journal : « Ce n’est pas du national-socialisme ; c’est tout simplement du capitalisme. » Et l’organe officiel du parti nazi répond cyniquement que, si le gouvernement s’était avisé de répartir entre les travailleurs les deux milliards et quelques de profits accrus du grand capital, il se serait mis « en opposition flagrante avec l’Économie » [c’est-à-dire le grand capital] (5).

    Économiquement, le fascisme n’a donc rien de « progressif ». Il ne « dépasse » pas le capitalisme ; il est, au contraire, une forme de ce que Lénine appelait le capitalisme dépérissant (6). Cette période de décomposition du système capitaliste, qui « traîne en longueur (7), le fascisme la fait durer par tous les moyens ; il entretient l’abcès au lieu de l’ouvrir d’un coup de bistouri. Loin de conduire au socialisme, c’est-à-dire à la collectivisation des moyens de production et à l’autogestion, il consacre tous ses efforts et toutes ses ressources à contrecarrer le mouvement qui, à la faveur de la crise, tend à faire passer toute l’économie privée entre les mains de l’État. Il pousse à son plus haut degré le conflit entre le caractère social de la production et la propriété privée des moyens de production : alors qu’il lui serait possible de socialiser sans coup férir des secteurs entiers de l’économie, il respecte et renfloue, le plus qu’il peut, le capitalisme privé. Il ne conduit pas, même par une voie détournée, au socialisme. Il est l’obstacle suprême au socialisme.

    Par ailleurs, le fascisme ne fait, sur le plan international, qu’aggraver la tendance de l’ensemble du système capitaliste au repliement national, à l’autarcie. En arrachant l’économie à la division internationale du travail, en adaptant les forces productives « au lit de Procuste de l’État national », il introduit « le chaos dans les relations mondiales ». Il crée pour le travail futur de planification socialiste « de colossales difficultés supplémentaires » (8).

    En même temps, le fascisme porte à leur plus haut degré de tension les contradictions résultant de l’inégal développement du système capitaliste et hâte ainsi l’heure d’un nouveau partage du monde par la force des armes, l’heure de cette « chute dans la barbarie » que Rosa Luxemburg prévoyait pour le cas où le prolétariat tarderait à remplir son devoir de classe et à édifier le socialisme (9).

    Toutefois, il n’est pas exact de dire que le fascisme, c’est la guerre. Le bolchevik Bela Kun dénonçait, il n’y a pas si longtemps, ce mensonge intéressé : « Le mot d’ordre que le fascisme, qui est une des formes politiques de la domination bourgeoise, est la guerre, n’a pas d’autre but que de dégager une fois pour toutes de toute responsabilité un des groupes de puissances impérialistes qui masquent leurs préparatifs de guerre sous des apparences démocratiques et des phrases pacifistes. Le vieux mot d’ordre de l’antimilitarisme marxiste, celui de la lutte révolutionnaire contre la guerre impérialiste, était conçu autrement : Le capitalisme, c’est la guerre » (10).

    Une dernière illusion serait à dissiper, si le triomphe du national-socialisme en Allemagne ne lui avait porté le coup degrâce : l’illusion que le fascisme serait un phénomène local, un phénomène « spécifiquement italien » ou « particulier aux pays retardataires à prédominance agricole », contre lequel les grandes nations industrielles, les « grandes démocraties occidentales » se trouveraient prémunies.

    Le temps n’est plus où l’Italien Don Sturzo pouvait écrire « qu’en Angleterre, en France, en Allemagne, existe une classe politique résistante et à la hauteur de la tâche » et qu’on n’assisterait « sans doute jamais à une marche sur Londres, sur Paris ou sur Berlin » (11), et où Nitti affirmait sérieusement : « Toute entreprise fasciste, dans les pays qui ont atteint un degré élevé de civilisation économique, ne pourrait être qu’une vaine expérience […]. En Allemagne, les partis démocratiques et la république se sont solidement affermis » (12).

    Le temps n’est plus où les sociaux-démocrates allemands pouvaient écrire : « Le fascisme, dans sa forme italienne, correspond aux circonstances italiennes. La force organisatrice et la plus haute éducation politique de la classe ouvrière allemande, ainsi que la faiblesse relative des masses non prolétariennes en Allemagne, par comparaison avec l’Italie, rendent impossible chez nous un écrasement aussi brutal de la démocratie » (13). Et le bolchevik Martynov : « Le fascisme de type pur sera notre principal ennemi seulement dans les pays arriérés et à moitié agricoles » (14).

    En Italie comme en Allemagne, le fascisme a été bien plutôt le produit spécifique du capitalisme le plus évolué, de l’industrie lourde monopolisatrice. Cependant, dans ces deux pays, certaines causes particulières en ont hâté le développement ; en particulier le fait que l’Italie et l’Allemagne se sont trouvées, au lendemain de la guerre, dans la position de nations « prolétaires » en face des nations nanties. Il en est résulté : d’une part, qu’elles ont dû se débattre dans des difficultés économiques aiguës bien avant les puissances industrielles plus favorisées ; d’autre part, que, dans ces pays, il a été particulièrement aisé de greffer l’idée nationale sur l’idée sociale et de fanatiser ainsi les masses populaires.

    Il n’est pas absolument exclu que les mêmes causes profondes qui ont poussé les magnats italiens et allemands à financer les bandes fascistes, puis à porter au pouvoir le fascisme, reproduisent ailleurs les mêmes effets. Çà et là dans le monde, les trusts confient à l’État renforcé – sinon à l’« État fort » – le soin de restaurer leurs profits. On assiste à l’effritement progressif des institutions « démocratiques », à la prolifération d’un fascisme larvé.

    Quant à une dictature fasciste ouverte, la bourgeoisie, instruite par les précédents de l’Italie et de l’Allemagne, hésite à y recourir. Mais peut-on affirmer qu’elle y ait définitivement renoncé ?
De toute façon, la leçon des drames italien et allemand est que le fascisme n’a aucun caractère de fatalité. Le socialisme eût pu et dû l’exorciser s’il s’était arraché à son état de paralysie et d’impuissance ; s’il avait gagné de vitesse son adversaire ; s’il avait conquis, ou pour le moins neutralisé, avant lui, les classes moyennes paupérisées ; s’il s’était emparé, avant le fascisme, du pouvoir – non pour prolonger tant bien que mal le système capitaliste (comme l’ont fait trop de gouvernements portés au pouvoir par la classe ouvrière), mais pour mettre hors d’état de nuire les bailleurs de fonds du fascisme (magnats de l’industrie lourde et grands propriétaires fonciers) : en un mot, s’il avait procédé à la socialisation des industries-clés et à la confiscation des grands domaines. En conclusion, l’antifascisme est illusoire et fragile, qui se borne à la défensive et ne vise pas à abattre le capitalisme lui-même.

    Mais telle n’est pas l’optique des « fronts populaires ». Leurs bonimenteurs se cramponnent à la planche pourrie de la démocratie bourgeoise et font risette aux groupes capitalistes les « moins réactionnaires », pour se préserver des « plus réactionnaires ». Ils attendent leur salut d’un Giolitti ou d’un Brüning qui, finalement, les livrera, pieds et poings liés, à un Mussolini ou à un Hitler. S’ils ont le goût du suicide, c’est leur affaire.

    Entre fascisme et socialisme, les autres, ceux qui veulent vivre, ont fait leur choix.

    Daniel Guérin, Fascisme et grand capital (extraits) 1936

    --
    3 Mussolini, discours du 14 novembre 1933.
    4 Völkischer Beobachter, 7 juin 1936.
    5 Ibidem, 13 juin 1936.
    6 Lénine, L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916.
    7 Trotski, La IVe Internationale et l’URSS, 1933. (Cette brochure a été reprise dans : Léon Trotski, La nature de l’URSS, François Maspero, 1974 [NDE].
    8 Ibidem.
    9 Rosa Luxemburg, Discours sur le Programme, 1918 (ce texte figure en annexe du livre d’André et Dori Prudhommeaux, Spartacus et la Commune de Berlin, Spartacus, 1977 [NDE]).
    10 Bela Kun, Internationale communiste, 15 août 1933.
    11 Don Sturzo, L’Italie et le fascisme, 1927.
    12 Francesco S. Nitti, Bolchevisme, Fascisme et Démocratie, Éditions du Progrès civique,1926.
    13 Article de Decker dans Gesellschaft, organe théorique de la social-démocratie, 1929, II.
    14 Alexandre Martynov, au Xe Plenum de l’Internationale Communiste, juillet 1929.

    --