Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • CHAOS AU BOIS DE LA CAMBRE
    Jeunes bruxellois démontés contre la police montée.

    La police estime qu’il y avait plus de 2.000 personnes rassemblées au bois de la Cambre dans l’après-midi du 1er avril, ce qui contrevenait aux mesures sanitaires.
    L’événement La Boum avait été posté sur les réseaux sociaux pour proposer aux internautes de se rendre à un faux festival de musique organisé gratuitement dans le bois de la Cambre.
    Des agents à pied et à cheval ont été mobilisés pour disperser la foule. La police a utilisé le canon à eau et a eu recours au soutien de drones et de l’hélicoptère. La manifestation a durée une partie de la nuit...

    Cela préfigure le totalitarisme... Non ! Nous y sommes. (Kairos)

    https://fb.watch/4CH1ANZO-T
    https://fb.watch/4CGTHpAn2b
    https://fb.watch/4CGYDgg1sG
    https://fb.watch/4CG-rec08g
    https://fb.watch/4CH4C4vaHY
    https://fb.watch/4CLqJLpbur
    https://fb.watch/4CLvGT7NLG

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    Promenons-nous dans le bois
    Montage (01/04/21)
    https://youtu.be/lH8xZfdbIP4

  • ​POLLUTION PIÈGE A CONS ?

    La plupart des révolutionnaires ont rapidement compris l’intérêt profond de la bourgeoisie lorsqu’elle s’empare du problème de la pollution. Ils ont bien vu qu’il s’agissait d’un nouveau moyen pour perpétuer le capitalisme et améliorer son image de marque. De là à conclure : « Pollution piège à cons, laissons les bourgeois se débrouiller seuls », il n’y a qu’un pas que beaucoup s’apprêteraient à franchir allègrement. Si la bourgeoisie parle de « changer la qualité de la vie » à propos de la pollution, c’est qu’elle sait, elle, pourquoi le prolétariat parle de plus en plus de la révolution. Il s’agit là d’une grossière récupération idéologique de la critique radicale de la vie quotidienne exprimée par l’I.S. (21) et reprise par tous les révolutionnaires. C’est parce qu’ils ont toujours négligé et saboté tout combat sur ce terrain que les vieilles gauches (des staliniens aux ultra-gauchistes compris), partis et syndicats restent désarmés devant la pollution. Prendre la pollution pour un piège à cons c’est oublier un peu trop vite que la pollution est un danger réel, immédiat, et qu’il va s’amplifiant. Elle est l’aboutissement mortel d’un système qui a dégradé tous les aspects de la vie.

    (21) « Internationale Situationniste »

    DOMINATION DE LA NATURE ET REBOISEMENT DE LA VIE

    Le projet prolétarien ne sera pas seulement de changer la vie, il sera aussi de la conserver et de la redonner. Ce projet va devenir de moins en moins obscur pour un nombre toujours plus grand de prolétaires. La domination de la nature reste et restera toujours la base de l’émancipation humaine. Dominer la nature ne veut pas dire la piller et la gaspiller pour finalement la détruire, mais l’utiliser rationnellement et passionnément. Seul le prolétariat (23), en mettant fin au règne de l’économie du profit et du travail, mettra fin, par là même, à la destruction de la nature. Dans la société communiste (c’est-à-dire la société sans classe et sans État et non les caricatures totalitaires qui sévissent en U.R.S.S., à Cuba, en Chine et ailleurs...), les hommes ne produiront que ce dont ils auront besoin (23) et utiliseront harmonieusement et avec imagination tout l’espace (abolition des "réserves" et autres "parcs").

    Avec l’ampleur que va prendre le problème de la pollution, de nombreux groupes et organisations vont se créer dans les années à venir. Aux U.S.A. certains de ces groupes deviennent naturellement des groupes révolutionnaires. Ici comme ailleurs, marchands, curés, bureaucrates, humanistes vont utiliser la pollution pour récupérations électorales et autres sottises (24). En France, le pouvoir a déjà mis en place ses propres organisations et groupes. Tous ceux qui vont engager le combat sur le terrain de la pollution sauront désormais que ce problème, comme tous les autres, est inséparable de l’urgence de la révolution. Les hommes qui viendront après nous ne pourront pas et ne devront pas se payer le luxe de l’héritage bourgeois de la pollution. La lutte contre la pollution sera révolutionnaire ou ne sera pas.

    Montpellier, avril 1971.

    (23) qui en s’émancipant lui-même émancipe l’humanité entière.

    (23) Ils auront le pouvoir sur la production et sur la consommation. La séparation entre le producteur et le consommateur sera abolie.

    (24) Il faut combattre également l’idéologie du mythe du retour à la nature que soutiennent les réactionnaires de tout poil et qui rêvent à un retour à la société pré-industrielle.

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    Extraits d’une brochure éditée en avril 1971 (il y a un demi siècle) intitulée "De la pollution considérée sous tout ses aspects".

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  • FIN DE L’ÉPIDÉMIE

    En semaine 2021s12 (du 22 au 28 mars)

    2,6 % des virus respiratoires était positif au SARS-CoV-2 (Symptômes possiblement dus au COVID-19)
    10,3 % étaient positifs au rhinovirus (hRV)
    21,4 % étaient positifs au virus respiratoire syncytial (VRS)
    17,9 % étaient positifs au métapneumovirus (hMPV)
    Aucun n’était positif pour un virus grippal

    Le réseau Sentinelles est un réseau de recherche et de veille sanitaire en soins primaires (médecine générale et pédiatrie) en France métropolitaine. La participation des médecins libéraux est bénévole et volontaire. Actuellement, 755 médecins participent à l’activité de surveillance continue.
    Ce réseau est coordonné par l’équipe « Surveillance et Modélisation des maladies transmissibles » de l’Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique (UMR-S 1136, anciennement UMR-S 707, 444 et 263) de l’Inserm et de Sorbonne Université, en collaboration avec l’agence nationale de Santé publique, Santé publique France.

    https://www.sentiweb.fr/france/fr/?page=bulletin

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  • DOUBLE MONDE

    L’ère informatique s’impose dans une société numérique, au temps dévastateur des ondes électromagnétiques. Après les compteurs communicants, les objets connectés, c’est la 5G qui sera la clé de cette smart city que les marchands mettent en place sur tout le territoire. Cette dictature technologique élimine l’humain visible de la prise de décision. Seuls les fabricants et les utilisateurs de machines, accompagnés de leurs programmeurs, détiennent l’emprise sur la pensée et le pouvoir sur les comportements. Ce pilotage centralisé automatisé du fonctionnement de l’entreprise-ville traite ses populations comme des marchandises à gérer, des stocks en flux tendus qu’il faut rentabiliser. L’humain est une erreur qu’il faut corriger, un ensemble de données statistiques qui permet le contrôle par la machinerie générale.
    La ville, dite intelligente, ôte la liberté à une population entièrement soumise à la machinerie générale, supprimant le hasard, abolissant l’imprévu, détruisant toute initiative spontanée, bannissant toute personnalité non conforme. Les habitants deviennent les passagers de leur propre existence, les spectateurs des personnages qu’ils jouent au cœur des représentations mises en scène par la machinerie des marchandises en spectacle. Avoir l’air d’être dans le coup pour se donner de grands airs dans l’air du temps. Toute communication se réduit ici à la consommation d’images de marque et de jeux de rôles où l’individu se consume comme sa propre représentation. Marquer son image c’est se faire remarquer comme objet conforme, dans les étals de la concurrence des jeux d’apparence, s’afficher pour gagner à se vendre aux autres.

    Plus l’informatisation de la gestion et du contrôle se généralise, plus la société se fragilise. Le devenir de la société numérique est déjà menacé. (...) La robotisation de la société l’a transformée en un système machinique, un mécanisme à décerveler pour une productivité optimale et des affaires toujours plus bénéfiques. Ce sont des machines à gérer les gains de certains en faisant régner l’ordre nécessaire à cette rafle. Plus besoin de penser, un système dit intelligent tourne pour nous.

    Le système machinique qui contrôle et dirige nos existences s’est accaparé l’intelligence de l’instant dans la permanence de son manque. Cette intelligence artificielle n’est qu’un artifice d’intelligence conçu pour éblouir la crédibilité et glorifier la technologie. Les individus formatés à suivre le programme croient religieusement en l’intelligence de la machine. Cette simulation d’une intelligence informatisée autorise la gouvernance totalitaire par la programmation inconsciente des perceptions et de la compréhension. La dictature économique mondiale a maintenant comme instrument de sa domination une technologie informatique et robotique aliénante.
    La technologie numérique imposée par le système marchand est la réification permanente de la contrainte en tout lieu. Ce progrès du contrôle global se réalise dans la régression accélérée des libertés et le conditionnement de la pensée. Les machines numériques du capitalisme ont surmultiplié les profits et la répression de la non-conformité. L’aspect spectaculaire des représentations numériques se réalise par la machinerie publicitaire qui martèle les pensées sous air conditionné pour se rendre indispensable par intoxication addictive. L’administration bureaucratique conditionne la survie par une technologie du contrôle qui rend la misère et la révolte invisibles. La machinisation dispense l’humain de ses responsabilités et l’ampute de sa liberté. L’État accapare la sphère commune, la dépolitise en la rendant technique, économique et complexe, ne pouvant plus être gérée que par des spécialistes éclairés. Nos conditions d’existence sont restreintes à des lignes comptables, à des statistiques de rentabilité marchande. La liberté de penser et de décider est volée par les usurpateurs de pouvoir, l’économie se fait tyrannique.

    La pensée informatisée se réifie par respect du code, reproduction des modèles conçus par les directives du programmeur, soumissions aux conventions et procédures des applications. La logique binaire de la machine sépare et reproduit. Elle ne communique pas, elle transfère des données séparées, elle ne choisit pas, elle conditionne des mises en relations selon sa programmation (computer/mettre ensemble). Ce découpage en petits morceaux dissocie les ensembles en éléments, dissèque à vif les relations, exclut tout ce qui relie à l’ensemble, élimine la compréhension générale, l’intelligence pertinente du moment.
    Soumise à une addition de vérités préfabriquées, cloisonnées, opposées et intransigeantes, la compréhension est maintenue dans l’ignorance des séparations contradictoires, occultant le contexte et l’histoire. Ayant tout coupé en parties distinctes, et séparé tout ce qui était relié structurellement, la technologie nous fait percevoir une accumulation d’images-objets figées dans la réalité immuable des affaires marchandes. Cette déformation pétrifiante des apparences du monde nous sépare des mouvances incertaines du vivant, ainsi que mentalement de nous-mêmes. La cohérence unitaire de notre être vivant est taillée en pièces. La nature et les autres nous sont rendus étrangers comme nous sommes devenus étrangers à notre propre nature, expropriés de l’usage de nos vies. Notre faculté à vivre pleinement est mutilée par nos prothèses numériques.
    L’informatisation du monde c’est la destruction de la communication entre personnes, cet échange partagé où chacun accepte d’être modifié dans un copilotage à plusieurs. De la communication, l’informatique n’utilise que l’échange de données figées, supprimant des rapports tout ce qu’il y a d’interactif, de vivant et d’humain.

    Lukas Stella, Double monde,
    Confinement en confusion, démence sous air conditionné, 2020 (extraits)
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#double-monde

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  • LA NOUVELLE MARCHANDISE DE LA CONTESTATION SPECTACLE

    "La culture, devenue intégralement marchandise, doit aussi devenir la marchandise vedette de la société spectaculaire."
    "Le spectacle est le discourt ininterrompu que l’ordre présent tient sur lui-même, son monologue élogieux. C’est l’auto-portrait du pouvoir à l’époque de sa gestion totalitaire des conditions d’existence."
    "L’origine du spectacle est la perte d’unité du monde."
    "Le spectacle n’est que le langage commun de cette séparation. Ce qui relie les spectateurs n’est qu’un rapport irréversible au centre même qui maintient leur isolement. Le spectacle réunit le séparé, mais il le réunit en tant que séparé."
    "L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et
    son propre désir. L’extériorité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représentent.
    C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout."
    "L’homme séparé de son produit, de plus en plus puissamment produit lui-même tous les détails de son monde, et ainsi se trouve de plus en plus séparé de son monde."

    Guy Debord, La société du spectacle,1967 (extraits)
    http://inventin.lautre.net/livres/Debord-La-societe-du-spectacle.pdf

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    "Le culte de la marchandise disséminé par une publicité toute puissante a été intégré dans la culture."
    "Parce qu’elle n’a pas évolué par elle-même, lentement et naturellement, mais par pressions médiatiques continues, et aussi culturelles et éducatives (le soft Power), la culture marchande autoreprésentée dans une mise en spectacle de tous les instants se réalise effectivement comme une non-culture qui n’est l’expression que de l’asservissement généralisé, une aliénation nécessaire à la domination du monde par un groupuscule de privilégiés. C’est une non-culture qui désocialise les rapports humains et déstructure la société en détruisant les liens qui la composent."
    "Pour pouvoir imposer de partout sa non-culture marchande, le capitalisme a dû déposséder les individus de leurs subjectivités en les mettant en représentation dans le spectacle des objets de commerce. La vie en représentation est contemplée dans l’isolement, désagrégeant la vie sociale dont l’apparente unité n’est plus qu’affaire de spectacle et de propagandes publicitaires."
    "Nous sommes immergés dans une « société du spectacle » où les représentations ont remplacé l’expérience personnelle, directement vécue avec d’autres dans une situation particulière. Ces représentations abstraites et impersonnelles sont considérées comme la seule réalité objective."
    "Il n’y aura pas de libération ni de changement radical si l’on ne parvient pas à se dégager de l’emprise de la culture marchande inconsciente."
    "De nos jours, l’individu a constamment à composer avec l’incompréhensible, car ses projections ont à la fois augmenté son espace exploitable et rétréci son univers."

    Lukas Stella, Intoxication mentale, 2018
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#intoxment

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  • DU PAIN OU LA MORT

    Le 9 mars 1883, à Paris, une manifestation des « sans-travail », d’abord dispersée par la police, réussit néanmoins à défiler. Sur son trajet, plusieurs boulangeries sont pillées et de violents affrontements ont lieu avec les forces de « l’ordre ». Louise MICHEL, drapeau noir en tête et Emile POUGET (qui sont à l’initiative de cette manifestation) sont arrêtés et poursuivis pour « excitation au pillage ».
    Ils seront condamnés le 22 juin à 6 et 8 ans de prison.

    https://collectif-feignasse.over-blog.com/2021/03/du-pain-ou-la-mort.html
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  • FUKUSHIMA 10 ANS : QUELLES RÉALITÉS ?

    Il y a 10 ans au Japon : un accident majeur survenait à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, à la suite d’un tremblement de terre et d’un tsunami. Des citoyens japonais s’organisaient pour comprendre les impacts sanitaires et tenter de mieux assurer leur propre protection en dépit des discours rassurants des autorités. La CRIIRAD s’était alors rapidement mobilisée afin de les soutenir.

    Mais les impacts d’une telle catastrophe, toujours en cours, sont durables. 10 ans après, les citoyens japonais doivent en supporter les conséquences sanitaires et sociales. Quelles réalités font suite à une telle contamination ? A quels enjeux la population japonaise est-elle toujours confrontée ?

    La CRIIRAD réunit 7 experts japonais et français afin d’analyser la situation de 2021 et de répondre à vos questions. Rendez-vous le 6 mars 2021 entre 11h et 13h, puis de 14h à 15h30, pour suivre notre webinaire "Fukushima 10 ans : quelles réalités ?"
    – sur Zoom : INSCRIVEZ-VOUS ICI : https://urlz.fr/eUmD puis suivez les instructions dans le mail de confirmation pour vous connecter le jour J
    – ou en direct depuis cette chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/criirad

    L’enregistrement du webinaire sera disponible sur cette même chaîne à la suite de la diffusion en direct. Cette vidéo a été réalisée à partir des images du film « Invisibles retombées » disponible gratuitement au lien suivant : https://urlz.fr/eSWM

    https://www.facebook.com/CRIIRAD-144638258935124
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    https://youtu.be/WfbCBjZJxj0

  • UN SYSTÈME DE CROYANCES RÉGI PAR LA PEUR

    Agrippés à nos croyances normalisantes, nous nous retrouvons confinés dans nos certitudes. Le monde qu’on nous présente dans ses représentations spectaculaires, est une escroquerie. Cette réalité mise en scène sous air conditionné, réfléchit l’image de soi selon l’air qu’on lui donne dans les apparences trompeuses de la société du spectacle. Un deuxième monde apparaît qui se substitue au temps vécu qui nous échappe.

    Nous sommes séparés du monde sur lequel nous n’avons plus de prise. Cette réalité séparée nous échappe. On nous fait croire que chaque chose a sa place, qu’il ne faut pas tout mélanger et que cette dissociation favorise l’étude scientifique qui permet de différencier le vrai du faux. L’ignorance volontaire de la compréhension de l’ensemble, compartimente la pensée et limite la réflexion à des oppositions contradictoires bien cloisonnées, réduit l’intelligence à une soumission maladive, à une accumulation de vérités préfabriquées séparées, intransigeantes et autoritaires. La compréhension globale pertinente est diminuée et aliénée par les omissions, la focalisation, le cadrage, les séparations, la dissection, la décomposition. Tout est bien rangé dans des cases et n’est qu’affaire de spécialistes experts. La bonne convenance en vigueur impose une totale soumission à la conformité admise.
    Tout ce qui était structurellement relié est tranché dans le vif, disséqué, isolé puis bien séparé. Cette conception qui détruit la cohérence de la vie est pathologique. Nous sommes coupés mentalement de notre nature vivante par cette doctrine réductrice dominante. Étrangers à nous-mêmes, nous sommes étrangers aux autres et à notre monde qui devient un environnement extérieur, un objet à maîtriser, une marchandise à optimiser pour les affaires. Cette réalité objective prédéfinie, composée d’objets de commerce, se présente comme une évidence à laquelle on doit impérativement se soumettre, une fatalité.
    L’expérience de l’existence se limite à la consommation de ses représentations. L’absence d’expérimentation vécue fabrique un monde abstrait d’objets désincarnés. Dans une réalité dominée par les objets, se confondent dans la confusion, la perception d’un fait et son interprétation, l’observation et l’idée qu’on s’en fait, la description et son commentaire, l’expérience directement vécue et des jeux d’apparences préfabriqués. Notre vision du monde est troublée, détériorée, dénaturée et falsifiée par cette manière de voir, réelle toxine mentale qui nous empoisonne la vie.
    Pour nous émanciper de ce conditionnement uniformisé, nous devons expérimenter des pratiques personnelles situationnelles, d’où émerge une compréhension dont le sens dépend du contexte et du cours des événements. On peut ainsi commencer à comprendre les transformations des processus de la vie, dans le cours de leur histoire propre. Pour éviter de se faire enfermer et figer dans des vérités obtuses et autoritaires à prétention universelle, il nous faut partir de points de vue plus larges qui facilitent le partage de communications sur nos propres communications dans l’émergence d’une coopération collective égalitaire, indispensable au renversement de l’ordre des choses marchandes.

    L’information répandue par la presse, soumise aux directives de ses actionnaires a été mise sous la tutelle de quelques trusts médiatiques. L’opinion uniformisée est aujourd’hui manipulée et programmée dans la mise en scène de sa représentation. Le pouvoir illimité des agences de presse internationale permet la centralisation, le contrôle et la censure des infos mondialisées. La focalisation simultanée des mass-médias révèle et dissimule cette censure à la base de la construction de toute information déformante. Les faits sont récupérés, détournés dans un point de vue conforme aux intérêts des affairistes milliardaires, puis transformés en actualités événementielles, vision contemplative du désastre présentées en drames obsessionnels, qui servent prétexte au développement de politiques liberticides et antisociales. Ces grands organes de presse mettent la pression sur notre mental en organisant et conditionnant la vision et l’entendement de la réalité d’un monde en perpétuelle représentation.
    Le réel est ce qui est visible, ce qui n’apparaît pas n’existe pas. Tout ce qui sort du cadre, ce qui est hors champ n’a pas de réalité. Ce qui est derrière l’objectif n’a pas d’apparence, et est effacé. Cette omission forme l’angle mort du contexte dans l’observation restreinte d’une vision bornée, obtuse et étriquée. En changeant de point de vue, en recadrant plus large avec un contexte plus étendu, on change le sens accordé à la situation, ce qui en modifie la compréhension en l’enrichissant dans une dimension plus globale.
    Mais dans le monde des apparences, les convictions sont prises pour des vérités, des principes dogmatiques que l’on croit naturels. La vérité n’est qu’une croyance arrogante qui méprise les autres considéré comme étant fatalement dans l’ignorance et l’erreur. Ce qui est pris pour la vérité n’est qu’une approximation partielle prétentieuse. Ce n’est que l’illusion mégalomane de la perfection qui ne peut que s’imposer autoritairement comme le seul point de vue possible, la seule réalité. Ce n’est qu’une conception de l’esprit de l’observateur, à un moment de son histoire, qui ignore les autres, en les niant comme individus libres et égaux.
    Pour nous enrichir et nous accomplir nous pouvons affiner nos différences ensemble par une coopération égalitaire, en partageant, comparant et confrontant nos observations, nos réflexions et nos compréhensions du moment. Le réel se concrétise dans le monde que nous habitons en le vivant, en prenant les dimensions de notre cohabition avec les autres. L’accomplissement personnel se vit dans cette mise en commun qui construit nos existences. Nos dérives spontanées engendrent notre devenir dans le cours des hasards partagés.

    Dans le monde des apparences, l’utilisation de certains mots, la critique de certaines idées reçues intouchables déclenchent un processus d’identification arbitraire, la réduction d’une personne à une simple étiquette, catégorisée et stigmatisée. La science des marchands en est un exemple garanti, comme vérité incontestable d’une unique réalité qui s’impose comme une évidence. C’est la dictature des experts du pouvoir dominant.
    Méfions-nous de ce scientisme mercantile, et ne prenons pas la propagande conformiste de nos ennemis oppresseurs pour des réalités irréfutables. Remettons en cause leur pensée unique, discutons des faits, des démonstrations, des interprétations et des déductions, critiquons leurs évidences autoritaires, comparons les chiffres dans un contexte historique élargi, sans utiliser d’étiquettes exclusives et dénigrantes, qui jugent arbitrairement sans réflexion ni débat possible. Le bannissement ne rend pas intelligent. Tous ceux qui condamnent une personne, la stigmatisant comme hérétique, parce qu’elle n’est pas dans la norme admise, en lui collant une étiquette méprisante et colomnieuses, sans exprimer leurs analyses critiques sur les arguments et les démarches explicatives, n’expriment que leur arrogance prétentieuse, leur manque de réflexion, leur nuisance et leur confusion, qui entretiennent une soumission volontaire à la conformité dont ils se rendent complices.
    Ceux qui traitent de “complotistes” les personnes qui comprennent les situations avec une perspective différente des idées admises, sans se référer explicitement à l’analyse du spectacle répandue par les médias comme idéologie de la caste dominante, s’économisent tout discernement et toute argumentation critique, et restent ainsi les esclaves du système de représentation de ce vieux monde marchand en perdition.
    Notre diversité vivante est bien plus riche et créative que leur normalité intolérante. Nous n’avons personne à convaincre, nous souhaitons seulement réfléchir ensemble avec nos points de vue divergents. Nous n’avons pas de ligne directrice à laquelle tout le monde doit se plier. Méfions-nous des détenteurs de vérités qui censurent et qui méprisent les ignorants pour les convaincre et mieux les vaincre. C’est une attitude guerrière, militaire, sectaire, voire stalinienne. Le partage et le débat sont la base des pratiques antiautoritaires et égalitaires.

    La croyance aveugle en sa propre vérité n’est pas dans l’observation de la réalité, mais dans la relation qu’on a avec les gens qui ne croient pas à la même réalité. L’explication des phénomènes dépend des rapports qu’a l’observateur avec des gens qui partagent plus ou moins le point de vue dont il parle. Le mot n’est que l’étiquette de l’opération qu’il représente, mais pas une chose abstraite, extraite de sa propre expression. Cette opération, partagée avec d’autres, fait distinguer dans son contexte, les phénomènes en les faisant exister. On n’observe pas des objets étrangers et désincarnés, on contextualise nos observations dans nos relations avec d’autres qui sont différents.
    Le show de la société a inventé la réalité imuable. L’objectivité réaliste invente un monde figé chosifié, étranger à toute expérimentation humaine, à tout partage. L’omission volontaire du sujet vivant observateur, marchandise sa pensée en idéologie, séparée de son vécu incarné dans l’expérience de la situation vécue au cours de son évolution incertaine. Cette idéologie s’invente un autre monde, dans l’abstraction de sa représentation.
    Dans le monde du vécu, la réel n’est pas séparée de nous, il ne nous est pas extérieur, il fait partie intégrante de notre existence. En l’expérimentant avec d’autres, nous l’incarnons en le vivant. Comprendre notre expérimentation du monde nous fait prendre corps au cours de sa réalisation. Il ne nous échappe plus. On peut ainsi reprendre le pouvoir sur nos conditions d’existence et se réapproprier nos vies librement.
    Notre expérience personnelle ouverte aux autres et construite avec eux engendre une intelligence situationnelle incarnée dans le moment vécu, avec ses doutes, ses incertitudes, ses hasards, ses intuitions, ses inventions, son humour et sa spontanéité.
    L’intelligence ne se possède pas, ce n’est pas un stock de marchandises informatives que l’on peut se payer, mais bien un processus instable et irrégulier que l’on construit, qui nous défait et nous refait en permanence. C’est une suite d’expériences qui permettent le développement spontané de notre compréhension, une recherche d’équilibre qui convient, qui rend viable la situation vécue et qui enrichit nos capacités à avancer en s’assumant, avec nos doutes et nos incroyances, sur ce chemin que nous choisissons et inventons au fur et à mesure, dans la dérive naturelle de notre propre histoire. L’intelligence se réalise par une volonté de comprendre et par le développement des capacités à avancer par soi-même sur le chemin de cette compréhension.

    Plus l’organisation de la société est autoritaire, procurant à un petit nombre tous les pouvoirs de décision, plus la stabilité sociale est fragile. Plus le nombre de décisionnaires est important plus les excès sont régulés par le nombre et la diversité. Plus la société est dictatoriale plus elle détruit son équilibre, sa cohérence sociale et plus elle est fragilisée dans une insécurité croissante. De même, le nombre de points de vue différents crée la richesse et la justesse de l’observation d’un phénomène. Comme l’explique la relativité restreinte d’Einstein, plus le nombre de coordonnées est important, plus l’observation se rapproche de l’exactitude. L’intelligence collective émerge des interrelations et de la coopération entre individus particuliers différents.
    Comprendre le fonctionnement d’un système c’est appréhender ses parties dans l’ensemble de ses interactions, dans l’entendement des relations qui composent les réseaux de sa structure particulière. La compréhension des relations, en tant que facteurs constitutifs d’une structure, génère une connaissance humaine évolutive.
    La collectivité crée une intelligence qui devance, et de loin, la simple addition de ses éléments. De la totalité se manifeste une pertinence irréductible qui dépasse ce qui la compose. Les concessions opportunistes des critiques partielles, aménagements de détails, améliorations de la forme, emprisonnent l’entendement dans un réformisme collaborateur et conformiste. Il importe de rattacher chaque critique à la totalité pour l’appréhender dans la complexité situationnelle de son vécu, et l’émanciper dans un renversement de perspective révolutionnaire.

    Lukas Stella, Double monde, 2020 (extraits)
    Livre gratuit et reproduction libre
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#double-monde
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  • L’APPEL

    Mesdames, Messieurs les Ministres, membres des conseils scientifiques, ministres-présidents et autres « décideurs »,

    Par la présente, nous vous informons que nous avons désobéi, que nous désobéissons et que nous désobéirons encore.

    Nous désobéirons encore parce que nous ne pouvons pas rester cloîtrés chez nous sans juste motif. Nous avons besoin de respirer sans peur et sans masque l’air plus pur de nos campagnes et celui pollué de nos villes. Nous demeurons, plus que jamais, dans le besoin d’entourer nos parents et grands-parents, d’embrasser et câliner nos enfants et petitsenfants, d’enlacer et soutenir nos frères, nos sœurs, nos amis.

    Nous ne nous arrêterons plus de chanter, de crier, de rigoler et d’aimer. Nous désobéirons encore parce que nous n’accepterons jamais que vous déclariez dangereuses et hors la loi les joies de la vie, les rencontres, les fêtes familiales et culturelles.

    Nous nous engageons à ne pas mettre en danger la vie des autres, au contraire, nous respecterons des règles d’hygiène fondamentales à la vie en société, nous renforcerons notre immunité collective, sans devenir fous d’angoisse, ce qui comme vous le savez affaiblirait notre santé et celle d’autrui.

    Nous continuerons à aider nos parents « vulnérables », nos proches, et aînés, à ne pas mourir de solitude ; nos femmes et nos enfants à ne pas être victimes de violence intrafamiliale, qu’elle soit physique, morale ou psychologique. Nous continuerons à faire découvrir en premier nos visages à nos nouveau-nés.

    Nous avons décidé de désobéir parce que nous côtoyons chaque jour des femmes et des hommes extrêmement anxieux face à cette « nouvelle » maladie, et qui, parfois, ont souffert, eux-mêmes ou leurs proches. Nous respectons notre prochain et comprenons parfaitement leur légitime désarroi. Mais nous ne mourrons pas par peur de vivre. Nous prônerons le dialogue, ainsi que le bon sens. Nous sommes conscients que, parmi nos semblables, nombreux sont ceux qui doutent et ont, par conséquent, eux aussi, transgressé quelques interdits. A bout de souffle, il n’y a que ces « écarts » qui nous permettent une certaine forme de survie.
    D’autant plus que les « flagrants délits » sont les vôtres en premier.

    Nous désobéirons encore parce que nous ne supportons plus vos incohérences, vos mensonges, votre manque d’empathie, votre intolérance, votre censure et votre refus de répondre aux questions légitimes, votre manque de transparence et hostilité à tout débat démocratique.

    Quand l’état que vous pilotez infantilise et condamne des pans entiers de sa population, qu’il conduit nos aînés, nos commerçants, nos restaurateurs, nos artisans, nos artistes, nos coiffeurs, nos étudiants, nos jeunes et leurs familles, à la ruine, à la misère, à la rue et au suicide !

    Quand cet état s’érige en donneur de leçons, en sauveur, alors qu’il a détruit et détruit encore nos services publics, qu’il étrangle nos hôpitaux et nos soignants par des décennies de coupes budgétaires. Et un an de crise sanitaire n’a vu aucune amélioration de leur situation.

    Alors que l’État se prétend à la hauteur de la situation, nous demeurons dubitatifs : où étiez-vous donc quand il aurait fallu agir contre ce qui nous rend malades ? … Les polluants qui saturent nos poumons, la malbouffe qui détruit notre santé au quotidien, le travail toujours plus abrutissant voué au bien-être des actionnaires, les écrans et jouets connectés qui nous empêchent de penser ? Vous allez maintenant nous faire croire que vous vous souciez du bien commun ?

    Nous désobéirons encore parce que nous ne croyons pas aux coûteux remèdes miracles sortis des boites de Pandore des firmes pharmaceutiques, en lice pour celle qui touchera le pactole en premier, alors que ces multinationales se protègent préventivement contre les effets secondaires d’un vaccin que l’État nous vend comme inoffensif, tout en avouant qu’il ne sait même pas s’il nous protège.

    Nous rejetons l’arrogance de ceux qui gèrent une maladie nouvelle à coup de protocoles d’interdictions et bannissent toute autre option, alors que l’absence de débat est flagrante et la censure sévit sans vergogne.

    Nous pensons que l’écoute respectueuse d’opinions divergentes, tout comme les compétences acquises par les praticiens de terrain, l’utilisation de remèdes anciens, bon marché, la recherche indépendante et le débat public permettraient de gérer et d’anticiper de futurs développements de cette maladie, mais aussi de « sauver des vies » et d’éviter les « dégâts collatéraux », pour employer le vocabulaire guerrier que certains parmi vous affectionnent… Nous savons que nous avons une probabilité de 99 % de mourir d’un cancer, d’une maladie cardiovasculaire, cérébrovasculaire, et même, pourquoi pas, de vieillesse plutôt que de ce virus.

    N’oublions pas ce qu’a répété toute sa vie Albert Jacquard, ce grand humaniste, généticien et biologiste français, mort en 2013 des suites d’une leucémie (époque où l’on pouvait mourir d’autre chose que du virus SARS-CoV-2…) : « Je suis les liens que je tisse avec les autres. Les autres ne sont pas notre enfer parce qu’ils sont autres ; ils créent notre enfer lorsqu’ils n’acceptent pas d’entrer en relation avec nous ».

    Nous désobéirons donc pour ne pas être contaminés par votre enfer, vos muselières, vos anathèmes, vos diktats et vos discours relayés servilement par des médias aux ordres. Nous désobéirons pour que le monde de demain ne soit pas pire que celui d’avant et, surtout, qu’il soit meilleur, juste et décent, respectueux de la Terre et de tout ce qui y vit.

    Nous appelons à boycotter tous ceux qui nous méprisent et nous précarisent sans complexe. Nous souhaitons vivement rendre la désobéissance contagieuse pour qu’ensemble nous prenions conscience de notre pouvoir de guérison. Que nous décidions ensemble de notre avenir commun, par des mesures prises en respectant les droits et nos institutions démocratiques, et non en les bafouant à coup d’état d’exception et autres.

    Si l’argent et le pouvoir sont vos moteurs, les nôtres sont la liberté, ainsi que le droit, dans le respect du bien commun.

    Comme le citait avec tant de justesse l’auteur Frédéric Gros, « À partir du moment où on obéit comme des machines, désobéir devient un acte d’humanité ».

    https://liberanos.eu
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  • COMMUNICATION VIRTUELLE, LE NOUVEL OPIUM DU PEUPLE

    Il ne s’agit pas de mégoter sur les services réels que rendent les échanges à distance mais fonder un projet de société sur des relations virtuelles par l’intermédiaire de l’internet, c’est détruire la société. Analogue à la cité construite dans les airs dont se moquait Aristophane dans Les Oiseaux, celle que nous construisons dans les « nuages » est une anti-société. Les relations en face-à-face, dont l’importance est de fait relativisée, sont absolument essentielles. Il faut y revenir.

    Télétravail, visioconférences, apéros virtuels, partage d’écran, brainstorming à distance, webinaire vidéo, téléprésence… ce sont des termes que la période de confinement nous a rendus familiers. L’entreprise californienne Zoom a enregistré depuis décembre 2019 une hausse du nombre d’utilisateurs de 3 000 %. Les échanges à distance via les TIC (technologies de l’information et de la communication) ont rendu de grands services dans une situation exceptionnelle.

    Mais vont-ils devenir la norme ? Les géants du numérique, les présidents d’universités et les patrons d’entreprise nous promettent des avantages majeurs et semblent de plus en plus séduits. Jeudi 21 mai, le patron de Facebook, Marc Zuckerberg, a annoncé, après Twitter, Google, et en France, PSA, Blackmarket, Alan, etc., que la moitié de ses employés pourraient travailler depuis chez eux d’ici cinq à dix ans. Sous prétexte d’un accès égal à l’internet, une priorité nationale s’exprime : « N’attendons plus pour déclarer l’état d’urgence numérique : le « monde d’après » doit être celui de l’inclusion numérique ».

    Après le stade de l’émerveillement face aux possibilités du télétravail, du téléenseignement, de la télémédecine, de la téléjustice, arrive le stade d’une éventuelle pérennisation. Ceux qui rechignent, arguant du fait que leur temps libre est rogné, que les échanges sont laborieux, que les « vrais » contacts leur manquent, etc., tendent à être identifiés aux fossiles d’un monde disparu.

    À mon avis, s’il ne s’agit pas de mégoter sur les services réels que rendent les échanges via les divers cloud meetings, fonder un projet de société sur des relations virtuelles par l’intermédiaire de l’internet, c’est détruire la société. Analogue à la cité construite dans les airs dont se moquait Aristophane dans Les Oiseaux, celle que nous construisons dans les « nuages » est une anti-société. Les relations en face-à-face, dont l’importance est de fait relativisée, sont absolument essentielles. Il faut y revenir.

    Confrontés à l’épanouissement de la société industrielle dont ils avaient identifié qu’elle allait saper les liens sociaux « normaux », la plupart des fondateurs des sciences sociales à partir des années 1890 les avaient mises en exergue, usant de termes tels que « relations directes », « groupes primaires », « communauté », « union sociale locale » par opposition à la « Grande Société ». Simmel par exemple avaient repéré dans les relations face-à-face le fait social par excellence, le building block sans lequel la société que forment les individus ne pourrait pas vraiment être une société, mais équivaudrait plutôt à un agrégat.

    De même, Dewey avait jugé essentielle non la question de savoir comment des individus x et y en viennent à s’associer, mais qu’est ce qui distingue ou devrait distinguer une association humaine d’un troupeau de moutons ou d’un ensemble d’électrons. La réponse est le face-à-face. En son absence, on peut bien avoir des foules, des masses, des agrégats statistiques, des réseaux, on n’a pas la société « spécifiquement » humaine. Pour que la « vraie » société se réalise, il faut, écrivait déjà Aristote, cette forme d’amitié qu’on appelle aujourd’hui sociabilité ou convivialité.

    Le régime envahissant des images fait perdre de vue les effets d’une réduction du réel à une chose optique face à laquelle on ne peut être que spectateur.

    Simmel est à cet égard indépassable : les relations face-à-face qu’il étudie à travers la danse ou la conversation, sont, dit-il, les formes les plus « pures » du phénomène social. « La sociabilité crée, si l’on veut, un monde sociologiquement idéal : en elle, la joie de l’individu particulier est absolument liée au fait que les autres soient également à leur aise ». Car la raison d’être de ces relations est simplement de créer le contact et de le maintenir le temps souhaité. Elles instaurent une égalité entre les participants qui la recherchent pour la simple raison qu’ils éprouvent du plaisir à se trouver en compagnie les uns des autres. N’obéissant à aucune contrainte, ne devant se conformer à aucun impératif, ne visant aucune utilité et n’étant motivé par aucun besoin, cette forme primaire d’association, qu’on trouve absolument partout, est un « lien de réciprocité, qui flotte en quelque sorte librement entre les individus. »

    Malinowski, à qui l’on doit une analyse célèbre de la fonction dite « phatique » du langage, va dans le même sens. Ce qui explique les sociétés, si multiples qu’elles soient, n’est pas un prétendu « instinct grégaire » ni le besoin matériel les uns des autres, c’est la « tendance à être ensemble, à prendre plaisir à la compagnie des autres ». Être en compagnie, voilà une « tendance fondamentale qui fait que la simple présence des autres est nécessaire à l’homme ».

    Ces expressions, qu’on pourra trouver un peu vieillottes, expriment une donnée fondamentale des relations interhumaines. Elle est à la fois une évidence et quelque chose d’assez mystérieux. D’abord, en français, l’expression « relations face-à-face » manque au registre des locutions courantes. On recourt à des expressions comme « relations interpersonnelles » ou « relations intersubjectives » qui n’ont pas le même sens, la « face » n’étant ni la personne ni la subjectivité : la « face », c’est plutôt l’aspect de soi-même que l’on souhaite présenter ou montrer aux autres, comme dans l’expression « sauver la face ». C’est le sujet humain tel qu’il s’est socialement façonné en fonction de ce qu’il a compris être les attentes des autres.

    Cette « face » exprime moins le rôle social de l’individu que la personnalité singulière, unique, de l’individu socialisé. Ni purement individuelle ni purement sociale, elle résulte du fait très général que le comportement social que forge un individu depuis sa toute petite enfance dépend de l’usage personnel qu’il fait des formes sociales communes disponibles, et non du fait qu’on aurait déversé en lui de l’extérieur telle ou telle disposition, ni du fait que ses facultés se seraient spontanément développées parce qu’on l’aurait laissé tranquille.

    Ensuite, le face-à-face implique la coprésence physique des faces (et non des dos ou des épaules, comme dans une foule) dont les avantages en termes d’établissement et de maintien de contact sont si nombreux qu’il est difficile de les identifier. Qu’est ce qui différencie un téléapéro d’un apéro « en chair et en os » ? Une téléconsultation médicale d’une consultation en vis-à-vis ? Un vrai cours dans une vraie salle avec de vrais étudiants et un vrai professeur d’un MOOC ? Le régime envahissant des images fait perdre de vue les effets d’une réduction du réel à une chose optique face à laquelle on ne peut être que spectateur. Même une photographie, avec son grain, son format, son papier, son contexte d’exposition, son histoire, etc., est irréductible à une « image ».

    Il entre dans le face-à-face de la chimie, du subliminal, une gestuelle complexe, des émotions et des intuitions, des micro-événements qui influent sur le déroulement de l’interaction, une flexibilité dans l’ajustement grâce au déchiffrement instantané des expressions faciales d’émotion, une grande attention pour éviter tout malaise qui mettrait fin à l’échange.

    J’y vois deux avantages majeurs, aisément transposables en termes de culture politique : le premier, c’est que les partenaires se préoccupent activement de leur interaction, ils en font l’objet de leur soin en évitant autant que possible les embarras, les gaffes et les ratages que Erving Goffman a si minutieusement analysés. Les relations face-à-face génèrent de l’égalité et de la mutualité. Il n’y a de face que par rapport à d’autres faces. Et le second, c’est que l’union sociale qui se forme ne repose que sur l’égale considération que les partenaires ont à son endroit, et non sur le postulat d’une identité quelconque relativement à la race, au sexe, à la classe sociale, à la religion, à l’ethnie, etc. Le face-à-face exclut l’identification. Il n’y a de faces que dans un monde social pluriel.

    Cette qualité d’interaction, pour être énigmatique, est parfaitement ordinaire. Nous la recherchons et la trouvons sans cesse dans la vie quotidienne. Du moins, cela est souhaitable. Elle se glisse dans tous les échanges y compris les plus utilitaires. Les cas où elle existe à l’état pur sont plus rares et ponctuels que ceux où elle émaille les interactions dont la finalité est l’atteinte de tel ou tel résultat. Comme l’avait expliqué Malinowski, la fonction de mise en contact (« phatique ») du langage qui s’accompagne de gestes et d’affects, (sorte de communication intercorporelle), et ses fonctions informatives, ne sont pas séparables : ce n’est que quand s’établit une « communion » dont la fonction est « de joindre, mettre ensemble, connecter », par l’intermédiaire d’une parole incarnée, que l’information « passe ».

    Sans coprésence, difficile de « s’engager » (Goffman) dans une interaction sociale. De même, Michel Maffesoli a bien montré l’importance de la fonction tactile dans la communication. Au cours d’un échange, les interlocuteurs associent spontanément l’échange d’information et le fait de vouloir métaphoriquement se toucher.

    « Les cafés, les salons, les boutiques, les lieux quelconques où l’on cause, sont les vraies fabriques du pouvoir »

    Il est donc trompeur d’opposer d’un côté le bavardage, le papotage, la conversation de café, toutes ces occasions où l’on se parle « pour ne rien dire » ; et de l’autre, la communication dite rationnelle, l’échange d’arguments bien pesés, le débat public et scientifique. Or toutes les études portant sur les échanges digitalisés concluent à la perte du phatique au profit d’un informatif qui peine du coup à « passer ». En l’absence d’une certaine dose de small talk et de contact physique, les échanges les plus maîtrisés, les plus utilitaires, perdent en efficacité, voire deviennent incompréhensibles.

    Si des chercheurs du monde entier se rassemblent physiquement dans des lieux concrets, c’est parce que ce qui se passe en face-à-face dans les couloirs et les repas est aussi important, voire plus, que les phases de communication très formalisées et de communication à distance via les articles, les visioconférences et les rapports. Même dans les start-up, face à l’engouement des managers pour le télétravail qui réduit considérablement les coûts, on commence à se demander ce que deviendront les entreprises tech sans leurs légendaires baby-foots, leurs bars à graines et leurs soirées bières.

    Quant à une médecine sans contact, dont les avantages dans la lutte contre les déserts médicaux, les économies de fonctionnement et le recoupement des informations sur les patients, sont plébiscités, est-elle vraiment La Médecine du futur ? La palpation des organes, le secret médical, le contact visuel, l’auscultation, la relation de confiance apaisante si indispensable pour un malade toujours plus ou moins angoissé, l’état de santé forgé dans une coopération étroite entre soignant et soigné qui est au cœur de la philosophie holistique de Hippocrate (dont on se demande quel peut bien être encore le sens du serment fait en son nom), rien de tout cela ne passe à travers les écrans.

    Bien qu’après divers sondages et statistiques big data, nous ayons reçu la bonne nouvelle d’un engouement général pour la communication TIC, des signaux de détresse de plus en plus nombreux commencent à perturber un prétendu consensus initial qui, en période de confinement, s’était établi « faute de mieux ». Non, « le télétravail ne convient pas à tout le monde » : au bout de deux mois, des télétravailleurs expriment un sentiment d’usure, d’inefficacité, de tension, de stress, de burn-out. Les cas de comportements toxiques et de harcèlement de la part d’un responsable qui, derrière son écran, se sent tout puissant, et dont la confiance envers les salariés s’érode, faute du réconfort dont seul le face-à-face est capable, se multiplient.

    Il ne faudrait pas que ça dure. Les « risques psycho sociaux » du télétravail forment un champ d’études appelé à se développer. Si le téléenseignement a rendu de grands services, il a fait aussi de nombreuses victimes. Beaucoup d’élèves et d’étudiants ont décroché, jusqu’à 60 % dans les lycées professionnels ; les professeurs se sont épuisés, parfois en vain, tant la distance qui sépare le cours digitalisé d’une situation de coprésence dans une salle de classe est infranchissable. Les directeurs ont plaidé pour la réouverture, même brève, de leur établissement en juin, au nom de la sociabilité, du plaisir de « retrouver les copains et la Maîtresse », du fait de se revoir et de se dire au revoir avant la grande dispersion de l’été, de l’importance d’un cadre physique pour l’ensemble des membres de la « communauté » scolaire.

    Gabriel Tarde avait fait remarquer qu’afin de régner sans plus rencontrer aucune opposition, il suffirait au pouvoir de supprimer tous les lieux où l’on discute et d’instituer « le mutisme universel. Dans cette hypothèse, le suffrage universel lui-même serait impuissant à rien démolir (…) Les cafés, les salons, les boutiques, les lieux quelconques où l’on cause, sont les vraies fabriques du pouvoir », concluait-il.

    Bien qu’il fut l’un des premiers penseurs de la communication mondiale, Tarde avait plus confiance en la conversation en face-à-face qu’en la lecture simultanée du journal quotidien. Car en l’absence de conversations, les nouvelles du jour habilement tournées peuvent bien enrôler les gens : elles ne peuvent, faute d’être commentées et partagées, accompagner le processus de formation d’une opinion publique véritable, ce qui lui semblait la finalité même de la presse quotidienne dans les pays libres. En contrôlant la presse mais aussi, et en priorité, les libertés de réunion, d’assemblée, d’expression, les petites comme les grandes causeries, les systèmes fascistes leur accordent paradoxalement une importance plus grande que nous autres qui pourrions être prêts, si on n’y prend pas garde, à les sacrifier sur l’autel des technologies de l’information et de la communication.

    Le face-à-face est un écosystème général dans lequel chacun trouve une place et prend place. Faute de face-à-face, les places ne sont pas choisies et négociées mais distribuées et attribuées de manière unilatérale. Dans les queues, les foules et les masses, qui sont les dispositifs des régimes autoritaires et les effets d’une architecture adaptée, le face-à-face n’a pas lieu. Certains administrateurs en connaissent l’importance, eux qui ont démontré qu’en l’absence d’interaction face-à-face, l’engagement et la coopération des individus déclinent.

    Les individus très puissants qui représentent de « grands » intérêts le savent tout aussi bien. Jamais quant à eux ils ne prendraient une décision à distance. Pour négocier un contrat, conclure une alliance, sceller un traité, mener à terme une fusion d’entreprise, faire efficacement pression, les personnes concernées se déplacent, parfois sur une très longue distance, et se mettent autour d’une table où, pour commencer, leur est servi un bon repas.

    L’apologie de la communication virtuelle n’est pas destinée aux gens les plus puissants qui, comme Bill Gates protège ses enfants des écrans, en font un usage limité. Elle est faite pour les masses constituées de générations d’élèves lambda, de salariés dont la rentabilité est toujours en question, d’innombrables patients, de plaignants toujours plus nombreux, d’hommes et de femmes superflus, de gens comme vous et moi, dont les actes de décision ou d’innovation ne comptent guère par rapport à leur comportement de consommateur docile et isolé. De manière insidieuse, c’est le simple plaisir de la compagnie d’autrui, dont tout le reste procède, que le « nuage » des échanges à distance nous retire. À la manière d’une pipe d’opium, il nous embrume l’esprit.
     
    Joëlle Zask
    Philosophe, Professeure de philosophie politique à l’université d’Aix-Marseille

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    Halte au contrôle numérique
    http://resistance-verte.over-blog.com/2021/02/communication-virtuelle-le-nouvel-opium-du-peuple.html

  • ÉCHEC DU CONFINEMENT ET DES VACCINS

    Après nous avoir chanté les vertus des confinements, des autres mesures prétendument sanitaires et des vaccins pendant presque un an, cinq membres du comité scientifique, dont le président, reconnaissent que le confinement est nocif et que les vaccins ne résoudront vraisemblablement pas la crise, voire l’aggraveront !

    http://resistance-verte.over-blog.com/2021/02/echec-du-confinement-et-des-vaccins.html
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  • DES PAYSANS PAS DES MILICIENS DU GRAND CAPITAL

    SÉCURITÉ GLOBALE
    LA FRANCE, PIRE ÉTAT POLICIER D’EUROPE
    AVEC 450 000 FORCES DE RÉPRESSION

    Avec la « Loi de sécurité globale », le Régime policier s’enracine en France. Un chiffre vertigineux : près d’un demi-millions d’agents de contrôle et de répression. Le journal Le Monde dresse ce décompte : « en additionnant les 30 000 policiers municipaux aux 150 000 fonctionnaires de la police nationale et aux 170 000 employés des sociétés privées de sécurité, l’Etat pourrait disposer d’environ 350 000 membres des forces de maintien de l’ordre et de sécurité intérieure, sans compter les 99 000 militaires de la gendarmerie nationale […] l’Etat pourrait avoir à sa disposition répressive, au quotidien, pas loin d’un demi million d’agents du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, soit un potentiel ratio d’environ un fonctionnaire des forces intérieures pour 150 habitants (contre un pour 281 en 2018), la France devenant le premier pays sécuritaire de l’Union européenne. »

    Signe des temps, il y aurait donc plus de miliciens que de paysans en France. Aujourd’hui, le nombre d’agriculteurs est tombé à environ 400.000 personnes selon une étude de L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) d’octobre 2020. Il y a donc plus de personnes payées pour nous contrôler que pour nous nourrir dans un pays mur pour le fascisme.

    Nantes Révoltée
    https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee

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    Source
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/26/loi-securite-globale-la-france-devient-le-premier-pays-securitaire-de-l-unio

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  • ÉCOLOGIE ET THÉORIE DE L’EFFONDREMENT

    Une mouvance de collapsologues s’est imposée dans les milieux écologistes. Le grand spectacle de la destruction de la planète prime sur la pensée critique.

    La théorie de l’effondrement ne propose aucune véritable perspective de changement social et écologique.
 
La destruction de la planète et de l’humanité apparaît comme la principale conséquence de la catastrophe écologique. Le capitalisme devient toujours plus vorace en énergies naturelles et reste obsédé par la croissance. L’extinction de la faune et de la flore ne cesse de s’approfondir chaque jour. Pandémies, épuisement des sols, raréfaction des énergies fossiles, dérèglement climatique, pollution, déforestation ou incendies dessinent une période apocalyptique. Des écologistes et des intellectuels développent alors la théorie de l’effondrement ou la collapsologie.

    Mais la mise en avant de l’urgence écologique occulte d’autres dimensions de la critique sociale. L’exploitation économique et la propriété privée, l’uniformisation marchande et la société consumériste semblent alors secondaires. Raphaël Stevens et Pablo Servigne, collapsologues réputés, insistent sur le danger de l’effondrement pour se donner une légitimité intellectuelle et politique. L’ancien ministre de l’Environnement Yves Cochet date la fin du monde entre 2030 et 2040. La pandémie du covid-19 permet à ces catastrophistes de savourer leur triomphe. Ces théories s’appuient moins sur la réflexion et l’analyse critique que sur un imaginaire de peur et d’émotions fortes.
    Ensuite, les collapsologues ne remettent pas en cause le capitalisme néolibéral. Le documentariste Cyril Dion, qui montre les expérimentations alternatives, n’hésite pas à collaborer avec le gouvernement. Il lance une « Convention citoyenne pour le climat » qui se contente d’émettre des propositions qui n’engagent à rien. Le tout pour accompagner un capitalisme vert. Le succès médiatique de Greta Thunberg dévoile également l’hypocrisie des discours écologistes grandiloquents. La théorie de l’effondrement semble davantage nourrie par les films catastrophes du cinéma hollywoodien. Elle apparaît comme une forme de divertissement plus qu’elle n’alimente un véritable débat de fond.
    Une nouvelle génération se politise autour des questions écologiques. Des étudiants de grandes écoles renoncent au mode de vie de cadre supérieur qui repose sur un système capitaliste de surconsommation. Les collapsologues sont parvenus à diffuser leur discours à travers la force des émotions. Cette prise de conscience écologique doit permettre d’affiner et de radicaliser les analyses. Des mouvements comme les luttes contre les Grands Projets, les Marches pour le climat ou Extinction Rebellion se développent. Même si l’activisme semble primer sur la réflexion critique. Il semble indispensable de penser les objectifs, le sens et la cohérence des diverses actions. Le philosophe Renaud Garcia propose ses réflexions sur cette théorie de l’effondrement dans son livre La collapsologie ou l’écologie mutilée.
 


    ÉCOLOGIE RÉFORMISTE

    L’idéologie de la catastrophe débouche vers un « présentisme ». Des injonctions ignorent le passé et ne se projettent pas dans l’avenir. « Autrement dit, l’expérience angoissante d’un présent perpétuel, dénué d’assise dans le passé, incapable d’ouvrir sur un avenir et pourtant happé constamment par le futur immédiat », précise Renaud Garcia. Aucun projet à long terme n’émerge. Les propositions des collapsologues se limitent à une gestion de la catastrophe sans remise en cause du mode de production capitaliste.

    L’anarchiste Carlos Taibo propose une « transition écologique » qui s’appuie sur l’égalité et la solidarité. Mais son utopie repose sur les certitudes optimistes du progrès. Plus généralement, la catastrophe débouche vers la « résilience », concept à la mode qui permet d’accepter l’inacceptable. La transition écologique portée par les écologistes reste ambiguë. « Elle oscille entre promesse de transformation sociale et adaptation continue à une société entièrement artificialisée », souligne Renaud Garcia.
    La théorie de l’effondrement agite l’angoisse de la fin du monde. Mais elle occulte l’angoisse liée à la civilisation industrielle. L’écologiste Wendell Berry propose une critique du mode de vie urbain, avec le travail, les loisirs, la famille qui ne parviennent pas à donner un sens à la vie. Il évoque « l’expérience de la vacuité au sein de l’abondance frelatée, une forme de pauvreté modernisée où le standard de vie se paie d’une dépendance intégrale à une gigantesque machinerie », décrit Renaud Garcia.
 
Une mouvance écosocialiste tente de noyauter les marches pour le climat sous la bannière de l’anticapitalisme. Leur discours se contente de dénoncer l’oligarchie et la mauvaise répartition des richesses. Anselm Jappe attaque ce discours qui veut se contenter d’aménager le capitalisme. Au contraire, il insiste sur la nécessaire remise en cause de la logique du capital avec sa dimension autodestructrice. La recherche constante du profit et l’accumulation de la valeur mènent la société humaine à sa perte.
    Les collapsologues évoquent peu la critique de l’aliénation numérique et les réseaux sociaux qui participent à l’effondrement des relations sociales et intimes. De plus, Internet et le capitalisme technologique participent fortement à la consommation d’électricité. Au contraire, les collapsologues s’appuient sur la diffusion de vidéos chocs sur les réseaux sociaux, accompagnées de grotesques pétitions en ligne.
 
Néanmoins, certains collapsologues interrogent les besoins, les modes de vie et les mécanismes de l’aliénation marchande. Pourtant, ils évoquent une transition écologique après la catastrophe plutôt que de lutter pour changer de société dès maintenant. Ainsi, « des formes actives de "transition" sont placées après l’effondrement envisagé, qu’elles revêtent une forme subie et non choisie, alors qu’œuvrent d’ores et déjà nombre de personnes qui tiennent pour essentiel de commencer à se détacher du règne de l’abstraction marchande », souligne Renaud Garcia.
    Mais la question sociale devient l’angle mort de l’écologie. Un décroissant comme Vincent Mignero insiste sur la nécessité de vivre dans la misère pour préserver la planète. Il va jusqu’à dénoncer les luttes sociales qui améliorent les conditions matérielles. Il se contente donc de se soumettre au désastre écologique et social pour mieux préparer sa petite survie individuelle.

    ÉMOTIONS CONTRE LA RÉVOLTE 


    La collapsologie se confond avec le survivalisme. J.G.Ballard propose des romans de science fiction qui décrivent un monde post-apocalyptique avec une bourgeoisie retranchée dans un monde sous contrôle. Le romancier parvient bien à décrire les tendances de la société moderne. Yves Cochet, avec sa retraite de ministre, se réfugie dans une maison à la campagne pour faire l’apologie du survivalisme. Tant pis pour les prolétaires qui n’ont pas les moyens de se payer une retraite à la campagne. Au contraire, l’anarchiste Pierre Kropotkine valorise l’entraide contre toute forme de darwinisme social.

    Une partie de la haute-bourgeoisie s’inscrit dans une démarche survivaliste avec achats de bunkers anti-atomiques. Cette approche individualiste révèle que la guerre de tous contre tous est déjà-là. La survie n’est pas un horizon à célébrer. « Nous devons créer une société écologique – non simplement parce qu’elle est souhaitable mais parce qu’elle est tragiquement nécessaire. Il nous faut commencer à vivre si nous voulons survivre », indique Murray Bookchin.
 
La collapsologie privilégie les émotions, les sentiments et les récits plutôt que la réflexion critique. Ce courant vise donc à séparer la raison de l’émotion. Ce qui correspond à la séparation entre le travail et le plaisir valorisée dans la société capitaliste. « Or, le problème est que la dichotomie entre la raison froide et la sphère chaude du sentiment reproduit, à l’intérieur du sujet, la structure de la société industrielle, qui segmente la vie entre la contrainte au travail d’un côté, et le temps d’épanouissement personnel hors travail de l’autre », observe Renaud Garcia. La discipline du travail impose cette séparation entre la rationalisation et la sphère des sentiments.
    Dans la revue Yggdrasil, référence des collapsologues, la magie, la nature, la spiritualité, la communication animale et autres délires priment sur l’analyse critique du monde industriel. « Réflexologie sexuelle issue du Tantra, sacralisation de la pureté de l’enfance, danses rituelles, magie : rien n’est épargné au lecteur. Lorsque la réalité perd tout sens ou contenu objectif, on s’efforce de lui en redonner par la magie », ironise Renaud Garcia.
 
La collapsologie colporte une idéologie New Age qui vise à se relier à la Terre. Des communautés alternatives et non-violentes multiplient les ateliers pour se racheter une conscience planétaire. Cette démarche rejoint l’impasse du mouvement hippie. Theodor Roszak, dès les années 1960, a théorisé ces nouvelles communautés. « Elles aussi s’efforçaient, pêle-mêle de faire vivre un habitat partagé, de suivre un régime végétarien, de pratiquer le yoga, de monter une coopérative ou d’imiter la vie du Christ », rappelle Renaud Garcia. Mais ces communautés remplacent le désir d’une vie humaine libre par l’attente morbide de l’effondrement. La collapsologie dévitalise l’utopie de la contre-culture et de Theodor Roszak au profit d’un encadrement thérapeutique des émotions.
    Le catastrophisme débouche vers l’adaptation et la résignation, plutôt que vers la lutte. « Mais l’adaptation peut prendre une forme passive, celle de l’acceptation par la méditation d’un destin sur lequel nous n’avons pas de prise », observe Renaud Garcia. La collapsologie valorise le deuil et l’acceptation de l’effondrement plutôt que la révolte. Le désespoir apparaît comme le seul horizon. « Ni le discours, ni les pratiques n’auront la même teneur, selon qu’ils s’enracinent dans une perspective thérapeutique ou dans une perspective révoltée », souligne Renaud Garcia.
 


    LIMITES DE L’IDÉOLOGIE ÉCOLOGISTE 
 


    Renaud Garcia propose une critique percutante de la collapsologie. Après avoir écorné la mode postmoderne dans son Désert de la critique, il s’attaque à une autre idéologie particulièrement en vogue dans les milieux intellectuels et militants. La collapsologie dispose également de puissants relais médiatiques avec ses figures intellectuelles, comme Paolo Servigne ou Yves Cochet, et surtout son imaginaire de films catastrophe.

    Renaud Garcia adopte une critique plutôt bienveillante de la collapsologie. Il manifeste une profonde sympathie pour les mouvements écologistes. Il observe que la théorie de l’effondrement révèle un goût pour la pensée critique et même un désir d’agir sur le terrain écologiste. Plutôt de balayer la collapsologie dans un ricanement hautain, il décide de s’adresser aux nouveaux militants tentés par cette idéologie pour en montrer les impasses d’un point de vue écologiste.
    Il propose plusieurs critiques fortes. La première, reprise dans le titre, reste celle de la pensée mutilée. La collapsologie apparaît comme une vision étroite du monde qui ne permet pas une analyse globale de la situation. Les collapsologues évoquent la fin du monde, mais jamais la fin du capitalisme. Ils n’évoquent qu’un seul aspect de l’écologie, le plus spectaculaire, avec la destruction de la planète. Ils n’évoquent pas l’artificialisation des modes de vie. Surtout, ils ne remettent pas en cause l’exploitation et l’aliénation marchande. Les rapports sociaux de classe et les diverses hiérarchies qui fondent le monde capitaliste sont niés.
    L’autre critique forte, c’est celle de l’émotion qui prime sur l’action. La collapsologie laisse place à une sidération qui ne permet pas de s’organiser pour lutter. L’imaginaire de films catastrophe nourrit la peur de la fin du monde. Si Renaud Garcia moque la spiritualité néo-hippie, il prend en compte la force de l’imaginaire. Mais, là encore, il refuse de se cantonner à la niche du catastrophisme. Son imaginaire, c’est celui de la science-fiction et notamment des romans cyber-punk. Cette littérature permet d’observer les tendances de la société moderne pour imaginer un futur proche. Elle permet de comprendre la société de surveillance et les horreurs de la société marchande. Cet imaginaire ne provoque pas uniquement de la sidération, mais surtout de la réflexion.
    Les perspectives de luttes restent le grand point mort de la collapsologie. Les alternatives néo-hippies à la Cyril Dion ou le sauve-qui-peut égoïste d’Yves Cochet sont érigés en solutions miracles. La collapsologie ne favorise pas la solidarité et encore moins l’action collective. Face à la catastrophe, les collapsologues veulent avant tout survivre. Pourtant, il semble plus pertinent de remettre en cause le mode de production capitaliste avant la destruction de la planète. Surtout, le désir d’une vie épanouie doit primer sur le survivalisme morbide.
    Renaud Garcia adopte une idéologie décroissante qui émousse sa critique. Il s’inscrit dans la filiation de l’écologie chrétienne avec la sainte trinité Illich, Ellul, Charbonneau. Ces auteurs peuvent proposer de bonnes critiques du monde moderne. Mais deux travers dévoilent toutes leurs limites. Ces chrétiens se vautrent dans la vieille posture réactionnaire. Face à la modernité et le progrès technique, il faut retourner à un mode de vie rural et archaïque. Un purisme décroissant condamne le mode de vie individuel, comme les jeunes écolos qui utilisent les réseaux sociaux, plutôt que de remettre en cause l’ordre existant.
    Ensuite, ces pasteurs de la décroissance baignent dans une spiritualité qui n’a rien à envier à celle des collapsologues. Cette approche religieuse n’ouvre aucune véritable perspective en dehors du retour à l’austérité monastique et au puritanisme protestant. Au mieux, le changement provient de l’espérance plutôt que de l’action collective. C’est sans doute la plus grande limite du livre de Renaud Garcia de ne proposer aucune piste de lutte. Sa critique se cantonne au domaine intellectuel. Pourtant, la jeunesse qui se tourne vers l’écologie montre son désir d’action. L’écologie doit être critiquée comme une spécialité de plus dans le magasin de la contestation politique. Face à l’exploitation et à l’aliénation, c’est une lutte globale qui semble important d’engager. Renaud Garcia évoque les Gilets jaunes. C’est sans doute la grande force de ce mouvement que de proposer une perspective globale, contre toutes les critiques spécialisées.

    Source : Renaud Garcia, La collapsologie ou l’écologie mutilée

    http://www.zones-subversives.com/2021/02/ecologie-et-theorie-de-l-effondrement.html
    Le 18 Février 2021
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  • FIN DE L’ÉPIDÉMIE
    Bulletin hebdomadaire du réseau Sentinelles du 17 février 2021

    Les bulletins hebdomadaires reprennent l’ensemble des données de surveillance (ambulatoire et hospitalière) de la COVID-19 et de la grippe.

    Cette surveillance réalisée en collaboration avec Santé publique France, le Centre National de Référence des infections respiratoires (Institut Pasteur et Hospices civils de Lyon) et l’Université de Corse, permet de suivre l’évolution de la pandémie de COVID-19, ainsi que les épidémies dues aux autres virus respiratoires (grippe, VRS, rhinovirus et métapneumovirus notamment).

    Actuellement, 774 médecins participent à l’activité de surveillance continue (700 généralistes et 74 pédiatres libéraux), permettant la réalisation des bulletins hebdomadaires.

    https://www.sentiweb.fr
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    • Il s’agit des cas de covid vus en consultation chez un médecin généraliste.

      Ce n’est clairement pas là que les choses se passent : pour indication, le taux d’incidence de la covid-19 qu’ils calculent est de 3,8%, soit 1 cas sur les 26 tests effectués pendant la semaine du 8 au 14/02/2021.

      Sans surprise, les mécanismes de propagation étant les mêmes, la carte pour cette même semaine 6 pour les IRA (infections respiratoires aiguës, dont la covid représente pour eux une très faible part) coïncide bien avec ce que remontent les indicateurs covid de SPF : Metz et Nice.

  • LES NOUVEAUX CAS ONT CHUTÉ DE 16% SELON L’OMS

    Le nombre de contaminations dans le monde a diminué pour la cinquième semaine consécutive. Il représente désormais la moitié des cinq millions de nouveaux cas enregistrés dans la semaine du 4 janvier.

    Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 signalés dans le monde a chuté de 16% la semaine dernière, pour atteindre 2,7 millions, a annoncé mardi 16 février au soir l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le nombre de nouveaux décès signalés a également diminué de 10% par rapport à la semaine précédente, atteignant 81.000, selon la mise à jour épidémiologique hebdomadaire de l’OMS, basée sur les données jusqu’à dimanche.

    Cinq des six régions du monde prises en compte par l’OMS ont signalé une baisse à deux chiffres du nombre de nouveaux cas, seule la Méditerranée orientale affichant une hausse, de 7%. Le nombre de nouveaux cas a chuté de 20% la semaine dernière en Afrique et dans le Pacifique occidental, de 18% en Europe, de 16% sur le continent Américain et de 13% en Asie du Sud-Est.

    Par Le Figaro avec AFP
    https://www.lefigaro.fr/sciences/les-nouveaux-cas-de-covid-19-ont-chute-de-16-selon-l-oms-20210217

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  • APPEL AUX ÉTUDIANTS & PROFESSEURS
POUR LA CRÉATION DE COLLECTIFS AUTONOMES
UNIVERSITAIRES

    « AMIS ! Quittez au plus vite ce monde condamné à la destruction. Quittez ces universités, ces académies, ces écoles dont on vous chasse maintenant, et dans lesquelles on n’a jamais cherché qu’à vous séparer du peuple. Allez dans le peuple. Là doit être votre carrière, votre vie, votre science. […] Et rappelez-vous bien, frères, que la jeunesse lettrée ne doit être ni le maître, ni le protecteur, ni le bienfaiteur, ni le dictateur du peuple, mais seulement l’accoucheur de son émancipation spontanée, l’unisseur et l’organisateur des efforts et de toutes les forces populaires. Ne vous souciez pas en ce moment de la science au nom de laquelle on voudrait vous lier, vous châtier. Cette science officielle doit périr avec le monde qu’elle exprime et qu’elle sert ; et à sa place, une science nouvelle, rationnelle et vivante, surgira, après la victoire du peuple, des profondeurs mêmes de la vie populaire déchaînée. »
    Mikhaïl Bakounine, « Quelques paroles à mes jeunes frères en Russie », (mai 1869 – in Le socialisme libertaire, Denoël, 1972, pp. 210-211)

    « Survivre, mouvement ouvert à tous, se veut un instrument pour la lutte en commun des scientifiques avec les masses, pour notre survie […] Il semble que Survivre soit le premier effort systématique fait pour rapprocher, dans un combat commun, les scientifiques des couches les plus variées de la population »
    Marc Atteia, Alexandre Grothendieck, Daniel Lautié, Jérôme Manuceau, Michel Mendès-France et Patrick Wucher. Extrait de « Pourquoi encore un autre mouvement » in Survivre n° 2/3 septembre-octobre 1970.

    
CONSIDÉRANT l’hégémonie prise par la techno-science dans l’ensemble de la société industrielle dans les domaines du savoir/pouvoir et sa fâcheuse tendance à développer des applications technologiques mortifères (modification du vivant, nanotechnologies, ville intelligente, smart-bidule, nucléaire, etc.) et des dispositifs politiques de contrôle/contrainte (reconnaissances faciales, drones, fichage généralisé, etc.)

    CONSIDÉRANT que c’est au sein de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), dans les universités, les écoles d’ingénieurs, les instituts de recherche comme le CEA et le CNRS, qu’est née et se développe actuellement cette techno-science.

    CONSIDÉRANT alors la responsabilité des chercheurs, professeurs et ingénieurs ainsi que des experts, techniciens et cadres administratifs dans cette avalanche de désastre techno-scientifique.

    CONSIDÉRANT que, depuis la fin des années 70 et la restructuration de l’économie capitaliste vers le « pouvoir dormant du savoir scientifique » (general intellect), la techno-science en tant que cadre de pensée et de production du savoir est intriquée de fait au capitalisme dans une structure triangulaire (science-industrie-armée), et qu’il convient alors de parler de « techno-capitalisme ».

    CONSIDÉRANT ce qu’il faut bien appeler à partir des années 90 une « révolution informatique » dans la production capitaliste, puis dans la production de la vie quotidienne réifiée. Et, CONSIDÉRANT que cette « révolution » est l’un des domaines-socles de la techno-science.

    CONSIDÉRANT le virage techno-totalitaire des États du capitalisme de sommet (Chine, USA, Europe) ces cinq dernières années comme matérialisation concrète et politique d’un des sous-domaines de la techno-science : la cybernétique.

    Et, CONSIDÉRANT que les « régimes d’exceptions » institutionnalisés et imposés successivement ne sont réalisables qu’à l’aide de cette science.

    CONSIDÉRANT la politique opportuniste médiatico-virale ou médiatico-terroriste de l’État pour imposer dans un laps de temps long, des privations de liberté, permettant de dissoudre les foyers de contestations des classes intermédiaires et pauvres tout en ayant le rôle du « sauveur ».

    ENFIN CONSIDÉRANT la fermeture totale des universités comme résultante de cette politique anti-subversive (les prépas, le Secondaire et les Grandes Écoles restant ouvertes).

    
Nous lançons un

    APPEL À LA FORMATION, DANS LES UNIVERSITÉS ET EN LEURS POURTOURS, DE COLLECTIFS COMBATIFS ET AUTONOMES DES INSTANCES UNIVERSITAIRES, à vocation d’émancipation, de critique sociale et d’organisation sur le long-terme.

    
PROPOSITIONS

    Croyez-vous que les nouveaux déserts silencieux et bétonnés, places fortes des « humanités numériques » et du suicide en vie digitale, nommés encore abusivement « Universités », puissent un jour redevenir des foyers de contestation, vivant et révolutionnaire ?

    Nous vivons paradoxalement une séquence historique à ne pas manquer pour qui souhaite revoir fleurir des foyers de contestations radicales et de pensées critiques chez la petite bourgeoisie universitaire. En effet, sans être nostalgiques du mai de l’année 1968 ou de la séquence de révolte étudiante entre 2006-2010, mais en envisageant froidement et structurellement ces espaces où la jeunesse-qui-a-le-temps-et-les-moyens réfléchit à sa condition et à la société qui la produit, les universités pourraient rapidement devenir des lieux remettant en cause l’ordre qu’elles génèrent.

    On pourrait penser que le gouvernement Macron a fait ce que tout bon anarchiste souhaiterait réaliser : fermer ce haut lieu de « la reproduction sociale des élites » qu’est l’Université. Cette vision, du reste assez périmée, relève d’une grande méprise : nonobstant son rôle mineur pour la formation des élites (prenez plutôt l’ENA, l’X, l’ENS, l’HEC… et Science Po Paris à la rigueur, si vous voulez voir des élites), la fermeture complète des facs en plein mouvement combo en mars 2020 (réforme des retraites & LPPR) n’est absolument pas la fin de l’Université. Cette période signe plutôt l’achèvement de sa mutation profonde. La stratégie gouvernementale française, suivant les processus néolibéraux européens amorcés en 2002 par la normalisation des diplômes (système LMD et ECTS), est la mise en place de l’Université-entreprise comme « grande marque », capable de vendre et de se faire vendre à l’export’. Une université concurrentielle pratiquant le toyotisme (pas de stockage d’étudiants), le numérique en plus.

    Le « processus de Bologne » permet à la France de finir le travail de sape de normalisation de « l’usine automatisée à cerveau » amorcé dans les années 60-70 par le pouvoir gaulliste-pompidouiste (notamment avec le principe d’autonomisation évoqué au colloque de Caen en 1966, la Loi Faure en 1968 et l’apparition du DEUG en 1973, ainsi que la création, à cette époque, des IUT, DUT, BTS). Cette refonte globale, basée sur le modèle des facs américaines, s’agrémente aujourd’hui d’un management tout bruxellois. Le modèle de l’Université Nouvelle ne doit plus s’embarrasser des étudiants « surnuméraires », de celles et ceux venus sur les vertes pelouses du Savoir pour goûter aux délices du questionnement philosophique ou pour s’initier aux rudes catégories de la sociologie politique avant de finir dans une fin de parcours de psycho (et potentiellement, le cas échéant, sur une ZAD ou dans un squat). Efficacité, sélection et transfert des cerveaux, pardon « recrutement sur le marché du travail », sont les maîtres mots, dans un flux tendu où il ne s’agit plus de passer son DEUG en 4 ans et sa thèse en 6 ! Pas besoin ici de retracer la séquence complète de la néolibéralisation de l’ESR, d’autres textes le font très bien (voir les matériaux en fin de texte).

    Ce qui est important de noter toutefois, c’est que cette dernière phase de modernisation que l’on observe depuis une décennie, est un double mouvement de digitalisation radicale (1) de l’Enseignement Supérieur (notamment avec le programme France Universités Numériques) permettant une précarisation immédiate des salariés et une future réduction drastique de la masse salariale (le confinement des universitaires est une fenêtre de tir inouïe pour parfaire cette stratégie). En même temps cette phase est la structuration finale de ce que les technocrates nomment le New Public Management (2) : un réaménagement total des instances universitaires, leurs rapprochements des marchés et des industrielles permettant de nouvelles sources de financements (fondations, partenariats-public-privé, masters privés) et une fluidité des capitaux, la fusion-concentration des directions, la formation de pôles spécifiques de recherche via les emprunts IDEX I et IDEX II, et leur mise en compétition. Cette phase de digitalisation/concentration (1) + (2), permet de diluer le nouveau « principe d’université » (si cher à Plínio Prado) fondamentalement technocratique dans sa forme et techno-scientifique dans son fond, dans tout le Réseau Technologique global (à la fois l’internet et le « market place ») : ainsi va de la « déterritorialisation » de l’enseignement via les annexes pauvres des facs, disséminées en villes moyennes mais sous tutorat des grands pôles, et du télétravail, pardon « distanciel », comme but ultime de l’apprentissage ; ainsi va de la fin annoncée des UFR ; ainsi va de la fin des livres et des BU ; ainsi va de la fin de ce service public remplacé comme tous les autres par des annexes du Grand Serveur qu’est « l’État-réseau » (Temps Critiques) avec ses terminaux de PC conviviaux… Il faut voir cette restructuration de l’ESR comme une guerre. Une guerre commerciale, rien à voir avec celle des tranchées, statique et déclarée mais plutôt comme une guerre froide où par exemple les nanotechnologies grenobloises de Minatec doivent battre les nanos de Palo Alto, avec l’aide de brevet indien ; où la robotique toulousaine du LAAS, alliée à tel géant de l’aéronautique doit surpasser la robotique de tel institut chinois, etc.

    Cette mutation des universités n’a rien d’étonnant à qui s’intéresse de près aux mutations à l’œuvre dans l’ensemble des pays du sommet capitaliste, ce que Temps Critiques nomme « société capitalisée » (État-réseaux, fluidité des infrastructures capitalistes grâce à l’outil informatique, globalisation des rapports de production…) Pour les séides de cette « révolution du capital », il était urgent de mettre les bouchées doubles sur les universités qui accusées un retard « réactionnaire » par rapport aux autres structures d’enseignement vues comme modèles de formation à la française (Grandes Écoles, Polytech, prépa). Il faut dire qu’il y reste encore des foyers de contestations en sociologie, en histoire et en philosophie, où la séparation n’est pas encore bien aboutie et où l’on a pu voir des étudiants mettre en pratique sur des barricades et dans des occup’, les leçons apprissent la veille. Gageons que le « distanciel », imposant de fait la séparation avec la vie réelle, finira le sale boulot.
    En éclaircissant ce que ce « libéralisme autoritaire » (Chamayou) produit sur les universités, il est à remarquer deux types de mutations complémentaires : une mutation économique issue des directives néolibérales européenne et un accroissement fulgurant du sécuritaire universitaire, c’est-à-dire une pensée politique de l’« anti-subversion ».
    Sans y voir un calque à une échelle plus petite, des modèles de contre-insurrection visant à imposer le « marché- libre » en Amérique latine, ce que Naomie Klein nomme « Stratégie du choc » mais que les militaires de l’époque nommaient « doctrine de la sécurité nationale », les doublets macronistes lois néolibérales/lois sécuritaires en période de guerre sanitaire en ont tout de même l’accent. L’augmentation de la puissance policière de notre « sécurité globale » et la judiciarisation à outrance des formes radicales de confrontation en plein état d’urgence, n’est pas fortuit (même si le cheval de Troie de la LPPR sur la criminalisation des perturbations de CA de fac et des occup’ n’est pas passé, l’intention est là, et ce type de mesures passera tôt ou tard si rien n’est fait). Un certain opportunisme guide nos dirigeants qui craignent de voir poindre un petit mouvement de derrière les fagots qui pourrait allier le Jaune des classes paupérisées au Noir de la petite bourgeoisie rageuse, qui sait ?

    Cette montée aiguë du sécuritaire fait suite, dans les facs, à une augmentation constante du sécuritaire universitaire depuis plus d’une dizaine d’années : annulation de la fameuse « franchise universitaire » et entrée massive des flics dans les facs, vigiles en nombre, caméra et sas de détection, biométrie, fermetures administratives préventives, judiciarisation des actions étudiantes, attaques des syndicats étudiants et des collectifs autonomes, etc.

    Ces mesures sont à mettre en parallèle de la complète ouverture des universités aux marchés : loi d’homogénéisation européenne (LMD, 2004), mise en place des appels à projets pour la recherche publique (ANR, 2005), loi de concentration et de concurrence des pôles universitaires (LRU, examinée « à la hussarde » à l’été 2008 et c’est une première à l’époque), loi de dérégulation du marché du travail (loi Travail 2016, resucée du CPE), loi de sélection, vieux rêve gaulliste (Parcours Sup, 2018) et loi managériale (LPPR, 2020). Ce double volet, maintenant assez classique en politique capitaliste, permet d’enserrer de plus en plus la jeunesse qui y étudie dans des nœuds économico-répressifs ultra tenues, sans possibilité de sortie du cadre, ni de se rebeller, la précarisation en plus.

    Se surajoute à la solution « chocale » (état d’urgence) et brutale (sécurité globale), la tactique rampante de l’école néolibérale britannique des « micropolitics ». Pas celles des intellos deuleuzien, non, l’expression est reprise aux philosophes français par l’économiste écossais Madsen Pirie et son groupe de Saint Andrews, comme une série de méthodes « douces » visant à « […] générer des circonstances dans lesquelles les individus seront motivés à préférer et à embrasser l’alternative de l’offre privée, et dans laquelle les gens prendront individuellement et volontairement des décisions dont l’effet cumulatif sera de faire advenir l’état de chose désirée. » (Dismanting the State : The Theory and Practice of Privatisation, traduit par Grégoire Chamayou dans La société ingouvernable, 2019).

    On se doute bien qu’ici, le but recherché, n’est pas la Commune Libre, mais plutôt une sorte de dystopie orwellienne libérale où dans celle-ci, a contrario des dictatures classiques, ce n’est pas la liberté et l’autonomie politique en tant que telles qui sont attaquées et dissoutes, mais les cadres de légitimité et de mise en place où celles-ci s’exercent. Par un jeu de grignotage de certains verrous législatifs, coutumiers, et moraux, grignotages vus comme « bataille-cliquet » (école autrichienne ultra-libérale Hayek, Higgs) subrepticement gagnés et propres à chaque « secteur » de l’activité humaine, se réalise le remplissage des énergies dissolvantes du capital dans toutes les stances de la vie quotidienne. Toute remise en question a posteriori est jugée vaine puisque « irréaliste » et « plus d’actualité ». De plus en plus de nouveaux choix, dans le monde de l’entreprise ou de la vie quotidienne sont plébiscités comme « nouvelles libertés » alors qu’ils sont la dissolution parfaite du choix politique dans le régime de la consommation-citoyenneté. Pour exemple de cette « technologie politique », on peut citer les nouveaux régimes de retraites où le choix est laissé individuellement au travailleur de partir avant le nouvel âge légal et de cotiser dans des fonds de pension s’il souhaite toucher plus d’argent. À l’université, les micropolitics se traduisent par exemple dans le faux choix entre « des formations d’excellences favorisant l’interdisciplinarité et les pédagogies innovantes » (Pub de l’UGA) et les filières massacrées des anciennes humanités non récupérables pour le capital (Latin, Grecs…). Où bien encore on peut citer la promotion de « l’autonomie » des facultés (LRU) alors que, depuis 20 ans, le processus de Bologne pousse à l’inverse.

    Cet achèvement époquale est aussi, comme toute mutation structurelle, un moment de fragilité du statu quo démocratique et donc, un moment délicat pour les structures politico-économiques. En reprenant la métaphore de l’insecte chère à l’économiste libéral Walter Rostow évoquant les mutations économico-politiques d’ampleur des sociétés capitalisées, c’est au moment des « mues », quand toute l’énergie est dirigée vers le changement de forme, que l’organisme est le plus vulnérable.

    En ce qui concerne le monde universitaire, la jeunesse-qui-s’oublie dans ces clapiers de 9m2 ou rentrée chez papa-maman pour télétravailler, en tout cas seule devant un écran, peut maintenant prendre le temps de se poser les questions métaphysiques du sens de la vie et des études. Elle bouillonne ! Elle fulmine ! Cette jeunesse, à tourner en rond dans sa cage écranique en attendant que ses lieux d’étude – nonobstant qu’ils sont aussi ses lieux de socialisation – ne réouvrent. Et si ça tarde trop le gouvernement sera content de leur trouver d’autres occupations forcément « éthiques » et « solidaires » en « servant la France » par exemple dans des travaux forcés dit « d’intérêt général » (aller nettoyer notre merde sur les plages ou ailleurs, ça vous passera l’envie de vous rebeller !) Ou alors le gouvernement tente le coup en traître de l’endormissement à peu de frais. Le genre de promesses mesquines des quelques miettes pécuniaires de la « revalorisation du pouvoir d’achat » des bourses etc., et dont cette saloperie condescendante du 1 € la soupe au RU en est le summum… espérons juste, qu’après tout cela, la petite pilule bleu (#Youtube,#Netflix) n’achève pas l’élan vital.

    « Lasciate ogni autonomia voi che entrate ! »

    Mais la Puissance, prise de cours et mettant toute l’énergie dans sa « mue » (les câbles et les antennes à relier, les programmes à formater, les failles du consensus à reboucher, etc.), la jeunesse dispose encore de quelques marges de manœuvre avant que son énergie soit pokeballisée de nouveau : voyez, les manifs qui reprennent de plus belle, avec les soirées interlopes et les free party, ces mouvements se mélangeant allègrement dans des lieux impromptus − parcs, hangars, terrains vagues −, sortes de « trous positifs » (Bureau d’urbanisme unitaire) où la négativité d’un rejet total de la société (se terminant souvent par de la confrontation avec les forces de l’ordre) voisine avec des pratiques créatrices : cantines populaires et vins chauds, spectacles de feu, pantomimes & clowneries, tracts, affiches, banderoles. Et là aussi les questionnements et les débats vont bon train concernant le sens à donner à cette vie qui reste confinée aux exigences économiques. La vitalité ensauvagée de la jeunesse ne peut se laisser cloisonner, et les failles sont encore nombreuses où, face à ce mur sanitaire, les élans des lycéens, étudiants et précaires débordent les assommantes punitions de papa-État.

    Les technocrates n’ont bien sûr pas que ça a faire ! Rivés devant les courbes et les paroles d’experts (le pouvoir décomposé qui se fige dans ses propres prérogatives économiques et électoralistes), ils mènent le combat historique face aux virus et surtout face à l’opinion publique. Et pendant que les flics désespèrent dans leur rôle de pervenches sanitaires (en attendant la création de « brigade sanitaires citoyenne » sur le modèle des voisins vigilants), il y a tout un monde en ébullition qui trépigne sous le masque civique du « sanitairement correct ». La société virale a beau être devant nous, les convulsions historiques ne sont pas prêtes (encore) de s’arrêter.

    Et c’est là que la question de la reprise en main des vies cloisonnées croise la critique acerbe de notre monde hautement technifié. Cela fait des années que certains collectifs crient au loup à tout-va à chaque saut technologique et sécuritaire. Sur ce, la mise en branle de collectifs et associations comme la Quadrature du Net ou Écran Total et la mise en mouvement d’idées technocritiques dans des manifs et des actions aussi diverses que contre les compteurs communicants ou le puçage des animaux, l’informatisation des bibliothèques et des CAF, permet un changement de paradigme dans la contestation vieillie portant sur « les moyens de production ».
    L’art de la critique reprend de la vigueur dans de nombreux collectifs se permettant au passage d’éditer textes, brochures, tribunes et livres. Sans compter la critique en acte, sabotages populaires de symboles de la technocratie (antennes, transformateurs, véhicules…) qui ponctue, çà et là, le quotidien morose du citoyen propre & connectée, de quelques « coupures » salutaires lui rappelant ainsi la fragilité du Progrès dignement acquit.

    C’est au croisement de toutes ces énergies aux potentialités révolutionnaires nouvelles, dans un vide tellurique, qu’il est opportun de créer des contre-lieux à l’université et ailleurs, où puissent s’y retrouver (et s’y perdre) cette vitalité.
    Dans cette période bascule, qui projette l’entièreté des relations humaines vers les fils canoniques du réseau technologique, l’ouverture de lieux pirates, où le lien réel peut se faire librement, devient la plus haute des subversions.

    Qu’ils restent cachés à l’abri des regards ou magistralement exposés comme acte d’autonomie politique (voyez cette prof de philo à Rennes qui donne des cours magistraux « interdits »), ces espaces-temps hors des temporalités virales du negotium contemporain (confinement/couvre- feux/état d’urgence/boulot/métro/chimio) sont des bases où les énergies subversives peuvent se rallier et se choyer. C’est avant tout ce genre d’initiative qu’il s’agit maintenant de renforcer ou de recréer de toute pièce, à l’intérieur des facs et sur leurs pourtours. Maintenant qu’il n’y a plus rien, c’est le moment opportun de tout faire !

    Un local associatif moribond ?, un amphi sinistre ?, une salle de TD dont on détient la clé ? un hangar désaffecté ? Même un banc abrité… De la plus petite faille dans les murs du consensus, où l’on puisse se nicher à plusieurs, quelque chose de neuf, quelque chose de l’ordre de la décence humaine, peut reprendre vie et s’expandre. Sans mensonge ni tactique partisane, il y sera salutaire d’y faire naître quelques idées nobles, ici exposées sous forme de mots-clés, aux champs interprétatifs ouverts, afin que ni les puissants, ni la propagande, ni la scélératesse vision-du-monde-actuelle (Weltanschauung), n’y puissent dominer et ceci faisant, à l’occasion de rencontre, y faire mûrir des luttes, dans de multiples, divers et non-linéaire direction. Et sache, fantôme étudiant, qu’il existe tout un Inter-monde, entre la froidure de tes amphis serviles et la chaleur bientôt suffocante des data centers qui remplissent en ce moment les écrans de ta vie, maintenant si souvent connectée.

    CRITIQUE RADICALE : La pensée critique n’est pas une sorte de posture de l’esprit, de méfiance et d’arrogance qu’il s’agirait de faire advenir dans la tête de l’étudiant et celles de ses cotumes. C’est avant tout des méthodes et techniques théoriques et pratiques qu’il faut transmettre et (ré)apprendre à se servir (enquêtes critiques, dialectique, historicisation, curiosité & précisions dans la théorie, matérialisme radical, démystification, irrévérence envers les lieux communs, les doxas et le politiquement correct, retour incessant entre la théorie et la pratique, critique en acte, confrontation, dialogue véritable et langage nouveau) « Et critiquer (avant de connoter quelque chose de négatif, le reproche ou le blâme), c’est d’abord cela : examiner, trier, nuancer (gr. tekhnè diakritikè : l’art de distinguer), passer au crible fin, en toute indépendance, telle ou telle opinion ou proposition ; rechercher les présuppositions qui s’y trouvent impliquées, y discerner ce qu’elle a de nécessaire ou légitime et ce qu’elle a d’arbitraire ». (Plínio Prado, Le principe d’université, pp. 14-15)

    OUVERTURE : Ce genre de lieu, pour ne pas péricliter, doit faire preuve de la plus grande ouverture possible. Dans un double mouvement d’enrichissement d’énergies les plus diverses possibles et de reflux vers d’autres sphères non-universitaires, cette respiration est un gage que la critique se surpasse en permanence. Cependant que l’ouverture ne signifie pas naïveté politique, à bon entendeur…

    COMMUNICATION : « La question de la communication d’une théorie en formation aux courants radicaux eux-mêmes en formation (communication qui ne saurait être unilatérale) tient à la fois de “l’expérience politique” (l’organisation, la répression) et de l’expression formelle du langage (de la critique du dictionnaire à l’emploi du livre, du tract, d’une revue, du cinéma, et de la parole dans la vie quotidienne) » (extrait du « Rapport de Guy Debord à la VIIe Conférence de l’I.S. à Paris », juillet 1966.)

    ACTION : Il est peut-être d’une évidence toute folle aujourd’hui, dans cette ère de la passivité généralisée et de la mise en avant du « symbolique », de souligner que la critique n’est pas seulement la distinction des choses et le dévoilement de leur inter-relation, mais bien plus leur combat dans ce qui paraît être la mise en acte d’une théorie, sa concrétion. Ainsi toute critique véritable contient en elle le sens de la négation.

    ACRATIE : Critiquer le pouvoir comme sujet abstrait ne suffit pas. Il est nécessaire pour que ces lieux ne dépérissent pas en groupuscules ultra-gauchistes ou en vitrine subversive de l’institution (cf. Vincennes), qu’ils s’inscrivent dans le dénuement de puissance. En se mettant dans une optique de ne pas chercher les rapports de pouvoir (pas de hiérarchie, pas d’individualisation des tâches, pas de grosses structures et de financements conséquents), une attention particulière de tous les instants sera portée sur les savoirs/pouvoirs, concentrés et diffus, présents en ces lieux. Sur cette base, tout ce qui s’organise doit le plus possible négliger les fonctions et le fonctionnalisme, les spécialités, les rôles d’experts et dynamiser les formes tournantes de pratiques organisationnelles et politiques en intégrant de manière simple (cf. OUVERTURE) les personnes qui ne sont pas du milieu universitaire.

    AUTONOMIE : Il peut être important de souligner que c’est dans ce haut lieu aliénant, tant pour ses travailleurs que pour ces clients-usagers, qu’est l’Université moderne (et nonobstant sa production des moyens de l’aliénation), qu’il est primordial de développer l’autonomie comme le sens aigu d’auto-formation de ses propres bases politiques et matérielles. Là est le socle de ce qui peut renverser radicalement, le rapport d’exploitation et de domination. Et cela ne peut advenir que par des mouvements réels et combatifs de personnes se sentant en lien et formant des fronts de lutte ouverts. Ceci rejoint les points sus-cités.
    AMITIÉ : Si les sociologues ont inventé le « lien social » afin de l’étudier, il convient de ne rien inventer du tout et d’imaginer nos rencontres futures comme de potentielles amitiés fécondes.

    Au point où nous en sommes, il convient de ne pas oublier une chose importante : si la techno-science et ses thuriféraires sont nos ennemis déclarés, le but final de ces énergies que nous appelons à voir revenir dans les universités, ne peut être voué à retomber dans les mêmes travers d’efficacité et de réification de l’homme que la techno-science propose. Bien au contraire, l’absence de visée, c’est-à-dire l’absence d’efficacité gestionnaire et technique pour une supposée délirante « augmentation de la puissance » (qui signifierait un surcroît dans la gouvernance autoritaire) ou encore pire d’ « empouvoirement » (qui signifierait au final, qu’on le veuille ou non, un surcroît de pouvoir, c’est-à-dire dans le monde technifié, une amplification de la domination par des machines et des « technologies politiques »), doivent être au centre des attentions. Sans parler de récupération (aborder dans la proposition suivante), il faut se méfier des opportunistes et de la pensée mesquine entrepreneuriale, pressante aux encolures dans le milieu universitaire : aérosol macroniste imbibant l’air de notre temps, d’acquisition de « compétences », de « skills », et de « plan de carrière ».

    Cette pensée ne date pas de Jupiter et est l’une des marques de fabrique de la petite-bourgeoisie intellectuelle, cette couche sociale des petits agents spécialisés dans les divers emplois de ces « services » dont le système productif actuel a si impérieusement besoin : gestion, contrôle, entretien, recherche, enseignement, propagande, amusement et pseudo-critique. Au sein de la machine, cette classe a pour fonction la « reproduction » du capital via la maintenance et l’amélioration de la technostructure. Et ce sont pendant les moments de « flottements » de la machine, quand le programme central reboot et où les élans de jeunes étudiantes et étudiants encore non totalement encadrées, encastrées dans cette couche, parviennent à s’unir collectivement, qu’il peut se passer des choses intéressantes.

    Et en même temps, il faudra en permanence se méfier de nous-même (autocritique) dans la tendance à l’utilisation du savoir dans la société technique et gestionnaire qu’est la nôtre, c’est-à-dire sa transformation consubstantielle en pouvoir. L’hubris nous mène par le bout du nez et, il serait alors facile, pour une institution universitaire, de nous tendre la perche au moment opportun, nous proposant une petite place dans l’ascenseur social universitaire (start-up, place administrative, business plan, subvention, salaires, BDE, CA, CVU, etc.)

    Car la récupération est une pratique vivace à l’université, en recherche constante d’innovation et de trouvaille humaine. C’est sa fonction principale d’ailleurs, elle qui doit alimenter en chair humaine, brevets, et savoirs frais le ventre jamais repu du Moloch, il ne faudrait pas l’oublier. Tout le monde « récupère » à la fac : d’un chercheur récupérant les travaux d’un collègue sans citer sa source, d’un startuppers piquant une découverte non-breveté, d’un techno essayant de faire fortune en fouillant dans les arrières-cours des découvertes passées, d’une administration pompant librement l’énergie de ses jeunes vacataires, tout ça est le commerce normal d’une « communauté du crime » qui ne dit mot.

    Les syndicats et partis politiques eux aussi en sont de la partie ! toujours aux aguets pour renflouer les caisses et enrégimenter – en jouant sur la corde sensible de la « solidarité » et en agrémentant leur tract de terme à la mode apprit hier de leurs aïeux sociologues pompeux et bien en chaire – quelques étudiants de bonne volonté voulant mettre leur rage, leur énergie et leur dégoût de la société dans une organisation qu’il juge libératrice. Et puis c’est comme chez papa-maman, on nous apprend des choses, on nous donne des ordres, il y a un cadre, des règles, des punitions et des récompenses, on nous donne un nouveau corpus de légitimité et en avant la troupe, drapeau et pancarte au vent !

    Et force est de constater que, depuis 2016, le désert politique croît sur les campus, malgré quelques actes téméraires relevant de la bravoure, la pensée de l’autonomie politique a pratiquement disparue des débats en AG. Ce désert est tout encadré et propagé d’un côté par la gauche réformiste issue en grande part des syndicats d’enseignants, aux méthodes corpo et paternalistes, qui ne se bougent les fesses qu’une fois l’an, quand une loi vient chatouiller d’un peu de trop près leur bagne climatisé pour en modifier la température de quelques degrés Celsius ; et de l’autre par ce communisme de caserne, à l’autoritarisme à peine caché, qui prend vraiment les étudiants pour de la piétaille, qu’il faudrait abêtir par des slogans simples et redondants afin de provoquer mécaniquement ce qui s’appelle dans le jargon de l’« agitation » (mais pourquoi au fait ?) Bien entendu, les deux tendances faisant semblant de se haïr, tout en chérissant de tout leur effort et par pur intérêt ce consensus démocratique, qui permet un recrutement constant d’adhérents, des postes dans les conseils, un droit de parole illimité dans les AG et une mainmise en général sur les affaires universitaires. Les stratèges sont là, en position sur les parvis des BU, distribuant leur tract saupoudré d’un verbiage adaptable aux clients potentiels. Il est dur dans ces conditions, même pour un esprit sain, d’y voir clair dans leur jeu de dupe. Au moins, à l’époque du GUD, il était plus facile de passer de la critique des mots à la barre de fer, maintenant cela passerait pour de « l’anti-démocratisme ».

    Au principe d’amélioration des conditions présentes dont la communauté universitaire se targue de porter comme une de ces valeurs première, il convient donc de substituer celui de négation et ses variantes sur la base du NON : non-compromission, non-construction, non-amélioration, non-légifération, non-travail. Dans les conditions présentes, la loi de Gabor jusque-là jamais démentie, il n’est en aucun cas possible de croire que la posture aristo du « savoir pour le savoir » peut viser à un quelconque débordement des institutions universitaires.

    Dans le techno-capitalisme tout part du pouvoir et tout lui revient (en droit). La prétention à l’élévation humaniste et encyclopédiste a doublement failli tout simplement parce que ses bases sont fausses : en séparant le savoir (gr. épistémê) vu comme universel, de la société particulière qui le produit, le chercheur à l’ère industrielle (gr. technê mekhanê) a toujours substitué la question du « Pourquoi » philosophique à celle du « Comment » ingénieuriale, poussé de toute part pour trouver « les moyens de… ». L’ « intellect général » est un des maillons essentiels au développement acharné des forces techno-capitalistes, et le « savoir » jamais neutre, se fructifiera tôt ou tard en pouvoir et puissance. La société qui produit en même temps les conditions d’un savoir hautement aboutit techniquement et complexe, est aussi celle qui permettra son utilisation de manière mortifère. Ou dit autrement, le savoir produit dans le cadre scientifique moderne, contient déjà en lui la propension à son utilisation, capitaliste et technologique. La recherche scientifique est un Janus mortifère qu’il faut maintenant regarder en face !

    Et donc, il ne s’agira pas ici, d’inculquer du savoir mais seulement de retrouver le goût de vivre librement et de pratiquer la vie, la critique en acte, c’est-à-dire de trouver et retrouver ce qui actuellement et par le passé, permet et a permis a tant de gens de sortir de l’ornière et de comment ils se sont organisés (ou pas) pour le faire.
La mise en pratique effective de ces « universités autonomes » est la vie collective qui se développe dans ce genre de lieu, ce que l’on a envie de voir pousser et effectivement, ça pousse de toutes parts ! Il est à parier que si ce genre de lieu arrive à vivre, les âmes re-ennoblies par les nouveaux liens amicaux et la poussée collective, se sentent vite à l’étroit dans les murs qui les enserres et que se propagent – au moment où les regards se tournent ailleurs – des négativités fécondes sur les bancs (démontés) des amphis et les bureaux bordélisés des chercheurs.

    Que cela soit clair, il n’est pas question de recréer ici des « techniques politiques » de management, de formation ou de direction de « lutte émancipatrice », ou bien encore de viser à un quelconque résultat en termes de « gain de puissance » ou de « bataille à gagner ». Le but de cet appel est de faire sortir de
ses gonds la sinistrose universitaire sans en passer par le pouvoir ; d’arriver à proposer des pistes hors normes permettant des dépassements internes. Parce qu’on ne peut rester sur les acquis d’une supposée force motrice universitaire issue des mouvements passés, qu’elle s’appelle « université alternative », « fac autonome », « cours alternatifs », « espace autogérée » ou tout autres vocables de l’altérité.
    Culturellement, cela passe par la démolition, une bonne fois pour toutes, de la culture élitiste, fille du mythe des « humanités libératrices » et de cet intellectualisme, un brin pédant, un Foucault dans une main et un iPod X dans l’autre, érigeant leur misère comme « style de vie ».

    Et structurellement, contrairement à la ghettoïsation maintes fois opérées par les technocrates (c.f. « le ghetto expérimental » de la fac de Vincennes), il est impérieux de ne jamais se faire déborder par la gauche par les institutions de la marchandise intellectuelle. Si « ça marche », si l’appétit de l’alternative botte les colporteurs de l’Université moderne, c’est que la critique s’est essoufflée et ne produit plus que le reflet d’elle-même, sa représentation comme traduction du vivant en « concept » alors maintenant « mastrerisable » et pouvant se vendre comme bonne came dans des séminaires de sociologie ou de linguistique créative. « On reconnaît la théorie critique exacte en ce qu’elle fait apparaître ridicule toutes les autres » disait un jour un alcoolique notoire.

    Au plus proche des réalités merdiques du monde, l’acte de la critique pour être vivant, doit faire coïncider dans un même mouvement, l’observation précise et sans compromission des mécanismes de la société, à la critique en acte, réelle et communicative, de ces mêmes mécanismes. Tâchons de ridiculiser ces universitaires ès luttes sociales en luttant dans leur cours, à la place de leur cours. Et s’ils ne font plus que du distanciel ? no matter, la lutte est de toute façon dans la vie réelle.

    « Les résidus de la vieille idéologie de l’Université libérale bourgeoise se banalisent au moment où sa base sociale disparaît. L’Université a pu se prendre pour une puissance autonome à l’époque du capitalisme de libre-échange et de son État libéral qui lui laissait une certaine liberté marginale. Elle dépendait en fait étroitement des besoins de ce type de société : donner à la minorité privilégiée, qui faisait des études, la culture générale adéquate avant qu’elle ne rejoigne les rangs de la classe dirigeante dont elle était à peine sortie. D’où le ridicule de ces professeurs nostalgiques, aigris d’avoir perdu leur ancienne fonction de chiens de garde des futurs maîtres pour celle, beaucoup moins noble, de chien de berger conduisant, suivant les besoins planifiés du système économique, les fournées de “cols blancs” vers leurs usines et bureaux respectifs. Ce sont eux qui opposent leurs archaïsmes à la technocratisation de l’Université, et continuent imperturbablement à débiter les bribes d’une culture dite générale à de futurs spécialistes que ne sauront qu’en faire. » (De la Misère en milieu étudiant…)

    QUELQUES MATÉRIAUX POUR UNE SUBVERSION DE L’UNIVERSITÉ

    – L’Université désintégrée, la recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel, groupe Grothendieck, Le Monde à l’envers, 2021.

    – « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? » Alexandre Grothendieck, 1972. Disponible sur https://sniadecki.wordpress.com (Retranscription de la conférence-débat donnée à l’amphithéâtre du CERN, le 27 janvier 1972.)

    – Survivre et Vivre, Critique de la science, naissance de l’écologie, coordonnée par Céline Pessis, l’Échappée, 2014. Compilation de texte de la revue subversive d’écologie radicale dont Alexandre Grothendieck fut un membre très actif. L’introduction de Céline Pessis (qui reprend le texte de son mémoire : Les années 1968 et la science, Survivre… et Vivre, des mathématiciens critiques à l’origine de l’écologisme) est très bien documenté sur le contexte historique et politique du milieu scientifique des années 70.

    – Toulouse nécropole, spécialités locales pour un désastre global, La commune des mortel-le-s, 2014, disponible sur www.IATAA.info/toulouse-necropole et toulouse.necropole@riseup.net.

    – « La politique universitaire depuis 1968 », Patrick Fridenson, 2010, https://www.cairn.info/revue-le- mouvement-social-2010-4-page-47.htm Article universitaire très détaillé sur les différentes réformes des universités. Tableau clinique rigoureux et politique des gouvernements avec l’ESR.

    – « A quoi bon l’université », Antonia Birnbaum, Lundi matin n° 57. Un témoignage sincère et brut de décoffrage sur une prof de philo à la fac et sur la question de la persistance de l’Université.

    – « Université : la changer ou l’achever ? », Anne Steiner, 2014 sur https://sniadecki.wordpress.com (très bon concernant les rapports de classe et lien entre l’université et l’économie capitaliste).

    – « Étudiez, y’a rien à voir ! » brochure, Éditions Autonomes de Nanterre, 2010.

    – Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Raoul Vanegeim, 1967. Pour sentir toute la fraîcheur de la révolte de Mai 68 et en même temps pour mieux comprendre la société du spectacle.

    http://inventin.lautre.net/livres/Vaneigem-Traite-de-savoir-vivre.pdf
    http://inventin.lautre.net/livres/Vaneigem-Traite-de-savoir-vivre.epub

    – De la Misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier, Association Fédérative Générale des Étudiants de Strasbourg, 1966.

    https://infokiosques.net/spip.php?article14
    http://inventin.lautre.net/livres/De-la-misere-en-milieu-etudiant.pdf
    http://inventin.lautre.net/livres/De-la-misere-en-milieu-etudiant.epub

    – Révolution dans l’université, quelques leçons théoriques et lignes tactiques tirées de l’échec du printemps 2009, éditions La ville brûle, 2010.

    – Le principe d’université, comme droit inconditionnel à la critique ; Plínio Prado, Éditions lignes, 2009. Disponible gratuitement en ligne. Quelques passages intéressants même si c’est à chaque fois pareil avec les faqueux, dès qu’ils veulent contester l’université, ils retombent dans cette espèce d’archaïsme bourgeois et ne voient pas que leur « principe d’université » émancipateur et libéral (Humbolt et tutti quanti) est le paravent qui cache le principe d’université moderne à savoir : la technoscience.

    GROUPE GROTHENDIECK, HIVER 2020-2021.

    Vous pouvez nous contacter et nous demander la version brochure sur :

    groupe-grothendieck@riseup.net


    https://lundi.am/Appels-aux-etudiants-et-professeurs

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  • CECI N’EST PAS UN COMPLOT

    Comment les médias racontent le Covid. Un film de Bernard Crutzen sur le traitement médiatique de la crise. Par qui les médias sont financés, ce qu’ils disent, comment ils le disent, et ce qu’ils taisent.
    "La pire chose qu’on peut associée à cette peur c’est une inhibition de l’action. Quand quelqu’un a peur il est capable d’accepter tout et n’importe quoi." Dr Pascal Sacré
    Un reportage de journaliste comme on n’en fait plus...

    QUE RACONTE “CECI N’EST PAS UN COMPLOT” ?

    Diffusé fin janvier, le film Ceci n’est pas un complot, qui se propose d’interroger le traitement médiatique de la crise du Covid-19, remporte un franc succès parmi les internautes belges. S’il soulève des questions légitimes, les journaux regrettent les insinuations et le ton complotistes qui sous-tendent le documentaire – dont il se défend pourtant jusque dans son titre.

    “Ceci n’est pas un complot, un documentaire indépendant du réalisateur belge Bernard Crutzen, circule en ce moment à la vitesse de l’éclair sur les réseaux sociaux”, constate Le Vif-L’Express. Réalisé grâce à un financement participatif et mis en ligne le 26 janvier sur Vimeo, puis sur YouTube, le film approche du million de vues sur ces plateformes où son réalisateur a choisi de le diffuser, faute de pouvoir le présenter en festival, pandémie oblige.

    L’objectif, explique Bernard Crutzen dans la description, est d’interroger “le traitement médiatique de la crise par les médias belges francophones. Ce qu’ils disent, comment ils le disent, et ce qu’ils taisent.” En un peu plus d’une heure, on passe donc en revue une année de crise du Covid-19 au fil des annonces, des confinements, de l’instauration de mesures sanitaires. “Et çà et là, il pose des points d’interrogation”, relève De Standaard : la façon de collecter les chiffres sur la pandémie – imprécise et variable selon les pays – est-elle fiable ?
    Les mesures de confinement étaient-elles exagérées ? Le nombre de cycles d’amplification des tests PCR n’est-il pas trop élevé – au risque de mettre en avant des faux positifs ? Quelles sont les sources de rémunération des différents experts consultés par le gouvernement et les médias et leurs éventuels conflits d’intérêt ? Les médias se rendent-ils coupables d’emballement, de raccourcis voire d’erreurs factuelles ?

    https://www.courrierinternational.com/article/covid-19-que-raconte-ceci-nest-pas-un-complot-le-documentaire

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    http://bit.ly/1IRW38I

    https://youtu.be/JrjmaOaA_Ng

  • ON N’Y CROIT PLUS !
    Une très grande majorité pense que le gouvernement ment !

    https://www.midilibre.fr/2021/02/04/sondage-sur-la-gestion-du-covid-19-7-francais-sur-10-pensent-que-le-gouver

    7 Français sur 10 pensent que le gouvernement ne « leur dit pas la vérité ».

    Selon l’institut de sondage, "8 Français sur 10 estiment que le gouvernement n’est pas « clair » qu’il ne « sait où il va ».

    les trois quarts des Français jugent aussi que le gouvernement ne « les rassure pas » (75%) et surtout, bien pire, qu’il « ne leur dit pas la vérité » (73%).

    C’est un sondage Odoxa qui le dit, une majorité de Français ne font pas confiance au gouvernement pour gérer la crise sanitaire. Ils pensent également que ce dernier « ne leur dit pas la vérité ». "60% des Français ne font pas confiance au gouvernement pour gérer la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19".
    La défiance atteint son paroxysme auprès des Français les plus modestes (68% de défiance auprès des catégories populaires).
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  • L’IDIOTISATION COMME STRATÉGIE DE LA DOMINATION
    http://inventin.lautre.net/contributions.html#idiotisation

    Les gens sont tellement imprégnés du système établi qu’ils sont incapables de concevoir des alternatives aux critères imposés par le pouvoir. La pertinence des instruments de communication comme médiateurs de la « réalité » a engendré un effet de soumission dans la population, d’intériorisation du pouvoir.

  • L’OMS EN RUPTURE AVEC LE TOUT RÉPRESSIF SANITAIRE

    L’OMS a effectué un virage à 180 degrés pour désavouer fermement la politique du tout répressif sanitaire, devenue la règle dans de nombreux pays. Il en résulte une rupture avec les recommandations de plus en plus critiquées du conseil scientifique.

    Depuis le début de l’apparition du SARS-COV2, une multitude d’études ont été menées à travers la planète pour essayer de comprendre le mécanisme de transmission du virus et pouvoir en déduire des stratégies sanitaires les plus à même pour ralentir, stopper ou gérer au mieux la propagation de la maladie.
    Les résultats de ces études arrivent peu à peu, ce qui a amené l’OMS à infléchir ses recommandations pour tenir compte de ces informations. À l’entrée de l’hiver, l’organisme sanitaire international a en effet clairement effectué un virage à 180 degrés pour désavouer fermement la politique du tout répressif sanitaire qui est devenue la règle dans de nombreux pays.

    Le présent article fait suite à un précédent billet publié dans ces colonnes le 28 octobre et qui en faisait état, à l’heure où la politique suivie en France semble elle aussi subir un infléchissement : l’inattendu statu quo dans les mesures sanitaires qui est survenu à la fin de la semaine dernière et qui coïncide bizarrement avec la publication de recommandations de l’OMS bien plus précises et concrètes de la nouvelle politique sanitaire préconisée par l’organisme international.

    Il semblerait bien que le changement de conduite décidé par Emmanuel Macron soit en effet, et entre autres choses (les critères économiques et d’acceptation sociale y ayant sans aucun doute été pour beaucoup), dans la ligne de celle de l’OMS et donc dans celle d’une rupture avec les recommandations de plus en plus critiquées du conseil scientifique.

    ENTRE L’OMS ET LE CONSEIL SCIENTIFIQUE

    Depuis le début de la crise sanitaire, c’est le conseil scientifique instauré par le ministère de la Santé qui trace la ligne de conduite pour les citoyens, les responsables d’établissements publics et le gouvernement.
    Cette stratégie, nous la connaissons maintenant tous, tant elle a été martelée un peu partout. Elle est basée sur quatre axes :
    • Le comportement individuel : gestes barrières, port du masque etc.
    • Les limitations de regroupement collectifs : fermetures des bars, restaurants, salles de sport et salles de spectacles et annulations des rassemblements.
    • Les mesures de restriction des déplacements et des activités : confinement et couvre-feu.
    • La prise en charge hospitalière des cas graves.

    À l’analyse des dernières informations diffusées par l’OMS et par les diverses équipes de recherches à travers le monde, il apparait de plus en plus clairement que cette orientation, fortement héritée du principe de précaution et de la peur qui a traversé le pays, est très éloignée pour ne pas dire diamétralement opposée à celle préconisée par l’organisme de santé mondial.

    Malheureusement en France, comme d’ailleurs dans de nombreux pays occidentaux, le sujet a depuis longtemps largement débordé le débat scientifique pour se rapprocher de plus en plus d’un affrontement politique, à la limite du débat philosophique ou même de la controverse religieuse.

    Ce chahut qui règne depuis les premiers jours ne laisse rien prédire de bon quand l’évidence des faits révélera l’inutilité, voire la lourde nuisance de la stratégie décidée et que ce constat s’ajoutera aux conséquences sociales, économiques et même sanitaires de cette stratégie politique bien plus que sanitaire ou scientifique.

    LE MODÈLE DOUBLE DE CONTAMINATION

    On en sait dorénavant beaucoup plus sur les modalités de transmission de la maladie.
    Ce que montrent les études, et qui semblerait être une spécificité du SARS-COV2, est que la contagiosité de la maladie varie énormément d’un cas à l’autre. Cependant, vu le nombre maintenant très important d’études, on peut clairement identifier deux modes distincts.
    Le premier mode, que l’on pourrait qualifier de domestique, est de loin le plus présent dans les études. Il se produit principalement dans deux environnements : le milieu familial et les établissements de santé.
    Dans ce cas-là, il semble clairement établi que le virus n’est pas très contagieux, mais que ce sont le confinement et la promiscuité qui sont les raisons principales de la diffusion de la maladie.

    Une personne infectée au sein d’une famille va « en moyenne » contaminer 20 % du foyer, ce qui est très peu, et signifie souvent une seule autre personne, le conjoint de préférence. Au sein des établissements de santé, la propagation semble identique : le « cas zéro » allant lui aussi contaminer une ou deux personnes et ainsi de suite.

    C’est principalement à cause du confinement dans ces espaces clos où le contact avec les personnes infectées est régulier, proche et continu, que la maladie se répand alors de proche en proche, touchant ainsi la population la plus susceptible de se voir contaminer : personnes âgées, faibles, malades etc. (...)

    EXPLICATION DE LA DYNAMIQUE OBSERVÉE

    Pour résumer ces deux modes :
    • Dans la grande majorité des cas, la maladie est peu contagieuse et la contamination se produit en grande majorité dans le milieu familial, surtout lorsqu’il y a confinement.
    • Il peut cependant arriver que des contaminations larges se produisent (SSE) sur de grandes superficies.
    Ce double modèle explique enfin les diverses dynamiques que l’on peut observer et qui rendent à premier lieu le comportement du virus assez incompréhensible.
    On a ainsi très clairement observé un pic de contamination des 20-30 ans avant la vague de l’automne qui a ensuite touché majoritairement les personnes plus âgées.

    Cela s’expliquerait par le fait que les 20-30 ans seraient par leur mode de vie davantage exposés aux contaminations fortuites. Les contaminations domestiques auraient ensuite pris le dessus : la fin des vacances, puis les mesures de restrictions des libertés successives ont resserré la promiscuité et ce seraient ces contacts prolongés intra-familiaux et dans les établissement de santé qui expliqueraient la flambée des cas observée en octobre.

    Ce serait donc le confinement, tant d’ailleurs celui imposé par la politique sanitaire que celui qui survient plus naturellement avec les mauvaises conditions météo et la reprise des activités routinières qui seraient responsables de la vague de l’automne.
    L’explication étant que lors des beaux jours, les personnes contaminées fortuitement ne sont pas suffisamment en contact avec leurs proches pour que la propagation domestique se développe et s’emballe.

    IMPLICATIONS

    Le premier constat qui s’impose devant cette meilleure compréhension de la dynamique épidémique est qu’il est totalement inutile de culpabiliser les gens comme le font depuis maintenant un an les autorités, les médias et malheureusement aussi une bonne partie de la population :
    • Soit vous êtes contaminé ou contaminateur fortuit et vous allez contaminer un nombre énorme de personnes à votre insu ou vous serez juste au mauvais endroit au mauvais moment, et ce malgré toutes les précautions que vous et les autres pourrez prendre.
    • Soit, vous êtes comme plus de 95 % des personnes infectées et infectieuses : vous êtes peu contagieux et des mesures prophylactiques simples seront suffisantes.

    Le second constat est plus lourd de conséquences. Il signifie que le prix du confinement n’est pas seulement social et économique, il est également très lourd d’un point de vue sanitaire.
    En effet, il est totalement incertain que les mesures de réduction de liberté auraient un quelconque effet sur la diffusion de l’épidémie en réduisant le nombre de personnes exposées aux virus ambiants, les études décrivant clairement des cas de diffusion massive non pas par chaîne de contamination, mais par simple diffusion dans l’environnement.

    Par contre, il semble clair que les mesures de confinement augmentent considérablement les risques de contaminations intra-familiales et celles survenant parmi des personnes vivant en communauté. Or ce sont précisément elles, les personnes les plus exposées aux conséquences de la maladie, et c’est précisément ce mode de transmission le plus observé.

    LES RECOMMANDATIONS DE L’OMS

    C’est pourquoi l’OMS a émis plusieurs recommandations répétées afin en premier lieu d’exhorter les autorités à obtenir le consentement des populations et de se détourner des mesures autoritaires qui sont au mieux inutiles, au pire fortement contre-productives.
    La stratégie recommandée par l’OMS est d’ailleurs très proche de celle suivie par les pays orientaux ayant eu l’expérience de l’épidémie de SARS de 2003. Elle consiste en résumé dans la mise en place des actions suivantes :
    • Dépistage et identification des proches par contact tracing afin de rompre les chaines de contamination.
    • Mise en quarantaine (et non en confinement) de toutes les personnes infectées, afin de les soigner et d’éviter l’aggravation de la maladie, tout en diminuant le risque de diffusion ambiante.

    L’objectif est très simple et semble bien plus réaliste que l’espoir d’un endiguement qu’aucun pays n’a réussi à obtenir : rompre au plus vite les chaînes de contamination, non pas pour empêcher les flambées épisodiques, mais pour éviter que la primo-infection ne se propage, certes avec un R0 bien plus faible, mais dans la plupart des cas, avec des conséquences bien plus graves.

    UN CHANGEMENT DE CAP INDISPENSABLE SELON L’OMS

    Cette stratégie est bien plus pragmatique que l’espèce de fortification sanitaire que l’on a voulu instaurer. Les contaminations ambiantes semblent en effet quasiment impossibles à identifier ou à éviter, les mesures de distanciation sociale ne protégeant pas suffisamment du virus alors présent un peu partout dans l’environnement. (...)

    Olivier Maurice, 10 février 2021
    https://www.contrepoints.org/2021/02/10/390689-loms-en-rupture-avec-le-tout-repressif-sanitaire

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  • UN VIRUS QUI FAIT FÜRHER

    L’ÉTAU SE RESSERRE SUR LA CLIQUE DE DAVOS

    Rappelons en préambule que le procès intenté contre le Dr Drosten par l’avocat allemand Reiner Fuellmich a pour but de le poursuivre pour crimes contre l’humanité, pour avoir faussé le protocole des tests PCR pour le compte de la clique de Davos, qui a amené les gouvernements occidentaux à prendre toutes les décisions ravageuses de confinements, couvre-feux, distanciations sociales et port du masque obligatoire. En préconisant des valeurs de réglage CT jusqu’à 45, les résultats des tests devenaient presque tous positifs, même avec des traces infimes de virus, dans le but de continuer à alimenter la peur généralisée.

    Voici le résumé traduit de la dernière communication du Docteur Fuellmich du 11/01/2021.

    « Les auditions menées par le Comité Covid de Berlin depuis le 10.07.2020 d’une centaine de scientifiques, d’experts médicaux, d’économistes, de juristes et de personnes de renommée internationale ont révélé que le scandale Covid19 n’a en aucun cas porté sur la santé. La dangerosité de ce prétendu nouveau virus correspond à celle d’une grippe, selon les études du professeur John Ioannides de l’université de Stanford, mais aussi selon l’évaluation de l’OMS. De plus, les tests PCR du Dr Drosten, que la direction de l’OMS sous contrôle financier de la Chine et de la Fondation Bill & Melinda Gates a recommandé comme norme mondiale de référence pour la détection des infections, ne conviennent en aucun cas à la détection des infections. »

    « Le fait est que les tests PCR comme méthode de mesure des infections ne sont pas seulement une absurdité scientifique, mais a apparemment été programmé intentionnellement de manière à créer le plus grand nombre possible de faux positifs, et donc à semer la panique dans le monde. Cela est prouvé par un article de rétractation rédigé par 22 scientifiques internationaux très respectés, qui demande à l’éditeur de la revue de rétracter immédiatement ces absurdités. Il a été consulté environ 18 millions de fois jusqu’à présent. »

    « En outre, l’affirmation de Drosten, selon laquelle il existe des infections asymptomatiques, est également fausse. Parce qu’il n’y a rien de tel, comme l’a récemment prouvé une grande étude de Wuhan, concernant 10 millions de personnes. »

    « Une personne qui ne présente aucun symptôme est en bonne santé. Cela signifie qu’aucun de nous ne doit avoir peur des personnes qui ne présentent aucun symptôme et les forcer à porter des masques, ni avoir peur qu’un résultat positif signifie forcément qu’il est infecté. Les images d’horreur des hôpitaux avec des lits dans les couloirs, qui réapparaissent maintenant, existent en fait chaque année pendant la vague de grippe tout à fait normale. Elles ne sont utilisées maintenant qu’à dessein, afin d’alimenter davantage la panique. Il n’y a toujours pas de surmortalité en Allemagne. Plus de gens meurent en hiver : c’est tragique, mais c’est malheureusement “normal”. »

    « Alors, de quoi s’agit-il vraiment s’il n’y a pas de problème de santé qui diffère de la vague de la grippe habituelle ? À cet égard, nous avons pu nous forger une opinion sur la base des auditions qui ont eu lieu, ainsi que des informations complémentaires. »

    LE KRACH FINANCIER DE SEPTEMBRE 2019

    « À ce jour, il faut partir du principe que ce que nous appelons la clique de Davos (dirigée par Klaus Schwab, ndt) composée d’élites d’entreprises et d’élites politiques autoproclamées qui collaborent intensivement depuis au moins 20 ans dans le cadre des réunions de l’organisation privée du World Economic Forum (WEF) a menacé de donner l’alerte en septembre 2019. Car en septembre 2019, il y a eu un autre krach financier, encore plus grave que la crise financière de la Lehman il y a 12 ans. Cela n’a été rapporté que très brièvement, entre autres de manière très argumentée dans le journal DIE ZEIT, puis le reportage sur cette crise a complètement disparu. »

    « Une fois de plus, tout le système financier a été au bord de l’effondrement, car il menaçait de dévoiler que pendant au moins 20 ans, il n’avait servi qu’à piller les contribuables au profit de sociétés agissant comme des mafieux, c’est-à-dire en transférant les actifs des citoyens vers les sociétés. Le meilleur exemple est celui de la fraude fiscale appelée CumEx (2) : des financiers opérant en bandes organisées, qui sont restées sans sanction jusqu’à ce jour, grâce auxquelles les banques, les entreprises et les super-riches se sont fait rembourser deux ou trois fois des impôts qu’ils n’avaient payés qu’une seule fois. »

    « Ainsi les financiers ont-ils collecté pendant de nombreuses années un total d’environ 38 milliards d’euros par le biais de la fraude fiscale. Cela est passé inaperçu, car le soutien politique pour faire advenir cela venait des politiciens eux-mêmes,qui avaient été rendus dociles par les élites des entreprises fraudeuses au cours des 20 dernières années au moins, en particulier par le biais des réunions privées du WEF. Le fait que le pouvoir judiciaire allemand n’ait rien pu faire montre combien ces financiers sont capables de dominer la politique jusque dans les tribunaux. »

    « Nous constatons depuis longtemps, notamment dans le cadre de nos actions en responsabilité des banques pour le financement de l’immobilier bon marché, que quelque chose ne va pas. Car là aussi, il est apparu que la complicité de l’ancien patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann avec Angela Merkel était telle que non seulement il la rencontrait régulièrement à Davos, mais encore allait même jusqu’à fêter son 60e anniversaire directement dans le bureau de la chancelière. Ainsi, avait-il un accès direct aux tribunaux pour la politique et avait-il fait des juges des garçons de courses à sa disposition. Ce n’est que de cette manière que l’on peut expliquer que les juges allemands ont repris aveuglément dans leurs jugements l’affirmation de la Deutsche Bank selon laquelle il était habituel pour elle d’accorder des prêts à des personnes sans contrat de prêt si elles en faisaient la demande, dans l’espoir qu’un jour un contrat de prêt approprié serait conclu, car l’octroi d’un prêt à la demande d’un emprunteur potentiel conduit à la conclusion d’un contrat de prêt. Mais au moment où le contrat de prêt était conclu, la Deutsche Bank ne disposait pas des documents requis pour une conclusion effective du contrat, de sorte qu’aucun tribunal n’a pu constater que le contrat avait été réellement conclu en mettant l’argent à disposition, car sinon la Deutsche Bank aurait coulé comme une pierre ! »
    « Aucun d’entre nous n’a tenu compte du fait que la Deutsche Bank est une composante importante du blanchiment d’argent de la clique de Davos, et qu’aujourd’hui, nous avons affaire à une petite élite d’entreprises totalement corrompues qui ne s’arrête devant rien. »

    « Paul Schreyer décrit très bien dans son rapport “Pandemic-Planspiele” l’imbrication toujours plus étroite des élites d’entreprises avec les élites politiques depuis au moins 20 ans. (3) Il y décrit également comment ces élites tentent délibérément depuis des années, non seulement de conserver leur pouvoir illégitime, mais de l’étendre à l’infini à l’aide de mécanismes de contrôle massifs et inhumains, avant que les objets de ces mécanismes de contrôle, à savoir nous, ne le remarquent et puissent se révolter contre lui. »

    « Le professeur Rainer Mausfeld explique à son tour, dans sa conférence “Pourquoi les agneaux se taisent-ils”, comment la politique depuis de nombreuses années (et sans que le public le remarque) met en scène à plusieurs reprises la peur et la panique pour amener les gens à accepter des décisions politiques qu’ils ne soutiendraient pas autrement. » (4)
    « Catherine Austin Fitts, ancienne vice-ministre américaine du Logement et banquier d’affaires, explique dans “Catherine Austin Fitts Full Interview Planet Lockdown” (5) comment ces “élites” sont en train de mettre en œuvre la prise de contrôle économique des richesses de toute la classe moyenne, car si seulement 10 % de la population s’en rend compte, le château de cartes s’effondre immédiatement. Certains universitaires supposent même un pourcentage inférieur. »

    « Cela suppose que les petites et moyennes entreprises qui fonctionnent bien, par exemple dans la restauration et le commerce de détail, soient fermées par le confinement, de sorte que ces entreprises ne peuvent plus obtenir de revenus, et donc plus payer leurs crédits. L’aide est annoncée, mais elle est en réalité versée avec parcimonie ou pas du tout. Ensuite — cela ne s’applique pour l’instant qu’aux États-Unis — des émeutes sont organisées dans ces régions, qui entraînent une destruction supplémentaire de ces entreprises, de sorte qu’elles ne peuvent même plus être vendues en urgence. De ce fait, des investisseurs privilégiés sur le plan fiscal, à savoir ceux de la clique de Davos, reprennent ces entreprises quasi gratuitement. »

    Jean-Michel Grau, Désobeissance civile, février 2021
    https://libertesconquises.blogspot.com/2021/02/un-virus-qui-fait-furher.html
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  • LES MESURES CONTRE LE CORONAVIRUS RÉVÈLENT DES TRAITS TOTALITAIRES

    Peu de phénomènes ont eu un impact aussi profond au niveau mondial et aussi rapide que l’épidémie actuelle du covid-19. En un rien de temps, la vie humaine a été totalement réorganisée. Comment cela a-t-il pu se produire, quelles en sont les conséquences et à quoi pouvons-nous nous attendre pour la suite ? Nous l’avons demandé à Mattias Desmet, psychothérapeute et professeur de psychologie clinique à l’université de Gand.

    Patrick Dewals : Près d’un an après le début de la crise du covid-19, quelle est la situation en matière de santé mentale de la population ?

    Mattias Desmet : Pour l’instant, il y a peu de chiffres disponibles qui permettent de suivre l’évolution d’indicateurs possibles tels que la prise d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ou le nombre de suicides. Mais il est particulièrement important de placer le bien-être mental dans la crise d’eu covid-19 dans sa continuité historique. La santé mentale était en déclin depuis des décennies. On observe depuis longtemps une augmentation constante des taux de dépression, d’anxiété et de suicide. Et ces dernières années, il y a eu une énorme augmentation des congés de maladie dus à la souffrance mentale et à l’épuisement professionnel. L’année précédant l’épidémie, on pouvait sentir ce malaise augmenter de façon exponentielle. Cela a laissé pressentir que la société se dirigeait vers un point de basculement où une “réorganisation” psychologique du système social était nécessaire. C’est ce qui se passe avec le corona. Au départ, on a constaté que les gens, sans savoir grand-chose sur le virus, évoquaient des images terribles de peur et une véritable réaction de panique sociale s’en est suivie. Cela se produit surtout lorsqu’il existe déjà une peur forte et latente chez une personne ou une population.

    La dimension psychologique de la crise covid actuelle est sérieusement sous-estimée. Une crise agit comme un traumatisme qui enlève aux gens leur conscience historique. Le traumatisme est considéré comme un événement en soi, alors qu’il fait partie d’un processus continu. Il est facile d’ignorer le fait, par exemple, qu’une partie importante de la population a été soulagée de façon étrange lors du premier confinement ; elle s’est sentie libérée d’un malaise. J’ai régulièrement entendu des gens dire : « Oui, c’est lourd, mais on peut enfin souffler un peu ». La routine de la vie quotidienne ayant cessé, un certain calme s’est installé. Le confinement a libéré beaucoup de gens d’une ornière psychologique. Cela a créé un soutien inconscient pour le confinement. Si la population n’avait pas été fatiguée de sa vie et surtout de ses emplois, il n’y aurait jamais eu de soutien pour le confinement. Du moins, pas en réponse à une pandémie qui n’est pas si grave que ça quand on la compare avec les grandes pandémies historiques.
    Quelque chose de similaire se produisait lorsque le premier confinement était sur le point de se terminer. À ce moment-là, il y avait régulièrement des déclarations telles que : « Nous n’allons pas recommencer comme avant quand même, nous retrouver dans les embouteillages, etc. ». Les gens ne voulaient pas revenir à la situation normale pré-corona. Si nous ne prenons pas en compte le mécontentement de la population quant à son existence, nous ne comprendrons pas cette crise et nous ne pourrons pas la résoudre. Entretemps, j’ai d’ailleurs l’impression que la nouvelle normalité est également devenue une ornière, et je ne serais pas surpris si la santé mentale commençait vraiment à se détériorer dans un avenir proche. Peut-être surtout s’il s’avère que le vaccin n’apporte pas la solution magique que l’on attend de lui.

    Les cris de désespoir des jeunes apparaissent régulièrement dans les médias. À quel point pensez-vous qu’ils sont sérieux ?

    Il faut savoir que le confinement et les mesures sont totalement différents pour les jeunes et pour les adultes. Contrairement à un adulte, où une année se termine en un clin d’œil, pour un jeune, une année signifie une période de temps pendant laquelle il passe par un énorme développement psychologique. Cela se fait en grande partie dans le dialogue avec les pairs. Les jeunes d’aujourd’hui traversent cette période dans l’isolement et il se pourrait bien que pour la majorité d’entre eux, cela ait des conséquences désastreuses. Mais tout est complexe, aussi chez les jeunes. Par exemple, les personnes qui vivaient auparavant dans l’anxiété sociale ou l’isolement social peuvent maintenant se sentir mieux parce qu’elles ne sont plus des outsiders. Mais en général, les jeunes sont sans doute le groupe le plus touché par cette crise.
    Qu’en est-il de la peur chez les adultes ?

    Chez les adultes, il y a aussi la peur, mais l’objet de la peur, ce qui est craint, est différent. Certaines personnes ont surtout peur du virus lui-même. Dans ma rue, il y a des gens qui n’osent presque plus quitter leur maison. D’autres ont peur des conséquences économiques. D’autres ont peur des changements sociétaux que ces mesures vont entraîner. Ils craignent la montée d’une société totalitaire. Comme moi donc (rires).

    Les taux de mortalité et de morbidité associés à la propagation du coronavirus sont-ils tels que vous comprenez les réactions de peur intense ?

    La maladie et la souffrance sont toujours graves, mais l’ampleur de la souffrance n’est pas proportionnelle à la réaction, non. Sur le plan professionnel, je participe à deux projets de recherche sur le Covid. C’est pourquoi j’ai travaillé assez intensivement avec des données. Il est clair que le taux de mortalité du virus est assez faible. Les chiffres que les médias montrent sont basés sur, disons, un décompte enthousiaste. Presque toutes les personnes âgées qui sont mortes, indépendamment des problèmes médicaux sous-jacents qu’elles avaient déjà, ont été ajoutées à la liste des décès dus au covid-19. Personnellement, je ne connais qu’une seule personne qui a été enregistrée comme mort du covid. Il était en phase terminale d’un cancer et il est donc plutôt mort avec le covid que du covid. L’ajout de ces décès aux décès covid augmente le nombre et accroît la peur dans la population.
    Au cours de la deuxième vague, plusieurs médecins urgentistes m’ont appelé. Certains m’ont dit que leur service n’était absolument pas inondé de patients atteints par le coronavirus. D’autres m’ont dit que plus de la moitié des patients aux soins intensifs n’avaient pas le covid-19 ou présentaient des symptômes si légers que s’ils avaient des symptômes de grippe d’une gravité comparable, ils auraient été renvoyés chez eux pour se rétablir. Mais vu la panique qui règne, cela s’est avéré impossible. Malheureusement, ces médecins ont souhaité rester anonymes et leur message n’a pas été diffusé dans les médias et l’opinion publique. Certains d’entre eux ont plus tard raconté leur histoire à un journaliste de la VRT, mais malheureusement ça n’a rien donné jusqu’à présent. Je dois également mentionner qu’il y avait d’autres médecins qui avaient une opinion complètement différente et qui pouvaient très bien s’identifier au narratif dominant.

    La disparition de la possibilité de critiquer la manière de compter et les mesures sanitaires, même au sein du monde universitaire où l’attitude scientifique exige l’esprit critique, est frappante. Comment expliquez-vous cela ?

    Ne vous y trompez pas : à l’université et dans le monde médical, de nombreuses personnes regardent avec étonnement ce qui se passe. J’ai un certain nombre d’amis dans la communauté médicale qui ne comprennent pas ce qui se passe. Ils disent : « Ouvrez les yeux, ne voyez-vous pas que ce virus n’est pas la peste ? ». Mais trop souvent, ils ne le disent pas publiquement. De plus, pour chaque voix critique, il y en a trente autres qui suivent le discours dominant. Même si cela signifie qu’ils doivent abandonner leur attitude scientifique critique en la matière.

    Est-ce un signe de lâcheté ?

    Pour certains, c’est le cas, dans une certaine mesure. En fait, on peut distinguer trois groupes partout. Le premier groupe ne croit pas à l’histoire et le dit publiquement. Le deuxième groupe ne croit pas non plus au discours dominant, mais il l’accepte quand même publiquement, car il n’ose pas faire autrement étant donné la pression sociale. Le dernier groupe croit vraiment la narrative dominante et a une réelle peur du virus. Ce dernier groupe se trouve certainement aussi dans les universités.

    Il est frappant de voir comment la recherche scientifique, également dans cette crise de covid-19, fait remonter à la surface des résultats très divers. Sur la base de ces résultats, les scientifiques peuvent défendre des faits presque diamétralement opposés comme étant la seule vérité. Comment cela est-il possible ?

    La recherche sur le covid-19 est en effet pleine de contradictions. Par exemple, concernant l’efficacité des masques buccaux ou de l’hydroxychloroquine, le succès de l’approche suédoise ou l’efficacité du test PCR. Ce qui est encore plus remarquable, c’est que les études contiennent beaucoup d’erreurs invraisemblables telles qu’il est difficile de comprendre qu’une personne sensée normale ait pu les commettre. Par exemple, pour suivre l’évolution du nombre d’infections, on parle encore en termes de nombre absolu d’infections établies. Alors que même un écolier sait que cela ne signifie rien tant que le nombre d’infections établies n’est pas mis en proportion avec le nombre de tests effectués. En d’autres termes, plus vous faites de tests, plus il y a de risque que le nombre d’infections augmente également. Est-ce si difficile ? En outre, il faut garder à l’esprit que le test PCR peut produire un grand nombre de faux positifs si les valeurs ct sont trop élevées. L’ensemble de ces éléments fait que l’inexactitude des chiffres quotidiens diffusés par les médias est telle que cela amène certains à soupçonner, à tort, mais de manière compréhensible, une conspiration.
    Une fois de plus, il est préférable de placer ce phénomène dans une perspective historique. Parce que la qualité problématique de la recherche scientifique est un problème beaucoup plus ancien. En 2005, la « crise de la réplication » a éclaté dans les sciences. Diverses commissions d’enquête, qui avaient été créées pour examiner un certain nombre de cas de fraude scientifique, ont constaté que la recherche scientifique est truffée d’erreurs. Souvent, les conclusions proposées par la recherche sont donc d’une valeur très douteuse. Au lendemain de la crise, plusieurs articles ont été publiés avec des titres qui ne laissaient guère de place au doute. John Ionnadis, professeur de statistiques médicales à Stanford, a publié en 2005 « Why most published research findings are false »(1). En 2016, un autre groupe de recherche a publié « Reproducibility : a tragedy of errors »(2) dans la revue scientifique Nature, sur le même sujet. Ce ne sont que quelques exemples de la très vaste littérature décrivant cette problématique. Je suis moi-même bien conscient des fondements scientifiques fragiles de nombreux résultats de recherche. En plus de mon master en psychologie clinique, j’ai obtenu un master en statistique, et mon doctorat portait sur les problèmes de mesure en psychologie.

    Comment les critiques ont-elles été reçues dans le monde scientifique ?

    Au départ, elles ont provoqué une onde de choc, après quoi les gens ont tenté de résoudre la crise en exigeant plus de transparence et d’objectivité. Mais je ne pense pas que cela ait résolu grand-chose. La cause du problème se trouve plutôt dans une forme particulière de la science qui a émergé au cours du siècle des Lumières. Cette science part d’une croyance trop absolue en l’objectivité. Selon les adeptes de cette vision, le monde est presque absolument objectivable, mesurable, prévisible et contrôlable. Mais la science elle-même a montré que cette idée est intenable. Il y a des limites à l’objectivité et, selon le domaine scientifique, on rencontre ces limites plus rapidement.
    La physique et la chimie se prêtent encore assez bien à la mesure. Mais dans d’autres domaines de recherche, tels que l’économie, la médecine ou la psychologie, c’est beaucoup moins faisable. La subjectivité du chercheur a une influence directe sur les observations. Et c’est précisément ce noyau subjectif que l’on a voulu bannir du débat scientifique. Paradoxalement – mais peut-être aussi logiquement – ce noyau s’est épanoui dans son lieu d’exil, ce qui a conduit au résultat totalement inverse de celui espéré. À savoir un manque radical d’objectivité et une prolifération de la subjectivité. Ce problème a persisté même après la crise de la réplication, et ils n’ont pas réussi à trouver une solution sur le fond. Le résultat est que maintenant, 15 ans plus tard, dans la crise du covid, nous sommes en fait confrontés aux mêmes problèmes.

    Les politiciens d’aujourd’hui fondent-ils leurs mesures anti-corona sur des hypothèses scientifiques erronées ?

    Je pense que oui. Ici aussi, nous voyons une sorte de croyance naïve en l’objectivité se transformer en son contraire : un manque radical d’objectivité avec des masses d’erreurs et d’imprécisions. De plus, il existe un lien sinistre entre la montée de ce type de science absolutiste et le processus de formation des masses et le totalitarisme dans la société. Dans son livre Les origines du totalitarisme, la philosophe et politologue germano-américaine Hannah Arendt décrit comment ce processus s’est déroulé entre autres dans l’Allemagne nazie. Les régimes totalitaires en devenir se rabattent généralement sur un discours « scientifique ». Ils montrent un grand intérêt pour les chiffres et les statistiques, qui se transforment rapidement en pure propagande, caractérisée par un « mépris des faits » radical. Le nazisme, par exemple, a fondé son idéologie sur la supériorité de la race aryenne. Toute une série de soi-disant chiffres scientifiques soutenait leur théorie. Aujourd’hui, nous savons que cette théorie n’avait aucune valeur scientifique, mais à l’époque les scientifiques ont défendu le point de vue du régime dans les médias.
    Hannah Arendt décrit comment ces scientifiques se sont détériorés pour atteindre un niveau scientifique douteux et elle utilise le mot « charlatans » pour le souligner. Elle décrit également comment l’essor de ce type de science et de ses applications industrielles s’est accompagné d’un changement sociétal typique. Les classes ont disparu et les liens sociaux normaux se sont dégradés, avec beaucoup d’anxiété et de malaise indéterminés, de perte de sens et de frustration. C’est dans de telles circonstances qu’une masse se forme, un groupe aux qualités psychologiques très spécifiques. En principe, lorsqu’une masse se forme, toute la peur qui envahit la société est liée à un seul « objet » – les Juifs, par exemple – de sorte que la masse s’engage dans une sorte de lutte énergique avec cet objet. Sur ce processus de formation de masse se forme alors une organisation politique totalement nouvelle : l’État totalitaire.
    Aujourd’hui, on constate des phénomènes similaires. Il y a une énorme souffrance psychologique, un manque de sens et une absence de liens sociaux dans la société. Puis vient une histoire qui pointe vers un objet de peur, le virus, après quoi la population lie en masse sa peur et son malaise à cet objet de peur. Entretemps, l’appel à unir ses forces pour combattre l’ennemi meurtrier est constamment entendu dans tous les médias. Les scientifiques qui apportent l’histoire au peuple reçoivent en retour un pouvoir sociétal impressionnant. Leur pouvoir psychologique est si grand qu’à leur suggestion, toute la société renonce brusquement à toute une série de coutumes sociales et se réorganise d’une manière que personne n’aurait cru possible au début de l’année 2020.

    Que pensez-vous qu’il va se passer maintenant ?

    La politique actuelle liée au coronavirus redonne temporairement un peu de lien social et de sens à la société. Lutter ensemble contre le virus crée une sorte d’enivrement. Cet enivrement provoque un énorme rétrécissement du champ de vision, qui fait que d’autres questions, comme l’attention portée aux dommages collatéraux, passent au second plan. Pourtant, les Nations Unies et divers scientifiques ont averti dès le départ que les dommages collatéraux pourraient causer beaucoup plus de décès dans le monde que le virus, par exemple à cause de la faim et les traitements reportés.
    La massification a un autre effet remarquable : elle amène les individus à mettre de côté, ou plutôt, à ignorer psychologiquement, tous les motifs égoïstes et individualistes. On en arrive à tolérer un gouvernement qui supprime tous les plaisirs personnels. Pour ne citer qu’un exemple : les établissements de l’horeca dans lesquels des personnes ont travaillé toute leur vie sont fermés sans grande protestation. Ou encore : la population est privée de spectacles, de festivals et d’autres plaisirs culturels. Les dirigeants totalitaires sentent intuitivement que le fait de tourmenter la population renforce de manière perverse la formation des masses.
    Je ne peux pas l’expliquer en détail ici, mais le processus de massification est intrinsèquement autodestructeur. Une population qui a été saisie par ce processus est capable d’une énorme cruauté envers les autres, mais aussi envers elle-même. Elle n’hésite pas du tout à se sacrifier elle-même. Cela explique pourquoi un État totalitaire – contrairement aux dictatures – ne peut pas continuer à exister. Il finit par se dévorer, pour ainsi dire. Mais le coût de ce processus est généralement un très grand nombre de vies humaines.

    Pensez-vous reconnaître des traits totalitaires dans la crise actuelle et dans la réponse du gouvernement qu’elle suscite ?

    Oui, certainement. Si l’on prend ses distances par rapport à l’histoire du virus, on découvre un processus totalitaire par excellence. Par exemple : selon Hannah Arendt, un État pré-totalitaire coupe tous les liens sociaux de sa population. Les dictatures le font au niveau politique – elles veillent à ce que l’opposition ne puisse pas s’unir – mais les États totalitaires le font aussi au sein de la population, dans la sphère privée. Pensez aux enfants qui – souvent contre leur gré – ont dénoncé leurs parents au gouvernement dans les États totalitaires du XXe siècle. Le totalitarisme est si fortement axé sur le contrôle total qu’il crée automatiquement la suspicion au sein de la population, ce qui pousse les gens à s’espionner et à se dénoncer. Les gens n’osent plus parler librement à n’importe qui et sont moins capables de s’organiser en raison des restrictions. Il n’est pas difficile de reconnaître de tels phénomènes dans l’état actuel des choses, parmi de nombreuses autres caractéristiques du totalitarisme émergent.

    Qu’est-ce que cet État totalitaire veut réaliser en fin de compte ?

    En premier lieu, il ne veut rien. Son émergence est un processus automatique lié, d’une part, à un grand malaise au sein de la population et, d’autre part, à une pensée scientifique naïve qui considère que la connaissance totale est possible. Aujourd’hui, certains pensent que la société ne doit plus se baser sur des discours ou des idées politiques, mais sur des chiffres scientifiques, déroulant ainsi le tapis rouge pour une technocratie. Leur image idéale est ce que le philosophe néerlandais Ad Verbrugge appelle l’agriculture/l’élevage humain intensif (‘intensieve menshouderij’). Dans une idéologie biologico-réductrice, virologique, une surveillance biométrique continue est indiquée et l’homme est soumis à des interventions médicales préventives constantes, telles que des campagnes de vaccination.
    Tout cela est fait pour optimiser sa santé. Et toute une série de mesures d’hygiène médicale doit être mis en œuvre : pas de poignée de main, port de masque buccal, désinfection constante des mains, vaccination, etc. Pour les adeptes de cette idéologie, on ne peut jamais aller assez loin pour atteindre l’idéal de la plus haute “santé” possible. Dans la presse il y avait même des articles dans lesquels on pouvait lire qu’il fallait faire encore plus peur à la population. Ce n’est qu’alors qu’ils respecteront les mesures proposées par les virologues.
    Dans leur vision des choses, attiser la peur sert finalement le bien commun. Mais en élaborant toutes ces mesures draconiennes, les décideurs politiques oublient que les gens – y compris leur corps – ne peuvent être en bonne santé sans suffisamment de liberté, de respect pour la vie privée et le droit à l’autodétermination. Des valeurs que cette vision totalitaire technocratique ignore totalement. Bien que le gouvernement aspire à une énorme amélioration de la santé de sa société, par ses actions, il ne fera que ruiner la santé de la société. C’est d’ailleurs une caractéristique fondamentale de la pensée totalitaire selon Hannah Arendt : elle aboutit exactement au contraire de ce qu’elle visait à l’origine.

    Aujourd’hui, le virus crée la peur nécessaire sur laquelle repose le totalitarisme. La disponibilité d’un vaccin, et la campagne de vaccination qui s’ensuivra, n’élimineront-elles pas cette peur et mettront-elles ainsi fin à cette flambée totalitaire ?

    Un vaccin ne résoudra pas l’impasse actuelle. Cette crise n’est pas une crise sanitaire, c’est une profonde crise sociétale et même culturelle. D’ailleurs, le gouvernement a déjà indiqué qu’après la vaccination, les mesures ne disparaîtront pas automatiquement. Un article dans la presse3 disait même qu’il était remarquable que des pays qui sont déjà bien avancés dans la campagne de vaccination – comme Israël et la Grande-Bretagne – sont étrangement en train de renforcer encore les mesures. Je prévois plutôt ce scénario : malgré toutes les études prometteuses, le vaccin n’apportera pas de solution. Et en raison de la cécité qu’entraînent la massification et le totalitarisme, la responsabilité sera imputée à ceux qui ne se conforment pas au discours dominant et/ou refusent de se faire vacciner. Ils seront utilisés comme boucs émissaires. On tentera de les faire taire. Et si cela réussit, le point de basculement redouté dans le processus du totalitarisme viendra : ce n’est qu’après avoir complètement éliminé l’opposition que l’État totalitaire montrera son visage le plus agressif. Il devient alors – pour reprendre les mots de Hannah Arendt – un monstre qui mange ses propres enfants. En d’autres termes, le pire est probablement encore à venir.

    A quoi pensez-vous alors ?

    Les systèmes totalitaires ont généralement tous la même tendance à isoler méthodiquement. On va par exemple, pour garantir la santé de la population, isoler encore plus la partie « malade » de la population et l’enfermer dans des camps. Cette idée a en fait été avancée à plusieurs reprises pendant la crise du covid, mais a été rejetée comme « non réalisable » en raison d’une trop grande résistance sociale. Mais cette résistance va-t-elle se poursuivre si la peur augmente de façon exponentielle ? Vous pouvez me soupçonner d’être un fantaisiste, mais qui aurait pensé au début de l’année 2020, qu’aujourd’hui notre société serait dans l’état actuel ? Le processus du totalitarisme est basé sur l’effet hypnotique d’une histoire, d’un discours, et il ne peut être rompu que si une autre histoire est entendue. C’est pourquoi j’espère que davantage de personnes se poseront des questions sur le danger réel du virus et sur la nécessité des mesures corona actuelles. Et oseront en parler publiquement.

    Comment se fait-il que cette réaction de peur ne se produise pas avec la crise climatique ?

    La crise climatique n’est probablement pas très adaptée comme objet de crainte. Elle est peut-être trop abstraite et nous ne pouvons pas l’associer à la mort immédiate d’un proche ou de nous-mêmes. Et en tant qu’objet de peur, elle rentre moins facilement dans notre conception notre conception médico-biologique de l’humanité. Un virus est donc un objet de peur privilégié.

    Que nous apprend la crise actuelle sur notre relation avec la mort ?

    La science dominante perçoit le monde comme une interaction mécaniste d’atomes et d’autres particules élémentaires qui entrent en collision par pur hasard et produisent toutes sortes de phénomènes, y compris l’homme. Cette science nous rend désespérés et impuissants face à la mort. En même temps, la vie est vue et vécue comme un phénomène mécanique totalement dépourvu de sens, mais nous nous y accrochons comme si c’était la seule chose que nous ayons, et pour cela nous voulons éliminer chaque risque ou comportement à risque. Et c’est impossible. Paradoxalement, essayer d’éviter radicalement le risque, par exemple par le biais des mesures sanitaires liées au covid-19, crée le plus grand risque de tous. Il suffit de regarder les colossaux dommages collatéraux causés.

    Vous percevez l’évolution sociétale actuelle de manière négative. Comment envisagez-vous l’avenir ?

    Je suis convaincu que quelque chose de beau émergera de tout cela. La science matérialiste part de l’idée que le monde est constitué de particules de matière. Pourtant, cette même science a montré que la matière est une forme de conscience. Qu’il n’y a pas de certitude et que l’esprit humain ne parvient pas à saisir complètement le monde. Le physicien danois et prix Nobel Niels Bohr, par exemple, a soutenu que les particules élémentaires et les atomes se comportent de manière radicalement irrationnelle et illogique. Selon lui, ils pourraient être mieux compris par la poésie que par la logique.
    Sur le plan politique, nous allons vivre quelque chose de similaire. Dans un avenir proche, nous allons assister à ce qui historiquement sera probablement la tentative la plus ambitieuse de tout contrôler d’une manière technologique et rationnelle. À terme, ce système s’avérera inefficace et montrera que nous avons besoin d’une société et d’une politique totalement différentes. Le nouveau système sera davantage fondé sur le respect de ce qui est finalement insaisissable pour l’esprit humain et sur le respect de l’art et de l’intuition qui étaient au cœur des religions.

    Sommes-nous aujourd’hui dans un changement de paradigme ?

    Sans aucun doute. Cette crise annonce la fin d’un paradigme historique culturel. La transition a déjà été faite en partie dans les sciences. Les génies qui ont jeté les bases de la physique moderne, de la théorie des systèmes complexes et dynamiques, de la théorie du chaos et de la géométrie non-euclidienne ont déjà compris qu’il n’y a pas une, mais plusieurs logiques différentes. Qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement subjectif dans toute chose et que les gens vivent en résonance directe avec le monde qui les entoure et toute la complexité de la nature.
    De plus, l’homme est un être qui, dans son existence énergétique, est dépendant de son prochain. Eux le savaient déjà depuis longtemps, maintenant encore les autres ! Nous assistons aujourd’hui à une ultime résurgence de l’ancienne culture, fondée sur le contrôle et la compréhension logique, qui montrera à un rythme rapide à quel point elle est un énorme échec et à quel point elle est incapable d’organiser réellement une société de manière décente et humaine.

    Propos recueillis par Patrick Dewals, philosophe politique
    https://www.kairospresse.be/article/les-mesures-contre-le-coronavirus-revelent-des-traits-totalitaires

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    1. « Pourquoi la plupart des résultats de recherche publiés sont faux », https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0020124
    2. « Reproductibilité : une tragédie d’erreurs », https://www.nature.com/news/reproducibility-a-tragedy-of-errors-1.19264.

    3. https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20210112_96774760

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