Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • TOUS DEHORS !

    Appel aux convoyeurs de la liberté. « Parce qu’au fond, ce que nous voulons, c’est tout simplement retrouver des moyens de vivre décemment. Nous savons ce qu’il nous en coûtera. L’heure de la décision a sonné. Donnons-nous la main et entrons dans Paris. »

    L’histoire montre que le peuple est du côté des Gilets Jaunes et de tous ceux qui se lèvent pour mieux vivre. De la même manière, l’histoire montre comment la dépréciation de nos vies profite à une minorité de nantis, de courtisans et de politiciens. Parce qu’au fond, ce que nous voulons, c’est tout simplement retrouver des moyens de vivre décemment. Nous savons ce qu’il nous en coûtera. L’heure de la décision a sonné. Donnons-nous la main et entrons dans Paris.

    Depuis deux ans, le gouvernement expérimente, applaudi par ses médias de propagande, des nouvelles manières de nous faire taire, de nous obliger à rester spectateurs de leur politique qui nous emmène vers le désastre. L’intensification dramatique de la pauvreté et de la précarité n’est que le revers des records sans précédent du CAC 40, de l’évasion fiscale des plus riches, de la destruction des services publics et de l’hôpital.

    Nous ne voulons plus trimer dans des boulots de merde. Nous voulons vivre décemment de notre travail. Nous voulons des augmentations de salaire ! Pour ceux d’entre nous qui sont au chômage, nous ne voulons plus être contrôlés, humiliés et radiés de Pôle emploi sans un radis. Nous ne voulons plus que quelques migrants servent d’alibi raciste à des politiciens véreux pour qu’ils se dédouanent de leur gestion désastreuse de la France.

    Nous ne voulons plus montrer un QR code pour aller au bistrot, au sport, au cinéma ou pour prendre le train comme si nous traversions une frontière ! Et nous en avons assez d’être brutalisés par une police chez laquelle prospère la haine du peuple.

    Nous voulons que tout le monde puisse prendre soin des personnes vulnérables à la place d’une vaccination obligatoire.
    Nous voulons nous battre contre l’empoisonnement des terres, des rivières, de la mer et de l’air que nous respirons. Et nous regardons avec dégout cette scène obscène où s’agitent des politiciens corrompus, escrocs, violeurs, amis des grands patrons français, qui prétendent nous gouverner.

    Tous à Paris les 12-13 février, en camion, en voiture, à scooter, à vélo, à pied, en vélo, en scooter ! Le 14 février tous à Bruxelles !

    https://www.facebook.com/tousdehors
    https://www.facebook.com/hashtag/convoidelaliberte
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  • QUAND LA PRESSE PRÉSENTE SES EXCUSES

    Le 7 janvier dernier, l’un des plus grands journaux danois a présenté des excuses à son lectorat, avouant avoir été « absorbés de façon presque hypnotique » par les discours des autorités pendant près de deux ans, et n’avoir pas fait preuve d’assez de vigilance.
    https://ekstrabladet.dk/nyheder/lederen/vi-fejlede/9072013

    Une repentance qui contraste avec les récentes mesures prises par le royaume. Sous la vague de contaminations d’Omicron, depuis la mi-décembre 2021, le pays a mis en place couvre-feu, passe sanitaire, tests obligatoires malgré la vaccination, fermeture des théâtres, cinémas, salles de concert... Des mesures qui avaient pourtant disparu en septembre 2021, au moment où le Danemark atteignait 73 % de vaccination.

    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_au-danemark-ou-73-de-la-population-est-vaccinee-toutes-les-restrictions-

    Trois semaines plus tard, dans son article, le journal assure que « les experts nous expliquent la situation par des mouvements de pendules, nous mettant sans cesse en garde contre le monstre corona qui sommeille sous nos lits. » Un renouveau exaspérant des mesures sanitaires, qui ne semblent toutefois pas parties pour durer. Au début du mois, Tyra Grove Krause, responsable de la santé au Danemark, se montrait optimiste quant à l’évolution de l’épidémie, bien qu’elle n’ait pas encore mentionné de changements au niveau des mesures.

    https://www.francesoir.fr/politique-monde/danemark-royaume-uni-vie-normale

    Le Ekstra Bladet titre « Nous avons échoué »

    Il s’agit de l’un des plus grands groupes de presse du pays, un quotidien généraliste en format tabloïd qui date de 1904. « Nous, la presse, avons fait le bilan sur notre travail, et nous avons échoué », écrivent-ils.
À quoi cette soudaine prise de conscience est-elle due ? Aux chiffres des hospitalisations et des décès, et à l’interprétation que l’on peut en faire : « Quelle est la différence entre "avec Covid", et "du Covid" ? Nous ne nous sommes pas posée la question au bon moment. Cela fait une grande différence. » C’est une hypothèse émise depuis longtemps par lesdits complotistes, selon laquelle les chiffres seraient largement gonflés par l’étiquetage abusif des cas "Covid", qui souvent, souffrent de comorbidités. Alors, "avec Covid" ou "du Covid" ?
« Les chiffres officiels d’admission se sont avérés être 27 % plus élevés que le chiffre réel du nombre de personnes hospitalisées simplement parce qu’elles sont atteintes du Covid-19. Nous ne le savons que maintenant », avouent-ils dans l’article.

    https://www.francesoir.fr/societe-sante/italie-seuls-29-des-morts-du-covid-19-ont-effectivement-succombe-au-virus

    Un échec partagé avec les autorités sanitaires

    Autre exemple mis en avant par le journal : celui des vaccins. « Les vaccins sont constamment désignés comme notre "super arme". Et nos hôpitaux sont appelés "super hôpitaux". Néanmoins, ces "super-hôpitaux" sont apparemment soumis à une pression maximale, même si la quasi-totalité de la population est armée d’une "super-arme". Même les enfants sont vaccinés, dans une très large mesure, ce qui n’a pas été fait dans nos pays voisins », explique humblement le Ekstra Bladet pour souligner le manque d’efficacité des vaccins, notamment pour faire face à Omicron, qui contamine les vaccinés comme les non-vaccinés. Un constat qui fait écho à ce que l’on peut entendre en France.
Aussi le journal tient-il à partager son échec avec les autorités : « Dans l’ensemble, les messages adressés par les autorités et les responsables politiques au public dans cette crise historique laissent beaucoup à désirer. Ils mentent, comme ils l’ont toujours fait lorsque la population perd confiance en eux. »

    Le quatrième pouvoir

    En juin 2021, c’était le rédacteur en chef du journal allemand Bild, qui ouvrait la marche en présentant ses excuses à la population dans une vidéo rendue publique : « Je veux exprimer ici ce que ni notre gouvernement, ni notre chancelière n’osent vous dire : nous vous demandons pardon pour avoir fait de vous, pendant un an et demi, des victimes de violences, de négligences, d’isolement et de solitude. [...] Pardon pour cette politique et cette couverture médiatique qui, comme un poison, vous a inculqué le sentiment que vous étiez un danger mortel pour la société. [...] Quand un État vole ses droits à un enfant, il doit prouver que, par là, il le protège contre un danger concret imminent. Cette preuve n’a jamais été apportée. Elle a été remplacée par de la propagande présentant l’enfant comme un vecteur de la pandémie. Ceux qui voulaient détruire cette propagande n’ont jamais été invités à la table des experts. »

    https://www.watson.ch/fr/international/covid-19/835862649-bild-s-excuse-pour-la-couverture-mediatique-anxiogene-du-covid

    Si l’année 2021 n’a pas connu beaucoup d’autres aveux de ce genre, l’article du journal danois s’inscrit quant à lui dans un bouleversement général de l’opinion, que l’on observe un peu partout depuis l’arrivée du variant Omicron. Servira-t-il d’exemple à d’autres grands médias ?

    https://www.francesoir.fr/politique-monde/nous-avons-echoue-un-grand-titre-danois-presente-ses-excuses-et-charge-le

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    https://youtu.be/-PvWUrqHoTE

  • L’ÉCONOMIE S’EST ACCAPARÉE LE POUVOIR

    Valérie Bugault est docteur en droit et analyste de géopolitique juridique. Depuis 2009, elle se consacre exclusivement à diffuser le résultat de ses nombreux travaux de recherche et les découvertes juridiques et politiques.

    Son travail est profondément radical, dans le sens étymologique du terme, c’est-à-dire qu’il prend les problèmes à leur racine, montrant avec brio la privatisation de ce qui devrait être un bien commun : la monnaie, la supercherie que sont nos « démocraties » et les institutions européennes, dévoilant la véritable identité de ceux qui nous dirigent : la caste des « banquiers-commerçants », ceux qui n’ont jamais de compte à rendre. 

    "Il y a toujours une apparence mise en œuvre pour empêcher l’accès à la réalité du terrain. C’est ça que les médias sont chargé de cacher. Leur rôle principal c’est d’empêcher l’accès à la réalité derrière l’apparence qui est mise en jeu, qui est mise en scène, par les détenteurs réel du pouvoir."
    Valérie Bugault, interview Kairos, janvier 2022.

    https://youtu.be/SPLHGwCXDPc

  • On n’arrête pas le progrès !

    Nous sommes en 2022 et la France vient de battre son record de tests positifs avec plus de 400 000 patients positifs en une seule journée. Le Ministre de la Santé a même annoncé que 10 % de la population française est considérée cas contact. Malgré ces statistiques effrayantes montrant l’image d’une France paralysée par la maladie, Laurent Toubiana nous explique sur CNews que le Réseau Sentinelles ne relève quasiment pas de malades fin décembre 2021. La question est donc simple, a-t-on encore le droit de parler d’épidémie quand il y a justes des tests positifs, mais pas de malades ?
    https://youtu.be/4pId-8xvDrc

  • INTOXICATION MENTALE
    Représentation, confusion, aliénation et servitude

    Nous oublions trop souvent que nos points de vue varient selon les situations, notre histoire et notre culture. Si notre mode de vie influe sur nos perceptions, voir d’une certaine façon crée sa propre réalité. Nous survivons sous influence d’un système qui formate nos conditions d’existences.

    De notre éducation jusqu’au travail et son monde de fétiches, les religions, les croyances et les idéologies manipulent notre esprit. Le matraquage publicitaire nous bourre le crâne de clichés et de comportements à reproduire pour se donner l’illusion d’exister dans la mise en scène de nos apparences. Dépossédés de nos personnalités nous sommes conditionnés par nos représentations spectaculaires.

    Intoxiqués par nos prothèses numériques, programmés par des machines omniprésentes, emportés par un désastre de confusions, nous sommes aliénés dans une soumission béate, une consommation exaltée et frénétique.

    Mais cette intoxication mentale n’est que superficielle et manque de cohésion. Tout n’est qu’affaire d’apparences trompeuses se fissurant à la surface des choses marchandes en perte de crédit. Cette société en faillite dysfonctionne et se désagrège, mais renaît aussitôt par métamorphose à l’envers du décor.

    Lukas Stella
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#intoxment
    http://inventin.lautre.net/livres.html#LukasStella
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  • MASQUES CHIRURGICAUX TOXIQUES

    Fabriqués à partir de plastique non-recyclable, certains modèles contiendraient des substances potentiellement dangereuses pour la santé. On peut y trouver aussi des nanoparticules" démarre Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef du nouveau magazine conso Kali. « La particularité des nanoparticules, c’est que ce sont des particules extrêmement fines. Elles sont tellement petites qu’elles vont passer toutes les barrières physiologiques de votre organisme pour se loger au cœur des cellules. Et par exemple, les nanoparticules de dioxyde de titane qu’on retrouve dans nos masques. En fait, elles sont considérées comme cancérogènes à l’inhalation », poursuit-elle.

    « Rien que le 28 octobre dernier, par exemple, l’Institut de Santé Belge a détecté des nanoparticules de dioxyde de titane dans de nombreux masques, à tel point qu’ils ont été retirés du marché de par leur dangerosité », précise Christelle Pangrazzi.

    Si vous voyez des allégations telles que ’virucide, bactéricide, cinq fois plus efficace’... Si on vous promet des allégations technologiques, là, il faut fuir", détaille la rédactrice en chef de Kali. Plus encore, « il vaut mieux éviter tous les masques colorés », car ils contiennent "des colorants azoïques qui sont potentiellement dangereux, voire cancérogènes.

    « Les masques en tissu, c’est une bonne chose », répond Christelle Pangrazzi, mais elle précise que ceux que vous achetez en supermarché ou en pharmacie peuvent aussi contenir des particules qui peuvent être problématiques. Elle recommande donc de laver les masques en tissu avant de les utiliser, « parce que ça permet quand même d’éliminer un certain nombre de toxiques ».

    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/coronavirus-les-masques-chirurgicaux-et-en-tissu-nous-empoisonnent-ils-790009354

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    DIOXYDE DE TITANE INTERDIT DANS L’ALIMENTATION

    L’Autorité européenne de sécurité des aliments a jugé ne pas pouvoir exclure la « génotoxicité » du composant, c’est-à-dire sa capacité à endommager l’ADN, le matériel génétique des cellules.

    Le dioxyde de titane, un additif controversé, ne fera pas de retour dans les assiettes françaises, le gouvernement ayant décidé de reconduire en 2022 son interdiction, selon un arrêté publié vendredi 31 décembre au Journal officiel. Plus tard dans l’année, une interdiction au niveau européen prendra le relais de l’interdiction française.

    Signalé sur les étiquettes par TiO2 ou E171, cette poudre blanche est utilisée principalement comme colorant pour blanchir ou intensifier la brillance des produits alimentaires (confiseries, pâtisseries, plats cuisinés).

    Elle avait été bannie une première fois en janvier 2020 car elle contient des nanoparticules, dont la taille inférieure à 100 nanomètres permet une pénétration aisée dans l’organisme.

    Capacité à endommager l’ADN

    Cette interdiction doit devenir pérenne courant 2022. Début octobre, les Vingt-Sept ont donné leur feu vert pour interdire le dioxyde de titane dans l’alimentation à l’échelle de l’UE, après une remise en cause de sa sécurité par le régulateur européen.

    L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère que l’E171 ne peut plus être considéré comme « sûr » en tant qu’additif alimentaire. L’EFSA a jugé ne pas pouvoir exclure la « génotoxicité » du composant , c’est-à-dire sa capacité à endommager l’ADN, le matériel génétique des cellules.

    https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/alimentation-le-dioxyde-de-titane-definitivement-banni-des-assiettes-fra

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    HYSTÉRIE COLLECTIVE SUR LE PORT DU MASQUE

    Rappelons que le coronavirus est une nanoparticule et qu’il n’est pas arrêté par le maillage du masque. Pour la pénétration dans les tissus, il a un comportement de type nanoparticule. Il est possible que le port de masque de qualité, bien porté, puisse être utile. Cependant aucune étude scientifique (il n’y en a pas beaucoup) n’est concluante à ce sujet.

    Les masques en tissu qui deviennent d’ailleurs dangereux s’ils ne sont pas nettoyés extrêmement fréquemment. Ces masques peuvent devenir des nids à virus dangereux d’autant que celui-ci survit plusieurs jours sur ces masques humides.

    Quant aux masques chirurgicaux, ils sont capables de protéger partiellement, non pas celui qui le porte, mais le patient opéré. Ils arrêtent les nanoparticules à l’expiration dans une proportion d’environ 80 % et en laissent passer cependant environ 20 %. Ils doivent être changés régulièrement, la norme serait que leur utilisation n’excède pas une heure.

    https://www.contrepoints.org/2020/07/11/375554-port-du-masque-une-hysterie-collective

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    MASQUES AU GRAPHÈNE INTERDIT

    L’Anses recommande de ne pas utiliser les masques FFP2 au graphène. Des millions de masques FFP2 contenant du graphène sont retirés.

    Le graphène est une petite substance résistante et imperméable aux propriétés virucides, qui est potentiellement toxique. En avril dernier, le gouvernement canadien avait rappelé les masques qui en contenaient. « L’organisme canadien de réglementation de la santé, Health Canada, a rendu un avis urgent le 2 avril 2021, avertissant que les masques contenant des nanoparticules sont potentiellement toxiques et peuvent présenter un risque pour la santé, en particulier pour la santé pulmonaire, puisque les porteurs peuvent inhaler les particules », pouvait-on lire dans une lettre envoyée par des ONG spécialisées dans la santé environnementale aux dirigeants de la Commission européenne et du Parlement pour lancer l’alerte.

    Deux mois plus tard, c’est la France qui avait décidé de rappeler à son tour les masques FFP2 contenant du graphène. Dans une note publiée le 25 mai sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Santé publique France demandait de ne plus utiliser certains masques FFP2 « dans l’attente de l’évaluation de l’éventuel risque lié à la présence de graphène ».

    Dans son communiqué du 14 décembre, l’Agence rappelle que l’utilisation du graphène en tant que substance biocide est interdite en Europe. « Lorsque des boîtes de masques mentionnent la présence de graphène pour une activité biocide, celles-ci sont donc retirées du marché par la DGCCRF pour non-respect de la réglementation ».

    https://www.femmeactuelle.fr/sante/news-sante/rappel-de-produits-des-millions-de-masques-ffp2-potentiellement-danger

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  • DÉSOBÉISSANCE CIVILE !

    La violence de la vie n’a rien en commun avec la violence dont la mort se revêt. La vie n’a cure de répondre à la barbarie qui l’opprime.
    Vivre humainement est une expérience à la fois intemporelle et, historiquement parlant, radicalement nouvelle. S’y attacher et la poursuivre suffit pour que toute velléité d’entraver sa liberté se heurte à une fin de non-recevoir. Ainsi sommes-nous fondés à passer outre à tout décret liberticide.

    La désobéissance civile est une des émanations poétiques de cette fin de non-recevoir. Elle ne tolère aucune forme de prédation, aucune forme de pouvoir. Elle est le non-agir qui s’affirme en rayonnant, elle est la pulsion vitale qui va devant soi et, maillon après maillon, brise, comme par inadvertance, la totalité de ses chaînes.
    La guerre civile est un jeu de mort où toutes et tous s’affrontent, la désobéissance civile est le jeu de la vie solidaire où les passions se vivent en s’accordant.

    A chaque instant se poser la question : à qui cela profite-t-il ?

    La stratégie de la confusion est l’apanage des gouvernements et des puissances financières mondiales. L’art de la communication sert à discréditer les révoltes de la liberté offensée. Le mouvement des Gilets jaunes a été de la sorte assimilé à un populisme où grenouillaient fascistes, antisémites, homophobes, misogynes et fous furieux. Ces grotesques calomnies n’ont guère eu besoin d’être dénoncées. Elles ont été balayées avec une manière de désinvolture sidérante par la tranquille détermination des manifestants d’accorder aux aspirations humaine une priorité absolue. Chose étonnante, l’opposition de gauche, voire gauchiste et libertaire, avait fait montre à l’endroit des Gilets jaunes d’une réticence méprisante, assez proche de l’arrogance oligarchique. Quand les bureaucrates politiques et syndicaux s’avisèrent de leur bévue et ambitionnèrent de rejoindre le mouvement des ronds points, ils se trouvèrent mis à l’écart par la ferme et salutaire résolution de ne tolérer ni chefs ni guides autoproclamés.

    L’épidémie est venue à point pour rendre au Pouvoir vacillant un peu de son autorité répressive.

    Certes, le coronavirus et ses mutations constantes représentent un danger incontestable. Mais là où des mesures favorables à la santé eussent permis d’en atténuer l’impact, on a assisté à une gestion catastrophique du chaos. La gabegie hospitalière, les mensonges en cascades, les marches et contre-marches, la prévarication des milieux scientifiques ont aggravé le péril. Plus toxique encore a été et reste la panique orchestrée par les médias, serpillières des intérêts privés. La partie était belle pour les grands laboratoires pharmaceutiques dont les actionnaires s’enrichissent chaque fois que les citoyens-cobayes paient le renouvellement des vaccins.

    Trois ans de gilets ensoleillés en toutes saisons ont affermi la résistance à une barbarie, qui ne les a pas épargnés. Il y a là de quoi inquiéter et irriter les fantoches étatiques, les derniers politicards, les marchands de pesticides à tous vents.

    La brutalité ne suffisant pas, la vieille pratique du bouc-émissaire a pris le relais. Experte en la matière, l’extrême-droite a choisi de mâchouiller les migrants de sa dent unique et branlante. Avec les Gilets jaunes et leurs émules, les gestionnaires de la corruption nationale et mondialiste font face à un projet d’une autre envergure et d’une autre substance.
    En 2018, le gouvernement français s’était ridiculisé en traitant le peuple des ronds-points de péquenauds incultes et irresponsables. Que la vogue du coronavirus lui livre l’occasion de reprendre l’offensive avec plus de pertinence n’a rien d’étonnant.

    Quant aux résidus de ceux qui bousillèrent le mouvement ouvrier et dont l’électoralisme a fait surgir de sa boite de Pandore un fascisme de pacotille, ils ont une revanche à prendre sur ce peuple qu’ils ne reconnaissent pas parce qu’il refuse de les reconnaître. Ils cautionnent la grossière manoeuvre de culpabilisation par laquelle les responsables de la dévastation sanitaire imputent la propagation de l’épidémie à des insurgés surtout coupables d’avoir compris que l’obligation de se faire vacciner laissait augurer un contrôle social à la chinoise.

    Au lieu de dénoncer les fauteurs de la morbidité généralisée, une faction d’intellectuels, de rétro-bolcheviques, de prétendus libertaires ont adopté la novlangue orwellienne, devenue le mode de communication traditionnel des instances gouvernementales. Ils dénient au peuple le droit de choisir ou non les vaccins en cours d’expérimentation. Ils apportent à l’Etat un soutien effarant en taxant d’individualistes les gilets jaunes en lutte pour le droit de vivre et la liberté qu’elle implique. Or, cela fait trois ans que les insurgées et insurgés de la vie quotidienne, n’ont plus à démontrer qu’ils sont des individus autonomes, réfléchissant par eux-mêmes, non des individualistes, à qui la pensée grégaire inspire des propos du genre : « si tout le monde se faisait vacciner, on n’aurait pas besoin de passeport sanitaire ».

    Ni peur ni culpabilité. Le vivant aura raison de ce monde à l’envers et de ses complices. Même si le combat pour la joie de vivre subit maints revers, pourquoi s’en inquiéter ? L’embrasement qui s’apaise se ravivera comme par inadvertance au moindre souffle de la vie.

    Le retour à la base exclut les faux débats. Il n’y a que la santé de l’Homme abstrait qui accepte d’être traitée par statistiques et par décrets.
    Se faire vacciner ou non contre le virus est une décision qui relève du libre choix. Je ne l’impose à personne - soit-il vieux ou vulnérable - et je me battrai pour que personne ne me l’impose.

    L’individu autonome tient sa force de lui-même et de la solidarité de ses semblables. L’individualiste est un adepte du calcul égoïste, un vulgaire prédateur, un pur produit du capitalisme.

    Délaissant la lice des combats factices, les peuples ont appris dans la souffrance que seuls les marchands d’armes gagnent une guerre. Notre combat n’est pas concurrentiel, il se résume à tenter de vivre selon nos désirs en revendiquant pour tous et toutes un droit identique au bonheur.

    La joie de vivre est une inclination naturelle. C’est à sa souveraineté que la nature devra d’être libérée de l’homme prédateur. Seule une absolue liberté anéantira l’absolutisme qui nous tue.

    Raoul Vaneigem, août 2021

    https://pour.press/desobeissance-civile
    https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/130821/desobeissance-civile
    https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/150821/desobeissance-civile-suite
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  • DÉCHÉANCE DU TRAVAIL

    Dans une société industrielle qui confond travail et productivité, la nécessité de produire a toujours été antagoniste au désir de créer. Que reste-t-il d’étincelle humaine, c’est-à-dire de créativité possible, chez un être tiré du sommeil à six heures chaque matin, cahoté dans les trains de banlieue, assourdi par le fracas des machines, lessivé, bué par les cadences, les gestes privés de sens, le contrôle statistique, et rejeté vers la fin du jour dans les halls de gares, cathédrales de départ pour l’enfer des semaines et l’infime paradis des week-ends, où la foule communie dans la fatigue et l’abrutissement ?

    De l’adolescence à l’âge de la retraite, les cycles de vingt-quatre heures font succéder leur uniforme émiettement de vitre brisée : fêlure du rythme figé, fêlure du temps -qui-est-de-l’argent, fêlure de la soumission aux chefs, fêlure de l’ennui, fêlure de la fatigue. De la force vive déchiquetée brutalement à la déchirure béante de la vieillesse, la vie craque de partout sous les coups du travail forcé. Jamais une civilisation n’atteignit à un tel mépris de la vie ; noyé dans le dégoût, jamais une génération n’éprouva à ce point le goût enragé de vivre. Ceux qu’on assassine lentement dans les abattoirs mécanisés du travail, les voici qui discutent, chantent, boivent, dansent, baisent, tiennent la rue, prennent les armes, inventent une poésie nouvelle. Déjà se constitue le front contre le travail forcé, déjà les gestes de refus modèlent la conscience future. Tout appel à la productivité est, dans les conditions voulues par le capitalisme et l’économie soviétisée, un appel à l’esclavage.

    La nécessité de produire trouve si aisément ses justifications que le premier Fourastié venu en farcit dix livres sans peine. Par malheur pour les néo-penseurs de l’économisme, ces justifications sont celles du XIX° siècle, d’une époque où la misère des classes laborieuses fit du droit au travail l’homologue du droit à l’esclavage, revendiqué à l’aube des temps par les prisonniers voués au massacre. Il s’agissait avant tout de ne pas disparaître physiquement, de survivre. Les impératifs de productivité sont des impératifs de survie ; or les gens veulent désormais vivre, non seulement survivre.

    Le tripalium est un instrument de torture. Labor signifie « peine ». Il y a quelque légèreté à oublier l’origine des mots « travail » et « labeur ». Les nobles avaient du moins la mémoire de leur dignité comme de l’indignité qui frappait leurs esclavages. Le mépris aristocratique du travail reflétait le mépris du maître pour les classes dominées ; le travail était l’expiation à laquelle les condamnait de toute éternité le décret divin qui les avait voulues, pour d’impénétrables raisons, inférieures. Le travail s’inscrivait, parmi les sanctions de la Providence, comme la punition du pauvre, et parce qu’elle régissait aussi le salut futur, une telle punition pourrait revêtir les attributs de la joie. Au fond, le travail importait moins que la soumission.

    La bourgeoisie ne domine pas, elle exploite. Elle soumet peu, elle préfère user. (...)
    Quelle est donc la fonction du travail forcé ? Le mythe du pouvoir exercé conjointement par le chef et par Dieu trouvait dans l’unité du système féodal sa force de coercition. En brisant le mythe unitaire, le pouvoir parcellaire de la bourgeoisie ouvre, sous le signe de la crise, le règne des idéologies qui jamais n’atteindront ni seules, ni ensemble, au quart de l’efficacité du mythe. La dictature du travail productif prend opportunément la relève. Il a pour mission d’affaiblir biologiquement le plus grand nombre des hommes de les châtrer collectivement et de les abrutir afin de les rendre réceptifs aux idéologies les moins prégnantes, les moins viriles, les plus séniles qui furent jamais dans l’histoire du mensonge.

    Raoul Vaneigem, 1967.

    http://inventin.lautre.net/livres/Vaneigem-Traite-de-savoir-vivre.pdf

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    Extrait du journal "Feignasse" N°1, octobre 2013

    http://inventin.lautre.net/livres/Feignasse-N1.pdf
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  • DOUBLE MONDE
    Confinement en confusion, démence sous air conditionné.
    Lukas Stella

    Agrippés à nos croyances normalisantes, nous nous retrouvons confinés dans nos certitudes. Le monde qu’on nous présente dans ses représentations spectaculaires, est une escroquerie, celui qu’on se représente soi-même une illusion. Cette réalité mise en scène sous air conditionné, réfléchit l’image de soi selon l’air qu’on lui donne dans les apparences trompeuses de la société du spectacle. Un deuxième monde apparaît qui se substitue au temps vécu qui nous échappe.
    Ne pas se leurrer sur nos interprétations des situations peut nous permettre de mieux nous approprier nos perceptions et notre compréhension de ce double monde confus, mensonger et hypocrite, afin de pouvoir le transformer collectivement par nos actes de rébellions émancipatrices, partagés dans une convivance insurrectionnelle.

    Livre gratuit et reproduction libre
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#double-monde
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  • LA PEUR FAIT TOUT ACCEPTER

    Le virus n’est pas un ennemie envahisseur à combattre et à vaincre, car c’est perdu d’avance. Des virus il y en a partout dans l’air, on en a des millions dans le corps, ils sont en nous-même et on apprend toujours à vivre avec. Vouloir les combattre c’est se détruire.

    Le danger de l’épidémie n’est pas la contagion mais la peur et la psychose mortifère que les médias et les politicards génèrent. Ce n’est pas un problème de vaccins, de prolifération, de gouttelettes, de protection, de distanciation, de confinement, de restriction des libertés, de maintien de l’ordre et de répression, mais bien une question de vitalité, d’environnement propice sans pollution, de prévention, de médicaments et de soins, de qualité des soins dans de bonnes conditions...

    L’urgence sanitaire n’est qu’un prétexte pour renforcer le totalitarisme de la tyrannie marchande. Notre santé ne les intéresse que si nos maladies leurs sont profitables. Il s’agit maintenant de libérer la médecine de la corruption qui la gangrène, de libérer la recherche scientifique de l’emprise de la finance et de la main mise des trusts pharmaceutiques, par l’émancipation des populations soumises à l’autorité de l’État et à la dictature de la marchandise.

    Ni intoxiqué ni contrôlé, ingouvernable !

  • CONTRE LES CONSTRUCTIONS GÉNÉTIQUES ARTIFICIELLES

    Le collectif des faucheurs volontaires d’OGM Rhône-Loire se positionne face au pass.

    Les structures bienveillantes voire militantes qui poursuivent tant bien que mal leurs activités publiques nous appellent parfois à participer à leurs évènements. Nous tenons à les informer des motifs qui nous empêchent d’accepter toute invitation sous réserve de pass dit « sanitaire ».
    La plupart des Faucheurs-ses Volontaires d’Organismes Génétiquement Modifiés n’ont pas de pass car :

    – les vaccins exigés pour son obtention sont des produits génétiquement modifiés, classés OGM par la législation européenne. Qu’ils soient à ARN messager ou à ADN (ces derniers étant appelés médiatiquement à vecteur viral) ce sont des constructions génétiques artificielles.
    La cohérence s’impose aux FV, pas d’OGM dans les champs, pas d’OGM dans nos assiettes et pas de vaccins GM injectés dans nos corps. C’est une position collective de principe.

    – par ailleurs, la population en France se voit imposer une obligation vaccinale, en l’absence d’information complète et sous la menace de privations des libertés élémentaires de circuler et de travailler, de discriminations injustifiées et antidémocratiques.

    Les Faucheurs dénoncent la manipulation de la population et exigent d’obtenir le choix libre et éclairé entre thérapie ou vaccination et entre vaccins GM ou non GM.
    Ils s’insurgent contre une société où le contrôle et la contrainte sont devenus la règle, établissant un climat de défiance de tous envers tous, de délation.

    – enfin, la banalisation des vaccins GM ouvre aussi la porte à l’acceptabilité sociale de toutes les manipulations génétiques ou de biologie de synthèse qui pourraient être produites demain, que ce soient sur les végétaux , les animaux (dont les humains) , les micro-organismes ou les virus. Les Faucheurs Volontaires s’opposent à l’artificialisation du vivant et de leur vie : le QR code lié au pass sanitaire accélère l’entrée dans le monde virtuel, les objets numériques sont rendus indispensables et sont imposés à toute la société permettant ainsi son contrôle politique et sa mise sous contrainte.

    Ce sont donc des raisons éminemment politiques qui nous font refuser de telles invitations. Nous ne pouvons participer à aucun événement où le pass est exigé, refusant d’apporter une quelconque caution à une situation liberticide extrêmement violente.

    Le collectif des Faucheurs Volontaires 69-42.

  • SOUMISSION VACCINALE POUR ASSERVISSEMENT TOTAL

    Le journal Kairos fut l’un des premiers médias à signaler le problème majeur des tests PCR, qui conduiront à une gestion dramatique de la crise, étayée sur une vision totalement erronée de la situation sanitaire(1). En somme, et c’est très grave : les cycles d’amplification beaucoup trop élevés des tests PCR ont amené et mènent encore aujourd’hui à voir des « cas » partout, soit des malades, alors que la méthode des PCR ne « détecte que la présence des gènes du virus SARS-CoV‑2, mais en aucun cas n’ informe sur la condition physique de la personne testée(2) ». Si celle-ci n’a pas de symptômes, un résultat positif au test n’indique rien en termes de maladie ou de contagion. « En conclusion, la PCR est un outil de confirmation diagnostique et pas un outil de screening de masse ». Martin Zizi, qui écrivait ses mots il y a plus d’un an, mettait déjà la communauté scientifique belge au défi d’apporter des preuves que ses explications étaient erronées. Depuis, personne ne l’a contredit, mais tous, scientifiques, médias et politiques, ont continué à faire la même chose, aboutissant à cette situation délirante où tout et son contraire peut s’exprimer, la vérité n’ayant plus aucune espèce d’importance, la fin justifiant les moyens (menaces, mensonges, contradictions…).

    Instillant l’angoisse dans les foyers, se basant sur des chiffres de saturation d’hôpitaux dont les mêmes politiques diminuèrent depuis des années les moyens, empêchant la première ligne, les médecins généralistes, de travailler et prescrire librement, renvoyant par un effet logique les patients vers les centres hospitaliers et participant de cette saturation, interdisant ou dénigrant les traitements préventifs et curatifs, ils ont créé la crise de toutes pièces. Les gouvernements ont calqué leurs mesures politiques liberticides sur l’agenda industriel de la production vaccinale par la mafia pharmaceutique. Rien à faire dès lors des avertissements quant aux risques de leurs choix en regard de leurs bénéfices supposés, « on fera l’analyse après de quel a été le coût global de la pandémie covid et si les mesures qu’on a prises étaient les bonnes mesures ou pas » (cf. Conférence de presse du 24 mars). Ils ne le disaient pas, mais acceptaient de sacrifier des vies pour soi-disant en sauver. En vérité : sacrifier une jeunesse, des petits indépendants, les vieux, la vie sociale, ce qu’il restait de valeurs morales, nous mettre la tête au ras de l’eau pour nous faire sentir qu’on ne peut presque plus respirer et nous proposer alors la bouée de sauvetage : le « vaccin ».

    Thérapie génique s’il en est dont les effets secondaires remontent et laissent ces pantomimes gouvernementaux encore silencieux, pour une maladie dont le taux de mortalité réel oscillait entre 0.3 et 0.6%. Soit, rien qui ne demandait de mettre à l’arrêt la société entière et de vacciner planétairement une humanité désormais prise dans une expérience grandeur nature.

    Rien, si ce n’est l’argent, tenant compte de l’envolée actionnariale du vaccin et de la manne du test PCR pour des laboratoires qui en Belgique en réalisaient 600 à 2000 par jour, à 47€ le test…

    Entretemps, le dernier « papers » en date est passé par là, retourné dans les valises de l’histoire aussi vite qu’il est arrivé, Pandora de son petit nom. Car il n’y a que les appellations qui changent, à l’image de ceux qui découvrent l’ouragan avant qu’il ne frappe et le baptise d’un prénom. L’évasion fiscale et les divers trafics tuent évidemment dans des proportions inégalées avec le Covid. D’ailleurs, la supercherie du Covid entre dans cette forme de criminalité organisée où, encore, financiers et politiques ont pu faire passer leurs intérêts avant tout. Et refourguer insidieusement leur très lucratif abonnement vaccinal à vie : « Un certificat de vaccination est valable pendant un an, à compter du jour de la vaccination »(3). Bientôt, incapable de taire les morts des vaccins, nous diront-ils qu’il fallait en tuer certains pour en épargner d’autres ?

    Combien de temps tout cela va-t-il encore occuper nos esprits et nos corps, alors que la vie passe, et ne passe qu’une fois ? Sous la trompeuse volonté gouvernementale de sauver tout le monde, cette « déontologie utilitariste » à deux sens(4), l’ordre politico-médiatique est parvenu à ce que le sujet fasse sien l’injonction gouvernementale à la vaccination. Il ne faut bien évidemment y voir aucune forme de solidarité dans une société où les « travailleurs sociaux », par exemple, pour ne citer qu’eux, s’emploient chaque jour à réparer, et donc pallier, les dégâts causés par des politiques iniques. On voit donc surgir ces « bons citoyens », prompts à obéir au chef quand cela les arrange, à « peu de frais »(5), mais qui ne trouvaient rien à redire quand ceux qu’ils écoutent aujourd’hui, hier retiraient des moyens aux hôpitaux, favorisaient les multinationales en leur permettant de ne payer aucun impôt (cf. Didier Reynders et les intérêts notionnels), ne mettaient et ne mettent toujours rien en œuvre pour démanteler la fuite fiscale, etc.

    Il aura fallu des décennies de matraquage publicitaire (réclames ou discours politiciens), pour que le sujet ne soit même plus capable de percevoir ces contradictions évidentes, qu’ils acceptent que des firmes pharmaceutiques déjà plusieurs fois condamnées dans le passé refourguent leur produit via leurs délégués commerciaux aux commandes politiques.

    Deux conditions ont rendu possible cette forfaiture étatique qui laissera des traces dans l’histoire et, souhaitons-le, mettra un jour les responsables politiques et ceux à qui ils obéissent, sur le banc des accusés(6) :
    – une puissance médiatique parlant d’une même voix et se déclinant désormais sur des supports mobiles 24/24.
    – Une société atomisée où le sujet, réceptacle des mensonges officiels, ne peut plus s’appuyer sur un tissu social hors matrice, pour faire de vrais choix. La liberté c’est l’esclavage, il faut dès lors une « société » désolidarisée pour que le sujet ne trouve plus que des ersatz de solidarité dans ces invitations spéciales à prendre soin les uns des autres.

    Ceux qui sont issus des Boston Consulting Group (cf. Decroo), Mc Kinsey, Deloitte, dont le fonds de commerce est d’accroître la compétitivité, donc de se débarrasser de toutes les charges, n’ont aucune crédibilité à nous parler de ce qu’ils s’emploient chaque jour, par leur mesure, à détruire.

    Leurs promesses ne sont que des linceuls qui cachent la mort qu’ils sèment.

    Alexandre Penasse, Kairos 52, décembre 2021
    https://www.kairospresse.be/journal/kairos-52

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    1. Notamment : , octobre 2020 https://www.kairospresse.be/pcr-inutiles-si-on-est-asymptomatique/?highlight=pcr

    2. https://www.kairospresse.be/a‑propos-des-tests-par-pcr-lettre-ouverte-a-mes-collegues-qui-conseillent-nos-gouvernements/

    3. https://covidsafe.be/fr/questions-frequentes/combien-de-temps-le-certificat-est-il-valable

    4. À savoir, la déontologie « toute vie est sacrée » qui était avant l’ère vaccinale tout à fait trompeuse, mais présentée comme des plus altruistes est, à l’ère de la vaccination de masse, de l’utilitarisme qui ne dit pas son nom..

    5. Enfin, ce qu’on leur en disait, qu’il était gratuit et rapide de se faire vacciner. Les frais réels arrivent…

    6. Ce jour-là, la prison remplira une fonction réellement sociale : elle ne servira plus comme aujourd’hui à gérer la misère générée politiquement, mais à punir ces hommes qui par leur politique généraient l’iniquité.

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  • MALTRAITANCE ET PÉDAGOGIE DESTRUCTRICE DES DIRIGEANTS

    « Tout est confus. On fait du mal aux gens, on les méprise, on les divise, on les culpabilise. »
    "C’est ce qu’on appelle la pédagogie noire, on fait faire à quelqu’un quelque chose qui n’a aucun sens et qui est violent en disant c’est pour ton bien." « La perversion dans la manipulation. »
    "Quand vous pensez, quand vous posez des questions aujourd’hui, vous êtes un complotiste, vous êtes un fasciste, un dangereux criminel, c’est à dire que la subjectivité est devenu un potentiel désordre. Ça c’est la définition du totalitarisme."
    « En 10 ans, près de 300% d’augmentation des idées suicidaire, des tentatives de suicide et des suicides chez les moins de 15 ans. »
    "On est en train de jeter les enfants dans le chaos psychique."
    « Une dictature n’a pas forcément besoin d’un dictateur. C’est la mise en place d’un système où on abolit la limite entre la sphère privée et la sphère publique, où l’État gère la totalité de l’existence des individus. »
    « Après la fragmentation des liens sociaux, s’inscrivait dans la continuité une atomisation du lien social avec une hyper individualisation au nom de la solidarité. Chacun était recroquevillé sur lui-même, la société ne faisait plus corps, l’État devenait intrusif avec nos corps, prenant en charge mon intimité corporelle. »
    "Au nom de la liberté on va redéfinir le réel, cela s’appelle la psychose. On est en train de dessiner une société complètement psychotique."
    « Ce qui nous nourrit c’est le lien, on ne peut pas vivre sans. C’est ce qui nous permettra de ne pas finir complètement fragmenté. »
    "Cette crise a un effet de fragmentation sur le psychisme, et d’atomisation de la réflexion qui est très dangereux."

    Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne, psychothérapeute et auteur, décembre 2021 (interview).

    https://youtu.be/7sDWIsaa7jg

  • CE QUE SIGNIFIE RÉSISTER

    Entretien du Comptoir avec PMO

    Le Comptoir, « blog socialiste, républicain, anti-utilitariste, décroissant, écologiste », a publié en octobre 2021, un entretien (ici : https://comptoir.org/2021/10/26/pieces-et-main-doeuvre-la-cybernetique-affaiblit-notre-autonomie-de-pensee) autour de notre dernier ouvrage, Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). C’était pour nous l’occasion – comme dans la plupart de ces entretiens réalisés par écrit – de creuser certaines notions que nous avons introduites, telles que le « technocène », le « technotope », la « société de contrainte », la « technocrature », et d’esquisser une réponse à la sempiternelle question des fins de débats : « Comment résister à… ? »

    Q) Selon vous, nous ne vivons ni dans l’anthropocène, ni dans le capitalocène, mais dans le technocène, pourquoi ?

    Le terme d’« Anthropocène » est un néologisme du biologiste Eugène Stoermer, forgé au début des années 80 pour désigner une nouvelle ère géologique – et popularisé en 2002 dans un article de Nature, co-rédigé avec Paul Crutzen, le prix Nobel de Chimie 1995. Stormer et Crutzen ne font pas remonter les causes du bouleversement géo-climatique à l’apparition de l’anthropos, voici trois millions d’années, ni même à l’émergence du capitalisme, mais situent le début de cette ère en 1784, année du perfectionnement de la machine à vapeur. C’est-à-dire le début de l’usage des énergies fossiles : la révolution thermo- industrielle.

    Certes, nul ne vit sans laisser d’« empreintes écologiques ». « De tous temps, les hommes » ont pratiqué la politique de la terre brûlée, y compris les chasseurs cueilleurs du paléolithique. « L’Anthropocène » si l’on veut désigner par ce mot la « transformation » de la nature, sa production/destruction par l’animal politique (zoon politikon), a commencé à feu doux avec les chasseurs cueilleurs, fort peu nombreux, fort mal armés, et qui auraient pourtant réussi à éliminer la plupart des grands mammifères rencontrés depuis 125 000 ans, dans leurs migrations (1). La destruction des forêts du nord et de l’ouest de l’Europe, les ravages des sociétés agraires partout dans le monde marquent l’extension du brasier (2). Dès le Moyen-Âge, les mines et forges d’Allevard, dans le Grésivaudan, signalent par leur « exploitation destructrice de la nature », l’avènement de la société industrielle.

    L’embrasement devient général quand, des noces du capital et de la science, jaillissent des forces productives/destructives et une explosion démographique exponentielles. Ni le capital, ni la technologie, pris séparément, n’auraient été capables de tels exploits en si peu de temps. Il fallait l’investissement du capital (public ou privé) pour développer les technologies ; et le développement technologique pour justifier ces investissements (au nom du progrès et du profit). C’est la science, en dépit des gaspillages du capital et de ses propres errances, qui s’est révélé le facteur décisif, par sa capacité à transformer la connaissance du monde en puissance matérielle au moyen de machines. Le capital n’étant lui-même qu’un de ces moyens ou machines subordonnés à cette conquête de la puissance. Et c’est ainsi que nous vivons au Technocène ou – suivant nos géologues – à l’ère technologique de l’Anthropocène. Tous les hommes ont contribué au crime, mais tous n’y ont pas contribué autant suivant leur strate sociale et historique. Les derniers venus, les technologues, montés sur les épaules des générations précédentes, disposent de moyens sans commune mesure avec ceux des chasseurs cueilleurs.

    Le « Capitalocène » dénoncé par Andreas Malm dans L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital est surtout la sempiternelle tentative des anticapitalistes (en l’occurrence un néo-léniniste suédois) de ramener tous les maux à leur idée fixe – « le capitalisme, seul responsable de l’exploitation destructrice de la nature (3) » (Alain Badiou) – et pour en disculper le Technocène, dissimulé dessous. Comme si le productivisme communiste, autrement dit capitalisme d’État, avait été plus ménager de la nature, humaine ou non-humaine (4). Comme si un communisme technologique et prométhéen, régi collectivement par une humanité d’ingénieurs et de scientifiques, par voie d’assemblées, de débats et de votes électroniques, pouvait enrayer l’entropie de l’énergie et de la matière, l’échange inégal entre une société techno-industrielle et le monde matériel.

    Q) Selon vous, l’homme n’est plus connecté au biotope, mais au « technotope ». Qu’entendez-vous par-là ? En quoi cela explique-t-il la crise sanitaire ?

    Jusqu’à récemment, l’humanité, famille du règne animal, vivait en symbiose, heureuse ou malheureuse, avec son biotope – son « lieu de vie ». L’artificialisation et la machination ont transformé celui-ci en technotope, ce monde-machine auquel les humains doivent être intégrés et connectés pour survivre. La pandémie a rappelé avec brutalité notre dépendance au système techno-industriel dans tous les aspects de nos vies - « comment aurions-nous fait sans Internet ? ». C’est désormais notre technotope qui satisfait nos besoins, pourvu que nous obéissions aux lois du règne machinal : non plus vivre, mais fonctionner.

    D’un point de vue matériel, concret, cette connexion s’effectue via l’interface universelle, la cyber-prothèse greffée à homo mechanicus : le smartphone connecté au réseau cybernétique. Le technotope est saturé d’« intelligence ambiante » - de l’anglais intelligence : renseignement – ainsi que les ingénieurs désignent leurs filets électroniques (puces, capteurs, objets connectés, réseaux de communication sans fil) qui piègent les données numérisées, indispensables à l’automatisation de la vie sociale. Puis l’« intelligence » artificielle calcule ces données pour en tirer modèles, indicateurs, profils, décisions et prédictions. La ville-machine fonctionne sur la transmutation en code informatique de la vie directement vécue.

    La machinerie cybernétique doit réguler au mieux les flux et les stocks d’éléments toujours plus nombreux. Désormais, l’organisation rationnelle de l’ordre public - la police des populations, suivant le sens premier du mot « police » – se confond avec le technotope, produit de l’organisation rationnelle de l’homme-machine, toujours plus socialisé et organisé ; tels les composants d’un ordinateur/calculateur.

    Ce monde-machine se construit sur une fiction : on pourrait détruire le biotope sans affecter ses habitants. Remplacer le naturel par l’artificiel n’aurait pas d’effet sur la vie biologique et sociale de l’animal politique (zoon politikon), ni sur les règnes animaux et végétaux. Deux cents ans de cette guerre au vivant (5) ont tué les sols, vidé forêts, savanes et océans, infecté l’air et l’eau, empoisonné l’alimentation et l’environnement naturel, dévitalisé les hommes.

    Entassés sur la terre ravagée, nous piétinons les territoires des grands singes, des chauves-souris, des oies sauvages. Promiscuité idéale pour les contagions (du latin tangere : toucher). Sans oublier le chaos climatique. Si vous craignez les virus et les bactéries, attendez que fonde le permafrost. Tels sont les effets de la destruction de notre biotope et de son remplacement par le technotope.

    Q) Selon vous, nous avons dépassé la société de contrôle et la société de surveillance et nous sommes entrés dans la société de contrainte. Cela s’est-il reflété dans la gestion de la crise sanitaire, du confinement au passe sanitaire ?

    Dans un livre de 2008, Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique, nous distinguions le contrôle de la surveillance et de la contrainte. Les deux premiers sont à l’œuvre depuis des années. Le contrôle à travers les multiples fichiers dans lesquels figure tout individu, auxquels s’ajoutent trois outils de fichage liés à la pandémie : fichiers de malades, de cas contact, de vaccinés, intégrant des données personnelles de santé sans l’autorisation des concernés. La surveillance est quasi ubiquitaire, via les caméras de vidéosurveillance (y compris à reconnaissance faciale), la géolocalisation, la capture des données numériques que laisse derrière elle la cyber-vie, comme avec l’appli de traçabilité (de traque) électronique TousAntiCovid.

    La contrainte n’est ni le contrôle ni la surveillance. Contraindre, c’est faire agir contre son gré, malgré soi, à son corps défendant, tel un pantin ou un robot. Cela n’implique pas forcément la coercition. Nulle loi ne vous impose un smartphone ou Internet chez vous. Mais la suppression des cabines téléphoniques, des boîtes aux lettres physiques des administrations ou des guichets SNCF, l’obligation de déclarer ses impôts en ligne (et bientôt toutes les démarches administratives, selon le plan « Action Publique 2022 » du gouvernement), l’exigence des recruteurs d’avoir des salariés joignables à tout instant, nous contraignent à nous adapter au monde-machine, à la smart city. En 20 ans, une population entière devenue Smartienne a été modifiée à son insu, suivant un modèle qu’elle n’avait pas choisi mais qu’elle a adopté, avec plus ou moins de bonne volonté.

    Cette machinerie cybernétique renforce en retour les moyens de contrainte du pouvoir. Via les réseaux et les objets connectés, celui-ci peut d’une d’une part collecter des informations (flux de données ascendants), d’autre part transmettre des ordres (flux descendants).

    La gestion de la pandémie a mis en lumière ces processus de contrainte. Notre liberté de mouvement est actuellement conditionnée au scan d’un QR code attaché à chaque individu, comme les marchandises dans les entrepôts – et comme les Chinois dont la police des populations nous horrifiait il y a peu, souvenez-vous. Via le QR code, le pouvoir nous pilote de façon centralisée : Vert = Oui / Rouge = Non. Simple et efficace.
    Ce pilotage centralisé est au cœur du projet de smart city, de « planète intelligente » pour une gestion optimale des métropoles. L’algorithme de réservation des VTC détecte si la batterie de votre smartphone est bientôt vide, et fait monter le prix de la course en proportion. Dépêchez- vous. Dans le métro de Londres, les piétons sont ralentis ou accélérés à leur insu par la machinerie des stations (distributeurs de billets, portillons, escaliers roulants, etc), selon les besoin de l’écoulement des flux. Ne vous avisez pas de marcher à votre rythme. Etc.

    Ces exemples concernent le macro-pilotage global de la société-machine, qui nous contraint à suivre les procédures décidées par les concepteurs de la Machine et de ses réseaux. Une société automatisée est une société de contrainte.

    La contrainte s’exerce aussi au niveau micro, individuel, de façon de plus en plus fine. Avec les outils convergents des neurotechnologies et de l’« intelligence artificielle », le règne machinal pousse ses connexions jusqu’en notre for intérieur. Au-delà des drogues et psychotropes chimiques, on voit émerger des cyberdrogues. Nous avons documenté les moyens toujours plus performants des neurotechnologies pour connecter le cerveau à la machine. Voyez nos enquêtes sur Clinatec, clinique expérimentale du cerveau, issue du CHU et du CEA- Minatec de Grenoble. Les équipes du professeur Benabid y testent entre autres des implants neuro-électroniques agissant sur le comportement des individus (pour réguler leurs habitudes d’alimentation, calmer les addictions, etc.). C’est ce que le vaudou et l’Inquisition nommaient autrefois la possession. Une force extérieure au sujet s’empare de lui, le contraint ou au contraire lui interdit certains actes et comportements. Cela se plaide en justice (irresponsabilité pénale). Simplement cette force « extérieure », purement psychique et suggestive autrefois, procède aujourd’hui de moyens matériels, chimiques et électroniques, à la disposition d’un manipulateur high tech.

    Les neurotechnologies ont aussi développé des outils de détection de l’intention, avant l’acte lui-même, utilisées par le neuromarketing. D’où découle le nudge, ces techniques de modification du comportement qui s’appuient sur certains mécanismes neuronaux et manipulent les réflexes anthropologiques. Combinées à la puissance des algorithmes et de l’intelligence artificielle, ces techniques sont capables de profiler les individus et de déterminer les ressorts à activer pour provoquer les réactions réflexes attendues. Comme dit un expert : « l’IA cible, et le nudge transforme ».

    Emmanuel Macron a fait appel aux spécialistes du nudge (l’agence BVA Nudge Unit), non seulement pour sa campagne, mais pour la gestion de l’épidémie. Le décompte macabre quotidien, la comparaison avec les autres pays, ou l’invention d’une « attestation autodélivrée » de déplacement, répondent aux principes manipulatoires du nudge.
    A nouveau, l’objectif est d’éliminer chez les humains leur part d’imprévisibilité, leurs hésitations, ce que ces ingénieurs du comportement nomment des « biais » - bref, d’en finir avec l’humanité vivante et spontanée.

    Le mot « contrainte » vient du latin stringere, « serrer, lier étroitement ensemble ». Voir constriction, boa constrictor. Exactement ce que nous vivons dans le filet de contention électronique qui entrave et oriente nos mouvements et nos choix, telle une camisole de force numérique : l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine.

    Q) Je vais me faire l’avocat du Diable, mais si cela permet d’améliorer la vie des gens, ou dans le cas de la crise sanitaire, de sauver des vies, quel est le problème ?

    Il faudrait s’entendre sur ce que l’on appelle « améliorer la vie des gens ». Mais adoptons l’opinion façonnée et diffusée par les cybernéticiens, selon laquelle l’automatisation et la machination de tous nos actes nous soulageraient et nous faciliteraient la vie. La machine ayant allégé le labeur physique, devrait aussi alléger nos tâches cognitives et intellectuelles. Ce qu’elle a épargné à notre squelette, elle devrait l’épargner à notre cerveau, prenant en charge le calcul mental, l’orthographe, la mémorisation, la pratique de langues étrangères, l’orientation dans l’espace, l’analyse des situations complexes et toutes nos activités cérébrales. Nos contemporains nous assurent que « c’est bien pratique ». Puis les objets prétendument « intelligents » et la supposée « intelligence artificielle » ont convaincu les humains de leur infériorité et de renoncer à toute initiative. Ainsi le Smartien s’allège-t-il de lui-même en se dépossédant de sa faculté de penser, de décider, d’agir. Qu’est-ce qu’un humain, qui, après avoir renoncé à l’usage de son corps, n’utilise plus son cerveau ? Un amas de chair connecté, sous assistance informatique.

    Ivan Illich a décrit comment le « progrès » technologique devenait contre-productif passé un certain seuil. De même que la sédentarité et le manque d’effort physique attaquent désormais la santé – comme le rappellent les « comorbidités » du Covid-19 -, la cybernétique affaiblit notre autonomie de pensée, y compris l’intelligence du quotidien, et nous contraint en outre à un rythme toujours plus épuisant. La contre-productivité prend la forme du « stress, » de la dépression, du surmenage, mais aussi de la déconcentration, de la perte de mémoire, en un mot de l’abrutissement. La vie s’améliore, en effet.

    La réaction majoritaire de la population à la pandémie témoigne des effets de ce renoncement à l’autonomie de pensée. La demande de prise en charge totale par la Mère-Machine (et ses maîtres) a éclaté avec l’angoisse de la maladie. Seuls des Smartiens conditionnés à demander secours en toute chose à leurs « applis » pouvaient accepter la traque numérique via TousAntiCovid, puis le QR code pour accéder aux lieux familiers. Il ne leur vient même pas à l’esprit que l’on pourrait faire autrement, ni que cette contrainte ne sauve probablement pas de vies ; des soignants en nombre suffisant et des médecins de famille autorisés à suivre leurs patients dès le début de l’épidémie en auraient à l’évidence sauvé plus. Moins d’humains, plus de machines : le monde-machine révèle sa logique mortifère.

    Le cyber-pilotage des masses a franchi un seuil évident à la faveur de cette crise, au nom de la sécurité et de la santé, les habituels chevaux de Troie de la tyrannie technologique. Des habitudes ont été prises, des barrières ont sauté, notamment dans l’acceptabilité des moyens de la contrainte. En témoigne le cynisme glaçant du rapport sénatorial de juin 2021 consacré à l’usage du numérique dans la gestion des futures crises sanitaires (6). Sans oublier le chaos climatique : la population a donné son « feu Vert » (Bernard Charbonneau) à une gestion technologique et tyrannique des crises à venir.

    Notez que la question de l’origine du virus, de la cause de la crise, n’intéresse pas grand-monde. Qu’il soit une zoonose ou issu d’un accident de laboratoire, le Sars-CoV2 est le produit de la guerre que la société industrielle mène au vivant : une catastrophe industrielle. Comme d’habitude, il n’est nullement question de mettre en cause ce qui a produit la catastrophe, afin d’éviter que celle-ci ne se reproduise, mais de trouver dans la fuite en avant technologique les moyens d’en repousser provisoirement les effets. En vue « d’améliorer la vie des gens », on réduit celle-ci à un simple fonctionnement.

    Q) Selon vous, la crise nous a fait avancer vers la « technocrature », c’est-à-dire à la dictature technologique, à la chinoise. N’est-ce pas exagéré ? Nous sommes encore loin du système de notes sociales, par exemple…

    Nous n’assimilons nullement la technocrature à la dictature. Nous prenons soin, au contraire, de distinguer entre la France de Macron où nous pouvons nous exprimer sur Le Comptoir, dans nos livres, nos journaux, et dans la rue, chaque samedi, sans être tués, torturés, ni emprisonnés, et les pays - disons de la Biélorussie au Vietnam - où nous serions immédiatement neutralisés. Nous disons que la Chine constitue un modèle absolutiste de technocratie, au sens où Louis XIV incarne la monarchie absolue, cependant que les États-Unis en constituent le modèle éclairé, au sens où Frédéric II de Prusse et Catherine II de Russie prétendent s’inspirer des lumières de la raison et des philosophes. La technocrature est ce moment, ce glissement – mi-latent, mi- conscient – vers l’avènement du techno-totalitarisme ; l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine.

    Il ne s’agit pas seulement de contrôle et de surveillance policiers, de « cyber-flicage », mais de l’organisation cybernétique de la société. La véritable organisation d’une polis, cité/société, quels que soient son régime de propriété, ses convictions politiques ou ses croyances religieuses, réside dans son appareillage technique et matériel. Simplement parce que les contraintes technologiques (c’est-à-dire les faits matériels et la rationalité technicienne) l’emportent sur toute autre considération dans les sociétés humaines asservies au principe de réalité, au primat de l’efficacité, et in fine, à leur propre volonté de puissance.

    Toutes les sociétés, toutes les technocraties dirigeantes, tendent vers cet objectif de toute- puissance, toutes cherchent « le seul meilleur chemin » d’y parvenir. Tout au plus devons-nous conserver la distinction entre techno-despotisme « éclairé » (américain, occidental) et techno- despotisme « absolu » à la chinoise, même s’ils interagissent, que chacun présente certains traits de l’autre et gravite vers l’autre, en attendant leur fusion au sein d’un techno-totalitarisme mondialisé.

    L’avènement de cette technocrature avait été dénoncé, il y a un demi-siècle de cela, sous le nom d’« écofascisme », la dictature des ingénieurs Verts, grâce à l’état d’urgence écologique. Voyez les ouvrages de Bernard Charbonneau ou André Gorz. Chacun constate aujourd’hui que cet « écofascisme » était en fait un « technofascisme », si l’on tient à employer cette référence extrêmement définie et datée.

    Tandis qu’enfle la Crise (climatique, écologique, sociale, migratoire, etc.) dont la pandémie n’est qu’un avant-goût, la technocratie mobilise des moyens de pilotage des populations inégalés jusqu’ici, et dont les progrès à venir ne font aucun doute. Quand viendra l’heure du rationnement des ressources – stade ultime d’une gestion rationnelle – la « note sociale » à la chinoise sera une « note verte ». On ne détruit pas la nature sans détruire en même temps la liberté. Voilà pourquoi nous, anti-industriels et naturiens, défendons les deux indistinctement.

    Q) Comment résister à ce rouleau compresseur technologique, qui s’amplifie depuis la crise sanitaire ?

    « Résister » vient d’un vieux mot grec, puis latin, ayant transité par le français ancien sous la forme « ester », « tenir debout », pour produire, entre autres, un doublet « rester/résister ». Rester en arrière, quand la plupart « pro-gressent », vont de l’avant, c’est résister.
    Un manifestant chinois anonyme et solitaire, face à une colonne de chars, a montré en 1989, sur la place de la Paix céleste, ce que signifiait tenir debout face au rouleau compresseur. On peut supposer qu’en « restant en arrière », cet homme est également « resté lui-même », et qu’il a « agi de soi », sans réflexion, parce qu’il n’avait pas d’autre choix, de son point de vue, que de rester debout, face à la progression du rouleau compresseur, blindé, armé et motorisé par la technologie.
    Certains protesteront « qu’ils n’ont pas envie de jouer les martyrs, ni les héros. » Qu’ils ne jouent pas. Qu’ils ne se payent pas de mots. Qu’ils ne prétendent pas à une « résistance » sans prix, ni peine. On ne peut avoir à la fois l’auréole de l’effort et la jouissance du confort. – Enfin, si, on peut.

    On ne compte plus les artistes, les universitaires, les charlatans qui réussissent dans le « catastrophisme positif » ; ni les groupes réunis une fois par mois, autour d’un film ou d’un conférencier, afin de manger une part de tarte aux légumes et de se confirmer dans leur posture « dissidente ». Cependant, quand vient la fin du « débat » et la sempiternelle question, « comment résister à… », on voit vite qu’il n’y a que deux sortes de réponses : les choses « qu’on ne peut pas faire » et celles « qu’on ne veut pas faire ». De sorte que tout ce que l’on peut faire, c’est ce qu’on fait déjà. C’est-à-dire convenir d’une nouvelle réunion, avec un nouveau sujet, un nouveau film et un nouveau conférencier, le mois prochain. C’est l’alter- mondanité, ce qu’un article du Monde Diplomatique, il y a une dizaine d’années, avait nommé « le divertissement militant ». La résistance, il y a des festivals pour ça. Mais George Smiley, l’anti-héros de John Le Carré nous avait prévenus, « il y a toujours une raison de ne pas faire les choses. » Inertie, veulerie, procrastination, étourderie, àquoibonisme, etc.

    Les gens qui vous demandent « comment résister » ont rarement envie de le faire ; et concluent souvent d’un air navré que, non, ils ne peuvent ou ne veulent pas faire ce que vous suggérez. En fait, on devrait retourner la question et leur demander, « Et vous ? Que faites-vous ? Qu’êtes- vous prêt à faire personnellement, par vous-même, pour résister, à part faire partie du collectif machin et même d’un tas de collectifs machins ? »

    A l’inverse, les gens qui veulent résister vous demandent rarement comment faire. Ils résistent. Individuellement et/ou collectivement. Passivement et/ou activement. Spirituellement, intellectuellement, pratiquement, politiquement, juridiquement, etc.
    Le compagnon qui s’en va seul incendier une antenne-relais et se retrouve au trou pour trois ans, ne vient pas d’abord nous demander un avis que nous n’avons aucun droit de lui donner. Il ne consulte que sa conscience et il fait ce qu’il a à faire pour « rester debout » selon son idée. Les manifestants qui défilent chaque samedi contre le pass numérique - et nous avec eux – depuis le 12 juillet, n’ont pas attendu notre appel pour « résister au rouleau compresseur technologique », même s’ils ne le formulent pas forcément ainsi. Quoique nombre de pancartes disent « je ne suis pas un QR-code », ou « Mon métier n’est pas de contrôler les patients/ les lecteurs/les clients », etc. Ou encore celle-ci, brandie au Puy-en-Velay par une vieille dame, « Laissez-nous vivre notre fin du monde tranquilles ».

    Quant à nous, loin de la jactance militante et activiste, nous ne prétendons pas « nous battre », ni « résister », du moins pas au vrai sens que ces mots purent avoir en 1870 ou en 1940 ; mais tout au plus nous débattre et traîner, avancer à reculons, sur le tapis roulant du progressisme machinal où la technocratie nous a embarqués, de gré et de force. Faire cet entretien par mail, et le poster sur un site, c’est admettre que nous sommes aussi les produits et les héritiers de deux siècles de défaite face à l’emballement machinal.

    Ceux qui vivent actuellement sans QR code ni smartphone peuvent témoigner d’une part, que c’est possible, d’autre part que leur vie est contrainte par leur refus même des outils de la contrainte. C’est en cela que nous parlons de techno-totalitarisme : impossible de vivre hors du technotope, même quand on en refuse les connexions à titre individuel. Sauf à choisir l’érémitisme, et encore, sous l’œil de Google Earth.

    Finalement, qui veut « résister » à ce tapis roulant technologique ? A peine les courbes de contamination du Covid-10 semblent-elles s’affaisser, que l’on nous abreuve de « rebond de la croissance », de « reprise de l’investissement » et d’un « retour à la vie normale » présenté comme un dû. C’est à quoi servent la vaccination de masse et la gestion numérique de l’épidémie, derniers avatars de la fuite en avant technologique : à oublier la crise sans réfléchir à ses causes, pour passer au plus vite à « autre chose », c’est-à-dire à la même chose qu’avant.

    D’où la pression des vaccinés et QR codés sur les réfractaires, accusés de ralentir ce retour à la normale. Bref, nous ne voyons guère de désir de résister au techno-totalitarisme dans la population, mais à l’inverse un désir de prise en charge par la technologie de tout ce qui fait la condition humaine, y compris la peur de la maladie et de la mort. Il faudrait pour que nos contemporains se révoltent contre leur mutation en homme-machine que la conscience atteigne un seuil et une masse critiques. Nous n’avons toujours pas trouvé le secret d’apprendre à penser aux poissons, avant qu’ils ne soient dans la poêle. Seul, pourtant, ce travail de l’enquête critique et de la pensée autonome peut trouver ce secret et le divulguer à tous. Quitte, en espérant, à refuser le maximum de connexions afin de montrer l’exemple et de préserver notre for intérieur de l’invasion cybernétique.

    Pièces et main d’œuvre
    Grenopolis, le 6 novembre 2021
    le 26 octobre 2021 sur « Le Comptoir »

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    1 Cf. « Extinction. Body size downgrading of mammals over the later Quaternary », Science n°360, 20 avril 2018, sur www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/science_20_avril_18.pdf

    2 Cf. Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, 2006

    3 Le Monde, 28 juillet 2018

    4 Cf. Marius Blouin, Alain Badiou nous attaque, et nous faisons (humblement) notre autocritique. Mars 2019 sur www.piecesetmaindoeuvre.com Pièce détachée n°87

    5 Cf. J.-P. Berlan, La guerre au vivant, Agone, 2001.

    6 Cf. « Contrainte numérique : des sénateurs lâchent le morceau »
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1525

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    • Le Comptoir, « blog socialiste, républicain, anti-utilitariste, décroissant, écologiste

      Je ne comprends pas, comment, pourquoi se définir comme « républicain » ?

  • SOUS L’ŒIL DE L’ÉTAT

    Le QR code s’est imposé partout en France. Il l’est depuis longtemps dans les pays asiatiques. Imaginé par l’industrie automobile, il sert aujourd’hui à « contrôler les humains ». Retour sur l’histoire de cette technologie détournée.

    Noir sur fond blanc, le petit pictogramme a une allure anodine. Mais ce hiéroglyphe des temps modernes remodèle peu à peu notre rapport au monde. À la faveur de la pandémie, le QR code s’est imposé à nos vies. Jusqu’à devenir incontournable avec le passe sanitaire. Il régit désormais l’ensemble de nos mouvements et accompagne nos gestes, comme un sésame ou une passerelle entre l’univers numérique et le monde réel.

    On le retrouve partout, dans le train, à l’entrée des bars, aux musées. Son usage s’est généralisé. On le voit sur les panneaux publicitaires, on l’utilise à l’école pour valider des réponses à des questionnaires ou aux abords des parcs naturels surfréquentés. Il remplace également les menus dans les restaurants ou guide nos achats dans les supermarchés. Cet essor, inimaginable il y a quelques années, est loin d’être anecdotique : le QR code incarne « la société du sans contact ». Cette technologie accélère notre dépendance au numérique et nous fait entrer de plain-pied dans l’ère du flash, un monde peuplé de scanners, d’écrans et de code-barres, un monde illisible à l’œil nu où nous déléguons notre regard aux machines.

    « Il n’est pas certain que nous sortions de ce monde une fois la pandémie passée, pense l’historien François Jarrige. Il y a des chances que certaines habitudes restent. Le QR code continuera à coloniser les espaces sociaux. Flasher un QR code est devenu un réflexe pour une majorité de la population. C’est une évidence pratique, physique et corporelle. » Les chiffres en témoignent. Le lecteur de QR code est l’une des applications les plus téléchargées sur smartphone. L’achat de boîtier pour les lire a également explosé depuis l’été dernier avec une augmentation des ventes de 40 à 60 %.

    LE QR CODE SERT À GÉRER ET SURVEILLER LE TROUPEAU HUMAIN

    Les pays occidentaux rattrapent leur retard. Ou, disons plutôt qu’ils copient leurs voisins asiatiques. En Chine, en Corée du Sud, au Japon, le QR code est déjà une institution. Il recouvre les surfaces urbaines comme une seconde peau. C’est un avatar de la smart city qui sert à fluidifier les échanges. On le retrouve dans les taxis, les parcs et même les toilettes. En Chine, près de 940 millions de personnes échangent de l’argent en scannant des QR codes, de manière dématérialisée, via les applications WeChat et Alipay. Des chercheurs parlent d’une « QR code-isation de la société ».
    https://sfsic2020.sciencesconf.org/325620/document

    Cela n’est pas sans conséquence. À l’origine, le QR code a été créé pour accroître l’automatisation dans le milieu industriel et répondre aux besoins du commerce. « En vingt ans, nous sommes passés d’un outil pour intensifier la logistique à un outil pour régir et contrôler les humains dans tous les aspects de leur vie, constate François Jarrige. Le QR code, qui s’appliquait d’abord aux flux de marchandises, sert désormais à gérer et surveiller le troupeau humain. » Une forme de réification est à l’œuvre. Avec ces dispositifs de traçage numérique, on s’occupe des humains comme des choses.

    L’histoire du QR code est éclairante sur ce point. Cette technologie a d’abord prospéré dans les soutes de la société marchande. Elle fut inventée en 1994 par le Japonais Masahiro Hara, un ingénieur de Denso Wave, une filiale de Toyota qui fabriquait des pièces automobiles. Les ingénieurs souhaitaient alors mieux suivre l’itinéraire des pièces détachées à l’intérieur des usines.
    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/qr-code-la-grande-histoire-du-petit-carre-20211023_VFBRCE4PBVCQBIP36CLMGP

    Le QR code est une sorte de super code-barres. Son nom signifie en anglais « quick response code », « code à réponse rapide ». Il se lit en effet dix fois plus rapidement que le code-barres. Grâce à ses deux dimensions, il peut être lu quel que soit l’angle de lecture. Il contient aussi 200 fois plus de données qu’un code-barres classique. Son usage a permis à Toyota de déployer sa stratégie au tournant des années 2000. La multinationale cherchait un moyen d’identification automatique pour accélérer la cadence. L’idée était de produire à flux tendu — « just in time » — avec une coordination constante entre la tête des firmes et l’ensemble des sous-traitants, des fournisseurs aux revendeurs. Pour améliorer ses marges et son pouvoir, Toyota a créé une obsession de la traçabilité en tout point.

    Cette évolution répondait aussi à un objectif politique. « Les projets d’automatisation de la production avaient pour but essentiel de renforcer le contrôle managérial sur la force de travail bien plus que d’augmenter les profits », analyse le groupe Marcuse dans le livre La liberté dans le coma. Les auteurs estiment que les dispositifs comme le QR code, la puce RFID ou la biométrie ont participé à une vaste « contre-insurrection ». L’informatisation de l’organisation industrielle aurait dépossédé la classe ouvrière de ses savoir-faire, détruit les solidarités dans l’usine et accru la surveillance au profit d’un projet cybernétique où les machines communiquent entre elles et où les hommes deviennent quantité négligeable.
    https://www.monde-diplomatique.fr/2020/01/TREGUER/61229
    https://reporterre.net/Puces-RFID-aujourd-hui-nos-moutons

    LE CONTRÔLE EST PASSÉ AU STADE TECHNOLOGIQUE

    Ce modèle dystopique triomphe aujourd’hui au sein des entrepôts Amazon, où tout est flashé, scanné et identifié. Même les « scannettes » portatives équipées pour lire les code-barres ont un code-barres. Les travailleurs, eux, sont transformés en automates, leurs gestes et leurs déplacements ne laissent rien au hasard. Ils sont optimisés pour gagner en productivité. Comme le soutient l’écrivain Jasper Bernes, « la révolution logistique n’est rien d’autre que la guerre continuée par d’autres moyens, par les moyens du commerce ».
    https://reporterre.net/Le-reve-d-Amazon-des-robots-pour-se-passer-des-travailleurs
    https://lundi.am/Du-code-barres-au-QR-Code

    Ces logiques issues du monde des entreprises s’étendent maintenant à la vie courante, se glissent dans la sphère intime et privée. « N’en déplaise à une croyance tenace, ces technologies ne sont pas neutres. Elles structurent des formes de pouvoir », rappelle le journaliste Olivier Tesquet. Elles portent en elles le rêve industriel d’identification et de traçage total.
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/le-qr-code-on-ne-sen-passe-plus-6962387.php

    L’association la Quadrature du net a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme. Jusqu’à peu, la surveillance avait des limites pratiques, explique-t-elle. Mais avec les nouveaux dispositifs comme le QR code, la surveillance passe « à l’échelle technologique ». Au cours de la dernière décennie, la majorité de la population française (84 % en 2020) s’est équipée en téléphone muni d’un appareil photo et capable de lire des code-barres en 2D comme les QR codes. En parallèle, l’administration s’est largement approprié ces outils et la cryptographie afin de sécuriser les documents qu’elle délivre — avis d’imposition, carte d’identité électronique, etc.
    https://www.laquadrature.net/2021/08/19/passe-sanitaire-quelle-surveillance-redouter

    L’ÉTAT A LES MOYENS MATÉRIELS
    POUR IMPOSER UN CONTRÔLE PERMANENT DES CORPS

    « Si ces évolutions ne sont pas particulièrement impressionnantes en elles-mêmes, leur concomitance rend aujourd’hui possible des choses impensables il y a encore quelques années, souligne Bastien Le Querrec, de la Quadrature du net. Elle permet notamment de confier à des dizaines de milliers de personnes non formées et non payées par l’État (mais simplement munies d’un smartphone) la mission de contrôler l’ensemble de la population à l’entrée d’innombrables lieux publics. Et ce, à un coût extrêmement faible pour l’État, puisque l’essentiel de l’infrastructure (les téléphones) a déjà été financé de manière privée. Soudainement, l’État a les moyens matériels pour réguler l’espace public dans des proportions presque totales et imposer un contrôle permanent des corps. »

    LE MONDE NOUS EST PEU À PEU CONFISQUÉ

    Avant même le Covid-19, certains régimes autoritaires comme la Chine n’ont pas hésité à utiliser massivement le QR code. En 2017, l’ONG Human Rights Watch dénonçait déjà son usage pour réprimer la minorité musulmane ouïghoure. Dans le Xinjiang, les autorités et la police imposent en effet son installation sur les portes des maisons pour contrôler le déplacement de ses habitants et le passage de leurs invités. Elles font aussi graver des QR codes sur la lame du moindre couteau acheté en quincaillerie. Ces dispositifs forment une immense toile d’araignée digitale. « Les QR codes sont l’un des éléments du répertoire d’outils numériques de surveillance dont la Chine est devenue un laboratoire », explique François Jarrige. Le mouvement s’est accéléré avec la pandémie. En Chine, le QR code est désormais exigé à l’entrée des immeubles, avant même d’entrer chez soi ou au travail. Un code couleur atteste de la bonne santé de la personne ou de sa maladie.
    https://reporterre.net/Le-totalitarisme-numerique-de-la-Chine-menace-toute-la-planete
    https://www.france24.com/fr/20190218-chine-ouighour-surveillance-xinjiang-reconnaissance-faciale-qr-co
    https://www.independent.co.uk/news/world/asia/china-uyghur-muslims-xinjiang-province-qr-codes-security-crackdown-hr

    En France, le grand chantier de l’identité numérique est lui aussi engagé. La nouvelle carte nationale d’identité électronique (CNIE), délivrée dans tout le pays depuis le 2 août, compte notamment des données biométriques intégrées dans une puce et une signature électronique dans un QR code. Les autorités rêvent d’une « identité totalement numérique » portée par un « État plateforme ». Dans un rapport publié en juin dernier, des sénateurs y voyaient un outil indispensable pour pallier les futures crises. « Au lieu de repérer une fraction dérisoire des infractions mais de les sanctionner très sévèrement, il serait théoriquement possible d’atteindre un taux de contrôle de 100 % », écrivaient-ils.
    https://www.senat.fr/rap/r20-673/r20-67312.html
    https://www.senat.fr/rap/r20-673/r20-673.html

    Avec les QR codes, la numérisation intégrale de la société est en marche. Les conséquences en sont multiples, profondes, mais rarement étudiées. Pour l’éditeur Matthieu Amiech, « cette situation renforce l’identification des individus à la mégamachine et l’évidence du numérique comme nécessité pour exister ». Notre écran devient un outil de médiation pour se rapporter au monde et entrer en contact avec la réalité. « Le monde nous est peu à peu confisqué », poursuit-il.
    https://reporterre.net/Sous-le-masque-du-Covid-la-numerisation-integrale-de-la-societe

    Selon ce chercheur, nous vivons un nouveau stade du capitalisme. Après avoir privé les populations de leur terre et de leur moyen autonome de subsistance, au XIXe siècle, le capitalisme cherche aujourd’hui à accroître sa domination politique et économique « en rendant les personnes dépendantes d’un appareillage sur lequel ils n’ont pas de prise », estime-t-il. « Nous subissons des enclosures existentielles. Pour avoir accès au monde et participer à la vie sociale, nous devons désormais passer par ces outils. Nous en sommes complètement prisonniers. »

    https://reporterre.net/QR-code-toujours-sous-l-oeil-de-l-Etat
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  • KRONSTADT
    Tentative de rupture avec l’État capitaliste en Russie

    Nous sommes à la fin de 1920, trois ans après les insurrections prolétariennes de Petrograd et Moscou. Après les défaites insurrectionnelles en Allemagne, en Ukraine, en Italie… la révolution mondiale bat de l’aile. L’État mondial du Capital a bandé ses forces pour empêcher la révolution de s’étendre, isoler et étouffer l’effervescence révolutionnaire. En Russie, les corps de choc de la bourgeoisie internationale isolent le prolétariat et lui portent des coups qui ne cessent de l’affaiblir. Le capitalisme mondial se sert des armées blanches pour accentuer les pressions militaires, terroriser les prolétaires. Mais le danger contre-révolutionnaire ne provient pas seulement des armées blanches, mais aussi de la reconstitution des forces de l’État bourgeois en Russie. De fait, le gouvernement de la République Soviétique de Russie a lui-même contribué activement à l’affaiblissement des avant-gardes révolutionnaires.

    Au fur et à mesure que le rapport social capitaliste reproduisait en Russie les forces de l’État, le capitalisme mondial abandonnait à leur sort les armées blanches et investissait de son rôle de gendarme de l’ordre bourgeois les corps répressifs « rouges ». A l’automne 1920, ce qui reste des armées blanches (de Kalédine, de Dénikine, de Wrangel) est forcé à la reddition, mais les prolétaires vont très rapidement mesurer le prix de cette « victoire ». Loin d’avoir été vaincu, l’État capitaliste repeint en rouge retrouve une stabilité, une classe bourgeoise à nouveau homogène et crédible. L’État bourgeois n’a pas été détruit par le Parti bolchevique et les soviets, ceux-ci y ont été intégrés complètement […]. Ce n’est pas le prolétariat insurgé qui a imposé sa dictature, mais l’État bourgeois en Russie, son Armée Rouge, son gouverne- ment des soviets (Conseil des Commissaires du Peuple), ses syndicats et leurs armées du travail [Troudarmii].

    C’était il y a 100 ans exactement. Le 18 mars 1921, la puissance sociale de l’État capitaliste repeint en rouge en Russie écrasait la révolte prolétarienne de Kronstadt. La voie était ainsi libre pour le Parti/État bolchevik de célébrer en grande pompe le 50ème anniversaire de la Commune de Paris. Le cynisme inhérent à ces sociaux-démocrates quelque peu « radicaux » (seulement dans la forme, jamais sur le fond) n’avait d’égal que leur prétendue rupture avec la société du Capital.

    Déjà en octobre 1917, ce même Parti bolchevik avait réussi à canaliser la haine du prolétariat envers la propriété privée et son État (et sa misère, et ses guerres, et le monde qui va avec !), et à s’approprier l’énergie insurrectionnelle développée par notre classe, pour finalement faire passer pour une révolution le simple remplacement d’un gouvernement provisoire par une nouvelle caste de ministres appelés « commissaires ». Le tout saupoudré de quelques mesures économiques, sociales et politiques qui avaient le goût et la couleur de la révolution (qui « sent terriblement la révolution » pour reprendre le mot attribué à Lénine par Trotski au moment de constituer le soviet des commissaires du peuple) mais qui devaient se révéler n’être qu’un ravalement de façade de l’ignoble dictature sociale du Capital au nom du socialisme et du communisme.

    L’« insurrection d’Octobre », ou plus prosaïquement les événements des
    24/25 octobre 1917 qui culmineront dans la « prise du Palais d’Hiver », siège du gouvernement provisoire, est un « coup » organisé par une fraction du Parti bolchevik, ladite « fraction Lénine/Trotski ». Non pas un « coup d’État », comme se plaisent à le dénoncer depuis une centaine d’années toutes les chapelles de la social-démocratie historique : des socialistes de la deuxième internationale aux partisans de l’anarchisme idéologique et aux tenants de la démocratie ouvrière et sa forme conseilliste. Mais bel et bien un coup d’arrêt (provisoire !) au véritable processus insurrectionnel du prolétariat qui court sur plusieurs mois durant cette année 1917 et qui n’arrêtait pas de se répandre comme une traînée de poudre à travers tout le pays, à travers les villes et les campagnes.

    Comme l’évoquait très justement en octobre 1927 le militant « anarchiste » Piotr Archinov dans un article qui devait tirer les leçons de ces événements pour leur dixième anniversaire, il y a deux Octobres qui s’opposent : d’une part « l’Octobre des ouvriers et des paysans » qui s’attaque à la propriété privée et qui exproprie la classe des capitalistes ; et d’autre part « l’Octobre du Parti bolchevik » qui renverse le gouvernement provisoire incapable de maîtriser le déchainement prolétarien, et qui impose une simple révolution
    d’ordre politique, donc bourgeoise.

    Mais qu’on nous comprenne bien : face à l’insurrection bolchevik d’octobre, nous n’opposons pas la démocratie, le processus graduel et pacifique, l’assembléisme des soviets, comme nos détracteurs pourraient nous en accuser, mais nous tenons au contraire à souligner le véritable processus insurrectionnel du prolétariat. Le problème, c’est que certains secteurs de notre classe, et parmi les plus radicaux, ceux que l’histoire retiendra sous l’appellation des « marins de Kronstadt », ont oscillé entre « l’octobre prolétarien » et « l’octobre bolchevik » pour être finalement coopté par ce dernier et se mettre au service du Parti bolchevik, fort de son prestige organisationnel, dans sa quête du pouvoir politique. Tout le hiatus, c’est que le 25 octobre 1917, et les mois qui suivront, les « marins de Kronstadt » se sont transformés de « fer de lance de la révolution » en bras armé de la contre-révolution bolchevik qui vient…

    La prise en main de notre classe, l’encadrement politique du processus de révolution sociale, telle est la mission fondamentale de toutes les fractions de la social-démocratie historique, avec laquelle le Parti bolchevik n’a jamais fondamentalement rompu, et en ce y compris la fraction Lénine malgré ses changements de cap qui ne s’attaquaient jamais à la base de la politique bourgeoise à destination des ouvriers.

    Se placer du côté des insurgés de Kronstadt n’a rien à voir avec l’élévation du culte de Kronstadt et des ouvriers qui firent payer chèrement leur peau au Capital ; ceux qui sont tombés dans ce piège ont tout juste réussi à consolider l’œuvre de la contre-révolution en érigeant un mausolée de plus devant le- quel faire s’agenouiller les prolétaires.

    Le caractère saillant des événements révolutionnaires de Kronstadt, comme […] [du processus insurrectionnel de 1917], ne réside pas dans leurs résultats immédiats (défaite ou victoire), mais dans l’impact qu’ils ont eu sur le mouvement révolutionnaire international, dans le rôle qu’ils ont joué par rapport à l’extension/résorption de la révolution mondiale.

    C’est la mondialité de l’État capitaliste, l’universalité de la marchandise et de ses métamorphoses incessantes qui déterminent les communistes à pousser cette critique du mouvement révolutionnaire jusqu’à la résolution universelle des contradictions de classes. Pour les communistes qui constituent l’avant-garde révolutionnaire, il n’existe donc pas de victoire qui ne puisse se transformer en défaites et vice versa. Il n’y a pas de lieu duquel le Capital ait été supprimé qui constituerait un asile « rouge », sans la destruction de l’État mondial du Capital grâce à la victoire de la révolution internationale ! Il n’y a pas d’antagonisme entre une lutte partielle et le but historique, car bien que le mouvement révolutionnaire apparaisse nécessairement comme partiel, chaque affirmation contient et pose réellement le développement de la centralisation internationale, les intérêts mondiaux de la classe prolétarienne. Le mouvement révolutionnaire, destructeur de la société, re- pose nécessairement sur des ruptures (rupture des prolétaires de Kronstadt avec le soi-disant « État ouvrier en Russie ») et celles-ci s’expriment par la critique de soi du mouvement révolutionnaire. La critique devient ainsi elle- même force matérielle, partie intégrante de l’action révolutionnaire du prolétariat.

    La critique radicale faite par les insurgés de Kronstadt du soi-disant « État prolétarien en Russie » rejoint, concorde et renforce toute l’action pra- tique/critique des « communistes de gauche » qui formaient, en dépit de leurs faiblesses, l’avant-garde du mouvement révolutionnaire de 1917-1921. Mais la défaite de la rébellion de Kronstadt comme celle des « communistes de gauche » dans l’I.C., n’est pas l’enterrement de la révolution ! La non- abdication des insurgés de Kronstadt, qui ne renièrent pas la révolution mondiale même quand la bourgeoisie parvint à lui porter un coup décisif, se rattache organiquement à une pratique de parti, au parti révolutionnaire dont les représentants se font presque au même moment (juin 1921) exclure de l’I.C. pour n’avoir pas également renié la révolution internationale et tenté de constituer une direction communiste […] [pour en doter le] mouvement de classe. Une organisation comme le K.A.P.D. s’est retrouvée […] [bien que tardivement]39 avec les insurgés de Kronstadt de par sa lutte de fraction au

    sein de l’I.C. contre les tendances sociale-démocrates majoritaires et les positions bourgeoises adoptées par les Partis « Communistes » en faveur du parlementarisme et du syndicalisme… et surtout par son rôle actif et dirigeant dans les luttes ouvrières de mars 1921 en Allemagne. De même, des groupes de la Gauche communiste internationaliste tels la Fraction italienne autour de la revue « Bilan » et la Fraction belge, s’appuyant sur un travail critique du mouvement révolutionnaire, défendirent les intérêts révolutionnaires des prolétaires en Espagne en 1936 et 1937 contre la répression effectuée par le
    « front républicain antifasciste et de ses ministres anarchistes », répression
    identique quant à la nature bourgeoise, à celle du gouvernement bolchevique contre Kronstadt. Ces communistes ne se sont pas accrochés au communisme comme à un dogme, en en faisant une nouvelle religion avec sa bible et ses saints ; leur attitude pratique/critique fidèle au mouvement révolutionnaire du prolétariat n’avait pas pour objectif d’acquérir une place en tant que gardien de « l’orthodoxie marxiste ». De même, les insurgés de Kronstadt n’ont pas fait d’Octobre 1917 un monument sacré. Partout, les uns et les autres
    élevèrent grâce à leur critique essentielle du mouvement, certes non entièrement élaborée, les fondations pour une clarification et un développement du programme historique de la révolution.

    Seule l’action des communistes, tirant les leçons des expériences révolutionnaires du prolétariat, a permis que Kronstadt serve aujourd’hui pour le prolétariat mondial de référence avec Octobre 1917, Berlin 1918-1919, Barcelone 1937, etc. Sans ce travail militant opéré par des groupes de la Gauche communiste, nous pataugerions encore dans le marécage social-démocrate (y compris libertaire) qui confond Octobre 1917 avec n’importe quelle accession de la gauche au gouvernement et à qui l’insurrection de Kronstadt sert de leitmotiv à l’érection de ministères anarchistes, comme en 1936 en Es- pagne, ou encore de « syndicats libres » […] !

    Ce qu’illustre Kronstadt, c’est comment, grâce à la critique révolutionnaire (radicale) que l’abîme des contradictions de classe lui impose de mener incessamment, le mouvement communiste parvient à réémerger des défaites les plus cinglantes et à se revitaliser jusqu’au moment d’un nouvel affronte- ment décisif. Le mouvement révolutionnaire puise aussi sa force des défaites, desquelles les fractions communistes soustraient, à contre-courant, l’œuvre du mouvement révolutionnaire du prolétariat qui a besoin, tel un alambic, de parcourir un chemin long et difficile pour rejaillir plus compacte, plus vive et puissante.

    Que la prochaine vague révolutionnaire mette enfin un point final au cauchemar que constitue pour l’humanité un rapport social basé sur la propriété privée, l’argent et l’exploitation, et donc basé sur l’expropriation de l’immense majorité des êtres humains de leurs moyens d’existence... Exproprions les expropriateurs !

    Groupe communiste Guerre de Classe (extraits)
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    http://inventin.lautre.net/livres/Guerre-de-classe-Kronstadt.pdf

  • COMMENTAIRES SUR LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE

    Il est assurément dommage que la société humaine rencontre de si brûlants problèmes au moment où il est devenu matériellement impossible de faire entendre la moindre objection au discours marchand ; au moment où la domination, justement parce qu’elle est abritée par le spectacle de toute réponse à ses décisions et justifications fragmentaires ou délirantes, croit qu’elle n’a plus besoin de penser ; et véritablement ne sait plus penser.

    On entend dire que la science est maintenant soumise à des impératifs de rentabilité économique ; cela a toujours été vrai. Ce qui est nouveau, c’est que l’économie en soit venue à faire ouvertement la guerre aux humains ; non plus seulement aux possibilités de leur vie, mais à celles de leur survie.

    Quand l’économie toute-puissante est devenue folle, et les temps spectaculaires ne sont rien d’autre, elle a supprimé les dernières traces de l’autonomie scientifique.

    On ne demande plus à la science de comprendre le monde, ou d’y améliorer quelque chose. On lui demande de justifier instantanément tout ce qui se fait.

    Guy Debord, 1988 (extraits)

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  • JE ME RÉVOLTE DONC NOUS SOMMES

    Le 7 novembre 1913, naissait Albert Camus. Voici quelques lignes de « L’homme révolté » (1951) qui m’ont beaucoup marqué à la fin de mon adolescence.
    Yannis Youlountas
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    La conscience vient au jour avec la révolte. Dans la révolte, l’homme se dépasse en autrui et, de ce point de vue, la solidarité humaine est métaphysique. Simplement, il ne s’agit pour le moment que de cette sorte de solidarité qui naît dans les chaînes.
    La révolte est le fait de l’homme informé, qui possède la conscience de ses droits. L’homme, certes, ne se résume pas à l’insurrection. Mais l’histoire d’aujourd’hui, par ses contestations, nous force à dire que la révolte est l’une des dimensions essentielles de l’homme. Elle est notre réalité historique. A moins de fuir la réalité, il nous faut trouver en elle nos valeurs.

    Le fondement de ces valeurs est la révolte elle-même. La solidarité des hommes se fonde sur le mouvement de révolte et celui-ci, à son tour, ne trouve de justification que dans cette complicité. Nous serons donc en droit de dire que toute révolte qui s’autorise à nier ou à détruire cette solidarité perd du même coup le nom de révolte et coïncide en réalité avec un consentement meurtrier.
    Pour être, l’homme doit se révolter, mais sa révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle-même et où les hommes, en se rejoignant, commencent à être. La pensée révoltée ne peut donc se passer de mémoire : elle est une tension perpétuelle.

    Dans l’expérience absurde, la souffrance est individuelle. À partir du mouvement de révolte, elle a conscience d’être collective, elle est l’aventure de tous. Le premier progrès d’un esprit saisi d’étrangeté est donc de reconnaître qu’il partage cette étrangeté avec tous les hommes et que la réalité humaine, dans sa totalité, souffre de cette distance par rapport à soi et au monde. Le mal qui éprouvait un seul homme devient peste collective. Dans l’épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le « cogito » dans l’ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l’individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes.

    Albert CAMUS (1913-1960)

  • SOYONS INGOUVERNABLES !

    Dans le monde corrompu des marchands d’illusions, plus t’es riche plus t’as du pouvoir. Les hyper-riches, affairistes mafieux en profitent allègrement. Ils automatisent leur domination par une machinerie numérique mortifère qui contrôle et détermine notre survie.


    Notre mauvaise santé et la baisse de nos défenses immunitaires les intéressent. Pour en tirer un max de profit le plus longtemps possible, ils répandent et entretiennent la peur.
Ne nous laissons pas avoir ! Il n’y a plus d’épidémie Covid depuis plusieurs mois.
    https://collectif-feignasse.over-blog.com/2021/10/aucune-epidemie-covid-depuis-des-mois.html

    Nous refusons l’uniformisation militaire imposée par la “ville robot”.
 Nous refusons la marchandisation autoritaire de nos existences par l’informatisation du monde. Cette escroquerie sanitaire a permis de produire un système totalitaire.


    Le passe ne passera pas par nous.
 Ni QR Code ni Code barre, ni numéro dans le big data !
 Nous sommes des personnes vivantes et libres.
 Nos conditions de survie se détériorent rapidement,
 on va pas se laisser faire !

    Reprenons librement nos existences en main.

    Reprenons ensemble égalitairement l’initiative
pour pouvoir vivre vraiment.


    --

    Tract distribué en début de manif anti pass à St-Étienne le 30 octobre, texte plutôt bien accueilli par une majorité de manifestants.
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  • CONTESTATION EFFACÉE AVANT L’ARRIVÉE DE MICRON
    Lundi 25 octobre devant la Mairie à Montbrison, les contestataires furent expulsés puis nassés à plusieurs centaines de mètres pendant près de 3 heures, à l’abri des médias. Puis après que la garde rapprochée du président ai fait évacuer la place de quelques suspects présumés et quelques personnes qui ne présentaient pas bien, le roi a pu parader en bon démago proche d’un peuple bien épuré.
    https://youtu.be/CkLUKLUWdns

  • L’IDÉOLOGIE SANITAIRE EST UN PRÉTEXTE À UNE GOUVERNANCE TOTALITAIRE

    Entretien avec Amèle Debey, octobre 2021

    Ariane Bilheran est normalienne, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie et auteure de plus de vingt-cinq ouvrages. Ses domaines d’expertise sont le harcèlement, la paranoïa, les déviances du pouvoir et la reprise de son pouvoir personnel. Depuis le début de la crise Covid, elle fait partie de ceux qui ont tôt fait de déceler les incohérences et les abus des politiques mises en place. Depuis la Colombie, où elle réside, cette observatrice du psychisme humain a accepté de nous livrer son regard sur la situation actuelle.

    Amèle Debey, pour L’Impertinent : En tant que docteur en psychopathologie, qu’est-ce qui vous frappe le plus dans la situation que nous vivons depuis 18 mois ?

    Ariane Bilheran : La violence des décideurs sur les populations, le harcèlement exercé sur les populations, à tous les niveaux. Idéologie, manipulation de masse, violence économique, violence sur les corps, censure, atteintes à la liberté d’expression.

    Un de vos domaines d’expertise est les déviances du pouvoir. Ce qui se passe en ce moment à de quoi nourrir votre réflexion ?

    Oui. Dès avril 2020, j’ai écrit un article appelé Totalitarisme sanitaire : « c’est pour ton bien »… Le mal radical. C’était encore un gros mot, on n’avait pas le droit d’en parler. Mais depuis, cela a fait son chemin. Après, j’ai éprouvé le besoin d’écrire un autre article en août que j’ai appelé Le moment paranoïaque, où j’ai trouvé l’expression de « déferlement totalitaire » qui, depuis, a bien circulé. Et puis, en décembre, je me suis exprimée sur Radio Canada à propos du totalitarisme actuel dont on voit la manifestation.
    https://www.arianebilheran.com/post/le-moment-paranoiaque-vs-deferlement-totalitaire-face-a-la-dialectiq

    Grâce à mon expertise, j’en ai repéré les symptômes très tôt : dans le caractère idéologique, c’est-à-dire le fait de présenter comme une vérité une fiction mensongère tout en demandant l’adhésion de la population à cette fiction. Le passage à l’acte : les obligations de confinement, la suppression des droits les plus élémentaires ; les paradoxes permanents.

    En Amérique du Sud par exemple, empêcher les gens d’aller travailler ne peut pas être dans l’intérêt de leur santé, parce que lorsqu’on n’a pas de source de revenus fruits de notre travail pendant plusieurs mois, et qu’on n’a pas d’aide, ce n’est à priori pas ce qui va nous mettre en bonne santé !
    La souffrance engendrée sur les populations m’a frappée très tôt. De la même façon, il y a une notion qu’on appelle le clivage, en psychologie, qui consiste à diviser un collectif en deux populations irréductibles qui ne peuvent plus s’entendre entre elles. Car l’une étant sous perfusion idéologique. Elles ne peuvent plus communiquer.

    J’ai travaillé pendant longtemps dans des organisations du travail. Quand elles devenaient pathogènes, créatrices de troubles psychosociaux au travail, j’en repérerais les mécanismes à différentes échelles. Que ce soient les manipulations émotionnelles, les contradictions, les mensonges, les paradoxes sur les discours, le fait de réduire la complexité du réel à un seul paradigme, à un seul paramètre, tout cela m’a paru quand même assez fou.

    On voit que ce sont les pays les plus riches qui ont réagi de la façon la plus disproportionnée. N’étions-nous pas installés dans une sorte de confort ?

    Je ne sais pas si la première phrase est juste. Parce que la Colombie n’est pas un pays riche et nous avons eu six mois de confinement extrêmement sévère. Il y a eu beaucoup de pays pauvres où cela s’est également joué comme ça.
    Par contre, dans les pays occidentaux, il y a eu beaucoup d’aides distribuées aux gens. Ils ont donc davantage eu l’impression que c’était pour leur bien cette affaire, puisqu’on les prenait en charge. Il y a donc eu moins de dissonances au départ sur ce point. La différence est sans doute là.

    Certains pensent tout de même que ces mesures étaient tout à fait justifiées.

    J’ai une seule question pour eux : on sait qu’en 2020, ne serait-ce que pour l’Amérique du Sud, les décisions politiques ont plongé dans la misère plus de 20 millions de gens. Près de 30 millions en 2021. Est-ce qu’on peut prendre soin de sa santé lorsqu’on est dans la pauvreté extrême ? Est-ce vraiment justifié ? Est-ce vraiment une politique tout à fait mesurée, équilibrée, qui prend en compte différents paramètres ?
    https://www.cepal.org/es/comunicados/pandemia-provoca-aumento-niveles-pobreza-sin-precedentes-ultimas-decadas-impa
    https://www.bbva.com/es/sostenibilidad/america-latina-mas-de-28-millones-de-personas-entrarian-en-situacion-de-pobrez

    Est-ce que la docilité des gens vous a surprise ?

    Oui et non. D’abord, je pense que tous les peuples ne réagissent pas de la même façon par rapport à leur passé. Au niveau européen, il y a souvent une croyance naïve que les gouvernants sont là pour notre bien. Ce qui fait qu’il est très compliqué de remettre en question deux choses : les gouvernements ne nous veulent pas du bien, mais en plus ils nous veulent sciemment du mal.

    Vous pensez vraiment que les gouvernements nous veulent sciemment du mal ?

    Peut-être pas tous. Mais je pense en effet que les décideurs à haut niveau et en particulier les soi-disant philanthropes qui, avec leurs milliards, auraient de quoi faire de la planète un paradis, nous veulent sciemment du mal.

    Dans quel but ?

    A partir du moment où vous avez confisqué la majorité des richesses au détriment d’une plus grande population, cette population représente une menace pour vous.

    C’est pourtant celle qui fait fonctionner le système, non ? Ils ont forcément besoin de nous.

    Dans quelle mesure ont-ils besoin de nous, je n’en sais rien. Ça ne me paraît pas évident. Nous sommes vus comme des pollueurs, des parasites. Je crois qu’à un moment donné, la question d’accumulation de richesses à un stade qu’on ne peut pas se représenter, ni vous, ni moi, fait tourner la tête si elle n’était déjà pas solide avant. Ça crée un gouffre incommensurable entre les pauvres et une toute petite minorité d’une classe extrêmement riche qui prétend dicter à la planète toutes sortes de choses. Et qui fait des gouvernants de simples exécutants.

    On voit bien que si les gouvernements étaient autonomes, ce ne se serait pas passé comme ça. Or, la marche de manœuvre pendant la crise était assez réduite, puisque tout le monde a appliqué à peu près la même politique. Et pas dans l’intérêt des peuples.

    Vous disiez récemment qu’il s’agissait d’une guerre des riches contre les pauvres ?

    Oui. Encore une fois je pense que l’on observe l’arbre à ses fruits. On a un appauvrissement toujours croissant de la pauvreté et un enrichissement toujours plus grand de l’autre côté. Il y a des gens qui s’enrichissent considérablement sur la crise. On a basculé l’immense majorité de la population mondiale dans une extrême pauvreté, sans se préoccuper des impacts sur la santé.

    Il y a une intention de nuire, totalement assumée dans les discours d’ailleurs, dans les projets. Il y a un très fort déficit d’empathie de la part de cette micro-caste de très, très riches par rapport au reste de l’humanité. C’est à cela qu’on caractérise le harcèlement, d’ailleurs. Une partie des citoyens doit se sacrifier pour le bien commun. C’est une logique totalitaire. On se rend compte que ceux dont on exige le sacrifice sont à peu près toujours les mêmes.

    Il semblerait qu’on ait amené les gens à confondre les conséquences des mesures prises avec les conséquences du Covid. On a donc créé le contexte pour qu’ils aient envie de cette servitude volontaire dont parlais La Boétie. Comment peut-on expliquer cette situation ?

    Sur le plan de la philosophie politique, on peut l’expliquer par le fait qu’a été mis en place de façon assez clair et un peu partout un régime totalitaire. Il rencontre de la résistance ça et là, mais c’est le projet.

    Pourquoi totalitaire, parce qu’il vise la domination totale des individus, la rupture des classes, de l’appartenance sociale, des familles, jusqu’à l’intrusion dans l’intimité de la personne. Pour que le projet totalitaire fonctionne, il doit se maintenir au pouvoir grâce à la terreur, donc il faut un ennemi. Visible ou invisible. Auquel on va faire la guerre, pour justifier le terrorisme de l’État. Pour justifier aussi la suppression des libertés et des droits. Il faut une idéologie. Un discours qui mette en scène un ennemi contre lequel on va partir en guerre et qui, supposément, nous met en danger de mort. Il va falloir construire pour cela un discours mensonger, complètement déconnecté de la réalité de l’expérience. Mais afin qu’il puisse avoir une certaine légitimité, il faut qu’il évolue en permanence, pour empêcher qu’il soit figé et donc soumis à la critique.

    Il faut que l’idéologie réussisse à modifier la réalité. Ce n’est donc plus la réalité de l’expérience qui fait foi. Avec l’idéologie, on va modifier l’expérience pour qu’elle corresponde à ce qu’on est en train de raconter.
    Par exemple, si on désigne telle population comme paria, comme danger pour la nation, on va faire en sorte qu’elle devienne dangereuse. On va l’exclure économiquement, lui supprimer ses droits. Si on veut démontrer qu’elle met en danger la santé des individus, on va la mettre elle-même dans des conditions d’hygiène précaire, etc., etc. De telle sorte que le retour de la réalité finisse par correspondre à l’idéologie.

    En 2020, on n’a pas du tout pris les mesures nécessaires pour soigner. Au contraire, il y a eu une grande exposition des gens sur le plan de la santé. J’ai pris l’exemple économique tout à l’heure : quand vous n’avez plus à manger, que vous ne pouvez plus payer vos factures, comment faites-vous pour vous alimenter correctement, ne pas être dans l’angoisse et la précarité, vous protéger au niveau de votre santé et de votre immunité ainsi que vos enfants ? Ce n’est donc pas du tout une politique en faveur de la santé, mais une politique de précarisation qui a eu lieu dans de nombreux pays du monde et qui a entraîné davantage de troubles de santé.
    Quand on interdit à des médecins de prescrire ou de soigner, on crée des maladies. Quand on renvoie les gens chez eux avec du Doliprane, on crée les conditions pour que la réalité finisse par correspondre à l’idéologie.

    Comment peut-on expliquer que la majorité des gens ne se rendent pas compte de tout cela ? N’y a-t-il pas un fonctionnement, au niveau du cerveau, qui fait que nous ne sommes pas capables d’envisager certaines réalités trop éloignées de notre ligne de pensées, au risque de devenir complètement fous ?

    Tout à fait. C’est lié à la violence. Il y a eu des chocs traumatiques répétés envoyés aux populations. De diverses manières, avec différents décors. Et ces chocs traumatiques ont été créés par les discours politiques, par les décisions prises, dont l’absurdité et l’arbitraire ont cassé tous les repères des gens. Il faut savoir que cette violence entraîne, pour le psychisme, la mise en place de mécanismes de défense. Le meilleur exemple : quand vous subissez un traumatisme grave, cela peut déclencher une amnésie. C’est un mécanisme de défense. Ou, encore une fois, on peut être dans le déni : le réel est tellement insupportable que je ne peux pas me le représenter.

    Donc je pense que moins on s’attend à la violence, plus on est vulnérable, comme c’est le cas des pays occidentaux qui ont l’habitude de fonctionnement plus équilibrés. Nier la réalité de la violence, ou la justifier, dans la mesure où il y a en face un discours très séducteur du type « on fait ça pour votre bien » : c’est très tentant d’y entrer. Je pense que la majorité des gens, et c’est bien normal, ne parvenant pas à comprendre ni accepter l’existence de la violence que ça véhicule, régressent sur le plan psychologique et se laissent prendre en charge par le discours dominant.

    Il y a également une bonne partie de gens qui préfère tout simplement ne pas s’interroger et suivre le mouvement, sans chercher à savoir si ce qu’il se passe est normal ou non.

    Oui, alors là c’est le syndrome du fonctionnaire qui fonctionne. C’est-à-dire qui préfère restreindre son champ de pensée et le réduire à la tâche qu’il a à exécuter. Car s’il devait penser vraiment ce qu’il se passe, probablement qu’il pourrait en devenir fou.
    Je pense que le psychisme protège, jusqu’à un certain point, les gens de ce basculement. De cette désintégration psychique.

    On constate aussi que ce n’est pas une question d’intellect, de connaissances, ni de niveau d’éducation. L’autrefois philosophe Raphaël Enthoven en est le parfait exemple.

    D’abord, c’est lié à une solidité psychologique et non pas à une intelligence. C’est lié à la capacité d’être ancré dans plusieurs choses et dans la capacité d’affronter la solitude, même si la majorité du groupe se désaxe. Ancré dans quoi ? Dans le rapport à la réalité. Dans le désir de vérité. Dans la valeur morale de se rendre compte, dans le réel, qu’on fait du mal aux gens.

    Il y a des profils très hétérogènes qui peuvent se retrouver dans une prise de conscience, mais tous sont caractérisés par plusieurs choses : d’abord, ils ont un fort ancrage dans la réalité, des gens qui ont plein de bon sens, des gens qui ont d’autres références, y compris chez leurs ancêtres, qui leur permettent d’apprécier d’une autre façon ce qu’il se passe, de sortir du discours dominant. Ensuite, ce sont des gens qui questionnent la légitimité de l’autorité ; ils n’obéissent pas pour obéir, mais parce que le discours de l’autorité a du sens. Et enfin, la caractéristique commune à chaque fois, c’est de ne pas se satisfaire d’un à peu près au niveau de la vérité. Il y a une recherche de vérité, de compréhension. Et le quatrième point:ce sont des gens qui sont capables de faire face à l’isolement. Parce qu’en ce moment, penser au vent contraire, c’est être exposé au harcèlement, à l’isolement, à l’insulte, à la censure et pour cela, il faut avoir une sacrée solidité psychologique.

    Il faut bien se dire que le système devient fou, mais que quand on fait partie du système parce qu’on y a des avantages, des privilèges et que remettre en question la doxa dominante impliquerait de perdre ces privilèges et sa place dans ces groupes d’appartenance (groupes de pairs notamment), tout le monde n’est pas prêt à le faire. Je connais des gens qui ont des doubles discours. Des discours publics et des discours privés. Donc ils ne sont pas si naïfs que ça.

    Pourtant, j’avais tendance à penser que Raphaël Enthoven pouvait réunir ces caractéristiques.

    Il fait sans doute partie de groupes d’appartenance (par exemple, l’intelligentsia parisienne) qu’il n’est pas prêt à quitter. Et ces groupes d’appartenance ont fait cette allégeance-là. Cela met tout le monde face à des conflits de loyauté.

    C’est-à-dire ?

    On voit le prix qu’ont payé certains scientifiques, certains universitaires et certains chercheurs à dire leur vérité. Si l’on n’est pas prêt à payer ce prix-là et si son groupe d’appartenance exige de manière implicite ou explicite une adhésion au dogme, pour accéder aux privilèges du sérail, on est réduit à une forme de soumission, consciente ou non.

    Quand Laurent Mucchielli se fait dédire par le CNRS, la question est de qui dépend le CNRS ? Qui a peur de perdre sa place ? Je ne suis pas sûre qu’il n’y ait que des endoctrinés là-dedans, si vous voulez. Je suis même sûre du contraire. Il y a des sommes d’intérêts, de corruptions, de peurs. Certains s’empêchent eux-mêmes de critiquer, de penser, pour ne pas perdre ces privilèges. Le plus ironique est que, souvent, ce sont les mêmes qui ont hurlé à la défense de la liberté d’expression en France.

    De manière plus générale, la collaboration des intellectuels avec les régimes totalitaires n’est pas nouvelle. Hannah Arendt avait exprimé son dégoût des intellectuels dès le début des années 1930 ; Klemperer avait été sidéré par l’opportunisme de certains universitaires ; Günther Anders avait dit son aversion pour la complaisance active d’Heidegger, en particulier car ce dernier avait tous les outils de philosophie politique pour penser ce qu’il se passait.

    Vous disiez aussi que la crise sanitaire était un peu l’aboutissement d’une déliquescence qui a débuté il y a longtemps. Que vouliez-vous dire ?

    Le totalitarisme, c’est considérer que les individus sont des cellules interchangeables d’un même corps au sens propre, avec la suppression totale et l’éradication totale de toute singularité. La singularité c’est le fait qu’aucun individu n’est comparable à un autre sur Terre. Que tout le monde est unique, différent, avec l’humanité en partage, où « rien d’humain ne m’est étranger ». Le totalitarisme est la proposition inverse.

    Dans l’idée que nous sommes tous des cellules d’un même corps, il y a l’idée qu’il faut sacrifier les cellules cancéreuses, celles qui s’autonomisent du corps. Donc l’individu n’est pas sacré en soi, mais plutôt quelque chose qui peut être éliminé si on en a besoin. Et je pense que cela est en cours depuis très longtemps. C’est une perte à la fois de la transcendance, de la transmission, de valeurs morales et spirituelles. Et en même temps, c’est la profanation de tous les individus. « Vous ne pourrez plus rien cacher », c’est la proposition totalitaire : l’exact inverse de la pudeur, socle de la civilisation selon Hegel. On doit cacher notre intimité, c’est un devoir, elle ne peut pas être profanée sous peine de sombrer dans la barbarie.

    C’est en cours depuis longtemps, on le voit dans l’évolution du management au travail, dans la prolifération des écrans pour les enfants : ce sont des façons d’abraser complètement le sujet et de le nier dans ses besoins propres pour en faire un bon consommateur. On va mettre les gens dans des cases, où ils vont devenir a minima des instruments de production, et quand ils ne servent plus, qu’ils sont inutiles du point de vue de la production capitalistique, on les jette.
    Tout cela est le total inverse des valeurs qui ont été le socle de notre civilisation, mais ça fait longtemps que c’est à l’œuvre.

    Mais qu’est-ce qui a déclenché tout ça ? C’est à l’œuvre depuis combien de temps, selon vous ?

    C’est difficile à dire. Je pense qu’il y a une conjonction de plusieurs facteurs et ce n’est pas exhaustif : premièrement, le transhumanisme est la référence nazie par excellence, celle du surhomme. Cela veut dire que le nazisme, dans sa valeur première de recherche d’immortalité matérielle et de surhomme humain, qui en même temps est un humain modifié, n’est pas mort. L’idéologie de fond n’est pas morte. Le nazisme n’a pas été totalement pourchassé, il a fait des petits dans les sectes idéologiques de pouvoir qui ont pour vocation à s’étendre et visent l’expansion. Je pense que la question de la conquête idéologique d’un pouvoir mondial par des sectes occultes est rarement abordée, mais devrait être étudiée de très près. Mais ce n’est pas suffisant.

    Le deuxième point, c’est le développement technologique. On arrive à une époque – on y est sans doute depuis Hiroshima – où on n’arrive pas à se représenter, ni imaginer ce que les outils que nous créons sont capables d’engendrer. L’humanité engendre des monstruosités qu’elle n’a pas forcément les moyens de freiner, comme l’illustrent la création des chimères, le clonage, les trafics génétiques… Je pense que cela est aussi à œuvre.

    Si on regarde du point de vue de l’instruction publique, il y a eu une volonté délibérée de supprimer l’apprentissage auprès des enfants. Ces sonnettes d’alarme ont été tirées par les enseignants. Il y a quand même un pouvoir qui orchestre le fait de rendre les citoyens dociles.Mais ça n’est pas nouveau. C’est la nature du pouvoir de comploter pour se maintenir. La question nouvelle, c’est que nous nous sommes laissé destituer des contre-pouvoirs.
    Peut-être, mais ça n’est qu’une hypothèse, que l’ère de la jouissance et de la consommation à tout va a fait s’effondrer les individus moralement. Mais c’est compliqué de répondre à cette question et je pense que la nature est polyfactorielle. En même temps, c’est presque inéluctable.

    La seule question qui aurait dû occuper l’humanité après la deuxième guerre mondiale, c’est : comment en est-on arrivé à un tel degré d’autodestruction ? Les gens ne se sont pas tellement préoccupés de cette question. Ils ont voulu récupérer la vie ; ils ont été incités à jouir de tout, mais cela aurait dû les préoccuper. Tout comme le fait que des chefs d’État aient aujourd’hui la possibilité de balancer des Hiroshima bis devrait nous préoccuper. Günther Anders n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme. Pourquoi avons-nous la capacité de nous autodétruire ? Pourquoi la majorité des gens préfère être dans la jouissance plutôt que dans cette conscience, qui est certes très austère ? Parce que ce n’est pas très marrant de se poser la question de notre responsabilité. C’est plus confortable de se laisser régresser dans un statut de consommateur.

    Vous avez des réponses à cette question ? Pourquoi en est-on arrivés là ?

    Il y a eu, en tout cas du point de vue du développement des technologies de masse, de la publicité, du marketing etc. un encouragement, une dérégulation qui ont fait que les individus n’ont plus été protégés, en particulier de l’émergence de ces nouvelles technologies, des écrans. Et à partir du moment où l’on contrôle un cerveau et le temps de cerveau disponible, on contrôle toute possible révolte de la part des citoyens. C’est un peu le monde de Huxley.

    Ne pensez-vous pas que cette crise peut être une opportunité ? Tout ce qui se passe est tellement gros que ça ne peut que déclencher une révolte et aboutir sur quelque chose de positif, non ?

    Je ne sais pas, peut-être. Il me semble que c’est un peu David contre Goliath pour l’instant. On peut toujours espérer un miracle.

    Comment expliquer l’apathie totale de la gauche ? Et qu’il faille finalement compter sur la droite, voire l’extrême-droite, pour s’opposer aux mesures ?

    Ma réponse est peut-être un peu trash, mais je pense que la politique n’est plus du tout représentative des aspirations des peuples. C’est une caste qui se reproduit entre elle, selon des codes d’initiation conférés, et qui a trahi les peuples depuis longtemps. Quelle qu’elle soit. Ils roulent pour leur pomme. Les États sont managés comme de grandes entreprises, avec des actionnaires de l’ombre et des gens qu’on va placer aux commandes. On les remplace lorsqu’ils ne conviennent plus. On va orienter des sondages, des votes, jusqu’à les trafiquer dans certains pays.

    L’état dans lequel se retrouve la génération de demain m’inquiète beaucoup. Quel est votre avis là-dessus ? A quoi vont ressembler les adultes dans 10 ans ?

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que, du point de vue psychologique, la psychose paranoïaque produit des traumatismes en chaîne, des dissociations traumatiques et donc de la schizophrénie. On risque donc d’avoir, sur des esprits fragiles, une augmentation exponentielle des taux de suicides et une augmentation des pathologies de type schizophrène chez les enfants. C’est gravissime. Tous les totalitarismes s’en prennent systématiquement aux enfants, les endoctrinent, poussent à la délation, divisent les familles, tournent les enfants en opposition contre leurs parents, etc. On est dans cette politique-là.

    J’observe que certains de mes collègues passent beaucoup plus de temps à dénoncer les complotistes qu’à enquêter sur les véritables sujets et je me demande s’ils n’ont pas une part de responsabilité dans la radicalisation de certaines minorités ?

    Pour la radicalisation des minorités, il faut comprendre que le régime totalitaire fonctionne sur un mode paranoïaque. Mais la paranoïa est partout. C’est une structure collective, non un psychisme seul. C’est la notion de la méfiance tous contre tous. Il va donc y avoir, dans l’opposition, des phénomènes en miroir de ceux qui sont dénoncés dans cette fameuse opposition. Finalement, pour certains, il peut y avoir aussi une vraie folie en miroir. C’est pourquoi il faut toujours faire attention aux assimilations qui sont faites.

    Dans l’idéologie sur la santé qui nous occupe, il y a la création d’une nouvelle langue. Celle-ci inclut a minima plus de 60 nouveau mots et d’expressions détournées de leur sens. A partir du moment où cette nouvelle langue est acceptée (comme le terme « complotiste » d’ailleurs, avec lequel on croit faire allusion à une certaine réalité mais sans savoir exactement bien laquelle, chacun y met de sa subjectivité interprétative), cela crée une adhésion au système. Si les opposants à cette politique générale acceptent cette nouvelle langue, ils en deviennent les promoteurs. C’est donc très compliqué. On le voit déjà à un tout petit niveau avec les anglicismes. Le terme « narratif » n’existe en français que comme un adjectif. Le terme exact est « narration ». Pourtant, moi comprise, nous avons souvent utilisé « narratif » au lieu de « narration ». C’est de la colonisation linguistique.

    Tout cela fait qu’on n’a plus la capacité de se représenter la réalité au travers de notre patrimoine, qui est une langue commune que nous partageons. Et, en prime, on n’a plus la capacité de communiquer avec les autres. Pour ce faire, il faudrait rentrer dans la nouvelle langue, mais elle n’a plus la capacité de désigner la réalité de l’expérience. Donc les dés sont pipés.

    On entend régulièrement, depuis près de deux ans, les gens nous dire que cette crise est bientôt finie. Comment est-ce que vous voyez les choses se terminer ?

    Mal. Le problème c’est qu’une fois qu’on est entrés dans l’idéologie, elle ne va pas lâcher le morceau. Cette histoire, je la vois se terminer de deux façons possibles : soit en guerre, soit en autodestruction qu’il ne va pas être possible de cacher. Ou les deux. Pour sortir de l’idéologie, il faut que la réalité soit suffisamment difficile pour que les gens se réveillent. Un peu comme dans les sectes desquelles les endoctrinés parviennent à se sortir lorsqu’un événement suffisamment grave est survenu.

    Tout ceci va mal se terminer. Par une recrudescence de violence. Y compris dans l’opposition qui fera qu’elle pourra même ressembler à ce qu’elle dénonce. Ceux qui n’ont pas compris en théorie devront comprendre en pratique. À partir du moment où vous niez qu’il y a une porte devant vous, vous allez devoir vous la prendre en pleine figure pour accepter son existence. Hannah Arendt disait que le totalitarisme s’effondre quand les masses cessent de croire. Le problème c’est qu’on n’y est pas.

    Et si cela s’arrêtait simplement, dans quelques mois, avec la levée totale de toutes les mesures et qu’on décidait enfin de vivre avec ce virus ?

    Non, parce que le sanitaire est un prétexte à une gouvernance mondiale de type totalitaire. À une mise sous contrôle totale de l’individu, dans ses mouvements, dans ses réflexions, dans ses faits et gestes. Ça ne marchera pas parce que ce n’est pas compatible avec la nature humaine. Mais ça ne veut pas dire que ça ne va pas créer des dégâts immenses. C’est déjà le cas.

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    https://www.arianebilheran.com/post/l-ideologie-sanitaire-est-un-pr%C3%A9texte-a-une-gouvernance-totalit

    https://www.limpertinentmedia.com/post/le-sanitaire-est-un-pr%C3%A9texte-%C3%A0-une-gouvernance-totalita

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  • ACCEPTATION DU QR CODE ET MOBILISATIONS

    Faire sécession ?! Des idées mais surtout du vécu.

    Les français, dans leur très grande majorité, ont choisi d’obéir au passe sanitaire qui néanmoins, et chacun semble le savoir, au moins confusément, n’a de sanitaire que le nom.
    D’aucuns, d’autre part, voudraient disjoindre le sanitaire du politique, soit, exception, considérer ce passe dont la vocation est pourtant principalement de contrôler et de séparer le bon grain de l’ivraie, comme un mal nécessaire, à visée purement médicale, exigé par les circonstances que l’on sait. Comment cela se pourrait-il faire ? Tout ne tient-il pas à la politique [1].

    Et quelle singulière désunion dans la bouche de ceux-là même qui prétendent, d’abord et avant tout, se préoccuper de questions politiques, lutter, en théorie surtout, contre les idées nauséabondes qui circulent, qui sont légion, et qui habituellement voient du politique partout, mais sauf ici. Comment peut-on revendiquer de dissocier, en considération du moment présent, le sanitaire du politique, alors qu’aujourd’hui en France, dans la plus grande opacité, c’est un conseil de défense sanitaire qui décide de ce qui est « bon » pour notre santé ? Au mépris de ce qu’en dit une frange non négligeable de la communauté médicale, par ailleurs pro-vaccin, n’ayant pas « l’honneur » de faire partie dudit conseil de défense [2].

    Aucun bienfondé du passe en matière de santé publique, voire même des effets inverses de celui soi-disant recherché : lutter contre la pandémie, du fait de l’abandon, en de nombreux lieux passe-compatibles, des gestes barrières. Incohérences manifestes, de surcroît : les transports de proximité, pour ne donner qu’un exemple parmi bien d’autres, ne sont pas soumis au passe, mais certes il faut bien que l’exploitation de la classe laborieuse se poursuive, seul moyen de faire tourner la sacro sainte économie.

    Ainsi, s’il faut bien tout de même s’inquiéter de l’emprise du numérique sur nos vies, de la surveillance numérique de nos existences – mais faire quoi, concrètement, en l’occurrence, pour contrecarrer cela ? –, il ne faudrait cependant pas se mêler à la populace des samedis, au motif que nous en aurions nécessairement les mains sales ainsi que la nausée.
    Fleurissent dès lors des jugements à l’emporte-pièce, sous la plume d’éminents intellectuels, bardés de diplômes (agrégés, normaliens, etc), osant comparer les mobilisations anti-passe à la manif pour tous [3], rien que cela ! Intellectuels, dont certains n’ont jamais mis les pieds dans lesdites manifestations du samedi, se permettant donc de les juger à l’aune de ouï-dire : ce qu’en disent leurs proches, voire ce que les médias en véhiculent, médias que par ailleurs ils fustigent, n’étant pas à une contradiction près, médias dont on sait comment ils ont pu monter en épingle de très fâcheux événements épars, ne s’étant pas du tout pérennisés (une croix gammée ici, une agression là contre des soignants ou des structures de soin qu’il faut bien évidemment et sans nuance condamner), comme s’ils formaient le contenu permanent des mobilisations.

    Procédons par l’absurde et supposons que la situation soit telle que certains nous la décrivent, que les crypto-fascistes pullulent dans ces manifestations du samedi, que faut-il alors en conclure : que ces intellectuels ont choisi, en connaissance de cause, de leur laisser la rue et qu’ils nous recommandent de faire de même ? Singulière façon de « lutter » contre ce fascisme dont on nous dit par ailleurs qu’il vient [4]. Si les fascistes forment bien le plus gros de ces mobilisations, quid alors des participants aux mouvements orchestrés par Philippot à Paris ? Des queues sans fin pour aller, à grands frais, écouter Zemmour et le pseudo philosophe Onfray ? Et si les mots ont un sens, quel vocable faut-il alors utiliser pour qualifier cette gent là ? Sans parler du fait que les authentiques crypto-fascistes sont au pouvoir ou/et à ses portes !

    Le QR code, d’après certains, ne serait que la continuation, par d’autres moyens, d’une société de contrôle ou de surveillance dont l’invasion dans nos vies ne date certes pas d’hier. Du quantitatif en somme mais point de saut qualitatif. Mais comment peut-on ne pas voir la différence abyssale entre le fait de tendre son QR code pour fréquenter une salle de cinéma par exemple et le fait d’utiliser son smart phone, sa CB, de fréquenter, même assidûment, les réseaux sociaux, ou bien encore le fait d’être, à longueur de journée, sans notre consentement, filmés par les caméras de vidéo-surveillance, présentes quasi partout, lors de nos déplacements ? Devoir justifier de son pedigree sanitaire, voire de son identité, pour boire un café, s’inscrire dans une salle de sport, prendre le train (où un bracelet peut vous être apposé au poignet pour témoigner de votre QR code vérifié), tout cela ne serait qu’une mesure idoine et, veulent croire certains, passagère, qu’un ajout somme toute presque insignifiant dans le panel de la cyber surveillance qui fait florès ? En l’occurrence, est-ce la technologie qui est en cause ou le modus operandi de sa mise en œuvre qui consiste à nous utiliser pour consentir à notre propre et smart contrôle, qui conduit à nous y habituer, perversion dont on peut être sûr qu’elle ne disparaîtra pas avec la suspension (quand d’ailleurs ?) du QR code sanitaire ?

    Une fois n’est pas coutume, et à l’heure où les chrétiens sombrent du fait des monstruosités pédocriminelles récemment révélées, ancestrales, mais dont certains ne prennent, enfin, conscience que maintenant : « pardonnons-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », ceux qui ravalent, comme ils le font, la passe sanitaire au statut d’épiphénomène. Lorsque cette frange de la population, prétendument éclairée, criera au loup, il sera sans doute malheureusement trop tard.

    S’agirait-il alors de revenir à l’âge de pierre ? Certes non. D’incarner une pureté anumérique ? Non plus. De même qu’il y a un milieu entre être anti-vaccins (tout vaccins confondus) et juste peut-être sainement méfiant à l’encontre des vaccins anti-covid [5], ce que récusent beaucoup, confondant à dessein les anti-passe avec des anti-vaccins, même s’il est vrai que la frontière est parfois poreuse entre les deux ; de même il y a un milieu entre utiliser les technologies de l’information, sans lesquelles nous serions condamnés à nous installer sur une île déserte, et tendre, docilement, son QR code à l’entrée de lieux qu’hier nous fréquentions en « liberté ».

    Au lieu d’écrire et de lutter contre les pires menaces : Zemmour, notre Trump ou Bolsonaro national, Macron, notre petit Pétain, peut-être, de nouveau, aux portes du pouvoir pour un nouveau quinquennat, d’aucuns s’époumonent à disputer du pedigree des manifestants anti-passe, rêvant secrètement de changer le peuple ou de le destituer en bloc. Celui qui ne veut pas avoir les mains sales, se retrouvera bientôt sans mains, ce qui lui fera une belle jambe et le coupera, irrémédiablement, de toute possibilité de lutter, dans la réalité. N’est-on pas en droit de dénoncer une certaine cécité de la part de ces avant-gardes éclairées, dans leur rêve de pureté idéologique ?

    Cette histoire de QR code sanitaire m’a personnellement et enfin réveillée de mon sommeil dogmatique en termes de surveillance de masse, se pourrait-il faire que cette modeste contribution au débat puisse en réveiller d’autres quant à la cyber surveillance ubiquitaire et à la technopolice comme moteur de la sécurité globale qui nous pendent au nez ?

    J’ai décidé, dans la mesure de mes moyens, de faire sécession avec ce monde qui me débecte profondément et je vous prie de croire que ce séparatisme là est à la fois amusant, reposant et instructif. Sur la photo ci-dessous et comme à mon habitude depuis le 21 juillet 2021, je prends mon café, travaille et lit, sur ma chaise pliante, dans mon quartier, en toute tranquillité, achalandée d’un parapluie lorsque le temps n’est pas clément. La rue elle est à qui ? À moi, à nous ! Mes pauses café occasionnent, tous les jours, de belles rencontres, des discussions avec le chaland, de la convivialité. Je bouffe, certes, et me rend donc au supermarché où, pour le moment, nulle passe sanitaire n’est exigé. Pour le reste, je teste la décroissance, culturelle en l’occurrence, ce qui ne m’empêche pas d’organiser, à domicile, un ciné club par-ci, un repas par-là, sans parler des mobilisations des samedis qui suppléent allégrement au sport que je ne peux pratiquer en salle, mobilisations anti-passe dont, en conclusion, je ne vois pas ce qui nous interdirait d’y participer.

    « Le grand problème des êtres humains civilisés n’a jamais été la désobéissance, mais l’obéissance » Howard Zinn. Le progrès et la révolte, autrement dit, ne valent-ils pas qu’on se prive d’un café en terrasse ou d’un ciné ? Qu’on rejoigne ceux qui manifestent le samedi dans les rues, quand bien même tous ne seraient pas fréquentables ni parfaits ? Et si d’aventure nous étions légion à le faire, le pouvoir et sa violence ne seraient-ils pas contraints, au moins, de mollir ? Qu’il faille a priori se soumettre aux lois de la société dont on est membre, cela va en quelque sorte de soi, mais si ces lois sont mauvaises, faut-il, encore une fois, garder le silence et s’incliner sous le carcan ?

    « Pour gagner dans la lutte et conquérir leur émancipation, les masses travailleuses doivent être guidées, conduites par une « élite », par une « minorité éclairée », par des hommes « conscients » et supérieurs au niveau de cette masse. […] qu’une telle idée soit ancrée dans l’esprit de ceux qui se prétendent émancipateurs et révolutionnaires, c’est un des phénomènes les plus étranges […] Ainsi, je conçois le fascisme d’une façon vaste. Pour moi, tout courant d’idée qui admet la dictature – franche ou estompée, « droite » ou « gauche » – est au fond, objectivement et essentiellement fasciste. Pour moi, le fascisme est surtout l’idée de mener les masses par une « minorité », par un parti politique, par un dictateur. » 
Voline, Le fascisme rouge (1934).

    Le moment insurrectionnel n’aura cure de toutes mes réflexions, ni de celles de ceux qui refusent d’être dans la rue les samedis, il n’aura besoin ni de réflexion, ni de QR code au moment de l’effervescence de son explosion. Du lyrisme il y en aura alors, dans nos vies, dans nos chairs et pas seulement sur le papier, dans nos écrits ou sur nos bouches, dans nos paroles.

    Gageons que l’hiver 2021 sera chaud, comme le fût celui de 2018 avec les Gilets Jaunes dont la comparaison avec ce qui sommeille actuellement est nulle et non avenue : l’Histoire, en effet, ne repasse pas les plats.

    Une prof de philo dans le 93
    https://lundi.am/A-propos-de-l-acceptation-de-l-usage-du-QR-code-et-des-mobilisations-en-cours

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    [1] Rousseau, les Confessions
    [2] https://www.revue-ballast.fr/sante-vaccin-et-pass-discussion-avec-le-medecin-urgentiste-christophe- : Santé, vaccin et pass : discussion avec le médecin urgentiste Christophe Prudhomme
    [3] https://diacritik.com/tag/valerie-gerard : selon Valérie Gérard, les manifs anti-passe pourraient n’être qu’une variante d’extrême droite de la Manif pour tous.
    [4] Ugo Palheta : La possibilité du fascisme (2018) et tout récemment : Face à la menace fasciste (septembre 2021) ; la menace se précisant davantage au vu des titres...
    [5] vaccins anti-covid dont les effets secondaires conséquents sont, d’une part, peu relayés par les médias et, d’autre part, difficiles d’accès, voir à ce sujet la base données de l’OMS : VigiAccess et les méandres de l’accès à ces données.

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  • VIVRE ET EN FINIR AVEC LE MEPRIS DE LA VIE
    http://inventin.lautre.net/contributions.html#vaneigemmeprisdelavie

    Le crime contre l’humanité est l’acte fondateur d’un système économique qui exploite l’homme et la nature... Des millions de créatures rentrent docilement à la niche où elles se recroquevillent jusqu’à devenir l’ombre d’elles-mêmes. Les gestionnaires du profit sont arrivés à ce résultat auquel seule une réification absolue aurait pu prétendre : ils ont fait de nous des êtres apeurés par la mort au point de renoncer à la vie.