Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • LA FIN D’UN TEMPS
    Action inter-associative

    Cette fois, c’est dit et acté : la France, qui depuis longtemps ne fait plus croire à personne qu’elle est le pays des Droits de l’homme et des Lumières, est officiellement entrée en dictature ce 12 juillet 2021.

    Son chef d’État est parti en guerre contre notre démocratie, contre nos libertés, contre notre mode de vie, contre nos valeurs et nos habitudes culturelles.

    Il use de prétextes sanitaires en s’appuyant sur une science dévoyée, bien éloignée de ses principes fondamentaux : indépendance, humilité, ouverture d’esprit et prudence face à des phénomènes nouveaux.

    Instillant depuis des mois un climat anxiogène dans la population, multipliant mensonges, contradictions et incohérences, bénéficiant du soutien inconditionnel des médias grand public, il a constamment stigmatisé des boucs émissaires (les vieux, les jeunes, les enfants, les pauvres, les chômeurs, les retraités, les soignants), pour finalement dissocier vaccinés / non-vaccinés qui n’auraient plus les mêmes droits.

    Il impose ainsi ségrégation, discrimination, séparation entre les citoyens qu’il juge bons ou mauvais, ceux qui se plient à ses diktats, et ceux qui s’attachent à leur liberté.

    Demain, chacun d’entre nous, coupable en puissance, pourra être désigné, quelle qu’en soit la raison.
    Pourtant, respectueux de la hiérarchie et des principes républicains, les citoyens ont accepté toutes les contraintes imposées, laissant croire que tous les abus de pouvoir étaient permis.

    Mais si nous continuons à baisser l’échine, chacun pourra bientôt évaluer le montant colossal de nos pertes démocratiques, aussi abyssal que le gouffre creusé dans une sécurité sociale qui ne sera plus qu’un souvenir.

    On peut craindre en l’état que le pire soit à venir, que les nécessaires débats démocratiques s’effaceront devant la pensée unique, que nos activités associatives seront elles aussi muselées, surveillées, contrôlées, et que nous jouerons plus que jamais les idiots utiles.

    Chacune de nos associations dispose encore d’un porte-voix. Nous pouvons encore - mais pour combien de temps ? – porter la voix de nos milliers d’adhérents auprès des médias et des autorités, maires, préfets, députés et sénateurs, pour dénoncer, pour dire NON, pour dire STOP, pour dire haut et fort :
    • nous refusons toute forme de chantage,
    • nous refusons toute forme de ségrégation et discrimination,
    • nous refusons le fichage et la surveillance généralisée,
    • nous exigeons le retour de l’état de droit,
    • nous exigeons le respect des libertés de chaque citoyen.

    Robin des Toits - 16 juillet 2021
    https://www.robindestoits.org/attachment/2180708

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  • TROP C’EST TROP

    Les médias et les politiques ont piqué leurs crises de nerfs hypochondriaques. La peur irraisonnée de la maladie et de l’autre présumé contagieux fait accepter les contraintes et la privation de liberté, la psychose fait endurer un peu près n’importe quoi, se résigner à subir la dictature et se soumettre à l’ordre sécuritaire. L’autre n’est plus qu’un ennemi contaminant qu’on maintient à distance, par des gestes barrière, nous plaçant ainsi dans un isolement sécuritaire autogéré. Et si l’autorégulation ne suffit pas, une discipline sécuritaire infantilisante nous rappelle violemment à l’ordre par la répression et l’obligation de payer une amende. Le confinement général, accompagné de l’absence de dépistage à grande échelle au plus tôt, et de l’absence de traitement par médicament, a prouvé son inefficacité, sa dangerosité par la psychose malsaine qu’il entretient. Toutes les lourdes menaces épidémiques répandues par les médias et les politiques se sont toujours avérées après coup, exagérées, fausses et mensongères.

    Au cours de cette survie anxiogène sans devenir, les situations stressantes habituelles activent dans le cerveau des comportements réflexes de protection, d’adaptation et de soumission qui empêchent de réfléchir et de comprendre les situations subies. L’intoxication mentale des médias de masse se répand sans être vue, elle contamine l’air de rien. Notre exposition permanente à des produits ou des informations toxiques produit une accumulation de toxines persistantes dans notre organisme jusqu’à saturation. Nous sommes sous perfusion directe, dans notre corps et notre mental, empoisonnés de toute part en quantité infinitésimale et constante sur le très long terme. L’habituelle accoutumance nous est imperceptible, mais la dépendance bien réelle qu’elle entraîne produit une addiction durable maladive.

    La libre exploitation de la vie est inhérente au fonctionnement du capitalisme, la pollution dévastatrice qui en découle détruit l’humanité. Le pouvoir destructeur de la production marchande n’a plus d’entrave dès lors qu’il est économiquement nécessaire aux affaires juteuses de quelques multimilliardaires. La marchandisation s’est étendue à la globalité du monde, ses nuisances n’ont comme limites que l’écroulement général.

    Lukas Stella, Double monde, confinement en confusion, démence sous air conditionné, 2020
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#double-monde

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  • À CORPS PERDU

    L’escroquerie de ce temps décompté se précipite, l’espace se restreint aux marchandages et aux spéculations dévastatrices, c’est alors que notre survie s’amenuise dans les restrictions, la misère et la barbarie.

    Le règne de l’exploitation et de sa servitude, des séparations guerrières et des arnaques mafieuses, paraît se réduire aujourd’hui au scénario d’une catastrophe programmée. Quand il n’y a plus d’avenir, on peut alors abandonner les préjugés réducteurs d’un passé révolu. C’est le moment de prendre le pouvoir sur ses propres conditions d’existence au cours de situations incertaines, par des pratiques libertaires en coopérant tous ensemble à l’auto-organisation égalitaire d’une démocratie générale.

    Lukas Stella, l’invention de la crise, escroquerie sur un futur en perdition, 2012.
    http://inventin.lautre.net/livres.html#LukasStella

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  • EN GUERRE CONTRE LA POPULATION !

    Le président promet plus d’autoritarisme, des attaques néolibérales et la mise à mort sociale.

    Ce lundi soir, Emmanuel Macron intervenait à propos de la crise sanitaire. On pouvait s’attendre, comme lors des précédentes allocutions gouvernementales, à un discours tiède, insipide et creux visant à gagner du temps. Mais ce soir, le président a déployé un discours d’une extrême violence, ponctué de menaces, de mensonges et d’attaques anti-sociales et liberticides. Un discours de campagne.

    GUERRE SOCIALE

    Ce discours ne portait finalement pas tant sur le COVID que sur la guerre sociale en cours. Macron annonce dès ce début d’été une vague d’attaques sociales brutales. D’abord, le retour de la réforme des retraites : « Nous devrons engager, dès que les conditions sanitaires seront réunies, la réforme des retraites », c’est à dire : « partir à la retraite plus tard ». Ces mesures qui avaient mis dans la rue des millions de manifestants et manifestantes en 2019 et 2020 sont à l’ordre du jour dès l’automne. Le président a aussi annoncé la mise en œuvre de la « réforme de l’assurance chomage » dès le 1er octobre, une attaque gravissime contre les personnes privées d’emploi, déjà en souffrance, qui n’auront plus de quoi se nourrir ni se loger normalement. Dans un pays qui compte 300 000 sans -abris et 6 millions de chômeurs, Macron choisit la violence sociale. Le discours était aussi l’occasion de se féliciter des plans “d’aides” aux entreprises – en réalité, des dizaines de milliards pour les patrons – qui auraient « évité » les licenciements. Dans la réalité, les riches ont profité de la crise sanitaire pour procéder à de nombreuses fermetures et réductions de personnels des fonderies, à Bridgestone, d’Airbus, à Renault, de General Electric à Sodexo, Accor, Danone, IBM ou Michelin …

    ÉTAT D’URGENCE

    L’État d’urgence sanitaire sera déclaré dès demain en Conseil des ministres pour la Martinique et la Réunion et un couvre feu sera instauré. Si les périphéries du territoire français sont souvent les premières victimes des mesures liberticides, on peut aussi s’attendre à un retour de ce couvre-feu inutile et autoritaire en métropole dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Les contrôles aux frontières sont également renforcés.

    ATTAQUE DE LA SANTÉ

    Macron annonce aussi la suppression de la gratuité des tests. Médecin du Monde s’inquiète : « en pleine montée du variant Delta, le président supprime la gratuité des tests pour les non assurés & non résidents. Une décision absurde qui va à l’encontre de la santé publique et de l’accès des plus précaires au dépistage. » Les tests PCR dits « de confort » ne seront plus remboursés à partir du mois d’octobre. Selon un ministre, l’idée est d’essayer de « convaincre voire de cogner sur les non vaccinés (…) ça va coûter cher [pour la vie sociale] de ne pas être vacciné ». Une attaque contre l’accès à la santé. Une attaque contre le système de sécurité sociale. Une absurdité sans nom : punir plutôt que soigner correctement avec des moyens adaptés.

    PASS SANITAIRE

    après avoir promis qu’une telle mesure ne serait pas mise en place, le pass sanitaire va être étendu à des établissements recevant du public : « pour tous nos compatriotes de plus de 12 ans, il faudra, pour accéder à un spectacle, un parc d’attractions, un concert ou un festival, avoir été vacciné ou présenter un test négatif récent. […] Partout, nous aurons la même démarche reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous . » Il sera obligatoire dès le 21 juillet, pour tous les lieux et événements recevant plus de 50 personnes. Dès le début du mois d’août, le pass sanitaire s’étendra aux cafés, restaurants, aux centres commerciaux, aux hôpitaux, maisons de retraite, établissements médico-sociaux, et voyage en avion, trains et cars pour les trajets de longue distance. Interdira-t’on à une personne d’être soignée à l’hôpital si elle n’est pas vaccinée ? Un système « à la chinoise » donc. Même Marine Le Pen dénonce « un recul grave des libertés individuelles » et une « liquidation de notre système de protection sociale ». LREM à droite de l’extrême droite.

    Macron utilise donc une annonce sur la crise sanitaire en pleines vacances estivales pour un discours de campagne. Un discours de guerre. Une nouvelle flambée de violence contre les pauvres et les plus précaires dont la santé se retrouve au moins aussi menacée par le gouvernement néolibéral et autoritaire que par la pandémie.

    Le 12 juillet 2021
    https://nantes-revoltee.com/macron-en-guerre

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  • NOUS SOMMES EN GUERRE SOCIALE

    Leur ruissellement c’est notre sang qui coule

    Ces dernières années, il n’y a pas eu de « crise » économique mais une accélération de la guerre sociale. Un transfert massif d’argent public vers les poches des ultra-riches.
    Selon le classement du magazine économique Challenges, en un an les 500 plus grandes fortunes françaises ont augmenté leur patrimoine de 300 milliards. Une explosion de richesses en plein COVID

    Ces grandes fortunes détiennent 47 % du PIB contre 6% il y a 25 ans. La richesse d’un pays riche comme la France a été accaparée massivement par une infime poignée de personnes. Une contre-révolution.
    Il y avait 50 milliardaires français en 2011, 95 en 2020 et 109 cette année. Le nombre de milliardaires a doublé pendant que le nombre de pauvres explosait !
    La fortune d’individus comme Bernard Arnault ou Bolloré et autres milliardaires qui contrôlent les médias ne cesse d’augmenter.

    Ces sommes colossales pourraient largement couvrir les manques des hôpitaux, la sécurité sociales, les retraites, ou encore la précarité étudiante. Pourtant pendant ce temps, la santé, l’éducation et autres services publics vitaux sont dévastés, et le gouvernement veut continuer à nous dépouiller. Nous vivons donc bien une guerre sociale totale. On ne peut pas comprendre la brutalisation de la société et l’augmentation des violences policières sans observer cette augmentation des inégalités. La police nationale est la milice du capital. Elle fait régner un ordre de plus en plus injuste par une violence toujours plus terrible.

    https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1414505900010885121

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    TOXICOMANIE MARCHANDE
    L’ACHÈVEMENT DE L’ÉCONOMIE TOTALITAIRE

    Lukas Stella
    http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.pdf
    http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.epub

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    Sans oublier tout ce qui est caché dans les réseaux informatiques de spéculations illégales, de gré à gré...

  • VACCINS DOUTEUX TRACÉS ET TRÈS PROFITABLES

    La CNIL a autorisé l’Assurance maladie à communiquer aux médecins traitants les noms des patients non vaccinés contre le Covid-19, a indiqué Thomas Fâtome, le directeur général de la CNAM le 7 juillet.

    Des gens en bonne santé seront dénoncés comme des pestiférés par des institutions corrompues.
    https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-rappelle-principes-respecter-pour-diffuser-medecins-liste-patients-non-

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  • POURQUOI CAMERA SANS RÉPIT M’ÉPIES-TU ?

    Oh pourquoi camera sans répit m’épies-tu ?
    Du haut de ton poteau pourquoi me fliques-tu ?
    Y a des flics qui tuent pourquoi ne les vois-tu ?
    Nous en bas dans la rue on en a plein le cul.

    Sur l’air de Pepita, une petite goguette qui fait travailler l’articulation !
A chanter tranquillement puis de plus en plus vite
    Création collective de « la lutte enchantée », Marseille
    Merci à « Coeur Verner » de Montreuil pour cette version jouissive en public.

    http://lechoraleur.fr/wp-content/uploads/2019/03/20190525_camera-coeur-vener.mp3
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  • DU POISON DANS LA NOURRITURE

    Est-il vraiment nécessaire de vous informer quand un aliment est contaminé par une substance cancérogène, mutagène et reprotoxique ? Les fabricants devraient-ils retirer des rayons et rappeler ces produits qui présentent un risque pour la santé ?

    Ces questions semblent absurdes. Pourtant, foodwatch vient de révéler qu’elles sont sérieusement posées, en ce moment même, dans un scandale qui touche des milliers de produits alimentaires.

    Nous investiguons depuis des mois sur le scandale de l’oxyde d’éthylène. Cancérogène, ce pesticide altère notre ADN et nuit à la reproduction. Il est si dangereux que l’Europe l’a interdit. Pourtant, des produits traités illégalement inondent le marché européen, sans doute depuis des années d’après les autorités néerlandaises. L’affaire, elle, n’a éclaté qu’en septembre 2020.

    Rien qu’en France, ce sont près de 6 500 lots de produits qui ont été rappelés depuis l’automne. Sésame, sucre, glaces, houmous, conserves, épices… La liste est aussi variée qu’impressionnante. Elle s’allonge de jour en jour et comporte des produits conventionnels et bio. Des vérifications en cours concernent d’autres produits tels que des laits infantiles.

    Ce scandale est affolant. Si affolant que certains – poussés par les lobbies de l’industrie ? - militent tout simplement… pour l’étouffer.

    Plusieurs documents que notre équipe a pu consulter montrent en effet que la Commission européenne et les États membres discutent en ce moment même d’un potentiel assouplissement des rappels des produits contaminés. La piste sur la table ? Quand l’une des matières premières d’un produit a été traitée illégalement mais que la contamination du produit final est en dessous du seuil détectable, ils envisagent de les laisser s’écouler sur le marché européen.

    Impensable ! Rappelons qu’avec l’oxyde d’éthylène, « même de très faibles niveaux d’exposition sont associés à un excès de risque de cancer » selon l’ANSES, l’agence française chargée d’évaluer les risques sanitaires.

    Surtout, la réglementation est on ne peut plus claire : il est interdit de commercialiser des produits non-conformes, a fortiori s’ils exposent les consommateurs à un risque pour la santé. Les produits sont contaminés ? Quelle que soit la dose, ils doivent être retirés et rappelés, un point c’est tout.

    Si on tolère que des produits illégaux parsèment nos rayons, le précédent sera redoutable : une grande brèche dans la législation européenne, un coup très dur pour l’information et la protection des consommateurs et consommatrices que nous sommes.

    https://foodwatchfrance.klantsite.net/l/mailing2/link/44b93748-eeaf-47cc-b722-73fca6e2e510/6875

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    • Du poison dans la nourriture ?

      Mais ce qui est important c’est que tu crois que la législation européenne ou nationale te protège, protège les enfants.

      Bon, l’essentiel c’est de se faire vacciner, ça dépend de nous, et ça nous protégera.

  • LA LIBERTÉ ENFIN S’ÉVEILLE AU SOUFFLE DE LA VIE
    Raoul Vaneigem, Manifeste 2020 (extraits)
    Nous sommes né pour accroître notre potentiel vital, non pour augmenter le pouvoir de l’argent qui s’y substitue.
    La liberté de l’inspiration subversive ne s’accommode ni de recettes ni de directives.
    https://collectif-feignasse.over-blog.com/2021/07/la-liberte-enfin-s-eveille-au-souffle-de-la-vie.html
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  • ÉLECTIONS BIDONS ! ANNULATION !
    Toujours pas de profession de foi, cette élection est doublement illégale. Certains l’ont et pas les autres, on se fout de nous... Voter à l’aveugle est maintenant obligatoire selon le hasard géographique. L’administration bureaucratique n’est plus fiable.
    "L’État n’est plus rien, soyons tout !"
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  • ÉTAT DU MONDE ET MONDE SANS ÉTAT

    « L’œuvre la plus néfaste du despotisme, c’est de séparer les citoyens, de les isoler les uns les autres, de les amener à la défiance, au mépris réciproques. Personne n’agit plus, parce que personne n’ose plus compter sur son voisin. » Arthur Arnould, communard.

    Au nombre des questions que la morne époque du coronavirus posera aux générations futures, il en est une inévitable en raison du trouble qu’elle sème dans la société, perturbant parfois les relations amicales. 

    « Comment avons-nous toléré qu’une poignée de retardés mentaux, incompétents jusque dans leurs mensonges, nous soumettent à leurs décrets arbitraires, à leurs foucades imbéciles ? Quelle peste émotionnelle s’est emparée de nous et a obtenu — comble de l’absurde — que nous renoncions à vivre pour parer au risque de mourir ? » 

    Dénonçant la sottise dominante, l’intelligence de quelques-uns a fourni d’utiles éclairages. Cependant, à la question de savoir pourquoi l’apeurement avait suscité une telle hystérie de conversion, aucune réponse n’a été apportée. 

    Il faudra bien en convenir tôt ou tard : on meurt du Coronavirus, c’est indéniable, mais on meurt plus sûrement encore de la pollution croissante, des nourritures empoisonnées, des hôpitaux mis à mal par la rentabilité, de la paupérisation accélérée, de l’angoissante précarité, de l’artifice publicitaire comptabilisant tous les décès sous le même label afin d’affoler la tête et le cœur. On meurt de la glaciation des relations affectives, des joies interdites, de l’absence d’humanité et d’entraide si indispensables à la santé. La dictature du morbide règne partout. Elle propage un malaise existentiel, un mal-être d’où naît le sentiment que mieux vaut crever que se traîner dans une vie que l’omniprésence de la marchandise vide de son sens. Comment en serait-il autrement alors que nous sommes la proie d’une machinerie mondiale qui broie la vie pour en extraire du profit ? On a cru bon d’éluder le problème en incriminant une malfaçon ontologique : une imbécillité native de l’homme et de la femme les déterminerait à agir contre eux-mêmes, à aller à l’encontre du bien qu’ils se veulent. Foutaise ! 

    L’entourloupe métaphysique évite de mettre en cause l’apparition et le développement d’une économie hostile à la nature et à la vie, qui marquent la naissance de notre civilisation. Nous avons sous les yeux les ravages qu’entraîna son triomphe : patriarcat, mépris de la femme, société de maîtres et d’esclaves, dénaturation et métamorphose en homo oeconomicus de l’homo sapiens, qui tendait à affiner et à dépasser son animalité. Le capitalisme n’est qu’une forme moderne de l’exploitation de l’homme par l’homme, qui a marqué la rupture avec notre évolution symbiotique initiale, inaugurant le dogme de l’antiphysis ou anti-nature. L’hystérie panique à laquelle nous avons assisté rappelle la thèse de Reich dans Psychologie de masse du fascisme : le blocage caractériel provoque une inversion de la vie en réflexe de mort. 

    Restaurer l’alliance avec la nature n’est pas un problème à dénouer mais un nœud gordien à trancher. Comment l’État pourrait-il mettre un terme au pillage qui épuise la terre et assèche le vivant alors qu’il compte parmi les zélateurs de la pollution ? Faut-il s’employer à briser son emprise ? Beaucoup le pensent. Mais quoi ! Il faut se rendre à l’évidence. L’État n’est plus qu’un rouage de l’économie mondiale qui impose partout ses diktats. Que reste-t-il de la république, de la res publica citoyenne, rongée depuis des décennies par l’affairisme, la corruption des notables, le ridicule du parlementarisme, les mondanités politiques, la guerre des vaccins singeant la concurrence des lessives qui lavent plus blanc, le sanitaire supplanté par le sécuritaire, le confinement et le « fini de rire ! » qui ôtent à l’affectif son apport immunitaire. De sorte que ce n’est plus la fin de l’État qu’il faut envisager, c’est son dépassement – sa conservation et sa négation. Réinventer la res publica, telle sera la tâche des assemblées locales et fédérées expérimentant la démocratie directe, l’auto-organisation ou quelque nom que vous donniez au gouvernement du peuple par le peuple. 

    Nous avons pour alliées les insurrections qui enflamment les régions les plus diverses du monde. Elles annoncent par à coups, sans triomphalisme, avec une résolution inébranlable un gigantesque basculement. Elles sont le fruit d’une prise de conscience qui sensibilise les individus tout à la fois à leur existence appauvrie par la glaciation capitaliste et à une irrépressible volonté de vivre qui les tient debout. 

    C’est à eux qu’il appartient d’abroger les décrets et les décisions du despotisme étatique, considérés comme dérisoires, nuls et non avenus, du point de vue de l’humain. 

    La liberté c’est la vie, vivre c’est être libre. Ce qui seul garantit l’authenticité du propos et lui évite de tourner à la formule creuse, c’est l’expérience vécue de micro-sociétés où le gouvernement du peuple est exercé directement par lui-même. 

    Restaurer la joie de vivre est notre priorité. La poésie faite par toutes et par tous réalise l’union de l’émancipation existentielle et de l’émancipation sociale. Il apparaîtra tôt ou tard que c’est notre arme absolue. 

    Raoul Vaneigem, écrivain et philosophe 
    Kairos 50, août 2021, https://www.kairospresse.be/journal/kairos-50

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    http://inventin.lautre.net/livres.html#Vaneigem

  • UN CAPITALISME DE SURVEILLANCE

    L’industrie numérique prospère grâce à un principe presque enfantin : extraire les données personnelles et vendre aux annonceurs des prédictions sur le comportement des utilisateurs. Mais, pour que les profits croissent, le pronostic doit se changer en certitude. Pour cela, il ne suffit plus de prévoir : il s’agit désormais de modifier à grande échelle les conduites humaines.

    Cette journée de juillet 2016 fut particulièrement éprouvante pour David. Il avait passé de longues heures à auditionner les témoins de litiges assurantiels dans un tribunal poussiéreux du New Jersey où, la veille, une coupure d’électricité avait eu raison du système d’air conditionné. Enfin chez lui, il s’immergea dans l’air frais comme on plonge dans l’océan. Pour la première fois depuis le matin, il respira profondément, se servit un apéritif et monta à l’étage afin de s’accorder une longue douche. La sonnette retentit au moment même où l’eau commençait à ruisseler sur ses muscles endoloris. Il enfila un tee-shirt et un short, puis dévala les escaliers. En ouvrant la porte, il se retrouva nez à nez avec deux adolescents qui agitaient leurs téléphones portables sous son nez.

    -- Hé ! vous avez un Pokémon dans votre jardin. Il est pour nous ! On peut aller l’attraper ?
    -- Un quoi ?

    Ce soir-là, David fut dérangé encore quatre fois par des inconnus impatients d’accéder à son jardin et furieux de se voir congédiés. Ils poussaient des cris et scrutaient sa maison à travers l’écran de leur smartphone, à la recherche des fameuses créatures de « réalité augmentée ». Vue à travers leurs appareils, cette portion du monde laissait paraître leurs Pokémon, mais aux dépens de tout le reste. Le jeu s’était emparé de la maison et du monde alentour. Il s’agissait là d’une nouvelle invention commerciale : une déclaration d’expropriation qui transforme la réalité en une étendue d’espaces vides prêts à être exploités au profit d’autres. « Combien de temps cela va-t-il durer ?, se demandait David. De quel droit ? Qui dois-je appeler pour que cela cesse ? »
    Ni lui ni les joueurs pendus à sa sonnette ne soupçonnaient qu’ils avaient été réunis ce soir-là par une logique audacieuse et sans précédent : le capitalisme de surveillance.

    En 1999, Google, malgré l’éclat de son nouveau monde, avec ses pages Web consultables en un clic et ses capacités informatiques croissantes, ne disposait d’aucune stratégie pour faire fructifier l’argent de ses investisseurs prestigieux.
    Les utilisateurs apportaient la matière première sous la forme de données comportementales, lesquelles étaient récoltées pour améliorer la vitesse, la précision et la pertinence des résultats afin de concevoir des produits annexes comme la traduction. Du fait de cet équilibre des pouvoirs, il eût été financièrement risqué, voire contre-productif, de rendre le moteur de recherche payant pour ses utilisateurs. La vente des résultats de recherche aurait aussi créé un précédent dangereux pour la multinationale, en assignant un prix à des informations dont son robot indexateur s’était déjà emparé sans verser de rétribution. Sans appareils du type de l’iPod d’Apple, avec ses chansons au format numérique, pas de plus-value, pas de marge, et rien à transformer en profit.

    À l’époque, Google reléguait la publicité à l’arrière-plan : l’équipe d’AdWords, sa régie publicitaire, comptait... sept personnes, dont la plupart partageaient l’antipathie des fondateurs à l’égard de leur spécialité. Mais, en avril 2000, la fameuse « nouvelle économie » entre brutalement en récession, et un séisme financier secoue le jardin d’Éden de la Silicon Valley. La réponse de Google entraîne alors une mutation cruciale, qui va transformer AdWords, Google, Internet et la nature même du capitalisme de l’information en un projet de surveillance formidablement lucratif.

    La logique d’accumulation qui assurera la réussite de Google apparaît clairement dans un brevet déposé en 2003 par trois de ses meilleurs informaticiens, intitulé : « Générer des informations utilisateur à des fins de publicité ciblée ». La présente invention, expliquent-ils, vise « à établir les informations de profils d’utilisateurs et à utiliser ces dernières pour la diffusion d’annonces publicitaires (1) ». En d’autres termes, Google ne se contente plus d’extraire des données comportementales afin d’améliorer les services. Il s’agit désormais de lire dans les pensées des utilisateurs afin de faire correspondre des publicités avec leurs intérêts. Lesquels seront déduits des traces collatérales de leur comportement en ligne. La collecte de nouveaux jeux de données appelés « profil utilisateur » (de l’anglais user profile information) va considérablement améliorer la précision de ces prédictions.

    D’où proviennent ces informations ? Pour reprendre les mots des détenteurs du brevet, elles « pourront être déduites ». Leurs nouveaux outils permettent de créer des profils par l’intégration et l’analyse des habitudes de recherche d’un internaute, des documents qu’il demande ainsi que d’une myriade d’autres signaux de comportement en ligne, même lorsqu’il ne fournit pas directement ces renseignements. Un profil, préviennent les auteurs, « peut être créé (ou mis à jour, ou élargi) même lorsque aucune information explicite n’est donnée au système ». Ainsi manifestent-ils leur volonté de surmonter les éventuelles frictions liées aux droits de décision de l’utilisateur, ainsi que leur capacité à le faire. Les données comportementales, dont la valeur a été « épuisée » du point de vue de l’amélioration des recherches, formeront désormais la matière première essentielle — exclusivement détenue par Google — à la construction d’un marché de la publicité en ligne dynamique. Ces informations collectées en vue d’usages autres que l’amélioration des services constituent un surplus. Et c’est sur la base de cet excédent comportemental que la jeune entreprise accède aux profits « réguliers et exponentiels » nécessaires à sa survie.

    L’invention de Google met au jour de nouvelles possibilités de déduire les pensées, les sentiments, les intentions et les intérêts des individus et des groupes au moyen d’une architecture d’extraction automatisée qui fonctionne comme un miroir sans tain, faisant fi de la conscience et du consentement des concernés. Cet impératif d’extraction permet de réaliser des économies d’échelle qui procurent un avantage concurrentiel unique au monde sur un marché où les pronostics sur les comportements individuels représentent une valeur qui s’achète et se vend. Mais surtout, le miroir sans tain symbolise les relations sociales de surveillance particulières fondées sur une formidable asymétrie de savoir et de pouvoir.

    Soudain autant que retentissant, le succès d’AdWords entraîne une expansion significative de la logique de surveillance commerciale. En réponse à la demande croissante de clics de la part des publicitaires, Google commence par étendre le modèle au-delà de son moteur de recherche pour transformer Internet tout entier en un vaste support pour ses annonces ciblées. Selon les mots de Hal Varian, son économiste en chef, il s’agissait alors pour le géant californien d’appliquer ses nouvelles compétences en matière « d’extraction et d’analyse » aux contenus de la moindre page Internet, aux moindres gestes des utilisateurs en recourant aux techniques d’analyse sémantique et d’intelligence artificielle susceptibles d’en extraire du sens. Dès lors, Google put évaluer le contenu d’une page et la manière dont les utilisateurs interagissent avec elle. Cette « publicité par ciblage de centres d’intérêt » basée sur les méthodes brevetées par l’entreprise sera finalement baptisée AdSense. En 2004, la filiale engendrait un chiffre d’affaires quotidien de 1 million de dollars ; un chiffre multiplié par plus de vingt-cinq en 2010.

    Tous les ingrédients d’un projet lucratif se trouvaient réunis : excédent d’informations comportementales, sciences des données, infrastructure matérielle, puissance de calcul, systèmes algorithmiques et plates-formes automatisées. Tous convergeaient pour engendrer une « pertinence » sans précédent et des milliards d’enchères publicitaires. Les taux de clics grimpèrent en flèche. Travailler sur AdWords et AdSense comptait désormais autant que travailler sur le moteur de recherche. Dès lors que la pertinence se mesurait au taux de clics, l’excédent de données comportementales devenait la clé de voûte d’une nouvelle forme de commerce dépendant de la surveillance en ligne à grande échelle. L’introduction en Bourse de Google en 2004 révèle au monde le succès financier de ce nouveau marché. Mme Sheryl Sandberg, ancienne cadre de Google passée chez Facebook, présidera à la transformation du réseau social en géant de la publicité. Le capitalisme de surveillance s’impose rapidement comme le modèle par défaut du capitalisme d’information sur la Toile, attirant peu à peu des concurrents de tous les secteurs.

    L’économie de surveillance repose sur un principe de subordination et de hiérarchie. L’ancienne réciprocité entre les entreprises et les utilisateurs s’efface derrière le projet consistant à extraire une plus-value de nos agissements à des fins conçues par d’autres — vendre de la publicité. Nous ne sommes plus les sujets de la réalisation de la valeur. Nous ne sommes pas non plus, comme d’aucuns l’ont affirmé, le « produit » que vend Google. Nous sommes les objets dont la matière est extraite, expropriée, puis injectée dans les usines d’intelligence artificielle de Google qui fabriquent les produits prédictifs vendus aux clients réels : les entreprises qui paient pour jouer sur les nouveaux marchés comportementaux.

    Sous couvert de « personnalisation »

    Premier responsable de la marque Google, M. Douglas Edwards raconte une réunion tenue en 2001 avec les fondateurs autour de la question « Qu’est-ce que Google ? ». « Si nous avions une catégorie, méditait M. Larry Page, cofondateur de l’entreprise, ce serait les informations personnelles (…). Les endroits qu’on a vus. Nos communications (…). Les capteurs ne coûtent rien (…). Le stockage ne coûte rien. Les appareils photographiques ne coûtent rien. Les gens vont générer d’énormes quantités de données (…). Tout ce que vous aurez entendu, vu ou éprouvé deviendra consultable. Votre vie entière deviendra consultable (2). »

    La vision de M. Page offre un fidèle reflet de l’histoire du capitalisme, qui consiste à capter des choses extérieures à la sphère commerciale pour les changer en marchandises. Dans son essai La Grande Transformation, publié en 1944, l’économiste Karl Polanyi décrit l’avènement d’une économie de marché autorégulatrice à travers l’invention de trois « marchandises fictives ». Premièrement, la vie humaine subordonnée aux dynamiques de marché et qui renaît sous la forme d’un « travail » vendu et acheté. Deuxièmement, la nature convertie en marché, qui renaît comme « propriété foncière ». Troisièmement, l’échange devenu marchand et ressuscité comme « argent ». Les détenteurs actuels du capital de surveillance ont créé une quatrième marchandise fictive, extorquée à la réalité expérimentale d’êtres humains dont les corps, les pensées et les sentiments sont aussi intacts et innocents que l’étaient les prairies et forêts dont regorgeait la nature avant son absorption par le marché. Conformément à cette logique, l’expérience humaine se trouve marchandisée par le capitalisme de surveillance pour renaître sous forme de « comportements ». Traduits en données, ces derniers prennent place dans l’interminable file destinée à alimenter les machines conçues pour en faire des prédictions qui s’achètent et se vendent.

    Cette nouvelle forme de marché part du principe que servir les besoins réels des individus est moins lucratif, donc moins important, que vendre des prédictions de leur comportement. Google a découvert que nous avions moins de valeur que les pronostics que d’autres font de nos agissements.

    Cela a tout changé.

    La première vague de produits prédictifs fut portée par l’excédent de données extraites à grande échelle sur Internet afin de produire des annonces en ligne « pertinentes ». À l’étape suivante, il fut question de la qualité des prédictions. Dans la course à la certitude maximale, il apparut clairement que les meilleures prédictions devraient s’approcher le plus possible de l’observation. À l’impératif d’extraction s’ajouta une deuxième exigence économique : l’impératif de prédiction. Ce dernier se manifeste d’abord par des économies de gamme.

    L’excédent de données comportementales doit être non seulement abondant, mais également varié. Obtenir cette variété impliquait d’étendre les opérations d’extraction du monde virtuel au monde réel, là où nous menons notre « vraie » vie. Les capitalistes de surveillance comprenaient que leur richesse future passait par le développement de nouvelles chaînes d’approvisionnement sur les routes, au milieu des arbres, à travers les villes. Ils tenteraient d’accéder à votre système sanguin, à votre lit, à vos conversations matinales, à vos trajets, à votre footing, à votre réfrigérateur, à votre place de parking, à votre salon.

    Une seconde dimension, plus critique encore que la variété, caractérise désormais la collecte des données : l’approfondissement. Pour obtenir des prédictions comportementales très précises et donc très lucratives, il faut sonder nos particularités les plus intimes. Ces opérations d’approvisionnement visent notre personnalité, nos humeurs, nos émotions, nos mensonges et nos fragilités. Tous les niveaux de notre vie personnelle sont automatiquement captés et comprimés en un flux de données à destination des chaînes de montage qui produisent de la certitude. Accomplie sous couvert de « personnalisation », une bonne part de ce travail consiste en une extraction intrusive des aspects les plus intimes de notre quotidien.

    De la bouteille de vodka « intelligente » au thermomètre rectal connecté, les produits destinés à interpréter, suivre, enregistrer et communiquer des données prolifèrent. Sleep Number, qui fournit « des lits intelligents dotés d’une technologie de suivi du sommeil », collecte également « des données biométriques et des données relatives à la manière dont vous, un enfant ou toute autre personne utilise le lit, notamment les mouvements du dormeur, ses positions, sa respiration et sa fréquence cardiaque ». Elle enregistre aussi tous les sons émis dans votre chambre…

    Nos maisons sont dans la ligne de mire du capitalisme de surveillance. Des entreprises spécialisées se disputaient en 2017 un marché de 14,7 milliards de dollars pour des appareils ménagers connectés, contre 6,8 milliards l’année précédente. À ce rythme-là, le montant atteindra 101 milliards de dollars en 2021. Commercialisés depuis quelques années, des objets absurdes se tiennent à l’affût dans nos intérieurs : brosse à dents intelligente, ampoule intelligente, tasse à café intelligente, four intelligent, extracteur de jus intelligent, sans oublier les couverts intelligents censés améliorer notre digestion. D’autres semblent plus inquiétants : une caméra de surveillance à domicile avec reconnaissance faciale, un système d’alarme qui repère les vibrations inhabituelles précédant un cambriolage, des GPS d’intérieur, des capteurs qui s’adaptent à tous les objets pour analyser le mouvement et la température, sans oublier des cafards cyborgs qui détectent les sons. Même la chambre du nourrisson est repensée pour devenir une source de surplus comportemental.

    Tandis que la course aux profits générés par la surveillance s’exacerbe, les capitalistes s’aperçoivent que les économies de gamme ne suffisent pas. Certes, l’excédent de données doit être abondant et varié ; mais le moyen le plus sûr de prédire le comportement reste d’intervenir à la source : en le façonnant. J’appelle « économies de l’action » ces processus inventés pour y parvenir : des logiciels configurés pour intervenir dans des situations réelles sur des personnes et des choses réelles. Toute l’architecture numérique de connexion et de communication est désormais mobilisée au service de ce nouvel objectif. Ces interventions visent à augmenter la certitude en influençant certaines attitudes : elles ajustent, adaptent, manipulent, enrôlent par effet de groupe, donnent un coup de pouce. Elles infléchissent nos conduites dans des directions particulières, par exemple en insérant une phrase précise dans notre fil d’actualités, en programmant l’apparition au moment opportun d’un bouton « achat » sur notre téléphone, en coupant le moteur de notre voiture si le paiement de l’assurance tarde trop, ou encore en nous orientant par GPS dans notre quête de Pokémon. « Nous apprenons à écrire la musique, explique un concepteur de logiciels. Ensuite, nous laissons la musique les faire danser. Nous pouvons mettre au point le contexte qui entoure un comportement particulier afin d’imposer un changement... Nous pouvons dire au réfrigérateur : “Verrouille-toi parce qu’il ne devrait pas manger”, ou ordonner à la télé de s’éteindre pour que vous vous couchiez plus tôt. »

    Depuis que l’impératif de prédiction a déplacé les opérations d’approvisionnement dans le monde réel, les fournisseurs de biens ou de services dans des secteurs bien établis, loin de la Silicon Valley, salivent à leur tour à l’idée des profits issus de la surveillance. En particulier les assureurs automobiles, impatients de mettre en place la télématique — les systèmes de navigation et de contrôle des véhicules. Ils savent depuis longtemps que les risques d’accident sont étroitement corrélés au comportement et à la personnalité du conducteur, mais, jusqu’ici, ils n’y pouvaient pas grand-chose. Un rapport des services financiers du cabinet de conseil Deloitte recommande désormais la « minimisation du risque » (un euphémisme qui, chez un assureur, désigne la nécessité de garantir les profits) à travers le suivi et la sanction de l’assuré en temps réel — une approche baptisée « assurance au comportement ». D’après le rapport de Deloitte, « les assureurs peuvent suivre le comportement de l’assuré en direct, en enregistrant les heures, les lieux et les conditions de circulation durant ses trajets, en observant s’il accélère rapidement ou s’il conduit à une vitesse élevée, voire excessive, s’il freine ou tourne brusquement, s’il met son clignotant (3) ».

    À mesure que la certitude se substitue à l’incertitude, les primes d’assurance, qui auparavant reflétaient les aléas inévitables de la vie quotidienne, peuvent grimper ou chuter d’une milliseconde à l’autre, grâce à la connaissance précise de la vitesse à laquelle vous conduisez vers votre lieu de travail après une matinée particulièrement tendue passée à vous occuper d’un enfant malade, ou d’un dérapage plus ou moins contrôlé effectué sur le parking du supermarché.

    Toutefois, les outils télématiques ne visent pas seulement à savoir, mais aussi à agir. L’assurance au comportement promet ainsi de réduire les risques à travers des mécanismes conçus pour modifier les conduites et accroître les gains. Cela passe par des sanctions, comme des hausses de taux d’intérêt en temps réel, des malus, des blocages de moteur, ou par des récompenses, comme des réductions, des bonus ou des bons points à utiliser pour des prestations futures.

    Spireon, qui se décrit comme la « plus grande entreprise de télématique » dans son domaine, suit et surveille des véhicules et des conducteurs pour les agences de location, les assureurs et les propriétaires de parcs automobiles. Son « système de gestion des dommages collatéraux liés à la location » déclenche des alertes chez les conducteurs qui ont un retard de paiement, bloque le véhicule à distance quand le problème se prolonge au-delà d’une certaine période et le localise en vue de sa récupération.

    La télématique inaugure une ère nouvelle, celle du contrôle comportemental. Aux assureurs de fixer les paramètres de conduite : ceinture de sécurité, vitesse, temps de pause, accélération ou freinage brusque, durée de conduite excessive, conduite en dehors de la zone de validité du permis, pénétration dans une zone d’accès restreint. Gavés de ces informations, des algorithmes surveillent, évaluent et classent les conducteurs, et ajustent les primes en temps réel. Comme rien ne se perd, les « traits de caractère » établis par le système sont également traduits en produits prédictifs vendus aux publicitaires, lesquels cibleront les assurés par des publicités envoyées sur leur téléphone.

    Lorsqu’il ouvrit la porte ce soir-là, David ignorait que les chasseurs de Pokémon et lui-même participaient à une expérience grandeur nature d’économies de l’action. Ils en étaient les cobayes, et le laborantin en blouse blanche se nommait John Hanke.

    Auparavant vice-président de Google Maps et responsable de Street View, M. Hanke a créé en 2010 sa propre rampe de lancement au sein de Google : Niantic Labs, l’entreprise à l’origine de Pokémon Go. Il caressait l’ambition de prendre possession du monde en le cartographiant. Il avait déjà fondé Keyhole, une start-up de cartographie virtuelle à partir d’images satellites financée par la Central Intelligence Agency (CIA) puis rachetée par Google, qui l’a rebaptisée Google Earth. Avec Niantic, il s’attelle à concevoir des jeux en réalité virtuelle qui permettront de traquer et de téléguider les gens sur les territoires que Street View a déjà audacieusement enregistrés sur ses cartes.

    Ce jeu repose sur le principe de la « réalité augmentée » et fonctionne comme une chasse au trésor. Une fois que vous téléchargez l’application de Niantic, vous utilisez votre GPS et l’appareil photographique de votre smartphone pour trouver des créatures virtuelles appelées Pokémon. Elles apparaissent sur l’écran comme si elles se trouvaient devant vous : dans le jardin d’un homme qui ne se doute de rien, dans la rue d’une ville, dans une pizzeria, un parc, une pharmacie, etc. Il s’agit de pousser les joueurs à « sortir » et à « partir à l’aventure à pied », dans les espaces à ciel ouvert des villes, des villages et des banlieues. Disponible aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande le 6 juillet 2016, Pokémon Go est devenue en une semaine l’application la plus téléchargée et la plus lucrative aux États-Unis, atteignant vite autant d’utilisateurs actifs sur Android que Twitter.

    Terrain de jeu grandeur nature

    Six jours seulement après la sortie du jeu, Joseph Bernstein, reporter pour le site d’information en ligne BuzzFeed, conseillait aux utilisateurs de Pokémon Go de se pencher sur les quantités de données que l’application recueillait sur leurs téléphones. TechCrunch, un site spécialisé dans l’actualité des start-up et des nouvelles technologies, exprimait des inquiétudes similaires au sujet de la « longue liste d’autorisations requises par l’application ».

    Le 13 juillet 2016, la logique de chasse aux données qui se cache derrière le jeu se précise. En plus des paiements pour des options supplémentaires du jeu, « le modèle économique de Niantic contient une seconde composante, à savoir le concept de lieux sponsorisés », a reconnu M. Hanke dans un entretien avec le Financial Times. Ce nouveau flux de revenus était prévu depuis le départ : les entreprises « paieront Niantic pour figurer parmi les sites du terrain de jeu virtuel, compte tenu du fait que cette présence favorise la fréquentation ». La facturation, expliquait-il, s’effectue sur la base d’un « coût par visite », semblable au « coût par clic » pratiqué par les annonces publicitaires du moteur de recherche Google.

    L’idée frappe par sa simplicité : les revenus issus du monde réel sont censés augmenter selon la capacité de Niantic à pousser les gens vers certains sites précis, tout comme Google a appris à extraire toujours plus de données comme un moyen d’adresser des publicités en ligne à des personnes précises. Les composantes et les dynamiques du jeu, associées à la technologie de pointe de la réalité augmentée, incitent les gens à se rassembler dans des lieux du monde réel pour dépenser de l’argent bien réel dans des commerces du monde réel appartenant aux marchés de la prédiction comportementale de Niantic.

    L’apogée de Pokémon Go, à l’été 2016, signait l’accomplissement du rêve porté par le capitalisme de surveillance : un laboratoire vivant de la modification comportementale qui conjuguait avec aisance échelle, gamme et action. L’astuce de Pokémon Go consistait à transformer un simple divertissement en un jeu d’un ordre très différent : celui du capitalisme de surveillance — un jeu dans le jeu. Tous ceux qui, rôdant dans les parcs et les pizzerias, ont investi la ville comme un terrain d’amusement servaient inconsciemment de pions sur ce second échiquier bien plus important. Les enthousiastes de cet autre jeu bien réel ne comptaient pas au nombre des agités qui brandissaient leurs portables devant la pelouse de David. Ce sont les véritables clients de Niantic : les entités qui paient pour jouer dans le monde réel, bercées par la promesse de revenus juteux. Dans ce second jeu permanent, on se dispute l’argent que laisse derrière lui chaque membre souriant du troupeau. « La capacité du jeu à servir de vache à lait pour les marchands et autres lieux en quête de fréquentation suscite d’intenses spéculations », s’est réjoui le Financial Times.

    Il ne peut y avoir de revenus assurés si on ne s’en donne pas les moyens. Les nouveaux instruments internationaux de modification comportementale inaugurent une ère réactionnaire où le capital est autonome et les individus hétéronomes ; la possibilité même d’un épanouissement démocratique et humain exigerait le contraire. Ce sinistre paradoxe est au cœur du capitalisme de surveillance : une économie d’un nouveau genre qui nous réinvente au prisme de son propre pouvoir. Quel est ce nouveau pouvoir et comment transforme-t-il la nature humaine au nom de ses certitudes lucratives ?

    Shoshana Zuboff
    Professeure émérite à la Harvard Business School. Auteure de The Age of Surveillance Capitalism : The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power, Public Affairs, New York, 2019.

    Le Monde diplomatique, janvier 2019
    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ZUBOFF/59443

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    (1) NDLR. Pour les références, nous renvoyons à l’ouvrage de Shoshana Zuboff.

    (2) Douglas Edwards, I’m Feeling Lucky : The Confessions of Google Employee Number 59, Houghton Mifflin Harcourt, New York, 2011.

    (3) Sam Friedman et Michelle Canaan, « Overcoming speed bumps on the road to telematics » (PDF), Deloitte, 21 avril 2014
    https://www2.deloitte.com/content/dam/insights/us/articles/telematics-in-auto-insurance/DUP-695_Telematics-in-the-Insurance-Industry_vFINAL.pdf

  • LA RÉVOLUTION SERA UNE FÊTE OU NE SERA PAS

    La fête du travail a été instaurée par le fasciste Pétain. N’oublions pas que la devise affichée à l’entrée des camps de concentration était « le travail rend libre ! ».
    La libération des contraintes est une fête, le travail une servitude et une mortification. Quant à ceux qui fêtent le travail ce sont des fascistes ou des staliniens.

    Le 1er mai est une fête de la révolte en souvenir de la grande grève générale impulsée par les anarchistes américains en 1886. Ce jour international de combat réalise quelques pas de plus vers l’émancipation humaine par l’abolition de l’esclavage du travail.

  • LA RÉVOLUTION SERA UNE FÊTE OU NE SERA PAS

    La fête du travail a été instaurée par le fasciste Pétain. N’oublions pas que la devise affichée à l’entrée des camps de concentration était « le travail rend libre ! ».
    La libération des contraintes est une fête, le travail une servitude et une mortification. Quant à ceux qui fête le travail ce sont des fascistes ou des staliniens.
    Le 1er mai est une fête de la révolte en souvenir de la grande grève générale impulsée par les anarchistes américains en 1886. Ce jour international de combat réalise quelques pas de plus vers l’émancipation humaine par l’abolition de l’esclavage du travail.

  • CONTRE LA MALADIE CAPITALISTE, CEUX QUI VIVENT SONT CEUX OUI LUTTENT
    http://inventin.lautre.net/contributions.html#garap

    La période que nous vivons est une accélération de ce que nous avons connu ces dernières décennies. La « crise du covid » est la suite logique de la stratégie menée à notre encontre par la classe dominante pour maintenir l’exploitation capitaliste. Dans la continuité de ce que nous avons vécu ces dernières années, cette crise annonce toujours plus de précarité, d’injustice et de souffrance.

  • L’ABÎME

    Les jeunes n’en peuvent plus des restrictions sociales, ils sont au bout du rouleau. (...)
    Les jeunes sont sur le point de s’auto-déconfiner. (...)
    Nous sommes apolitiques et contre toute forme de violence. Mais penser que l’on peut taire un tel cri collectif de détresse avec des autopompes et des lacrymogènes est un leurre. Tant que nos autorités continueront à s’enfermer dans ce mutisme, à nier cette autre catastrophe sanitaire (...), nous continuerons à manifester et nous espérons que ce mouvement s’étendra dans tous les parcs de Bruxelles et dans toutes les villes en confinement depuis trop longtemps.

    Le collectif L’Abîme, communiqué de presse 2 avril (extraits).

    https://youtu.be/7UnzH9WwP6I

  • CONTRE LA MALADIE CAPITALISTE, CEUX OUI VIVENT SONT CEUX OUI LUTTENT

    La période que nous vivons est une accélération de ce que nous avons connu ces dernières décennies. La « crise du covid » est la suite logique de la stratégie menée à notre encontre par la classe dominante pour maintenir l’exploitation capitaliste. Dans la continuité de ce que nous avons vécu ces dernières années, cette crise annonce toujours plus de précarité, d’injustice et de souffrance.

    Attentats, épidémies, sont des prétextes utilisés pour restreindre nos libertés. Ces restrictions servent à nous désorienter et à nous rendre passifs par la peur. Cela permet à la bourgeoisie et à leurs gouvernements de mettre en place leur programme de destruction sociale, nécessaire à la survie d’un capitalisme en crise.

    Les attaques contre nos libertés sont toujours présentées comme une nécessité pour le bien commun. En réalité, depuis un an, nous sommes confrontés à un État qui nous dit quoi faire, quoi penser... mais qui nous invite à rester chez nous plutôt que de nous soigner. A un Etat qui continue d’entreprendre la destruction des hôpitaux et qui enferme les plus anciens et les condamne à une mort certaine.
    Des mesures telles que le couvre-feu n’ont jamais été entreprises pour lutter contre une épidémie, mais bien pour exercer un pouvoir dictatorial. Les récents décrets autorisant le fichage de la population en témoignent. La censure s’intensifie également sur Internet, au prétexte de combattre les discours « complotistes ». Et ce faisant, toute critique du discours officiel est assimilée à des propos réactionnaires.

    Dans ce contexte, d’autres s’en sortent bien, Amazon et Netflix ont respectivement gonflés leur chiffre d’affaires de 40 et 25% par rapport à l’année précédente ; Air France, Renault et d’autres, se sont vu offrir un prêt garanti par l’Etat, évidemment sans contre-partie en faveur du salariat. A contrario, les entreprises licencient massivement et durcissent les conditions d’exploitation. Quant aux syndicats, en plus de soutenir les mesures répressives du gouvernement, ils accompagnent cette restructuration économique. Ils neutralisent notre colère en organisant des journées de grève symboliques, en veillant à ce que chaque secteur reste isolé.

    Chacun essaye à son niveau de continuer à vivre par une désobéissance silencieuse afin de se rassembler en famille ou entre amis, afin de ne pas mourir de solitude. Cependant, la classe capitaliste, elle, continue d’agir avec méthodologie pour défendre ses intérêts. Nous devons être à la hauteur de ses efforts si nous voulons défendre les nôtres.

    LE GOUVERNEMENT VEUT-IL NOUS PROTÉGER ?

    Cela fait maintenant un an que nous subissons un déferlement de restrictions de nos libertés les plus basiques. Il est devenu quasiment impossible de sortir de chez nous sans avoir l’impression d’être suspect, sans devoir se justifier de nos moindres faits et gestes. Dans tout le pays, et au-delà des frontières, la vie sociale a été réduite à son minimum. Il nous est interdit de nous rassembler, certains d’entre nous sont en télétravail et ne voient plus leurs collègues, d’autres continuent d’aller au travail et doivent se plier à des rituels absurdes en guise de « protocole sanitaire »,tandis que d’autres n’ont pas cette « chance » et n’ont plus de travail.

    Il est devenu normal de passer des mois sans voir le visage d’autres personnes que ceux de nos proches. Il est également devenu normal que la nuit soit un moment où il est strictement interdit de sortir de chez soi. Il deviendra bientôt normal d’avoir l’interdiction de parler dans les transports en commun.

    Comment une épidémie, dont la dangerosité est relative à l’état du système de santé, peut-elle justifier des mesures dictatoriales ?

    On peut facilement constater que les gou­vernants utilisent les statistiques épidémi­ques pour justifier n’importe quoi, n’importe quand, et que leurs décisions n’ont aucun rapport avec des mesures sanitaires. Ce prétexte de l’épidémie n’est pas toujours utilisé, par exemple en décembre dernier lorsque le gouvernement et sa police politique se sont empressés de ficher les opinions politiques de l’ensemble de la population.

    Et remettre en question ce discours officiel, tel qu’il est dicté par le gouvernement et les médias, est aujourd’hui systématiquement qualifié de « complotiste ».Toute critique est automatiquement associée aux absurdités d’extrême-droite. Ce n’est pourtant pas complotiste que de dire que la bourgeoisie s’organise, elle ne s’en cache d’ailleurs pas vraiment. Ce n’est pas complotiste de dire qu’elle peut mentir et déformer la réalité pour servir ses intérêts, c’est aussi ce qu’elle fait en permanence. Lorsqu’un discours critiquant les décisions, stratégies et objectifs du pouvoir est pour­ chassé, il n’est pas exagéré de dire que la société est entrée dans le totalitarisme.

    Tout en nous conditionnant à rester passifs, les capitalistes s’activent partout dans le monde. Ils continuent de s’organiser. Ils se préparent sur tous les plans : politiques, juridiques, militaires... Leurs décisions de détruire une partie de l’économie en fermant certains commerces n’est pas contradictoire avec leurs intérêts. En cherchant à rétablir leur taux de profit, ils peuvent sacrifier une partie du capital, l’histoire l’a déjà montré. L’histoire a également montré que cela ne se faisait pas sans conséquences
    Lorsque les aides de l’Etat au chômage partiel et aux entreprises seront supprimées, les effets déjà visibles de la crise seront dévastateurs : chômage, sécurité sociale, salaire, tout ce qui nous permettait de survivre aura terminé d’être réduit à presque rien.

    Devons-nous accepter de vivre isolés les uns des autres ?
    Devons-nous accepter d’être déshumanisés ?
    Devons-nous accepter une exploitation encore plus dure ?

    La société capitaliste est bloquée, elle n’a plus rien d’autre à offrir à l’humanité que la dictature et la destruction du lien social. Seule notre classe sociale, le prolétariat, a la force de renverser le cours des choses. Nous devons affûter notre critique, partir de notre vécu. Nous regrouper où nous le pouvons, entre voisins, entre collègues. Contrairement à ce qu’on nous répète, nous devons discuter et enfin nous organiser pour nous défendre. Cela peut commencer par des choses simples : diffusions de tract, entraide, organisation et soutien de grèves. Des choses simples, mais qui mises ensemble, nous permettront de nous retrouver et de construire un« monde d’après » qui n’est pas celui de nos exploiteurs.

    Groupe d’Action pour la Recomposition de l’Autonomie Prolétarienne
    https://garap.org
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  • DEUXIÈME FÊTE SAUVAGE
    Une deuxième fête sauvage prévue au Bois de la Cambre (Bruxelle)

    « Se rassembler dans un parc, à l’air libre, pour tenter de profiter ensemble d’un instant musical ne peut se résumer à un vulgaire poisson d’avril. C’est un besoin vital. Il est de notre devoir de prendre nos responsabilités et de concrétiser cette grande fête car nous revendiquons notre droit de nous réunir entre citoyens informés et libres. C’est l’un des piliers de notre Constitution, de nos libertés fondamentales. De notre humanité. »

    « Certains affirment que nous sommes tombés dans une dictature sanitaire. Nous ne voulons pas le croire. Nous souhaitons prouver qu’il est encore possible de vivre et donc de faire la fête même en pleine pandémie, comme nos grands-parents le faisaient durant la guerre. »

    « Vu la dégradation de l’état psychique des jeunes, nous pensons que les conditions proposées pour cette fête ne représentent dès lors aucun danger sanitaire. Nous voulons nous persuader que ni la police, ni les autorités, ni la justice ne souhaitent exercer une répression à l’encontre de cette jeunesse au bord du burn out. Une jeunesse qui s’est déjà beaucoup sacrifiée alors qu’elle n’est pas menacée par ce virus. »

    « Notre seul but est de célébrer la vie, même si cela comporte un risque. Car la vie sans risque, ça n’existe pas. Et nous voulons tout simplement VIVRE. »

    « Le contexte actuel nous amène à enfreindre une mesure que nous estimons liberticide. »

    « Cette fête sera donc aussi un mouvement citoyen de désobéissance civile qui dansera pour récupérer son droit à se réunir. »

    « L’union fait la force et la fête fait l’amorce ! Telle est notre devise. »

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    https://collectif-feignasse.over-blog.com/2021/04/chaos-au-bois-de-la-cambre.html

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