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Craignosse, les turlutosses !

  • Louis Althusser et Hélène Rytmann : le philosophe assassin et le féminicide occulté – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/louis-althusser-et-helene-rytmann-le-philosophe-assassin-et-le-feminicide

    « Althusser trop fort. » Longtemps, ce canular macabre a circulé dans le milieu intellectuel français. Plaisanterie d’initiés, blague de khâgneux, il désigne le cou d’une femme, Hélène Rytmann, étranglée par le philosophe Louis Althusser le 16 novembre 1980 à 7h55 dans leur appartement de fonction de l’Ecole normale supérieure, à Paris. Fait divers total, l’affaire a estourbi la France de l’époque : un philosophe marxiste, prophète en son pays, meurtrier de son épouse, au sein d’une des plus grandes écoles françaises. Mais en dépit de l’avalanche d’articles et de livres parus depuis quarante-trois ans, il a fallu attendre cet automne pour qu’un ouvrage le qualifie de féminicide.

    • merci !

      Quelques jours plus tard, dans la nuit du 28 au 29 mars, la salle « Legotien » est saccagée. Au petit matin, on y retrouve des tags comme « A bas les féministes ».

      (tiens, gg:streetview permet de se promener dans les jardins de l’ENS, y compris la cour aux Ernests)

    • Ah tiens, encore un #grand_homme de la pétition ouverte parue dans Le Monde, le 23 mai 1977 LETTRE OUVERTE A LA COMMISSION DE REVISION DU CODE PENAL POUR LA REVISION DE CERTAINS TEXTES LEGISLATIFS REGISSANT LES RAPPORTS ENTRE ADULTES ET MINEURS.

      et signée par moult pédo-criminels activistes (dont Matzneff) dont certains furent condamnés des années après.

    • La banalité du mâle : Louis Althusser a tué sa conjointe, Hélène Rytmann-Legotien, qui voulait le quitter

      Troisième partie : Psychologisation et victimisation

      par Francis Dupuis-Déri
      6 février 2017

      https://lmsi.net/La-banalite-du-male-Louis,1833

      À travers son autobiographie, le meurtrier restitue le portrait d’une élite masculine marquée par le machisme et la misogynie. On y croise un Jacques Lacan tombé amoureux de la jeune fille d’un de ses patients, le doyen de la Faculté de philosophie de Moscou qui glisse à Althusser, alors qu’il va quitter l’URSS, « [s]alue bien pour moi les petites femmes de Paris ! » (Althusser, 1994 : 215), un Paul Éluard qui reçoit Althusser alors qu’une jeune femme nue dort étendue sur un divan (Althusser, 1994 : 226), un Althusser qui drague les femmes sur les plages de St-Tropez et caresse les seins d’une jeune femme accompagnant un ami invité à dîner. Dans le paragraphe où il explique son adhésion au Parti communiste en 1948, il évoque surtout le souvenir d’« une belle jeune femme, en déshabillé (ses seins…) » lorsqu’il faisait du porte-à-porte (Althusser, 1994 : 225). Enfin, le meurtrier explique aussi pourquoi il se constituait une « réserve de femmes » :

      [S]implement pour ne pas risquer de me trouver un jour seul sans aucune femme à ma main, si d’aventure une de mes femmes me quittait ou venait à mourir […], et si j’ai toujours eu à côté d’Hélène une réserve de femmes, c’était bien pour être assuré que si d’aventure Hélène m’abandonnait ou venait à mourir, je ne serai pas un instant seul dans la vie. Je ne sais trop que cette terrible compulsion fit horriblement souffrir “mes” femmes, Hélène la première. (Althusser, 1994 : 123-124, souligné dans le texte)

      Outre l’ambiguïté de ce témoignage quant à l’évocation de la mort d’Hélène, il s’agit du portrait d’un homme qui s’estime propriétaire des femmes, ne pouvant imaginer qu’elles se dérobent à cette prérogative masculine et prêt à les faire souffrir en les jouant les unes contre les autres, y compris sa conjointe (et cela même s’il était conscient de cette douleur qu’il lui imposait : Althusser, 1994 : 176-179), pour préserver son besoin impératif de posséder des femmes.

      –—

      Décidément, il reste à retracer la cascade de l’histoire de la violence sexuelle française, du tordu Lacan et de sa secte de germanopratins, avec leur pote Heidegger, comme ceux qui se cotoyaient chez René Char l’été.

      Un Diamant brut - Vézelay-Paris, 1938-1950
      Yvette Szczupak-Thomas
      Ed. Métailié, 2008

      https://undiamantbrut.blogspot.com/2008/05/photos-du-tournage-de-sur-les-hauteurs.html

      Heidegger, Kostas Axelos, Lacan, Jean Beaufret, Elfriede Heidegger, Sylvia Bataille

    • Cinq nouvelles remarques sur le cas Legotien | Lucie Rondeau
      https://blogs.mediapart.fr/lrdn/blog/261223/cinq-nouvelles-remarques-sur-le-cas-legotien

      Au début de mes recherches biographiques sur Legotien, j’avais beaucoup de mal à lire des publications concernant son meurtrier. Force est pourtant de constater que le premier tome de la biographie d’Althusser publiée par Yann Moulier-Boutang en 1992 chez Grasset est une source d’informations incomparable sur les années « floues » que Legotien a traversées pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est d’ailleurs malheureux que le deuxième tome de la biographie, dans lequel Boutang annonce qu’il révèlera la raison véritable de l’exclusion du PCF subie par Hélène Rytmann, ait été reporté sine die. Cette publication à venir depuis plus de trente ans contribue peut-être même à accentuer le mystère Legotien. Parmi les anciens « disciples » d’Althusser, c’est Étienne Balibar qui a pris soin de rappeler, lors de l’enterrement de son ancien professeur le 25 octobre 1990 la mémoire de Legotien : « Encore un mot : pour beaucoup d’entre nous il ne serait pas possible de partir d’ici sans penser aussi à Hélène Althusser. Nous pensons à Hélène avec autant de chagrin et d’affection que naguère. ». Balibar a aussi contribué, par des dons personnels, à la constitution, au sein du fonds Althusser de l’IMEC, d’une archive des travaux scientifiques de Legotien.

      [...]

      Pendant les années 1970, elle confie plusieurs fois à son amie Marcou (désormais veuve de Jean [Ballard]) que ce sont avant tout les préconisations du corps médical qui la conduisent à rester auprès de son compagnon, qu’elle épouse en 1976. Pour celles et ceux qui étudient le féminicide de Legotien en lui-même, il serait sans doute intéressant de reconstituer ce discours médical, moins souvent étudié que celui du « Tout-Paris » médiatique et intellectuel. Un autre point qui pourrait retenir leur attention est celui de la fragilité financière de Legotien. Attestée à la sortie de la guerre, elle demeure jusqu’en 1980 un souci constant pour Rytmann et éclaire une partie de ses choix professionnels. Elle pourrait donc aussi avoir joué un rôle dans son féminicide. C’est seulement à titre d’hypothèses de travail pour d’autres que j’évoque cette double piste médicale et financière, dans la mesure où j’ai personnellement décidé de me consacrer à étudier la trajectoire intellectuelle et professionnelle de Legotien, plutôt que sur son féminicide désormais bien analysé.

  • A Amsterdam et à Edimbourg, de nouvelles règles pour limiter les échanges de maisons
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/24/a-amsterdam-et-a-edimbourg-de-nouvelles-regles-pour-limiter-les-echanges-de-

    Le système s’est développé jusque-là sans entraves. Mais aux #Pays-Bas et en Ecosse, les pouvoirs publics s’inquiètent de le voir se déployer hors de tout contrôle, craignant d’avoir affaire à un futur Airbnb. A la différence de la plate-forme américaine, #HomeExchange n’implique cependant pas d’échange d’argent : l’accueil de personnes chez soi permet de percevoir des points (des « guest points »). Une #monnaie virtuelle utilisable pour se rendre ensuite dans une maison ou un appartement.

    Mais la municipalité d’Amsterdam estime que cette forme de transaction place le système dans la case des #locations_touristiques. La plate-forme HomeExchange recense 2 000 logements disponibles dans la métropole hollandaise, ce qui en fait un acteur majeur en termes d’offre d’hébergement. « Sauf que les logements sont loin d’être libres tout le temps ! Ils sont prêtés deux ou trois semaines par an »_, rétorque Emmanuel Arnaud, le directeur de HomeExchange. Au total, cette année, 3 900 groupes ou familles sont venus à Amsterdam par HomeExchange, soit 71 000 « nuitées touristiques » (nombre total de nuits par personne).

    #Contrôles et#sanctions

    A partir du 1er mars 2024, la ville va appliquer des restrictions similaires à celles qui concernent Airbnb. Les utilisateurs de HomeExchange et d’autres sites d’échanges devront enregistrer leur logement sur le site de la municipalité, payer un #permis_annuel (43 euros), limiter le prêt de leur logement à trente jours par an, et signaler à la ville dès lors qu’ils recevront des personnes chez eux. La ville interdit aussi d’utiliser ce système avec une résidence secondaire, et restreint à quatre maximum le nombre de personnes accueillies par logement (sauf les familles avec plus de deux enfants). Des contrôles, avec sanctions associées, sont prévus à partir de 2025.

    « Amsterdam mène depuis de nombreuses années une politique visant à lutter contre les locations touristiques, car cela a des conséquences négatives sur la qualité de vie dans certains quartiers de la ville », explique Rory van den Bergh, porte-parole de la ville d’Amsterdam, qui a déployé diverses actions pour limiter l’impact du #tourisme_de_masse. En 2023, elle a par exemple lancé une campagne sur les réseaux sociaux (« Stay away ») pour décourager la venue de visiteurs nuisibles à la tranquillité des résidents, à savoir les groupes « d’hommes de 18 à 35 ans », Britanniques en particulier.

    #prêt #échange

    • L’article parle des points comme d’une monnaie virtuelle, mais il y a aussi l’échange réciproque sans point ! Pas mal d’utilisateurs précisent qu’ils ne veulent utiliser la plateforme qu’en échanges réciproques.

      Pour Amsterdam, HE représente donc 0.5% des nuitées touristiques, avec des profils ne collant pas aux « visiteurs nuisibles » et ne se rendant pas forcément dans les quartiers les plus touristiques. Je comprends pas trop la logique, comme de taxer dans toute l’Ecosse.

      Après, la plateforme est loin d’être vertueuse - elle est par exemple utilisée par certains multipropriétaires en complément d’airbnb.

      « 30% des maisons que nous proposons sur HomeExchange sont des résidences secondaires. Les trois quarts d’entre elles sont soit déjà proposées à la location, soit leurs propriétaires sont intéressés pour le faire », nous explique Emmanuel Arnaud, fondateur de [la nouvelle plateforme de locations saisonnières] WelcomeClub.

      https://www.tourmag.com/HomeExchange-lance-WelcomeClub-la-location-entre-particuliers-sur-invitatio

  • Judéité, sionisme, colonialisme : sur une cécité - Elie Duprey
    https://www.contretemps.eu/judeite-sionisme-colonialisme-cecite

    L’une des principales causes de la montée de l’#antisémitisme aujourd’hui en France, c’est ainsi le deux poids deux mesures auquel se livre la quasi-totalité des #médias dominants, et que chacun peut constater. L’indignation légitime qu’il suscite provoque le basculement des esprits les moins structurés politiquement. Car l’antisémitisme est l’#anticolonialisme des imbéciles, ou plutôt de ceux dont l’imbécilité est socialement construite par la dépolitisation dans laquelle la bourgeoisie a tout intérêt à voir maintenue tout ce qui n’est pas elle. Expliquer c’est excuser, nous dit-elle. Le valsisme nourrit le soralisme, qui le légitime en retour. A ce titre, espérer lutter contre le racisme avec des racistes est illusoire.

    La situation ne prête guère à l’optimisme. En #Palestine, d’abord et avant tout, où le soutien inconditionnel apporté à #Israël par les puissances occidentales rend difficile d’imaginer autre chose que l’approfondissement des dynamiques actuelles : nettoyage ethnique, apartheid, fascisation toujours plus poussée de la société israélienne, indignation générale – de l’#Occident – face aux explosions de violence les plus spectaculaires, indifférence générale – de l’Occident – face aux violences quotidiennes de la colonisation. L’histoire des Etats-Unis démontre que certains processus coloniaux peuvent triompher, et certains peuples disparaître. Peut-être qu’un jour quelque touriste entrant dans un casino de #Gaza versera une larme en souvenir des crimes passés, avant de retourner jouir des bienfaits de la civilisation. Peut-être pas.

    #sionisme

  • Pour le chercheur Antoine Math, « il s’agit d’une #préférence_nationale déguisée »

    Mediapart : Est-ce un changement de nature du versement des prestations sociales avec un #délai_de_carence étendu de six mois à cinq ans ou est-ce que ce texte signe un rapprochement du concept de préférence nationale ?

    Antoine Math : Il s’agit d’une préférence nationale déguisée. L’objectif, ou les effets recherchés, de la préférence nationale, c’est d’exclure les étrangers du seul fait d’être #étrangers. Cette fois-ci, vous atteignez presque la même chose si vous édictez une condition de plus en plus difficile à remplir pour les personnes étrangères. C’est extrêmement grave au regard du principe d’égalité.

    Cette condition d’antériorité de titre de séjour a pour fonction de fait de se substituer à une préférence nationale, qui, elle, est formellement et juridiquement impossible au regard de la Constitution actuelle et des engagements de la France, notamment la Convention européenne des droits de l’homme. Comme on ne peut pas exclure tous les étrangers, on fait en sorte d’en exclure une proportion toujours plus grande pour se rapprocher des effets de la préférence nationale.

    Cette condition ne va pas de soi et va conduire à exclure même des personnes étrangères remplissant cette condition. En effet, le moindre renouvellement de #titre_de_séjour peut prendre plus longtemps que prévu [ah oui...]. Il suffit d’avoir une rupture administrative de quelques jours le temps de décrocher un rendez-vous ou une convocation à la préfecture, ou de recevoir un récépissé ou une attestation de demande de titre ou de renouvellement de titre, pour que tous les compteurs soient remis à zéro, que l’on considère que la personne ne remplit plus la condition d’antériorité de séjour régulier de façon continue. Le fonctionnement de cette condition est connu puisqu’on a l’expérience avec le #RSA, avec la #prime_d’activité ou le #minimum_vieillesse.

    Donc, on a des gens, ils sont là parfois depuis 20 ans, en situation régulière, et ils sont pourtant exclus. 

    En outre, quand vous disposez d’un titre de séjour, par exemple une carte de résident d’une durée de validité de 10 ans qui vous a été attribuée ou renouvelée il y a 2 ans, vous pouvez justifier avec cette carte d’une antériorité de séjour régulier de 2 ans, mais pas de 5 ans. Or, pour le justifier, vous ne disposez plus des titres de séjour précédents que vous avez rendus à la préfecture lors du renouvellement. Donc si vous n’avez pas eu la présence d’esprit de conserver des photocopies ou des scans, ou que vous les avez perdus, vous ne pouvez justifier de cette condition.

    Le parti Les Républicains (LR) colle au programme du RN, qui se félicite de cette victoire idéologique, et les parlementaires de Renaissance donnent du crédit à cela, c’est un changement de paradigme important, comment en est-on arrivé là ?

    On dit souvent que le problème n’est pas seulement le bruit des bottes mais aussi le silence des pantoufles. Mais je crois qu’entre les deux, il y a aussi les lâchetés de tous ceux qui ont bénéficié, au moins à un moment, de la voix ou du pouvoir, y compris à #gauche.

    Ce projet de loi vient de loin, ça fait longtemps que les esprits sont préparés. En 2004 par exemple, la première loi Sarkozy sur l’#immigration fait passer cette condition de séjour régulier de trois à cinq ans pour pouvoir toucher le #RSA (RMI à l’époque). En 2006, cette condition de cinq ans est étendue au minimum invalidité et au minimum vieillesse. En 2012, un amendement a fait passer de cinq à dix ans la condition d’antériorité de titre de séjour pour le minimum invalidité et le minimum vieillesse.

    La même année, le RSA est introduit à Mayotte en 2012, mais avec une condition portée à 15 ans. Idem pour percevoir l’allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse. En Guyane, comme dans l’hexagone, la condition d’antériorité de titres de séjours pour percevoir le RSA est de 5 ans.

    Sauf qu’en 2018, cette majorité a fait voter au Parlement, lors du projet de loi de finances, une disposition pour porter cette durée à 15 ans. Cette disposition a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel. Mais cet épisode témoigne bien que le basculement ne s’est pas produit hier. Les esprits ont été contaminés, bien au-delà de l’extrême droite et de la droite depuis un certain temps.

    [A.M. préserve la gauche au cas où elle puisse servir à quelque chose. C’est 1988, en fait https://seenthis.net/messages/1032496#message1032561]

    Qu’est-ce que la mise en œuvre de cette loi pourrait changer avec l’impossibilité de toucher les prestations sociales dans un délai raisonnable ?

    Concrètement, cela va générer un grand désordre avec une mise en œuvre infernale et des #démarches_infinies. Car, au regard des textes internationaux, il y aura des personnes épargnées de cette restriction grâce à des textes internationaux les protégeant et exigeant l’égalité de traitement ou la non-discrimination. On peut citer le cas des Algériens, déjà non concernés par les restrictions existantes pour l’accès au RSA, à la prime d’activité ou au minimum vieillesse.
    Si la mesure est appliquée, les personnes vont aussi devoir conserver des copies de tous leurs titres de séjour – qui sont rendus à la préfecture à chaque renouvellement – pour prouver qu’ils sont en France depuis un certain nombre d’années. Ceux qui ne savent pas qu’il faut tout archiver ou qui vont perdre ces documents ne vont pouvoir prétendre à aucune allocation.

    Sans compter la paupérisation accentuée de cette population déjà fragilisée…

    C’est évident, cela va être catastrophique pour les personnes concernées et leur entourage. Cela va priver des familles et des enfants de prestations sociales. Cela va conduire des familles à ne plus pouvoir se loger, à ne plus pouvoir payer le #loyer, à subir des #expulsions en raison des impayés. On peut imaginer qu’il y ait une proportion assez importante des quartiers populaires qui soient touchés. Ils n’ont pas besoin de se voir tailler davantage dans leurs droits et dans leurs ressources.

    Puis, ça instille dans les esprits l’idée que le #principe_d’égalité est plus que secondaire dès lors qu’on parle de personnes étrangères. Cette réforme est une étape supplémentaire dans la mise de côté des principes élémentaires qui président à notre système de #protection_sociale, en particulier l’égalité des #droits ou l’#universalité_[orique]_. Et cette dégradation risque d’être suivie, derrière, d’autres étapes, encore bien pires, de manière graduelle.

    On épargne certaines catégories, celles et ceux qui ont un #emploi, avec cette idée qu’il y aurait d’un côté les méritants et de l’autre les #assistés #fraudeurs.

    Ce projet de loi omet de prendre en compte le fait que les étrangers contribuent au système social par leur travail ou leurs impôts. Au-delà de la philosophie de la mesure, c’est foncièrement injuste de les priver des prestations sociales…

    Ce sont des arguties [que Mediapart et une gauche du macronisme soudés par l’idéologie du travail cultivent] pour justifier les restrictions et se draper derrière une forme de rationalité. On emprunte un discours de légitimation des droits, certains ayant un caractère contributif car au moins en partie financés par les cotisations des bénéficiaires qui pourraient être un peu épargnés, et d’autres droits, considérés comme moins contributifs, pour lesquels on pourrait opérer tout type de restriction et de discrimination.

    Depuis les restrictions introduites en 1993, il ne suffit pas de cotiser ou d’avoir cotisé pour bénéficier de prestations d’assurances sociales – vieillesse, maladie, invalidité, etc. - dès lors que vous êtes étranger.
    Par exemple, aujourd’hui, même si vous avez travaillé et cotisé pendant 40 ans et que, pour une raison X ou Y, vous n’avez pas de titre de séjour au moment où vous partez à la retraite (soit que vous avez eu un problème lors d’un renouvellement, soit qu’après être parti de France, vous êtes revenu justement pour faciliter la liquidation de votre retraite), vous ne toucherez pas votre #retraite tant que vous n’aurez pas de titre de séjour. Peu importe que vous ayez cotisé pendant des années.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/191223/pour-le-chercheur-antoine-math-il-s-agit-d-une-preference-nationale-deguis

    #AAH

  • Seeing Genocide - Boston Review
    https://www.bostonreview.net/articles/seeing-genocide

    In her account of the trial of Adolf Eichmann, Hannah Arendt wrote that “genocide is an actual possibility of the future,” and, hence, “no people on earth . . . can feel reasonably sure of its continued existence.” Imperial governments do not represent humanity but the logic of their racializing regimes. This endows them with imperial rights to support each other when they use genocidal violence. The millions in the streets all over the world, blocking roads, protesting in front of the offices and factories of arms manufacturers, blocking shipments of arms, and marching in unprecedented numbers in support of Palestinians know that the order of humanity is being attacked yet again. They affirm that we should not fail to recognize the genocide that is happening right now. If this wave of genocidal violence will also pass unrecognized, and if the genocidal regime which is perpetrating it goes unquestioned, then not only Palestinians but more people will be unsafe.
    These are not discrete images of what happened but visual megaphones calling us to recognize the decades-long genocide and to stop it now.

    Arendt’s discussion of crimes against humanity is instructive. Those crimes, Arendt writes, are written in the bodies of their victims, but they are also committed against the community in the name of which they are perpetrated—against the community’s law, and more broadly against an order of humanity defined by its diversity. Palestine was destroyed because Zionists didn’t want Palestinians living among them; the regime the Zionists erected was meant to be the materialization of this genocidal intent. The enforcement of a racial law, an affront to human diversity, has been the raison d’être of this regime since 1948. It lies at its basis, and it is this law that should be abolished between the river and the sea for all inhabitants therein to be free. It must be abolished for the sake of Palestinians, so that they can regain their rights to return to live in Palestine and rebuild their world; and, so too, it must be abolished for the sake of Israeli Jews, so that they can liberate themselves from Zionism, free themselves from the position of perpetrators—the only one they can inhabit under this genocidal regime—and reclaim the diverse Jewish histories of which they were deprived when they were forced to embody a fabricated Israeli identity defined by its enmity to Palestinians. Israelis can choose to act as citizens of their genocidal regime and endorse the transformation of the tragic day of October 7 into its justification, or as some have done, they can reclaim their place as members of a shared humanity and reject the genocidal foundation of their regime.

  • #François_Héran : « A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix, on provoquera l’inverse »

    Le professeur au Collège de France estime, dans une tribune au « Monde », que la #régularisation « au compte-gouttes » des étrangers prévue dans la loi adoptée le 19 décembre finira en réalité par accroître l’immigration irrégulière, tant l’offre et la demande de travail sont fortes.

    La #loi_sur_l’immigration votée mardi 19 décembre n’est ni de droite ni de gauche. Quoi qu’en dise le président de la République, elle a sa source à l’#extrême_droite. Lors des débats du mois de mars, les sénateurs Les Républicains (LR) avaient repris en chœur les formules outrancières du Rassemblement national (RN) :« #submersion_migratoire », « #chaos_migratoire », « #immigration_hors_de_contrôle », « #explosion » des demandes d’asile, etc. Or les #données disponibles, rassemblées par Eurostat et l’ONU, ne disent rien de tel. C’est entendu, en France, comme dans le reste de l’Occident libéral, la migration progresse depuis l’an 2000, de même que la demande de refuge, mais de façon linéaire et non pas exponentielle quand on fait la part de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021.

    Comment peut-on soutenir que la #migration_familiale vers notre pays serait une « #pompe_aspirante » qu’il faudrait réduire à tout prix, alors qu’elle est en recul depuis dix ans à force d’être prise pour cible par les lois antérieures ? Au sein de ce courant, une faible part relève du « #regroupement_familial » stricto sensu, soit 14 000 personnes par an environ, conjoints ou enfants mineurs, réunis en vertu d’un droit qui n’a rien d’automatique, contrairement à une légende tenace. Mais l’#erreur la plus flagrante, celle qui alimente largement la nouvelle loi, consiste à vouloir priver les étrangers, selon les mots prononcés par Eric Ciotti, le patron des Républicains, à l’issue du vote, des avantages « du modèle social le plus généreux d’Europe, qui fait de la France la #destination_privilégiée pour les migrants ». Il s’agit là d’une #croyance jamais démontrée.

    Marchands d’#illusion

    Il ne suffit pas, en effet, de constater que tel dispositif d’#aide_sociale existant en France au bénéfice des migrants est sans équivalent à l’étranger ou affiche un montant supérieur, pour qu’on puisse en conclure que la France serait plus « attractive ». Ceci vaut pour tous les dispositifs visés par la loi : allocation pour demandeur d’asile, aide médicale d’Etat, aide au logement, droit du sol, accès à la naturalisation…

    La seule démonstration qui vaille consiste à examiner les « #préférences_révélées », comme disent les économistes, c’est-à-dire à vérifier si les demandeurs de séjour ou d’asile ont effectivement privilégié la France comme destination depuis cinq ou dix ans, dans une proportion nettement supérieure à celle de son poids démographique ou économique au sein de l’Union européenne. Or, il n’en est rien, au vu des données d’Eurostat rapportées à la population et à la richesse de chaque pays. La France réunit 13 % de la population de l’Union européenne et 18 % de son PIB, mais n’a enregistré que 5 % des demandes d’asile déposées en Europe depuis 2013 par les réfugiés du Moyen-Orient, et 18 %, pas plus, des demandes d’origine africaine. Comment croire qu’elle pourra durablement se défausser sur les pays voisins après la mise en œuvre du Pacte européen ? Les politiciens qui font cette promesse à l’opinion sont des marchands d’illusions.

    Trop de loi tue la loi. A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix au lieu de la réguler de façon raisonnable, on provoquera l’inverse du résultat recherché. Loin de tarir l’afflux des immigrés en situation irrégulière, la régularisation au compte-gouttes finira par l’accroître, tant sont fortes l’offre et la demande de travail. On a beau multiplier les effectifs policiers aux frontières, les entrées irrégulières ne cessent de progresser, quitte à se frayer de nouvelles voies.

    S’il est heureux que la régularisation des travailleurs sans papiers ne dépende plus du bon vouloir de l’employeur, le renforcement des pouvoirs du préfet dans la décision finale va dans le mauvais sens. A l’heure actuelle, déjà, comme l’a rappelé un avis sur la loi de finances 2023, un tiers au moins des préfets n’utilisent pas la #circulaire_Valls sur les #admissions_exceptionnelles_au_séjour, par idéologie ou par manque de moyens. La nouvelle loi fera d’eux plus que jamais des potentats locaux, en creusant l’#inégalité_de_traitement entre les territoires. Dans son rapport de 2013 sur le « #droit_souple », le Conseil d’État avait salué la circulaire Valls, censée rapprocher les critères de régularisation d’une #préfecture à l’autre au profit de l’« #équité_de_traitement ». C’est le contraire qui s’est produit, et l’ajout de critères civiques n’atténuera pas le caractère local et subjectif des décisions.

    Le contraire du #courage

    On nous oppose l’#opinion_publique, la fameuse « attente des Français » véhiculée par les sondages. Faut-il rappeler que la #démocratie ne se réduit pas à la #vox_populi et à la « #sondocratie » ? Elle implique aussi le respect des minorités et le respect des #droits_fondamentaux. Les enquêtes menées avec rigueur sur des échantillons suffisamment solides révèlent que les opinions recueillies sur le nombre des immigrés, leur utilité ou leur comportement dépendent fortement des affiliations politiques : les répondants ne livrent pas des #constats mais des #jugements.

    Dès que les questions précisent les contextes et les situations, comme c’est le cas de l’enquête annuelle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les opinions se font plus nuancées, le niveau de tolérance augmente. Mais les recherches qui font état de ces résultats ne peuvent s’exposer dans les limites d’une tribune, et rares sont les quotidiens qui font l’effort de les exposer.

    Osera-t-on enfin porter un regard critique sur les formules magiques ressassées ces derniers mois ? La « #fermeté », d’abord, affichée comme une qualité positive a priori, alors que la fermeté n’a aucune #valeur indépendamment du but visé : de grands démocrates ont été fermes, mais de grands autocrates aussi. Il en va de même du « #courage », tant vanté par les LR (le projet de loi initial « manquait de courage », le nouveau texte est « ferme et courageux », etc.), comme s’il y avait le moindre courage à caresser l’opinion publique dans le sens de ses #peurs.

    La #démagogie est le contraire du courage ; la parole « décomplexée » n’est qu’un discours sans scrupule. Le vrai courage aurait été de rééquilibrer les discours destinés à l’opinion publique en exposant les faits, si contrastés soient-ils. Le président de la République avait souhaité « un compromis intelligent au service de l’intérêt général » : il a entériné une #compromission irréfléchie qui lèse nos #valeurs_fondamentales.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-prov

    #loi_immigration #France #19_décembre_2023 #chiffres #statistiques #fact-checking #afflux #idées_reçues #propagande #discours

    voir aussi cet extrait :
    https://mastodon.social/@paul_denton/111617949500160420

    ping @isskein @karine4

  • In the Shadow of the Holocaust | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/the-weekend-essay/in-the-shadow-of-the-holocaust

    Just three years after the Holocaust, Arendt was comparing a Jewish Israeli party to the Nazi Party, an act that today would be a clear violation of the I.H.R.A.’s definition of antisemitism.

    #instrumentalisation #sionisme

  • Vincent Bolloré, parrain d’une alliance entre droite et extrême droite
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/12/20/vincent-bollore-parrain-d-une-alliance-entre-droite-et-extreme-droite_620695

    « Bolloré est le vrai parrain de la droite, devant lequel droite et extrême droite s’aplatissent en obéissant au doigt et à l’œil, nous glissait, peu avant son départ du gouvernement, Pap Ndiaye [tête de turc "wokiste" de la « droite Bolloré » suite à sa nomination au ministère de l’éducation nationale]. Son influence est destructrice. » Alors que le RN ne cesse de progresser dans les sondages (il est crédité de 28 % des voix aux européennes, en juin 2024, d’après la dernière enquête Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde), l’ombre portée du milliardaire semblait planer, le 19 décembre, sur la reconnaissance par les députés français du principe d’une « préférence nationale ».

    Une « victoire idéologique », s’est félicitée Marine Le Pen. Le couronnement « d’une alliance théorique Ciotti-Le Pen », s’est réjoui Mathieu Bock-Côté, le nouveau chouchou de Bolloré sur #CNews. Est-ce ce qu’imaginait Emmanuel Macron en le recevant à l’Elysée ? « En cas de dissolution de l’Assemblée nationale, Jordan Bardella accepterait d’être premier ministre de cohabitation », expliquait, en « une » de son site, le 11 décembre, ce #Journal_du_dimanche dont Vincent Bolloré a redessiné la rédaction à sa main, comme si, autant que le président de la République, c’était lui qui dictait la politique française.

    https://archive.is/cMhnR

    Dans la galerie d’ordures que visite l’article, il y a un abbé condamné pour agressions sexuelles proche de Villiers.

    #média #droite #extrême_droite #Vincent_Bolloré #Bolloré #préférence_nationale #loi_immigration

    • Vincent Bolloré et Vivendi, le coup de sa vie
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/18/vincent-bollore-et-vivendi-le-coup-de-sa-vie_6206414_3234.html

      Mais la plus grosse culbute provient de la scission, en 2021, d’Universal Music Group. Prétextant une trop faible valorisation au sein du groupe, Vivendi introduit en Bourse sa maison de disques et en distribue gratuitement les actions à ses actionnaires. La famille Bolloré récupère donc 30 % du capital de cette pépite. Une part qui vaut aujourd’hui plus de 8 milliards d’euros et qui, au passage, rapporte de jolis dividendes : 200 millions d’euros depuis 2021.

      10 milliards d’euros de dividendes en dix ans

      Au total, en dix ans, #Vivendi a rapporté plus de 10 milliards d’euros en dividendes et distributions d’actions à Vincent Bolloré, qui a investi près de 6 milliards d’euros.
      Et ce n’est pas fini. L’annonce du projet de séparation de Vivendi en trois sociétés distinctes (Canal+, Havas et une dernière centrée autour de Lagardère, tout juste rachetée) sonne comme l’aboutissement de cette stratégie entamée en 2012. Comme avec Universal Music Group, l’éclatement du groupe de médias est une formidable opération patrimoniale pour les Bolloré. Aujourd’hui, Canal+, Havas et Lagardère sont détenus par Vivendi. Demain, si le projet de scission aboutit, ces trois actifs remonteront dans les mains de la famille, à hauteur de sa part de 30 % du capital du groupe de médias.

      Un rapide calcul permet de mesurer le bénéfice potentiel. Actuellement, Vivendi vaut un peu moins de 10 milliards d’euros en Bourse. La part de 30 % au capital de la famille Bolloré s’élève donc à environ 3 milliards. Or, selon l’analyse publiée, le 15 décembre, par la banque UBS, si tous les actifs de Vivendi, ceux contrôlés à 100 % (Canal+, Havas, Lagardère, Gameloft, Dailymotion, Prisma) et ceux détenus partiellement (Telecom Italia, Mediaset, FL Entertainment…) étaient correctement valorisés, ils vaudraient près de 14 milliards d’euros. Demain, la valeur de la part revenant à la famille Bolloré pourrait donc atteindre 4,2 milliards d’euros.

      armes (media) et cash pour l’extrême droite

      https://archive.is/PtBrj

    • Bolloré est un homme de conviction : il pense que la justice a un « fonctionnement anormale » :

      Il avait reconnu sa culpabilité lors d’une audience qui s’était retournée contre lui : la défense de Vincent Bolloré, mis en examen pour des faits de corruption au Togo, a demandé à la Cour de cassation d’annuler la procédure, mercredi 11 octobre, estimant sa présomption d’innocence bafouée. Le milliardaire est mis en examen depuis 2018 pour corruption d’agent public étranger dans l’enquête sur l’attribution de la gestion du port de Lomé, entre 2009 et 2011, et risque un procès devant le tribunal correctionnel de Paris.

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/12/corruption-au-togo-vincent-bollore-demande-a-la-cour-de-cassation-d-annuler-

      L’Occident et ses « valeurs millénaires » ...

  • Accoucher à Gaza - AOC media
    Par Noémie Merleau-Ponty – Anthropologue
    https://aoc.media/opinion/2023/12/20/accoucher-a-gaza

    Dans la guerre entre Israël et le Hamas, la reproduction est un enjeu central. Du prélèvement du sperme des soldats israéliens tués au combat aux conditions effroyables des maternités gazaouies, les politiques de vie et de mort apparaissent aujourd’hui sous une forme particulièrement aiguë.

    50 000 personnes sont actuellement enceintes à Gaza, et 180 accouchent quotidiennement. Les moins malchanceuses se voient uniquement privées d’antidouleurs. Des césariennes sont réalisées sans anesthésie et sans eau potable.

    Des ablations d’utérus sont parfois nécessaires pour limiter la perte de sang, car les transfusions ne sont plus possibles. Les couveuses des prématurés n’ont plus d’électricité. Les fausse-couches et les mort-nés augmentent chaque jour. Des nouveau-nés meurent dans les bras de leur mère, des nouveau-nés poussent leurs premiers cris dans les bras d’une morte.

    Quand le nourrisson et l’accouchée survivent, elles sont immédiatement invitées à quitter l’hôpital, peut-être sans savoir où aller, sans nourriture, sans ressource pour accompagner les saignements qui suivent la délivrance, sans la certitude qu’une montée de lait permettra de nourrir l’enfant. Les anémies sont légion. Voici quelques-unes des conséquences du bombardement incessant qui détruit sans relâche les moyens de subsistance à Gaza.

    J’ai peur en écrivant ces mots. Un climat de censure s’abat sur le monde académique. Mises en garde, invectives, diffamations, dénonciations, menaces de mesure disciplinaire, nombre de mes collègues spécialistes du Moyen-Orient sont invités à se taire. Nombre de mes collègues s’auto-censurent. Une pensée binaire frappe. Si l’on ose évoquer le massacre des Palestiniens, on légitime les assassinats impardonnables du 7 octobre, on est antisémite, peut-être même négationniste. Des jugements à l’emporte-pièce font vibrer certaines et certains. Derrière l’autorité prodiguée par le statut académique, c’est le sophisme qui toque à la porte.

    Force est cependant de constater que le Fonds des Nations unies pour l’enfance, le fonds des Nations unies pour la population, l’Organisation mondiale de la santé sonnent l’alarme. Le tribut payé par les populations civiles dans la bande de Gaza, suite aux exactions du Hamas le 7 octobre, sont très préoccupantes. Le mot est faible. Dès le 16 novembre, le Haut-commissariat pour les droits de l’homme des Nations Unis « lance un appel à la communauté internationale pour prévenir un génocide à l’encontre du peuple Palestinien. »

    Force est également de constater que certaines voix juives font savoir leur opinion avec une vive clarté. « Le droit d’Israël à se défendre ne saurait être celui de massacrer indistinctement des populations civiles entières, d’ajouter le terrorisme d’État au terrorisme du Hamas, le piétinement de toute référence à l’humanité la plus élémentaire. » Le 8 novembre 2023, « Une autre voix juive » publie un texte intitulé Cessez le feu. Reconnaître l’Etat de Palestine, et dont cet extrait est tiré.

    « Une autre voix juive » prend pour origine l’indignation d’une partie de la communauté juive progressiste française pour la politique coloniale de l’Etat d’Israël. Il y a tout juste vingt ans cette voix se fait entendre autour de la signature d’un manifeste dont Olivier Gebuhrer et Pascal Lederer, deux physiciens, sont les instigateurs. A l’époque, Stéphane Hessel, Raymond Aubrac ou encore Pierre Vidal-Naquet le signent.

    Raconter brièvement l’enfer tragique et sanguinolent qui fait le lit des maternités gazaouies ou convoquer la figure du nouveau-né n’est pas une tentative pour minimiser le 7 octobre.

    « Cessez le feu », c’est aussi l’appel du projet Safe Birth in Palestine, qui a essayé de créer un hôpital à la frontière égyptienne, sans succès, pour des raisons politiques. L’Etat d’Israël n’est pas favorable à l’initiative. La population de Gaza ne souhaite pas nécessairement quitter sa terre. Des kits d’accouchement ont alors été envoyés auprès des associations humanitaires. Très peu passent la frontière, car la priorité est donnée à l’essence et l’eau potable. Des vidéos postées en ligne sont réalisées pour informer sur les gestes à pratiquer lors d’accouchements en contexte de guerre.

    Entre les coupures de courant et l’accès de plus en plus difficile à internet de l’autre côté de Rafah, un maigre espoir porte ces quelques informations digitales. De la Turquie au Canada, à la Grande-Bretagne en passant par la France, des associations et des civils ont répondu à l’appel international de cette organisation, qui n’est pas religieuse, précise Ferhan Guloglu. Cette doctorante à l’université de Georges Washington est une des figures académiques propalestinienne qui soutient l’initiative. Elle aussi est consciente du poids des mots, des malentendus qui pourraient être exploités à la moindre virgule mal placée. Elle insiste et ajoute.

    Essayer de venir en aide aux parturientes ne signifie pas oublier les grossesses non désirées, celles qui résultent d’un viol, ni glorifier la figure maternelle. Ce n’est pas non plus oublier les autres victimes des crimes de guerre israéliens. Raconter brièvement l’enfer tragique et sanguinolent qui fait le lit des maternités gazaouies ou convoquer la figure du nouveau-né n’est pas une tentative pour minimiser le 7 octobre. Le bon sens n’est plus suffisant, il faut l’écrire noir sur blanc. Les précautions oratoires sont nécessaires, car chaque faille narrative risque de laisser place à une critique incendiaire.

    Début novembre, Ferhan Guloglu a lancé un appel à la communauté internationale des anthropologues de la reproduction, afin de réfléchir collectivement aux moyens de se mobiliser. Avec stupeur, j’apprends la nouvelle : si peu de mes collègues ont répondu. Une doctorante s’expose, et les statutaires se taisent. Ce silence assourdissant est consternant.

    La reproduction est au centre de la guerre entre Israël et le Hamas. La mise à mort est une arme pour empêcher l’ennemi de se reproduire, et pour donner vie à son camp. Une autre figure de la mort est au cœur de la politique reproductive qui se joue dans cette partie du Moyen-Orient. Le journal Haaretz publie le 9 novembre un article qui relate l’extraction de sperme sur des soldats israéliens tombés au combat, afin de conserver et inséminer des femmes porteuses volontaires. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène scabreux à la marge des opérations militaires en cours. Cette opération demande une organisation logistique précise, car les spermatozoïdes ne peuvent pas survivre plus de 24 heures en dehors d’un corps vivant.

    Par ailleurs, la reproduction dite « posthume » ne date pas de ce conflit. La technique de cryoconservation des gamètes humains est un outil de la politique pro-nataliste de l’Etat d’Israël. Ce mode de procréation est promu sur le site du ministère de la Santé israélien, où toutes les informations requises pour permettre une vie après la mort d’un époux ou d’un fils sont mises à disposition. Pour reprendre les mots de Sigrid Vertommen, chercheuse en économie politique à l’université de Gand et d’Amsterdam, et que je traduis : « L’ambition centrale du sionisme pour créer et consolider une patrie juive en Israël/Palestine n’a pas uniquement coproduit une logique démographique pronataliste, mais également – en continuité – une croyance et une confiance considérables dans le pouvoir diagnostique et thérapeutique de la science et de la technologie médicales ». Comment, dans ce cadre, interpréter la destruction de la moitié des hôpitaux de la bande de Gaza ?

    Il est difficile de ne pas penser à la notion de « nécropolitique », que l’historien et politiste Achille Mbembe créa pour évoquer la manière dont la souveraineté coloniale se donne la vie en semant la mort. Cette politique apparaît dans une forme particulièrement aiguë aujourd’hui. L’obstétricienne Debbie Harrington, qui officie à Oxford, relate sur le compte Instagram de Safe birth in Palestine un épisode exemplaire rapporté par une infirmière gazaouie. Un membre de sa famille donna la vie après le bombardement du domicile familial, durant lequel de nombreuses personnes moururent ou furent sévèrement brûlées. Le bébé ne survit pas. Sa naissance n’avait pas été établie qu’il fallut enregistrer son décès.

    La polarisation de la politique reproductive israélienne est aussi mortifère que morbide. D’un côté la parturiente palestinienne à l’utérus prélevé dans une douleur difficilement imaginable, de l’autre le soldat israélien aux testicules ponctionnés après qu’il a rendu son dernier souffle dans la violence. Cet instantané profondément perturbant marque l’esprit. Celles et ceux qui survivent aujourd’hui sont marqués au fer rouge d’un traumatisme qu’il ne faut pas laisser indicible.

    La reproduction ne commence ni ne s’arrête à la gestation et à la naissance. Les événements qui les accompagnent sont inscrits dans la chair des individus et de leurs gamètes, donc dans les générations passées et à venir. Ce sont les leçons actuelles des sciences sociales et de la biologie du développement. L’épigénétique, cette branche de la biologie qui s’intéresse à la manière dont les gènes s’expriment selon l’environnement moléculaire dans lesquels ils baignent, indique que des traumatismes biographiques ont des effets sur l’expression génétique. L’environnement moléculaire est tributaire de l’environnement personnel, social, culturel, des individus qui entrent en lien pour procréer. Ainsi, les traumatismes ne sont pas seulement des blessures psychiques et narratives, mais aussi des sillons tracés dans le cœur des cellules. La politique reproductive d’aujourd’hui fait déjà histoire pour la psychosomatique des générations de demain.

    Selon un rapport du 9 décembre produit par le Bureau des Nations Unis pour la coordination des événements humanitaires, près de 8000 enfants ont été tués à Gaza, 1500 ont disparu sous les décombres, 18 000 souffrent de blessures, 25 000 ont perdu leurs parents ces deux derniers mois. Combien errent, sous le feu des soldats ?

    J’ai peur, car l’on m’accusera peut-être d’une métaphore filée scandaleuse. La fournaise a durablement marqué celles et ceux qui ont survécu à la Shoah. C’est indéniable. C’est peut-être précisément pour cela qu’avoir traversé une des plus sombres heures de l’histoire européenne sans y laisser toute sa vie rend particulièrement sensible à la tuerie qui frappe Gaza.

    Le Dr Gabor Maté, médecin spécialiste du traumatisme, survivant de l’holocauste, se mobilise en ligne pour dénoncer les conséquences profondes de la guerre actuelle. Il écrit sur son site : « Et que devons-nous faire, nous, les gens ordinaires ? Je prie pour que nous puissions écouter nos cœurs. Mon cœur me dit que “plus jamais” n’est pas un slogan tribal, que le meurtre de mes grands-parents à Auschwitz ne justifie pas la dépossession continue des Palestiniens, que la justice, la vérité, la paix ne sont pas des prérogatives tribales. Que “le droit d’Israël à se défendre”, incontestable par principe, ne valide pas le meurtre de masse »

    Cessez le feu ! 50 000 personnes sont enceintes à Gaza, et 180 accouchent par jour.

    Cessez le feu. Cet appel urgent venu de tous bords cherche à extraire la mort de la reproduction, celle d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Les tisons ardents ont la vie dure.

    Noémie Merleau-Ponty
    Anthropologue, chargée de recherche au CNRS

    • Aparté transgressive
      Le texte original est en français, le mot femme n’y est utilisé qu’une seule fois pour parler de « femmes porteuses volontaires ». Je ne connais pas la raison de ce choix lexical.

  • Le #capitalisme contre la démocratie
    https://laviedesidees.fr/Le-capitalisme-contre-la-democratie

    Q. Slobodian retrace la généalogie du néolibéralisme, scientifique d’abord, économique ensuite, et politique enfin. Il est au moins autant l’œuvre intellectuelle des juristes qu’il se matérialise dans les thérapies de choc des institutions financières internationales. À propos de : Quinn Slobodian, Les Globalistes : une histoire intellectuelle du néolibéralisme, Seuil

    #Économie #démocratie
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231220_globalistes.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231220_globalistes.docx

  • Guerre Israël-Hamas : « Le gouvernement israélien poursuit résolument son projet nationaliste et annexionniste »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/19/guerre-israel-hamas-le-gouvernement-israelien-poursuit-resolument-son-projet

    Beaucoup l’ignorent, mais il y a quelques mois, le Parlement en offrait la possibilité juridique. Le 21 mars, les députés ont voté une loi mettant fin au plan de désengagement, ouvrant ainsi la voie à la reconstruction des colonies dans les zones concernées : la bande de Gaza et les quatre colonies en Cisjordanie. Alors que l’autorisation de « retourner à Gaza » paraissait purement symbolique, Orit Strock, ministre des missions nationales, déclara le même jour à un média de la droite radicale : « Le retour dans la bande de Gaza impliquera de nombreuses victimes, malheureusement (…), mais il ne fait aucun doute qu’en fin de compte elle fait partie de la terre d’Israël et qu’un jour viendra où nous y reviendrons. » Ses propos semblent plus que jamais d’actualité.

    L’expansion de la colonisation ne se limite pas à la bande de Gaza, mais concerne également la Cisjordanie. Bezalel Smotrich, ministre des finances, a appelé à « tirer des leçons des événements du 7 octobre » et à les appliquer en Cisjordanie en créant des « zones de sécurité dépourvues d’Arabes » autour de chaque colonie. Autrement dit, à étendre leur territoire. Bien que sa demande ne soit pas encore mise en œuvre, les colons et l’armée l’appliquent en menaçant les Palestiniens avec des armes, en les contraignent à quitter leurs foyers, causant la mort de 243 personnes selon l’OCHA.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Bezalel Smotrich, agent du chaos au sein du gouvernement israélien

    D’après l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem, entre le 7 octobre et le 30 novembre, 1 009 Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons en Cisjordanie, affectant seize communautés. Rappelons que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a battu des records en matière d’autorisation de construction dans les colonies, avec 13 000 accordées en sept mois (le record précédent étant de 12 000 pour toute l’année 2020), ainsi que la légalisation de 22 avant-postes, selon l’organisation La Paix maintenant.
    L’oppression s’accroît

    A l’intérieur du territoire israélien, d’autres processus importants se déroulent depuis le 7 octobre. Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, tire parti de l’anxiété ressentie par les Israéliens pour concrétiser plusieurs projets, notamment la distribution massive d’armes aux citoyens israéliens. Lorsqu’il a pris ses fonctions, il promettait d’introduire 30 000 nouvelles armes dans les rues.

    Depuis le 7 octobre, cet objectif a été largement dépassé avec 255 000 nouvelles demandes d’acquisition d’armes en seulement cinq semaines, selon le quotidien Haaretz. Pour cela, Ben Gvir a modifié les critères d’obtention, de sorte que les nouveaux demandeurs ne sont plus tenus de passer un entretien et que, pour certains, notamment ceux ayant effectué le service militaire obligatoire, aucun entretien n’est nécessaire (50 % selon le journal Calcalist). De plus, il organise chaque semaine des distributions d’armes dans de nombreuses villes du pays, encourageant les gens à faire de nouvelles demandes de permis.

    Outre ces distributions, Ben Gvir prévoit la création de 700 « unités prêtes », composées de citoyens possédant des armes et prêts à réagir en cas d’urgence. Cette initiative suscite de vives inquiétudes auprès de certains membres de la police, qui trouvent les citoyens recrutés « trop motivés » ou sont préoccupés par leurs positions politiques, en particulier de leur tendance raciste envers les Palestiniens citoyens de l’Etat israélien.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les Israéliens de plus en plus nombreux à vouloir détenir une arme

    Ici, il faut préciser que depuis le 7 octobre, cette même police surveille de près les réseaux sociaux des Palestiniens citoyens d’Israël et procède à un grand nombre d’arrestations pour chaque partage, publication ou même un simple like exprimant sa solidarité avec les Gazaouis ou sa critique envers la politique du gouvernement. Dans ce contexte, l’oppression envers eux ne cesse de s’accroître, alors que toute expression de solidarité avec les Gazaouis est considérée comme une trahison contre l’Etat.

    Les actions entreprises par le gouvernement depuis le 7 octobre, en plus de l’attaque à Gaza, nécessitent une analyse minutieuse. Il semble presque cynique que ce dernier cherche à tirer profit du chaos et de la peur pour faire avancer des projets planifiés de longue date. Ils méritent d’être mis en lumière, car ils auront des conséquences majeures sur l’avenir, de plus en plus incertain, de la question israélo-palestinienne.

    Nitzan Perelman est doctorante en sociologie à l’université Paris Cité. Ses travaux portent notamment sur la société israélienne.

    • L’introduction

      Alors que les regards sont tournés vers Gaza où, après la libération épuisante des otages, l’attaque israélienne a repris, occasionnant plus de 19 400 morts selon l’OCHA (Coordination des affaires humanitaires des Nations unies), le gouvernement poursuit résolument son projet nationaliste et annexionniste. Depuis sa nomination en décembre 2022, son gouvernement, le plus à droite et le plus #suprémaciste qu’#Israël n’ait jamais connu, a mis en place d’importantes réformes concernant la fonction publique, le pouvoir judiciaire et la #colonisation.
      Au lendemain de l’attaque du #Hamas le 7 octobre, il a cherché à « saisir l’opportunité » pour faire progresser ses objectifs d’expansion territoriale et d’élargissement de la présence juive « de la mer au Jourdain » [de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain].
      Dans ce contexte, le discours sur le « retour à #Gaza » revêt une légitimité sans précédent. En 2005, sous le gouvernement d’Ariel Sharon, est mis en place un plan controversé de « désengagement ». Bien qu’il ait été un des principaux alliés du mouvement des #colons, Sharon ordonne la destruction du bloc de colonies Gush Katif dans la bande de Gaza ainsi que quatre autres colonies dans le nord de la Cisjordanie. Le « désengagement » constitue un profond traumatisme au sein du camp nationaliste israélien. Il est perçu comme une grande trahison du premier ministre et une erreur à corriger.

      Depuis le 26 octobre, l’opération terrestre israélienne à Gaza paraît en offrir l’opportunité. Alors que plusieurs ministres du gouvernement appellent à « profiter de l’occasion » pour conquérir et occuper la zone, tout en y érigeant de nouvelles #colonies, une grande partie de la société israélienne semble également encline à cette idée : selon un sondage de la chaîne Canal 12, 44 % des Israéliens sont favorables à la reconstruction des colonies à Gaza après la guerre, tandis que 39 % y sont opposés.

      #expansionnisme #Grand_Israël #Cisjordanie #militarisation #milices #racisme #Palestiniens

  • Des enseignants passent la nuit dehors devant un collège pour soutenir des enfants SDF : « Il fait -2°, c’est insupportable »
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/des-enseignants-passent-la-nuit-dehors-devant-un-colleg

    Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 décembre, sept professeurs ont dormi dans le froid devant le collège Lezay Marnesia à Strasbourg. Un acte fort pour alerter sur la situation de deux enfants de 12 et 14 ans, contraints de dormir dehors depuis trois semaines.

  • PM: I’m proud I blocked a Palestinian state. Looking at Gaza, everyone sees what would have happened
    https://www.timesofisrael.com/liveblog_entry/pm-im-proud-i-blocked-a-palestinian-state-looking-at-gaza-everyone-se

    “I inherited the Oslo Accords,” he says. “The decision to bring the PLO from Tunis, and plant it in the heart of Judea and Samaria [West Bank], and in Gaza, was a decision made and implemented before I became prime minister. I thought it was a terrible mistake and I still do.”

    Turning on the reporter, he says: “You and your journalist friends have been blaming me for almost 30 years for putting the brakes on the Oslo Accords, and preventing the Palestinian state. That’s true,” he says.

    “I’m proud that I prevented the establishment of a Palestinian state because today everybody understands what that Palestine state could have been, now that we’ve seen the little Palestinian state in Gaza. Everyone understands what would have happened if we had capitulated to international pressures and enabled a state like that in Judea and Samaria, surrounding Jerusalem and on the outskirts of Tel Aviv.”

  • Israel: Starvation Used as Weapon of War in Gaza
    December 18, 2023 | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/news/2023/12/18/israel-starvation-used-weapon-war-gaza

    The Israeli government is using starvation of civilians as a method of warfare in the Gaza Strip, which is a war crime.
    Israeli officials have made public statements expressing their aim to deprive civilians in Gaza of food, water, and fuel – statements reflected in Israeli forces’ military operations.
    The Israeli government should not attack objects necessary for the survival of the civilian population, lift its blockade of the Gaza Strip, and restore electricity and water.

    (Jerusalem) – The Israeli government is using starvation of civilians as a method of warfare in the occupied Gaza Strip, which is a war crime, Human Rights Watch said today. Israeli forces are deliberately blocking the delivery of water, food, and fuel, while willfully impeding humanitarian assistance, apparently razing agricultural areas, and depriving the civilian population of objects indispensable to their survival. (...)

    #génocide

  • Travailler sur le Covid Long m’a appris à devenir un meilleur journaliste | Ed Yong
    https://cabrioles.substack.com/p/travailler-sur-le-covid-long-ma-appris

    Couvrir le Covid Long m’a conforté dans l’idée que la science n’est pas la force objective et neutre que l’on présente souvent de façon trompeuse. Il s’agit au contraire d’une entreprise humaine, sans cesse bousculée par notre culture, nos valeurs et nos politiques. En tant que maladies épuisant l’énergie et affectant les femmes de manière disproportionnée, le Covid Long et l’EM/SFC sont facilement dépréciés par une société sexiste qui banalise la douleur des femmes et par une société capitaliste qui valorise les personnes en fonction de leur productivité. Ce mépris social entraîne une négligence scientifique, et l’absence de recherche alimente un scepticisme encore plus grand. Je n’ai compris cette dynamique qu’après avoir interrogé des spécialistes des sciences sociales, des spécialistes du handicap et des patient·es elleux-mêmes, dont la voix est souvent absente ou minimisée dans les médias. À l’instar de la pandémie dans son ensemble, le Covid Long n’est pas seulement un problème de santé. Il s’agit d’un problème social, qui doit être compris comme tel.

    · Note de Cabrioles : Si notre travail vous a été utile vous pouvez nous soutenir en suivant ce lien https://ko-fi.com/cabrioles ?. Même les petits dons nous aident. Milles mercis pour votre soutien.

    #Covid_Long

  • Des français·es sont engagé·es dans l’armée israélienne qui commet des crimes de guerre à Gaza
    vendredi 15 décembre 2023 - Communiqué de l’AFPS - Association France Palestine Solidarité
    https://www.france-palestine.org/Des-francais-es-sont-engage-es-dans-l-armee-israelienne-qui-commet

    La présence de citoyens et citoyennes français et de binationaux (franco-israéliens) dans l’armée israélienne d’occupation est une réalité avérée depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, le nombre de soldats de nationalité française mobilisés sur le front à Gaza est estimé à 4 185, d’après une enquête effectuée par Europe 1 en Israël. Après celui des États-Unis, il s’agit du deuxième contingent de soldats étrangers opérant dans l’armée israélienne.

    L’un de ces jeunes soldats témoigne au micro d’Europe 1 : « Je voulais vraiment passer à l’action, même si je ne suis pas un Israélien, que je n’étais jamais allé en Israël... Notre objectif, pour l’instant, est de faire face au Hamas, et on fera ce qu’il faut faire quand il faudra le faire et on le fera comme il faut... » Depuis le 7 octobre, des témoignages comme celui-là émanant de citoyens français prêts à tout faire sur le front à Gaza sont nombreux dans tous les médias. Cela vous étonne, cela vous indigne ? À l’AFPS, cela nous révolte aussi !

    Rappelons que pour les Françaises et les Français, il existe deux manières de servir dans l’armée israélienne :

    – Celles et ceux qui ont émigré en Israël, en tant que juifs ou juives, - en obtenant de ce fait la nationalité israélienne, tout en conservant leur nationalité française - doivent effectuer un service militaire obligatoire d’une durée de 3 ans pour les garçons et de deux ans pour les filles. Ce sont les binationaux.

    – Les Françaises et les Français résidant en France - qu’ils se reconnaissent ou non comme juifs ou juives - peuvent s’engager dans l’armée israélienne en tant que volontaires, tout en ne résidant pas en Israël et en n’ayant pas la nationalité israélienne. (...)

    #franco-israéliens

    • Thomas Portes
      @Portes_Thomas
      16 déc. 2023
      https://twitter.com/Portes_Thomas/status/1735997001152475415

      Plus de 4000 français engagés dans l’armée israélienne qui commet des crimes de guerre à Gaza !

      Une enquête réalisée par Europe 1 indique que 4.185 soldats de nationalité française sont actuellement mobilisés au sein de l’armée israélienne sur le front à Gaza. Il s’agit du contingent le plus important après celui des États-Unis.

      Au regard des crimes de guerre commis par l’armée israélienne, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, il est inacceptable que des citoyens français y participent.

      Alors que l’ONU, par la voix de plusieurs de ses rapporteurs spéciaux, alerte sur les risques génocidaires, que plus de 17.000 personnes Palestiniens ont été tués, la présence de citoyens de nationalité française déshonore la France.

      La France doit condamner avec la plus grande fermeté cette participation à des crimes de guerre.

      Je demande au ministre de la Justice que les personnes de nationalité française (y compris les binationaux) coupables de crimes de guerre soient traduites devant la justice française.

      La colonisation constituant un crime contre l’humanité, les citoyens de nationalité française qui y participent dans les territoires palestiniens doivent aussi répondre de leurs actes devant la justice.

      https://pbs.twimg.com/media/GBd5r11WkAAdk5i?format=jpg&name=900x900

    • Perte de la nationalité française et emploi dans une armée étrangère
      CIVIL | Loi et traité
      https://www.dalloz-actualite.fr/flash/perte-de-nationalite-francaise-et-emploi-dans-une-armee-etrangere
      Le Conseil d’État se penche sur une demande d’annulation pour excès de pouvoir d’un décret ayant retiré la nationalité française à un ressortissant français occupant un emploi dans une armée étrangère.
      par François Mélin, Conseiller à la cour d’appel de Parisle 15 février 2023
      CE 25 janv. 2023, n° 466223

      L’article 23-8 du code civil dispose que « perd la nationalité française le Français qui, occupant un emploi dans une armée ou un service public étranger ou dans une organisation internationale dont la France ne fait pas partie ou plus généralement leur apportant son concours, n’a pas résigné son emploi ou cessé son concours nonobstant l’injonction qui lui en aura été faite par le gouvernement. L’intéressé sera, par décret en Conseil d’État, déclaré avoir perdu la nationalité française si, dans le délai fixé par l’injonction, délai qui ne peut être inférieur à quinze jours et supérieur à deux mois, il n’a pas mis fin à son activité. Lorsque l’avis du Conseil d’État est défavorable, la mesure prévue à l’alinéa précédent ne peut être prise que par décret en conseil des ministres ».

      Ce principe semble être mis en œuvre de manière très exceptionnelle, au point que, sauf erreur de notre part, il ne semble pas que des décisions du Conseil d’État en faisant application aient été publiées avant celle prononcée le 25 janvier 2023, une réponse ministérielle ayant d’ailleurs relevé en 2006 qu’aucune procédure n’avait été mise en œuvre sur ce fondement depuis 1973 (JO Sénat, 2 mars 2006, p. 634). Des auteurs spécialisés ont même pu noter que ce...

      Il vous reste 75% à lire.

  • Un article du 16/12/2023 en anglais de France 24 qui ne semble pas exister en français

    Israel social security data reveals true picture of Oct 7 deaths
    https://www.france24.com/en/live-news/20231215-israel-social-security-data-reveals-true-picture-of-oct-7-deaths

    The final death toll from the attack is now thought to be 695 Israeli civilians, including 36 children, as well as 373 security forces and 71 foreigners, giving a total of 1,139.

    This excludes five people, among them four Israelis, still listed as missing by the prime minister’s office.

    A more precise picture of Hamas’s October 7 attack on Israel has emerged from social security data, confirming the unprecedented scale of the violence but also challenging some initial testimonies.

    […]

    The identities and ages of civilian victims are available via Bituah Leumi, Israel’s social security agency.

    Its website lists 695 people killed during the attack, with names and the circumstances of their deaths.

    Among them are 36 children, including 20 under 15 years old and 10 killed by rockets.

    The youngest victim was 10-month-old Mila Cohen, shot and killed at Kibbutz Beeri.

    […]

    The data gives a clear picture of the scale of the atrocities at the Supernova music festival in Reim where 364 people were killed.

    But it also invalidates some statements by Israeli authorities in the days following the attack.

    In particular, a claim made on October 10 on the government’s official X (formerly Twitter) account spoke of “40 babies murdered” at Kfar Aza kibbutz, based on a report by i24NEWS channel.

    […]

    Another testimony called into question was that on October 27 by Colonel Golan Vach, head of the army’s search and rescue unit, who told a group of journalists, including one from AFP, that he “personally” transported “a decapitated baby” found in the arms of his mother in the Beeri kibbutz.

    According to Bituah Leumi, only one baby was killed in Beeri: the 10-month-old Mila Cohen, whose mother survived.

    Army spokespersons did not respond to queries by AFP.

    […]

    The Bituah Leumi data does not distinguish between those killed by Hamas and civilians killed by Israeli forces in the fighting to retake control of southern Israel, an operation in which the army used shells and rockets on inhabited areas, according to testimonies collected by AFP and Israeli media.

  • Le Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse réhabilite les recettes de cuisine (pédagogique).

    Maths : la « méthode de Singapour », remède ou mirage ?
    https://theconversation.com/maths-la-methode-de-singapour-remede-ou-mirage-219466

    Au niveau des contenus, le programme de mathématiques de Singapour est en fait assez semblable à ceux des autres pays à travers le monde, mais sa particularité est de permettre une certaine flexibilité d’application, grâce à des suggestions proposées aux enseignants pour qu’ils l’adaptent dans leurs classes. Par ailleurs, les enseignants de Singapour sont hautement qualifiés et exercent dans des écoles très bien équipées en ressources pédagogiques.

    Le programme de mathématiques de Singapour ne se revendique pas d’une méthode à proprement parler. A notre connaissance, aucune recherche ne donne d’informations précises sur l’étendue des prescriptions institutionnelles, sur les utilisations et les adaptations en classe, et donc sur son efficacité.

    Autrement dit, en l’état actuel des études, l’expression « Méthode de Singapour », exportée ou généralisée hors de Singapour, semble être davantage un fétiche verbal qu’une méthode évaluée selon les canons scientifiques.

    #enfumages #cuistreries #ministère_de_la_magie

  • Les otages israéliens tués « par erreur » à Gaza brandissaient un drapeau blanc, selon l’enquête
    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231216-des-familles-exigent-un-accord-isra%C3%ABl-hamas-imm%C3%A9diat-apr%C3%A

    12h30 : les otages israéliens tués « par erreur » brandissaient un drapeau blanc, selon l’enquête militaire

    Les trois otages israéliens tués par erreur à Gaza par les forces israéliennes brandissaient un drapeau blanc, selon une enquête préliminaire officielle sur l’incident, a déclaré samedi un responsable militaire. L’incident s’est produit dans une zone de combats intenses où les militants du Hamas opèrent en tenue civile et utilisent des tactiques de tromperie, a justifié le responsable, qui a ajouté que les otages ont été la cible de tirs contraires aux règles d’engagement d’Israël.

    Un soldat a vu les otages émerger à quelques dizaines de mètres des forces israéliennes dans la région de Shejaiya, a déclaré le responsable. « Ils sont tous sans chemise et ont un bâton avec un tissu blanc dessus. Chiffon blanc. Le soldat se sent menacé et ouvre le feu. Il déclare qu’il s’agit de terroristes, ils [les forces - NDLR] ouvrent le feu, deux d’entre eux sont tués immédiatement », a déclaré le responsable militaire.

    Le troisième otage a été blessé et s’est réfugié dans un bâtiment voisin où il a appelé à l’aide en hébreu, a indiqué le responsable.

  • Environnement . Dans le nord du Japon, des “tonnes” de poissons échoués et beaucoup de questions
    https://www.courrierinternational.com/article/environnement-dans-le-nord-du-japon-des-tonnes-de-poissons-ec

    Des plages de la ville de Hakodate entièrement recouvertes de poissons morts, le 7 décembre 2023, sur l’île de Hokkaido. Photo YOSHINORI YASUI/The Yomiuri Shimbun/AFP

    Dans le nord du Japon, des “tonnes” de poissons échoués et beaucoup de questions

    Ces derniers temps, une quantité impressionnante de sardines et de maquereaux se sont échoués sur des plages de Hokkaido, dans le nord de l’archipel. Alors que les médias étrangers pointent le rejet d’eau contaminé de Fukushima, la presse japonaise note que tout peut s’expliquer par des raisons naturelles et que le phénomène ne serait pas si exceptionnel.

    Que se passe-t-il dans les fonds marins japonais ? Dans le sud de l’île de Hokkaido, dans le nord du Japon, les habitants voient ces derniers jours des sardines et maquereaux s’échouer massivement sur des plages. Ainsi, dans la ville d’Esashi, qui donne sur la mer du Japon (ou mer de l’Est), des pêcheurs locaux ont trouvé une tonne de sardines mortes le 13 décembre, a rapporté la chaîne de télévision locale STV News. Les autorités locales appellent à ne pas consommer ces poissons tant que la cause de leur mort est inconnue.

    Cet incident fait suite à un phénomène similaire, mais d’une plus grande ampleur, constaté le 7 décembre sur les côtes de la ville de Hakodate, où des plages entières ont été littéralement recouvertes par des sardines et maquereaux échoués. “On estime la quantité à 1 200 tonnes”, a rapporté le journal Asahi Shimbun.

    Incident diplomatique
    Très spectaculaires, les images de ces plages jonchées d’un tapis de poissons morts ont même fait le tour du monde, au point de provoquer un petit incident diplomatique. En effet, certains médias étrangers ont attribué la cause du phénomène au rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée de la centrale de Fukushima, endommagée lors de l’accident de 2011.

    https://youtu.be/Y13sm_svv5s?feature=shared

    “Des milliers de tonnes de poissons morts se sont échoués sur une plage du nord du Japon, alimentant l’hypothèse selon laquelle le rejet d’eau radioactive en provenance de la centrale nucléaire de Fukushima aurait causé des ravages dans l’écosystème local”, écrivait, le 8 décembre, le tabloïd britannique The Daily Mail.

    Les autorités locales rejettent en bloc le lien entre la contamination radioactive et l’échouage de poissons. “C’est une fausse information sans fondement scientifique”, tranche le gouvernement de Hokkaido, cité par le journal régional Hokkaido Shimbun. Jugeant l’article du Daily Mail “inapproprié”, le ministère des Affaires étrangères nippon a admis avoir pris contact avec le quotidien britannique, en avançant qu’“aucune anomalie n’a été constatée” depuis le début du rejet des eaux de Fukushima en août, selon le journal national Chunichi Shimbun.

    Phénomène pas si rare

    Quant aux scientifiques japonais, ils se montrent également très sceptiques sur le bien-fondé de cette théorie. Si la cause précise est encore inconnue, le phénomène a eu lieu “soit parce qu’un banc de poissons s’est retrouvé coincé dans une masse d’eau froide et est resté bloqué, [soit] peut-être [parce] que les poissons ont été acculés jusqu’à la côte par des prédateurs comme des dauphins pour au final s’échouer sur les plages”, analyse le biologiste marin Takashi Fujioka, interrogé par l’édition japonaise du Huffington Post.

    De fait, en dépit de ces images spectaculaires, l’échouage de poissons sur des plages est un phénomène parfois constaté, surtout en hiver. “C’est un phénomène qui se produit une fois par poignée d’années”, continue Fujioka, en rappelant qu’en décembre 2021 un nombre massif de sardines se sont échouées sur la plage de la ville de Matsumae, également dans le sud de l’île de Hokkaido.

  • Alexis Potschke : « J’ai lu le message du ministre et j’ai peur »
    https://www.cafepedagogique.net/2023/12/12/alexis-potschke-jai-lu-le-message-du-ministre-et-jai-peur

    J’ai lu le message du ministre tout à l’heure, et j’ai peur maintenant, très peur de ce qui vient : ça faisait longtemps que je n’avais pas eu peur comme ça.

    Il y a un passage qui m’a plongé dans une angoisse terrible. Tenez, c’est ce morceau-là :

    « À compter de la rentrée prochaine, les élèves de 6ème et de 5ème seront donc désormais répartis en 3 groupes de niveaux pour leurs enseignements de français et de mathématiques. »

    Ça n’a l’air de rien, comme ça, et quiconque ne sait pas vraiment ce qu’est une classe pourrait même hausser des épaules, trouver cela normal, se dire que j’en rajoute, passer outre. Ah ! ces profs, ils se plaignent tout le temps !

    C’est malgré tout la mise à mort d’une certaine vision de l’enfance. C’est la fin de l’idée des classes hétérogènes ou chacun peut apprendre à chacun et de chacun, où les élèves en réussite peuvent venir en aide aux élèves en difficulté, et où les élèves en difficulté peuvent prendre confiance en eux, s’appuyer sur leurs pairs ; se sentir un peu, de temps en temps, membre d’un groupe qui n’est ni bon ni mauvais, juste un groupe ; savourer leurs prises de parole réussies, travailler ensemble : apprendre des autres et leur apprendre des choses.

    C’est la fin d’un même postulat d’éducabilité. Tous les élèves sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ! À dix ans, le rouage se met en marche : les uns à droite, les autres à gauche, le bénéfice du doute pour le ventre mou, tout ça, ça se rangera plus tard. Hop ! On classe, on trie ! Mais ce qu’il faut bien avoir à l’esprit, c’est que c’est pour le pire. Que ça ne marche pas.

    Imaginez-vous, dix ans fraîchement révolus, faire votre entrée au collège. Le couperet est tombé quelques semaines plus tôt, vous ne le saviez peut-être même pas, mais : vous êtes un élève en difficulté. Alors voilà : vos camarades seront des élèves en difficulté. Votre enseignant vous fera des cours pour élèves en difficulté. Vous aurez un emploi du temps d’élève en difficulté. Vous avez dix ans, votre avenir a déjà un nom.

    Autour de vous, aussi : essentiellement des garçons. À cet âge, les groupes de niveaux sont aussi, malheureusement, des groupes de genre.

    Vous ne pourrez pas profiter des remarques brillantes de vos camarades, travailler avec eux, apprendre d’eux : non, ce n’est pas la place qui vous a été assignée. Vous êtes en difficulté. Vous aurez toujours l’impression que vos enseignants vous parlent plus lentement qu’aux autres, et de la suspicion en lisant les appréciations sur votre bulletin.

    Le groupe classe, c’est fini. Bienvenue dans le sépulcre des ambitions. Mais que voulez-vous ? C’est ainsi que fonctionne la fabrique des élites. On vous laissera prendre la forme qu’on attend de vous. Vous n’apprendrez que ce qu’on a décidé de vous apprendre – à vous, parce que vous êtes : en d-i-f-f-i-c-u-l-t-é. Tant pis pour le reste !

    #école #élèves #éducation #groupes_de_niveau #ségrégation

    • On arrive au tri classiste et à la ségrégation mise en place déjà au lycée il y a 10 ans. Ça n’était pas clairement écrit, mais j’ai vu celleux qui avaient une bourse relégués dans des classes différenciées, avec des profs et un programme différent et surtout un discours de la direction à leur égard de type « Ah mais non, tu ne peux pas aller dans cette classe, iels ont beaucoup plus d’assurance que toi. » Et j’aurai aimé vous montrer une photo des classes, de ceux avec l’assurance de leur avenir et celleux qui n’en avaient pas, la différence de leurs fringues, leur façon altière de se tenir, de se sentir bien dans leur peau, de s’échanger leur réseau. Les soldats et leurs maitres.

    • Le groupe le plus performant sera affublé du doux nom de « castor » et avec le second groupe, appelés « les chasseurs », ils formeront l’Arc RIP aux Blicains. Quant aux élèves du troisième (et dernier) groupe dénommé « les sauvageons », ils se verront imposer un SNU à vie avec lever du drapeau en pyjama rayé tous les matins jusqu’au bout de leur vie. Par contre, les ceusses qui appartiennent à l’élite castorienne seront eux exemptés de service national universel et, promus aux mérites de leurs géniteurs, ils pourront aller directement pantoufler dans des cabinets de conseil après avoir obtenu leur bac avec mention.

      #école-caserne #saloperies #privilèges_de_classe #classes_ghettos #Gabriel_Attal #consanguinité #endogamie

    • Plus sérieusement, ceci est la conséquence fatale (dans le sens où ça devait arriver un jour) d’un délitement de l’institution #éducation_nationale initié par Sarkozy et finalisé par Blanquer : effectifs pléthoriques dans les classes. Des missions toujours plus nombreuses assignées aux personnels soumis à un feu roulant d’injonctions contradictoires. Résultats : les enseignants se barrent. Le recrutement se tarit. Les relations entre familles et l’institution deviennent de plus en plus conflictuelles. La hiérarchie (du sommet de la pyramide au plus médiocre sous-fifre) va essayer de dissimuler la poussière sous le tapis avec l’idéologie patriotico-laïcarde mais l’illusion fait rapidement long feu.
      Ce processus fait partie d’un dispositif idéologique qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons, le fameux « starving the beast ».
      A mon avis, les familles « castoriennes » n’hésiteront pas un seul instant et scolariseront leurs progénitures dans le privé, cette attitude étant déjà une tendance lourde. Quant aux deux autres groupes de niveau, ils s’affronteront sur les bancs de l’école publique, les uns zélateurs impénitents de l’idéologie libertarienne, les autres au mieux regarderont par la fenêtre pour faire passer le temps, au pire mettront le feu aux établissements. On fera croire aux familles « chasseurs » que leurs enfants sont l’avenir de la nation et on les enjoindra de faire régner l’ordre raie-pue-blicain au sein de leurs établissements (en dénonçant par exemple les comportements idéologiquement déviants des familles sauvageo-wokistes.
      L’école a toujours été une interface d’une grande porosité entre la société et le pouvoir. Ça ne fait que se confirmer.
      Mon messages aux (ex) collègues qui y croiraient encore : courage, fuyez ou résistez !

    • Un copain de 40 ans, y-a 10 ans : « mais les budgets n’ont jamais été aussi élevés, faut arrêter de vouloir faire grève ou de dire qu’on n’a pas les moyens ». Les budgets à l’époque augmentaient pour prendre en compte l’augmentation du nombre d’élèves si mes souvenirs sont bons. Mais les profs n’étaient pas remplacés, et le pli était donné. 10 ans plus tard, plus personne ne veut devenir prof.

    • Les élèves du groupe « chasseurs » issus en majorité des familles de la classe moyenne déclassée auront bientôt un joli uniforme et s’ils se tiennent sages, ils pourront effectuer leur SNU aux Antilles (ou tout autre DOM-TOM).
      NB : ces familles « chasseurs » auront plébiscité le RN aux présidentielles de 2027.

    • Les jeunes parents, très écolos et socio-conscientisés qui approchent de la 40aine ont vite mis leurs discours sous le boisseau quand il s’est agit de scolariser leur précieuse progéniture là où les prolos autrement glorifiés n’ont pas d’autres choix que de laisser la leur et les « pédagogies alternatives » ont été là bonne excuse toute trouvée et toute offerte, en vrai, pour justifier leur cavalcade vers le privé, bien moins couteuse, socialement que les stratégies anciennes de contournement de la carte scolaire.

    • Ayant bossé (sur un poste adapté) à Angers avec la crème des pédagos dans « l’ingénierie éducative », les collègues ne se cachaient même pas de scolariser leurs rejetons dans le privé catho, parce que bon, hein, le collège (public) de secteur avait « clairement pas le niveau » ... Bel euphémisme en tout cas.

    • « Les groupes de niveau viennent percuter la motivation et l’estime de soi, et donc la réussite scolaire »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/17/les-groupes-de-niveau-viennent-percuter-la-motivation-et-l-estime-de-soi-et-

      Les économistes Yann Algan [HEC] et Elise Huillery [Dauphine] estiment, dans un entretien au « Monde », que, pour faire face à l’hétérogénéité des niveaux, il faudrait investir davantage dans la formation des enseignants et dans les compétences sociales et comportementales des élèves.

      .... à partir des évaluations de 6e de 2021, 50 % des élèves de classes sociales défavorisées se retrouveraient dans le groupe des élèves faibles contre seulement 13 % des élèves de classes sociales très favorisées. Les inégalités de genre seraient également marquées : le groupe des élèves forts en français compterait 57 % de filles et celui des forts en maths 56 % de garçons.

      https://archive.is/DwC84

      #PISA #économie #pédagogie_verticale #hétérogénéité #coopération

      "un choc d’ignorance"
      https://seenthis.net/messages/1032763

  • Hamas’s Goal in Gaza: The Strategy That Led to the War—and What It Means for the Future by Leila Seurat
    https://www.foreignaffairs.com/israel/hamass-goal-gaza

    Article passionnant dont je copie ici les derniers paragraphes conclusifs

    In the weeks since Hamas launched its attack, much international attention has focused on the unprecedented massacre of Israeli civilians. Far less noted has been what the assault revealed about strategic shifts within Hamas itself. By forcing Israel to launch a huge war in Gaza, the October 7 operation has overturned the prevailing understanding of Gaza as a territory that had been liberated from Israeli occupation and whose status quo as an isolated enclave could be sustained indefinitely. However great the cost to the Gazans themselves, for Hamas, the war has already achieved the goals of positioning Gaza as a key piece of the Palestinian liberation struggle and of bringing that struggle to the center of international attention.

    In turn, for the Palestinians, the war has reconnected Gaza to some of the central traumas of their historical experience. Presented by Israel as an emergency humanitarian measure, the forced displacement of Gaza’s populations to the southern end of the coastal strip—as well as plans mooted within the Netanyahu administration to relocate Gazans to the Sinai Desert—has reframed the situation in Gaza within the much longer history of Palestinian expulsion that has unfolded since 1948. These current efforts to displace or remove the Gazans are all the more significant since most of those being forced to move come from families who were already refugees from the 1948 crisis. For many of them—including hundreds of thousands who have refused to leave the northern part of the strip—the situation is repeating these earlier upheavals. As they see it, the only way to avoid the risk of a second nakba (or “catastrophe”) is to remain in Gaza, no matter how great the destruction. 

    With Gaza once more under intense shelling after the collapse of the seven-day cease-fire, Israel and the United States have been discussing various scenarios for the “day after.” Although the two countries disagree on many issues, including the possibility of government by the Palestinian Authority leader Mahmoud Abbas, which Israel rejects, both countries are adamant about the total eradication of Hamas. But this goal itself may be based on an understanding of the organization that does not take account of its current reality. So far, despite a five-week onslaught by one of the most powerful armies in the world—one in which an overwhelming majority of Gazans have been forced to leave their homes and more than 17,000 have been killed—Hamas shows few signs of having been eradicated. Not only has it managed to maintain itself; it has also asserted its autonomy from the organization’s outside leadership as well as its Arab allies and Iran, which was not warned of the attack. The Gazan organization’s ability to remain a force even now, with a highly structured leadership, a media presence, and a network of support, calls into serious question all the current debates about the future governance of the Gaza Strip. 

    For the time being, as its forces have failed to fulfill its objectives in Gaza, Israel has stepped up military operations in the West Bank through daily raids, mass arrests, and sweeping crackdowns. Not only does this raise the prospect of a two-front war after years of Israeli efforts to separate the occupied Palestinian territories from the Gaza Strip. It also suggests that the Israeli military itself may help further Hamas’s own goal of reconnecting Gaza with the broader struggle for Palestinian liberation.

    #Gaza #Hamas