marielle đŸąđŸš©

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Caroline Fourest, elle a (encore) loupĂ© une occasion de se taire
    ▻https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/caroline-fourest-elle-a-encore-loupe-une-occasion-de-se-taire-UkV97U4iT4KA

    Dans la rubrique « Au microscope », Mourad Guichard s’est intĂ©ressĂ© au cas Caroline Fourest suite Ă  la dĂ©cision de justice visant le rĂ©alisateur Christophe Ruggia reconnu coupable d’agression sexuelle Ă  l’encontre d’AdĂšle Haenel.

    #Critique_des_médias

  • #ÇaVaMieux - Le PS en actes
    â–șhttps://www.bilan-ps.fr/liste

    Cet article recense les lois et autres dĂ©cisions politiques du Parti Socialiste au pouvoir entre 2012 et 2017, dans tous les domaines : sĂ©curitĂ©, fiscalitĂ©, travail, industrie, solidaritĂ©, international, transport, Ă©cologie, Ă©ducation, etc


    Sommaire

    Loi El-Khomri
    Travail, salariat
    Social, précarité
    Santé, retraite
    Fiscalité
    Industrie, business
    Police, justice
    International
    Transports, Ă©cologie
    Éducation, culture
    Étrangers, minoritĂ©s
    Vie politique, Ă©lections
    Divers

    DĂ©jĂ  passĂ© plusieurs fois, mais jamais apparemment dans un fil rien qu’à lui, et site tjs maintenu, apparemment, parce qu’apparemment, ça ne s’arrĂȘte jamais.

    Le Ă  propos est encore plus explicite :

    ▻https://www.bilan-ps.fr/a-propos

    LassĂ© de cette antienne des militants “socialistes”, selon laquelle « avec la droite, ça serait pire » , je me suis attelĂ© Ă  la tĂąche ingrate de colliger les mesures prises par ce gouvernement et les Ă©lus qui le soutiennent.

    Je voulais garder une trace de tout ce qui me rĂ©voltait, et ainsi illustrer les raisons pour lesquelles il Ă©tait devenu absolument inenvisageable pour moi de voter Ă  nouveau PS, un jour
 Et ce, quelle que puisse ĂȘtre la configuration d’un second tour de scrutin.

    Ce qui devait n’ĂȘtre qu’un pense-bĂȘte Ă  usage personnel est devenu un outil que j’ai dĂ©cidĂ© de partager et d’alimenter pour tomber les masques d’une politique de droite dure se drapant dans les oripeaux de la gauche.

    Ceci Ă©tant dit, pour ma part, non, vraiment, je ne vois pas en quoi « avec la droite, ça serait pire »â€Š

    #trahison #ps #parti_socialiste #hollande #valls #cazeneuve

  • Il n’y a plus de sous ! Il n’y a plus de sous ?
    ▻https://www.lesmutins.org/il-n-y-a-plus-de-sous-il-n-y-a

    La crĂ©ation artistique en France est en train d’ĂȘtre ouvertement dĂ©truite. Au rythme oĂč vont les annonces, l’exception culturelle tant dĂ©fendue et enviĂ©e dans le monde ne sera bientĂŽt qu’un souvenir. Le RN, tant redoutĂ© par le monde de la Culture n’est pas aux manettes, mais ça se passe sous nos yeux, dans le silence assourdissant de la ministre de la Culture Rachida Dati, reconduite bien que mise en examen en 2021 pour « corruption et trafic d’influence ». Attaquer la Culture, ce n’est pas seulement se venger d’un siĂšcle d’art contemporain et de cinĂ©ma expĂ©rimental, ou de prĂ©sumĂ© « wokisme », ça touche aussi la vie associative dans son ensemble et, peu Ă  peu, on voit aussi supprimer des ateliers avec des gamins. Source : Les Mutins de (...)

    • ▻https://www.youtube.com/watch?v=c9eH-cEzM3I&t=53s

      À l’occasion de la sortie de son film « La (TrĂšs) grande Ă©vasion » , Soumaya Benaissa reçoit le rĂ©alisateur Yannick Kergoat ainsi que Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France. Sept ans aprĂšs les "Nouveaux Chiens de garde" consacrĂ©s aux mĂ©dias et Ă  leurs Ă©ditocrates , il s’attaque aujourd’hui Ă  la finance, dans ce film aux enjeux importants coĂ©crit avec Denis Robert.

      Un documentaire dense fouillĂ© rythmĂ©, drĂŽle qui relĂšve le dĂ©fi de nous intĂ©resser sans nous ennuyer Ă  la vaste et complexe question de l’évasion fiscale. En dĂ©cortiquant et en nous dĂ©voilant les coulisses de ce phĂ©nomĂšne mondialisĂ©.

      Ce sont des scandales Ă  rĂ©pĂ©tition, Panama Papers, les Paradise Papers, qui suscitent souvent une vague d’indignation chez les citoyens et dans le monde politique.

      Mais aprĂšs ? Quels moyens allouĂ©s pour lutter contre ces dĂ©rives et ces crimes ? Pour quels rĂ©sultats ? PlutĂŽt que d’imposer l’austĂ©ritĂ©, y a-t-il un espoir d’instaurer ou rĂ©instaurer une justice fiscale qui permette aux Ă©tats de retrouver les moyens de l’égalité  Autant de questions qui guident son film et qui animent la discussion.

  • Pourquoi je n’utilise pas #ChatGPT

    L’annĂ©e 2025 est dĂ©jĂ  particuliĂšrement fĂ©conde en nouvelles plus fracassantes les unes que les autres sur les financements, la course aux armements entre la Chine et les USA, le sommet intergalactique sur l’IA Ă  Paris, et les supposĂ©s progrĂšs vers l’intelligence des IAs gĂ©nĂ©ratives. C’est un sujet courant de conversations dans le contexte privĂ© ou professionnel. En rĂ©ponse aux personnes qui s’étonnent de ma position rĂ©solument anti ChatGPT j’ai fini par construire un #argumentaire que je vais dĂ©velopper ici.

    1. Introduction

    En tant qu’enseignante-chercheuse en informatique, j’ai lu l’article fondateur On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? (â–șhttps://dl.acm.org/doi/10.1145/3442188.3445922) en 2021. Tous les #effets_nĂ©gatifs observĂ©s des grands modĂšles de langage et des IAs gĂ©nĂ©ratives sont annoncĂ©s dans cet article, comme le dit d’ailleurs l’une des autrices dans un entretien rĂ©cent. Quand j’ai Ă©tĂ© confrontĂ©e personnellement Ă  des textes rendus par des Ă©tudiant·es et Ă©crits par ChatGPT, dĂšs janvier 2023, ma mĂ©fiance a priori pour cette branche du numĂ©rique a commencĂ© Ă  s’incarner dans l’expĂ©rience personnelle. Depuis j’accumule des articles et des prises de position sur ce phĂ©nomĂšne, mais je n’ai jamais Ă©tĂ© tentĂ©e d’essayer moi-mĂȘme. Avant de faire un tour d’horizon des divers #arguments qui m’ont fait refuser absolument l’#usage — et critiquer vertement le dĂ©veloppement — des IAs gĂ©nĂ©ratives en tout genre, que ce soit dans l’#enseignement_supĂ©rieur ou ailleurs, prĂ©cisons un peu le sujet.

    Dans la suite de ce billet, il sera question trĂšs spĂ©cifiquement d’IAs gĂ©nĂ©ratives (comme ChatGPT). Le #vocabulaire a beaucoup glissĂ© ces derniers temps, mais rappelons que l’IA est une idĂ©e trĂšs ancienne, et que si on se met Ă  qualifier tout le numĂ©rique d’IA, il va devenir difficile de parler prĂ©cisĂ©ment des choses. Donc : tout le #numĂ©rique n’est pas de l’IA ; parmi tout ce qui relĂšve de l’IA, tout n’est pas de la famille “#apprentissage_machine” ; et finalement parmi la famille “apprentissage machine”, tout n’est pas une IA gĂ©nĂ©rative comme ChatGPT et consort. On trouvera un historique de l’IA et les dĂ©finitions de ces notions dans le numĂ©ro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique sur l’IA (▻https://www.snesup.fr/publications/revues/vrs/intelligence-artificielle-vrs437-juin-2024).

    À quoi sert de refuser d’utiliser ChatGPT ? Je suis parfaitement consciente que ce #refus peut sembler totalement vain, puisque nous sommes tous et toutes entouré·es d’étudiant·es et de collĂšgues qui s’en servent trĂšs rĂ©guliĂšrement, et que nos gouvernements successifs se ruent sur les promesses d’#automatisation et d’économie de moyens humains envisagĂ©es en particulier dans les services publics. AprĂšs tout, le #progrĂšs_technologique est inĂ©luctable, n’est-ce pas ? Je n’ai pas la moindre illusion sur ma capacitĂ© Ă  changer les pratiques Ă  moi toute seule. J’ai encore moins d’illusions sur une possible influence citoyenne sur le dĂ©veloppement de ces outils, par les temps qui courent. Le livre de YaĂ«l Benayoun et IrĂ©nĂ©e RĂ©gnault intitulĂ© Technologie partout, dĂ©mocratie nulle part est paru fin 2020 (▻https://fypeditions.com/echnologies-partout-democratie-nulle-part), mais je gage qu’un tome 2 entier pourrait ĂȘtre consacrĂ© au dĂ©ploiement des IA gĂ©nĂ©ratives. Pourtant, mĂȘme et surtout si ce dĂ©ploiement semble inĂ©luctable, il n’est pas interdit de se demander si les IAs gĂ©nĂ©ratives, et leur mise Ă  disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu.

    Ce qui suit n’est pas un article de recherche. C’est une prise de position personnelle, Ă©maillĂ©e de mes lectures prĂ©fĂ©rĂ©es sur le sujet. Cette position est basĂ©e sur des prĂ©occupations dĂ©jĂ  anciennes Ă  propos des impacts des technologies numĂ©riques, renforcĂ©es par la frĂ©quentation assidue des domaines des systĂšmes dits critiques (l’informatique dans les trains, les avions, les centrales nuclĂ©aires, 
). Dans ces domaines la sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© priment sur la performance, les durĂ©es de vie des systĂšmes sont plus longues que dans l’informatique grand public, les acteurs sont heureusement frileux vis-Ă -vis d’évolutions trop rapides. Je ne suis pas chercheuse en IA et ne l’ai jamais Ă©tĂ©. Je n’ai pas pratiquĂ© de longues expĂ©rimentations des outils disponibles, mĂȘme si j’ai lu attentivement ce qu’en disaient les collĂšgues qui l’ont fait. Mon refus personnel de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT s’appuie beaucoup sur mes connaissances scientifiques antĂ©rieures et ma mĂ©fiance envers des systĂšmes opaques, non dĂ©terministes et non testables, mais il est aussi nourri de positions politiques. Si aucune technologie n’est jamais neutre, dans le cas prĂ©sent la configuration politico-financiĂšre extrĂȘmement concentrĂ©e dans laquelle se dĂ©ploient ces outils est particuliĂšrement prĂ©occupante et devrait selon moi conduire Ă  une certaine prise de conscience. Et cela mĂȘme si l’on est impressionnĂ© par les capacitĂ©s de ces outils, ou tentĂ© par les promesses de gain de temps et d’augmentation de crĂ©ativitĂ©, voire convaincu que le stade de l’’IA gĂ©nĂ©rale capable de surpasser l’humain est imminent (et dĂ©sirable).

    Le tour d’horizon qui suit est uniquement Ă  charge. L’espace mĂ©diatique Ă©tant saturĂ© de promesses politiques et d’articles dithyrambiques, ce peut ĂȘtre vu comme un petit exercice de rĂ©Ă©quilbrage du discours. Je cite un certain nombre de collĂšgues qui font une critique argumentĂ©e depuis leur domaine de recherche. Il y en a beaucoup d’autres, dont celles et ceux qui s’expriment dans le numĂ©ro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique citĂ© plus haut.
    2. Les impacts socio-environnementaux du numĂ©rique sont dĂ©jĂ  prĂ©occupants, cela ne va pas s’arranger

    Le dĂ©ploiement en grand des IAs gĂ©nĂ©ratives Ă©tant relativement rĂ©cent, le travail de recherche approfondi et consolidĂ© sur l’estimation prĂ©cise de leurs impacts environnementaux ne fait que dĂ©marrer. Par ailleurs les outils sont particuliĂšrement opaques, ils Ă©voluent trĂšs rapidement, et les promesses des vendeurs d’IA n’aident pas Ă  y voir clair. Sans attendre des chiffres consolidĂ©s, on peut s’intĂ©resser aux effets locaux prĂ©visibles grĂące aux travaux de collectifs comme Le nuage Ă©tait sous nos pieds ou Tu nube seca mi rĂ­o ou encore aux collectifs qui ont protestĂ© contre l’installation de datacenters au Chili. Cela permet de rendre plus concrĂšte la matĂ©rialitĂ© des infrastructures du numĂ©rique, et de constater les conflits d’accĂšs locaux sur les ressources en Ă©lectricitĂ© ou en eau. L’épisode IA qu’à algorithmiser le climat du podcast de Mathilde Saliou sur Next est aussi un bon tour d’horizon des impacts environnementaux. MalgrĂ© les promesses des grandes entreprises de la Tech d’alimenter leurs infrastructures uniquement avec de l’énergie “verte”, leur rĂ©cent engouement pour le renouveau du nuclĂ©aire laisse penser qu’elles envisagent un avenir oĂč ces Ă©nergies seront loin de rĂ©pondre Ă  leurs besoins. Dans son podcast ‘Tech Won’t Save Us’ Paris Marx a produit un Ă©pisode passionnant sur le nuclĂ©aire et la tech. Il faut enfin garder en tĂȘte que la promesse des grandes entreprises de la tech d’alimenter leurs infrastructures numĂ©riques uniquement avec de l’énergie verte, mĂȘme si elle se rĂ©alise, ne les absout nullement de leurs impacts environnementaux. En effet la production d’électricitĂ© n’est pas infinie, et celle qu’on consacre aux infrastructures du numĂ©rique n’est pas utilisable ailleurs. Si monopoliser les sources d’énergie “verte” pour le numĂ©rique oblige d’autres usages Ă  rouvrir ou prolonger des centrales Ă  charbon, alors le numĂ©rique est aussi indirectement responsable de leurs Ă©missions.

    Bref, si la trajectoire des impacts environnementaux du numĂ©rique Ă©tait dĂ©jĂ  un problĂšme avant l’apparition des IAs gĂ©nĂ©ratives, les impacts ont rĂ©cemment subi un coup d’accĂ©lĂ©rateur. Ce constat suffirait amplement Ă  remettre en cause sĂ©rieusement le dĂ©ploiement tous azimuts de ces technologies, sauf si l’on croit vraiment que l’IA va sauver le monde, ce qui n’est pas mon cas. C’est un pari risquĂ© que fait pourtant allĂšgrement l’ancien PDG de Google, quand il affirme que les objectifs climatiques Ă©tant inatteignables, il faut mettre tous nos moyens sur l’IA en espĂ©rant qu’elle rĂ©soudra le problĂšme. Il se peut que les projections pharaoniques de ressources nĂ©cessaires dans les 10 ans Ă  venir (croissance exponentielle de la demande en Ă©lectricitĂ© et en matĂ©riaux) se heurtent rapidement Ă  des limites physiques. Il n’en reste pas moins que de gros dĂ©gĂąts seront dĂ©jĂ  irrĂ©versibles d’ici-lĂ .

    Au cas oĂč ces impacts environnementaux (qui sont d’ailleurs dĂ©jĂ  des impacts socio-environnementaux) ne suffiraient pas Ă  disqualifier le dĂ©ploiement des grandes IAs gĂ©nĂ©ratives, les conditions de travail des humains indispensables au dĂ©veloppement de ces outils devrait rĂ©gler la question. Un article rĂ©cent aborde cette situation en la qualifiant d’esclavage moderne (The Low-Paid Humans Behind AI’s Smarts Ask Biden to Free Them From ‘Modern Day Slavery’) et le site du projet Diplab d’Antonio Casilli est une mine d’informations sur le sujet, quoi que pas toutes spĂ©cifiques aux IAs gĂ©nĂ©ratives. Enfin la voracitĂ© en donnĂ©es qui fait fi de toute lĂ©gislation ou respect du droit d’auteur apparaĂźt au grand jour dans Meta knew it used pirated books to train AI, authors say. L’excellent 404media titre mĂȘme OpenAI Furious DeepSeek Might Have Stolen All the Data OpenAI Stole From Us (OpenAI furieux que DeepSeek puisse avoir volĂ© toutes les donnĂ©es que OpenAI nous a voĂ©es).
    3. Le contexte politique et économique du déploiement des IAs génératives devrait inciter à la prudence

    Aucune technologie n’est neutre ni inĂ©luctable. Chacune se dĂ©ploie dans un certain contexte Ă©conomique et politique qui oriente les choix. Cela a toujours Ă©tĂ© le cas pour le numĂ©rique, depuis le dĂ©but. L’extrĂȘme concentration d’acteurs et de moyens qui prĂ©side au dĂ©ploiement des IAs gĂ©nĂ©ratives devrait aider Ă  prendre conscience de cet Ă©tat de fait. L’annonce rĂ©cente de 500 milliards de dollars Ă  consacrer au sujet donne la (dĂ©)mesure de la chose. Je ne dĂ©taillerai pas les courants politiques et philosophiques qui circulent parmi les promoteurs des IAs. Certains acteurs affirment croire Ă  l’avĂ©nement des IAs gĂ©nĂ©rales, comme rĂ©sultat inĂ©luctable de l’accumulation de moyens et de ressources. Que l’on fasse miroiter ces IAs capables de sauver le monde, ou qu’au contraire on annonce l’apocalypse, leur prise de pouvoir et la fin de l’humanitĂ©, on participe Ă  dĂ©tourner l’attention des dĂ©gĂąts dĂ©jĂ  bien prĂ©sents ici et maintenant. Le livre rĂ©cent Les prophĂštes de l’IA – Pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypsefait le tour de la question efficacement.

    Bien sĂ»r si l’on pose comme hypothĂšse initiale que le cerveau humain est un ordinateur, alors un trĂšs gros ordinateur va sembler trĂšs intelligent, et un plus gros ordinateur encore plus intelligent. Mais l’hypothĂšse initiale n’a pas de sens. Si les IAs gĂ©nĂ©ratives conduisent Ă  la fin de l’humanitĂ©, ce sera en monopolisant les ressources et en aggravant les problĂšmes socio-environnementaux, pas en atteignant la superintelligence.
    4. Quid d’une alternative Ă©thique, souveraine, et aux impacts maĂźtrisĂ©s ?

    Quand j’explique les raisons de mon refus total de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT, on me cite souvent les alternatives Ă©thiques, souveraines, ouvertes, aux impacts environnementaux maĂźtrisĂ©s, respectueuses des droits des auteurs, etc. Je ne remets pas en cause a priori la qualitĂ© de ces dĂ©veloppements, ni les motivations de leurs auteurs. Simplement il me semble qu’en pariant sur ces alternatives on passe Ă  cĂŽtĂ© d’un certain nombre de questions.

    Question 1 – effet d’entraĂźnement. MĂȘme s’il est effectivement possible de faire des petites IAs Ă©thiques aux impacts moindres, cela participe Ă  l’acceptation gĂ©nĂ©rale de toutes les IAs gĂ©nĂ©ratives potentielles, dont celles qui ont un impact Ă©norme et sont fort peu Ă©thiques. Que se passera-t-il quand les petites IAs seront rentrĂ©es dans les moeurs, qu’on en sera devenus dĂ©pendants pour de nombreuses applications, et que les grandes entreprises du numĂ©rique lanceront GTP12 grĂące aux 500 milliards promis par le gouvernement US ? Les gens resteront-ils bien sagement utilisateurs des petites IAs ? Faut-il se rĂ©jouir de l’annonce de l’IA de l’entreprise chinoise DeepSeek qui semble surpasser trĂšs nettement celles des entreprises amĂ©ricaines en coĂ»t et ressources nĂ©cessaires ? Non, bien sĂ»r. Cela marque le dĂ©but d’une nouvelle course aux armements, l’enclenchement d’un effet rebond massif. C’est un dĂ©veloppement extrĂȘmement mal orientĂ© si l’on s’attarde quelques minutes sur le numĂ©rique face aux limites planĂ©taires. Il est urgent au contraire de s’intĂ©resser Ă  des trajectoires dĂ©croissantes du numĂ©rique, et j’espĂšre qu’on en est encore capables.

    Question 2 – est-ce seulement dĂ©sirable ? Quoi qu’il en soit des impacts, il est de toute façon permis de se demander si les IAs gĂ©nĂ©ratives, et leur mise Ă  disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu. Il y a des idĂ©es qui sont juste de mauvaises idĂ©es, mĂȘme si elles semblent inĂ©luctables. Dans ce cas tous les impacts, mĂȘme petits, sont dĂ©jĂ  du gaspillage.

    5. Quid des usages utiles ?

    Pour le plaisir de l’argumentation, poursuivons en mettant de cĂŽtĂ© les impacts et en supposant que c’est une bonne idĂ©e d’interagir avec des machines via des modĂšles de langage. Nous sommes soumis en permamence Ă  un discours politique qui vante les gains en efficacitĂ© rendus possibles par le dĂ©ploiement de ces outils. Pourtant dans le cas des services publics, la numĂ©risation Ă  marche forcĂ©e a dĂ©jĂ  produit de nombreux dĂ©gĂąts avant mĂȘme l’introduction des IAs gĂ©nĂ©ratives, la presse s’en faisant souvent l’écho (comme par exemple ici : « Je n’ai jamais eu le fin mot de l’histoire » : pourquoi la CAF est une boĂźte noire pour ses allocataires). Il est fort peu probable que l’introduction des IAs gĂ©nĂ©ratives amĂ©liore quoi que ce soit Ă  une situation oĂč la numĂ©risation s’est accompagnĂ©e de dĂ©sintermĂ©diation totale. Mais passons en revue quelques-une des promesses les plus courantes et leurs effets envisageables.
    5.1 Le fameux “gain de temps” vs les effets d’accĂ©lĂ©ration

    Le domaine du numĂ©rique promet des gains de temps depuis plus de 70 ans. Si la promesse avait Ă©tĂ© suivie d’effet nous devrions, soit avoir rĂ©duit le temps de travail Ă  1h par semaine, soit avoir multipliĂ© la “productivitĂ©” par un facteur Ă©norme. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce fameux “temps gagnĂ©” a immĂ©diatement Ă©tĂ© rempli par autre chose, pas nĂ©cessairement plus intĂ©ressant ni surtout plus productif. Allons-nous continuer longtemps Ă  tomber dans ce piĂšge ?

    Prenons l’exemple promu en ce moment dans les administrations : l’usage des IAs gĂ©nĂ©ratives pour rĂ©diger des comptes-rendus de rĂ©unions, en visio ou pas. Chacun sait que dans un compte-rendu de rĂ©union on va au-delĂ  de la simple transcription mot Ă  mot. Un bon compte-rendu fait preuve de synthĂšse, on y trouve les points saillants de la rĂ©union, les accords et les dĂ©saccords, les dĂ©cisions actĂ©es ou reportĂ©es, les promesses de chacun sur le travail Ă  rĂ©aliser avant la prochaine rĂ©union sur le mĂȘme sujet, etc. La capacitĂ© des IAs gĂ©nĂ©ratives Ă  rĂ©sumer des textes ou des transcriptions audio est tout Ă  fait incertaine, avec des risques potentiels assez graves. Une expĂ©rience dĂ©taillĂ©e conduit mĂȘme Ă  conclure que cet outil ne rĂ©sume pas, il raccourcit, et c’est trĂšs diffĂ©rent. En informaticienne je dirais : “pour raccourcir on peut rester au niveau clavier. Pour rĂ©sumer il faut repasser par le cerveau”. Mais, toujours pour le plaisir de l’argumentation, supposons que la qualitĂ© soit au rendez-vous. Serait-ce dĂ©sirable pour autant ?

    Comme Ă  chaque fois que le numĂ©rique est vendu comme moyen de gagner du temps, il faut se demander comment et avec quoi va se remplir le temps ainsi gagnĂ©. Dans le cas des comptes-rendus de rĂ©union, voilĂ  un effet tout Ă  fait probable : une accĂ©lĂ©ration du rythme des rĂ©unions. En effet, la contrainte d’avoir Ă  rĂ©diger et diffuser un compte-rendu avant d’organiser la rĂ©union suivante ayant disparu, plus aucune limite naturelle ne s’oppose Ă  organiser une autre rĂ©union trĂšs rapprochĂ©e de la premiĂšre. Vous me direz que dans ce cas la limite naturelle suivante sera la non ubiquitĂ© des participants potentiels. Ce Ă  quoi je rĂ©pondrai : mĂȘme pas, puisqu’on nous propose dĂ©jĂ  d’envoyer en rĂ©union un avatar qui y jouera notre rĂŽle : Zoom va permettre Ă  un avatar crĂ©Ă© par IA de parler pour vous.

    Au cas oĂč cette prĂ©vision vous semblerait peu crĂ©dible, rappelez-vous comment vous gĂ©riez votre temps professionnel il y a 20 ans, avant le dĂ©ploiement des outils d’emploi du temps en ligne censĂ©s nous faire gagner du temps (j’avoue humblement y avoir cru). Quand j’ai pris mon poste de professeure en 2000, mon emploi du temps du semestre tenait sur un bristol glissĂ© dans mon agenda papier format A6, il Ă©tait parfaitement rĂ©gulier pendant les 12 semaines d’un semestre. L’agenda ne me servait qu’à noter les dĂ©placements de un Ă  plusieurs jours et les rĂ©unions exceptionnelles. Aujourd’hui sans emploi du temps partagĂ© en ligne et synchronisĂ© avec mon tĂ©lĂ©phone, j’aurais du mal Ă  savoir le matin en me levant oĂč je dois aller dans la journĂ©e, pour rencontrer qui, et sur quel sujet. La puissance des outils numĂ©riques avec synchronisation quasi-instantanĂ©e entre participants pousse Ă  remplir les moindres coins “libres” des journĂ©es. Quand il fallait plusieurs jours pour stabiliser un crĂ©neau de rĂ©union, c’était nĂ©cessairement assez loin dans le futur, le remplissage de l’emploi du temps de chacun n’était pas parfait, et il restait des “trous”. Il n’y a plus de trous. Nous n’avons jamais Ă©tĂ© aussi conscients de la pression du temps.

    Prenons aussi l’exemple de la gestion des emails, notoirement si envahissants que certaines entreprises et organisations les ont bannis (parfois pour les remplacer par des outils de chat, ce qui ne rĂ©soud pas vraiment le problĂšme, mais passons). Les IAs gĂ©nĂ©ratives promettent simultanĂ©ment de (1) gĂ©nĂ©rer des emails au ton professionnel Ă  partir d’un prompt donnant quelques idĂ©es ; (2) rĂ©sumer un email trop long en quelques idĂ©es importantes. Cela devrait immĂ©diatement apparaĂźtre comme menant Ă  une situation totalement absurde oĂč le passage par un texte long est entiĂšrement invisible aux acteurs humains. Pourquoi alors ne pas s’envoyer simplement des emails de 3 lignes ? Le dessinateur Geluck avait dĂ©crit le rĂ©sultat dans un dessin du Chat en 3 cases : a) le Chat dit ” je me suis achetĂ© deux jeux d’échecs Ă©lectroniques” ; b) Le Chat dit : “je les ai raccordĂ©s l’un Ă  l’autre” ; c) Le Chat, en train de faire sa vaisselle dans un Ă©vier plein de mousse dit : “et j’ai la paix”. Si la prolifĂ©ration des emails dans le milieu professionnel est dĂ©jĂ  reconnue comme un problĂšme, fluidifier leur usage ne peut que faire sauter les derniĂšres limites naturelles Ă  leur accumulation.

    Pour conclure sur ce point : si la promesse de “gagner du temps” est tentante, s’il peut sembler dans un premier temps que c’est effectivement le cas, il est fort prĂ©visible que le temps gagnĂ© sera reperdu dans une accĂ©lĂ©ration de tout le processus qu’on avait cherchĂ© Ă  ainsi optimiser. Rendez-vous dans 6 mois ou un an pour voir comment le temps gagnĂ© sur les comptes-rendus de rĂ©unions et la rĂ©daction des emails s’est rempli.
    5. 2 La créativité à base figée vs la pollution informationnelle

    Un argument qui revient souvent dans le monde universitaire, c’est l’usage de ChatGPT comme “dĂ©marreur”, pour donner de premiĂšres idĂ©es. J’ai personnellement beaucoup de mal Ă  croire que cela produise quoi que ce soit d’un tant soit peu original, je craindrais de plagier sans intention, j’aurais quelque rĂ©ticence Ă  donner le produit de mes rĂ©flexions financĂ©es par de l’argent public aux vendeurs d’outils, et je prĂ©fĂšre de loin deux heures de remue-mĂ©ninges avec des collĂšgues ou des Ă©tudiants. Mais soit, admettons cet usage. Si on pense les IAs gĂ©nĂ©ratives entraĂźnĂ©es “une fois pour toutes”, alors on devrait s’inquiĂ©ter de voir la crĂ©ativitĂ© future dĂ©cliner et se dĂ©synchroniser des Ă©volutions d’un domaine. Mais si on sait qu’elles Ă©voluent par gĂ©nĂ©rations successives re-entraĂźnĂ©es sur une base de textes qui augmente, alors il faut se poser la question de la pollution.

    Un aspect trĂšs important des IAs gĂ©nĂ©ratives qui les distingue d’autres systĂšmes numĂ©riques et d’autres IAs, c’est en effet prĂ©cisĂ©ment qu’elles sont gĂ©nĂ©ratives. Leurs rĂ©sultats s’accumulent dans l’espace de l’information en ligne, et constituent une forme de pollution dont il sera trĂšs difficile de se dĂ©barrasser. Sur ce point j’ai trouvĂ© particuliĂšrement frappante la dĂ©cision du mainteneur de WordFreq d’arrĂȘter les mises Ă  jour. WordFreq est un outil qui maintient une base de donnĂ©es sur la frĂ©quence des mots dans plusieurs langues, en analysant les textes disponibles en ligne. Le mainteneur a constatĂ© que ces frĂ©quences changent maintenant Ă  un rythme jamais observĂ© auparavant, et accuse les IAs gĂ©nĂ©ratives d’avoir irrĂ©mĂ©diablement polluĂ© les textes en ligne. Sa conclusion est sans appel : plus personne n’a d’information fiable sur les langues telles qu’elles sont parlĂ©es par des ĂȘtres humains, aprĂšs 2021. Les autres exemples de pollution abondent, de l’édition Ă  compte d’auteur (La plateforme de publication en ligne d’Amazon est contrainte de mettre en place une limite de 3 livres par auteur et par jour) au systĂšme de publications scientifiques (GPT-fabricated scientific papers on Google Scholar : Key features, spread, and implications for preempting evidence manipulation), en passant par les rĂ©seaux sociaux professionnels.

    Le mot slop a Ă©tĂ© introduit rĂ©cemment pour dĂ©crire cette pollution informationnelle qui s’accumule dans les sources en ligne. Le livre Les IA Ă  l’assaut du cyberespace – Vers un Web synthĂ©tique revient sur l’évolution du contenu du web depuis 25 ans, et met en garde contre son artificialisation.

    Comment penser que cette pollution n’aura pas d’impact sur les usages “crĂ©atifs” de l’outil, Ă  moyen terme ? MĂȘme si les effets Ă  court terme paraissent utiles, Ă  quel avenir contribuons-nous en acceptant une utilisation routiniĂšre de ces technologies ?
    5.3 L’automatisation des tĂąches rĂ©pĂ©titives vs l’effet coupe rase et la perte de compĂ©tences

    Etant enseignante d’informatique, je suis naturellement prĂ©occupĂ©e par l’avenir du logiciel si une partie significative est produite par des IAs gĂ©nĂ©ratives opaques et non testables, Ă  la fois Ă  cause de la qualitĂ© intrinsĂšque du logiciel produit, et pour ce que cela signifierait dans l’organisation du travail et l’évolution des mĂ©tiers.

    Un argument qui revient souvent est que les aides Ă  la programmation Ă  base d’IAs gĂ©nĂ©ratives sont attrayantes pour maĂźtriser une grande base de code, naviguer dans des bibliothĂšques inombrables dont on n’a pas le temps de lire la documentation, produire la partie du code qui a presque toujours la mĂȘme forme, 
 Mais si vraiment on se noie dans le code, comme analysĂ© ici, ajouter une couche opaque destinĂ©e Ă  en gĂ©nĂ©rer encore plus, encore plus vite, est-ce vraiment raisonnable ?

    Si l’on s’intĂ©resse Ă  la construction de ces IA gĂ©nĂ©ratives appliquĂ©es Ă  la programmation, on se rend compte qu’elles sont comparables aux coupes rases en forĂȘt : il est possible de rĂ©aliser de gros profits, une fois, en rasant tout, mais rien ne repoussera jamais. Les outils d’aide Ă  l’écriture de code actuels se sont nourris de toutes les occurrences de code et d’explications produites par des humains et disponibles sur le web. Mais si on croit leurs promesses, ils sont susceptibles de provoquer une rĂ©duction drastique des mĂ©tiers-mĂȘmes qui pourraient produire de nouvelles occurences. OĂč les futures IAs d’aide Ă  la programmation prendront-elles les exemples Ă  digĂ©rer Ă©crits dans le nouveau langage de programmation Ă  la mode ? Dans la production des IAs de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente entraĂźnĂ©e sur un autre langage ? Ce qui vaut pour la programmation vaut pour tous les autres usages qui promettent Ă  une profession de gagner du temps grĂące Ă  une IA entraĂźnĂ©e sur les productions humaines passĂ©es de leur propre mĂ©tier.

    L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des mĂ©tiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tĂąches rĂ©pĂ©titives et peuvent dĂ©jĂ  remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nĂ©cessaires. Une premiĂšre consĂ©quence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans ĂȘtre passĂ© par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement ĂȘtre suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs gĂ©nĂ©ratives seront d’ici-lĂ  capables d’apprendre toutes seules (mais Ă  partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiĂ©tude.

    On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activitĂ© de crĂ©ation de texte Ă  une activitĂ© de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non gĂ©nĂ©rative ici) modifie le mĂ©tier et le rend pĂ©nible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi Ă  la programmation.

    Pour conclure ce paragraphe, parcourons Generative AI : What You Need To Know, un manuel de dĂ©fense intellectuelle contre les promesses des IAs gĂ©nĂ©ratives, par un auteur qui a une longue expĂ©rience du mĂ©tier de dĂ©veloppeur web, et qui a d’ailleurs Ă©crit “we’re all-in on deskilling the industry. (
) we’re now shifting towards the model where devs are instead “AI” wranglers. The web dev of the future will be an underpaid generalist who pokes at chatbot output until it runs without error, pokes at a copilot until it generates tests that pass with some coverage, and ships code that nobody understand and can’t be fixed if something goes wrong”.
    6. Conclusion

    Que conclure ? Plus le temps passe, moins je suis tentĂ©e d’utiliser ChatGPT ou d’autres outils d’IA gĂ©nĂ©rative. Le rythme effrĂ©nĂ© des annonces et la vision du monde des promoteurs de ces outils m’ont dĂ©finitivement vaccinĂ©e contre le moindre frĂ©missement d’intĂ©rĂȘt qui aurait pu subsister. Et je n’ai mĂȘme pas abordĂ© ici les questions de biais, de sĂ©curitĂ©, de protection de la vie privĂ©e, 
 Je lisais rĂ©cemment CEO of AI Music Company Says People Don’t Like Making Music et comme je suis moi-mĂȘme incapable de jouer dequelque instrument que ce soit, j’imagine que j’aurais dĂ» ĂȘtre dans la cible de cette entreprise qui prĂ©tend “dĂ©mocratiser” la crĂ©ation musicale. Eh bien non, pas du tout. Dans toute activitĂ© crĂ©ative ce n’est pas le rĂ©sultat qui compte, c’est le chemin. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  Ă©crire ce texte sans aucune “aide” par ChatGPT. Je continuerai comme ça.

    Ah, j’oubliais, si vous ĂȘtes tentĂ©s d’utiliser ChatGPT comme outil de recherche d’informations, alors mĂȘme que l’outil n’est vraiment pas fait pour ça et contribue Ă  polluer l’espace informationnel, essayez plutĂŽt eurekoi. C’est plus lent, bien sĂ»r. Mais ça tombe bien, il est urgent de ralentir.

    ▻https://pdimagearchive.org/images/1679dcfd-d3d8-4ecc-a19a-21beced97f05

    â–șhttps://academia.hypotheses.org/58766
    #AI #IA #intelligence_artificielle #utilisation #enseignement #recherche #ESR

    • L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des mĂ©tiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tĂąches rĂ©pĂ©titives et peuvent dĂ©jĂ  remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nĂ©cessaires. Une premiĂšre consĂ©quence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans ĂȘtre passĂ© par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement ĂȘtre suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs gĂ©nĂ©ratives seront d’ici-lĂ  capables d’apprendre toutes seules (mais Ă  partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiĂ©tude.

      On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activitĂ© de crĂ©ation de texte Ă  une activitĂ© de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non gĂ©nĂ©rative ici) modifie le mĂ©tier et le rend pĂ©nible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi Ă  la programmation.

      Je vais parler de ce que je connais :c’était la promesse, il y a encore quelques mois, de remplacer les dĂ©veloppeurs, dĂ©butants ou pas. Le soufflĂ© est retombĂ©. L’IA gĂ©nĂ©rative est probablement une Ă©norme bulle de spĂ©culation. Les gens se sont amusĂ©s les premiers mois, maintenant il n’y plus guĂšre que les marketeux pour utiliser ChatGPT pour gĂ©nĂ©rer leurs posts Linkedin sans intĂ©rĂȘt et des collĂ©gien-ne-s/lycĂ©en-ne-s/Ă©tudiant-e-s naĂŻfs-ves qui l’utilisent en pensant que ça passera (mais oh surprise, ça ne passe pas, les profs s’en rendent compte), de la mĂȘme maniĂšre que Wikipedia Ă©tait recopiĂ© consciencieusement il y a quelques annĂ©es encore, et plus loin encore des Universalis ou Larousse... Je suis dĂ©veloppeur, et je peux dire que les IA gĂ©nĂ©ratives, mĂȘme spĂ©cialisĂ©es en code, font encore globalement n’importe quoi. Pourtant on a tou-te-s un abonnement Ă  une IA ici, eh bien ça sert trĂšs peu (alors que bon, on pourrait presque se dire : « chouette ça va bosser Ă  ma place sans que personne le voit »). C’est une vague aide Ă  la comprĂ©hension, et encore seulement si on a un minimum de comprĂ©hension de la logique du code. Je ne dis pas que ça va durer Ă©ternellement, peut-ĂȘtre qu’un jour une IA fera tout Ă  notre place, mais ce qui est sĂ»r c’est que ChatGPT n’est pas cette IA lĂ .

    • on a tou-te-s un abonnement Ă  une IA ici

      pas vraiment ; le quota gratuit me suffit largement Ă  me faire aider pour retrouver les bonnes options de ffmpeg ou de rsync une fois par semaine

    • (man ffmpeg consomme bien moins d’énergie et de bĂ©bĂ©s phoques et n’hallucine pas d’options qui n’existent pas (souvenir de @stephane qui avait partagĂ© une expĂ©rience amusante Ă  ce sujet) :-) )

      J’ai tjs des seniors ds mes connaissances, qui m’expliquent que pour rĂ©diger un script dans un langage qu’ils ne connaissent pas, ça leur fait gagner du temps. Ici, on ne l’utilise pas du tout. MĂȘme par curiositĂ©. La simple possibilitĂ© d’une hallucination ne m’amuse pas, ne me donne pas envie. J’aime rĂ©soudre des problĂšmes, mais pas quand il y a la prĂ©tention Ă  m’aider Ă  les rĂ©soudre tout en m’en crĂ©ant d’encore plus vicieux Ă  rĂ©soudre.

    • J’ai un abonnement au gaz, Ă  l’élec, au tĂ©lĂ©phone mobile qui m’a fait couper le fixe, au loyer que c’est deux bras et presque toute la gueule, Ă  l’assurance locative obligatoire, au contrat d’entretien du chauffe-eau exigĂ© par le proprio sous peine de rupture de bail, Ă  une mutuelle de santĂ© hors de prix qui rembourse la naturopathie mieux que la rĂ©paration des dents, Ă  tel point que je doit limiter des frais de santĂ© plutĂŽt nĂ©cessaires mais gĂ©nĂ©reusement pris en charge Ă  0%. Je raque une carte annuelle de rĂ©duc SNCF, une autre pour des TER, pas que je m’en serve tant mais sans elles, faudrait revenir Ă  l’auto-stop. Et j’achĂšte plus de contrat box.
      Les dĂ©penses incompressibles, y en a nettement trop vu de ma fenĂȘtre qu’elle est riquiqui, alors j’essaie de pas en inventer.
      Dans mon bled capital, j’espĂšre ĂȘtre dispo dĂšs qu’un petit coup de fenwick sera opportun.

    • « L’intelligence artificielle accĂ©lĂšre le dĂ©sastre Ă©cologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs »
      TRIBUNE
      â–șhttps://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/06/l-intelligence-artificielle-accelere-le-desastre-ecologique-renforce-les-inj

      Tout concourt Ă  Ă©riger le dĂ©ploiement massif de l’intelligence artificielle (IA) en prioritĂ© politique. Prolongeant les discours qui ont accompagnĂ© l’informatisation depuis plus d’un demi-siĂšcle, les promesses abondent pour confĂ©rer Ă  l’IA des vertus rĂ©volutionnaires et imposer l’idĂ©e que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nĂ©cessairement vecteur de progrĂšs. C’est donc l’ensemble de la sociĂ©tĂ© qui est sommĂ©e de s’adapter pour se mettre Ă  la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique.

      Partout dans les services publics, l’IA est ainsi conduite Ă  prolifĂ©rer au prix d’une dĂ©pendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent Ă  recourir Ă  l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commoditĂ© et d’une course insensĂ©e Ă  la productivitĂ©, nous sommes poussĂ©s Ă  l’adopter.
      Pourtant, sans prĂ©juger de certaines applications spĂ©cifiques et de la possibilitĂ© qu’elles puissent effectivement rĂ©pondre Ă  l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, comment ignorer que ces innovations ont Ă©tĂ© rendues possible par une formidable accumulation de donnĂ©es, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour ĂȘtre menĂ©es Ă  bien, elles requiĂšrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de donnĂ©es, avec une intensification de l’extraction de matiĂšres premiĂšres, de l’usage des ressources en eau et en Ă©nergie ?

      Des conséquences désastreuses

      Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et dĂ©jĂ  des consĂ©quences dĂ©sastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au dĂ©veloppement et Ă  la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global oĂč elle prolonge des dynamiques nĂ©ocoloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposĂ©e sans rĂ©elle prise en compte de ses impacts dĂ©lĂ©tĂšres sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondĂ©es sur le genre, la classe ou la race ?

      Que de l’agriculture aux mĂ©tiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de dĂ©qualification et de dĂ©possession vis-Ă -vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrĂŽle managĂ©rial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austĂ©ritĂ© qui sapent la justice socio-Ă©conomique ? Que la dĂ©lĂ©gation croissante de fonctions sociales cruciales Ă  des systĂšmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santĂ© ou de l’éducation, risque d’avoir des consĂ©quences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?

      Or, au lieu d’affronter ces problĂšmes, les politiques publiques menĂ©es aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adoptĂ© par l’Union europĂ©enne et prĂ©sentĂ© comme une rĂ©glementation efficace, alors qu’il cherche en rĂ©alitĂ© Ă  promouvoir un marchĂ© en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compĂ©tition gĂ©opolitique qui est le plus souvent mobilisĂ©.

      Une maßtrise démocratique

      A longueur de rapports, l’IA apparaüt ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine.

      Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse Ă  penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas ĂȘtre rattrapĂ©, et que cette course est donc perdue d’avance.

      Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure oĂč, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accĂ©lĂšre au contraire le dĂ©sastre Ă©cologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impĂ©rialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empĂȘche aussi d’inventer des politiques Ă©mancipatrices en phase avec les enjeux Ă©cologiques.

      La prolifĂ©ration de l’IA a beau ĂȘtre prĂ©sentĂ©e comme inĂ©luctable, nous ne voulons pas nous rĂ©signer. Contre la stratĂ©gie du fait accompli, contre les multiples impensĂ©s qui imposent et lĂ©gitiment son dĂ©ploiement, nous exigeons une maĂźtrise dĂ©mocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

      Premiers signataires : David Maenda Kithoko, prĂ©sident de GĂ©nĂ©ration LumiĂšre ; Julie Le Mazier, cosecrĂ©taire nationale de l’union syndicale Solidaires ; Julien LefĂšvre, membre de Scientifiques en rĂ©bellion ; Marc ChĂ©nais, directeur de L’Atelier paysan ; Nathalie Tehio, prĂ©sidente de la Ligue des droits de l’homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic PĂ©nicaud, membre de FĂ©ministes contre le cyberharcĂšlement ; Sophie VĂ©nĂ©titay, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du SNES-FSU ; StĂ©phen Kerckhove, directeur gĂ©nĂ©ral d’Agir pour l’environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France.

      Organisations signataires :▻https://www.laquadrature.net/en/hiatus-manifesto

  • Villeneuve-Saint-Georges : une dĂ©faite Ă©vitable pour les sociaux-dĂ©mocrates - Le PĂšre Peinard
    ▻https://www.leperepeinard.com/breves/villeneuve-saint-georges-une-defaite-evitable-pour-les-sociaux-democr

    Encore une Ă©lection imperdable que la gauche rĂ©formiste a rĂ©ussi Ă  saborder toute seule. À Villeneuve-Saint-Georges, alors que Louis Boyard (LFI) Ă©tait en tĂȘte au premier tour, c’est finalement LR qui rafle la mise, portĂ© par un front anti-insoumis allant du RN Ă  ReconquĂȘte.

    PlutĂŽt Bardella, que le Nouveau Front Populaire.

    Et comme dans nos partis de gauche, on prĂ©fĂšre se faire la gueule, en disant que c’est tout de la faute des autres, on continue de faire comme si tout cela Ă©tait inĂ©luctable. Et de fait...

    (gnagnagna les LFI y sont méchants)

  • « Le capitalisme c’est la guerre depuis son origine » – Entretien avec Mathieu Rigouste
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/le-capitalisme-cest-la-guerre-depuis-son-origine-entretien-avec-

    Dans Nous Sommes Tous des Champs de Bataille, sorti en salles le 17 janvier 2025, Mathieu Rigouste s’intĂ©resse au “marchĂ© de la violence” et montre les liens entre l’industrie de l’armement, la rĂ©pression des mouvements sociaux, les violences policiĂšres racistes, le colonialisme, les guerres et le capitalisme. Il dresse, aussi, le portrait de celles et [
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  • Propagande militaire : la SuĂšde distribue 5 millions de brochures pour se prĂ©parer Ă  la guerre
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Propagande-militaire-la-Suede-distribue-5-millions-de-brochures

    Depuis le 18 novembre, l’agence suĂ©doise des contingences civiles, le MSB a commencĂ© Ă  distribuer Ă  5,2 millions de familles suĂ©doises un document de 32 pages appelĂ© « En cas de crise ou de guerre ». Cette brochure donne des conseils pratiques Ă  la population pour se prĂ©parer Ă  un conflit armĂ© ouvert qui l’opposerait Ă  la Russie, mais appelle aussi chaque citoyen Ă  « faire sa part pour dĂ©fendre l’indĂ©pendance et la dĂ©mocratie de la SuĂšde ».

    Le 18 novembre, une brochure nommĂ©e « En cas de crise ou de guerre » a Ă©tĂ© envoyĂ©e par le MSB, l’agence suĂ©doise des contingences civiles, Ă  tous les foyers suĂ©dois. Sur son compte Twitter officiel, le MSB explique que « 5,2 millions d’exemplaires seront envoyĂ©s » afin que chaque rĂ©sident de la SuĂšde ait en sa possession ce livret. Une version pour enfants est Ă©galement diffusĂ©e sur le site Lilla Krisinfo et des conseils Ă  destination des parents sont donnĂ©s pour « parler aux enfants de la guerre ».

    Se fĂ©licitant de cette distribution massive de la brochure, Mikael Frisell, chef de l’Administration suĂ©doise du matĂ©riel de dĂ©fense, a invitĂ© sur son compte Twitter Ă  ce que toute la population suĂ©doise lise le document, mais surtout Ă  ce que chacun suive les conseils qui y sont donnĂ©s. DĂ©jĂ  en janvier dernier, le chef des forces armĂ©es suĂ©doises Micael BydĂ©n avait expliquĂ© que les SuĂ©dois devaient « se prĂ©parer mentalement Ă  une guerre ».

    S’inscrivant dans le sens de ces dĂ©clarations, la brochure « En cas de crise ou de guerre » commence par expliquer que « Nous vivons une Ă©poque incertaine. Des conflits armĂ©s se dĂ©roulent actuellement dans notre coin du monde. (...) Si la SuĂšde est attaquĂ©e, chacun doit faire sa part pour dĂ©fendre son indĂ©pendance et sa dĂ©mocratie. ». La brochure indique chercher Ă  prĂ©parer les SuĂ©dois Ă  faire « partie de la prĂ©paration gĂ©nĂ©rale de la SuĂšde aux situations d’urgence » sur fond d’illustrations explicatives de la menace planant sur les pays nordiques.

    Parmi quelques conseils pratiques tels que la constitution de stocks de denrĂ©es alimentaires et d’eau ou la rĂ©action Ă  avoir face Ă  des bombardements ou des attaques nuclĂ©aires, la majeure partie du document se concentre sur l’importance de la participation de chaque citoyen suĂ©dois Ă  un conflit armĂ© ouvert potentiel. En effet, dĂšs les premiĂšres pages, l’objectif du MSB est de paver la voie Ă  un effort de guerre collectif.

    À la page 5, on peut lire que « Notre courage et notre volontĂ© de dĂ©fendre notre sociĂ©tĂ© sont essentiels, mĂȘme si cela peut nous obliger Ă  faire certains sacrifices. Si la SuĂšde est attaquĂ©e, nous ne nous rendrons jamais » pour finalement, quelques paragraphes plus loin, appeler chaque citoyen Ă  se renseigner sur les maniĂšres de participer concrĂštement Ă  la dĂ©fense nationale comme « rejoindre une organisation de dĂ©fense volontaire ». En ce sens, chaque SuĂ©dois entre 16 et 70 ans, rĂ©sidant en SuĂšde ou Ă  l’étranger, tout comme les Ă©trangers rĂ©sidant en SuĂšde, est tenu de servir en cas de guerre ou de menace de guerre via le service militaire ou de dĂ©fense civile d’une part et le service national gĂ©nĂ©ral d’autre part.

    Par ailleurs, le MSB ne manque pas de rappeler que la SuĂšde a rĂ©cemment intĂ©grĂ© l’alliance militaire de l’Organisation du traitĂ© de l’Atlantique nord expliquant alors que « si un pays de l’OTAN est attaquĂ©, les autres pays de l’alliance contribueront Ă  sa dĂ©fense - tous pour un, un pour tous ». Comme nous le notions dĂ©jĂ  en mai 2022, « l’adhĂ©sion de la SuĂšde marque une nouvelle Ă©tape de l’expansion de l’OTAN dans le Nord-Est europĂ©en ».

    Alors que la Finlande a mis en place ces derniers jours, un site internet donnant des conseils similaires, c’est l’ensemble des gouvernements europĂ©ens qui prĂ©parent leur population Ă  la guerre. En effet, Ă  l’image de la SuĂšde et de la Finlande, l’Allemagne a lancĂ© une « offensive bunkers » de recensement des abris disponibles dans le pays, en rĂ©ponse au premier tir, jeudi 21 novembre, par la Russie d’un missile d’une portĂ©e capable, en thĂ©orie, de toucher une ville europĂ©enne, tandis que la Suisse a mis en place en urgence un plan de rĂ©novations et d’amĂ©nagement de ses abris antiatomiques. De son cĂŽtĂ©, la France a augmentĂ© le budget de l’armĂ©e de 3,3 milliards d’euros pour 2025 dont plus de 500 millions en termes de dissuasion nuclĂ©aire.

    En pleine escalade militaire entre l’OTAN et la Russie autour de la guerre en Ukraine, les pays impĂ©rialistes europĂ©ens veulent renforcer le sentiment nationaliste et cherchent Ă  se prĂ©parer Ă  des affrontements de haute-intensitĂ© pour dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts. Alors que partout en Europe, les gouvernements prĂ©parent les populations Ă  une vĂ©ritable boucherie tout en continuant Ă  s’armer jusqu’aux dents, il est urgent de dĂ©fendre l’unitĂ© des opprimĂ©s et des exploitĂ©s contre les plans de rĂ©armement, contre l’austĂ©ritĂ©, pour faire payer la crise de leur systĂšme aux capitalistes.

    • En rĂ©alitĂ©, la propagande circule depuis longtemps !
      ▻https://atlantico.fr/article/decryptage/occupied-la-nouvelle-serie-arte-qui-illustre-le-retour-de-la-peur-une-inva

      Main basse sur la NorvĂšge
      « Occupied », la nouvelle sĂ©rie d’Arte qui illustre le retour de la peur d’une invasion russe en Europe

      Les tensions internationales s’attisent de jour en jour avec le rĂ©gime de Poutine. Dans « Occupied », les scĂ©naristes imaginent comment la Russie pourrait mener une invasion de la NorvĂšge, pourtant membre de l’Otan.

    • Et si le sud du pays nordique Ă©tait un jour envahi par une obscure milice armĂ©e ? Une nouvelle dystopie gĂ©opolitique qui imagine le pire pour demain afin d’exorciser les peurs d’aujourd’hui.
      ▻https://www.premiere.fr/Series/News-Series/Conflict-le-thriller-militaire-finlandais-qui-joue-a-se-faire-peur-critique

      ▻https://youtu.be/2wHOQq9lEs0

      La Finlande s’apprĂȘte Ă  cĂ©lĂ©brer le solstice d’étĂ© lorsque la pĂ©ninsule de Hanko, au sud du pays, est envahie par des soldats ennemis non identifiĂ©s. Toutes les communications sont coupĂ©es et plus de dix mille civils sont pris en otage. La cheffe d’escouade Annika Berg et une poignĂ©e d’hommes alors en patrouille fuient Ă  travers la zone dĂ©sormais occupĂ©e, livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. Le capitaine Rami, commandant d’une unitĂ© militaire, part quant Ă  lui Ă  la recherche de sa femme et de sa fille et s’associe Ă  un groupe de citoyens dĂ©cidĂ©s Ă  rĂ©sister Ă  cet ennemi encore nĂ©buleux. A Helsinki, plusieurs stratĂ©gies s’opposent. La prĂ©sidente nouvellement Ă©lue, Linnea Saaristo, propose de contrattaquer fermement quand le Premier ministre tente de convaincre les politiciens de privilĂ©gier la voie diplomatique. Le gouvernement amĂ©ricain et plusieurs pays alliĂ©s exhortent bientĂŽt la prĂ©sidente Ă  ne pas envenimer le conflit. Face Ă  l’imminence d’une guerre par procuration, la prĂ©sidente Saaristo va devoir prendre des dĂ©cisions difficiles mais cruciales pour Ă©viter que l’Europe ne s’embrase, et ne contamine le monde entier.

      Une nouvelle série qui nous emmÚne dans une Finlande attaquée...

      Plus exactement, c’est la pĂ©ninsule de Hanko, au sud, qui est soudainement prise d’assaut par une milice trĂšs entraĂźnĂ©e et armĂ©e lourdement. DĂ©barquant par les airs et par la mer, ils prennent le contrĂŽle de la rĂ©gion en quelques heures, alors que les Finlandais sont en congĂ©s, cĂ©lĂ©brant les fĂȘtes du Solstice d’étĂ©. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Et surtout, comment la jeune prĂ©sidente Linnea Saaristo va-t-elle rĂ©agir ? Faut-il attaquer pour reprendre la zone aux envahisseurs, quitte Ă  mettre en danger les habitants vivant Ă  Hanko ? Ou faut-il nĂ©gocier avec les assaillants ? Au sein mĂȘme de son gouvernement, tout le monde n’est pas d’accord sur la mĂ©thode Ă  adopter, tandis que sur place, des militaires finlandais tentent dĂ©jĂ  de rĂ©sister...
      Il y a une dĂ©cennie, une sĂ©rie norvĂ©gienne, Occupied, racontait l’occupation soudaine d’une partie de son territoire par des troupes russes, afin de s’approprier son pĂ©trole. Il n’y avait mĂȘme pas encore la guerre en Ukraine, mais dĂ©jĂ , les pays nordiques frontaliers du rĂ©gime de Vladimir Poutine exprimaient leurs craintes d’une invasion Ă  travers le petit Ă©cran. Conflict ne dĂ©peint pas tout Ă  fait une agression russe, puisqu’elle laisse planer le doute sur l’envahisseur jusqu’au bout. NĂ©anmoins, la sĂ©rie du cinĂ©aste acclamĂ© Aku Louhimiehe matĂ©rialise cette peur lancinante de toute une rĂ©gion d’ĂȘtre prochainement la cible d’une attaque.

      L’aspect gĂ©opolitique tient ainsi une place importante dans Conflict, parfaitement incarnĂ© par Sara SouliĂ©, impeccable en jeune PrĂ©sidente muĂ©e en cheffe des armĂ©es. Mais c’est vraiment sur le terrain que se joue l’essentiel de ce conflit. Parce que Conflict est, en son coeur, un pur thriller militaire Ă  l’intensitĂ© brutale. Il impressionne par sa mise en scĂšne immersive, privilĂ©giant les plans serrĂ©s et une action rĂ©aliste qui prend aux tripes. Les paysages froids de la rĂ©gion amplifient l’atmosphĂšre pour accentuer l’angoisse des balles qui fusent Ă  chaque instant. Produite avec des moyens spectaculaires, Conflict sait aussi aller dans les zones grises, refusant les rĂ©ponses faciles, et engageant le spectateur dans une rĂ©flexion sur la complexitĂ© de l’humain face au conflit. Encore une dystopie nordique qui frappe fort et juste.

    • Une nouvelle sĂ©rie qui nous emmĂšne dans une Finlande attaquĂ©e...

      Plus exactement, c’est la pĂ©ninsule de Hanko, au sud, qui est soudainement prise d’assaut par une milice trĂšs entraĂźnĂ©e et armĂ©e lourdement. DĂ©barquant par les airs et par la mer, ils prennent le contrĂŽle de la rĂ©gion en quelques heures, alors que les Finlandais sont en congĂ©s, cĂ©lĂ©brant les fĂȘtes du Solstice d’étĂ©. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Et surtout, comment la jeune prĂ©sidente Linnea Saaristo va-t-elle rĂ©agir ? Faut-il attaquer pour reprendre la zone aux envahisseurs, quitte Ă  mettre en danger les habitants vivant Ă  Hanko ? Ou faut-il nĂ©gocier avec les assaillants ? Au sein mĂȘme de son gouvernement, tout le monde n’est pas d’accord sur la mĂ©thode Ă  adopter, tandis que sur place, des militaires finlandais tentent dĂ©jĂ  de rĂ©sister...
      Il y a une dĂ©cennie, une sĂ©rie norvĂ©gienne, Occupied, racontait l’occupation soudaine d’une partie de son territoire par des troupes russes, afin de s’approprier son pĂ©trole. Il n’y avait mĂȘme pas encore la guerre en Ukraine, mais dĂ©jĂ , les pays nordiques frontaliers du rĂ©gime de Vladimir Poutine exprimaient leurs craintes d’une invasion Ă  travers le petit Ă©cran. Conflict ne dĂ©peint pas tout Ă  fait une agression russe, puisqu’elle laisse planer le doute sur l’envahisseur jusqu’au bout. NĂ©anmoins, la sĂ©rie du cinĂ©aste acclamĂ© Aku Louhimiehe matĂ©rialise cette peur lancinante de toute une rĂ©gion d’ĂȘtre prochainement la cible d’une attaque.

      L’aspect gĂ©opolitique tient ainsi une place importante dans Conflict, parfaitement incarnĂ© par Sara SouliĂ©, impeccable en jeune PrĂ©sidente muĂ©e en cheffe des armĂ©es. Mais c’est vraiment sur le terrain que se joue l’essentiel de ce conflit. Parce que Conflict est, en son coeur, un pur thriller militaire Ă  l’intensitĂ© brutale. Il impressionne par sa mise en scĂšne immersive, privilĂ©giant les plans serrĂ©s et une action rĂ©aliste qui prend aux tripes. Les paysages froids de la rĂ©gion amplifient l’atmosphĂšre pour accentuer l’angoisse des balles qui fusent Ă  chaque instant. Produite avec des moyens spectaculaires, Conflict sait aussi aller dans les zones grises, refusant les rĂ©ponses faciles, et engageant le spectateur dans une rĂ©flexion sur la complexitĂ© de l’humain face au conflit. Encore une dystopie nordique qui frappe fort et juste.

    • Hanko, vous avez dit Hanko ? Je ne vois pas bien qui pourrait s’intĂ©resser Ă  ce bout de terre (qui marque, au Nord, l’entrĂ©e du golfe de Finlande).

      Il y a bientît 85 ans

      PĂ©ninsule de Hanko — WikipĂ©dia
      ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ninsule_de_Hanko

      En 1939, le ministre soviĂ©tique des affaires Ă©trangĂšres soviĂ©tique, Viatcheslav Molotov rĂ©clame la location de la pĂ©ninsule pour 30 ans Ă  l’URSS.
      [
] À la fin de la guerre [d’Hiver], par le TraitĂ© de Moscou de 1940, la pĂ©ninsule d’Hanko est cĂ©dĂ©e pour 30 ans Ă  l’URSS qui fortifie la zone en y installant une base navale. Des combats sanglants ont lieu pendant la guerre de Continuation. Le 2 dĂ©cembre 1941, les derniĂšres troupes soviĂ©tiques se retirent de la pĂ©ninsule.

  • Jean-Marc Morandini, condamnĂ© en appel Ă  18 mois de prison avec sursis, va-t-il enfin ĂȘtre suspendu de CNews ? - L’HumanitĂ©
    ▻https://www.humanite.fr/societe/jean-marc-morandini/jean-marc-morandini-condamne-en-appel-a-18-mois-de-prison-avec-sursis-va-t-

    L’animateur de #CNews Jean-Marc Morandini a Ă©tĂ© reconnu coupable de #harcĂšlement_sexuel sur un jeune comĂ©dien par la Cour d’appel de Paris. Il avait organisĂ© de faux castings dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles de la part de jeunes hommes, alors apprentis comĂ©diens.

    #groupe_bolloré

  • « La #RĂ©publique_dĂ©mocratique_du_Congo est une rĂ©serve pour les dominants »

    Dans « Barbarie numĂ©rique, une autre histoire du monde connectĂ© », le sociologue Fabien Lebrun explique comment la rĂ©volution numĂ©rique est depuis trente ans l’une des causes des guerres dans l’est de la RDC, oĂč une grande partie des #minerais nĂ©cessaires sont disponibles.

    â–șhttps://www.mediapart.fr/journal/international/270125/la-republique-democratique-du-congo-est-une-reserve-pour-les-dominants
    #RDC #guerre #extractivisme #numérique #conflits

  • De la difficultĂ© de parler de la Palestine Ă  la Sorbonne | Le Club
    ▻https://blogs.mediapart.fr/co-zannier/blog/230125/de-la-difficulte-de-parler-de-la-palestine-la-sorbonne

    AprĂšs l’annulation le jour mĂȘme de la confĂ©rence de Pascal Boniface mardi 21 janvier Ă  la Sorbonne Paris-Nord, aujourd’hui mercredi 22 janvier, c’est l’accĂšs Ă  celle d’Alain Gresh qui s’intitulait « Gaza : Faillite politique et complicitĂ© mĂ©diatique », dont l’accĂšs a Ă©tĂ© gravement perturbĂ© Ă  la Sorbonne.

    #censure #Gaza #libertés_académiques #academic_freedom

    • Ali Abunimah arrest sparks fear of European crackdown on Palestine activists

      Detention of US-Palestinian journalist and founder of Electronic Intifada has been met with outrage and concern from activists and UN experts

      By MEE staff | Published date: 27 January 2025
      ▻https://www.middleeasteye.net/news/ali-abunimah-arrest-switzerland-us-palestine-journalist

      The arrest of well-known American-Palestinian journalist Ali Abunimah in Switzerland has sparked fear of a further crackdown on pro-Palestinian activists in the West.

      Abunimah, the executive director of the online news site Electronic Intifida, was detained by Swiss authorities on Saturday ahead of a planned speaking event in Zurich, sparking condemnation by activists and UN experts.

      “He is currently being detained and has had access to legal counsel,” the pro-Palestinian publication said in a statement.

      “The arrest came one day after Abunimah arrived in Zurich for a speaking tour.”

      Electronic Intifida said Abunimah was questioned for an hour on arrival on Friday, before being allowed into the country. He was then arrested the next day. (...)

  • Rafles, arrestations sur des lieux de travail, dĂ©portations : Trump lance une offensive raciste historique
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Rafles-arrestations-sur-des-lieux-de-travail-deportations-Trump

    Depuis plusieurs jours, l’administration Trump procĂšde Ă  des arrestations et des dĂ©portations de travailleurs Ă©trangers. D’aprĂšs la Maison Blanche, 538 arrestations ont eu lieu en une seule journĂ©e, sans que ce chiffre puisse ĂȘtre vĂ©rifiĂ©. Cette offensive ultra-rĂ©actionnaire de Trump laisse prĂ©sager du pire pour la classe ouvriĂšre.

    DĂšs son arrivĂ©e au pouvoir, le lundi 20 janvier, Trump s’est empressĂ© de signer onze dĂ©crets qui marquent un saut autoritaire et rĂ©actionnaire dans sa politique xĂ©nophobe. FidĂšle Ă  sa promesse de mener « la plus grande opĂ©ration de dĂ©portation de l’histoire des États-Unis », il a, aussitĂŽt en fonction, renforcĂ© la militarisation massive de la frontiĂšre avec le Mexique, suspendu les demandes d’asile et supprimĂ© le droit du sol, des attaques de grande ampleur contre les travailleurs Ă©trangers et illĂ©galisĂ©s sur le sol Ă©tasunien. Sous couvert de viser les criminels Ă©trangers sur le sol Ă©tatsunien, Trump entend mener une attaque d’ampleur en direction de tous les travailleurs hispanos et illĂ©galisĂ©s. Depuis hier, la Maison-Blanche, relayĂ©e par tous les soutiens de Trump, se fĂ©licite sur X de remplir ses promesses de campagne : Trump a en effet lancĂ© ce qui ressemble Ă  une vaste rafle sur le territoire national. L’ICE (Immigration and Customs Enforcement) et la porte-parole de Trump, Karoline Leavitt, annoncent 538 arrestations, tandis que plusieurs photographies montrent des dizaines de personnes ĂȘtre embarquĂ©es dans des avions militaires pour ĂȘtre expulsĂ©es.

    Jeudi dernier, le maire de Newark, Ras J. Baraka, dĂ©clarait dans un communiquĂ© que des « agents [des services de l’immigration] avaient fait une descente dans un Ă©tablissement local [
], arrĂȘtĂ© des rĂ©sidents et Ă©galement des citoyens, sans prĂ©senter de mandat ». En effet, ces expulsions de travailleurs Ă©trangers sont permises par une nouvelle directive de Benjamine Huffman, secrĂ©taire Ă  la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure par intĂ©rim, qui donne dĂ©sormais le droit Ă  l’ICE de procĂ©der Ă  des arrestations dans les « zones sensibles » tels que les Ă©coles, les Ă©glises, les refuges et les hĂŽpitaux. La mĂȘme directive visait Ă©galement Ă  donner Ă  diffĂ©rentes agences (FBI, bureau fĂ©dĂ©ral des prisons ou encore la DEA, Drug Enforcement Administration), habituellement assignĂ©es au maintien de l’ordre et Ă  la justice, des capacitĂ©s en matiĂšre de contrĂŽle de l’immigration.

    Dans le mĂȘme temps, de nombreux journaux locaux rapportent que les rafles visant les travailleurs sans-papiers ont dĂ©jĂ  commencĂ© depuis dimanche principalement dans des parcs et lieux publics et que plusieurs unitĂ©s de diffĂ©rentes agences du DĂ©partement de SĂ©curitĂ© sont attendues afin d’appuyer l’action de l’ICE et Ă©largir ses capacitĂ©s d’action. Plusieurs sources ont confirmĂ© que les officiers ont reçu une directive leur imposant d’atteindre un quota de 75 arrestations par jour, augmentant considĂ©rablement le nombre d’arrestations quotidiennes pratiquĂ©es jusqu’ici. En effet, Ă  Chicago, les autoritĂ©s locales ont longtemps refusĂ© de collaborer avec les services fĂ©dĂ©raux de l’immigration et les rĂ©seaux d’entraide pour les personnes immigrĂ©es sont trĂšs dĂ©veloppĂ©s.

    Face Ă  la menace de dĂ©portation, de nombreux travailleurs latinos ont dĂ©sertĂ© les lieux de travail et notamment les champs oĂč ils sont employĂ©s comme travailleurs agricoles. Dans certaines villes de Californie comme Ă  Bakersfield, ce sont 75 % des travailleurs immigrĂ©s qui ne se sont pas prĂ©sentĂ©s Ă  leur poste, aprĂšs que plusieurs arrestations par des policiers en civil ont visĂ© des travailleurs agricoles de la zone. Alors que l’agriculture repose en grande partie sur l’exploitation d’ouvriers Ă©trangers et illĂ©galisĂ©s (selon le dĂ©partement de l’Agriculture des États-Unis, 40 % des travailleurs agricoles seraient sans-papier), certaines sources Ă©voquent des taux de 28 % d’absence dans l’état du Texas et 40 % en Californie.

    MalgrĂ© cela, certains regroupements d’églises new-yorkaises cherchent Ă  s’ériger contre l’agenda xĂ©nophobe de Trump en offrant des « sanctuaires pour les immigrĂ©s ». Si ces initiatives tĂ©moignent des possibilitĂ©s de rĂ©sister Ă  la politique de Trump, elles s’illusionnent sur le fait que les États-Unis, premiĂšre puissance impĂ©rialiste mondiale, auraient des scrupules Ă  franchir la porte des Églises pour arrĂȘter des travailleurs sans-papiers.

    Si Trump promet de radicaliser l’offensive anti-migrants, sa politique s’inscrit dans la continuitĂ© de la politique gĂ©nĂ©rale des gouvernements dĂ©mocrates. Comme le rappelle L’HumanitĂ©, en 2023, sous le mandat de Biden, les États-Unis ont expulsĂ© 1,1 million de personnes en situation irrĂ©guliĂšre, soit en moyenne 3 000 par jour.

    La politique du prĂ©sident menace de dĂ©truire la vie de milliers de travailleurs. Ces attaques posent les jalons d’une rĂ©pression gĂ©nĂ©ralisĂ©e contre l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient AmĂ©ricains ou non. Il est donc crucial de dĂ©noncer cette xĂ©nophobie d’État et d’exiger la rĂ©gularisation immĂ©diate de tous les sans-papiers. La victoire des travailleurs immigrĂ©s ne peut qu’ĂȘtre celle de toute la classe ouvriĂšre. Seule une alliance combative de tous les secteurs de la classe ouvriĂšre, en indĂ©pendance de toutes factions bourgeoises, notamment le Parti dĂ©mocrate complice de l’émergence de Trump, pourra rĂ©ellement endiguer l’offensive rĂ©actionnaire.

  • Victoire pour les urgences de Villeneuve-Saint-Georges : la grĂšve paie aussi Ă  l’hĂŽpital
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/victoire-pour-les-urgences-de-villeneuve-saint-georges-la-greve-

    Se mettre en grĂšve est toujours une dĂ©cision dĂ©licate, que l’on Ă©volue dans le secteur privĂ© ou public. Les reprĂ©sailles des employeurs peuvent ĂȘtre lourdes, et tout le monde ne peut pas se permettre de renoncer Ă  plusieurs jours de salaire. À l’hĂŽpital, l’enjeu est d’autant plus complexe entre l’engagement des soignants Ă  assurer la [
]

  • (Les lubies impĂ©rialistes de Trump, sont les mĂȘmes que celles des Ă©lites amĂ©ricaines en gĂ©nĂ©ral, que nous subissons de la part des dĂ©mocrates en particulier depuis si longtemps. Il s’agit de l’idĂ©e que l’AmĂ©rique dirige seule. La nouveautĂ© de Trump, est en quelque sorte un aveu de faiblesse, la confirmation de l’échec de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente. L’aveu que puisqu’il n’est plus possible d’imposer l’unipolaritĂ©, on va se recroqueviller sur sa sphĂšre d’influence, Ă  la façon du XIXĂšme siĂšcle. L’AmĂ©rique va user de ses moyens pour exercer en direct son pouvoir sur sa sphĂšre gĂ©ographique proche, Panama, le Groenland, le Mexique, le Canada, etc. Au mĂ©pris de toutes les instances multilatĂ©rales, oĂč il acte son incapacitĂ© Ă  faire valoir son omnipotence, autrement qu’en bloquant tout ; l’Europe, lĂ  dedans, va continuer Ă  se faire marcher dessus, et Ă  ne pas avoir d’autre choix que de suivre, en mettant au pouvoir des marionnettes toujours plus fascistes et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es (Ciotti premier ministre, par exemple, ou Wauquiez, ou l’autre, Ă  la tĂȘte de la rĂ©gion Pays de Loire, bienvenus dans notre idiocratie malfaisante))

  • Une explosion du nombre d’écrans publicitaires dans les gares en 2025
    ▻https://reporterre.net/Une-explosion-du-nombre-d-ecrans-publicitaires-dans-les-gares-en-2025

    Le nombre d’écrans dans les gares va augmenter de 48 % en 2025, rĂ©vĂšle Reporterre. Cette explosion de la publicitĂ© est imposĂ©e alors qu’une majoritĂ© des Français sondĂ©s la rejette et qu’elle accroĂźt la gabegie Ă©cologique.

    Pendant que dans certaines villes, on interdit la publicité dans les transports en commun et dans les rues... La SNCF de son cÎté, décide de suivre la tendance exactement opposée.

  • Rednote : le petit livre rouge best-seller aux Etats-Unis
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/rednote

    Et si la rĂ©volution sociale de notre siĂšcle venait du prolĂ©tariat amĂ©ricain ? Ă€ l’heure oĂč le prĂ©sident d’extrĂȘme droite, Donald Trump, prĂȘte serment sur la Bible sous la coupole du Capitole, reprenant les rĂȘnes d’un empire plus tendu que jamais, des millions d’amĂ©ricains traversent le rideau de fer virtuel du bannissement de TikTok et filent [
]

  • « Get your brits out » KNEECAP : le hip hop protestataire d’Irlande du Nord
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/kneecap
    Aujourd’hui je suis trĂšs content de vous parler du groupe de hip hop KNEECAP, l’occasion d’évoquer l’histoire et la situation en Irlande du Nord !
    ▻https://youtu.be/2SsOmjwZKrI

    Kneecap est un groupe de hip-hop d’Irlande du Nord dont les paroles mĂ©langent humour, rĂ©fĂ©rences Ă  la fĂȘte et propos anti-britanniques. Revendiquant leur culture ouvriĂšre, bannis de la radio, considĂ©rĂ©s comme des “ennemis du royaume” (qui leur a coupĂ© les subventions), les chanteurs ne donnent pas dans le consensuel. Regardons de plus prĂšs leur chanson Get Your Brits Out, l’occasion d’évoquer l’histoire nord-irlandaise et la situation actuelle, oĂč ce petit territoire subit toujours l’oppression britannique.

    L’Irlande est souvent considĂ©rĂ©e comme “la premiĂšre colonie britannique”. Cette colonisation a dĂ©butĂ© au XVIIe siĂšcle lorsque les britanniques ont confisquĂ© les terres des royaumes irlandais et encouragĂ© les anglophones et les protestants Ă  s’y installer, ainsi qu’en Ecosse. Depuis cette date, les rĂ©voltes contre le royaume britannique n’ont jamais cessĂ©. Au XIXe siĂšcle le nationalisme irlandais a pris une nouvelle ampleur, notamment Ă  la suite de la “Grande Famine” qui est parfois considĂ©rĂ©e comme un gĂ©nocide, puisque largement causĂ©e par les politiques britanniques. AprĂšs une insurrection de grande ampleur, les rĂ©publicains irlandais proclamĂšrent l’indĂ©pendance de l’Irlande en 1916, mais les accords de 1921 aboutirent Ă  la partition de l’üle : le sud serait indĂ©pendant, mais le nord resterait sous occupation britannique. Cela est encore le cas aujourd’hui.

    • Des rĂ©bellions ont rĂ©guliĂšrement lieu en Irlande du Nord, mais c’est Ă  partir de la fin des annĂ©es 1960 que commence la pĂ©riode dite des Troubles, c’est-Ă -dire une lutte politique intense et trĂšs violente entre, d’une part, nationalistes et rĂ©publicains irlandais, le plus souvent catholiques, et qui souhaitent la rĂ©unification de l’Irlande, et d’autre part l’Etat britannique et les unionistes, le plus souvent protestants, qui souhaitent le maintien de la colonisation et le rattachement dĂ©finitif au Royaume.

      On dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement comme “loyalistes” les franges les plus radicales des unionistes, recourant Ă  la violence armĂ©e et Ă  des milices paramilitaires.
      CĂŽtĂ© rĂ©publicains, c’est l’Irish Republican Army (IRA), un mouvement de guĂ©rilla rĂ©volutionnaire, qui Ă©merge Ă  partir des Ă©meutes de Belfast (la capitale d’Irlande du Nord) en 1969, et qui procĂ©dait souvent Ă  des attaques Ă  la bombe et Ă  des assassinats.
      Le nom “Kneecap” qui signifie “rotule” est une rĂ©fĂ©rence aux exactions des loyalistes qui tiraient Ă  l’arme Ă  feu dans les rotules et les articulations des personnes suspectĂ©es d’ĂȘtre membres de l’IRA...

  • Pourquoi acceptons-nous l’inacceptable ?

    Et comment construire une #santĂ©_mentale_collective ?

    Les #injustices_sociales en France, comme la rĂ©forme des retraites, les discriminations raciales et la violence policiĂšre, sont exacerbĂ©es par des politiques migratoires rĂ©pressives et des discours xĂ©nophobes. Les communautĂ©s LGBTQIA+, notamment les personnes trans, subissent aussi des attaques violentes et des rĂ©gressions lĂ©gislatives. Ces inĂ©galitĂ©s sont systĂ©matiques et marginalisent des millions de personnes. Cependant, malgrĂ© ces luttes et mobilisations, une #rĂ©signation collective persiste, en partie Ă  cause de mĂ©canismes psychologiques invisibles qui rendent l’inacceptable acceptable.

    MalgrĂ© ces dĂ©fis, des mouvements comme les Gilets jaunes ou les luttes fĂ©ministes et antiracistes/dĂ©coloniales montrent que la #colĂšre et la #rĂ©sistance existent. Mais pourquoi ces Ă©lans s’essoufflent-ils ? Cette question dĂ©passe les seules causes Ă©conomiques et politiques, elle touche Ă  des mĂ©canismes psychologiques profonds. Ces mĂ©canismes qui nous poussent Ă  accepter l’inacceptable peuvent ĂȘtre dĂ©construits. En repensant la #santĂ©_mentale comme un enjeu collectif, nous pouvons transformer notre maniĂšre de percevoir l’#injustice, en crĂ©ant des espaces de #solidaritĂ© et d’#action commune. C’est Ă  travers cette rĂ©invention de notre rapport Ă  l’autre et Ă  la sociĂ©tĂ© que nous pourrons espĂ©rer changer les choses.

    Les mĂ©canismes psychologiques de l’acceptation de l’inacceptable

    S’habituer à l’inacceptable ou le biais d’#adaptation

    Imaginez un bruit constant dans votre environnement, comme celui d’un ventilateur. Au dĂ©but, ce bruit vous dĂ©range, mais Ă  mesure qu’il persiste, votre cerveau l’intĂšgre et vous finissez par ne plus le remarquer. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© #biais_d’adaptation, joue un rĂŽle similaire face aux conditions de vie dĂ©gradĂ©es.

    Dans les sociĂ©tĂ©s contemporaines, ce biais se manifeste par l’#acceptation progressive de situations pourtant insupportables : prĂ©caritĂ© croissante, dĂ©gradation des services publics, ou explosion des prix de l’énergie. Par exemple, en France, le dĂ©mantĂšlement progressif des hĂŽpitaux publics, documentĂ© par des sociologues comme Pierre-AndrĂ© Juven (La casse du siĂšcle : À propos des rĂ©formes de l’hĂŽpital public), a conduit Ă  une pĂ©nurie de soignants et de lits. Pourtant, cette rĂ©alitĂ© est perçue comme une « #nouvelle_normalitĂ© » Ă  laquelle il faudrait s’adapter, et non comme un #problĂšme_systĂ©mique Ă  rĂ©soudre.

    Ce phĂ©nomĂšne se retrouve Ă©galement dans des sphĂšres plus personnelles. Prenons l’exemple du monde professionnel : un travailleur qui, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, voit ses #conditions_de_travail se dĂ©grader – une #surcharge de tĂąches, des heures supplĂ©mentaires non payĂ©es, ou des #pressions_managĂ©riales croissantes – finit souvent par intĂ©grer ces contraintes comme faisant partie du « mĂ©tier ». Il rationalise : « C’est comme ça partout » ou « Je dois m’estimer chanceux d’avoir un emploi. » Pourtant, ces #ajustements_psychologiques masquent souvent une #souffrance profonde. En acceptant ces conditions, le salariĂ© s’adapte Ă  un #environnement_hostile sans remettre en question la structure qui en est responsable.

    De la mĂȘme maniĂšre, les personnes racisĂ©es dĂ©veloppent des #stratĂ©gies_d’adaptation face aux discriminations systĂ©miques. Un exemple frappant est celui des #contrĂŽles_au_faciĂšs. Pour beaucoup, cette pratique rĂ©currente devient une « #routine » : Ă©viter certains quartiers, anticiper les interactions avec la police en prĂ©parant leurs papiers, ou encore minimiser l’expĂ©rience en se disant que « cela aurait pu ĂȘtre pire ». Ces #stratĂ©gies_d’ajustement sont des #mĂ©canismes_de_survie, mais elles renforcent Ă©galement la #banalisation de l’#injustice. Comme le souligne le sociologue Abdellali Hajjat dans ses travaux sur l’islamophobie et les discriminations, cette #normalisation contribue Ă  invisibiliser les #violences_structurelles, car les individus finissent par intĂ©grer ces traitements comme des faits inĂ©vitables de leur quotidien.

    D’un point de vue psychologique, cette #capacitĂ©_d’adaptation est un #mĂ©canisme_de_protection : notre cerveau tend Ă  minimiser les #chocs_Ă©motionnels en « normalisant » ce qui devrait ĂȘtre exceptionnel. Mais cette adaptation, si elle nous protĂšge individuellement, nous empĂȘche collectivement de reconnaĂźtre l’#urgence_d’agir et peut paralyser l’#action_collective.

    L’#effet_de_normalisation : rendre l’injustice ordinaire

    Autre mĂ©canisme Ă  l’Ɠuvre : l’effet de #normalisation. Les inĂ©galitĂ©s sociales, souvent prĂ©sentĂ©es comme inĂ©vitables dans les discours politiques et mĂ©diatiques, finissent par ĂȘtre acceptĂ©es comme un Ă©tat de fait.

    Prenons l’exemple des Ă©carts de richesse. Lorsqu’un PDG gagne 400 fois le salaire moyen de ses employĂ©s, cette rĂ©alitĂ© devrait susciter l’indignation. Mais les rĂ©cits dominants – comme celui de la « mĂ©ritocratie » ou du « risque entrepreneurial » – transforment ces Ă©carts en phĂ©nomĂšnes normaux, voire lĂ©gitimes. Les mĂ©dias jouent ici un rĂŽle central : en valorisant des figures comme Elon Musk ou Jeff Bezos, ils participent Ă  cette construction idĂ©ologique. Comme l’explique le sociologue Pierre Bourdieu dans Sur la tĂ©lĂ©vision, les mĂ©dias ne se contentent pas de relater les faits : ils contribuent Ă  modeler notre perception de ce qui est acceptable ou non.

    Cet effet de normalisation s’étend aussi Ă  d’autres domaines. Les politiques d’#austĂ©ritĂ©, par exemple, sont souvent prĂ©sentĂ©es comme des « nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques », rendant leurs consĂ©quences – licenciements, fermetures de services publics – moins contestables. Les #discours_politiques insistent obstinĂ©ment sur des #impĂ©ratifs comme « rĂ©duire la dette publique » ou « amĂ©liorer la compĂ©titivitĂ© », occultant les impacts humains et sociaux de ces choix. En nous habituant Ă  ces rĂ©cits, nous acceptons ce qui devrait ĂȘtre combattu.

    Cependant, il est essentiel de souligner que cette normalisation n’est ni totale ni irrĂ©versible. De nombreux travailleurs et travailleuses refusent ces conditions et s’organisent pour les contester. Les mouvements sociaux, les grĂšves et les luttes syndicales tĂ©moignent d’une rĂ©sistance active face Ă  cette normalisation.

    On peut par exemple observer le cas des femmes de chambre de l’hĂŽtel Radisson Blu Ă  Marseille dĂ©jĂ  traitĂ©e par mon collĂšgue Guillaume Etievant dans son article dĂ©diĂ©. AprĂšs plusieurs mois de grĂšve en 2024, ces travailleuses ont obtenu des augmentations salariales, une rĂ©duction des horaires de travail, et des compensations pour les heures supplĂ©mentaires. Elles ont ainsi mis en lumiĂšre les conditions de travail inacceptables qui Ă©taient perçues comme normales dans l’industrie hĂŽteliĂšre, et ont prouvĂ© qu’une organisation collective peut renverser cette « normalitĂ© ». En comparaison, la #lutte du personnel de l’hĂŽtel Ibis Batignolles Ă  Paris, bien qu’elle ait pris fin, illustre Ă©galement comment les conditions de travail dĂ©gradĂ©es peuvent ĂȘtre confrontĂ©es par la mobilisation collective.

    Ces #grĂšves illustrent un point crucial : en conscientisant les mĂ©canismes de normalisation, il devient possible d’agir collectivement. Identifier ces rĂ©cits qui banalisent l’injustice, les dĂ©construire, et s’organiser pour les contester sont des Ă©tapes indispensables pour transformer une indignation individuelle en une action collective. Ainsi, si l’effet de normalisation est puissant, il n’est pas insurmontable. Les #rĂ©sistances_collectives montrent qu’il est possible de refuser l’inacceptable et de poser les bases d’une sociĂ©tĂ© plus juste.

    Le biais d’#impuissance apprise : quand l’échec paralyse

    Enfin, le #biais_d’impuissance_apprise joue un rĂŽle crucial dans notre passivitĂ© face aux injustices. DĂ©crit par le psychologue #Martin_Seligman dans les annĂ©es 1960, ce biais se dĂ©veloppe lorsqu’un individu, confrontĂ© Ă  des situations oĂč ses efforts ne produisent aucun effet, finit par croire qu’il est incapable de changer quoi que ce soit.

    Sur le plan collectif, ce biais se manifeste aprĂšs des mouvements sociaux rĂ©primĂ©s ou qui Ă©chouent Ă  obtenir des victoires significatives. Les manifestations massives contre la rĂ©forme des retraites en France en 2023, bien qu’intenses, n’ont pas empĂȘchĂ© son adoption. Pour beaucoup, ce type d’échec renforce un sentiment d’inutilitĂ© de l’#action_politique. Cette #impuissance_apprise n’est pas seulement un phĂ©nomĂšne individuel : elle est renforcĂ©e par des stratĂ©gies institutionnelles. La #rĂ©pression_policiĂšre, les discours dĂ©nigrant les grĂšves ou les mobilisations, ou encore la lenteur des changements politiques contribuent Ă  installer ce #sentiment_d’impuissance. Ces mĂ©canismes participent Ă  la #reproduction_des_inĂ©galitĂ©s en paralysant toute vellĂ©itĂ© de contestation comme l’indique la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

    Ces #biais_cognitifs – l’adaptation, la normalisation et l’impuissance apprise – agissent de maniĂšre insidieuse pour nous maintenir dans l’acceptation de l’inacceptable. Les comprendre, c’est dĂ©jĂ  commencer Ă  s’en libĂ©rer. Mais ces mĂ©canismes ne suffisent pas Ă  expliquer la #passivitĂ©_collective : ils s’articulent Ă  des structures sociales et Ă©conomiques qui les renforcent.

    La #charge_psychologique_individuelle dans un systĂšme oppressif

    L’#individualisation des #problùmes_sociaux

    Beaucoup de personnes se retrouvent Ă  vivre des situations difficiles, comme le chĂŽmage ou la pauvretĂ©, dans la solitude, se sentant souvent responsables de leur propre sort. Cette #culpabilisation est renforcĂ©e par un #discours_dominant qui fait porter la faute sur l’individu, et non sur le systĂšme qui produit ces inĂ©galitĂ©s. C’est dĂ©sormais bien connu, il suffit de “#traverser_la_rue” pour trouver du travail. Pourtant, il n’y a pas de honte Ă  ĂȘtre confrontĂ© Ă  des difficultĂ©s qui Ă©chappent Ă  notre contrĂŽle. Le #chĂŽmage, par exemple, est largement le rĂ©sultat d’un marchĂ© du travail prĂ©carisĂ© et d’une Ă©conomie qui valorise l’exploitation plutĂŽt que le bien-ĂȘtre. Il est essentiel de rappeler qu’il n’y a aucun aveu d’échec Ă  se retrouver dans une situation oĂč les structures Ă©conomiques et sociales sont dĂ©faillantes. Ce n’est pas un Ă©chec personnel, mais bien une consĂ©quence de l’organisation injuste du travail et des ressources.

    Le #capitalisme_Ă©motionnel : une #aliĂ©nation des sentiments

    Le “capitalisme Ă©motionnel” dĂ©signe la maniĂšre dont notre sociĂ©tĂ© capitaliste transforme nos #Ă©motions en une #responsabilitĂ©_personnelle et une marchandise. Dans ce systĂšme, il nous est constamment demandĂ© de « rester positif », de « faire face » et de « rĂ©ussir malgrĂ© les difficultĂ©s », en particulier dans des contextes d’injustice sociale et Ă©conomique. L’idĂ©e de la « #rĂ©silience », souvent vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias et les institutions, devient un impĂ©ratif moral : si vous Ă©chouez Ă  ĂȘtre heureux malgrĂ© les adversitĂ©s, c’est de votre faute. Cette pression constante pour gĂ©rer nos Ă©motions comme une #performance_individuelle fait partie d’un processus plus large d’#aliĂ©nation_Ă©motionnelle. En d’autres termes, nous sommes poussĂ©s Ă  croire que nos Ă©motions et notre bien-ĂȘtre sont des Ă©lĂ©ments que nous pouvons maĂźtriser par la #volontĂ© seule, alors qu’ils sont en rĂ©alitĂ© fortement influencĂ©s par les conditions sociales et Ă©conomiques. Cela nous empĂȘche de voir que nos luttes intĂ©rieures ne sont pas des dĂ©faillances, mais des rĂ©ponses normales Ă  des systĂšmes qui ne rĂ©pondent pas aux besoins fondamentaux des individus.
    Le #capitalisme_Ă©motionnel est donc un outil de contrĂŽle social, car il dĂ©tourne notre attention des causes profondes de notre #mal-ĂȘtre (injustices sociales, prĂ©caritĂ©, discriminations) et nous fait croire que notre souffrance est une question d’#aptitude_personnelle Ă  surmonter les Ă©preuves. Cela crĂ©e un sentiment de culpabilitĂ©, car on nous fait porter la #responsabilitĂ© de nos Ă©motions et de notre rĂ©silience, sans jamais questionner les #structures_sociales qui alimentent cette #souffrance.

    Construire une santĂ© mentale collective : la santĂ© mentale comme #bien_commun

    Pour dĂ©passer les limites de l’individualisme, il est essentiel de repenser la santĂ© mentale comme un bien commun. Plusieurs initiatives inspirĂ©es des luttes fĂ©ministes et des communautĂ©s marginalisĂ©es ont dĂ©montrĂ© que des structures communautaires de soutien peuvent offrir des solutions alternatives. Par exemple, les centres sociaux autogĂ©rĂ©s ou les rĂ©seaux d’entraide pour les travailleurs prĂ©caires permettent de crĂ©er des espaces oĂč les personnes peuvent partager leurs expĂ©riences et trouver du soutien, loin des logiques de consommation des soins traditionnels. Ces espaces permettent de reconstruire des liens sociaux, de se soutenir mutuellement et de remettre en question l’#isolement imposĂ© par les structures capitalistes.

    DĂ©politiser l’#aide_psychologique individuelle pour la repolitiser

    L’accĂšs aux #soins_psychologiques n’est pas Ă©galitaire. Pour beaucoup, les thĂ©rapies sont hors de portĂ©e, soit en raison des coĂ»ts, soit Ă  cause de l’absence de structures accessibles dans certains quartiers ou pour certaines populations. De plus, tous les thĂ©rapeutes ne partagent pas nĂ©cessairement une vision progressiste ou collective de la #santĂ©_mentale. Il est donc essentiel de ne pas considĂ©rer la #thĂ©rapie comme une solution unique ou universelle Ă  des problĂšmes sociaux qui sont avant tout politiques.
    PlutĂŽt que de pathologiser systĂ©matiquement les effets du systĂšme sur les individus, il est plus pertinent de reconnaĂźtre que les #souffrances_psychologiques, dans de nombreux cas, sont des rĂ©ponses normales Ă  des conditions sociales et Ă©conomiques injustes. Cependant, cela ne veut pas dire que la santĂ© mentale doit ĂȘtre entiĂšrement politisĂ©e de maniĂšre simpliste ou que l’on doit jouer aux « apprentis sorciers » de la #psychiatrie. L’enjeu est de comprendre qu’un #soutien_psychologique efficace doit tenir compte du contexte social et des inĂ©galitĂ©s qui peuvent fragiliser un individu. Les modĂšles de soutien collectifs, comme les #thĂ©rapies_communautaires ou les initiatives de santĂ© mentale qui se nourrissent des #luttes_sociales (fĂ©ministes, anticapitalistes, etc.), offrent des alternatives intĂ©ressantes. Elles ne visent pas Ă  remplacer les #soins_individuels mais Ă  complĂ©ter une approche qui permet de sortir de l’isolement, de reconnaĂźtre la dimension sociale des souffrances et d’offrir des #espaces_d’entraide oĂč les individus peuvent se sentir soutenus collectivement.

    L’action politique comme remùde à l’impuissance

    Redonner un sens Ă  l’action collective est essentiel pour contrer le #sentiment_d’impuissance que beaucoup de personnes ressentent face aux injustices sociales. Participer Ă  des #mouvements_sociaux peut ĂȘtre un moyen puissant de reconstruire l’#espoir et de lutter contre l’isolement. Cependant, il est important de souligner qu’il n’y a aucune culpabilitĂ© Ă  ne pas ĂȘtre impliquĂ© dans ces actions. Chacun Ă©volue Ă  son rythme, et l’#engagement_politique ne doit pas ĂȘtre un fardeau supplĂ©mentaire. Ce qui est essentiel, c’est d’ĂȘtre conscient des dynamiques collectives et de comprendre que, mĂȘme si l’engagement direct dans les luttes peut sembler difficile ou Ă©puisant, il existe des façons diverses et variĂ©es de soutenir la justice sociale. Il n’est pas nĂ©cessaire de rĂ©pondre Ă  une injonction de « se bouger le cul » pour se sentir utile. Beaucoup de personnes, Ă©ssorĂ©.e.s par des oppressions systĂ©miques telles que la toxicitĂ© managĂ©riale, le racisme, le validisme ou les violences faites aux personnes LGBTQIA+, peuvent se retrouver dans une situation de souffrance oĂč chaque geste peut sembler trop lourd. La #solidaritĂ© ne se limite pas Ă  l’action visible ; elle peut aussi passer par la crĂ©ation d’espaces de soutien, le partage d’informations, ou simplement par l’écoute et la comprĂ©hension. L’important est de trouver des moyens de participer, Ă  son rythme et selon ses capacitĂ©s.

    Les victoires obtenues par des mouvements sociaux, comme l’augmentation du salaire minimum ou la reconnaissance des droits des travailleurs, ont un impact psychologique direct : elles brisent le sentiment d’impuissance et rappellent qu’il est possible de transformer la rĂ©alitĂ©. Ces victoires, bien qu’elles puissent sembler petites Ă  l’échelle globale, nourrissent l’espoir et renforcent la solidaritĂ©. Faire de la #justice_sociale une condition de la santĂ© mentale implique de revendiquer des #politiques_publiques qui rĂ©duisent les inĂ©galitĂ©s et permettent Ă  chacun de vivre dignement. Des propositions telles que l’accĂšs gratuit aux soins psychologiques sont des leviers importants pour garantir une santĂ© mentale collective et Ă©mancipĂ©e.

    Les mĂ©canismes psychologiques qui nous poussent Ă  #accepter_l’inacceptable ne sont ni inĂ©vitables ni figĂ©s. En comprenant mieux ces biais, en dĂ©cryptant l’effet de normalisation et en reconnaissant l’impact de l’individualisation des problĂšmes sociaux, nous pouvons dĂ©mystifier cette #rĂ©signation_collective. Nous avons le pouvoir de dĂ©construire ces dynamiques Ă  travers l’éducation, la solidaritĂ© et, surtout, l’action collective. Ce processus n’est pas facile, mais il est possible. Changer de regard sur les inĂ©galitĂ©s, c’est dĂ©jĂ  commencer Ă  les transformer. Ce n’est pas un effort solitaire, mais une dĂ©marche collective, qui commence par la reconnaissance des souffrances et la volontĂ© d’agir ensemble pour y remĂ©dier.

    â–șhttps://www.frustrationmagazine.fr/pourquoi-acceptons-nous-l-inacceptable

    #invisibilisation #accĂšs_aux_soins #psychologie

    dĂ©jĂ  signalĂ© par @gorekhaa :
    ▻https://seenthis.net/messages/1092977

  • Palestine. La recherche au dĂ©fi du discours colonial - LeĂŻla Seurat
    ▻https://orientxxi.info/magazine/palestine-la-recherche-au-defi-du-discours-colonial,7902

    Cet article a Ă©tĂ© initialement rĂ©digĂ© pour le numĂ©ro spĂ©cial de la revue Questions Internationales consacrĂ© aux Palestiniens. Il s’agit d’une publication de la Documentation française, Ă©diteur relevant du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du gouvernement. AprĂšs plusieurs Ă©changes avec l’équipe de rĂ©daction pour qui le papier rĂ©pondait parfaitement aux attentes de la revue, il a finalement Ă©tĂ© retirĂ© du numĂ©ro la veille de l’impression, au motif qu’il n’était pas suffisamment « pĂ©dagogique » pour satisfaire les attentes de son lectorat gĂ©nĂ©raliste sur un dossier « complexe ». Orient XXI le publie ici.

    #censure #libertés_académiques

  • Ariane Lavrilleux : « La loi sur le secret des sources est utilisĂ©e aujourd’hui pour identifier, traquer ces sources » | France Inter
    ▻https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-vendredi-17-janvier-2025-6368819

    « J’ai pu constater tous les actes qu’avait demandĂ© la justice aux enquĂȘteurs de la DGSI, donc des services de renseignement qui sont d’ordinaire chargĂ©s de dĂ©jouer des attentats. LĂ , ils ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s pendant des mois pour traquer une journaliste, traquer ses moindres faits et gestes, ses rendez-vous privĂ©s, ses dĂ©placements professionnels. J’ai Ă©tĂ© suivie dans le tramway, en train d’aller donner des cours de journalisme Ă  Montpellier, Ă  une confĂ©rence de journalistes en Belgique (...) Tout ça pour essayer de trouver qui avait informĂ© Disclose, qui avait permis Ă  Disclose de rĂ©vĂ©ler des informations d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. qui n’ont jamais portĂ© atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© française, Ă  la sĂ©curitĂ© de l’État, et jamais mis en danger des militaires », explique la journaliste d’investigation.

    Cela signifie-t-il, selon elle, que le journalisme d’enquĂȘte est de plus en plus criminalisĂ© ? « Oui, et pas seulement d’enquĂȘte. Vous pouvez ĂȘtre perquisitionnĂ©, placĂ© en garde Ă  vue (...) parce qu’un juge a dĂ©cidĂ© qu’il y avait un impĂ©ratif prĂ©pondĂ©rant d’intĂ©rĂȘt public (...) et qu’il cherche Ă  identifier des sources », affirme-t-elle, rappelant que depuis 2010, 27 journalistes ont Ă©tĂ© convoquĂ©s par la DGSI ou placĂ©s en garde Ă  vue. « C’est une loi qui en thĂ©orie sert Ă  protĂ©ger les sources, les gens qui informent les journalistes, et aujourd’hui elle est utilisĂ©e pour essayer de les identifier, de traquer ces personnes courageuses. Cela montre qu’il faut rĂ©former cette loi ».

  • Éditorial. Un soulagement, beaucoup d’interrogations
    Orient XXI > Alain Gresh > Sarra Grira > 17 janvier 2025
    ▻https://orientxxi.info/magazine/un-soulagement-beaucoup-d-interrogations,7925

    (...) L’argument avancĂ© par l’administration dĂ©mocrate Ă©tait qu’IsraĂ«l ne cĂšde jamais aux pressions. En quelques jours, Donald Trump a prouvĂ© le contraire. Il a imposĂ© un texte dont les grandes lignes (et les dĂ©tails) sont les mĂȘmes que celui proposĂ© il y a huit mois. Point d’illusions toutefois quant Ă  ce marchĂ© de dupes : si le futur prĂ©sident amĂ©ricain tient absolument Ă  se targuer d’un succĂšs diplomatique obtenu juste Ă  temps pour sa cĂ©rĂ©monie d’investiture, il ne compte pas pour autant tourner le dos au gouvernement israĂ©lien d’extrĂȘme droite. Ce qu’il retire d’une main Ă  IsraĂ«l Ă  Gaza, Trump pourrait le rendre abondamment, si on en croit des articles de la presse israĂ©lienne, en Cisjordanie, oĂč les colons pourront continuer Ă  agir, plus que jamais, en totale impunitĂ©. D’une Ă©puration ethnique Ă  l’autre. (...)

  • « S’il y a un cessez-le-feu, que feriez-vous en premier ? » - Rami Abou Jamous
    â–șhttps://orientxxi.info/magazine/s-il-y-a-un-cessez-le-feu-que-feriez-vous-en-premier,7919
    Un texte bouleversant. La conclusion :

    AprĂšs le cessez-le-feu, ce ne sera pas le retour Ă  la vie. Ce sera une deuxiĂšme guerre. Nous sommes si psychologiquement atteints que mĂȘme si nous savons qu’un cauchemar nous attend, nous le dĂ©sirons. Il faudrait qu’un psychiatre m’explique comment nous en sommes arrivĂ©s lĂ . AprĂšs le cessez-le-feu, nous ne vivrons pas une vraie vie. La machine de guerre se sera arrĂȘtĂ©e, mais il y aura toujours le blocus, la reconstruction prendra plusieurs annĂ©es, le risque de famine persistera parce qu’il sera impossible de livrer tous les vivres nĂ©cessaires d’un seul coup. Personne ou presque n’ayant plus les moyens d’acheter de la nourriture, nous dĂ©pendrons Ă  100 % de l’aide humanitaire. Une aide qui sera toujours contrĂŽlĂ©e par IsraĂ«l. Nous rĂȘvons d’un cauchemar crĂ©Ă© par les IsraĂ©liens.

  • Valls, la synthĂšse parfaite de la trahison socialiste
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/manuel-valls

    Manuel Valls, dĂ©sormais ministre des Outre-mer, est l’une des figures les plus cĂ©lĂšbres de la scĂšne politique française. Contrairement Ă  la majoritĂ© des ministres actuels, dont on peine Ă  se rappeler des noms et des visages, Valls est connu de tous. Sa notoriĂ©tĂ© repose sur un rejet quasi unanime. Je n’ai jamais rencontrĂ© personne capable [
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