marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Computing, You Have Blood on Your Hands! | Moshe Y. Vardi (ACM)
    ▻https://cacm.acm.org/magazines/2024/1/278892-computing-you-have-blood-on-your-hands/fulltext

    It is time for all computing professionals to accept responsibility for computing’s current state. To use Star Wars metaphors, we once considered computing as the “Rebels,” but it turns out that computing is the “Empire.” Admitting we have a problem is a necessary first step toward addressing the problems computing has created.


  • Lettre ouverte du monde de la culture
    à Emmanuel Macron, Président de la République, pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.

    ▻https://laculturepouruncessezlefeu.org

    Monsieur le Président,

    Notre humanité, et le sens que nous lui donnons, se défait chaque jour un peu plus.

    C’est avec un effroi et une douleur immense que nous voyons se dĂ©rouler une catastrophe insoutenable Ă  Gaza. Ce monde dont on nous tend aujourd’hui le miroir, nous n’y croyons pas plus que nous ne le voulons.

    Nous, citoyennes et citoyens, membres du monde de la culture, appelons Ă  la reconnaissance des droits de tout ĂȘtre humain. Nous rappelons qu’ils sont universels et inconditionnels. Nous disons l’impossible justification morale des immenses dĂ©sastres, humains, matĂ©riels, et Ă©thiques, qui gisent Ă  Gaza, dĂ©sormais dĂ©crite par un reprĂ©sentant de l’ONU comme « l’enfer sur terre *1 ». Exiger la fin d’un massacre et le respect des droits fondamentaux des ĂȘtres humains ne peut pas prĂȘter Ă  controverse quand l’Histoire nous a appris le prix du silence.

    Nous, de toutes les origines et de toutes les confessions, unis par la condamnation de cette catastrophe, vous adressons cette lettre et vous demandons de tout mettre en Ɠuvre pour que ce massacre cesse. Nous vous demandons, Monsieur le PrĂ©sident, d’agir, de vous faire la voix de notre dĂ©saccord, de notre rĂ©vulsion, et de notre espoir. Cette lettre vous appelle Ă  votre devoir. Nous nous lĂšverons, nous manifesterons, nous Ă©crirons, nous interpellerons, nous nous rĂ©unirons, jusqu’à ce qu’il y ait les signes d’un nouveau jour. (...)

  • Images de guerre : l’arme des faibles - Par AndrĂ© Gunthert | ArrĂȘt sur images
    â–șhttps://www.arretsurimages.net/chroniques/le-regard-oblique/images-de-guerre-larme-des-faibles

    Cette chronique d’AndrĂ© Gunthert, Ă  propos de la circulation des images de guerre en Ukraine et Ă  Gaza, devait ĂȘtre publiĂ©e dans le mĂ©dia spĂ©cialiste de la photographie « Fisheye Magazine ». Mais le mĂ©dia l’a supprimĂ©e Ă  la veille de l’envoi du magazine Ă  son imprimeur, comme nous le racontons dans cet article. Nous la publions donc en intĂ©gralitĂ©, sans retouche.

    Tu m’étonnes que sa tribune n’a pas Ă©tĂ© publiĂ©e. Elle reprend tous les Ă©lĂ©ments Ă  charge contre l’état israĂ©lien.

    Gaza : « Fisheye » censure une chronique critique envers IsraĂ«l - Par Loris GuĂ©mart | ArrĂȘt sur images
    ▻https://www.arretsurimages.net/articles/gaza-fisheye-censure-une-chronique-critique-envers-israel

    Mise en abyme spectaculaire du propos mĂȘme du texte du chercheur

  • Rien de bon ne vient de la France | Mbaye Lo
    ▻https://www.ritimo.org/Rien-de-bon-ne-vient-de-la-France

    La France n’est pas un problĂšme nouveau pour l’Afrique. Depuis le XIXe siĂšcle, elle fait obstacle Ă  l’autodĂ©termination du continent. (...) Le problĂšme va au-delĂ  de l’aspect Ă©conomique et englobe aussi des dimensions culturelles et Ă©ducatives. Les critiques libĂ©rales de la domination culturelle française ont tendance Ă  traiter l’Afrique avec condescendance : elles dĂ©nigrent souvent l’influence de la France, mais Ă©chouent Ă  fournir une feuille de route claire pour la libĂ©ration. De nombreuses Ă©lites tirent leur inspiration du livre de Frantz Fanon Les damnĂ©s de la terre, mais n’annoncent pas pour autant d’étapes concrĂštes pour dĂ©manteler l’hĂ©gĂ©monie Ă©conomique de la France dans la rĂ©gion. Source : Africa is a (...)

  • Palestine : naufrage et asphyxie du dĂ©bat public
    ▻https://www.acrimed.org/Palestine-naufrage-et-asphyxie-du-debat-public

    Retour sur deux mois d’un traitement mĂ©diatique indigne.

    Dans sa guerre coloniale sans merci infligĂ©e aux Palestiniens, l’État d’IsraĂ«l tue une majoritĂ© de civils, dans une proportion et avec une rapiditĂ© plus importantes que lors des attaques amĂ©ricaines les plus intenses en Afghanistan, en Syrie ou en Irak, insiste le New York Times [1]. Le 12 dĂ©cembre, dans les pas de nombreux acteurs parmi lesquels l’historien israĂ©lien Raz Segal et plusieurs experts de l’ONU [2], la FĂ©dĂ©ration internationale pour les droits humains adoptait une rĂ©solution « reconnaissant les actions d’IsraĂ«l contre le peuple palestinien comme Ă©tant un "gĂ©nocide en cours" ». Plus de 19 000 morts Ă  Gaza selon les donnĂ©es du ministĂšre de la SantĂ© du Hamas – dont The Lancet rĂ©affirma qu’elles n’étaient pas surestimĂ©es et « relev[a] mĂȘme des bilans sous-estimĂ©s » [3] –, parmi lesquels plus de 5 350 enfants d’aprĂšs l’Unicef, qui recense en outre au moins 9 000 enfants blessĂ©s et 3 500 autres portĂ©s disparus [4].

    Gaza est dĂ©vastĂ©e. Des zones urbaines gigantesques sont dĂ©sormais inhabitables. Les ONG dĂ©nombrent prĂšs d’1,9 million d’habitants contraints aux dĂ©placements forcĂ©s. Famine et Ă©pidĂ©mies surviennent Ă  mesure que persiste le siĂšge israĂ©lien. Le systĂšme de santĂ© a pĂ©riclitĂ©. Un tapis de bombes s’abat sans discontinuer sur l’enclave, dĂ©truisant toujours davantage d’habitations, d’hĂŽpitaux, d’établissements scolaires et de lieux culturels dont, rĂ©cemment, le siĂšge des archives de Gaza, symptĂŽme parmi d’autres d’un projet de « destruction de la culture du peuple palestinien » [5]. Des dizaines de journalistes ont Ă©tĂ© tuĂ©s. La seule UNRWA (agence onusienne pour les rĂ©fugiĂ©s palestiniens) compte 134 morts parmi ses employĂ©s [6]. Et la crainte est rĂ©elle, ainsi que l’étaye Gilbert Achcar dans Le Monde diplomatique, « que la guerre en cours ne dĂ©bouche [...] sur une nouvelle nakba, comme les Palestiniens l’ont trĂšs tĂŽt pressenti et comme l’ont ouvertement annoncĂ© des politiciens israĂ©liens, avec Ă  la clĂ© un problĂšme de rĂ©fugiĂ©s sur le sol Ă©gyptien ou, tout au moins, de "dĂ©placĂ©s internes" dans des camps au sud de Gaza. » [7] Quant Ă  la Cisjordanie, l’AutoritĂ© palestinienne y recense plus de 260 Palestiniens tuĂ©s par les colons et l’armĂ©e depuis le 7 octobre alors que s’intensifient les agressions et les spoliations rĂ©pondant aux souhaits d’une annexion du territoire occupĂ© planifiĂ©e par le gouvernement israĂ©lien [8].

    Face Ă  un tel carnage, la complaisance, l’indiffĂ©rence, la partialitĂ©, l’occidentalo-centrisme et le dĂ©ni de nombreux grands mĂ©dias français n’en finissent plus de sidĂ©rer. Et s’ils ne sauraient ĂȘtre uniformĂ©ment frappĂ©s d’un mĂȘme sceau d’indignitĂ©, loin de lĂ , les exemples Ă  l’appui de l’incurie du dĂ©bat public français sont lĂ©gion.

    Au service d’une « guerre juste »

    Pendant les semaines ayant suivi les massacres du 7 octobre, les mĂ©dias dominants se sont massivement fait le relai de la propagande de guerre israĂ©lienne. L’idĂ©e d’une riposte « inĂ©luctable » et « lĂ©gitime » a constituĂ© l’alpha et l’omĂ©ga du dĂ©bat autorisĂ©, ostracisant les appels au cessez-le-feu et disqualifiant les marques de solidaritĂ© envers le peuple palestinien, suspectĂ©es de bienveillance Ă  l’égard du Hamas et/ou de soutien au terrorisme.

    Les prĂ©parations et l’armement des soldats israĂ©liens firent l’objet de reportages Ă©crits et audiovisuels suintant la fascination morbide. L’offensive terrestre fut feuilletonnĂ©e et les bombardements, minimisĂ©s, faisant office de simples dĂ©corums de plateaux ou commentĂ©s comme une action « annexe » Ă  ce qui constituerait, dans un futur proche, la « vĂ©ritable » rĂ©ponse israĂ©lienne.

    La question de la conduite d’une guerre par un gouvernement d’extrĂȘme droite fut bien souvent euphĂ©misĂ©e, ou simplement esquivĂ©e par un commentariat « militaire » omniprĂ©sent, renforçant la dĂ©politisation d’un rĂ©cit mĂ©diatique structurellement Ă©tanche Ă  l’analyse de l’oppression coloniale depuis des dĂ©cennies. Au lendemain du 7 octobre, le cadrage mĂ©diatique fut donc rĂ©solument hostile Ă  toute forme de contextualisation historique des massacres perpĂ©trĂ©s par le Hamas, taxĂ©e de perspective relativiste ou « monstrueuse ». Un espace-temps mĂ©diatique figĂ©, dans lequel se sont dissous les uns aprĂšs les autres, presque instantanĂ©ment, les crimes de guerre israĂ©liens.

    PĂ©trie de partis pris et d’inculture, l’information se mit au garde-Ă -vous face au gouvernement français, dont les dĂ©clarations et les positions diplomatiques furent longtemps – et restent souvent – exemptĂ©es de toute critique digne de ce nom. De la mĂȘme maniĂšre, les positions des gouvernements occidentaux, alignĂ©s pour la plupart d’entre eux sur le soutien indĂ©fectible des États-Unis Ă  Benyamin Netanyahou – notamment leur rĂŽle majeur dans l’approvisionnement Ă  flux tendu de l’armĂ©e israĂ©lienne en munitions lourdes – ne furent discutĂ©es qu’à la marge dans le commentaire « gĂ©opolitique », lequel fut largement polluĂ© par la surreprĂ©sentation d’experts dĂ©criĂ©s par une partie de la sphĂšre universitaire, en plus de l’omniprĂ©sence, en particulier sur les chaĂźnes de commentaire, d’acteurs militaires et de porte-parole de l’armĂ©e israĂ©lienne aux dĂ©pens, notamment, des voix palestiniennes.

    À mesure que le nombre de morts gazaouis Ă©tait relativisĂ© et que la dĂ©shumanisation des vies palestiniennes se normalisait dans les rĂ©cits journalistiques – dĂ©personnalisĂ©es, criminalisĂ©es ou rĂ©duites Ă  des « victimes collatĂ©rales » –, les arbitres de la compassion lĂ©gitime s’érigĂšrent le droit de sonder les cƓurs de leurs opposants, clouĂ©s au pilori pour un dĂ©faut supposĂ© d’empathie Ă  l’égard des victimes israĂ©liennes et des otages. Dans le mĂȘme temps, ces combattants autoproclamĂ©s de la « raison » jonglĂšrent avec les invitations de l’audiovisuel privĂ© et public pour exonĂ©rer l’État israĂ©lien de toute responsabilitĂ© dans la mort dĂ©crĂ©tĂ©e « involontaire » des enfants palestiniens sous les bombes.

    En dĂ©pit d’une diffusion rĂ©pĂ©tĂ©e de fausses informations et d’appels va-t’en-guerre, la tĂ©lĂ©vision de propagande i24News – ayant nettement impactĂ© le traitement de BFM-TV, chaĂźne du mĂȘme groupe (Altice) – ne vit jamais sa lĂ©gitimitĂ© questionnĂ©e, ni par l’Arcom, ni par les pouvoirs publics. Parfois dans sa roue, rĂ©dactions et commentateurs ont diffusĂ© sans aucun recul de faux tĂ©moignages [9] Ă  propos des atrocitĂ©s commises le 7 octobre, sur lesquels LibĂ©ration a enquĂȘtĂ©, ayant pour certains « irriguĂ© la presse mondiale, ainsi que les dĂ©clarations de responsables politiques occidentaux ». En France, la fake news des quarante bĂ©bĂ©s tuĂ©s et dĂ©capitĂ©s a par exemple Ă©tĂ© largement diffusĂ©e sans le moindre filtre.

    Enfin, et comme toujours par temps de guerre, si les conditions d’enquĂȘte sont contraintes, on ne peut que dĂ©plorer la marginalisation d’informations et de reportages d’envergure s’agissant des traitements dĂ©gradants et inhumains – parfois filmĂ©s par l’armĂ©e israĂ©lienne elle-mĂȘme – infligĂ©s Ă  des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie, dont certains ont pourtant Ă©tĂ© Ă©tayĂ©s par des ONG, mĂ©dias ou agences de presse français [10] et mis en lumiĂšre par des acteurs du soutien au peuple palestinien s’exprimant sur les rĂ©seaux sociaux, oĂč circulent des images vĂ©rifiĂ©es qui n’auront jamais percĂ© les Ă©crans des grandes tĂ©lĂ©visions.

    Quant au journalisme politique, il a jouĂ© chaque jour Ă  guichet fermĂ© l’affligeant spectacle de sa mĂ©diocritĂ©. Deux mois passĂ©s Ă  diaboliser La France insoumise – tout en mĂ©nageant la place de l’extrĂȘme droite au sein du cercle dit « rĂ©publicain » –, rabĂąchant Ă  la lettre les mĂȘmes invectives contre son positionnement originel certes discutable et critiquable, mais pourtant explicitĂ© publiquement des dizaines de fois. Deux mois Ă  ne prĂ©senter les argumentaires de ce courant politique qu’au prisme de leurs visĂ©es stratĂ©giques fantasmĂ©es ou de leurs intentions supposĂ©es – forcĂ©ment coupables. Deux mois Ă  multiplier les interrogatoires entretenant volontairement la dĂ©sinformation et les stigmates. Deux mois Ă  abĂźmer le traitement nĂ©cessaire de l’antisĂ©mitisme en traquant ce flĂ©au dans toute dĂ©claration critiquant les pressions et la politique israĂ©lienne, au point que BFM-TV manipula les dĂ©clarations d’un ancien Premier ministre. Deux mois Ă  arbitrer les Ă©lĂ©gances en imputant principalement Ă  la gauche la responsabilitĂ© d’une dĂ©gradation du dĂ©bat public et d’une violence verbale et symbolique dont certains commentateurs ont pourtant dĂ©ployĂ© les formes les plus crasses en continu, et ce, dans des dispositifs construits sur (et pour) le business du clash.

    Face Ă  la catastrophe humanitaire en cours Ă  Gaza, et au fil des multiples cris d’alarmes lancĂ©s notamment par les ONG humanitaires, les agences et le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU, nombre d’interlocuteurs ont petit Ă  petit rĂ©ussi Ă  crĂ©er des brĂšches dans le mur de la propagande israĂ©lienne. L’histoire des « boucliers humains », le conte de l’armĂ©e « morale » attachĂ©e Ă  « prĂ©venir » et Ă  « prĂ©server les civils » en leur garantissant des « couloirs humanitaires », la fable des consĂ©quences meurtriĂšres « non intentionnelles » des bombardements, etc. ne se racontent plus aussi facilement. Toutefois, la permanence de tels Ă©lĂ©ments de langage dans le dĂ©bat public – oĂč ces derniers, loin d’ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement disqualifiĂ©s, ont encore libre cours – tĂ©moigne des frontiĂšres pour le moins Ă©tanches qui sĂ©parent les chefferies Ă©ditoriales des rĂ©alitĂ©s de terrain, celles-lĂ  mĂȘmes qui « pollue[nt] l’esprit de l’éditorialiste » selon l’adage dĂ©sormais bien connu de Christophe Barbier [11] ; mais aussi, de leur adhĂ©sion idĂ©ologique – sans qu’elle soit toujours prĂ©sentĂ©e et pensĂ©e comme telle – au rĂ©cit d’une « guerre de civilisation » du Bien, menĂ©e par l’État d’IsraĂ«l pour la dĂ©fense des « valeurs occidentales ». EndossĂ© par nombre de gouvernements occidentaux, ce cadrage s’est imposĂ© d’autant plus « naturellement » dans la sphĂšre mĂ©diatique française que cette derniĂšre n’en finit pas de se droitiser et de tolĂ©rer les problĂ©matiques et les mots d’ordre de l’extrĂȘme droite, Ă  mesure que dĂ©rivent les classes dirigeantes.

    Face Ă  cela, et mĂȘme si les jours qui passent s’accompagnent d’une moindre voire d’une sous-mĂ©diatisation de la guerre en cours, en particulier dans l’audiovisuel, les brĂšches existent bel et bien. Mais elles s’avĂšrent encore insuffisantes pour inflĂ©chir structurellement nombre de lignes Ă©ditoriales et pour pouvoir considĂ©rer ces derniĂšres Ă  la hauteur de la situation historique.

    RĂ©sister au maccarthysme

    Ainsi le pĂ©rimĂštre du dĂ©bat public sur la situation au Proche-Orient a-t-il Ă©tĂ© passablement contraint. Des pressions retentissent et se rĂ©percutent sur l’ensemble des terrains oĂč sont censĂ©s se jouer les Ă©changes d’idĂ©es : le milieu universitaire, les secteurs associatifs et militants, les lieux culturels, les institutions de la reprĂ©sentation politique, les rĂ©seaux sociaux et, bien sĂ»r, les mĂ©dias traditionnels.

    Parce qu’ils sont de facto la vitrine de masse et les principaux co-organisateurs du dĂ©bat public, ces derniers ont un rĂŽle majeur dans le rabougrissement de la parole autorisĂ©e et la pauvretĂ© de l’information politique, comme dans le climat maccarthyste qui entrave et tĂ©tanise depuis plusieurs semaines des chercheurs, des militants, des journalistes et des citoyens.

    Le 15 novembre, un millier d’universitaires spĂ©cialistes des sociĂ©tĂ©s du Moyen-Orient et des mondes arabes dĂ©nonçaient dans une tribune des « faits graves de censure » et d’« intimidations » ayant cours dans l’espace public. Renonçant pour beaucoup Ă  s’engager sur un terrain mĂ©diatique oĂč triomphent les fast-thinkers et « des collĂšgues non spĂ©cialistes [ayant], quant Ă  elles et eux, pu librement multiplier tribunes, articles et communiquĂ©s sans rĂ©elle contradiction », ces universitaires pointent l’« annulation d’évĂ©nements scientifiques » et une « police de la pensĂ©e [...] dans le monde acadĂ©mique français » comme autant de manifestations d’une « rĂ©pression des paroles et d’expressions de pensĂ©es non hĂ©gĂ©moniques ».

    RĂ©pression Ă  laquelle il convient d’ajouter l’ostracisation et la dĂ©programmation d’artistes, d’humoristes et d’intellectuels, les interdictions et les attaques de manifestations en soutien au peuple palestinien – qu’il s’agisse d’évĂ©nements, de marches ou de rassemblements –, les pressions politiques et judiciaires contre des militants, les sanctions de chefferies Ă©ditoriales contre des journalistes. Un climat de peur intellectuelle qui, partout, aura gĂ©nĂ©rĂ© des phĂ©nomĂšnes d’autocensure mais Ă©galement des craintes, un isolement et une sensation d’impuissance aux effets extrĂȘmement dĂ©lĂ©tĂšres, tant Ă  l’échelle collective qu’individuelle.

    Bien entendu, les mĂ©dias dominants demeurent aveugles et sourds Ă  un phĂ©nomĂšne qu’ils contribuent Ă  alimenter. Une nouvelle fois, les alertes et les enquĂȘtes sont marginalisĂ©es [12], quand bien mĂȘme les atteintes Ă  la libertĂ© d’expression ont Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©es par des organisations de dĂ©fense des droits humains [13] ou, Ă  l’échelle internationale, par plusieurs experts des Nations Unies : « Les appels pour la fin des violences et des attaques Ă  Gaza, pour un cessez-le-feu humanitaire ou pour la critique des politiques et des actions du gouvernement israĂ©lien ont Ă©tĂ©, dans de trop nombreux contextes, assimilĂ©s Ă  tort Ă  un soutien au terrorisme ou Ă  l’antisĂ©mitisme. Cela Ă©touffe la libertĂ© d’expression, y compris l’expression artistique, et crĂ©e une peur de participer Ă  la vie publique » [14].

    OĂč se trouvent dĂ©sormais les faux impertinents qui tapissaient il y a quelques mois encore la Une de leurs hebdomadaires de cris d’alarme contre la « cancel culture » ? Sur quels plateaux retentit le concert d’indignation des dĂ©tracteurs professionnels de la « nouvelle censure » ? Aux abonnĂ©s absents, ces fabricants de peurs sont en partie, aujourd’hui, ceux-lĂ  mĂȘmes qui cimentent la chape de plomb.

    En pĂ©riode de crise, les chefferies mĂ©diatiques serrent les rangs et les commentateurs les plus en vue mettent Ă  jour, d’une maniĂšre plus flagrante encore que d’ordinaire, le rĂŽle d’acteurs politiques qu’ils incarnent et endossent dans l’espace public. La guerre au Proche-Orient en a donnĂ© une illustration spectaculaire. Et son traitement mĂ©diatique, tant du point de vue de l’information internationale que du commentaire de « l’actualitĂ© » du champ politique français, ne s’inscrit pas dans un terrain vierge. Il hĂ©rite, au contraire, d’une dĂ©sertion – matĂ©rielle, informationnelle et intellectuelle – de la rĂ©gion par la plupart des rĂ©dactions françaises avant le 7 octobre. Il pĂątit, Ă©galement, d’un suivisme Ă  l’égard de l’agenda gouvernemental et de contraintes Ă©conomiques qui asphyxient les conditions de production de l’information – de surcroĂźt concrĂštement empĂȘchĂ©es Ă  Gaza – et alimentent la « low-costisation » du dĂ©bat public. Il manifeste, enfin, l’hĂ©gĂ©monie persistante du « cercle de la raison » et les effets de plusieurs dĂ©cennies de normalisation mĂ©diatique de l’extrĂȘme droite. Une extrĂȘme droite dont les visions du monde infusent dans les cadrages de l’information, et qui est parvenue Ă  doper nombre de sĂ©quences d’emballements dont les effets se mesurent encore aujourd’hui – dans la sĂ©quence actuelle, il n’est par exemple pas inutile de penser au lourd hĂ©ritage des cabales successives de la scĂšne politico-mĂ©diatique contre « l’islamo-gauchisme » entre 2020 et 2022 [15].

    Ainsi, si la guerre au Proche-Orient a d’ores et dĂ©jĂ  profondĂ©ment reconfigurĂ© la sociĂ©tĂ© et le champ politique français – et y laissera des traces indĂ©lĂ©biles –, elle restera aussi dans les mĂ©moires tout Ă  la fois comme un symptĂŽme et un accĂ©lĂ©rateur de la droitisation, de l’occidentalo-centrisme et de la lĂąchetĂ© d’une (grande) partie des mĂ©dias dominants.

    Post-scriptum : Difficile de conclure ce texte sans rendre un hommage appuyĂ© aux nombreux journalistes palestiniens, mais aussi aux journalistes français et internationaux qui tentent de faire leur travail dignement. Celles et ceux qui, sur place ou non, gardent les pratiques de reportage et d’enquĂȘte chevillĂ©es au corps pour le droit d’informer, malgrĂ© l’adversitĂ© des terrains et la duretĂ© de leurs rĂ©alitĂ©s. Celles et ceux qui militent publiquement pour ouvrir Gaza aux reporters. Celles et ceux qui Ă©lĂšvent la voix pour appeler Ă  « la fin des crimes d’IsraĂ«l ». Celles et ceux qui envoient des lettres comme des grains de sable Ă  leurs consƓurs et confrĂšres qui ne sont pas encore morts sous les bombes.

    • « Bye bye Fisheyelemag ! Ma 62e chronique pour le magazine photo ne paraĂźtra pas : elle parlait des images de Gaza, qui contredisent le rĂ©cit propagandiste israĂ©lien. Triste fin pour ce qui fut une belle collaboration et un passionnant observatoire.

      Cette censure inattendue confirme malheureusement l’analyse d’Acrimed sur le traitement mĂ©diatique de la guerre israĂ©lienne. Oubliez la mauvaise plaisanterie de la ’’culture cancel’’ woke : c’est une chape de plomb qui s’est abattue sur le paysage culturel. »

      ▻https://twitter.com/gunthert/status/1737744666882195859

    • Ma 62e chronique pour le magazine Fisheye ne paraĂźtra pas. Elle parlait du retour des images de guerre dans notre actualitĂ©, et bien sĂ»r de Gaza. D’abord acceptĂ© par le rĂ©dacteur en chef Eric Karsenty, le texte a finalement Ă©tĂ© refusĂ© en bloc la veille du bouclage par le directeur de publication BenoĂźt Baume, qui estimait qu’il présentait « un point de vue extrêmement à charge contre Israël ». Ce reproche confirme l’analyse que je dĂ©veloppe dans cet article.

      ▻http://imagesociale.fr/11440

  • Les mĂ©dias ignorent les preuves de la tuerie provoquĂ©e par IsraĂ«l le 7 octobre
    Par Jonathan Cook | 15 dĂ©cembre 2023 – Jonathan-Cook.net – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
    ▻https://www.chroniquepalestine.com/medias-ignorent-preuves-tuerie-provoquee-par-israel-7-octobre

    (...) Les mĂ©dias occidentaux, des « Pom Pom girls » d’IsraĂ«l

    À l’insu de la plupart des tĂ©lĂ©spectateurs occidentaux, des sources israĂ©liennes ont rĂ©guliĂšrement fourni, au cours des deux derniers mois, des preuves impliquant l’armĂ©e israĂ©lienne dans au moins une partie des meurtres attribuĂ©s au Hamas.

    Cette semaine, l’armĂ©e israĂ©lienne a finalement admis qu’elle avait tuĂ© ses propres civils le 7 octobre « en quantitĂ© immense et complexe ». AprĂšs avoir reconnu le nombre Ă©levĂ© de victimes israĂ©liennes qu’elle avait faites, elle a ajoutĂ©, contrairement Ă  toute logique : « Il ne serait pas moralement judicieux d’enquĂȘter sur ces incidents ».*

    Comment est-il possible, compte tenu de leur obsession pour les Ă©vĂ©nements du 7 octobre, qu’aucun mĂ©dia occidental n’ait fait Ă©tat de ces preuves accablantes, et encore moins enquĂȘtĂ© sur elles ?

    Il est difficile de ne pas en conclure que les mĂ©dias occidentaux ne s’intĂ©ressent qu’aux rĂ©cits qui prĂ©sentent le Hamas, et surtout pas IsraĂ«l, comme les mĂ©chants, et n’attachent aucune importance Ă  la vĂ©ritĂ©. Cela signifie que les mĂ©dias ne sont pas des reporters impartiaux, mais des Pom-Pom girls au service d’IsraĂ«l.

    La version officielle d’IsraĂ«l, colportĂ©e par les mĂ©dias occidentaux, est que le Hamas, une bande de sauvages assoiffĂ©s de sang et pĂ©tris de haine fanatique des juifs, planifiait depuis longtemps un saccage dĂ©ment et barbare des implantations israĂ©liennes. (...)

    * â–șhttps://www.ynetnews.com/article/rkjqoobip Yoav Zitun|12.12.23

    Casualties fell as a result of friendly fire on October 7, but the IDF believes that beyond the operational investigations of the events, it would not be morally sound to investigate these incidents due to the immense and complex quantity of them that took place in the kibbutzim and southern Israeli communities due to the challenging situations the soldiers were in at the time.
    The military said in a statement that efforts are constantly being made to prevent casualties from friendly fire and operational accidents by investigating these accidents and issuing lessons to thousands of soldiers in the Strip.

    ▻https://seenthis.net/messages/1031528
    â–șhttps://seenthis.net/messages/1031660

  • Thomas Jodarewski, L’Apocalypse selon Nolanheimer, 2023

    Il aura quand mĂȘme fallu 3h30 au rĂ©alisateur britannique #Christopher_Nolan pour rendre sympathique le directeur scientifique du programme nuclĂ©aire qui fit 200 000 morts civiles, les 6 et 8 aoĂ»t 1945, Ă  Hiroshima et Nagasaki. Sa recette : un acteur sexy joue un honnĂȘte physicien persĂ©cutĂ©, rongĂ© par des problĂšmes de conscience.

    Nous, qui ne sommes pas responsables d’un crime de masse, avons d’autres problĂšmes. Et d’abord celui de rĂ©tablir la biographie du « â€ŻPĂšre de la #bombe_atomique  », puisque les critiques cinĂ©ma s’empĂȘchent de le faire. Question de salubritĂ© intellectuelle.

    Le film a dĂ©passĂ© les quatre millions d’entrĂ©es en France, et les 315 millions aux États-Unis. Le Japon ne s’est quant Ă  lui pas embarrassĂ© Ă  diffuser le film. Allez savoir


    En 1958, les surrĂ©alistes sifflaient les confĂ©rences d’#Oppenheimer et boycottaient les « â€Żfilms qui endorment l’opinion  » au sujet de l’atome. Allez comprendre


    ▻https://sniadecki.wordpress.com/2023/12/19/jodarewski-nolanheimer

    #révisionnisme_historique

  • (À ECOUTER) “Imaginons” : #macron est d’extrĂȘme droite
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/imaginons

    GrĂące Ă  une alliance de fait entre les macronistes, Les RĂ©publicains et le Rassemblement National, une loi anti-immigrĂ©s d’une brutalitĂ© inĂ©dite et directement inspirĂ©e des propositions de Jean-Marie Le Pen a Ă©tĂ© adoptĂ©e par le Parlement. Cela semble crĂ©er, dans les franges bourgeoises de la gauche, une soudaine prise de conscience. LibĂ©ration y voit une [
]

    #DĂ©crypter_-_Antiracisme #Édito #On_a_vu,_lu,_jouĂ© #extrĂȘme_droite #imaginons

  • Le colonialisme israĂ©lien se dĂ©ploie aussi sur le terrain Ă©conomique - CONTRETEMPS
    ▻https://www.contretemps.eu/economie-palestinienne-colonialisme

    Taher Labadi 20 décembre 2023

    En Ă©clairant les mĂ©canismes de pouvoir multiples qui opĂšrent dans le champ de l’économie, #Taher_Labadi montre dans cet article que le colonialisme israĂ©lien est un systĂšme global qui oscille entre expulsion de la population palestinienne, oppression politique et surexploitation, et que l’économie est un terrain privilĂ©giĂ© oĂč se dĂ©ploient les rapports coloniaux.

    Taher Labadi est chercheur Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo), Ă  JĂ©rusalem. Ses recherches portent sur l’économie politique de la Palestine, et plus gĂ©nĂ©ralement sur l’économie en situation coloniale.

    *
    Penser l’économie palestinienne dans son contexte colonial

    La Palestine aura certainement fait couler beaucoup d’encre ces deux derniers mois. Prise entre l’émotion et les injonctions politico-mĂ©diatiques, la recherche universitaire s’invitait aussi aux dĂ©bats pour apporter son Ă©clairage sur une actualitĂ© dense et tragique. Moins prĂ©sente, l’analyse Ă©conomique aurait dĂ» pourtant retenir notre attention, Ă  la condition toutefois de savoir informer utilement le sujet. La thĂ©orie Ă©conomique dominante, en effet, continue d’apprĂ©hender les phĂ©nomĂšnes qu’elle Ă©tudie en recourant Ă  la seule grammaire du marchĂ©, et se trouve par consĂ©quent bien dĂ©munie pour penser les conflits et les pouvoirs qui se nouent jusque dans l’économie, oĂč Ă  ses abords immĂ©diats. Tout au plus, ses donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et autres formalismes abstraits nous donnent-ils une estimation des coĂ»ts du conflit, ou de l’occupation militaire, et l’on comprend finalement bien trop peu ce que sont l’activitĂ© et les processus Ă©conomiques dans la guerre, et en contexte palestinien.

    Or d’importantes controverses parcourent, depuis plus d’une dĂ©cennie dĂ©sormais, le champ des Ă©tudes palestiniennes, notamment liĂ©es Ă  la mise au point et au choix des outils thĂ©oriques et mĂ©thodologiques permettant de lire et de dire ce contexte particulier. Cela est aussi vrai de la recherche en Ă©conomie oĂč l’on a assistĂ© Ă  un retour en force de l’économie politique, dont l’objet n’a plus Ă©tĂ© le marchĂ© ou la croissance mais les rapports de dominations qui se logent et se crĂ©ent dans l’économie. Cette secousse disciplinaire va ici de pair avec une critique de plus en plus Ă©tendue du rĂ©gime Ă©conomique Ă©tabli Ă  la suite des accords d’Oslo en 1993 ainsi que du modĂšle conceptuel (nĂ©olibĂ©ral) qui lui est sous-jacent. Une critique qui fait Ă  la fois Ă©cho Ă  l’impasse dans laquelle se trouve le projet national palestinien et Ă  l’échec de la « solution Ă  deux États », et se traduisant par une quĂȘte de nouveaux cadres d’analyse[1].

    Parmi ceux-lĂ , les Settler Colonial Studies (Ă©tudes du colonialisme de peuplement) nous invitent Ă  mettre en cohĂ©rence les diverses dominations et violences produites dans les relations du mouvement sioniste, et plus tard d’IsraĂ«l, Ă  la sociĂ©tĂ© palestinienne[2]. Ce cadre a pour avantage notable de remĂ©dier Ă  la fragmentation des Ă©tudes palestiniennes qui rĂ©sulte des ruptures historiques (1948, 1967, 1993) et du morcellement gĂ©ographique (Cisjordanie, Gaza, IsraĂ«l, JĂ©rusalem). La comparaison des expĂ©riences amĂ©ricaines, sud-africaine, australienne, algĂ©rienne et palestinienne a aussi d’intĂ©ressant qu’elle tempĂšre le traitement d’exception souvent appliquĂ© Ă  cette derniĂšre. La prise en compte du rapport colonial, enfin, permet de compenser une approche marxiste exclusive qui tend Ă  rabattre tout antagonisme au conflit entre classes sociales. L’examen ici des mĂ©canismes de pouvoir multiples qui opĂšrent sur le terrain mĂȘme de l’économie se veut une contribution Ă  la comprĂ©hension de la guerre en cours.

    L’économie comme terrain de l’élimination et du remplacement

    Sur le terrain de l’économie en effet, diffĂ©rentes logiques d’action sont Ă  l’Ɠuvre. La premiĂšre est une Ă©limination et un remplacement justement caractĂ©ristiques des #colonialismes_de_peuplement. DĂšs la fin du 19Ăšme siĂšcle, le mouvement sioniste entreprend de s’approprier des terres en Palestine pour y installer une nouvelle population de colons. Un processus qui s’accĂ©lĂšre avec l’occupation britannique du pays en 1917 puis la mise en place du mandat de la SociĂ©tĂ© des nations. La conquĂȘte de l’économie est alors un moyen dĂ©cisif pour renforcer la dĂ©mographie juive et s’assurer du contrĂŽle des territoires. Elle s’avĂšre aussi un moyen puissant de dĂ©stabilisation de la sociĂ©tĂ© arabe palestinienne.

    Cette conquĂȘte de l’économie trouve son expression trĂšs pratique dans l’adoption du mot d’ordre de #Jewish_Land (terre juive) et la crĂ©ation de diffĂ©rents fonds sionistes dĂ©diĂ©s Ă  l’achat de terres, dont le Fonds national juif. AppropriĂ©es de maniĂšre marchande et privĂ©e, ces terres sont nĂ©anmoins retirĂ©es du marchĂ© et considĂ©rĂ©es comme propriĂ©tĂ©s inaliĂ©nables du « peuple juif », ce qui constitue un premier pas vers l’institution d’une souverainetĂ© proprement politique. Plusieurs dizaines de localitĂ©s palestiniennes disparaissent ainsi avant mĂȘme l’épisode de la Nakba sous l’effet de la colonisation.

    Un second mot d’ordre est celui de #Jewish_Labor (travail juif), lequel consiste Ă  encourager les coopĂ©ratives agricoles tenues par le mouvement sioniste, puis par extension l’ensemble des employeurs juifs ou britanniques, Ă  prioriser l’emploi de travailleurs juifs. Ces derniers trouvent en effet des difficultĂ©s Ă  se faire embaucher, y compris par les patrons juifs qui prĂ©fĂšrent recourir Ă  une main-d’Ɠuvre arabe moins couteuse et plus expĂ©rimentĂ©e dans le travail de la terre. Le chĂŽmage devient un dĂ©fi majeur et de nombreux colons finissent par repartir en Europe.

    Ainsi contrairement Ă  l’idĂ©e reçue, la formation des #kibboutz durant la premiĂšre moitiĂ© du 20Ăšme siĂšcle ne doit pas grand-chose Ă  l’importation des idĂ©aux socialistes et bien plus aux impĂ©ratifs de la colonisation en cours. L’organisation collective et la mise en commun des ressources rĂ©pondent d’abord Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©duire le coĂ»t du travail juif face Ă  la concurrence du travail arabe[3]. Les kibboutz sont Ă  cet Ă©gard plutĂŽt inspirĂ©s des artels russes, des coopĂ©ratives de vie formĂ©es entre travailleurs originaires d’un mĂȘme lieu afin d’amĂ©liorer les chances de survie dans un environnement concurrentiel. Il n’est pas question ici d’opposition, ni mĂȘme de dĂ©fection face au capitalisme.

    Soutenus par l’Organisation sioniste, les kibboutz permettent une meilleure absorption des colons en mĂȘme temps qu’une complĂšte exclusion des travailleurs arabes. Et ce n’est que plus tard, une fois les contours coloniaux du kibboutz bien dĂ©finis et son efficacitĂ© Ă©conomique assurĂ©e, que le #mythe_de_communautĂ©s_autogĂ©rĂ©es rĂ©pondant Ă  un idĂ©al socialiste s’est dĂ©veloppĂ©, nourrissant l’imaginaire des nouvelles vagues de colons venus d’Europe. Il reste que les kibboutz ont toujours fourni un contingent plus Ă©levĂ© que la moyenne de combattants et de commandants dans les rangs des organisations paramilitaires sionistes durant toute la pĂ©riode du mandat britannique.

    Le syndicat juif de l’#Histadrout crĂ©Ă© en 1920 est un autre acteur majeur de cette premiĂšre conquĂȘte de l’économie. Celui-ci est Ă  la tĂȘte d’un empire Ă©conomique colossal composĂ© de colonies agricoles, de coopĂ©ratives de transport, d’établissements industriels, commerciaux et financiers lesquels sont employĂ©s dans la constitution d’enclaves Ă©conomiques exclusivement juives[4]. Le syndicat va mĂȘme jusqu’à recruter des « gardiens du travail » qui se rendent sur les chantiers et dans les usines pour intimider les employeurs et les travailleurs et exiger par la menace le dĂ©bauchage des ouvriers arabes et le recrutement de colons juifs[5]. Cette conquĂȘte est donc loin d’ĂȘtre sans violences.

    Les mots d’ordre de Jewish Land et de Jewish Labor prĂ©valent encore aprĂšs la Nakba, puis Ă  la suite de l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, dans une Ă©conomie israĂ©lienne mobilisĂ©e par la colonisation et que structure toujours la prĂ©valence accordĂ©e Ă  la population juive. A la diffĂ©rence que l’élimination de la population palestinienne autochtone est dĂ©sormais soutenue par un appareil Ă©tatique, et se voit systĂ©matisĂ©e par un ensemble de politiques et de lois. Or la spoliation des terres et la sĂ©grĂ©gation des habitants n’exclut pas pour autant une politique d’intĂ©gration Ă©conomique visant Ă  tirer parti d’une prĂ©sence palestinienne inĂ©vitable, en mĂȘme temps qu’elle sert Ă  la contrĂŽler.

    Une sĂ©grĂ©gation qui facilite l’exploitation Ă©conomique

    Lorsqu’en 1967 IsraĂ«l s’empare de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ses ambitions annexionnistes sont contrariĂ©es par la prĂ©sence d’environ un million de Palestiniens, laquelle constitue un dĂ©fi dĂ©mographique, politique et sĂ©curitaire. L’administration militaire opte alors pour une intĂ©gration de facto des nouveaux territoires conquis, tout en refusant la citoyennetĂ© Ă  leurs habitants. Cela lui permet d’établir un systĂšme strict de sĂ©grĂ©gation et de hiĂ©rarchisation des relations entre les deux populations, palestinienne et israĂ©lienne. Les mesures employĂ©es alors sont Ă  bien des Ă©gards comparables Ă  celles qui sont Ă  l’Ɠuvre depuis 1948, en IsraĂ«l mĂȘme, face aux Palestiniens dits « de l’intĂ©rieur »[6].

    Se dĂ©gage ici une logique d’exploitation, consistant Ă  tirer le meilleur parti des opportunitĂ©s offertes par le contrĂŽle des territoires et de leurs habitants. Outre la #mainmise_sur_les_ressources_naturelles (eau, pĂ©trole, gaz
), IsraĂ«l multiplie les politiques dans l’objectif d’accroĂźtre la dĂ©pendance Ă©conomique et ainsi mieux user Ă  son avantage des capitaux, de la force de travail ou encore des marchĂ©s de consommation palestiniens. C’est notamment l’administration israĂ©lienne qui accorde jusqu’en 1993 les autorisations nĂ©cessaires pour construire une maison, forer un puit, dĂ©marrer une entreprise, sortir ou entrer sur le territoire, importer ou exporter des marchandises.

    Des mesures sont prises pour empĂȘcher toute concurrence palestinienne et encourager au contraire des relations de sous-traitance au profit des producteurs israĂ©liens. L’essor de certaines branches d’activitĂ© comme la cimenterie, le textile ou la rĂ©paration automobile est de ce fait directement liĂ© aux besoins de l’économie israĂ©lienne. De mĂȘme que les cultures requises par IsraĂ«l ou destinĂ©es Ă  l’exportation vers l’Europe se substituent progressivement Ă  celles plus diversifiĂ©es destinĂ©es aux marchĂ©s local et rĂ©gional. La population palestinienne devient en retour trĂšs largement tributaire des importations en provenance d’IsraĂ«l pour satisfaire ses propres besoins de consommation.

    Cette situation ne change pas fondamentalement aprĂšs 1993 et la crĂ©ation de l’AutoritĂ© palestinienne. Les prĂ©rogatives accordĂ©es Ă  cette derniĂšre sont constamment remises en cause sur le terrain, et c’est l’administration israĂ©lienne qui garde la maitrise des rĂ©gimes commercial, monĂ©taire et financier, ainsi que des frontiĂšres et de la majeure partie des territoires. La zone C, directement sous contrĂŽle militaire israĂ©lien et inaccessible au gouvernement palestinien, couvre encore 62% de la Cisjordanie. De 1972 Ă  2017, IsraĂ«l a ainsi absorbĂ© 79 % du total des exportations palestinienne et se trouve Ă  l’origine de 81% de ses importations[7].

    L’emploi dans l’économie israĂ©lienne d’une main-d’Ɠuvre en provenance de Cisjordanie et de Gaza est encore un aspect de cette exploitation coloniale. RĂ©gulĂ©e par l’administration israĂ©lienne qui dĂ©livre les permis de circulation et de travail, la prĂ©sence de ces travailleurs vient compenser une pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre israĂ©lienne, en fonction de la conjoncture et pour des secteurs d’activitĂ© prĂ©cis (principalement le bĂątiment, l’agriculture, la restauration). Ainsi la rĂ©cession Ă©conomique israĂ©lienne entre 1973 et 1976 n’a quasiment pas d’impact sur le chĂŽmage israĂ©lien et se traduit en revanche par une rĂ©duction du nombre de travailleurs palestiniens venant des territoires occupĂ©s[8].

    VulnĂ©rable, corvĂ©able et rĂ©vocable Ă  tout moment, cette main-d’Ɠuvre compte en moyenne pour un tiers de la population active palestinienne au cours des dĂ©cennies 1970 et 1980. Puis le dĂ©clenchement de la PremiĂšre Intifada et les actions de boycott Ă©conomique engagĂ©s par la population palestinienne Ă  la fin des annĂ©es 1980 incitent l’administration israĂ©lienne Ă  rĂ©duire drastiquement la prĂ©sence de ces travailleurs. Ceux-lĂ  sont remplacĂ©s durant un temps par une main-d’Ɠuvre migrante en provenance d’Asie. Mais le phĂ©nomĂšne redevient majeur en Cisjordanie depuis une dizaine d’annĂ©es et avait mĂȘme repris ces derniers mois avec la bande de Gaza, malgrĂ© le blocus.

    En 2023, 160 000 Palestiniens de Cisjordanie – soit 20 % de la population active employĂ©e de ce territoire – travaillaient en IsraĂ«l ou dans les colonies, auxquels s’ajouteraient environ 50 000 travailleurs employĂ©s sans permis. On comptait Ă©galement quelques 20 000 travailleurs en provenance de la bande de Gaza[9]. Ces travailleurs perçoivent un salaire moyen qui reprĂ©sente entre 50 et 75 % de celui de leurs homologues israĂ©liens. Ils sont en outre exposĂ©s Ă  la prĂ©caritĂ©, Ă  la #discrimination et aux abus. Le nombre d’accidents du travail et de dĂ©cĂšs sur les chantiers de construction est considĂ©rĂ© comme l’un des plus Ă©levĂ©s au monde[10].

    L’économie au service de la contre-insurrection

    S’il rĂ©pond d’abord Ă  une logique d’exploitation de la main-d’Ɠuvre autochtone, l’emploi de travailleurs palestiniens s’avĂšre aussi un excellent moyen de policer la population. Pour obtenir un permis de travail en IsraĂ«l ou dans les colonies, un Palestinien de Cisjordanie ou de Gaza doit veiller Ă  ce que son dossier soit approuvĂ© par l’administration militaire israĂ©lienne. Il doit alors ne pas prendre part Ă  toute activitĂ© syndicale ou politique jugĂ©e hostile Ă  l’occupation, de mĂȘme que ses proches parents. Des familles et parfois des villages entiers prennent ainsi garde Ă  ne faire l’objet d’aucune « interdiction sĂ©curitaire » pour ne pas se voir priver du permis de travail israĂ©lien.

    La dĂ©pendance des Palestiniens envers l’économie israĂ©lienne participe par consĂ©quent de leur vulnĂ©rabilitĂ© politique. Une vulnĂ©rabilitĂ© d’autant plus redoutable que c’est l’administration israĂ©lienne qui rĂ©gule l’accĂšs aux territoires occupĂ©s, ou mĂȘme la circulation en leur sein. La fermeture des points de passage et la restriction du trafic sont alors rĂ©guliĂšrement employĂ©es comme un moyen de sanction, dans une logique ouvertement contre-insurrectionnelle. La population palestinienne est rapidement menĂ©e au bord de l’asphyxie Ă©conomique, voire maintenue dans un Ă©tat de crise humanitaire durable comme l’illustre le cas de la bande de Gaza sous blocus depuis 2007.

    L’AutoritĂ© palestinienne se trouve tout particuliĂšrement exposĂ©e face Ă  ce genre de pratique punitive. Ses revenus sont composĂ©s en grande partie (67 % en 2017) de taxes collectĂ©es par l’administration israĂ©lienne, notamment sur les importations palestiniennes. Or celle-ci ponctionne et suspend rĂ©guliĂšrement ses reversements en exerçant un chantage explicite. Les recettes du gouvernement palestinien dĂ©pendent aussi de l’aide internationale, non moins discrĂ©tionnaire et politiquement conditionnĂ©e[11]. Une situation qui explique pour beaucoup son incapacitĂ© Ă  agir en dehors du terrain balisĂ© par IsraĂ«l et les bailleurs de fonds.

    Cette ingĂ©nierie politique et sociale qui passe par l’économie touche Ă©galement le secteur privĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres. Ces derniĂšres annĂ©es ont vu un nombre croissant d’entreprises en Cisjordanie requĂ©rir de maniĂšre proactive leur intĂ©gration au systĂšme de surveillance israĂ©lien dans l’objectif de bĂ©nĂ©ficier d’un rĂ©gime avantageux dans l’exportation de leurs marchandises[12]. En temps normal, une cargaison est acheminĂ©e une premiĂšre fois par camion jusqu’au point de contrĂŽle israĂ©lien le plus proche. LĂ , elle est dĂ©chargĂ©e pour subir une inspection de plusieurs heures, avant d’ĂȘtre chargĂ©e sur un second camion pour ĂȘtre transportĂ©e Ă  destination, en IsraĂ«l mĂȘme, ou vers un pays tiers.

    Les exportateurs palestiniens sont ainsi pĂ©nalisĂ©s par des coĂ»ts Ă©levĂ©s de transport, sans parler du temps perdu et des risques de voir les marchandises endommagĂ©es par ces procĂ©dures fastidieuses. Le nombre de camions, et par consĂ©quent le volume de marchandises transportĂ©es, est aussi fortement limitĂ© par l’engorgement qu’on observe quotidiennement sur les points de contrĂŽle, Ă  quoi peut s’ajouter la simple dĂ©cision israĂ©lienne de mettre un frein Ă  la circulation Ă  tout moment et pour quelque raison que ce soit. Par contraste, la mise en place de couloirs logistiques, dits « door-to-door », vient considĂ©rablement fluidifier et rĂ©duire le coĂ»t du fret commercial.

    Moyennant le suivi d’un protocole strict Ă©tabli par l’armĂ©e israĂ©lienne, des entreprises pourront acheminer leurs cargaisons Ă  bon port en ne recourant qu’à un seul camion israĂ©lien et sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©es aux points de contrĂŽle. Elles doivent pour cela amĂ©nager une cour fermĂ©e et sĂ©curisĂ©e pour le chargement, Ă©quipĂ©e de camĂ©ras de surveillance reliĂ©es en fil continu au point de contrĂŽle militaire le plus proche. Elles fournissent Ă©galement des donnĂ©es dĂ©taillĂ©es sur leurs employĂ©s dont le dossier doit aussi ĂȘtre approuvĂ© par l’administration militaire. Enfin, chaque camion est Ă©quipĂ© d’un systĂšme de localisation GPS permettant la surveillance de l’itinĂ©raire suivi Ă  travers la Cisjordanie.

    L’économie palestinienne prise dans une guerre totale

    Il est certainement difficile de prendre toute la mesure du bouleversement radical que vivent actuellement les territoires occupĂ©s et avec eux, l’activitĂ© Ă©conomique palestinienne. Plusieurs organismes palestiniens ou internationaux s’efforcent dĂ©jĂ  de comptabiliser les pertes matĂ©rielles de la guerre en cours, et d’évaluer ses rĂ©percussions sur le PIB et le chĂŽmage palestiniens. Toute solution politique au conflit, dit-on, devra nĂ©cessairement s’accompagner d’un volet Ă©conomique, et l’anticipation des coĂ»ts de la reconstruction et de la remise Ă  flot de l’économie palestinienne constitue Ă  chaque nouvelle guerre un gage de rĂ©activitĂ© face Ă  l’urgence pour les diffĂ©rentes parties concernĂ©es.

    Aux destructions en masse causĂ©es par les bombardements israĂ©liens s’ajoutent en effet le renforcement du siĂšge sur la bande de Gaza mais aussi sur la Cisjordanie, ainsi que la rĂ©vocation de tous les permis de travail israĂ©liens, ou encore le retard infligĂ© dans le reversement des taxes Ă  l’AutoritĂ© palestinienne. L’institut palestinien MAS Ă©voque Ă  cet Ă©gard une rĂ©cession Ă©conomique grave dont les effets se font dĂ©jĂ  sentir dans le cours de la guerre et qui sera probablement amenĂ©e Ă  se prolonger Ă  ses lendemains. Le PIB aurait connu une perte d’au moins 25 % Ă  la fin 2023 tandis que le chĂŽmage pourrait atteindre les 30 % de la population active en Cisjordanie, pour 90 % dans la bande de Gaza[13].

    Mais nous ne sommes pas lĂ  face Ă  un affrontement entre deux États souverains et l’appauvrissement de la population palestinienne, de mĂȘme que les risques sĂ©rieux de famine ne sont pas fortuits. Des rapports publiĂ©s Ă  la suite des prĂ©cĂ©dentes guerres confirment la volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de l’armĂ©e israĂ©lienne de s’en prendre aux moyens matĂ©riels de subsistance[14]. Il en va de mĂȘme des restrictions imposĂ©es sur le trafic de personnes et de marchandises, lesquelles ne s’appliquent pourtant pas aux agriculteurs de Cisjordanie dont les productions sont venues supplĂ©er Ă  l’interruption de l’activitĂ© agricole en IsraĂ«l et ainsi participer Ă  son effort de guerre.

    Cette multiplicitĂ© des mĂ©canismes Ă  l’Ɠuvre et les diverses logiques de pouvoir qu’ils recouvrent montrent que l’économie n’est pas une victime collatĂ©rale de l’affrontement colonial en cours mais en constitue bien un terrain privilĂ©giĂ©. La question dĂšs lors n’est pas vraiment celle des coĂ»ts de la guerre et de la reconstruction, pas plus qu’elle ne devrait ĂȘtre celle des points de croissance Ă  gagner pour remporter le silence des populations. Mais elle est plutĂŽt celle des moyens Ă  mettre en Ɠuvre pour prĂ©munir la sociĂ©tĂ© palestinienne d’une dĂ©possession, d’un enrĂŽlement ou encore d’un assujettissement qui se produisent dans l’économie mĂȘme, et contre une guerre qui se veut plus que jamais totale.

    *

    Illustration : « Les toits de JĂ©rusalem », 2007. Sliman Mansour, peintre palestinien.
    Notes

    [1] Taher Labadi, 2020, « Ă‰conomie palestinienne : de quoi parle-t-on (encore) ? », Revue des mondes musulmans et de la MĂ©diterranĂ©e, 147 | 2020, DOI : ▻https://doi.org/10.4000/remmm.14298

    [2] Omar Jabary Salamanca, Mezna Qato, Kareem Rabie, Sobhi Samour (ed.), 2012, Past is Present : Settler Colonialism in Palestine, Settler colonial studies, Hawthorn.

    [3] Shafir Gershon, 1989, Land, Labor and the Origins of the Israeli-Palestinian Conflict, 1882 – 1914, Cambridge University Press, Cambridge.

    [4] Sternhell Zeev, 2004, Aux origines d’IsraĂ«l : entre nationalisme et socialisme, Fayard, Paris.

    [5] George Mansour, 1936, The Arab Worker under the Palestine Mandate, Jerusalem.

    [6] Aziz Haidar, 1995, On the margins : the Arab population in the Israeli economy, New York, St. Martin’s Press.

    [7] CNUCED, 2018, Rapport sur l’assistance de la CNUCED au peuple palestinien : Ă©volution de l’économie du territoire palestinien occupĂ©, 23 juillet, GenĂšve.

    [8] Leila Farsakh, 2005, Palestinian Labor Migration to Israel : Labor, Land and Occupation, Routlege, London.

    [9] MAS, 2023, How To Read the Economic and Social Implications of the War on Gaza, Gaza War Economy Brief Number 4, Ramallah.

    [10] CNUCED, op. cit.

    [11] Taher Labadi, 2023, Le chantage aux financements europĂ©ens accable la Palestine, OrientXXI URL : ▻https://orientxxi.info/magazine/le-chantage-aux-financements-europeens-accable-la-palestine,6886

    [12] Walid Habbas et Yael Berda, 2021, « Colonial management as a social field : The Palestinian remaking of Israel’s system of spatial control », Current Sociology, 1 –18.

    [13] MAS, op. cit.

    [14] UN, 2009, Rapport de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation des Nations Unies sur le conflit de Gaza.
    Bibliographie indicative

    Anaheed Al-Hardan, « Decolonizing Research on Palestinians : Towards Critical Epistemologies and Research Practices, » Qualitative Inquiry, vol. 20, no. 1 (2014), pp. 61–71

    Rana Barakat, « Writing/Righting Palestine Studies : Settler Colonialism, Indigenous Sovereignty and Resisting the Ghost(s) of History, » Settler Colonial Studies, vol. 8, no. 3 (2018), pp. 349–363 ;

    Toufic Haddad, Palestine Ltd. : Neoliberalism and Nationalism in the Occupied Territory, London/New York : I. B. Taurus and Co. Ltd., 2016.

    Adam Hanieh, « Development as Struggle : Confronting the Reality of Power in Palestine, » Journal of Palestine Studies, vol. 45, no. 4 (2016), pp. 32-47

    Nur Masalha, The Palestine Nakba : Decolonising History, Narrating the Subaltern, Reclaiming Memory, London/New York : Zed Books, 2012.

    Omar Shweiki and Mandy Turner, dirs., Decolonizing Palestinian Political Economy : De-development and Beyond, New York : Palgrave Macmillan, 2014.

    Linda Tabar [et al.], Critical Readings of Development under Colonialism : Towards a Political Economy for Liberation in the Occupied Palestinian Territories, Ramallah : Rosa Luxemburg Foundation/Center for Development Studies, 2015.

    Alaa Tartir, Tariq Dana, and Timothy Seidel, ed., Political Economy of Palestine : Critical, Interdisciplinary, and Decolonial Perspectives, Cham : Palgrave Macmillan, 2021.

    Lorenzo Veracini, « The Other Shift : Settler Colonialism, Israel, and the Occupation, » Journal of Palestine Studies, vol. 42, no. 2 (2013), pp. 26–42.

    Patrick Wolfe, « Purchase by Other Means : The Palestine Nakba and Zionism’s Conquest of Economics, » Settler Colonial Studies, vol. 2, no. 1 (2012), pp. 133-171.

    Omar Jabary Salamanca [et al.], eds., Past is Present : Settler Colonialism in Palestine, Settler Colonial Studies, vol. 2, no. 1 (2012).

    #colonialisme_israĂ©lien_terrain_Ă©conomique #main-d’Ɠuvre_palestinienne #rĂ©vocation_des_permis_de_travail_en_IsraĂ«l #corruption_de_l’AutoritĂ©_palestinienne

  • Du rempart au boulevard : Macron et l’extrĂȘme droite | SĂ©bastien Fontenelle
    ▻https://lmsi.net/Du-rempart-au-boulevard-Macron-et-l-extreme-droite

    Quasiment toutes les digues ont sautĂ©, et la diffĂ©rence entre ce qu’Elizabeth Borne s’obstine Ă  nommer les « valeurs macronistes » et celles de l’extrĂȘme-droite semble rĂ©duite Ă  nĂ©ant. Dans ce moment d’effroi, il nous paraĂźt utile de reprendre la gĂ©nĂ©alogie de cette alliance quasiment scellĂ©e, et de revenir sur la question des relations entre Macron et Marine Le Pen. Source : Les mots sont importants

  • Projet de loi immigration : Tribune – Lettre ouverte au prĂ©sident de la RĂ©publique
    ▻https://academia.hypotheses.org/54584

    PubliĂ©le 18 dĂ©c. 2023 → Signer la tribune : Lettre ouverte au prĂ©sident de la RĂ©publique ← Un retrait du projet de loi immigration plutĂŽt qu’une tĂąche indĂ©lĂ©bile sur nos principes rĂ©publicains Lundi 11 dĂ©cembre, l’AssemblĂ©e nationale a adoptĂ© une motion 
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  • Des enseignants passent la nuit dehors devant un collĂšge pour soutenir des enfants SDF : « Il fait -2°, c’est insupportable »
    ▻https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/des-enseignants-passent-la-nuit-dehors-devant-un-colleg

    Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 décembre, sept professeurs ont dormi dans le froid devant le collÚge Lezay Marnesia à Strasbourg. Un acte fort pour alerter sur la situation de deux enfants de 12 et 14 ans, contraints de dormir dehors depuis trois semaines.

  • Maya Wei-Haas, Ph.D. sur X 
    ▻https://twitter.com/WeiPoints/status/1736918160312291701

    Iceland finally cracked open to unleash torrents of lava. While tourists have flocked to to see past eruptions, officials are warning this new eruption is not “tourist-friendly” and seems to be significantly larger than the Fagradalsfjall in 2021

    Here’s what to knowđŸ§”

    fissure de 4 km de long (pour le moment
)

  • Double emploi au Parlement et au DĂ©partement : les collaborateurs d’Eric Ciotti Ă©pinglĂ©s par la Cour des comptes - Nice-Matin
    ▻https://www.nicematin.com/politique/double-emploi-au-parlement-et-au-departement-les-collaborateurs-d-eric-ci

    Les magistrats de la chambre régionale des comptes ont passé en revue le fonctionnement du conseil départemental des Alpes-Maritimes sur les exercices 2016 à 2021. Plusieurs observations portent sur la gestion des ressources humaines au sein de la collectivité.

    On pourrait se dire que c’est OK, la justice s’en mĂȘle enfin, ce crĂ©tin malveillant va enfin ĂȘtre mis hors d’état de nuire. Mais en fait, c’est tout le contraire. Il faut considĂ©rer ces pĂ©ripĂ©ties comme les Ă©tapes de l’entretien d’embauche. Il a des casseroles ? C’est parfait, on en fera un excellent collaborateur, parfaitement obĂ©issant, comme les autres.

  • imagine que dans un « pays idĂ©al » il n’y aurait pas du tout de ces abominables et rĂ©trogrades Ă©lections de « miss », et que si dans un « pays seulement semi-idĂ©al » il y en avait on y trouverait au moins des candidates de toutes les formes et de toutes les couleurs, des longilignes, des sphĂ©riques, des rectangulaires, des noires, des blanches, des vertes avec des rayures bleues, des Brobdingnagiennes et des Lilliputiennes, des obĂšses et des squelettiques, des prĂ©pubĂšres et des subclaquantes, des cis et des trans, des handicapĂ©es et des valides, des gnangnans et des butchs, des 200 de QI et des suffisamment stupides pour ĂȘtre de droite.

    Maintenant que la moitiĂ© de la France fasse un c**a nerveux et parle de cataclysme juste parce qu’une des candidates a les cheveux courts, ça en dit quand mĂȘme beaucoup sur la moisissure intellectuelle d’une sociĂ©tĂ©.

    #EnvoyezMoiToutÇaCasserDesCaillouxEnSibĂ©rie.

  • Seul le BahreĂŻn comme pays arabe .
    18 dĂ©cembre 2023 – 21:45 GMT
    â–șhttps://www.aljazeera.com/news/liveblog/2023/12/18/israel-hamas-war-live-israeli-strikes-on-jabalia-refugee-camp-kill-90

    US launches multinational operation in response to Houthi attacks

    US Secretary of Defense Lloyd Austin has announced the formation of the coalition while on a visit to Bahrain after speaking about it earlier in the day during a press conference with his Israeli counterpart.

    The UK, Bahrain, Canada, France, Italy, Netherlands, Norway, Seychelles and Spain will be participating in the operation, he said, which will include conducting joint patrols in the Red Sea and the Gulf of Aden.

    It will be called Operation Prosperity Guardian.

    Houthi attacks on what they say are Israeli-linked ships in the Red Sea have been ongoing during Israel’s war on Gaza. Earlier, we reported on attacks on two commercial vessels – the Swan Atlantic and MSC Clara – claimed by the Yemeni group. The UK also reported an attempted attack on a ship northeast of Djibouti.

    Multiple multinational shipping and oil companies have either rerouted cargo or suspended shipping through the Red Sea altogether, driving fears of the negative effect the attacks could have on the global economy.

    • 19 dĂ©cembre 2023 - 12h - RFI
      L’Espagne participera à la Coalition en mer Rouge, mais dans le cadre de l’Otan et de l’UE
      â–șhttps://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231219-en-direct-washington-continuera-%C3%A0-fournir-des-armes-%C3%A0-isra%C3

      L’Espagne a soulignĂ© mardi que sa participation Ă  la coalition militaire en mer Rouge pour prĂ©venir les attaques des rebelles yĂ©mĂ©nites Houthis contre les navires marchands se ferait dans le cadre de l’Otan et de l’UE, pas de maniĂšre unilatĂ©rale. « L’Espagne dĂ©pend des dĂ©cisions de l’Union europĂ©enne et de l’Otan et, par consĂ©quent, ne participera pas unilatĂ©ralement » Ă  cette opĂ©ration, a indiquĂ© le ministĂšre de la DĂ©fense dans une dĂ©claration Ă  l’AFP.

    • Les Houthis sont les seuls Ă  appliquer le Droit international humanitaire (qui COMMANDE d’empĂȘcher un gĂ©nocide). Ils sont les seuls Ă  agir efficacement : la limitation du trafic en Mer Rouge va rĂ©ellement handicaper Ă©conomiquement IsraĂ«l.

      Il faut donc que les pays occidentaux les attaquent

    • 19 dĂ©cembre 2023 - 9h50
      â–șhttps://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231219-en-direct-washington-continuera-%C3%A0-fournir-des-armes-%C3%A0-isra%C3

       : PremiĂšre rĂ©union de travail de la coalition contre les Houthis, indique Paris

      La coalition destinĂ©e Ă  faire face aux attaques rĂ©pĂ©tĂ©es des rebelles yĂ©mĂ©nites Houthis contre des navires marchands en mer Rouge a organisĂ© sa premiĂšre visio-confĂ©rence, a indiquĂ© mardi Ă  l’AFP le ministĂšre français des ArmĂ©es. La rĂ©union s’est dĂ©roulĂ©e « ce matin, au niveau des services », a prĂ©cisĂ© le ministĂšre sans prĂ©ciser le nombre de reprĂ©sentants ni les conclusions des discussions.

      Un porte-parole de l’état-major des ArmĂ©es a par ailleurs indiquĂ© que la France n’avait pas Ă  ce stade prĂ©vu d’envoyer de moyens supplĂ©mentaires dans la rĂ©gion. La frĂ©gate multi-missions (FREMM) Languedoc « est dĂ©jĂ  sur place et c’est un moyen associĂ© », a-t-il prĂ©cisĂ©.

      Le ministre amĂ©ricain de la DĂ©fense a annoncĂ© lundi la formation en mer Rouge d’une coalition de dix pays, afin de faire face aux attaques rĂ©pĂ©tĂ©es des Houthis contre des navires que ces rebelles considĂšrent comme « liĂ©s Ă  IsraĂ«l ». Outre les États-Unis, Lloyd Austin a indiquĂ© dans un communiquĂ© que la France, le Royaume-Uni, BahreĂŻn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la NorvĂšge, l’Espagne, et les Seychelles prendraient part Ă  cette coalition. Les rebelles, soutenus par l’Iran, ont rĂ©pondu mardi n’avoir aucune intention de cesser leurs attaques.

    • 19 dĂ©cembre 2023 - 12h - AJE - 10:05 GMT
      â–șhttps://www.aljazeera.com/news/liveblog/2023/12/19/israel-hamas-war-live-multinational-red-sea-force-announced-after-attacks

      Houthis say will continue Red Sea attacks

      A senior official says the Yemeni group will continue targeting Israel-linked ships in the Red Sea, “even if America succeeds in mobilising the entire world” to stop them.

      Mohammed al-Bukhaiti issued the statement as the US announced the launch of a new multinational naval task force to patrol Red Sea shipping lanes, which have been rocked by Houthi attacks on more than a dozen vessels during the Gaza war.

      Writing on X, al-Bukhaiti said the Houthis would only halt attacks on Israel-linked vessels if “crimes in Gaza stop and food, medicines and fuel are allowed to reach its besieged population”.

  • Le « projet secret » de Decathlon pour continuer ses affaires en Russie
    ▻https://disclose.ngo/fr/article/le-projet-secret-de-decathlon-pour-continuer-ses-affaires-en-russie

    ​​SociĂ©tĂ©-Ă©cran Ă  DubaĂŻ, filiale Ă  Singapour
 MalgrĂ© son dĂ©part annoncĂ© du pays, le gĂ©ant français du sport a mis en place un systĂšme opaque pour continuer Ă  vendre, en toute discrĂ©tion, ses produits en Russie. Des documents internes obtenus par Disclose rĂ©vĂšlent que ce contrat secret a dĂ©jĂ  permis Ă  Decathlon d’empocher au moins 12 millions de dollars. Lire l’article

  • Covid-19 : les sĂ©quelles du virus commenceraient Ă  apparaĂźtre dans la mortalitĂ© française – LibĂ©ration
    ▻https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-19-les-sequelles-du-virus-commenceraient-a-apparaitre-dans-la-morta

    TroisiĂšme cause de mortalitĂ© en 2021, le coronavirus pourrait aussi ĂȘtre responsable de la hausse de la mortalitĂ© des maladies vasculaires, selon une Ă©tude publiĂ©e par la Drees ce mardi 19 dĂ©cembre.

    Mais Ă  20h, ils t’ont dit que la population française vivait de plus en plus vieux, et que ça justifiait toutes les atteintes aux retraites et aux assurances chĂŽmage !

    • BigGrizzly, tu racontes n’importe quoi. Les statisticiens de l’OFCE te parlaient de leur prĂ©vision Ă  2050, et il se peut tout Ă  fait qu’ils aient pris en compte les baisses conjoncturelles, qui Ă  n’en pas douter ne sont que conjoncturelles, et pas du tout appelĂ©es Ă  suivre la tendance de court terme observĂ©e.

      C’est comme le climat. On fait les prĂ©visions de tempĂ©ratures en prolongeant les courbes de tendance, puis on conclut qu’on n’a pas besoin de faire quoi que ce soit, parce que tout ira bien en 2050.
      Pour l’espĂ©rance de vie, on prolonge sur la base des 50 derniĂšres annĂ©es, et on dit que ça va continuer, mĂȘme si la tendance semble ĂȘtre modifiĂ©e depuis 5 ans.
      En fait, les stats, tu en fais ce que tu veux, quand tu parles au 20h.

    • Quatre ans aprĂšs son apparition, les dĂ©gĂąts causĂ©s par le Covid sur le corps humain restent incertains. Les chiffres commencent toutefois Ă  parler Ă  travers l’étude des #causes_de_mortalitĂ© en France, publiĂ©s par SantĂ© publique France (#SPF) ce mardi 19 dĂ©cembre, au moment oĂč une Ă©niĂšme vague de Covid dĂ©ferle Ă  l’approche de NoĂ«l. En 2021, le pays a enregistrĂ© la mort de 660 168 personnes – environ 7 000 de moins que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente –, dont 60 895 dues au Covid-19, ce qui en fait la troisiĂšme cause de mortalitĂ© derriĂšre les tumeurs et les maladies cardiovasculaires, note la Direction de la recherche, des Ă©tudes, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans une Ă©tude parue ce mardi 19 dĂ©cembre.

      Mais les effets du coronavirus ne se rĂ©sumeraient ni aux dĂ©cĂšs directs ni aux affections de longue durĂ©e appelĂ©es Covid long. _« Les dĂ©cĂšs dus aux maladies cardio-neurovasculaires, aux maladies de l’appareil digestif et aux #maladies_endocriniennes, nutritionnelles et mĂ©taboliques augmentent en 2021 », note la Drees. Avant la survenue de la #pandĂ©mie, la tendance Ă©tait plutĂŽt Ă  la baisse du nombre de dĂ©cĂšs pour ces pathologies, de 2015 Ă  2019. Quel est donc le rĂŽle du Sars-Cov-2 dans ces hausses ? Plusieurs rĂ©sultats pointent les consĂ©quences Ă  terme du Covid sur le #diabĂšte ou encore les vaisseaux sanguins.

      « Le virus continue Ă  avoir une atteinte vasculaire »

      Les indices sont particuliĂšrement probants pour ces derniers. DĂšs 2021, le suivi des vĂ©tĂ©rans amĂ©ricains mettait Ă  jour le #risque_cardiovasculaire un mois aprĂšs l’infection. « On fait semblant que la crise du #Covid est rĂ©solue. Mais ce n’est pas le cas. MĂȘme si les infections n’ont plus de consĂ©quences directes massives sur les hospitalisations, le virus continue Ă  avoir une #atteinte_vasculaire. Sur le long terme, quand on a un patient qui dĂ©veloppe une #maladie_cardiovasculaire, les lĂ©sions engendrĂ©es par le Covid participent probablement Ă  cette aggravation », avance auprĂšs de LibĂ©ration David Smadja, professeur d’hĂ©matologie Ă  l’universitĂ© Paris-CitĂ© et Ă  l’hĂŽpital Georges-Pompidou. Le scientifique connaĂźt bien le sujet, pour avoir dĂ©jĂ  mis en Ă©vidence que les patients aux vaisseaux sanguins les plus touchĂ©s par le virus Ă©taient ceux ayant le plus de risque de dĂ©cĂ©der Ă  l’hĂŽpital.

      Piste similaire dans le bulletin Ă©pidĂ©miologique hebdomadaire de SPF publiĂ© ce mardi 19 dĂ©cembre. La hausse des dĂ©cĂšs due aux pathologies circulatoire, digestive ou endocrine « pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  des effets indirects de l’épidĂ©mie de Covid-19 (retard de prise en charge, isolement social plus important jouant sur les comportements, hausse de la consommation nocive d’alcool, difficultĂ©s d’#accĂšs_aux_soins, sĂ©quelle pour ceux dont la Covid-19 est en cause associĂ©e, etc.) », pointe l’institution.

      Cette interprĂ©tation est renforcĂ©e par les premiĂšres analyses des morts de 2022 qui confirment ces tendances. Avec 675 000 dĂ©cĂšs, l’Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques anticipe une #surmortalitĂ© de 54 000 dĂ©cĂšs par rapport aux chiffres estimĂ©s en l’absence d’épidĂ©mie de Covid-19 ou d’autres Ă©vĂ©nements inhabituels. Les morts dus aux maladies circulatoires et endocriniennes seraient toujours en hausse.

      Port du masque tombé en désuétude

      Une tendance de fond est-elle en train de s’installer ? « La question se pose. Ce #surrisque qu’on observe est-il constant au cours du temps, auquel cas on va avoir une accumulation, ou bien est-ce que cet effet va s’estomper au fur et Ă  mesure ? » s’interroge Ă  haute voix l’épidĂ©miologiste Mircea Sofonea.

      Pourtant, l’idĂ©e que le Covid favorisait l’apparition d’autres pathologies, y compris plusieurs mois aprĂšs l’infection, est une hypothĂšse qui n’a jamais suffi pour engendrer une #politique publique de rĂ©duction de la circulation virale Ă  long terme. Le gouvernement n’a pas pris de mesures pour assainir l’#air intĂ©rieur des lieux collectifs. Le port du #masque est tombĂ© en dĂ©suĂ©tude, y compris en cas de symptĂŽmes. Le suivi de l’épidĂ©mie a Ă©tĂ© abandonnĂ© avec la politique de #tests massifs. Les chercheurs ont les pires difficultĂ©s pour financer leurs Ă©tudes sur le virus. DĂ©but dĂ©cembre, Emmanuel Macron a prononcĂ© un discours « pour prĂ©senter sa vision pour l’avenir de la recherche française », oĂč il a surtout Ă©tĂ© question d’« enjeux de gouvernance », de « modĂšle Ă©conomique » et de « contrats d’objectifs ».

      Olivier Monod

      Existe-t-il en matiĂšre de covid des calculs sur les coĂ»ts comparĂ©s de diffĂ©rentes politiques de santĂ© ? À vue d’oeil, on sait que des tests et un suivi Ă©pidĂ©miologique, des purificateurs d’air, des masques, des soignants, des arrĂȘts de travail pour s’isoler en cas d’infection, c’est trop cher. Mais structurer tranquillement la politique pour faire mourir moins vieux et faire mourir plus vite (ce qu’on commence Ă  expĂ©rimenter en grand avec la dĂ©glingue est-il possible sans trop d’arrĂȘts maladie, de prise en charge de handicaps, de pathologies ? Sans trop de consĂ©quences financiĂšres ? Un processus dans lequel tous les paramĂštres sont variables, ça se calculerait comment ?

      #mortalité #économie #recherche #santé #médecine #covid_long #RDR #post-covid

    • Une amie coiffeuse Ă  domicile, mĂȘme Ăąge que nous, qui nous raconte son dĂ©but d’automne, avec une perte de parole et de vue d’un oeil, pendant 20 minutes, en pleine nuit. AprĂšs passage aux urgences (sans se presser, elle n’était pas au courant qu’un AVC, c’est urgence sans tarder...). PlutĂŽt qu’AVC, ils ont requalifiĂ© ça en AIT. Dans le mĂȘme temps, un lupus (maladie autoimmune) qui se dĂ©clare, grosse fatigue et tout et tout... elle trouve un traitement qui lui permet de remonter la pente. Ouf. Elle n’a obtenu le traitement que parce qu’elle a insistĂ©... le mĂ©decin voulait lui demander de revenir au printemps pour cela... apparemment, on peut vivre 6 mois sans traitement de ce bidule.

      Aucun rapport avec le Covid, Ă©videmment. Et ça ne sert Ă  rien d’en parler, les gens te disent qu’il faut arrĂȘter de tout expliquer par le Covid. Ils n’ont pas tort. Hier, quand la moitiĂ© de l’équipe m’annonçait avoir manger qq chose d’avariĂ© la veille, du fait de leurs indispositions de ventre, on m’a dit la mĂȘme chose, la grippe, la gastro, le rhume, le VRS... MĂȘme quand tu leurs expliques que dans les labos, malgrĂ© les tests capables de tout dĂ©tecter en un test, ils ne trouvent que du Covid (normal, c’est le plus contagieux, les autres maladies n’ont pas la possibilitĂ© de se diffuser).

      Et comme en plus, plus personne ne peut aller voir un médecin... Personne ne sait jamais de quoi il est tombé malade. Et quand ils vont voir un médecin, il ne dit rien.

      Ceci dit, il semble que les derniers variants fonctionnent mieux avec les derniers tests. Parce que malgrĂ© tout, je vois quelques personnes qui disent qu’ils sont positifs, et qu’ils le disent parce qu’ils se sont testĂ©s.

  • Une nouvelle digue vient de sauter ...

    Loi immigration : cette concession fait glisser la Macronie vers la prĂ©fĂ©rence nationale
    ▻https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/loi-immigration-cette-concession-fait-glisser-la-macronie-vers-la-pre

    POLITIQUE - C’est l’histoire d’un principe rĂ©publicain qui, malgrĂ© quelques entailles, perdurait : l’universalitĂ© des allocations familiales. Une vision des prestations sociales qui permet, entre autres, Ă  une famille Ă©trangĂšre vivant en situation rĂ©guliĂšre et cotisant comme n’importe quelle famille française de pouvoir percevoir des aides.

    • En 1988 dĂ©jĂ , le RMI conditionnait l’ouverture de droit Ă  deux ans de sĂ©jour lĂ©gal sur le territoire. Le PS avait prĂ©vu 3 ans d’un tel stage probatoire. C’est le seul point que la mobilisation de l’époque - 2000 manifestants Ă  Paris, quand mĂȘme - avait partiellement fait modifier, laissant inentamĂ© un Ă©tat de minoritĂ© sociale des moins de 25 ans qui dure encore (droit de travailler Ă  16 ans, revenu minimum Ă  25, lĂ  le stage probatoire dure 9 ans...). La durĂ©e de sĂ©jour exigĂ©e pour ouvrir droit Ă  Ă©tĂ© portĂ©e Ă  5 ans lors de l’instauration du RSA.

      On mythifie la citoyennetĂ© pendant que selon diffĂ©rentes modalitĂ©s les droits sont balkanisĂ©s. L’égalitĂ© est dĂ©finie par la propriĂ©tĂ© dont l’État est le garant.

      #préférence_nationale #droits_sociaux #étrangers

    • Lettre ouverte Ă  votre dĂ©putĂ©.e macroniste qui a votĂ© une loi lepĂ©niste
      ▻https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/201223/lettre-ouverte-notre-depute-macroniste-qui-vote-une-loi-lepeniste#at

      Madame, Monsieur la/le député.e macroniste,

      Jamais je n’aurais imaginĂ© Ă©crire un tel courrier.

      Jamais je n’aurais imaginĂ© qu’une majoritĂ© de dĂ©putĂ©s macronistes acceptent de voter une loi qui fait de l’étranger l’ennemi public et qui entĂ©rine « une victoire idĂ©ologique » de l’extrĂȘme-droite.

      Non, tant que la droite extrĂȘme et l’extrĂȘme-droite restaient minoritaires dans l’hĂ©micycle, jamais je ne l’aurais imaginĂ©. Vous l’avez fait.

      Sans doute suis-je trop naĂŻf. J’accorde beaucoup trop de crĂ©dit aux engagements pris, aux paroles Ă©noncĂ©es, aux Ă©crits publiĂ©s. Je croyais qu’il y avait des valeurs inĂ©branlables que vous n’oseriez dĂ©pouiller. J’ai eu tort.

      Vous avez Ă©tĂ© Ă©lu en vous proclamant « ni de droite ni de gauche ».

      Vous avez Ă©tĂ© Ă©lu pour faire advenir « une RĂ©publique exemplaire ».

      Vous avez Ă©tĂ© Ă©lu en soutien d’un PrĂ©sident de la RĂ©publique qui, aprĂšs avoir promis en 2017 tout faire pour qu’il n’y ait plus de raison de voter pour l’extrĂȘme-droite, avait reconnu que le rĂ©sultat de 2022 « l’obligeait ». Autant de paroles en l’air

      Qu’avez-vous donc fait ?

      Vous vous ĂȘtes faits Ă©lire contre l’extrĂȘme-droite, votre mandat Ă©tait de faire barrage Ă  ses idĂ©es et vous avez finalement votĂ© son programme. Oui, vous avez votĂ© un projet de loi inspirĂ© par l’extrĂȘme-droite et vous l’avez votĂ© avec l’extrĂȘme-droite. Vous ĂȘtes devenus les porte-voix des idĂ©es du Rassemblement national. Vous ĂȘtes des dĂ©putĂ©s qui ont votĂ© une loi lepĂ©niste.

      Vos dĂ©nĂ©gations infondĂ©es n’y pourront rien. Vous avez votĂ© un texte infĂąme qui :

      fait revenir la prĂ©fĂ©rence nationale dans le droit français, restreignant l’accĂšs aux prestations sociales aux Ă©trangers parce qu’étrangers ;
      instaure une rupture d’égalitĂ© entre citoyens habitant ce pays ;
      supprime des droits Ă  des enfants français nĂ©s sur le sol français de parents Ă©trangers ;
      met fin Ă  l’automaticitĂ© du droit du sol, premiĂšre fois sous la 5Ăšme RĂ©publique ;
      restreint l’accĂšs Ă  l’hĂ©bergement d’urgence qui Ă©tait inconditionnel ;
      rĂ©tablit la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ© ;
      conditionne la venue d’étudiants Ă©trangers si essentiels Ă  notre systĂšme de recherche ;
      limite les possibilitĂ©s de regroupement familial ;
      instaure le dĂ©lit de sĂ©jour irrĂ©gulier ;
      rĂ©tablit la double peine ;

      Quelle honte.

      Le bouquet de l’ignominie ? Le gouvernement que vous soutenez a dĂ» se soumettre Ă  la droite radicalisĂ©e en promettant une rĂ©vision de l’AME dĂšs dĂ©but 2024.

      Toutes les lignes rouges ont été franchies.

      Vous avez cédé à tout.

      Vous avez tout cĂ©dĂ© Ă  la droite radicalisĂ©e et Ă  l’extrĂȘme-droite.

      C’est sur un plateau d’argent que vous avez livrĂ© au Rassemblement national sa plus grande victoire politique. Toutes les digues ont sautĂ©. Vous avez Ă©parpillĂ© façon puzzle le barrage rĂ©publicain. Vous ĂȘtes devenu un danger pour la RĂ©publique et ses valeurs. Pour les Ă©trangers habitant ce pays.

      C’est un point de non-retour.

      Quelles que soient les dĂ©cisions du Conseil Constitutionnel in fine, vous avez rĂ©pandu le venin de la haine de l’étranger jusqu’au cƓur de l’hĂ©micycle et du droit national : vous aviez la possibilitĂ© de prĂ©server la RĂ©publique et ses valeurs, vous les avez salies de votre vote ignoble. Il y a des lois qui font l’Histoire de France. Vous avez choisi d’ĂȘtre du cĂŽtĂ© de ceux qui font voler en Ă©clat des principes et des valeurs qui ont fait de la France ce qu’elle est.

      Liberté, égalité, fraternité.

      Contrairement à vos compromissions, notre devise républicaine est là pour durer.

      Il faut aujourd’hui en relever le drapeau.

      Un sursaut républicain viendra.

      Cela ne fait aucun doute.

      Vous n’en serez pas, vous avez votĂ© une loi lepĂ©niste.

      VoilĂ  ce que l’Histoire de notre pays retiendra de cet Ă©pisode honteux.

      Je vous prie, Madame, Monsieur la/le dĂ©putĂ©.e macroniste, de recevoir mes salutations et de vous dĂ©mettre : vous avez sali la RĂ©publique et trahi vos engagements.

      Maxime Combes, Ă©conomiste et auteur de Sortons de l’ñge des fossiles ! Manifeste pour la transition (Seuil, 2015) et co-auteur de « Un pognon de dingue mais pour qui ? L’argent magique de la pandĂ©mie » (Seuil, 2022).

  • Israel: Starvation Used as Weapon of War in Gaza
    December 18, 2023 | Human Rights Watch
    ▻https://www.hrw.org/news/2023/12/18/israel-starvation-used-weapon-war-gaza

    The Israeli government is using starvation of civilians as a method of warfare in the Gaza Strip, which is a war crime.
    Israeli officials have made public statements expressing their aim to deprive civilians in Gaza of food, water, and fuel – statements reflected in Israeli forces’ military operations.
    The Israeli government should not attack objects necessary for the survival of the civilian population, lift its blockade of the Gaza Strip, and restore electricity and water.

    (Jerusalem) – The Israeli government is using starvation of civilians as a method of warfare in the occupied Gaza Strip, which is a war crime, Human Rights Watch said today. Israeli forces are deliberately blocking the delivery of water, food, and fuel, while willfully impeding humanitarian assistance, apparently razing agricultural areas, and depriving the civilian population of objects indispensable to their survival. (...)

    #génocide

  • Ces juifs partisans d’une vision universaliste
    Orient XXI > Dominique Vidal > 16 décembre 2023
    ▻https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/ces-juifs-partisans-d-une-vision-universaliste,6922

    Si vous avez prĂ©vu d’offrir un cadeau de NoĂ«l Ă  Emmanuel Macron, voici une bonne idĂ©e : un excellent livre intitulĂ© Antisionisme, une histoire juive (Syllepse, Paris, 2023). À peine Ă©lu Ă  la prĂ©sidence, il innova en effet, dans son discours pour le 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, le 16 juillet 2017, en assurant : « Nous ne cĂšderons rien Ă  l’antisionisme, car il est la forme rĂ©inventĂ©e de l’antisĂ©mitisme. » Sur cette lancĂ©e, le Conseil reprĂ©sentatif des institutions juives de France (CRIF) exigea que cette phrase se transforme en une loi. La polĂ©mique qui s’ensuivit dura jusqu’à ce que, le 19 fĂ©vrier 2019, le prĂ©sident renonce Ă  cette lĂ©gislation.

    Si Macron dut rĂ©tropĂ©daler, c’est, expliquai-je alors (1)
    , pour deux raisons principales. La premiĂšre, sans doute dĂ©cisive, est qu’une telle lĂ©gislation aurait introduit un dĂ©lit d’opinion dans le droit français, qui n’en connaĂźt pas. Ce qui fit tousser bien des juristes, y compris macronistes. La seconde choqua surtout les historiens : comment dĂ©noncer comme « antisĂ©mite » l’« antisionisme » qui est, comme le titre joliment le livre en question, « une histoire juive » ?

    Qu’un Soral ou un DieudonnĂ© aient parfois drapĂ© leur antisĂ©mitisme dans un charabia antisioniste n’y change rien : c’est bien de l’opposition au projet d’« Ă‰tat des juifs » de Theodor Herzl qu’est nĂ© l’antisionisme, courant amplement majoritaire parmi les juifs jusqu’à la seconde guerre mondiale. AprĂšs la naissance d’IsraĂ«l, les antisionistes se fixĂšrent progressivement pour but de le transformer en « Ă‰tat de tous ses citoyens », comme la plupart des États du monde


    C’est de cette pensĂ©e et de ses cheminements que tĂ©moignent BĂ©atrice OrĂšs, MichĂšle Sibony et Sonia Fayman : elles ont choisi une cinquantaine d’extraits de textes d’auteurs juifs reprĂ©sentatifs de ce courant dans sa diversitĂ©, de Hannah Arendt Ă  Ella Shohat, de Karl Kraus Ă  Michel Warschawski, de Martin Buber Ă  Abraham Serfaty, de LĂ©on Trotski Ă  Daniel BensaĂŻd
. (...)

    • «  Confondre antisionisme et antisĂ©mitisme, c’est trahir ce qui Ă©tait la majoritĂ© des juifs du monde d’avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale »
      ▻https://lanticapitaliste.org/actualite/antiracisme/confondre-antisionisme-et-antisemitisme-cest-trahir-ce-qui-etait-l

      MichĂšle Sibony, porte-parole de l’UJFP, l’Union juive française pour la paix, rĂ©pond Ă  nos questions sur l’actualitĂ© de l’antisĂ©mitisme, les moyens de lutter contre celui-ci et son instrumentalisation par les classes dominantes.

      L’Anticapitaliste : Tu as co-dirigĂ© avec BĂ©atrice OrĂšs et Sonia Fayman, Antisionisme : une histoire juive , rĂ©cemment paru chez Syllepse. S’agit-il d’un projet dĂ©jĂ  ancien ? Y a-t-il un dĂ©clencheur particulier de cette initiative ?

      MichĂšle Sibony : Ce projet de livre a commencĂ© Ă  nous intĂ©resser aprĂšs la dĂ©claration du prĂ©sident Macron lors de la commĂ©moration de la rafle du Vel d’hiv, avec IsraĂ«l comme invitĂ© d’honneur en la personne de son Premier ministre Benyamin Netanyahou. Cette dĂ©claration a Ă©tĂ© le point culminant d’une campagne Ă©laborĂ©e dĂšs la deuxiĂšme Intifada, pour conjurer la critique de la politique israĂ©lienne qui s’exprimait de façon grandissante dans les opinions. Cette campagne a consistĂ© Ă  fusionner deux notions diffĂ©rentes. L’antisĂ©mitisme, une forme de racisme antijuif, et l’antisionisme idĂ©ologie politique critique du sionisme. Il s’agissait d’éteindre le feu des critiques, le vote de condamnation du Parlement europĂ©en rĂ©clamant des sanctions en 2002, l’avis de la Cour internationale de justice condamnant la construction du mur de sĂ©paration en 2004, les grandes manifestations de soutien Ă  la Palestine qui voient pour la premiĂšre fois une gĂ©nĂ©ration de jeunes arabes musulman·nes arriver en politique avec le sujet de la Palestine, l’enquĂȘte des diplomates europĂ©ens commanditĂ©e en 2008 par l’UE et enterrĂ©e dĂšs sa publication sur l’état de JĂ©rusalem Est
 Contre tout ceci l’amalgame est lancĂ© qui servira Ă  tout disqualifier. En 2003, le rapport Ruffin commandĂ© par Nicolas Sarkozy crĂ©Ă©e une catĂ©gorie, un antisionisme radical, qui serait celui de l’extrĂȘme gauche et de l’altermondialisme. Le rapport propose dĂ©jĂ  une loi qui sanctionnerait « ceux qui porteraient sans fondement Ă  l’encontre de groupes, institutions ou États, des accusations de racisme, et utiliseraient Ă  leur propos des comparaisons injustifiĂ©es avec l’apartheid ou le nazisme ».

      On retrouvera ces mĂȘmes termes dans les exemples chargĂ©s d’illustrer la dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme produite en 2016 par l’IHRA (Alliance internationale pour la mĂ©moire de l’holocauste) et que les groupes sionistes s’emploient Ă  faire voter État par État.

      La dĂ©claration suivante du prĂ©sident Macron nous a violemment interpellĂ©s : « Nous ne cĂ©derons rien aux messages de haine, nous ne cĂ©derons rien Ă  l’antisionisme, car il est la forme rĂ©inventĂ©e de l’antisĂ©mitisme ». Tout d’abord parce qu’elle constitue une nĂ©gation de l’histoire, et de l’histoire juive : l’antisionisme est d’abord une histoire juive, celle de tous les juifs qui se sont opposĂ©s Ă  une idĂ©ologie qui voulait changer leur destin. Et jusqu’à la DeuxiĂšme Guerre mondiale, il a concernĂ© l’essentiel des juifs du monde. Confondre antisionisme et antisĂ©mitisme pour des raisons de basse politique, c’était trahir ce qui Ă©tait la majoritĂ© des juifs du monde d’avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, et nier leur apport Ă  une discussion devenue essentielle aujourd’hui.

    • AprĂšs plus d’un mois de bombardements et de ravages Ă  Gaza et d’agressions coloniales mortifĂšres quotidiennes en Cisjordanie, la rĂ©quisition du judaĂŻsme et de la judĂ©itĂ© par le sionisme semble atteindre des niveaux d’intensitĂ© inĂ©galĂ©s, notamment pour attaquer la gauche en gĂ©nĂ©ral dĂšs lors que la question IsraĂ«l-Palestine en trace une dĂ©limitation assez nette. Mais comment apprĂ©cies-tu cette situation, toi-mĂȘme, pour commencer ?

      Effectivement la propagande israĂ©lienne a trĂšs vite mobilisĂ© ses rĂ©seaux gouvernementaux mĂ©diatiques et autres autour de l’identification entre juifs et israĂ©liens. Ramener ce qui s’était passĂ© Ă  un pogrom antisĂ©mite permettait d’effacer immĂ©diatement, dans la conscience europĂ©enne, tout le contexte colonial qui a fabriquĂ© cette explosion. C’était le but. Pourtant ce contexte colonial et impĂ©rialiste Ă©tait clairement revendiquĂ© par les premiers sionistes et il est Ă©voquĂ© dans notre ouvrage.

      Mais surtout, on doit se poser la question : est-ce vraiment ainsi qu’on « lutte contre l’antisĂ©mitisme » ? Il suffit de voir comment LFI a Ă©tĂ© attaquĂ©e en France, pour comprendre qu’il n’y avait aucune place autorisĂ©e Ă  une quelconque analyse. C’est avec nous ou contre nous. Une colĂšre s’exprime mĂȘme dans la gauche israĂ©lienne contre la gauche internationale, celle du moins qui n’a pas marchĂ© dans l’identification et qui continue de dĂ©noncer le siĂšge de Gaza par exemple. Une grande partie de la gauche israĂ©lienne se disent « les déçus de la gauche », c’est devenu une expression, par le manque d’empathie rencontrĂ© dans cette catĂ©gorie.

      En te posant ces questions, on pense aussi Ă  la maniĂšre dont circule une certaine imputation que la gauche aurait finalement un problĂšme irrĂ©solu avec l’antisĂ©mitisme ; par non-dit, par sous-estimation de la question, par complicitĂ© mĂȘme. C’est un scĂ©nario que l’on a beaucoup vu outre-Manche durant les annĂ©es Corbyn et qui a produit des dĂ©gĂąts assez considĂ©rables. Ce soupçon, qui peut virer Ă  l’incrimination pure et simple, vient lui-mĂȘme parfois de personnes, voire, de personnalitĂ©s, situĂ©es Ă  gauche. Alors plusieurs questions viennent Ă  l’esprit. La premiĂšre est de savoir ce que tu penses de ce dĂ©bat et du crĂ©dit qu’il faut lui accorder, surtout dans le contexte actuel ?

      Une certaine mouvance se dessine rĂ©cemment constituĂ©e de trois ou quatre petits groupes juifs qui se disent de gauche. Tout en se dĂ©clarant critiques d’IsraĂ«l – mais en gĂ©nĂ©ral ils demeurent silencieux sur ce point – l’objectif qu’ils se donnent est d’interpeller la gauche sur son manque de rĂ©activitĂ© Ă  l’antisĂ©mitisme ; cette mouvance revient activement Ă  la charge en ce moment.

      Il est urgent pour ces groupes qui ne remettent pas le sionisme en question, de verrouiller partout oĂč c’est possible la parole de soutien au peuple palestinien. Il suffit pour cela de proclamer que la gauche est insensible Ă  l’antisĂ©mitisme, voire serait antisĂ©mite, pour l’obliger Ă  recentrer le dĂ©bat, lĂ  oĂč il ne peut y avoir de dĂ©bat justement : le racisme, et lui faire abandonner le terrain politique oĂč ses positions gĂȘnent IsraĂ«l. Pourtant sur quelle base objective, quels faits quels textes s’appuie cette accusation ? Il s’agit plutĂŽt d’un Ă©noncĂ© performatif, qui fait exister ce qu’il dit juste parce qu’il le dit.

      Des syndicats, des mĂ©dias et des associations sont travaillĂ©s au corps, de l’intĂ©rieur, afin d’inflĂ©chir leurs positions sur la guerre d’IsraĂ«l contre Gaza. Cela se traduit par des communiquĂ©s qui mettent en avant l’antisĂ©mitisme et relativisent la solidaritĂ© si nĂ©cessaire en ce moment avec les Palestiniens.

      Ceux qui accusent la gauche d’antisĂ©mitisme, premiĂšrement veulent ignorer les ressorts du ressentiment antijuif liĂ© Ă  IsraĂ«l, ainsi que l’instrumentalisation des juifs français qui alimente et cultive ce ressentiment. De fait, ils assument cette instrumentalisation, alors que la gauche tente de la refuser. Ils font en rĂ©alitĂ© le travail de l’État raciste Ă  l’intĂ©rieur de la gauche. Ils contribuent Ă  bĂąillonner ou rĂ©frĂ©ner la critique politique lĂ©gitime de la gauche contre la politique israĂ©lienne.

      Ils sont au fond dans la mĂȘme posture que tous ceux, plus Ă  droite, qui continuent d’exiger une totale empathie pour les victimes du 7 octobre, sans jamais mĂȘme Ă©voquer les milliers de morts et le risque gĂ©nocidaire encouru par la population gazaouie. Pire encore, ils exigent cette empathie pour bloquer toute empathie ultĂ©rieure sur les victimes de la vengeance revendiquĂ©e par le gouvernement israĂ©lien. Cette empathie revendiquĂ©e a un implicite : vous ĂȘtes avec nous ou contre nous.

      Une Ă©tude attentive des textes de ces groupes juifs de gauche qui investissent les syndicats partis mĂ©dias, de cette question de l’insuffisante empathie pour les juifs, montre dans ses replis l’emprise sioniste sur ces dĂ©bats. Il s’agit de ramener Ă  plus de modĂ©ration la critique d’IsraĂ«l, et ça marche !

      Cela signifie-t-il qu’il ne faudrait pas parler d’antisĂ©mitisme ? Certainement pas, d’ailleurs cette question est trĂšs prĂ©sente au sein des dĂ©bats de l’UJFP. Le problĂšme c’est comment on pose le cadre du dĂ©bat et ses critĂšres : soit l’antisĂ©mitisme est un racisme Ă  part, qui mĂ©rite une distinction spĂ©ciale de toutes les autres formes du racisme, et on voit bien lĂ  l’hĂ©ritage en France de la Seconde Guerre mondiale, mais cette hiĂ©rarchie favorise l’« unicitĂ© » de la question juive, sa mise au-dessus et toutes les autres formes du racisme agglomĂ©rĂ©es en un magma indistinct, son apprĂ©hension comme exception.

      Soit on acte que le racisme travaille les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes depuis longtemps, non seulement sous sa forme antisĂ©mite, mais aussi sous sa forme coloniale, esclavagiste, impĂ©rialiste, et sa persistance dans nos sociĂ©tĂ©s (une persistance d’autant plus visible que les fils et filles des colonies et du sud sont aussi ici et françaisEs depuis la dĂ©colonisation. On voit bien que la question dĂ©coloniale a beaucoup divisĂ© et divise toujours les syndicats, les partis les militants de gauche. La color-blindness assumĂ©e, la haine parfois de ceux qui ont osĂ© se revendiquer indigĂšnes, la dispute qui traverse les universitĂ©s entre ce qu’ils appellent universalisme Ă  la française et communautarisme, autant de questions qui rencontrent beaucoup de rĂ©sistances. Cette seconde façon d’aborder et d’articuler le racisme dans ses diffĂ©rentes formes a le mĂ©rite de rechercher des convergences humanistes et politiques, alors que la premiĂšre hiĂ©rarchise sĂ©pare, et isole les juifs.

      Y-a-t-il urgence Ă  « former » les militantEs Ă  gauche aux dangers de l’antisĂ©mitisme ?

      Il y a urgence Ă  mobiliser les militants sur le racisme en gĂ©nĂ©ral, sur les questions dĂ©coloniales, l’anti-impĂ©rialisme et l’internationalisme. Et l’antisĂ©mitisme fait intĂ©gralement partie de toutes ces questions, il n’est ni ailleurs ni au-dessus.

      Ou une meilleure connaissance de la tradition juive antisioniste ne serait-elle pas le meilleur prĂ©alable Ă  toute discussion relative Ă  ces questions ?

      La tradition juive antisioniste a eu le mĂ©rite dĂšs son dĂ©but d’alerter sur ce que le sionisme produirait dans cette rĂ©gion. Les antisionistes ont dĂšs la premiĂšre heure pris en compte la prĂ©sence sur la terre sans peuple, d’un peuple autochtone qui ne supporterait pas d’ĂȘtre dĂ©possĂ©dĂ©.

      Puis avec la progression du peuplement juif du territoire, et l’installation d’une souverainetĂ© juive sur ce mĂȘme territoire, ils ont cherchĂ© et cherchent toujours des issues humanistes Ă  l’affrontement inĂ©vitable. Ces pages sont en rĂ©alitĂ© Ă  la fois d’une justesse profonde quant au diagnostic, et pleines d’espoir pour une possible guĂ©rison.

  • Gaza ou la fin de l’humanitĂ©
    ▻https://reporterre.net/Gaza-ou-la-fin-de-l-humanite

    DĂ©calons autrement le regard. Dans un livre marquant paru en 2009, Les guerres du climat (Ă©d. Gallimard), l’anthropologue allemand Harald Welzer alertait sur le risque que la crise Ă©cologique conduise Ă  une guerre gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Mais l’auteur allait plus loin : alors que le chaos Ă©cologique — si on le laisse s’aggraver — crĂ©era de plus en plus de dĂ©sordre gĂ©opolitique et de mouvements de population, les populations des pays riches tendront Ă  accepter, pour protĂ©ger leur confort, l’abandon, voire la rĂ©pression brutale des populations livrĂ©es Ă  un sort misĂ©rable et leur demandant de l’aide. Comme le formule bien Pablo Servigne, « Welzer montre comment une sociĂ©tĂ© peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du tolĂ©rable au point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et humanistes, et sombrer dans ce qu’elle considĂ©rait comme inacceptable quelques annĂ©es auparavant. (
) Les habitants des pays riches s’habitueront aussi probablement Ă  des politiques de plus en plus agressives envers les rĂ©fugiĂ©s ou envers d’autres États, mais surtout ressentiront de moins en moins cette injustice que ressentent les populations touchĂ©es par les catastrophes. C’est ce dĂ©calage qui servira de terreau Ă  de futurs conflits ». L’inhumanitĂ© avec laquelle nous acceptons des milliers de noyĂ©s en MĂ©diterranĂ©e fait ici Ă©cho au silence que fait rĂ©sonner le drame de Gaza.

    Mais prenons garde. Nul ne se relĂšvera de la barbarie oĂč conduit l’égoĂŻsme ou la lĂąchetĂ©. Ce qui se passe en Palestine se dĂ©roule « aujourd’hui dans un contexte de fascisation mondialisĂ©e » constate le chercheur Omar Jabary Salamanca Lemire, citĂ© par Mediapart. Accepter le massacre perpĂ©trĂ© par l’État d’IsraĂ«l, c’est prĂ©parer d’autres drames Ă  venir, dans une course inextinguible Ă  l’horreur menĂ©e par des monstres convaincus que la force est la seule puissance.

    Plus que jamais, la paix s’impose. Il faut le dire, calmement, sans crainte d’aucun discours de haine. La paix, maintenant. Et dire l’espoir, qui vaut pour la Palestine comme pour une humanitĂ© confrontĂ©e au destin Ă©cologique. Le mot nous en vient d’une Ă©crivaine libanaise, Dominique EddĂ© : « En dehors d’une utopie, il n’y a pas de solution possible. » Nous appelons Ă  l’utopie de la paix.

    • Soyons encore plus clair : ce qui se passe actuellement Ă  Gaza signifie que plus aucun humain n’est en sĂ©curitĂ©.
      Il n’y a plus de droit international, plus de droits de l’homme, il n’y a plus que la loi du plus fort, de celu qui a le plus gros gourdin et peut donc s’approprier sans peine ce qu’il veut, quand il le veut.

      Tout le monde regarde ce qui se passe et il devient clair que c’est le moment de ressortir les vieux dossiers des appĂ©tits colonisateurs.

      Qui va arrĂȘter les Chinois s’ils envahissent TaĂŻwan (on sait qu’ils y pensent trĂšs fort) ?
      DĂ©jĂ , on laisse tomber sans vergogne les Ukrainiens qui Ă©taient la grande cause de l’axe de bien .
      Personne n’a levĂ© le petit doigt pour les ArmĂ©niens du Haut-Karabagh, alors qu’eux aussi sont survivants d’un gĂ©nocide.

      Je pense que tout le monde est en train de sortir les couteaux.

    • Ça sourd de partout. Le dernier exemple local en date est la maniĂšre dont notre Darmanin revendique de s’asseoir sur les arrĂȘts de la CEDH ou vante les mĂ©rites d’un projet de loi immigration qui -prometteuse amorce- permettrait l’expulsion immĂ©diate de 4000 « dĂ©linquants Ă©trangers ».

      Si nous avions encore des dents, ça ouvrirait de l’espace pour d’autres couteaux.

      #droit #droit_international #droit_du_travail #droit_au_séjour #droit_pénal #droits_sociaux #droits #barbarisation

    • Les suites de la premiĂšre guerre d’Irak (1991) auraient pu nous mettre la puce Ă  l’oreille (embargo). Puis la guerre de Serbie, et la façon dont l’OTAN a pris pour cible les infrastructures civiles. Puis la seconde guerre d’Irak, phosphore blanc, et uranium appauvri. Tout du long, le conflit en Palestine et au Liban a dĂ©montrĂ© notre totale inhumanitĂ©. Avec nĂ©anmoins le reste du monde qui prenait plus ou moins au sĂ©rieux la bonne volontĂ© occidentale de mettre en oeuvre des organisations multilatĂ©rale pour encadrer ces abus. L’OMC, qui avait pour charge de rĂ©duire les barriĂšres au commerce pourrait sans doute ĂȘtre qualifiĂ© par les historiens comme le cheval de troie d’un multilatĂ©ralisme fantasmĂ©, auquel l’empire occidental n’a jamais eu l’intention honnĂȘte d’adhĂ©rer que tant qu’il en Ă©tait le bĂ©nĂ©ficiaire ultime.

      Le niveau de dĂ©gueulasserie de l’Occident, qu’il s’agisse de Frontex, de la Libye, ou de l’Ukraine est insupportable. Mais apparemment, comme il est Ă©crit dans cet article, nos populations s’en contrefoutent.

    • La PremiĂšre Guerre du Golfe, nom arabe de l’article sur la Guerre Iran-Irak

      ۭ۱ۚ Ű§Ù„ŰźÙ„ÙŠŰŹ Ű§Ù„ŰŁÙˆÙ„Ù‰ - ÙˆÙŠÙƒÙŠŰšÙŠŰŻÙŠŰ§

      ▻https://ar.wikipedia.org/wiki/%D8%AD%D8%B1%D8%A8_%D8%A7%D9%84%D8%AE%D9%84%D9%8A%D8%AC_%D8%A7%D9%84%D

      La PremiĂšre Guerre du Golfe (ۭ۱ۚ Ű§Ù„ŰźÙ„ÙŠŰŹ Ű§Ù„ŰŁÙˆÙ„Ù‰) ou La Guerre Iran-Irak, que le gouvernement irakien de l’époque appelait Qadisiyah de Saddam (Ù‚Ű§ŰŻŰłÙŠŰ© Ű”ŰŻŰ§Ù…), tandis qu’en Iran, elle Ă©tait connue sous le nom de La Sainte DĂ©fense (En persan : DĂ©fense sacrĂ©e ŰŻÙŰ§Űč Ù…Ù‚ŰŻŰł)

      Le lien WP derriĂšre Qadisiyah de Saddam renvoie Ă  un article Utilisation moderne du nom Qadisiyah.

    • et donc, trĂšs logiquement,
      ‱ la premiĂšre guerre du Golfe WP[fr] se traduit en arabe par la seconde guerre du Golfe WP[ar] et en persan par guerre du Golfe Persique WP[fa]
      ‱ la guerre d’Irak WP[fr] (ou seconde guerre du Golfe) se traduit par la guerre d’Irak WP[ar] et WP[fa]

    • Le niveau de dĂ©gueulasserie de l’Occident, qu’il s’agisse de Frontex, de la Libye, ou de l’Ukraine est insupportable. Mais apparemment, comme il est Ă©crit dans cet article, nos populations s’en contrefoutent.

      Certes mais le problĂšme fondamental pour les assigné·es Ă  la misĂšre c’est le choix entre la fin du monde ou la fin du mois. La populace (euh pardon) la population n’en a effectivement rien Ă  carrer de la politique Ă©trangĂšre des nations de l’Occident.
      #nimby

    • PrĂ©cision tout de mĂȘme : je ne cautionne pas la passivitĂ© de la « population » par le fait qu’elle a bien trop d’autres soucis Ă  gĂ©rer. Je rajouterai mĂȘme que cette passivitĂ© (ce manque de « compassion », terme que je rĂ©prouve car beaucoup trop consensuel Ă  mon goĂ»t) est sciemment entretenu par le discours extrĂȘmement droitisĂ© qui a cours depuis 2007 (Sarkozy) et qui veut nous convaincre que nous avons (nous aussi) des « valeurs » Ă  dĂ©fendre (la « civilisation »). La terminologie est d’ailleurs Ă©loquente puisque les mĂ©dias ont banalisĂ© la notion de « Forteresse Europe ». Tout comme pour les citoyens de l’état hĂ©breu, tout est fait pour que nous dĂ©veloppions une mentalitĂ© d’assiĂ©gĂ©s.
      Maintenant, quand on se tourne vers « la population » qui est confrontĂ©e Ă  des problĂšmes de prĂ©caritĂ© de plus en plus prĂ©gnants (comment faire bouillir la marmite jusqu’au 30 du mois sans risquer le dĂ©pĂŽt de bilan) ne nous Ă©tonnons pas du manque d’empathie par rapport aux problĂšmes du Proche-Orient. C’est une illustration flagrante de ce qui est dit ici :

      « Welzer montre comment une sociĂ©tĂ© peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du tolĂ©rable au point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et humanistes, et sombrer dans ce qu’elle considĂ©rait comme inacceptable quelques annĂ©es auparavant. (
) Les habitants des pays riches s’habitueront aussi probablement Ă  des politiques de plus en plus agressives envers les rĂ©fugiĂ©s ou envers d’autres États, mais surtout ressentiront de moins en moins cette injustice que ressentent les populations touchĂ©es par les catastrophes. C’est ce dĂ©calage qui servira de terreau Ă  de futurs conflits ».

      Donc, Ă  mon avis, la situation crĂ©Ă©e par la crise climatique (pandĂ©mies incluses), due Ă  une surexploitation des ressources planĂ©taires ne va aller qu’en empirant. En attendant, observons les parties Ă©mergĂ©s des gros icebergs qui se rapprochent (inflation, effondrement des services publics, corruption en tous genres). Ça nous permettra encore un temps d’oublier que ce qui se passe lĂ -bas risque d’arriver en Europe et beaucoup plus rapidement qu’on ne saurait l’envisager. En fait, si les gros salopards aux manettes ont dressĂ© leurs nervis Ă  bien fracasser du contestataire, ce n’était pas par soucis d’esthĂ©tique idĂ©ologique. Non. C’est que ça va leur servir Ă  maintenir leurs privilĂšges. Cela prouvera aussi leur capacitĂ© d’anticipation sur l’avĂšnement du #capitalisme_de_dĂ©sastre.

    • IsraĂ«l perd cette guerre | Tony Karon et Daniel Levy
      ▻https://www.contretemps.eu/israel-perd-cette-guerre

      Tony Karon et Daniel Levy analysent – dans cet article d’abord publiĂ© par The Nation – les logiques politiques et militaires de l’opĂ©ration du 7 octobre et de la guerre menĂ©e Ă  Gaza, en interrogeant les effets Ă  moyen terme sur IsraĂ«l et ses soutiens, ainsi que sur la rĂ©sistance palestinienne. Ils considĂšrent que malgrĂ© la violence dĂ©chaĂźnĂ©e contre les Palestiniens, IsraĂ«l ne parvient pas Ă  atteindre ses objectifs politiques. Et que si les effets de la situation prĂ©sente sont catastrophiques pour les vies palestiniennes, IsraĂ«l ne s’oriente pas vers une victoire ni vers une stabilisation de la situation.

    • BĂ©ligh Nabli : " Cette guerre est perdue d’avance pour #IsraĂ«l car :
      1/le #Hamas ne sera jamais totalement détruit ou prendra une autre forme
      2/ Avec la diffusion des images des milliers de morts de civils, le coĂ»t politique et symbolique de la guerre affecte l’image d’IsraĂ«l
      ▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1736452226170732544/pu/vid/avc1/640x360/wE6OokWAcazeOY99.mp4?tag=12


      ▻https://twitter.com/Chronikfr/status/1736452816539881717

    • Il ne s’agit plus dĂ©sormais de savoir qui va perdre ou gagner la guerre. L’essentiel, c’est qu’il y ait la guerre, et surtout qu’elle soit permanente, cruelle, dĂ©vastatrice en vies humaines, qu’elle crĂ©e un Ă©tat d’urgence illimitĂ© et totalitaire grĂące une Ă©conomie administrĂ©e par les classes dominantes qui elles, absorberont la totalitĂ© des richesses produites par le travail des #surnumĂ©raires.

  • Ascension et chute d’une petite raclure mĂ©diatique sous couverture de « syndicalisme » policier.

    Le médiatique Matthieu Valet se voit retirer son mandat de porte-parole du syndicat des commissaires SICP - Le Parisien
    ▻https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-mediatique-matthieu-valet-se-voit-retirer-son-mandat-de-porte-parole-d

    AprĂšs six ans d’exercice, Matthieu Valet s’est vu retirer ce vendredi son mandat de porte-parole du Syndicat indĂ©pendant des commissaires de police (SICP), a appris Le Parisien de sources concordantes. Une dĂ©cision votĂ©e Ă  l’unanimitĂ© par le bureau national du syndicat policier, aprĂšs la publication de plusieurs « articles de presse » prĂȘtant Ă  leur secrĂ©taire national adjoint des « ambitions politiques pour les Ă©lections europĂ©ennes de 2024 », prĂ©cise le SICP, dans un communiquĂ© transmis au Parisien.

    Selon Le Canard EnchaĂźnĂ©, Jordan Bardella aurait approchĂ© le trĂšs mĂ©diatique commissaire, chef adjoint de la BAC du Val-de-Marne, pour lui proposer de rejoindre sa liste. Dans nos colonnes, Matthieu Valet avait contestĂ© le 16 novembre toute vellĂ©itĂ© politique. Devant le bureau national, vendredi, Matthieu Valet a de nouveau fermement dĂ©menti avoir Ă©tĂ© approchĂ© par le Rassemblement national. « Ce sont des rumeurs. On ne m’a rien proposĂ©, et je n’ai rien demandĂ© », martĂšle ce samedi Matthieu Valet, contactĂ© par nos soins.

    Menteeeeeur !!!

    « Bardella veut faire une liste CNews de gens vus Ă  la tĂ©lĂ© »

    Parmi les noms qui circulent, celui de l’ancien prĂ©sident du Printemps rĂ©publicain et ex-PS Amine El Khatmi qui indique que « Ă§a n’a jamais Ă©tĂ© d’actualitĂ© » mĂȘme si des cadres RN ont tĂątĂ© le terrain auprĂšs de lui. Ou encore d’un autre habituĂ© des plateaux, le porte-parole du syndicat indĂ©pendant des commissaires de police Matthieu Valet qui prĂ©cise que « pour l’instant, ce n’est pas du tout d’actualitĂ© ». « Bardella veut faire une liste CNews de gens vus Ă  la tĂ©lĂ© », croit savoir une source parlementaire. « Les seuls Ă  avoir les noms, c’est Jordan Bardella et Marine Le Pen. Personne d’autre n’est au courant », Ă©vacue-t-on dans l’entourage du chef.

    ▻https://www.leparisien.fr/amp/elections/europeennes/europeennes-le-casse-tete-de-la-composition-de-la-liste-pour-jordan-barde

  • A la recherche de combattants du Hamas, l’armĂ©e israĂ©lienne enterre vivants des dĂ©placĂ©s dans un hĂŽpital (Images horribles) – Site de la chaĂźne AlManar-Liban
    ▻https://french.almanar.com.lb/2816937

    Pour mĂ©moire, s’il y en aura un jour une pour les victimes en Palestine (le site n’est pas accessible depuis la France attachĂ©e Ă  une libertĂ© de l’information qui ne profite pas aux organisations terroristes.)

    Une horreur de plus s’ajoute aux atrocitĂ©s commises par IsraĂ«l contre la bande de Gaza depuis 70 jours.

    Selon des tĂ©moins oculaires, l’armĂ©e d’occupation a enterrĂ© vivants des dizaines de dĂ©placĂ©s et de malades dans la cour de l’hĂŽpital Kamal Adwan, au terme de l’offensive menĂ©e contre lui depuis 9 jours. La ministre de la SantĂ© du gouvernement de Gaza May al-Kayla a rĂ©clamĂ© l’ouverture d’une enquĂȘte internationale.

    Cet hĂŽpital situĂ© Ă  Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza, le seul en service, faisait aussi l’objet d’un siĂšge depuis 9 jours, interdisant l’arrivĂ©e des approvisionnements et le bombardant Ă  plusieurs reprises.

    Selon l’Observatoire Euro-Med des droits de l’hommes l’armĂ©e israĂ©lienne a bombardĂ© le service des naissances de l’hĂŽpital tuant deux femmes et leurs deux nourrissons et amputant les jambes d’une troisiĂšme.

    L’observatoire a rĂ©pertoriĂ© le cas d’un homme ĂągĂ© qui est mort de faim dans l’hĂŽpital et la mort d’un deuxiĂšme lorsque les soldats ont lĂąchĂ© leur chien contre lui.

    Le directeur gĂ©nĂ©ral du ministĂšre de la SantĂ© Ă  Gaza Mounir al-Barech a dĂ©clarĂ© ce samedi que pendant ses jours, l’armĂ©e israĂ©lienne a transformĂ© l’hĂŽpital Kamal Adwan en une caserne militaire, humiliant son cadre mĂ©dical et ses patients et dĂ©truisant son aile sud.

    hop_kamal_adwane

    Selon lui, elle a contraint les malades Ă  descendre dans la cour et en arrĂȘtĂ© 5 ce matin et refusĂ© d’évacuer les malades de l’hĂŽpital.

    « 12 enfants se trouvent toujours dans le service pour enfants sans eau ni nourriture et l‘armĂ©e a interdit leur Ă©vacuation », a-t-il ajoutĂ©.

    Il rapportĂ© que leurs soldats ont fouillĂ© les bĂątiments de l’hĂŽpital utilisant son personnel comme boucliers humains.

    Ils ont mĂȘme ouvert le feu sur les ambulances dans l’hĂŽpital et son entourage, toujours selon al-Barech.

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    Une infirmiĂšre a rĂ©vĂ©lĂ© que les membres du cadre mĂ©dical ont Ă©tĂ© soumis Ă  un interrogatoire par les militaires israĂ©liens qui insistaient pour savoir oĂč se trouvent les combattants du Hamas.

    Une secouriste a rapportĂ© que les soldats leur ont demandĂ© de sortir les armes alors qu’il n’y avait pas d’arme. Elle a assurĂ© que les images publiĂ©es sont mensongĂšres.

    La seule pharmacie au nord a été réduite en miettes.

    C’était avant le massacre.

    Ce samedi, rapportent des tĂ©moins oculaires, « Les bulldozers ont Ă©crasĂ© les tentes dans la cour de l’hĂŽpital avec barbarie et les gens qui se trouvaient Ă  l’intĂ©rieur ont Ă©tĂ© ensevelis sous terre ».

    Selon le journaliste Imad Zaqout, il y a plus de 20 cadavres de ces victimes écrasées et enterrées par les bulldozers israéliens.

    Il a assuré avoir vu des chats manger les cadavres des martyrs.

    Dans sa version, l’armĂ©e d’occupation qui a affirmĂ© avoir mis fin Ă  son opĂ©ration dans l’hĂŽpital a prĂ©tendu que cette rĂ©gion est utilisĂ©e par le Hamas comme centre de commandement et de surveillance, assurant avoir capturĂ© 90 membres du Hamas dans l’entourage de l’hĂŽpital et trouvĂ© des armes.

    • Raniero Panzieri, Mario Tronti, Gaspare De Caro, Toni Negri (Turin, 1962)

      ConfĂ©rence de Potere operaio Ă  l’UniversitĂ© de Bologne en 1970.

      Manifestation de Potere operaio Ă  Milan en 1972.

      Negri lors de son procĂšs aprĂšs la rafle du 7 avril 1979

      #Toni_Negri
      â–șhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Toni_Negri

      Lénine au-delà de Lénine, Toni Negri (extrait de 33 Leçons sur Lénine), 1972-1973
      ▻http://revueperiode.net/lenine-au-dela-de-lenine

      Domination et sabotage - Sur la méthode marxiste de transformation sociale, Antonio Negri (pdf), 1977
      ▻https://entremonde.net/IMG/pdf/a6-03dominationsabotage-0-livre-high.pdf

      L’Anomalie sauvage d’Antonio Negri, Alexandre Matheron, 1983
      ▻https://books.openedition.org/enseditions/29155?lang=fr

      Sur Mille Plateaux, Toni Negri, Revue ChimĂšres n° 17, 1992
      ▻https://www.persee.fr/doc/chime_0986-6035_1992_num_17_1_1846

      Les coordinations : une proposition de communisme, Toni Negri, 1994
      ▻https://www.multitudes.net/les-coordinations-une-proposition

      Le contre-empire attaque, entretien avec Toni Negri, 2000
      ▻https://vacarme.org/article28.html

      [#travail #multitude_de_singularitĂ©s Ă  18mn] : Toni Negri, 2014
      â–șhttps://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/actualite-philosophique-toni-negri-5100168

      Ă  l’occasion de la parution du Hors-SĂ©rie de Philosophie Magazine sur le thĂšme, les philosophes et le #communisme.

      Socialisme = soviets + électricité, Toni Negri, 2017
      â–șhttp://revueperiode.net/les-mots-dordre-de-lenine

      L’appropriation du capital fixe : une mĂ©taphore ?
      Antonio Negri, Multitudes 2018/1 (n° 70)
      ▻https://www.cairn.info/revue-multitudes-2018-1-page-92.htm

      Domination et sabotage - Entretien avec Antonio Negri, 2019
      ▻https://vacarme.org/article3253.html

    • Les nĂ©cros de Ration et de L’imMonde ont par convention une tonalitĂ© vaguement Ă©logieuse mais elles sont parfaitement vides. Celle de l’Huma parait plus documentĂ©e mais elle est sous paywall...

      edit L’Huma c’est encore et toujours la vilaine bĂȘtise stalinienne :

      Figure de prou de "l’opĂ©raĂŻsme" dans les annĂ©es 1960, arrĂȘtĂ© durant les annĂ©es de plomb en Italie, penseur de la "multitude" dans les annĂ©es 2000, le thĂ©oricien politique, spĂ©cialiste de la philosophie du droit et de Hegel, est mort Ă  Paris Ă  l’ñge de 90 ans.
      Pierre Chaillan

      (...) Figure intellectuelle et politique, il a traversĂ© tous les soubresauts de l’histoire de l’Italie moderne et restera une grande Ă©nigme au sein du mouvement communiste et ouvrier international . NĂ© le 1er aoĂ»t 1933 dans l’Italie mussolinienne, d’un pĂšre communiste disparu Ă  la suite de violences infligĂ©es par une brigade fasciste, Antonio Negri est d’abord militant de l’Action catholique avant d’adhĂ©rer en 1956 au Parti socialiste italien, qu’il quittera rapidement.

      Le thĂ©oricien, animateurs de “l’opĂ©raĂŻsme”

    • Un journaliste du Monde « Gauchologue et fafologue / Enseigne @sciencespo » diffuse sur X des extraits de l’abject "Camarade P38" du para-policier Fabrizio Calvi en prĂ©tendant que cette bouse « rĂ©sume les critiques ».
      Mieux vaut se rĂ©fĂ©rer Ă  EMPIRE ET SES PIÈGES - Toni Negri et la dĂ©concertante trajectoire de l’opĂ©raĂŻsme italien, de Claudio Albertani ▻https://infokiosques.net/spip.php?article541

    • #opĂ©raĂŻsme

      ▻http://www.zones-subversives.com/l-op%C3%A9ra%C3%AFsme-dans-l-italie-des-ann%C3%A9es-1960

      Avant l’effervescence de l’Autonomie italienne, l’opĂ©raĂŻsme tente de renouveler la pensĂ©e marxiste pour rĂ©flĂ©chir sur les luttes ouvriĂšres. Ce mouvement politique et intellectuel se dĂ©veloppe en Italie dans les annĂ©es 1960. Il dĂ©bouche vers une radicalisation du conflit social en 1968, et surtout en 1969 avec une grĂšve ouvriĂšre sauvage. Si le post-opĂ©raĂŻsme semble relativement connu en France, Ă  travers la figure de Toni Negri et la revue Multitudes, l’opĂ©raĂŻsme historique demeure largement mĂ©connu.

      Mario Tronti revient sur l’aventure de l’opĂ©raĂŻsme, Ă  laquelle il a activement participĂ©. Son livre articule exigence thĂ©orique et tĂ©moignage vivant. Il dĂ©crit ce mouvement comme une « expĂ©rience de pensĂ©e - d’un cercle de personnes liĂ©es entre elles indissolublement par un lien particulier d’amitiĂ© politique ». La conflictualitĂ© sociale et la radicalisation des luttes ouvriĂšres doit alors permettre d’abattre le capitalisme.

    • IL SECOLO BREVE DI TONI NEGRI, Ago 17, 2023,
      di ROBERTO CICCARELLI.

      ▻http://www.euronomade.info/?p=15660

      Toni Negri hai compiuto novant’anni. Come vivi oggi il tuo tempo?

      Mi ricordo Gilles Deleuze che soffriva di un malanno simile al mio. Allora non c’erano l’assistenza e la tecnologia di cui possiamo godere noi oggi. L’ultima volta che l’ho visto girava con un carrellino con le bombole di ossigeno. Era veramente dura. Lo Ăš anche per me oggi. Penso che ogni giorno che passa a questa etĂ  sia un giorno di meno. Non hai la forza di farlo diventare un giorno magico. È come quando mangi un buon frutto e ti lascia in bocca un gusto meraviglioso. Questo frutto Ăš la vita, probabilmente. È una delle sue grandi virtĂč.

      Novant’anni sono un secolo breve.

      Di secoli brevi ce ne possono essere diversi. C’ù il classico periodo definito da Hobsbawm che va dal 1917 al 1989. C’ù stato il secolo americano che perĂČ Ăš stato molto piĂč breve. È durato dagli accordi monetari e dalla definizione di una governance mondiale a Bretton Woods, agli attentati alle Torri Gemelle nel settembre 2001. Per quanto mi riguarda il mio lungo secolo Ăš iniziato con la vittoria bolscevica, poco prima che nascessi, ed Ăš continuato con le lotte operaie, e con tutti i conflitti politici e sociali ai quali ho partecipato.

      Questo secolo breve Ăš terminato con una sconfitta colossale.

      È vero. Ma hanno pensato che fosse finita la storia e fosse iniziata l’epoca di una globalizzazione pacificata. Nulla di piĂč falso, come vediamo ogni giorno da piĂč di trent’anni. Siamo in un’etĂ  di transizione, ma in realtĂ  lo siamo sempre stati. Anche se sottotraccia, ci troviamo in un nuovo tempo segnato da una ripresa globale delle lotte contro le quali c’ù una risposta dura. Le lotte operaie hanno iniziato a intersecarsi sempre di piĂč con quelle femministe, antirazziste, a difesa dei migranti e per la libertĂ  di movimento, o ecologiste.

      Filosofo, arrivi giovanissimo in cattedra a Padova. Partecipi a Quaderni Rossi, la rivista dell’operaismo italiano. Fai inchiesta, fai un lavoro di base nelle fabbriche, a cominciare dal Petrolchimico di Marghera. Fai parte di Potere Operaio prima, di Autonomia Operaia poi. Vivi il lungo Sessantotto italiano, a cominciare dall’impetuoso Sessantanove operaio a Corso Traiano a Torino. Qual ù stato il momento politico culminante di questa storia?

      Gli anni Settanta, quando il capitalismo ha anticipato con forza una strategia per il suo futuro. Attraverso la globalizzazione, ha precarizzato il lavoro industriale insieme all’intero processo di accumulazione del valore. In questa transizione, sono stati accesi nuovi poli produttivi: il lavoro intellettuale, quello affettivo, il lavoro sociale che costruisce la cooperazione. Alla base della nuova accumulazione del valore, ci sono ovviamente anche l’aria, l’acqua, il vivente e tutti i beni comuni che il capitale ha continuato a sfruttare per contrastare l’abbassamento del tasso di profitto che aveva conosciuto a partire dagli anni Sessanta.

      Perché, dalla metà degli anni Settanta, la strategia capitalista ha vinto?

      PerchĂ© Ăš mancata una risposta di sinistra. Anzi, per un tempo lungo, c’ù stata una totale ignoranza di questi processi. A partire dalla fine degli anni Settanta, c’ù stata la soppressione di ogni potenza intellettuale o politica, puntuale o di movimento, che tentasse di mostrare l’importanza di questa trasformazione, e che puntasse alla riorganizzazione del movimento operaio attorno a nuove forme di socializzazione e di organizzazione politica e culturale. È stata una tragedia. Qui che appare la continuitĂ  del secolo breve nel tempo che stiamo vivendo ora. C’ù stata una volontĂ  della sinistra di bloccare il quadro politico su quello che possedeva.

      E che cosa possedeva quella sinistra?

      Un’immagine potente ma giĂ  allora inadeguata. Ha mitizzato la figura dell’operaio industriale senza comprendere che egli desiderava ben altro. Non voleva accomodarsi nella fabbrica di Agnelli, ma distruggere la sua organizzazione; voleva costruire automobili per offrirle agli altri senza schiavizzare nessuno. A Marghera non avrebbe voluto morire di cancro nĂ© distruggere il pianeta. In fondo Ăš quello che ha scritto Marx nella Critica del programma di Gotha: contro l’emancipazione attraverso il lavoro mercificato della socialdemocrazia e per la liberazione della forza lavoro dal lavoro mercificato. Sono convinto che la direzione presa dall’Internazionale comunista – in maniera evidente e tragica con lo stalinismo, e poi in maniera sempre piĂč contraddittoria e irruente -, abbia distrutto il desiderio che aveva mobilitato masse gigantesche. Per tutta la storia del movimento comunista Ăš stata quella la battaglia.

      Cosa si scontrava su quel campo di battaglia?

      Da un lato, c’era l’idea della liberazione. In Italia Ăš stata illuminata dalla resistenza contro il nazi-fascismo. L’idea di liberazione si Ăš proiettata nella stessa Costituzione cosĂŹ come noi ragazzi la interpretammo allora. E in questa vicenda non sottovaluterei l’evoluzione sociale della Chiesa Cattolica che culminĂČ con il Secondo Concilio Vaticano. Dall’altra parte, c’era il realismo ereditato dal partito comunista italiano dalla socialdemocrazia, quello degli Amendola e dei togliattiani di varia origine. Tutto Ăš iniziato a precipitare negli anni Settanta, mentre invece c’era la possibilitĂ  di inventare una nuova forma di vita, un nuovo modo di essere comunisti.

      Continui a definirti un comunista. Cosa significa oggi?

      Quello che per me ha significato da giovane: conoscere un futuro nel quale avremmo conquistato il potere di essere liberi, di lavorare meno, di volerci bene. Eravamo convinti che concetti della borghesia quali libertĂ , uguaglianza e fraternitĂ  avrebbero potuto realizzarsi nelle parole d’ordine della cooperazione, della solidarietĂ , della democrazia radicale e dell’amore. Lo pensavamo e lo abbiamo agito, ed era quello che pensava la maggioranza che votava la sinistra e la faceva esistere. Ma il mondo era ed Ăš insopportabile, ha un rapporto contraddittorio con le virtĂč essenziali del vivere insieme. Eppure queste virtĂč non si perdono, si acquisiscono con la pratica collettiva e sono accompagnate dalla trasformazione dell’idea di produttivitĂ  che non significa produrre piĂč merci in meno tempo, nĂ© fare guerre sempre piĂč devastanti. Al contrario serve a dare da mangiare a tutti, modernizzare, rendere felici. Comunismo Ăš una passione collettiva gioiosa, etica e politica che combatte contro la trinitĂ  della proprietĂ , dei confini e del capitale.

      L’arresto avvenuto il 7 aprile 1979, primo momento della repressione del movimento dell’autonomia operaia, Ăš stato uno spartiacque. Per ragioni diverse, a mio avviso, lo Ăš stato anche per la storia del «manifesto» grazie a una vibrante campagna garantista durata anni, un caso giornalistico unico condotto con i militanti dei movimenti, un gruppo di coraggiosi intellettuali, il partito radicale. Otto anni dopo, il 9 giugno 1987, quando fu demolito il castello di accuse cangianti, e infondate, Rossana Rossanda scrisse che fu una «tardiva, parziale riparazione di molto irreparabile». Cosa significa oggi per te tutto questo?

      È stato innanzitutto il segno di un’amicizia mai smentita. Rossana per noi ù stata una persona di una generosità incredibile. Anche se, a un certo punto, si ù fermata anche lei: non riusciva a imputare al Pci quello che il Pci era diventato.

      Che cosa era diventato?

      Un oppressore. Ha massacrato quelli che denunciavano il pasticcio in cui si era andato a ficcare. In quegli anni siamo stati in molti a dirglielo. Esisteva un’altra strada, che passava dall’ascolto della classe operaia, del movimento studentesco, delle donne, di tutte le nuove forme nelle quali le passioni sociali, politiche e democratiche si stavano organizzando. Noi abbiamo proposto un’alternativa in maniera onesta, pulita e di massa. Facevamo parte di un enorme movimento che investiva le grandi fabbriche, le scuole, le generazioni. La chiusura da parte del Pci ha determinato la nascita di estremizzazioni terroristiche: questo Ăš fuori dubbio. Noi abbiamo pagato tutto e pesantemente. Solo io ho fatto complessivamente quattordici anni di esilio e undici e mezzo di prigione. Il Manifesto ha sempre difeso la nostra innocenza. Era completamente idiota che io o altri dell’Autonomia fossimo considerati i rapitori di Aldo Moro o gli uccisori di compagni. Tuttavia, nella campagna innocentista che Ăš stata coraggiosa e importante Ăš stato perĂČ lasciato sul fondo un aspetto sostanziale.

      Quale?
      Eravamo politicamente responsabili di un movimento molto piĂč ampio contro il compromesso storico tra il Pci e la Dc. Contro di noi c’ù stata una risposta poliziesca della destra, e questo si capisce. Quello che non si vuol capire Ăš stata invece la copertura che il Pci ha dato a questa risposta. In fondo, avevano paura che cambiasse l’orizzonte politico di classe. Se non si comprende questo nodo storico, come ci si puĂČ lamentare dell’inesistenza di una sinistra oggi in Italia?

      Il sette aprile, e il cosiddetto «teorema Calogero», sono stati considerati un passo verso la conversione di una parte non piccola della sinistra al giustizialismo e alla delega politica alla magistratura. Come Ú stato possibile lasciarsi incastrare in una simile trappola?

      Quando il Pci sostituĂŹ la centralitĂ  della lotta morale a quella economica e politica, e lo fece attraverso giudici che gravitavano attorno alla sua area, ha finito il suo percorso. Questi davvero credevano di usare il giustizialismo per costruire il socialismo? Il giustizialismo Ăš una delle cose piĂč care alla borghesia. È un’illusione devastante e tragica che impedisce di vedere l’uso di classe del diritto, del carcere o della polizia contro i subalterni. In quegli anni cambiarono anche i giovani magistrati. Prima erano molto diversi. Li chiamavano «pretori di assalto». Ricordo i primi numeri della rivista Democrazia e Diritto ai quali ho lavorato anch’io. Mi riempivano di gioia perchĂ© parlavamo di giustizia di massa. Poi l’idea di giustizia Ăš stata declinata molto diversamente, riportata ai concetti di legalitĂ  e di legittimitĂ . E nella magistratura non c’ù piĂč stata una presa di parola politica, ma solo schieramenti tra correnti. Oggi, poi abbiamo una Costituzione ridotta a un pacchetto di norme che non corrispondono neanche piĂč alla realtĂ  del paese.

      In carcere avete continuato la battaglia politica. Nel 1983 scriveste un documento in carcere, pubblicato da Il Manifesto, intitolato «Do You remember revolution». Si parlava dell’originalitĂ  del 68 italiano, dei movimenti degli anni Settanta non riducibili agli «anni di piombo». Come hai vissuto quegli anni?

      Quel documento diceva cose importanti con qualche timidezza. Credo dica piĂč o meno le cose che ho appena ricordato. Era un periodo duro. Noi eravamo dentro, dovevamo uscire in qualche maniera. Ti confesso che in quell’immane sofferenza per me era meglio studiare Spinoza che pensare all’assurda cupezza in cui eravamo stati rinchiusi. Ho scritto su Spinoza un grosso libro ed Ăš stato una specie di atto eroico. Non potevo avere piĂč di cinque libri in cella. E cambiavo carcere speciale in continuazione: Rebibbia, Palmi, Trani, Fossombrone, Rovigo. Ogni volta in una cella nuova con gente nuova. Aspettare giorni e ricominciare. L’unico libro che portavo con me era l’Etica di Spinoza. La fortuna Ăš stata finire il mio testo prima della rivolta a Trani nel 1981 quando i corpi speciali hanno distrutto tutto. Sono felice che abbia prodotto uno scossone nella storia della filosofia.

      Nel 1983 sei stato eletto in parlamento e uscisti per qualche mese dal carcere. Cosa pensi del momento in cui votarono per farti tornare in carcere e tu decidesti di andare in esilio in Francia?

      Ne soffro ancora molto. Se devo dare un giudizio storico e distaccato penso di avere fatto bene ad andarmene. In Francia sono stato utile per stabilire rapporti tra generazioni e ho studiato. Ho avuto la possibilitĂ  di lavorare con FĂ©lix Guattari e sono riuscito a inserirmi nel dibattito del tempo. Mi ha aiutato moltissimo a comprendere la vita dei Sans Papiers. Lo sono stato anch’io, ho insegnato pur non avendo una carta di identitĂ . Mi hanno aiutato i compagni dell’universitĂ  di Parigi 8. Ma per altri versi mi dico che ho sbagliato. Mi scuote profondamente il fatto di avere lasciato i compagni in carcere, quelli con cui ho vissuto i migliori anni della mia vita e le rivolte in quattro anni di carcerazione preventiva. Averli lasciati mi fa ancora male. Quella galera ha devastato la vita di compagni carissimi, e spesso delle loro famiglie. Ho novant’anni e mi sono salvato. Non mi rende piĂč sereno di fronte a quel dramma.

      Anche Rossanda ti criticĂČ


      SĂŹ, mi ha chiesto di comportarmi come Socrate. Io le risposi che rischiavo proprio di finire come il filosofo. Per i rapporti che c’erano in galera avrei potuto morire. Pannella mi ha materialmente portato fuori dalla galera e poi mi ha rovesciato tutte le colpe del mondo perchĂ© non volevo tornarci. Sono stati in molti a imbrogliarmi. Rossana mi aveva messo in guardia giĂ  allora, e forse aveva ragione.

      C’ù stata un’altra volta che lo ha fatto?

      SĂŹ, quando mi disse di non rientrare da Parigi in Italia nel 1997 dopo 14 anni di esilio. La vidi l’ultima volta prima di partire in un cafĂ© dalle parti del Museo di Cluny, il museo nazionale del Medioevo. Mi disse che avrebbe voluto legami con una catena per impedirmi di prendere quell’aereo.

      Perché allora hai deciso di tornare in Italia?

      Ero convinto di fare una battaglia sull’amnistia per tutti i compagni degli anni Settanta. Allora c’era la Bicamerale, sembrava possibile. Mi sono fatto sei anni di galera fino al 2003. Forse Rossana aveva ragione.

      Che ricordo oggi hai di lei?

      Ricordo l’ultima volta che l’ho vista a Parigi. Una dolcissima amica, che si preoccupava dei miei viaggi in Cina, temeva che mi facessi male. È stata una persona meravigliosa, allora e sempre.

      Anna Negri, tua figlia, ha scritto «Con un piede impigliato nella storia» (DeriveApprodi) che racconta questa storia dal punto di vista dei vostri affetti, e di un’altra generazione.

      Ho tre figli splendidi Anna, Francesco e Nina che hanno sofferto in maniera indicibile quello che ù successo. Ho guardato la serie di Bellocchio su Moro e continuo ad essere stupefatto di essere stato accusato di quella incredibile tragedia. Penso ai miei due primi figli, che andavano a scuola. Qualcuno li vedeva come i figli di un mostro. Questi ragazzi, in una maniera o nell’altra, hanno sopportato eventi enormi. Sono andati via dall’Italia e ci sono tornati, hanno attraversato quel lungo inverno in primissima persona. Il minimo che possono avere ù una certa collera nei confronti dei genitori che li hanno messi in questa situazione. E io ho una certa responsabilità in questa storia. Siamo tornati ad essere amici. Questo per me ù un regalo di una immensa bellezza.

      Alla fine degli anni Novanta, in coincidenza con i nuovi movimenti globali, e poi contro la guerra, hai acquisito una forte posizione di riconoscibilità insieme a Michael Hardt a cominciare da «Impero». Come definiresti oggi, in un momento di ritorno allo specialismo e di idee reazionarie e elitarie, il rapporto tra filosofia e militanza?

      È difficile per me rispondere a questa domanda. Quando mi dicono che ho fatto un’opera, io rispondo: Lirica? Ma ti rendi conto? Mi scappa da ridere. PerchĂ© sono piĂč un militante che un filosofo. FarĂ  ridere qualcuno, ma io mi ci vedo, come Papageno


      Non c’ù dubbio perĂČ che tu abbia scritto molti libri


      Ho avuto la fortuna di trovarmi a metĂ  strada tra la filosofia e la militanza. Nei migliori periodi della mia vita sono passato in permanenza dall’una all’altra. CiĂČ mi ha permesso di coltivare un rapporto critico con la teoria capitalista del potere. Facendo perno su Marx, sono andato da Hobbes a Habermas, passando da Kant, Rousseau e Hegel. Gente abbastanza seria da dovere essere combattuta. Di contro la linea Machiavelli-Spinoza-Marx Ăš stata un’alternativa vera. Ribadisco: la storia della filosofia per me non Ăš una specie di testo sacro che ha impastato tutto il sapere occidentale, da Platone ad Heidegger, con la civiltĂ  borghese e ha tramandato con ciĂČ concetti funzionali al potere. La filosofia fa parte della nostra cultura, ma va usata per quello che serve, cioĂš a trasformare il mondo e farlo diventare piĂč giusto. Deleuze parlava di Spinoza e riprendeva l’iconografia che lo rappresentava nei panni di Masaniello. Vorrei che fosse vero per me. Anche adesso che ho novant’anni continuo ad avere questo rapporto con la filosofia. Vivere la militanza Ăš meno facile, eppure riesco a scrivere e ad ascoltare, in una situazione di esule.

      Esule, ancora, oggi?

      Un po’, sĂŹ. È un esilio diverso perĂČ. Dipende dal fatto che i due mondi in cui vivo, l’Italia e la Francia, hanno dinamiche di movimento molto diverse. In Francia, l’operaismo non ha avuto un seguito largo, anche se oggi viene riscoperto. La sinistra di movimento in Francia Ăš sempre stata guidata dal trotzkismo o dall’anarchismo. Negli anni Novanta, con la rivista Futur antĂ©rieur, con l’amico e compagno Jean-Marie Vincent, avevamo trovato una mediazione tra gauchisme e operaismo: ha funzionato per una decina d’anni. Ma lo abbiamo fatto con molta prudenza. il giudizio sulla politica francese lo lasciavamo ai compagni francesi. L’unico editoriale importante scritto dagli italiani sulla rivista Ăš stato quello sul grande sciopero dei ferrovieri del ’95, che assomigliava tanto alle lotte italiane.

      PerchĂ© l’operaismo conosce oggi una risonanza a livello globale?

      PerchĂ© risponde all’esigenza di una resistenza e di una ripresa delle lotte, come in altre culture critiche con le quali dialoga: il femminismo, l’ecologia politica, la critica postcoloniale ad esempio. E poi perchĂ© non Ăš la costola di niente e di nessuno. Non lo Ăš stato mai, e neanche Ăš stato un capitolo della storia del Pci, come qualcuno s’illude. È invece un’idea precisa della lotta di classe e una critica della sovranitĂ  che coagula il potere attorno al polo padronale, proprietario e capitalista. Ma il potere Ăš sempre scisso, ed Ăš sempre aperto, anche quando non sembra esserci alternativa. Tutta la teoria del potere come estensione del dominio e dell’autoritĂ  fatta dalla Scuola di Francoforte e dalle sue recenti evoluzioni Ăš falsa, anche se purtroppo rimane egemone. L’operaismo fa saltare questa lettura brutale. È uno stile di lavoro e di pensiero. Riprende la storia dal basso fatta da grandi masse che si muovono, cerca la singolaritĂ  in una dialettica aperta e produttiva.

      I tuoi costanti riferimenti a Francesco d’Assisi mi hanno sempre colpito. Da dove nasce questo interesse per il santo e perchĂ© lo hai preso ad esempio della tua gioia di essere comunista?

      Da quando ero giovane mi hanno deriso perchĂ© usavo la parola amore. Mi prendevano per un poeta o per un illuso. Di contro, ho sempre pensato che l’amore era una passione fondamentale che tiene in piedi il genere umano. PuĂČ diventare un’arma per vivere. Vengo da una famiglia che Ăš stata miserabile durante la guerra e mi ha insegnato un affetto che mi fa vivere ancora oggi. Francesco Ăš in fondo un borghese che vive in un periodo in cui coglie la possibilitĂ  di trasformare la borghesia stessa, e di fare un mondo in cui la gente si ama e ama il vivente. Il richiamo a lui, per me, Ăš come il richiamo ai Ciompi di Machiavelli. Francesco Ăš l’amore contro la proprietĂ : esattamente quello che avremmo potuto fare negli anni Settanta, rovesciando quello sviluppo e creando un nuovo modo di produrre. Non Ăš mai stato ripreso a sufficienza Francesco, nĂ© Ăš stato presa in debito conto l’importanza che ha avuto il francescanesimo nella storia italiana. Lo cito perchĂ© voglio che parole come amore e gioia entrino nel linguaggio politico.

      *

      Dall’infanzia negli anni della guerra all’apprendistato filosofico alla militanza comunista, dal ’68 alla strage di piazza Fontana, da Potere Operaio all’autonomia e al ’77, l’arresto, l’esilio. E di nuovo la galera per tornare libero. Toni Negri lo ha raccontato con Girolamo De Michele in tre volumi autobiografici Storia di un comunista, Galera e esilio, Da Genova a Domani (Ponte alle Grazie). Con Mi chael Hardt, professore di letteratura alla Duke University negli Stati Uniti, ha scritto, tra l’altro, opere discusse e di larga diffusione: Impero, Moltitudine, Comune (Rizzoli) e Assemblea (Ponte alle Grazie). Per l’editore anglo-americano Polity Books ha pubblicato, tra l’altro, sei volumi di scritti tra i quali The Common, Marx in Movement, Marx and Foucault.

      In Italia DeriveApprodi ha ripubblicato il classico «Spinoza». Per la stessa casa editrice: I libri del rogo, Pipe Line, Arte e multitudo (a cura di N. Martino), Settanta (con Raffaella Battaglini). Con Mimesis la nuova edizione di Lenta ginestra. Saggio sull’ontologia di Giacomo Leopardi. Con Ombre Corte, tra l’altro, Dall’operaio massa all’operaio sociale (a cura di P. Pozzi-R. Tomassini), Dentro/contro il diritto sovrano (con G. Allegri), Il lavoro nella costituzione (con A. Zanini).

      A partire dal prossimo ottobre Manifestolibri ripubblicherĂ  i titoli in catalogo con una nuova prefazione: L’inchiesta metropolitana e altri scritti sociologici, a cura di Alberto De Nicola e Paolo Do; Marx oltre Marx (prefazione di Sandro Mezzadra); TrentatrĂ© Lezioni su Lenin (Giso Amendola); Potere Costituente (Tania Rispoli); Descartes politico (Marco Assennato); Kairos, Alma Venus, moltitudo (Judith Revel); Il lavoro di Dioniso, con Michael Hardt (Francesco Raparelli)

      #autonomie #prison #exil

    • Le philosophe italien Toni Negri est mort

      Inspirant les luttes politiques en Italie dans les annĂ©es 1960 et 1970, son travail a Ă©galement influencĂ© le mouvement altermondialiste du dĂ©but du XXIe siĂšcle.


      Toni Negri, Ă  Rome (Italie), en septembre 2010. STEFANO MONTESI - CORBIS / VIA GETTY IMAGES

      Il Ă©tait nĂ© dans l’Italie fasciste. Il disparaĂźt alors que l’extrĂȘme droite gouverne Ă  nouveau son pays. Le philosophe Toni Negri, acteur et penseur majeur de plus d’un demi-siĂšcle de luttes d’extrĂȘme gauche, est mort dans la nuit du 15 au 16 dĂ©cembre Ă  Paris, Ă  l’ñge de 90 ans, a annoncĂ© son Ă©pouse, la philosophe française Judith Revel.

      « C’était un mauvais maĂźtre », a tout de suite rĂ©agi, selon le quotidien La Repubblica, le ministre de la culture italien, Gennaro Sangiuliano. « Tu resteras Ă  jamais dans mon cƓur et dans mon esprit, cher MaĂźtre, PĂšre, ProphĂšte », a Ă©crit quant Ă  lui, sur Facebook, l’activiste Luca Casarini, l’un des leaders du mouvement altermondialiste italien. Peut-ĂȘtre aurait-il vu dans la violence de ce contraste un hommage Ă  la puissance de ses engagements, dont la radicalitĂ© ne s’est jamais affadie.

      NĂ© le 1er aoĂ»t 1933 Ă  Padoue, Antonio Negri, que tout le monde appelle Toni, et qui signera ainsi ses livres, commence trĂšs tĂŽt une brillante carriĂšre universitaire – il enseigne Ă  l’universitĂ© de Padoue dĂšs ses 25 ans –, tout en voyageant, en particulier au Maghreb et au Moyen-Orient. C’est en partageant la vie d’un kibboutz israĂ©lien que le jeune homme, d’abord engagĂ© au parti socialiste, dira ĂȘtre devenu communiste. Encore fallait-il savoir ce que ce mot pouvait recouvrir.

      Cette recherche d’une nouvelle formulation d’un idĂ©al ancien, qu’il s’agissait de replacer au centre des mutations du monde, parcourt son Ɠuvre philosophique, de Marx au-delĂ  de Marx (Bourgois, 1979) Ă  l’un de ses derniers livres, Inventer le commun des hommes (Bayard, 2010). Elle devient aussi l’axe de son engagement militant, qui va bientĂŽt se confondre avec sa vie.

      Marxismes hétérodoxes

      L’Italie est alors, justement, le laboratoire des marxismes dits hĂ©tĂ©rodoxes, en rupture de ban avec le parti communiste, en particulier l’« opĂ©raĂŻsme » (de l’italien « operaio », « ouvrier »). Toni Negri le rejoint Ă  la fin des annĂ©es 1960, et s’en fait l’un des penseurs et activistes les plus emblĂ©matiques, toujours prĂ©sent sur le terrain, dans les manifestations et surtout dans les usines, auprĂšs des ouvriers. « Il s’agissait d’impliquer les ouvriers dans la construction du discours thĂ©orique sur l’exploitation », expliquera-t-il dans un entretien, en 2018, rĂ©sumant la doctrine opĂ©raĂŻste, particuliĂšrement celle des mouvements auxquels il appartient, Potere Operaio, puis Autonomia Operaia.

      Des armes circulent. Le terrorisme d’extrĂȘme droite et d’extrĂȘme gauche ravage le pays. Bien qu’il s’oppose Ă  la violence contre les personnes, le philosophe est arrĂȘtĂ© en 1979, soupçonnĂ© d’avoir participĂ© Ă  l’assassinat de l’homme politique Aldo Moro, accusation dont il est rapidement blanchi. Mais d’autres pĂšsent sur lui – « association subversive », et complicitĂ© « morale » dans un cambriolage – et il est condamnĂ© Ă  douze ans de prison.
      Elu dĂ©putĂ© du Parti radical en 1983, alors qu’il est encore prisonnier, il est libĂ©rĂ© au titre de son immunitĂ© parlementaire. Quand celle-ci est levĂ©e [par un vote que le parti Radical a permis de rendre majoritaire, ndc], il s’exile en France. RentrĂ© en Italie en 1997, il est incarcĂ©rĂ© pendant deux ans, avant de bĂ©nĂ©ficier d’une mesure de semi-libertĂ©. Il est dĂ©finitivement libĂ©rĂ© en 2003.

      Occupy Wall Street et les Indignés

      Il enseigne, durant son exil français, Ă  l’Ecole normale supĂ©rieure, Ă  l’universitĂ© Paris-VIII ou encore au CollĂšge international de philosophie. Ce sont aussi des annĂ©es d’intense production intellectuelle, et, s’il porte tĂ©moignage en publiant son journal de l’annĂ©e 1983 (Italie rouge et noire, Hachette, 1985), il dĂ©veloppe surtout une pensĂ©e philosophique exigeante, novatrice, au croisement de l’ontologie et de la pensĂ©e politique. On peut citer, entre beaucoup d’autres, Les Nouveaux Espaces de libertĂ©, Ă©crit avec FĂ©lix Guattari (Dominique Bedou, 1985), Spinoza subversif. Variations (in)actuelles (KimĂ©, 1994), Le Pouvoir constituant. Essai sur les alternatives de la modernitĂ© (PUF, 1997) ou Kairos, Alma Venus, multitude. Neuf leçons en forme d’exercices (Calmann-LĂ©vy, 2000).
      Ce sont cependant les livres qu’il coĂ©crit avec l’AmĂ©ricain Michael Hardt qui le font connaĂźtre dans le monde entier, et d’abord Empire (Exils, 2000), oĂč les deux philosophes s’efforcent de poser les fondements d’une nouvelle pensĂ©e de l’émancipation dans le contexte crĂ©Ă© par la mondialisation. Celle-ci, « transition capitale dans l’histoire contemporaine », fait Ă©merger selon les auteurs un capitalisme « supranational, mondial, total », sans autres appartenances que celles issues des rapports de domination Ă©conomique. Cette somme, comme la suivante, Multitude. Guerre et dĂ©mocratie Ă  l’époque de l’Empire (La DĂ©couverte, 2004), sera une des principales sources d’inspiration du mouvement altermondialiste, d’Occupy Wall Street au mouvement des IndignĂ©s, en Espagne.

      C’est ainsi que Toni Negri, de l’ébullition italienne qui a marquĂ© sa jeunesse et dĂ©cidĂ© de sa vie aux embrasements et aux espoirs du dĂ©but du XXIe siĂšcle, a traversĂ© son temps : en ne lĂąchant jamais le fil d’une action qui Ă©tait, pour lui, une forme de pensĂ©e, et d’une pensĂ©e qui tentait d’agir au cƓur mĂȘme du monde.
      Florent Georgesco
      ▻https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/16/le-philosophe-italien-toni-negri-est-mort_6206182_3382.html

      (article corrigé trois fois en 9 heures, un bel effort ! il faut continuer !)

    • Pouvoir ouvrier, l’équivalent italien de la Gauche prolĂ©tarienne

      Chapeau le Diplo, voilĂ  qui est informĂ© !
      En 1998, le journal avait titrĂ© sur un mode mĂ©diatico-policier (« Ce que furent les “annĂ©es de plomb” en Italie »). La rĂ©Ă©dition dans un ManiĂšre de voir de 2021 (long purgatoire) permis un choix plus digne qui annonçait correctement cet article fort utile : Entre « compromis historique » et terrorisme. Retour sur l’Italie des annĂ©es 1970.
      Diplo encore, l’iconographie choisit d’ouvrir l’oeil... sur le rĂ©troviseur. J’identifie pas le leader PCI (ou CGIL) qui est Ă  la tribune mais c’est Ă©videment le Mouvement ouvrier instituĂ© et son rĂŽle (historiquement compromis) d’encadrement de la classe ouvriĂšre qui est mis en avant.

      #média #gauche #Italie #Histoire #Potere_operaio #PCI #lutte_armée #compromis_historique #terrorisme

      edit

      [Rome] Luciano Lama, gli scontri alla Sapienza e il movimento del ’77
      ▻https://www.corriere.it/foto-gallery/cultura/17_febbraio_16/scontri-sapienza-lama-foto-6ad864d0-f428-11e6-a5e5-e33402030d6b.shtml

      «Il segretario della Cgil Luciano Lama si Ăš salvato a stento dall’assalto degli autonomi, mentre tentava di parlare agli studenti che da parecchi giorni occupano la cittĂ  universitaria. Il camion, trasformato in palco, dal quale il sindacalista ha preso la parola, Ăš stato letteralmente sfasciato e l’autista Ăš uscito dagli incidenti con la testa spaccata e varie ferite». E’ la cronaca degli scontri alla Sapienza riportata da Corriere il 18 febbraio del 1977, un giorno dopo la “cacciata” del leader della CGIL Luciano Lama dall’ateneo dove stava tenendo un comizio. Una giornata di violenza che diventerĂ  il simbolo della rottura tra la sinistra istituzionale, rappresentata dal Pci e dal sindacato, e la sinistra dei movimenti studenteschi. Nella foto il camion utilizzato come palco da Luciano Lama preso d’assalto dai contestatori alla Sapienza (Ansa)

    • ENTRE ENGAGEMENT RÉVOLUTIONNAIRE ET PHILOSOPHIE
      Toni Negri (1933-2023), histoire d’un communiste
      ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Toni-Negri-1933-2023-histoire-d-un-communiste

      Sans doute est-il compliquĂ© de s’imaginer, pour les plus jeunes, ce qu’a pu reprĂ©senter Toni Negri pour diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations de militant.es. Ce qu’il a pu symboliser, des deux cĂŽtĂ©s des Alpes et au-delĂ , Ă  diffĂ©rents moments de l’histoire turbulente du dernier tiers du XXĂšme siĂšcle, marquĂ© par la derniĂšre poussĂ©e rĂ©volutionnaire contemporaine – ce « long mois de mai » qui aura durĂ© plus de dix ans, en Italie – suivie d’un reflux face auquel, loin de dĂ©poser les armes, Negri a choisi de rĂ©sister en tentant de penser un arsenal conceptuel correspondant aux dĂ©fis posĂ©s par le capitalisme contemporain. Tout en restant, jusqu’au bout, communiste. C’est ainsi qu’il se dĂ©finissait.

    • À Toni Negri, camarade et militant infatigable
      ▻https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/181223/toni-negri-camarade-et-militant-infatigable

      Toni Negri nous a quittĂ©s. Pour certains d’entre nous, c’était un ami cher mais pour nous tous, il Ă©tait le camarade qui s’était engagĂ© dans le grand cycle des luttes politiques des annĂ©es soixante et dans les mouvements rĂ©volutionnaires des annĂ©es soixante-dix en Italie. Il fut l’un des fondateurs de l’opĂ©raĂŻsme et le penseur qui a donnĂ© une cohĂ©rence thĂ©orique aux luttes ouvriĂšres et prolĂ©tariennes dans l’Occident capitaliste et aux transformations du Capital qui en ont rĂ©sultĂ©. C’est Toni qui a dĂ©crit la multitude comme une forme de subjectivitĂ© politique qui reflĂšte la complexitĂ© et la diversitĂ© des nouvelles formes de travail et de rĂ©sistance apparues dans la sociĂ©tĂ© post-industrielle. Sans la contribution thĂ©orique de Toni et de quelques autres thĂ©oriciens marxistes, aucune pratique n’aurait Ă©tĂ© adĂ©quate pour le conflit de classes.
      Un MaĂźtre, ni bon ni mauvais : c’était notre tĂąche et notre privilĂšge d’interprĂ©ter ou de rĂ©futer ses analyses. C’était avant tout notre tĂąche, et nous l’avons assumĂ©e, de mettre en pratique la lutte dans notre sphĂšre sociale, notre action dans le contexte politique de ces annĂ©es-lĂ . Nous n’étions ni ses disciples ni ses partisans et Toni n’aurait jamais voulu que nous le soyons. Nous Ă©tions des sujets politiques libres, qui dĂ©cidaient de leur engagement politique, qui choisissaient leur voie militante et qui utilisaient Ă©galement les outils critiques et thĂ©oriques fournis par Toni dans leur parcours.

    • Toni Negri, l’au-delĂ  de Marx Ă  l’épreuve de la politique, Yann Moulier Boutang
      ▻https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/toni-negri-lau-dela-de-marx-a-lepreuve-de-la-politique-20231217_Z5QALRLO7

      Il n’est guĂšre de concepts hĂ©ritĂ©s du marxisme qu’il n’ait renouvelĂ©s de fond en comble. Contentons-nous ici de quelques notions clĂ©s. La clĂ© de l’évolution du capitalisme, ne se lit correctement que dans celle de la composition du travail productif structurĂ© dans la classe ouvriĂšre et son mouvement, puis dans les diverses formes de salariat. Le Marx le plus intĂ©ressant pour nous est celui des Grundrisse (cette esquisse du Capital). C’est le refus du travail dans les usines, qui pousse sans cesse le capitalisme, par l’introduction du progrĂšs technique, puis par la mondialisation, Ă  contourner la « forteresse ouvriĂšre ». Composition de classe, dĂ©composition, recomposition permettent de dĂ©terminer le sens des luttes sociales. Negri ajoute Ă  ce fond commun Ă  tous les operaĂŻstes deux innovations : la mĂ©thode de la rĂ©alisation de la tendance, qui suppose que l’évolution Ă  peine perceptible est dĂ©jĂ  pleinement dĂ©ployĂ©e, pour mieux saisir Ă  l’avance les moments et les points oĂč la faire bifurquer. DeuxiĂšme innovation : aprĂšs l’ouvrier qualifiĂ© communiste, et l’ouvrier-masse (l’OS du taylorisme), le capitalisme des annĂ©es 1975-1990 (celui de la dĂ©localisation Ă  l’échelle mondiale de la chaĂźne de la valeur) produit et affronte l’ouvrier-social.

      C’est sur ce passage obligĂ© que l’idĂ©e rĂ©volutionnaire se renouvelle. L’enquĂȘte ouvriĂšre doit se dĂ©placer sur ce terrain de la production sociale. La question de l’organisation, de la dispersion et de l’éclatement remplace la figure de la classe ouvriĂšre et de ses alliĂ©.e.s. L’ouvrier social des annĂ©es 1975 devient la multitude. Cela paraĂźt un diagramme abstrait. Pourtant les formes de lutte comme les objectifs retenus, les collectifs des travailleuses du soin, de chĂŽmeurs ou d’intĂ©rimaires, les grĂšves des Ubereat tĂ©moignent de l’actualitĂ© de cette perspective. Mais aussi de ses limites, rencontrĂ©es au moment de s’incarner politiquement. (1)

      ▻https://justpaste.it/3t9h9

      edit « optimisme de la raison, pessimisme de la volontĂ© », T.N.
      Ration indique des notes qui ne sont pas publiées...

      Balibar offre une toute autre lecture des apports de T.N. que celle du trÚs recentré YMB
      â–șhttps://seenthis.net/messages/1032920

      #marxisme #mouvements_sociaux #thĂ©orie #compostion_de_classe #refus_du_travail #luttes_sociales #analyse_de_la tendance #ouvrier_masse #ouvrier_social #enquĂȘte_ouvriĂšre #production_sociale #multitude #puissance #pouvoir

    • DĂ©cider en Essaim, Toni Negri , 2004
      ▻https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=pqBZJD5oFJY

      Toni Negri : pour la multitude, Michael Löwy
      â–șhttps://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/12/18/toni-negri

      Avec la disparition d’Antonio Negri – Toni pour les amis – la cause communiste perd un grand penseur et un combattant infatigable. PersĂ©cutĂ© pour ses idĂ©es rĂ©volutionnaires, incarcĂ©rĂ© en Italie pendant de longues annĂ©es, Toni est devenu cĂ©lĂšbre grĂące Ă  ses ouvrages qui se proposent, par une approche philosophique inspirĂ©e de #Spinoza et de #Marx, de contribuer Ă  l’émancipation de la multitude

      .

    • Un congedo silenzioso, Paolo Virno
      ▻https://ilmanifesto.it/un-congedo-silenzioso


      Toni Negri - Tano D’Amico /Archivio Manifesto

      Due anni fa, credo, telefona Toni. Sarebbe passato per Roma, mi chiede di vederci. Un’ora insieme, con Judith, in una casa vuota nei pressi di Campo de’ Fiori (un covo abbandonato, avrebbe pensato una canaglia dell’antico Pci). Non parliamo di niente o quasi, soltanto frasi che offrono un pretesto per tacere di nuovo, senza disagio.

      Ebbe luogo, in quella casa romana, un congedo puro e semplice, non dissimulato da nenie cerimoniose. Dopo anni di insulti pantagruelici e di fervorose congratulazioni per ogni tentativo di trovare la porta stretta attraverso cui potesse irrompere la lotta contro il lavoro salariato nell’epoca di un capitalismo finalmente maturo, un po’ di silenzio sbigottito non guastava. Anzi, affratellava.

      Ricordo Toni, ospite della cella 7 del reparto di massima sicurezza del carcere di Rebibbia, che piange senza ritegno perché le guardie stanno portando via in piena notte, con un «trasferimento a strappo», i suoi compagni di degnissima sventura. E lo ricordo ironico e spinoziano nel cortile del penitenziario di Palmi, durante la requisitoria cui lo sottopose un capo brigatista da operetta, che minacciava di farlo accoppare da futuri «collaboratori di giustizia» allora ancora bellicosi e intransigenti.

      Toni era un carcerato goffo, ingenuo, ignaro dei trucchi (e del cinismo) che il ruolo richiede. Fu calunniato e detestato come pochi altri nel Novecento italiano. Calunniato e detestato, in quanto marxista e comunista, dalla sinistra tutta, da riformatori e progressisti di ogni sottospecie.

      Eletto in parlamento nel 1983, chiese ai suoi colleghi deputati, in un discorso toccante, di autorizzare la prosecuzione del processo contro di lui: non voleva sottrarsi, ma confutare le accuse che gli erano state mosse dai giudici berlingueriani. Chiese anche, perĂČ, di continuare il processo a piede libero, giacchĂ© iniqua e scandalosa era diventata la carcerazione preventiva con le leggi speciali adottate negli anni precedenti.

      Inutile dire che il parlamento, aizzato dalla sinistra riformatrice, votĂČ per il ritorno in carcere dell’imputato Negri. C’ù ancora qualcuno che ha voglia di rifondare quella sinistra?

      Toni non ha mai avuto paura di strafare. NĂ© quando intraprese un corpo a corpo con la filosofia materialista, includendo in essa piĂč cose di quelle che sembrano stare tra cielo e terra, dal condizionale controfattuale («se tu volessi fare questo, allora le cose andrebbero altrimenti») alla segreta alleanza tra gioia e malinconia. NĂ© quando (a metĂ  degli anni Settanta) ritenne che l’area dell’autonomia dovesse sbrigarsi a organizzare il lavoro postfordista, imperniato sul sapere e il linguaggio, caparbiamente intermittente e flessibile.

      Il mio amico matto che voleva cambiare il mondo
      Toni non Ăš mai stato oculato nĂ© morigerato. È stato spesso stonato, questo sĂŹ: come capita a chi accelera all’impazzata il ritmo della canzone che ha intonato, ibridandolo per giunta con il ritmo di molte altre canzoni appena orecchiate. Il suo luogo abituale sembrava a molti, anche ai piĂč vicini, fuori luogo; per lui, il «momento giusto» (il kairĂČs degli antichi greci), se non aveva qualcosa di imprevedibile e di sorprendente, non era mai davvero giusto.

      Non si creda, perĂČ, che Negri fosse un bohĂšmien delle idee, un improvvisatore di azioni e pensieri. Rigore e metodo campeggiano nelle sue opere e nei suoi giorni. Ma in questione Ăš il rigore con cui va soppesata l’eccezione; in questione Ăš il metodo che si addice a tutto quel che Ăš ma potrebbe non essere, e viceversa, a tutto quello che non Ăš ma potrebbe essere.

      Insopportabile Toni, amico caro, non ho condiviso granchĂ© del tuo cammino. Ma non riesco a concepire l’epoca nostra, la sua ontologia o essenza direbbe Foucault, senza quel cammino, senza le deviazioni e le retromarce che l’hanno scandito. Ora un po’ di silenzio benefico, esente da qualsiasi imbarazzo, come in quella casa romana in cui andĂČ in scena un sobrio congedo.