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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Le patron du Web Summit de Lisbonne dĂ©missionne aprĂšs ses propos sur le soutien occidental Ă  IsraĂ«l
    ▻https://www.courrierinternational.com/article/portugal-le-patron-du-web-summit-de-lisbonne-demissionne-apre

    Le patron du Web Summit, Paddy Cosgrave, ici photographié en novembre 2022 à Lisbonne. PHOTO PATRICIA DE MELO MOREIRA/AFP

    Paddy Cosgrave, cofondateur et patron du Web Summit, grand-messe du numĂ©rique qui se dĂ©roule chaque annĂ©e Ă  Lisbonne, a Ă©tĂ© contraint de dĂ©missionner en raison de ses prises de position sur le conflit entre l’État hĂ©breu et le Hamas. La presse portugaise dĂ©plore que l’expression de son opinion ait entraĂźnĂ© un boycott de gĂ©ants du web et son Ă©viction.

    Courrier international

    Publié le 24/10/2023

    “La libertĂ© d’expression est l’otage du pouvoir Ă©conomique, du poids des dollars.” C’est l’amer enseignement que Jorge Fonseca de Almeida, chroniqueur du DiĂĄrio de NotĂ­cias, tire d’une rĂ©cente polĂ©mique dĂ©clenchĂ©e par une dĂ©claration pourtant “pleine de bon sens et d’humanisme”, juge-t-il. Son auteur, Paddy Cosgrave, le patron du Web Summit, s’est vu contraint de dĂ©missionner dans la foulĂ©e.
    Lire aussi : Analyse. Pourquoi IsraĂ«l a projetĂ© les vidĂ©os des atrocitĂ©s du Hamas Ă  la presse internationale

    Le 13 octobre dernier, le cofondateur cette grand-messe de la tech, crĂ©Ă©e en 2009 Ă  Dublin mais qui se tient Ă  Lisbonne depuis 2016, avait affirmĂ© sur X (ex-Twitter) ĂȘtre “choquĂ© par la rhĂ©torique et les actions de nombreux dirigeants et gouvernements occidentaux” en soutien Ă  IsraĂ«l, avant d’ajouter :

    “Les crimes de guerre sont des crimes de guerre, mĂȘme lorsqu’ils sont commis par des alliĂ©s, et devraient ĂȘtre dĂ©noncĂ©s pour ce qu’ils sont.”

    Appel au boycott de la part d’IsraĂ«l

    Une sortie “scandaleuse”, selon l’ambassadeur d’IsraĂ«l au Portugal, Dor Shapira, qui a appelĂ© au boycott du Web Summit, lequel doit rĂ©unir 2 300 start-up et plus de 70 000 participants du 13 au 16 novembre.

    Certaines des plus grandes entreprises du monde, comme Google, Meta (propriĂ©taire de Facebook, Instagram et WhatsApp), Amazon, Siemens ou encore IBM se sont donc retirĂ©es. Les excuses et la dĂ©mission de Paddy Cosgrave n’ont rien changĂ©. L’organisation de l’évĂ©nement a toutefois annoncĂ© que l’édition 2023 aurait bien lieu, malgrĂ© les dĂ©sistements.

    Expresso donne la parole Ă  Esther Mucznik, prĂ©sidente de MemoshoĂĄ, l’association pour la mĂ©moire et l’éducation Ă  l’Holocauste. Cette derniĂšre ne croit pas Ă  la sincĂ©ritĂ© des excuses de l’entrepreneur irlandais de 41 ans : “Pour le Hamas, sa population n’est rien d’autre qu’un bouclier humain ou un outil pour accuser IsraĂ«l. Tout cela, Paddy Cosgrave ne l’a pas compris ou n’a pas voulu le comprendre, et ses excuses ne sont manifestement qu’une tentative pour sauver la face, en maintenant la mĂȘme pensĂ©e initiale qui est largement apprĂ©ciĂ©e : IsraĂ«l est coupable !”

    En contrepoint, toujours dans Expresso, le journaliste Nuno Ramos de Almeida prend la dĂ©fense de Cosgrave :

    “Un massacre est un massacre et un gĂ©nocide est un gĂ©nocide, ici ou en Chine. Les efforts dĂ©ployĂ©s par les autoritĂ©s du gouvernement israĂ©lien d’extrĂȘme droite pour interdire la vĂ©ritĂ© doivent ĂȘtre combattus par toutes les personnes Ă©prises de libertĂ©.”

    Pour Ana SĂĄ Lopes, rĂ©dactrice en chef de PĂșblico, Cosgrave est une victime de la “cancel culture” pour “une dĂ©claration qui est tout Ă  fait correcte au regard du droit international”.

    Dans le mĂȘme journal, l’avocate Carmo Afonso observe : “Cosgrave a ressenti quelque chose que certains d’entre nous ne connaissent que trop bien : il existe un consensus Ă©tabli concernant la guerre au Moyen-Orient qui protĂšge la position d’IsraĂ«l. Un consensus sĂ©lectif et capricieux qui [
] n’éprouve aucune sympathie pour la pauvretĂ©, la misĂšre et la mort des Palestiniens.”

    Vincent Barros

  • GĂ©nocide de Gaza, la fable du crime de guerre dans le fascisme fossile
    â–șhttps://lundi.am/Genocide-de-Gaza-la-fable-du-crime-de-guerre-dans-le-fascisme-fossile

    Une des questions qui a Ă©tĂ©, peut-ĂȘtre, la plus mal comprise par le camp des progressistes – et, bien entendu, reçue avec la plus grande mauvaise foi par le camp fascisĂ© – a Ă©tĂ© celle de savoir pourquoi une certaine gauche refusait, avec obstination et insistance, de dĂ©signer les indĂ©niables atrocitĂ©s commises par le Hamas – rĂ©elles pratiques de terreur – du terme de « terrorisme ». Le texte de Kandisha rappelle en quoi le concept de « terrorisme » implique la nĂ©gation impĂ©riale de l’état de guerre dĂ©colonial, refoulĂ© sous l’apparente « paix blanche » et son hypocrite statu-quo. Il revient sur la nature et les propriĂ©tĂ©s de cet Empire colonial polycidaire ou « Ă©co-ethno-gĂ©no-cidaire », fondĂ© en sous-main sur l’hĂ©gĂ©monie de ses États fossiles et son extractiviste/destructiviste fascisme fossile. Une analyse historico-thĂ©orique du gĂ©nocide en cours Ă  Gaza.

  • Caisses de grĂšve

    « Les palestiniens existent, on ne va pas les faire disparaĂźtre. »
    "On ne fait pas disparaĂźtre une question politique par une action militaire, aussi violente soient-elle."
    « Toutes les personnalitĂ©s palestiniennes qui Ă©taient crĂ©dibles sont en prison en IsraĂ«l aujourd’hui. »
    ▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1716765918653480960/pu/vid/avc1/1280x720/wpeW-zhM_SIMpIHH.mp4?tag=12

  • Comment la classe ouvriĂšre a changĂ©
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/classe-ouvriere-braverman

    Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du XXĂšme siĂšcle la classe ouvriĂšre a changĂ©. Les Etats-Unis et l’Europe du nord ont fait appel aux travailleuses et travailleurs des anciennes colonies – ce qui explique « la racisation » partielle de la classe ouvriĂšre dans notre pays (le fait que non, elle ne soit pas que blanche et [
]

  • L’image synthĂ©tique s’en va-t-en guerre | Le Club
    ▻https://blogs.mediapart.fr/andre-gunthert/blog/231023/l-image-synthetique-s-en-va-t-en-guerre
    André Gunthert
    Enseignant-chercheur, EHESS
    LibĂ©ration a publiĂ© une photo d’un manifestant Ă©gyptien brandissant l’image d’un bĂ©bĂ© en pleurs. Une image gĂ©nĂ©rĂ©e par IA, rapidement dĂ©noncĂ©e comme fake news. Mais cette image ne peut pas plus ĂȘtre qualifiĂ©e de « fausse » qu’un dessin de Charlie Hebdo.

    Les victimes de l’explosion Ă  proximitĂ© de l’hĂŽpital Al-Ahli Arabi, dans la soirĂ©e du 17 octobre Ă  Gaza, d’abord attribuĂ©e Ă  un bombardement israĂ©lien, ont suscitĂ© une forte Ă©motion et de nombreuses manifestations dans le monde musulman. Le 19 octobre, LibĂ©ration publie en couverture une photographie prise la veille d’un manifestant Ă©gyptien brandissant l’image d’un bĂ©bĂ© en pleurs, sous le titre « Proche-Orient : le spectre de l’embrasement » (photo Amr Nabil/AP, Le Caire). Si la photo est authentique, la pancarte est manifestement une image gĂ©nĂ©rĂ©e par IA. Dans le contexte de guerre de l’information qui accompagne les reprĂ©sailles israĂ©liennes, le choix de LibĂ©ration est immĂ©diatement dĂ©noncĂ© par plusieurs commentateurs comme une fake news. Le journal publiera le lendemain une mise au point embarrassĂ©e, regrettant de ne pas avoir prĂ©cisĂ© la nature de cette illustration, probablement rĂ©alisĂ©e dans le contexte des tremblements de terre Ă  la frontiĂšre entre la Syrie et la Turquie en fĂ©vrier 2023.

    Du Figaro Ă  TF1 en passant par Boulevard Voltaire, la critique de LibĂ©ration amalgame confusĂ©ment la dĂ©nonciation de la « propagande » pro-palestinienne, la condamnation d’une opĂ©ration de « dĂ©sinformation » par le quotidien de gauche, et le caractĂšre fondamentalement « mensonger » des images gĂ©nĂ©rĂ©es par IA. Si les deux premiĂšres positions relĂšvent de biais politiques propres Ă  des mĂ©dias situĂ©s Ă  droite, la troisiĂšme tĂ©moigne d’une mĂ©connaissance des images synthĂ©tiques. Les expressions rĂ©pĂ©tĂ©es de « fausse image » (Le Figaro), « faux clichĂ© » (TF1) ou « photo mensongĂšre » (Boulevard Voltaire) attestent en effet une lecture des productions de l’IA comme des photographies documentaires, fausses parce que fabriquĂ©es de toutes piĂšces (et accessoirement dĂ©contextalisĂ©es).

    Cette interprĂ©tation, que la rĂ©ponse de LibĂ©ration semble admettre en reprenant elle aussi l’expression de « fausse image », ne peut en rĂ©alitĂ© pas s’appliquer aux images synthĂ©tiques, qui sont des productions graphiques comparables au dessin. L’un des atouts de cette imagerie est de pouvoir reproduire le style photorĂ©aliste caractĂ©ristique de la photographie, mais il ne s’agit Ă©videmment pas d’images rĂ©fĂ©rentielles, copies obtenues par l’intermĂ©diaire d’un dispositif optique. RĂ©sultant d’une synthĂšse statistique de larges bases de donnĂ©es iconographiques, les images par IA ne peuvent donc pas plus ĂȘtre qualifiĂ©e de « fausses » qu’un dessin de Charlie Hebdo ou du Canard enchaĂźnĂ©, dont on n’attend pas qu’il reproduise fidĂšlement la rĂ©alitĂ©.

    Depuis l’émergence de cette nouvelle imagerie en 2022, le motif journalistique le plus rĂ©pandu est celui de la confusion entre photoreportage et production synthĂ©tique – une forme de panique morale qui rĂ©pĂšte un avertissement classique de la rĂ©ception des images numĂ©riques, mais dont il faut constater qu’elle est plus souvent postulĂ©e que vĂ©ritablement observĂ©e. Car l’arrivĂ©e de cette iconographie s’est accompagnĂ©e d’un apprentissage permettant de distinguer les images synthĂ©tiques, et pour un Ɠil exercĂ©, le style kitsch et l’expression exagĂ©rĂ©e et peu rĂ©aliste du bĂ©bĂ© en pleurs reproduit par LibĂ©ration trahissent sans ambiguĂŻtĂ© son origine synthĂ©tique.

    Si, comme toute forme d’expression utilisĂ©e en manifestation, cette image destinĂ©e Ă  dĂ©noncer la violence de l’occupant israĂ©lien appartient au registre de la communication, il serait toutefois simpliste de penser qu’elle est nĂ©cessairement lue au premier degrĂ© par ceux qui la montrent, comme s’il s’agissait d’un document issu du massacre de la veille. L’utilisation d’images au cours des manifestations s’est largement rĂ©pandu au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Moyen d’expression prisĂ© du Sud global, il permet de bĂ©nĂ©ficier de l’universalitĂ© du langage visuel, dans le contexte de mobilisations de stature internationale.

    L’iconographie mobilisĂ©e Ă  cette occasion est d’une grande variĂ©tĂ©, et va du dessin Ă  la photographie de presse en passant par diverses formes d’images composĂ©es, dans un registre d’agit-prop. Dans le cadre des manifestations pro-palestiniennes, on a pu voir de nombreuses images de victimes de conflits, souvent des photographies emblĂ©matiques apparues dans d’autres contextes, et rĂ©utilisĂ©es voire rassemblĂ©es Ă  des fins qui associent l’hommage et la dĂ©nonciation des crimes.

    Au lendemain d’un massacre, l’illustration du bĂ©bĂ© en pleurs appartient manifestement Ă  ce registre symbolique. Il paraĂźt en effet peu probable qu’un manifestant dĂ©sireux de soutenir la cause palestinienne pense brandir la photographie reconnaissable d’une victime de la veille, au risque de choquer ses proches Ă©prouvĂ©s. Ce d’autant moins que l’image avait dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  circuler la semaine prĂ©cĂ©dente, comme un outil de figuration gĂ©nĂ©rique des victimes palestiniennes.

    AprĂšs deux semaines d’un conflit intense, oĂč l’on a vu se dĂ©ployer toute la gamme des fausses nouvelles, vidĂ©os manipulĂ©es, tĂ©moignages bidonnĂ©s, mensonges et sophismes, affirmer que « le faux gĂ©nĂ©rĂ© par IA dĂ©barque dans le rĂ©el » paraĂźt au mieux candide. PlutĂŽt que dans le prolongement des vains dĂ©bats sur les fake news, l’intĂ©rĂȘt de ce cas est dans l’usage militant de l’IA. Comme le note le rĂ©dacteur en chef de LibĂ©ration, Dov Alfon : « beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre Ă©taient en effet gĂ©nĂ©rĂ©es par IA, qui devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupĂ©es ou squelettes ».

    DĂ©jĂ  utilisĂ© en France au dĂ©but de l’annĂ©e au cours du mouvement contre la rĂ©forme des retraites, ce nouvel outil apparaĂźt dans des registres satiriques ou symboliques proches de la caricature de presse. PlutĂŽt que la description de ces usages, on retiendra que la prĂ©sence d’une illustration de synthĂšse aura permis Ă  plusieurs mĂ©dias de stigmatiser la dĂ©fense de la cause palestinienne. Les fake news ont dĂ©cidĂ©ment le dos large.

    ▻https://www.liberation.fr/checknews/libe-sest-il-rendu-coupable-dune-fake-news-en-publiant-la-vraie-photo-dun

  • Les Indiens de Palestine
    ▻https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/231023/les-indiens-de-palestine#at_medium=custom7&at_campaign=1047

    En mai 1982, le philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) dialogue avec l’écrivain Elias Sanbar qui venait de crĂ©er la « Revue d’Études Palestiniennes ». Un entretien qui rĂ©sonne fortement avec notre prĂ©sent tant le siĂšge israĂ©lien de Gaza rappelle que cette enclave palestinienne Ă©voque une rĂ©serve indienne.

    AnimĂ©e par Elias Sanbar, la Revue d’Études Palestiniennes fut crĂ©Ă©e en octobre 1981 aux Éditions de Minuit dirigĂ©es par JĂ©rĂŽme Lindon. Auteur fidĂšle de cette maison d’édition, soutien de la cause palestinienne et ami d’Elias Sanbar, le philosophe Gilles Deleuze salua alors cette naissance, en ces termes : « On attendait depuis longtemps une revue arabe en langue française, mais plutĂŽt du cĂŽtĂ© de l’Afrique du Nord. Or c’est les Palestiniens qui la font. Elle a deux caractĂšres Ă©videmment centrĂ©s sur les problĂšmes palestiniens, mais qui concernent aussi l’ensemble du monde arabe. D’une part, elle prĂ©sente des analyses socio-politiques trĂšs profondes, sur un ton maĂźtrisĂ©, comme de sang-froid. D’autre part, elle mobilise un “corpus” littĂ©raire, historique, sociologique, proprement arabe, trĂšs riche et peu connu. »

    Avec l’aimable autorisation de sa fille, la rĂ©alisatrice Émilie Deleuze, nous publions ci-dessous la conversation qu’eurent alors Gilles Deleuze et Elias Sanbar, initialement parue dans LibĂ©ration du 8-9 mai 1982 et reprise, en 2003, dans Deux rĂ©gimes de fous (Textes et entretiens 1975-1995, Ă©dition prĂ©parĂ©e par David Lapoujade, Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe »). Leur Ă©change tourne autour d’une comparaison Ă©clairante Ă  l’heure du siĂšge israĂ©lien de Gaza : les Palestiniens comme Peaux-Rouges de notre modernitĂ©, repoussĂ©s de leur terre, puis confinĂ©s dans des rĂ©serves.

    *

    Gilles Deleuze. – Il semble que quelque chose soit devenu mĂ»r, du cĂŽtĂ© des Palestiniens. Un nouveau ton, comme s’ils avaient surmontĂ© le premier Ă©tat de leur crise, comme s’ils avaient atteint Ă  une rĂ©gion de certitude ou de sĂ©rĂ©nitĂ©, de « droit », qui tĂ©moignerait d’une nouvelle conscience. Et qui leur permettrait de parler d’une nouvelle maniĂšre, ni agressive ni dĂ©fensive, mais « d’égal Ă  Ă©gal » avec tout le monde. Comment expliques-tu cela puisque les Palestiniens n’ont pas encore atteint leurs objectifs ?

    Elias Sanbar. – Nous avons ressenti cette rĂ©action dĂšs la parution du premier numĂ©ro. Il y a les acteurs qui se sont dit « tiens les Palestiniens font aussi des revues comme celle-ci », et ça a remuĂ© dans leur tĂȘte une image bien Ă©tablie. N’oublions pas que, pour beaucoup, l’image que nous revendiquons du combattant palestinien restait trĂšs abstraite. Je m’explique. Avant que nous n’imposions la rĂ©alitĂ© de notre prĂ©sence nous n’étions perçus que comme des rĂ©fugiĂ©s. Lorsque notre mouvement de rĂ©sistance a imposĂ© que l’on compte avec notre lutte, on nous a de nouveau enfermĂ©s dans une image rĂ©ductrice.

    MultipliĂ©e et isolĂ©e Ă  l’infini, c’était une image de purs militaristes, et nous avons Ă©tĂ© perçus comme ne faisant que cela. C’est pour en sortir que nous prĂ©fĂ©rons notre image de combattants Ă  celle de militaires au sens strict.

    Je crois que l’étonnement qu’a provoquĂ© la parution de cette revue vient aussi du fait que certains doivent commencer Ă  se dire que les Palestiniens existent et qu’ils ne servent pas uniquement Ă  rappeler des principes abstraits. Si cette revue vient de Palestine, elle n’en constitue pas moins un terrain oĂč s’expriment des prĂ©occupations multiples, un lieu oĂč prennent la parole non seulement des Palestiniens, mais des Arabes, des EuropĂ©ens, des Juifs, etc.

    Certains doivent surtout commencer Ă  rĂ©aliser que s’il y a un tel travail, une telle diversitĂ© d’horizons, c’est qu’il doit probablement y avoir aussi et Ă  d’autres niveaux de la Palestine des peintres, des sculpteurs, des ouvriers, des paysans, des romanciers, des banquiers, des comĂ©diens, des commerçants, des professeurs... bref une sociĂ©tĂ© rĂ©elle et de l’existence de laquelle cette revue rend compte.

    La Palestine est non seulement un peuple mais aussi une terre. Elle est le lien entre ce peuple et sa terre spoliĂ©e, elle est le lieu oĂč agissent une absence et un dĂ©sir immense de retour. Et ce lieu est unique, il est fait de toutes les expulsions que vit notre peuple depuis 1948. Lorsqu’on a la Palestine dans les yeux, on l’étudie, on la scrute, on suit le moindre de ses mouvements, on note chaque changement qui l’atteint, on complĂšte toutes ses images anciennes, bref on ne la perd jamais de vue.

    Gilles Deleuze. – Beaucoup d’articles de la Revue d’Études Palestiniennes rappellent et analysent d’une nouvelle façon les procĂ©dĂ©s par lesquels les Palestiniens ont Ă©tĂ© chassĂ©s de leurs territoires. C’est trĂšs important, parce que les Palestiniens ne sont pas dans la situation de gens colonisĂ©s, mais Ă©vacuĂ©s, chassĂ©s. Tu insistes dans le livre que tu prĂ©pares sur la comparaison avec les Peaux-Rouges [cf. Palestine 1948, l’expulsion, Paris, Les Livres de la Revue d’Études Palestiniennes, 1983]. C’est qu’il y a deux mouvements trĂšs diffĂ©rents dans le capitalisme. TantĂŽt il s’agit de tenir un peuple sur son territoire, et de le faire travailler, de l’exploiter, pour accumuler un surplus : c’est ce qu’on appelle d’ordinaire une colonie. TantĂŽt au contraire, il s’agit de vider un territoire de son peuple, pour faire un bond en avant, quitte Ă  faire venir une main-d’Ɠuvre d’ailleurs. L’histoire du sionisme et d’IsraĂ«l comme celle de l’AmĂ©rique est passĂ©e par lĂ  : comment faire le vide, comment vider un peuple ?

    Dans un entretien, Yasser Arafat marque la limite de la comparaison [Revue d’Études Palestiniennes, n° 2, hiver 1982], et cette limite forme aussi l’horizon de la Revue d’Études Palestiniennes : il y a un monde arabe, tandis que les Peaux-Rouges ne disposaient d’aucune base ou force hors du territoire dont on les expulsait.

    Elias Sanbar. – Nous sommes des expulsĂ©s particuliers parce que nous n’avons pas Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s vers des terres Ă©trangĂšres, mais vers la prolongation de notre « chez nous ». Nous avons Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s en terre arabe, oĂč non seulement personne ne veut nous dissoudre mais oĂč cette idĂ©e mĂȘme est une aberration. LĂ  je pense Ă  l’immense hypocrisie de certaines affirmations israĂ©liennes qui reprochent aux autres Arabes de ne pas nous avoir « intĂ©grĂ©s » ce qui dans le langage israĂ©lien signifie « faire disparaĂźtre »... Nos expulseurs sont devenus subitement soucieux d’un prĂ©tendu racisme arabe Ă  notre Ă©gard. Cela signifie-t-il que nous n’avons pas eu Ă  affronter des contradictions dans certains pays arabes ? Certainement pas, mais ces affrontements ne provenaient quand mĂȘme pas du fait que nous Ă©tions Arabes, ils Ă©taient parfois inĂ©vitables parce que nous Ă©tions et que nous sommes une rĂ©volution en armes. Nous sommes Ă©galement les Peaux-Rouges des colons juifs en Palestine. A leurs yeux notre seul et unique rĂŽle consistait Ă  disparaĂźtre. En cela il est certain que l’histoire de l’établissement d’IsraĂ«l est une reprise du processus qui a donnĂ© naissance aux États-Unis d’AmĂ©rique.

    Il y a probablement lĂ  un des Ă©lĂ©ments essentiels pour comprendre leur solidaritĂ© rĂ©ciproque. Il y a lĂ  Ă©galement les Ă©lĂ©ments qui font que nous n’avions pas durant la pĂ©riode du Mandat Ă  faire Ă  une colonisation habituelle « classique », la cohabitation des colons et des colonisĂ©s [Sous rĂ©gime militaire britannique jusqu’en 1921, la Palestine se voit ensuite placĂ©e, par la SDN, sous Mandat de la Grande-Bretagne. Le rĂ©gime civil commence en 1923 et durera jusqu’au 15 mai 1948, date du dĂ©part des Britanniques et de la proclamation de l’État d’IsraĂ«l.]. Les Français, les Anglais, etc. aspiraient Ă  installer des espaces dans lesquels la prĂ©sence des autochtones Ă©tait la condition d’existence de ces espaces. Il fallait bien pour qu’une domination s’exerce que les dominĂ©s soient lĂ . Cela crĂ©ait qu’on le veuille ou non, des espaces communs, c’est-Ă -dire des rĂ©seaux, des secteurs, des niveaux de la vie sociale oĂč se faisait prĂ©cisĂ©ment cette « rencontre » entre les colons et les colonisĂ©s. Qu’elle fĂ»t intolĂ©rable, Ă©crasante, exploitante, dominatrice ne change rien au fait que « l’étranger » pour dominer le « local » devait commencer par ĂȘtre « en contact » avec lui.

    Arrive le sionisme qui part au contraire de la nĂ©cessitĂ© de notre absence, qui, plus que cela fait de la spĂ©cificitĂ© de ses membres (l’appartenance Ă  des communautĂ©s juives) la pierre angulaire de notre rejet, de notre dĂ©placement, du « transfert » et de la substitution qu’a si bien dĂ©crite Ilan Halevi [Ilan Halevi, Question juive, la tribu, la loi, l’espace, Paris, Éditions de Minuit, 1981]. C’est ainsi que sont nĂ©s pour nous, arrivĂ©s dans la mĂȘme foulĂ©e que ceux que j’ai appelĂ©s les « colons Ă©trangers », ceux qu’il me semble devoir appeler « les colons inconnus ». Ceux dont toute la dĂ©marche Ă©tait de faire de leurs caractĂ©ristiques propres la base du rejet total de l’Autre.

    D’ailleurs, je pense qu’en 1948, notre pays n’a pas Ă©tĂ© seulement occupĂ© mais qu’il a en quelque sorte « disparu ». C’est certainement ainsi que les colons juifs devenus Ă  ce moment « les IsraĂ©liens » ont dĂ» vivre la chose.

    Le mouvement sioniste a mobilisĂ© la communautĂ© juive en Palestine non point sur l’idĂ©e que les Palestiniens allaient partir un jour, mais sur l’idĂ©e que le pays Ă©tait « vide ». Il y en eut, bien entendu, certains qui, arrivĂ©s sur place, constatĂšrent le contraire et l’écrivirent ! Mais le gros de cette communautĂ© fonctionnait vis-Ă -vis de gens qu’elle cĂŽtoyait physiquement tous les jours, comme s’ils n’étaient pas lĂ . Et cet aveuglement n’était pas physique, personne n’était dupe au premier degrĂ©, mais tout le monde savait que ce peuple aujourd’hui prĂ©sent Ă©tait « en instance de disparition », tout le monde rĂ©alisait aussi que pour que cette disparition puisse rĂ©ussir, il fallait fonctionner dĂšs le dĂ©part comme si elle avait dĂ©jĂ  eu lieu, c’est- Ă -dire en « ne voyant » jamais l’existence de l’autre, pourtant ultra prĂ©sent. Le vide sur le terrain devait pour rĂ©ussir partir d’une Ă©vacuation de « l’autre » de la propre tĂȘte des colons.

    Pour y arriver le mouvement sioniste a jouĂ© Ă  fond sur une vision raciste qui faisait du judaĂŻsme la base mĂȘme de l’expulsion, du rejet de l’autre. Il y a Ă©tĂ© dĂ©cisivement aidĂ© par les persĂ©cutions en Europe, qui, menĂ©s par d’autres racistes, lui permettaient de trouver une confirmation Ă  sa propre dĂ©marche.

    Nous pensons d’ailleurs que le sionisme a emprisonnĂ© les Juifs, il les tient captifs de cette vision que je viens de dĂ©crire. Je dis bien qu’il les tient captifs et non qu’il les a tenus Ă  un moment donnĂ©. Je le dis parce qu’une fois l’holocauste passĂ©, la dĂ©marche a Ă©voluĂ©, elle s’est mutĂ©e dans un pseudo « principe Ă©ternel » qui veut que les Juifs soient partout et en tout temps « l’Autre » des sociĂ©tĂ©s oĂč ils vivent.

    Or, il n’y a aucun peuple, aucune communautĂ© qui puisse – et heureusement pour eux – prĂ©tendre occuper immuable- ment cette position de « l’Autre » rejetĂ© et maudit.

    Aujourd’hui, l’Autre au Proche-Orient, c’est l’Arabe, c’est le Palestinien. Et comble d’hypocrisie et de cynisme, c’est Ă  cet Autre dont la disparition est constamment Ă  l’ordre du jour que les puissances occidentales demandent des garanties. Or, c’est nous qui avons besoin d’ĂȘtre garantis contre la folie des chefs militaires israĂ©liens.

    MalgrĂ© cela l’OLP notre seul et unique reprĂ©sentant, a prĂ©sentĂ© sa solution du conflit, l’État dĂ©mocratique en Palestine, un État oĂč seraient abattus les murs existant entre tous ses habitants, quels qu’ils soient.

    Gilles Deleuze. – La Revue d’Études Palestiniennes a son manifeste, qui tient dans les deux premiĂšres pages du n° 1 : nous sommes « un peuple comme les autres ». C’est un cri dont le sens est multiple. En premier lieu, c’est un rappel, ou un appel.

    On ne cesse de reprocher aux Palestiniens de ne pas vouloir reconnaĂźtre IsraĂ«l. Voyez, disent les IsraĂ©liens, ils veulent nous dĂ©truire. Mais cela fait plus de 50 ans que les Palestiniens luttent eux-mĂȘmes pour ĂȘtre reconnus.

    En second lieu, c’est une opposition. Car le manifeste d’IsraĂ«l, c’est plutĂŽt « nous ne sommes pas un peuple comme les autres », par notre transcendance et l’énormitĂ© de nos persĂ©cutions. D’oĂč l’importance, dans le no 2 de la Revue, de deux textes d’écrivains israĂ©liens sur l’holocauste, sur les rĂ©actions sionistes Ă  l’holocauste, et sur la signification qu’a pris l’évĂ©nement en IsraĂ«l, par rapport aux Palestiniens et Ă  l’ensemble du monde arabe qui n’y ont pas trempĂ©. Exigeant « d’ĂȘtre traitĂ© comme un peuple hors de la norme », l’État d’IsraĂ«l se maintient d’autant plus dans une situation de dĂ©pendance Ă©conomique et financiĂšre par rapport Ă  l’Occident, telle qu’aucun État n’en a jamais connu de semblable (Boaz Evron, « Les interprĂ©tations de l’“Holocauste” : Un danger pour le peuple juif », Revue d’Études Palestiniennes, no 2, hiver 1982). C’est pourquoi les Palestiniens tiennent tant Ă  la revendication opposĂ©e : devenir ce qu’ils sont, c’est-Ă -dire un peuple tout Ă  fait « normal ».

    Contre l’histoire apocalyptique, il y a un sens de l’histoire qui ne fait qu’un avec le possible, la multiplicitĂ© du possible, le foisonnement des possibles Ă  chaque moment. N’est-ce pas cela que la Revue veut montrer mĂȘme et surtout dans ses analyses actuelles ?

    Elias Sanbar. – Absolument. Cette question du rappel au monde de notre existence est certainement pleine de sens, mais elle est aussi d’une extrĂȘme simplicitĂ©. C’est une sorte de vĂ©ritĂ© qui, dĂšs qu’elle sera vraiment admise, rendra la tĂąche trĂšs difficile Ă  ceux qui ont prĂ©vu la disparition du peuple palestinien. Car, finalement, ce qu’elle dit, c’est que tout peuple a en quelque sorte « droit au droit ». C’est une Ă©vidence, mais d’une force telle qu’elle reprĂ©sente un peu le point de dĂ©part et le point d’arrivĂ©e de toute lutte politique. Prenons les sionistes, que disent-ils Ă  ce sujet ? Jamais tu ne les entendras dire « le peuple palestinien n’a droit Ă  rien » aucune force ne peut soutenir une telle position et ils le savent trĂšs bien. Tu les entendras par contre certainement affirmer « il n’y a pas de peuple palestinien ».

    C’est pour cela que notre affirmation de l’existence du peuple palestinien est, pourquoi ne pas le dire, beaucoup plus forte qu’il n’y paraüt à premiùre vue.

  • Condamnez-vous le Hamas ? Un Palestinien rĂ©pond

    « Je condamne ma propre naissance de m’avoir fait naĂźtre Palestinien, alors que selon bien des gens la Palestine n’existe pas ». Je souhaite diffuser cet admirable texte d’#Abdel_Fattah_Abu_Srour, en rĂ©ponse Ă  l’injonction Ă  condamner le #Hamas, aprĂšs le le 7 octobre.

    –—

    Condamnez-vous le Hamas ? Je me condamne

    Abdel Fattah Abu Srour, directeur du centre Al Rowwad dans le camp de rĂ©fugiĂ©s d’Aida (prĂšs de BethlĂ©em)

    Chers amis,

    J’aimerais remercier tous ceux qui m’ont contactĂ© pour m’assurer de leur solidaritĂ© et s’enquĂ©rir de moi, de ma famille, de ma communautĂ© et de mon peuple. Je suis infiniment reconnaissant envers ceux qui nous soutiennent dans ces temps si difficiles.

    Les journalistes des medias, les interviewers des tĂ©lĂ©s viennent Ă  nous, pointant le doigt vers nous et nous posant sans cesse la mĂȘme question : condamnez-vous le terrorisme palestinien ? Condamnez-vous le Hamas ?

    RĂ©pondons

    Je me condamne vraiment moi-mĂȘme, je condamne toute mon existence

    Je condamne ma propre naissance dans un camp de rĂ©fugiĂ©s dans mon propre pays. Comment est-ce que j’ose ĂȘtre un rĂ©fugiĂ© et vous charger de remettre en question votre humanitĂ© ?

    Je condamne ma propre naissance de m’avoir fait naütre Palestinien, alors que selon bien des gens la Palestine n’existe pas

    Je condamne mes parents, qui furent déracinés de leurs villages détruits et me donnÚrent naissance dans un camp de réfugiés

    Je condamne toute ma vie, avoir grandi, obtenu une Ă©ducation, avoir eu des espoirs et des rĂȘves de devenir un grand biologiste, un grand chercheur qui sauverait des vies
, d’ĂȘtre un peintre extraordinaire, un merveilleux photographe, un Ă©crivain talentueux qui inspirerait le monde entier
 Rien de ce que j’ai fait ne m’a fait devenir cĂ©lĂšbre

    Je me condamne pour clamer et continuer Ă  clamer que je suis un ĂȘtre humain, que je dĂ©fend mon humanitĂ© et ma dignitĂ© ainsi que celles des autres
 On dirait que je ne suis qu’un animal humain, ou encore moins
 que je suis un extraterrestre imaginant qu’il a une place sur cette terre. Comment est-ce que j’ose mĂȘme penser que je suis un ĂȘtre humain tout comme vous ?

    Je me condamne pour croire que les valeurs et les droits humains nous incluent, nous les extraterrestres
 Comment est-ce que j’ose mĂȘme penser que nous faisons partie de ces valeurs ?

    Je me condamne pour croire au droit international et aux rĂ©solutions de l’ONU et Ă  toutes ces dĂ©clarations qui disent que : les peuples sous occupation ont le droit lĂ©gitime de rĂ©sister par TOUS LES MOYENS. Comment est-ce que j’ose considĂ©rer que nous sommes occupĂ©s, mĂȘme par une entitĂ© illĂ©gale qui est reprĂ©sentĂ©e comme l’unique dĂ©mocratie du Moyen Orient.

    Je vous demande pardon

    Je me condamne pour parler de cette occupation comme d’une entitĂ©. Je lis que ce qui dĂ©finit un Ă©tat est d’avoir : une constitution, des frontiĂšres dĂ©finies, et une nationalitĂ©. Et puisque ce que vous appelez État d’IsraĂ«l ne possĂšde pas jusqu’à aujourd’hui de constitution, ni de frontiĂšres dĂ©finies, et bien qu’ ils aient votĂ© la loi de NationalitĂ© c’est un pays uniquement pour les Juifs


    Mais apparemment vous pouvez vous proclamer État sans aucun de ces critùres. Pardonnez s’il vous plaüt mon ignorance


    Que puis-je dire
 je suis si ignorant


    Je croyais qu’une victime de viol avait le droit de se dĂ©fendre. Mais il semble que je me sois trompé  je n’ai pas compris que l’on doive fĂ©liciter le violeur et condamner la victime si ou elle oses rĂ©sister
 que il ou elle prend plaisir au viol et en redemande


    Je croyais qu’ĂȘtre solidaire avec les opprimĂ©s Ă©tait une attitude juste. Erreur encore car je ne devrais jamais m’identifier aux autres peuples opprimĂ©s. Il n’y a qu’une entitĂ© opprimĂ©e au monde et aucune autre.

    Je devrais féliciter les Israéliens pour opprimer les soi-disant Palestiniens
 et leur apprendre qui ils sont et quelle est leur valeur aux yeux de la communauté internationale. Que leurs vies sont égales à zéro.

    Alors

    Monde !

    Je suis vraiment désolé

    Je ne me suis pas rendu compte que j’étais induit en erreur et mal informĂ©

    Devrais-je m’excuser ?

    Je m’excuse profondĂ©ment

    Monde !

    Toutes mes excuses

    Mes parents m’ont toujours dit que je devais soutenir les opprimĂ©s et empĂȘcher les oppresseurs de continuer leur oppression

    Je m’excuse

    On m’a dit que je devais soutenir les mĂ©chants Sud-Africains noirs contre le gentil systĂšme d’apartheid blanc censĂ© les humaniser

    Je m’excuse

    On m’a dit que je devais soutenir les sauvages AmĂ©rindiens contre ces merveilleux colonisateurs blancs arrivĂ©s pour les civiliser et les dĂ©barrasser du fardeau de leurs terres et de leurs propriĂ©tĂ©s

    On m’a dit de soutenir les AborigĂšnes retardĂ©s d’Australie contre ces extraordinaires colonisateurs britanniques civilisateurs blancs qui vinrent les instruire

    Je m’excuse

    On m’a dit de soutenir les terroristes vietnamiens contre les trĂšs civilisĂ©s colonisateurs
 Français ou AmĂ©ricains qui savaient comment exploiter les pays colonisĂ©s et domestiquer leurs habitants.

    Je m’excuse

    On m’a dit de soutenir les Indiens en Inde, les Irlandais, les Ecossais

    les Sud-Américains

    les Cubains,

    Les Espagnols et les Italiens contre les dictatures et les fascistes

    Les Allemands et les Européens contre les nazis

    Les Arabes contre les colonisations française et britanniques

    Les Palestiniens contre l’occupation britannique et sioniste

    On m’a mĂȘme dit de soutenir les Ukrainiens contre les Russes

    Mes parents m’ont mĂȘme parlĂ© des pauvres juifs qui arrivĂšrent en Palestine dans les annĂ©es 1900..

    Et dans ce temps-lĂ  on avait pitiĂ© d’eux et on les aidait avec de la nourriture et plus encore


    Je m’excuse

    On m’a dit de soutenir la rĂ©sistance de l’opprimĂ© contre l’oppresseur

    Je ne savais rien du droit international et des droits de l’homme

    Je ne savais pas que tout ceci Ă©tait faux et que c’est juste un mensonge qui convient Ă  certains et pas Ă  d’autres

    Donc

    Monde,

    Laisse-moi me condamner et m’excuser encore et encore


    Je me condamne pour ĂȘtre ce que je suis

    Je m’excuse d’ĂȘtre Palestinien
 D’ĂȘtre nĂ© dans un pays que mes parents appellent Palestine


    Je m’excuse d’ĂȘtre nĂ© dans un camp de rĂ©fugiĂ©s
 Dans mon propre pays. Et de n’avoir pu oublier les villages de mes parents qui furent dĂ©truits en octobre 1948

    Je m’excuse de n’avoir ni cheveux blonds ni yeux bleus
 Bien que certains de mes cousins aient des cheveux blonds et des yeux bleus ou verts

    Je m’excuse de toujours m’identifier comme Palestinien alors qu’on me dĂ©nie cette nationalitĂ©

    Je m’excuse d’encore appeler mon pays du nom de Palestine bien qu’il ait Ă©tĂ© Ă©miettĂ© en morceaux disjoints
 et je ne peux toujours pas l’oublier

    Je m’excuse de pas pouvoir oublier que je suis encore un rĂ©fugiĂ© dans mon propre pays

    De ne pas avoir jeté la vieille clé rouillée de la maison de mes parents dans leur village détruit

    Je condamne la revendication obstinée de mon droit à revenir aux villages détruits de mes parents

    Comment est-ce que j’ose faire ça ? Comment tous ces Palestiniens obstinĂ©s osent-ils revendiquer leur droit au retour ? Nous sommes si aveugles que nous ne pouvons mĂȘme pas voir les faits sur le terrain aprĂšs les 75 annĂ©es d’existence de la seule dĂ©mocratie du moyen orient

    Je condamne mes parents qui m’ont Ă©levĂ© selon « Celui qui est consumĂ© par la haine perd son humanitĂ© »

    Comment n’ont-ils pas osĂ© m’enseigner la haine ?

    Je condamne tout acte de rĂ©sistance contre l’injustice et l’oppression, l’occupation. Comment osent les opprimĂ©s dĂ©fier les oppresseurs ?

    Je condamne chaque victime de viol ayant rĂ©sistĂ© au violeur. Ne peux-tu pas simplement ouvrir les jambes et l’accepter ? Comment oses-tu refuser le plaisir du viol ?

    Je condamne les assassinats de tout systĂšme terroriste. Les oppresseurs devraient avoir carte blanche pour continuer leur oppression sans avoir Ă  en rendre compte.

    Je condamne ces Palestiniens et leurs supporters
 Pourquoi ne peuvent-ils pas juste se taire et accepter que cette occupation illégale est le seul super pouvoir de la région et que lui résister est un acte raciste.

    Je m’excuse rĂ©ellement auprĂšs de vous tous de ne pas avoir Ă©tĂ© capable de coexister avec l’oppression
 et de n’avoir pas Ă©tĂ© capable d’accepter de prendre plaisir Ă  la torture, Ă  l’oppression et Ă  l’humiliation. Certains y prennent plaisir
 Pourquoi pas moi ?

    Je m’excuse de ne pas accepter l’exil de mon frĂšre, l’emprisonnement de mes frĂšres, de mes cousins, neveux, voisins, et tant d’autres
 Je ne m’étais pas rendu compte que c’était pour leur bien, et qu’ils Ă©taient mieux en prison ou en exil que dehors au soleil


    Je m’excuse de ma stupiditĂ©. Je n’ai pas compris vos droits de l’homme et votre droit international. Je pensais que j’étais comme vous autres, et non pas un animal humain. Je m’excuse de mon ignorance
 Je ne comprends mĂȘme pas comment on peut ĂȘtre un animal humain. Je pensais qu’il y avait des ĂȘtres humains, et des animaux, bien que certains de ces animaux soient plus humains que les soi-disant humains


    je m’excuse, je me suis trompé 

    J’ai vu comment vous souteniez des rĂ©sistances comme l’Ukraine et acclamiez ces combattants pour la libertĂ©. Et combien hĂ©roĂŻques Ă©taient ces enfants entraĂźnĂ©s pour rĂ©sister aux Russes et qui pensaient que c’était normal. Je suis vraiment stupide et je m’excuse de ma stupiditĂ©. Je devrais aussi condamner la rĂ©sistance ukrainienne.

    Je le promets, je fĂȘterais l’apartheid, je cĂ©lĂ©brerais la violations des valeurs et des droits humains.

    Je louerai tous les oppresseurs et les dictateurs

    Je devrais louer tous les violeurs pour qu’ils continuent leurs viols

    Je devrais louer tous les menteurs et les manipulateurs pour leur distorsions des faits et de la vérité

    Je suis vraiment dĂ©solĂ© d’avoir tant Ă©choué  Vraiment dĂ©solĂ© de n’avoir pas su comment coexister avec ces doubles critĂšres. Comment coexister avec l’occupation, l’oppression, la dĂ©shumanisation et en ĂȘtre heureux ?

    Avez-vous un entraĂźnement spĂ©cial ? J’aimerais vous rejoindre. Ou plutĂŽt vous pourriez me rejoindre, porter ma peau et me montrer comment je peux ĂȘtre le gentil animal que vous pourriez domestiquer ?

    Ou devrais-je simplement dire, non merci 


    Je ne peux jamais accepter vos ordres et votre chantage

    Je ne peux jamais accepter que les opprimĂ©s s’habituent Ă  l’oppression et coexistent avec l’oppresseur tant que l’oppression durera

    Nous n’oublierons pas
 Nous nous souviendrons

    Nous n’oublierons pas le silence, l’hypocrisie, les ordres et le chantage

    Nous n’oublierons pas ceux qui ont Ă©levĂ© la voix et se sont levĂ©s pour ce qui est juste

    Nous n’oublierons rien

    Vous pouvez continuer Ă  nous pousser au dĂ©sespoir et nous continuerons Ă  faire Ă©panouir l’espoir

    Vous pouvez continuer à promouvoir la mort
 Nous continuerons à promouvoir la vie

    Vous continuerez à faire le pire
 Nous continuerons à faire le meilleur

    ▻https://blogs.mediapart.fr/dominique-natanson/blog/221023/condamnez-vous-le-hamas-un-palestinien-repond
    #condamnation #réponse #7_octobre_2023 #Palestine #Israël #humanité #dignité #excuses #résistance #réfugiés_palestiniens #torture #oppression #humiliation #droit_international #animal_humain #animaux #viol #coexistence #oppression #silence #hypocrisie #chantage #désespoir #espoir #à_lire

  • Je me condamne moi-mĂȘme
    Abdelfattah Abusrour, 14 octobre 2023 - UJFP
    Un message d’Abdel Fattah Abu Srour, directeur du centre Al Rowwad dans le camp de rĂ©fugiĂ©s d’Aida (prĂšs de BethlĂ©em)
    ▻https://ujfp.org/condamnez-vous-le-hamas-je-me-condamne

    Des journalistes des mĂ©dias, des intervieweurs de tĂ©lĂ©vision viennent nous voir en nous pointant du doigt et en posant cette question sans fin : condamnez-vous le terrorisme palestinien ? Condamnez-vous le Hamas ?

    Occupons-nous donc de cela.

    Je me condamne moi-mĂȘme. Je condamne toute mon existence

    Je condamne ma propre naissance dans un camp de réfugiés dans mon propre pays

    Je condamne ma propre naissance d’ĂȘtre nĂ© Palestinien, alors que selon beaucoup, la Palestine n’existe pas

    Je condamne mes parents, qui ont Ă©tĂ© dĂ©racinĂ©s de leurs villages dĂ©truits et m’ont fait naitre dans un camp de rĂ©fugiĂ©s

    Je condamne ma propre vie : j’avais l’espoir et le rĂȘve d’ĂȘtre un grand biologiste et chercheur qui sauverait des vies, un peintre Ă©tonnant et un merveilleux photographe, un acteur fantastique et un Ă©crivain talentueux qui inspirerait le monde entier

    Je ne suis pas vraiment devenu cĂ©lĂšbre dans tout ce que j’avais fait. Je m’en veux de croire que les droits de l’homme nous incluent. Comment oserais-je penser que nous faisons partie de ces valeurs ?

    Je m’accuse de croire au droit international et aux rĂ©solutions de l’ONU et que les peuples sous occupation ont le droit lĂ©gitime de rĂ©sister par TOUS LES MOYENS. Comment oserais-je considĂ©rer que nous sommes sous occupation ?

    Je vous demande pardon. Je croyais qu’il Ă©tait naturel de se tenir aux cĂŽtĂ©s des opprimĂ©s

    Que puis-je dire
 Je suis si ignorant (...)

  • Contre Attaque: «LA POLITESSE DU DÉSESPOIR RĂ©p
» - Framapiaf
    ▻https://mastodon.social/@contreattaque/111261026501291445

    LA POLITESSE DU DÉSESPOIR

    RĂ©pondre Ă  l’horreur par la dignitĂ© et le sarcasme. DĂ©montrer la bĂȘtise criminelle par l’absurde.

    Le médecin et comédien Bassem Youssef, invité sur la chaine Sky News, se moque des remarques déplacées du présentateur Piers Morgan et fait voler en éclat la propagande pro-israélienne.

    Une scùne que vous ne verrez jamais sur les chaines françaises. À regarder jusqu’au bout.

    –—

    Sous-titres : Caisses de grĂšve
    19 oct. 2023, 11:42

    ▻https://stockage.framapiaf.org/framapiaf/cache/media_attachments/files/111/261/026/563/102/694/original/d5a2a18aed72eec1.mp4

  • Guerre IsraĂ«l-Palestine : le monde ne peut pas regarder ce massacre les bras ballants
    Gideon Levy | Mardi 17 octobre 2023 | Middle East Eye édition française
    ▻https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/guerre-israel-palestine-gaza-massacre-nouvelle-realite-nakba-responsa
    ▻https://www.middleeasteye.net/sites/default/files/images-story/+A%20Palestinian%20kid%20receives%20medical%20care%20after%20being%20

    (...) Le 7 octobre, IsraĂ«l s’est rĂ©veillĂ© dans une nouvelle rĂ©alitĂ©. Une rĂ©alitĂ© qui devrait finalement mettre un terme Ă  l’arrogance et Ă  la suffisance du pays. Cela doit dĂ©montrer, une fois pour toutes, l’impossibilitĂ© d’échapper aux consĂ©quences de l’emprisonnement indĂ©fini de plus de deux millions de personnes dans une cage gĂ©ante, avec trois millions d’autres vivant indĂ©finiment sous la tyrannie militaire.

    Il y avait un prix Ă  payer aprĂšs tout. Le 7 octobre, IsraĂ«l s’est rĂ©veillĂ© face Ă  l’horreur.

    IsraĂ«l a Ă©tĂ© choquĂ© et a cherchĂ© Ă  se venger. Ce souhait est dĂ©sormais exaucĂ©. À l’heure oĂč j’écris ceci, tous les habitants de Gaza sont devenus les victimes potentielles d’une violence que mĂȘme eux, bien qu’ils connaissent dĂ©jĂ  l’horreur et la souffrance, n’ont encore jamais connue.
    Le traumatisme de la Nakba

    Des milliers et peut-ĂȘtre des dizaines de milliers de Palestiniens Ă  Gaza n’en n’ont plus pour longtemps. Leurs maisons, leurs vies et leur univers seront totalement anĂ©antis.

    Ceux qui sont contraints d’évacuer se souviendront certainement de la façon dont leurs parents et grands-parents ont Ă©tĂ© contraints d’évacuer des centaines de villages dans leur patrie en 1948, sans possibilitĂ© de retour. Le traumatisme de la Nakba sera ravivĂ© dans toute son intensitĂ© Ă  Gaza.

    IsraĂ«l ne doit pas mal interprĂ©ter la compassion et la solidaritĂ© qu’une grande partie du monde extĂ©rieur lui tĂ©moigne actuellement. (...)

  • Guerre IsraĂ«l-Palestine : quatre voix qui plaident pour la nuance dans les mĂ©dias français
    Par MEE Vendredi 13 octobre 2023 | Middle East Eye édition française
    ▻https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/guerre-israel-palestine-medias-france-nuance-contexte-responsabilite-

    De Bertrand Badie Ă  Dominique de Villepin, de rares voix soulignent que la violence du Hamas ne peut ĂȘtre dĂ©connectĂ©e de la violence dont sont victimes les Palestiniens depuis des annĂ©es de la part d’IsraĂ«l, et que l’Occident a sa part de responsabilitĂ© (...)

  • La preuve par la Palestine | Cerveaux Non Disponibles
    ▻https://cerveauxnondisponibles.net/2023/10/18/la-preuve-par-la-palestine

    Que nous disent les Ă©vĂ©nements en Palestine sur l’évolution du champ politique français ?
    Entre interdictions de manifestations, rĂ©pression violente, propagande mĂ©diatique et un tapis rouge dĂ©roulĂ© Ă  l’extrĂȘme-droite, le traitement du mouvement de solidaritĂ© envers la Palestine nous en dit long sur la fascisation de la France.
    Le samedi 7 octobre 2023, le Hamas lançait une offensive sans prĂ©cĂ©dent sur le sol de l’Etat colonial israĂ©lien. Celle-ci s’est soldĂ©e par une tuerie de masse qui a suscitĂ© de vives rĂ©actions Ă  travers le monde.
    De nombreux pays ont exprimé leur ferme condamnation, tout en affirmant leur soutien total à Israël. La France fait partie de ceux-ci.
    Aux cĂŽtĂ©s des Etats-Unis, elle ne s’est pas contentĂ©e de prĂ©senter son soutien et ses condolĂ©ances aux familles des victimes israĂ©liennes, elle s’est fermement rangĂ©e derriĂšre IsraĂ«l et Netanyahou. Le jeudi 12 octobre, Macron est mĂȘme allĂ© jusqu’à lĂ©gitimer l’horreur de la rĂ©pression Ă  Gaza, dont les morts se comptent aujourd’hui par milliers.
    En parallĂšle, les manifestations de solidaritĂ© avec la Palestine sont interdites, des dizaines de militant·es sont interpellé·es, y compris jusque dans les rangs de l’Union Juive française pour la Paix, simplement pour avoir tĂ©moignĂ© de leur soutien au peuple palestinien ou de leur indignation face Ă  la tragĂ©die qui se dĂ©roule Ă  Gaza.
    Des reprĂ©sentants du gouvernement et des journalistes se permettent des sorties toujours plus islamophobes. Le RN, parti politique dont les fondements mĂȘme reposent sur la culture du racisme, en particulier de l’antisĂ©mitisme, est dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme tout Ă  fait respectable, appartenant Ă  ce que le gouvernement et les mĂ©dias appellent sans honte « l’arc rĂ©publicain ».
    Ce n’est pas un hasard, si le rĂ©visionniste Éric Zemmour a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un bain de foule lors de la manifestation organisĂ©e par le CRIF tandis qu’Olivier Faure, leader du PS, en a Ă©tĂ© expulsĂ©. Face Ă  cela, la France insoumise, dont nous devons reconnaĂźtre que les positions nous ont surpris, dans le bon sens du terme, se tient plus seule que jamais Ă  l’AssemblĂ©e.
    Elle fait face Ă  un dĂ©ferlement mĂ©diatique, politiquement confus, d’une ampleur rarement atteinte, qui prĂ©sente la gauche comme Ă©tant un danger Ă  combattre et mĂȘme une complice du terrorisme. En 75 ans de rĂ©sistance palestinienne, jamais la France n’avait Ă©tĂ© aussi partiale, que cela soit dans sa communication internationale ou dans sa politique intĂ©rieure.
    Dominique de Villepin, qui n’a pourtant rien d’une personne sympathique, nous a justement donnĂ© un aperçu de ce qu’était la politique française d’il y a vingt ans vis-Ă -vis de la situation au Proche-Orient. Aussi imparfaite soit-elle, celle-ci considĂ©rait les aspirations du peuple palestinien Ă  la libertĂ© et se voulait plus neutre. Aujourd’hui tout cela n’existe plus.
    Nous devons nous interroger sur le soutien idĂ©ologique du gouvernement Macron Ă  un rĂ©gime coloniale d’extrĂȘme-droite.
    La France s’est dĂ©finitivement rangĂ©e du cĂŽtĂ© des USA et de l’Atlantisme au point de compter parmi les quatre nations ayant votĂ© contre la rĂ©solution du Conseil de sĂ©curitĂ© appelant Ă  un cessez-le-feu.
    Mais qu’a-t-elle Ă  y gagner ?
    Les crimes du Hamas sont l’occasion rĂȘvĂ©e pour le pouvoir et les mĂ©dias Ă  sa botte.
    Depuis dix jours, ils sont utilisés pour légitimer des déclarations plus racistes les unes que les autres, pour justifier la mise en place de nouvelles politiques autoritaires, xénophobes et islamophobes.
    La mort de plus d’un millier d’enfants gazaoui·es est considĂ©rĂ©e comme rĂ©sultant d’une riposte lĂ©gitime, les Palestinien·nes sont dĂ©shumanisé·es, au point que la colonisation et les dizaines de milliers de victimes qu’elle a engendrĂ© en 75 ans semblent ĂȘtre un non-sujet.
    Les derniĂšres organisations de gauches qui tiennent pĂ©niblement le cap sont criminalisĂ©es, le NPA et l’UJFP sont menacĂ©s par des actions en justice pour « apologie du terrorisme » alors que dans un mĂȘme temps le gouvernement français se dit solidaire d’un Etat qui a tuĂ© plus de 3000 civil·es en l’espace d’une semaine et qui est en train d’en affamer deux millions d’autres.
    Plus que jamais les Ă©vĂ©nements en Palestine mettent en Ă©vidence la puanteur du climat qui rĂšgne en France. On se sert des actions du Hamas et de la surenchĂšre de quelques Ă©garĂ©s qui soutiennent encore l’Etat islamique pour justifier d’une vĂ©ritable haine Ă  l’égard de tout ce qui se rapproche de prĂšs ou de loin d’un·e arabe ou d’un·e musulman·e.
    Climat qui annonce une fois encore que le pire est Ă  venir, et qu’il nous faudra ĂȘtre plus solidaires que jamais pour y faire face.
    Ce qui semble difficile quand on voit le peu d’organisations se disant de gauche qui sont en capacitĂ© de tenir une ligne claire sur l’antiracisme et la lutte dĂ©coloniale. Qu’importe, les rĂ©cents Ă©vĂ©nements nous auront permis d’identifier clairement nos allié·es.

  • Contre Attaque

    Un discours à la fois génocidaire et messianique en direct sur I24.

    I24, c’est la chaine du milliardaire franco-israĂ©lien Patrick Drahi, qui possĂšde BFM.

    Ce sont des chaĂźnes de propagande de l’armĂ©e israĂ©lienne en France.

    La chaine russe RT a été supprimée pour moins que ça.

    ▻https://video.twimg.com/amplify_video/1714010463447416832/vid/avc1/740x444/H3hXmSeQwQ9pkBWr.mp4?tag=14

    Qu’est qu’un nĂ©o-nazi israĂ©lien ? Un apprenti gĂ©nocidaire qui affirme, sur un ton suave, qu’il n’en a rien Ă  faire des 2 millions de Palestiniens et qu’IsraĂ«l va rĂ©cupĂ©rer Gaza, car Gaza appartient Ă  IsraĂ«l. [Sur i24, chaĂźne fondĂ©s par Patrick Drahi, propriĂ©tĂ© d’Altice Europe]

    ▻https://twitter.com/ContreAttaque_/status/1714559699196977330

    • Est-ce qu’il y a quelque part un transcript de ces propos inoubliables ? J’aimerais bien les faire connaitre a mes amis allemands un peu naifs.

  • Comment SudRadio et J.J.Bourdin ont crĂ©Ă© une journĂ©e Obono , avec un Tweet mensonger.
    RĂ©sister... Ă  Bourdin
    ▻https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/resister-a-bourdin
    â–șhttps://video.twimg.com/amplify_video/1714172303624339456/vid/avc1/1280x720/bJTH2QYHC5yyAyE6.mp4?tag=16

    Jean-Jacques Bourdin a dĂ©cidĂ© qu’il boufferait de l’Obono, DaniĂšle, en fines lamelles, au petit dĂ©jeuner. « Pour vous le Hamas est un mouvement de rĂ©sistance ? Je cherche l’explication » demande-t-il le 17 octobre Ă  la dĂ©putĂ©e insoumise. Oui, c’est...c’est ... « C’est un mouvement de rĂ©sistance ? » C’est nĂ©cessaire d’avoir, euh... « Est-ce que c’est un mouvement de rĂ©sistance ? C’est nĂ©cessaire d’avoir des clarifications... » A propos de clarifications, est-ce que c’est un mouvement de rĂ©sistance ? Six relances. Pas une de moins. Et Ă  la cinquiĂšme, Obono : « ...qui rĂ©siste Ă  une occupation... » Elle l’a dit ! Bourdin, haussant le ton pour l’estocade : « donc c’est un mouvement de rĂ©sistance ! Oui...qui se dĂ©finit comme tel, qui est reconnu comme tel par les instances internationales... C’est bon. C’est dans la boĂźte. Vous m’emballez ça avec un tweet mensonger recousant grossiĂšrement des rĂ©ponses dĂ©cousues, et inventant au passage une phrase non-prononcĂ©e : » Oui, le Hamas est un mouvement de rĂ©sistance. C’est un groupe politique islamiste qui a une branche armĂ©e, et qui rĂ©siste Ă  l’IsraĂ«l" et vous me l’envoyez sur les rĂ©seaux.

    On a ici, et moi le premier, assez souvent reprochĂ© aux journalistes français de l’audiovisuel leur complaisance dans les interviews, pour changer d’avis sur cet Ă©pisode particulier. On aimerait bien sĂ»r qu’il soit toujours aussi pugnace avec les ministres et ministricules quand il en reçoit, mais Bourdin fait du Bourdin, comme il l’a toujours fait, et il est dans son rĂŽle de matinalier. Dans la grande tradition Elkabbach, le matinalier des radios ne vise qu’une chose : susciter une reprise AFP, et crĂ©er l’évĂšnement de la journĂ©e. Bravo, c’est rĂ©ussi. "Abjecte complaisance" ! tweete Yannick Jadot. "Bon maintenant ça suffit" (Tondelier). "J’enrage" (Faure). Ca dĂ©gaine mĂȘme au sein du groupe parlementaire LFI, "J ’invite DaniĂšle Obono Ă  retirer ses propos" (Raquel Garrido). Ruffin et Autain partagent ostensiblement la Une de L’Huma, Le Hamas, meilleur ennemi des Palestiniens . "Je retweete" prĂ©cise mĂȘme Ruffin, pour les malcomprenants. Feu sur Obono, cible d’autant plus facile qu’elle s’est avancĂ©e Ă  dĂ©couvert, au-delĂ  mĂȘme de la ligne MĂ©lenchon, lequel rĂ©cuse le terme « terrorisme » appliquĂ© au 7 octobre (ses justifications juridiques en longueur ici), mais n’est jamais allĂ© jusqu’à parler de rĂ©sistance.

    Bourdin est dans son rĂŽle, donc, ce qui laisse aux interviewĂ©.e.s deux possibilitĂ©s. Soit, de refuser ses invitations, s’ils ne souhaitent pas jouer ce jeu-lĂ . Personne n’est jamais obligĂ© d’aller Ă  la radio. Soit, s’ils dĂ©cident d’y aller, de trouver les moyens de rĂ©sister Ă  l’ouragan, en taillant leur route, en collant l’ouragan au mur, pleinement conscients qu’ils n’ont pas affaire Ă  un journaliste, mais Ă  un adversaire, dans un combat de dix minute, oĂč tous les coups sont permis. A propos de rĂ©sistance, justement, c’est cette rĂ©sistance-lĂ  Ă  l’injonction, sa forme, ses modalitĂ©s, son efficacitĂ©, qui constitue le coeur du message politique.

    Oups ! J’allais oublier Darmanin. Et j’aurais eu tort. Car GĂ©rald Darmanin, lui, ne se contente pas de polĂ©miquer ou d’injoncter. A la lecture du tweet mensonger de Sud Radio, le ministre de l’IntĂ©rieur a annoncĂ© saisir le parquet contre DaniĂšle Obono pour « apologie du terrorisme ». Dans l’hystĂ©rie du moment, cette judiciarisation par le gouvernement de la parole d’une parlementaire passe quasiment inaperçue. Le parquet classera sans suite, c’est Ă  espĂ©rer. Mais lĂ , on ne rit plus. Soudain, on change de monde.

  • Frais d’inscription et libertĂ© de manifester : stratĂ©gie du choc Ă  Pau
    ▻https://academia.hypotheses.org/52888

    Il y a quelques mois, nous lancions l’alerte Ă  propos de la transformation progressive des prĂ©sidents d’universitĂ© en “prĂ©fets au petit pied”. Loin de comprendre la responsabilitĂ© Ă©minente qui est la leur, nos prĂ©sident·es semblent en effet devenus incapables de 
 Continuer la lecture →

    • L’interdiction de tout rassemblement sur un campus Ă  propos d’une question proprement interne Ă  l’universitĂ© et sous prĂ©texte de Vigipirate : voilĂ  une maniĂšre simple et efficace de neutraliser la contestation contre cette mesure universitaire raciste qui consiste, rappelons-le, Ă  appliquer Ă  une partie des Ă©tudiant·es extra europĂ©en·nes des frais d’accĂšs Ă  l’universitĂ© d’un montant largement supĂ©rieur Ă  ceux applicables aux ressortissant·es europĂ©en·nes.

      Insistons un peu : cette interdiction de rassemblement est une mesure terrifiante dans ce qu’elle dit du prĂ©sident de l’universitĂ© de Pau et de ses positions sur l’UniversitĂ© conçue comme un lieu de libertĂ©s dont il devrait, au contraire ĂȘtre le premier gardien. Est-ce de la bĂȘtise ? Est-ce une perte de tout repĂšre quant Ă  ses fonctions d’universitaire ? Est-ce un dĂ©faut de culture et de rĂ©fĂ©rences historiques en matiĂšre de libertĂ©s publiques ? Est-ce une petite montĂ©e d’autoritarisme, telle que nombre de prĂ©sidents d’universitĂ© en connaissent rĂ©guliĂšrement depuis la LRU ? Est-ce un peu de tout cela pris ensemble ? La question que nous posions il y a quelques mois Ă  propos du prĂ©sident de l’universitĂ© de Nice se pose Ă  nouveau, de maniĂšre plus spectaculaire encore : comment, en fait, un collĂšgue, certainement bon dans son domaine de spĂ©cialitĂ© acadĂ©mique, peut-il sombrer dans des dĂ©cisions aussi caricaturales et des argumentations aussi grossiĂšres dĂšs qu’il sort de sa spĂ©cialitĂ© ? Qu’est-ce rend possible de telles dissociations chez nos prĂ©sidents d’établissement ? Comment peuvent-ils projeter des rĂ©flexions fines, subtiles, Ă©tayĂ©es lorsqu’ils se trouvent sur le terrain scientifique et, dans le mĂȘme temps, sombrer dans les pratiques les plus indignes de l’intelligence dĂšs qu’ils se placent sur le terrain administratif ?

      Encore un petit effort, Laurent Bordes, et vous franchirez le seuil suivant : si la menace sĂ©curitaire est telle qu’un minuscule rassemblement d’universitaires Ă  Pau contre les frais d’inscription diffĂ©renciĂ©s doive ĂȘtre interdit, alors vous fermerez bientĂŽt les Ă©tablissements aussi. Tou·tes ces Ă©tudiant·es remuant·es que l’on rĂ©unit dans des amphis bondĂ©s au moment mĂȘme oĂč le gouvernement « Ă©lĂšve la posture du plan Vigipirate », n’est-ce pas excessivement dangereux, au fond ?

      Tout comme la mesure prĂ©fectorale d’interdiction de distribution de repas dans le Nord de Paris a Ă©tĂ© suspendue hier par le juge administratif, il ne fait aucun doute que cette dĂ©cision du prĂ©sident Bordes est illĂ©gale et qu’un rĂ©fĂ©rĂ©-libertĂ© aurait prospĂ©ré  si on lui avait laissĂ© le temps de prospĂ©rer. En interdisant la veille Ă  16h36 un rassemblement pour le lendemain Ă  11h, le prĂ©sident a annihilĂ© toute intervention en urgence du juge. Aucun rĂ©fĂ©rĂ© n’est plus possible, et nous devons donc le croire sur paroles : se rĂ©unir sur le campus de l’universitĂ© de Pau pour protester contre les frais d’inscription diffĂ©renciĂ©s entre Ă©tudiant·es selon leur nationalitĂ©, c’est un danger pour la sĂ©curitĂ© publique. Peut-ĂȘtre mĂȘme est-ce la preuve qu’il y a, parmi les personnels et les Ă©tudiant·es de Pau, de dangereux terroristes en puissance.

      Fermez le ban, rentrez dans vos amphis ou connectez-vous sur Zoom. Et rendez votre rapport Hcéres.

  • IsraĂ«l-Palestine : L’Occident vit dans une bulle - Madaniya
    ▻https://www.madaniya.info/2023/10/17/israel-palestine-loccident-vit-dans-une-bulle

    Une courte sĂ©lection, mais tout l’article mĂ©rite lecture.

    Au delĂ  de l’emballement pro-israĂ©lien des occidentaux, il est des vĂ©ritĂ©s qu’il importe de dire :

    Primo : En cautionnant inconditionnellement IsraĂ«l, les Occidentaux sont pleinement responsables de l’échec des accords d’Oslo et de l’anĂ©antissement du projet de crĂ©ation d’un Ă©tat palestinien, gĂ©nĂ©rateur de violences cycliques.
    Deuxio : Le droit Ă  l’existence d’IsraĂ«l ne doit pas se traduire par le droit Ă  l’annihilation des Palestiniens.
    Tertio : Le droit Ă  la sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l ne doit pas non plus signifier le droit Ă  l’insĂ©curitĂ© des Palestiniens et des autres États arabes.
    Quatro : Le gĂ©nocide hitlĂ©rien ne saurait en aucun cas excuser le sociocide palestinien de la part des descendants des rescapĂ©s du gĂ©nocide juif en Europe occidentale.

    Enfin, tant qu’existe un revendicateur un droit ne se perd pas et tant que des palestiniens existeront, leurs droits ne se perdront pas. Les Palestiniens n’ont pas vocation Ă  ĂȘtre les indiens d’AmĂ©rique du XXI me siĂšcle.

  • L’attaque d’Arras, communiquĂ© de la fĂ©dĂ©ration CNT-SO Éducation & Recherche
    ▻https://www.questionsdeclasses.org/lattaque-darras-communique-de-la-federation-cnt-so-education-rec

    A ce stade, toute la lumiĂšre n’est pas encore faite sur l’attaque mais il semble bien que notre collĂšgue n’ait pas Ă©tĂ© visĂ© lui-mĂȘme mais plutĂŽt que cela soit la communautĂ© Ă©ducative dans son ensemble. Ce crime est probablement liĂ© au fanatisme religieux, dans un climat tendu marquĂ© par la guerre de Gaza.

    Nous sommes en colĂšre parce que l’Éducation Nationale et ses personnels ont volontairement Ă©tĂ© placĂ©s, au centre d’instrumentalisations idĂ©ologiques et politiciennes sur les questions religieuses. Nous ne nions pas ĂȘtre confrontĂ© rĂ©guliĂšrement au conservatisme ou Ă  l’obscurantisme religieux mais dans la plupart des cas, nous pouvons y rĂ©pondre avec les outils des pĂ©dagogues : le dialogue et le raisonnement. A contrario, les polĂ©miques stĂ©riles et aux relents racistes comme celle sur l’abaya Ă  la rentrĂ©e, n’ont d’autres buts que d’alimenter les agendas politiciens du gouvernement ou de l’extrĂȘme-droite. En attisant les tensions et le ressentiment, elles mettent tous les personnels en danger.

  • La violence de l’exigence de victimes parfaites | Noura Erakat
    ▻https://www.contretemps.eu/la-violence-de-lexigence-de-victimes-parfaites

    Ce texte de Noura Erakat est paru initialement sur le site de Jadaliyya, il a été traduit par la rédaction de Contretemps.

    Le Hamas a lancĂ© une attaque sans prĂ©cĂ©dent contre IsraĂ«l, visant le rĂ©gime colonial et d’apartheid qui asservit les Palestinien.ne.s depuis 75 ans. Les rĂ©actions occidentales et la couverture mĂ©diatique de l’attaque ont mis l’accent sur la faillibilitĂ© de l’appareil militaire israĂ©lien ainsi que sur les tactiques du Hamas, qui n’a pas fait de distinction entre les cibles militaires et civiles.

    Peu d’observateurs occidentaux ont mis en lumiĂšre le contexte de violence structurelle d’IsraĂ«l qui a condamnĂ© les Palestinien.ne.s Ă  une mort lente, manquant ainsi une occasion cruciale de faire avancer une solution vĂ©ritable et durable dans la rĂ©gion.

    Deux millions de Palestinien.ne.s de Gaza, une enclave cĂŽtiĂšre mĂ©diterranĂ©enne de 365 kilomĂštres carrĂ©s, sont assiĂ©gĂ©.e.s par un blocus naval complet et un siĂšge terrestre imposĂ©s par IsraĂ«l depuis 16 ans. Les Nations unies et les organisations humanitaires ont condamnĂ© le blocus comme Ă©tant illĂ©gal et ont qualifiĂ© son impact de « catastrophique ». En 2015, une agence des Nations unies a prĂ©dit que Gaza serait « inhabitable » d’ici 2020 en raison du manque d’hygiĂšne, d’accĂšs Ă  l’eau potable et des pĂ©nuries alimentaires causĂ©es par IsraĂ«l. Nous sommes aujourd’hui en 2023. Actuellement, plus d’un quart des maladies signalĂ©es Ă  Gaza sont dues Ă  la mauvaise qualitĂ© de l’eau et au manque d’accĂšs Ă  celle-ci. Cinquante-trois pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvretĂ© et la dĂ©pendance Ă  l’égard de l’aide alimentaire pour survivre est passĂ©e de moins de 10 % en 2000 Ă  environ 70 % en 2017. Entre l’automne 2016 et l’étĂ© 2017, 186 installations fournissant des services de santĂ©, d’eau, d’assainissement et de collecte des dĂ©chets solides ont Ă©tĂ© fermĂ©es en raison de pĂ©nuries d’électricitĂ© dues au siĂšge et au blocus.

    À tout cela s’ajoutent la mort et de la destruction causĂ©es par les assauts rĂ©pĂ©tĂ©s et massifs de l’armĂ©e israĂ©lienne. Depuis 2008, IsraĂ«l a lancĂ© quatre offensives militaires de grande envergure contre une population majoritairement rĂ©fugiĂ©e, piĂ©gĂ©e dans l’un des endroits les plus densĂ©ment peuplĂ©s de la planĂšte, tout en refusant un couloir humanitaire pour permettre aux gens de s’en Ă©chapper. Au cours de ces attaques, IsraĂ«l a tuĂ© des familles entiĂšres, sur plusieurs gĂ©nĂ©rations, par des tirs de missiles sur leurs maisons. IsraĂ«l a Ă©galement bombardĂ© Ă  plusieurs reprises des hĂŽpitaux et des Ă©coles des Nations unies abritant des civils et portant l’emblĂšme de l’ONU. MalgrĂ© la litanie de crimes de guerre bien documentĂ©s, personne n’a eu Ă  rendre de comptes et le siĂšge n’a fait que se resserrer.

    Pire encore, les Palestinien.ne.s ont Ă©tĂ© rendus responsables de leurs propres souffrances pour avoir dĂ©mocratiquement Ă©lu le Hamas Ă  la tĂȘte de l’AutoritĂ© palestinienne en 2006. Ce discours, qui consiste Ă  blĂąmer les victimes, occulte le fait que le Hamas n’a Ă©tĂ© crĂ©Ă© qu’en 1987, soit vingt ans aprĂšs le dĂ©but de l’occupation israĂ©lienne de Gaza et de la Cisjordanie et prĂšs de quarante ans aprĂšs l’expulsion massive et la dĂ©possession des Palestinien.ne.s lors de la crĂ©ation d’IsraĂ«l en 1948.

    Le Hamas pourrait disparaĂźtre demain, la politique israĂ©lienne d’expansion coloniale se poursuivrait de toute façon. Prenons l’exemple de la Cisjordanie, oĂč l’AutoritĂ© palestinienne dirigĂ©e par Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien le plus docile Ă  ce jour, opĂšre sous le contrĂŽle de l’armĂ©e d’occupation israĂ©lienne. M. Abbas s’est engagĂ© dans une coordination sĂ©curitaire avec IsraĂ«l pour protĂ©ger les colons hors-la-loi qui volent les terres palestiniennes ; il a Ă©tĂ© complice du siĂšge israĂ©lien qui asphyxie les Palestiniens de Gaza. En Ă©change de sa collaboration, IsraĂ«l a poursuivi sans relĂąche son entreprise de colonisation, a dĂ©clarĂ© son intention d’annexer la vallĂ©e du Jourdain et a transfĂ©rĂ© la surveillance de la Cisjordanie d’une gouvernance militaire Ă  une gouvernance civile, ce qui tĂ©moigne de la permanence de l’occupation.

    Le fait de considĂ©rer les Palestinien.ne.s comme des victimes imparfaites revient Ă  absoudre la domination coloniale d’IsraĂ«l et Ă  s’en rendre complice.

    À cela s’ajoute une incapacitĂ© abjecte Ă  Ă©lever et Ă  cĂ©lĂ©brer les milliers de Palestiniens qui ont tentĂ© de rĂ©sister Ă  la domination cruelle d’IsraĂ«l par le biais de protestations non violentes. Il s’agit notamment des 40 000 Palestinien.ne.s qui, chaque semaine, ont participĂ© Ă  la Grande Marche du retour en 2018 pour rĂ©clamer leur droit de retourner dans la patrie dont ils ont Ă©tĂ© expulsĂ©s et la fin du siĂšge, avant d’ĂȘtre abattus comme des oiseaux par des tireurs d’élite israĂ©liens. Elle inclut les milliers de Palestinien.ne.s et leurs alliĂ©s dans le monde qui se sont engagĂ©s dans des campagnes de boycott, de dĂ©sinvestissement et de sanctions visant Ă  isoler IsraĂ«l et Ă  neutraliser sa menace mortelle. Il s’agit Ă©galement des flottilles civiles qui ont tentĂ© de briser le blocus naval de Gaza, ainsi que des multiples recours juridiques devant les tribunaux nationaux, la Cour internationale de justice et, dĂ©sormais, la Cour pĂ©nale internationale. Ces efforts n’ont pas seulement Ă©tĂ© marginalisĂ©s par les gouvernements occidentaux, ils ont Ă©tĂ© diabolisĂ©s et dĂ©nigrĂ©s.

    Le message adressĂ© aux Palestinien.ne.s n’est pas qu’ils et elles doivent rĂ©sister plus pacifiquement, mais qu’ils et elles ne peuvent pas rĂ©sister du tout Ă  l’occupation et Ă  l’agression israĂ©liennes.

    Pendant ce temps, IsraĂ«l a tuĂ© prĂšs de 215 Palestinien.ne.s rien que cette annĂ©e, sans compter les rĂ©cents morts Ă  Gaza. Alors que le gouvernement israĂ©lien le plus Ă  droite de l’histoire a supervisĂ© trois pogroms de colons contre des Palestinien.ne.s dans les villes de Huwara et Turmus Ayya et a lancĂ© une offensive aĂ©rienne et terrestre contre le camp de rĂ©fugiĂ©s de JĂ©nine, les mĂ©dias occidentaux sont restĂ©s plus prĂ©occupĂ©s par la crise judiciaire d’IsraĂ«l.

    Alors que les organisations de dĂ©fense des droits de l’homme s’accordent de plus en plus Ă  dire qu’IsraĂ«l est un rĂ©gime d’apartheid, le prĂ©sident Biden a encouragĂ© et cĂ©lĂ©brĂ© la normalisation d’IsraĂ«l avec les rĂ©gimes arabes, ignorant les souffrances des Palestinien.ne.s, le racisme manifeste et l’extrĂ©misme dangereux du gouvernement israĂ©lien. La diplomatie internationale, associĂ©e Ă  des reportages biaisĂ©s, n’a fait que perpĂ©tuer la politique ratĂ©e d’IsraĂ«l visant Ă  enfermer les Palestiniens dans des prisons Ă  ciel ouvert dans l’espoir qu’ils se rendent ou, du moins, qu’ils deviennent un « problĂšme » gĂ©rable.

    • L’attaque du Hamas devrait montrer clairement que le problĂšme n’est pas la soif insatiable de libertĂ© du peuple palestinien, mais le statu quo international qui vise Ă  normaliser l’assujettissement permanent des Palestiniens par IsraĂ«l. Cette crise et la guerre qui s’annonce doivent ĂȘtre comprises comme Ă©tant davantage qu’une simple prise d’otages d’une ampleur considĂ©rable. Il s’agit d’une crise de la volontĂ© politique de contester les crimes de guerre et les crimes contre l’humanitĂ© commis par IsraĂ«l, qui nous ont conduits jusqu’ici. L’incapacitĂ© permanente Ă  faire face Ă  ce contexte Ă©quivaut Ă  dire aux Palestinien.ne.s qu’ils doivent mourir tranquillement. Il s’agit d’une exigence immorale et impossible qui menace bien plus que la vie des Palestinien.ne.s. Toute condamnation de la violence palestinienne doit commencer et se terminer par des demandes de levĂ©e du siĂšge, de fin de l’occupation et de dĂ©mantĂšlement du systĂšme d’apartheid israĂ©lien.

      *

      Noura Erakat est avocate spĂ©cialisĂ©e dans les droits de l’homme et professeur adjoint au dĂ©partement d’études africaines de l’universitĂ© Rutgers (Etats-Unis). Ses recherches portent sur le droit humanitaire, le droit des rĂ©fugiĂ©s, le droit de la sĂ©curitĂ© nationale et la thĂ©orie critique de la race. Elle est l’autrice de Justice for Some : Law As Politics in the Question of Palestine (Stanford University Press, 2019) et coĂ©ditrice de Aborted State ? The UN Initiative and New Palestinian Junctures, une anthologie liĂ©e aux candidatures palestiniennes de 2011 et 2012 au statut d’État Ă  l’ONU. Elle est Ă©galement cofondatrice de la revue en ligne Jadaliyya et membre du comitĂ© Ă©ditorial du Journal of Palestine Studies.

    • â–șhttps://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/16/a-marseille-une-militante-palestinienne-de-72-ans-en-voie-d-expulsion_619480

      Pour le ministre de l’intĂ©rieur, l’appartenance de Mme Abudaqa au FPLP – « organisation inscrite sur la liste de l’Union europĂ©enne faisant l’objet de mesures restrictives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », prĂ©cise l’arrĂȘtĂ© d’expulsion – est une cause de la dĂ©cision. Pour l’Etat français, la « participation largement mĂ©diatisĂ©e » de Mme Abudaqa Ă  des Ă©vĂ©nements et des manifestations « est de nature Ă  attiser les tensions, la haine et la violence entre communautĂ©s et de crĂ©er des graves troubles Ă  l’ordre public » dans le contexte actuel.

      PĂȘle-mĂȘle, l’arrĂȘtĂ© d’expulsion Ă©voque « l’attaque du Hamas sur IsraĂ«l », « le nombre important de victimes et d’otages exposĂ©s Ă  un risque d’exĂ©cution », « les violents affrontements toujours en cours [au Proche-Orient] », mais aussi des prises de position de Mme Abuqada en faveur de la libĂ©ration du terroriste libanais Georges Ibrahim Abdallah, condamnĂ© en 1987 par la justice française Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ©. Pour expliquer sa dĂ©cision, le ministre de l’intĂ©rieur cite aussi « l’attaque terroriste au sein du lycĂ©e Gambetta-Carnot d’Arras » et « la prĂ©gnance de la menace terroriste en France ».

    • sur le front culturel oĂč diverses annulations ont lieu de Francfort Ă  Paris, vous goĂ»terez la fin du papier. on aura sans doute identifiĂ© LeĂŻla Shahib avec le « soutien au Hamas » (l’édition de Le Monde du jour a pour titre de Une, Terrorisme Macron veut "un État impitoyable" )

      â–șhttps://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/16/a-marseille-une-militante-palestinienne-de-72-ans-en-voie-d-expulsion_619480

      A Marseille, le dĂ©putĂ© du Rassemblement national (RN) Franck Allisio a Ă©crit au prĂ©fet de rĂ©gion le 11 octobre pour demander l’interdiction d’une confĂ©rence Ă  Martigues. Selon le parlementaire, la prise de parole de M. Abudaqa est « une indignité  alors qu’IsraĂ«l subit actuellement le plus terrible massacre depuis la seconde guerre mondiale ».
      Lire aussi : Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Avec la marche parisienne pour IsraĂ«l, le Rassemblement national cherche Ă  « solder le passĂ© »

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      Lundi, Ă  nouveau libre de se dĂ©placer dans la journĂ©e, Mariam Abudaqa a reçu le soutien d’une trentaine de sympathisants de la cause palestinienne, devant le commissariat Noailles, oĂč elle Ă©tait convoquĂ©e. La septuagĂ©naire, visiblement choquĂ©e, a exprimĂ© son incomprĂ©hension de la dĂ©cision des autoritĂ©s, mais aussi son souhait de quitter la France au plus vite. « Je suis venue ici lĂ©galement, avec un visa. Des amis m’ont invitĂ©e Ă  intervenir pour parler des femmes et des droits de l’homme », expliquait-elle. Si elle reconnaĂźt avoir pris la parole dans des rassemblements interdits, elle rĂ©fute toute parole tombant sous le coup de la loi. « J’ai perdu ma maison et 29 membres de ma famille depuis le dĂ©but des bombardements sur Gaza
 Je ne peux pas en parler ? OĂč est la dĂ©mocratie ? », s’étonne-t-elle.
      Militants arrĂȘtĂ©s
      Pour Pierre Stambul, qui l’accompagnait, la dĂ©cision du ministĂšre de l’intĂ©rieur est « une gigantesque violation de la loi, qui utilise un argumentaire oĂč il mĂ©lange tout ». « Mariam n’a jamais portĂ© de voile, elle dĂ©fend la cause des femmes, se bat contre le patriarcat dans sa sociĂ©tĂ©. On lui reproche de soutenir son peuple ? », dĂ©nonce-t-il, annonçant que son organisation allait « contester farouchement l’expulsion ».

      A Marseille, oĂč Mariam Abudaqa Ă©tait invitĂ©e pour participer Ă  un colloque intitulĂ© « 30 ans aprĂšs les accords d’Oslo, oĂč en sommes-nous ? », l’ensemble des manifestations de soutien Ă  la Palestine a Ă©tĂ© interdit. Dimanche 15 octobre, plusieurs militants, dont une membre de l’Union juive française pour la paix, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s alors qu’ils participaient Ă  un de ces regroupements non autorisĂ©s par la prĂ©fecture de police.
      ParallĂšlement, le MuCem, musĂ©e national situĂ© sur le Vieux-Port, a dĂ©cidĂ© de reporter une journĂ©e consacrĂ©e Ă  la Palestine le 19 octobre, durant laquelle le metteur en scĂšne Mohamed El Khatib devait lire des entretiens avec l’ex-reprĂ©sentante en France de l’Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP) LeĂŻla Shahid. « Pour Ă©viter tout souci », explique la direction de la communication du MusĂ©e des civilisations de l’Europe et de la MĂ©diterranĂ©e, qui assure que l’évĂ©nement se tiendra au premier semestre 2024.
      ▻https://justpaste.it/5c893

    • France Inter, Lundi 9 octobre 2023, 12 minutes

      ▻https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-09-octobre-2023-2278708

      LeĂŻla Shahid, ancienne dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale de Palestine en France et ancienne ambassadrice de la Palestine auprĂšs de l’UE (2005-2015) :"Il y a le sentiment d’une profonde tristesse. J’ai Ă©tĂ© en poste Ă  Paris quand il y a eu les accords d’Oslo. J’y ai cru. Il y avait dans les deux sociĂ©tĂ©s une petite lueur qui n’a pas Ă©tĂ© maintenue. C’est un gĂąchis terrible. La guerre dure depuis 56 ans pour les Palestiniens, Ă  Gaza, en Cisjordanie, Ă  JĂ©rusalem-est et dans les camps de rĂ©fugiĂ©s. Je suis pessimiste. Je crois que ce qu’il va se passer, c’est l’annexion des territoires qui ne sont pas encore annexĂ©s. Il n’y a plus territoires pour faire un État palestinien."

  • Une militante palestinienne arrĂȘtĂ©e et assignĂ©e Ă  rĂ©sidence avant une confĂ©rence - Contre Attaque
    ▻https://contre-attaque.net/2023/10/16/une-militante-palestinienne-arretee-et-assignee-a-residence-avant-un

    Elle est est assignĂ©e Ă  rĂ©sidence dans les Bouches-du-RhĂŽne pour les 45 prochains jours, avec obligation de « se maintenir dans les locaux oĂč elle rĂ©side Ă  Marseille de 22h00 Ă  7h00 du matin » et de pointer tous les jours au commissariat. Interdite d’intervenir publiquement, privĂ©e de libertĂ© sans procĂšs, sur dĂ©cision arbitraire du ministre de l’IntĂ©rieur d’extrĂȘme droite d’un gouvernement fanatiquement pro-IsraĂ«l.

    Oh, une privation de liberté arbitraire.

  • Sortir de l’enfer - Quelques mots sur la guerre au Proche-Orient
    â–șhttps://www.la-meridienne.info/spip.php?article22
    Par Mona Chollet

    Quand on a, comme moi, des liens familiaux et sentimentaux avec la Palestine et qu’on suit au jour le jour l’actualitĂ© au Proche-Orient, il se crĂ©e, dans les moments de guerre ouverte comme celui, particuliĂšrement atroce, que nous vivons depuis le 7 octobre, un dĂ©calage et une incomprĂ©hension mutuelle pĂ©nibles avec une grande partie de mon entourage. Je suis dĂ©sespĂ©rĂ©e que beaucoup d’amis et de connaissances, avec qui je suis sur la mĂȘme longueur d’ondes sur tant d’autres sujets, ne voient pas ce qui me semble Ă©vident. Et je sens qu’eux, de leur cĂŽtĂ©, me regardent avec un certain effarement – et une certaine suspicion, voire de l’hostilitĂ©. Comme s’ils voyaient soudain surgir en moi une sauvage, une barbare hystĂ©rique dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. C’est ce dialogue de sourds que je voudrais tenter de dĂ©passer ici. Peut-ĂȘtre en vain, mais essayons.

  • Le gouvernement Meloni Ă  l’épreuve du procĂšs de l’attentat de Bologne


    Sur les lieux de l’attentat Ă  la gare de Bologne (Italie) le 2 aoĂ»t 1980. © Photo Farabola / Leemage via AFP

    La condamnation rĂ©cente Ă  perpĂ©tuitĂ© de deux nĂ©ofascistes dans l’affaire de l’attentat de la gare de Bologne en 1980 provoque l’embarras de l’équipe de Giorgia Meloni qui voudrait rĂ©Ă©crire l’histoire. Un ministre et une dĂ©putĂ©e Fratelli d’Italia gravitent dans l’entourage des ex-terroristes.
    Karl Laske
    16 octobre 2023


    LeLe 27 septembre 2023, Gilberto Cavallini, dit « Gigi » ou « Il Nero », ne s’est pas prĂ©sentĂ© devant les juges. Le #nĂ©ofasciste, ex-membre des Nuclei Armati Rivoluzionari (#NAR), auteur et coauteur de plusieurs assassinats – notamment ceux du policier Francesco Evangelista et du procureur Mario Amato, en 1980 –, a Ă©tĂ© condamnĂ© en appel Ă  perpĂ©tuitĂ© pour sa participation Ă  l’attentat commis gare de Bologne le 2 aoĂ»t 1980, qui avait fait 85 morts et 200 blessĂ©s . ArrĂȘtĂ© en 1983, et dĂ©jĂ  condamnĂ© pour diffĂ©rents crimes et association de malfaiteurs, l’ancien terroriste de 71 ans est en semi-libertĂ©.
    Il y a peu, les enquĂȘtes journalistiques de La Repubblica et de la Rai ont dĂ©voilĂ© ses rĂ©seaux et ses liens avec un membre du gouvernement, le sous-secrĂ©taire d’État Ă  l’environnement et Ă  la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique, Claudio Barbaro. La condamnation en appel d’« Il Nero », et l’incarcĂ©ration, en juin, d’un autre nĂ©ofasciste, ex-membre d’#Avanguardia_Nazionale (AN), Paolo Bellini, 70 ans, condamnĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ©, en avril 2022, comme le coauteur du mĂȘme attentat de Bologne, ont clarifiĂ© les responsabilitĂ©s, et embarrassĂ© le gouvernement de Giorgia Meloni, qui n’a jamais admis la mise en cause des nĂ©ofascistes dans cet attentat.

    La « matrice nĂ©ofasciste »
    Longues de 1 724 pages, les motivations de la sentence condamnant Bellini relĂšvent en particulier « la preuve Ă©clatante » du financement de l’attentat par le haut dignitaire de la #loge_P2 (Propaganda Due), le financier d’extrĂȘme droite Licio Gelli, dĂ©cĂ©dĂ© en 2015. Preuve de la « #stratĂ©gie_de_la_tension » mise en Ɠuvre par des rĂ©seaux clandestins au sein de l’#État et les #forces_armĂ©es. Sur une comptabilitĂ© manuscrite qu’il avait intitulĂ©e « Bologna » (un mot que les premiers enquĂȘteurs n’avaient pas retranscrit), apparaissent une provision de 5 millions de dollars et un versement d’un million en espĂšces (20 %) peu avant l’attentat.

    La sentence souligne aussi les capacitĂ©s de manipulation des groupes nĂ©ofascistes par Licio Gelli et Federico Umberto D’#Amato, l’ancien chef du Bureau des affaires rĂ©servĂ©es du ministĂšre de l’intĂ©rieur, Ă©galement dĂ©cĂ©dĂ©, tous deux mis en cause lors d’un premier procĂšs pour des manƓuvres visant Ă  dĂ©sorienter l’enquĂȘte.
    La « coopĂ©ration opĂ©rationnelle » des groupuscules Nuclei Armati Rivoluzionari et Avanguardia Nazionale a Ă©tĂ© par ailleurs Ă©tablie par la justice : hold-up communs, faux papiers, caches d’armes partagĂ©es
 La sentence relĂšve au passage que l’une de ces caches se trouvait dans le local romain du journal Confidentiel, la couverture d’un rĂ©seau international impliquant d’anciens dirigeants du groupuscule français Ordre nouveau.
    En dĂ©pit de ces investigations, la prĂ©sidente du Conseil Giorgia Meloni n’a cessĂ© de contester, sur son compte Twitter (aujourd’hui « X »), les dĂ©cisions de la justice concernant l’attentat de Bologne, rĂ©clamant « la vĂ©ritĂ© ». Et alors que le prĂ©sident de la RĂ©publique Sergio Mattarella a solennellement soulignĂ©, en aoĂ»t, « la matrice nĂ©ofasciste » de l’attentat, Giorgia Meloni a, cette annĂ©e encore, provoquĂ© une vive polĂ©mique, le 2 aoĂ»t, parlant dans un message d’un des « coups fĂ©roces infligĂ©s » par « le terrorisme » Ă  l’Italie, sans prĂ©ciser lequel, et en signalant une nouvelle fois qu’il fallait « parvenir Ă  la vĂ©ritĂ© » sur les attentats. Une façon Ă  peine voilĂ©e de contredire l’institution judiciaire.

    Or la « matrice nĂ©ofasciste » ne concerne pas que l’attentat de la gare de Bologne, mais toutes les « stragi », c’est-Ă -dire les #massacres, Ă  commencer par l’attentat de #piazza_Fontana, Ă  Milan, le 12 dĂ©cembre 1969 (16 morts et 88 blessĂ©s), ou celui de la piazza della Loggia Ă  #Brescia le 28 mai 1974 (8 morts et 102 blessĂ©s), dont les procĂšs se sont conclus par la condamnation de membres du groupuscule nĂ©ofasciste #Ordine_nuovo et de responsables opĂ©rationnels de sa cellule en VĂ©nĂ©tie.
    Concernant #Bologne, la « vĂ©ritĂ© alternative » avancĂ©e par l’équipe Meloni tient en une « piste palestinienne » liĂ©e Ă  l’incarcĂ©ration d’un militant palestinien pour trafic d’armes en 1979, une piste explorĂ©e mais fermement Ă©cartĂ©e par la justice vu l’implication matĂ©rielle des nĂ©ofascistes, et par ailleurs les preuves d’un dialogue entre Italiens et Palestiniens au sujet de cet Ă©pisode.
    Cette piste internationale avait fait partie des contre-feux ouverts par Licio Gelli lui-mĂȘme, aux dĂ©buts de l’enquĂȘte. En 2019, huit dĂ©putĂ©s Fratelli d’Italia ont tentĂ© de la rouvrir par une demande de crĂ©ation d’une commission d’enquĂȘte parlementaire, faisant dĂ©libĂ©rĂ©ment l’impasse sur les enquĂȘtes judiciaires et les condamnations dĂ©finitives, en 2007, de trois premiers auteurs de l’attentat, ex-membres des Nuclei Armati Rivoluzionari, Valerio Fioravanti, Francesca Mambro et Luigi Ciavardini.

    Cet Ă©tĂ©, l’un de ces dĂ©putĂ©s, Federico Mollicone, a encore demandĂ© la « levĂ©e du secret » sur d’éventuels documents concernant la piste palestinienne. « Ces documents n’existent pas, c’est le Ă©niĂšme rideau de fumĂ©e lancĂ© sur le 2 aoĂ»t », a commentĂ© Paolo Bolognesi, le prĂ©sident de l’Association des familles de victimes de l’#attentat_de_Bologne.
    En fĂ©vrier, c’est le ministre de la justice, Carlo Nordio, qui a soutenu devant le SĂ©nat la validitĂ© des arguments des avocats de Cavallini visant Ă  annuler la condamnation du nĂ©ofasciste – en s’appuyant sur une jurisprudence inexistante concernant la limite d’ñge des juges populaires. « Il a fourni une assistance aux terroristes », s’est indignĂ© encore Bolognesi dans La Stampa.

    Un soutien matériel aux condamnés
    « La strage de 1980 est la plus contestĂ©e dans ses rĂ©sultats judiciaires parce que les enquĂȘtes et les sentences ont touchĂ© des points sensibles d’un systĂšme encore actif », a commentĂ© l’un des anciens juges de Bologne Leonardo Grassi au Fatto Quotidiano.
    « Il est normal qu’aujourd’hui on revienne Ă  la piste palestinienne, c’est la maniĂšre dont la partie politique qui se sent impliquĂ©e, et qui est au gouvernement, cherche une voie de sortie, poursuit-il. Parce que le parti de Giorgia Meloni revendique sa continuitĂ© avec le Movimento Sociale Italiano (#MSI), et celui-ci est proche du monde d’oĂč proviennent les exĂ©cuteurs des stragi. »
    Un monde plus que proche. Comme l’a montrĂ© l’enquĂȘte de la Rai et de La Repubblica sur l’étrange coopĂ©rative Essegi 2012.
    Cette sociĂ©tĂ© est justement dirigĂ©e par l’un des premiers condamnĂ©s dans l’attentat de Bologne, Luigi Ciavardini, 61 ans. Et elle a permis Ă  « Il Nero » Cavallini de dĂ©crocher un emploi et la semi-libertĂ©.
    CondamnĂ© Ă  treize et dix ans de prison pour les meurtres d’Evangelista et d’Amato, et Ă  trente ans pour l’attentat de Bologne, Ciavardini, dit « Gengis Khan », a fait tourner sa coopĂ©rative, dĂ©diĂ©e Ă  l’accueil des dĂ©tenus en semi-libertĂ©, Ă  coups de subventions publiques (plusieurs millions d’euros) de municipalitĂ©s et collectivitĂ©s locales amies – jusqu’à la perte de son agrĂ©ment en juin dernier.
    Ces deux condamnĂ©s pour l’attentat de Bologne ont tous deux bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien du sous-secrĂ©taire d’État Ă  l’environnement de #Giorgia_Meloni, Claudio Barbaro, ancien Ă©lu du Movimento Sociale Italiano (MSI). Ciavardini a obtenu sa propre semi-libertĂ© grĂące Ă  l’emploi que lui a offert Barbaro au sein de l’Alliance sportive italienne (ASI) qu’il a prĂ©sidĂ©e pendant vingt-sept ans. Et le ministre a « contribuĂ© Ă  payer » les frais judiciaires de Cavallini, selon un tĂ©moin citĂ© par La Repubblica.

    Mais le ministre n’est pas le seul Ă  soutenir les ex-terroristes des NAR. La dĂ©putĂ©e (Fratelli d’Italia) Chiara Colosimo, une proche de Meloni, a ainsi rendu visite Ă  Ciavardini Ă  la prison de Rebibbia en 2014. L’émission « Report » de la Rai a dĂ©voilĂ© une photo de l’élue accrochĂ©e Ă  son bras Ă  cette occasion (voir ci-dessous).
    MalgrĂ© cette relation Ă  l’évidence amicale, Chiara Colosimo a Ă©tĂ© Ă©lue en mai dernier prĂ©sidente de la commission antimafia par le Parlement, provoquant une levĂ©e de boucliers parmi les familles des victimes des attentats, et un appel solennel de leur part, en vain.

    Cette nomination Ă  la tĂȘte de la commission antimafia est d’autant plus problĂ©matique que Luigi Ciavardini a Ă©tĂ© aussi sous investigation pour ses contacts avec la #Camorra, la mafia napolitaine dans le cadre de l’enquĂȘte « Mafia Capitale ». L’ancien terroriste avait dĂ©tenu un restaurant Ă  Rome, Il Tulipano, en association avec le comptable du clan, Massimiliano Colagrande, alias « Small », condamnĂ© dĂ©finitivement en fĂ©vrier 2020, Ă  30 ans de prison.

    DĂ©but aoĂ»t, les nĂ©ofascistes condamnĂ©s ont reçu un autre soutien, plus modeste, celui du responsable de la communication institutionnelle de la rĂ©gion du Lazio, Marcello De Angelis, un ancien parlementaire d’extrĂȘme droite, lui-mĂȘme issu du groupuscule Terza Posizione, auquel avaient appartenu les trois premiers condamnĂ©s de l’attentat de Bologne avant de rejoindre les NAR, Valerio Fioravanti, Francesca Mambro et Luigi Ciavardini – ce dernier n’est autre que son beau-frĂšre.
    Sur Facebook, De Angelis a assurĂ© que ses trois camarades, condamnĂ©s dĂ©finitifs, n’avaient « rien Ă  voir avec le massacre de Bologne ». Son post a immĂ©diatement Ă©tĂ© « likĂ© » par Claudio Barbaro. Le communicant a dĂ©missionnĂ© fin aoĂ»t des services de la rĂ©gion aprĂšs la dĂ©couverte sur son compte de posts antisĂ©mites, ou encore cĂ©lĂ©brant Himmler. On relĂšve au passage que l’ancien activiste dialogue sur Facebook avec un proche de Marine Le Pen, l’ex-chef du GUD #FrĂ©dĂ©ric_Chatillon installĂ© Ă  Rome depuis ses ennuis judiciaires.

    La « Primula nera »
    L’incarcĂ©ration surprise de Paolo Bellini, en juin dernier, alors qu’il Ă©tait dans l’attente de son procĂšs en appel, a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e dans l’urgence pour des raisons de sĂ©curitĂ©. PlacĂ© sur Ă©coute, l’ancien membre d’Avanguardia Nazionale condamnĂ© Ă  perpĂ©tuitĂ© a profĂ©rĂ© des « menaces alarmantes » contre son ex-femme et un juge.
    Il a fait savoir qu’il prĂ©parait « quelque chose d’apocalyptique » pour « clore la carriĂšre du prĂ©sident de la cour d’assises de Bologne » qui l’a condamnĂ©, et qu’il avait dĂ©couvert que le magistrat avait un fils diplomate au BrĂ©sil. Il annonçait aussi avoir « tout juste fini de payer 50 000 euros » pour « descendre » son ex-femme qui a trop parlĂ© lors de son procĂšs. Des mesures de protection ont Ă©tĂ© prises.
    Quarante ans aprĂšs les faits, Paolo Bellini a Ă©tĂ© confondu par l’exploitation d’une sĂ©rie d’images extraites d’un film super-8 tournĂ© par un touriste suisse dans la gare de Bologne, quelques minutes aprĂšs l’explosion de la bombe, le 2 aoĂ»t 1980. Un homme en tee-shirt bleu, cheveux frisĂ©s hirsutes, passe devant la camĂ©ra sur le quai numĂ©ro un de la gare. C’est lui.

    L’enquĂȘte est rouverte. Des photos anciennes sont saisies, analysĂ©es et comparĂ©es par des moyens techniques aux images en super-8. C’est positif. Le film est prĂ©sentĂ© Ă  son ex-femme. PlacĂ©e sur Ă©coute, elle dĂ©clare Ă  son fils reconnaĂźtre son ex-mari, formellement. Elle avoue alors aux juges que l’alibi qu’elle lui a fourni pendant la premiĂšre enquĂȘte Ă©tait inventĂ©.
    Les menaces de Bellini sont prises au sĂ©rieux, car sa vie a Ă©tĂ© Ă©maillĂ©e d’assassinats et de cavales qui lui ont valu le surnom de « Primula nera », le « FantĂŽme noir ». AprĂšs quelques annĂ©es au MSI, un premier meurtre commis en 1975, il prend la fuite au Paraguay, aidĂ© par le chef d’Avanguardia Nazionale, Stefano Delle Chiaie, l’homme lige de l’internationale fasciste.
    De retour en Italie sous une fausse identitĂ© brĂ©silienne, il obtient des facilitĂ©s de circulation et un port d’armes par des contacts au sein des #services spĂ©ciaux, et devient pilote d’avion privĂ©. L’un des portraits-robots Ă©tablis aprĂšs l’attentat de Bologne fait Ă©merger son vrai nom et son visage parmi ceux des suspects, mais la « Primula » demeure dans l’ombre.
    InterpellĂ© en 1981, il Ă©chappe aux poursuites dans l’affaire de Bologne, mais reste incarcĂ©rĂ© jusqu’en 1986 pour d’autres Ă©pisodes criminels qui avaient conduit Ă  son dĂ©part en cavale. Il se rapproche alors de la #’Ndrangheta, la mafia calabraise, pour laquelle il commet au moins six assassinats entre 1990 et 1992, puis trois autres entre 1998 et 1999. GrĂące Ă  des aveux nĂ©gociĂ©s, il bĂ©nĂ©ficie du statut de « collaborateur de justice » et de remises de peine.

    La mort de juge Falcone
    En 2019, les images de la gare de Bologne permettent aux juges de reconstituer l’histoire de son implication dans l’attentat, en rassemblant les Ă©lĂ©ments Ă©pars, qui s’avĂšrent accablants.
    Selon un tĂ©moin, son frĂšre, Guido, dĂ©cĂ©dĂ© en 1983, avait expliquĂ© Ă  un proche son rĂŽle dans l’attentat, et rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence sur place de Stefano Delle Chiaie avec Gaetano Orlando, un nĂ©ofasciste connu au Paraguay. D’aprĂšs Guido, Paolo avait amenĂ© « le matĂ©riel » utilisĂ© pour l’attentat dans « un sac de sport ou une valise », et Ă©tait allĂ© chercher Delle Chiaie pour l’accompagner Ă  la gare avec trois complices.
    Selon Guido, Paolo avait reçu 100 000 millions de lires (environ 50 000 dollars) pour l’opĂ©ration. Les juges relĂšvent des liens avĂ©rĂ©s avec Gilberto Cavallini, rĂ©cemment condamnĂ©, et exhument aussi une Ă©coute significative d’un nĂ©ofasciste, ex-chef de la cellule vĂ©nitienne d’Ordine nuovo, Carlo Maria Maggi, condamnĂ© dĂ©finitif pour l’attentat de la piazza della Loggia Ă  Brescia en 1974. Maggi confirme Ă  son interlocuteur l’implication des « NAR », Mambro et Fioravanti, et raconte que c’est « l’aviateur » (Paolo Bellini, donc) qui a apportĂ© la bombe Ă  la gare.
    Bellini, rĂ©incarcĂ©rĂ©, n’a pas livrĂ© tous ses secrets, loin de lĂ . Il est soupçonnĂ© dans l’affaire de l’attentat de Capaci qui a tuĂ© le juge Giovanni Falcone avec sa femme et son escorte, le 23 mai 1992.

    ▻https://www.mediapart.fr/journal/international/161023/le-gouvernement-meloni-l-epreuve-du-proces-de-l-attentat-de-bologne

    edit : l’article omet de signaler que Piazza fontana (1969) a immĂ©diatement Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  l’extrĂȘme gauche

    #Italie #État #extrĂȘme_droite #attentat_massacre (s)

    • Espagne : la dirigeante de Podemos accuse IsraĂ«l d’un « gĂ©nocide » Ă  Gaza – EURACTIV.fr
      ▻https://www.euractiv.fr/section/international/news/espagne-la-dirigeante-de-podemos-accuse-israel-dun-genocide-a-gaza

      IsraĂ«l mĂšne un « gĂ©nocide organisĂ© » dans la bande de Gaza en privant des centaines de milliers de personnes d’eau et d’électricitĂ© et en exigeant leur Ă©vacuation sans aucune garantie de sĂ©curitĂ©, a soulignĂ© Ione Belarra, dirigeante du parti de gauche Unidas Podemos, appelant les citoyens espagnols Ă  descendre dans la rue pour protester.

    • 21 h 31 : en Espagne, l’ambassade d’IsraĂ«l et le gouvernement s’opposent sur des dĂ©clarations de ministres
      ▻https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231016-%F0%9F%94%B4-en-direct-l-occupation-de-gaza-par-isra%C3%ABl-serai

      L’ambassade d’IsraĂ«l Ă  Madrid et le gouvernement espagnol se sont opposĂ©s lundi Ă  propos de dĂ©clarations de ministres de la gauche radicale sur les reprĂ©sailles israĂ©liennes dans la bande de Gaza Ă  l’attaque du Hamas, le 7 octobre. "Nous lançons un appel au prĂ©sident du gouvernement, Pedro Sanchez, pour qu’il dĂ©nonce et condamne sans Ă©quivoque ces dĂ©clarations honteuses", a publiĂ© lundi soir l’ambassade sur le rĂ©seau social X.

      Les dĂ©clarations « de membres du gouvernement (...) sont non seulement absolument immorales, mais elles mettent Ă©galement en danger les communautĂ©s juives en Espagne, en les exposant au risque d’un plus grand nombre d’incidents et d’attaques antisĂ©mites », poursuit l’ambassade.

      Quelques minutes plus tard, le gouvernement espagnol a rĂ©pondu qu’il rejetait « catĂ©goriquement les contrevĂ©ritĂ©s du communiquĂ© de l’ambassade d’IsraĂ«l concernant certains de ses membres et n’accepte pas les insinuations infondĂ©es Ă  leur sujet », dans un communiquĂ© publiĂ© par le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres. « Dans une dĂ©mocratie complĂšte comme en Espagne (...) tout dirigeant politique peut exprimer librement ses positions en tant que reprĂ©sentant d’un parti politique », a poursuivi l’exĂ©cutif.

      Ione Belarra (Podemos), ministre de Droits sociaux, a demandĂ© samedi que « face Ă  la tentative de gĂ©nocide menĂ©e par l’État d’IsraĂ«l Ă  Gaza, (...) le gouvernement espagnol poursuive (le Premier ministre israĂ©lien) Benjamin Netanyahu devant la Cour pĂ©nale internationale pour crimes de guerre ». De son cĂŽtĂ©, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait condamnĂ© « fermement et sans ambages d’aucune sorte, l’attentat terroriste du Hamas en IsraĂ«l, ainsi que les meurtres d’IsraĂ©liens ». S’il a reconnu le droit d’IsraĂ«l « Ă  se dĂ©fendre », il a rappelĂ© qu’il devait s’exercer « dans les limites du droit international humanitaire ».

  • Restos du cƓur : « L’aide alimentaire est Ă  bout de souffle »
    ▻https://reporterre.net/Restos-du-coeur-L-aide-alimentaire-est-a-bout-de-souffle

    Il y a eu le Covid, ainsi que la hausse de l’inflation des produits alimentaires. Mais c’est avant tout notre systĂšme Ă©conomique qui creuse les inĂ©galitĂ©s. Les salaires n’augmentent pas suffisamment, les Ă©carts de revenus se sont accrus, et des personnes qui travaillent ne peuvent pas payer leurs charges, dont l’alimentation. Quand on touche les minimas sociaux ou un petit salaire, l’alimentation est en effet l’une des variables d’ajustement dans un budget, avec des effets (et des coĂ»ts) importants sur la santĂ© et le bien-ĂȘtre. Tout cela devrait nous enjoindre Ă  rĂ©flĂ©chir au problĂšme de façon globale : que veut dire se nourrir ? De quelle alimentation parle-t-on ? Quelle est la vie des paysans, Ă  l’autre bout de la chaĂźne ? Bref, il est important d’apprĂ©hender ces enjeux de façon systĂ©mique, plutĂŽt que de se pencher seulement sur une partie du problĂšme.

  • Guerre entre IsraĂ«l et le Hamas : « La Cour pĂ©nale internationale est lĂ  pour ĂȘtre le dernier recours lorsque toutes les autres voies n’ont plus d’effets », analyse un juriste
    ▻https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-la-cour-penale-internationale-est-la-po

    [...] le 1er janvier 2015 le gouvernement palestinien avait dĂ©clarĂ© « son acceptation de la compĂ©tence de la CPI Ă  partir du 13 juin 2014 », peut-on lire sur le site de la Cour pĂ©nale internationale. Il est donc urgent que la CPI se prĂ©occupe de ce qui se passe dans les territoires palestiniens, selon Johann Soufi qui s’étonne du « silence assourdissant du procureur de la CPI ».
    Pour lui ce « silence de la CPI fait Ă©cho au silence d’autres organisations multilatĂ©rales notamment de l’ONU avec tous les vĂ©tos amĂ©ricains au Conseil de sĂ©curitĂ© sur une situation qui ne fait que se dĂ©tĂ©riorer annĂ©es aprĂšs annĂ©es ».
    [...]
    « La Cour pĂ©nale internationale est lĂ  pour ĂȘtre le dernier recours lorsque toutes les voies diplomatiques, politiques et militaires n’ont plus d’effets », explique Johann Soufi. « Le temps de la justice internationale est important quand la guerre est lĂ . Le droit international puise ses sources dans les conventions de GenĂšve et ce n’est pas un hasard si ça a Ă©tĂ© fait juste aprĂšs la Seconde Guerre mondiale », dĂ©taille Johann Soufi, « parce que toute l’idĂ©e c’était d’humaniser la guerre, car mĂȘme dans les conflits armĂ©s, il faut des rĂšgles et la justice pĂ©nale internationale est lĂ  pour le rappeler. Maintenant plus que jamais c’est le temps de la justice pĂ©nale internationale, le temps pour la Cour pĂ©nale internationale de faire entendre sa voix », insiste-t-il.
    [...]
    "On a des instruments juridiques, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanitĂ© qui sont suffisamment prĂ©cis, acceptĂ©s et universels pour Ă  la fois qualifier les crimes commis par le Hamas en IsraĂ«l et ceux commis par le gouvernement israĂ©lien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza",

    Et si la justice internationale se saisit des actes commis par le Hamas en IsraĂ«l, on parlera de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanitĂ©, parce que concernant le terrorisme, « malheureusement c’est une notion qui relĂšve du droit national avec toute l’utilisation politique qu’on en connaĂźt notamment dans les rĂ©gimes autoritaires ».

    • Je pense qu’il n’y a effectivement pas grand-chose Ă  attendre de ces instances juridiques.

      La prise de position de ce juriste vaut d’abord pour ce qu’elle indique, justement, du peu de poids de ces instances dans leur capacitĂ© Ă  prendre en compte la colonisation israĂ©lienne sur le temps long et donc de leur responsabilitĂ© passive dans la situation rĂ©gionale. Ces instances internationales Ă©tant largement tributaires des jeux de puissances impĂ©rialistes qui commandent la politique Ă  l’échelle de la planĂšte.

      Le plus important, de mon point de vue, c’est que ce juriste permet de recadrer l’usage du mot « terrorisme ».

      Ce mot, auquel est systĂ©matiquement associĂ© le terme « condamnation » semblent reprĂ©senter une quasi obligation dĂšs lors qu’on s’exprime en France sur l’attaque du Hamas en IsraĂ«l, perpĂ©trĂ©e le samedi 7 octobre.

      Si l’on ne se plie pas Ă  cette obligation sĂ©mantique, on est alors automatiquement considĂ©rĂ© comme Ă©tant complice des crimes commis ce jour-lĂ  par le Hamas. Car personne ne peut nier qu’il ait eu des crimes de la part du Hamas ce jour-lĂ , pas plus qu’on ne peut nier que ces crimes se placent dans un contexte de guerre, oĂč une succession d’autres crimes ne cessent d’ĂȘtre perpĂ©trĂ©s par l’État d’IsraĂ«l contre la population civile palestinienne, quelle que soit sa localisation.

      La rĂ©alitĂ© factuelle oblige Ă  reconnaĂźtre, Ă©galement, que la population de Gaza, Ă  qui l’on interdit toute possibilitĂ© d’évacuation ("prison Ă  ciel ouvert"), subit aujourd’hui, avec la rĂ©plique israĂ©lienne, des crimes de guerre de haute intensitĂ©.

      Enfin, il faudrait toujours rappeler que les fondateurs de l’État d’IsraĂ«l Ă©taient eux-mĂȘmes considĂ©rĂ©s comme « terroristes » quand la Palestine Ă©tait sous mandat britannique.

    • J’en suis dĂ©solĂ©, mais Ă  mon avis toutes ces discussions autour du droit international sont une pure perte de temps. Elles n’ont d’intĂ©rĂȘt que sous l’angle moral, mais rigoureusement aucun d’un point de vue pratique.

      – Les responsables israĂ©liens ne seront jamais poursuivis. Les États-Unis ont toujours fait de cela une ligne rouge bipartisane. Si un pays europĂ©en avait l’idĂ©e de poursuivre des responsables israĂ©liens pour crimes contre l’humanitĂ©, les ricains lui mettraient une pression Ă©norme jusqu’à ce qu’il renonce. L’autoritĂ© palestinienne serait privĂ©e de tout financement si elle Ă©voquait l’idĂ©e de la Cour pĂ©nale internationale. Et les procureurs de la CPI eux-mĂȘmes ne sont pas Ă  l’abri de mesures de rĂ©torsion lourdes de la part des États-Unis. Les IsraĂ©liens poursuivis pour crimes de guerre ou crime contre l’humanitĂ©, ça n’est jamais arrivĂ©, et ça n’arrivera pas. (Fantasmer sur l’émergence d’un monde multipolaire qui le permettrait, c’est oublier que les autres « pĂŽles » Ă©mergeants sont aussi des criminels de guerre qui n’ont pas plus intĂ©rĂȘt que les amĂ©ricains Ă  rĂ©clamer une justice internationale impartiale.)

      – Quant aux responsables du Hamas, ils vont ĂȘtre liquidĂ©s par les services israĂ©liens, quel qu’en soit le coĂ»t. Ils ne seront jamais arrĂȘtĂ©s, jamais traduits devant le moindre tribunal, ils seront purement et simplement exĂ©cutĂ©s, oĂč qu’ils se trouvent dans le monde.

      Donc les discussions sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanitĂ© sont utiles pour rappeler les repĂšres moraux, mais dans la pratique, Ă©voquer la CPI c’est une perte de temps. Sauf pour rappeler l’absolu deux-poids-deux-mesures du droit international.

      La seule chose « pratique », c’est de constater que les europĂ©ens eux-mĂȘmes ont dĂ©sormais ouvertement renoncĂ© Ă  l’illusion de relations internationales fondĂ©es sur le droit (je pense que c’était dĂ©jĂ  largement le cas, malgrĂ© le coup d’éclat français sur l’invasion de l’Irak, mais ces gens faisaient encore semblant).

    • Sauf pour rappeler l’absolu deux-poids-deux-mesures du droit international.

      C’est futile, mais c’est bien ce à quoi nous nous amusons.

      Comme tu l’évoques, tout le monde semble avoir oubliĂ© les rapports effectifs des US avec la CPI. Les US ne collaborent avec la CPI qu’à la condition que la CPI aille dans son sens et contre ses ennemis.

      Pour avoir une idĂ©e en images de ce qu’est le droit international et de ce qu’il n’est pas :
      ▻https://www.bedetheque.com/BD-Une-histoire-du-droit-international-De-Salamanque-a-Guantanamo-456663

    • @arno tu as visiblement Ă©cris ta rĂ©ponse avant que je publie mon message complĂ©mentaire, car je prĂ©cise justement qu’il n’y a rien Ă  attendre de ces instances internationales et qu’il prĂ©cise dans quel contexte intervient, en France, l’usage du terme de crime de guerre ou de terrorisme.

    • IsraĂ«l-Palestine : les mots de la guerre

      La guerre entre IsraĂ©liens et Palestiniens qui dure depuis plus d’un siĂšcle est aussi une guerre des rĂ©cits et de mots. Des universitaires reconnus expliquent les notions qui sous-tendent cet affrontement.

      ▻https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-israel-palestine-les-mots-de-la-guerre

      À propos de la sĂ©rie

      La guerre entre IsraĂ©liens et Palestiniens qui dure depuis plus d’un siĂšcle est aussi une guerre des rĂ©cits et de mots. Des universitaires reconnus expliquent les notions qui sous-tendent cet affrontement.

      La premiĂšre victime des guerres, c’est la clartĂ©. Chaque conflit plonge le public dans l’obscuritĂ©, abandonnant chacun Ă  ses approximations et Ă  ses prĂ©jugĂ©s. C’est particuliĂšrement le cas de la guerre entre israĂ©liens et palestiniens qui depuis plus d’un siĂšcle est aussi une guerre des rĂ©cits. Que s’est-il passĂ© depuis 1917, autrement dit depuis la dĂ©claration Balfour, par laquelle le colonisateur britannique Ă©voque la crĂ©ation d’un foyer national juif en Palestine ? Chaque date est un jalon de plus dans cette histoire complexe oĂč tout est symbole. Impossible dĂ©sormais de « voler vers l’orient compliquĂ© avec des idĂ©es simples », selon la formule de De Gaulle


      Pour vous aider Ă  vous faire votre point de vue sur cette histoire, France Culture donne un sens plus pur aux mots de ce conflit. Des universitaires reconnus vous expliquent les notions qui sous tendent cet affrontement.

    • Effectivement, dĂšs le dĂ©part du projet de crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l (totalement tributaire des tensions internes aux impĂ©rialismes de l’époque), la question du choix des mots - avec les inĂ©vitables interprĂ©tations, ambiguĂŻtĂ©s et jeux de dupes - joue un rĂŽle important. Ci-joint les diffĂ©rentes versions de la DĂ©claration Balfour, Ă  partir d’un extrait du livre La DĂ©claration Balfour - Aux sources de l’État d’IsraĂ«l - Jean-Pierre Alem - Éditions complexe :

      On remarquera comment le projet, dans sa formulation, a évolué.

      Pour avoir les infos concernant les noms, se reporter Ă  la page de WikipĂ©dia :
      â–șhttps://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour_de_1917