• Ces féministes qui réinterprètent l’islam
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/ces-feministes-qui-reinterpretent,0666

    [...]
    Pour Zahra Ali et pour les chercheuses et militantes à qui elle donne la parole, l’égalité est au contraire au fondement de la religion musulmane et le message de la Révélation coranique est garant des droits des femmes. Ainsi, « Le Coran affirme le principe d’égalité entre tous les êtres humains et ce sont les idées (l’idéologie) et les pratiques patriarcales qui ont entravé ou subverti la mise en pratique de cette égalité entre hommes et femmes » (Margot Badran).

    Du reste, des femmes musulmanes ont de tout temps clairement contesté l’attitude machiste et les injustices subies par les femmes. Les tafsirs (commentaires du Coran) en témoignent, et deux versets répondent à leur conviction que l’égalité entre les sexes est explicite dans le Coran2. L’ouvrage retrace l’histoire de cette contestation, des premiers temps à l’époque contemporaine, pour affirmer l’existence d’un féminisme endogène aux sociétés musulmanes. Selon Asma Lamrabet, l’exclusion des femmes dans l’histoire de la civilisation islamique se construit avec le décalage entre le Coran et ses interprétations exégétiques et juridiques successives. Cette exclusion des femmes est à son apogée à l’ère coloniale : elles sont alors prises au piège entre le discours colonisateur (l’apport de la « civilisation » contre les archaïsmes religieux oppresseurs) et un discours nationaliste et traditionaliste qui leur intime de rester dans le rang, au nom d’une identité islamique en danger.
    [...]

  • Les appels au boycott de produits israéliens ont-ils un effet ? - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2014/08/29/les-appels-au-boycott-de-produits-israeliens-ont-ils-un-effet_1088661

    [...]
    Partie de la société civile palestinienne en 2004, la campagne BDS a depuis pris une ampleur internationale. Sa déclinaison française, qui a pris du poids en 2009 dans la queue de comète de l’opération militaire israélienne « Plomb durci », regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations et de partis politiques — dont le Parti de gauche, le NPA, la Confédération paysanne et les syndicats Solidaires et CNT. « Souvent les gens ne retiennent de notre action que le boycott des produits israéliens, note Jean-Pierre Bouché, dirigeant du collectif affilié Stop Apartheid à Toulouse. Or, nous incitons également les entreprises internationales à se retirer d’Israël, et les Etats à le sanctionner. Par ailleurs, le boycott a aussi une dimension académique et culturelle. »

    L’initiative ne manque évidemment pas de susciter des critiques. Dans un communiqué publié en juin, le président de la chambre de commerce France-Israël, Henri Cukierman, soulignait que « la loi française interdit le boycott en raison de la race, de la religion ou de la nationalité. » Assurant que « 10% des Palestiniens travaillent pour des employeurs israéliens », il assimilait l’action du BDS à une nouvelle « Nuit de cristal », en référence aux attaques de commerces juifs menées en novembre 1938 dans l’Allemagne nazie.

    Familier de cette accusation, les animateurs de BDS la contestent avec vigueur. « Nous ne nous mobilisons jamais contre des individus ou une communauté, mais uniquement contre des institutions, explique Imen Habib, coordinatrice nationale. Par exemple, nous ne déconseillons à personne d’écouter de la musique israélienne ou de voir les films d’Amos Gitai. En revanche, nous désertons les événements culturels patronnés par l’ambassade ou les consultats d’Israël. »

    Le boycott des produits de consommation courante, notamment alimentaires, demeure l’aspect le mieux connu et le plus facilement applicable de la mobilisation. Sur Internet, plusieurs sites, dont celui du BDS, dressent la liste des marques à éviter. Expliquent que le nombre 729, censé caractériser les code-barres israéliens, est en réalité peu fiable. Et dénoncent, photos à l’appui, les supposées tricheries de certains magasins : telle mangue serait ainsi présentée comme dominicaine, alors que son étiquette porte la mention « Pays d’origine Israël ». Pour aider ses militants, BDS réfléchit à lancer une application numérique pour guider le consommateur pendant ses achats.

    Quel est vraiment l’impact de cette campagne ? Les groupes de grande distribution contactés par Libération n’ont pas souhaité commenter le phénomène. Tout au plus Auchan confirme-t-il être « confronté à des opérations de boycott », « étudier les suites à donner au cas par cas », et respecter scrupuleusement les règles d’étiquetage. Même discrétion chez le groupe pharmaceutique israélien Teva : « Ils ne veulent pas mélanger le business et la politique », explique une source proche de l’entreprise.

    D’autres sont pourtant plus prolixes. « D’habitude, les gens se battent pour vendre nos produits, raconte Yinon Osem, PDG de l’entreprise Edom Fruits, basée dans un kibboutz de la vallée du Jourdain. Là, il se passe quelque chose, en France notamment. Aucun supermarché ne nous a formellement dit qu’il est confronté à un boycott. Mais on se rend compte que, s’ils ont une alternative à nos produits, ils ont tendance à la privilégier. » Un phénomène que l’entrepreneur attribue à « l’influence de la communauté musulmane ». Même constat du côté de BeFresh, un groupe exportateur de fruits et légumes : « La situation affecte vraiment nos affaires, reconnaît Oron Ziv, l’un de ses représentant en Europe. Nous recevons des annulations de commandes. Nos clients semblent faire profil bas et attendre que la tension retombe. »
    [...]

  • « L’Ebola est une maladie de pauvres gens dans des pays pauvres » - Libération
    http://www.liberation.fr/terre/2014/08/16/l-ebola-est-une-maladie-de-pauvres-gens-dans-des-pays-pauvres_1081584

    [...]

    - Aujourd’hui, aucun médicament homologué n’est disponible. Cela veut-il dire que la crise n’a pas été anticipée ?

    Il y a clairement eu un défaut d’anticipation. Nous n’avons aucun traitement, alors même que la faisabilité existe. D’un point de vue technique, nous ne sommes pas en train de parler de choses extrêmement difficiles. C’est un échec de la société basée sur le marché, celui de la finance et des profits. L’Ebola est une maladie de pauvres gens, dans des pays pauvres, et qui concerne très peu de personnes. En Europe des traitements sont développés pour des maladies rares, comme par exemple les maladies génétiques, même si cela touche peu de monde, puisque les patients ou la sécurité sociale peuvent payer. Mais là, les gens n’ont pas d’argent, donc il n’y a pas de stimulation. Surtout que le développement des médicaments coûte très cher, plusieurs centaines de millions d’euros. Néanmoins, on ne peut pas dire que rien n’a été fait. Des académiques et des petites sociétés ont travaillé sur le virus d’Ebola. Des financements du gouvernement des États-Unis, dans le cadre de recherche contre le bioterrorisme, ont permis d’avancer. Grâce à cela, des molécules prometteuses ont été amenées jusqu’à un stade de développement relativement avancé. Malheureusement, les laboratoires ne sont pas allés jusqu’au stade ultime de développement, à savoir l’essai clinique sur l’homme, parce que, justement, cette phase de R&D est la plus coûteuse.

    [...]

    #ebola

  • Civils afghans tués : les Etats-Unis hors-la-loi ? - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2014/08/11/afghanistan-les-droits-des-civils-oublies-de-la-justice-americaine_107892

    Amnesty fait état des meurtres de milliers de civils afghans, sans que les Etats-Unis n’aient été poursuivis ou n’aient donné de compensations aux familles. L’organisation a interrogé 125 témoins, des victimes et leurs proches, qui pour la plupart n’avaient jamais témoigné auparavant. Parmi eux, Abdul Manan a perdu ses quatre oncles, son frère et son cousin, tués par des frappes menées par un drone en décembre 2012, dans le Nuristan. « Les drones avaient envahi le paysage », explique-t-il à Amnesty, « je pouvais en croiser quatre à cinq par jour ». Il parle de ces événements avec douleur et amertume. « Ce qui est arrivé à ma famille ne doit plus jamais arriver à quiconque. Le gouvernement doit adopter une loi qui oblige à engager des poursuites pour ces affaires. Les personnes qui ont décidé de tuer mon frère devraient être en prison. » Aucune enquête sur l’accident n’a été menée, laissant la famille avec pour seule consolation une indemnité versée par le gouvernement afghan.

    « Certains témoins sont venus de très loins, s’exposant à un trajet dangereux, simplement pour pouvoir raconter leur histoire. Cela montre à quel point ils sont en quête de justice et de reconnaissance », explique à Libération Olof Blomqvist, porte-parole de l’organisation à Kaboul. Seules deux victimes sur une dizaine interrogée ont déclaré avoir pu témoigner auprès d’enquêteurs militaires américains, depuis le début de la guerre il y a 13 ans. Dans la plupart des cas, l’armée américaine ou les porte-parole de l’Otan indiquent qu’une enquête est en cours, mais ne publient aucune information complémentaire sur son déroulement, d’où le nom du rapport « Laissés dans l’ignorance ». « Il y a un manque de transparence énorme de la part de la justice américaine concernant ces homicides illégaux de civils », dénonce Olof Blomqvist. « Sur les cas que nous avons étudiés, 140 civils sont morts dont 50 enfants. Personne n’a eu de compte à rendre pour ces morts. »

    « Il est urgent de réformer la justice militaire aux États-Unis. Ce pays doit apprendre des autres Etats, dont beaucoup ont fait d’énormes progrès ces dernières années pour ce qui est de "civiliser" leur justice militaire" », appelle Richard Bennett dans le rapport. D’après Amnesty, « le système de justice militaire s’appuie principalement sur les comptes-rendus des soldats concernant leurs actions ». Faute d’autorités judiciaires indépendantes, ce système attend des soldats et de leurs responsables qu’ils signalent « toute violation potentielle des droits humains ». Difficile de faire le tri entre l’impartialité des déclarations militaires et les conflits d’intérêts sous-jacents.

  • Visionscarto.net teste la distribution téléchargement par l’intermédiaire du site « gumroad ».

    Nous avons mis en ligne le catalogue de l’exposition d’esquisses cartographiques « Frontières, migrants et réfugiés » présentée au Mans en 2007 dans le cadre des Carrefours de la pensée.

    D’ailleurs, la couverture et la maquette avaient été mis en musique (avec grand talent) par @odilon ici présente...

    Nous testons plusieurs formules de distribution de fichiers pdf (ou autre) de cartes, d’ebooks, de petits atlas ou de ressources pédagogiques, qu’elles soient téléchargeables gratuitement ou pour une somme modique.

    Notre petite « épicerie » est maintenant accessible via le menu de visionscarto.net en cliquant sur « vente & téléchargement ». Vous arriverez sur cette page :

    –-> https://gumroad.com/visionscarto

    Nous nous sommes dit que vous auriez peut être envie de tester le système. Dans ce cas de figure, le prix est libre, ce qui veut dire que le fichier est téléchargeable gratuitement, à moins que l’utilisateur décide que le fichier vaut bien 1 ou deux euros, auquel cas c’est lui qui indique le prix d’achat (mais pour vous, cher·e·s béta-testrices·eurs, aucune obligation de payer bien entendu).

    Nous testons la maniabilité du système, on affinera au fur et à mesure de vos retours.

    https://dl.dropbox.com/s/7olkhqkgfv09dim/migrants_couv.png

    #visionscarto #cartographie

  • Ces journalistes au garde-à-vous devant Tsahal - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2014/07/31/ces-journalistes-au-garde-a-vous-devant-tsahal_1073693

    « Je suis patriote et je suis également journaliste et il n’y a pas d’antagonisme », proclame en tout cas Carmela Menashé, une ancienne secrétaire dont la voix enrouée de grosse fumeuse berce depuis vingt-six ans les auditeurs les plus militaristes de Kol Israël (la radio publique). « Mes informations ? Je les reçois du porte-parole de Tsahal et je les diffuse parce que je les crois. Si ce n’était pas le cas, je ne le ferais pas. Je suis une professionnelle, quand même ! » Souvent surnommée « Miss Tsahal », cette journaliste née en Irak est une célébrité à Tel-Aviv. Durant les périodes de calme relatif, il lui arrive régulièrement d’asticoter l’armée à propos de dysfonctionnements ponctuels ou parce que tel ou tel officier a pris une décision dérisoire. Mais ça s’arrête là. Jamais elle et ses collègues n’oseront une critique de fond. Surtout pas en temps de guerre.

    Prenons par exemple le bombardement, le 30 juillet, du camp de réfugiés de Jabalia : Tsahal a touché une école de l’Unrwa (l’organisation des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens) où 3 300 civils s’étaient réfugiés. Quelques heures plus tard, c’est un souk de Chajaya (banlieue est de la ville de Gaza) qui a écopé d’une salve d’obus d’artillerie au moment où des centaines de civils effectuaient des achats à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan.

    Dans des pays qui se veulent démocratiques, ces deux bavures auraient sans doute poussé les spécialistes de la chose militaire à enquêter pour démêler le pourquoi du comment. Mais pas en Israël. Carmela et ses copains ont décidé d’attendre gentiment le résultat de l’enquête diligentée… par l’état-major. D’ici là, motus. Et puisqu’il faut bien meubler l’antenne, ils proposent d’émouvants reportages sur les bons soldats des unités opérationnelles. Ça ne mange pas de pain et ça contribue à alimenter l’image mythique de cette armée qu’ils aiment tant.

  • « Gaza est le symbole de ce qu’un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire » selon un ancien soldat de l’armée israélienne | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/gaza-est-le-symbole-de-ce-quun-pouvoir-militariste-et-colonial-peut-faire-d

    Ancien pilote d’hélicoptère, Yonathan Shapira a été mis au ban de l’armée israélienne en 2003 pour avoir dénoncé ses méthodes. Il soutient aujourd’hui les appelés et les réservistes qui refusent de servir à Gaza.
     
    Quel est le sens du combat des refuzniks israéliens ?
    Yonatan Shapira. A Gaza, Israël sème la mort et la destruction. Ceux qui refusent de prendre part à cette folie en rendant public leur refus de servir sont une lueur d’espoir. Aucun changement ne viendra de ceux qui sont intégrés au système, qui larguent en ce moment même des bombes sur des enfants palestiniens. Les enfants, les adolescents subissent en Israël un lavage de cerveau orchestré par le système éducatif, par les médias. Mais certains échappent à ce formatage. lls sont comme des nénuphars flottant sur les eaux sales d’un marais d’obéissance et d’ignorance.
     
    Ce phénomène prend-il de l’ampleur ?
    Yonatan Shapira. Des jeunes de plus en plus nombreux évitent le service militaire par différentes techniques. La plupart invoquent des problèmes personnels ou psychologiques. Mais ceux qui déclarent publiquement qu’ils refusent d’aller à l’armée pour des raisons politiques, à cause des crimes de guerre, de l’apartheid, de l’occupation restent encore très peu nombreux. Il faut dire que ceux qui refusent de servir en dénonçant les massacres sont jetés en prison.
     
    Quelles sont les conséquences pour ces objecteurs de conscience ?
    Yonatan Shapira. Il sont incarcérés sur décision du commandant du centre de recrutement, sans passer devant un tribunal, pour les priver de toute tribune leur permettant d’exposer publiquement les raisons de leur refus. Ils restent deux semaines à un mois en prison et lorsqu’ils en ressortent, ils sont de nouveau incarcérés. L’un d’entre eux est en prison depuis le mois d’avril, avec ce système d’aller retour. Quant aux conséquences à long terme, dans une société militarisée comme la nôtre, certains objecteurs de conscience peinent à trouver du travail.
     
    Pour vous, quel fut le point de basculement ?
    Yonatan Shapira. Je n’ai pas autant de mérite que ces jeunes objecteurs de conscience. Je me suis engagé dans l’armée, j’ai servi durant de longues années comme pilote d’hélicoptère. Longtemps témoins des méthodes de cette armée, j’ai finalement ouvert les yeux et pris conscience que je me battais du mauvais côté. Je ne voulais plus être l’un des rouages de ce système de violence, qui sème la mort et la destruction. Je n’ai pas, moi même, appuyé sur les déclencheurs qui larguent les bombes. Mais peu importe. J’étais responsable de servir un tel système.
     
    Comment jugez-vous la guerre en cours à Gaza ?
    Yonatan Shapira. Ce massacre d’innocents est un crime contre l’humanité. C’est pour Israël une façon brutale de tenter de détruire l’unité entre le Hamas et le Fatah, en prenant pour cible 1, 8 millions de personnes. Nous ne devrions pas oublier que cette guerre a été précédée d’une opération folle en Cisjordanie. Des Palestiniens ont été tués, près de 500 d’entre eux ont été kidnappés et jetés en prison, en guise de réaction au meurtre des trois adolescents israéliens. Gaza est le symbole de ce qu’un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire.
     
    Dans une situation si grave, comment imaginer encore un chemin de paix ? 
    Yonatan Shapira. À mes yeux, entre le Jourdain et la mer, chacun, qu’il soit juif, chrétien ou musulman, athée, devrait être libre d’aller et venir, de vivre où il veut, de quitter le pays et d’y revenir. Ce qui fait aujourd’hui obstacle à la paix, c’est cette classe d’Israéliens qui se croit supérieure aux gens qui vivent sur cette terre. Ils appellent cela « démocratie » mais en pratique, Israël contrôle la vie de près de 4 millions de personnes dont les droits sont confisqués. Peu importe la forme, l’essentiel est que tous puissent vivre sur cette terre en citoyens égaux, qu’il y ait ou non des frontières.

  • Dominique de Villepin : « Lever la voix face au massacre perpétré à Gaza »
    http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/07/31/31002-20140731ARTFIG00381-dominique-de-villepin-lever-la-voix-face-au-massa

    Par mauvaise conscience, par intérêt mal compris, par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s’est tue, celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours, celle qui faisait parler Jacques Chirac après la deuxième intifada. Comment comprendre aujourd’hui que la France appelle à la « retenue » quand on tue des enfants en connaissance de cause ? Comment comprendre que la France s’abstienne lorsqu’il s’agit d’une enquête internationale sur les crimes de guerre commis des deux côtés ? Comment comprendre que la première réaction de la France, par la voix de son président, soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d’Israël ? Quelle impasse pour la France que cet esprit d’alignement et de soutien au recours à la force.

    Ayons le courage de dire une première vérité : il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. La sécurité telle que la recherche aujourd’hui Israël se fait contre la paix et contre le peuple palestinien. En lieu et place de la recherche de la paix, il n’y a plus que l’engrenage de la force qui conduit à la guerre perpétuelle à plus ou moins basse intensité. L’État israélien se condamne à des opérations régulières à Gaza ou en Cisjordanie, cette stratégie terrifiante parce qu’elle condamne les Palestiniens au sous-développement et à la souffrance, terrifiante parce qu’elle condamne Israël peu à peu à devenir un État ségrégationniste, militariste et autoritaire. C’est la spirale de l’Afrique du Sud de l’apartheid avant Frederik De Klerk et Nelson Mandela, faite de répression violente, d’iniquité et de bantoustans humiliants. C’est la spirale de l’Algérie française entre putsch des généraux et OAS face au camp de la paix incarné par de Gaulle.

    Il y a une deuxième vérité à dire haut et fort : il ne saurait y avoir de responsabilité collective d’un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux États, mais un peuple sans terre et sans espoir à un État poussé par la peur ? On ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier qu’on assassine ces derniers, d’autant moins qu’on a refusé de croire et reconnaître en 2007 que ces civils aient voté pour le Hamas, du moins pour sa branche politique. Qu’on cite, outre les États-Unis, un seul pays au monde qui agirait de cette façon. Même si les situations sont, bien sûr, différentes, la France est-elle partie en guerre en Algérie en 1995-1996 après les attentats financés par le GIA ? Londres a-t-elle bombardé l’Irlande dans les années 1970 ?

    Troisième vérité qui brûle les lèvres et que je veux exprimer ici : oui il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes, comme en ont témoigné de nombreux officiers et soldats israéliens écœurés par le rôle qu’on leur a fait jouer. Je ne peux accepter d’entendre que ce qui se passe en Palestine n’est pas si grave puisque ce serait pire ailleurs. Je ne peux accepter qu’on condamne un peuple entier à la peur des bombardements, à la puanteur des aspersions d’« eau sale » et à la misère du blocus. Car je ne peux accepter qu’on nie qu’il y a quelque chose qui dépasse nos différences et qui est notre humanité commune.

    Le premier outil pour réveiller la société israélienne, ce sont les sanctions. Il faut la placer devant ses responsabilités historiques avant qu’il ne soit trop tard, tout particulièrement à l’heure où il est question d’une opération terrestre de grande envergure à Gaza. Cela passe par un vote par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution condamnant l’action d’Israël, son non-respect des résolutions antérieures et son non-respect du droit humanitaire et du droit de la guerre. Cela signifie concrètement d’assumer des sanctions économiques ciblées et graduées, notamment pour des activités directement liées aux opérations à Gaza ou aux activités économiques dans les colonies. Je ne crois guère aux sanctions face à des États autoritaires qu’elles renforcent. Elles peuvent être utiles dans une société démocratique qui doit être mise face aux réalités.

    Le deuxième outil, c’est la justice internationale. L’urgence aujourd’hui, c’est d’empêcher que des crimes de guerre soient commis. Pour cela, il est temps de donner droit aux demandes palestiniennes d’adhérer à la Cour pénale internationale, qui demeure aujourd’hui le meilleur garant de la loi internationale. C’est une manière de mettre les Territoires palestiniens sous protection internationale

    Le troisième outil à la disposition de la communauté internationale, c’est l’interposition. À défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l’imposer par la mise sous mandat de l’ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, avec une administration et une force de paix internationales. Cette administration serait soumise à de grands périls, du côté de tous les extrémistes, nous le savons, mais la paix exige des sacrifices. Elle aurait vocation à redresser l’économie et la société sur ces territoires par un plan d’aide significatif et par la protection des civils. Elle aurait également pour but de renouer le dialogue interpalestinien et de garantir des élections libres sur l’ensemble de ces territoires. Forte de ces résultats, elle appuierait des pourparlers de paix avec Israël en en traçant les grandes lignes.

  • Ces Français qui combattent dans l’armée israélienne – i>TELE
    http://www.itele.fr/monde/video/ces-francais-qui-combattent-dans-larmee-israelienne-89071

    Si le nombre de militants armés du Hamas, notamment les combattants des Brigades Ezzedine al-Qassam, est difficilement évaluable sur le terrain, les effectifs de l’armée israélienne, qui n’a d’ailleurs pas hésité à mobiliser 40.000 réservistes, sont en revanche connus et comptent près de 190.000 hommes, dont plusieurs volontaires étrangers. Ces derniers peuvent prétendre combattre aux côtés des soldats israéliens de naissance, car ils sont recrutés sur le seul critère ethnique et religieux. Un cas unique au monde. C’est donc au bénéfice de sa judéité que Jordan Bensemhoum a pu intégrer les rangs de Tsahal, au sein selon les sources de la brigade Golani d’infanterie ou de l’unité d’élite Egoz. Originaire de Vénissieux dans la banlieue lyonnaise, ce jeune français de 22 ans avait rejoint Israël à l’âge de 16 ans pour y terminer ses études avant d’être mobilisé par l’armée. Si les motivations originelles de son « alya », comprenez l’immigration en terre sainte, n’avaient a priori pas de réels motifs belliqueux, il n’en demeure pas moins qu’il a rejoint l’armée sans difficulté, uniquement parce qu’il est juif. La religion érigée en critère de recrutement militaire. N’est-ce pas ce qu’on a dénoncé, à juste titre, lorsque des ressortissants français ont rejoint la Syrie pour se battre aux côtés des jihadistes ? Une comparaison pas si grotesque que le chercheur et ancien diplomate Marc Cher-Leparrain avait déjà osée en mars dernier.

    #gaza #tsahal

  • La carte et la plume, entretien avec Michel Bussi, géographe et romancier
    http://echogeo.revues.org/13717

    - En tant que géographe et en tant qu’écrivain, quels sont vos liens avec le milieu policier ?

    Les romans policiers ont évolué. Le protagoniste y était souvent un commissaire de police, représentant de l’ordre en place, à la manière du Maigret de Simenon. Aujourd’hui, certains romans dits noirs relèvent d’une réaction à ces livres un peu manichéen avec le bien et le mal, un aspect cathartique, un respect de l’ordre et la morale qui triomphe à la fin. Les néo–polars mettent davantage en exergue la marginalité, la corruption, la critique sociale etc.

    - Le lieu fait-il l’intrigue ?

    Généralement, c’est la « routine de l’histoire » qui vient en premier. Une fois que j’ai un squelette détaillé d’intrigue et des personnages, hors sol, je choisis un ou des lieux et les choses se concrétisent alors. Cela leur donne un ancrage sociologique, ça fait naitre des déplacements, des distances, des paysages. Dans le cas des Nymphéas noirs, j’ai d’abord eu l’intrigue puis j’ai cherché un lieu pour poser les scènes. Il s’agissait d’abord d’un village du sud-ouest, puis, une fois que j’ai opté pour Giverny, je m’y suis rendu deux fois, j’ai pris des photos, j’ai cherché où situer mes scènes, saisi brièvement des impressions. Peu à peu, j’affine mon choix de lieux et donc de mise en espace. Le lieu nourrit l’intrigue, même si j’ai parfois dû changer de lieu lorsqu’ils la bloquaient. Mais c’est parfois l’inverse, une idée nait des lieux comme dans Ne lâche pas ma main. Je suis allé pour une soutenance de thèse à La Réunion. J’ai pris pour point de départ l’hôtel où je logeais. Quand les intrigues se déroulent dans des lieux qui me sont moins familiers, je demande à des collègues de me relire.

    - Vous avez parfois recours à l’insularité réelle ou imaginaire. Le huis clos, l’enfermement, la clôture sont-ils des adjuvants à la construction de l’intrigue ?

    L’espace fermé constitue parfois une commodité de scénario. L’île de Mornesey, « la petite île anglo-normande au large de Granville » de Sang famille, était d’ailleurs au départ plutôt inspirée de l’île de Ré puis elle a changé de localisation, le point central étant l’insularité. Mais cette insularité est surtout métaphorique, c’est une façon de dire l’enfermement social, familial, le lien parfois pesant à son environnement qui donne envie d’ailleurs, de quitter son village, son île ou sa condition. En ce sens, Giverny apparait comme un espace insulaire dans Nymphéas noirs. Il y doit il y avoir là quelque chose de l’ordre du paradigme géographique actuel local / mondial : entre ceux qui considèrent la mondialisation comme une chance, une opportunité, et ceux qui la perçoivent comme une menace, se raccrochant alors aux références identitaires locales. Mais l’avantage du roman est de pouvoir faire évoluer les personnages de façon complexe face à ces clivages ou ces idéaux-types.

    #géographie #insularité

  • Des extrémistes israéliens attaquant des militants de gauche filmés vêtus de t-shirts néonazis - RTBF Monde
    http://www.rtbf.be/info/monde/detail_des-militants-d-extreme-droite-israeliens-portent-des-tshirts-neonazis?i

    Des militants d’extrême-droite israéliens ont été filmés et photographiés avant, pendant et après avoir passé à tabac des manifestants de gauche opposés à l’intervention d’Israël à Gaza, à Tel Aviv ce samedi. En analysant les images, on remarque que certains d’entre eux portaient des t-shirts affichant des symboles néo-nazis. Un paradoxe qui paraît incompréhensible.

  • La maison de l’islam - Le conflit israélo-palestinien est-il un conflit religieux, ou un conflit lié à une terre ?
    http://www.maison-islam.com/articles/?p=721

    Il y a toujours eu, dans la région nommée « Palestine historique », sous administration musulmane (comme d’ailleurs dans certaines autres terres musulmanes), des résidents juifs, et l’islam n’a jamais autorisé de les attaquer parce que juifs, pour les tuer, les convertir ou encore les spolier de leurs biens. Cela s’est hélas produit au cours de l’histoire de la part de certains musulmans, mais cela n’est pas autorisé.
    Aujourd’hui, les musulmans de Palestine qui luttent contre les militaires Israéliens juifs luttent contre eux non pas parce qu’ils sont juifs, mais parce que s’étant appropriés leur terre (une partie de la Palestine historique) et continuant de coloniser celle-ci : Cisjordanie, Jérusalem-est.

    Ce n’est donc pas un conflit de religions, avec l’islam d’un côté et le judaïsme de l’autre.

    C’est un conflit par rapport à une terre.

    #palestine #gaza #islam