Michel Guillou

Naturaliste, observateur, citoyen, tout ça...

  • La peur dans les yeux | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/35714477079/la-peur-dans-les-yeux

    La peur dans les yeux

    Vous le savez, j’ai pris l’habitude de vous narrer ici mes rencontres avec celles et ceux qui veulent bien m’entendre, voire m’écouter, à propos des thèmes qui me sont chers et que vous connaissez maintenant.

    C’est ainsi que, ce mardi 13 novembre, j’avais le plaisir de modérer, au CDDP des Hauts-de-Seine, un atelier en forme de table ronde sur le sujet des « Médias, réseaux sociaux, jeux vidéos : nouveaux usages, nouvelles cultures ». Le thème général de la journée portait sur l’éducation à la culture « Monde ». Joli programme !

    Chaque intervenant a pris la parole à son tour sur le dossier qu’il portait, Olivier Mauco sur le passionnant défi posé aux jeunes et à l’éducation du jeu et, en particulier, du jeu vidéo, Czeslaw Michalewski sur ses remarquables travaux de visioconférence qui éclairent l’enseignement, Nathalie Caclard sur l’importance et la richesse des réseaux et médias sociaux, Évelyne Bévort enfin sur le curriculum de l’Unesco sur l’éducation aux médias et à l’information.

    Je peux en témoigner, puisque j’ai distribué la parole, chacun l’a fait en faisant montre d’un grand enthousiasme à la hauteur des enjeux et des promesses. Que de grandes choses à faire avec ces outils, que de chantiers éducatifs à mener et à partager, que de perspectives emballantes, que de passion !

    Devant les éducateurs des communes, des quartiers qui étaient présents, nous n’avons cessé, les uns, les autres, car je n’ai pas pu me retenir de glisser mon grain de sel, vous me connaissez, de prendre sur tous ces sujets une posture enthousiaste, je vous l’ai dit, mais aussi raisonnée, responsable, résolument vigilante et surtout éducative.

    Et pourtant, car ma position de modérateur me contraignait à observer les réactions de la salle, avant de donner la parole pour un moment plus interactif, mon attention a été alertée à plusieurs reprises par des moues, des soupirs, des vacillements perceptibles sur les visages des éducateurs présents… La prise de parole qui s’en est suivie, d’abord timide, comme d’habitude, puis plus affirmée au fur et à mesure que les échanges devenaient informels, m’a conforté dans ma première impression : à quelques exceptions, la plupart des personnes présentes avaient peur.
    ...

  • Et si on sollicitait enfin l’avis des élèves ? | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/35572624342/et-si-on-sollicitait-enfin-lavis-des-eleves#

    Et si on sollicitait enfin l’avis des élèves ?

    « C’est l’intérêt des élèves, de tous les élèves, qui doit être au cœur des réflexions et des réformes du système éducatif. Cela implique de prendre en compte leurs besoins, leurs droits et leurs devoirs non seulement comme élèves, mais également en tant qu’enfants, pré-adolescents ou adolescents. »

    Cette phrase est extraite du site du rapport sur la refondation de l’école, sous le titre de « Les élèves au cœur de la refondation ». Elle semble ne laisser aucun doute sur la haute importance que cette démarche estivale semblait accorder à éclairer la réflexion de tous les chantiers à l’aune des attendus de ces prolégomènes. Et pourtant…

    Oui, et pourtant… À l’exception de la consultation formelle des syndicats étudiants, de la trilogie des syndicats lycéens, de quelques bien rares consultations des lycéens çà et là, élus sortants dans les CAVL¹ ou élus CVL², les élèves n’ont pas globalement été, à titre individuel ou de manière collective, concernés ni consultés sur la refondation de l’école qui s’adresse pourtant bien à eux, si l’on en croit les lignes supra, de manière prioritaire.

    Et pourtant, disais-je, pour avoir travaillé pendant plusieurs années en appui du CNVL³, je peux témoigner que ce ne sont pas les idées qui leur manquent, aux lycéens ! Ils en auraient presque même trop, m’ont parfois dit les cadres du ministère qu’ils consultaient ou entendaient porter le dossier qu’ils avaient en charge. On pouvait leur demander leur avis sur l’orientation, sur les programmes, sur les rythmes scolaires, sur le numérique, sur la réussite, sur le handicap, sur la valorisation de l’enseignement professionnel, sur le baccalauréat, sur les discriminations, sur la valeur de l’engagement… ils répondaient et répondent toujours présents ! Oh ! Bien sûr, les idées présentées, voire les projets élaborés sur les chantiers ci-dessus, n’étaient pas toujours ni très raisonnables ni très aisément réalisables — ils restaient à discuter et à négocier, à adapter aux réalités aussi — mais ils avaient au moins le mérite de la rupture et de l’innovation. Une manière de rompre avec un certain dogme ronronnant, avec le coconnage très tendance mais bien réel de « la grande maison ».

  • L’école, la société, la curiosité et la déconnexion... | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/34711045947/lecole-la-societe-la-curiosite-et-la-deconnexion#

    J’ai eu le grand plaisir d’assister hier 30 octobre à la journée de réflexion en forme de colloque célébrant le 500e numéro des Cahiers pédagogiques. L’occasion de retrouver ou de connaître enfin toutes celles et tous ceux que je croise, l’année durant, sur les réseaux sociaux. Que du bonheur !

    Vous trouverez, grâce à Stéphanie de Vanssay, le « storify » de la journée derrière ce lien :

    http://storify.com/2vanssay/vous-avez-dit-pedagogie-l-ecole-dans-les-medias-et

    D’autres que moi tirent çà et là les conclusions de cette rencontre. Je ne m’y risquerai pas pour ma part et souhaiterais simplement revenir sur quelques « images » significatives, à mon avis, de la journée. Celles qui me semblent avoir du sens…

  • Sécurité : taisez-vous, on vous protège ! | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/34115177591/securite-taisez-vous-on-vous-protege

    Le problème avec la sécurité à l’école, c’est que le quidam professeur qui veut s’engager dans le numérique est parfois un peu coincé à ce sujet entre les apprentis sorciers et les coqs de basse cour… Il est pourtant une caractéristique commune de tous ces derniers, c’est qu’ils n’y connaissent strictement rien à l’éducation ou, parfois, qu’ils ont oublié tout réflexe éducatif. 

    Deux exemples récents montrent à l’envi combien tout devient très compliqué maintenant pour les néo-pionniers...

  • Journaliste, professeur, même combat ? | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/33431703439/journaliste-professeur-meme-combat#

    Journaliste, professeur, même combat ?
    À la fin du dernier millénaire, alors que l’Internet devenait populaire, que le web grandissait et que les médias commençaient à vouloir s’y glisser, ne sachant d’ailleurs pas trop ce qu’ils pouvaient en faire, l’occasion m’a été donnée de m’interroger sur ces mutations avec des professeurs grecs et français de FLE, à l’Institut français d’Athènes. Une bonne manière de finir l’été, en quelque sorte.

    L’objectif était de travailler sur les médias en ligne et, en particulier, bien entendu, sur la presse francophone, alors en pleine évolution. Ce qui me semblait caractériser cette dernière sur les sites de presse en ligne — pas encore de « pure players » à l’horizon ! —, c’était la volonté des médias de vouloir fidéliser le lecteur en lui proposant de réagir sur l’actualité avec la rédaction. D’où la multiplication de dispositifs techniques, plutôt mal fichus, d’ailleurs, ouvrant des espaces d’expression, sur le modèle élargi du traditionnel courrier des lecteurs, où ces derniers pouvaient échanger avec la rédaction mais aussi entre eux.

    Généralement, on a appelé ça des forums, qui étaient alors souvent très nombreux et thématiques. Rapidement aussi, on s’est aperçu que la liberté d’expression avait des limites — oh ! la grande découverte ! — et qu’il devenait opportun d’assigner à certains pigistes, car la tâche n’était pas considérée comme noble, la fonction de régulateur et de modérateur.

    Faisons alors un grand saut de dix à douze ans jusqu’aux « community managers » et à Twitter…

  • Refondation : la grande parade du numérique | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/33187050458/refondation-la-grande-parade-du-numerique#

    Refondation : la grande parade du numérique

    L’occasion m’est donnée, puisque je suis invité ce mardi 9 octobre à dire ce que je pense des « Nouveaux outils de l’éducation », de commenter le rapport remis, après ces semaines de travail d’été, au ministre à propos de la refondation de l’école.

    Vous le trouverez sur cette page en ligne, sous forme de PDF de 52 pages.

    Vous me connaissez, je fais ça de manière réflexe, pardon, je tape tout de suite « Rechercher - Numérique »… et tombe sur un sous-chapite intitulé « Le numérique, une priorité pour la réussite » qui m’amène directement page 49 où je lis les superbes mots ci-dessous :

    « Parce que notre monde vit une mutation de nature comparable à ce qui s’est passé avec l’imprimerie, parce que toute la société, les sciences, la vie quotidienne et économique sont aujourd’hui conditionnées par ces bouleversements, l’École doit aujourd’hui pleinement entrer dans l’ère du numérique. »

  • Académiques gazouillis | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/32804627106/academiques-gazouillis

    Académiques gazouillis


    Qui n’a pas encore son compte Twitter ?

    Tous les ministres ou presque ont maintenant leur compte et s’en servent assez abondamment pour faire passer un certain nombre de messages simples, trop simples et donc parfois abscons… Rares sont sans doute celles ou ceux d’entre eux qui twittent elles ou eux-mêmes. Bien souvent, on a confié cette tâche ingrate à un obscur porte-plume (normal, pour Twitter !) de cabinet. 

    Même la grande et vieille maison de l’Éducation nationale s’y est mise. Si le ministre tweete peut-être lui-même, il le fait rarement. Son dernier message date du 15 mai dernier… En revanche, le ministère a un compte actif et certifié authentique par Twitter qui délivre, sans relâche, depuis trois ans, une information institutionnelle très formatée. Il bénéficie d’une audience de près de 88 000 abonnés. En revanche, ce compte ne s’est abonné soi-même qu’à 85 comptes qui sont tous des comptes des grands corps de l’État, les comptes des académies, des CRDP et autres grands services éducatifs.

    Le ministère ne s’est abonné à aucun compte individuel ou collectif hors institution. Aucun personnel de la maison, technicien, professeur ou même recteur, aucun élève, aucun syndicat, aucune association travaillant dans le champ de l’éducation n’a donc droit de faire partie du gotha. Ni le ministre ni même l’obscur communicant qui œuvre à nourrir ce fil d’information officiel n’accèdent, à aucun moment, aux nombreuses et riches contributions de la base, aux projets de classe, aux questions ou interpellations directes, aux bonnes idées du terrain, aux simples commentaires. Une attitude assez typique et dommageable, j’y reviendrai.

    Et les académies ?

    Elles se sont, pour la plupart, créé aussi leur compte depuis deux ou trois ans, à l’initiative personnelle des recteurs ou de leur service de communication. Seules échappent curieusement encore à cette règle les académies d’Aix-Marseille, Amiens, Créteil, Guadeloupe, Limoges, Lyon, Nancy-Metz, Orléans-Tours et Reims. Toutes les autres, soit 21 académies, ont un compte Twitter.

    Deux de celles qui se sont engagées, Clermont et Dijon, n’ont jamais produit aucune information. Leur compteur de tweets est à zéro. Cinq d’entre les académies semblent en sommeil puisqu’elles n’ont produit aucun tweet depuis la dernière année scolaire, soit la Corse, Grenoble, Montpellier, la Réunion et Strasbourg.

    Toutes les autres sont actives et ont fourni une information récente voire très récente. Parmi elles, on peut juste noter que dix d’entre elles, Bordeaux, la Guyane, Lille, Nantes, Nice, Paris, Poitiers, Rouen, Toulouse et Versailles, ont écrit des tweets tout récemment, en ces premiers jours d’octobre 2012.

    Le graphe ci-dessous fait le point de leur activité sur Twitter. L’ensemble des académies apparaît de gauche à droite, de celles qui n’ont aucun tweet, comme Clermont et Dijon aux plus actives, Versailles et Rouen qui ont écrit près de 2 000 tweets chacune. Se référer à la courbe en bleu.

  • La vraie révolution digitale | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/32669553000/la-vraie-revolution-digitale#

    La vraie révolution digitale

    Extrait du Wiktionnaire :

    digital masculin

    (Anatomie) Qui appartient aux doigts.
    Bon, il y a bien une autre acception usitée de cet adjectif, dans le sens de « numérique » mais il s’agit bien évidemment d’un anglicisme. Je sais à quel point les anglicismes de cet acabit plaisent aux néo-branchés qui y voient là la manière de montrer au microcosme leur branchitude et leur supposée appartenance aux clans si fermés de la technologie et des médias… Mais passons.

    Non, la vraie révolution digitale, c’est celle du doigt que les élites autoproclamées se mettent dans l’œil.

    Un bel exemple de cette morgue et de cette suffisance des élites nous est fourni encore ces jours-ci par la publication, sur le site Vousnousils, l’« e-mag de l’éducation » — quand je vous disais qu’on était fou des anglicismes, dans les médias branchés ! — d’une fiche pédagogique (sic) des comptes Twitter du monde de l’éducation.

  • Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un cadre | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/32059383026/sur-internet-personne-ne-sait-que-vous-etes-un-cadre#

    Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un cadre

    Le dessin de presse ci-contre est sans doute un des plus connus. Paru en 1993 (déjà !) dans le New Yorker, il voulait mettre en évidence (déjà !) l’anonymat supposé vécu ou ressenti par chaque internaute.

    Presque vingt ans plus tard, le microcosme ne cesse de gloser sur l’anonymat ou sur l’identité numérique, comme si c’était le sujet du siècle. En matière d’éducation aux médias, par exemple, l’identité numérique est devenue le sujet central sinon unique de la réflexion de ceux qui veulent bien s’y coller ! C’est pourtant, à mon avis, plus un problème d’adulte qu’un sujet de préoccupation pour les jeunes dans leurs usages des réseaux et médias numériques. Pour s’en convaincre, relire cet article.

    Mais tel n’est pas mon propos aujourd’hui.

  • Non, l’éducation en ligne ne fera pas faire d’économies... | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/31760789111/education-en-ligne

    Interrogé ce 17 septembre dernier par des journalistes de BFM TV, l’actuel ministre de l’éducation Vincent Peillon a eu l’occasion de faire quelques propositions pour la République du 21e siècle et son école, bien sûr. Vous retrouverez, sur ce point, l’essentiel de son propos ci-dessous, à partir de 6 min et 30 s.

    Notre grand projet, c’est la « e-éducation ». […] Il faut dématérialiser, nous avons là des ressources absolument considérables. […] Nous n’avons pas les ressources pédagogiques, donc je veux créer une très grande filière française de production pédagogique de la « e-éducation ». […] Il faudrait qu’il y ait une exception éducative comme il y a une exception culturelle.

    Interrogé notamment sur sa volonté de désigner un opérateur — nouveau, apparemment, ce ne sera pas le CNDP et son réseau — capable d’élaborer et de proposer les ressources pédagogiques et sur les coûts engendrés par ce projet, il a répondu, de manière lapidaire : 

    La « e-éducation, c’est beaucoup d’économies pour l’avenir.

    Il est d’abord curieux d’entendre, de la bouche même d’un ministre français de l’éducation, cette horrible appellation de « e-éducation » peu usitée bâtie sur le modèle du « e-learning ». Le discours du ministre est d’ailleurs ponctué d’autres anglicismes… Surprenant… et désolant. D’autant plus qu’il existe en français des succédanés de très bonne facture : éducation, formation, enseignement en ligne, par exemple…

  • Stocker, c’est confisquer | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/31456111896/stocker-cest-confisquer

    Ceux qui se sont aventurés, ces dernières années, à tracer les grandes lignes de ce que pourrait devenir le numérique éducatif, ont peu ou prou lancé les mêmes idées, dressé les mêmes plans, avec le peu de réussite que chacun sait.

    Partout fut proposé, selon des modalités parfois diverses, le même schéma, en forme de trépied : le matériel, la formation, les ressources.

    Du coup, à travailler à réussir la consolidation de chacun de ces piliers, on néglige de faire évoluer — radicalement, cela va de soi — les organisations, les systèmes, les hiérarchies, en supposant et en espérant leur capacité à s’adapter. Mais le changement de paradigme est tel, avec la surrection du numérique, et le choc si brutal, que les réformettes et les prises de conscience ne suffisent pas. J’y reviendrai.

    Il y aurait tant à dire sur chacun des points évoqués plus haut, notamment sur les erreurs ou incompréhensions qui sont la cause du retard que nous avons pris. Ce billet se contentera de revenir sur l’épineux problème des ressources… que j’avais déjà abordé là.

    Le modèle de la bibliothèque

    Toute notre culture, nos modèles de pensées, nos constructions mentales sont faites sur ce modèle. Nous avons passé notre vie, avec plus ou moins de zèle et d’efficacité, à ranger, à classer, à empiler, à conserver, à stocker.

    C’est ainsi, c’est quasi génétique.

  • Le C2i2e, un certificat inutile | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/31339833059/le-c2i2e-inutile

    La lecture du Bulletin officiel est toujours un exercice très instructif. Pour ma part, je ne m’en lasse pas…

    Tout récemment, paraissaient deux notes, l’une dressant la liste des certificats exigés à la titularisation des candidats aux concours du second degré, l’autre la liste des certificats exigés à la titularisation des lauréats des concours de professeurs des écoles.

    Ces deux notes disent la même chose : 

    En cas de réussite aux différents concours du second [et du premier] degré, les lauréats doivent justifier, pour être titularisés, du certificat de compétence en langues de l’enseignement supérieur de deuxième degré (CLES2) et du certificat informatique et internet de niveau 2 « enseignant » (C2i2e).

    Concernant le C2i2e, il faut déjà s’alarmer de l’obsolescence de cette appellation, aucune des compétences exigibles (à l’exception d’une seule, peut-être, parmi quarante-trois) ne correspondant réellement au domaine de l’informatique. Il s’agit en effet d’acquérir des compétences culturelles, dans le champ général du numérique. On y gagnerait un peu en modernité en modifiant et en éclairant ce si vilain acronyme.

    Au fond, demander à de futurs professeurs de posséder une culture numérique suffisante, montrant un réel engagement pour une pédagogie innovante, renouvelée et moderne, ne me semble pas une exigence de trop.

  • Refonder n’est pas dissoudre | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/30648094946/refonder-nest-pas-dissoudre

    J’aime quand les réalités finissent par surgir et éclater au grand jour. J’avais, au début de l’été, dans cet article, tenté d’alerter sur les limites prévisibles du débat sur la refondation de l’école. Derrière les bonnes intentions liminaires, on devinait que la démarche retenue se limiterait aux entrechats ministériels et au saupoudrage de mesurettes.

    Ce n’est pas terminé, patientons…

    J’ai l’impression pourtant, à lire les commentaires, que nombreux sont ceux qui, conviés à participer à titre personnel ou parce qu’ils sont les représentants d’associations ou de syndicats, ont essayé de collaborer dans un premier temps pour convenir plus tard d’un certain ressenti empreint de franche déception.

  • Mitic, un concept original d’enseignement du numérique... | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/30592342432/mitic

    De retour de Berne où on me fit l’honneur de m’inviter — merci encore à François Flückiger — pour un colloque de rentrée consacré au numérique à l’école (voir mon dernier billet à ce sujet), j’ai eu l’occasion d’être trempé dans le bain des Mitic, un concept typiquement helvétique, si bien décrit par l’article Wikipedia qui en parle :

    La notion de Médias, images et technologies de l’information et de la communication, ou MITIC, créée en Suisse à Genève par le service en charge du domaine concerné au Département de l’instruction publique, tend à élargir le concept de TIC (Technologies de l’information et de la communication) en prenant également en compte les convergences multimédias et les aspects éthiques, sociétaux et légaux induits par l’expansion et la généralisation des usages des nouvelles technologies.

    http://www.plandetudes.ch/image/image_gallery?uuid=c0571e42-1573-4ced-966a-43e68fef1871&groupId=10129&t=

  • Lettre ouverte à ma 1 743e abonnée | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/28330354704/lettre-ouverte#

    Lettre ouverte à ma 1 743e abonnée

    Bienvenue Anne, 

    Tu veux bien que je t’appelle Anne ? Cela semble être ton prénom comme le nom que tu as choisi pour ton avatar semble l’indiquer : @anne_id. Oui, bienvenue à toi, tu es ma 1 743e abonnée.

    Tu faisais donc partie du lot de mes nouveaux abonnés de la nuit dernière. Je ne sais pas qui tu es. Les quelques lignes que tu as rédigées pour te décrire m’ont pourtant incité, comme je fais d’habitude pour tous ceux qui font une utilisation loyale et non commerciale de Twitter, à te « suivre » en retour et à m’abonner à tes tweets.

  • Des trains qui filent... et d’autres qui restent en gare... | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/27718009598/des-trains-qui-filent#

    Des trains qui filent… et d’autres qui restent en gare…

    L’engagement

    Seul l’été est ainsi propice à des lectures dont je n’ai pas l’habitude. Ainsi le feuilletage du Monde daté du 19 juillet dernier me fait tomber, dans son encart Planète, sur un article intitulé « Dans les pays les plus pauvres, le téléphone mobile devient un outil de développement ». On le trouve aussi en ligne ici.

    Rémi Barroux nous y raconte comment l’absence totale d’infrastructures en téléphonie fixe dans ces pays dits pauvres a conduit à un développement très important de la téléphonie mobile. Ainsi, dans un pays comme le Sénégal, le taux d’équipement par foyer est-il devenu, maintenant, plus important (85,8 % déjà en 2009) qu’au Canada et même qu’aux États-Unis.

    Le téléphone est ainsi devenu, en quelques années, dans nombre d’états, un formidable outil de développement dans les domaines de la santé et de l’information. Il a par ailleurs donné un coup de fouet magistral à l’économie, au commerce local, à l’emploi et, bien sûr, à l’éducation.

    Bien sûr, tous ces téléphones ne disposent pas encore tous d’Internet mais, là encore, c’est dans ces pays que la progression dans ce domaine est la plus forte, tant est déterminé l’engagement numérique de ces sociétés au service de l’économie, du progrès et du développement.

  • Refondons l’école, qu’ils disaient... | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/26753169297/refondons-lecole-quils-disaient#

    Vous qui suivez de près l’actualité de l’école, vous ne le savez que trop, notre nouvel et intrépide ministre de l’éducation nationale a engagé, dans la moiteur de l’été, la concertation pour la refondation de l’école républicaine. À cet effet, un site a été créé « Refondons l’école de la République ».

    Y sont proposés quatre grands axes de travail détaillés sur cette page. Pour vous et moi, qui croyons que l’émergence du numérique constitue un enjeu fondamental pour la société et l’école, une chance aussi, une révolution de la même ampleur que celles qui ont traversé le millénaire précédent, qui change au fond les modes de transmission des savoirs et les missions mêmes de ceux qui en sont chargés, on pourra — on devra — déjà s’étonner, dans les vingt et un items qui explicitent ce qui est assigné aux quatre grands groupes de réflexion, de l’absence totale d’une référence quelconque au numérique ou aux évolutions nécessaires du système éducatif en référence à ce dernier.

    Or donc, exit le numérique !

  • Le bon air revivifiant du numérique | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/26437855105/le-bon-air-revivifiant-du-numerique

    L’école traditionnelle, celle de Jules Ferry, est ainsi faite que le maître y dispense l’instruction publique dans une salle de classe close pendant un temps limité, généralement légèrement inférieur à une heure.

    Dans cet espace, généralement rectangulaire, le maître, face à ses élèves, y exerce une domination absolue. Cette domination, cette hégémonie n’est d’ordinaire contestée par personne. Les élèves bien sûr, mais aussi les autres professeurs ou acteurs et partenaires de l’école s’y conforment et ne pénètrent dans l’antre qu’avec moult autorisations et précautions.

    Chacun se souvient sans doute avoir un jour franchi timidement, pour une raison ou une autre, l’huis d’une classe d’école, de collège ou de lycée occupée d’un maître et de ses élèves et avoir ressenti combien cette intrusion rompait l’ordre d’un cérémonial républicain ordonné et complexe. La salle de classe, toujours fermée par sa porte mais aussi, le plus souvent par ses fenêtres, même aux plus fortes chaleurs, est un lieu sanctuarisé dans lequel les troubles et les turpitudes du monde ne pénètrent que rarement et toujours par mégarde.

    Le maître dispense son savoir dans la plus grande autonomie pédagogique, dans le plus grand respect aussi des programmes disciplinaires nationaux, et son enseignement n’est confronté à la tutelle sourcilleuse d’un inspecteur qu’à l’occasion des visites bien rares de ce dernier. Cette autonomie pédagogique très forte est aussi la marque jalousement préservée de l’école française de la République. Les méthodes, les formes mêmes d’enseignement sont rarement confrontées, comparées, d’une classe à l’autre, d’un maître à l’autre, d’une discipline à l’autre.

    Ainsi va l’école de France…

    Mais il y a eu un accident tectonique. La plaque du numérique est venue, dès le début de ce millénaire, percuter de plein fouet la Pangée de l’école républicaine.

    À l’heure du numérique, comme on dit, la classe doit s’ouvrir. Et cela ne se fera pas sans que soit justement et profondément remis en cause, à l’heure où il va être question d’y réfléchir à nouveau, les fondements mêmes de l’enseignement traditionnel.

  • Numérique : les réponses inappropriées de l’école ou de la société | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/26149141462/numerique-les-reponses-inappropriees#

    Il n’y a pas de solution exclusivement technique à un problème sociétal ou citoyen nouveau.

    L’émergence du numérique a quelque chose de cataclysmique pour l’école, je l’ai déjà évoqué et je vais y revenir, moins sans doute pour la société, plus meuble et capable de s’adapter… sauf peut-être dans certains cas.

    On pourrait évoquer pour s’en convaincre l’exemple récent du vote en ligne testé à propos des dernières élections. Manifestement mal préparé, il n’a, semble-t-il, jamais permis la nécessaire vérification démocratique et laissé penser que la fraude était trop facilement possible. 

    Mais il est un dispositif législatif, mis en place aux forceps par nos précédents dirigeants, mollement contesté par ceux qui les ont remplacés — nous verrons ce que l’avenir nous réserve à ce sujet —, je parle d’Hadopi, qui présente les mêmes caractéristiques.

    Je vous rappelle les faits :

    Internet et le numérique ont permis la diffusion universelle des œuvres ;
    cette diffusion a soi-disant fait perdre des profits considérables aux marchands de la culture ;
    ces derniers nous ont fait savoir que, de fait, la création était menacée.
    Voilà donc un vrai problème qui se pose à la société, celui de la juste rémunération des auteurs et créateurs, auquel on a trouvé la seule solution technique qu’est Hadopi, présentée faussement comme pédagogique et qui n’a pour seule mission que de réprimer de manière violente en conservant surtout l’existant, un système inique de marchandisation des œuvres et de la culture et surtout inapproprié aux perspectives de partage et de diffusion offertes par le numérique.
    [...]

  • Transgresser la loi pour réussir en classe | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/25013270466/transgresser-la-loi-pour-reussir-en-classe#

    J’en ai déjà parlé, bien sûr. Dans l’article « Terminaux numériques personnels en classe ? Chiche ! », je notais que la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite loi « Grenelle 2 » avait modifié le code de l’éducation, dans son 
    article L511-5 :

    Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite.

    On notera que cette loi, censée avoir été votée pour des raisons sanitaires, introduit une discrimination entre adultes et enfants car, chacun le sait bien, les ondes émises par les mobiles des professeurs sont bienfaitrices alors que celles des téléphones des élèves sont très dangereuses.

    On notera également qu’il est donc possible d’utiliser son téléphone mobile partout où le règlement intérieur l’autorise… et de le garder partout ailleurs bien au fond de sa poche car la loi n’interdit que l’usage mais pas la possession.

    Asseyez-vous un moment, je vais vous raconter une histoire.

  • Histoire courte (et triste) | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/24393963999/histoire-courte-et-triste#comment-546996044

    Le professeur : Bonjour !
    Les élèves : Bonjour monsieur.
    Le professeur : Asseyez-vous. Écoutez-moi.

    Le professeur : Ouvrez vos cahiers. Prenez en note ce que je vais vous dire.

    Un élève : M’sieur ?
    Le professeur : Restez assis.
    Des élèves : Mais, m’sieur…
    Le professeur : Restez assis et taisez-vous.

    Le professeur : Prenez vos cahiers de texte. Notez le travail à faire pour jeudi prochain.

    Le professeur : Au revoir.
    Les élèves : Au revoir monsieur.

  • Rythmes scolaires, une question à contretemps ? | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/24145373605/rythmes-scolaires#

    À l’instant même de sa nomination, le nouveau ministre de l’Éducation nationale annonçait vouloir revenir sur la semaine de quatre jours au premier degré et lancer une large consultation sur les rythmes scolaires.

    Depuis cette annonce, le microcosme ne parle que de ça, voir notamment les excellents commentaires d’Antoine Prost et de Sébastien Rome.

    On annonce par ailleurs çà et là, à grands frais, une refondation ou une reconstruction de l’école. Mais sur quelles bases ? À lire les articles de presse ou les points de vue sur le sujet, tout le monde semble convaincu qu’il s’agit là de l’un des chantiers prioritaires de l’État. On rappelle les grandes valeurs de l’école, la laïcité, l’égalité, on propose de changer l’enseignement professionnel, le baccalauréat, le lycée, l’orientation, on remet en question le collège unique, on annonce que le premier degré et la maternelle sont des priorités… Fort bien. Parlons-en.

    Mais rares sont les voix qui se font entendre à propos de ce qui me semble être le profond et fondamental défi qui est déjà et sera bientôt, de manière plus intense encore, proposé à l’école et à ses maîtres : celui de la nécessaire évolution des savoirs et donc des disciplines.❞

  • Ouvrir les yeux sur la censure ordinaire | Encore un nouvel étonnant microcosme...
    http://gingko.neottia.net/post/23472450235/censure-ordinaire#

    Ouvrir les yeux sur la censure ordinaire

    Le Café pédagogique ouvre les yeux sur la vie. Son domaine sans doute fortuitement tombé dans une RBL quelconque (à vérifier), il semble impossible de lui envoyer quelque courriel que ce soit…

    Du coup, son éditorialiste, ce matin, s’indigne contre une impitoyable censure et lance une pétition. 

    « Est-il tolérable de donner des pouvoirs de censure à des groupes privés sans aucun contrôle démocratique ? Est-il acceptable qu’un média soit censuré par eux ? Avons-nous encore le droit de parler dans des messages privés de ce que nous voulons ? »